Carnet de voyage

L'amérique du sud à vélo

118 étapes
62 commentaires
Un périple à vélo, à partir d'Ushuaïa, en remontant la Cordillère des Andes vers le nord.
Novembre 2019
145 jours
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C'est le grand jour! Les vélos sont emballés avec soin, les sacoches sont fermées, le départ est prévu en fin d'après midi.

Bien arrivée à Buenos Aires, le vélo aussi, ouf! J'y reste 5 jours passer du temps avec ma sœur, puis direction Ushuaïa pour retrouver Xavier et entamer les premiers coups de pédales.

Réveil matinal pour s'envoler vers Ushuaïa. Le survol des montagnes enneigées et l'atterrissage sont spectaculaires. Enfin j'y suis! C'est un sourire scotché sur le visage que je donne mes premiers coups de pédales, après avoir remonté mon vélo avec succès, pour sortir de l'aéroport et rejoindre la ville. Journée tranquille: quelques courses, visite, balade... Le temps est très changeant, assez froid, il vente fort, le soleil pointe parfois son nez, et il neige même en fin de journée.

Xavier est bien arrivé ce matin, après un long voyage. Nous remontons son vélo à côté de deux français qui ont prévu le même itinéraire que nous jusqu'à Lima.

Plongés directement dans l'ambiance, nous quittons l'aéroport à travers une tempête de neige. Après un court arrêt en ville, c'est parti! Le temps est couvert, avec des légères chutes de neige passagères. Nous avalons les kilomètres, vent dans le dos, puis nous passons un petit col avant de redescendre en VTT vers le Lago Escondido. Au bord, il y a des cabanes abandonnées, dont une en meilleur état, qui sert de repère aux cyclotouristes. Nous serons à l'abri de la neige, et il y a même un poêle à bois. Premier bivouac de luxe!

La nuit n'a pas été très calme, le vent soufflait tellement fort dehors que je me demandais si le toit de la maison n'allait pas s'envoler. Ce matin, nous nous mettons en route sous une légère neige qui passe assez vite. Le temps est nuageux mais stable, et nous aurons même quelques éclaircies en fin de journée.

L'itinéraire est simple, il n'y a qu'à suivre la Ruta 3, c'est la seule goudronnée et elle est en très bon état d'ailleurs. Nous quittons peu à peu les montagnes enneigées, la route reste vallonnée. Xavier a mal au genou et je suis malade, mais nous avançons à un bon rythme.

Pique-nique face à un lac immense, bien venteux.

En fin de journée, nous nous lançons sur une piste traversant de grandes étendues clôturées appartenant à des haciendas (nous verrons plusieurs carcasses de lama coincés dans ces clôtures...). Deux chevaux s'approchent et nous suivent au galop. Bivouac à l'abri du vent et un peu à l'écart de la piste.

Pendant le petit déjeuner ce matin, des chiens accourent vers notre tente, suivis de près par un gaucho la cigarette au bec:

- ¿Todo bien? ¿Paseando?

- Sí

- ¡Buen día!

De retour sur la piste, les paysages alternent entre forêts d'arbres très secs recouverts de lichen et vastes steppes, on passe quelques lacs et on aperçoit toujours les sommets enneigés à l'horizon. À un moment, nous nous retrouvons entourés de dizaines de lamas, magique ! Vers midi, changement de route, une piste en meilleur état, et d'orientation, vent dans le dos; nous roulons à 20, 23, 24 km/h sans forcer, génial ! Le soleil est de la partie, c'est parfait.

Quelques averses de grêle en fin de journée nous font monter le tarp, nous mangeons finalement au soleil. Belle journée, on continue demain!

Petite journée aujourd'hui, nous terminons la piste jusqu'à la route principale que nous empruntons pour rejoindre Rio Grande, notre destination du soir. L'arrivée en ville, à travers la zone industrielle, sur une route droite de 10km, avec beaucoup de trafic, vent de face, est longue. Petit parcours au centre à la recherche de l'Office du tourisme et du wifi pour contacter Marcos, notre hôte warmshower du soir. Il nous accueille avec une grande chambre et une douche chaude!

- C'était comment aujourd'hui Xavier?

- C'était long mais à la fin c'était bien

Effectivement, départ matinal pour 80 km de plat vent de face en longeant l'océan. Heureusement, le soleil est de la partie et la route n'est pas du tout passante, ça doit être parce qu'on est dimanche. Nous ne roulons pas vite, 13 km/h en moyenne, et les paysages de steppes vides sont un peu monotones. Nous montons plus que ce que nous imaginions, car nous finissons par arriver à une sorte de col, qui s'ouvre sur la baie de San Sebastian. Nous profitons de la descente vers la mer et le poste de frontière argentin. Tampon sur le passeport, en route pour le Chili. L'asphalte laisse place à une piste, il reste environ 15 km jusqu'au poste de frontière chilien. Nous nous arrêtons bivouaquer avant sur un vaste plateau très vert surplombant la piste. Nous dormirons au milieu des moutons.

Nous qui pensions avoir souffert du vent hier, ça n'avait rien à voir avec aujourd'hui. Nous nous attendions en plus à avoir le vent de dos, mais il a tourné dans la nuit. Résultat : nous n'arrivons pas à aller droit, et quand nous pouvons un peu avancer, c'est à maximum 6 km/h...

Nous arrivons malgré tout au poste de frontière chilien. Impossible de passer avec des produits d'origine animale et végétale. Nous mangeons donc une pomme et une carotte devant la douanière alors qu'elle coupe le reste pour les brûler. Nous pouvons enfin rentrer au Chili, et nous nous remettons en route avec nos graines, fromage, miel...

Par contre, le vent est toujours beaucoup trop présent, et nous encourage à faire du stop. Pas facile avec deux vélos chargés et une voiture qui passe toutes les 15 minutes. Nous marchons quelque temps à côté du vélo en tendant le pouce à chaque bruit de moteur. Sans succès. Nous finissons par arriver à un refuge équipé de table, poêle, mezzanine pour dormir, toilette. Nous nous arrêtons là, en espérant que quelqu'un nous prenne, et en se disant que nous aurons au moins un endroit agréable pour passer la nuit.

Finalement un pick-up s'arrête, et Patricio, un douanier chilien, nous emmène nous et nos vélos jusqu'à Porvenir. 100 km de piste au milieu de steppes de plus en plus vallonnées et longeant une baie, très beau. Il nous apprend au passage que ce que nous pensions être des lamas sont en fait des guanacos.

Arrivés à Porvenir, nous faisons quelques kilomètres jusqu'au phare surplombant le détroit de Magellan. Bivouac venteux dans une ambiance marine. Demain, nous prenons le ferry pour Punta Arenas.

Nous ne sommes pas pressés ce matin, le ferry pour Punta Arenas ne part qu'à 13h. Nous retournons en ville pour acheter les billets et faire quelques courses. Sur le chemin du retour vers le port, nous voilà bloqués à un barrage de manifestants. Seul moyen de passer: danser!

Le ferry traverse le détroit de Magellan, nous quittons définitivement la Terre de Feu. À mon humble avis, la Terre du Vent aurait aussi été un nom approprié...

Ce matin n'a pas été facile non plus, il a fallu prendre une grande décision. Xavier a besoin de repos avec son genou, mais il faut quand même avancer, et je ne veux pas faire trop de bus. À la descente du ferry, nous nous séparons jusqu'à Puerto Natales, 250 km plus loin. Je repars donc seule à vélo.

La route est droite, et traverse de grandes steppes planes. À part pour sortir de la ville, le trafic est raisonnable. Malgré le vent de côté, j'avance bien. Par contre camper ne sera pas facile, tout est clôturé et il n'y a pas d'arbres pour se cacher. Finalement, je trouve un endroit où les fils sont coupés, une piste mène un peu à l'écart de la route et derrière une butte.

Longue journée, plus de 10h sur la route en comptant les pauses.

Je me réveille sous une légère pluie qui dure toute la matinée. Le paysage est plat, la route est droite, le vent est toujours présent, bref on a vu mieux.

Cela s'améliore en début d'après-midi, le soleil sort timidement, et les paysages plus vallonnés sont plus sympa. À un moment, je roule enfin! 25 km/h au milieu de collines désertiques accompagnées d'une très jolie lumière.

Un tournant et tout s'arrête. J'ai déjà quelques kilomètres dans les jambes, je voudrais bien m'arrêter bivouaquer mais, avec toutes ces clôtures au bord de la route, je mets un moment avant de trouver un endroit. Ça sera finalement dans un virage derrière un bosquet, pas très bien cachée mais ça fera l'affaire.

Point positif de cette section assez monotone, on peut voir plein d'animaux : des moutons, encore des moutons, toujours des moutons, avec beaucoup de petits, des oiseaux en tout genre, dont des flamands roses et des autruches (?), des chevaux, des lapins et aujourd'hui trois lamas (cette fois-ci je suis sûre que ça en était).

PS: les autruches n'étaient pas des autruches mais des nandu.

Journée plutôt agréable aujourd'hui. Pas trop de pluie, un peu de soleil, pas trop de vent, pas trop de trafic, et les paysages changent. Au fur et à mesure que j'avance, les steppes arides deviennent plaines, il y a de plus en plus d'arbres, et les sommets enneigés se rapprochent.

Juste après ma pause pique-nique, deux cyclistes arrivent, les premiers que je croise! Ils pédalent depuis Vancouver, depuis 2 ans déjà, et finissent leur voyage à Ushuaïa. À peine 10 minutes plus tard, encore un autre cycliste. C'est Xavier qui vient à ma rencontre ! Nous terminons les 20 km qu'il reste pour Puerto Natales, puis nous nous installons au camping Güino. Grosse pluie en fin d'après-midi et soirée, nous sommes contents d'être à l'intérieur.

Bon petit déjeuner ce matin avec yaourt et fruits. Nous nous sommes donnés la matinée de repos au camping. Nous hésitons longuement sur le programme de la suite : trek de quelques jours au parc Torres del Paine, y passer seulement à vélo, ne pas y passer... Nous emprunterons finalement la piste qui traverse le parc à la journée.

Nous nous mettons en route vers midi, et nous repassons par le bord de mer et le centre de Puerto Natales, petite ville très sympa.

Il y a 20 km environ jusqu'à la bifurcation pour aller au parc, nous quittons progressivement la plaine et le bord de l'eau pour nous enfoncer dans une vallée de montagne. La route monte et descend, elle est asphaltée seulement au début et devient rapidement une piste, il y a encore beaucoup de vent de face, la neige n'est pas loin, il fait beau mais de gros nuages menacent, les paysages sont très verts.

Bivouac au bord du lac Porteño, sous quelques averses mais toujours avec un coin de ciel bleu.

Nous nous offrons le luxe d'une grasse matinée ce matin. Je sens que j'ai besoin de repos, la météo annoncée n'était pas génial, et il est interdit de bivouaquer dans le parc, le traverser à partir d'ici nous aurait donc fait une grosse journée. Nous décidons tout de même de nous avancer vers l'entrée du parc, et de faire une quinzaine de kilomètres en partant en début d'après-midi.

Ça tombe mal, à peine avons nous fini de manger qu'il se met à pleuvoir. Nous plions quand même la tente en essayant de ne pas tout mouiller et nous nous mettons en route. Au bout d'une heure et demi environ, la pluie s'arrête. Nous arrivons au mirador del Toro, il y a un beau spot de bivouac avec vue sur le lago del Toro. Nous profitons du rayon de soleil pour installer la tente.

Fin de journée tranquille. Le temps alterne entre pluie et beau temps.


Réveil matinal et départ à 8h15 aujourd'hui, nous voulons avoir le temps de profiter de la traversée du parc, et après le repos d'hier, nous sommes plus que prêts à repartir. Il pleut toujours légèrement, mais nous aurons finalement une journée sèche, avec même pas mal de soleil en matinée.

Après 10 km environ, nous sommes à l'entrée du parc. Nous achetons les billets puis commençons la piste. Même si nous longeons souvent des lacs ou rivières, c'est loin d'être plat et je pousse mon vélo dans quelques montées. Nous n'avançons donc pas très vite, surtout en comptant les arrêts photos.

L'eau des lacs est d'un bleu turquoise magnifique, par contre la vue sur les tours est encore bouchée. Pour la pause pique-nique, nous choisissons un beau point de vue, et espérons que les nuages se lèvent. Malheureusement, nous n'apercevrons qu'un sommet pendant un bref instant.

Peu après, nous changeons d'orientation et nous nous retrouvons vent de dos. C'est la première fois que c'est vraiment le cas, et il pousse si fort que nous explosons de rire. Il nous aidera beaucoup jusqu'à la fin de la journée. À un moment, un mini cyclone traverse le lac à côté de nous...

Encore une vingtaine de kilomètres pour sortir du parc. Nous sommes assez fatigués et trouvons rapidement un endroit pour bivouaquer. Le vent nous épuise. Nous essayons de monter notre tarp par-dessus la tente, en vain, le vent l'arrache. La tente aussi à intérêt à être solide. Nous abandonnons l'idée de cuisiner au feu, et même le réchaud à alcool dans l'entrée de la tente a du mal: plus d'une heure et deux recharges d'alcool pour faire cuire du riz.

Le soleil est revenu, nous espérons avoir au moins une vue sur les Torres avant de partir demain matin.


Update: Il est 19h, le vent s'est calmé, nous venons de finir de manger et serions prêts à dormir quand un 4x4 s'approche et nous ordonne de décamper. Nous plions vite les affaires et nous nous remettons en selle. Heureusement, le soleil est là et la lumière du soir est belle. Nous continuons la route dans la douceur de la fin de journée, et trouvons rapidement un abri en bord de route: un toit et des fenêtres vitrées avec vue sur un lac. Nous montons la tente dans l'abri qui nous protégera du vent. 20h30 nous sommes couchés.

Nous n'avons pas très bien dormi cette nuit, le vent était extrêmement fort, et être à côté de la route ne permet de dormir que d'un seul oeil. Nous rangeons vite le peu d'affaires déballées hier, déjeunons et partont. Il fait plus frais ce matin que les autres jours mais le soleil nous réchauffe. Nous laissons derrière nous les Torres del Paine, toujours dans les nuages.

Nous arriverons à Cerro Castillo vers midi. Il y a un minimarché où nous nous ravitaillons, mais sans produit frais car la frontière est juste après. Dur de prévoir un pique-nique. Nous passons le poste de frontière chilien, un petit col, puis celui argentin. Aucun contrôle, les carottes et les pommes seraient passées, dommage.

Il pleut de plus en plus fort. Nous avons encore quelques kilomètres de piste avant de rejoindre la Ruta 40 que nous suivront un bon moment. Avec le peu de sommeil de cette nuit, je fatigue mais il n'est que 14h. En plus, nous avons le vent dans le dos et voulons en profiter pour avancer par peur qu'il tourne demain.

Il y a peu d'endroit pour s'arrêter bivouaquer, tous les champs sont clôturés. Finalement, nous montons la tente vers 15h30, un peu visibles en contrebas de la route.

Il nous reste environ 300 km de steppes, guanacos et vent jusqu'à El Chalten.


Il a plu toute la nuit, cela s'arrête lorsque nous partons, mais le temps reste couvert et les nuages bas. Nous parcourons les 20 premiers kilomètres très rapidement, la route est asphaltée, elle descend et nous avons le vent dans le dos.

Nous allons quitter la route principale, qui fait un détour, et prendre une piste sur 70 km. À l'embranchement se trouve une station essence. Nous espérions y trouver de quoi nous ravitailler en petit déjeuner et produits frais mais le choix est faible. Je prends quand même un café (instantané) et nous achetons des biscuits. Un bus de voyage est arrêté, il va sûrement passer la frontière, un étranger descend et nous donne deux poivrons et des oignons. Parfait!

Remise en selle, nous débutons la piste. C'est de loin la pire qu'on ait eu! Elle est faite de galets plus ou moins bien tassés et est déformée en tôle ondulée. Nous zigzagons en essayant de trouver le meilleur passage, qui n'existe pas toujours. Les premiers kilomètres sont durs, mais nous avançons finalement assez bien, le vent dans le dos nous aidant beaucoup. Par moment, il n'est même pas nécessaire de pédaler pour avancer !

Nous traversons de vastes steppes. Aucune habitation, et une dizaine de voiture seulement a dû passer sur la route. Nous sommes seuls au monde. Avec bien sûr quelques moutons, guanacos, nandu, et chevaux.

