Les lignes prémonitoires qui suivent ont été écrites en juillet 2022 deux mois avant la mort de Masha Amini, tuée par la police après son arrestation pour un port de voile non conforme, déclenchant une immense vague de protestation dans tout le pays.
A la question polémique "se rendre en Iran aujourd'hui n'est-ce pas contribuer à banaliser l'obscurantisme religieux qui gouverne ce pays d'une manière aussi moyenâgeuse", nous avons trouvé la réponse sur place avec les suppliques de nos interlocuteurs de rapporter ce que nous avons vu sur leur pays.
Leur touchante gentillesse universelle est sincère. Il ne s'agit pas d'obséquiosité mais de curiosité et d'envie de faire plaisir à l'étranger. Leur contestation des rites religieux est plutôt silencieuse (absence aux prières) mais peut aussi éclater comme cette fois où Hossein a interpelé un Mollah d'un "vous allez dans les hôtels maintenant ?" lequel Mollah que son chauffeur attendait s'est empressé de rentrer dans la voiture.
La contestation peut aussi prendre un tournant malicieux (la créativité des jeunes femmes pour porter le voile sans le porter est sans limites). La transgression des règles sur la consommation d'alcool … est la règle. Le nombre de drogués aux opiacés est énorme en raison de la proximité avec l'Afghanistan mais surtout parce que le pouvoir y trouverait un intérêt dans l'apathie de la population susceptible de bouger.
Par comparaison avec la Turquie qui montre des signes de dynamisme économique colossaux, l'Iran semble endormie sur les infrastructures du siècle dernier. Pour conclure sur ce tour d'horizon très parcellaire, j'en reviens à la chaleur des gens que nous avons croisés, à leurs espoirs de changements tellement ils regrettent les errements des gouvernements actuels.
Mais l'histoire de la Perse qui domina le monde est là pour prouver que ce peuple a su par le passé renverser les pouvoirs injustes.
Jean-Denis
14 juin 2022 (6 h 34)
Salut à tous.
Voici un groupe WhatsApp pour satisfaire l’intérêt que vous avez marqué au sujet du road-trip en moto que nous entreprenons cet été avec Jacques, jusqu’en IRAN. L’objectif est de découvrir un maximum de Perse et de rencontrer un minimum de police, (mais nous passerons par Persépolis). Nous irons prendre un thé au détroit d’Ormuz mi-juillet puis nous rentrerons.
Vous recevrez ainsi de temps en temps quelques photos et des commentaires en dehors des standards habituels, en guise de substitut aux soirées diapo d’autrefois.
Afin d’ éviter la pollution des messageries, le groupe est limité en émission de ma part seulement, mais vous pourrez toujours me contacter en privé en espérant qu’internet ne sera pas trop cadenassé. Par ailleurs, un site plus fouillé, dont je vous communiquerai les coordonnées permettra aux très curieux d’en savoir plus et d’échanger.
J’espère que vous prendrez plaisir à ces publications mais naturellement il est facile de vous désabonner de ce groupe. Alors, à bientôt pour de nouvelles aventures.
17 juin 2022 (8 h 19)
Nous parcourrons 16000 km exigeants avec deux machines identiques pour optimiser le poids des pièces détachées. Ce sont des Himalayan Royal Enfield, trails monocylindres de 400 cc, fabriquées en Inde. Assez lourdes mais maniables. Leur robustesse est légendaire.
La mienne s’appelle Thalestris comme la reine des amazones au temps d’Alexandre le Grand.
Elle a subi à peine une trentaine de modifications et d’aménagements alors que celle de Jacques qui ne laisse jamais rien au hasard en totalise une bonne cinquantaine.
Elle a un nom aussi : Tomyris, « Brave » en iranien ancien qui fut Reine des Scythes Massagètes, célèbre pour avoir mis fin au règne de Cyrus le grand.
Nous laissons le soin aux professionnels psys de tirer leurs propres conclusions, d’ores et déjà sur le fait de baptiser une moto et par ailleurs d’avoir choisi des noms de reines.
Qui dit assez robuste dit un peu frustre. Des peaux de moutons bien épaisses dénichées dans les Highlands lors d’un précédent voyage en Ecosse recouvriront nos selles pour conserver à nos fessiers un peu de leur dignité …
16 juin 2022
Merci pour cet afflux de messages d'encouragements et d'inquiétude à peine voilée.
Pas de souci, nous formons un tandem de choc avec Jacques, différent de celui du Kirghisztan, pour répondre à la question déjà posée deux fois. C'est un garçon qui a eu une carrière longue chez Procter and Gamble, en qualité de clean symbol, avant de raccrocher. La photo de son visa (long à obtenir, on comprend un peu pourquoi) ne correspond pas à son état d'esprit habituel bien plus jovial.
17 juin 2022 (23 h 15)
Chargement terminé.
54 kg de bagages. Essais ok bien que trop de poids sur l'arrière à mon goût. La roue avant est faible sur les appuis mais la moto reste correctement pilotable.
