Carnet de voyage

Promenade Colombienne

11 étapes
27 commentaires
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Il y a 8 ans, nous avions visité les lieux les plus connus en 2 semaines. Nous revenons aujourd'hui explorer ce magnifique pays grand comme 2 fois la France.
Du 2 mars au 6 avril 2020
5 semaines
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Lundi 2 mars. Nous voilà à Bogotá. Bien contents de fuir les tempêtes en France (pluie, vent, et tempêtes médiatiques autour du coronavirus et du 49,3.)

On commence en douceur, je suis en convalescence (infectionpassoignéeàtemps#douleurs#examens#antibios#examens#accorddumédecindeuxjoursavantledépart#ouf!)

Notre fidèle taxi vient nous prendre à 4h15 pour un Paris-Madrid-Bogotá avec Iberia.

Escale à Madrid sans problème, arrivée à Bogotá après 10h de vol : tous les employés de l'aéroport sont masqués. Derrière un guichet de verre, avec le masque et en espagnol, on est obligé de faire répéter les questions ! Partout de grandes affiches sur le Corona, on nous demande si on vient depuis 14 jours des pays à risques, liste à l'appui. Heureusement la France n'est pas dedans !

Nous prenons un taxi pour aller dans un petit immeuble derrière l'aéroport, chambre chez l'habitant, heureusement "MapsMe est notre ami" car "La Cachaca", ce n'est pas connu.

Nos jeunes hôtes ont un petit garçon et louent 2 chambres. Ils ont envie de discuter, ils veulent savoir comment ça se passe avec le Corona en Europe, ici aussi c'est la panique, pour l'instant ils n'ont aucun cas. Mais on leur fait comprendre poliment qu'on n'a qu'une envie, s'allonger et dormir !

Mardi 3 mars, nous prenons en début d'après-midi un avion pour Pasto avec Avianca.

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Nous quittons la Cachaca et son délicieux déjeuner pour prendre l'avion pour Pasto, avec la compagnie Avianca.

Pasto est situé à 2500 m d'altitude. L'atterrissage est impressionnant, montagnes verdoyantes et boisées avec des vallées profondes. On s'attendait à avoir froid, le climat au contraire est plutôt doux.

Installés pour 2 nuits à la Colombiana House, nous partons à la découverte de la ville.

Dans la rue, des femmes fabriquent des bonbons en tapant une pâte de guimauve.

Les chiens sont dorlotés, voici Linda et son tutu rose !

Pasto a son lot d'églises !

La grande place Nariño

Fresque sur le palais de justice, et rue de l'église de la Merced aux maisons colorées

Mais Pasto est surtout célèbre pour son carnaval de Negros y Blancos :

Le Carnaval des Noirs et des Blancs de San Juan de Pasto est un des plus beaux et plus importants carnavals colombiens. Il a lieu tous les ans, du 2 au 7 janvier, soit hors du cadre calendaire traditionnel des fêtes carnavalesques autour du Mardi gras.

Il a été classé au patrimoine culturel de l'Unesco en 2009.

Ce carnaval date du début du XXe siècle. Son origine fait l'objet de recherches, une des explications serait l'octroi d'un jour de congé donné aux indigènes par la couronne espagnole à l'époque coloniale, afin de calmer une révolte.

Mais c'est dès le 28 décembre que les festivités commencent : bataille d'eau, dessins au sol, sérénades, pantin de l'année écoulée brûlé, hommage à la Vierge, défilé des différentes communautés du département, carnaval des enfants...

Le jour des Noirs, le 5 janvier, tout le monde se barbouille de noir. Le jour des Blancs, le 6 janvier, symbolise la fin du carnaval. Tout le monde s'habille en blanc, avec jets de farine, talc... Les plus créatifs gagnent une récompense.

Nous visitons le musée du carnaval, très intéressant et accueillant :

Nous visitons aussi le musée de l'or, petit musée situé dans un centre culturel.

Demain matin nous irons à la frontière avec l'Équateur, à Ipiales, afin de visiter le sanctuaire de Lajas.

