Carnet de voyage

IA ORANA

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Dernière étape postée il y a 1832 jours
Famille avec 4 enfants, vivant en voilier depuis septembre 2016
Septembre 2016
1000 jours
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La revue Atlântida de l'Instituto Açoriano de Cultura est dédié au voyage cette année.

Voici notre article en français et en portugais!

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La décision de partir fut prise 36h avant le départ. Incroyable ! Ca ne m’était jamais arrivé. D’habitude, j’ai besoin d’au moins 3j de préparation, ne serait-ce que psychologique. Il faut faire les dernières machines, le grand ménage, le plein de frais… et puis j’aime passer la dernière journée au mouillage dans mon bateau à caler les derniers trucs, l’accordéon dans les pattes, le xylophone qui tombe, les sandows sur les toiles antiroulis, cuisiner la viande et la mettre en conserve…

Mais bon, il faut dire que le bateau est bien prêt après ses 4 mois de chantier, et puis, on a eu l’occasion de se ré-amariner entre Terceira, Sao Miguel et Santa Maria.


Il fallait prendre la fenêtre qui s’ouvrait à nous ! Une dépression – que les Bretons ont sentie le vendredi 9 août – passait au-dessus de nous et nous emportait dans ses vents de queue.

Nous visons un départ le mercredi soir (7 août), mais on finit la préparation un peu tard et les souvenirs de départ de nuit, notamment celui de Fuerteventura, nous font nous rassoir ; une bonne nuit de sommeil et on partirait au lever du jour. On a bien fait ! Le passage de front, qu’on a ressenti de nuit au port, aurait été des plus désagréables.


On part donc à 6h le jeudi, avec 18 nœuds de travers, à toute vitesse, et une houle de 3 mètres en travers aussi, assez longue pour qu’elle ne soit pas ‘trop’ désagréable.

Notre horloge biologique en milieu marin est vraiment bien calée : les premières 48h sont toujours un peu dures, on est assommé, envie de rester allongé, un peu barbouillés. Et ça dure 48h, pas une de plus, c’est dingue ! Sauf Augustin, qui m’a un peu inquiétée quand son mal de mer a persisté au-delà des 48h… mauvais souvenir du Dakar-Cap-Vert… heureusement, les pancakes préparées par Maxime ont fini par rester dans son estomac !


C’est notre première traversée sans équipier supplémentaire. Nous la souhaitions en famille cette traversée, juste entre nous. Du coup les grands, Aurore et Xavier, ont pris un des quarts de nuit. Un relai plus que bienvenu pour notre gestion du sommeil ! Je ne faisais plus qu’un seul quart, mais pas moins difficilement… un rythme à prendre aussi. Le premier truc qui marche, c’est la verveine citronnée, un des seuls moments où je bois une tisane, haha ! J’en ai encore de Végères les copains ! et j’alterne avec une Florentine de Flo et Béru (merci Pauline!) J’ai aussi testé le film pour me tenir éveillée, sauf qu’avec les distractions que t’apporte la mer, ça devient un concept du film d’1h45 qu’on regarde en trois fois 3h !

Finalement, dès la deuxième nuit et jusqu’à la dernière, nous ne croiserons aucun bateau. En revanche la dernière nuit, 60 milles de la côte, juste sous le rail du Cap Finisterre, ouille aïe aïe ! Momo s’est carrément retrouvé à demander au cargo qui a battu le record du monde en chargement, le Mumbai Maersk, de passer derrière nous. 400m de long, 50m de large, gloups !


Nous étions routés (ie. guidés pour la météo) par notre copain Guillaume de Gytan (un sister-ship), via SMS sur notre téléphone satellite. Deux fois par jour, alors qu’il était lui-même en navigation, fidèle au poste, nous avions la météo sur zone et des points GPS à viser. Et en sus, on avait toujours droit à un petit mot d’encouragement, très bienvenu. « Vous allez trop vite ! » - « C’est une météo de dingue que vous avez ! » - « N’oubliez pas de crier, chanter, hurler, tant que vous êtes en traversée ». Oui, oui, en effet Guillaume, on a apprécié chacun de ces moments. Merci ! C’est quand même bien agréable d’avoir un contact régulier et rassurant avec la terre.