19 juin 2022
Jonction à Gênes
OK
20 Juin 2022 (23 h 06)
Journée tranquille avec seulement 264 km au compteur (soit 14 de plus que la moyenne quotidienne requise) à peine 7 h 30 de selle, péniblement 38 degrés à l'ombre. Juste 4500 de dénivelés. Mais quel spectacle extraordinaire que ces Cinq Terres. Dédicace spéciale à Michèle : maintenant je te crois !
21 juin 2022
Jour 3 : traversée de la Toscane par les petites routes. Mignon tout plein.
Trois incidents techniques à déplorer :
1 - Jacques a perdu sa liaison satellitaire ce qui a occasionné le tour inutile de deux ronds-points avant qu'il ne rétablisse le faisceau avec la Nasa depuis son pupitre dernier cri.
2 - Mal béquillée Thalerys est tombée lamentablement au beau milieu d'une station-service. Amour propre au niveau 0 et guidon légèrement tordu.
3 - le pire : un bidon de Booster Bardhall s'est ouvert, sans doute avec la chaleur (43 degrés mesurés à 17 h) dans le sac des fringues de Jacques. Il a commencé une opération de dépollution mais dans le gîte on a l'impression olfactive de circuler dans un raffinerie.
22 juin 2022 (13 h 11) Jour 4 : pas vraiment un parfum d'aventure genre Indiana Jones.
Embarquement sur un rafio grec gigantesque au port d'Ancône. Seul événement notable : comme le bateau est grec, nous venons de passer brusquement à l'heure grecque.
C'est dire la décharge d'adrénaline.
Jour 5 : à peine débarqué du ferry, ambiance grecque au programme : le Pope qui prend son petit dej en terrasse avec madame, les deux roues sans casques, le kokoretsi en préparation (des abats de mouton, enrubannés de boyaux et cuits façon kebab ... mais à l'horizontale). J'aurais bien voulu développer tout çamais la découverte des Météores après 300 km de virages serrés dans les montagnes désertées écrase tout.
Le spectacle fabuleux de ces caprices de la nature donne une impressionsurnaturelle qui ont d'ailleurs conduit les chrétiens orthodoxes à construire une quinzaine de fameux monastères perchés sur les pitonsrocheux. Certains "fonctionnent" encore.
Cet endroit est bouleversant. Ceux qui y sont allés ne prétendront sans doute pas le contraire et ceux qui iront ont bien de la chance.
Les moines contemplatifs qui se réfugiaient dans la solitude des monastères s'appelaient les anachorètes et non pas les cénobites comme certains commettent volontairement l'erreur. J'me comprends. Ils communiquaient avec l'extérieur par l'intermédiaire d'un filet suspendu à des terrasses en surplomb assez vertigineuses.
Dernier point vite fait
avant de partir (Jacques a déjà sanglé impeccablement sa moto alors que mes
affaires trainent encore parto...25 juin 2022
Jour 6 : étape de transition jusqu'à Stavros sur la mer Egée avec le mont Athos dans la brume. Température enfin agréable (pas plus de 32° dans l'air et presque autant dans l'eau). Les rituels se mettent en place : Jacques range systématiquement ses clefs dans la poche droite de son pantalon, ça lui évite de retourner ses affaires pendant une demi-heure avant de les retrouver sur le contact de la moto. Je prends au reveil 3 granules d'Arnica 9 ch, du coup j'ai plus mal nulle part : Jérôme T, voici la preuve scientifique irréfutable que l'homéopathie est efficace.
Jacques a couché Tomyris par terre, à l'arrêt. Il donnera sans doute une grande explication technique pour justifier cette peripétie peu glorieuse.
Réponse concrète aux questions sur le linge : je lave avec du shampoing (petit marseillais parfum lavande) et utilise le porte bagage comme séchoir.
Bondieuseries curieuses : sur le bord de la route des sortes de boites aux lettres qui sont en fait de petits mausolées à la mémoi...Vous serez sans doute sensibles à notre projet qui cherche aussi à
préserver des camions fous (les blancs sont les pires) les tort...Jour 7 : nous voilà rendus à Alexandropouli à quelques encablures de la frontière Turque.
La péripétie du jour a consisté à traverser un nuage de sauterelles de calibre respectable tout en haut d'un col surplombant la mer de Thrace avec des impacts comme une pluie de grêlons. Impressionnant mais pas vraiment dangereux.
Les machines se portent bien et posent avec une élégance toute particulière avec en arrière-plan l'île de Samothrace aisément reconnaissable.
27 juin 2022
Jour 8 : nous voilà rendus à Sile, en Turquie sur les bords de la Mer Noire.
Deux fakes à dénoncer :
. la Mer Noire est bleue !
. bien que désormais sur le continent asiatique, puisque nous avons traversé le Bosphore, pas vu de rizières, de chapeaux pointus ni de sanpans !
Les autoroutes peu chargées, que nous avons été obligés d'emprunter sont bluffantes par leur taille (2x4 voies pendant des centaines de km), et des ouvrages d'art immenses. Le pont (architectes français svp) qui relie l'Europe à l'Asie sur le Bosphore serait le plus grand suspendu au monde.
