Hello à vous tous, confinés aux quatre coins du globe... et Merci pour vos nombreux messages qui nous ont fait très plaisir!!!
Tout d'abord : Oui - tout va bien pour nous!!! Nous sommes en Argentine, sur la péninsule de Valdes, confinés, comme vous, depuis une quinzaine de jours... En effet, l’Argentine à fermé ses frontières dès le 15 mars et imposé le confinement totale jusqu’au 13 avril. Nous sommes donc en pause-voyage depuis et pour un moment!
Nous sommes arrivés ici le 14 mars, après avoir foulé le bout du monde et traversé la Patagonie de long en large... Entre les somptueuses randonnées autour des glaciers, les milliers de kilomètres de pistes chaotiques, les bivouacs sauvages au milieu de nulle part, les émouvantes rencontres avec la faune locale et les conditions climatiques parfois extrêmes, nous avons été délicieusement déconnectés! Voilà pourquoi le blog sommeil depuis quelques mois... (Ps : on ne vous a pas oublié, afin de pallier à l’absence de récit, j’ai mis en ligne temporairement quelques photos qui retracent notre itinéraire sur Polarsteps a l’adresse suivante : https://www.polarsteps.com/HeloiseLoli/3189358-chili/25458613-?s=43E92538-A4C4-4D0E-894B-ECFDED22E69C
Bref, nous avons débarqués sur la péninsule de Valdes le jour de l’ouverture officielle de la saison des Orques, tout excités à l’idée de tenter de d’apercevoir ces fascinants prédateurs et de découvrir ce célèbre parc marin dont nous avions tant rêvé... Nous étions loin de nous imaginer que nous y resterions si longtemps !
A l’entrée du parc, nous avons été contrôlés par des policiers inquiets à l’idée de laisser des étrangers, potentiellement contaminés, pénétrer sur leur territoire. Pour la première fois nos drapeaux italiens et français étaient plutôt mal vu... Heureusement que notre dragon gallois faisait meilleure figure (il attire en effet une grande sympathie dans ce coin de Patagonie où les gallois ont débarqués au XIXe siècle!)
Grâce à nos passeports bien tamponnés et à nos 7 mois de voyages sur les routes sud-américaines nous avons tout de même été autorisés à entrer mais on nous a immédiatement informé que le seul camping de la péninsule et toutes les structures d’informations étaient fermées au public jusqu’à nouvel ordre à cause du Coronavirus... Le message était clair : le Covid était en train d’atteindre l’Argentine et de bouleverser les esprits!
Nous avons passés les deux premiers jours à arpenter la péninsule sans se soucier de l’actualité, revenant chaque soir, comme on nous l’avait imposé, dormir à Puerto Piramides, le seul village de la presqu’île.
Mais au 3ème jour les choses ont commencé à se gâter : la péninsule de Valdes déclarait officiellement la fermeture du parc tandis que la province du Chubut annonçait la mise en place des premières mesures de restrictions. Voyant que le vent était en train de tourner, nous avons choisis, sciemment, de nous arrêter là, en se disant que le spot était chouette et qu’un peu de repos ne nous ferais pas de mal après toutes ces pérégrinations.
Et en effet, le matin suivant, une policière est venu nous voir pour nous recenser. Elle a vérifié que nous étions entrés en Argentine depuis plus de deux semaines (ouf !!! pile poil : nous débutions notre 14e journée sur le territoire argentin, ce qui nous a évité bien des ennuis!) et nous a informé qu’on ne pouvait désormais plus circuler avec notre véhicule...
Nous avons profité de cette pause imposée pour se détendre sur la plage en compagnie d’autres voyageurs et improviser un apéro convivial face à la mer avec le brasseur du village (qui nous a abreuvé de ses délicieuses bières artisanales!). Le confinement commençait plutôt bien...
