Carnet de voyage

Surprenant Vietnam

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Au cours d'un tour du monde, une véritable surprise, et le principal coup de coeur du voyage!
Du 25 novembre au 25 décembre 2016
31 jours
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Frontière Laos-Vietnam

Je prends mon dernier bus laotien à Muang Koa et me voila à la douane qui se passe sans problème. Bonjour Vietnam!

Après la route de Dien Bien Phu, de sinistre mémoire pour les nostalgiques de la colonisation française, c'est celle d'Hanoï qui commence. Treize heures pour 350 kms, à peine 30 de moyenne! Mais bus couchette, même de jour, et je peux y allonger mes jambes! J'ai tout de suite un aperçu du Vietnam, le bus jouant à saute mouton de montagne en montagne, serpentant de rizière en rizière, lézardant tranquillement dans les côtes, slalomant joyeusement dans les courbes.



un aperçu de ce que peut trimbaler une moto                    pas évident de prendre une photo dans le bus

Je n'ai pas pu m’empêcher une demande de photo devant une si charmante personne, qui m'a répondu avec le sourire!

ati 

Arrive Hanoî et son ballet de scooters dansant dans la nuit. Fidèle à mon habitude je ne prends pas le taxi quand j'arrive à la gare routière, j'essaye le bus urbain. Le premier que je trouve m'a l'air d'aller dans la bonne direction, je suis à 12 kms du centre ville. Mais voila que celui ci change de direction, je quitte vite au prochain arrêt. En arrive un autre, cette fois ci je demande au chauffeur où il va, bien sûr il ne connait pas un mot d'anglais. Heureusement une sympathique étudiante vient à mon secours et m'explique. Il me faudra finalement trois bus pour arriver et m'aura coûté à peine 50 centimes.

J'aime autant Hanoï que je n'ai pas aimé Bangkok.

Curieux comme le ressenti diffère d'une personne à une autre, certainement pour beaucoup d'autres c'est le contraire vu le monde qui va à Bangkok. que j'ai trouvée pour ma part laide, glauque et triste. Ma vision est surement subjective.

Alors j'essaye de m'expliquer le pourquoi de la chose.

Et, en fait, je trouve plein de raisons!

Hanoï est une vieille ville, 1000 ans, chargée d'histoire. Peu de touristes, juste ce qu'il faut de supportable. Son petit coté parisien, ancienne présence française oblige, ses rues bordées d'arbres, ses lacs, ses jardins. Une ambiance un peu quartier latin, de jolies jeunes filles habillées sexy, collants noirs, car il fait froid le soir.

Il y a comme une vibration, une effervescence, une atmosphère, plus débridée, pleins de petits restos, des milliers de scooters, des chapeaux chinois, des cyclo-pousses.

Et encore, un temps magnifique qui me surprend, j'avais en tête des stats indiquant seulement une heure de soleil par jour à Hanoï.

Le soir dans les rues, une ambiance impressionnante.

On ne peut aller au Vietnam sans s’intéresser à la guerre

On connait tous cette photo de la petite fille en larmes fuyant son village brûlé au napalm.

Elle a contribué à stopper cette guerre absurde qui n'a servi à rien.

40 ans ont passé depuis la défaite des américains, 60 depuis celle des français.

Et bien, même si les communistes ont gagné la guerre, le pays n'est pas devenu stalinien pour autant!

Il me semble au contraire dynamique, ouvert, humain, libre et accueillant. Les bombardements par les B52, le napalm, l'agent orange, les mines, les défoliants, toutes les destructions, les tortures, les 2 millions de morts pour aboutir à quoi?

Le Vietnam devient riche et puissant au lien d'être détruit et les Us qui ont perdu sur le terrain ont conservé leur hégémonie sur le monde....


au musée de la révolution. 

Une idée qui me trottait dans la tête depuis longtemps se réalise. Trop frustré par la dépendance des bus, trop soif de liberté, ici c'est d'une facilité déconcertante. L'achat de la moto se fait en 5 minutes! On essaye, on donne 250 dollars, le vendeur te donne la carte grise, et tu pars avec!

Pas d'assurance, personne n'en a. Pour les policiers, on verra!

Après coup quand même, pas fier avec cette moto....

Est ce que j'ai fait le bon choix, combien de temps le moteur va tenir, arriverais je seulement à sortir de la ville avec sa circulation d'enfer, trouverais je ma route,?????


