Samedi 17 Novembre, Ollantaytambo et Dimanche 18 Novembre, Le Machu Picchu
Samedi à la mi-journée, nous arrivons à notre camp de base pour ce qui est le sommet de notre séjour au Pérou, la découverte du Machu Picchu. Nous nous établissons pour deux jours à Ollantaytambo, petite ville sur les rives du rio Urubamba, haut lieu parfaitement conservé (et restauré) de la civilisation Inca. Pour nous la ville a un autre attrait, elle se situe sur la ligne de chemin de fer qui relie Cusco à Agua Calientes, au pied du prestigieux autant que mystérieux site Inca. Nous avons prévu de laisser nos vélos à l'hôtel et de faire l'aller et retour dans la journée, en partant dès 5h par le 1er train du matin. Si nous voulons profiter du site en évitant la foule des visiteurs durant les deux ou trois premières heures de notre visite, nous devons impérativement arriver, sinon dès l'ouverture à 6h, du moins peu après.
Pour la suite du récit, il nous a semblé intéressant que chacun d'entre nous, Los Daltones, puisse vous raconter "son Machu Picchu". Ce sont ces 4 points de vue que vous allez découvrir maintenant :
Michel :
Le Machu Picchu n’était pas dans ma tête un lieu incontournable, par ignorance sans doute. Mais c’était un bel objectif de notre voyage fort motivant. Longue journée qui demande de se lever à 4h, de prendre le train de Ollantaytambo jusqu’à Aguas Calientes, 1h30 en fond de vallée, d’acheter des billets pour prendre un bus qui mène jusqu’au site situé plus haut.
Machu fichu ! nous arrivons dans les nuages et la vue est nulle et nous rappelle les uns et les autres d’autres lieux ou nous sommes allés … dans le brouillard. L’Irlande pour l’un, Maroc pour l’autre, etc. quelques coups de vent et les nuages nous laisseront admiratifs.
Je me suis laissé prendre par ce site, il est parfaitement restauré, parfaitement entretenu malgré les milliers de visiteurs quotidiens. À l’heure ou nous sommes arrivés, ce n’était pas encore la foule, elle viendra plus tard. On peut en faire abstraction et se plonger 500 ans en arrière en imaginant ce village perché dans un site fabuleux grouillant d’activité : paysans sur les restanques vertigineuses, tailleurs de pierres à l’ouvrage, ouvriers maçons en plein effort, tous hommes et femmes rendant vivant ce lieu aujourd’hui inanimé.
Le site est fantastique, pourquoi être aller chercher si loin au fond d’une vallée, puis au sommet des montagnes pour construire cela ? le culte du soleil est-il la seule raison de cette folie ? mystère pour moi.
Les murs de pierre les plus sophistiqués sont incroyables. De la plus petite à la plus grosse elles semblent toutes avoir leur place. Celle-ci et pas une autre. Aucune n’est pareille à l’autre, aucune n’est posée « droite », à l’horizontal, comme si le hasard avait dirigé la construction. Et pourtant tout est parfait, les murs ne sont pas verticaux mais penchés selon un angle choisi, l’ajustement des pierres l’une sur l’autre est incroyablement précis. Quelles techniques, quels savoir-faires oubliés !
Au musée que nous avons visité plus tard, il était dit par des indiens locaux, au 19ème siècle : « Les Incas ont construit le Machu Picchu, ils avaient la force. Aujourd’hui on ne sait pas comment ils ont fait, on ne sait pas le refaire car les Incas ont disparu. Seuls les Incas ont pu le faire car ils avaient la force ».
Jean-Marc :
Pardon d’être trivial mais tout d’abord il faut dire que le Machu Picchu est un gros business.
Le billet d’accès au site, pour peu que vous l’achetiez en ligne sur le site officiel, est à 158 soles (43€ ou 48$). Par le biais d’une agence ce serait encore plus cher, évidemment.
A cela vous devez rajouter le prix du billet de train A/R. Nous partons de Ollantaytambo (1h30 de voyage pour 36km, idem au retour) plus favorable que Cusco avec ses 2 X 3h de train. Malgré ça il nous en coûte 125$ /personne en prenant la formule la plus économique, type de train et horaires les moins chers. Si vous voulez par la suite changez d’horaire de retour par exemple, c’est 25 ou 50$ en plus qu’il vous faudra débourser.
Et enfin le bus d’Agua Calientes au site du Machu Picchu, 8km en 20’, à 25$ pour l’A/R
Total 198$ ou 178€/personne, une vraie petite fortune !
Bilan, à nous 4 nous avons laissé 712€ (792$) ou 2600 soles. Soit de quoi vivre 1 semaine tous les 4 au Pérou, pour nous qui ne nous privons peu. Alors imaginez ce que cela représente pour une famille péruvienne même si le tarif d'entrée est moins cher pour les nationaux.
Voilà c'est dit !