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Jeudi 5 mars, nous quittons Pasto pour Ipiales, à la frontière avec l'Équateur, à presque 3000 m d'altitude. On marchera doucement, on se sent un peu essoufflés. La Panaméricaine est en pleine rénovation, de grands ponts et des raccourcis sont prévus. Pour l'instant, nous mettons 3h pour couvrir les 80 km.

Après avoir posé nos bagages à l'hôtel San José et acheté notre billet de bus pour Popayan demain, nous allons à Las Lajas, à 7 km. Nous partageons le taxi collectif avec une dame de Pasto, qui emmène son père unijambiste en pèlerinage. Peu de monde en semaine, par contre le dimanche on s'y bouscule.


L'église néogothique est construite à cheval sur des gorges, à l'endroit même où une petite fille muette aurait retrouvé la parole. Elle a été construite entre janvier 1916 et août 1949 sur une ancienne chapelle.

En 2007, elle obtient la 2ème place en tant que merveille de la Colombie. (La 1ère place revient aux mines de sel de Zipaquira, à 50 km de Bogota, que nous avons visités il y a 8 ans.)

Je laisse les images parler... Nous avons beaucoup aimé la pureté des lignes de cette construction.

L'ange de l'eau. Ça devrait me guérir...

L'intérieur du sanctuaire. L'autel est adossé au rocher.

Petite promenade le long de la rivière afin d'admirer les points de vue sur le sanctuaire.

Beaucoup d'ex-votos

Sur un chemin, le "Je vous salue Marie" dans différentes langues

Menu du jour au sanctuaire et cascade

La petite Cloïse vient visiter aussi, transportant ses petits sacs plastiques avec elle !

Retour sous la pluie

Jipy va faire un tour au centre d'Ipiales tandis que je me repose.

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Vendredi 6 mars, nous prenons le bus d'Ipiales à Popayan, à 7h30. Nous retrouvons les travaux sur la Panaméricaine jusqu'à Pasto. La route est très montagneuse et magnifique, de 2900 m d'altitude nous descendons à 500 m dans une zone tropicale, pour atteindre Popayan à 1700 m ! Nous mettrons 11 heures pour parcourir ce trajet. Heureusement le bus est confortable, avec toilettes et WiFi, un arrêt repas, on a de quoi s'occuper, c'est une journée de repos, même si on est bien contents de descendre du bus le soir !

Quelques photos prises à travers la vitre:


Pour la 3ème fois c'est notre MapsMe qui guide le chauffeur de taxi jusqu'à notre hôtel, aujourd'hui le Popayan Beer. Cette application nous facilite vraiment la vie, d'autant que ces petits hôtels n'ont pas de pancarte sur la rue.

À peine nos bagages posés, on frappe à notre porte. Un couple de jeunes retraités marseillais, nous ayant entendu parler français, viennent se renseigner sur l'état de la route jusqu'à Ipiales ! Ils sont partis depuis deux mois du nord de la Colombie et comptent arriver dans trois mois à Lima (Pérou), à VÉLO !!! Ils prévoient 5 jours pour faire le trajet que nous venons de faire en 11h de bus. Nous allons dîner ensemble pour échanger sur nos voyages, ils sont vraiment courageux. La route est très montagneuse, les camions rejettent une fumée noire, les bus les doublent avec souvent peu de visibilité... Nos compagnons prendront la route demain à 6h00, on les encourage à la prudence...

Popayan la ville blanche : un jour, une puce invasive, la Niquia, a pris possession des murs de la ville et apportait des maladies. La seule façon de s'en débarrasser était de tout peindre à la chaux. Depuis c'est une tradition, la ville est repeinte en blanc, chaque année avant la semaine sainte.

Le couvent Santo Domingo, devenu université

Plusieurs jolis bâtiments font office d'université, de collèges privés, d'écoles...

La grande place Francisco José de Calda, où se sont posés des stands d'artisanat et de nourriture pour le week-end

La cathédrale et ses fleurs de lys

Le panthéon "de los Proceres" contient les dépouilles de quelques héros de Colombie, dont quelques présidents. À côté, le théâtre.

Iglesia de San Francisco et Iglesia de San José. Les églises ne sont pas souvent ouvertes.

Des façades roses, ça change ! Les murs parlent souvent...

