Après la route tortueuse et quelques courses à Rëshen, petite ville populaire, nous voilà de retour sur la piste. De toute façon, pour aller chez nos amis Pashk et Gisté, il n’y a pas d’autre voie. L’étonnement passé, les retrouvailles sont très chaleureuses.
Claudiana, la belle-fille, prépare un repas rien que pour nous car on suppose qu’ils ont déjà mangé : salade tomates-concombres-poivrons, frites, œufs durs, pain maison, féta, yogourt.
L’orage gronde et pour une fois, il se met à pleuvoir assez fort.
Pashk et Gisté décident de tuer une chèvre en notre honneur. On tente de les en dissuader mais c’est peine perdue ! A contre-cœur, Gégé se sent obligé d’aller les aider… Le dépeçage et la préparation prendra une bonne partie de l’après-midi.
Pendant ce temps, je joue avec Marinella, la fille de Claudiana. Elle n’est pas trop impressionnée par Moky.
La chèvre étant prête à mettre au four, je pars chercher la vache et les chèvres avec Gisté dans un champ voisin. Au retour, il faut traire la vache, ranger l’âne et les biquettes, nourrir les cochons…
Ouf ! On se met à table. Selon la tradition, il faut qu’elle soit pleine ! Celle-ci n’est pas très grande et les plats de chèvre (rôti des côtes et des pattes, deux assiettes d’abats) occupent l’espace pour qu’il reste juste assez de place pour les frites, les œufs durs, la pita au fromage, la salade de crudités, le yogourt, le pain et les boissons (bière et fanta). Les échanges sont facilités par le traducteur du téléphone et par toute la bonne volonté qu’on met à se comprendre. La fatigue de nos hôtes se fait sentir et on ne tarde pas à aller se coucher dans le camion garé juste devant la maison.
Le lendemain, les chiens se chargent de nous réveiller de très bonne heure. On est invité à aller un boire un café (toujours dans un dé à coudre). On offre quelques petits cadeaux et recevons un pot de miel, de la féta, de l’origan et des restes de chèvre. C’est déjà l’heure d’au-revoir très émouvants.
Le fait de côtoyer ces personnes très démunies, à nos yeux d’européens, nous questionne sur la manière dont on pourrait ou non les aider : argent ? biens matériels ? une chèvre ? On en conclut qu’on ne les connaît pas assez et qu’on se doit d’abord de les respecter dans leur façon d’être et de leur faire passer un bon moment quand on est ensemble.
Changement de décor : on se dirige vers le Parc de Lurë.
Une piste bien défoncée et ravinée.
Elle devient même trialisante et nous secoue pendant des kilomètres ! Peu de photo, trop occupé à 10 km/h ...
On passe sous une énorme roche qui ressemble à celle qu’on appelle « la cathédrale » au Maroc.
Les abords du petit Liqeni i Madh est idéal pour le picnic.
On croise Tom, un VTTiste solitaire : il vient des Vosges et projette d’aller jusqu’en Grèce : bon courage !
Le Parc national de Lurë et le Mali i Dejës sont magnifiques.
Très verdoyants avec de multiples petites cascades.
Des bergeries très sommaires sont bien calées dans la montagne.
A l’heure du bivouac, un berger s’inquiète de ce qu’on cherche. Quand on lui dit qu’on veut bivouaquer, il nous invite à le suivre avec son troupeau.
Arrivés à la bergerie où l’attend son frère, il demande à Gérard de l’aider à parquer les chèvres dans un petit enclos.
La sortie ne se fait que par une toute petite issue pour qu’elles passent chacune leur tour à la traite. Arthuri sollicite encore Gérard pour traire les biquettes : ça demande une certaine habitude mais avec un peu de persévérence, le niveau de lait monte dans le seau ! Au bout d’environ heure, toutes les biquettes sont traites. Il faut de suite aller mettre le lait à chauffer à 65 ° en le remuant sans arrêt.
C’est encore Gérard qui est de service ! Arrivé à température, il faut le refroidir aussitôt dans une cuve d’eau glacée.
