Carnet de voyage

Une année chez les kiwis

43 étapes
167 commentaires
Un an pour découvrir le pays du long nuage blanc... et quelques autres escapades !
Du 29 octobre 2018 au 3 octobre 2019
339 jours
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Ça y est, cette fois c'est parti !

L'avion a mangé les kilomètres et le voyage est lancé avec une petite pause de 4 jours à Taiwan avant de poursuivre le périple vers Auckland.

Drôle de pays que cette île toute proche de la Chine, où cohabitent montagne, usines, forêts et buildings. Moi qui n'étais jamais allé en Asie, dépaysement assuré...

Quelques photos de ce que j'ai pu voir aujourd'hui :

- Arrivée à l'auberge de Taipei

- l'Elephant Trail, petite grimpette avec des escaliers bien raides qui permettent d'avoir une vue en hauteur sur la ville et sa Tour 101 qu'on ne peut pas louper

- Le marché de nuit de Shilin, mélange de restauration rapide locale, de grands magasins et de fête foraine. On en prend plein les yeux, les narines, et on y goûte aussi de drôles de choses. Je me suis juste essayé au jus de canne à sucre et au porc épicé, mais le choix est infini !

La suite au prochain épisode, le décalage horaire tape un peu quand même...

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Pour la deuxième journée ici, cap au nord de Taipei, vers la mer !

Avant de raconter un peu la journée, petite anecdote sur les taïwanais. Bizarrement, ici quasiment personne ne parle anglais. A part quelques jeunes qui travaillent à l'aéroport ou dans les hôtels, c'est souvent par langage des signes qu'on se comprend. Je prends donc le bus pour aller à Yehliu et tends mon argent au chauffeur pour payer mon ticket. Je me rends vite compte qu'il ne comprend rien à ce que je raconte. Il écrit le prix du billet sur un papier, puis me fait finalement non de la main et m'invite à m'asseoir en me disant un truc incompréhensible. Je me dis chouette, il ne me compte pas le trajet, ça fait quelques dollars d'économisés. Le voyage passe, je descends tranquillement à mon arrêt, en disant merci au chauffeur. Sauf que le gars commence à klaxonner, saute de son siège furax et crie dans la rue "MONEY !" et un tas de trucs en chinois qui devaient pas être très sympas pour moi j'imagine. Evidemment il avait dû me dire de payer à la sortie mais tout le monde dans la rue s'est mis à me regarder de travers. Et finalement le gars connaissait bien un mot en anglais...

Passé ce petit moment de solitude, début de l'escapade du jour. Yehliu est une petite ville portuaire avec pas mal de vieux chalutiers dans le port. Mais le coin est surtout connu pour son parc géologique, un drôle d'endroit avec des pierres et des fossiles qui semblent être sortis d'une autre planète. C'est assez impressionnant, mais dans cette plage de rochers bizarroïdes, le plaisir est un peu gâché par les cars qui déversent des flots de touristes et leurs perches à selfies... Heureusement dans le lot certains sont vraiment sympas et on fait un bout de chemin ensemble.

Yehliu Park 

Au bout du parc, un chemin monte sur les collines au bout de la presqu'île, vers une réserve d'oiseaux. Plus personne par ici et de très belles vues sur la côte brumeuse jusqu'à un paysage complètement lunaire, où les vagues balayent la roche. La pluie s'invite, je rentre complètement trempé mais bien content de cette dernière balade inattendue, finalement bien plus sympa que ce que je m'attendais à voir !

Yehliu park, sans les touristes 

Petit mot pour finir sur l'auberge, l'endroit est vraiment top, convivial, pas loin du centre, super bien conçu, hyper propre (comme partout à Taiwan...). Les gens sont presque tous ici en étape dans un tour du monde (certains reviennent de Nouvelle-Zélande !). On a le petit-dej offert, une cuisine toute équipée, bref on y est vraiment bien !

Suite et fin de l'escale dans les prochains jours !

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Deux derniers jours sous la pluie taïwanaise, mais qui n'a pas empêché de voir de belles choses.

La journée de jeudi commence par une petite marche sur une des nombreuses collines au-dessus de Taipei avec de nouvelles vues sur la ville et notamment le Grand Hotel, luxueux hôtel qui porte bien son nom, inspiré des palais chinois.

Taipei Story House & Grand Hotel 

Puis direction Jiufen, petite ville qui a gardé pas mal de vieilles maisons (ce qui a l'air plutôt rare sur l'île...) Entouré de montagnes, le coin offre de belles vues sur la mer, même si par beau temps elles doivent être encore plus impressionnantes. La ville est est perchée en altitude et pleine de rues piétonnes étroites et de petits commerces locaux. On a un peu l'impression d'être dans un marché de nuit ouvert toute la journée. J'avais repéré la ville pour le côté traditionnel et la ressemblance qu'elle avec les décors du voyage de Chihiro (plein de touristes étrangers viennent uniquement pour ça, et cherchent directement le fameux salon de thé avec ses lampions rouges). En fait c'est l'une des destinations incontournables de tous les tours de Taïwan : les rues principales sont bondées, mais en s'éloignant un peu des spots à photos "carte postale", on retrouve vite un peu de calme.

Jiufen 

Vendredi, départ pour Auckland à 23h45, ça laisse un peu de temps pour visiter la vieille ville de Taipei que j'ai laissé de côté jusque-là : l'impressionnant mémorial de Tchang Kai-Chek avec son parc et entouré par les deux salles de spectacle nationales de la ville (théâtre et concert). Et Longshan Temple, l'un des plus grands temples traditionnels où les gens viennent déposer plein d'offrandes (des fleurs, des fruits, mais aussi des cacahuètes ou des chewing-gums) et chanter tous ensemble dans les nuages d'encens.

TKC Memorial, National Concert Hall & Longshan Temple 

L'après-midi, petit coup de métro vers Beitou, au nord de Taipei, j'étais intrigué par cette ville où des sources chaudes sortent des volcans proches. Quand on se balade à côté de l'étang principal, la chaleur qui se dégage de l'eau donne l'impression d'approcher d'un sauna à ciel ouvert.. Juste avant de rentrer, petit détour par la ville pour revoir la Tour 101 de nuit. Même quand on n'est pas fan de buildings, celui-ci est quand même vraiment beau avec sa forme de bambou et ses éclairages nocturnes.

Beitou & Tour 101 

Au final Taiwan aura été une super découverte (même si les villes sont blindées de monde et qu'on sent bien la pollution dès qu'on reste quelques heures dans les rues), avec surtout les marchés de nuit où j'ai adoré me balader et des beaux coins de montagne et de verdure dès qu'on sort un peu des villes.

Bye bye Taipei, let's go to Auckland !

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"C'est loin quand même", "ça ressemble au Canada avec la mer", "je veux passer le reste de ma vie à dormir". Voilà à peu près ce qui passait par ma tête fatiguée quand j'ai posé le pied à Auckland samedi soir après un long vol depuis Taipei par Brisbane. Car oui, ça y est, j'y suis dans cette Nouvelle-Zélande que j'attendais depuis des mois !

Dès le dimanche, j'enfile mes baskets pour explorer un peu les alentours, et je découvre une ville moderne où les couleurs qui dominent sont le gris du bitume, le vert des parcs et le bleu de la mer. Face au port, le centre-ville, avec ses buildings et la Sky Tower, est plein des mêmes magasins qu'on trouve dans les capitales européennes. Les quartiers s'étendent ensuite par de longues avenues à l'américaine qui quadrillent la ville, jusqu'à des quartiers résidentiels calmes, avec de belles vues sur les baies et les îles d'Auckland.

(Question Kiwi Quizz du jour : pourquoi trouve-t-on des mosaïques et des fresques du Rainbow Warrior à Auckland, et que c'est un peu la loose d'être français quand on passe devant ?)

Auckland 

Après une journée tranquille lundi à profiter d'un footing en bord de mer et à planifier un peu la suite de mon aventure, petit tour en ferry pour passer à Devonport, sorte de banlieue nord d'Auckland avec une belle plage, des petits commerces et le plus haut volcan de la côte nord et ses... 87m d'altitude. La ville avait un emplacement pas mal stratégique, du coup une base militaire avait été implantée à North Head. On peut s'y balader aujourd'hui, et on se dit que les soldats avaient un décor plutôt sympa puisqu'on voit aussi bien le centre ville que les îles alentours (dont la plus grosse, Rangitoto, je vous en reparle un peu après...)

Devonport,  plages, vues sur Auckland et Rangitoto Island

Il faut bien l'avouer, le coin n'est pas non plus immense, ça me laisse du temps pour explorer le sud d'Auckland et le Mont Eden, là encore un ancien volcan endormi depuis fort longtemps. Cette fois on monte un peu plus haut au-dessus de la ville et surtout au dessus d'Eden Park, le temple du rugby ! J'espère bien avoir l'occasion d'approcher de plus près les tribunes pour y voir les All Blacks avant de repartir...

Vue depuis Mount Eden et Eden Park 

Dernière excursion dans la région d'Auckland, Rangitoto Island ! Je devais y aller la veille mais le hasard faisant bien les choses, le bateau est plein pour le mardi. C'est donc mercredi et sous un soleil radieux que je reprends le bateau pour traverser une fois la baie vers cette île volcanique, réserve naturelle bien protégée. Et ici quand un espace naturel est protégé on ne rigole pas : briefing de biosécurité avant le départ du bateau, brossage des chaussures, inspection des sacs pour qu'on ne laisse aucun déchet sur place et surtout qu'on n'apporte aucune graine/bestiole qui modifierait l'écosystème.

Sur place, 5h de marche rythmée pour faire le tour de l'île et l'ascension du volcan. Pas grand chose à dire, si ce n'est que j'ai eu des frissons deux trois fois tellement je trouvais ça beau... Je me suis régalé, probablement une des plus belles randos que j'ai pu faire depuis longtemps !

Rangitoto Island 

Retour sur la terre ferme jeudi, avec une journée au calme, à terminer l'ouverture du compte en banque et d'un numéro de téléphone, passer l'aprem à jouer aux jeux de sociétés à l'auberge et faire un petite lessive car demain c'est reparti ! J'embarque dans le bus direction le Northland pour quelques jours de découverte là-haut répartis sur plusieurs étapes. A suivre au prochain épisode...

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Fini la ville, je laisse Auckland derrière moi pour le moment... Avec en poche un pass de bus qui doit m’emmener jusqu’à l’île du sud dans les prochaines semaines, mon tour commence par le Northland et un premier arrêt à Whangarei (ceux qui trouvent la bonne prononciation gagnent une tablette de chocolat à mon retour...), dernière "grosse" ville quand on monte vers le nord.

Petit mot sur mon auberge un peu atypique pour les deux nuits à passer ici : Le Cellar Block. ancien commissariat de police reconverti en auberge. Les chambres sont aménagées dans d'anciennes cellules, ça peut paraître un peu glauque vu comme ça, mais au final le lieu est super convivial et coloré. Après il ne faut pas trop faire attention aux portes où les gravures d'origine sont toujours là...

The Cellar Block... 

Pour ma première sortie, je profite de la voiture de deux voyageurs américains eux aussi en vadrouille et on s'aventure au sud de la ville à Whangarei Heads pour grimper Mount Aubrey. On commence à voir un peu de relief par ici, mais aussi plein d'arbres et de plantes étranges, que je n'avais jamais vus avant...

Whangarei Heads 

La ville est plutôt agréable, avec son port, des fresques un peu partout sur les murs et pas mal d'animations, commerces, marchés et groupes de musique qui jouent en pleine journée.

Whangarei 

Tout proche de la ville, plusieurs réserves naturelles permettent de s'enfoncer dans des forêts assez incroyables. C’est dur à rendre en photo, mais les arbres sont partout avec des odeurs et des formes qu’on ne retrouve pas par chez nous. Notamment les kauris, qui doivent aller jusqu’à 40m de haut avec des troncs énormes. Les plus vieux ont des noms et sont considérés comme des divinités par les maoris. Mais c’est une des espèces les plus menacées par les parasites, d’où les espaces pour les protéger (même si parfois on croise des gens qui font de la moto en plein milieu de la réserve...)

Kauri et balade en forêt 

Quand on remonte la rivière Hātea, qui va jusqu’au port de la ville, deux cascades valent le détour, surtout la plus grosse, Whangarei Falls où on peut prendre une belle pause et patauger dans l’eau...

Hātea River & Whangarei Falls 

Voilà pour cette petite étape, prochain arrêt, Paihia et la Bay of Islands ! 🌴🏖

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Bay of Islands, nom prometteur pour un décor paradisiaque... Je suis pour trois nuit à Paihia, petite ville balnéaire, point de départ pour explorer cette baie très prisée par les touristes (pas mal de backpackers restent d’ailleurs là plusieurs mois pour travailler et profiter de la plage). Seulement la baie est quand même très grande, les îles sont loin et les excursions en bateau un peu chères à mon goût... Du coup je m’en tiens pour mon premier jour à une petite marche en bord de mer puis au-dessus de Paihia pour avoir une vue sur la baie.

Paihia

Le lendemain, je rejoins Nick et Adam, mes compères américains d’exploration du Northland pour une belle après-midi de kayak. Premier objectif, rejoindre les Haruru Falls en remontant la rivière. Le décor est bien varié : passage au travers de mangroves, petites collines boisées, et pas mal d’oiseaux qui habitent là. La cascade est une sorte de mini Niagara (pour être gentil) avec une forme similaire en fer à cheval. Elle n’est vraiment pas haute mais mine de rien quand on est juste en dessous en kayak on ne fait pas les malins, l’eau coule fort ! Deuxième but de la journée, rejoindre l’une des petites îles en face de Paihia pour faire une pause au soleil. Cette fois on navigue en pleine mer et on fait avec les courants et les vagues qui ne nous veulent pas toujours du bien ! À l’arrivée les épaules ont bien chauffé à force de ramer, mais pas autant que les pieds qui ont pris de méchants coups de soleil. Les UV sont vraiment terribles ici, c’est bien la première fois que je me brûle les pieds !

Haruru Falls & Bay of Islands en kayak

L’ambiance des soirées à Paihia est festive, c’est assez jeune et on trouve des bars cosy et branchés où on peut faire la fête à peu près tous les tous soirs... Avec un peu de modération quand même, demain le départ est matinal, il y a de la route à faire !

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Aujourd’hui j’ai fait ce que j’ai pu pour me rapprocher de vous, direction la pointe Nord et le Cape Reinga, mais je n’ai pas pu aller plus loin, la route s’arrête là... Grosse journée de touriste, puisque le seul moyen d’aller là-haut (à part le stop) c’est les tours en bus. Mais comme celui-là est inclus dans mon pass, j’en profite et je n’ai pas été déçu ! En chemin on s’arrête pour voir l’un des plus anciens kauris (qu’on prononce bizarrement « Cody » quelque chose comme ça...) qui aurait près de 800 ans. La route continue... sur la plage, avec la Ninety Miles Beach, étendue de sable sans fin qui apparemment est un lieu de légendes et de mythes, mais sur laquelle les bus et les 4x4 peuvent rouler...

Kauri & Ninety Miles Beach 

Le midi, repas de fish & chips bien typique devant Mount Camel (je pense que vous devinerez pourquoi on l’a appelé comme ça). Le trajet vers le nord est vraiment beau, il y a comme un petit air d’Irlande avec la route qui serpente entre des collines toutes vertes où l’on voit nettement plus de moutons que de maisons. De manière générale la région est très peu habitée, avec par contre beaucoup de pâturages et de cultures (fleurs, olives, avocats...)

Mount Camel & pâturages 

Puis arrêt à Te Paki Stream, la dune du Pilat du coin, où on teste le sandboard. C’est fun, ça va vite et si on est doué on peut même essayer de surfer sur la dune (sinon on fait comme moi et on reste à plat ventre).

Sandboard à Te Paki Stream 

Enfin le dernier arrêt est pour l’attraction du jour, le fameux Cape Reinga. C’est donc le point le plus au nord où on peut aller en Nouvelle-Zélande et c’est aussi l’endroit où l’Océan Pacifique rejoint la Mer de Tasman. Pour les maoris le lieu est chargé de croyances : c’est le passage des âmes vers l’au-delà ainsi que l’endroit où se rejoignent la mer mâle et la mer femelle, et où les vagues créées par les deux courants contraires symbolisent la création de la vie... Je ne sais pas qui a pensé à ça mais je trouve que c’est une belle idée ! Pour les gros mollets, c’est aussi le point de départ de Te Araroa, 3000km de marche pour rejoindre Bluff à la pointe sud de la Nouvelle-Zélande... Le record du trail est de 53 jours, pour les humains normalement constitués ça met plutôt entre 4 et 6 mois...

Cape Reinga 

La côte est grandiose, on a l’impression que les roches forment des dragons, des tortues ou des dinosaures géants (peut-être que ça vous évoquera encore d’autres choses...) Les chemins côtiers qui partent du cap donnent envie d’explorer le coin plus en profondeur, mais notre arrêt ne dure qu’une heure. Tout juste ce qu’il faut pour en prendre plein les yeux.

Cape Maria van Diemen & côte autour de Cape Reinga 

Et voilà, c’est ainsi que s’achève ce chapitre sur cette rapide exploration du Northland. Maintenant je n’ai plus d’autre choix, descendre vers le Sud !

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En route vers le sud, je m'arrête 4 jours à New Plymouth pour avoir un court aperçu de la région de Taranaki sur la côte ouest. New Plymouth c'est un peu un concentré de Nouvelle-Zélande : la mer est là bien sûr avec un gros port, des plages, pas mal de spots de surf assez réputés, mais aussi la montagne qui est toute proche. L'ambiance est bien différente d'Auckland, on sent une scène artistique bien active avec des galeries, musées, et beaucoup de street art aux quatre coins de la ville. Les pubs sont bien garnis et quand on a une chambre à l'auberge juste au-dessus avec des karaokés tous les soirs, on révise tous ses classiques pop-rock jusqu'au milieu de la nuit...


New Plymouth 

Mais la star du coin qui trône juste au-dessus de la ville, c'est le Mont Taranaki, ancien volcan endormi appelé aussi Mont Egmont (c'est le nom imposé par les anglais quand ils ont débarqué).

Comme je commence à beaucoup aimer les légendes, voilà en gros celle du Mont Taranaki. Dans des temps anciens, les dieux de la montagne vivaient au centre de l'île du Nord, dont deux montagnes "hommes" : Taranaki et Tongariro. Un jour Pihanga, une montagne 'femme" arrive et ça se tape dessus entre Taranaki et Tongariro pour savoir qui gagnera son cœur. Dans la bataille, Tongariro perd son sommet (qui tombe dans le lac Taupo pour former une île), mais sort vainqueur. Taranaki est alors banni et doit partir vers l'ouest, pour s'établir à son emplacement actuel. Dans son sillage il creuse la rivière Whanganui et encore aujourd'hui, si les nuages s'accrochent à son sommet, on dit que c'est pour cacher les larmes de son amour perdu. Je vous laisse avec votre imagination pour représenter cette histoire...

Mount Taranaki 

Sinon en bord de mer on peut faire une longue balade le long des plages et du port. D'un côté on part de Te Rewa Rewa Bridge, un pont qui a été primé pour l'originalité de son architecture, évoquant à la fois une vague et un squelette de baleine. Et de l'autre on arrive à Paritutu Rock, un gros rocher où on on doit faire une petite partie d'escalade pour grimper au sommet tellement la pente est abrupte...

En plein centre de la ville, Pukekura Park est un immense poumon vert avec des lacs, des plantes natives, des arbres protégés (le plus vieux est un Puriri d’au moins 2000 ans !). C’est tout calme et bien agréable de s’y balader.

Te Rewa Rewa Bridge,  vue depuis Paritutu Rock & Pukekura Park

Sans voiture, je remets les randonnées sur le Mont Taranaki à une prochaine visite, mais je m'en rapproche avec une belle sortie en VTT (première fois que je retourne sur les pédales depuis mon départ, ça m'avait manqué !). Sur les conseils du gérant de l'auberge je prends la motorway (pas vraiment une autoroute, mais une belle nationale où les gens roulent vite...), les camions me frisent un peu les moustaches, mais j'arrive quand même jusqu'au lac Mangamahoe avec son parc de vélo de montagne. Je suis des jeunes du coin qui me conseillent sur les bonnes pistes à prendre, c’est un régal avec de belles descentes sinueuses et des vues imprenables sur le volcan.

VTT au lac Mangamahoe 

Je profite des derniers jours et de l'ambiance relax de la ville pour prendre un peu de repos avec des petites marches en bord de mer et quelques visites de musée. Le temps de recharger les batteries avant la longue route vers Wellington !

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L'arrivée à Wellington se fait sous un vilain temps, la capitale est connue pour ses averses en chaîne. L'auberge n'est pas inoubliable, les gens sont un peu crados, ça pue dans la chambre, je crois que les draps n'ont pas été changés... Mais je recroise des gens de précédentes auberges, c'est assez sympa. ET, on a des pancakes gratuits le matin. Enfin en vrai il y a juste la pâte qui est préparée et il faut les cuire soi-même. Donc forcément j'ai cramé les premiers mais ça y est je suis devenu un expert en pancakes au sirop d'érable ! Car oui, ici aussi on trouve souvent du sirop d'érable sur les tables de petit-déjeuner. S'il n'y a pas particulièrement de monument remarquable, la ville a bien plus de charme qu'Auckland. Les petites maisons se mêlent aux buildings du CBD. C'est aussi beaucoup plus petit, la ville est coincée par les montagnes. Le relief est costaud, on est tout le temps en train de monter des escaliers pour accéder aux différents étages de la ville et il y a un vieux funiculaire encore en marche pour accéder au jardin botanique.

Wellington 

Mon aperçu est rapide, mais j'ai eu le temps de voir le bord de mer aménagé pour la promenade et l'ambiance générale de la ville, grouillante avec tout plein de boutiques, cafés, bars, galeries, musées. On a même pu se faire une petite séance dans un des cinémas, avec une programmation étonnante que je ne pensais pas trouver en NZ ! Notre salle fait à peine 30 places, on se sent comme dans son salon avec des fauteuils de café. On peut prendre sa bière pendant le film et à la place de la pub en début de séance ils font un petit quiz cinéma, j'ai trouvé ça marrant !

Wellington en bord de mer

Le Mont Victoria est la plus haute colline autour de la ville, on a une belle vue panoramique sur la ville, mais surtout le Hobbit Hideaway Track, un chemin qui a été utilisé comme lieu de tournage du Seigneur des Anneaux ! Pour ceux qui ont vu le film, c'est le moment où les Hobbits croisent le premier Cavalier Noir et se cachent sous des racines... Avec de l'imagination et un peu moins de lumière on reconnait ! La région de Wellington a été beaucoup utilisée pour la trilogie, il y a des tours guidés à la journée qui permettent de tout faire, mais je remets à plus tard quand j'aurai plus de temps.

Mount Victoria & Hobbit Hideaway Track 

Ma dernière balade est à Zealandia, un parc pas comme les autres où l'idée est d'essayer de recréer l'écosystème originel pour réintroduire des espèces en voie de disparition, en particulier des oiseaux et des insectes. Les marches sont agréables, le chemin passe même devant l'entrée d'une ancienne mine d'or.. Mais il faut être patient pour voir quelque chose car les oiseaux sont en totale liberté. La meilleure technique est de s'asseoir sur un banc et d'attendre qu'ils approchent. J'ai réussi à en voir pas mal, mais pour les photos j'avoue que j'ai un peu galéré. Si au quotidien je suis content de ne pas me trimbaler un gros appareil photo, c'est là que je vois les limites du téléphone... Au final en photo potable j'ai un oiseau un peu flou non identifié (qui plonge sous l'eau pendant super longtemps pour aller grignoter du poisson !) et avec certitude un kaka en train de manger !

