04 juin :
C'est avec un peu de nostalgie que nous roulons vers notre prochaine étape : Rotorua. Si la météo avait été plus agréable, nous aurions pu parcourir Tongariro en long en large et en travers. Mais on ne se laisse pas abattre et prévoyons de visiter un site appelé "cratères de la lune".
On arrive aux abords du lac Taupo, noyé dans la grisaille. Tant pis pour les beaux paysages, on s'arrête au parc "Craters of the moon" (Karapiti en Maori), pour une petite balade d'une heure. Il s'agit d'un parc géothermique de la zone volcanique de Taupo, constitué de cheminées, cratères et fumerolles d'où émanent de la boue ainsi que des vapeurs de soufre et d'eau. Ces cratères sont apparus suite à la construction d'une centrale géothermique, qui a modifié la circulation d'énergie dans le sous-sol et donné lieu à des éruptions sur le site "Craters of the moon".
Ça fait un peu gris tout ça De la fumée blanche s'échappe du sol tout autour de nous, des barrières bordent les cratères brûlants. Heureusement, ça empêche Hilkka d'aller "faire griller quelques marshmallows". Ça fume tellement qu'on peine à distinguer le fond des cratères. On entend malgré tout l'eau et la boue qui bouillonnent au fond du trou, avec une forte odeur de soufre. Un sacré paysage lunaire !
Au feu ! On continue notre route vers Rotorua, en faisant un petit crochet par les Huka Falls, sur le fleuve Waikato. Imaginez, un fleuve de 100 mètres de large qui se réduit brutalement à 15 mètres, "ça fait un sacré débit" s'exclame Hilkka, hilare. On ne peut que lui donner raison. La couleur bleu turquoise de l'eau rend ces chutes encore plus spectaculaires.
Haut débit On arrive finalement à Rotorua dans l'après-midi. On sent une forte odeur de soufre dans les rues mais aussi dans les bâtiments, l'immersion dans le géothermique est totale !
05 juin :
Ce matin, on prend la direction du parc Waimangu Volcanic Valley. Ce parc géothermique s'est créé suite à une violente éruption du mont Tarawera le 10 juin 1886.
Arrivée au parc Waimangu On y trouve une succession de trois cratères contenant chacun un lac. Parmi ces cratères, le Echo Crater contenant le Frying Pan Lake, lac acide avec une eau à 55°C, la source chaude la plus étendue au monde. Non loin de là, l'emplacement du plus haut geyser au monde (décidément) à l'époque, qui culminait à 460 mètres. Ce cratère a connu d'autres éruptions en 1915, 1917 et 1973. En bordure de ce lac, on peut voir des plaques de silice, les couleurs sont remarquables: orange, vert, violet, doré, semblables à des flaques d'huile. Ce sont en fait des dépôts minéraux de molybdène, arsenic, antimoine et tungstène. La végétation est très dense tout autour de nous, on se demande bien comment c'est possible, dans un environnement aussi hostile.
Southern Crater Lake Frying Pan Lake Cathedral Rocks - dépôts minéraux sur le rivage Fumerolles et dépôts de silice - deux vulcanologuesUn peu plus loin, le cratère Inferno, un lac d'eau bleu turquoise fumante au pied du mont Haszard qui cache en son fond le plus haut geyser au monde, bien qu'il soit invisible de la surface (30 mètres de profondeur). On n'est pas allés vérifier l'exactitude de cette information.
Inferno Lake et le fameux "plus grand geyser au monde"On longe ensuite un cours d'eau chaude, propice au développement d'algues, surmonté de stalactites de calcaire colonisées par les bactéries. dans un assemblage de couleurs incroyable.
Pèle-mêle volcanique On arrive enfin sur la Warbrick Terrace, constituée de plateformes de silice orange et blanche. La surface de la terrasse fume en plusieurs endroits, le décor est surréaliste.
Warbrick Terrace, pas l'endroit idéal pour poser sa servietteLa balade se termine sur le lac Rotomahana où l'on peut voir de nombreuses espèces d'oiseaux. L'expert en oiseaux que je suis n'en demandait pas tant, on regrettera seulement de ne pas avoir pris le pique-nique avec nous. Un des plus beaux sites qu'on ait pu voir pendant ce tour du monde. Dire qu'au début du 19ème siècle se tenait juste là une immense terrasse de silice rose et blanche, détruite par une éruption volcanique. La morphologie de la vallée évolue radicalement en fonction des événements géologiques.