Popayan a été déclarée en 2005 ville de la gastronomie par l'Unesco. Il paraît qu'il n'y a qu'elle en Amérique du Sud, la deuxième est Chengdu en Chine. Sa spécialité est le Pipian, (ça vient de PPN nom en anglais de Popayan pour les pilotes), une purée sauce cacahouète que l'on trouve sous forme de beignets (empanadas) ou cuit à la vapeur dans une feuille de maïs (tamales). On goûtera le soir les tamales. C'est surprenant, il y a peu de restaurants à Popayan. À midi nous avons déjeuné dans une petite cantine végétarienne très populaire, très bon repas pour moins de 3 € à nous deux.

Pendant que je fais la sieste, Jipy explore les églises de la ville. Puis nous ressortons le soir, c'est curieux, c'est samedi, les rues sont vides, contrairement à vendredi soir ! Heureusement la place centrale n'est pas loin, avec les étals sous tente de petites choses à manger et de souvenirs.


Dimanche 8 mars, nous montons à l'église de Belen. Les sportifs en profitent pour faire courir leurs chiens. C'est aussi le jour de la remise des ceintures de karaté. Au loin, on aperçoit une compétition de rollers très animée.

Puis nous montons au Morro de Tulcan, un ancien tumulus qui contenait 14 tombes, d'où l'on a une belle vue sur la ville.

Les fillettes ont sorti leurs jolies robes du dimanche, il fait beau, douceur de vivre...

Même les gros chiens font de la moto...

Sur la grande place, des groupes présentent des danses. On nous offre un gâteau et une boisson en échange d'une signature ! Contrairement à la France, les restaurants sont fermés le dimanche, mais le supermarché est ouvert ! On se rabattra donc sur pain-fromage-jambon, le comble dans une ville mise à l'Unesco pour sa gastronomie !

Promenade jusqu'au pont. On a une belle vue sur le Morro de Tulcan. La grande propriété est un musée qui relate la vie d'un poète.

Nos copains marseillais nous ont dit qu'une demi-journée suffisait pour visiter Popayan. Ils ont raison. Nous on y aura passé deux jours, mais on en a profité pour nous reposer.

Nous n'irons pas à Silvia, où les populations Gambianos viennent faire le marché le mardi matin. Cela compliquerait notre programme. On nous a dit que ça ressemblait beaucoup à Otavalo en Équateur, que nous avions bien aimé en 1993.

Demain nous prenons le bus pour San Agustin.

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Lundi 9 mars, nous mettrons 5 h pour parcourir en minibus les 136 km de piste boueuse, avec un col à 3000 m, pour atteindre le village de San Agustin.

San Agustin, petite ville, où nous nous posons pour 3 nuits.

Mais on vient à San Agustin pour son parc archéologique, au patrimoine de l'Unesco. 300 sculptures monumentales stylisées parsèment ce parc, témoignant de l’art d’une civilisation qui atteignit son apogée durant les huit premiers siècles de notre ère. 

Mardi 10 mars : le parc étant fermé, nous partons en excursion avec Marco un bon chauffeur, un allemand et un colombien de Bogota.

Première étape : le Rio Magdalena, qui devient très étroit à cet endroit, formant des marmites.

Les artisans vendent des chapeaux en fibre de bananier.

Le parc archéologique de Obando : des tombes découvertes contenant des objets précieux et des poteries.

Il faut se méfier de la belle végétation : le premier arbre, le borrachero, est très dangereux. Le toucher peut endommager le système nerveux, l'ingérer peut être fatal.

Cascade de Bordones, d'environ 400 m de hauteur

Végétation tropicale, maison de briques ou de torchis, café, bananiers, plantations de grenadiers

Alto de las Piedras : fait partie du parc archéologique de San Agustin. On y découvre quelques tombes et leurs statues qui gardent chaque entrée.

Marco nous propose de visiter un centre de traitement de la canne à sucre. Elle est broyée, le jus est bouilli, le sucre récupéré est posé dans des moules. Après séchage, les blocs de sucre sont emballés et vendus.

Cascade de Mortino, située dans les gorges du Rio Magdalena et dans le parc de Purace. Certains s'amusent à se faire balancer dans le vide !

