La terre des morts – Jean-Christophe Grangé
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En vue des heures d’avion et de route qui m’attendent pour mon périple nord américain, j’ai préparé ma réserve de livre. Le premier achevé sera celui-ci, le dernier opus de maître Grangé. Au moment où l’on pense que l’auteur a été le plus loin possible, il ressort un thriller encore plus brillant.
Synopsis
L’inspecteur Stéphane Corso est en pleine instance de divorce, c’est sans compter sur une enquête qui lui tombe sur le nez. Un meurtrier hors-norme s’attaque à de jeunes filles dingues de pratiques sadomasochiste. Dans un univers plus que pervers, l’inspecteur Corso va devoir élucider le mystère qui plane sur cette série de meurtres à la limite de l’imagination humaine. Très vite un suspect est tout trouvé… Mais c’est mal connaître M. Grangé de vouloir manger la peau de l’ours avant de l’avoir tuer.
Mon petit grain de sel
L’ultime chef d’œuvre de Grangé qui même s’il repose toujours sur les mêmes ressorts réussis encore d’une main de maître à faire pâlir son lecteur. Ce dernier ouvrage se distingue toutefois des autres avec un accent mis sur l’après-enquête, ce qui est plutôt rare dans un thriller. Il faut dire que Grangé doit toujours redoubler d’effort pour surprendre son lecteur tant on a du mal à se dire jusqu’où il pourra aller. Et pourtant c’est toujours aussi magistralement réussi.
Extraits
« Tu bois pas, mais comme un mec qui sort des AA. Tu te drogues pas, mais c’est parce que t’as toujours pas fini d’éliminer ce que tu t’es envoyé dans ta jeunesse. T’es du côté de la justice, mais on dirait que c’est pour t’éviter la taule. Quand tu fais de l’humour, c’est toujours involontaire, et quand tu dragues, on dirait un interrogatoire. Les rares fois où je t’ai vraiment senti à l’aise, c’est avec une arme à la main.
- C’est tout ?
- Non t’es en train de divorcer comme la moitié de Paris mais on dirait qu’un attentat terroriste se prépare et que les victimes vont tomber par dizaine.
- Thaddée est ce que j’ai de plus cher. L’issu de ce divorce est cruciale pour moi.
Elle hocha la tête, comme un psy qui acquiesce non pas au discours mais aux signes manifestes de la maladie.
- Sans compter qu’Emylia es foutue de trouver des témoignages négatifs qui viendront du 36.
- Je suis clean et on a le meilleur taux d’élucidation de la boite.
- Je suis au courant, merci, mais ça fait pas de toi un flic irréprochable.
Corso revisita en quelques secondes tous les dossiers où il avait été borderline – personne ne pouvait exhumer ces actes illégaux que Bompart avait soigneusement enterrés sous des strates d’archives.
- Tu traites les familles des victimes comme des coupables et en même temps, t’as toujours l’air d’enquêter pour ton compte personnel, continuait Barbie. On se croirait dans un vigilante où le héros, ait justice lui-même, calibre au poing.
- T’exagères. »
*
« Corse traversa une première salle qui regroupait des peintures religieuses du Siècle d’or. Dans la suivante trônaient des figures de la cour d’Espagne de le même époque : fraises, pourpoints et perles… Quelques touristes déambulaient avec cet air recueilli des pèlerins parvenus au site sacré. Avec leurs shorts et leurs sandales, ils étaient plutôt ridicules mais il n’était pas mieux, vêtu de noir en plein été, comme pour un concert du Hellfest. »
*
« Mais le plus prodigieux – et le plus envoûtant -, c’était la dominante pourpre de la toile. Le visage béant émergeait du fond rougeoyant comme un morceau de glaise d’une flaque de boue. Il semblait s’en détacher lentement, irrésistiblement, comme les tirages argentiques jadis se révélaient peu à peu à travers leurs bains chimiques. »
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« - Lionel Jaquemart, fit l’autre avec un accent à couper du comté. J’faisais partie du SRPJ de Besançon dans les années 90. (il éclata de rire.) Un pur Jurassien !
Il s’appuya des deux mains sur sa canne comme s’il voulait la planter dans le sol – c’était une espèce de bout de bois tordu et verni digne d’un roman de Giono. »
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« Il n’y a pas de vérité, il n’y a que des mensonges assumés… Longeant l’hôpital Cochin, il balaya toute cette merde d’un haussement d’épaules et retrouva le vrai sens de sa vie : Thaddée, à la sortie de l’étude. D’une certaine façon, il fallait fêter ça.
Sans s’expliquer, il l’emmena dans sa pizzeria préférée et invita même, pour l’occasion, Miss Beret. Admirer son petit garçon qui s’en mettait jusque-là aux côté de sa partenaire épisodique, avec ses gros seins et ses idées simples, voilà qui était plus que rassurant.
Pourtant, toute la soirée, il ne cessa de vérifier son portable. Pourquoi se mentir ? Il attendait un appel de Claudia Muller. »
Note ✵ 4,5/5