Quant à la pêche, malheureusement, la planchette avec nos 100m de fil et le leurre parfait sont tombés à l'eau dès le 3ème jour.

La vie en mer s’est installée tranquillement, à tel point qu’on se dit qu’on vient à peine de trouver le bon équilibre, et qu’on est enfin prêts à repartir, hum… Les enfants ont relevé la tête de leurs coussins (leur position favorite en nav pendant les premiers jours, c’est allongé à ne rien faire) les boîtes de playmobil sont ressorties, les pistolets à eau aussi, on a pu faire de la brioche, des pizzas, de la musique, des temps de prière. Le temps s’est petit à petit arrêté. C’est à ce moment-là qu’on se met à apprécier pleinement la mer, la navigation, la vie frugale dans ce mini espace avec vue sur mer. On a eu de la chance, c’était la fenêtre météo idéale. Une manœuvre par jour et encore, glisse parfaite, au bon plein, notre meilleure allure, de temps en temps appuyés au moteur pour aller chercher le vent. Je ne pourrais même pas décrire comment nous passions notre temps tant nous étions à la fois très peu actifs, mais sans jamais nous ennuyer. La vue d’un cachalot passant l’air de rien à 10m du bateau vous fait votre journée ! Je me rappelle ce début de quart, partagé avec Momo, où nous étions assis côte à côte dans notre « canapé » face à la lune qui se levait et déposait son clair sur l’eau. On marchait à plus de 6 nœuds dans un vent stable d’à peine 10 nœuds, une houle travers que ia orana défiait en toute stabilité. On monte, on descend, on suit les rides de l’eau jusqu’à disparition dans l’horizon. Nous sommes restés une heure et demie à contempler le défilement des vagues, et à nous dire secrètement que ça valait tellement mieux qu’une bonne série !

Dimanche et lundi se déroulent dans une telle plénitude que nous ne voulons plus arriver. On se dit même qu’on va ralentir. Et même qu’on a de quoi repartir vers les Canaries. Et pourquoi pas re-traverser ?! bon, stop les fantaisies, soyons raisonnables, bouh !

Nous avions pris une route bien nord pour être sûrs de ne pas avoir à finir au près dans les alizés portugais. Du coup, nous décidons de changer notre point d’arrivée pour les rias de la Galice et faire ainsi durer un peu les vacances.


L’approche de la côte se fait sous une chape de nuages gris et bas, on n’a décidément pas du tout envie d’arriver… Heureusement pour nous consoler, nous traversons un bassin où des milliers de dauphins font leur show. On ne sait plus où donner de la tête tant ils nous font des figures de style à 360° du bateau ! On passera une grosse heure à faire des huit, emmitouflés dans des bonnets et vestes de quart sous un crachin qui nous évoque l’arrivée prochaine en Bretagne espagnole.

Au bout de 825 milles nautiques, parcourus en 6 jours et une demi-douzaine d’heures, nous nous amarrons à Muros en Espagne.



Et nous pouvons célébrer le cap des 10 000 milles nautiques depuis le départ!

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Publié le 24 décembre 2018

C'est un Joyeux Noël portugais que nous vous souhaitons cette année.

Ici à Praia, tout est fait pour que les enfants vivent la magie de Noël: concerts dans les rues, défilés de princesses Disney (avec une police au taquet 😉) cinéma, popcorn, pères Noël, crèches vivantes ou en matériaux recyclés et... patinoire (synthétique oui, il fait encore 15 degrés!) Tout ça en libre accès! Au Portugal pas de débat, Noël fait partie de la culture et ses festivités du bien commun offert par la mairie.

Nous sommes toujours à bord de ia orana, mais avec un pied à terre, avec les enfants à l'école du coin et une petite routine d'un bateau à l'arrêt au port de Praia, île de Terceira aux Açores. Nous n'écrivons pas beaucoup, mais nous sommes très heureux ici!

Feliz e Santo Natal a todos!