Coqs très colorés et pintades...

On finit la journée par un bain de pieds dans la piscine naturelle du parc, on n'a pas pris les maillots, mais pas de regrets, l'eau n'est pas très chaude !

Aujourd'hui je me sens guérie !

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Un bus permet d'économiser à nos pieds les 3 km qui mènent au parc archéologique. Nous commençons par la visite du musée.

Mesita A, les statues sont bien mises en valeur. Plusieurs interprétations sont possibles, chaman, femmes accouchant, statues anthropomorphiques... Nous savons peu de choses sur cette civilisation, selon les documents consultés les hypothèses sont différentes !

La fontaine de Lavapatas, où avaient lieu des ablutions. La roche est sculptée.

Petite montée à l'alto de Lavapatas. Peu de statues mais jolie vue.

Redescente par la mesita C, puis la mesita B, où l'aigle saisit un serpent dans son bec.

Nous finissons par la jolie promenade des statues, dans les bois.

Nous reprenons le bus qui nous dépose à El Tablon, autre petit site où trône une divinité de la lune.

Nous poursuivons sur 2 km jusqu'à la Chaquira. De drôles de fruits, à priori des grenadilles, ou grenadelles, de la famille de la passiflore, très riches en vitamines.

La Chaquira : superbe point de vue sur les gorges du Rio Magdalena. Ça se mérite, c'est une sacrée descente sur un petit chemin puis des escaliers métalliques.

Quelques pétroglyphes... La remontée est difficile !

Jipy retourne faire un tour en ville, où une photo grandeur nature de M'Bappé trône devant un café.

La petite ville de San Agustin est bien pentue.

Jeudi 12 mars, journée d'expédition pour rejoindre le site archéologique de Tierradentro : un premier taxi collectif, 1h, pour Pitalito, puis taxi collectif pour Garzon, avec transfert à l'arrière d'une jeep (4h). Trajet difficile, route et parfois piste sinueuse qui grimpe dans la montagne. Juste le temps de déjeuner à la Plata, puis on enchaîne sur une jeep pour San Andres de Pisimbala. Finalement ça s'est passé bien plus facilement qu'on le pensait. À 14h30 nous sommes à destination.

Nous dormons ce soir à l'hôtel la Portada, mais nous irons demain dans une maison chez l'habitant, le rapport qualité prix n'étant vraiment pas bon.


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Arrivée à San Andrès de Pisimbala, joli petit village. L'église, détruite en 2013 par un incendie volontaire, puis reconstruite, a inspiré celle de Ronchamp dans l'est de la France.

San Andrès de Pisimbala a une bibliothèque, une boulangerie et deux petites épiceries pas très bien achalandées !

On trouve aussi un dispensaire, où bienvenue est inscrit en espagnol, en anglais et dans la langue des Paez, mais il n'a pas l'air souvent ouvert !

Vendredi 13 mars, c'est sous un magnifique soleil que l'on descend la route jusqu'au musée (2 km). J'aime bien les maisons en bambou, en torchis, décorées... Des hommes ramassent des branchages, ils nous expliquent qu'ils font des bouquets pour balayer dans les maisons, et que ça sent bon.

Léonardo, le chien de l'hôtel, nous accompagne !

Le musée de Tierradentro : c'est là qu'on achète le passeport valable 2 jours (50 000 cop, environ 13 €).

Une première salle expose des poteries trouvées dans les tombes et des urnes funéraires. Une autre salle montre des objets domestiques utilisés par les Paez.

Nous prenons le chemin de Alto de Segovia, ça grimpe mais le chemin est empierré.

Alto de Segovia : environ 25 hypogées (tombes souterraines de 2,5 à 6 m de profondeur). On ne visitera que les plus décorées, d'autant plus que descendre et remonter est un peu sportif.

Certaines contiennent des urnes funéraires.

Sous le regard de Léonardo, nous visitons plusieurs tombes colorées.

Léonardo me tend la patte pour m'aider à sortir ! On a bien ri...

C'est par un chemin escarpé qu'on rejoint El Duende, en traversant des plantations de café.

El Duende est un autre petit site d'hypogées.