Pour bivouaquer ce soir, nous espérons rejoindre une rivière où il y aurait une maison abandonnée. C'est un ancien poste de police, encore un repère de cyclotouristes. Nous serons à l'abri du vent pour la nuit dans notre chambre Pampa II. Lavage et toilette à la rivière, cela fait du bien. Nous profitons du luxe inhabituel.

Les 20 derniers kilomètres de piste ce matin sont meilleurs qu'hier, toujours vent dans le dos, nous rejoignons la ruta 40. Rapidement nous nous retrouvons vent de côté ou de face, et il n'est pas faible! Nous avançons tant bien que mal.

Pendant la pause pique-nique, nous décidons de refaire du stop jusqu'à El Calafate. À l'allure à laquelle nous allons, nous craignons de manquer de nourriture ainsi que d'alcool pour le réchaud, le bois est rare dans la pampa, avant d'arriver à El Chaltén dans 4 ou 5 jours. El Calafate n'est pas directement sur la route, et nous n'avions pas prévu de faire le détour, mais cela nous permettra de faire des courses, et nous aurons le vent dans le dos pour les 35 km qui permettent de rejoindre la ruta 40.

1h30 de stop dans un vent glacial contre lequel il est difficile de rester droit. Un minibus s'arrête, nous mettons les sacoches dans le coffre et les vélos entre les banquettes. La route passe un col, nous surplombont une large vallée glacière, un lac bleu turquoise dans le fond, des montagnes enneigées à l'horizon, des collines désertiques et de vastes steppes nous entourent, magnifique.

Nous nous remettons en route rapidement après les courses. La route est vallonnée, nous forçons à peine dans les montées, et nous nous laissons rouler dans les descentes. Il fait bon, le soleil brille, et le vent ne se fait pas sentir lorsqu'il nous pousse. Que c'est agréable !

Mais cela ne pouvait évidemment pas durer indéfiniment, à la jonction, nous revoilà partis dans l'autre sens, et le rythme diminue. Quelques kilomètres plus loin, nous nous arrêtons à côté d'une rivière à l'abri du vent pour la nuit.

Autrement, j'ai perdu l'éponge aujourd'hui, elle séchait et n'a pas survécu à une des bosses. Et Xavier a déchiré son sac de guidon...

Réveil 5h, nous espérons que le vent soit plus faible en matinée. 6h30 nous sommes prêts à partir, sauf que j'ai crevé ! Changement express de la chambre à air et en route. En effet, il n'y a presque pas de vent et nous avançons à une bonne allure. Il commence à souffler vers dès que le soleil apparaît mais encore relativement faiblement. La route serpente entre des collines désertiques et longe une large rivière, c'est beau.

Pause pique-nique à 11h, nous avons déjà fait 55 km. La vitesse ne sera pas la même cet après-midi, le vent est de nouveau extrêmement fort. Nous nous arrêtons bivouaquer vers 14h30, protégés du vent par une butte au bord de la route, juste après avoir vu le Fitz Roy! Nous n'allons pas tarder à manger et à nous coucher, réveil tôt de nouveau demain matin.

Mise en route encore plus matinale qu'hier après une courte nuit peu reposante à cause du vent; premier coup de pédale à 5h40. Il y a aussi plus de vent ce matin qu'hier, mais il restera affrontable jusqu'aux environs de 11h.

Le départ est difficile, pas encore réveillée, les jambes tirent. Nous arrivons au début de la ruta provinciale 23, c'est parti pour 90 km jusqu'à El Chaltén, vent de face, cap sur le Fitz Roy, nous devrions y être demain.

Le paysage est magnifique évidemment, mais nous mettons capuche sur le casque, buff par-dessus le nez et lunettes de soleil, et nous nous enfermons pour avancer. Pause pique-nique, sieste, puis nous faisons encore 12 km très lents, 10 km/h environ, mais majestueux face à la Cordillère des Andes.

Nous nous arrêtons pour la nuit vers 14h30 encore une fois, derrière une butte, avec vue sur le Fitz Roy (non non il ne me fascine pas du tout...)

Il nous reste 35 km pour arriver à El Chalten ce matin, nous nous rapprochons de plus en plus du Fitz Roy! Nous y arrivons vers 11h.

Nous avions repéré une casa de ciclistas, mais arrivés devant, elle a l'air abandonnée. Direction le camping, nous nous posons, il y a une douche chaude et même une machine à laver ! Repas du midi au restaurant, nous nous faisons bien plaisir.

Nous passons l'après-midi tranquille, à se balader dans le village, faire quelques achats et se renseigner sur la suite du trajet. Le soir, nous tentons de faire des crêpes dans la cuisine du camping, mais sans les bons ustensiles et après trois crêpes ratées, nous sommes malheureusement contraints d'abandonner...


Journée "repos" prévue aujourd'hui. Nous nous réveillons naturellement à 6h30 et nous nous préparons pour une randonnée au pied du Fitz Roy.

Il a malheureusement la tête dans les nuages quand nous y arrivons, mais les alentours sont tout de même magnifiques. Marcher fait du bien mais nous nous sentons bien fatigués. Retour au camping vers 14h, après-midi tranquille.

Nous repartons demain rejoindre la fin de la carretera austral après la frontière chilienne, il nous faudra deux traversées en ferry et un sentier très difficile en vélo, en espérant que tout se passe bien...

Pain perdu pour le petit déjeuner, nous récupérons le reste des crêpes ratées de l'autre soir. Avant de quitter le camping, nous continuons dans la cuisine avec des sortes de pain pitas cuits à la poêle, c'est une réussite !

Départ un peu avant midi, le ciel est bien couvert mais la pluie de la nuit et de la matinée s'est arrêtée. Au bout du village commence la piste qui mène au lago del Desierto. Changement d'ambiance, nous nous enfonçons dans une vallée de montagne, au milieu de la forêt ou en bord de rivière, la neige et les glaciers sont juste au-dessus. La piste est plutôt en bon état mais la rivière que nous suivons a débordé et quelques passages sont inondés. Je mets le pied dans l'eau plus d'une fois, Xavier passe sans souci.

Nous arrivons au lac bien à temps pour le ferry. Les vélos sont à bord, il part en avance, nous sommes les seuls passagers! Il y a environ une heure de traversée pour rejoindre la pointe nord du lac, où nous bivouaquerons. L'endroit est parfait, au bord de l'eau, le terrain est plat, bien herbeux, et nous sommes face au Fitz Roy. Il est dans les nuages pour le moment, mais se découvre juste pendant notre repas, splendide !


Pas de pédalage ce matin, nous poussons les vélos sur 6 km. Nous empruntons un sentier de randonnée jusqu'à la frontière, d'où recommence une piste. Il est relativement étroit, monte assez raide par moments, et beaucoup de roche, racines, et même quelques troncs nous barrent le chemin. En plus, il a beaucoup plu dernièrement, le sol est très boueux, le chemin n'est que flaque par endroits, les vélos s'enfoncent et nous avançons les pieds plus que mouillés. Il y a également plusieurs rivières à traverser, mais elles ont débordé, et les troncs qui font office de pont sont submergés. Les vélos sont lourds et les pousser dans ces conditions n'est pas facile. Il nous faut détacher les sacoches et faire des allers-retours à plusieurs reprises. Pour couronner tout ça, il pleut ou il neige. Bref, nous avançons tant bien que mal, nous prenons quatres heures à finir ce sentier.

Au panneau "Bienvenidos a Chile", la piste commence. Plus que 16 km jusqu'à l'embarcadère du deuxième ferry. Le soleil est enfin sorti, nous faisons une pause pour sécher la tente et nous réchauffer. Dernier mirador sur le Fitz Roy, par chance bien découvert. Après une courte montée, nous entamons une belle descente parfois vertigineuse vers le lago O'Higgins. Après le passage de la douane (où nous mangeons de nouveau nos dernières pommes et carottes devant le douanier), nous nous installons dans une cabane au bord du lac pour attendre le bateau. Il est censé passer le mercredi, nous ne connaissons pas l'horaire, mais rien de moins sûr, certains patientent plusieurs jours pour cette traversée...

Après une bonne nuit à l'abri dans la cabane, nous nous préparons à ... ne rien faire de la journée. D'après nos informations, un bateau devrait partir à 19h, nous espérons qu'il y en ait un plus tôt. Un autre marcheur attend aussi, lui depuis lundi soir! Il demande à venir patienter avec nous, nous l'accueillons bien sûr.

Vers 11h, un bruit de moteur, un bateau arrive! Nous rangeons tout en vitesse, plusieurs marcheurs et quelques vélos descendent, mais le conducteur nous informe que le bateau ne repartira que demain, et qu'il est déjà plein car il doit passer récupérer d'autres personnes ailleurs. Le bateau initialement prévu aujourd'hui est bloqué à cause d'un problème technique. Nous retournons dans la cabane, et commençons à faire un feu dans le poële. Un habitant d'une ferme à côté nous dit qu'il est interdit d'être là, et va chercher les douaniers qui viennent nous déloger et fermer la cabane à clé. Nous patientons donc dehors, heureusement il fait plutôt beau. Xavier construit un abri avec des branches, je lis et fais des bracelets.

Une marcheuse arrive dans l'après-midi avec une nouvelle information : le bateau qui est à quai ici reviendra demain à 16h pour nous enmener. Nous continuons quand même d'espérer celui de 19h... Trois autres marcheurs arrivent, pensant prendre le bateau à 19h, nous patientons ensemble, mais il est passé 19h et toujours aucun bateau à l'horizon.

Il y a un camping supposément obligatoire dans la ferme d'à côté mais nous décidons de camper dans l'abri construit par Xavier, sur la colline un peu à l'écart de la piste.

Deuxième journée d'attente. Le bateau à quai ici est bien parti ce matin récupérer les autres personnes, espérons qu'il revienne bien à 16h comme le capitaine nous a dit.

Il commence à pleuvoir, le seul endroit pour s'abriter est sous le quai, et il fait plutôt froid, l'attente va être plus longue qu'hier. Les marcheurs qui attendent également le bateau ont dormi au camping, ils reviennent vers midi et nous essayons de faire passer le temps tant bien que mal, l'ambiance est très sympa malgré l'incertitude.

Vers 15h30, je monte sur la colline au-dessus de l'embarcadère, il y a bien un point à l'horizon qui s'approche vers nous! Nous embarquons enfin dans le bateau, tous très excités et soulagés. Mais l'aventure ne s'arrête pas ici. La traversée du premier lac est calme, par contre dès que nous entrons dans le bras au bout duquel se trouve Villa O'Higgins, les vagues sont immenses. Au début, tout le monde rigole, nous avons l'impression d'être dans un manège, mais au bout d'un certain temps, cela devient plutôt appeurant et le mal de mer arrive. Le capitaine nous dit après coup qu'avoir su les conditions, il ne serait pas venu nous chercher...

Nous voilà donc enfin à terre. Et à la fin de la Carretera Austral! C'est en fait le début pour nous qui la faisons dans l'autre sens, mais nous prenons quand même la photo devant le panneau. Il y a huit kilomètres jusqu'au village, après quelques hésitations nous décidons d'aller camper là-bas et de profiter d'une douche chaude après toutes ces émotions. En plus, les autres marcheurs y sont aussi et nous passons une dernière soirée ensemble.

Matinée tranquille mais bien occupée et productive au camping. Xavier fait du pain et des galettes pendant que je finis ma nuit... (Grasse matinée jusqu'à 8h30, c'est enore très raisonnable.) Cela nous fait un bon petit déjeuner avec yaourt, fruits et pain frais. Nous récupérons un porte-bagage avant sûrement laissé par un autre cycliste et décidons de l'installer sur le vélo de Xavier. Il manque les vis mais il y a heureusement une ferretería dans le village. Le porte-bagage est installé, il a l'air de tenir, nous faisons encore quelques provisions et passons à la bibliothèque pour la wifi avant de partir.

Départ vers 13h donc. Le temps est meilleur que ce matin, nous avons quelques éclaircies, même si la pluie reviendra en fin de journée. La piste est plutôt en bon état, c'est assez vallonné, nous circulons entre des montagnes enneigées, les glaciers ne sont pas loin et partout coulent des torrents et cascades.

Par contre, nous qui croyons que le vent s'arrêterait à partir de Villa O'Higgins, nous nous trompions! Il est moins fort que dans la pampa mais nous l'avons toujours de face... Je me sens en forme physiquement, surtout après les 2 jours d'attente/repos, mais c'est assez dur mentalement, en plus avec les averses incessantes, et je ne prends pas le temps de profiter des paysages. Nous avons repéré une cabane pour ce soir, et il me tarde bien d'y arriver.

Enfin nous y voilà. Il y a déjà deux cyclistes et un motard, la cheminée est donc allumée ! Nous plantons la tente à l'extérieur mais cuisinons et mangeons au coin du feu.

Réveil sous la pluie, nous nous levons malgré tout rapidement car nous voulons prendre le ferry à 13h quarante kilomètres plus loin. Le vent de la pampa semble avoir laissé place à la pluie, il va falloir s'habituer à sortir et ranger les affaires imperméables, mais pour l'instant le soleil n'est jamais très loin. Les plaines arides elles aussi ont laissé place à des paysages très verts, parsemés de rivières et cascades, et les sommets sont encore bien enneigés. Fini le plat.

Nous voyons un grand rapace, d'assez proche, il semblerait que ce soit un condor!

Nous attaquons directement par des montées assez sérieuses mais avançons quand même à un bon rythme pour pouvoir réussir à attraper le ferry. Les kilomètres sont écrits sur le bord de la route, et vont en décroissant, nous pensons donc devoir arriver au kilomètre zéro pour trouver l'embarcadère. Sauf qu'une fois arrivés, il s'agit en fait d'une intersection et il nous reste encore dix kilomètres. Heureusement nous avions de la marge, nous accélérons et arrivons vingt minutes avant le départ.

Pique-nique durant la traversée, rapide entretien du vélo à la descente, puis c'est reparti. Une longue et raide montée nous assomme, nous poussons les vélos à plusieurs reprises. Nous nous arrêtons bivouaquer au bord d'une rivière, et en profitons pour nous laver et faire un peu de lessive.


Nous nous sommes arrêtés peu avant la fin de la montée hier soir, après quelques brefs efforts, nous profitons donc d'une longue descente ce matin. En bas, nous arrivons à une bifurcation, la Carretera Austral continue vers la droite, nous prenons vers la gauche pour faire l'aller-retour à Caleta Tortel. Une vingtaine de kilomètres de très mauvais ripio et nous y voilà.

Nous laissons les vélos à une consigne à la gare routière et partons nous promener à pied. En effet, il est impossible de circuler à vélo, c'est un petit village au bord de l'eau construit sur pilotis et dont les rues sont des passerelles en bois, très chouette.

Nous sommes dimanche et il est encore assez tôt, le village nous paraît désert. Nous espérions faire des courses mais le supermarché central est fermé, nous arrivons finalement à trouver ce qu'il nous manquait dans deux minimarchés différents. Il est midi, nous avons faim mais tous les restaurants semblent ouvrir à 13h. Le temps passe en cherchant un peu dans le village, et nous trouvons un comedor familial, l'abuela est aux fourneaux, au menu riz, œuf, saucisse et salade. C'est bon et à bon prix, parfait. Nous nous offrons même du yaourt et chocolat en dessert avant de repartir.

Nous parcourons de nouveau les vingt kilomètres de ripio, qui paraissent encore plus mauvais que ce matin, et nous arrêtons sous un abri à la bifurcation.

Mise en route sous la pluie ce matin, nous nous préparons à une journée bien mouillée. Ce n'est en fait pas le cas, le beau temps comme le mauvais ne durent jamais très longtemps par ici.

La première partie de la matinée est presque plate, la deuxième un peu plus vallonnée. La route est bien meilleure qu'hier, cela rend le pédalage beaucoup plus agréable et nous profitons davantage du moment.

Pause pique-nique express car il se remet à pleuvoir juste à ce moment-là. Nous nous arrêtons de nouveau une heure plus tard dans une petite maison au bord de la route pour une pause café, pain et confiture, c'est un endroit prisé des cyclistes et c'est bien compréhensible.

À peine plus loin commence une longue montée pas trop raide, le soleil est sorti et il fait chaud. Redescente (de manière générale, car ici elles sont toujours entrecoupées de remontées courtes mais raides) vers des lacs avec un beau panorama de sommets enneigés. Nous nous nous posons en bord de route, bivouac avec une vue + + +.

Matinée très agréable, jolis paysages, le soleil brille, la route est bonne et plutôt descendante, nous roulons donc bien jusqu'à Cochrane. Mise à part une crevaison, sur le dernier kilomètre avant d'arriver, dans une zone en travaux...