Zealandia 

Les prochaines nouvelles, ce sera sur l'île du sud, je vous écris en pleine mer depuis le ferry qui m'emmène vers Picton. De là j'aurai encore quelques heures de bus pour rejoindre Christchurch !

En route vers le sud 
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Je reprends là où je vous avais laissés, sur le ferry, en approche de l'île du Sud.

Parfois la traversée peut être agitée pendant le court passage en pleine mer (Wellington est la plus méridionale des capitales et la seule dans les latitudes des quarantièmes rugissants !). Mais pour moi elle s'est faite comme sur du coton, j’ai eu la chance de profiter d’une mer toute calme. L'arrivée est ensuite un joli slalom entre les îles et les baies pour rejoindre le petit port de Picton.

Queen Charlotte Sound & Picton

Quelques heures de bus plus tard (avec au milieu une petite pause à Kaikoura, dont je vous mets quelques photos au cas où je n'y repasse pas, parce que c'était drôlement joli !) me voilà à Christchurch, troisième centre urbain de la Nouvelle-Zélande après Auckland et Wellington.

Kaikoura, notre aire de repos pendant le trajet de bus...

Pas mal de choses à dire sur cette ville étonnante où j’ai passé une semaine. Les stigmates des tremblements de terre qui ont touché la région de Canterbury en 2010 et surtout 2011 sont encore bien visibles. À Christchurch, (désormais surnommée Quake City), la catastrophe a été l'opportunité de repartir sur de nouveaux aménagements, de réinventer la ville dans son ensemble. Car ici, même le centre-ville a été durement touché, il n'était qu'à 10km de l'épicentre. La cathédrale, comme de nombreux autres bâtiments s'est en partie effondrée et la reconstruction prendra encore des années. Aujourd'hui Christchurch est une drôle de mosaïque où se côtoient des bouts de quartiers tout neufs, des terrains vides, pas encore reconstruits et des ruines, pas encore détruites. Le tramway touristique du centre, qui traverse à la fois des rues historiques et des centres commerciaux flambants neufs, rajoute au côté intemporel de la ville avec ses vieilles machines colorées. Et au milieu de tout ça coule la paisible petite rivière Avon qui serpente à travers les quartiers jusqu’à la mer.

Christchurch 
Pérégrinations nocturnes 

Je vous avais déjà partagé quelques fresques sur les murs des villes néo-zélandaises, ici il y en a partout ! Les street artists ont eu un terrain de jeu unique du fait des chantiers et des façades partiellement détruites ou abîmées. Une belle manière de remettre un peu de couleur dans une agglomération qui est un chantier permanent.

Fresques en centre-ville  

Quand je sors de ma jolie petite auberge (c’est pas tous les jours que je dors dans une maison avec des vitraux...), de l'autre côté de la rue se trouve le principal musée de la ville, avec son architecture néo-gothique. S’il est en partie réouvert, la moitié des bâtiments est encore en travaux et ceux qui ont été restaurés ont pour la plupart été transformés en cafés, boutiques et galeries. Si bien qu’il ne reste plus grand chose pour les expositions... Et comme je suis vraiment bien situé, à une minute se trouve l’entrée de Hagley Park, un vaste jardin à l’anglaise avec une roseraie et des serres tropicales.

Auberge, Canterbury Museum & Hagley Park 

Dans l'ensemble, j'ai pas mal eu un temps de chien ici, qui s'accordait plutôt bien avec l'ambiance très anglaise de la ville. Entre les gouttes, j'ai quand même réussi à profiter d'une petite marche pour grimper au Mt Pleasant, à quelques kilomètres du centre. La montée est courte mais bien raide (les cuisses moins entraînées peuvent monter en télécabine). Au sommet on est récompensés avec une vue d'un côté sur l'ensemble de l'agglomération de Christchurch et de l'autre sur Lyttelton et son port. C'est d'ailleurs l'un des plus importants de Nouvelle-Zélande puisque c'est là qu'arrivèrent les colons qui ont fondé Christchurch et sa région en 1850. Par la suite il est resté la principale porte d'entrée maritime pour l'île du Sud.

Lyttelton  & Mount Pleasant 

En dehors des activités locales, l'un des objectifs de l'étape à Christchurch était aussi de trouver une robuste compagne de route qui m'emmènera dans la pampa néo-zélandaise. Ça n'a pas tardé, voici officiellement ma toute première voiture ! La plupart des voyageurs prennent des vans tout équipés pour pouvoir camper en pleine nature, mais c’était quand même un peu cher pour moi. Et finalement pas sûr que ça me tente de passer 6 mois à dormir dans un van, même s’il est bien équipé... Là c’est une bonne petite voiture spacieuse et bien entretenue qui appartenait à une famille de kiwis. Après un passage à la pharmacie (Oui, c’est là qu’entre deux cartes postales et une boîte d’aspirine on fait les changements de propriétaire...), me voilà heureux détenteur d’une Honda Accord de 2002, boîte automatique et évidemment... le volant à droite ! Oh et si vous vous sentez inspirés, elle n'a pas encore de petit surnom 😀

Mon petit tacot ! 

Bon après il faut l’avouer, à Christchurch, en particulier quand il pleut tous les jours on tourne vite en rond. Une semaine c’était un peu long mais au moins j’avais de la marge pour régler les affaires de la voiture. Et certains jours j’ai pu flemmarder en mangeant des cookies, ça fait du bien aussi pour récupérer des kilomètres parcourus. En tout cas c'est ainsi que s'achève ce premier mois de vadrouille (déjà !). Maintenant, « On the road again... »

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L'histoire d'Akaroa commence par un petit groupe de pêcheurs français qui, naviguant dans les eaux du Pacifique, se disent que ce serait peut-être un bon plan pour leurs affaires de s'installer en Nouvelle-Zélande. De retour en France, ils arrivent à convaincre quelques dizaines de Charentais d'embarquer pour la longue traversée et tenter d'établir une colonie française à l'autre bout du monde. 178 ans avant moi, ces quelques téméraires débarquent en Nouvelle-Zélande, sauf que manque de bol, entre-temps les Anglais ont signé un accord avec les maoris et font comprendre aux Français qu'ici, maintenant, les terres appartiennent à la couronne d'Angleterre... Pour ne pas avoir fait le voyage pour rien, ils vont quand même fonder Akaroa et encore aujourd'hui, c'est le plus français des villages de Nouvelle-Zélande !


Si eux ont fait le trajet par la mer, j'arrive plus communément par la route qui zigzague dans les montagnes entre Christchurch et la péninsule de Banks. La conduite à gauche n'est pas si déroutante finalement, par contre j'ai trouvé le principal danger de la voiture ici : ne pas se laisser déconcentrer par les paysages pour éviter de se retrouver dans le fossé ! Installée face à la mer turquoise et entourée par les montagnes, la ville est assez charmante. On y trouve pas mal de jolies maisons fleuries et colorées, de la verdure et un petit port. Pour faire perdurer l'héritage français, certains noms de rue et magasins ont des sonorités bien familières... D'ailleurs les habitants et les commerçants connaissent souvent quelques phrases en français (prononcées avec un gros accent kiwi) qu'ils se font un plaisir d'utiliser quand un petit parisien arrive chez eux... A mon arrivée, comme c'était l'heure du goûter, j'ai sorti mon pain et la confiture pour me faire une belle tartine bien de chez nous et me fondre dans le décor...

Akaroa 

Pour les deux jours que je passe ici, j'innove un peu dans les hébergements en allant séjourner à Onuku, quelques kilomètres au-dessus d'Akaroa. L'endroit est génial, c'est une ferme avec plus de 2000 moutons qui gambadent dans les montagnes. Un des champs accueille les vans ainsi que les courageux campeurs (les nuits sont vraiment fraîches ici...) et dans la maison principale quelques chambres ont été aménagées avec des espaces communs où on se sent comme à la maison. De vieux canapés et un agréable feu de cheminée allumé le soir rendent le lieu vraiment convivial et parfait pour se détendre. J'avais réservé comme d'habitude un dortoir, mais je suis le seul à avoir eu cette idée, les autres voyageurs ont préféré prendre des chambres séparées. Du coup pour la première fois depuis un mois j'ai une chambre pour moi tout seul, j'avoue que je n'avais jamais aussi bien dormi depuis mon départ... Après, on est à la ferme, la douche est dehors dans une petite cabane en bois mais finalement, tant qu'il y a de l'eau chaude, ce n'est pas bien embêtant. Et les couchers de soleil sur la baie font vite oublier le côté rustique du lieu.

Onuku Farm 

Ensuite forcément je ne pouvais pas faire une étape sans randonner un peu.

Ma première marche emprunte une partie du Te Ara Pataka, une longue randonnée qui traverse les plus hauts reliefs de la péninsule de Banks (on approche les 1000m d'altitude). Le début n'est pas facile, c'est humide, glissant (un passage de la montée se fait dans une source qui dévale les rochers...), et l'arrivée au sommet est complètement dans le brouillard. A ce moment il vaut mieux progresser doucement pour ne pas louper les piquets qui balisent le chemin. En plus il y a parfois un petit air de fin du monde le long de ce chemin bordé d’arbres abattus et desséchés. Pas âme qui vive non plus à part quelques moutons qui nous regardent passer. Bref, le genre de balade où on hésite à redescendre pour aller se faire un chocolat chaud, surtout quand la pluie commence à tomber... Mais les nuages finissent par se lever et on est récompensés de nos efforts quand la péninsule se dévoile tout autour... Puis comme j’en ai l’habitude à chaque sommet, je laisse une trace éphémère de mon passage avec un petit Inukshuk en pierre (et une pensée pour le Canada 😉)

Te Ara Pataka 

Pour la seconde, c'est à travers les vastes terrains de la ferme d'Onuku que quelques pistes ont été tracées. On est là invités sur le territoire des moutons qui n’hésitent pas à souffler bruyamment quand un randonneur ose les troubler pendant leur broutage... Les chemins sont superbes, avec des vues imprenables sur la baie d'Akaroa, ses montagnes et ses falaises. Un petit sentier descend même jusqu'à un coin de pêche où on peut s’aventurer sur les rochers (un peu glissants) et approcher les grottes du bord de mer.

Onuku Tracks 

Pour terminer cette étape et parce que ce voyage manquait d’une petite touche kitsch, je voulais vous présenter un nouveau venu qui vient de me rejoindre. Après le Kaka, le Kiwi, le Kakapo et le Kokako, je vous présente Kuku ! 😀 Il fera un brillant copilote quand je n'aurai pas d'autre passager et gardera un oeil vigilant sur la voiture en mon absence...

Kuku ! 

Ah et encore une dernière petite chose, il est possible que l'activité du blog se calme un peu pour les semaines à venir. Les kilomètres ont défilé aussi vite que les dollars se sont envolés du porte-monnaie. Un mois tout pile après mon atterrissage, je vais donc mettre en pause le tourisme pour débuter lundi un travail près de Timaru. Au programme, cueillette de pommes et d'abricots, normalement pour un mois voire un peu plus. J'essaierai de donner quelques nouvelles, mais les articles ne seront probablement pas aussi fournis que les précédentes étapes (à moins que les panoramas depuis les branches des pommiers soient à couper le souffle...). J'en profite pour vous remercier encore de tous les petits mots et commentaires que vous m'avez envoyés, ça donne encore plus de plaisir à écrire chaque étape !

À très vite pour de nouvelles aventures...

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Enfin je pose mes valises pour un peu plus que quelques jours ! Mission travail en plein air, puisque je rejoins la team Waipopo Limited Partenship Timaru. Derrière ce nom ronflant, des vergers de pommiers et quelques abricotiers mais dont on ne s'occupe pas. Clairement on n'est pas sur une petite exploitation bio. Ici les allées s'étendent à perte de vue et les arbres sont saupoudrés d'un savant mélange de pesticides à coup d'hélicoptère ; heureusement on change de parcelle au moment où ça se passe. Du coup tous les jours c'est pantalon, manches longues (tant qu'il ne fait pas trop chaud), gants et foulard... Et malgré ça, on a la peau qui grattouille parfois en rentrant à la maison.

Je vous avais parlé de cueillette, j'étais un peu à côté de la plaque puisque c'est beaucoup trop tôt dans la saison. Là on est chargés de faire du "thinning" (je ne sais pas s'il y a un mot en français pour ça), en gros on "éclaircit" les arbres en enlevant les fruits en trop pour que ceux qu'on laisse puissent se développer. Et heureusement que je ne suis pas une pomme, je n'aurais pas survécu longtemps, parce que la règle du jeu c'est de laisser les gros fruits tandis que les plus petits se font arracher, pas de place pour eux... C'est assez assommant, répétitif (même si parfois on a une surprise quand en soulevant une branche on tombe sur des nids de futurs petits oisillons) et le cerveau est un peu cramé quand sonne le klaxon annonçant la fin de journée car il faut rester bien concentré sans faire d'erreur. Mais au moins on est dehors et sur certaines parcelles on aperçoit à l'horizon les Alpes néo-zélandaises dont les plus hauts sommets ont encore un peu de neige en altitude.

Des pommes, des pommes, des pommes... 

Cela dit je n'ai pas trop de regret à travailler toute la semaine parce que la région proche n’a qu'assez peu d’intérêt. Les plaines du Canterbury sont... plates et remplies de champs uniformes. Même la côte n’a rien d’éblouissant, à l’image de Timaru qui est une ville portuaire sans charme. Quelques petites choses à se mettre sous la dent quand même avec les manèges et la plage de Caroline Bay, la Sacred Heart Basilic dont les coupoles rappellent un monument parisien, et une petite marche le long de la mer où on peut voir des rochers volcaniques arrivés là suite à une lointaine éruption. Hé oui ici on est un peu moins dans des paysages de carte postale, mais c’est aussi ça la Nouvelle-Zélande !

Timaru 
Dashing rocks walk 

Comme je suis là pour plusieurs semaines, plutôt qu'une auberge, j'ai opté cette fois pour une chambre chez l'habitant dans la campagne à quelques kilomètres de Timaru. J'habite avec Leon, un vrai Kiwi (enfin presque, sa famille est originaire d'Ecosse et... de France !) et on a été rejoins par Haywood, mon binôme hongkongais au travail qui a également emménagé dans la maison. Je retrouve ici le confort d’une chambre pour moi et un vrai partage du quotidien avec un local. Car même si c'est super de rencontrer plein de voyageurs du monde entier, ça me frustrait un peu de ne pas avoir pu passer réellement de temps avec des néo-zélandais jusque-là. Et pour la première fois depuis un mois, c'est l'occasion de déballer le sac à dos, ranger ses affaires sans avoir à prévoir le programme du lendemain. Un autre rythme, qui donne une saveur nouvelle à ce voyage.

Voilà pour ce petit d'aperçu de l’environnement qui m’entourera ces prochaines semaines, le temps de regarnir un peu le porte-monnaie et raviver le plaisir de retourner sur la route.

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Chaque jour, notre colonne de vans et voitures de saisonniers continue d'arpenter les parcelles de pommiers. Pour ceux qui n'ont pas abandonné après une semaine, on est maintenant payés au nombre d'arbres terminés et les rendements sont assez costauds... On travaille avec des gars du Vanuatu qui viennent chaque année en Nouvelle-Zélande pendant 6 mois pour se faire des sous avant de rentrer sur leur petite île. Pas les gens les plus bavards que j’ai rencontrés pendant le voyage, mais quand il s'agit de faire tomber des fruits ces messieurs sont de vraies machines. On a beau cravacher toute la journée sans pause (à part un petit temps le midi pour avaler un sandwich), impossible d'aller au même rythme qu'eux. Mais si les journées sont dures, on passe de bons moments une fois les échelles rangées, après avoir trimé sous le soleil ou avoir été trempés par la pluie.

Encore des pommes, et parfois quelques moutons qui nous tiennent compagnie 

Pour se remettre des heures passées dans les vergers, il fallait bien s'accorder une petite escapade pour le dimanche. Motivés par les prévisions météo qui disent "pluie à l'est, soleil à l'ouest" et pas effrayés par la route, on profite avec Haywood de notre journée de relâche pour aller se dégourdir les pattes au Mont Cook. Avec ses 3720m d'altitude c'est le point culminant de la Nouvelle-Zélande et la première ligne de ma "Must-Do list" que je peux cocher ! Après un départ matinal, le trajet depuis Timaru est tout nuageux. On se demande jusqu'au dernier moment si c’était une bonne idée de faire tout ce chemin, mais finalement le ciel s’illumine juste à l’entrée de la vallée pour dévoiler les plus hauts sommets du pays et leurs neiges éternelles. Éloigné de tout, Mount Cook Village se résume à quelques chalets pour vacanciers et ne sert en fait qu’aux départs de randonnées et activités de montagne. Pour ceux qui veulent y passer quelques jours il faut s’organiser un peu car il n'y a aucun commerce et la "ville" la plus proche est à plus de 60km...

En route pour le Mont Cook 

L'objectif du jour est de monter au Mueller Hut, un refuge d'altitude où l'on ne se repose qu'après une montée abrupte qui demande d’avaler 1000m de dénivelé en à peine 5km de marche. Pour y arriver, il faut passer par 2200 marches, de raides pentes rocailleuses et des étendues de neige glissante. Les cuisses chauffent, mais l'ascension rapide fait que les paysages changent tout aussi rapidement : lacs, glaciers et vues sur le Mont Cook évoluent au fil de la montée pour se révéler sous une multitude d'angles. L'idéal pour profiter au mieux de la beauté des lieux.

Mueller Hut Track 

Pour la descente on prend le chemin le plus court... 😀

Points positifs, c'est rapide et particulièrement fun . Points négatifs, quand on n'a pas de luge la neige... c'est froid et ça brûle en même temps. Mais surtout s'il y a un rocher imprévu, ça chatouille le coccyx !

Sur le trajet du retour, on profite du temps dégagé pour apprécier les vues sur les lacs Pukaki et Tekapo où les teintes violettes des champs de lavande répondent au bleu de l'eau.

Lake Pukaki & Lake Tekapo 

Pas le plus reposant des weekends, j'avoue que le réveil du lundi matin et le retour au travail n'ont pas été faciles... Mais ça valait le coup !

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Ça y est le temps est venu de reprendre le rythme de vie du voyageur ! Bizarrement c'est assez difficile de se remettre en route après avoir passé plusieurs semaines au même endroit, à retrouver des repères, des habitudes et prendre le petit-déjeuner avec les mêmes gens tous les matins... Mais c'est le jeu et je poursuis encore ma descente vers le sud qui m'emmènera jusqu'au bout de l'île.

Je m'arrête à Oamaru, petite ville à mi-chemin entre Timaru et Dunedin. A la recherche d'un endroit où manger et en marchant un peu au hasard, je trouve la route d'un point de vue au-dessus de la ville. De là part un petit chemin menant jusqu'à une plage toute sauvage où se repose un lion de mer (ou peut-être juste une otarie je ne suis pas trop sûr). A part les oiseaux qui vivent en nombre ici, les autres animaux sauvages qu'on peut trouver ici sont des pingouins, avec une colonie qui s'est installée près du port. Mais malgré pas mal de patience à attendre que la nuit tombe, ils restent bien cachés pour ce soir et on ne verra rien d'autre que les drôles de panneaux routiers qui demandent de faire attention aux piétons qui traversent...


Wildlife in Oamaru... 

Plus que sa nature sauvage, Oamaru est surtout unique pour son héritage de l'époque victorienne et l'ambiance décalée qu'on trouve en centre-ville. En quelques minutes de marche on tombe sur une aire de jeux sortie tout droit du XIXe siècle, des espèces de musées-commerces fourre-tout avec de vieilles calèches, vélos, bateaux et des décorations de carnaval, des galeries remplies de bibelots aléatoires où les gens nous accueillent en costume... Une bonne partie de la ville joue le jeu de créer une ambiance rétro-futuriste, avec en point d'orgue le Steampunk HQ, sorte de musée 'in progress' rempli de créations inspirées de ce mouvement (principalement littéraire, mais qu'on retrouve aussi au cinéma comme dans certains films de Miyazaki ou Jeunet) qui mêle machines de la révolution industrielle et technologie.

C'est donc là que j'ai passé mon réveillon de Noël et même si la ville est super fun à visiter, ce n'était pas le bon casting pour les fêtes. Déjà qu'on n'est pas tellement dans l'ambiance avec le soleil et la chaleur, l'auberge que j'avais réservée était quasiment vide (deuxième fois que j'ai un dortoir pour moi) et très (trop) calme. Noël ne restera donc pas dans les grands moments de mon voyage, j'aurais vraiment mieux fait d'aller à Dunedin tout de suite, je vous en parle bientôt...


Oamaru & Steampunk HQ 

Quelques arrêts sur la route en allant vers Dunedin :

Moeraki, petit village côtier dont le principal intérêt est une plage à quelques kilomètres où on trouve des "boulders", gros rochers ronds arrivés là on ne sait pas trop comment (les plus gros font près de 2m de haut et même les scientifiques ont du mal à expliquer comment ils ont pris cette forme sphérique). Avec l'érosion de nouveaux rochers pointent le bout de leur nez et finiront un jour par tomber eux-aussi sur la plage...

Moeraki Boulders 

Et un peu plus bas, Doctor’s Point est une très jolie plage fréquentée principalement par des familles de kiwis. Les pieds dans le sable chaud rafraîchi par un petit vent frais, on est entouré d'îles, de collines et de petites grottes, un vrai petit trésor caché. Vraiment on n'a pas l'impression qu'on est le 25 décembre...


Doctor's point 
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Après le calme d’Oamaru, Dunedin donne tout de suite l’impression d’une ville plus jeune et festive. À mon arrivée à l’auberge dans l’après-midi c’est encore bien animé, on partage les restes du repas de Noël du midi dans une belle ambiance. S’il y a plein de gens aux nationalités différentes (dont des Philippins et Indiens qu’on ne croise pas très souvent en Nouvelle-Zélande), il y a aussi pas mal de français, dont un venant d’Andrésy et une ayant de la famille à Vaux ! Le monde est si petit finalement...

Dunedin est assez différente des autres villes que j’ai pu voir, déjà dans l’atmosphère. Peut-être parce que contrairement aux autres grandes villes plutôt anglaises, les premiers arrivants ici venaient d’Ecosse. Peut-être aussi parce que c’est une des principales villes étudiantes... En tout cas il y a de sympathiques petits commerces, des disquaires, des bibliothèques, c’est plutôt agréable. Et c’est également une des rares villes avec un vrai patrimoine architectural, où la gare, les églises et quelques vieux buildings donnent une identité à part à la ville.

Très vite on trouve autour de Dunedin des plages et une côte assez impressionnante avec toujours la couleur incroyable de l’eau du Pacifique...

Dunedin & Tunnel Beach 

Et à quelques minutes de voiture, Otago Peninsula est un petit bijou de nature sauvage. Quelques petites randonnées permettent d'apprécier les animaux (lions de mer, otaries, cygnes noirs, pingouins, albatros...). La plupart étant des espèces en danger, la préservation de leur habitat est essentielle et il faut garder ses distances pour ne pas qu’ils se sentent menacés. D’ailleurs je me suis fait « attaquer » par un sale piaf (apparemment un Huîtrier de Bachman pour être précis...) qui a dû trouver que je passais un peu près de ses petits, il me volait tout autour en criant pour que je m’en aille au plus vite.

Otago Peninsula 

Après cette courte pause, retour au « travail » en descendant vers le parc des Catlins avec à venir ma première expérience de woofing (volontariat en ferme où on est hébergés gratuitement)...