Mais c'est parti! Je m'intègre dans la circulation au petit jour, suivant le flux. Je me plante deux trois fois dans les bretelles d'autoroutes, me récupère par des chemins de traverse, heureusement j'ai réussi à comprendre que j'avais une appli GPS sur mon smartphone, sinon c'est impossible. C'est les camions qui impressionnent, pour eux on est invisible, ou on existe pas. Leurs klaxons assourdissants veulent t'intimider et te stresser à mort jusqu'à ce que tu éjectes de leur trajectoire. J'ai vite compris, une seule solution, rouler plus vite qu'eux!

Après une centaine de kilomètres la route devient intéressante quand on aborde les montagnes du Nord Vietnam.

Et ma pétrolette de 30 ans d'age marche super bien, 350 kilomètres le premier jour!

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La fin de la première étape fût difficile, après les grandes routes arrivent les petites, puis voyant un vieux panneau indiquant peut être un raccourci, je le prends, mais ça devient vite un chemin rocailleux aux fortes pentes. Je vois alors les possibilités et les défauts de la moto, l'amortisseur avant tape dans les trous, la première saute, c'est très sympa dans les fortes rampes! Mais ça passe, sans tout casser. Seulement voila, pas d’hôtel en vue, juste des petits villages. Il est 5 heures, l'heure où va se coucher le soleil à cette époque de l'année. Et quand c'est tout noir il faut allumer le phare, lequel bien entendu éclaire les étoiles. J'arrive à me coincer derrière une moto qui m'éclaire la route, et j'arrive à la ville. Je voulais arriver là à Bao Lac car demain c'est le jour du marché.

De nombreuses ethnies y sont représentées, les villageois descendent de leurs montagnes habillés de leurs plus beaux atours.

Puis je reprends la route, seulement 50 kms au programme aujourd'hui pour Meo Vac et Dong Van.

Mais quelle route!

C'est un tel ravissement que je n'avance pas, m’arrêtant parfois tous les 500 mètres pour une photo.

Quand on voit toutes ces montagnes à l'infini, on comprend que cette région, la plus pauvre du Vietnam, était il y a peu, encore totalement enclavée.

Puis vient d'autres marchés dominicaux.

Cette route est trop extraordinaire, je n'avais rarement vu dans le monde de tels panoramas.

Nous sommes dans ces montagnes entre 1500 et 2000 mètres d'altitude. Souvent dans le brouillard le matin, on se gèle sur la moto, j'ai mis 5 épaisseurs sur moi, le sac à dos est presque vide!

Arrive parfois des choses totalement incongrues comme cet ancien palais de style hispanique, dans la petite ville de Bac Ha.

Et j'en profite pour bénéficier de la séance photo!

Ce qui est fou dans cette région, c'est que c'est beau partout, sur des centaines de kilomètres, on arrêterait pas!

Je suis pile à la frontière, devant c'est la Chine. 
Le plus haut sommet d'Indochine à près de 3200 mètres.  

Ce qui est remarquable c'est que les jeunes pour la plupart conservent leurs habits traditionnels, mais jusqu'à quand?

Même certaines mémés ont opté pour la moto et le portable....Pas toutes!

"Il n'est de richesses que d'hommes." Ce ne sont plus des rizières, mais de véritables œuvres d'art.

Mu Can Chai 

Encore une chose qui m'a frappé, c'est la gentillesse et le sourire, depuis que je suis au Nord Vietnam, incroyable le nombre de gens qui font de grands bonjours. On te considère ici comme un visiteur, pas comme un inconnu ou un touriste. Ça fait du bien après la relative indifférence au Laos, après les méfaits du tourisme de masse en Thaïlande.

Tout aussi étonnant, les écoles dans ces petits villages perdus: gaies et modernes

alors que le village à coté vit presque encore au moyen âge.

La boucle du nord se termine, 1500 kilomètres en 7 jours. Que des satisfactions.

Entre tradition et modernité,les slogans communistes en l'honneur des travailleurs toujours bien présents.

Et maintenant, en route pour la baie d'Ha Long.