Au village, nous trouvons un atelier vélo pour y acheter un porte-bidon, le mien est cassé; le terminal de bus pour des informations sur comment se rendre à Puerto Montt mais ce n'est pas leur secteur et ils n'en savent rien; et la place centrale avec de la wifi. Nous faisons aussi quelques courses et préparons un bon taboulé pour le pique-nique. Nous nous y arrêtons au moins trois heures.

Remise en selle vers 14h, après les descentes de ce matin ce sera une après-midi de montée. Cela commence plutôt bien, nous nous sommes reposés et avons bien repris des forces à Cochrane. Par contre, la dernière montée est rude, le route est en très mauvais état, les vélos dérapent, c'est très raide, nous poussons par moments, bref je trouve ça très difficile. Nous nous arrêtons bivouaquer sur le bord de la route avant la fin de la montée. La nuit va faire du bien.

Journée assez difficile aujourd'hui, la piste est en mauvais état, les montées sont raides et nombreuses, il fait gris. Aussi, chaque voiture qui passe laisse derrière elle un épais nuage de poussière qui reste plusieurs instants, très désagréable pour voir et respirer. À la première rivière traversée, nous nous arrêtons pour faire la vaisselle et changer les plaquettes de frein du vélo de Xavier. Nous sommes prêts à repartir, sauf que son pneu avant est crevé, probablement encore une épine.

Nous avançons difficilement, la route longe une grosse rivière, le Rio Baker, qui serpente dans un canyon. Pause pique-nique dans le petit village de Puerto Bertrand, puis la montée continue. Seconde crevaison de la journée, cette fois-ci à cause des cailloux sur la piste.

Enfin, nous finissons par descendre vers le Lago General Carrera, l'effort valait la vue. L'eau est d'un bleu magnifique, il y a des fleurs violettes, roses et jaune partout, et toujours les montagnes enneigées et les glaciers tout autour. La fin de journée est plus facile, le soleil est sorti, la piste est de meilleure qualité, le moral remonte, et nous arrivons à parcourir encore quelques kilomètres. Arrêt pour le soir sur une plage en bord du lac.

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Nous finissons les derniers kilomètres qu'il nous reste pour arriver à Puerto Rio Tranquilo ce matin. La route serpente à proximité du lago General Carrera, les paysages sont toujours sublimes. Nous arrivons au village vers midi et plantons la tente dans un camping. Douche, pique-nique, lessive et courses, puis après-midi repos.


Cela fait un mois que nous sommes partis et déjà 1650 kilomètres au compteur !

Nous laissons les vélos ce matin pour monter dans un bateau et visiter les cavernes, la chapelle et la cathédrale de marbre sur la rive du lac. Il s'agit d'une zone naturelle protégée, à quinze minutes en bateau de Puerto Rio Tranquilo, où l'eau a creusé la roche. Cela donne de belles formes et couleurs. Le bateau s'approche si près que nous pouvons toucher le marbre, et rentre même dans une caverne. C'est assez spectaculaire.

De retour au village, nous prenons une crêpe dans un café tenu par une française avant de nous remettre en selle. Départ vers 12h30 pour une très belle après-midi. Nous retrouvons enfin une piste digne de ce nom, relativement plate. Nous longeons le lac jusqu'au bout d'une baie, puis la rivière en amont. Comme dirait Xavier, mise à part l'état de la route (et le vent), on pourrait être en Suisse!

Arrêt pour la nuit à côté d'une maison abandonnée en bord de rivière.

Nous attaquons la matinée par une montée soutenue d'une heure environ. La route s'enfonce au cœur de la montagne et il fait frais. Le soleil est timide, le ciel est bien voilé. Après la montée commence bien évidemment une descente, assez douce mais qui dure une vingtaine de kilomètres.

Nous arrivons à une portion en travaux, elle était d'ailleurs complètement fermée à la circulation hier après-midi et nous a permis d'avoir la route à nous tout seuls. Étonnamment, c'est sur cette section que la piste est dans le meilleur état. Par la suite, nous avons quinze kilomètres de très mauvais ripio, un mélange de gravillons dérapant et de gros galets, nous avançons lentement et il faut se concentrer pour ne pas tomber. Heureusement, le vent nous pousse, parfois suffisamment fort pour ne pas avoir à pédaler ! Nous longeons alors une large rivière, sur les berges de laquelle beaucoup d'arbres sont morts, probablement à cause du vent.

Petite montée et c'est le début de l'asphalte! Une route toute neuve dont nous pourrons profiter pendant plusieurs kilomètres, avant le prochain ripio... Nous nous arrêtons sur un coin d'herbe en bord de route, moins de dix kilomètres avant Villa Cerro Castillo.

Mise en jambe aisée ce matin, nous commençons par huit kilomètres de descente jusqu'à Villa Cerro Castillo. Très jolis paysages rocailleux de couleur rougeâtre, avec vues sur le parc national Cerro Castillo. Au village, nous faisons quelques courses, et essayons de trouver du wifi mais sans succès. Arrêt dans un café, avec un autre cyclotouriste français, pour un deuxième petit déjeuner, œufs brouillés avec pain et café ou jus, avant d'attaquer une montée de quinze kilomètres.

Nous nous remettons donc en selle vers 11h30. La route s'enfonce dans le parc, elle est parfaitement asphaltée et forme de jolis virages, et la pente est très agréable. Bref la montée est longue mais se fait tout en douceur.

Arrivés en haut, nous avons bien mérité la belle descente qui nous attend. Toujours au cœur du parc, nous suivons un torrent, les montagnes pelées et de couleur marron orangé sont magnifiques. Nous roulons à quarante, quarante-cinq, même cinquante kilomètres/heure, ça change du ripio!

Nous finissons par sortir du parc et retrouver la plaine, pour terminer la journée par quinze kilomètres de vent de face. Pour nous arrêter ce soir, Maël nous a parlé d'un "camping" gratuit dans le village d'El Blanco : il s'agit d'un espace herbeux sous des pins, protégé du vent, la rivière est à côté, c'est parfait. Il y a même des chaises mais nous nous asseyons par terre, par habitude...

Trente-cinq kilomètres pour arriver à la plus grande ville de la région, Coyhaique. Les dix premiers montent, les vingt derniers descendent, le vent de face nous ralentit tout le long. Le ciel est bien menaçant mais contre toute attente nous arriverons secs.

Première partie de la matinée assez difficile donc, pour nous qui pensions finir en toute vitesse. En plus, nous sommes sur la route de l'aéroport, il y a beaucoup plus de trafic que ce que nous avons eu depuis le début, et la route est en travaux avec plusieurs sections à circulation alternée. Le moral remonte pendant la deuxième partie, malgré le vent nous pouvons nous laisser rouler dans les descentes.

Nous entrons dans la zone industrielle de Coyhaique, quelques kilomètres avant le centre, il y a cinq cents mètres de ripio qui nous rappelle quelques souvenirs... Puis enfin la ville, grande comme nous n'avons plus jamais vu depuis Ushuaïa. Nous nous installons dans un camping pour la nuit.

Ça aura été les trente-cinq derniers kilomètres de Xavier, pour le moment. Il repart en France mercredi, ma mère arrive demain et ils s'échange les vélos. Journée de repos demain donc, avant de reprendre la route.

Après une bonne nuit dans un bon lit sous une grosse couette, il faut se remettre en selle et reprendre la route. Toutes les affaires ont bien été échangées entre Xavier et Maman, et les sacoches sont de nouveau prêtes.

Après un dernier petit déjeuner tous ensemble, Xavier monte dans le bus pour l'aéroport, retour à la maison pour les fêtes. Il devrait revenir dans moins de deux mois continuer l'aventure. Je change donc de coéquipier et c'est avec ma mère que nous quittons Coyhaique vers le nord.

Les premiers kilomètres sont peu agréables, la route est assez passante, en montée et en travaux, et il pleut. Nous décidons de rester sur la Carretera Austral, directe mais non asphaltée sur les prochains cinquante kilomètres, alors que l'axe de circulation principal, entièrement asphalté, fait un détour par un port. Nous serons donc tranquilles pour le reste de la journée.

Le temps reste maussade, avec des averses régulières, entrecoupées par un rayon de soleil qui fait du bien. Le ripio n'est pas en excellent état, ajouté à cela du vent de face, ce n'est pas facile surtout pour une première journée pour Maman.

Nous nous arrêtons pour la nuit au bord d'une rivière, un peu à l'écart de la route, dans un très joli endroit. Nous posons aussi le tarp, ce qui s'avère être une très bonne idée vu les averses qui continuerons toute la soirée. Bon repas au sec avant une bonne nuit.

C'est un départ sous le soleil pour une matinée principalement en descente. Très beaux paysages fleuris, enneigés, verts et rocailleux. Au bout d'une vingtaine de kilomètres, nous retrouvons l'asphalte, la vitesse augmente.

Le temps se couvre mais reste sec, le vent de face est présent mais raisonnable. Nous arrivons à Villa Manihuales pour le pique-nique, et en profitons pour faire quelques courses avant de se remettre en route.

Nous pédalons jusqu'à 16h environ et nous arrêtons en contre-bas d'un pont au bord d'une rivière. L'accès n'est pas évident mais il y a une gouttière d'écoulement des eaux dans laquelle nous faisons glisser les sacoches jusqu'en bas; il faut tout de même porter les vélos. Lavage à la rivière, feu pour cuire le repas du soir, et nous finissons bien fatiguées de cette journée.

Nous sommes bien contentes d'avoir dormi à côté d'un pont, il pleut ce matin et nous pouvons nous réfugier en dessous pour petit-déjeuner et ranger les affaires. Départ sous une pluie légère, de la brume monte des arbres, des falaises apparaissent, on se croirait dans une forêt tropicale.

La pluie s'intensifie en milieu de matinée et nous sommes rapidement trempées. Heureusement le village suivant est assez proche. Nous nous installons dans un café, en espérant sécher un peu. La dame nous allume même son poêle à bois (bon, le feu ne prend pas vraiment mais l'intention y était). La tente finit par sécher, c'est l'essentiel. Surprenament dehors la pluie s'est calmée et nous repartons de Villa Amengual sous le soleil.

Nous pique-niquons peu longtemps après, à un belvédère donnant sur le Rio Cisnes. C'est la vallée que nous empruntons cette après-midi. Le temps reste sec, quelques coins de ciel bleu laissent même passer le soleil au milieu des nuages. Comme la vallée est assez sinueuse, le vent souffle fort de face seulement par moments, ce qui n'est pas pour nous déplaire.

La Carretera Austral quitte la vallée et passe un col en traversant le parc national Queulat. L'asphalte s'arrête et le ripio reprend sur cette section. Nous entamons la montée sous la pluie qui reprend. Nous plantons la tente seulement quelques kilomètres plus loin, nous passerons le col demain matin lorsque nous serons de nouveau fraîches. Nous posons aussi le tarp par-dessus la tente afin d'avoir un abri au vu de la météo. Nos essais de cuisiner sur le réchaud à bois sont vains, le feu ne prend pas avec l'humidité, et nous sortons le réchaud à alcool à la place. Il pleut bien fort lorsque nous nous couchons. En espérant que la vue soit un peu dégagée demain pour profiter des paysages du parc...

La nuit a été bien mouillée, sortir du duvet n'est pas facile ce matin. La pluie se calme et nous pouvons plier les affaires humides au sec. C'est inespéré mais nous avons même quelques rayons de soleil au début de la montée du col. Nous pouvons donc un peu profiter du parc, avec la brume qui se dissipe, les cascades qui apparaissent, par contre les glaciers resteront cachés.

Nous arrivons au col au bout d'une heure environ, la montée n'a pas été facile mais était assez agréable quand même. La descente de l'autre côté est beaucoup plus raide, les lacets de la route très serrés et nombreux. Nous avons froid, freiner fort en permanence nous fatigue, et nous avons bien besoin d'une pause arrivées en bas. Le soleil ressort juste à ce moment-là et nous faisons sécher la tente.

Le reste de la journée sera plat, nous descendons une rivière qui se jette dans un fjord, puis nous longeons un bras de mer jusqu'à peu avant le village de Puyuhuapi. La pluie reprend par moments, elle n'est pas forte et donc moins désagréable, surtout qu'il ne fait pas froid. Dès qu'elle s'arrête, nous arrivons à peu près à sécher.

Nous décidons de nous arrêter dans un camping, il est entièrement couvert, et nous n'en sommes pas mécontentes vu la pluie qui continue toute la soirée. Il y a aussi un espace commun avec un poêle pour faire sécher les affaires et une cuisine équipée, tout ce qu'il nous fallait !

Le camping couvert a été très bien venu avec la pluie de cette nuit, la tente est sèche et le rangement facile ce matin. Nous quittons Puyuhuapi en commençant par monter pour rentrer de nouveau rapidement dans le parc national Queulat. Sur cette section, la route longe un beau lac. Le reste de la journée se fera dans deux larges vallées, une d'abord descendante jusqu'à La Junta, la suivante montante. Par contre la route ne suit jamais la rivière au fond mais vallonne à flanc de montagne.

Il fait "beau" aujourd'hui : nous débutons sous une fine pluie, qui s'arrête en milieu de matinée, puis quelques coins de ciel bleu laissent même passer le soleil, il fait chaud en après-midi. Et c'est un défilé de cyclistes en sens inverse, nous en croisons au moins une vingtaine !

Arrêt pour la nuit sous un pont au bord d'une rivière, bon abri en cas de pluie.

Journée très agréable, il ne pleut (presque) pas, nous avançons bien. Nous finissons nos derniers kilomètres sur la Carretera Austral jusqu'à Villa Santa Lucia, avant de la quitter définitivement. Bonne surprise, alors que la carte (officielle mais datant sûrement d'il y a quelques années) indiquait du ripio, la route est entièrement asphaltée.

Nous arrivons au village pendant une cérémonie de commémoration d'une crue torrentielle l'année passée qui a emporté plusieurs maisons et fait des morts. L'endroit est ravagé.

Au revoir la Carretera Austral donc, nous nous engageons dans une vallée assez resserrée, direction l'Argentine. Nous retrouvons du ripio, de bonne qualité pour le moment. Après-midi très sympathique, nous longeons un lac, puis la piste serpente en fond de vallée. Nous plantons la tente dans une belle prairie au bord de la rivière, parfait.

Dès les premiers kilomètres ce matin, nous songeons à faire du stop. Ils viennent de "refaire" la route, ce qui donne une bonne épaisseur de gros cailloux dans un mélange sableux non tassé. Nous peinons à avancer sur le plat, sachant qu'il reste une quarantaine de kilomètres globalement en montée jusqu'à Futaleufú... Aucune voiture ne s'arrête (sur les cinq qui passent), puis la piste devient finalement meilleure et nous parvenons à rouler à une allure correcte.

Nous avançons dans une belle vallée de montagne, la route longe un lac, traverse des rivières, et chemine à travers forêts et prairies.

Arrivée à Futaleufú en début d'après-midi, nous profitons quelques temps du wifi sur la place centrale avant de repartir pour les dix derniers kilomètres au Chili. Passage de la frontière côté chilien: la connexion internet fait des siennes et l'attente est longue. Passage de la frontière côté argentin: nous sommes obligées de donner une adresse pour le soir, le temps que je cherche le nom d'un camping, il nous laisse en fait passer sans attendre la réponse. Les douaniers non plus ne sont pas très strict, aucune question, nous entrons avec du concombre et de la salade.

Peu après le poste, une belle aire de pique-nique est aménagée au bord de la rivière, nous nous y arrêtons et plantons la tente bien plus tard que d'habitude, il est déjà 18h.


Réveil brutal ce matin : le tarp posé au-dessus de la tente s'est détaché pendant la nuit à cause du vent, il pleut fort et il y a une flaque dans l'entrée de Maman qui a mouillé ses affaires. Nous plions en vitesse et allons nous réfugier sous une cabane juste à côté pour le petit-déjeuner. Par chance, la pluie s'arrête quand nous sommes prêtes à partir. Le soleil sort aussi peu après et ne nous quittera pas pour le reste de la journée. Le séchage des affaires est donc rapide, tout rentre en ordre.

La piste quitte le col et descend dans une vallée très large et bien verte, tout à fait différent du côté chilien. L'état du chemin n'est pas bon, plein de vagues qui "tapent", heureusement que le vent dans le dos nous aide.