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En route vers la ferme, on m’a parlé d’un joli coin au nom improbable : Nugget Point ( même si je pense que ça vient plus de la traduction originale de « pépite » que des plats de Mc Do...). En plein milieu du Parc des Catlins, c’est une pointe rocheuse superbe, qui m’a rappelé mon passage au Cape Reinga tout au nord, mais dont la côte serait à moitié immergée. Sur la dernière photo, vous pouvez vous amuser à jouer à « Où est Charlie ? », Charlie étant une otarie qui se baignait tranquillement autour des rochers.

Nugget Point 

And now, welcome to Wairuna Organics !

La perspective de donner un coup de main dans une ferme bio ("organic" ici) semblait alléchante et vraiment différente de ce que j’ai fait jusque-là. L'idée est de faire quelques heures de travail par jour en échange d’un hébergement et de repas offerts (on n’est donc pas payés). J'avais en tête que j’allais apprendre deux trois choses sur la culture bio, la vie de la ferme, un accueil chaleureux... Même si c’est une petite entreprise à faire tourner, on pense à quelque chose d’un peu différent d’une simple exploitation agricole.

Sauf que le gérant Shaun est vraiment un personnage. Il a un côté juste méchant et un peu psychopathe. Dès l'accueil on ne peut pas dire qu'il ait été très chaleureux, puisqu'il ne m'a quasiment parlé que des règles à respecter et que les volontaires étaient aussi sales que ses cochons... En toute situation il s'énerve pour un rien et parle vraiment mal aux gens ce qui est assez désagréable. J'ai eu le malheur de trop refermer pour quelques centimètres le plastique d'une des serres, je me suis fait allumer comme jamais je pense en 26 ans... Pour ce qui est du travail, comme aucun produit n’est utilisé, quasiment tous les jours sont consacrés au « weeding », en gros désherber (la plupart du temps à la main). Un vrai travail de fourmi, dans des serres où il faut chaud et humide ou en plein air pour les oignons, les carottes et autres légumes de la ferme... Les carottes sont les plus dures, à cette période elles sont minuscules et il faut fouiller entre les herbes et les fleurs pour trouver leurs feuilles et n'enlever que ce qui n'est pas de la carotte... On avance tout doucement dans les allées et on se rend compte du temps à passer pour faire pousser sans l’aide de produits chimiques tous ces fruits et légumes (d’où le prix plus cher...). Par contre les paysages depuis la ferme sont vraiment sympas avec des vues sur les premières collines du parc des Catlins.

Wairuna Organics Farm 

On est hébergés dans des caravanes ou des vieux bus aménagés, ce qui a l’air vraiment cool quand on est à l'extérieur. Mais à l’intérieur c’est juste sale, les lits sont plein de poussières, les draps ont une vieille odeur... Pour ma première nuit j'étais avec deux autres volontaires dans le bus, c'était dur de respirer là-dedans, impossible de fermer l'oeil jusqu'à 3h du matin ! Du coup je me suis décidé à passer les quelques heures de sommeil restantes dans ma voiture. Je n'étais pas venu pour un confort 4 étoiles mais quand même. Comme espaces commun on a accès à « The Station », une cabane en tôle où on a une petite cuisine et où on prépare les repas après les heures de travail. C'est rudimentaire, mais convivial et c'est notre petit espace de vie entre travailleurs. Juste, le jour où je suis arrivé Shaun est particulièrement furax car il trouve que c'est trop sale et veut qu’on nettoie de fin en comble la cabane. Pour ma première heure à la ferme j'ai eu la chance de nettoyer le four rempli de restes cramés, le robinet noir de saleté, le frigo collant... Comme m’a dit l’un des autres volontaires « what an introduction... ». Mais au moins on a profiter d'un lieu plutôt propre pour quelques jours !

Car heureusement il y a plusieurs autres travailleurs qui sont là, ils ont passé Noël ici et forment un petit groupe vraiment sympa. Venus d'Australie, du Japon d'Allemagne et de France, ils étaient le gros point positif de mon passage ici, sans eux je serais parti probablement encore plus tôt... Le dernier et le plus mignon des compagnons ici est Harry le petit mouton, qui grandit tranquillement au milieu des pommiers... L'autre point positif est qu'on a pas mal de produits frais : radis, carottes, petits pois, lait (avec lequel on fait un fromage !), œufs, saucisses des cochons de la ferme... On a pu se faire quelques recettes sympas : un improbable riz au lait-choco-coco, de salades super composées avec tous les légumes qu’on avait, de scandaleuses plâtrées de patates gratinées au four... Et de n'avoir quasiment que du frais ça oblige à se creuser un peu la tête pour faire des plats qui ressemblent à quelque chose. Car en dehors des légumes de la ferme, on doit faire des listes de course à Shaun et clairement on n'a pas le droit à grand chose. Pâtes et riz ça passe, il faut batailler pour avoir une éponge neuve, par contre pas de fruits et j'ai tenté le jus d'orange, la réponse a été "NEVER !".

Malgré ces points positifs et après avoir pas mal hésité, je me suis décidé à partir après trois jours ici. Les autres sont peu à peu partis vers leurs destinations déjà planifiées pour le nouvel an et comme je savais qu'il n'y avait pas de nouvelle arrivée de prévue, j'ai préféré refaire mes valises. A mon départ, j'ai pu voir la face cachée de Shaun, avec qui c'est possible de discuter, en apprendre un peu sur lui. Et bizarrement quand on s'en va il fait des câlins à tout le monde et nous dit qu'on est les bienvenus pour revenir quand on veut...

Drôle d'expérience en tout cas ici, pas vraiment représentative du woofing je pense, mais dont je garde avec un peu de recul un super souvenir avec de belles rencontres !


PS : Je viens de voir vos réactions sur les plages, je vous rassure je ne suis pas un ermite sur une île déserte, il y a bien des gens (ils sont d'ailleurs souvent très abordables et sympas !) Simplement pour les photos les pulls fluos ne sont pas trop en accord avec le paysage, donc j'essaye de trouver le bon moment pour... qu'il n'y ait personne dans le champ ! Après il faut dire aussi que la mer est partout ici, donc s'ils veulent se baigner, les gens vont sur les plages les plus proches de la ville, même si ce ne sont pas forcément les plus sauvages et les plus jolies. Celles que je vous ai envoyées sont plus éloignées, moins fréquentées et pour ceux qui veulent se balader...

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Aïe, avec les fêtes je prends du retard dans mes étapes... Les derniers jours ont été bien remplis, sans vraiment d'occasion de se poser et avec pas mal de route à parcourir.

J'en avais fait l'un de mes petits challenges : aller du Cape Reinga au nord jusqu'à Bluff, là où la route s'arrête au sud. J'ai profité d'une nuit à Invercargill (dont il n'y a franchement rien à dire d'intéressant) pour y faire un tour en soirée. Autant le Cape Reinga est réputé, autant Bluff je n'en attendais pas grand chose, c'était plus pour que ça fasse joli sur la carte... Du coup je n'ai pu être qu'agréablement surpris, ça aurait été vraiment dommage de ne pas y passer !

Si le village n'a rien de particulier, un point de vue perché sur la colline permet de voir le port, les reliefs de Stewart Island (officiellement la terre la plus australe de Nouvelle-Zélande, mais il n'y a qu'un village, aucune route et la majeure partie est protégée) et l'océan partout autour. Exposée à tous les vents, Bluff est une ville qui décoiffe. Je vous déconseille de faire un brushing avent d'y venir, ou de faire trop le malin sur les rochers. Juste pour le fun je vous offre le selfie avec la "coiffure" la plus ridicule du voyage (le passage chez le coiffeur est prévu un jour ou l'autre, peut-être...)

L'extrémité de la péninsule est un chemin côtier menant jusqu'au rocher où l'on peut se dire "ça y est je suis arrivé au bout..." Et j'ai eu droit à un très joli coucher de soleil que j'ai suivi patiemment avec des étoiles dans les yeux. Malheureusement l'appareil photo avait trop faim pour tenir jusqu'au bout de la soirée et m'a abandonné pour vous partager les plus belles couleurs. Même chose pour Stirling Point, l'endroit où la route s'arrête avec son fameux poteau directionnel (le même qu'on Nord) montrant les distances vers les quatre coins du monde. Je pensais que c'était l'endroit le plus éloigné depuis Paris, mais en fait le point le plus loin c'est quand j'étais autour de Dunedin (19.050km !). Du coup ça y est j'ai déjà commencé à me rapprocher 😀

Comme la descente est terminée, la suite du voyage est maintenant ouverte à tous les possibles, avec des trajectoires probablement un peu plus aléatoires et encore une longue liste de belles choses à voir pendant la remontée. Voilà pour cette petite étape, je vous raconte très vite où j'étais pour la nouvelle année !


Bluff  & Stewart Island dans la brume
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Happy New Year la France ! 😀 J'espère que vous avez tous passé de joyeux moments de fête pour finir 2018 et commencer au mieux la nouvelle année.

Ici, après avoir eu un Noël en demie-teinte, j'avais envie d'un moment dont je me souviendrai pour mon réveillon du 31. Mon plan initial de passer la soirée à la ferme avec d'autres voyageurs tombant à l'eau, c'est donc en improvisation totale que je me rends à Queenstown, la capitale de la fête en Nouvelle-Zélande. Très populaire autant chez les backpackers que les touristes et les locaux, la ville est bondée pour l'occasion, avec des piétons partout et des files de voiture jouant à Tetris pour se trouver une place dès l'après-midi.

Avant d'attaquer les festivités, j'ai quand même envie d'explorer un peu les alentours et en particulier les bords du lac Wakatipu qui serpente entre les montagnes. La route menant à Queenstown met l'eau à la bouche et je prends le temps d'aller jusqu'à Glenorchy, petit village tout tranquille à l'autre extrémité du lac où il fait bon se relaxer un peu avant la soirée. Au fil de la route, on retrouve les hauts reliefs des Alpes avec les derniers sommets enneigés qui pointent le bout de leur nez.

Lake Wakatipu & Glenorchy 

Pour réveillonner, tout est à peu près possible ici : une bonne table au restaurant, dans les pubs qui débordent de monde, au casino, sur un bateau à vapeur, allongé sur la plage... Pour moi la soirée commence par un bon vieux burger-bière à une adresse qui m'a été recommandée. Je ne dois pas être le seul car la queue dans la rue est impressionnante, mais pas découragés, on attend patiemment jusqu'à pouvoir goûter un "Sweet Bambi" au cerf du Fiordland - accompagné d'une délicieuse bière locale. La soirée est l'occasion de croiser quelques visages connus : woofers de Clinton, travailleurs dans les vergers de Timaru et de profiter de l'ambiance de fête avec de sympathiques inconnus ! Le temps de se balader un peu en ville et de swinger au rythme des concerts, on arrive vite à l'heure fatidique... L'ambiance est assez survoltée, ça bouge de partout, les plus intrépides grimpent aux lampadaires, la foule danse et crie jusqu'au court mais intense feu d'artifice au dessus du lac. Bref, la fête est belle.

New Years Eve, Queenstown 

Après une très courte nuit, c'est au bord du lac, dans l'une baies (déserte à cette heure) que les premiers rayons du soleil me sortent de mon sommeil. Aucun regret de ne pas avoir eu d'hébergement au chaud pour cette nuit, le réveil est absolument magique !

Lever de soleil à Wilson Bay 

Le petit déjeuner avalé en profitant de ce spectacle, je me motive à grimper à la fraîche dans la réserve Ben Lomond qui s'élève au-dessus de Queenstown. Sans trop savoir où je m'aventure, je suis finalement pris par la montée et décide de pousser jusqu'au sommet (pour au final 1400m de grimpette). L'heure matinale permet de voir plus d'animaux que d'habitude au bord du chemin (bouquetins, oiseaux), probablement pas encore trop dérangés par les randonneurs. Avec le manque de sommeil les dernières pentes piquent les jambes comme rarement, mais j'arrive là-haut vers 9h en compagnie de quelques autres courageux qui profitent des lumières du matin et avec qui je partage un casse-croûte bien mérité. Et si vous pensez que je suis un peu fada, j'ai croisé plusieurs personnes qui sont montées pendant la nuit pour faire le lever de soleil au sommet...

Ben Lomond Summit

En tout cas cette rando était géniale, c'est assez réjouissant de se souhaiter la bonne année au milieu des montagnes à chaque fois qu'on croise quelqu'un. D'autant que la plupart des gens sont hyper joyeux et avenants (probablement les restes de la fête de la veille). Pendant la descente, je fais un crochet par la "Skyline", le complexe d'activités en altitude de Queenstown. Car en plus d'être une ville de fête, c'est aussi le coin privilégié des sensations extrêmes. Berceau du saut à l'élastique, on peut aussi y faire de la chute libre, du parapente, des tours en hélicoptère, de la luge d'été, du mountain bike... sans compter toutes les activités nautiques sur le lac.

Skyline Queenstown 

En résumé, Queenstown était juste la ville parfaite pour mon Nouvel An du bout du monde, mais c'est aussi très cher (autant pour l'hébergement que les activités ou le quotidien). Après ces bons moments, je n'ai pas vraiment les moyens d'y rester plus longtemps, d'autant que passée l'ambiance de fête, le monde qui grouille, les bouchons, les kilomètres à parcourir pour garer sa voiture doivent vite devenir déplaisants. Je tente donc d'aller vers l'une des régions que j'attends le plus : le Fiordland ! Le temps s'annonce particulièrement terrible, mais c'est le moment où jamais avant d'en être trop éloigné...

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Un peu de lecture pour vous aujourd'hui, après quelques jours passés dans l'un des endroits les plus sauvages de Nouvelle-Zélande.

Depuis le début de mon voyage, je fantasmais sur ce parc du Fiordland. Il suffit d’un simple coup d’oeil sur une carte pour se rendre compte qu’il ne ressemble à aucun autre puisque la terre est morcelée par les lacs, les montagnes et les fjords. Ici les locaux aiment décrire leur région comme étant "dramatic" : à la majesté des paysages s'ajoute un climat plus rude, souvent pluvieux, venteux, mais qui donne des ambiances et des lumières à part. La porte d'entrée du Fiordland est la ville de Te Anau, située au bord du lac du même nom. C'est dans la campagne à quelques kilomètres de là que je m'installe, dans une jolie petite auberge perchée sur une colline. Depuis les chambres ou des tables du petit-déjeuner, on peut profiter des lumières changeantes sur les montagnes alentours (et on a sous les yeux les décors du Seigneur des Anneaux où ont été tournées les scènes des Marais Morts à l'entrée du Mordor !). Si pour la première nuit j'ai pu faire le plein de sommeil dans un confortable dortoir, les suivantes ont été... à l'arrache. Juste après les fêtes, la saison touristique bat son plein ici et les quelques hébergements sont tous complets. Je négocie avec l'auberge pour profiter des parties communes et "camper" dans leur jardin. Mais sans équipement de camping ! Comme je n'avais pas vraiment prévu d'en faire, la solution de dépannage est de dormir dans la voiture le temps de retrouver un toit (ce qui en passant fait quelques économies bienvenues !). Après trois nuits plus ou moins confortables (plutôt moins que plus en fait), je me décide à acheter une tente et un matelas pour les futures nuits en nature...

Te Anau 

A part les péripéties de l'hébergement, le Fiordland c'est de la nature, beaucoup de nature. A quelques pas de l'auberge coule une rivière qui a servi au tournage (devenez de quel film...) hé oui encore le Seigneur des Anneaux. Les paysages de la région ont beaucoup été utilisés pour les scènes de nature de la trilogie. Même si ce n'est pas évident de retrouver au premier coup d'oeil les lieux exacts des films, on est par contre totalement dans l'ambiance de la Terre du Milieu... Je me lance dans une marche le long de la rivière Waiau (la rivière Anduin dans le film). Le chemin ici n'est pas officiel, il est juste entretenu par quelques volontaires et franchement il est vraiment facile de s'y perdre. Il n'y a pas vraiment de piste, on progresse lentement à travers les arbres tombés, les mousses et les champignons, avec pour seuls repères des petits bandeaux colorés accrochés à certains arbres (on en devine sur les photos de forêt, vous verrez que c'est plutôt discret). Si on reste un peu trop longtemps dans ses pensées on a vite fait de perdre la trace, et de passer du Seigneur des Anneaux à Into the Wild...

Au bout du chemin on arrive à Ruby Beach au bord du lac Manapouri. C'est sauvage, désert, avec des vues géniales sur les îles et les montagnes. Je profite du retour pour jeter un œil au petit village de Manapouri et avoir un autre point de vue sur le lac (avec des gens sur la plage !!)

Waiau River  & Lake Manapouri

Mais mon principal objectif de la région, en lettres capitales dans ma Must-do list, c'est le fjord de Milford Sound. Comme le temps est particulièrement mauvais là-bas (c'est l'un des endroits les plus humides au monde...), je prends mon mal en patience avant de faire la route pour m'y rendre. Même si on essaye de nous convaincre que c'est tout aussi beau de voir le fjord sous la pluie, je scrute la météo et tente ma chance le jour où les prévisions sont le moins mauvaises. Le voyage commence avec la Milford Road qui est une vraie aventure en soi. En quittant Te Anau vers Milford Sound, on embarque pour 120 kilomètres de route sans ville, magasin, station service ou réseau de téléphone. Juste quelques campings basiques, des départs de randonnées et des paysages superbes jusqu'à atteindre le fjord. Si on a un peu de temps devant soi, plein d'arrêts sont possibles (lacs, points de vue, randonnées, rivières...).

Milford Road 

En route je m'arrête pour grimper au Key Summit, une petite ascension qui emprunte le début de la Routeburn Track, l'une des "Great Walks" de Nouvelle-Zélande (grandes randonnées de plusieurs jours). A mi-chemin entre Te Anau et le fjord, on domine pour quelques heures les vallées et les montagnes dans un décor alpin avec une belle végétation d'altitude. C'est l'occasion de discuter avec des randonneurs qui reviennent de la Great Walk et qui m'ont bien redonné envie de m'attaquer à l'une de ces marches. Même si les hébergements en refuge sont vraiment hors de prix (surtout pour les étrangers) et très demandés, ce serait dommage de quitter le pays sans en faire au moins une.

Key Summit Track

Et enfin j'arrive à Milford Sound ! Si on oublie l'aéroport construit pour les vols touristiques, l'endroit est quand même plutôt bien préservé. Il y a quelques hébergements pour touristes, mais discrets, et quasiment aucune boutique. Comparé à l'afflux de touristes (c'est l'un des lieux les plus visités du pays), ce n'est vraiment pas devenu un parc d'attraction comme ça peut être le cas à Niagara Falls par exemple. Si à la base j'étais plutôt tenté pour juste marcher dans le coin, je me suis décidé la veille du départ à m'offrir un tour en bateau, et heureusement ! Car c'est finalement la seule manière de pleinement parcourir le fjord (à part les tours en avion et hélicoptère...)

Les voitures sont parquées à quelques centaines de mètres, et une fois sur place c'est juste du bonheur pour les yeux. C'est difficile de décrire ce lieu tellement j'ai trouvé ça grandiose. Depuis le bateau, on est entourés par des montagnes, certaines encore enneigées, et dont les parois sont couvertes de végétation et de cascades. Le tout dominé par l'imposant Mitre Peak culminant à 1700m et toujours un peu pris dans les nuages. Avec les lumières et la difficulté d'avoir une vue d'ensemble, je ne sais pas trop si les photos rendent bien. Peut-être qu'avec la vidéo on se rend mieux compte de la taille du truc ! En tout cas c'est sans aucun doute l'un des plus beaux décors de nature que j'ai pu voir de ma courte expérience de voyageur, on se sent vraiment tout petit (comme un Hobbit en fait !) au milieu de tout ça.

Milford Sound 

En bonus, avant de quitter le Fiordland, je fais un petit arrêt au Lake Monowai. On y accède par une "gravel road" de quelques kilomètres. Je ne vous en avais pas parlé quand j'ai fait l'Otago Peninsula à Dunedin, ces petites routes non goudronnées sont assez courantes ici pour accéder à des coins reculés dans la pampa néo zélandaise. Tant qu'on est sur du plat c'est plutôt tranquille, ça fait juste plein de poussière sur la voiture, par contre c'est quand la route s'élève que ça devient marrant. Les roues patinent, on glisse à gauche et à droite en descente... J'évite quand même de trop faire le malin sur ces routes où on peut facilement virer dans le ravin (d'ailleurs certaines sont uniquement praticables avec des 4x4 quand les pentes sont trop sévères). Pour le lac Monowai, rien de bien compliqué, juste quelques kilomètres de graviers pour arriver à un lac reposant, bon plan pour les free campers cherchant un peu de calme.

Lake Monowai 

En bref, à part Milford Sound qui est très touristique, le Fiordland est une région des plus sauvages avec peu d'habitants, de routes et où le calme est vraiment impressionnant. Le parc a beau être immense, peu d'endroits sont facilement accessibles et pour s'aventurer réellement dans la région il faut privilégier les quelques itinéraires de croisière ou des randonnées de plusieurs jours. Après ça j'avoue que le retour à la civilisation n'est pas déplaisant (surtout pour la douche chaude, retrouver une cuisine pour se faire une généreuse plâtrée de pâtes et un peu plus de compagnie). Si j'ai un peu hésité sur la suite à donner au voyage (rester dans les montagnes, aller voir les glaciers de la côte ouest, travailler dans les vignobles du nord...), j'ai finalement trouvé en cours de route un petit job dans les fleurs. Retour à côté de Christchurch donc, pour quelques semaines de travail en plein air !

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Depuis le Fiordland la remontée vers le nord prend une looooongue route et je coupe mon trajet en repassant par Dunedin pour une nuit. J'en profite pour jeter un œil à une curiosité de la ville que je n'avais pas eu le temps de voir à mon premier passage : Baldwin Street, la rue la plus pentue du monde ! Avec un maximum de plus de 35%, elle vaut une bonne côte d'un sommet de montagne. Forcément ça donne envie de la grimper, à pieds pour la plupart, certains y testent la puissance de leur gros 4x4, d'autres l'ont tentée un jour en roller... Et tous les ans il y a une course de... bonbons, qui sont lancés depuis le haut de la rue (vous pouvez regarder sur youtube ça s'appelle la Jaffa Race et c'est vraiment populaire !). Oui ils sont fous ces kiwis 😀

Baldwin Street, Dunedin 

Je continue la remontée jusqu'à Rakaia où je vais passer quelques semaines dans les champs de fleurs de lys. La ville n'a rien de particulier si ce n'est qu'elle est connue pour la pêche au saumon, youhou ! J'habite chez Carol et Brian, deux kiwis à la retraite chez qui j'ai une petite chambre. Ils sont tout gentils, m'ont accueillis avec des cookies et me donnent régulièrement des petits plats qu'ils ont préparé ou des légumes de leur jardin. Un couple d'estoniens est installé dans une autre chambre, mais ils vivent leur vie sans trop se mêler à celle de la maison.

Le travail est tout bête, on enlève les fleurs pour que les bulbes gardent les nutriments et puissent être récupérés et revendus. Si ça fait chauffer le dos à force de se baisser, l'ambiance du travail est vraiment chouette. On peut aller à notre rythme sans être trop embêtés par les superviseurs et il y a plein de gens différents et adorables. Notre chef d'équipe est un jeune chinois installé en Nouvelle-Zélande, il y a évidemment des voyageurs d'Allemagne, France, Italie, la famille du patron venue des Pays-Bas, des personnes venues d'Afrique du Sud, des Fiji... et même un canadien de 71 ans ! (qui a vraiment beaucoup de mérite de faire ça à son âge parce que même pour nous le dos couine en fin de journée...) Bref, le monde entier se retrouve dans les champs de Rakaia !

Rakaia & Lily flowers

Pour le weekend, on va là où le temps est beau et on embarque avec des copains du travail pour une longue route vers le Mont Cook. Après un départ matinal, je fais mon deuxième passage par les lacs Tekapo et Pukaki, et c'est toujours avec autant d'étoiles dans les yeux que je découvre de nouveaux points de vue sur ces petites merveilles.