Mais le Machu Picchu c’est bien plus que cela :
Ce que j’ai vu en premier lieu c’est la végétation, une forêt luxuriante, envahissante, tropicale : la forêt amazonienne, encore jamais vue jusque là dans notre voyage. Puis dominant cette végétation, les montagnes majestueuses, parfois inquiétantes, toujours omniprésentes où que porte le regard. Et enfin émergeant tel le pont d’un navire de l’immensité verte, le Machu Picchu, comme irréel dans son écrin de montagnes, avec son décor de pierres ordonnées (impression renforcée sûrement par la mer de nuages qui baignait le site quand nous l’avons découvert)
On l’a vu mille fois en photos mais de l’avoir là sous nos yeux en vrai, c’est merveilleux et impressionnant. Quel travail pour construire et ordonner tout ça, une œuvre titanesque dans cet environnement minéral et végétal qui, de prime abord, ne s’y prêtait vraiment pas. Rendez-vous compte, le site est en aplomb de 500m au-dessus du torrent qui charrie ses eaux tumultueuses en contre-bas ! Comment ces hommes, les Incas, ont-ils pu concevoir ce projet fou et enfin le réaliser de façon si parfaite ? Je veux croire que seule leur spiritualité hors du commun les a guidés et motivés dans ce but. Avec peut-être aussi, pour une part, l’instinct de survie dans une période particulièrement menacée de leur histoire.
Christian :
La première impression qui se dégage lorsqu’on arrive a la maison des gardiens, c’est la taille de l’ensemble, posé sur un piton rocheux, entouré lui-même de montagnes aussi impressionnantes, un village très structuré aussi, on le verra plus tard au cours de la visite, dévolu presque essentiellement au culte du soleil
Ensuite pour un apprenti jardinier, la science de la terre, du drainage, des couches supérieures et des sous couches, l’exposition au soleil, les différentes cultures en fonction des saisons, et tout cela a 2400 m d’altitude,
Un site exceptionnel, qui pose une question, comment faisaient-ils pour déplacer des blocs de pierre monstrueux, qui de nos jours nécessiteraient des engins très puissants ?
Patrice :
En ce petit matin de novembre, l’atmosphère est électrique au réveil à Ollantaytambo ; l’orage gronde, la pluie menace et Los Daltones sont sur le pied de guerre pour aller prendre le train et visiter le clou du Pérou, je veux dire le Machu Picchu. Et lorsque l’on a constaté que l’on était enfermé dans l’hôtel, notre gardien ayant oublié le réveil ! notre imagination fourmille de solutions : faire le mur, provoquer un court-circuit … pour ouvrir la serrure électrique mais miracle notre tambourinage réussit à réveiller notre hôte. Nous nous précipitons alors vers la gare pour une heure et demie de train pittoresque dans ce fond de vallée qui nous conduit à Agua Calientes, où un bus va nous acheminer vers l’entrée de site après 8km d’une petite route escarpée à flan de colline.
Là, l’impression première est une grande déception de découvrir ce site emblématique rempli de brumes et qui ne se dévoile qu’en partie. Par contre, notre arrivée matinale nous permet d’engager une visite relativement tranquillement sur un circuit bien balisé. L’imagination va cependant opérer, et interpréter quelle motivation a pu conduire cette civilisation pour construire une telle citée ! l’Homme est ainsi constitué de croyance rassurante, ici dédié à la divinité du Soleil mais aussi pour assurer les besoins matériels du quotidien. Le positionnement de la cité du Machu Picchu est bien fonctionnel pour assurer la liaison marchande entre le pays andin et la vallée amazonienne.
La dimension du site choque l’œil dès qu’une éclaircie permet de l’entrevoir davantage dans sa globalité. La qualité de la construction est stupéfiante ! les formes géométriques retenues et la précision des assemblages de pierres ne peuvent être le fait du hasard, il fallait que cela résiste aux affres du temps, aux séismes, au climat tropical… Le principe de construction en terrasse rappelle sans nul doute nos restanques provençales. Sans concertation possible, les mêmes techniques d’ancrage sur le rocher et de murs en pierres sèches pour le drainage des sols ont été mises en œuvre, surprenant ! Et beaucoup d’interrogations subsistent, comment charrier des masses aussi importantes sur ces parois abruptes vu le peu de technicité dont disposaient les Incas ?
Au détour d’un motif , d’une construction fonctionnelle... pour peu qu’un moment d’isolement survienne, mon esprit s’égare pour une introspection plus personnelle, quelle sera mon empreinte sur ce bas monde ?
Mais vite rappelé au présent par l’afflux de visiteurs, ces 3 heures passés ici me resteront comme un moment de vie mémorable ! Je retrouve mes trois compañeros pour échanger sur nos perceptions dans la cité ultra touristique d’Agua Calientes.
Embarquement pour Agua Calientes, il fait encore nuit et il ne pleut pas encore !
En arrivant sur place, les cimes ont beau être noyées dans une mer de nuages, c'est déjà la sidération de la découverteLe site nous apparaît dans le silence du petit matin ouaté Bien sûr on aimerait un rayon de soleil, mais les nuages qui remontent de la vallée rajoutent leur part de mystèreOn est bluffé par ce que ces murs nous donnent à voir du savoir faire Inca
Même les terribles tremblements de terre de 1650 et 1950 n'ont pas mis le site en péril
500m plus bas à la vertical, le fond de la vallée. A droite on devine la route en lacets
les Incas étaient passés maîtres dans la culture en terrasses (les andenes)
Alors Machu fichu? Que nenni dit Michel, le convertiOn s'accorde une sieste après ces belles émotions, plus tard ils sembleront encore sous l'emprise de ce qu'ils ont tant admiré