Nous descendons ainsi jusqu'à Trevelin, grande ville par rapport aux villages de la Carretera Austral. Le supermarché aussi est immense! Nous repartons donc pleines de vivres direction le parc national Los Alerces. Les paysages sont beaucoup plus secs, les montagnes pelées, et ça sent bon les pins. La montée au soleil n'est pas facile, nous arrivons à trouver un filet d'eau pour remplir les bidons avant de nous arrêter au bord d'une piste qui s'écarte de la route principale. Belle vue, endroit tranquille.

Petite journée, nous sommes fatiguées et avons besoin de repos. Nous visons un camping dans le parc à une quarantaine de kilomètres, pour pouvoir passer une après-midi tranquille.

Nous avons dormi proche de l'entrée du parc hier soir, nous y arrivons donc rapidement; paiement du droit d'entrée et en route pour la traversée. Au début, la vallée est large, la route plate, et les paysages assez hostiles, comme asséchés par le vent. Il y a très peu de monde. Puis nous gagnons un lac, que nous allons longer jusqu'à la fin de ma journée. Le manque d'énergie se fait fortement sentir, pause pique-nique au bord d'un ruisseau, le temps est couvert et un vent frais souffle.

Nous arrivons à une aire de camping gratuite sans service mais aménagée vers 14h. Même si nous avions prévu de nous arrêter à la suivante, celle-ci est très bien et la sieste nous tarde. Nous nous installons à l'aplomb du lac, il y a un coin pour le feu, nous sommes abritées du vent, c'est idéal.

Baignade dans l'eau glacée pour se nettoyer, petit entretien des vélos, sieste puis repas du soir sur la plage.

Réveil sous le soleil pour une journée au beau fixe. Nous quittons notre magnifique lieu de camping pour terminer la traversée du parc. L'endroit est très sauvage, peu passant, et les lacs s'enchaînent. Les montées et descentes sur du ripio aussi, nous sentons quand même que le repos d'hier après-midi a été bénéfique. Pique-nique au bord du dernier lac juste avant la sortie du parc.

Les paysages changent d'un coup, la vallée est très large, presque plate, bordée par des montagnes enneigées qui s'éloignent. Il fait sec et peu d'eau coule par rapport à ce matin. Nous avançons toujours sur une piste, en laissant le nuage de poussière se dissiper après chaque voiture qui passe.

Nous nous arrêtons peu après Villa El Blanco, au bord d'une rivière, au milieu des lupins et avec les montagnes en vue. Nous aurions pu pédaler plus, mais nous ne pouvons être certaines de retrouver un tel endroit.

Nous rejoignons rapidement la ruta 40 ce matin, c'est une route plus passante mais la circulation est encore raisonnable. Nous roulons sur de l'asphalte, et nous avançons à une vitesse! Première pause au village d'Epuyen, après trente kilomètres et une belle descente. Il fait grand beau mais le fond de l'air est frais. Puis déjà cinquante kilomètres avant la pause pique-nique, malgré un vent de face non négligeable. Du jamais vu!

Nous sommes à présent dans une belle vallée verdoyante, presque chaque ferme vend des cerises et framboises. Parfait pour le dessert. El Hoyo, le village suivant, a été nommé capitale nationale des "frutas finas": cerises, framboises, mais aussi fraises et baies.

Passage d'un petit col, traversée du 42 ème parallèle, changement de région, et nous descendons vers El Bolson. Le centre ville est très actif, nous sommes samedi après-midi la semaine de Noël, l'ambiance est sympa. Quelques courses et nous continuons notre route. Nous nous trompons de chemin en repartant. Pour rejoindre la 40 sans faire marche arrière, il y a un passage piéton entre des buissons ... qui traverse la piste de l'aérodrome !

Pour bivouaquer, nous nous arrêtons de nouveau au bord d'une rivière. Nous les cherchons et nous les trouvons! La baignade fait un bien fou après cette chaude journée. Le repas du soir aussi après cette longue journée.

Exceptionnellement, je n'ai pas pris de photo aujourd'hui, j'étais bien trop occupée à profiter des paysages et à pédaler.

La journée commence par une longue montée, suivie d'une longue descente, puis d'une longue montée, etc... Il fait très beau et déjà chaud. Le rythme n'est pas le même qu'hier mais nous avançons bien. Les paysages sont sauvages avec peu d'habitation et de denses forêts de sapins.

Pause pique-nique à l'entrée du parc national Nahuel Huapi, puis c'est parti pour une montée de quinze kilomètres sous le caniar. Chaque souffle de vent, même de face, est le bienvenu car il sèche la transpiration et nous rafraîchis. Le plus dur est de se débarrasser des taons qui nous tournent autour tout le long. Nous parvenons à bout de cette montée en une heure quarante-cinq environ, la descente de l'autre côté n'est pas de tout repos car le vent souffle fort de face.

En bas se trouve un lac, et une piste mène sur la rive droite tandis que la 40 passe sur la rive gauche. Nous l'empruntons en espérant trouver un bivouac pour la nuit au bord du lac, sauf qu'au premier ruisseau à traverser le pont est écroulé et la piste s'arrête. Il y a aussi des panneaux "prohibido acampar". Nous décidons tout de même de nous éloigner un peu dans la forêt et trouvons une petite prairie au bord du ruisseau pour nous cacher pour la nuit.

Très bonne nuit sans s'être fait déloger ! Nous entamons la Route des sept lacs, assez touristique, appelée ainsi car elle traverse la région des lacs, et longe des lacs (et oui surprenant). En effet, à peine nous en quittons un que le suivant apparaît. La route est entièrement asphaltée, et nous roulons vite. D'un lac à l'autre nous avons l'impression que le vent change de direction, difficile de comprendre le sens des vents dominants. Les paysages sont évidemment sublimes tout le long.

En fin de matinée nous quittons la 40 pour faire un petit détour à l'ouest de San Carlos de Bariloche. La piste s'enfonce dans un paysage très sauvage, aucune habitation, très peu de circulation. Nous avons repéré un camping où nous nous arrêterons jusqu'à Noël. Il est situé dans le village Colonia Suiza, nous sommes venues chercher la neige mais il n'y en a même pas en Suisse! Nous y arrivons sur les coups de 14h30. Une bonne douche chaude, un peu de lessive, et il se met à pleuvoir, bon timing. Pour un nouveau soir de pluie, nous cuisinons bien à l'abri et au chaud.

Journée repos aujourd'hui.

Petit-déjeuner crêpes puis nous continuons dans la cuisine avec des galettes.

Cette après-midi, nous prenons le bus de ville pour nous rendre à San Carlos de Bariloche, une ville très touristique à l'allure plutôt suisse qu'argentine. Balade en centre-ville, nous nous régalons d'empanadas et d'une glace, malgré un vent glacial.

De retour au camping, nous voulons trouver un restaurant pour le réveillon, mais aucun ne paraît ouvert dans le petit village où nous nous trouvons. Ce sera donc une pizza à emporter, très bien aussi. Par contre, nous sommes bien fatiguées et pas sûres que nous tiendrons jusqu'à minuit pour la soirée dansante qui s'annonce entre les campeurs...


Départ à 10h30 ce matin après un Skype avec la famille et un bon petit déjeuner de Noël. Nous quittons le camping Ser où l'accueil a été excellent et où nous avons même reçu un cadeau de Noël : un sachet de sauce tomate !

Nous empruntons la même route que le bus hier, beaucoup plus tranquille ce matin, et traversons San Carlos de Bariloche. Le vent est dans notre dos, nous filons. Arrivées au bout du lac, la route longe la côte opposée, nous allons avoir le vent de face... Un dernier regard vers la ville, avec en fond les montagnes enneigées et en premier plan le lac, et nous avançons lentement une poussée de pédale après l'autre.

Pause goûter vers 16h30, à l'abri du vent. Déjà bien fatiguées, nous décidons en fait de ne pas repartir et de planter la tente ici pour la nuit. Deux autres cyclistes arrivent juste à ce moment-là, ils cherchent aussi où camper et vont demander si nous pouvons accéder au terrain en bord de lac. Le propriétaire nous ouvre, nous serons donc un peu plus éloignées de la route pour une nuit plus tranquille.

Nous sommes mentalement prêtes à affronter une journée vent de face en partant ce matin. Il s'avère en fait moins fort que prévu. Nous longeons le lac mais la route n'est presque pas directement au bord et nous sommes donc souvent protégées par des arbres ou des reliefs. Les vues sont toujours splendides, et il fait grand beau.

Nous arrivons à Villa La Angostura en fin de matinée après quarante kilomètres. Arrêt courses puis wifi à l'office du tourisme, et nous pique-niquons dans un parc. Un chien s'approche intéressé, je lui crie "fuera" pour qu'il s'en aille, cela fonctionne mais il se venge en commençant à faire pipi sur mon sac à dos! La ville est touristique et très animée, c'est le début des vacances d'été pour les sud-américains.

Nous nous remettons en selle vers 14h, toujours en suivant la Route des sept lacs. Mis à part aux abords des villes, le traffic est raisonnable. Sur cette section là en plus, le bord de route asphalté est large ce qui est très agréable.

Nous quittons le lac Nahuel Huapi dont nous faisions le tour depuis San Carlos de Bariloche. Le terrain est vallonné, en passant d'un lac à l'autre. Pour nous arrêter ce soir, nous trouvons une petite plage sur le bord d'une lagune non habitée et très tranquille.

Après une bonne nuit sous la tente et deux feux pour faire cuire deux bons repas, nous quittons notre plage de bivouac pour reprendre la route. Nous étions juste sous le panneau interdit de camper et interdit de faire du feu...

La matinée est très vallonnée, les lacs s'enchaînent, les beaux points de vue aussi. La route est beaucoup plus sauvage qu'hier et il y a quasiment aucune habitation. Pique-nique au soleil sur une plage. Cet après-midi, nous quittons le parc national Nahuel Huapi pour rentrer dans le parc national Lanin.

La route descend la vallée, et nous profitons d'un vent de dos qui fait bien plaisir et qui nous fait arriver à notre lieu de bivouac vers trois heures trente. Nous sommes une nouvelle fois installées au bord d'une rivière, dans un endroit qui à l'air populaire pour les pique-niques et barbecues, et où il n'est pas indiqué que le camping est interdit. Ce soir, nous ferons un vrai feu de camp.

La journée commence par une montée d'une dizaine de kilomètres. Elle est douce, il est trop tôt pour le trafic, l'air est encore frais, et les beaux paysages s'éveillent doucement; très agréable mise en jambe. En haut, nous arrivons à l'arroyo partido, appelé ainsi car il se sépare en deux quelques mètres plus loin, un côté descend vers l'Atlantique et l'autre traverse les Andes pour rejoindre le Pacifique ! Nous descendons côté Pacifique vers San Martín de los Andes. Magnifique descente bien fraîche jusqu'au lago Lácar. Pour rejoindre la ville quelques kilomètres plus loin, la route est découpée à flanc de montagne, l'arrivée est aussi très belle. Nous sommes samedi matin et un nombre incroyable de personnes font leur jogging ou une sortie à vélo.

San Martín de los Andes est encore une ville assez touristique, très animée et qui a l'air bien agréable avec son bord de lac. Nous y voyons d'ailleurs un spectacle de danse (sans doute) locale. Nous profitons de la civilisation pour une pause wifi sur la place centrale ainsi que pour faire des provisions. Puis nous repartons pour nos derniers kilomètres sur la Ruta 40, d'ailleurs très passants en sortant de la ville.

Nous bifurquons donc en direction de la frontière chilienne. La route en lacets monte raide, nous sommes obligées de pousser les vélos, et la chaleur nous fait transpirer à grosses gouttes. L'asphalte s'arrête et nous reprenons le ripio pour la prochaine centaine de kilomètres. Passé le lac Lalog, dont les plages sont pleines de familles venues profiter de ce samedi ensoleillé, la piste devient déserte. L'air est sec, les paysages aussi, la piste poussiéreuse. C'est très beau. Dans une descente, ma roue arrière tape un caillou et crève. Réparation express et nous repartons.

Nous arrivons à une rivière et cherchons un endroit pour poser la tente. Premier essai juste au bord, nous sommes sur une fourmilière, et elles mordent! Nous trouvons donc un espace un peu plus éloigné de l'eau mais plus spacieux. Baignade à la rivière et bon repas. Prêtes à dormir, mais les fourmis commencent à sortir et envahissent la tente. En espérant qu'elles n'arrivent pas à y rentrer et que nous passions une bonne nuit quand même...

Une dure journée s'annonce aujourd'hui, nous avons un col à passer sur une piste de ripio. La piste est parfois sableuse, parfois rocailleuse, parfois en tôle ondulée, parfois assez bonne, souvent mauvaise. Nous finirons la journée avec une moyenne de moins de dix kilomètres par heure.

La montée commence de suite, elle est douce pour le moment et nous sommes encore fraîches. Nous nous trouvons toujours dans le parc national Lanin, et comme les jours précédents les lacs s'enchaînent. Nous avons prévu les maillots de bain, malheureusement les bords de lac ne sont pas facilement accessibles, la piste étant taillée dans la montagne qui tombe à pic dans l'eau.

Aux alentours de midi, nous commençons à descendre de plus en plus proche du lac Currhue et trouvons un sentier qui mène à une belle plage. Nous laissons les vélos sur le bord de la piste et descendons pour une baignade bien fraîche puis un pique-nique bien venu.

Les panoramas sont époustouflants cet après-midi. Juste à notre gauche se trouve le volcan Achen Niyeu rentré en éruption pour la dernière fois il y a quatre siècles ; nous traversons la coulée de lave! Un peu plus loin sur notre droite, nous apercevons le volcan Lanin et son dôme enneigé qui culmine à 3747 mètres.

Nous arrivons au poste frontalier argentin, tampon sur le passeport, puis la montée sérieuse commence. Nous poussons les vélos à plusieurs reprises. Elle est heureusement entrecoupée de replats et même de petites descentes, ce qui nous permet d'avancer pas trop lentement.

Nous nous arrêtons environ trois kilomètres avant le col, il est déjà 17h30 et nous avons encore pleins de fruits, légumes et fromage à manger avant la frontière. Après ces cinquante kilomètres, nous sommes fatiguées comme si nous en avions fait quatre-vingt ! Nous plantons la tente à deux mètres de la piste, qui ne devrait pas être trop passante avec la frontière qui ferme pour la nuit. Passe quand même le guardaparque qui nous prévient que nous ne pouvons pas être ici mais qui ne nous déloge pas vu l'heure.

Il restait trois kilomètres pour le col, nous les finissons donc rapidement ce matin. Alors que le ciel est bleu côté Argentine, nous commençons à descendre sous de bas nuages côté Chili. Quelques kilomètres plus loin de trouve le poste de douane C'est la première que nous nous faisons entièrement fouiller les sacoches, et ils nous piquent le pot de miel qui avait pourtant traversé déjà quatre fois la frontière !

La descente continue, la piste est en bon état, le temps commence à se lever, la végétation de ce côté-ci est beaucoup plus verte et les paysages moins secs. Nous arrivons dans un premier village, Liquiñe, où nous nous ravitaillons en légumes. Les trente kilomètres qui suivent, jusqu'à Coñaripe, sont en travaux. Nous profitons parfois d'une route nouvellement asphaltée, et nous peinons à d'autres moments dans de gros graviers très peu roulant.

En haut du dernier bon raidillon, nous sommes récompensées par une vue sur le volcan Villarrica. Son dôme est enneigé, il est splendide.

Nous arrivons à Coñaripe vers 14h30 encore incertaines de nos plans pour la suite. Nous décidons finalement de nous poser dans un camping pour deux nuits et de partir légères demain à la découverte du parc national Villarrica. Le camping est situé au bord du lac, l'eau est très bonne, et la baignade donne vue sur le volcan. Nous continuons ce moment de relaxation avec une glace en ville. La fin de journée passe vite, et nous sommes bien fatiguées.

Nous partons pour une excursion à la journée, donc pas de déplantage de tente ce matin. Nous nous mettons en route pour le parc national Villarrica avec pour objectif de faire une randonnée de deux heures environ, qui donne vue sur cinq volcans. Le temps est clair, ça promet d'être beau.

À l'office du tourisme, on nous a annoncé l'entrée du parc à 14 kilomètres, elle se révèle être à 24 kilomètres de Coñaripe. Comme prévu, la montée est dure, même avec les vélos non chargés nous poussons deux fois tant elle est raide. Nous mettons donc un peu plus de temps à arriver à l'entrée mais nous y parvenons quand même aux alentours de midi.