Lake Tekapo & Pukaki #2 

Au Mont Cook, on essaye de sortir des sentiers battus et éviter les bousculades sur les chemins trop fréquentés en été. Ça me permet d'explorer un nouveau coin puisqu'on se lance à l'assaut de la Tasman Valley en dominant son lac et son glacier. L'objectif est d'arriver jusqu'au refuge de Ball Hut, au bout d'un chemin pas très difficile, mais avec quelques passages vraiment fourbes où les rochers ne sont pas franchement stables et où on s'est fait quelques petits dérapages incontrôlés ! On progresse dans un décor désertique le long du lac où flottent des icebergs détachés du glacier. Entourés par les chants et les vols de keas, on suit une piste de 4x4 avant de commencer les acrobaties dans les rochers... A l'arrivée, le refuge est le plus petit que j'ai jamais vu, on se demande si c'est vraiment pour dormir ou juste les toilettes ! En tout cas c'est un point d'eau bienvenu après avoir passé tout l'après-midi en plein soleil, et le bout du chemin pour profiter du glacier.

Tasman Valley : lac, glacier & Ball Hut

Au final, quasiment 20 km de marche pour faire l'aller retour, quelques litres d'eau avalés pour ne pas finir tout desséchés et une belle dose de satisfaction. Pour couronner cette sortie marathon, on est sur le chemin du retour à Tekapo juste au moment du coucher de soleil. La montagne se transforme, les couleurs deviennent plus chaudes. Finalement c’est quasiment à minuit qu’on rentre à Rakaia, remplis d'une bonne fatigue et avec l’impression d’avoir vécu trois journées en une... Des day off comme ça on en reprendrait toutes les semaines !!

Fin de journée à Tekapo 
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Rien de nouveau sous le soleil de Rakaia (oui ici on cuit alors que chez vous la neige approche !!), on continue à couper nos fleurs dans les champs... Mais franchement même si ça a l'air tout bête, ce n'est vraiment pas désagréable comme boulot et l'ambiance est toujours très sympa ! Sinon la ville n'a définitivement rien de remarquable (on est déjà chanceux d'avoir un pub qui tient la route !). Il n'y a même pas vraiment de parc, les soirées barbecue s'improvisent sur le parking de l'usine... Par contre on a des voisins cool avec un alpaga qui vit juste à côté du travail et dont on a pu voir de loin son passage chez le coiffeur ! Bref la semaine passe vite dans la tranquille maison de Carol et Brian, qui continuent de me donner légumes, muffins et cookies quand je rentre le soir 😀

Arrive le weekend, le moment de se dégourdir les pattes ! Des quatre marcheurs de la semaine passée, on a perdu notre italien Andrea, malade, et l'allemande Tabea. C'est donc entre français qu'on part avec Laura découvrir un peu les alentours !

Si Rakaia River n'a pas vraiment d'intérêt là où on habite, quelques kilomètres plus haut en se rapprochant des montagnes, elle forme une gorge avec des couleurs surnaturelles et une belle petite balade pour suivre son cours sinueux.

Rakaia Gorge 

Le dimanche on se motive pour une sortie un peu plus costaud et en dehors des sentiers battus dans le Torlesse Park, avec comme objectif l'ascension du plus haut sommet : Castle Hill Peak. Dès les premières mètres, ça monte vraiment fort sur de la caillasse glissante (je ne pourrais même pas vous dire combien de fois on s'est pris des gamelles pendant cette rando, on a été plus que créatifs dans les pas de danse inopinés et les acrobaties non maîtrisées...). Quasiment pas de végétation ici, on arrive très vite dans une rocaille désertique qui donne l'impression d'être dans des décors de cinéma. Pendant l'ascension, les vues se dégagent depuis les plaines de Canterbury jusqu'aux sommets des Alpes. Le terrain n'est déjà pas facile, mais en plus on n'est pas aidés par un vent, enfin plutôt une tempête qui souffle sans s'arrêter de la journée, avec des rafales qui nous vident bien de notre énergie. Au courage, on arrive au sommet avec une bonne pause bien méritée...

Castle Hill Peak 

Il faut bien l'avouer, on revient complètement cramés à la voiture, le chemin était tellement pentu que la descente était vraiment tout sauf du repos ! Heureusement qu'une petite galette de la victoire nous attend, juste récompense après tant d'efforts ! Petit moment de dégustation au calme à refaire les réserves avant de retourner au boulot. A l'usine cette fois vu que le travail en extérieur est déjà fini !

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Changement de décor pour cette semaine de travail : on est toujours dans les fleurs, mais maintenant que tout est récolté, les champs sont remplacés par des machines infernales, le soleil laisse place aux néons et l'air se remplit de poussière...

Sacrée expérience que ces 5 jours d'usine, à planter des bulbes de fleurs sur des piquets pendant 8h pour qu'ils soient découpés en petits morceaux... Le genre d'occupation où l'ennui et la répétition font découvrir des états de conscience insoupçonnés ! Et encore j'ai la chance de travailler en binôme, mais le bruit des machines est tellement assourdissant que même parler devient fatiguant... Au fil des jours certains amis abandonnent, les gens viennent travailler quelques heures, ou plus du tout. Par moment franchement c'est dur de s'accrocher mais on tient le coup jusqu'au weekend !

Crazy flower factory job... 

Après cette longue semaine, un gros bol d'air frais dans les montagnes s'impose ! Direction le Mt Sunday, encore un décor du Seigneur des Anneaux (Edoras, le Rohan !). On arrive là au terme d'un bon 25km de gravel road et quelques slaloms entre les trous. Heureusement que j'ai changé mes pneus de voiture quelques jours plus tôt !! Les couleurs sont incroyables dans cette large vallée où est plantée cette petite colline du Mt Sunday. Probablement l'un de mes décors favoris parmi ce que j'ai pu voir jusque-là !

Mount Sunday 

Puis commencent les choses sérieuses avec le départ d'une seconde rando au bord du lac Clearwater et l'ascension du Mt Guy. Depuis la ville-camping de Lake Clearwater où quelques familles de kiwis viennent profiter du calme et des activités nautiques en tout genre, la montée n'est pas bien longue mais on s'offre quand même une bonne partie de grimpette raide au soleil pour s'élever au-dessus des lacs et apercevoir les premières montagnes du parc du Mont Cook...

Lake Clearwater & Mount Guy 

Les fleurs c'est fini, Rakaia aussi ! Quelques courageux parmi les travailleurs restent pour une semaine de plus (juste ceux qui ont VRAIMENT besoin de sous...), mais sans moi ! D'autres tentent l'aventure dans des jobs aux alentours, mais j'ai le sentiment d'avoir suffisamment vu la région. Après les au-revoir aux copains et à mes gentils proprios (à qui j'ai aussi fait la galette des rois arrosée de cidre et qui ont tellement aimé qu'ils veulent lancer la tradition en Nouvelle-Zélande... 😀), prochaine destination Nelson, tout au nord de l'île du sud, avec quelques surprises en perspective...

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Après trois semaines dans la petite Rakaia, c'est l'heure de repartir ! Je fais le voyage avec Andrea avec qui je travaillais aux fleurs, du coup la voiture est bien remplie avec toutes nos affaires ! On doit jouer un peu au tetris, mais les portes finissent pas fermer et on se met en route vers le soleil. En chemin, petit arrêt à Maruia Falls, où on reste juste quelques minutes car c'est infesté de sandflies, ces sales bestioles entre la mouche et le moustique qui pullulent près des rivières en Nouvelle-Zélande et qui te remplissent de boutons sans que tu t'en rendes compte.

Voyage vers Nelson 

Je me souviendrai de ces deux semaines à Nelson qui ont été une succession d'imprévus et de surprises ! En quittant Rakaia j'avais juste convenu d'un rendez-vous avec une sorte d'agence d'intérim qui m'avait trouvé une place pour un travail sans que j'en sache plus ce le job en lui-même. C'est donc dans l'inconnu qu'on arrive en ville, et on découvre que le job est au port, à décharger des bateaux de nuit. Sans trop savoir dans quoi on se lance on accepte, début du boulot deux jours plus tard. Juste le temps d'aller à la plage pour réfléchir à notre hébergement pour les prochaines semaines et l'agence nous rappelle pour nous proposer une après-midi de travail pour... déplacer des poulets. Tant qu'à faire on accepte aussi, et on se retrouve en pleine canicule, dans un hangar, à mettre des poussins tout juste nés dans leurs cages et leur apprendre à boire... Jusqu'à 34 degrés à l'intérieur, l'air est étouffant mais les poussins sont tellement mignons qu'on en oublierait presque la chaleur !


Baby-sitting de poussins 

Puis commence le boulot au port, pas facile à raconter tellement c'était une expérience d'un autre monde pour moi, que j'ai pris comme un gros challenge à relever ! Rendez-vous à 18h30 pour travailler jusqu'au lendemain 6h30 avec comme accueil les corps éprouvés des gars qui ont travaillé dans l'équipe de jour, leurs combinaisons pleines de jus de poisson, leurs visages sales et marqués par la fatigue... A notre tour d'y aller donc, on nous fait comprendre qu'il n'y a pas de temps à perdre. Notre boulot est de descendre dans les cales d'un premier chalutier (des congélateurs géants en fait...) pour décharger des thons gelés. Température à l'intérieur -20 degrés en moyenne, mais où on se réchauffe vite puisqu'on doit dégeler le poisson à coups de masse et de harpon avant de les envoyer dans des sacs sortis par grue sur le quai. Physiquement très rude comme travail, puisqu'on a 16 cales remplies de centaines de tonnes de poissons à décharger. Et si la première est facilement accessible, on crée ensuite une espèce de réseau de toboggans pour passer les poissons d'une cale à l'autre jusqu'à la grue. Passée la première nuit où on se demandait vraiment ce qu'on faisait là je me suis bizarrement habitué assez vite à cet environnement de travail atypique, où il a quand même fallu une attention de tous les instants pour ne pas se blesser... Le danger était à peu près partout dans ce vieux rafiot parce qu’évidemment ça glisse avec le froid et un thon gelé c’est comme une pierre de 10-15kg qui t’arrives dessus... Après 5 jours de déchargement intense, la dernière mission sur ce premier bateau consiste à entasser 45t de sacs de sel pendant que les marins préparent les filets avant de reprendre la mer. Le dernier jour, on s'attaque à un autre bateau revenu de l'Antarctique avec les cales remplies de légines (je n'avais jamais entendu parler de ce poisson, mais apparemment ça rapporte beaucoup beaucoup d'argent...). Les conditions sont vraiment extrêmes, -37 degrés dans les cales, avec des poissons qui pèsent parfois jusqu'à 80kg... Finalement les bateaux sont déchargés, on vide même les congélateurs de nourriture pour les marins (où on est tous écœurés du gaspillage puisque tout est jeté...) J’arrive au bout du challenge, un peu abîmé mais sans vraiment de blessure (j’ai eu plus de chance qu’Andrea qui lui s’est coincé la jambe entre le quai et le bateau...) Juste un gros besoin de repos pour les prochains jours !

Fisherman life 

Ça tombe bien car Nelson a un petit air de vacances, c'est la ville la plus ensoleillée de Nouvelle-Zélande, avec de belles plages et un joli bord de mer où c'est agréable de se balader. Comme le centre est vraiment animé, on a préféré prendre une auberge un peu plus éloignée de la foule, mais juste en face de la principale plage de Nelson. D'autres gars travaillant aussi au port on fait le même choix et on est un petit groupe de travailleurs souvent fatigués à profiter de l'environnement calme et des étendues de sable de Tahunanui.

Le 6 février c'était le Waitangi Day, la fête nationale en Nouvelle-Zélande (qui célèbre la signature en 1840 du traité entre les Maoris et les Britanniques et qui est l'acte fondateur de la Nouvelle-Zélande). Pour l'occasion est organisé en ville un chouette festival avec des spectacles organisés par les communautés maories locales pendant la journée et des stands de nourriture du monde entier où on a pu se régaler de cuisine du Pacifique et d'Asie. On s'est rendus compte un peu au dernier moment de cet événement, du coup on n'a pas forcément vu les célébrations les plus traditionnelles, mais c'était déjà chouette de découvrir un peu plus cette culture !

Nelson & Waitangi Day 

Mais l'activité reine ici c'est le vélo, avec plein de pistes cyclables et de trails dans les montagnes. Du coup en prévision de mon arrivée à Nelson, je ne pouvais plus résister à l'appel des pédales et je me suis trouvé un petit VTT d'occasion comme neuf, qui m'accompagnera pour la suite du voyage ! Pour tester un peu la marchandise, je m'essaye à un parc de vélo de montagne pas loin de la ville. Et complètement par hasard je me retrouve avec des centaines d'autres cyclistes qui viennent faire une descente en hommage à Kelly Mc Garry, un freerider de la région décédé dans un accident il y a quelques années. Une descente un peu spéciale donc, précédée de discours de gens qui l'ont connu et suivie d'un petit moment pour partager des glaces et les bières...

Silvan Forest Park 

Pour ma première vraie sortie, je me lance sur le Dun Mountain Trail, qui est vrai gros chemin de montagne grimpant à 850m d'altitude. Plus de 2h de montée sans répit, suivies d'une looongue descente incroyable de près de 10km. Un vrai régal, même si j'ai quand même bien perdu ma forme du temps où j'allais au cinéma quasi tous les jours en vélo... Les jambes sont très lourdes à l'arrivée !!

Dun Mountain Trail 

Mais avec la sécheresse, la chaleur le vent, la ville est aussi bien vulnérable aux feux de forêts. Au sud de la ville, plusieurs incendies brûlent la forêt depuis près d'une semaine. Et de retour de mon tour en vélo, c'est à quelques centaines de mètres du centre qu'un feu est parti, avec un ballet d'hélicoptères, de camions et d'ambulances qui s'agitent. Le petit paradis qu'est Nelson devient d'un coup plus menaçant, même si les fumées qui traînent dans le ciel donnent de belles couleurs au coucher du soleil...

FIRE ! 

Voilà pour ces drôles de semaines ici... Si dans un premier temps j'avais pensé passer plus de temps dans le coin, l'envie de reprendre la route prend le dessus. Direction le parc de Nelson Lakes pour une semaine de camping avant de reprendre un petit travail dans les champs au nord de Christchurch pour la fin du mois !

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Au départ de Nelson, la sécheresse et les risques de feu font que des routes sont fermées et je suis obligé de faire un détour le long de la côte jusqu'à Motueka, qui n'a pas grand intérêt à part l'insolite épave d'un navire de la Seconde Guerre, transformé en bateau de pêche puis abandonné dans la baie de Tasman.

Janie Seddon shipwreck 

Mais la vraie destination, c'est Saint-Arnaud, dans le parc des Nelson Lakes. Après les deux semaines à Nelson j'avais envie d'une petite parenthèse en nature, et la région est un vrai paradis du plein air ! Pour la première fois je teste mon équipement de camping et je plante ma tente au bord du lac Rotoiti. La situation du camping est parfaite, et que ce soit le matin au réveil ou le soir en finissant son repas, on ne se lasse pas des paysages qu'on a sous les yeux ! L'endroit est vraiment calme, il faut espérer que les voisins de tente soient sympas sinon on s'ennuie un peu le soir et c'est dodo dès que la nuit tombe ! Parce que Saint Arnaud n'est pas vraiment une ville, plutôt un village de tourisme où le seul commerce est une mini station service avec quelques fruits dans des boites et le basique du basique pour survivre. Du coup j'ai fait les réserves de conserves en partant de Nelson !

Comme la région est assez isolée et on trouve ici pas mal d'animaux, avec des cygnes noirs, des kakas, des kiwis... Toujours aussi durs à prendre en photo puisqu'ils se cachent dans la végétation, mais à mon arrivée ils étaient plusieurs à se balader juste derrière ma tente ! Après, les animaux les plus nombreux c'est les sandflies, une vraie galère qui t'attaque sans arrêt surtout le matin et le soir. Quasi impossible de se poser au soleil sans crème pour les faire fuire ou de manger tranquillement en extérieur. En plus comme ils sont plus petits et légers que des moustiques on ne les sent pas se poser, juste une fois qu'ils ont piqué !

Lake Rotoiti 

Pour ne pas se faire piquer, la meilleure solution est de toujours bouger, du coup pendant quelques jours le programme a été bien chargé pour profiter au maximum des lieux :

  • Randonnée sur un premier versant du lac pour grimper et faire le tour du Mt Robert
Mt Robert 
  • Une sortie de VTT dans un parc avec de belles pistes en forêt tracées sur les collines au-dessus de St Arnaud.
Teetotal Mountain Bike Park 
  • Un petit tour à quelques kilomètres au Lake Rotoroa, le plus grand lac du parc.
Lake Rotoroa 
  • Et ma randonnée préférée, qui m'a bien cassé les jambes en fin de semaine : l'ascension de Saint-Arnaud Range, sur l'autre rive du lac Rotoiti. Après une montée sans repos à travers la forêt puis une petite partie rocheuse, la marche se termine sur la crête de la montagne, avec des vues sur le lac dans toute sa longueur
St Arnaud Range  
  • Tous les soirs, la récompense est d'aller se baigner dans le lac, l'eau est bien fraîche et super claire, un vrai cadre de rêve pour faire une petite séance de natation et de plongeon !!



Avec ce grand bol d'air frais, les jambes sont quand même un peu fatiguées à la fin de la semaine. Je m'accorde un petit repos pendant le weekend avant d'attaquer mon prochain petit travail : récolte des oignons à Amberley au-dessus de Christchurch ! On nous a prévenus, apparemment ça va être dur...

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Retour aux environs de Christchurch, un peu plus au nord cette fois, pour sentir la bonne odeur des champs d'oignons 😀 En vrai ce n'est pas si désagréable quand on est dedans, juste le soir en rentrant les habits sont bien imprégnés, et quand on les lave c'est tout jaune-marron... yummy ! Alors qu'on s'est tous préparés à un boulot difficile, ce job se révèle être le meilleur que j'ai pu faire en Nouvelle-Zélande ! Déjà la boite nous accueille en nous offrant un barbecue le premier jour et dans les champs c'est en fait super facile... Pas besoin de sortir les oignons de terre, on ne récupère que les graines sur les fleurs. Un petit coup de ciseau et hop ça part dans le seau. On n'a pas à se baisser, c'est tout léger, on peut parler hyper facilement entre nous. vraiment le job de rêve en extérieur ! En bonus on est emmenés tous les jours depuis le camping jusqu'aux champs par minibus, les pauses sont longues, la paye est bonne et on nous offre même tous les jours des petits gâteaux ou des bonbons... Tout ça est trop beau pour être vrai, après les premiers jours tout le monde se demande où est le piège dans cette histoire... Finalement il a fini par arriver quand au bout de quatre jours on apprend que le travail avance vite et qu'une semaine off va être nécessaire en attendant de pouvoir terminer les derniers champs pas encore prêts pour la récolte.

Au milieu des champs d'oignons 

Avec cette semaine sans travail, la moitié du groupe part pour de nouvelles aventures, j'hésite un peu mais décide de rester et j'en profite pour passer un peu de temps à Christchurch. L'impression laissée par mon premier passage ici se confirme, on s'ennuie un peu (surtout quand on veut sortir le soir...) et il faut se creuser la tête pour trouver de l'occupation. Quelques petites choses à se mettre sous la dent quand même :

  • Tour en vélo le long de la mer jusqu'au quartier côtier de New Brighton où je prends l'auberge la plus cheap et la plus pourrie de mon voyage jusque-là (heureusement les gens sont chouettes !)
  • Marche gratuite du dimanche dans la ville avec des locaux qui me conseillent de passer l'après-midi...
  • ... à la réouverture du Town Hall, la principale salle de concert de la ville qui avait été bien endommagée par les tremblements de terre. On peut en faire le tour des salles de réception aux coulisses avec un petit concert dans l'auditorium principal. Et une belle expo photo montre tout le boulot qui a été fait pendant les travaux, c'est assez impressionnant.
  • J'ai même le temps pour petite séance de ciné. Pendant mon premier passage à Christchurch j'avais mis une photo d'une fresque inspirée d'Alice au pays des merveilles. Derrière le mur se cache un vrai cinéma où j'avais envie de retourner. A l’intérieur la salle est décorée avec des frises de jeux de cartes et des personnages du conte c'est assez sympa. Et c'est l'occasion de voir un super film, Free Solo, un documentaire sur un free climber qui s'attaque à Et Capitan, l'une des ascensions d'escalade les plus dures dans le parc de Yosemite... sans corde... Si vous avez l'occasion de le voir, frissons garantis et ça fait réfléchir !
  • Pendant le weekend c'est aussi le festival des lanternes. A l'occasion du nouvel an chinois les bords de la rivière sont remplis de délicieux stands de nourriture asiatique (je retrouve les excellents dumplings que j'avais découverts à Taïwan 😋) et de lanternes géantes représentant toutes sortes de scènes traditionnelles et de personnages. Malheureusement c'est un peu la tempête polaire pendant le weekend et les spectacles prévus ont été annulés...
New Brighton & Christchucrch 
Lantern festival 

Sinon la petite vie à Amberley pendant le boulot est vraiment agréable, le camping où on est hébergés est tranquille, quelques néo-zélandais en caravane vivent ici... Et quand toute l'équipe des oignons débarque ça s'anime un peu plus ! La ville n'a rien d'exceptionnel, mais est pratique et parfaite pour faire un petit tour de vélo sur la plage, courir aux alentours et s'essayer au trail en montagne. Avec une amie du boulot on va courir monter le Mont Grey à côté d'Amberley, super expérience, vraiment plus fun que la randonnée !! (mais plus dur de prendre des photos...) Si à la montée on trottine doucement, à la descente on galope entre les racines et les rochers 😀 Ça donne quelques courbatures le lendemain mais surtout envie de recommencer !!! Les chemins étaient superbes, avec des vues de la mer aux montagnes dont les sommets se sont recouverts de neige fraîche pendant le weekend !

Amberley & Mt Grey 

Après deux derniers jours de travail, c'est les vacances !!! Je rejoins une amie avec qui je vais entamer un petit roadtrip de quelques semaines qui devrait nous emmener vers le nord de l'île, la côte ouest puis probablement retourner une dernière fois dans les montagnes du sud...

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Avant d'entamer ce mois de voyage, je commence la semaine par de belles retrouvailles avec ma famille de kiwis qui m'a hébergé à Rakaia. Brian et Carol étaient tout contents qu'on se revoie et j'ai eu la chance d'être invité dans un bon petit café pour bien commencer la journée !

Retrouvailles kiwies ! 

Juste après je retrouve Laura avec qui je travaillais aux fleurs en janvier pour entamer notre périple ! Pour un roadtrip entre frenchies, première étape obligée à Akaroa, la "french city" de Nouvelle-Zélande. On y déguste le meilleur fish n chips possible (ça a vraiment le goût de bon poisson avec une panure et une sauce faites maison 😋). Pour l'hébergement on retourne à Onuku, la ferme/auberge pleine de moutons qui m'avait tant plu lors de mon premier passage. Cette fois on teste le camping, qui sera notre principal hébergement pour le voyage (tellement plus économique et finalement plus confortable que les auberges !). Les chemins de la ferme sont parfaits pour de belles courses matinales, mais on s'offre aussi une sortie en mer pour s'approcher des dauphins qui nagent dans la baie. Depuis notre petit bateau on arrive à en voir une bonne vingtaine qui s'intéressent à nous. Mais ils sont d'autant plus difficiles à prendre en photo qu'à Akaroa vivent les dauphins d'Hector, une espèce rare dont la particularité est d'être parmi les plus petits dauphins du monde ! Le tour en bateau est aussi l'occasion d'approcher les falaises et les grottes qui bordent la péninsule, et de croiser d'impressionnants albatros qui se préparent pour leur pêche matinale. On termine notre étape avec une petite marche le long de la lumineuse Pigeon Bay, de l'autre côté de la péninsule.