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Petites histoires sur la communication :

Il est midi, je cherche un petit resto. Je vois un endroit avec des gens attablés, plein de bouffe sur les tables, je rentre. Je regarde à droite et à gauche... Et on m'appelle à une table, j'y vais, on commence à me servir un plein verre d'eau de vie, et tout le monde de trinquer avec moi. Je comprends alors que je ne suis pas dans un restaurant mais juste avec des gens qui font la fête! Et deux, puis trois verres, j'essaye de leur faire comprendre que je suis en moto et d'y aller doucement, mais rien n'y fait et aucun ne parle un seul mot d'anglais. Et on me ressert à manger, mon assiette est toujours pleine, et j'essaye de vider mon quatrième verre doucement... Et tout le monde rigole bien...Je n'aurai pas compris un traître mot de tout ce qu'ils m'ont dit, ce n'est pas grave, j'étais juste touché par la convivialité et leur invitation.

Une autre :

Cette fois ci je m’arrête boire un café, la femme qui me sert me parle et toujours je ne comprends rien. Un moment elle écrit sur un papier 50. Je pense que c'est le prix du café. Je lui fais non de la tête car c'est plus du double du prix habituel, elle insiste alors je lui écris 25. Et elle part d'un grand éclat de rire. j' essaye de lui expliquer que d'habitude je paye seulement 10 ou 20. Mais rien n'y fait. Je finis par lui donner 25. Elle a l'air ravie, je comprends pas pourquoi. Puis son fils arrive, ils se parlent, et il m'explique alors avec ses 3 mots d'anglais qu'elle voulait savoir mon âge, d'ou son éclat de rire quand j'ai écrit 25 et sa satisfaction car j'ai dû lui ai donné le double du prix, et ma satisfaction également puisqu'elle m'a rajeuni de plus de dix ans!

(Pour info, la monnaie ici est le dong. Environ 25000 dongs pour un euro. Mais personne ne prononce les "mille")

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Passons maintenant à la baie d'Halong.

J'ai potassé longuement l'internet ainsi que le routard et le lonely que des français m'avaient prêté. Je ne voulais pas passer par une agence ni me retrouver au milieu de la foule. J'ai fini par trouver sur un blog un plan qui me convenait. J'ai donc traversé la ville d' Along sans m'y arrêter et poursuivi ma route sur une cinquantaine de kilomètres vers l'est jusqu'au petit port de pêche très pittoresque de Caï Rong.

Et de là, j'ai trouvé un bateau qui traversait la baie et qui pouvait m'emmener avec la bécane sur l'île de Quan Lan.

Parfait, il n'y a plus qu'a charger l'engin!

C'était tout ce que je voulais, un vieux bateau typique, avec des îliens à bord et juste deux canadiens. J'ai donc traversé la baie pour une somme modique, environ 15 euros a/r qui n'a rien à voir avec le prix des agences

Ainsi pendant plus de deux heures de traversée, j'ai pu contempler les multiples formes que la nature et l'érosion ont façonné pour notre plaisir.



Puis arrive l'île où je vais rester deux nuits. Elle n'est pas très longue, 15 kms. Et je passe une grande partie de la journée sur cette jolie plage totalement déserte. L'eau est fraîche, mais très agréable.

Au retour, j'observe la très grande activité du port de pêche, des tonnes d’huîtres et de poissons.

Un dernier regard sur la baie.

Il me reste une douzaine de jours à passer au Vietnam, et environ 2000 kms pour rallier Ho Chi Minh City, (ex-Saïgon). Et la moto marche d'enfer, c'est à dire largement assez vite pour passer à travers tous les écueils qu'on peut rencontrer sur ces routes. Et Dieu sait qu'ils sont nombreux! De Halong à Haiphong, puis sur la route de Saigon une circulation infernale, on est parfois sur une pseudo-autoroute, c'est à dire sans aucune sécurité, souvent pas de terre plein central, si bien que ça déboite dans tous les sens, on se trouve facilement avec quelqu'un à contre sens, sans savoir si il va te passer à droite ou à gauche... Même des vaches, j'en ai attrapé une qui s'est mise à traverser au galop et a buté contre ma cuisse, sans gravité.

Au cours d'un arrêt, la sortie des écoles, tout le monde en vélo! Les enfants sont toujours aussi beaux.

Mais comme on va le voir, les conditions météo ne sont plus celles que j'espérais.

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Et il commence à pleuvoir, ça faisait un mois que je n'avais pas eu une goutte. Je prends deux gros orages, juste le temps de sécher entre les deux. Le lendemain matin j’achète un grand poncho spécial moto, et j'arrive difficilement à Hué après 260 kilomètres sous une pluie battante. Je regarde la météo, sur l'image satellite, on voit comme un gros cyclone, juste centré sur nos têtes. Il n'y a pas de vent, c'est une dépression tropicale, on annonce une semaine de très grosses pluies et risque d'inondation. Je reste deux jours coincés à l’hôtel en regardant monter les eaux.