Ok, ok, j'arrête avec les photos d'oiseaux Allez quelques oiseaux pour la routeL'après-midi, retour à Rotorua pour une balade dans la Redwoods Forest qui borde la ville. C'est une immense forêt de séquoias, proche de la zone thermale de Whakarewarewa, comme dirait Shakira. On aperçoit par moments des cours d'eau bleue cristalline, provenant de la source thermale. On se perd entre les énormes troncs centenaires, aux troncs rouge/orangé. Hilkka ne peut s'empêcher de câliner les arbres "pour mieux capter les ondes de la forêt". On sera gentiment escortés par la sécurité du parc. Un souci avec l'ordinateur nous occupera toute la soirée. C'est aussi ça les petits plaisirs d'un voyage.
On est peu de choses ! 06 juin :
Aujourd'hui, c'est le parc Wai-O-Tapu qui nous attend. Mais qu'est-ce-que c'est, vous demandez-vous surement. Devinez : encore une zone géothermique ! C'est un ensemble de cratères colorés par l'activité géothermique. Avant le début de la visite, on fait la connaissance de Caroline et Cédric, une Belge et un Réunionnais, qui nous demandent de les conduire en voiture jusqu'au geyser Lady Knox, à quelques minutes de l'entrée. On accepte et on part donc tous les 4 jusqu'à la Hyundai, quand deux touristes néerlandaises nous demandent également une place dans la voiture. On se retrouve donc à 6 dans la petite citadine qui n'en demandait pas tant.
Le geyser de la discorde On longe le Echo Lake et son eau grisonnante qui fait des bulles pour découvrir un des endroits les plus impressionnants du site : Artist's palette, composé d'un panache de couleurs (bleu, jaune, vert...), magnifique.
Un petit bain de boue acide? Artist's palette Un peu plus loin, une vue panoramique sur Frying Pan Flat, un immense plateau de silice, Oyster Pool, un petit bassin thermal d'une eau bleue très claire en forme d’huître, ou encore une impressionnante cave tapissée de soufre.
Le plateau "poêle à frire" Frying PanLa cave de soufre et Oyster Pool, la piscine en forme d'huître Au bout du sentier, le lac Ngakoro et sa couleur vert émeraude.
Autour du lac Ngakoro - chute d'eau et terrasses de silice On repasse proche de la palette d'artiste mais du côté cette fois-ci de la Champagne Pool, une source thermale de 65 m de diamètre et d'une soixantaine de mètres de profondeur. Le nom de Champagne Pool provient des émanations de CO2 qui font buller l'eau du bassin comme du champagne, entouré d'une couronne orangée colorée par des dépôts de minéraux.
Champagne Pool Non, vraiment, faites un truc avec l'eau de vos piscinesQuelques cratères fumants pour terminer la balade au moment où la pluie fait son apparition. On dépose nos deux compagnons de route à Rotorua, avant de se diriger vers la réserve animale Rainbow Springs, pour voir l'insaisissable kiwi.
On se dirige alors vers l'enclos des kiwis. En passant devant la boutique, un cygne tente de forcer l'entrée pour acheter un truc. Un mauvais signe, sans doute...
Hé ho ! Vous prenez la CB ? Les kiwis n'ont pas d'ailes, ils ne peuvent donc pas voler. Mais ils peuvent marcher. Ils sont aussi très craintifs et ne sortent que la nuit. L'enclos recrée donc une ambiance nocturne pour les mettre en confiance. En entrant dans la pièce, on entend un kiwi courir dans les feuillages. Pour faire simple, ça ressemble à une poule un peu voûtée et sans ailes, avec un très long bec pourvu de narines.
C'est vraiment marrant de le voir galoper d'un côté à l'autre de l'enclos, à la recherche de nourriture. C'est un peu moins drôle de se dire que l'espèce est en voie de disparition et que pour cette raison la captivité est indispensable. On reste un moment, à regarder faire le kiwi, contents d'avoir pu en voir un vrai, malgré tout.
Vis ma vie de kiwiOn parcourt ensuite le reste du parc : wekas (sorte de poules), keas et kakas (perroquets), canards, tui (oiseau à collerette). On entre même dans une cage où un des perroquets essaie de profiter de notre entrée pour se faire la malle, alors que deux canards sont en train de s'engueuler juste à côté de nous, pour une sombre histoire de vol en bande organisée. Hilkka fait des bonds dans la cage quand un oiseau la frôle, je me régale du spectacle.
Cui-cuiOn passe devant l'aquarium où des truites géantes nous regardent de près, et devant les cages des reptiles. Le tuatura, une espèce de lézard qui n'a pas évolué depuis l'époque des dinosaures et qui a trois yeux. On lui souhaite de ne jamais avoir à porter de lunettes.
Tu me dis si j'empiète sur ton espace perso On part donc enchantés de cette visite, contents d'avoir vu le kiwi. Demain, direction la péninsule de Coromandel, la fin du road trip approche.