Onuku & Pigeon bay 
Un matin avec les dauphins 

Après ce retour à Akaroa, on pose notre tente plus au nord à Kaikoura. La côte est vraiment particulière ici avec des vues sur les sommets depuis la plage et de drôles de formations rocheuses qui sont sorties de la mer lors du dernier tremblement de terre qui a touché la ville. On y teste notre premier free camp (les campings gratuits, plus que basiques, mais qui réservent parfois quelques belles surprises...), situé au bord de la mer. Pour se challenger un peu, on s'attaque au Mt Fyffe, avec un départ à 5h au niveau de la mer pour arriver quelques heures plus tard à 1600m d'altiitude. Randonnée vraiment exceptionnelle, avec des vues d'un côté sur les montagnes enneigées (complètement inhabituel à ce moment de l'année) et de l'autre sur la mer. A la fin de la journée on est complètement cuits... On garde nos dernières forces pour une délicieuse glace maison chez un petit artisan local qui nous a régalés et rafraîchis ! Un vrai petit plaisir qui fait oublier la fatigue et qu'on a pas pris de douche depuis... trop longtemps 😀

Kaikoura 
Mt Fyffe 

On poursuit cette riche semaine de vacances avec un arrêt à Picton, petite ville qui sert surtout à l'arrivée du ferry venant de l'île du nord. Je n'avais pas pris le temps de m'y arrêter lors de mon premier passage alors qu'il y a vraiment de beaux coins à voir ! Les "sounds", bras de mer entourés de montagnes sont magnifiques et offrent de bons terrains de jeu pour s’entraîner à la course et se balader dans les ports et marinas de la ville. Depuis Picton, l'exploration des alentours est aussi chouette avec des marches traversant les baies, les plages de sable noir et les montagnes autour Blenheim, la grosse ville du coin.

Picton & Marlborough Sounds 
Rarangi, Whites Bay & Mt Robertson 

On essaye de faire autant de plein air que possible, mais le temps n'est pas toujours avec nous... Et si on s'aventure parfois à des marches au milieu des nuages, on se réfugie en intérieur quand la pluie est un peu trop de la partie. On en profite pour visiter le musée d'aviation ouvert par Peter Jackson à Blenheim avec une collection de machines des deux guerres. Alors que je ne suis pas franchement fan des musées sur la guerre, les reconstitutions sont vraiment bluffantes et ça nous permet de passer une bonne matinée au chaud.

Omaka museum 

Après cette première semaine à en prendre plein les yeux, avec la météo pas terrible qui s'annonce et (bizarrement) le fait que le rythme du travail nous manque un peu, on se décide à passer la suivante en woofing chez un couple de Picton. A la semaine prochaine pour le deuxième épisode de ce roadtrip !

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Cette semaine, deuxième tentative de woofing à Picton, après ma première expérience plus que mitigée dans la ferme bio.

On habite chez Mandy et Rob chez qui on aide quelques heures par jour pour des petits travaux. Le gros du temps est passé au jardin : ils habitent sur un terrain longtemps non entretenu et rempli de plantes invasives qui se sont développées en Nouvelle-Zélande quand les européens ont débarqué (dont la gorse, saleté de plante piquante qui se répand partout). Mandy essaye de replanter à la place des plantes natives, mais il faut les aider un peu, leur faire de la place et les débarrasser des mauvaises herbes. Et quand le temps ne se prête pas aux travaux en extérieur, on aide à faire un peu de ménage et de rangement dans la maison.

En échange on retrouve le confort d'une chambre avec de vrais lits !! En plus Mandy et Rob nous cuisinent plein de repas délicieux, on se régale avec tous les fruits, légumes et poissons frais qu'ils nous préparent.

Chez Mandy & Rob 

Presque retraités, Mandy et Rob ont beaucoup voyagé en bateau, fait un tour du monde de 7 ans et ont pas mal d'histoires de voyages à raconter. Ils ont gardé à Picton des boulots à mi-temps en lien avec le port et sont actifs dans le club nautique. Grâce à ça on a eu la chance d'embarquer sur un voilier, avec Ash un de leurs amis, pour une régate organisée dans les Marlborough Sounds. Expérience magique, où on a donné un modeste coup de main (changer de bord pour faire un peu de poids, descendre les voiles), mais où on a pu profiter à fond de la course et d'un équipage adorable avec qui on a partagé un petit repas et quelques bières une fois rentrés au port.

Régate dans les Sounds 

Pendant la régate, on a rencontré Joss, qui construit une nouvelle maison dans la région, il nous offre un petit boulot qui nous remplit 2 après-midi : couper des pins (obligation de la région pour aider la régénération des forêts et des arbres natifs), sur un terrain super pentu. On finit la semaine bien épuisés (avec aussi plein d'épines dans les doigts), mais avec un peu de sous de côté pour la suite du voyage !

Avant/après la coupe des pins 

Comme les après-midis sont libres, on a plein de temps pour continuer à explorer la région au rythme de petites ou longues balades, des baignades en mer et arpenter la petite ville de Picton.

Autour de Picton 

Le dernier soir, on prépare un petit repas français avec un menu de quiche et riz au lait avant de reprendre la route pour un deuxième woofing de deux jours dans un camping. Cette fois on est à Murchison, pas très loin de Nelson Lakes. On est accueillis par Karen, une ancienne agente immobilière qui occupe sa retraite en gérant un camping. On donne un petit coup de main dans son jardin potager (on y récupère du maïs, des groseilles, des pommes, des courgettes, des tomates toutes fraîches) et pour couper du bois avec Werner, un vieil allemand un peu fou mais vraiment drôle (le monsieur a un squelette qui fume la pipe dans sa voiture...). L'ambiance du camping est très relax, on s'y sent super bien, on est hébergés dans une petite caravane et le camping a sa petite piscine naturelle dans la rivière.

On profite d'un après-midi pas trop moche pour aller courir jusqu'au Lac Matiri : une belle course sauvage un peu à l'aventure avec traversée de rivière, chemin jungle, rochers glissants et longue progression dans la forêt.

Maintenant c'est la reprise du voyage en touristes avec un crochet au soleil par les plages du parc Abel Tasman !


Murchison 
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Il règne comme un petit air de vacances en se réveillant avant de prendre la route vers le Parc d'Abel Tasman. Pas de mauvaises herbes à arracher ou de bois à couper, pas plus d’alarme pour se lever, juste ranger tranquillement nos affaires, sortir les maillots de bain et les lunettes de soleil et allumer la musique pour accompagner le trajet vers la mer... 😎

Le parfum de la galère se réveille quand même sur le chemin : en pleine route de montagne, on entend plus fort que la musique un bruit plutôt inquiétant de roue qui couine et qui crisse. Malgré mes talents bien connus en mécanique auto, impossible de voir d'où ça vient, demi-tour toute avec une redescente au rythme d'un tracteur et heureusement un garage est encore ouvert malgré l'heure tardive. Au final plus de peur que de mal, verdict : des graviers coincés dans les plaquettes de freins... Avec une voiture silencieuse et pas mal de retard sur notre planning, on reprend la route sinueuse vers notre spot de camping du soir.

Aux lumières du coucher du soleil et juste avant la fermeture des portes du camping, on arrive enfin à Totaranui et sa plage de sable jaune-orangé, tout au nord du Parc Abel Tasman. Pour notre journée là-bas, on part tôt le matin pour une longue boucle de trail et tenter d’en voir le plus possible. Côte rocheuse, plages de sable fin, végétation de fougères et de palmiers, on a l'impression d'avoir changé de pays et d'être arrivés sur une île paradisiaque... Après plus de 20km de course vallonnée, on profite d'une bonne après-midi de repos à la plage (quasi déserte à cette saison alors qu'elle est bondée en été).


Totaranui 

Le lendemain, on retrouve Andrea, notre ami italien pour un weekend de l'autre côté du parc, à Marahau. On consacre la première journée à une géniale escapade en kayak pour voir l'Apple Split Rock, drôle de rocher coupé en deux, accoster et se baigner sur des plages, explorer îles et grottes et rencontrer quelques phoques... La fin de journée est un peu speed, en quittant notre plage, mon téléphone tombe dans l'eau et y reste un bon quart d'heure avant que je m'en rende compte et qu'on fasse demi-tour pour aller le chercher... Par je ne sais pas quel miracle, il fonctionne encore (après un petit séjour dans un bocal de riz pour le sécher), mais ce petit imprévu nous met en retard pour rendre le kayak. On pagaye comme des dératés (le gps indique une folle pointe de vitesse à 10,5km/h !), afin de rentrer juste à temps pour assister au ballet des... tracteurs en pleine mer 😀


Kayak à Marahau 


Après cette grosse journée, le lendemain on décide de randonner tranquillement le parc depuis la côte, changer de point de vue et profiter des quelques plages qui se trouvent sur notre chemin. Puis retour à Nelson pour ramener Andrea, relaxer tranquillement sur la plage de Tahunanui où on habitait quand je travaillais au port et admirer la glisse des apprentis kite surfeurs volant au-dessus des vagues... Juste avant de partir, on fait une mini visite de l’usine Pic’s le meilleur des peanut butter made in New Zealand, d’où on ressort avec un beurre de noix de cajous... à tomber tellement c’est bon 😋

Abel Tasman Coast Track 
Retour à Nelson : Tahunanui & Pic’s

Prochaine direction, la West Coast, dont on ne sait pas trop ce qu'on pourra voir vu qu'une tempête et de fortes pluies sont en train de s'abattre sur la région...

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Après les aventures au soleil, notre voyage prend la direction du sud par la côte ouest de l'île, l'une des dernières régions que je n'ai pas encore explorée, avec comme objectif la ville de Wanaka, où Laura et moi allons courir un semi-marathon dans les montagnes le 6 avril ! Dès le départ de Nelson, la radio et les informations ne parlent quasiment que de tempête et d'avertissements pour... la West Coast. C'est avec une pointe d'inquiétude (d'autant que la route est sinueuse et dangereuse) et quand même un peu d'excitation qu'on rentre dans les épais nuages, où nous accueillent les fortes pluies et un vent terrible...

Notre première nuit en camping est assez mémorable. A notre arrivée, le gérant nous voyant avec notre tente nous souhaite bon courage avec un petit sourire au coin des lèvres (mais nous donne quand même un emplacement qui nous protège autant que possible du vent). Malgré ça et les pierres placées tout autour de la tente, le vent secoue la toile pendant des heures, la pluie s'abat sans s'arrêter, on n'est pas loin de la nuit blanche... Mais notre abri de fortune résiste et on arrive au petit matin en ayant échappé à la tente envolée ou à l'inondation. Par contre au réveil tout le monde au camping découvre les dégâts provoqués dans la région par la tempête : ponts effondrés, arbres déracinés, éboulements... Plusieurs routes sont bloquées, dont la seule route de la côte ouest, au niveau des glaciers. Comme les images ne sont probablement pas arrivées jusqu'en France, voilà à quoi ressemble la route qu'on devait prendre...

Dans l'attente des réouvertures de routes et obligés de revoir un peu notre itinéraire (et de s'offrir un café bien chaud tellement on est trempés...), on passe par Punakaiki et ses Pancake Rocks, l'un des superbes coins de la côté, mais aujourd'hui dans le gris et sous la pluie et une mer agitée... Puis par Greymouth (officiellement la ville la plus laide du pays et notre pire spot de pique-nique en un mois 😀) et Hokitika et ses gorges, dont l'eau habituellement turquoise est devenue... grise.

Pancake Rocks, Greymouth & Hokitika Gorge 

Au premier jour de beau temps, on essaye d'aller voir le Lake Kaniere. Si le plan de départ est d'aller faire l'ascension du Mont Tuhua au dessus du lac, il deviendra officiellement la rando la plus courte de l'histoire car après quelques mètres à s'enfoncer dans une épaisse couche de sable et de boue, le chemin est complètement bloqué par des arbres tombés en pagaille et on est obligés de faire demi-tour. On se rabat sur une petite marche le long de la route faisant le tour du lac qui a pris une allure de fin de monde. Par endroits on se demande vraiment comment des voitures ont pu un jour rouler ici tellement ça ne ressemble plus à rien... Après quelques obstacles à franchir on arrive malgré tout jusqu'à Dorothy Falls, qui sera la seule récompense de la journée. On joue aux archéologues pour exhumer le panneau indiquant la cascade, recouvert de rochers éboulés au travers de la route avant de rentrer...

Tentatives de rando et archéologie 

Heureusement le lac lui a retrouvé sa quiétude et offre des vues apaisantes et quelques jolis reflets : le calme après la tempête.

Lake Kaniere 

Après cette petite étape bien à part, la direction de Wanaka reste au programme, mais avec un itinéraire remanié : Arthur's Pass, puis quelques lacs vont remplacer la route des glaciers... Et après le gris je vous promets le retour du soleil sur les photos ! 😀

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Après les péripéties de la tempête, le calme revient avec un temps magnifique et quelques arrêts dans les montagnes à traverser pour filer vers notre objectif de Wanaka. Les journées passent à une vitesse folle, avec le rythme bien particulier du camping quotidien (lever avec les premières lumières du jour, route et plein air en journée, cuisine (plus ou moins élaborée) et montage de tente le soir avant de s'endormir sans trop s'en rendre compte après les heures bien remplies.

Comme on essaye de voyager sur un petit budget (on alterne entre campings cheaps et gratuits, parfois un petit luxe d'avoir une cuisine et une salle au chaud), on a la plupart du temps pas d'accès à internet (d'où le petit retard pris ici...)


Premier stop : Arthur's Pass avec la rando d' Avalanche Peak, l'une des plus belles qu'on ait pu faire. On yrencontre de Nestor le kea (un perroquet d'altitude qui est venu nous voir et nous tourner autour pendant un bon moment 😀)

Avalanche Peak 
Nestor le kea 

En redescendant d'Arthur's Pass, la rivière Waimakariri s'amuse à zigzaguer dans une immense vallée...

Et pour se refroidir les jambes, petite randonnée insolite dans... une grotte... au milieu d'une rivière... 1h de marche à la frontale dans un décor surnaturel. Sacrée expérience !!

Cave Stream 

La région est pleine de lacs, on s'arrête au Lake Ohau, pas très fréquenté et qu'on a élu meilleur spot de camping du voyage (gratuit en plus !).

Lake Ohau 

La route continue avec les Clay Cliffs, impressionnants rochers qui changent un peu des lacs et des montagnes et qu'on s'amuse à grimper.

Clay cliffs 

Avec tous ces kilomètres parcourus, la route offre parfois quelques moments incroyables ou insolites : (on ne s'arrête pas forcément à chaque fois). Quelques photos ici en vrac de beaux paysages et d'un spot de camping dont on se souviendra : dans les montagnes, à côté d'un ancien hôtel abandonné, avec une nuit à -1°... Au réveil la tente et la voiture étaient gelés...

Je vous raconte tout ça comme une étape express, mais tous ces endroits étaient absolument sublimes. On se régale de tout ce qu'on voit et la vie de baroudeur est juste incroyable. Je vous raconte la suite (arrivée à Wanaka et semi-marathon) très vite !!!

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Cette fois on y est ! Cette destination de Wanaka qui nous a guidés pendant plus d'un mois est enfin atteinte ! Avec son lac géant au milieu duquel est planté l'emblématique arbre de la ville (sûrement l'un des spots les plus photographiés de Nouvelle-Zélande, à toute heure de la journée une petite foule de touristes s'essaye à la photo parfaite au bord du lac,...), Wanaka c'est un peu décor station de ski mêlant ambiance jeune, branchée et touristes avec pas mal de sous en poche et de grosses voitures.

Wanaka 

Pendant quelques jours on s'accorde un peu de repos et quand même quelques petites sorties pas trop dures.

A une petite heure de voiture j'avais très envie de voir le Rob Roy Glacier, moins connu que les glaciers de la côte ouest, mais presque aussi accessible à pieds. Après une longue gravel road de 30km (avec des vaches qui dorment au milieu et 10 rivières à traverser en voiture !), on arrive aux portes du parc du Mt Aspiring, point de départ de la marche. Pour arriver au glacier, c'est une petite rando facile où on est vite récompensés en suivant une belle vallée (pleine de vaches et de moutons) pour arriver au pied du glacier. De là, des cascades en masse et des couleurs à tomber sous un soleil éclatant (tellement que l'appareil photo avait du mal à gérer la lumière...)

Rob Roy Glacier 

Mais notre objectif ici c'est bien le semi-marathon qu'on attend fébrilement depuis plusieurs semaines !!! Le parcours est simple, on descend la Cardrona Valley sur 20km pour arriver en ville, au bord du lac. Pour être à peu près frais avant la course (et pas trop congelés par le camping en extérieur...) on retrouve la chaleur d'un logement en dur et un vrai lit pour les deux nuits précédant la course. Le jour J, départ au petit matin, bon échauffement indispensable pour réveiller les jambes endormies par le froid hivernal et on se place sur la route. Le départ est assez magique, pendant le décompte le soleil se lève au-dessus des montagnes (sous les OOOHHH de tous les coureurs) et c'est parti ! Avant le départ on s'était donnés le challenge un peu fou de terminer la course en moins d'1h30 pour moi et moins de 2h pour Laura. On donne tout pour aller le plus vite possible et au final, challenge réussi avec une course en 1h28 et 1h48 !

A l'arrivée (où nous attend une amie allemande) , grosse joie et petit tour dans le lac bien pour rafraîchir les jambes !

Après ça c'est journée récompense avec délicieuses glaces au bord du lac, pizzeria avec des amis français, bière (après les repas de lentilles, de légumes et les salades, les papilles sont heureuses !!). Et le soir on fait péter le champagne qu'on s'était promis de déguster si on réussissait nos challenges de chrono !!

Half Marathon in Wanaka ! 

Les jours suivants on profite déjà d’un petit brunch aux petits oignons préparés par nos soins, puis tranquillement des environs de Wanaka et des couleurs d'automne, avec pour moi un petit tour de vélo de récupération le long de la Clutha River.

Brunch de la victoire et couleurs d'automne 

Après ça la région regorge de randos immanquables donc malgré les pieds abîmés et les jambes un poil raides, on monte Isthmus peak, une top rando où on s'élève au-dessus du brillant lac Hawea, pour retrouver au sommet le lac Wanaka, et profiter de deux superbes lacs pour le prix d'un !

Isthmus Peak 

Wanaka devait être la fin de notre voyage avec Laura, mais on s'emballe pour une petite destination bonus. On descend jusqu'à Queenstown pour quelques jours, réfléchir à nos plans et envisager un dernier challenge...

Comme elle n'y était pas encore allée, Laura prend une croisière pour Milford Sound et partir sur un voyage en stop. En regardant une carte je me rends compte que la route en voiture pour y aller fait près de 400km mais qu'une des Great Walk traverse les montages en 33 km depuis le bout du lac de Queenstown pour arriver sur la route de Milford Sound. Notre dernier challenge est alors tout trouvé, on s'équipe pour marcher la Routeburn Track ! 🔥 Laura emporte toutes ses affaires sur son dos, je prends la tente et les conserves... Comme les refuges et le camping sur la rando sont hors de prix, on part de nuit à la frontale pour s'avancer un peu jusqu'à une petite clairière au milieu des montagnes où on plante la tente pour la nuit au bord du chemin. Et le lendemain, réveil super matinal pour tenter d'arriver le soir à l'autre bout de la rando...

Au départ de la Ruteburn Track 

Les paysages sont juste sublimes, avec des vallées magiques, des montagnes aux sommets enneigés, des lacs aux couleurs incroyables... Un vrai régal de nature sauvage et d'immensité !!

Merveilleuse Routeburn Track 

Et après 13h de marche au total, on arrive avec un énorme sentiment de fierté au bout du chemin ! Bon par contre clairement j'en ai bavé... Depuis la course j'avais les pieds en vrac avec des ampoules et une vilaine brûlure. Alors que le plan initial pour moi était de faire l'aller-retour de la rando en deux jours (la rando n'étant pas une boucle, 2x33km, oui oui c'était n'importe quoi 😀) et départ en stop pour Laura à la fin du premier aller, je me rends compte à la fin de la journée que je ne pourrai jamais faire le retour (je marche déjà les dernières heures de l'aller sur la pointe des pieds...)

Du coup changement de plan, je descends avec Laura jusqu'à la route de Milford Sound. On pose la tente de nuit au milieu de rien sous un abri du parking (probablement le camping le plus insolite de notre voyage). Et le lendemain matin je tente aussi le stop pour aller retrouver ma voiture 😄. Laura part dans la bonne direction, pas mal de gens se dirigent vers Milford Sound pour y passer la journée. Après 5 minutes elle trouve une voiture et on se dit au revoir au milieu de la route, heureux d’avoir partagé ces dernières semaines de feu à voyager ensemble Mais pour moi, comme il n'y a pas d'hébergement à Milford Sound et qu'on est le matin, ben personne ne fait l'autre sens de la route ! Après 2h d'attente à agiter des fleurs aux... 6 voitures passées par-là, le miracle se produit avec une dame qui vient me voir et me propose un trajet jusqu'à la ville la plus proche. Et il se trouve qu'Anna (jamais je n'oublierai cette rencontre !) travaille pour une petite boîte qui propose aux gens souhaitant faire la randonnée d'amener leur voiture au parking situé de l'autre côté. Alors que je n'avais aucune idée de comment j'allais faire pour retrouver ma voiture garée sur un parking perdu au bout d'une route de campagne (autant ça me paraissait possible de faire du stop jusqu'à Queenstown, autant retrouver ma voiture me paraissait totalement impossible), me voilà parti pour un trajet direct jusqu'à mon point de départ ! Anna est vraiment géniale, on parle vélo, course, beaucoup de cinéma, m'offre un café sur la route, on passe même chez elle (une charmante petite cabane au bord du lac de Queenstown...) pour arriver quelques heures plus tard auprès de ma fidèle titine que je n'ai jamais été aussi content de retrouver !!

Fin de route et stop en bord de route 


Bon et pour rajouter un piment à l'histoire, je n'ai pas précisé que j'étais attendu le lendemain à midi sur une plage d'Abel Tasman (là où on avait fait du kayak) à... 14h de route de là pour... un mariage dont j'étais l'un des témoins ! 😅

Oui ces derniers ont été vraiment fous... De nouveau au volant de ma voiture, j'attaque la longue route pour retraverser toute l'île du Sud par la West coast (profiter au passage de jolis couchers de soleil sur les lacs Hawea et Wanaka puis le lever aux Pancakes Rocks de Punakaiki, avec une ambiance bien différente de la tempête quelques semaines plus tôt...)

Route de nuit à travers la South Island 

Croyez-moi ou pas, après des heures à appuyer sur le champignon pendant la nuit (tout en restant à peu près prudent et prendre 2h de dodo 😇), je gare ma voiture sur le parking de la Split Apple Rock quelques minutes avant midi. Le temps de passer un coup de déo, enfiler une chemise et un bermuda et je cours sur le chemin qui descend jusqu'à la plage, où j'arrive à 11h57 ! 😀 Je retrouve mon ami italien Andrea (l'autre témoin du mariage, qui lui arrive en retard c'est un comble !) pour un mariage "backpacker style", en petite chemise, pieds nus dans l'eau. La cérémonie est la plus simple possible, le couple (des allemands rencontrés à notre travail aux fleurs) voulaient officialiser leur mariage pendant leur voyage en Nouvelle-Zélande et referont une fête à leur retour en Allemagne. Clairement le mariage le plus improbable que j'ai fait, sans la famille des mariés, où la musique est passée sur des petits speakers portables, avec des touristes en kayak et des bateaux de croisière qui passent pendant la lecture des textes... La cérémonie terminée, on est invités à déguster le champagne et une petite collation chez la célébrante qui a juste une villa complètement dingue surplombant la plage...