Ouf ! On va pouvoir aller dîner : ils nous offrent une sorte de féta (plus moelleuse que d’habitude) et une assiette de fromage blanc liquide avec du pain. On agrémente ce repas avec nos céréales qu’Arthuri et Kastiote apprécient. Les deux frères sont aussi curieux sur nous que nous sur eux. On apprend de nombreux mots albanais, Arthuri note pas mal de mots français et on se marre comme si on se connaissait depuis toujours : encore une superbe rencontre ! L’heure tourne et les bergers se lèvent à 6 h alors on va se coucher, le camion garé le long de la bergerie. Le lendemain, je leur fais un café soluble évidemment moins bon que leur café à la turque. Les bêtes et le lait pour la fabrication du fromage les attendent : et oui, il y en a qui bossent, même en Albanie ! ;-) Il faut donc se quitter. Les accolades et les poignées de main traduisent la sincérité avec laquelle ces gens nous ont accueillis : c’est encore très touchant.
C’est par une piste tout aussi défoncée que la veille qu’on reprend notre trace. D’ailleurs, par endroits, il n’y a plus de piste mais un éboulis de cailloux ! (5 km/h) Heureusement que le panorama sur les Alpes albanaises compense.
En quittant le petit camping de Peshkopi, on prend un couple d’Albanais, Ylli et Nurié, en stop, croyant qu’ils rentrent chez eux. En fait, ils veulent qu’on les emmène sur la tombe d’un de leur fils puis faire un petit coucou à une copine. Bon, on ne s’est pas bien compris au départ et résultat, ils nous font faire une boucle sur une piste bien défoncée et très très étroite par endroit !
Une fois à la maison, on sera récompensés par une bonne collation. Ils ne veulent plus nous laisser partir !
Le bivouaque n’étant pas possible dans leur jardin, on repart dormir à 5 km de la frontière de la Macédoine, en face Radovesh. Le lendemain, les travaux récents et la construction d’un petit canal le long de la route-piste vers Librach-Cerenec puis Bize-Zebzun ont un peu modifié le tracé. On hésite alors qu’un petit camion s’engage avant nous : s’il passe, notre p’tit gros passera !
On poursuit sur cette piste qui longe le parc national Shebenik-Jabllanice jusqu’à ce qu’une grosse remorque arrêtée en occupe toute la largeur : son tracteur arrive sans tarder et nous dégage la piste.
En partie en sous-bois, la piste en terre est très agréable et le paysage montagneux très joli, d’autant que certains paysans prennent le soin de disposer le foin fauché en dessins géométriques : original et harmonieux.
Moins bucolique mais historique, on arrive dans une région où les vestiges de l’ère communiste sont très nombreux : grands bâtiments délabrés et petits « champignons » en béton rappellent de façon très prégnante cette période que certains albanais semblent regretter, disant qu’à l’époque, ils avaient tous du travail et donc de quoi vivre. Ils ne disent pas grand’chose sur leur manque de liberté pour s’exprimer…
Le moteur de notre p’tit gros donnant quelques signes de ratatouillage, nous prenons la direction d’Ivéco à Tirana. Heureusement quelques kilomètres de route et une potion magique mélangée à un litre d'essence suffiront à régler le problème (sans doute une saleté dans le gicleur ou un gasoil d’une qualité douteuse…)
Etant sur place, on en profite pour visiter la ville en camion. A 10 h le matin, la circulation est dense mais pas stressante. Tirana se la joue « à l’européenne » avec de nombreux immeubles modernes finis ou en construction, ses hôtels de luxe et tous ces jeunes en trottinettes électriques.
Bon, on ne traîne pas dans la capitale : direction Elbasan avec un arrêt resto. Il faut savoir que dans certains restos albanais, quand on commande du poulet, il faut être patient. En effet, quand on attend environ une heure, c’est que le poulet va arriver en entier ! Bien que « local », celui-là ne nous laissera pas un souvenir culinaire innoubliable, il avait dû un peu trop se dépenser dans le jardin à moins que le cuisto ne l’ait confondu avec une poule…
Quelques photos à Elbasan, beaucoup plus petite et calme en ce milieu d’après-midi.