Inutile de conduire dans ces conditions, mais il faut trouver une solution, je suis encore à plus de mille kms de Saigon et mon prochaine avion part dans une semaine, avec mon visa qui se termine. Je pense alors au train et je file à la gare voir si on pourrait m'embarquer la moto.

Et c'est fait, la moto est partie pour Nha Trang, à 650 kms de là, il lui faut deux jours pour arriver. Je prends un autre train, il me faut juste 13 heures! On en est au cinquième jour de pluie, dans le train je peux voir l'immensité des zones inondées.

Sixième jour, il pleut toujours. Jusqu'à Hué la cité impériale je n'avais pas perdu grand chose, juste traversé des zones industrielles ou des villes polluées et des paysages sans intérêt, mais maintenant c'est vraiment dommage, je devais traverser des villes et régions très intéressantes et de superbes plages. Et je crois que je vais garder le mauvais temps jusqu'à Saigon. Mais sait on jamais? En attendant une hypothétique éclaircie je vais à la gare voir si la moto est arrivée.

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Deux milles kilomètres depuis Along. Sept jours de pluie, trois jours maussades. Appareil photo au repos....

Que dire de plus? Je connaîtrais peut être un jour le sud Vietnam.

A oublier...

Une fois la moto récupérée, il faut bien repartir.... C'est pire! Des trombes d'eau s’abattent, par moment j'ai l'impression d’être en bateau, je navigue dans 50 cm d'eau, et je trouve presque ça drôle. Au moins ce qui est bien, l'eau n'est pas froide.

Puis le soleil revient, il finit toujours par revenir.

Et comme il me reste encore quelques jours que je ne veux pas passer à Saïgon, je m’arrête à Vung Tau, profiter un peu de la mer.


On se croirait dans cette station balnéaire un peu en Espagne.


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Rassurons nous, on a pas raté d'épisode, ce n'est pas encore Rio!

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Ho Chi Minh City, encore et toujours appelée Saïgon. On y compte, parait-il, cinq millions de scooters, je veux bien le croire. Les étrangers n'ont, parait-il, pas le droit d'y circuler, on va voir si ils vont me reconnaître...

C'est quand même une sacrée expérience de naviguer là dedans! Mais c'est finalement tranquille, les gens ne roulent pas vite, bien obligés! Il faut simplement ne pas être stressé, ne pas faire d'écart brutal et anticiper les mouvements de tous les protagonistes...

La principale distraction de la ville est bien là : l'observation de cette multitude en mouvement. Mis à part ça, rien de bien extraordinaire à voir.

Je vends la pétrolette après 3500 Kilomètres et 25 jours dessus, une centaine d'euros de moins que son prix d'achat. J'espérai un peu plus mais il m'aurait fallu plus de temps et la faire réparer car je l'ai quand même pas mal déglinguée. Elle m'aura coûté de toute façon bien moins cher qu'une location, et sans avoir besoin de la ramener au point de départ.

Depuis le départ de Singapour, et largement 10 000 kms parcourus, je réalise que je n'ai encore pas croisé un policier, et donc forcément, jamais arrêté. Je me demande alors à quoi peuvent bien servir les quatre barrages qu'on trouve systématiquement à chaque traversée de ville malgache, deux avant et deux après, juste pour leurs pots de vin et appauvrir un peu plus l'état qui les payent pour rien. Lequel ferait mieux de recycler tout ce petit monde à des tâches utiles : santé, éducation ou ramassage des poubelles....

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Good bye Ho Chi Minh, good bye Vietnam.

Je m'envole ce jour de Noel pour les Philippines, je dois arriver juste avant un cyclone, ça promet!

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Le Vietnam est un pays attachant qui restera forcément dans ma mémoire. J'y retournerai volontiers, approfondir certaines choses et voir ce que j'ai raté dans le sud, sans doute à une autre époque de l'année et dans de meilleures conditions, j’espère.La palme revient au Nord ou tout fut parfait. Le sourire et l'accueil des gens, la liberté avec la moto, l'immensité des paysages, les ethnies traditionnelles, jusqu'aux hôtels au meilleur rapport qualité/prix et la saveur du café... ou encore la classe et la beauté des jeunes vietnamiennes!