Mariage à la Split Apple Rock 

Gavé de péripéties ces derniers jours, c'est maintenant pour moi l'occasion de conclure ces quatre mois passés sur l'île du sud sur une note de folie et d'émotions inoubliables. J’embarque de nouveau sur le ferry direction Wellington pour retrouver du travail et me poser pour les prochaines semaines... Merci la South Island pour toutes les merveilles que j’ai a pu voir, vivre et partager 😍

Et une petite pensée pour cette grand Dame qui renaîtra encore plus belle de ses cendres. Jusqu’ici l’émotion est grande...

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Après cette longue pause, le temps est venu de réécrire quelques lignes pour vous raconter un peu ces dernières semaines ! La page des aventures dans le sud tournée, je vous ai laissés à quelques heures de mon retour sur l'île du nord avec l'objectif de travailler, économiser et penser à la suite à donner au voyage !

Le passage à Wellington est surprenant, avec une impression de retour à la civilisation quand on arrive du sud : des routes avec du trafic, des rues qui grouillent de monde... C'est comme si j'avais changé de pays ! Si j'avais en tête d'essayer de passer un peu de temps dans la capitale, c'est un peu plus au nord, à Masterton que je trouve un petit boulot rapidement. Je commence de la cueillette de fraises, qui va vite tourner au pire boulot que j'ai pu faire, grâce à une patronne complètement dingue qui à chaque occasion prend un malin plaisir à être désagréable (on travaille trop lentement, on est nuls, notre chariot n'est pas droit, on va trop souvent aux toilettes...) C'en est ridicule tellement c'est absurde parfois !! Ajouté à ça qu'on n'a pas de pause mise à part le repas du midi et que le boulot est ennuyeux à mourir, je m'enfuis après 4 jours de ce piège ! Juste le temps de faire une petite ascension en vélo dans la région et de sympathiser avec la faune locale 😀

Masterton 

Je continue ma route vers le nord jusqu'à Napier, où on m'a recommandé un boulot pour la cueillette des pommes. Avec une joyeuse équipe des Vanuatu qui chante et rigole toute la journée dans les allées et quelques français, le job est plutôt tranquille. Ça chauffe un peu les épaules de porter le sac pour ramasser les fruits, mais comme on commence à être sur la fin de saison, il ne reste plus beaucoup de pommes sur les arbres. Du coup on est sur un petit rythme tranquille, ça papote dans les vergers, on fait des petits tours en quad et c'est même un peu la glande de temps en temps 😀

Après des petites mésaventures avec ma voiture et l'opportunité de faire plus d'heures pas semaine, je change de nouveau de job pour travailler dans une packhouse. J'y retrouve encore des pommes (j'aurais vraiment tout fait avec ces fruits, du moment où ils poussent jusqu'à la mise en carton !), mais là ça rigole un peu moins, le boulot est vraiment éprouvant : 11h par jour, 6 jours par semaine, avec des cadences assez dingues parfois. Les pommes dévalent les tapis et c'est la course pour les emballer avant que tout ne tombe par terre !

Heureusement on a de la musique toute la journée et les gens sont vraiment chouettes. Après les premiers jours, je prends le rythme et reste finalement plus d'un mois, ce qui permet d'apprendre 2-3 choses sur les pommes en Nouvelle-Zélande (en plus de gagner assez vite des sous) :

  • Maintenant je suis incollable sur toutes les variétés de pommes : Gala (créée en NZ !), Golden, Granny, Cripps, Pink Lady, Fuji Queen, Braeburn... J'en ai vu passer de toutes les couleurs et toutes les tailles !
  • La Nouvelle-Zélande est connue pour les kiwis, mais exporte aussi la masse de pommes partout dans le monde (en particulier en Chine, Taïwan, Russie où les fruits sont vendus à prix d'or...), et ça fait gagner beauuuuucoup d'argent à ceux qui sont dans ce business !
  • Si vous aimiez le jus de pommes, c'est pas joli joli de voir comment c'est fait : pommes aux 3/4 moisies, tombées par terre ou malades, les bins à jus sont en gros la poubelle qui, avec une bonne dose de sucre et quelques produits magiques finissent par donner une boisson comestible...
  • La compote de pomme c'est vraiment trop facile à faire, et quand on a des pommes fraîches et gratuites avec le travail ça met de bonne humeur au petit-déjeuner 😀
Packhouse de pommes 

Sans en attendre grand chose, la ville de Napier aura été vraiment agréable à vivre ! Il y fait quasiment toujours beau, le bord de mer est très sympa et il y a une petite ambiance années 30 / Art déco avec pas mal de "vieux" bâtiments dans le centre qui donnent un charme particulier. Rien de fou, mais suffisamment de couleurs et de vie pour avoir ses petites habitudes et passer de bons moments après le travail et pendant les weekends !

Napier 
Auberge et copains 

Après la région n'a rien d'exceptionnel. Il y a quelques belles plages, mais c'est surtout beaucoup de vergers et de vignes, avec pas mal de chemins aménagés pour explorer en vélo ou à pieds. Te Mata Peak est un joli petit sommet (un peu trop facilement accessible à mon goût puisqu'on peut même y monter en voiture et que c'est plein de touristes avec leurs gros 4x4...) Mais les vues du sommet et les descentes en vélo sont très chouettes.

Vignobles, Te Mata Peak & Waipatiki Beach 

Après n'avoir quasiment pas vu la lumière du jour ces dernières semaines, je m'en vais profiter d'un peu de vacances ! De nouveau sans voiture, je vais retrouver un mode de voyage moins confortable, sac à dos sur les épaules et non plus sur la banquette arrière... 😀 Direction Auckland pour quelques jours puis improvisation pour explorer les paysages d'hiver de l'île du Nord !

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Pour débuter cette nouvelle page de vacances, retour à Auckland pendant quelques jours. C’est l’heure du retour au pays pour Laura et l’occasion de se retrouver pour profiter des petits plaisirs de la vie de grande ville. Alors que j’avais été bien raisonnable lors de mon premier passage ici, c’est un vrai marathon culinaire qu’on s’est lancé ici. Parce que s’il n’y a pas vraiment de cuisine néo-zélandaise, toute la cuisine du monde se retrouve par contre à Auckland. Libanaise, indienne, italienne, japonaise, on s’est offert un bon petit tour gustatif en plus des cafés qu’on trouve à chaque coin de rue. Sinon à part se remplir le ventre, on a aussi eu l’occasion d’assister à un petit match de rugby. Pas au mythique Éden Park, pas avec les All Blacks, mais pour un match de rugby à XIII entre les Warriors d’Auckland et les Storm de Melbourne... Bon au final les australiens ont croqué les pauvres néo-zélandais, mais l’ambiance du match était très chouette, un peu comme un dimanche dans un club amateur avec les enfants qui font des passes sur la pelouse avant le coup d’envoi, les familles qui viennent manger des churros et boire des bières pendant la partie, et une proximité avec le terrain qui fait qu’on n’a vraiment pas l’impression d’avoir des pros sur la pelouse (alors que pourtant ça tape fort). On est quand même dans un sport business (chaque joueur est sponsorisé par une marque, genre un supermarché où une boisson, chaque pause dans le est prétexte à une pub...), mais l’ambiance du stade reste très familiale et détendue, vraiment un bon moment, surtout dans le pays du rugby 😀.

Rugby match in Auckland ! 

Après ces quelques jours, je reprends le bus vers Taupo, petite ville installée au bord du plus grand lac de Nouvelle-Zélande, et face aux magnifiques volcans du parc de Tongariro. À l’auberge où je pose mes affaires, je rencontre Hanna, une voyageuse tchèque avec qui on part explorer les alentours. Le lac, ses couchers de soleil et les couleurs à toute heure de la journée sont à tomber. Un vrai petit paradis de calme et de quiétude.

Taupo 

En remontant la rivière Waikato, depuis le port de Taupo, on arrive jusqu’aux Huka Falls, une petite cascade avec une belle eau translucide et un sacré courant pour ceux qui s’essayent au rafting ! En récompense de nos kilomètres de marche, pur café kiwi décoré avec la fougère et découverte du slivovice tchèque, une petite eau de vie à base d’abricot qui fait bien dormir le soir... 🥴

Huka Falls 

Comme je me sens vraiment bien dans cette petite auberge, je prolonge mon séjour pour quelques nuits supplémentaires. Les gens viennent et s’en vont, mais on se fait une petite bande de copains avec plusieurs français pour continuer à découvrir la magie de cette région. On va passer une après-midi au parc géothermique Horakei Korakau, où les odeurs de soufre rencontrent les couleurs de la silice et les vapeurs de sources chaudes.

Horakei Korakau 

Puis l’expédition qu’on veut tous faire en venant à Taupo prend forme : le Tongariro Alpine Crossing, bonne rando de 20km à travers les volcans était l’un de mes incontournables, mais je rêvais surtout de le faire en hiver avec les paysages recouverts de neige. Mais qui dit neige, dit conditions plus dangereuses et normalement un peu d’équipement de montagne... Alors qu’on essaye de se renseigner un peu sur les locations de crampons et de bâtons, les gens de l’office de tourisme nous promettent l’enfer, qu’on va tous mourir si on se lance dans les montagnes sans guide... À force de nous vendre leurs tours et leurs navettes incroyablement chères, on comprend qu’ils cherchent à protéger le business local et qu’ils ne vont pas vraiment nous aider dans notre projet... Après un bon check de la météo la veille, quelques renseignements pris auprès des magasins d’équipement de montagne et une organisation au top avec une voiture au départ et une autre déposée à l'arrivée de la rando, on se lance dans les escaliers du Mordor, à l’assaut des pentes sombres du Mt Ngauruhoe qui a servi à filmer la Montagne du Destin dans le Seigneur des Anneaux...

Tongariro, montée vers le Red Crater... 

Alors qu’on n’était pas franchement sûrs de pouvoir passer le sommet en partant le matin, le chemin est finalement bien praticable... Complètement recouvert de neige et de glace sur une bonne moitié du parcours, mais suffisamment tassées pour que ce ne soit pas trop une patinoire. À part quelques passages pentus un peu délicats où les bâtons sont nos meilleurs amis, les conditions sont juste parfaites avec un grand soleil qui nous accompagne toute la journée et aucun vent qui rendrait périlleux les passages escarpés en sommet. Les vues sont incroyables, on voit sans problème la mer de la côte est jusqu’au sommet de Taranaki à l’ouest. Et les couleurs sublimes, la neige contrastant avec le noir de la roche volcanique et faisant briller les nuances bleu/émeraude des lacs et le rouge du cratère de Tongariro. Finalement vraiment pas difficile comme marche, mais juste un pur plaisir de montagne pendant près de 8 heures, Tongariro restera dans le top des paysages les plus magiques que j’ai pu voir pendant tous ces mois de voyage. Même les guides croisés lors de la redescente nous ont félicité (on a surtout eu beaucoup de chance 🍀), nous disant qu’on avait choisi le jour avec les meilleures conditions depuis fort fort longtemps...

Tongariro, descente vers les lacs 

Bien contents de notre petit coup, on profite de nos derniers jours à Taupo pour se reposer et barboter dans les hot pools, sources chaudes en accès libre à quelques minutes de la ville... Et après quelques soirées à cuisiner des repas tous plus improbables les uns que les autres, entre spécialités tahitiennes, pizza au maïs et gâteaux ratés (ce moment où tu découvres que la pâte utilisée pour une tarte aux pommes est aromatisée avec de la graisse de légumes et de viande... 😋), on va reprendre la route avec Emeline, l’une des française rencontrée ici en direction de la côte ouest puis le nord de l’île !

Hot Pools et apprentis cuisiniers 
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Petit side trip qui nous a occupé une journée pendant mon séjour à Taupo, White Island est une petite île volcanique inhabitée et le plus actif des volcans de Nouvelle-Zélande. En une heure de bateau depuis la petite de Whakatane sur la côte nord, on arrive dans un autre monde, aux couleurs surnaturelles, l'air rempli de soufre et de fumée.

White Island depuis la mer 

En compagnie d'une amie allemande, on enfile les masques à gaz et le casque pour un petit tour au milieu des roches, jusqu'au bord du cratère (dont on a pu apercevoir un bout du lac quand la fumée s'est un peu dissipée !), jusqu'aux vestiges de l'exploitation minière, détruits par un effondrement du cratère en 1914. Pendant deux heures, on se croit vraiment sur une autre planète, à explorer cet environnement hostile mais magnifique, dont la dernière éruption ne date que de 2013...

Sur la planète White Island 

Et sur le chemin du retour, surprise ! Pendant qu'on déguste notre sandwich, quelques copains viennent faire des pirouettes dans l'eau à côté de nous...

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En compagnie de ma nouvelle travelmate Emeline, la route vers la côte ouest nous fait emprunter la "Forgotten World Highway", route du monde oublié... 150km d'une ambiance mystérieuse à serpenter entre les montagnes escarpées et les moutons. Du pur paysage néo-zélandais ! La route et les rares villages (dont certains sont devenus fantômes) datent du XIXe siècle et de la construction du chemin de fer. Mais depuis on dirait que rien n'a bougé, laissant la région en dehors du temps.

Après avoir traversé le Hobbit's Hole, un tunnel creusé à la main et avec une charpente en bois, on arrive dans la République de Whangamomona, une petite ville-état un peu barrée qui a auto-proclamé son indépendance en 1989 après avoir été éjectée de la région de Taranaki.

Chaque année, le Republic Day célèbre l'indépendance de Whangamomona, l'occasion pour les habitants de s'enjailler avec des activités bien du terroir : courses de moutons, lancers de bottes, dépiautage d'opposums... Et c'est aussi le jour où on élit le Président de la République. Comme c'est assez croustillant, petit cours d'histoire sur les présidents de l'histoire de Whangamomona :

  • 1989, le premier président a été élu à son insu, quelqu'un a glissé un bulletin sans qu'il le sache.
  • Lui ont succédé... Billy la chèvre, et Tai le caniche.
  • Comme la durée de vie des animaux était un peu courte, c'est ensuite le garagiste qui a été élu, mais qui a lui aussi fini par mourir quelques années plus tard
  • Le suspens de la dernière élection de 2019 était total puisque le président sortant faisait face aux candidatures de Maketoni l'ours en peluche, Sherman le cacatoès et Eunice le mouton... Mais une controverse féroce entoure cette élection puisque Eunice a disparu le jour du vote, alors que le stand de sandwich au mouton a connu un grand succès pour ce Republic Day... Coïncidence, complot ? Le mystère reste encore total...
Forgotten World Highway & Whangamomona 

Toutes ces manigances ne nous font quand même pas oublier notre destination : le volcan de Taranaki, que j'avais pu voir de loin lors de ma première descente de l'île du nord, mais qu'il me tardait d'approcher d'un peu plus près. Le volcan est cette fois bien recouvert de neige, et c'est une nouvelle petite rando bien glissante sur ses versants qui nous attend, avec des passages gelés pas faciles à négocier et où pas grand monde n'a envie de s'aventurer en hiver. Sauf un gars qu'on a croisé sur le chemin, snowboard accroché dans le dos, qui était allé goûter la neige fraîche du matin après quelques heures de marche... En récompense de cette belle journée hivernale, quoi de mieux qu'une petite glace bien fraîche, avec la plus classieuse des présentations :D

Taranaki 

Après ça, remontée vers le Nord, activation du mode touriste, et on craque pour la visite d'Hobbiton, village créé pour Le Seigneur des Anneaux et reconstruit pour la trilogie du Hobbit. Alors que j'hésitais vraiment à y aller vu le prix et la masse de touristes qui se suit en rangs d'oignons dans les allées, je me suis surpris à avoir des frissons et presque une petite larme à l’œil quand, au son de la musique du film passé dans la navette, on découvre les collines verdoyantes de la Comté... 😀

Pour la suite, on sait à peu près à quoi s'attendre, trous de hobbits en masse (de différentes tailles pour jouer avec la perspective des petits hobbits et des autres personnages plus grands), pauses photos à chaque coin de chemin, dégustation de la seule et unique bière du Hobbit (pas très bonne en vrai 🙈), mais l'immersion est totale et franchement c'est l'occasion d'un moment vraiment fun que je ne regrette pas du tout au final !!

D'autant que les guides sont chouettes, ne se prennent vraiment pas au sérieux et donnent plein de petites anecdotes marrantes sur le film et le tournage. Comme par exemple que Peter Jackson était un réalisateur très, très minutieux ! Dans le village, tout est "réel" : ce sont d'authentiques légumes qui poussent, le pont a vraiment été construit en pierre... Tout, sauf un arbre coupé après le Seigneur des Anneaux, reconstruit quasi à l'identique, mais que les décorateurs ont du repeindre à la main, feuille par feuille, parce que la couleur ne plaisait pas au réalisateur...

Hobbiton 

Notre route vers le nord s'arrête un peu plus tôt que prévu, Emeline tentant sa chance après une offre pour exercer son métier de guide à Auckland. Après la visite, c'est en stop que je repars pour aller m'occuper de ma voiture cassée, parquée depuis plus de 3 semaines dans les rues de Napier (où je travaillais) avec toutes mes affaires dedans. Le programme de mes derniers jours : direction la casse pour ma valeureuse voiture, un peu de paperasse, puis vélo et repos à Taupo.

Sauf surprise, Hobbiton devrait être la dernière étape de mon voyage en Nouvelle-Zélande, déjà tellement riche de paysages et de rencontres. J'en suis arrivé à un moment où j'ai le sentiment d'avoir fait tout ce que je voulais (et même beaucoup plus !) dans les visites et la découverte de ce pays. Et plutôt que de voyager sans une grosse envie qui m'anime, je préfère rester sur ce dernier petit bout de route inattendu, improbable, fun, où on s'est même remis à faire du camping en voiture malgré l'hiver !!

Me restent maintenant deux défis : alléger un sac encore bien trop lourd, puis trouver un petit boulot pour les deux mois qui me restent en vue des prochaines aventures qui se préparent... ✈️

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[7 août 2019, Aéroport d'Auckland, Nouvelle-Zélande]

On ne va pas se mentir, c'est avec la tête prise dans une joyeuse bousculade d'émotions, de souvenirs et de projets que je vous écris aujourd'hui ! J'en ai donc fini avec les voyages en Nouvelle-Zélande après 9 mois à découvrir et vivre cet incroyable petit pays du bout du monde. Dans quelques minutes je prendrai l'avion vers de nouvelles aventures, avec en ligne de mire la France, que je retrouverai au mois d'octobre.

Mais avant ça, j'ai quand même quelques histoires à vous raconter de mes dernières semaines ici...

Alors que l'on s'enfonce dans l'hiver et dans l'idée de trouver un dernier job pour passer la fin de mon voyage, c'est à Auckland que je décide de poser mes sacs. La plus grande ville du pays deviendra ma base pour mes dernières semaines et j'en profite pour m'aventurer dans les quartiers plus éloignés du centre, faire quelques musées, voir un spectacle maori, un Père Noël au mois de juillet, monter en haut de la Sky Tower, mais aussi au sommet de quelques-uns des 48 volcans de la région... S'il y a bien quelques petits événements (dont un "French Festival" qui nous a aussi permis d'avoir un beau feu d'artifice le 14 juillet !), la perspective de travailler et vivre à Auckland ne m'enchante finalement plus que ça.

 Auckland again

Direction donc le nord d'Auckland à Tawharanui, où je vais faire un nouveau HelpX (aider quelques heures chez des familles en échange du logement et des repas). Je me retrouve ici dans un petit coin de paradis où je n'aurais probablement jamais mis les pieds sans ça. J'habite chez Philippa (ou Pip) une kiwi qui vit avec sa fille au milieu des collines, des rivières, des moutons, des ânes et à quelques mètres de la mer. J’ai pour moi un graaaand hangar aménagé un peu en ambiance de camping, mais où je me sens tout de suite comme à la maison ! Pour mon premier jour là-bas, je réalise vite que ça va être assez tranquille, pas de travail pour commencer et Pip me prête un kayak pour aller explorer les baies autour de la maison. Sur le chemin, je rencontre le voisin Graeme à qui je donne un petit coup de main avec ses moutons : on est en pleine période de naissance des agneaux !!

Tawharanui à la ferme 

Après quelques heures de travail vraiment pas épuisantes (planter des arbres, protéger les plantes, faire un peu de bois et de bricolage dans la cabane des ânes...), Pip me fait découvrir les petits villages alentour et le parc de Tawharanui, où on peut voir plein d'oiseaux protégés dans un beau décor marin. Bref une petite semaine bien tranquille où j'ai adoré passer quelques jours !!

Tawharanui Park 

De retour en ville, je fais un dernier HelpX dans la banlieue d'Auckland chez David, un musicien qui a sa petite célébrité ici puisqu'il a joué pour l'orchestre national de Nouvelle-Zélande, Radio NZ et quelques autres ensembles nationaux. Après avoir pu gratter la guitare à Tawharanui, j'ai cette fois dans ma chambre un beau piano à queue ! Si je suis bien rouillé pour en jouer ça fait quand même super plaisir de pouvoir faire sonner quelques notes à nouveau !

David est comme on dit ici un "foodie", passionné de cuisine, toujours à la recherche de plats à préparer, et de vins à déguster. Du coup je ne vous raconte pas comment j'ai bien mangé pendant cette semaine (et amélioré ma culture des vins d'Océanie...). ET, j'ai appris l'authentique recette des grand-mères néo-zélandaises pour préparer le Pavlova, le dessert typique de Nouvelle-Zélande. Un délice de légèreté, si vous n'avez jamais goûté, j'importe la recette à mon retour !

Pendant le weekend on va se balader à Piha Beach sur la côte ouest, plage prisée par les surfeurs (même en hiver) et les habitants d'Auckland pour retrouver un peu de calme.

Te Atatu & Piha Beach 

Après ces semaines en immersion kiwi, le départ approche, et pourtant me reste une région où j'ai essayé plusieurs fois d'aller, mais le destin voulait que ce soit compliqué... A ma troisième tentative, je trouve donc le moyen d'avoir une voiture gratuite et m’offrir un tout dernier roadtrip... Mon but, faire la Péninsule de Coromandel, ses belles plages et une côte magnifique. C'est là qu'on trouve Cathedral Cove, une plage avec une incroyable arche entourée de falaises L'endroit est devenu encore plus connu car c'est un lieu de tournage de... Narnia ! (oui pour une fois on change de film 😀). Entre les gouttes et dans les nuages, j'aperçois un peu plus loin un bout de Cooks Beach, la plage où le Capitaine Cook aurait pour la première fois posé le pied en Nouvelle-Zélande en 1769...

Coromandel Peninsula & Cathedral Cove

Comme je dois ramener la voiture jusqu'à Wellington, j'en profite pour faire quelques arrêts curiosité sur le chemin. Dans le sud de Coromandel, à Waihi, un énorme trou témoigne de la richesse du sol, parce qu'on a sous les yeux une mine d'or, plusieurs fois fermée et réouverte à cause de glissements de terrain et de maisons écroulées dans le voisinage... Les gens du coin râlent beaucoup, que ce soit pour l'environnement ou juste la sécurité de leurs maisons, mais malgré ça il y a toujours des entreprises qui continuent l'exploration dans la région et envisagent de rouvrir la mine...

 Waihi

Un peu plus au sud, je fais une bonne pause à Tauranga et la péninsule de Mont Manganui. Retour express en été : longues plages de sable blanc, palmiers et douceur. Et surtout le volcan situé au bout de la péninsule qui donne un relief vraiment particulier à la côte. C'est ici la plus grande ville de la "Baie de l'Abondance", principale région agricole du pays. Et à quelques kilomètres se trouve Te Puke, auto-proclamée "capitale du kiwi" avec des vergers à profusion du magique fruit vert et symbolisée par une sculpture géante à l'entrée de la ville...