L'accès est difficile car les marches sont très hautes ! Nous sommes seuls avec le gardien. Il nous explique qu'il est agriculteur, il possède une petite finca de café, mais pour des raisons financières il s'est fait embaucher comme gardien dans le parc. Il travaille à sa finca le week-end, et au moment de la récolte, deux fois par an.

Un km de grimpette avec une vue magnifique nous conduit à une piste, que nous descendons tranquillement vers El Tablon sur 2 km.

Lors de la traversée d'un ruisseau, notre Léonardo prend un bain et s'hydrate, lui aussi a chaud !

Chaque fois qu'on passe devant une maison, des petits chiens aboient après Léonardo, qui se serre contre nous pour qu'on le protège. On est obligé de se fâcher après les petits aboyeurs, quelle rigolade !

El Tablon : il reste 9 statues qui rappellent celles de San Agustin.

Retour sur San Andrès de Pisimbala pour clore cette superbe randonnée de 8 km. Encore des maisons qui ont juste une bâche de plastique en guise de toit.

Ce soir devant la maison où on dort, à 19h, on entend des chants, puis des prières : un petit cortège, bougies à la main, traverse le village et s'arrête devant chaque maison qui arbore une statue du Christ.

Je finis par un petit clin d'œil pour vous dire qu'on pense bien à vous : ici, la plus grande marque de sanitaires est "Corona"!

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Samedi 14 mars, deuxième journée de randonnée dans le parc Tierradentro. Il a plu une grande partie de la nuit, nous sommes un peu inquiets car les sentiers escarpés peuvent être très boueux et dangereux. On va aller jusqu'à Alto de San Andrès et on demandera au gardien.

Le sentier démarre derrière l'hôtel La Portada, où Léonardo réside. Il nous reconnaît et nous emboîte le pas aussitôt, il ne nous quittera pas de toute la journée !

Arrivée à El Alto de San Andrès, sous une pluie fine. Une tombe est mieux conservée que les autres, nous y descendons. Les visages sont un peu différents de ceux de Segovia.

Le gardien nous ayant rassuré sur la suite du trajet, nous entamons la grimpette pour El Alto de Aguacate. La pluie cesse, le soleil commence à percer. Le sentier est escarpé et boueux.

Nous contournons une première montagne, on débouche sur une vallée très habitée, où foisonnent les plantations de café et de bananiers.

On se dit que la vie ici doit être rude, notamment quand il s'agit de faire ses courses ou d'aller à l'école !

Les paysages nous rappellent beaucoup le Cap Vert.

Au bout de la vallée, on se retrouve coincés par un torrent en cru, on n'a pas d'autre choix que de le traverser les pieds dans l'eau !

On passe devant une petite installation de traitement de la canne à sucre, très rudimentaire !

Plusieurs villageois nous doublent, ils portent chacun un bâton avec des rubans colorés. Ils nous expliquent qu'ils se rendent à une réunion de répartitions des terres. L'un d'eux nous interroge sur le relief de la France, il pense que c'est tout plat, on lui parle de nos montagnes et du Mont-Blanc.

On grimpe au sommet de la montagne, une partie a été brûlée. On aperçoit sur la crête El Aguacate. Au sommet, on a une vue sur l'autre côté, avec le gros village de San Francisco.

On atteint enfin El Alto de Aguacate, à 2041 m. Une soixantaine de tombes ont été découvertes, la plupart sont très détériorées.

Les entrées sont différentes, escaliers droits, marches en quinquonces, escaliers en spirales...

La plus connue du site est celle qui contient une sculpture de Salamandre.

Nous croisons deux français, les seuls touristes de la journée, qui font la randonnée dans l'autre sens.

Après une bonne pause sandwich, lecture, séchage des chaussettes et des chaussures, nous entamons la descente. Le soleil tape fort, les genoux sont douloureux, le gardien nous conseille d'être prudents et de prendre notre temps. Il connaît Léonardo qui fait souvent les randonnées avec les touristes, il nous dit que c'est un "bon ami".


Après une descente bien raide et difficile, nous arrivons sur le parking du musée en passant un pont de bambou.