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Publié le 24 août 2019

Ma soeurette Clémence nous a fait une belle fleur en nous forçant à quitter le bord pour aller à son mariage… Alors, quitte à brûler du kérosène, autant qu’on en profite ! Nous nous sommes donc offert pour nos 40 ans respectifs des vraies vacances en pleine rentrée scolaire. Et avec les enfants, siouplaît! N'imp... mais tellement bon!

Bon, à vrai dire, les vacances n'ont démarré qu'après une bonne journée les mains dans le cambouis pour remettre nos voitures en état de circuler - après deux ans dans un champ, il y avait quelques outils à sortir, merci ô grand Bébél!

Puis le mariage. A quel beau mariage!

Une messe qui vous donne envie de vous remarier sur le champ, avec ce curé de Grimaud qui non seulement parle en vous bouleversant, mais chante comme les moines du Barroux. Pendant l’homélie, je suivais son regard vers la voute en espérant y voir moi aussi l’Esprit-Saint !

Des retrouvailles familiales bouleversantes…

Et une fête, ah lala… où j’ai enfin dansé sur les tables comme il ne m’arrive plus dans les cockpits depuis longtemps ! On a fini avec les mariés à 10h du matin avec de la vodka au goulot sur le quai de la maison de Port Grimaud, pour la tradition Na Zdrowie ! Ah quel mariage chouette …

La suite fut une sorte de feu d’artifice des plus belles amitiés que nous ayons. Que ce soit pour un déjeuner, un café, un week-end entier ou 2 soirs en semaine, nous nous sommes sentis gâtés par un accueil digne d’enfants prodigues.

Nous sommes passés par le Rayol, Aix, Marseille, Montpellier, Castres, Pau, Saintes, Pornichet, Locmiquélic, Pontrieux et enfin Trélevern. 2600 km de route, à 54kn de moyenne, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas navigué aussi vite ! Les distances nous paraissaient si courtes.

En allant ainsi nous incruster dans la vie de chacun, nous avons pu partager des tranches de vie qui nous manquaient.

Ceux qui viennent de s’(ré-)installer, comme ceux qui ont envie de bouger. Ceux qui sont posés dans leur quotidien, comme ceux qui s’en ré-inventent un. Ceux qu’on n’a pas vus depuis 5 ans, comme ceux qu’on vient de croiser. Ceux qu’on a l’impression de ne jamais avoir quitté, comme ceux qu’on a rencontrés sur place. Ceux qui savent chanter comme ceux qui savent boire. Ceux qui savent te voir à l’improviste comme ceux qu’on avait ‘booké’ en avance pour être sûrs de ne pas les rater. Ceux qui cuisinent le fruit de leur potager comme ceux celui de la chasse.


Oui... on a passé pas mal de temps à table! 

A chaque fois, nous avons eu envie de rester. Etre vos voisins. Il parait que « souvent femme varie, bien fol qui s’y fie ! ». Effectivement, j’avais envie de m’installer à chaque halte. Forcément, parce que nous sommes dans une démarche de sédentarisation après deux ans de voyage. C’était un sacré panel de choix de vie qui nous fait bien réfléchir au nôtre.

Ces escales étaient un cadeau merveilleux parce que nous avons pu prendre le temps avec chacun de se retrouver. Bien mieux qu’une grosse soirée d’anniversaire.

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Puis puis puis puis… il y eut cet épisode intergalactique qui est venu clore ce road-trip. Un festival des bateaux-spectacles fort en qualité artistique, en musique, en amitiés, en fiesta jusqu’au petit jour… Nos enfants se sont régalés de retrouver leurs copains, ils ont jonglé, fait du beat-box, admiré les acrobates, mangé n’importe quoi n’importe quand, dormi "à l’arrache" dans des camions aménagés (paraît qu'y avait des punks!) et nous, nous.... on a fait la fête comme à nos 20 ans! Encore bien mieux qu'une soirée!