Mount Maunganui & Te Puke 

Pour continuer dans l'insolite rencontré lors de ma descente, la ville de Bulls a choisi l'humour pour se faire remarquer (sinon il faut bien dire qu'elle n'a absolument rien d'intéressant). A chaque coin de rue se glissent des jeux de mots utilisant le nom de la ville, de la mairie aux commerces et jusqu'aux poubelles ! Petit florilège...

Bulls, ville... ma-bull 

Après avoir traversé l'île du Nord, je retrouve donc Wellington et quelques copains. Je fais un rapide tour au musée Te Papa, avec ses grandes collections de culture maorie (désolé pour les photos, mais respect de la culture oblige, les appareils sont interdits dans cette partie du musée...) et quelques belles expositions.

Wellington, Te Papa 

Enfin on va faire une petite marche à Island Bay, quartier au sud de la ville pour aller voir les Red Rocks et la colonie de phoques qui se reposent tranquillement au soleil. Grosse surprise sur le chemin, le temps est si clair qu'on aperçoit au loin les premières montagnes enneigées de l'île du sud !! (probablement Kaikoura qu'on voit d'ici) Petit moment d'émotions et de frissons (aussi parce que le vent décoiffe ici...) de revoir ces paysages et cette terre qui m'aura tant marqué... Retrouver ce point central du pays, dans la capitale, sous un ciel parfaitement bleu est une conclusion parfaite à ce voyage. Toutes les boucles sont bouclées, et je peux partir l'esprit tranquille, les yeux rassasiés et le cœur comblé.

Wellington, Island Bay 

Pour autant les aventures ne sont pas encore terminées pour moi, avec de nouvelles îles à explorer ces prochaines semaines... Première étape : les voisins un peu éloignés du Vanuatu 🇻🇺

Je vous raconte ça tout bientôt, c’est l’heure d’embarquer !

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Avant de commencer et pour vous accompagner dans la lecture de cette étape, je vous propose - si le cœur vous en dit - une petite immersion en musique qui vous mettra dans l'ambiance de ce petit archipel qu'est le Vanuatu. Montez le volume, voici l'hymne de ma semaine, et c'est parti pour le Pacifique ! (laissez juste la musique, la vidéo n'a pas d'importance... 😉)

Alors, entre nous, j'ai plus ou moins découvert le Vanuatu en Nouvelle-Zélande, plus particulièrement quand je travaillais dans les vergers de pommes. Pourquoi là ? Parce qu'à chaque fois on y avait des collègues qui en étaient originaires pour faire la saison de cueillette avant de rentrer au pays. Moins connu que ses voisins Nouvelle-Calédonie, Fidji ou Samoa, le Vanuatu s'éparpille sur plus de 80 îles au milieu du Pacifique et au moment où j'ai cherché à échapper à l'hiver néo-zélandais, l'idée m'a séduit d'aller découvrir ce petit pays !

En descendant sur le tarmac de l'aéroport, je suis surpris par le terminal sur lequel est écrit en lettres capitales "Aéroport de Port-Vila". Puis, pour rejoindre mon premier motel, le conducteur (après quelques mots en anglais) commence à me parler français quand je lui dis d'où je viens... Je me gratte la tête pour comprendre cette bizarrerie, je ne pense pas avoir atterri en France... Mais après quelques rapides recherches, tout s'éclaire. Avant l'indépendance du pays en 1980, l'archipel (alors appelé Nouvelles-Hébrides) était géré conjointement par l'Angleterre et la France et les deux langues sont restées officielles, en plus du bislama local. Après en réalité le français reste quand même largement minoritaire, et parlé comme seconde langue par les personnes qui ont fait un peu d'études.

Cette petite parenthèse linguistique terminée, j'ai une bonne journée pour découvrir la capitale Port-Vila. Même si on est en "hiver" (on parle plutôt de saison sèche ici), la chaleur est étouffante dès qu'on s'éloigne un peu du front de mer. Si la ville n'a rien de très charmant, l'ambiance du centre est assez plaisante avec un grand marché ouvert jour et nuit et où certaines des familles venant vendre leurs produits passent la semaine sur place, dormant sur le sol pendant plusieurs jours avant de retourner à leur village. Malgré la taille modeste de la capitale, ça fourmille dans tous les sens avec un ballet incessant de vans qui permettent de se déplacer partout. Pas de ligne de bus ici, on arrête le chauffeur comme en stop et pour la broutille de 150 vatus (à peine plus d'1€), il nous emmène à l'adresse qu'on indique (souvent après avoir trois fois le tour de la ville pour déposer les autres passagers...). Sinon c'est toujours plein de monde dans les rues, on y croise des gens avec des iguanes sur l'épaule, des musiciens qui mettent l'ambiance à côté du marché, mais surtout beaucoup de gens qui prennent leur temps, posés sur un banc... C'est relax, le rythme des îles 😀

Port-Vila 

Port-Vila j'y reviendrai, mais avec ce trip au Vanuatu, j'avais envie de passer un peu de temps hors des sentiers battus et des hôtels avec piscine. Réputée pour l'authenticité de la culture traditionnelle, mais aussi pour avoir l'un des volcans actifs les plus accessibles du monde, Tanna s'est vite imposée comme l'île à découvrir parmi les 83 bouts de terre de l'archipel.

Retour à l'aéroport donc, pour faire le saut de puce depuis la capitale. On monte dans un petit coucou d'à peine 30 places qui, après le décollage, stoppe sa montée juste au-dessus des nuages, de sorte qu'on voit encore toutes les vagues en dessous de nous. J'ai la chance d'avoir le siège 1A, place de choix avec vue directe sur le cockpit vu qu'il n'y a pas de porte nous séparant des pilotes ! L'arrivée est géniale, je suis aux premières loges pour l'atterrissage... Mais quand les hélices de l'avion s'arrêtent de tourner, ce n'est pas encore la fin du voyage pour moi. J'ai réservé un petit bungalow dans un village près du volcan, soit de l'autre côté de l'île. Je retrouve mon conducteur et monte à bord d'un gros pickup. La voiture est toute grise, pleine de poussière, et on m'explique que le volcan est entré en éruption la veille, dégageant de gros nuages de cendres qui ont recouvert tous les chemins, les plantes et les feuilles à des kilomètres à la ronde. Pas de doute, le volcan est bien actif... On se met en route, avec un stop à Lenakel, principal village et dernière chance de faire des réserves de nourriture et d'eau potable avant de s'enfoncer dans la partie plus sauvage de l'île.... En partant de la ville, on récupère la famille qui m'accueille, quelques amis mais aussi quelques voisins qui prennent place en extérieur à l'arrière. Et avec toute cette joyeuse compagnie on part à l'assaut de la route qui devient vite une piste de terre défoncée où seuls de robustes 4x4 peuvent s'aventurer.

Vol & Lenakel 

Pendant 5 jours, je vais donc habiter dans le petit village d'Imaio, avec Kissel, sa femme Odile et leurs deux enfants. Ils ont construit un petit bungalow traditionnel, face au volcan, dont je vois les fumées s'échapper du cratère le jour et les lueurs rouges la nuit tombée... Kissel a appelé son logement "Volcano Vibes", tout simplement parce qu'on en est tout proche et qu'à la moindre explosion dans le cratère, les vibrations se propagent jusqu'au bungalow, faisant trembler les murs et voleter les rideaux à la fenêtre... Pendant mon séjour, Ron, le frère de Kissel va passer la plupart de son temps avec moi pour me montrer les alentours, la vie du village et avoir un aperçu du quotidien à Imaio.

Kissel, la famille & "Volcano Vibes" 

Difficile de raconter en quelques lignes toute une vie de village, mais pour vous donner une idée du quotidien à Imaio, imaginez pour commencer un dédale de petits chemins à travers la jungle, reliant les cabanes rustiques de chacune des familles, le nakamal (la place centrale), l'école en tôle et le terrain de foot en pente dont les buts sont construits avec des poteaux en bois. Ici l'électricité est limitée aux panneaux solaires que quelques familles ont achetés et qui permet de recharger un téléphone ou une petite lampe. Pas d'eau potable ni de douche (on se lave dans des grandes bassines), pas plus de commerce ou d'entreprise. Si personne n'a de travail, chacun a son jardin, ses plantes à cultiver et quelques animaux (poules et pour certains une chèvre ou une vache). L'église est une place importante du village, où les paroissiens les plus fervents vont tous les soirs. Pour avoir assisté à une messe un peu spéciale à mon arrivée, c'était impressionnant : le pasteur en transe, les familles chantant à l'unisson en tapant des mains... Le genre de moment où le terme de communion prend tout son sens...

Imaio 

Kissel et Ron prennent le soin de me faire rencontrer la famille, les voisins et je passe une bonne partie de ma première journée à déambuler dans le village et à m'imprégner du rythme particulier ici. Tout le monde se connait et en marchant au travers de cette jungle luxuriante (où tout est grand, touffu et très vert), on se fait offrir un peu de canne à sucre, une papaye ou encore une noix de coco fraîchement coupée et ouverte en direct au couteau. La nourriture est abondante et malgré la pauvreté du village, personne ne semble souffrir de la faim. Quand vient l'heure du déjeuner, il y a toujours une famille pour offrir un repas qu'elle vient de cuisiner... Il règne ici un vrai sentiment de communauté où chacun prête, échange, donne en fonction de ce qu'il a.

Au milieu de la jungle... 

Le lendemain de mon arrivée, c'est le 10 août, jour de fêter mes 27 bougies. Vous vous en doutez, je ne suis pas arrivé en le criant sur tous les toits. C'est donc sans vraiment y penser que j'attaque cette journée. On se rend avec Ron au village de Yabour, où il a une partie de sa famille. Là-bas, pas d'accès par la route, presque personne n'a de téléphone, on est vraiment au milieu de la jungle dans un isolement bien plus prononcé... Malgré ça, c'est là que je rencontre les personnes les plus adorables de mon voyage. : Samson, sa femme Grace et leur fils John m'accueillent avec beaucoup de chaleur et de gentillesse. Et alors qu'ils me demandent mon âge, je leur dis "27 ans aujourd'hui !" Ils insistent alors pour m'offrir le repas, veulent me donner des gâteaux et chocolats de leur maison (qui fait office de mini magasin du village).

Je passe là-bas une un bon bout de la journée, à discuter de leur vie, leur volonté de développer le village afin d'accueillir plus de visiteurs (je suis sur les fesses quand ils me disent que je ne suis que le troisième étranger à me rendre au village, habituellement personne ne vient jusque-là). Bref, Yabour restera un endroit à part dans mon voyage. Un village où je suis retourné, qui m'a très rapidement intégré à la vie de la communauté, avec la rencontre d'une petite famille qui m'a touché droit au cœur !

Yabour & repas d'anniversaire improvisé 

Après avoir passé du temps dans les villages, je meurs d'envie de m'approcher du volcan, où m'emmène mon fidèle guide Ron. Entouré d'une immense plaine désertique recouverte de cendres, le Mont Yasur n'est pas très haut mais dégage une sensation de puissance et un certain danger. Avec ces paysages lunaires, gris, ou seules quelques roches colorées se détachent parfois, j'ai l'impression (une fois de plus) d'avoir atterri sur une nouvelle planète. La journée étant déjà bien avancée, on remet le sommet à plus tard pour privilégier un rafraîchissement dans la rivière et rejoindre les enfants qui y jouent.

Autour du volcan 

Le lendemain, on me propose de participer à la danse traditionnelle, qui célèbre à la fois la bonne chance et demande la protection du volcan. On enfile les pagnes, je reçois une couronne de plantes, un collier d’hibiscus et j'accompagne tout ce petit monde pour taper des mains et des pieds ensemble. A la fin de la danse, j'apprends quelques coutumes traditionnelles (démarrer un feu juste avec du bois, comment utiliser des feuilles pour transporter quelqu'un...) et on m'offre un peu de coco avec de la patate douce fumée.

J'en profite pour faire un petit point cuisine car j'aurais mangé local pendant tout mon séjour. Tombant en plein dans la saison du taro, j'en ai mangé à toutes les sauces, mais aussi goûté un laplap (le plat typique du Vanuatu, où une pâte est formée à partir d'arbre à pain ou de racines de taro ; la pâte est ensuite enroulée dans des feuilles de banane et passée au four avec de la coco... un délice !). Sinon on mange aussi pas mal de riz, du très bon bœuf, un cochon sauvage qui donne de loin une espèce de jambon, ou encore du poisson... parfois servi au petit-déjeuner !

Mais LA spécialité du Vanuatu restera pour moi le kava. C'est la boisson incontournable de la vie du village, et chaque soir les hommes se rassemblent pour en prendre avant le repas (apparemment les femmes peuvent en prendre aussi, mais ça n'a pas l'air si courant). Le kava est une plante, le plus souvent broyée pour faire une poudre qui, mélangée à de l'eau, donne cette boisson qu'on retrouve dans pas mal d'îles du Pacifique (et chaque village au Vanuatu a son "bar à kava"). Mais j'ai eu la chance pendant que j'étais au village de goûter le "fresh kava", beaucoup plus fort et fabriqué à l'ancienne. La plante est mâchée pendant de longues minutes, jusqu'à en avoir suffisamment pour remplir un bon bol. On fait passer de l'eau sur le tas de plante mâchée à l'aide d'un tissu qu'on essore. Le kava est ensuite servi dans une moitié de noix de coco, et c'est cul sec jusqu'à ce qu'il n'y ait plus une goutte ! Le goût est assez piquant et après le kava, on se sent bieeeen, relaxé, un peu comme après quelques bières...

Danse traditionnelle & kava 

Pour finir mon séjour à Tanna, j'ai un peu joué avec le feu en attendant le tout dernier moment pour monter au sommet du Mont Yasur. Si avant l'accès était libre, on est maintenant obligés de réserver un tour avec des guides qui sont supposés être là pour la sécurité. Deux moments sont possibles pour monter au cratère : en plein milieu de la nuit avant le lever du soleil ou en fin d'après-midi en attendant que le soleil se couche. J'ai choisi la deuxième option, juste avant mon départ le lendemain. Sauf qu'au moment de monter, le volcan est dans les nuages et c'est sous une pluie battante qu'on monte dans les voitures nous emmenant au sommet. Arrivés là-haut, on se regarde une bonne heure avec les gens du groupe, tout est gris, on ne voit que des nuages et malgré les vestes de pluie on est trempés jusqu'aux os avec les poumons qui se remplissent de soufre. Au bout d'un moment, une partie du groupe abandonne, retourne aux voitures et redescend sans avoir rien vu. Avec quelques courageux on persévère et soudain la pluie s'arrête, le vent se lève et dissipe les plus bas nuages. L'une des guides nous crie alors de nous dépêcher et on court jusqu'au point le plus haut du cratère (jusque là inaccessible) qui nous permet de voir à l'intérieur. Et là j'ai sous les yeux l'un des trucs les plus dingues que j'ai pu voir de toute ma vie . Dans la pénombre, au fond du cratère, on voit la lave incandescente bouillir, désintégrer la roche... Comme un Œil du mal, une porte vers les Enfers, l'imagination n'arrive même pas à suivre tellement c'est surnaturel d'être là. Et soudain la première explosion, avec des jets de lave qui s'élèvent à plusieurs dizaines de mètres jusqu'à notre hauteur ! L'onde de choc est terrible, ça te traverse le corps et te fait reculer d'un pas tellement c'est puissant. Moment hors du temps, je ne sais pas combien de minutes on est restés, tous fascinés par ce qu'on avait sous les yeux, jusqu'à la redescente à la torche, dans le noir, accompagnés par les explosions qui se font de plus en plus lointaines.

A mon retour, Ron cherche un nom pour le futur bungalow qu'il souhaite construire. Dans l'inspiration du moment, je lui propose "King Of Fire". Ça a l'air de lui plaire, si un jour vous faites un voyage au Vanuatu et que voyez le nom sur Airbnb, vous saurez d'où ça vient...

Cratère du Mt Yasur 

Après cette fin en apothéose à Tanna, je retourne à Efate, l'île de capitale. Je prends quelques jours pour me remettre de mes émotions avant de partir à l'exploration de cette île. Je rencontre Gwendal, un français dans mon auberge et avec Hunter et Ronnie, un américain et un néerlandais, on loue une voiture pour faire le tour d'Efate. Entre repas pris au bord de la route avec les locaux, arrêts plages puis dans un lagon à l'eau translucide, on passe deux belles journées à visiter tranquillement les alentours même si le temps est un peu capricieux (et l'appareil photo aux abois, j'avoue que la plupart des images ici ne sont pas de moi...)

Efate : plages & Blue Lagoon 

Petite histoire marrante, j'ai pris comme d'habitude des nuits en dortoir dans une petite auberge, mais Hunter et Ronnie sont en vacances et se sont offerts une chambre dans un bel hôtel avec pas mal d'étoiles... Comme personne parmi le staff ne nous demande vraiment d'où on vient, on profite donc un peu en filous de la piscine, des kayaks en libre-service (et pour moi, même d'une nuit sur le canapé avant de partir à l'aéroport tôt le matin). Finalement je l'aurais eu mon hôtel avec piscine !

Voilà le donc le bout de ces dix jours intenses dans le Pacifique... Tankiu tumas Vanuatu ! Prochaine destination la Polynésie où m'attendent les Leverd du bout du monde installés à Tahiti.

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Mis en appétit par le Vanuatu, je poursuis l'exploration dans le Pacifique avec la Polynésie. Pas du tout prévue au départ, l'escale s'est un peu improvisée pendant que j'étais à Auckland. Réalisant que je n'en étais pas si loin, c'était clairement le moment où jamais d'y faire un tour... La rencontre d'un copain tahitien en Nouvelle-Zélande et surtout de savoir qu'un ancêtre de la famille s'est installé là-bas, y fondant toute une branche de Leverd, m'ont décidé à prendre mes billets sans réellement savoir à quoi m'attendre sur place. Pendant 10 jours je mets le mode aventure en pause et me laisse un peu porter par ces grands cousins qui m'accueillent avec générosité incroyable et me font découvrir ces îles dignes des plus belles cartes postales. A l'arrivée à Tahiti, j'ai à peine le temps de recevoir les colliers de fleur d'accueil que je repars pour l'île des rêves : Bora Bora où la plus grande partie de la famille est installée. La sortie de l'aéroport est de suite magique. Eau turquoise, lagons riches en poisson, montagne, tout est là pour en prendre plein les yeux !

Bora 

A Bora, l'île principale abrite les montagnes escarpées et les principales zones d'habitation. Elle est entourée de dizaines de motus, atolls plus ou moins grands dont certains sont habités et où sont installés les plus beaux hôtels. La tante Vavi qui m'accueille habite sur le plus grand de ces motus, dont l'accès se fait uniquement par bateau. Sur place, c'est le calme, les plages parfaites et des vues directes sur les sommets de Bora mais aussi les îles de Tahaa et Raiatea.

Le motu 

Pendant la semaine, tous les moyens sont bons pour avoir du bon temps au milieu des lagons... Tout en rencontrant les nombreux cousins, ça part en baignade, balade en kayak, tour en pirogue où on a pu nager au milieu des requins et des raies (dont 2 énormes raies manta !), snorkeling dans les coraux et même un tour en jetski !

Kayak, pirogue Et jet sur le lagon

Pour ne pas perdre les bonnes habitudes, une petite randonnée s'impose pour prendre un peu de hauteur sur la mer, voir la passe naturelle de Bora et se rapprocher du sommet parfois ennuagé du Mt Otemanu (ben oui il ne fait pas non plus tous les jours grand soleil, le ciel apporte régulièrement une bonne petite averse mais qui le plus souvent passe bien vite et rafraîchit un peu tout le monde !)

Petite randonnée au Mt Popoti 

Après ça je teste la pêche sous-marine avec le tonton Julio ! Palmes aux pieds et fusil en main, on part au milieu des coraux chercher les meitos qui finissent le soir à la poêle. Fraîcheur garantie et qualité 100% bio, comme tous les fruits qu'on peut trouver sur le motu d'ailleurs : coco, goyave, papaye, bananes sont juste délicieux ici !

A la pêche ! 

La vie à Bora c'est aussi les bons repas avec la famille (je suis tombé amoureux du poisson cru, chaque jour j'avais ma ration quotidienne, souvent au petit déjeuner !), mais aussi un spectacle "traditionnel" de danse dans un des hôtels (ma tante tenait à ce que je vois les vahinés bouger leurs fesses et les tanes en pagne...) ou encore des ateliers de confection de coquillage et de teinture de paréos. Bref la vie est belle et la semaine passe incroyablement vite.

Carpe Diem in Bora 

A la fin de mon séjour, il me reste deux petits jours à Tahiti pour avoir un petit aperçu de l'île et de la capitale Papeete. Si le temps joue un peu les trouble-fête, on arrive à faire un petit tour de l'île en voiture avec des cousins, voir quelques grottes, cascades, l’étonnant « Trou du souffleur » et ses « éruptions » d’eau et un des marae, anciens lieux de culte polynésiens dont la plupart ont été détruits par les missionnaires, mais qui servent encore de décor pour certaines fêtes aujourd'hui.

Tahiti & Papeete 

Bon entre nous j'ai fait au mieux pour aligner quelques phrases, mais j'écris tout ça depuis l'aéroport de Singapour, début du dernier chapitre de cette année de voyage. Il est très exactement 4h du matin et je suis levé depuis 24h et mon ultime départ d'Auckland ce matin... S'il y a un peu plus de raccourcis que d'habitude et peut-être quelques coquilles restantes, régalez-vous avec les photos, j'espère qu'elles reflètent à peu près l'incroyable chance que j'ai eue de pouvoir poser les pieds ces autres îles du bout du monde. Sur ce, je vous laisse sur les lumières du soleil de Bora Bora (difficile de ne pas être sur la plage tous les soirs pour profiter des couleurs).

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Fini le temps des espaces sauvages d'Océanie, place à une activité que j'avais laissée de côté depuis un bout de temps : un peu d'exploration urbaine ! Chaussures lacées, appareil photo dans la poche et c'est parti pour quelques kilomètres dans les rues de Singapour, petite île incroyablement dense, où le ciel offre plus de place que la terre pour construire et se développer.

On n'oublie pas la gourde d'eau remplie à bord, ici c'est 33 degrés tous les jours, avec 60 à 70% d'humidité (je vous laisse imaginer le ressenti...) Je n'ai que deux petits jours à passer, mais c'est déjà pas mal pour avoir un aperçu de l'ambiance. Les légendes de propreté, d'ordre et de modernisme de Singapour se vérifient assez vite, pas une tâche sur les trottoirs, pour un "parisien", c'est fascinant de voir que les équipes de nettoyage astiquent jusqu'aux poubelles et aux armoires électriques... Et ici on ne rigole pas avec la discipline, vilaine amende si on jette quelque chose part terre ou si on mange dans le métro, traversée au rouge ou hors des passages piétons à nos risques et périls et plus bizarrement interdiction d'avoir des chewing-gums.

Ça n'empêche pas la ville d'être intéressante avec une grande diversité d'influences culturelles qui s'y mélangent. Le grand centre financier ultra-moderne et luxueux côtoie les héritages chinois, malais, britannique et les influences indiennes. On parle beaucoup de langues de la rue, et les différentes religions semblent cohabiter (bon après je ne sais pas comment ça se passe, je ne suis resté que deux jours, mais Singapour est quand même une des villes les plus sures du monde...). Chinatown, Little India, Arab Street ou encore Kampong Glam témoignent des différentes ambiances et du multiculturalisme de la ville.