Heureusement un des gardiens du musée nous remplit gentiment notre grande bouteille d'eau avec leur réserve d'eau fraîche, on a épuisé toutes nos bouteilles ! Notre Léonardo lui aussi est bien fatigué et a soif !

On prend le temps de se reposer à l'ombre sur un banc en se replongeant dans nos lectures, avant de refaire les 2 km de piste en grimpette qui nous ramènent à San Andrès de Pisimbala.

Il faudra élever la voix après tous les toutous qui viennent chercher la bagarre à notre Léonardo, qui se colle à nous pour qu'on le protège ! Nous le quittons à la Portada où il retrouve sa maison.

Pour clore ces deux superbes journées, voici une carte de nos deux balades : au milieu la piste de San Andrès au musée, à droite la première boucle, à gauche la seconde. De très bons marcheurs qui partent à 6h peuvent tout faire en une journée, évitant ainsi de faire deux fois les 2 km de piste de San Andrès au musée. Mais ça vaut la peine de prendre son temps et de le faire en deux fois, surtout quand il a plu et que le terrain est glissant.

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Dimanche 15 mars, nous quittons San Andrès de Pisimbala pour La Plata en jeep. On enchaîne sur un minibus pour Neiva. Le temps de déjeuner, on prend un minibus directement pour le désert de Tatacoa. Ces minibus directs ne fonctionnent que les week-ends.

Nous nous logeons à l'hôtel de la Tranquilidad, où la fin d'après-midi consiste à laver tout notre linge ! Il fait très chaud, ça sèchera vite. Pas de télé, pas d'internet, et les prises de courant sont groupées au bar.

Lundi 16 mars, nous partons en excursion avec Jorge. Direction "le désert rouge", appelé aussi Cusco.

Ce désert est une forêt tropicale sèche. Le sol est très friable, interdiction d'y faire de l'escalade.

Nous allons ensuite au désert gris, à 7 km du rouge. On s'arrête à un point de vue, les "Ventanas", où des formations rocheuses ont l'allure de tortue, crocodile, phoque, chameau...

Ici la terre s'est effondrée, emportant avec elle un grand cactus. On peut suivre à la trace les renards qui se promènent la nuit. Une formation rocheuse s'appelle "la patte de l'éléphant".

Dans ce coin, ce sont les fantômes !

Un siège juste fait pour nous, et de drôles de tables parfois percées.

Pour finir cette balade, un petit bain dans la piscine naturelle, coincée dans le canyon. Nous y sommes tout seuls ! (avec une libellule ? ).

Après une petite sieste, nous repartons tous les deux dans le désert rouge.

Nous nous perdons dans le labyrinthe de Cusco, pataugeons dans la boue, et atteignons enfin, grâce à MapsMe, le coin où ont été trouvés des fossiles.

Léonardo nous manque, on s'était habitués à le voir trottiner entre nous !

Nous rentrons à travers les montagnes rouges éclairées par le soleil couchant.

Un petit arrêt à l'estancia des chèvres, pour déguster un délicieux yaourt et du fromage aromatisé à la cannelle. Nous faisons un petit tour du côté de l'observatoire, mais on se contentera de regarder les étoiles avec notre application skywalk2.

Mardi 17 mars, Jipy part à 7h00 voir le lever de soleil sur le désert rouge. Il fait beau et chaud, les oiseaux sont heureux !

Nous partons à midi pour Villavieja où nous déjeunons. Le petit musée sur la place est fermé, à cause du virus. On a reçu un SMS de gouv.fr invitant au confinement. On réalise la gravité de la situation. Pendant que nous attendons le bus pour Neiva, un policier vient vers nous. Il photographie nos passeports et nous dit qu'on a de la chance, étant entrés le 2 mars en Colombie. À quelques jours près, on nous aurait enfermés pour 14 jours dans un hôtel.

Pour l'instant nous prenons le bus pour Bogotá, on enchaînera sur San Gil à 3h00. On récupère la wifi pour une heure et on essaie de lire tous nos messages. Au guichet on a encore vérifié notre date d'entrée, on nous a demandé ce qu'on avait fait, puis on nous a donné un masque et aspergé les mains de gel hydroalcoolique. À suivre, l'évolution nous inquiète, on a peur d'être confinés ici et de ne pas pouvoir rentrer... mais on vivra au jour le jour. Bon courage à tous pour cette période difficile.