Un des clous du spectacle:

Djelali Tricks 
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Flores

Flores

Publié le 18 septembre 2018

Par Momo

Flores a commencé comme dans un songe, au Mexique en 2006. A l’époque, tout juste jeune parent, l’idée d’une île transporte nos rêves, et parmi nos recherches internet d’île à vendre ou d’archipels à découvrir, Flores est apparue comme un paradis imaginaire, à visiter un jour. Nous l’avions gardé au chaud dans un coin de notre mémoire. L’escale aux Açores était pour moi la plus attendue, avec le Cap Vert, dans la découverte de terres inconnues. La beauté y avait été détectée via des images, cette terre portugaise perdue au milieu de l’Atlantique. Centre névralgique des plus belles histoires et des plus grandes découvertes maritimes, les Açores ont conservé un caractère fort, une nature domestiquée mais toujours sauvage, et un style de vie encore protégé des turpitudes et excès de notre époque.

Mais revenons à Flores, la plus occidentale, la plus isolée, la plus exposée aux passages des dépressions et tempêtes d’hiver. Flores se mérite, les voiliers qui la visitent l’auront presque tous choisie comme point d’arrivée de leur transat. Une fois dans les îles centrales de Faial, Pico, Sao Jorge, Graciosa et Terceira, difficile de reprendre un bain de large Atlantique pour retourner à Flores. Seuls quelques excentriques comme nous et autres amoureux des Açores s’y rendront. Les autres sont trop pressés. Car il faut attendre la bonne météo pour y aller, puis la bonne météo pour y rester. En effet, un simple coup de vent d’est ou de nord-est fait rentrer la houle dans le petit port de Lajes, un bateau de notre taille n’est alors pas autorisé à rester au port de peur que notre poids endommage ou arrache les pontons. Et si l’on devait faire demi-tour par vent frais d’est, le retour vers Faial ne serait pas une partie de plaisir. Dans les starting super bocks à Horta, les conditions sont enfin bonnes. Nous partons un vendredi 13 - certains marins ne partent jamais un vendredi - l’avertissement ne se fait pas attendre. Tout juste avons-nous envoyé notre toute nouvelle grand-voile ramassée à Saint Martin dans les décombres d’Irma et retaillée par de charmants et compétents voiliers d’Horta… que la têtière se déchire, la voile tombe. Si l’on fait demi-tour, la fenêtre météo se refermera, on ne verra pas Flores. Alors on y va quand même. Sous génois seul, c’est du bon plein travers, allure rapide pour le bateau, nous aurons 18 – 25 nœuds établis toute la nav (et la houle océanique qui va avec) ce qui nous permet de dépasser les 6 nœuds de moyenne et d’arriver au petit matin. Entre temps, cette nav fut ma première depuis le départ de Grèce il y a 2 ans et demi ou je me suis senti malade. Premier mal de mer ? Relâchement psychologique ? Ou simplement malade ? Ou punition de s’être regardé un vendredi 13 un dessin animé avec les enfants dont le héros était le cousin du lièvre, le grandezoreilles comme on l’appelle à bord. Pour la petite histoire, nous étions tellement fatigués pendant cette nav, comme nous risquions d’arriver avant le lever du jour, nous avons fait cap au sud de l’île pour ne pas risquer de se manger des rochers en cas de panne de réveil ! Rien de plus dangereux que de la fatigue combinée avec de la côte sur un bateau.

Nous arrivons donc à Flores, accueillis par Marco, un vieux copain de Dakar qui s’y est installé il y a 5 ans pour rejoindre sa femme Camille, qui s’y est installée depuis 15 ans. Ils ont été nos super guides, hôtes et point d’entrée de l’île. Après une finale de coupe du monde bien maîtrisée dans le bar du village, nous partons tout léger visiter quelques splendeurs de l’île. Paysages de genèse du monde, enchevêtrement de lacs d’altitude, entourés de plaines douces se laissant glisser vers l’océan, balai de cascades au pied de lac reflétant les parois verticales en milliers de touches impressionnistes qui se transforment chaque seconde comme un kaléidoscope, jardins de rêve au pied de cascade en fleurs vertigineuse… Flores est tout simplement spectaculaire et les mots ne suffisent pas pour en décrire la beauté. Il faut payer. Et le prix à payer pour vivre dans ce coin de paradis se décline en 2 mots : l’hiver, et l’isolement. L’hiver, l’île est paraît-il plongée dans la brume et la pluie, quand ce ne sont pas de terribles tempêtes qui viennent tout balayer. L’isolement, bien que moindre l’été, se vit toute l’année, avec un ferry par semaine pour s’approvisionner auprès des îles du milieu, plus d’hôpital ni centre de soin, pas de lycée etc. Camille est d’ailleurs fière d’être la dernière maman de l’île à avoir donné naissance à Flores, chez elle, dans sa maison. Les autres mamans vont toutes désormais accoucher à Horta. Les 3000 habitants de Flores et les 300 habitants de Corvo, micro-île voisine vivent à 250 km de la moindre terre habitée. Il faut bien choisir ces contraintes.