Le sentier Mirador de los Volcanes commence par une montée dans une forêt de bambous et d'araucarias, un pin typique. Nous sommes d'ailleurs passées devant un spécimen millénaire. Puis la végétation s'arrête et nous continuons à monter sur un tapis de roches volcaniques noires. Les cinq volcans apparaissent, la vue est splendide. Pique-nique au sommet, nous sommes seules.

Rapide redescente pour retrouver les vélos laissés au guardaparque. Nous avions croisé leur voiture pendant le trajet aller, ils nous ont averti qu'ils n'allaient pas être présents à l'entrée du parc pendant un moment mais que nous pouvions faire la randonnée puis s'inscrire ainsi que payer le droit d'entrée en redescendant. Avant de quitter le parc, nous cherchons donc le guardaparque, qui nous laisse partir gratuitement. "Año nuevo" dit-il, il était surtout tranquillement entrain de se faire cuire une saucisse au barbecue...

La descente n'est pas facile, la pente est très raide par moments, le reste du temps le ripio est en tôle ondulée très prononcée. Environ dix kilomètres avant la ville, nous retrouvons l'asphalte. Nous pouvons enfin prendre un peu de vitesse en descente, ça fait plaisir. Sauf qu'après quelques minutes seulement, je vois Maman étalée au milieu de la route, elle n'a pas vu un trou... Heureusement rien de cassé, elle est quand même bien écorchée et en sang, et le vélo aussi a subit le choc. Elle reprend ses états sur le bord de la route pendant que je commence les réparations. Cinq minutes plus tard, nous arrêtons un pick-up qui nous ramène au camping. Passage à la pharmacie, réparation du vélo, tout rentre en ordre.

Et nous voilà prêtes à aller au restaurant fêter le nouvel an.


Réveil assez tardif ce matin, 8h30, après la soirée musicale sur la plage hier soir. Nous prenons notre temps et nous ne sommes pas en route avant 10h30. Pour la dernière journée de vélo avec Maman, nous avons quarante-cinq kilomètres à parcourir pour rejoindre Villarrica, d'où elle repartira en bus pour Santiago.

La route est très passante, la plupart des voitures vont dans l'autre sens, comme un départ en vacances vers les lacs du sud. À part quelques vues impressionnantes sur le volcan Villarrica, nous ne voyons pas grand paysage, par contre les bords de rues sont animés !

Nous arrivons à destination en début d'après-midi. Premier arrêt au terminal de bus pour acheter un billet. Puis nous arpentons le bord du lac en quête d'un endroit où poser la tente ce soir. Alors que la ville est bien vide en ce premier de l'an, la plage elle est bien pleine. Trouver un lieu de bivouac n'est donc pas facile, nous décidons de nous poser au camping ce soir, et profitons tout de même du lac pour se rafraîchir un peu.

Arrivées devant le camping, il est peu attrayant, alors que les bords de la rivière toute proche paraissent plus agréables. Nous nous remettons donc à la recherche d'un lieu de bivouac. Ce n'est toujours pas facile, il y a quand même un peu de monde, et un signe no acampar à l'entrée. Nous dormirons à la belle étoile, pas du tout cachées mais en retrait du chemin principal.


Journée repos.

Après une bonne nuit à la belle étoile, nous retournons en ville sans but précis. La seule obligation de la journée est d'emballer le vélo de Maman qui prend le bus ce soir.

Je me pose dans un camping pour ne pas avoir à trimballer mon vélo toute la journée. Maman part faire un tour d'une heure et demi environ, pendant que je magasine des sandales. Pique-nique au bord du lac, baignade, puis nous partons à la recherche de film plastique et carton pour le vélo.

Séance démontage/emballage à la gare de bus, et le vélo est laissé à la consigne. Puis c'est l'heure de l'instant culturel au musée municipal, avec une exposition sur les Mapuches, peuple autochtone local. Nous mangeons un bout et il est déjà temps de retourner au bus. Je quitte donc Maman, et retourne au camping en passant par la promenade de bord de lac au soleil couchant.

Encore une matinée tranquille à Villarrica.

Je passe un peu de temps à la bibliothèque, il y a des ordinateurs !

Je me mets en route vers 15h, et arrive à la maison de Leo une heure et demi plus tard, mon hôte de workaway. Je devrais y rester jusqu'au retour de Xavier à la fin du mois.

Après 3169 kilomètres, il est temps de faire une pause.

Je reprends la route ce matin, plus tôt que prévu initialement. Le workaway se passait très bien, j'ai reçu un accueil chaleureux et le travail était varié et intéressant. Pour diverses raisons, j'ai cependant décider d'avancer jusqu'à Santiago où je retrouverai Xavier. Je me lance donc pour environ 900 kilomètres et deux semaines seule. Seule, ce qui fait que je dois porter tout le matériel commun et que mon vélo sera très chargé. J'ai un peu de mal à m'organiser ce matin, après plusieurs essais tout fini par rentrer.

Je dis au revoir à Leo et me remets en selle pour les même vingt-cinq kilomètres qu'il y a à peine plus d'une semaine. Ils sont très passant, peu agréables, comme dans l'autre sens en fait. Arrivée à Villarrica, je bifurque sur une route secondaire beaucoup plus tranquille. Dernières vues sur le volcan, les paysages sont alors très campagnards, encore vallonnés.

Dès la première montée, j'ai du mal, le vélo pèse. Je finis par m'habituer, le rythme est juste un peu plus lent, et je me sens en forme. L'asphalte s'arrête, la route est agréable, cela fait du bien de reprendre!

Arrivée en haut d'une montée, un nouveau volcan se dévoile. Il s'agit du volcan Llaima qui culmine à 3125 mètres et dont le dôme est enneigé. Il restera dans mon champ de vision les prochains jours. Vers 15h, je redescends dans une vallée plate, la route traverse des champs. La bonne surprise du jour: une cagette de tomates posée (sûrement tombée d'une camionnette) au bord de la route! La plupart ont pourri mais j'arrive à en récupérer quelques unes.

Un peu plus loin, j'hésite à quitter l'axe principal pour aller en direction d'une rivière chercher un endroit pour la nuit. Je suis à court d'eau, et vu la température une baignade ferait du bien. La même rivière longera la route environ 20 km plus loin, il n'est que 15h45 mais j'ai déjà fait 70 km et je suis déjà bien fatiguée.

Le détour vallait la peine, je trouve un endroit bien tranquille au bord de l'eau. La baignade est plus que bienvenue. Par contre le soleil tape, et à 19h30 il est encore presque impossible de rentrer dans la tente sans étouffer. Au menu ce soir: spaghetti aux tomates.

Je me réveille dans le nuage et sous la bruine, qui s'arrête le temps que je petit-déjeune et que je range mes affaires. Je quitte le bord de la rivière et remonte retrouver la route principale. Rien de très spectaculaire ce matin, la route rectiligne traverse des champs, et le plafond nuageux est si bas qu'il empêche de voir tout paysage. Dommage, je passe au pied d'un volcan. Je traverse le village de Cunco, très animé pour un lundi matin, puis celui de Melipeuco, où je m'arrête pique-niquer.

L'après-midi est plus sympathique, les nuages se dissipent et je retrouve les montagnes. Qui dit montagne dit montée ! Je m'engage en direction du paso Icalma pour retourner en Argentine, et les premiers virages raides commencent. L'asphalte s'arrête rapidement, la côte elle continue. Le vélo est très lourd, j'avance doucement, en poussant régulièrement. Je m'arrête avant la fin de la première montée, dans une prairie fleurie. Je suis bien fatiguée !

Réveil une nouvelle fois dans les nuages. Ils se dissipent rapidement dès que je me mets en route. Je commence la journée en poussant mon vélo... Il ne me restait que trois kilomètres pour arriver en haut du premier col, je profite ensuite d'une belle descente dans une forêt d'araucarias.

J'arrive au petit village d'Icalma, où on se sent vraiment au fin fond du Chili. De là débute la montée au Paso Icalma et à la frontière argentine. Je savais que la route serait asphaltée à la descente côté argentin, bonne nouvelle elle l'est aussi à la montée côté chilien! (Bon ils étaient en train de la détruire lors de mon passage...) Il y a à peine cinq kilomètres de montée et je n'ai pas besoin de pousser, finalement j'avais fait le plus raide et le plus long hier.

11h28 arrivée au col où se situe la douane chilienne, 11h32 j'ai passé la douane et je remonte sur mon vélo. Le temps est couvert et une fine bruine se met à tomber. Je croise un cycliste toulousain en sens inverse. Quelques kilomètres plus loin j'arrive à la douane argentine, passage facile comme d'habitude (la douanière est plus intéressée par les drapeaux collés sur mon vélo que par la salade que je transporte). Je redescends alors vers des lacs et prends le temps de pique-niquer à un mirador. Au bord d'un lac se trouve Villa Pehuania où je fais quelques courses sans m'y attarder.

Cet après-midi le ripio reprend, il est d'abord très mauvais puis devient passable lorsque je quitte la route principale. Heureusement presque personne ne passe et je peux zigzaguer d'un côté à l'autre pour passer au meilleur endroit. La piste est majoritairement faite de sable, chaque voiture qui passe et chaque bourrasque de vent soulèvent donc un épais nuage de poussière. Les paysages sont fabuleux, des collines de sables parsemées d'araucarias, avec un torrent qui s'écoule en fond de vallée.

Pour bivouaquer, je suis à la recherche d'un endroit protégé du vent et non loin du cours d'eau. Il y a une sorte de carrière abandonnée, je me mets juste derrière le tas de cailloux le plus haut, la protection contre le vent n'est pas totale mais c'est mieux que rien.

Il n'a pas fait chaud cette nuit, et il fait encore frais au réveil, je reste bien tranquillement dans mon duvet en attendant que le soleil réchauffe l'atmosphère. Pour se réchauffer un peu, je commence par une douce montée d'une dizaine de kilomètres. J'aime pédaler le matin, tout est tranquille, le monde se réveille en douceur. Il y a quelques fermes, je vois des gauchos à cheval accompagné de leurs chiens qui guident troupeaux de moutons et vaches.

J'arrive à un col et quitte donc la magnifique vallée du río Litran. De l'autre côté, une nouvelle vallée s'offre à moi, beaucoup plus vaste. Je ne tarde pas à descendre, un vent glacial souffle. Dix kilomètres plus loin environ, je retrouve l'asphalte, il me reste alors cinquante kilomètres presque uniquement en descente. En plus j'ai le vent dans le dos. Un pur régal. Et voilà comment j'arrive au village de Las Lajas à 14h après déjà 75 kilomètres. Je n'ai pas l'impression de les avoir volés mais je ne suis pas sûre de la avoir gagné non plus. Je décide de m'arrêter là pour aujourd'hui et vais m'installer au camping municipal.

La prochaine ville, Chos Malal, est située à 160 kilomètres d'ici; j'aimerais y arriver en deux jours. J'ai fait les stocks d'eau et de nourriture pour cette première journée d'une section qui s'annonce désertique. Je reprends la Ruta 40, qui parcourt l'Argentine de tout son long et que nous avons déjà suivi à plusieurs reprises.

Il fait presque frais ce matin avec le vent, ce ne sera pas la même cet après-midi ! Les paysages sont arides, la végétation est principalement constituée de petits buissons épineux. Les rares points d'eau sont bien visibles, quelques arbres arrivent à pousser. Les montagnes ont des formes et couleurs inhabituelles, j'adore ! La route est loin d'être plate, elle monte et descend traverser des lits d'anciennes rivières maintenant bien asséchées.

Petit coup de mou en fin de matinée, ce n'est pas facile de se remotiver toute seule. Cela va mieux après la pause déjeuner, j'avais finalement peut-être seulement besoin de manger, et j'avance bien. Il est très difficile de se rendre compte des distances, je vois un village par lequel je dois passer au moins vingt-cinq kilomètres avant d'arriver. Jusqu'à celui-ci et encore après, la route monte pour passer derrière une chaîne de montagnes. J'aimerais bien terminer la montée aujourd'hui. Je commence à avoir mal partout, enfin surtout aux bras et aux mains bizarrement...

Je finis par arriver au village, j'aimerais bien remplir mes gourdes, par sécurité car il me reste de l'eau dans la vache à eau. Je me dirige vers une voiture arrêtée, il s'agit en fait de trois cyclistes et de leur voiture de ravitaillement. Ils sont arrêtés dans un sorte d'abri pour la nuit, où il y a un robinet. Ils me donnent de l'eau bien fraîche sortie de leur glacière. Je continue ma route, la montée était presque finie, et m'arrête dans les premiers virages de la descente en contrebas de la route. Les montagnes sont encore plus incroyables de ce côté-ci!


Hier soir en cuisinant, j'ai vidé le jus d'une conserve par terre. Toutes les fourmis du désert (oui oui toutes!) ont accourues à ce point d'eau et rapidement un cortège s'est formé jusqu'à l'entrée de la fourmilière. En rangeant mes affaires ce matin, je dois épousseter les fourmis qui se sont égarées dans mes chaussures et sur la tente.

Du désert, toujours plus de désert aujourd'hui... Les montagnes sont variées, les couleurs sont belles, et il y a toujours quelque chose à regarder. Je me demande d'où et quand vient l'eau qui sculpte de façon si évidente le paysage. Et où les plantes puisent-elles leurs ressources?

Il fait très chaud, le soleil cogne. Je trouve un peu d'ombre pour pique-niquer dans un abri bus. À 14h après 70 kilomètres, je suis déjà arrivée sur la place centrale de Chos Malal, un écrin de verdure au bord du Rio Neuquén. Je rejoins la maison de Sabrina, contactée grâce à Warmshower, où je vais dormir ce soir. Elle n'est pas présente mais m'a gentiment expliqué où elle cachait la clé et me laisse m'installer chez elle.

Je prends mon temps ce matin et ne part pas avant midi, ce n'est pas tous les jours que je dors dans une maison ! Il fait déjà extrêmement chaud en quittant Chos Malal, et la route commence par une longue montée. J'ai vraiment de la difficulté ; je suis bien chargée, je ne me sens pas en grande forme (depuis quelques jours j'ai du mal à digérer et à conserver ce que je mange...), et j'ai en plus le vent de face. Les arrêts sont multiples mais je continue à avancer tant bien que mal. L'après-midi sera courte puisque je m'arrête vers 16h, c'est amplement suffisant pour aujourd'hui.

Je trouve un coin caché et un peu à l'écart de la route et plante rapidement la tente. Enfin un peu d'ombre! Petite sieste, puis bon signe, j'ai faim. Pendant que je me prépare à manger, deux policiers viennent me rendre visite. Cela ne les dérange pas du tout que je campe ici, ils ont plutôt peur pour moi. Ils me demandent si j'ai un moyen de communication et m'invitent à passer les voir si j'ai besoin de quoi que ce soit. Ils notent tout de même mon nom. Visite sympathique donc, je me rends compte que je suis en fait complètement visible depuis la piste qui passe derrière.

Cela va beaucoup mieux qu'hier dès le départ, le vent est moins fort et il m'est plus favorable, je suis partie assez tôt donc il fait encore supportable, et je me sens en bien meilleure forme. Je termine rapidement la montée d'hier, et profite alors d'une belle et longue descente. J'ai de belles vues sur le volcan El Tromen et ses 3984 mètres d'altitude.

Un peu avant midi, j'arrive au village de Buta Ranquil. J'en profite pour faire le plein d'eau et pique-nique à l'ombre sur la place du village. Cet après-midi, je croise un jeune cycliste de Mendoza, ainsi qu'un couple d'Argentins qui parcourent l'entièreté de la 40 du nord au sud. Ces brèves rencontres sont extrêmement plaisantes et me motivent.

Sur les 30 kilomètres qui séparent Buta Ranquil du prochain village, Barrancas, je bois deux litres d'eau! Heureusement il y a de l'air, même si le vent qui souffle est chaud et assez irrespirable. J'arrive donc à Barrancas sur les coups de 14h30, il n'y a pas une âme dans le village. Je vais repérer le "camping municipal", il s'agit d'un espace sous les arbres avec tables et barbecue, une toilette et un robinet. C'est gratuit, c'est parfait ! Je pars à la recherche d'un minimarket, mais tout est fermé. Une dame m'apprend que nous sommes dimanche... Aaah en voilà une nouvelle! Les courses, se sera donc demain matin. Je retourne m'installer au camping, et prendre une douche sous le robinet.

J'ai passé une très mauvaise nuit, avec tous les chiens du village qui s'interpellaient et se répondaient. Je reste couchée jusqu'à 8h15, obligée d'attendre l'ouverture des marchés. Une fois les provisions faites, je me poste à la sortie du village pour faire du stop. En effet, sur la prochaine section, les points de ravitaillements et d'eau me paraissent trop peu nombreux donc la charge à porter serait trop importante. En plus, il y a une portion d'environ 80 kilomètres de ripio, peu tentant.