Dans les rues de Singapour 
Chinatown 

Après Singapour est clairement plus connue pour ses tours vertigineuses, son design moderne et le quartier de Marina Bay qui représente le mieux le mieux le côté démesuré de cette ville. Quand j'ai commencé à me balader dans Singapour et que j'ai aperçu au loin le sommet du Marina Bay Sands, cet incroyable complexe à trois tours surmonté d'une espèce de bateau géant, je suis resté bloqué avec les yeux grands ouverts. Evidemment le commun des mortels n'y a pas accès mais il faut s'imaginer que le sommet est une piscine de 150m de long...

Si c'est le building qui m'aura le plus marqué, la ville est un concentré de tours de banque, centre commerciaux et hôtels au luxe dégoulinant. Même si ça n'a pas autant d'âme qu'une bonne vieille montagne, on ne peut pas s'empêcher d'être impressionné par l'ambition du design de ces quartiers, où les lignes, les courbes et les lumières sont juste spectaculaires. Mais si le verre et le béton sont omniprésents, Singapour prend aussi soin de son image de ville jardin (le gouvernement veut même que ça devienne "une ville dans un jardin"... D'où la construction des Gardens by the bay, avec ses arbres futuristes, qui ressemblent un peu à des châteaux d'eau 2.0 de jour, mais qui prennent une autre dimension à la nuit tombée...

Marina Bay 

Pour continuer dans les parcs de Singapour, le jardin botanique état l'un des seuls endroits de la ville dont j'avais entendu parler et qui me semblait incontournable lors d'un passage ici. Finalement rien de spectaculaire là-bas (ma surprise a été au maximum en voyant la collection de bonsaïs...), c'est un poumon vert à quelques pas du centre, avec une belle variété de plantes en tout genre, et un endroit très calme où il fait bon se poser pour échapper à la frénésie et à la fournaise de la ville.

Jardin botanique 

Par contre quand vient la nuit, la ville se transforme, en particulier dans le quartier de la marina, que j'étais curieux de voir illuminé. Et effectivement les arbres artificiels prennent vie, les tours changent de couleurs et donnent de jolis reflets dans la baie. Aux Gardens by the Bay, des spectacles de lumières, concerts et illuminations quotidiennes en font l'un des passages obligés pour les touristes. On en prend plein les yeux et même si c'est un peu du spectacle pour du spectacle, ça reste plutôt réussi et divertissant.

Singapour by night me laissera sans aucun doute les images les plus fortes de cette ville parfois assez superficielle mais à l'architecture sacrément photogénique. Une vraie curiosité des temps modernes, plus ou moins ce à quoi je m'attendais finalement.

Gardens by the bay 
Singapour by night 
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Passée la frontière entre Singapour et la Malaisie, je fais un premier arrêt à Malacca, dont le nom rappelle vaguement les cours de géographie et un certain détroit... Improvisation totale pour cette étape que je n'ai absolument pas préparée je n'ai d'ailleurs même pas de carte pour arriver jusqu'à mon auberge et j'y vais à la boussole jusqu'à trouver la bonne porte...

La ville a une histoire intéressante puisqu'elle a été stratégique depuis des siècles, fondée et dirigée par des sultans puis convoitée par les colons européens qui se sont tapés dessus pour en prendre possession jusqu'à l'indépendance définitive de la Malaisie en 1957. On y trouve du coup les vestiges des fortifications érigées par les portugais, les restes d'églises fondées par les missionnaires, quelques traces du passage des hollandais et pas mal d'influence britannique. Et si j'ai zappé la mosquée sur l'eau, l'un des principaux monuments de la ville (le revers de l'improvisation, j'ai découvert son existence en partant...), j'ai eu un petit aperçu de l'animation des soirées à Malacca. Parades dans les rues, grand marché de nuit, concerts et spectacles jusque dans la cour de notre auberge... On était vraiment bien situés pour profiter de tout ça.

Un peu trop même, car l'une des spécialités de Malacca est le trishaw, sorte de side-car à pédale, qui était un mode de transport traditionnel par m’en passé puis remis au goût du jour pour les touristes. Là où ça devient marrant c'est que les trishaws de 2019 sont parfois joliment décorés, mais souvent customisés Hello Kitty ou Pokémon pour faire craquer les gamins. Et qu'ils mettent à fond des musiques complètement aléatoires, du métal à la musique chinoise, créant un joyeux bordel dans les rues jusqu'à une heure bien avancée de la nuit ! 😀

Malacca 

Après ça je poursuis ma route jusqu'à la capitale Kuala Lumpur. Vraiment une drôle de ville, à première vue, pas franchement attirante, encombrée, grise, avec un smog qui pesant qui donne une étrange ambiance de fin du monde par endroits... Parmi toutes les tours de cette ville, qui se veut moderne mais par endroit déjà désuète, les Petronas Towers font quand même un sacré effet, et sont toujours aujourd'hui les tours jumelles les plus hautes du monde.

Heureusement j'y retrouve Triston, un copain avec qui j'ai travaillé en Nouvelle-Zélande et qui habite ici, il m'emmène à travers les coins moins connus de la ville, les mosquées et temples, mais surtout dans des bonnes petites adresses à la découverte des food courts de Kuala Lumpur. Sucré, salé, épicé, indien, chinois, , malais, végétarien... il y en a vraiment pour tous les goûts et je goûte tout plein de plats parfois surprenants, dont certains me donnent le feu à la bouche, mais qui font découvrir de nouvelles saveurs et des consistances improbables !

Kuala Lumpur 

Au Nord de la ville, on visite les Batu Caves, impressionnantes grottes à l’intérieur desquelles ont été construits des temples. Sur le site, qui est un des principaux lieux de culte des hindous en dehors de l'Inde, on est accueillis par la statue géante du dieu de la guerre. Il faut un peu de courage pour grimper le raide escalier coloré menant jusqu'aux grottes, où vivent aussi toute une colonie de singes gourmands en quête de fruits, toasts ou bonbons apportés par les fidèles comme offrandes. Pas effrayés pour un sou, ces petits acrobates sont une attraction en soi aux Batu Caves, même si c’est un peu triste de les voir si loin de leur vie sauvage dans la jungle...

Batu Caves 

Voilà pour l’instant, la péninsule et la capitale j’y reviendrai bientôt, mais avant ça petit détour par l’autre bout de la Malaisie, sur l’ile de Bornéo !

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Pour cette incursion dans la partie malaisienne de Bornéo, je me concentre sur le nord de l'île et l'Etat de Sabah. La porte d'entrée est la ville de Kota Kinabalu (KK pour les initiés !) et bizarrement, même quand on vient de la capitale, passage à la douane obligatoire et je collecte un nouveau petit tampon sur le passeport.

Si la ville n'a rien de très excitant, le parc Tunku Abdul Rahman n'est qu'à quelques minutes de bateau. Parmi les cinq îles du parc, je choisis un peu au hasard Manukan, pour relaxer sur les plages de sable blanc et profiter d'une eau à la température d'un bain... Après les plages toutes calmes de Nouvelle-Zélande, j'ai l'impression que c'est plein de touristes, même si en vrai on est loin de faire les sardines comme sur la Côte d'Azur...

Manukan Island 

Kota Kinabalu devient plus intéressante la nuit, je fais un petit détour par la mosquée de la ville pour la voir éclairée puis déambuler dans les marchés de nuit dont je ne me lasse pas !! C'est toujours plein de curiosités culinaires à tester, mais je tombe aussi sur sur un petit festival de la communauté chinoise avec un concours de lanternes et quelques petites animations qui ambiancent les rues.

KK la nuit 

Je laisse KK pour quelques temps pour m'enfoncer dans la jungle de Bornéo à la recherche d'un environnement un peu plus sauvage. Après un trajet particulièrement monotone où à perte de vue s'étendent des plantations de palmiers (exploités uniquement pour l'huile...), on arrive au bord de la rivière Kinabatangan. La région est protégée pour préserver le riche écosystème et pendant trois jours, des tours en pirogue et des marches nocturnes nous permettent d'aller à la rencontre des habitants à pattes, plumes et poils qui vivent ici. Grâce à notre super guide Kairo, qui a grandi dans un des villages au bord de la rivière et connait la région comme sa poche, on a réussi à tomber sur pas mal de monde...

Kinabatangan River 

Les oiseaux sont nombreux et je retrouve avec plaisir les jolis kingfishers que j'avais pu apercevoir en Nouvelle-Zélande, en les approchant cette fois-ci de près. Mais souvent les jumelles sont de mise pour voir en détail les différentes espèces qui traversent le ciel. Les singes par contre sont plus facile à trouver, macaques et proboscis monkey (les singes marrants avec un long nez) sont ceux dont on a pu avoir les meilleurs photos, mais là encore pas mal d'espèces se baladent d'arbre en arbre. Sinon au bord de la rivière on est tombés sur quelques impressionnants crocodiles qui digèrent leur pique-nique. Lézards géants et félins étranges dont j'ai oublié le nom complètent l'abondant bestiaire qu'on a pu découvrir ici. Cerise sur le gâteau, le dernier jour, quelques minutes avant de rentrer du dernier tour en bateau, on a la chance de voir un jeune orang-outan sauvage, juché sur une branche de ficus et en plein petit-déjeuner. De plus en plus difficiles à trouver, leur nombre à largement diminué depuis que leur habitat est détruit par la déforestation et le développement sans fin de l'industrie d'huile de palme... On prend donc le temps de savourer à sa juste valeur notre chance d'en voir un encore dans son environnement naturel.

Les autres habitants de Bornéo 

La nuit, l'atmosphère de la jungle est magique, on n'entend plus que les bruits de la forêt et des animaux. Là c'est le moment où tu es vraiment content d'avoir un guide. La végétation est tellement dense qu'en quelques secondes tout sens de l'orientation inexpérimenté est complètement déboussolé. D'ailleurs Kairo nous prévient, si on se perd dans la jungle, il vaut mieux s'arrêter taper sur un arbre et attendre que quelqu'un vienne plutôt que de tenter de retrouver son chemin et être complètement paumé... Si le jour il faut faire un peu attention aux sangsues et serpents, la jungle nocturne est le royaume des moustiques et des fourmis (croyez-moi c'est pas les mêmes que chez nous, elles piquent méchamment...). Difficile de revenir indemne d'une petite marche, même en se couvrant ils se faufilent sous les manches et les pantalons. Mais bon ce n'est pas pour eux qu'on vient, araignées, oiseaux et primates endormis (on a vu deux petits tarsiers !) valent bien quelques piqûres 😀.

Ressourcé par l'air pur de la forêt, il est maintenant temps de ressortir l'équipement de randonnée !

Les noctambules de la jungle 

Il y a quelques mois en Nouvelle-Zélande, j'étais tombé sur une photo du Mont Kinabalu. Sans vraiment savoir pourquoi je m'étais alors mis en tête d'aller grimper cette montagne et c'est elle qui a été le point de départ de tout ce voyage en Malaisie. Véritable monument ici, le Mt Kinabalu est le plus haut sommet du pays et est l'emblème qu'on retrouve sur le drapeau de Sabah. Et voilà, quelques mois plus tard j'y suis ! Prêt à me frotter aux 2229m de dénivelé qui séparent Timpohon Gate la principale entrée du parc, du Low's Peak, le sommet de Kinabalu. Accompagné de mon guide Byron (permis et guide accrédité sont obligatoires), c'est parti pour deux jours intenses. Honnêtement c'est pas une aventure facile, le chemin est une longue succession de roches et marches en escalier à travers la forêt tropicale. Quasiment aucun replat, juste quelques abris pour ceux qui ont besoin de s'asseoir un coup et trouver un second souffle. Mais quand on voit les porteurs qui, avec près de 30kg dans le dos, montent les sacs de certains voyageurs mais surtout l'intégralité de l'approvisionnement des refuges, on se secoue les jambes et on grimpe ! La première journée est consacrée à la montée jusqu'à Panlaban, où sont construits tous les refuges. le restaurant où sont servis les repas et... un terrain de volley. simplement installé là. On est alors déjà à 3272m d'altitude... En prévision du lendemain, tout le monde essaie de se coucher tôt, dès 19h, avec de toute façon une extinction des feux à 20h... Bon honnêtement c'est pas une réussite, pendant des heures les gens dans le dortoir, remuent, soufflent, toussent, se lèvent, bref, pas grand monde ne ferme l’œil de la "nuit".

Mt Kinabalu, de la porte au refuge 

Et pourtant c'est bien à 2h du matin qu'il faut se réveiller, avec l'aide d'un plat de nouilles pour se donner quelques dernières forces avant de relacer les chaussures. Lampe frontale accrochée autour de la tête, c'est reparti pour un tour de marches de plus en plus pentues. La forêt tropicale laisse place à une végétation alpine, puis plus rien que de la roche grise et rugueuse, signifiant qu'on approche du but. Il fait encore nuit quand nos torches éclairent le panneau de Low' Peak, récompensant tous les courageux qui se sont accrochés jusqu'au bout d'une bonne dose d'autosatisfaction ! Mais on est un poil en avance pour l'objectif ultime, le lever du soleil au sommet ! Il faut se cacher quelques minutes entre les aspérités de la roche pour se protéger du vent glacial (on a beau être sous les tropiques, à 4095m d'altitude, on se les pèle !). Mais rapidement les premières lueurs apparaissent, dévoilant les contours de tous les sommets escarpés entourant le Mt Kinabalu et les couleurs de l'aube. Puis c'est le long retour jusqu'à l'entrée du parc, où les genoux doivent encore encaisser plus de 2000m de descente d'un coup. Et pour moi le trajet se prolonge avec le retour jusqu'à l'aéroport de Kota Kinabalu et un vol de nuit pour retrouver la péninsule et la capitale. La fin d'une longue journée et d'une inoubliable aventure sur ces terres sauvages de Bornéo !

Kinabalu Summit : Low's Peak & South Peak
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Après deux semaines passées en Malaisie, petit coup d'improvisation et changement de plan. Au nord du pays, je vais préférer une destination un peu différente avec quelques jours chez les voisins thaïlandais et la capitale Bangkok. Curieux de cette ville qui compte parmi les plus animées d'Asie, je vois vite le changement de décor, de langue, d'alphabet et de culture. Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de différences !

Déjà la ville est énorme. Moi qui suis plutôt habitué à déambuler sur des kilomètres à pieds dans les villes, j'ai dû me rendre à l'évidence, skytrain, bus, moto ou tuk-tuk sont indispensables pour se déplacer ici. Et les grandes avenues sont tellement saturées de voitures et de senteurs de gasoil qu'il fait bon prendre un petit break climatisé dans le métro.

Bangkok 

A chaque coin de rue, les toits colorés des temples pointent le bout de leurs tuiles. Ils sont juste partout, imposants, plein de dorures et de bouddhas géants. Souvent on y croise les moines et des locaux qui viennent avec des offrandes. Je me passe du Grand Palace, apparemment le plus beau, mais cher et un peu trop fréquenté... Pas de regret, il y en a tellement d'autres où il fait bon prendre son temps au son des chants zen.

Temples, petite sélection 

Après, la vie moderne se passe beaucoup dans les malls, ces centres commerciaux qui, pour les plus gros sont de vrais villes à étages. Parfois marrants avec des décorations bien kitsch, ils représentent bien la consommation assez frénétique à Bangkok.

Malls 

Je suis toujours curieux de voir un peu à quoi ressemble voir la nuit dans les grandes villes. Les éclairages, les lampes et les néons des rues transforment l'ambiance de tous les quartiers qu'on redécouvre sous... une nouvelle nuit. Et jusque tard, très tard même, les rues sont toujours aussi blindées.

Bangkok la nuit 

Plus apaisants, les quartiers autour des "khlongs" (les canaux) permettent de voir un autre Bangkok, plus ancien, qui vit sur un rythme moins supersonique. Avec des maisons sur pilotis, pirogues et petits commerces, c'est aussi un endroit où il est plus facile d'échanger avec les locaux, qui ont tout le temps de bavarder tranquillement entre deux siestes de l'après-midi.

Quelques khlongs 

Pour encore plus de calme, Sri Nakhon Khuean Khan Park est assez troublant. Depuis le plein cœur de Bangkok, une minuscule traversée de l'autre côté de la rivière emmène dans une oasis de jungle. Pas vraiment un parc, on a plutôt l'impression de prendre un aller simple pour la brousse thaïlandaise avec de vieilles maisons cachées dans les palmiers et une végétation dense. Vraiment grand, il vaut mieux s'y déplacer en vélo et c'est un peu comme si on avait laissé la campagne dans un quartier. Avec de l'autre côté de l'eau les tours, si proches mais qui paraissent d'un coup tellement loin.

Parc 

De retour en centre-ville, j'ai beaucoup aimé le grand musée d'art contemporain, moderne et accueillant, mêlant petites boutiques, galeries et expositions. On y trouve un peu de tout, des peintures assez classiques où on voit la tête du roi partout, des créatures issues des légendes locales, des vidéos de Manit Sriwanichpoom (j'avoue, j'en parle juste pour le plaisir de caser un bon gros nom thaïlandais imprononçable), un gars rigolo tout en rose qui vient mettre le bazar dans les marchés, centre commerciaux et grosses enseignes de consommation. Et quelques autres pièces improbables... (les bilingues en latin peuvent-ils traduire la phrase au-dessus des fesses de ces messieurs ?)

Musée 

Car au final, avec la savoureuse cuisine, c'est sûrement ce que je garderai de cette ville : l'insolite, la surprise permanente. En quelques jours, les œufs roses (oui oui, apparemment c'est lié à l'alimentation des poules), un vieux qui pêche à la bouteille dans les canaux, un squelette à lunettes de soleil qui fait la prière ou la circulation totalement anarchique sont autant de petites choses qui m'ont enlevé quelques sourires. Certes Bangkok n'est pas toujours très belle. Certains diront aussi que c'est trop le bordel 😉Mais c'est tellement plein de monde et de diversité mélangés et agités avec un petit grain de folie qui font qu'on ne doit jamais s'y ennuyer...

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C'est depuis un avion quasiment vide que je me prépare à vivre ma dernière semaine de voyage avant le retour vers la France (déjà ? enfin ? je ne saurais pas trop dire...). Pendant la descente, l'avion déchire une brume permanente ici avec parfois des couleurs assez irréelles quand le soleil pointe le bout de son nez.

HK vu du ciel 

Avant de venir je ne savais pas trop dans quel état j'allais trouver la ville, secouée par les manifestations pro-démocratie et une relation vraiment tendue entre la police et la population. A mon arrivée, en pleine semaine, pas de problème particulier, les rassemblements sont surtout le dimanche et pour mes premiers jours ici, Hong Kong semble être une ville comme les autres (bon d'accord presque comme les autres, parce qu'ici on a quasiment 7000 habitants au km²). Si peu de place et tellement de monde... Suivant des conseils avisés, je monte au Victoria Peak, l'un des plus haut points de l'île d'Hong Kong d'où on domine les buildings coincés entre la mer et les montagnes. Et qui offre une petite dose de nature inattendue à deux pas de la ville.

Victoria Peak 

Je retrouve ici Haywood, un copain avec qui j'ai ramassé les pommes en NZ et qui m'avait promis de la belle randonnée lors de mon séjour. Sur le coup j'y croyais à moitié, pour moi HK n'était qu'une grosse ville bitumée. Mais forcément j'avais bien tort la ville est très resserrée et une bonne partie d'Hong Kong est faite de verdure et de montagne avec des paysages que je n'aurais jamais imaginés dans ce coin du monde. En montant le Sharp Peak (qui porte parfaitement son nom), il faut s'armer d'une bonne dose de courage, déjà pour avaler un chemin un peu dangereux où il vaut mieux regarder à deux fois où on pose le pied, puis résister au violent cagnard qui tape sur le crâne et organiser ses trajets. Car on domine ici une côte isolée et restée très sauvage, loin du centre et de ses centaines de lignes de bus.

Sharp Peak 

En face de la moderne île d'Hong Kong, qui abrite une bonne partie du centre financier, Kowloon est plus traditionnelle. C'est là que s'empilent le plus grand nombre de tours d'habitations, pour la plupart érigées après-guerre quand la population à explosé. Avec Mong Kok qui obtient la palme du quartier le plus dense au monde.

Entre les grandes avenues se faufilent une multitude de petites rues commerçantes, où les marchés sont ouverts jour et nuit, confirmant la réputation qu'en Asie, les villes ne dorment jamais. Pour comprendre un peu mieux la situation actuelle, je fais un petit tour au frais dans le passionnant musée d'histoire de la ville qui raconte bien la spécificité d'Hong Kong en Chine. Et je termine par une balade le long de Victoria Harbour qui s'illumine progressivement en fin de journée.

Kowloon 

Mardi 1er octobre, c'était Fête Nationale pour la République Populaire de Chine particulièrement importante cette année avec la célébration des 70 ans du régime. Une grosse affaire pour Pékin et une occasion immanquable pour les protestataires d'Hong Kong d'exprimer leur mécontentement. Après un dimanche de manifestation comme il y en a depuis des mois, cette journée du 1er octobre était annoncée comme explosive avec des rassemblements prévus dans plusieurs quartiers de la ville. Sans faire un cours de politique, pour comprendre vite fait ce qu'il se passe ici, en gros :

  • Hong Kong a été rétrocédé par la Grande-Bretagne à la Chine en 1997, sous réserve que la ville conserve sa spécificité pendant 50 ans avec un statut particulier, un gouvernement propre et davantage de libertés qu'en Chine continentale. Le principe fondateur étant "un pays, deux systèmes"
  • La population réclame 5 demandes bien précises en faveur de la démocratie et des libertés individuelles...
  • ...auxquelles se sont ajoutées des revendications contre l'autoritarisme de la police depuis que les manifestations ont été violemment réprimées ces derniers mois.

Cela dit, il y avait du peuple dans les rues, tout le monde équipé de parapluies en hommage aux manifestations de 2014 et... pour se cacher de la police. Tout l'après-midi la ville était "lockdown", de nombreuses enseignes fermées, les transports arrêtés et les manifestations interdites. Pas de quoi empêcher des centaines de milliers de personnes de défiler dans les rues et faire face à des policiers bien excités.

1er octobre, la température monte 

Dernière et longue journée avant le retour, qui commence au lever du soleil pour aller prendre le ferry vers Lantau Island, la plus grande des îles d'Hong Kong. On y trouve le Big Buddha, impressionnante statue perchée sur la montagne, mais aussi un bon petit pic à grimper d'où on a (malgré la brume) de chouettes vues sur les réservoirs, le monastère Po Lin et l'aéroport qui est tout proche. Un peu plus bas, le petit village de Tai O donne un petit aperçu du Hong Kong rural, ici complètement dédié à la pêche avec des commerces de poisson séché dans toutes les rues et des maisons traditionnelles sur pilotis. Un dernier retour en ferry et c'est l'heure de dire au revoir à Hong Kong et aux hongkongais.

Lantau Island 
Tai O 


Bon, j'ai fait durer le plaisir autant que je pouvais mais il est l'heure de conclure... Cette année chez les kiwis, qui s'est transformée en mini-tour de l'autre bout du monde arrive au terme de son ultime étape et le retour en France est imminent ! Plus que quelques heures à filer dans le ciel et je reposerai le pied dans ce bon vieil aéroport Roissy Charles de Gaulle. J'espère que vous aurez pris du plaisir à suivre mes petites aventures, moi ça m'a bien occupé et amusé ! Je tenais vraiment à vous faire partager quelques impressions de mes explorations, un an c'est quand même long et avec ma mémoire légendaire je n'aurais probablement pas su par où commencer le récit de tous les endroits par lesquels je suis passé...Encore merci pour vos petits commentaires laissés ici ou ailleurs et maintenant, hâte de vous revoir et raconter tout ça de vive voix !