Carnet de voyage

Yogyakarta – l’âme de Java

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Par jo_ana
2nde étape sur l'île de Java, Yogyakarta
Du 26 au 30 octobre 2019
5 jours
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Après deux jours dans la capitale indonésienne, je prends le train direction Yogyakarta, Jogja pour les intimes.

8 heures de train seront nécessaires pour relier les deux villes, séparées par 700 km.

Première fois en train, j’ai acheté un billet Eksecutive, équivalent de la 1ère classe. Même si le train n’est plus tout jeune, il reste plutôt confortable. Siège inclinable, prises, place pour les jambes, c’est plutôt pas mal. Ce trajet à travers l’île de Java est également l’occasion de découvrir ses paysages un peu plus retirés. Faute de sommeil à Jakarta, je passerais au final les 5 premières heures à dormir… pour admirer les paysages, c’est loupé, mais j’en avais clairement besoin. Une fois plus en forme, je passe le reste du trajet les yeux collés à la vitre, pour admirer ce qui nous entoure. Rizières, plantations de tabac, petits villages, la vue est juste sublime. Et je ne compte plus le nombre de minarets croisés tellement il y en a. Les voyageurs privilégient souvent ce trajet de nuit, pour économiser une nuit d’auberge, ce qui est dommage, la vue vaut tellement le coût !

(et si vous voulez téléphoner au conducteur... son num' est affiché dans le wagon 😉)

8 heures plus tard, nous voici arrivés en gare de Yogyakarta, terminus de ce train. Le quai est envahit par des centaines de personnes. Je me fraye un chemin parmi cette marée humaine, les indonésiens ne voyagent pas léger ; valises, sacs, cartons… Ils transportent leur maison avec eux ce n’est pas possible. De nombreux porteurs sont d’ailleurs présents dans chaque gare pour transporter ces quantités hallucinantes de bagages.


Pendant que j’essaie de rejoindre la sortie, un passager du train m’aborde. Nous discutons rapidement et je lui explique que je dois trouver un taxi pour aller à mon auberge. La solution la plus économique est bien sûre le Grab, mais pas de wifi disponible, je ne peux donc pas me connecter à l’application. Il me propose de me commander un Grab afin de m’éviter de payer des prix exorbitants auprès des taxis disponibles à la gare. Très gentil de sa part, surtout que ce qui devait durer 3 minutes, deviendra une petite galère. La zone en face de la gare est une « no drop zone ». Certainement pour permettre aux taxis de ne pas être concurrencés par les Grab et Gojek qui pratiquent des prix très très très compétitifs. Nous devons donc nous éloigner de la gare. Après plusieurs dizaines de minutes, il me trouve enfin une moto taxi pour rejoindre mon auberge.

C’est parti pour 2 km à scooter. Je commence à prendre le pli avec mes sacs J. Je pensais arriver dans une petite ville, bien plus calme que Jakarta. Je me suis bien trompée. Nous sommes en pleine heure de pointe, la circulation est saturée. Pour aller plus vite, nous roulons sur les trottoirs (no comment…). C’est une véritable fournaise, avec l’air saturé en gaz de pots d’échappement que nous prenons en pleine figure.

Enfin arrivée à l’auberge, endroit plutôt chill et agréable. J’ai choisi cette fois-ci une chambre individuelle, mes 2 nuits à Jakarta m’ont déjà dégoûté des dortoirs. Cette première soirée sera plutôt calme. Un bon plat de pâtes au fromage et une petite bière solderont ce long voyage 😀

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Après une première nuit un peu plus reposante que les précédentes, je décide de ne pas me presser et de me poser un peu avant de repartir à la découverte d’une nouvelle ville. L’avantage de voyager pendant plusieurs mois… on ne fait pas tout au pas de course. Je prends la matinée pour finaliser et publier mon article sur Jakarta. Dehors c’est un véritable four, il fait extrêmement chaud, raison de plus pour ne pas bouger de suite.