En ce lundi matin, les voitures sont rares et les quelques-unes qui passent ne s'arrête pas. Je décide d'avancer un peu, je me dis que l'on aura plus envie de m'aider au beau milieu de nulle part. J'avance donc 3-4 kilomètres, en descente pour mon plus grand plaisir, et me remets à l'affût. Une voiture de police s'arrête et me signale qu'il y a un poste de contrôle un kilomètre plus loin, donc que les voitures s'arrêtent ou ralentissent et que j'aurai sûrement plus de chance. Je remonte en selle, et me repose sur le bord de la route cinq minutes plus tard.

Il passe une voiture tous les quarts d'heure en moyenne, il ne faut pas compter sur celles qui sont trop petites ou pleines, cela laisse peu de chance... Au moins la lecture de mon livre avance bien! Vers midi trente, après trois heures d'attente, j'en ai vraiment marre et reprends la route, au moins j'avance tout en continuant à faire du stop.

C'est donc sur mon vélo que je passe le Rio Barrancas, qui marque la limite nord de la région de Neuquén, et que je quitte officiellement la Patagonie. De beaux lacets s'élèvent, après à peine quinze minutes de montée, un pick up s'arrête ! Deux bonhommes et la grand-mère à l'arrière, qui rentrent à San Rafael. Le vélo est placé à l'arrière, et en route! Et moi qui commençais à perdre espoir...

Ils me conduisent sur environ 150 kilomètres. Vu l'état du ripio, je ne regrette pas. Les paysages sont beaux, des volcans et leurs traînées noires de lave durcie, un canyon étroit et profond, une lagune remplie d'oiseaux, un large fleuve, des montagnes tordues dans tous les sens, mais ils passent vite en voiture et je n'ai pas le temps de m'en imprégner.

Lorsqu'ils me déposent, le temps est menaçant avec de gros nuages noirs et des éclairs. La vallée dans laquelle je m'engage semble la seule à être encore sous un ciel bleu. Je quitte donc la 40 passer un col qui me ramènera au Chili. Et cette vallée-là est sublime. Des montagnes ocres, une large rivière terreuse dans le fond, et par-ci par-là des fermes au milieu de coins de verdures. Avec la lumière orageuse, c'est de toute beauté.

J'ai environ 35 kilomètres pour arriver à la douane argentine au pied du col, que je garde pour demain. Je me dépêche un peu pour éviter que la tempête ne me rattrape. Le vent de face souffle fort sur la fin, j'arrive alors au petit village de Las Loicas. Juste avant le poste de douane, il y a de nouveau un camping gratuit où je m'installe. J'espère y passer une meilleure nuit...

9h, la douane argentine est passée, en route pour le col. Comme hier, les paysages de cette vallée sont fabuleux. La montée est douce et régulière, très agréable. Il n'y a presque personne sur la route, hormis de nombreux troupeaux de chèvres qui traversent régulièrement. Je discute aussi avec deux cyclistes chiliens en train de ranger leur bivouac.

Après quatre heures de montée, sans trop se presser, me voilà au col et donc au Chili. Je mange mon sandwich salade-fromage dans les premiers virages de la descente, histoire de ne pas être officiellement illégale. À l'inverse des autres traversées des Andes, les paysages du côté chilien sont similaires, tout aussi arides, tout aussi beaux. Il y a en plus une grande lagune, d'un bleu qui contraste avec l'orangé des roches.

Peu après le début de la descente, il y a déjà une remontée ! Elle est raide, le vent de face s'est levé, ces quelques kilomètres sont donc plus durs que les quarante du col. Presque à la fin, arrêtés à un mirador, quatre chiliens m'offrent un brugnon et une orange, un délice.

Je continue la "descente" et arrive à la douane chilienne. Très pointilleux comme d'habitude, ils me fouillent entièrement les sacoches. De la part des autres voyageurs, les questions fusent "¿Sola? ¿No tiene miedo? ¡Que valiente!". Je descends encore quelques kilomètres avant de m'arrêter dans la zone de camping d'un site d'escalade, au bord de la rivière. Le panorama est incroyable!

Je suis prête à partir ce matin quand mon voisin de tente se lève et m'invite pour un café. Franco vient de Santiago et passe ici une semaine de vacance à grimper. Avec son ami Andrès, ils me proposent de passer la journée avec eux, je ne peux pas refuser! Je replante donc la tente jusqu'à demain matin. Au programme : balade au pied des falaises et via ferrata.

Je suis sur le site de la Valle de los Cóndores, un des plus connus d'Amérique du sud. Des personnalités telles que Adam Ondra ou Alex Honnold sont venues grimper ici!

Je me mets réellement en route ce matin et quitte ce petit coin de paradis. La descente est belle, en suivant le río Maule. Je retrouve la végétation, puis les vaches et les cultures. La vallée est malheureusement fortement exploitée pour l'énergie hydraulique, et des pylônes et conduites forcées viennent rapidement agrémenter le paysage.

La première partie de la journée est facile, la pente est agréable et j'avance vite. La descente continue sur la deuxième moitié mais elle est à peine perceptible et le vent de face vient contrer les bénéfices. J'arrive donc relativement tôt mais bien fatiguée au bord du lac Colbún où je m'installe dans un camping.

Il me reste cinquante kilomètres pour rejoindre la ville de Talca, située sur l'axe principal qui traverse le pays du nord au sud. Je les avale assez rapidement, heureusement car la route n'est pas des plus agréable. Ce sont des lignes droites bien passantes qui traverse la campagne. Par chance, le bas côté est souvent assez large, il y a même une piste cyclable sur les derniers quinze kilomètres ! Les habitations sont nombreuses en bord de route, et une bonne partie fait aussi office de petit marché ou restaurant.

À Talca, je me dirige vers le terminal de bus, j'aimerais rejoindre Santiago le plus rapidement possible. Arrivée à 11h30. La première compagnie me refuse le vélo et me renvoie vers une autre compagnie. La seconde aussi, et ainsi de suite. J'en trouve finalement une qui me dit qu'il devrait y avoir de la place dans le bus de midi, je dois patienter et il viendra me chercher. Midi arrive, je retourne voir au comptoir, nous allons rapidement demander au chauffeur, qui commence par refuser car le bus est en train de partir, puis qui fini par faire de la place en soute pour faire rentrer le vélo. En route!

Le billet se paie dans le bus, il coûte $5000 (à peine plus que 5€) par personne. On me demande en plus $3000 pour le vélo, mais je n'ai qu'un billet de 20000, et quelques pièces. Le chauffeur n'a pas de change, je donne donc toute ma monnaie, soit moins de 1000, et c'est bon!

Je débarque à la gare de bus de Santiago à 16h, ça grouille de monde et il fait une chaleur étouffante. Mon auberge de jeunesse n'est pas très loin et il y a des pistes cyclables pour la rejoindre. J'y reste seulement une nuit, puis je me déplace vers la maison d'un ami de mon père, où ma mère sera aussi demain soir avant de repartir en France. J'y resterai jusqu'à ce que Xavier arrive et que nous continuions à vélo pour la suite de l'aventure.

Il est temps de quitter Santiago après presque une semaine de pause. En plus de visiter la ville, cela m'a permis de faire certain ajustements au niveau du matériel. Maman est repartie avec quelques affaires moins utilisées, principalement pour la pluie, et Xavier revient avec du nouvel équipement, dont un matelas de sol. J'ai aussi fait changer mes plateaux, vitesses et chaîne pour que cela soit plus facile en montée, fait dévoilé ma roue arrière, et changé mon pneu à arrière qui était déchiré. Xavier est bien arrivé mercredi, et nous avons fait une excursion à Valparaiso jeudi.

Nous sommes vendredi matin donc, les vélos sont de nouveau chargés, prêts pour la suite. Afin d'éviter la sortie de Santiago et sa circulation abondante, nous allons à la gare de bus pour nous rendre à Los Andes situé à une centaine de kilomètres au nord. D'après Maria Inès avec qui nous avons partagé la maison, c'est le début des départs en vacances et il sera difficile d'avoir une place sachant que nous n'avons pas acheté notre billet à l'avance, et que nous devons mettre les vélos en soute. Nous verrons bien...

Dix kilomètres pour se rendre au terminal, presque entièrement sur des pistes cyclables. Un bus part dans quinze minutes, il reste de la place et il faudra voir avec le chauffeur pour embarquer les vélos. Il nous demande simplement de démonter la roue avant et de payer un supplément de 5000 pesos. Et nous voilà en route vers Los Andes, c'était si facile !

Nous faisons quelques provisions avant de quitter la ville, puis direction l'Argentine. Nous allons emprunter le tunnel Cristo Redentor, voie principale entre Santiago et Mendoza. Il y a un peu de circulation à la sortie de la ville, puis cela se calme. Plusieurs camions passent par cette route, nous trouvons qu'ils restent en nombre encore raisonnable. Nous avons chaud cette après-midi mais avançons à un bon rythme, la montée est douce (et mon vélo a été remis à neuf!). Nous suivons une rivière qui offre un peu de verdure dans ce paysage aride, même certains cactus sont désechés. Nous nous arrêtons bivouaquer proche de la rivière. Cela nous fait une bonne journée de reprise.

Aujourd'hui, nous avons monté. 1750 mètres de dénivelé. C'était dur.

Pour Xavier qui reprend, voilà comment réattaquer fort. Pour moi non plus ce n'est pas de la rigolade. La montée n'est jamais extrêmement raide mais le rythme est soutenu en permanence. Les pauses sont nombreuses, l'avancée se fait doucement, mais sûrement! Nous passons une section de route de vingt-cinq épingles à cheveux successives, très impressionnante. Les camions sont assez nombreux et eux aussi lents en montée, formant des vagues de véhicules. Heureusement le bas côté est large. Il y a aussi des portions couvertes pour la neige, nous empruntons alors avec joie la route de secours bien tranquille à l'extérieur.

Un peu avant 16h, nous arrivons en haut de la montée, à 3190 mètres d'altitude ! Nous ne sommes pas au col mais à l'entrée du tunnel qui traverse en dessous. Un employé du tunnel charge les vélos dans son pickup et nous fait traverser les quatre kilomètres, nous débarquons en Argentine quelques minutes plus tard. Nous nous arrêtons au village suivant dans l'église recommandée par deux cyclistes croisés plus tôt, nous serons à l'abri du vent pour cette nuit à plus de 3000 mètres.

En route pour la descente ! Elle devrait être assez douce, nous avons le même dénivelé à descendre que ce que nous avons monté hier mais en plus de deux fois la distance. L'air est frais au départ, il fera plus de 30°C en après midi, toujours avec un vent qui rend cela très supportable.

Nous parvenons rapidement à la douane, l'organisation est différente des autres traversées avec un plus gros complexe frontalier mais les formalités se déroulent toujours assez rapidement en vélo. De ce côté-ci du col, le bord de route est moins large ou même non-existant, nous sommes moins tranquilles vis-à-vis de la circulation et des camions. Nous avalons les kilomètres et finirons la journée assez tôt malgré un vent de face qui forcit à partir de onze heure environ.

La descente est belle, les montagnes sont de diverses couleurs, l'environnement est très rocailleux. Nous apercevons (peut-être ?) le sommet de l'Aconcagua. Puis nous descendons la vallée du rio Mendoza jusqu'à la petite ville d'Uspallata. Quelques courses puis nous allons nous poser au camping municipal.

Le départ n'est pas des plus matinaux aujourd'hui, nous retournons en ville pour quelques courses qui nous manquent avant de nous mettre en route vers dix heures moins le quart. Nous quittons très rapidement l'oasis de verdure où se situe Uspallata pour nous retrouver au milieu de la pampa. En fond les Andes sont de couleur rougeâtre, c'est magnifique.

Les vingt premiers kilomètres se font rapidement, puis l'asphalte s'arrête et le vent de face se lève. Le rythme n'est plus le même. Les 35 kilomètres suivants nous prendrons le reste de la journée. Par chance nous trouvons quelques arbres pour pique-niquer à l'ombre, car le soleil tape et il fait chaud. Nous trouvons l'après-midi un peu longue, avec une impression de ne pas avancer. Heureusement la circulation est faible mais suffisante au cas où nous aurions besoin d'aide.

Nous parvenons à bout de la section de ripio et faisons une longue pause à l'ombre d'un panneau publicitaire. Nous décidons finalement de nous arrêter là pour aujourd'hui, c'est inespéré mais il y a même quelques arbres un peu plus loin. La soirée sera courte et la nuit la bienvenue. J'écris ses lignes pendant que Xavier cuisine sur le réchaud à bois, allumé avec une loupe! Manger puis Dodo.

79

Les premiers kilomètres sont difficiles ce matin, après une nuit mouvementée à cause du vent, il nous accompagne encore et toujours... Ce n'est pas tant que nous n'avançons pas, nous faisons au moins du 15 km/h en l'ayant de côté, c'est plutôt qu'il est assourdissant. Le bruit ne s'arrête jamais, j'ai l'impression d'en devenir folle! En plus Xavier se sent malade. Mais nous n'avons pas le choix que d'avancer au milieu de cette pampa inhospitalière.

Le vent finit par s'affaiblir et la motivation remonte. Nous finissons les longues lignes droites puis profitons d'une descente inattendue qui mène au village de Barreal. Première étape : achat d'une bouteille de Coca Cola pour remettre en place l'estomac de Xavier, puis pique-nique et sieste dans le parc central.

Nous continuons donc après une bonne pause. Le décor change radicalement par rapport ce matin. Nous passons de village en village, non loin du fond de vallée verdit par la rivière qui y coule, à flanc de montagnes de formes et couleurs variées. Juste avant le village de Calingasta, un bras de la rivière longe la route, l'endroit est prisé par les locaux pour se rafraîchir. Nous trouvons une petite plage inoccupée, il y a pile la place pour la tente. La baignade est excellente, et l'ombre très appréciable.


Le début de journée s'annonçait facile, avec quarante kilomètres de plat descendant, ça ne l'a pas été. Nous rentrons rapidement dans la vallée du rio San Juan, direction plein est. Alors que le vent soufflait d'ouest en est hier, il a eu la bonne idée de changer de sens pendant la nuit... L'avancée est donc très difficile. La route est en plus en travaux sur les quinze premiers kilomètres, nous suivons donc une déviation en ripio. Depuis hier déjà, nous avions remarqué que la route doit être régulièrement inondée et abîmée lorsqu'il pleut, le terrain paraît meuble et chaque précipitation forte doit se transformer en coulée torrentielle.

En début d'après midi, nous quittons enfin la vallée pour nous engager dans la montée d'une vallée secondaire. Pendant au moins deux heures, le vent nous offre un peu de répit. Soit nous l'avons de dos et il nous pousse bien, soit il s'arrête complètement. C'est alors très calme, nous entendons seulement les bruits des vélos et de notre respiration, cela fait du bien! La montée est tout de même sérieuse, mais c'est tellement plus satisfaisant de forcer pour arriver en haut que sur du plat face au vent.

Après la sieste, nous voulons essayer de la terminer, mais le vent de face revient et nous sommes trop fatigués. Nous trouvons un endroit pour bivouaquer, la fin de la montée sera pour demain.



Fin de la montée ce matin donc, qui passe beaucoup plus facilement que hier après-midi. Le reste de la matinée est plutôt facile car principalement en descente. Nous rejoignons la route 40 après déjà soixante kilomètres vers midi seulement. De là, nous devons nous rendre à San Juan pour retrouver ma sœur. Nous décidons d'y aller en stop pour ne pas arriver trop tard et parce que nous aurons à refaire cette section là en repartant. Après un peu moins de deux heures d'attente, heureusement à l'ombre, un bus s'arrête et nous embarque. Il ne nous fera pas payer le trajet, tant mieux!

Nous retrouvons facilement Clémentine et l'appartement réservé. Nous resterons trois jours dans la région avant de reprendre la 40 vers le nord.

Clémentine est partie en bus hier soir continuer son voyage vers le sud, il est temps pour nous de reprendre la route vers le nord. Le départ se fait en fin de matinée après quelques dernières courses. Nous quittons la ville, qui est bien étendue, assez facilement. Une longue et douce montée nous attend. Le paysage est vallonné, la route agréable. Nous redescendons ensuite dans une large vallée au fond de laquelle nous suivrons de longues lignes droites pour les deux jours à venir.