La route de la Soie se transforme : les camions chinois vont se régaler. Fini les chameaux.
Après des contrôles à la frontière longs et fastidieux, nous avons eu doit à notre premier contrôle de police minutieux. Le début d'une longue série ... Dans les écouteurs j'entendais le souffle de Jacques en mesure d'eteindre les bougis d'anniversaire à 20 mètres de distance.
En corollaire, les routes secondaires et les traversées de ville s'avèrent très dangereuses. C'est pas les dizaines de manequins et de voitures de police en carton sur le bord de la route qui vont beaucoup les calmer.
Mais les jours qui viennent s'annoncent maintenant prometteurs en sensations bien plus relaxantes sur les petites routes côtières. Une ombre au tableau : notre intermédiaire pour le passage en douane en Iran nous joue des tours. C'est plus les mêmes postes frontières, plus les mêmes durées d'autorisation ... et plus les mêmes prix. Il met ça sur le compte de l'administration des "foutus mollah" (ce sont ses mots). C'est Jacques qui rédige des morceaux de bravoure de messages issus de nos âpres stratégies de négociation. Hussein commence à faire machine arrière mais on a déjà mis au point un plan B au cas où.
Bonne reprise du boulot pour ceux qui bossent.
27 juin 2022
Jour 9 : la pluie, le vent et le brouillard nous ont dissimulé le rivage toute l'après-midi. Au fait l'origine du nom Mer Noire proviendrait des Ottomans qui donnaient une couleur aux points cardinaux, et le nord portait la couleur noire. Nos affaires auront elles le temps de sécher avant qu'on les enfile de nouveau pour se refaire tremper demain ?
28 juin 2022
Jour 10 dernière édition : la route cotière qui longe la mer Noire est un paradis pour motard. 3000 virages sur 260 km un spectacle fantastique des odeurs de forêts mélangées avec celles de la mer. La population des chiens est impressionnante qu'ils soient sauvages au domestiqués. Nous avons fini par trouver un gite pour ce soir au milieu des routes coupées, pour une dizaine d'euros.
A 350 km de l'autre côté, au nord de notre hotel , la Crimée.
29 juin 2022
Jour 11 : troisième étape sur la route côtière de la Mer Noire avec un kilométrage correspondant par sa physionomie à dix Marseille-La Ciotat par le Gineste et la Route des crêtes. Pas croisé un seul motard et pourtant c'est leur paradis ici. La route est peu fréquentée (méfiote de pas couper les virages quand même).
La profusion des chiens reste inexpliquée. Quand on demande pourquoi, la réaction est de type pingouin : l'interlocuteur, les bras le long du corps, écarte les mains et hausse les épaules. Il y en existe trois types : le citadin est placide mais famélique ce qui explique cela, le villageois est plutôt couché et curieux, du genre pépés sur un banc d'Astérix en Corse. Pour finir, le berger s'énerve à voir passer Jacques et démarre en trombe pour une tentative de baffrer l'un de mes mollets.
Nous voilà rendus à Samsun, ville une fois et demi grande comme Marseille et que personne ne connait à Marseille !
30 juin 2022
Jour 12 : cette dernière portion de 400 km de la route côtière est un calvaire après les 900 km du bonheur de piloter précédents. Toujours pas croisé un seul motard. Ils ont tous dû les éliminer tellement leur conduite est propice au génocide des deux roues. Plus ont avance vers l'Est et plus les attitudes sont irresponsables.
C'était moins une : dans un tunnel une bagnole sans phare allumé a surgi pour passer entre une voiture qui me doublait et moi. Il touché ma sacoche et a déséquilibré la moto dont je me demande bien comment on a récupéré le départ en lacets. Bien qu'on l'ait rattrappé et fait arrêter sa voiture on en est resté aux insultes. Il serait sorti de la voiture, je dormirais ce soir derrière les barreaux pour meurtre. L'adrénaline à gros bouillons est mauvaise conseillère.
Mais un Saint Christophe apaisant ou peut-être bien le hasard du voyageur nous ont conduits jusqu'à un hotel sublime (qui a ouvert ce matin !) sur les hauteurs de Çayeli à 90 km de la frontière avec la Georgie que nous traverserons demain. Perturbation probable des canaux de communication.
1er Juillet 2022
2 juillet 2022
Jour 13 : Comment cela se fait-il, que la splendide route empruntée aujourd'hui pour entrer en Georgie soit inconnue des revues spécialisées ? En 360 km de cet itinéraire trouvé par hasard au petit déjeuner par Jacques, nos motos et leurs pilotes en pleine forme se régaleront du décor changeant après chaque col franchi, du paysage des Vosges, du corridor du Wakhan, des Hautes Alpes, du Cantal et même de la Mongolie. A notre arrivée tardive pour cause de passage de frontière, un diner pantagruélique nous attendait. Au milieu de la table trônait le plat national, une tarte au fromage succulente appelée Katcha Pourri (orthographe phonétique …).