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Quelques images de Villavieja. Des squelettes de dinosaures ont été trouvés là, un petit musée paléontologique fait face à la place, mais il est fermé pour cause de virus. Ça nous étonne, tout est si calme !

Petit centre culturel de Villavieja

Sacrée équipée nocturne : minibus pour Neiva, bus pour Bogota, attente à la grande gare routière de Salitre jusqu'à 3h00 du matin, où on nous fait une démonstration de lavage des mains, puis bus pour San Gil où nous arrivons à 9h30.

On visite un premier hôtel, assez moche et la patronne est désagréable. On trouve un petit hôtel près de la gare routière. Curieusement le patron n'est guère aimable. Nous sommes les seuls clients. On ne voit pas sa femme mais on l'entend râler. On commence à se dire que les hôtels n'ont pas envie de recevoir des étrangers, mais qu'ils le font quand même pour gagner leur vie. On rentre alors en contact avec l'ambassade, qui ne nous répond pas.

On va au centre ville changer de l'argent, et on ravive nos souvenirs : il y a 8 ans nous avions passé 3 jours à San Gil pour visiter la région. On déjeune d'ailleurs dans le même poulet-frites, où on avait bien ri il y a 8 ans quand on nous avait donné des gants !

On pousse jusqu'au parc Galineral, fermé pour cause de virus. On nous apprend aussi que le canyon de Chicamocha où nous pensions passer la journée est fermé aussi.

Jeudi 19 mars, nous décidons de poursuivre vers le nord, en se disant que si on est coincé on sera très bien sur une plage au bord du Pacifique. Naïfs que nous sommes ! Le bus longe le canyon de Chicamocha, le temps est un peu brumeux, finalement on se dit qu'on ne perd peut-être pas grand chose.

On nous dépose dans la banlieue de Bucaramanga, on finit le 1,5 km à pieds pour rejoindre Giron, petite ville blanche. À l'hôtel Cactus, que nous avions trouvé sur Booking, mais sans réserver, on trouve porte close. Il y aura peut-être quelqu'un vers 17h00. On va déjeuner à côté dans un restaurant végétarien, délicieux, où la patronne est très sympa. Grâce à sa wifi, on reprend contact avec l'ambassade : le message est clair, les touristes doivent rentrer chez eux. On va visiter Giron chacun notre tour au pas de course.

À 17h00, un voisin nous annonce que l'hôtel Cactus est fermé pour quarantaine, cause virus ! Jipy avait trouvé un autre hôtel qui nous aurait accepté, mais à 5 fois le prix ! C'est à ce moment là que notre hôtesse nous annonce qu'à partir de samedi, c'est le confinement. Les universités sont déjà fermées.

Plus question de plaisanter, il faut qu'on rentre. Pourtant les gens se promènent tranquillement sur la grand place.

Bus pour la gare routière de Bucaramanga. Il y a la queue devant les grands magasins. C'est la douche froide, à chaque compagnie de bus on nous dit non. Une seule nous dit qu'il y a un bus à 20h10, mais avant il faut qu'on passe une visite médicale. Soit... Tout se passe bien, pas de fièvre, bonne tension, aptes à voyager. Pendant que Jipy m'attend près de l'embarquement, je descends acheter les billets. Deuxième douche froide, je n'y comprends plus rien ! Pas de bus, et la fille qui nous a envoyés chez le docteur ne me répond pas et semble gênée ! Je questionne, un employé fort désagréable me dit que je n'ai qu'à me plaindre auprès du maire qui vient de décider de fermer la gare à partir de 20h00 jusqu'à mardi ! Grosse angoisse, après plusieurs démarches vaines pour trouver de l'aide sur la façon de rejoindre Bogota, je récupère Jipy, et nous décidons de nous en remettre à la police. On comprend qu'il est interdit de rentrer dans Bogota par voie terrestre. Ouf, les flics sont sympas, ils téléphonent pour nous à l'aéroport, il y a encore des avions. Ils nous mettent dans un taxi, direction l'aéroport. On reconnaît la côte de 3 km que nous avions grimpé avec nos gros sacs à dos il y a 8 ans pour prendre l'avion !