C'est en fait la troisième fois que nous passons ici, après le stop pour descendre à San Juan et l'excursion avec Clémentine. Ce n'est pas la section la plus trépignante à faire à vélo mais pour l'instant cela se passe bien.

Le ciel est bas et bien chargé, il le restera jusqu'à la nuit. Nous nous arrêtons pour une pause dans un parador de bord de route. Il s'agit d'un espace muré pour protéger du vent, avec un toit en bambou, dans lequel il y a des tables de pique-nique et surtout une mini chapelle. Ces lieux se trouvent fréquemment, certains sont plus équipés que d'autres. Il n'est que 15h30 mais nous décidons de rester ici ce soir.

Petite séance mécanique et sieste cet après-midi, puis c'est déjà l'heure du souper.

Journée plate et faite de longues lignes droites. Il n'y a pas trop à réfléchir, il suffit d'avancer. Le nombre de kilomètres augmente rapidement. Après déjà une cinquantaine avant la pause, nous décidons de pousser jusqu'à Jáchal et d'y arriver un jour plus tôt que prévu. Le ciel est couvert et c'est tant mieux, cela nous évite de crouler sous la chaleur et de brûler sous le soleil.

En fin de journée, de la verdure revient dans le paysage et nous nous rapprochons de montagnes. Nous arrivons vers 17h et allons nous installer dans un beau camping sous des oliviers. Nous sommes quand même bien fatigués.

Nous profitons d'une grasse matinée jusqu'à 9h ce matin! La journée s'annonce plutôt tranquille, nous devons rester sur place pour un Skype avec la France à 15h. Nous allons faire quelques courses en ville puis passons le temps au camping.

Départ en vélo à 16h pour environ une heure et demi de pédalage. Nous restons dans la plaine verte de Jáchal au début, puis nous entrons dans une gorge, la route étroite serpente à flanc de montagne tandis que la rivière coule loin en contre bas. Les montagnes sont de couleur rouge, c'est très joli et absolument pas monotone par rapport à ce que nous avons pu faire à peine plus au sud. La journée se termine pas une descente jusqu'au camping municipal de La Ciénaga, gratuit. C'est plutôt une aire de pique-nique avec toilettes et robinets, nous y sommes seuls.

Nous avons une dizaine de kilomètres vallonnés, la route étroite serpente entre les collines, avant de retrouver la ruta 40 ce matin. Puis c'est reparti pour des lignes droites, la première de quarante kilomètres environ... La route forme des vagues car nous traversons de nombreux passages à guet, tous les 200 mètres par moment. Le changement de vitesse et de rythme est assez pénible. Heureusement la plupart sont à sec, nous ressortiront boueux de seulement deux trois dans l'après-midi.

Le temps est bien couvert et même brumeux. Encore une fois nous n'en sommes pas mécontent car il fait meilleur. Le vent se lève en fin de matinée, et nous l'avons de dos! Voilà comment nous arrivons à avaler les kilomètres, déjà soixante avant la pause, et nous parvenons là où nous avions pensé nous arrêter vers 14h30. Nous continuons donc plus loin. La journée se termine par une douce montée de quinze kilomètres environ, le soleil est sorti et le temps est bien plus chaud.

Arrivés en haut, nous cherchons un coin à l'ombre pour bivouaquer et plantons la tente sous un bel arbre. Tous les alentours ont l'air de se transformer en rivière en cas de pluie, espérons que la nuit reste sèche.

Après voir terminé par une montée hier, nous commençons par une descente. La mise en jambe n'est donc pas trop difficile malgré une nuit plutôt moyenne, nos deux matelas ont été troués par des épines. Le reste de la journée sera principalement en montée, nous avons un col à passer. Mise à part les derniers kilomètres, la pente est douce et la montée relativement aisée.

Contrairement à ce que nous avions pu imaginer, les nuages sont toujours présents, à notre plus grand plaisir. La végétation est également assez dense et son vert contraste fortement avec le rouge de la terre. Ce sont généralement des buissons épineux et cactus, mais nous n'avons aucun mal à trouver un arbre pour le pique-nique. Nous longeons de belles falaises rouges aux formes étranges.

Nous faisons le plein d'eau au poste de police du dernier village avant de terminer la montée. Un vent de face nous ralentit un peu sur la fin, nous parvenons en haut vers seize heure. Il ne reste plus qu'un peu de descente avant de rejoindre le rio Miranda. Cela fait longtemps que nous n'avons pas dormi à côté d'un cours d'eau, c'est nettement plus pratique pour se laver, faire la lessive et la vaisselle. Pendant le repas, un gaucho vient discuter, il est à la recherche d'une vache perdue. Nous essayons aussi de réparer les matelas, en espérant une nuit meilleure.

Encore une journée qui commence par une descente. La vallée du rio Miranda est très belle avec la lumière matinale, à la vitesse à laquelle nous allons nous en sortons rapidement. Nous rejoignons une large vallée plate, il nous reste une quinzaine de kilomètres pour atteindre la ville de Chilecito. La 40 devient une 2x2 voie et une piste cyclable la longe!

Pause wifi, courses (il nous faut aller dans quatre magasins différents pour trouver ce dont nous avons besoin...) et empanadas en ville puis nous repartons sous un soleil de plomb. Nous profitons des arbres en bord de route pour la pause pique-nique avant d'entamer une douce montée qui nous occupera le reste de la journée.

Nous avons repéré une petite maison en bord de route où nous espérons trouver refuge pour la nuit. Il y a une pièce avec une cheminée, une terrasse couverte qui nous apportera de l'ombre, et même des toilettes sèches ! C'est excellent au milieu de ces contrées sèches et inhospitalières.


Réveil 7h, pile à temps pour un lever de soleil multicolore au-dessus des montagnes. Nous sommes rapidement prêts, la chaleur est déjà présente malgré ce départ matinal. Nous commençons par une douce montée, toute la journée nous alternerons les faux-plats montants et descendants. Nous pédalons toujours sur d'interminables lignes droites, au milieu de vastes plaines arides.

Je crève à cause d'une épine lors d'un arrêt en bord de route. J'ai en plus un coup de barre et je sens un manque d'énergie. Nous réparons à l'ombre d'un arbre et enchaînons avec une pause pique-nique anticipée, il n'est que 11h30. Quelques kilomètres plus loin, nous arrivons dans une vallée verte et arborée. Plusieurs petits villages se suivent, tous organisés le long de la route principale, avec leur parc central, leur école, centre de santé, et kioscos. Cela fait du bien de voir un peu de vie. Dans le dernier village, il y a un glacier, nous ne réfléchissons pas deux fois avant de nous arrêter pour une pause dessert. Elle est délicieuse, et les argentins ne sont pas radins sur la taille des boules de glace!

Pour avancer malgré la chaleur, nous testons une nouvelle technique aujourd'hui. Vers 15h, après déjà 90 kilomètres, nous nous arrêtons au bord d'une rivière pour une longue pause. Nous profitons plus de l'ombre du pont que de la baignade, car l'eau est chaude et rouge d'argile. Longue sieste, puis nous prenons le repas du soir vers 17h. C'est ensuite reparti pour pédaler jusqu'à 20h. Nous avons perdu trois degrés celsius, de 44 nous sommes passés à 41! Après trente kilomètres de plus sous une température plus raisonnable, nous plantons la tente en bord de route, derrière quelques buissons mais sans trop se casser la tête sur l'endroit du bivouac. Le temps d'installer les affaires, de se laver rapidement et de prendre le dessert, il fait déjà nuit et nous sommes prêts à dormir.

Le ciel est voilé ce matin, ce qui n'empêche pas le soleil de chauffer de bon matin. Nous rejoignons le village de Londres dans la matinée, puis celui de Belén. J'ai encore une crevaison, il y a au moins quatre épines dans mon pneu! Cela date sûrement d'hier soir ou de ce matin lorsque nous sommes sortis des buissons, j'ai dû rouler vingt-cinq kilomètres avant que l'épine ne sorte du trou et que l'air puisse s'échapper.

Quelques courses à Belén, nous faisons le plein de fruits et légumes pour seulement quatre-vingt pesos et la vendeuse nous offre en plus un sac de bananes, puis de nouveau quelques empanadas à emporter. En sortant de la ville, le paysage change brusquement. Nous rentrons dans une vallée étroite, la route serpente en bord de rivière au pied des montagnes, c'est très sympathique. Nous voulons répéter la stratégie d'hier et avons repéré un camping quinze kilomètres plus loin pour nous arrêter pour une longue pause.

Arrivés au camping vers 14h, il s'agit d'un complexe touristique avec piscine, jeux et même scène de concert. Nous voulons surtout profiter de la douche. La dernière date d'il y a six jours, nous commençons à avoir du mal à nous supporter (pas mutuellement mais plutôt personnellement). C'est aussi l'occasion de faire une bonne lessive. Comme hier, nous mangeons le repas du soir vers 17h avant de reprendre la route. Nous nous arrêtons une vingtaine de kilomètres plus loin, en bord d'une piste qui s'éloigne de la route principale.

La nuit a été mouvementée, nous sommes réveillés à deux heures par l'orage, le vent s'est levé, les éclairs s'enchaînent et la pluie se met à tomber fort en mouillant l'intérieur de la tente. Une fois le plus gros de la tempête passé, nous nous rendormons tout de même mais d'un sommeil léger. Il pleut encore au réveil, nous plions en vitesse les affaires et mangeons seulement une barre de céréales avant de nous mettre en route. Soixante kilomètres de montée nous attendent aujourd'hui, avec très peu d'habitation, nous sommes peu confiants au départ. Au moins, le vent nous est favorable.

Arrivés au village suivant vingt-cinq kilomètres plus loin, nous prenons le temps de petit-déjeuner abrités sous le porche de l'église. Il bruine toujours et le plafond nuageux est très bas. Nous continuons quand même, la route est plutôt sympathique, vallonnée et serpentant au milieu de collines. La pluie fini par s'arrêter. Nous montons à une bonne allure, la pente est douce et le vent nous pousse. C'était inespéré mais nous finissons la montée à 13h.

Pause pique-nique, légère descente, puis nous traversons un plateau de vingt-cinq kilomètres, très sec. Le vent est tellement fort que nous n'avons presque pas besoin d'appuyer sur les pédales, par contre il soulève du sable qui forme un nuage à l'horizon. Le soleil est revenu, nous nous faisons avoir et finirons la journée tout rouge... À un moment, un pick-up s'arrête, l'arrière est rempli de vélos. Ce sont une famille de français avec trois filles, ils ont loué une voiture pour sauter cette section assez aride, car à leur rythme il leur faudrait transporter énormément d'eau et de nourriture, mais reprendrons la route à Cafayate. Nous devrions d'ailleurs les retrouver là-bas demain soir.

À la fin du plateau se trouve une chapelle. Nous pensions y dormir cette nuit mais elle est fermée. Nous reprenons donc la descente sur une dizaine de kilomètres avant de trouver une ancienne carrière dans laquelle nous installer. Nous espérons mieux dormir que la nuit dernière.

Le réveil est matinal et le rangement efficace, nous espérons nous rendre à Cafayate ce soir. Un faux-plat descendant s'annonce pour l'entièreté de la journée. Le soleil vient à peine de se lever au-dessus de la montagne lorsque nous donnons les premiers coups de pédales, il fait encore frais. Nous nous arrêtons petit-déjeuner au bord d'une rivière après quelques kilomètres.

Nous traversons ensuite une série de petits villages, avant d'arriver dans la ville de Santa Maria, très animée et agréable. Puis la route est toute en courbes, serpentant en bord de montagne, au milieu de champs ou villages. La vallée est très belle. Nous avançons à un très bon rythme, 23 km/h environ.

Trente kilomètres avant d'arriver, les choses se compliquent, le vent de face se lève et la route est plus montante et descendante. Nous arrivons assez fatigués à Cafayate à 16h. Nous retrouvons bien la famille de cyclistes français au camping municipal où nous nous installons aussi. Il est encore très animé (barbecues, baffles à fond...) à dix heures du soir. En espérant que cela ne dure pas toute la nuit, il serait bon de bien dormir.

Nous aurions voulu prendre une journée de repos aujourd'hui et rester au camping encore une nuit, mais à cause d'un festival se déroulant en ville à partir de ce soir, il est obligatoire de payer pour toute la durée des festivités, soit trois nuits. Nous nous voyons donc contraints d'avancer aujourd'hui.

La matinée est bien occupée, entre l'entretien des vélos, quelques réparations sur la tente, des courses... Nous sommes prêts à partir vers 13h, après avoir pris le repas du midi. En traversant la ville pour sortir par le nord, nous passons devant un autre camping. Nous allons demander si eux acceptent que nous restions une seule nuit, nous sommes curieux de voir de quoi s'agit le festival. C'est bien possible! Après un record de un kilomètre et demi dans la journée, nous reposons donc nos affaires.

L'après-midi sera plus reposante, avec une sieste puis une balade en ville. Il y a énormément de monde. Malgré notre envie de dormir, nous retournons au centre vers 22h pour nous rendre compte que nous sommes en plein carnaval ! Autour de la place principale, plusieurs groupes aux costumes variés défilent en dansant. Retour au camping, l'ambiance n'est pas plus calme, chacun a sa baffle et partage sa musique à fond. Et ce toute la nuit...

Le sommeil a été compliqué à trouver cette nuit. Lorsque nous nous levons vers 7h, la musique joue toujours et certains ne sont pas encore couchés. Cet arrêt à Cafayate n'aura pas été des plus reposant, très intéressant néanmoins.

Le pédalage sera compliqué aujourd'hui. La pluie commence à tomber à peine sortis de la ville, et le vent de face souffle très fort. Nous tentons une pause sieste vers 10h, sans trouver le sommeil, et nous nous arrêtons vers 14h30 afin de vraiment nous reposer cet après-midi.

La route que nous empruntons est magnifique. Elle traverse la Quebrada de las Conchas, une réserve naturelle. La rivière en fond méandre au milieu de formations rocheuses surprenantes. Les parois, qui paraissent faites en sable, sont de couleur rouge, rose, ou orange, et ont été sculptées par l'eau dans des formes variées et inhabituelles. Il y a aussi quelques habitations très sommaires construites en briques d'argile, presque toutes offrent des pièces d'artisanat ou de la nourriture aux visiteurs. Nous essayons de profiter au maximum malgré la fatigue. Nous plantons la tente dans un lit de rivière asséchée à la sortie d'un canyon. Cette fois-ci la sieste est bien longue.

Nous commençons la journée encore dans la Quebrada de las Conchas, aussi belle qu'hier. Il nous reste environ quarante kilomètres à parcourir.

Le temps est bien couvert. Une fine pluie se met à tomber lorsque nous sortons de la quebrada, elle nous mouillera seulement un peu plus d'une heure. Nous rejoignons alors une large vallée verte et cultivée. Le paysage devient rapidement moins intéressant, la vue étant souvent fermée par des arbres et arbustes. Nous traversons quelques villages, certains sont en fait un ensemble de bâtiments formant une grande ferme ou estancia. En plus, la route est bien passante et le bord de route peu large. Heureusement la majorité descendent de Salta, donc sont en sens inverse. Nous roulons aisément assez vite et enchaînons les kilomètres.

Nous nous arrêtons à une bifurcation, sur un coin d'herbe en retrait de la route, à côté d'un cours d'eau qui camoufle bien le bruit de la circulation.

La nuit a été bien mouillée, nous nous sentons un peu humides au réveil. Il nous reste une dizaine de kilomètres pour rejoindre la ville d'El Carril, où nous faisons le plein pour les prochains jours, puis encore quelques-uns pour quitter la route 68. Elle est de nouveau bien passante ce matin et peu agréable, nous ne sommes pas mécontents de bifurquer. Nous sommes toujours en campagne et traversons les champs dans une ambiance très tranquille. Nous profitons aussi de dix kilomètres de piste cyclable avant de rejoindre Campo Quijano, où nous arrivons en début d'après-midi.

De là, à une altitude d'environ 1500 mètres, commence une montée qui nous mènera à plus de 4000 mètres ! Nous nous élançons dans une vallée bien verte en longeant une large rivière. Les nuages sont très bas et écrasent le paysage. Cela fait un bien fou de retrouver la montagne et le calme. Il y a même des torrents qui coulent, cela faisait longtemps. La pente est faible et nous montons régulièrement. Les nuages se dispersent, laissant apparaître le soleil, et le vent se lève en fin de journée. Nous essayons de nous arrêter à l'abri d'arbustes pour la nuit.

Très belle journée aujourd'hui.