A noter que bien que les mosquées aient eté remplacée brusquement dans le paysage par des églises, ce qui ne change pas c'est l'agressivité des chiens de troupeau qui continuent d'essayer d'attraper nos mollets.
Un groupe d'ingénieurs et universitaires ayant fuit la Russie se trouvait au gîte du soir. Leur errance dans les pays qui les acceptent fait mal au coeur. De la même manière que les centaines de camioneurs qui attendent de passer la frontière au milieu de rien.
Attention de ne pas rater Jour 14. Ça va être grandiose.
3 juillet 2022
Jour 14 : la vallée de Vardzia et son monastère. La beauté de cet endroit prend aux tripes. La question de la vie des moines (cénobites) se pose tellement ces lieux sont escarpés et inconfortables.
Pour clôturer cette visite truffée de tunnel, de sentiers genre via ferrata et de grottes creusées à la main depuis le XIème siècle, encore partiellement occupés, avec bien peu de visiteurs, le "moine de garde" nous a recommandé d'un regard qui en disait long de quitter les lieux par un sentier particulier en marmonnant "tinel sicrèt" qui nous a amené dans les entrailles de la falaise jusqu'en bas par un impressionnant escalier sombre et vertigineux.
Question : à quoi pouvait donc servir ce tunnel secret ?
Détail amusant : le mécène du site est un brasseur ... Un peu comme si l'expo de la grotte Cosquer était sponsorisée par les bières La Cagole. Il se dit que les géorgiens utiliseraient l'image de l'alcool comme une sorte de rempart chrétien contre les règles religieuses de leurs voisins. A vérifier.
Sur la route vers Erevan en Arménie, nous avons suivi beaucoup de grosses berlines immatriculées en Russie. Fouilles en règles à la frontière comme il se doit.
Jour 15 :
Repos dans le centre d'Erevan où les russes en Mercedes Noires ou Rolls blanches ont envahi les hôtels de luxeet les magasins de fringues, se croyant en villégiature à Dubaï.
Tests Covid NEGATIFS.
Rendez-vous à la frontière iranienne avec Hussein mercredi matin.
4 juillet 2022
Jour 16.
Départ d'Erevan après avoir déniché un garage moto pour l'entretien de la première tranche de 5000 km puis Direction sud-est sur une route qui passe entre les zones chaudes du Haut-Karabagh et du Nakhchivan. Le sommet enneigé majestueux du mont Ararat bien visible nous a accompagné pendant de nombreux km. Quel contraste entre le dynamisme d'Erevan qui héberge la moitié de la population arménienne et les zones rurales dans de glauques paysages d'abandon et de pauvreté. Seules les voitures ont droit à des égards d'entretien exceptionnels. Astiquées et bichonnées, elles fleurent bon la rose printanière ou la réglisse mentholée lorsqu'on passe à côté d'une vitre ouverte. Malgré tout, il y en a beaucoup. qui circulent sans pare-chocs …
La spécialité du jour : soupe au lait à l’oseille 5 juillet 2022
Jour 17
Nous voici arrivés à Megheri, ville frontalière avec l'Iran que nous passerons, nous l'espérons, demain matin. Hussein sera-t-il, après toutes ces négociations, ces formalités compliquées et ces impondérables, au rendez-vous projeté depuis maintenant six mois comme clef d'entrée de nos motos ?
Encore des routes d'altitude et le monastère de Tatev (que certain.e.s connaissent sans doute) offrant des paysages à couper le souffle. Nous sommes hébergés chez Marieta, dans les collines. La déco intérieure est inconcevable chez nous, sauf pour ceux qui apprécient le supra-kitchissime.
6 juillet 2022
Jour 18 : Nous ne sommes qu'à moitié en Iran ! Hussein était au rendez-vous. 76 ans avec l'énergie d'un trentenaire. Il est tellement complexe de franchir la frontière iranienne avec des motos que lui seul semble être capable de cet exploit douano-administratif avec forces palabres, cajoleries, hausse de ton, mimiques à la de Funès et courses entre les nombreux guichets. Malheureusement un des deux dossiers moto serait enterré dans le réseau super lent iranien. Il devrait ressusciter demain matin … Du coup, nous sommes bloqués dans la zone tampon après l'Arménie et pas tout à fait en Iran.
L'endroit est sordide à souhaits mais le moral au beau fixe8 juillet 2022
Jour 19 :
Bonne nouvelle, nous sommes enfin en Iran. Mauvaise nouvelle, les motos sont bloquées à la frontière. La faute au réseau informatique défaillant à cause des tremblements de terre (une calamité de plus sur notre périple) nous dit-on. Ça n'est sans doute pas pipeauté à voir la tête de nos interlocuteurs et leur regard fixé sur l'écran vga monochrome dans l'attente du moindre clignotement d'espoir.
Les chances d'obtenir le sésame s'élèvent à :
. 0% demain --> Fête du Hadj
. 0,08 % samedi --> ils nous ont dit 80 %
. 0 % dimanche
. 50 % lundi --> Hussein prétend 100 % et jure qu'il se fera couper un bras si c'est pas le cas.