Comme d’habitude, Flores nous aura offert de belles rencontres bateau, les enfants de Camille et Marco, JB et ses compagnons, vieux pote d’Anne-Laure qui venait d’y acheter un beau voilier en allu, au port Alain et Béru nos bons samaritains mécaniciens, Yann finlandais sur son joli bateau en bois en recherche lui aussi de l’île des Açores sur laquelle il posera ses bagages pour l’hiver, Jérôme un valeureux voisin de la côte de granit rose qui passait l’été sur son muscadet (<6 mètres) en étant parti de Trébeurden à la sauvage…

Pour approfondir avec les locaux, il faut prendre le temps, ne pas être que de passage. Mais l’accueil comme sur toutes les îles des Açores y aura été franc et chaleureux.

Flores a un temps voulu nous retenir, avec un moteur capricieux qui ne voulait pas démarrer, le temps de prolonger de quelques jours. La traversée retour s’est mieux passée, toujours sans grand voile, avec encore un bon vent et une bonne mer, et un voilier sans feu de mât croisé au milieu de la nuit à moins d’un mile sur notre travers malgré un coup d’œil à 360° 5 minutes avant. Petit rappel à l’ordre. Même le 360 ne suffit pas, la lumière des feux peut se trouver dans le creux d’une vague...

Les fleurs sauvages, isolées, décalées ne laissent peut-être qu’un seul regret : celui d’avoir vu son rêve. Mais Flores n’a pas fini de nous surprendre puisque nous avons déjà croisé depuis 2 personnes délicieuses qui y avaient grandi. Le parfum des fleurs se répand dans toutes les Açores.

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Publié le 30 octobre 2018

5-10 juillet 2018

Après un mois à Horta, une petite navigation de 20nm (un pas de fourmi après une transat!) nous dépose au port de Velas. Sa particularité: les 'cagarros' (puffins cendrés) nichés dans la falaise qui piaillent dès la nuit tombée!

Rajoutez à cela les fromages de l'île, les plus goûtus des Açores!

Mais laissons pour une fois les copains raconter cette étape : ("Paresseuse!")



Encore une île qui nous comble de ses paysages verdoyants et fleuris à flan de falaise.  
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Publié le 2 septembre 2018

L'île de Pico, du nom de son sommet, fait directement face à Horta. Ellle nous narguait tous les soirs de ses couleurs de crépuscule.

Nous y sommes allés en ferry avec nos copains du bateau Gytan, Guillaume et Constance avec Gaston, Ysé et Abel. Journée tour de l'île express à deux voitures.

On savait qu'on ne monterait pas au sommet avec nos petits, c'est une rando de 9h aller-retour, dénivelé de 2000m sur des sentiers de caillou volcanique.

Alors on est allés dans ses entrailles: une centaine de mètres sous terre, une longue cavité de 5km a été formée par une coulée de lave souterraine. Au contact de la terre froide, l'extérieur de la coulée refroidit instantanément et se fige. Lorsque la coulée s'arrête et s'est évacuée, il reste ce tunnel géant de lave pétrifiée.