Malheureusement, le jour suivant, une autre brigade de police, bien moins aimable, a débarqué avec l'intention de nous expulser... Ils avaient apparemment reçus l’ordre d’évacuer au plus vite tout les étrangers : nous devions quitter la péninsule sans délai, peu importe qu’on ait nulle part où aller! Les agents nous ont confirmés qu’il était désormais illégal de circuler en Argentine, qu’on serait donc verbalisés si on se déplaçait sur les routes du pays. Ils nous ont aussi avoué que la police de Puerto Madryn, la ville la plus proche, nous refuserait certainement l’accès, mais ça, ce n'était pas leur problème, on devait tous partir et rentrer chez nous... en Europe?!
On est un peu tombé des nues. On leur a expliqué que ça n’avait ni queue ni tête, on essayé de négocier, d’argumenter, on a exigé de discuter avec leur chef et finalement on a tout simplement refusé de bouger... Comme on était 18 personnes (5 enfants et 13 adultes) ils n’ont pas eu le choix, ils sont repartis bredouille, tandis que nous restions là, sur notre parking face à la mer... avec un beau coucher de soleil et une chouette soirée barbecue en perspective pour nous remonter le moral et tirer des plans sur la comète !
Finalement, Mercredi 18 mars, « l’intendente », un homme plutôt sympathique et bienveillant, est venu nous expliquer que le village étant situé au sein d’une une aire naturelle protégée (patrimoine de l’Unesco) c’était à lui, le chef des gardes parc, de décider de notre sort et non à la police locale... il nous a alors annoncé avec un grand sourire qu’il avait réquisitionné le camping municipal spécialement pour nous accueillir jusqu'à la fin du confinement... en espérant que nous garderions une bonne image de notre séjour en Argentine !
Ravis, nous nous sommes donc installés au camping du village, en compagnie de deux autres familles françaises (Anne et Vincent avec leurs filles Louise (10ans) et Romane (5ans) que nous côtoyons régulièrement depuis l’Equateur - Alix et Adri avec Lou (3ans) et Felix (7mois)), ainsi que trois couples sympathiques (Ivan et Lujàne, les Argentins - Martina et Michael, les Suisses - Ulrika et Alfred les retraités allemands) et Daniel, le mystérieux motard suisse allemand.
Nous formons depuis une étonnante communauté, bienveillante et solidaire, et avons appris à nous organiser ensemble dans cet étrange espace-temps pour faire régner une ambiance joviale malgré les contraintes du confinement.
A vrai dire, nous sommes bien content d’être parqués ici, en toute sécurité! Surtout quand on entend ce qui se passe aux quatre coins de l’Amérique du Sud pour les voyageurs étrangers : la panique semble avoir gagné bon nombre de nos compatriotes qui tentent tant bien que mal de se faire rapatrier coûte que coûte...!). En ce qui nous concerne, on préfère rester tranquille en attendant de voir ce que l’avenir nous réserve. On considère qu’on est bien ici pour l’instant : l’Argentine compte assez peu de cas de Covid (il n’y en a d’ailleurs aucun dans la province du Chubut!), notre spot est chouette et on est bien traités...
Nous pouvons circuler librement au sein du campement ; un très grand terrain de sable, arboré de pins, avec plein de recoins tranquilles. Chacun bénéficie de son propre espace d’intimité et les enfants ont beaucoup de place pour jouer. Nous avons accès à l’eau, ce qui nous permet de boire (!!), de remplir nos filtres et de laver nos affaires et nous pouvons même prendre une douche chaude chaque soir entre 18h et 19h - Ce qui constitue un véritable luxe pour les routards que nous sommes!!!). Nous avons aussi pu brancher nos véhicules à l’électricité, un détail non négligeable qui nous apporte un confort supplémentaire et nous donne la possibilité de bricoler plus facilement.