En attendant on a décidé de ne pas rester dans le trou à rats, ou des mecs bien éméchés pour beaucoup, errent depuis des jours, après avoir passé un accord avec le druide qui nous véhiculera gratos dans son van plus frais jusqu'à ce qu'on récupère les motos. Bien nous en a pris comme vous le verrez dans le rapport du jour qui suit ...
Le Hilton de Kanrud village pendant que Hussein se démène avec la paperasse iranienne. Abandon des motos. Départ en van vers l'inconnu.
9 juillet 2022
Jour 20 : il s'agissait d'un beau vendredi sur les plages surpeuplées de la mer Caspienne, joyeux et bon enfant. Les foulards glissaient souvent en arrière et les petits couples envendredisés (on dit bien endimanchés) marchaient main dans la main, les barbecues fumaient dans les sous-bois de charmes qui bordent la plage. Moments Nutella.
Mais nous voilà déjà à Masuleh, un village millénaire spectaculaire, couleur terre, perché à flanc de montagne avec des maisons cubiques imbriquées dont le toit sert de terrasse au voisin du dessus. Beaucoup des touristes femmes "portent" des nez identiques, refaits façon Cléopatre dans Astérix. Forte probabilité qu'il faudra attendre des jours meilleurs pour les photos et vidéos, même si j'ai planqué mon téléphone dans le placard à chaussure de l'entrée de la guest house, à côté de l'anémique borne wifi, pour une tentative désespérée de gratter quelques ko/secondes.
Bon week-end.
Ruines de Babak, un château qui résista 22 ans à un siège pendant l'époque de la conquête arabe au 8ème siècle. Cet endroit est devenu un haut lieu de rassemblement de contestataires qui commémorent la fin atroce du siège. Très surveillé par la police et l'armée qui cherche à briser l'élan de symbolisation de ce lieu.
10 juillet 2022
Jour 21 : Yepi yehhhhh ! Le graal libérateur de la moto bloquée a fini par sortir de l'imprimante ! Eloignés approximativement de la distance qui sépare Marseille de La Chapelle Aubareil avant de retourner à la frontière nous avons roulé en bagnole pendant 13 heures, mangé 4 abricots chacun, deux biscuits et bu trois thés. Bizarre, les iraniens reconnaissent la première de ces deux métropoles et pas la seconde. La concurrence impitoyable entre le "viloudrom" et le menu du Bareil, pas tout à fait dans les standards du pays doit en être l'explication.
Chemin faisant nous nous sommes approvisionnés en Kalutshey de Fuman. Si Poutine en avait mangé de temps en temps, on n'en serait pas là tellement la succulence de ce biscuit, spécialité d'une unique patisserie, conduit à la béatitude.
Moins drôle, l'arrêt dans un centre de désintoxication totalement privé, monté par un ancien toxico militant, dans lequel le fils d'Hussein, choppé par le Crystal, s'est enfermé depuis trois mois. Ce que nous avons vu est super clean mais la salle commune qui accueille les primos arrivants, en surveillance vidéo permanente est stupéfiante.
Arrivée à 22 h 30 (on a 2 h 30 d'avance sur vous français) on croyait que tout était nickel mais il manquait encore un dernier tampon qui finit par être augustement apposé. Après quoi nous passâmes la dernière barrière tels des Césars triomphants. Demain sera un autre jour.
11 Juillet 2022
Jour 22 : petite étape de 180 km depuis la frontière jusqu'à Tabriz en passant par la vallée de l'Araxe et ses paysages lunaires pour rappeler aux hommes leur condition de locataires de la planéte. Cette ville de 1,3 milliions d'habitants fait de gros efforts pour se rendre attactive. C'est clean, aéré et arboré. Les a priori d'images sur l'Iran tombent les uns après les autres. Hussein est reparti vers de nouvelles aventures bien que son van soit tombé en panne devant notre hotel. Jacques lui a permis de redémarrer grâce à un booster exhumé du fond ses sacoches. On a changé chacun 300 euros ce qui fait de nous des multi-millionnaires en Rials (9 millions) mais dix fois moins en Tomans, monnaie non officielle pratiquée dans la vie courante de laquelle il convient d'enlever
3 zéros quand le commerçant donne le prix. Bref on s'est fabriqué des tableaux avec des colonnes …
Quelques ordres de grandeur : le plein d'essence de la moto (1,50 euros), un très bon repas (6 euros), un chouette hôtel niveau trois étoiles (20 euros).
Jour 23 : Excursion en moto déchargée de bagages (elles ronronnaient de plaisir dans les montées et les virages) jusqu'au village de Kandovan. Encore du troglodyte fantastique mais pas de religieux cette fois. Instant magique d'un thé au bord d'un ruisseau où des familles s'installaient pour la journée à l'ombre des Quercus Castaneifolus (selon notre expert biologiste).
Puis retour à Tabriz pour aller se perdre dans le bazar classé au patrimoine de l'Unesco qui serait le plus grand marché couvert au monde. On l'a arpenté partiellement sur une dizaine de km puisqu'il comporte quand même 35 km de galeries (!). Les images jointes parleront d'elles-mêmes mais il manquera au tableau les odeurs délicates d'épices, de pétales de roses, d'agrumes, de thé, de tapis de soie.