On visite cette Gruta das Torres, équipés comme des spéléologues, mais comme d'hab, en tongs 😀

Petit arrêt dans une piscine naturelle. On est toujours aussi impressionné des aménagements publics açoréens: douches d'eau douce, toilettes impeccables, cendriers, parasols, poubelles de tri. Ils font un réel effort pour préserver la propreté de tous leurs recoins, qu'ils soient touristiques ou pas d'ailleurs!


Puis virée sur des hauts plateaux derrière Pico, parsemés de petits volcans, les Misterios. La végétation se transforme complètement, on se croirait dans la savane.

Et pour finir, à 20mn du départ du ferry, on fait un crochet par les fameuses vignes de Pico, classées au patrimoine mondial de l'Unesco pour leur culture caractéristique dans la roche de lave.

On est à 20mn du départ du ferry, il faut encore faire le plein et rendre les voitures. On sort les appareils photos comme des vrais japonais, et on pourra dire à chaque bouteille de Farias ouverte par la suite "on y était!"!

Tchin les Gytans!

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Le quotidien au port d'Horta est déjà pas mal, surplombé du mont Pico qui se pare et se dé-pare de nuages, la plage de Porto Pim à deux pas, et le célèbre Peter's bar (que nous avons boudé pour l'Oceanico).

Nous sommes partis faire un tour de l'île avec Adeline, Gilda, Gabin et Lucien du bateau Marga.

Après un petit arrêt dans une fromagerie de l'île, nous prenons les routes de bord de mer - ou devrions-nous dire, de bord de falaise! - pour aller au site de Capelinhos. Nous sommes à la pointe ouest de l'île où se trouve un phare. Mais en 1957, un volcan sous-marin fait irruption, créant un nouveau bout de terre rattaché à l'île, juste devant le phare. Le cratère monte si haut que le phare devient inopérant.

Nous pique-niquons en plein soleil à Porto do Comprido, un ancien port de baleiniers. Parce qu'il faut savoir que le peuple açoréen a longtemps vécu de la pêche à la baleine; ils embarquaient dans des barques fines très longues, basses sur l'eau, des baleinières, à voiles auriques, et partaient au large chasser la baleine. Les ports comme celui-ci, avec une pente douce de mise à l'eau, permettaient à l'embarcation de revenir à terre avec la baleine harponnée le long du bateau.

Les roches volcaniques noires qui émergent en bord de mer forment des piscines naturelles à l'eau claire et renouvelée à chaque marée, dans lesquelles les enfants s'éclatent à pêcher.

Puis nous rentrons dans le cœur de l'île, pour monter à la Caldeira, son sommet. On passe par les plus petits sentiers, et chaque virage nous offre une vue à couper le souffle. Cette proximité de la mer, tout en la surplombant dans cet océan de verdure et de fleurs!

La Caldeira ('cratère' en portugais) s'ouvre à nous après un tunnel bien humide. On se lance dans une "mini balade tranquille", en tongs bien sûr, qui tournera en épreuve de cross, dans un univers où même les vaches ne vont pas! Il fallait bien ça pour apporter un peu de piment à la journée!

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Quelques jours plus tard, avec les Sea You, nous arrachons les enfants à leur foot pour une balade sur la presqu'île de Caldeirinhas, à deux pas du port. On embarque aussi Cassandre et Armance des Soca, soit, avec Marius, Robin et Emile des Sea You, 9 enfants, on ne laisse pas indifférents sur notre passage! La végétation nous émerveille: on passe des Tropiques (fleur Arum) à la Bretagne (Hortensias) en passant par la Méditerranée (laurier, lavande, thym...). Momo me fait un bouquet de fleurs débordant qui pourra enfin siéger sur la table du cockpit - synonyme d'un arrêt bien mérité!

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Enfin, nous nous laisserons séduire par Pedro, un passionné de baleines, qui nous emmène avec son zodiac super rapide pour les approcher au plus près. Il dispose de 4-5 guetteurs, postés autour de l'île et sur Pico à environ 60m d'altitude avec des longues vues. Par VHF, ils communiquent les positions des souffles qu'ils ont aperçus.

On arrive sur un couple de cachalots. On maintient les distances réglementaires (50m derrière). En transat on n'était pas arrivés si près! Ils passent environ 6-10mn à la surface, puis sondent pendant 40mn avant de revenir.

