Oh soleil, soleil ... pour un peu j'allumerai des cierges pour remercier les cieux. .. bon d'un autre côté, dire qu'il y en a qui sont encore septique sur le réchauffement climatique me laisse songeur.
1e jour, Bunk'art or not bunk'art
Je file au grand marché, ce que j'en ai aperçu hier doit être assez sympa sous le soleil. Des façades colorées, des halles flambants neuves, on semble loin du pays le plus pauvre d'Europe.... Jusqu'au coin de rue suivante.
L'appartement est idéalement placé, en plein coeur de la ville, à 2 minutes du grand marché et à 2 minutes de la place Scanderberg. Scanderberg est le grand héros albanais, pour toutes les batailles qu'il a mené contre les Ottoman au XVe siècle. La place est immense, et cerné par une multitude de bâtiments, culturels, religieux ou administratifs
A une de ses extrémités des bâtiments aux couleurs de l'l'Albanie, construits en 1930, abritent différents ministères. Je réfléchis à 2 fois avant de les prendre en photo, prenant tout mon temps pour sortir mon appareil tout en surveillant d'un oeil les plantons et policiers qui en surveillent l'accès ici et là.
Je tourne un peu en rond pour dénicher l'office du tourisme, les rues sont indiquées une fois sur 2.
Des itinéraires y sont proposés par thématique, musées, galeries, lieux de cultes et façades peintes à la manière de ce qui peut être fait ailleurs en Europe. Je décide de commencer par cette dernière théma, j'aurai ainsi l'opportunité de faire le tour de la ville et d'essayer d'avoir une vue d'ensemble. Néanmoins au regard de la boucle que je dois parcourir, je redoute un peu d'y laisser mes semelles.
Les 1e façades sont effectivement étonnantes mais l'usure du temps à abîmées nombre des suivantes. La circulation ne s'arrête jamais, l'occupation des trottoirs n'est pas en reste.
Les 2 roues sont plutôt absents dans cette effervescence, ce qui peut sembler étrange. Le nombre de voiture n'excédait pas les 2000 en 1990, elles seraient plus de 2 millions aujourd'hui. Quand aux auto-écoles, les officielles sont apparues à partir de 2010, ceci explique sans doute l'impression anarchique et animée des rues.
Tirana accueillant à elle seule 1 million d'habitants soit 25% de la population. Dans les plus grands carrefours, un agent de la circulation essaie tant bien que mal de fluidifier le trafic. Celui que je croise à sans doute des chromosomes de Louis de Funès ou Mr Hulot dans "Trafic". Les coups de sifflet s'enchaînent, je redoute qu'il s'étouffe. A moins que ce ne soit sa manière de respirer car les gestes ne sont pas en reste. J'assise à un ballet.
Les commerces sont en nombre et les cafés, lieu incontournable des Albanais, présent à tous les coins de rues. Le temps d'une pause, à peine installer, que le patron m'amène sans un mot le cendrier.
Où que j'aille, il est rare de faire 1 km sans rencontrer des travaux. A revenir vers Scanderberg, je tombe sur la cathédrale orthodoxe de la résurrection du christ. Inaugurée dans les années 2000, son architecture est surprenante et de nuit elle se pare de lumière bleu, rouge ... un peu grotesque.
La fin d'après midi va être les prémices de mon aventure avec Bunk'art.
Bunk'art, épisode 1
J'ai décidé dans un 1e temps de m'y rendre à pied mais le site est hors de mon plan. L'usage de l'anglais par les plus anciens n'est pas courant, la jeune albanaise à qui je demande ma route me renvoie à Scanderberg .... alors que j'en suit partit il y a peu près 1h.
Le bus va partir,
- bunk'art, bunk'art crie un homme muni d'un gilet jaune.
Je monte, m'installe. L'homme remonte l'allée du bus pour vendre le ticket au prix de 40 lek (132lek=1€). Je l'observe, les mains pleines de billets, de pièces, à chaque arrêt, l'oeil à l'affût, perspicace il identifie rapidement celui ou celle qui vient de monter. Quand le bus est bondé il se fraie un chemin avec autorité et bonhomie. Dans cette langue dont je ne comprends aucun mot, je l'imagine demander qui vient de monter. Il m'arrivera 1 ou 2 fois, de tomber sur une personne qui ne peut sans doute pas payer, malgré la modicité de la somme demandée. Mon homme en jaune ne dit rien, passe au suivant.
Alors que "Paradise Papers" vient de sortir dans l'Europe riche, je pense qu'on pourrait envoyer Bernard Arnault et ses petits copains venir prendre des leçons de civisme ici.