Comme la température excédait 40 degrés, ce qui ne semble pas troubler outre mesure les iraniens vaquant assez énergiquement à leurs occupations, la citronnade fraiche d'un marchand ambulant nous a semblé un élixir de jouvence et la poche de grosses cerises noires dont on s'est empiffrés une manifestation divine.
12 juillet 2022
Jour 24 : étape de 300 km de transition entre Tabriz et Zanjan. Sur la route les fameuses montagnes colorées étaient décolorées par un vent de sable qui formait une brume de ouate. Arrivés à Zanjan, nous avons cherché et trouvé, après des kilomètres de recherche dans le bazar et dans la ville un bar à jus qui est notre récompense de fin de journée. Aujourd'hui le thème était carottes/melon. Quand on a enfin trouvé le musée des momies salées, il venait de fermer mais on a réussi à arriver jusqu'à un caravansérail remis au goût du jour avec un ragout des montagnes appelé Dizzi. Et toujours la gentillesse des gens qu'on croise et leur envie de nous aider.
Jour 25 : le désert se rapproche. Arrêt buffet à Qôm, boudée par les européens car qualifiée de Vatican des Chiites avec des Mollahs partout et des femmes supra voilées toutes noires, ce qui est vrai. Mais quel raffinement de ces lieux qui valent bien ceux du Vatican ... Rentrés en loucedé mais repérés par les gardiens qui nous ont conduit au poste "international affairs", un guide nous a ensuite fait visiter le site dans un anglais recherché avant de nous raccompagner à la sortie.
14 juillet 2022
Jour 26 : dernière étape avant le désert Dasht e Kavir dans la petite ville de Na'in. En cherchant notre bar à jus de fruit du jour (carotte, glace au lait entier et sirop de rose) un gars qui s'était mis au français pendant le Covid nous a proposé de servir de guide. Décidément le hasard fait bien les choses pour nous. J'ai découvert les pièges à vent (tour carrées sur la photo), qui récupèrent l'air pour rafraichir l'eau contenue sous les dômes. Facile et pas cher ! Trouvé un hôtel du temps des Pahlavi au charme suranné. On s'y croirait. La température est encore supportable car l'air est très sec. On va pas se plaindre quand on voit les bergers tête nue, les repiqueurs dans les rizières ou les ouvriers qui étalent le goudron par 40 degrés à l’ombre.
15 juillet 2022
JOUR 27 (part 1) : nous voici au coeur du poulet dans une oasis en plein désert, l'un des endroits les pires de la planète, qui fait froid dans le dos (c'est une image, il fait plus de 40 degrés) sur les conséquences du réchauffement climatique. Inutile d'épiloguer sur la beauté des déserts dont l'immensité aride et l'hostilité fascinante prennent aux tripes. Le pourquoi de la présence humaine dans cet endroit pose questions. C'est une française et un iranien, actuellement en France, qui tiennent une ghest house cosy et arrangée avec goût dans laquelle nous avons posé les motos avant de s'enfoncer dans les dunes un peu plus loin ce soir, accompagnés par un guide.
16 juillet 2022
Jour 28 : quittés à regrets Fatima (qui nous avait préparé la veille un Kuku et un Tashkava succulents) et sa fille Naïm qui font "tourner" la ghest house de Mesr. Après 300 km à rouler soleil et vent dans le dos, d'où un désert en technicolor, et à l'approche de terres plus hospitalières, découverte d'un village abandonné hallucinant. Puis visite d'un sanctuaire zoroastre, religion sympathique recommandant de bien penser, bien parler, bien agir, prônant notamment l' égalité H/F ou la bonne humeur et faire la fête, remplacée par l'Islam lors de l'invasion arabe au 8ème siècle. Pour arriver à Yazd deux routes se présentent à nous : l'une en asphalte et l'autre en terre qu'on s'empresse de prendre comme de bien entendu. Quelques km jubilatoires au début vont devenir grosse galère dans le sable où les motos sont livrées à elles-mêmes, d'où les chutes. Les guidages gps en vrac, le thermomètre à 43 degrés et les réserves d'eau réduites, nous ont fait goûter un bon petit moment de solitude, au milieu de rien, avant de retrouver une piste carrossable. Arrivée à Yazd au pic de chaleur qui crée des vortex impressionnants de plusieurs dizaines de mètres de haut dans les plaines de sable et traversant parfois la route devant nous. Le mieux c'est de s'arrêter pour les laisser passer.
17 juillet 2022
Jour 29 : pit-stop aujourd'hui à Yadz, une des plus vieille ville au monde d'après l'Unesco. Toujours des mosquées et des minarets mais la spécialité de la ville c'est la domestication de l'eau aux portes du désert. On se croirait dans Dune, pour ceux qui ont vu le film.
