Pour sacrifier à la tradition, je vous livre mes impressions personnelles sur ce pays (elles n'engagent que moi et mes 3 acolytes -ou alcooliques- ont la possibilité d'infirmer, de confirmer, de développer ou de commenter ce qui suit).
Pays intéressant, parfois surprenant, la Jordanie ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Si la beauté des paysages et la richesse des sites archéologiques ne souffrent aucune contestation, un certain nombre d'aspects tempèrent cet enthousiasme.
Si les Jordaniens sont globalement gentils et accueillants, il reste difficile de communiquer avec eux car la plupart baragouinent l'anglais plus qu'ils ne le parlent. De plus, ils ne recherchent pas forcément le contact avec l'étranger. S'ils sont moins "agressifs" que dans certains pays d'Afrique du Nord pour vendre des souvenirs, il n'en demeure pas moins qu'il faut tout négocier, même les timbres (pour 3 timbres, j'ai eu des premières propositions à 10 € - bizarrement non divisibles par 3-, à 9, 7 ou 6 € dans d'autres boutiques, pour finalement conclure à 5 €.
Si la Jordanie semble s'être largement ouverte au tourisme, de nombreux efforts restent à faire. Nous avions pourtant réservé des hôtels dits 3 étoiles mais on a eu à composer avec une propreté parfois douteuse, des connexions Internet défaillantes, des douches froides, des mini-bars prévus mais absents, et des installations électriques approximatives. De plus, à plusieurs reprises, nous avons remarqué que les "préférence nationale" (suivez mon regard) est de mise : l'entrée de certains sites est facturé 1 € aux autochtones pour 5 € aux étrangers. Il faut bien vivre.
La circulation automobile reste difficile : pas de marquage sur routes et même autoroutes, le clignotant reste un accessoire aléatoire, les dos d'âne (voire de dromadaires) agrémentent fréquemment votre parcours, même sur autoroute, pas de bretelles d'accès mais possibilité de faire demi-tour sur les autoroutes, voitures à contresens pour gagner quelques centaines de mètres avant le prochain demi-tour, dépassements à droite comme à gauche, un vrai plaisir. Mais les routes sont bonnes et parc automobile plutôt récent.
La police et l'armée sont très présentes. Si cela est dû en grande partie à la situation géographique de la Jordanie (les pays frontaliers sont Israël, la Syrie, l'Irak et l'Arabie saoudite) et procure un sentiment certain de sécurité, cela reste pesant.
La gastronomie n'est pas, à mon avis, une motivation pour s'y rendre. Les viandes tournent autour de poulet et du mouton, très peu de boeuf, pas de veau ni d'autres volailles (ou du moins on n'en a pas vu). quant au porc, n'en parlons pas : on est dans un pays musulman. Les légumes (principalement poivrons, tomates et aubergines) et autres pois chiches restent acceptables, avec même de bonnes surprises comme le houmous. La plupart des fromages (blancs; à pâte ou yaourts) sont de brebis et de chèvre, malheureusement souvent très salés et avec un goût relativement assez fort. Les desserts sont parfois bons (mais toujours très sucrés) mais les fruits laissent à désirer.
Au sujet de l'islam, tout le rappelle à chaque instant. Si nous n'avons pas vu de burkas (mais cela doit exister) l'immense majorité des femmes portent le niqab, éventuellement le tchador., très peu le hijab. Quant à l'absence de voile, c'est rarissime. En dehors de la capitale, la plupart des services (restaurants, commerces, ménage, etc..) sont assurés par des hommes.Et si l'éducation touche 98% des femmes, elles ne sont plus que 15% à obtenir un emploi. Nous n'avons pas eu à nous plaindre du comportement des Jordaniens (mais nos tenues n'avaient rien de provocant, par respect pour leur culture) mais cela interpelle, surtout nos femmes militantes, qui se sont vues interdire l'entrée de la mosquée à Aqaba, même avec un foulard sur la tête. Tôt le matin (vers 5h15) et jusqu'au coucher du soleil, le muezzin se rappelle au moins 5fois à son bon souvenir. La plupart des hôtels et des restaurants ne servent aucune boisson alcoolisée et nous n'avons eu qu'à 3 reprises l'occasion de boire une bière "normale", mais payée de 6 à 7,50€ la canette. Quant au vin et aux alcools forts, n'y pensez-pas !!
La vie semble être assez chère (et pas seulement de par le dinar jordanien qui vaut presque 1,50 €) , du moins pour les prix affichés (et ils sont rares). Les souvenirs à ramener nous ont que peu séduits, aussi bien à cause de leur esthétisme que de leur prix.
La Jordanie étant aux 3/4 de sa superficie (presque 90 000 km2 soit moins de 1/6 de la France) couverte par le désert, la faune et la flore sont d'un intérêt limité, si ce n'est les chameaux, dromadaires, ânes chèvres et moutons. Même si les guides vous annoncent dans la biosphère de Dana ou la Réserve Faunique de Shaumari (près d'Al-Azraq) la présence de l'oryx d'Arabie, les autruches de Somalie, les onagres et les gazelles de Perse (pour les mammifères), les pigeons et les tourterelles maillées, les corneilles mantelées, les faucons crécerelles, les bulbuls d’Arabie, le souimanga de Palestine -petit colibri bleu/noir avec de nombreux reflets pétrole (normal, on est au Moyen Orient)-, le corbeau à queue courte, le Rufipenne de Tristram, la buse féroce, le Roselin du Sinaï, le traquet deuil (pour les oiseaux), le Poekilocerus bufonius (criquet femelle), le Rock Agama (gros lézard), l’Elegant Racer (serpent multicolore), le cobra noir, le bargil égyptien, l'échis coloratus, la vipère de Palestine, l'atractapis engaddendis, la vipère des champs, le serpent à cornes, le deathstalker, l'hétérometrus spinifer, le rhagodidae, l'hottentotta judaicus (pour les espèces moins sympathiques), on n'a rien vu de tout cela.
Bravo à ceux qui ont lu cette liste indigeste jusqu'au bout et admiration à ceux qui ont eu la curiosité d'aller sur Internet voir à quoi ressemblent toutes ces charmantes bestioles.
Pour finir, un petit quizz qui fêtera le retour du Jeanmichelesque que je vous ai épargné jusque là. Selon vous, pour chacun des 4 participants, qu'est ce qui les a le plus gêné (à classer dans l'ordre décroissant). 1. l'absence d'alcool 2. la condition féminine 3.l'omniprésence de l'Islam 4. les grandes marches sous le cagnard 5.la gastronomie "moyenne" 6.(pour les initiés) rentrer dans Petra après presque 47 ans d'attente sans retrouver ses formes et sa facilité d"accès 7.les douches froides 8. la conduite automobile stressante 9.l'absence d'Internet dans certains endroits 10.la présence des 3 autres.
Allez, je signe au nom des quatre sans leur permission.