La chaleur nous incite à chercher le bivouac de bonne heure : peine perdue vu la configuration de la belle route toute neuve qui serpente de plus en plus haut vers le lac I Banles.
Ce ne sera que tard qu’on trouvera enfin le site idéal avec une vue splendide sur le lac : un beau bivouac ça se mérite !
On redescend de la montagne vers Korcë, ville moyenne très animée, où je photographie la basilique décorée pour un mariage.
C’est ensuite la traversée de la grande plaine cultivée vers Ersekë. On frôle encore la frontière avec la Macédoine mais décidons de rester encore en Albanie vers le centre puis l’ouest, en contournant le parc national Bredhit të Hotovës-Dangëli.
Après une route « à trous », nous voilà à Leskovik où deux charmantes femmes nous accueillent dans leur resto. Oui, on va souvent au resto mais comme c’est le même prix que de faire les courses (2 460 leks soit 21 € tout compris pour 2) et qu’en plus ça permet de rencontrer des gens très sympas, pourquoi se priver !
La route vers Permët nous fait découvrir qu’en Albanie aussi on cultive la vigne : les Bordelais n’ont qu’à bien se tenir ! (bon, ils ont une « petite » marge d’avance…).
La rivière Vjosë nous invite à la baignade bien rafraichissante.
A Permët, on fait une visite éclair de la petite ville avant de repartir dormir en surplomb de la rivière.
Malgré quelques réticences à faire les touristes, on décide d’aller visiter la ville historique de Gjirokaster mais avant, on commence par l’ascension du Mont Lunshërisë qui offre une vue splendide sur la chaîne des monts Gjërë et la plaine de Gjirokaster.
Autant la route pour monter est toute neuve, autant la piste pour redescendre est pourrie !
Au passage certaines roches érodées méritent quelques photos. Quelques détails nous font penser que la Grèce n’est pas loin…
De bonne heure pour éviter la chaleur, on part visiter la citadelle. Après avoir difficilement trouvé l’entrée (on ne peut jamais faire comme tout le monde…), on entame la visite par le grand corridor de l’édifice. Il abrite une collection de canons et de pièces d’artillerie de différentes époques. Les espaces extérieurs offrent une vue complète sur la ville et ses environs. La restauration en cours du monument n'est pas prêt d'être terminée.
Un petit tour dans le quartier du bazar et nous voilà repartis vers Tepelenë puis vers Bérat, la « ville aux mille fenêtres ». La piste vers Bérat est aussi pourrie qu’en 2019 ! Et en plus, il faut attention de ne pas écraser les tortues…
C’est dans cette montagne que vivaient des albanais très sympas rencontrés en 2019. Ils sont désormais en Allemagne mais on fait une visite de courtoisie aux voisins. Parmi eux, Figërete et Xhevit sont occupés à faire sécher le ou la tahana. D’après ce qu’on a compris, il s’agit d’une sorte de pâte ou semoule préparée et séchée en été pour les réserves de l’hiver.
On passe Bérat sans s’arrêter (dommage pour ceux qui n’ont pas vue les photos de 2019…) et, par contre, et malgré une forte odeur de pétrole, on s’attarde dans l’ancienne zone de forage de Kuçovë où Gérard fait de nombreuses photos de cet ancien site industriel.
Retour à Elbasan où deux campings sont mentionnés : le premier est un bout de terrain vague derrière une station-service juste à côté du périph… et le deuxième à environ 10 km n’existe carrément pas ! Tant pis, on va imaginer la piscine…
Re-retour à Elbasan pour visiter la vieille ville : on va battre des records en rapidité de visite car, comme le camping, il ne reste que quelques morceaux de remparts et une belle porte !
Dernière étape avant de passer la frontière de la Macédoine du Nord (à 13 km), cette fois le vrai camping d’Udénisht, à côté de Pogradec, au bord du lac d’Ohrid, nous permet de préparer cette nouvelle page de blog.