Nous profitons d'un micro climat agréable, avec soleil brulant et grand ciel bleu quotidien, ce qui nous donne l'occasion de peaufiner notre bronzage, de vivre en plein air et de nous régaler de barbecue. Certains jours, le vent, parfois violent, nous rappel que nous sommes aux confins de la Patagonie et au fil des jours, les températures nocturnes qui commencent à baisser, nous indique que l'automne pointe son nez... Hormis ces subtiles variations nous avons vraiment l'impression de vivre hors du temps.
Nos déplacements à l’extérieur sont extrêmement limités! Les premiers jours nous pouvions encore marcher sur la plage qui borde le campement mais ce privilège nous a vite été retiré, à notre plus grand regret! Nous sommes autorisés à nous rendre au village, uniquement seul, un à un, et dans l’unique objectif de récupérer nos courses préalablement commandées via sms à la « Carniceria » ou au camion primeur qui passe une fois par semaine. Tout au long de la journée une voix monotone ressasse en boucle, depuis le haut parleur d’une camionnette qui sillonne les rues du village, un discours strict qui rappelle à chacun l’interdiction de sortir, sauf en cas d’extrême nécessité « y nada más »!
Cela dit on est plutôt chanceux car les produits proposés sont variés et d’assez bonne qualité : des fruits et des légumes frais, du fromage à la coupe, de bonnes viande locales à griller, du pain, une large gamme de vins argentins... on a même réussi à dégoter du poisson frais auprès d'un pêcheur du coin!
Les premières semaines, les militaires et les policiers faisaient des rondes jour et nuit, toute les deux heures, pour vérifier que nous ne filons pas en douce et que nous respections le couvre-feu, dont l’effrayante sirène hurlante retentit chaque soir à 19h30 pétante. Nous avions parfois la désagréable impression d’être dans un camps de prisonniers... Mais au fil des semaines la pression se relâche un peu et la surveillance devient moins intrusive. Nous pouvons désormais grimper dans les dunes de sables pour apercevoir la mer à travers le grillage, longer discrètement la plage sans se faire remarquer en rentrant du village et même se retrouver parfois en petit comité à l’heure de l'apéro...
La vie en communauté s’organise doucement, et malgré les interdits, de manière plutôt agréable et créative...
Nous avons passé les deux premières semaines à nous installer, en aménageant des espaces de vie et de jeux, et surtout à nettoyer et à réparer nos maisons roulantes. Autant vous dire qu’après plusieurs mois à rouler sur des pistes poussiéreuse et défoncées il y avait du boulot! ça nous a bien occupé!!!
Les gars sont d’ailleurs toujours en train de bricoler, de parler mécanique, de comparer leurs nouvelles trouvailles et de tester de nouvelles choses sur leurs véhicules respectifs...
Tandis qu’on se retrouve entre nanas pour notre séance quotidienne de yoga dont je me suis improvisé prof : un délicieux petit moment de détente et de relaxation !
Nous avons aussi bien sûr mis en place plein d’ateliers pour les enfants : masque, attrape-rêve, tir à l’arc, jeux de pétanque, chasse au trésor, construction dans le sable, déguisements, pâtisseries, peinture, histoires... et Michael a même construit deux balançoires et une super cabane pour eux!
Finalement on constate que les gosses se débrouillent assez bien sans nous pour inventer des trucs hilarants! Ils passent leurs journées à courir partout, au milieu des chats et des chiens, heureux d’être en semi-liberté! A force d'observer leur délires en rigolant et d’halluciner sur leurs dernières inventions, nous avons eu l’idée de faire un court-métrage tous ensemble, histoire de mettre en scène cette étrange réalité!
Voilà, entre nos pseudos réunions de travail, nos rdv techniques, nos ateliers enfants, nos cours improvisés et nos tâches quotidiennes, j’essaie tant bien que mal de trouver un moment pour me remettre à mes récits de voyage! Affaire à suivre donc... (dès que j’aurais résolu mon soucis de partage de connexion!)
Milles bises à tous!!! Prenez soin de vous et donnez nous des news de votre confinement!