Leur système hydraulique et de climatisation, creusé à la main pendant des siècles avec des plans géo localisés en coupe, s'il vous plait, sont des structures monumentales en négatif puisque ce qui est visible provient des excavations. Et pourtant une faible partie seulement peut être visitée. Les fouilles sont en effet interdites pour d'obscures raisons religieuses, encore une fois.
Premiers touristes étrangers rencontrés dans un hôtel et ce sont ... des français. Un couple qui voyage en side-car BMW avec pour objectif le KGZ ! Nous partageons les mêmes perceptions et déductions au sujet des conneries racontées chez nous sur l'Iran. Nous y reviendrons.
19 juillet 2022
Jour 30 : en guise d'étape théorique du mi-road trip nous avons choisi de rallier Yazd à Shiraz d'une seule traite. Préparation des motos la veille pour un départ de bonne heure. Sur la route encore des paysages désertiques mais un gros trafic de camion et une chaleur encore montée d'un cran malgré l'altitude. Dans les champs et sur les nombreux chantiers routiers, l'activité continue comme si de rien n'était alors que nous sommes enfin arrivés en état de zombis en milieu d'après-midi. Dans le restau du soir malgré la présence d'un tonneau et la réputation millénaire des vins de Shiraz, pas moyen d'en avoir un verre. Du coup nous continuons notre campagne de dégustation des jus de fruits les plus exotiques ...
Jour 31 : nous attendions avec impatience de passer à Persépolis comme un point d'orgue à notre voyage et la récompense a dépassé les espérances tellement le site est chargé d'une histoire commencée il y a 25 siècles lorsque les Perses étaient les maîtres du monde dans un raffinement extrême et une société avancée refusant l'esclavage et donnant autant de droits aux femmes qu'aux hommes. A quelques km, les tombes creusées dans la montagne dont celle de Darius sont fascinantes. J'attends en loucedé les vidéos de Jacques pour les publier. Parmi les historiettes j'aime bien celle qui détaille les funérailles. Le cadavre est laissé en pâture aux vautours. Tout le monde rentre chez soi sauf une personne pour voir quel œil sera becqueté en premier. Si c'est le gauche le passage dans l'au-delà sera compliqué. Si c'est le droit, alors c'est la félicité. Bon appétit.
20 juillet 2022
Jour 32 : parcouru la même distance qui sépare Marseille de Dijon pour rejoindre Ispahan. Il n'y aura pas de détroit d'Ormuz, compte-tenu du retard pris à la frontière, des séquelles du tremblement de terre ... et des 50 degrés avec 90 % d'humidité qu'il y fait là bas. L'alarme moteur est réapparue mais Thalestris est toujours aussi vaillante. Nos premiers pas dans la ville ont été émaillés de nombreuses rencontres spontanées (y en a qui font la queue). Des propositions d'aide, des questionnements sur nous et la France et surtout un leitmotiv : "dites dans votre pays ce que vous voyez, nous ne sommes pas méchants." Coïncidence incroyable, un homme d'affaires parlant bien le français croisé à Shiraz et Persépolis se retrouve dans notre hotel ... Bizarre.
23 juillet 2022
Jour 35 : quitté à regret l'Heritage Hotel d'Ispahan, son ambiance joyeuse et décontractée, truffé de tourdumondistes à pied, à vélo et en moto dont un français qui venait de traverser l'Irak, seul, avec son Himalayan. Nous mettrons 9 heures sous un soleil de plomb pour rejoindre Alisadr où il existe une grotte genre Padirac qu''on ne visitera pas.
24 Juillet 2022
Jour 36 : encore 500 bornes aujourd'hui pour rejoindre Orumiyeh. Route sur les hauts plateaux du Kurdistan, parallèlle à la frontière avec l'Irak à une cinquantaiine de km. Des champs de blé, juste moissonnés à perte de vue. Premières impressions : le kurde iranien porte des pantalons bouffants et conduit comme un dingue. Le plaisir du pilotage sur des rubans d'asphalte en très bon état est annihilé par le stress et l'hyper concentration. Aucune agressivité, bien au contraire puisqu'on est salués continuellement par des appels de phare et des bras qui sortent des portières, mais une moto ça doit correspondre, dans les réflexes des conducteurs, au destin des nombreux chiens fauchés sur le bord des routes : ça s'évite pas.
25 juillet 2022
Jour 37 : à 60 km de la Turquie la ville d'Orumiyeh se situe au bord d'un lac salé. Il connait le même destin que la mer d'Aral, pour les mêmes raisons de detrournement de l'eau, puisqu'il ne mesure plus que 6000 km2 alors qu'il était dix fois plus étendu il a peu encore. Des bateaux echoués montrent la hauteur d'eau ancienne. On peut s'y baigner par endroits et la sensation de flottaison qui consiste à vouloir éjecter le corps hors de l'eau est impressionnante. Au passage un colosse bourré de bonnes intentions a voulu nous faire un peeling dorsal, auquel on n'a pas cherché à résister. Ça gratte un peu à l'heure qu'il est.
