8h. Newport. Avant de quitter Newport, nous nous accordons un petit moment de repos, cafés en main, à la marina. Assis face à la baie, nous observons les passants souriant au soleil qui est revenu. L'un d'eux, une dame avec un cooler à petites roulettes, attire notre attention. Nous la suivons du regard : elle s'avance sur les quais à travers les bateaux de pêche et s'arrête chez Chelsea Rose. Une embarcation, toute petite comparée aux autres qui sont amarrées autour, sur laquelle une bande de jeunes vendent du poisson frais. Un phoque passe nous dire bonjour au moment où nous décidons d'aller à la rencontre de la dame au cooler. Les jeunes du Chelsea Rose, en particulier celui vêtu d'une chienne de caoutchouc jaune et de gants bleus, nous expliquent rapidement la réglementation qui encadre la pêche ici, à Newport. Pour certains types de poissons, un quota et un nombre limite de jours est permis pour la pêche par année. L'homme en caoutchouc nous explique tout ça avec passion, tandis que la dame au cooler quitte discrètement, et les jeunes entrepreneurs charcutent du poisson et trimballent de gros morceaux de chair en arrière-plan. Ça bouge à la marina de Newport: de nombreux hispanophones sont constamment en train de charrier des bacs de plastique en se lançant des Buenos Dias, des poissonniers vidangent les restes et les entrailles de poissons dans de grosses bennes... Et nous sommes au coeur de ce brouhaha. Bon matin! Chemin faisant, nous rencontrons une petite famille aux cheveux blonds qui cherche des sea lions... pas de chance ici. Sous le soleil qui commence déjà à taper, nous reprenons la route, quittons le fascinant Newport.
11h. Cape Kiwanda. On ne connait pas toujours l'état des routes que l'on emprunte: pour se rendre à Cape Kiwanda, nous avons dû descendre directement sur la plage avec la voiture. Pour faire une histoire courte, notre Camry a du s'aventurer dans un ruisseau et nous avons entendu un gros « Poc! » probablement causé par un caillou. À noter qu'il n'y a pas seulement eu frictions entre caillou et voiture... L'air salin et la vue sur la haute dune du Cape Kiwanda ont rapidement chassé cet épisode de notre esprit. Une petite demi-heure a suffi pour se rendre au pied de la dune au sable chaud et pour l'escalader. Du sommet: c'est à couper le souffle. Nous avons même pu apercevoir quelques baleines au large: malgré ma face de "J'ai tu vu une baleine moi?! " C'en était bien une.
Contrastes entre les dunes dorées, les vertes forêts, la mer agitée, les rochers jaunâtres. Magnifique.
Un point de vue coup de coeur.
13h. Oceanside. Diner au très jolie Roseanna's Cafe, tout recouvert de bardeaux de cèdre, en bord de mer. Bedons pleins, nous nous baladons sur la plage jusqu'à un imposant promontoire. Que nous contournons, pieds dans l'eau. De l'autre côté, apparaissent d'autres gigantesques sea stacks, ces formations géologiques (par érosion) qui se dressent hors de l'eau telles des aiguilles, des piliers, et qui font penser à des baleines de pierre qui émergent de l'eau. C'est fascinant.
Carcasses de petits crustacés un peu partout, ados qui jouent à un jeu qui me plait bien (et je prend clairement pour l'équipe des filles parce que le jeu demande beaucoup de force et qu'elles sont toutes chétives), vagues qui se fracassent sur les sea stacks.
15h. On se rend compte qu'un tunnel sculpté dans le roc du promontoire relie les deux plages. Nous l'empruntons et direction Cape Lookout State Park et Cape Meares. Nous nous rendons au pied de l'Octopus Tree, un spruce (épinette); le plus gros de l'Oregon avec ses huit troncs, que Sam surnomme Spruce Springsteen. Et encore, les panoramas se multiplient et ne peuvent se décrire avec les mots. Sur la plage de galets noirs en contrebas du phare du Cap Meares, une dame de l'Utah me dit : « Nature at its best ». Simplement.
16h. Tillamook. Arrêt, très bref, à la fromagerie de Tillamook. Nous apprenons que les propriétaires italiens qui annoncent du fromage français sur la devanture de l'édifice, détiennent Pepsi. Ça donne déjà une idée du type de fromagerie: une grosse business et une trappe à touristes. En plus, la fermette est déprimante: les animaux semblent en mal de vivre, surtout cette chèvre dégarnie de son poil qui nous surprend avec sa grosse excroissance sur le ventre. La pauvre bête.
17h. Astoria. On roule donc jusqu'aux limites de l'état. Astoria, avec son superbe pont aux allures du pont Jacques-Cartier, qui traverse jusqu'à Washington State. Notre hôtel: le Norblad Hotel, super chouette. L'hôte, aux cheveux blonds dégarnis et à l'attitude très zen, nous donne quelques conseils pour passer une bonne soirée. Suggestions que nous suivons!
Nous commençons avec l'Inferno Lounge, où l'on sirote une bière locale; vue magnifique sur le pont et la rivière Columbia qui se jette dans le Pacifique. On se balade un peu, cherchant à voir le coucher de soleil et nous faisons la rencontre de deux dames sur le quai. L'une d'elles n'arrête pas de nous dire « I love you guys »! Et « What kind of language is this... Bonjeur» ! Elle est hilarante. Son amie, cigarette au bec, la regarde, introvertie. L'extravertie nous parle de son amour pour l'Oregon, et pour Astoria, en particulier. Et hop! Un drone vole au-dessus de nos têtes! Elle prétend qu'on se fait espionner... tandis que des mouettes tentent d'attaquer le drone. Drôle de moment, et coucher de soleil d'un rose pétant.
Très silencieuse ce soir, Astoria se couche tandis que nous nous dirigeons vers la brasserie Buoy. Attention... la serveuse nous explique comment prononcer buoy: bou-i! Elle comprend assez vite que nous sommes des French Canadians! Le repas: du saumon et des moules directement pêchés dans l'estuaire de la rivière. Les fruits de mer et le poisson sur la côte: yummy. En sortant, la serveuse nous dit : « Enjoy the outside world for me, guys ». Et nous revoyons la petite famille qui cherchait les sea lions plus tôt ce matin.