C'est un sujet qui m'a interressé dès la première salve de tunnels passés en Norvège, sujet par ailleurs totalement ignoré des guides touristiques ou des médias, et pourtant je pense que ça mérite un minimum d'attention avant de s'y aventurer🤣🤣
TUNNELS INQUIETANTS EN NORVEGE
Le tunnel est une nécessité en Norvège passant à travers les montagnes ou bien sous la mer, neufs ou anciens, lumineux ou éclairés à la bougie, payants ou non, minuscules ou longs comme un bras. Ils font partie du décor et les assimiler pour un étranger n'est pas chose toujours simple mais toujours une source de sensations nouvelles.
C'est en cette nouvelle journée de découverte que j'aborde détendu et joyeux mon 4ème passage sous la terre ; les premiers tunnels, sont avalés goulument sans difficulté même si au fil de la route, je les trouvais de plus en plus étirés : 3kms, 5kms puis 7.5kms de longueur. Le dernier de la journée se profilait doucement et à son approche, je découvre un peu ahuri la longueur annoncée : 14 kms !!! J'ai senti un léger frisson remonter ma colonne vertébrale, jusqu'à atteindre mon cerveau qui déclencha immédiatement un petit SOS de méfiance. Pas le temps de respirer, et Paf !!!mes yeux qui parcouraient calmement jusqu'alors les jolis fjords bleus se trouvèrent projetés avec force dans un noir absolu lors de mon entrée au travers de cette bouche du néant...j'attendais que les pupilles s'adaptent pour que revienne une lumière, simplement pour me guider, mais fichtre !!, rien ou si peu. Il faut dire que les ampoules de mes phares sont d'un autre âge, et comme cela ne suffisait pas, la voûte émettait une vague lumière orangée miteuse et blafarde, de faible intensité qui ne me rassurait pas du tout quant à sa capacité à m'ouvrir correctement la voie. Diable, 15kms dans ces conditions plus qu'hasardeuses seraient une éternité. Et dans ce boyau qui me paraissait bien étroit, l'éternité défile au gré des panneaux qui indiquent à chaque km, le nombre de kms parcourus et ceux restants à vaincre et je me demandais inconsciemment à chaque fois si j'arriverais à la prochaine indication kilométrique...Dans ces reflexions multiples, ma lucidité en pris un coup et mon imagination allait se régaler à décrypter les sombres signes annonçant certainement le pire pour ce voyage du confinement.
Le vrombissement de mon tacot renvoyait sur les parois minérales des sons étranges que je percevais comme des cris étouffés, des suppliques, et pour lesquels je cherchais vainement les coupables bouches émettrices . Mes vitres entrouvertes me ramenaient une humidité persistante aux odeurs de moisi, parfois des gouttelettes d'eau tombées des roches fissurées ; alors mon champ de vision se couvrait d'un halo ouaté qui transformait le ruban d'asphalte en quelque chose de très incertain, qui s'évanouissait devant moi.
Au panneau km 3 je tentais de reprendre mes esprits et d'écarter ces impressions mauvaises et lugubres; je ferme les fenêtres, j'active les essuis glace, je sifflote même et me dis pour m'encourager qu'il ne reste plus que …11kms. J'y voyais mieux certes, je pensais être plus rassuré mais il était dit que ce satané tunnel me réserverait encore un de ces mauvais coups. Des formes me replongèrent instantanément dans des pensées incontrôlables ; des formes animées sous l'effet des rayons multiformes jouaient sur les parois ruisselantes et visqueuses d'humidité. Était-ce la réfraction de cette lumière qui donnait naissance à des visages torturés qui semblaient vouloir me parler, mais de quoi ? Et pourquoi ces tentacules débridés, affolés, cherchant leur capture quotidienne se lançaient sans hésitation devant mes pneus ? Et que dire de ces chevelures folles, de Viking sans doute condamnés à perpèt ou des trolls et qui ne pensaient qu'à me forcer à mener une bataille sanguinaire à l'issue incertaine ? Je n'avais pas les réponses hélas à toutes ces questions qui s'entremêlaient dans ma tête.
Mon œil accrocha le panneau 7kms parcourus, celui où l'on sait qu'on est plus proche de la fin que du début, sans demi-tour possible !! Il fallait avancer, inéluctablement pour se sortir de tous ces pièges. Le défilement des panneaux kilométriques avait un côté hypnotique et j'avais l'impression paradoxalement, que cela ne faisait qu'allonger la durée de ce mauvais conte.
Combien de pauvres âmes innocentes prélevées, grignotées, satellisées, digérées sans laisser aucune trace sur le trajet de ce boyau noir infernal ! Mais ici au pays du père Noël, tout le monde s'en fout des disparus des tunnels !!! Pas une ligne dans les canards locaux ! Tout le monde sait que c'est le tribu à payer pour que "dehors" on puisse vivre en paix. Ferais-je parti de ce prélèvement nécessaire au bien être du peuple norvégien?
Je m'égare peut-être, mais proteste avec véhémence pour raccrocher un peu de rationnel à tout cela...Ahhh, Si j'avais pu me transporter à la vitesse de la lumière, si…Je menais encore ces réflexions débiles quand... Paf !!! Un éclair aveuglant me cingle le visage, le temps de m'apercevoir hébété que j'avais réussi ma traversée. Je rigolais faussement rassuré, en me disant que j'avais eu beaucoup de chance de survivre à toutes ces créatures vindicatives qui ont trouvé refuge dans ces abîmes malsains.
Qui sait si l'une d'elles ne m'aurait pas happé pour nourrir ses propres démons et après avoir tiré la substantifique moelle m'aurait alors rejeté de la bouche du tunnel comme les glaciers rendent les corps au grand jour après des décennies ?
Brrrrr, décision prise, pour plus de sérénité je ne prendrais plus les tunnels norvégiens de plus de 10 kms !!!
Je le précise, cette histoire ne correspond pas complètement à la réalité même si......maos je ne le dirais pas . Et bien sûr je n'étais ni alcoolisé ni sous l'effet des stupéfiants pour franchir ces tunnels ET relater avec un peu d'ironie cette fichue histoire.
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