Les rues par lesquelles nous passons sont l'occasion pour moi d'apercevoir plus fréquemment un autre aspect de la ville, plus pauvre. Des baraques en bois en guise de commerce, au pied des tours des détritus ça et là.
La nuit est tombée, nous sommes partis depuis 15 min ou plus quand j'ai l'idée de regarder dans le petit futé, les horaires d'ouvertures ..... le site est fermé, j'avise un arrêt descend, recherche un bus allant dans l'autre sens et me revoilà reparti. Les choses ne se passent pas tout à fait comme je l'attendais. Je repasse à nouveau devant cette entrée de parking ... voyons tout à l'heure, elle était à ma droite ou à ma gauche ? Le temps de réfléchir, ce sont d'autres "repères" qui me sont familiers! La fatigue aidant, je me surprends à avoir des doutes sur mes facultés mentales et d'orientation. L'affaire se précise, nous ne sommes plus que quelques uns quand J'aborde le conducteur
- do you go to the center ?
Je ne comprends pas ce qu'il me dit mais perçoit qu'eux non plus ne m'ont pas compris ! Je lui montre la carte
- gender !
J'apprends mon 1e mot Albanais mais la mimique qui accompagne ce gender est éloquente, il semble dépité.
Oh les gars, vous n'allez pas me laisser à plusieurs kilomètres du gender ?
Voit-il le désappointement naître sur mon visage ? Le sien se fait d'un seul coup plus rassurant. Il me fait signe de m'asseoir et à son expression je crois comprendre que c'est mieux ainsi vu le temps que ça va prendre.
2 arrêts plus loin, le moteur est à l'arrêt ... quand il me fait signe de me lever prestement pour monter dans le bus derrière lequel nous sommes stationnés. Une brève poignée de main et je suis repartit. Ca y est, j'ai compris, le bus fait une boucle. Comme il emprunte des sens unique, lors de mon 1e arrêt j'ai repris un bus qui allait dans la direction dont je venais!! Je n'ai pas vu Bunk'art, j'ai passé près d'1h30 dans le bus et je suis mûr pour remplacer au pied levé le vendeur de ticket.
Fin de l'épisode 1
Jour 2, vous n'auriez pas une paire de lunettes ?
Direction le musée national d'histoire, j'y suis à 9h pour l'ouverture mais les portes sont closes. Un gardien d'un certain âge, assis sur sa chaise m'observe du coin de l'oeil. J'oublie l'usage de l'anglais mais je comprends néanmoins que le musée ouvre à dhjztë. Soit 10h. Allez savoir pourquoi je lui demande la direction pour aller voir les mozaiques de Tirana quand il me suffit de regarder Google maps pou savoir qu'elle direction prendre. Bien entendu, il ne comprend pas. Je lui montre ma carte, lui me montre ma tête ... !!??
Un éclair ... mes lunettes!! Le pauvre homme ne voit rien, moi non plus, elles passent de nez en nez suivant la non conversation que nous avons. .. en vain. Désireux de me renseigner, il demande au groupe de jeunes qui attendent à côté. Ils ne voient pas non plus, mais mes lunettes ne peuvent pas les aider. A l'allure ou vont les choses, je me dis que le musée ne va pas tarder à ouvrir.
J'ai enfin une direction .... qui me laisse septique ... je pars, fait 100M, sors mon smart phone et bifurque de 45°.
La pluie s'est invitée, j'investis dans un parapluie que j'achète à un petit vieux au coin de la rue. Les 500 demandés se sont transformés en 1000lek, le prix touristique probablement mais quand on prend l'eau de toute part, la négociation est à l'avantage du vendeur ! !
Retour au musée, il m'aura fallu plus de temps pour trouver les mosaïques que les voir. Le musée relate l'histoire, compliquée, de l'albanie de l'antiquité au génocide communiste et se trouve être assez intéressant. J'ai loupé la pièce la plus importante de l'antiquité, la déesse de Butrint, à Butrint se trouve un des plus beaux site archéologique des balkans.
Dans la partie consacrée au moyen âge, c'est cette fois-ci l'épitaphe de Gllavenica, un drap de soie de lin et d'or brodé du 14e représentant le saint suaire que je ne trouve pas.
Là encore je vais prêter mes lunettes à la femme à qui je demande de l'aide. Pendant qu'elle m'accompagne devant ce magnifique drap, j'apprends que sa soeur a étudié en France le français afin de revenir l'enseigner ici.
Bunk'art, épisode 2
Le bus m'arrête juste devant Bunk'art, bien qu'il n'y ait aucun arrêt.
