Poul Fétan
Le village de Poul Fétan est un écomusée, à environ 30 km au nord de Lorient et à proximité de Quistinic.
Il s'agit d'un hameau de chaumières du 16ème siècle, restauré à partir des vestiges laissés à l'abandon dans les années 1973, achetés par le commune et restaurés pendant 13 années. On y retrouve l'atmosphère d'un "village breton au 19ème siècle".
Dans les années 1850, le village était occupé par 5 familles et 2 de locataires pour une surface agraire de 40 ha. La famille la plus aisée détenait à elle seule 20 ha.
Le billet d'entrée est de 11,50€, prix tout à fait raisonnable par rapport aux prestations proposées : visite guidée, ateliers de filage de laine, tissage, fabrication de beurre, fabrication de bougies, tressage de cordes, broyage de l'ajonc, spectacle des lavandières,...
Nous avons été ravis à la fois par les lieux et les animations très instructives. Vraiment ravis !!!
Les toits de chaume ont 40 cm d'épaisseur, faits de roseaux (résistants 40 à 50 ans si correctement entretenus). Les toits de paille de seigle tiennent environ 20 ans. Le faîte du toit est en terre d'argile sur laquelle on a fait pousser de l'herbe et des iris qui absorbent l'humidité.
L'intérieur d'une maison. Les parents dorment recroquevillés dans une des armoires pas très longues. Il est coutume de dire que seuls les morts dorment allongés, donc pas besoin qu'elle soit plus grande. Jusqu'à 5 enfants pouvaient dormir dans la seconde armoire, de manière à se réchauffer sachant que les portes des armoires se fermaient.
Il appartenait aux enfants de chercher l'eau à la source et de remplir le bac en granit.
A l'époque, le plafond était constitué de torchis et non de planches, les animaux occupaient le coté opposé de la cheminée. Seules les familles aisées avaient les animaux dans une annexe attenant à la maison.
De chaque coté de la cheminée, dans une maison d'une famille aisée.
La fabrication du beurre
La femme mariée emportait dans son trousseau une armoire renfermant des draps, elle était jugée sur le nombre de draps qu'elle apportait. Lorsqu'on invitait des personnes, on laissait volontairement une porte de l'armoire ouverte pour qu'elles puissent relever la hauteur des draps. Très souvent, les draps étaient pliés de manière à pouvoir en déduire un nombre plus important et aucun drap n'était stocké derrière la porte fermée.
L'ambiance de l'époque
Les habits
Les habits des mariés et des invités étaient des biens précieux qu'on conservait longtemps. Pour le quotidien les habits étaient en chanvre, très résistants, peu chers, ils étaient rèches mais s'adoucissaient avec le temps.
Il fallait d'abord peigner la laine afin que les fils aillent dans le même sens, puis on la filait au fuseau que l'on pouvait emporter partout (durant les pâtures) ou le rouet devant la cheminée...
Le tisserand, le tailleur, le sabotier étaient mal considérés par les paysans. Ils vivaient à l'écart du village. Le paysan ramenait les pelotes de fil au tisserand. Pour faire 25 m de tissu en chanvre, le tisserand posait 3 jours durant des fils longs de 25 m, soit un total de 6 km de fil. Il arrivait à tisser 50 cm par heure, soit 50 heures pour faire 25 m de tissu.
Parfois les fils étaient teintés. On utilisait des orties pour la teinte jaune, la fougère pour le vert, la pelure d'oignon pour l'oranger, les racines de garance pour le rouge,... Comme fixateur, on trempait le tissu dans un bain avec de l'urine de cheval, de vache ou humain.
Les lavandières : le lavoir était le lieu de commérage. Les draps étaient lavés 2 fois par an au printemps et en automne mais changés régulièrement d'où l'importance de disposer de nombreux draps dans l'armoire. Elles utilisaient de la cendre qui contient de la potasse pour décrasser. Les lavandières ont joué un spectacle d'environ une demi heure, mettant en avant les commérages. C'était superbement bien interprété.
L'alimentation ordinaire est simple : soupe aux légumes avec lard, pain de seigle, bouillies, crêpes et galette en sarrasin (également appelé blé noir). Voilà à quoi ressemble le blé noir.
Le chanvre mesure 2 m de haut, une fois récolté on le trempait dans des bassins d'eau durant 3 semaines pour qu'il pourrisse (c'est le rouissage), on le fait sécher, puis on le broie de manière à ne conserver que l'écorce et ensuite on le peigne pour en faire un fil.
A l'époque, chaque personne avait sa propre cuillère accrochée au-dessus de la table. Si un invité à un mariage oubliait d'emporter la sienne, il devait manger avec les mains. Seul le mathurin (l'homme) possédait un couteau. Une fois les découpes réalisées la famille pouvait commencer à manger, une fois le couteau fermé, il fallait s'arrêter de manger et se lever de table.
Divers...
Nous avons pu manger sur place à midi. Notamment des crêpes au sarrasin avec saucisses et un gros dessert breton qui cale. J'ai moins aimé le cidre produit à l'ancienne. Au niveau du pressoir, on y dépose les pommes de cidre écrasées, puis une couche de paille et ainsi de suite. Je me demande si le goût "bizarre" ne provenait pas de la paille.
Nous avons passé une excellente et intéressante journée. Nous vous recommandons d'y aller. Nous connaissions déjà cet endroit pour l'avoir visité il y a 6 ans de cela. De nombreuses animations, la visite guidée et le spectacle des lavandières ont été rajoutés depuis.
Nous avons rejoint le camping-car et avons décidé de rester sur le parking pour la nuit en compagnie d'une dizaine d'autres camping-caristes.