Le moment où le cachalot prend son élan pour plonger, avec cette fameuse sortie de queue fut d'une émotion difficile à contenir!

On en a vu 8 en tout, plus des dauphins communs et des dauphins tachetés tout fous. Pas de photo, on aurait raté l'instant!

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Publié le 16 août 2018

La tradition à l'arrivée aux Açores veut que chaque bateau laisse son empreinte sur le quai, "sinon ça porte malheur" - ah... superstition de marins quand tu nous tiens!

Horta étant l'escale la plus populaire pour les bateaux qui transatent, le port s'est transformé en une mosaïque de ces peintures laissées par les navigateurs depuis des dizaines et des dizaines d'années. Il semblerait d'ailleurs qu'on qualifie Horta de "port le plus coloré au monde"!

Alors nous aussi, nous y avons posé notre touche bien flash! mais éphémère...

L'équipage autour de son fétiche

Aurore a fait le croquis du bateau à sa meilleure allure, le bon plein. Et nous y avons ajouté la Croix de Camargue, icône de notre voyage: la croix pour la Foi, l'ancre du marin qui espère arriver à bon port pour l'Espérance , et le cœur pour l'Amour.

Making of

Une empreinte, une histoire, une rencontre. Merci à chacun de vous pour ses grands moments de qualité!

Le trombi des bateaux-copains 
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Publié le 16 août 2018

Notre étape à Horta fut une véritable explosion atomique de copains, autant pour les parents que pour les enfants.

On y retrouve des bateaux croisés tout au long de notre route, et encore plein de nouveaux. Chacun a eu son parcours, a largué les amarres il y a plus ou moins longtemps. Le port est plein à craquer, on se retrouve au début à triple, c'est à dire à couple de deux bateaux. Puis en bout de quai avec les copains Gytan à couple. Impossible de partir.

La fête bat son plein. Les enfants quittent le bateau à 9h et rentrent à 20h. On les retrouve jouant au foot et à l'épervier sur le petit coin d'herbe de la marina. Les grands prennent soin des petits. Ils sont 25 et ne peuvent plus se quitter. On a du mal à les rapatrier au bateau pour se coucher.

Du côté des parents, les apéros s'enchaînent à tel point qu'on se fixe comme règle "un jour avec un jour sans". Mais il y a toujours un bateau copain qui arrive de transat pour qu'on doive faire exception à la règle.

Et puis on est en pleine coupe du monde, et les petits comme les grands se donnent rendez-vous devant l'écran géant. Les pavillons français sont en force sur le port, mais on trouve quand même des voisins de pontons belge ou danois à chambrer. Liesse absolue pour la demie finale, ce sont les enfants qui mettront le plus d'ambiance!

Tous ces bateaux sont en simple escale, sur la route du retour vers le continent. Nous serons le seul bateau-famille à rester aux Açores. Il faut se dire au revoir. Et ces adieux sont durs durs.. autant pour nous que pour les enfants.

Heureusement, il y en a qui sont moins pressés, et nous explorerons une partie de l'archipel avec eux. A suivre!


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Publié le 24 juillet 2018

Nous sommes partis de St Martin le 20 mai et avons atteint Horta aux Açores le 11 juin, après 20 nuits en mer et 2450 milles nautiques.

Sur cette étape, grand luxe, pas d'enfants... enfin presque 😉


La fine équipe avec le champagne de l'arrivée (merci Magny!)

La traversée. Plutôt calme à notre goût, nous n'avons pas eu plus de 28 noeuds de vent. Dans la première partie, au près, ia orana nous a réjoui de ses meilleures moyennes, jusqu'à 170nM parcourus en 24h. Puis un anticyclone qu'il a fallu traverser au moteur nous a permis de faire les petits bricolages nécessaires, notamment refaire l'étanchéité de la baille à mouillage par laquelle nous engrangions 50L d'eau par jour... puis on a décidé de garder du fuel pour la fin, on a tout affalé et on s'est laissé dérivé pendant une nuit... puis enfin du zef, et virage à l'ouest!