À 21h20 nous volons vers Bogota. Là on stresse un peu moins, on n'est plus tout seuls, et une personne de l'ambassade supervise l'embarquement Air France, 70 personnes en liste d'attente partent. Notre problème est que nous avons un billet Iberia. C'est un peu sportif pour acheter un billet spécial rapatriement, impossible à faire sur le site, on appelle AF, on nous dit d'attendre 13h00, mais ce vendredi midi 4 jeunes français nous expliquent comment il faut s'y prendre en téléchargeant l'application ! On a un billet pour le 26 mars, maintenant il faut s'inscrire en liste d'attente. Ça y est, nous sommes 344 et 345ème, il y a 2 avions par jour. Nous espérons partir d'ici 2 ou 3 jours. On préfère rester sur place à l'aéroport, on a trouvé un coin plus calme pour jouer les SDF, on s'organise mieux !

Première nuit à l'aéroport !

Ça fait un drôle d'effet, notre famille et nos amis confinés chez eux, et tous nos copains voyageurs à travers le monde en galère pour rentrer. Le plus difficile c'est pour ceux qui voyagent à travers le monde en camping-car, avec des enfants, partis pour 2 ou 3 ans... Certains ont réussi à rapatrier leur véhicule, pas tous... Mais tout le monde est sur le chemin du retour ! Tous les blogs se terminent comme le nôtre ! Nous vous tiendrons au courant de notre retour...

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Après une sieste sur le carrelage on nous apprend que des lits de camp sont installés au bout de l'aéroport. Pour y accéder on nous prend la température et on nous met du gel sur les mains. On se repose deux heures, ravis d'être bien installés. On nous apporte même un café et un gâteau.

À 22h30, Jipy insiste pour qu'on aille assister au départ du vol Air France, même si on n'a aucune chance de partir ce soir. Les passagers en liste d'attente sont appelés dans l'ordre de leur numéro. Comme l'organisateur fait plusieurs moments d'appels entrecoupés de moments d'attente, certains n'ont pas compris et partent avant la fin, perdant leur place ! D'autres ne sont pas venus et sont allés à l'hôtel pensant être trop loin sur la liste. Du coup on termine autour du 238, mais demain ceux qui étaient absents reprendront leur place dans la liste. Aussi, les gens nous disent qu'avec nos 344 et 345 il y a peu de chance que l'on parte, car à priori dimanche il n'y a plus d'avion. Personne ne sait exactement... Alors on décide d'aller voir la déléguée de l'ambassade, lui expliquant qu'on veut bien attendre jusqu'à la semaine prochaine mais qu'on ne peut pas rester confinés à Bogotá jusqu'à fin mai car on a des traitements médicaux à renouveler. Elle se souvient aussi de nous hier soir, si on nous avait tout de suite guidés pour acheter le billet on aurait gagné 100 places sur la liste d'attente. Miracle, alors qu'on partait se coucher, elle nous demande de rester, il reste 5 places... On est appelé... On n'y aurait jamais cru, merci l'ambassade ! On a dû faire des jaloux... Jipy traverse tout l'aéroport en courant pour aller chercher nos petites valises laissées près de nos lits pendant que je nous enregistre. Heureusement nous voyageons léger avec nos petites valises cabines à roulettes, pas besoin de les enregistrer, et on avait pris la précaution de tout ranger avant !

Nous arrivons les deux derniers dans l'avion, Jipy tout essoufflé et toussant à cause de son sprint à 2800 m d'altitude ! "Non, non, je n'ai pas le virus, j'ai juste couru !"

Les gens qui étaient loins devant nous sont surpris de nous voir et contents pour nous !

L'avion vient de Paris, avec un équipage de volontaires, il a fait escale au Panama pour ramasser des rapatriés.

Voilà un voyage qui prend fin à la moitié du temps prévu. On espère que la situation va s'arranger... On retournera alors visiter la partie nord, la Colombie est un pays varié et magnifique !

Nous venons d'atterrir à Paris.

Prenez soin de vous !