Je fais un petit tour par la laverie, point de passage obligé lors d’un voyage en Asie J Je pars me renseigner sur les activités à faire dans le coin. Avant mon départ pour l’Indonésie, j’ai repéré que l’ascension du volcan Mérapi peut être faite au départ de Jogja. J’ai donc prévu de tenter l’aventure, 4 heures d’ascension de nuit pour atteindre le point culminant à 2930m d’altitude, et observer le lever du soleil dans ce lieu qui semble magique. Sauf qu’il y a plusieurs semaines, le volcan est entré en activité. Bon, il y a bien eu une petite éruption il y a 10 jours, mais peut être que le volcan est de nouveau accessible. Je me rends dans une agence pour me renseigner. Et là, le couperet tombe, l’accès au volcan est bien interdit. Même si je m’y attendais un peu, je suis tellement déçue. C’était l’activité qui me faisait le plus rêver dans le coin.

Je revois donc mes plans, et je décide de partir en ville, visiter les quartiers du Sultan. Le territoire de Yogyakarta est en effet toujours sous la gouverne d’un Sultan, Hamengku Buwono X. Son palace ainsi que, anciennement ses jardins sont ouverts aux visites.


 Taman Sari Water Castle

Le Taman Sari, ou Water Castle est l’ancienne résidence secondaire du Sultan, avec piscine extérieure et jardins, il n’est aujourd’hui plus utilisé et ouvert uniquement aux visites.

L’entrée se fait par les anciens bassins. Le lieu est plutôt joli et avec cette chaleur, ça donne vraiment envie d’aller y faire un petit plouf.


Malheureusement, l’ensemble des pièces est vide, pas beaucoup de chose à découvrir hormis les extérieurs, et peu d’information disponibles. C’est dimanche, énormément de touristes indonésiens font également la visite, et ceux sont de grands adeptes de la photo Instagram ! Assez compliqué de profiter du lieu.


Il y a également une mosquée souterraine ; je pars à la recherche de ce lieu. L’endroit est déroutant. Mais malheureusement, il y a tellement de monde qu’il est impossible de faire une photo convenable. Je regrette également l’absence de photos d’archives montrant le lieu lorsqu’il était utilisé.



Je repars de cette visite, un peu sur ma faim… bien que le lieu soit joli et riche d’histoire, il y a clairement un manque de mise en valeur et d’explication…

Je me promène dans le quartier entourant le Taman Sari et j’essaie de voir si le Keraton (le palais du Sultan) est ouvert à cette heure-ci. Un homme m’accoste, le Keraton est fermé depuis 13h. On se met à discuter, il est cuisinier pour le Sultan. Il me raconte un peu sa vie, et moi la mienne, puis il me propose d’aller voir une exposition de Batik réalisés par des étudiants en art, tissus traditionnels de Java, dont les motifs sont réalisés à l’aide de wax avant teinture, tout un art. Je me dis que ça peut être intéressant d’aller voir, surtout qu’il me propose de m’y amener en scooter gratuitement. Bon je n’ai rien à perdre, en avant !

Nous remontons vers le nord de la ville, et il me dépose devant ce qui ressemble plus à une boutique qu’à une exposition. Aucun étudiant à l’horizon, juste un homme qui a le discours plutôt rodé. Il me montre rapidement comment sont réalisés les batiks, il m’explique qu’ici ce n’est pas une boutique mais une exposition de travail d’étudiants de l’université de la ville. Mais rapidement il me sort une liste de prix. OK, super ! L’arnaque quoi. Bon, je fais un rapide tour du lieu et je m’en vais.


Entre ça et le coup du Mérapi, je suis clairement agacée et je n’ai plus vraiment goût à me promener. Je rentre à l’auberge avec un sentiment mitigé pour cette première journée à Jogja.

Je reste quand même sur ma faim et je me dis que je suis passée à côté de la ville. Sur internet les gens en parlent avec beaucoup de bien de ce lieu. Il faut lui laisser une seconde chance et ne pas rester avec cette première impression.

J’organise ma journée du lendemain. Beaucoup de temples entourent la ville de Yogyakarta, mais deux d’entre eux sont particulièrement célèbres : le Borobudur, classé au patrimoine de l’Unesco, et le Prambanan. Ces endroits sont clairement sur la To Do List lorsqu’on visite la ville. Mais je ne suis pas très emballée par l'idée d'être entourée de centaines de touristes, d’autant plus que les prix des entrées sont clairement démesurés pour l’Indonésie. Je me décide enfin, et j’opterais pour le lever du soleil depuis une colline aux alentours puis visite du temple. Je choisis de le faire avec un tour organisé, Borobudur est assez loin de Jogja, et je ne me sens pas du tout d’y aller par moi-même en scooter, à 4h du matin pour voir le lever du soleil. Une courte nuit en perspective 😉

