Notre guide Sam vient nous chercher à 6:45 en ce matin déjà chaud. Avec sa carrure de rugbyman, Sam reste un long moment silencieux en attendant de récupérer les membres du groupe avec qui nous vivrons cette aventure dans l'outback les 6prochains jours, ce qui nous enchante guère. Puis, il nous fait inscrire nos noms et nationalités sur les vitres du minibus et les présentations officielles sont faites. Enfin, l'atmosphère se détend et il le faut car de nombreuses heures de route nous attendent alors autant les faire dans la joie et la bonne humeur.
Notre DJ allemand improvisé balance du Maître Gims à la surprise générale. Nous taillons la route jusqu'à Erldunda qui accueille des émeus et des dromadaires. Le point histoire est fait avec notre guide puis nous jetons un œil à la boutique où nous achetons un jeu de cartes (qui nous servira beaucoup le reste du voyage pour tuer les kilomètres dénués d'attractions qui séparent le Red Centre de Coober Pedy).
Pour le petit point culture animalière:
- Les dromadaires présents en Australie ont été importé par les colons qui avaient découvert cette magnifique immensité qu'est l'Australie mais qui s'étaient aussi rendu compte de l'extrême difficulté de la conquérir. Aussi, les chameaux d'Afrique du nord qui avaient déjà fait leur preuve se sont retrouvés à des milliers de kilomètres de chez eux. Les années passants ils représentent aujourd'hui la plus grosse population de dromadaires du monde et sont même devenus une menace pour l'écosystème australien
- L'émeu est l'un des symboles du drapeau australien aux côtés du kangourou. Ce gros oiseau au regard menaçant se retrouve en liberté dans de nombreuses régions d'Australie et est aussi élevé pour sa viande, ses plumes et sa graisse.
Après s'être arrêtés quelque part sur la route après le Mont Crooner (que nous aurons l'occasion de capturer en image à notre retour) pour déjeuner nous reprenons la route... Les heures semblent interminables mais enfin, Uluru apparaît devant nous. Imposant, majestueux. Cela n'a beau être qu'un gros rocher, les mythes qui l'entourent semblent s'imprégner de nous quand nous posons notre regard dessus.
Notre guide nous annonce qu'en raison de la saison que nous avons choisi pour visiter le Red Centre, il est probable que nous ne puissions pas faire tout ce qu'il est possible de voir. Ma gorge se noue, impossible d'envisager de ne pas explorer ces formations géologiques de plus près ! Mais, pour des raisons de sécurité, les chemins de randonnées sont fermés à partir de 11 heures du matin aux visiteurs qui seraient trop audacieux. Il faudra donc se lever tôt pour profiter pleinement des merveilles de l'outback.
Sam devra donc s'informer auprès des gardiens aborigènes du parc national pour vérifier les accès ouverts au public. Bonne nouvelle: la moitié du circuit entourant Uluru (La base walk) est ouverte. Nous serons fortement exposés au soleil mais nous n'hésitons pas une seconde à enfiler nos baskets. Enfin, Uluru va nous livrer ses mystères !
La chaleur est écrasante mais la randonnée de 7km (raccourcie de 3) vaut le détour. A notre grande surprise les flancs d'Uluru abritent une végétation verdoyante ! La palette de couleur est vibrante : le bleu du ciel vient trancher avec le rouge de la roche qui semble flotter sur une mer de vert vif.
A mi-parcours, notre guide nous rejoint dans un coin ombragé pour s'assurer que tout le monde va bien et n'a pas succombé au supplice de la chaleur. Des oranges bien juteuses nous rafraîchissent le palais. Nous longeons le repli de la roche pour découvrir une grotte et un point d'eau. Étonnant Uluru !
Point culture
Nous entamons la dernière partie du parcours praticable. Sur les conseils de Sam, nous nous retenons de prendre des photos là où s'est interdit pour des raisons spirituelles. Les Anangu, aborigènes australiens de la région, pensent qu'en capturant des morceaux d'Uluru dans notre objectif, ce sont des âmes qui sont emportées avec nous.
En effet, ce qui rend Uluru si spécial se sont surtout les mythes aborigènes qui l'entourent. Une visite au centre culturel après notre petite randonnée nous apprend que les Anangu ont fondé leur origine du monde autour de ce rocher. Des batailles entre humains et êtres hybrides (femme-serpent) auraient entaillé la roche et marqué Uluru à jamais. Quelques légendes sont racontées dans ce lieu où il est interdit de prendre des photos une fois encore mais le mystère reste entier quant aux coutumes des aborigènes. Sam nous éclaire sur quelques points mais lui-même n'en sait pas plus: la culture aborigène appartient à ses membres, ce n'est pas à lui de nous la conter.
Les bases de la culture aborigène reposent donc sur des lois. La loi des hommes et la loi des femmes qui régissent l'évolution des membres au sein du groupe. Nous apprenons que l'âge n'a pas d'importance dans la hiérarchie aborigène. Un homme qui a prouvé ses valeurs sera respecté des plus âgés. Ce qui compte c'est le savoir-faire: la construction des armes, leur maniement, la chasse et enfin la transmission de ce savoir-faire aux autres.
La fin de journée est proche, les rayons du soleil fanent déjà, nous nous éloignons un peu d'Uluru pour avoir une vue imprenable du coucher de soleil sur la masse rocheuse. Alors que nous attendons impatiemment les dernières lueurs, Sam prépare le dîner. Je crois que nous n'avons pas fini d'en découvrir avec ce nounours de guide: un vrai chef !
Nuit noire, il est temps de gagner notre campement et d'enfin passer notre première nuit à la belle étoile ! Ce soir comme les prochains, nous dormirons dans des swags, des sacs de couchage en toile intégrés d'un matelas. Pour cette première nuit, Sam se taira sur la faune environnante qui pourrait nous empêcher de fermer l’œil mais prudentes nous nous emmitouflons dans des foulards pour protéger nos oreilles d'éventuels parasites.
Je regrette de ne pas avoir la maîtrise et l'objectif d'appareil photo qui permettent de capturer les étoiles qui tapissent le ciel noir. Ces images resteront gravées aussi longtemps que possible dans mon esprit vagabond...