Là, c'est le moment où l'on attend qu'une dépression nous cueille, et zou... mais les prières de la famille ont eu tellement d'effet que les dép' nous sont toutes passées au-dessus! On a même fini les 200 derniers milles au moteur...

La traversée

La vie à bord. Pour la première fois en deux ans de voyage, nous étions entre adultes, à 4 avec Benoît frère de Momo, et William ami d'enfance de Momo, avec pour seule responsabilité le bateau et nous-mêmes. Quel changement! En cuisine seulement une fois tous les 4 repas, des siestes en pagaille, de la lecture (et des séries!), et pour moi en particulier, enfin la possibilité d'être sur le pont aux manoeuvres. Bon j'avoue avoir pesté contre Momo pour qu'il réveille aussi parfois les équipiers!

Le rituel de l'apéro s'est vite instauré après les 3 premiers jours un peu difficiles, avec Benoît à la coupe de l'énorme jambon d'Espagne que Will nous avait apporté, et un moment tous les 4 où les discussions nous ont conduits dans les hautes sphères du Japon, de la Foi, de l'énergie renouvelable, de l'éducation positive des enfants, du foot aussi (argh!) etc.. Puis les jeux de société, dés, cartes, où évidemment le capitaine gagnait toujours 😉


Vie à bord

Rencontres en mer. Il faut le dire, des morceaux de plastique flottant sous toutes ses formes.... Mais certains, vus de plus près, sont en fait des "galères portugaises", des physalies extrêmement dangereuses avec leur filament pouvant aller jusqu'à 10m. On en a pêché une pour voir de plus près. Par contre, attention à ne pas la poser là où vous mettrez les fesses plus tard!

Aucun voilier à vue, mais on a joué à "finding Zeemo" qui était toujours 60nM devant nous - pratique pour nous prévenir des grains! On a juste croisé un cargo qui transportait un bateau-copain!

Sur la fin, pour nous consoler de la pétole, on a eu droit à une orgie de dauphins, ainsi que trois cachalots à 200 milles des Açores, avec un lever de queue dans le coucher du soleil dont seuls nos yeux ont fait un cliché.

Rencontres en mer

Arrivée. Au lever du soleil le dimanche 10 juin, on voyait poindre le mont Pico qui culmine à 2000 et qq mètres. Nous sommes arrivés vers 9h heure locale, dans un port plein à craquer, avec des copains pour nous accueillir, les yeux encore gonflés de sommeil 😀. Nous avons filé à la messe de 11h, qui a duré 39mn top chrono, sans chant et avec 10 fidèles de +60ans... ça change des Antilles, snif! Mais belle occasion d'une action de grâces pour cette traversée sans encombre!

Et puis, passage obligé dans la rue devant le célèbre Peter's bar, et là, des tables de pique-nique, et un énorme cochon en broche! Tout ça, offert aux passants en l'honneur de "l'amitié entre l'île de Faial et l'île de Pico"!

Bem-vindo aux Açores!!

Remerciements. Tout d'abord un immense merci à Vianney qui nous a accompagnés assidûment de ses SMS météo très précieux tous les jours!

Merci aux Zeemo qui nous ont envoyé dauphins et baleines sur notre route. Merci à tous ceux qui nous ont encouragé par sms satellite.

[Edit] Sans oublier les grands-parents des enfants qui ont accepté en dernière minute de nous les garder de longues semaines! Et qui selon les mots des enfants, leur ont concocté un programme super génial!

Et puis un grand merci à Benoît et William d'avoir partagé notre aventure - et pas qu'un peu! A Benoît pour ses petits plats concoctés aux petits oignons pour le moral des troupes, ainsi que pour la découpe assidue du jambon! A William pour les grands débats et ses enseignements - que l'on essaye encore d'appliquer - en portugais et... en "éducation positive" 😉

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Publié le 24 juillet 2018

Si vous voulez en lire un peu plus sur le début de notre voyage, voici le lien de notre premier blog: http://b2hfamily.wixsite.com/iaorana/le-journal-de-bord

Et quelques vidéos sur youtube.