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Borobudur au petit matin 

Levée 3h du matin. Bon, j’ai dormi à peine 2 heures. Au final le réveil est presque facile, j’ai l’impression de ne pas m’être couchée. Nous sommes trois personnes de l’auberge à partir pour ce tour. Nous venons nous chercher à 3h30. Moi qui ne raffole pas des tours organisés, surtout pendant ce voyage où le but est de se débrouiller seule, je ne regrette clairement pas de l’avoir fait. Durant cette excursion, j’y ferai la connaissance de Tamara, une étudiante australienne d’origine indonésienne. Et quelle rencontre ! Heureusement que j’ai choisi ce tour finalement. Nous passerons la matinée et la soirée ensemble.

Dès 4h30 nous arrivons sur la colline, à quelques centaines de mètres de notre point de vue pour le lever du soleil. Ma hantise, que nous soyons des centaines là-haut pour admirer le spectacle. Au final nous ne seront que 10 😀 PARFAIT !

Nous sommes en place. Il commence à faire jour, mais le soleil n’est pas encore là. Nous apercevons au loin Borobudur au milieu des collines, et j’entends que derrière se trouve le Mérapi ! Trop contente. Une brume serpente entre la végétation et le ciel prend des teintes orangées. Le spectacle est absolument fabuleux ! Le soleil se lève, nous sommes accrochés à nos appareils photos pour immortaliser la vue. Soudain je lève la tête, et là… je vois le Mérapi. Ce que j’avais pris pour le volcan n’était en réalité qu’une vulgaire colline, le « vrai » Mérapi est juste immense ! Quelle émotion de le voir dans ce ciel qui ne cesse de changer de couleur. J’en ai la chair de poule tellement le moment est magique et reposant. Un silence total nous entoure, nous sommes tous touchés par la beauté de l’instant.


En fond, le Mérapi, à droite le temple Borobudur 

6h du matin, fin du spectacle, le soleil tape déjà. Nous partons en direction du temple pour démarrer la visite. Il fait déjà très chaud, alors que le jour vient à peine de se lever.

2 heures nous sont accordées pour visiter les lieux... le problème des tours organisées, nous ne sommes pas libres... C'est donc parti pour arpenter ce stûpa géant, composé de 4 étages, dédié à Bouddha, construit au IXème siècle. Difficile d'imaginer tout ce que ce temple à vu et vécu à travers ces nombreux siècles. Au premier coup d'oeil toutes les statues sont identiques, mais en y regardant de plus près, elles ont toutes quelque chose d'unique. Le travail de taille est juste incroyable et les détails sont magnifiques. L'ensemble de ces sculptures raconte l'histoire de Bouddha.

Après ces 2 heures dans l’enceinte du temple, je repars pour Jogja, où une bonne sieste s’impose. Il est 9h30, j’ai le sentiment qu’une journée complète vient de s’écouler.

Les petites rues de Jogja

2 heures de sieste plus tard 😀, il est temps d’aller redécouvrir cette ville que je n’ai pas trop su apprécier pour le moment. Je pars déambuler dans les petites ruelles qui entourent mon auberge. Il y a de jolies maisons, beaucoup de street art, les quelques habitants que je croise me font de grands sourires. Finalement, c’est vrai que c’est plutôt sympa quand on quitte les grands boulevards pleins d’agitation et de bruit.

Un type me refait tout de même le coup du « il y a une galerie de batik, je peux t’y emmener ». Merci mais non merci, une fois mais pas deux 😉

 Jogja by night 

En fin d’après midi, je retrouve Tamara, et nous décidons de passer la soirée ensemble en ville, à Marlioboro. Il s’agit réellement du cœur vivant de la ville le soir. La grande avenue est envahit de monde, de stands vendant nourriture, boissons, souvenirs et gadgets. Ce soir là, je goutte enfin le Gudeg, plat traditionnel de Jogjy, dont on m’a plusieurs fois parlé, à base de fruit du Jacquier, épice, riz, poulet..

Nous faisons également du Becak, où nous avons clairement le sentiment que nous allons mourir emplâtré dans une voiture ou un scooter. Le moment est juste hilarant !