Une masse de terre de 3, 4m de haut, sur la droite un début de tunnel obstrué par une double porte métallique fermée. Une flèche "Bunk'art " et rien d'autre. Je fais les 100 pas, tergiverse, ne sachant trop que faire. Un jeune venant à ma rencontre "attaque" la masse de terre pour monter dessus et disparaît de ma vue. Je lui emboîte le pas, à mi-pente j'aperçois le ventre de la bête, pas loin de 100M de terre avant de tomber sur un mur derrière lequel se trouve une cité. Je redescend.
Alors que je m'apprête à repartir, j'entends la porte métallique se refermer. 2 soldats viennent à ma rencontre.
-Dites donc messieurs vous ne sauriez pas me dire si l'entrée de bunk'art est bien ici et quand il sera ouvert ? En anglais c'est presque la même chose.
- c'est tout à fait ici mais c'est fermé ce jour, revenez demain.
Fin de l'épisode 2!
De retour en ville, je tombe sur bunk'art 2, on y accède via l'entrée d'un bunker dans le quartier des ministères. Un couloir étroit, froid, condamné par plusieurs portes et qui abritent des pièces qui retracent le temps béni de l'état communiste en Albanie, le plus dur d'Europe.
Il est assez cocasse aujourd'hui de voir le matériel utilisé pour que la population puisse s'adonner à l'espionnage de ses voisins et ainsi les dénoncer aux autorités. Le système mis en place permettait une surveillance constante, il en était de même pour tous les étrangers qui venaient visiter le pays. Bunk'art 2 n'est pas inintéressant mais petit.
Le soir venu, je passe rive gauche. Tirana est séparée en 2 par la Lana.
La rive gauche, Blloku ou l'ex - bloc est une partie de la ville, qui du temps du communiste pur et dur d'Enver Hoxha, était réservé à l'élite et interdite au peuple. A la mort de Hoxha et à la chute du communisme qui s'en est suivi en 1991, les albanais se sont rués dans ce quartier pensant y découvrir monts et merveilles.
Aujourd'hui, ce pâté de rue est devenu le quartier chic de Tirana, des restaurants, cafés branchés, des boutiques chics, des boîtes de nuit.
Les rues sont arborées, les trottoirs pavés. J'y croise de ravissantes élégantes, messieurs en costard et voitures chics.
Le quartier est assez restreint, un carré de 1km2 environ au delà duquel on retrouve l'autre Tirana avec tous ses petits commerces, ses maisons pas terminées ou dans un état proche de l'insalubrité et ses pauvres. Cette une ville étonnante, vibrante, bruyante et décidément très séduisante.
Jour 3, Bunk'art inside
Enfin j'y suis. Je connais le chemin par coeur et pour cause. A l'entrée un garde me fait un salut militaire faute de pouvoir échanger en anglais. Je franchis la porte métallique et entre dans la bête.
Pas loin de 100M de tunnel sous la terre. Ce site isolé dans la banlieue nord de Tirana est toujours sous contrôle de l'armée. Ce bunker à été transformé en musée en 2014. Construit en secret entre 1972 et 1978 il était conçu pour accueillir l'élite du pays en cas de conflit nucléaire ou d'invasion. Le bunker compte 106 pièces, la moitié est ouverte au public. J'y suis seul pendant la plupart de ma visite. Les pièces retracent l'histoire entre la 2nd guerre mondiale et la fin du communisme.
Sous le règne d'Enver Hoxha, l'albanie à construit 700.000 bunkers dans tout le pays.
La visite est la plus intéressante de mon court séjour.
Je rentre à pied parcourant toute la banlieue nord et l'entrée de Tirana.
Je poursuis par la galerie nationale d'art puis me balade dans Blloku.
Jour 4, this is the end
Gledis à récupéré deux voyageuses aux derniers moments, il avait accepté que je parte plus tard, il me faun libérer lapart qun pied levé.
Je retourne manger au restaurant dans lequel je m'étais arrêté le 1e jour. Après l'averse matinale, le soleil est de retour, le marché central est un lieu piéton à l'écart de la circulation. On y croise la mixité que je me suis faite de Tirana ces derniers jours. Des jeunes femmes chics et séduisantes et une population beaucoup plus aux abois. Sur le rond point quelques échoppes populaires dans lesquelles les gens attablés mangent une nourriture copieuse accompagnée de quelques choppes de bières, quel contraste avec les restos plus chics qui encerclent les halles.
Gledis à toujours le même sourire bienveillant, je lui reparle de 1e plans et j'espère qu'il sera sélectionné s'il y présente un film.
Le soleil est de retour comme pour me faire regretter de partir, même sous la pluie je serais partit avec regret. Je suis arrivé avec des idées préconçues sur beaucoup de chose. Tous les Albanais ne ressemblent sans doute pas à Gledis mais beaucoup de ceux rencontrés sont aux antipodes de l'image qu'on nous donne de ce pays.