26 juillet 2022
Jour 38 : la sortie de l'Iran a été un cauchemar administratif. Heureusement que le fils d'Hussein (avocat au chômage parce qu'il a défendu des causes qu'il fallait pas) a mené la barque après avoir perdu 5 litres de sueur. Le passage de la frontière Turque a duré 20 minutes. Une machine à billets gloutonne a avalé ma CB.
Première bière depuis un mois. On est pétés grave. 27 juillet 2022
Jour 39 : bien arrivés à Diyarbakir, avec plus de 40 degrés, dans la grosse bourgade de Diyarbak. Encore pas mal de contrôles policiers sur la route mais les vérifications étaient moins tatillonnes. Nous n'avons plus rencontré, comme hier, des colonnes de blindés avec de méchantes têtes qui remontaient vers l'est, ce qui fait dire au géopoliticien de notre équipe (tout le monde aura reconnu Jacques) qu'Erdogan et Poutine n'ont pas parlé de littérature poétique la semaine dernière. La Turquie musclerait, selon lui, la partie kurde pour qu'elle se tienne tranquille de manière à s'occuper du nord de la Syrie sans que ça bouge dans son dos.
Entretien des 10000 km chez un concessionnaire Yamaha truffé de mécanos kurdes hyper pros.28 juillet 2022
Jour 40 : arrivés à Malatya, encore une ville champignon. Erreur GPS (la fille n'a pas parlé dans le casque de Jacques) qui nous a fait faire un détour de 100 km sous 42 degrés au thermomètre, alors que les contrôles de police ou de l'armée se multiplient et pendant que les avions de chasse passent très bas pour montrer leurs biscotos. L'attraction du jour est le sommet d'une montagne qui constitue la tombe d'un roi (Antioche) d'il y a 2000 ans, enterré en toute modestie puisqu'il a fait surélever la montage et construire un mausolée a sa gloire avec des statues gigantesques dont les têtes ont été retrouvées il y a peu. Comme potes, il s'est fait représenter avec Apollon et Zeus. Site de l'Unesco extrêmement fascinant.
29 juillet 2022
Beaucoup de questions sur Nemrut Dagï. Les têtes font deux mètres de hauteur et reposaient sur des socles de 9 mètres. (Vidéo de Jacques qui est plus parlante que mes photos, jointe).Elles seraient tombées pendant un tremblement de terre. La sépulture du roi Antiochos est ensevelie sous 300000 tonnes de d'éclats de pierres, ce qui en fait un tombeau inviolable. Plus malin que les Pharaons le bougre
30 juillet 2022
Jour 41 : 400 km pour rallier la Cappadocce. Sur la route des convois de grains qui défient les lois de la pesanteur. Des champs d'abricots (85 % de la production mondiale d'abricots sechés provient de la région) avec des ramasseurs probablement syriens dans des campements de fortune. Nous traversons des villes champignons avec des kilomètres de barres d'immeubles construits au milieu de nulle part puis sur des distances de plusieurs dizaines de km, c'est le vide.
Les tracteurs, moissonneuses et matériels agricoles sont plus récents qu'en Iran. 20 ans de moyenne d'age contre 50.
Aujourd'hui ce sera bermuda, lunettes de soleil, bob et appareils photos.
Jour 42 : passé une journée grandiose sur les petites routes et les chemins de Cappadoce pour découvrir des cités souterraines, des chateaux creusés dans des "fées" et des caprices géologiques à couper le souffle.
1er août 2022
Jour 43 : étape marathon, plein ouest sur 500 km jusqu'à Eshkisehir. Rien à signaler SAUF ces camps de réfugiés, avec les mômes au bord de la 4 voies, les tentes des ONG qui flottent au vent, sans aucune ombre. Il semblerait que les milliards versés à La Turquie (honteusement) par l'UE, pour interdire l'accès à notre territoire aux réfugiés syriens aient servi à autre chose que la construction de camps en dur, décents.
Nous avons par ailleurs du mal à expliquer quel est le phénomène qui distingue les comportements de tueurs à gage des conducteurs automobiles du nord de la Turquie avec les attitudes respectueuses (clignos, priorités, distances de sécurité) de ceux du centre. Mystère.
2 août 2022
Jour 44 : étape d'à peine 400 km (nos fessiers sont maintenant en bronze dépoli) pour rejoindre Genibolu sur la rive européenne du Bosphore. A l'image des ouvrages d'art qui émaillent l'autoroute O-6, le pont "1915" est gigantesque. 4 km de long et seulement deux piliers de 320 mètres de hauteur pour le soutenir. Le nom de ce pont, célèbre la victoire turque de Galipoli, contre les anglais et les français qui voulaient maitriser le passage des Dardanelles vers la mer de Marmara. Cette résistance de plusieurs mois face à un envahisseur mieux armé est considéré comme l'acte fondateur de la Turquie moderne. Toute ressemblance avec des situations réelles serait purement fortuite.
3 août 2022
Jour 45 : franchissement de la frontière turco-grecque en 50 minutes chrono. Atterrissage dans une station balnéaire (Kéramoti) envahie par une nuée de bulgares bien gassouillés. Quels changements entre les silhouettes plutôt filiformes iraniennes et ces profils très majoritairement rebondis.