Ce moyen de locomotion traditionnel nous permattra de rejoindre Alun Alun Seletan, place populaire le soir à Jogja pour son défilé de voitures à pédales surréalistes... je vous laisse constater par vous même 😉

Nous finirons cette énorme journée avec une bonne glace et nous rentrons. Je ne remercierai jamais assez Tamara de m’avoir fait découvrir toute cette facette de Jogja, une soirée absolument géniale ! 😀




With my friend 😀
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Dernier jour à Jogja, au programme, le Keraton que je n’ai toujours pas visité et le temple Prambanar. Bien qu’ayant hésité longtemps à aller le faire, je décide de m’y rendre tout de même. Ça reste une place phare de Jogja. Mais je m’y rendrais par mes propres moyens et non pas avec un tour cette fois-ci.

Mais d'abord...

Le Keraton 

Palais du Sultan où ce dernier habite toujours. A l’image de la visite du Water Castle, peu ou pas d’explication, un peu compliqué de se repérer dans l’endroit, aucun plan n’étant fourni. Ça reste un endroit à voir, on visite rarement la maison d’un sultan 😉 mais la visite ne me transcende pas tellement. On est loin du palais du Sultan dans Aladdin ahahaha !

Les mannequins qui font trop peur !! 😀
instruments traditionnels et batik  

Au final je profiterais d'avantage du moment, en me promenant dans les petites ruelles aux alentours...

Becak, Batik et petites rues de Jogja 

Le Prambanan

L’après-midi, je prends le bus public pour me rendre au temple Prambanan. L'occasion de tester ce moyen de transport, et de faire quelques rencontres. Les indonésiens entament facilement la conversation. Je passerais justement une partie du trajet à discuter avec une dame qui apprend le français 😀

Arrivée à la gare routière de Prambanan, mon objectif est de faire la fermeture, pour admirer le coucher du soleil sur le temple. C'est parti pour quelques heures sur ce site qui, de loin est déjà somptueux. A l'instar de Borobudur, Prambanan fût également construit au IXème siècle et est inscrit à l'UNESCO. Il est dédié au Dieu hindou Shiva.

En réalité, il ne s'agit pas d'un seul temple, mais de plus de 240 temples shivaïtes. Malheureusement, les éruptions du Mérapi et un séisme dans les années 2000 auront eu raison de leur solidité. Aujourd’hui, l'ensemble des petits temples entourant le site principal n'est plus qu'un tas de pierres. Par le passé, il y en aurait même eu plus de 1000. Mais ces beautés du IXème siècle n’auront pas su traverser les temps. Le site a également été victime de pillage. Les habitants auraient même utilisés les pierres pour fabriquer leur propre maison...

Sur place, on se rend tout de même compte de l’immensité du lieu. Ces impressionnants temples sont sublimes, ils surgissent de nul part et vous transporte dans le temps. La délicatesse des détails est juste incroyable.

Malheureusement, quelques groupes d’adolescents en sortie scolaire viennent un peu gâcher la magie du lieu. Ils sont surtout occupés à prendre des photos d'eux plutôt que des temples, ils parlent fort, courent partout, bref c’est chiant. Et leur prof qui les appelle au mégaphone en plus. On aura tout vu... 😦

Mais le moment n’en reste pas moins exceptionnel, lorsque le soleil commence à se coucher, et qu’une lumière orangée vient illuminer ces sculptures.

Les photos parlent d’elles-mêmes :

Après ce beau moment, il me faut retourner à l’arrêt de bus, situé à 700 mètres du site. Il fait nuit noire, je dois longer une 3x2 voies envahit par les scooters, camions et voitures, je ne fais pas vraiment la fière. C’est donc au pas de course que je remonte l’avenue, et me voici arrivée et prête à partir pour 1 heure de bus.

Cette visite clôturera mon séjour à Yogyakarta. Il m'aura fallut un peu de temps pour apprécier cette ville aux multiples facettes... mais ce séjour se finit sur une très bonne note ! Pour les fans de street art, il s'agit de THE place to be 😉 Beaucoup d'art, de couleurs et de sourires animent cette ville qui ne cesse de s'agiter.

Prochaine destination, le volcan Bromo à l’Est de Java. Une véritable aventure m’attend pour atteindre ce qui est qualifié comme le plus beau volcan de l’île.

A bientôt 😀