Nous nous réveillons dans le brouillard, il se dissipe pendant le petit-déjeuner laissant apparaître le lever du soleil sur la montagne. Il fait encore frais lorsque nous commençons la montée vers 9h, nous nous découvrons ensuite rapidement avec le soleil. Le paysage est extraordinaire. Le fond de vallée est verdoyant, il y a quelques champs ou pâtures, les habitations sont parsemées. En montant, seuls les cactus persistent sur les flancs de montagnes arides, colorées et aux formes inconnues en France.

Nous nous arrêtons manger dans un hameau fondé autour d'une église et d'un collège religieux. La pause dure bien deux heures car le réchaud à bois à du mal à fonctionner.

Les paysages changent cet après-midi. Nous montons d'abord dans une vallée étroite et rocailleuse en suivant un torrent. Le vent de dos souffle fort et nous aide beaucoup. Nous passons la barre des 3000 mètres ! Puis la vallée s'élargit et les fermes reprennent. À cette altitude, seuls cactus et buissons poussent. Nous plantons la tente à 3238 mètres non loin d'un ruisseau. La fin de la montée sera pour demain.

Encore une belle journée après une nuit médiocre. Le sol n'était pas très plat du côté de Xavier, et ça a été la fête jusqu'à tard dans la nuit dans une maison voisine. Comme quoi même à plus de 3000 mètres au milieu de nulle part nous ne sommes jamais à l'abri d'une baffle en Argentine...

Nous terminons la montée ce matin, il nous faudra trois heures pour 25 kilomètres et 950 mètres de dénivelé, pour parvenir à 4093 mètres d'altitude! En général la montée est douce et se passe agréablement bien. Mise à part une respiration un peu plus rapide, nous ne ressentons pas les effets de l'altitude. La montagne est toujours très belle, plus pelée avec seulement quelques cactus au début.

Nous redescendons ensuite vers San Antonio de los Cobres. La pente est encore plus faible et le vent de face nous oblige à pédaler. Nous avançons au milieu de vastes étendues et avons l'impression de nous diriger vers "rien"... Ce n'est qu'au dernier moment que nous apercevons la petite ville en contrebas. Elle ressemble peu à ce que nous avons pu voir dans le reste du pays. Elle paraît plus pauvre, très reculée et avec moins de services (beaucoup de commerces sont fermés, peut-être car c'est la période du carnaval). Le fait qu'elle soit implantée en altitude et dans une région aride fait qu'il n'y a pas de végétation, tout est couleur sable. Enfin les habitants sont plus typés andins.

Nous nous payons le luxe d'une auberge pour deux nuits. Nous voulons bien nous reposer, finir de nous acclimater, et prendre le temps de préparer la traversée vers le Chili qui s'annonce aventureuse.

Une fois n'est pas coutume nous nous réveillons dans un lit. Il est temps de reprendre la route après cette journée de repos. Même si il y avait peu à faire à San Antonio, nous en avons bien profité. Petit-déjeuner à l'auberge (bien trop léger pour nous) puis nous partons vers 8h. Quatre heures plus tard, après 29 kilomètres et 850 mètres de dénivelé, nous arrivons au point haut de la journée, Alto Chorrillos, situé à 4560 mètres d'altitude. Mise à part quelques passages sableux, la montée est bien roulante.

La descente est presque plus compliquée. Nous nous faisons secouer par une tôle ondulée régulièrement bien prononcée. Cela donne mal à la tête à Xavier, et au ventre à moi. Malgré de superbes paysages, ce n'est donc pas vraiment une partie de plaisir. Le vent de face est aussi de la partie, mais nous ne serions pas allés beaucoup plus vite sans au vue de l'état de la route. Toute la journée, il y a un peu de circulation, principalement des véhicules d'exploitations minières. Nous avons droit à plusieurs pouces en l'air!

Nous sommes bien fatigués lorsque nous plantons la tente vers 16h30, il fait encore bon mais la nuit promet d'être froide dès le soleil couché. L'heure du coucher ne sera pas tardive, nous voulons nous lever tôt pour pédaler un maximum sans vent, lequel se lève généralement en début d'après-midi.

Il fait cinq degrés dans la tente au réveil ce matin. Rapidement, le soleil se lève et réchauffe l'atmosphère. Nous gardons tout de même le bout des doigts et les orteils froids pendant un certain temps.

La première moitié de la journée, la piste est en meilleur état qu'hier. Ils sont d'ailleurs en train de la travailler et de l'aplatir. Puis nous traversons une section très peu roulante, parfois sableuse et nous devons alors pousser les vélos, souvent en tôle et nous nous faisons secouer. Cela s'améliorera sur les derniers kilomètres. Tout au long de la journée, le moral varie en fonction de l'état de la route. Nous ne voyons pas la fin par moments alors que nous reprenons confiance lorsqu'il s'améliore.

C'est aussi lorsque nous roulons mieux que nous prenons bien le temps d'apprécier les paysages. C'est quand même incroyable d'être ici! Nous longeons notre premier salar, et traversons de vastes étendues sauvages.

Nous arrivons bien fatigués à la douane argentine. Il paraît qu'il y a un endroit à l'intérieur où nous pouvons passer la nuit. En effet, on nous ouvre une maison avec lits, salle de bain, cuisine et même WiFi ! Nous la partageons avec deux autres cyclistes qui vont en sens inverse ainsi que deux motards.

Nous sommes les premiers à quitter le pays ce matin, il faut attendre que certains douaniers arrivent et que le système informatique s'allume. L'entrée au Chili se fait au même endroit, nous n'aurons pas d'autre contrôle à passer. Il nous reste ensuite dix kilomètres de montée avant d'atteindre la frontière physique au Paso Sico. Ce sont les dix derniers kilomètres de ripio, le côté chilien étant asphalté jusqu'à San Pedro de Atacama.

Nous continuons l'ascension jusqu'à l'Abra Sico à 4458 mètres d'altitude. De l'autre côté, la descente est spectaculaire. Nous surplombont un salar, les montagnes sont rouge et les prairies herbacées jaune. Le repas du midi est pris face à cet incroyable panorama, avec en prime des vigognes non loin. Puis commence la deuxième ascension de la journée jusqu'à l'Abra El Laco à 4578 mètres. La montée est raide, l'altitude a son effet sur la respiration, et la reprise est difficile après la pause. Par contre, contre toute attente, nous avons le vent de dos. Ce sera le plus haut point de cette traversée des Andes.

Nous descendons de nouveau au milieu de paysages extraordinaires, "tout à fait inattendus" d'après Xavier. C'est surtout le mélange de couleurs qui est exceptionnel : le bleu cristallin des lagunes, le blanc du sel, le jaune-vert des pousses d'herbes, l'orangé des montagnes...

Les vingt derniers kilomètres de la journée se compliquent car le vent de face souffle fort. Patricia et Maurizio, les cyclistes d'hier soir, nous ont parlé d'une cabane de gardes où nous pourrons passer la nuit, mais nous ne savons pas exactement où elle se trouve. Heureusement nous rencontrons les gardes à un point de vue qui nous confirment qu'ils peuvent nous héberger dans leur refuge dix kilomètres plus loin. Nous luttons contre le vent pour y arriver. Il s'agit d'un container avec une cuisine et une pièce vide avec moquette dans laquelle nous pouvons dormir. C'est parfait ! Nous discutons avec Luis de la région et du tourisme, puis ils redescendent dans la vallée pour la nuit.

Nous partons vers 8h ce matin, lorsque que les gardes reviennent. Le début de journée est vallonné. Alors que les montées nous réchauffent, chaque descente nous frigorifie. Il faut attendre dix heures environ pour que la température monte suffisamment. Nous avons ensuite une bonne section globalement plate, avant de terminer la matinée par une descente vers le village de Socaire.

Nous déjeunons dans un restaurant, pour fêter notre retour à la civilisation. Au menu: soupe en entrée, de poulet pour Xavier et de légumes pour moi, omelette au quinoa, riz et salade pour le plat principal. C'est typique, très bon, et peu cher.

Nous sommes bien fatigués des derniers jours et pédalons donc seulement quinze kilomètres cet après-midi. Ou plutôt avançons, car ce n'est que de la descente. Nous nous arrêtons dans un joli canyon à l'ombre d'un arbre à 14h, c'est l'heure de la sieste.

La journée s'annonce peu excitante, il reste de longues lignes droites jusqu'à San Pedro de Atacama et nous sommes pressés d'arriver. Le réveil est matinal comme d'habitude, le rangement efficace, et nous sommes en selle à 8h15. Nous commençons par une descente, le reste de la journée sera très légèrement vallonné.

Nous arrivons rapidement au village de Toconao, un mélange de rustique et de touristique. Puis les lignes droites au milieu du désert continuent. En fond de toile, des volcans enneigés. Autre petite distraction, nous passons le tropique du capricorne. Pour la pause de midi, nous profitons de l'ombre apportée par quelques arbres. Nous commençons à quitter la route, lorsque nous nous rendons compte que l'endroit est rempli d'épines. Trop tard, ma roue arrière est crevée...

Nous arrivons à San Pedro en début d'après-midi et allons nous reposer au camping, avant de faire un petit tour au centre ville. C'est très touristique et très cher. Nous nous plongeons directement dedans, un tour d'observation des étoiles est déjà prévu pour ce soir.

Nous avons passé deux jours et demi à San Pedro de Atacama, pour se reposer mais aussi car Xavier attendait un courrier qui est bien arrivé ce matin. Notre budget journalier est monté en flèche, il est temps de repartir... Nous disons au revoir à Fernando, qui nous a hébergé ces deux derniers jours. Puis nous allons nous poster à la sortie de la ville pour faire du stop. En effet, une montée de 40 km et 2200 mètres de dénivelé permet d'atteindre la frontière bolivienne. Nous sommes chargés de sept jours de nourriture, et nous ne voulons pas perdre de temps ni d'énergie avant de commencer la traversée du sud Lipez. On nous a prévenu, les pistes sont en mauvais état, l'avancée est très difficile, il faudra souvent pousser les vélos, mais les paysages en valent la peine!

Nous patientons une heure au soleil, peu de voitures passent et aucune ne s'arrête. Changement de stratégie, nous retournons au centre ville demander à des agences de voyages si un de leur véhicule ne fait pas le trajet à vide pour aller récupérer des touristes à la frontière. Après quelques essais, nous trouvons un minibus qui peut nous amener, pour environ trente euros... Nous passons la douane chilienne puis bolivienne après une heure de route. Nous remontons les vélos et c'est parti pour nos premiers moments en Bolivie! Cela commence par une descente de six kilomètres jusqu'à l'entrée du parc. La piste (il y en a en fait plusieurs en parallèle, il s'agit de choisir la meilleure) est en état correct. Quelques sections sont plus sableuses, Xavier tombe une fois, nous passons proche à plusieurs reprises. Le vent souffle très fort, nous l'avons heureusement plutôt de dos.

Après avoir pris notre ticket d'entrée et fait le plein d'eau, nous continuons à pédaler environ une heure en longeant la Laguna Blanca puis la Laguna Verde. Il y a beaucoup de flamands roses au bord, et les couleurs sont splendides. Malgré quelques 4x4 qui passent, nous sommes dans l'ensemble très tranquilles. Nous nous arrêtons à l'abri du vent pour la nuit dans une maison abandonnée. Nous sommes déjà remontés à plus de 4300 mètres !

Départ 8h15, il fait 0°C avec du vent. Nous mettons une heure à nous réchauffer. La journée commence par la montée au Paso del Cóndor à 4730 mètres. Lentement, en soufflant fort, nous y arrivons. Puis nous descendons en direction de la Laguna Chalviri. Nous y sommes vers midi et voulons manger dans un des restaurants au bord. On refuse de nous recevoir, alors que des groupes sont clairement en train de déjeuner. On nous propose seulement d'acheter biscuits et chips... Comme nous ne faisons pas partis d'un tour organisé, nous ne sentons pas un accueil agréable et trouvons l'organisation assez bizarre. Nous mangeons donc notre pique-nique face à la lagune. La vue est magnifique, l'eau est bleu cristal, les montagnes en fond sont enneigées, et il y a de nombreux oiseaux et flamands roses.

Nous entamons le deuxième col de la journée, à 4915 mètres, point culminant où nous passerons à vélo dans cette région. La piste est en bon état, heureusement car la montée est raide. Nous profitons aussi d'un vent de dos. Nous arrivons en haut un peu après 16h, il nous reste alors quelques kilomètres seulement pour descendre vers des geysers où nous prévoyons bivouaquer. Il souffle alors un vent glacial, nous trouvons abri derrière un bâtiment abandonné. Nous sommes à environ 4850 mètres d'altitude. Bien contents d'être arrivés, bien fatigués aussi de cette longue journée, nous nous posons un moment dans la tente avant de retourner se promener au bord des geysers. Certains fument alors que d'autres bouillonnent, l'odeur n'est pas des plus agréable, les couleurs sont très belles. Nous avons l'endroit pour nous tout seuls.

Nous nous réveillons trop tôt pour nous mettre en action, la température est encore bien trop basse. Nous restons donc au chaud dans nos duvets en attendant que le soleil sorte. Les geysers fument plus qu'hier soir, éclairés par les premières lueurs du jour c'est magnifique. Des 4x4 sont d'ailleurs arrivés observer cela depuis 6h30.

La piste ne sera pas en bon état toute la journée, notre progression est lente. Nous avançons à environ 8 km/h sur le plat et maximum 10 en descente. Soit nous passons sur la piste la plus fréquentée donc la plus tassée mais aussi la plus bossée, soit nous empruntons une piste parallèle qui secoue moins mais où nous nous enfonçons plus.

On a amplement le temps de réfléchir sur un vélo. Je me questionne sur le tourisme dans cette région. Nous avons payé 150 bolivianos (environ 20€) d'entrée au parc, je me demande bien à quoi ils servent. La piste est en piteux état, il n'y a clairement pas d'entretien et la signalisation est quasiment inexistante, ce qui fait que chaque 4x4 passe où bon lui semble et que de multiples traces rayent le paysage. Il y a bien de temps en temps un petit panneau "tourisme responsable, restez sur la trace" mais seulement nous à notre vitesse pouvons le lire. Je ne sais pas s'il y a un lien, mais nous voyons peu de faune sauvage... Enfin, à chaque "attraction" où s'arrêtent les 4x4 de touristes, on peut être certain de trouver derrière un caillou des toilettes à ciel ouvert avec le papier qui s'envole au vent. Bref, cela détonne avec les paysages naturels exceptionnels et ce manque de respect me choque.

En pensant à tout cela et en avançant difficilement, le moral n'est pas à son plus fort. Nous arrivons en début d'après-midi au bord de la Laguna Colorada, appelée ainsi car elle a des teintes rouges, rosées et orangées. Il y a un petit hameau avec un hostel où nous avons prévu de nous arrêter. Nous faisons le tour de toutes les maisons et patientons un bon moment avant de trouver le propriétaire, qui faisait sûrement la sieste, et qui nous ouvre un dortoir. Quelques groupes arrivent dans la soirée mais occupent des bâtiments différents. Cette nuit à l'intérieur va faire du bien.


La nuit au chaud a été très bonne. Nous nous sommes mis d'accord avec le propriétaire de l'auberge pour prendre notre petit-déjeuner à 7h30, des pancakes étaient prévus. Mais lorsque nous nous réveillons, rien ne semble prêt. Toujours pas de signe du propriétaire lorsque nous sommes prêts à partir à 8h. Nous déjeunons donc notre avoine, comme d'habitude, après quelques kilomètres.

Le terrain aujourd'hui sera très changeant; nous peinons à traverser des champs de cailloux, nous roulons par moments correctement au milieu de plateaux désertiques, ou nous avançons moins facilement à cause du sable et des bosses sur la piste. Au moins, nous arrivons à pédaler toute la journée et n'avons pas besoin de pousser les vélos, à part sur quelques mètres pour changer de trace. Pour ma part, le moral va mieux qu'hier. Nous avançons mieux que ce que j'avais imaginé avec le récit d'autres cyclistes.

Pas de lagune aujourd'hui mais des montagnes aux multiples couleurs, magnifique.

Après la pause pique-nique, le temps devient rapidement menaçant. Des rideaux de pluie semblent s'abattre tout autour de nous, et nous voyons des éclairs au loin. Au milieu de nulle part, nous n'avons pas le choix que d'avancer. Nous arrivons au pied de blocs rocheux qui pourraient nous offrir une faible protection face au vent. Nous hésitons à nous arrêter là ou à continuer une dizaine de kilomètres pour rejoindre un hôtel où nous pourrions nous réfugier.

Nous continuons finalement, la piste n'est pas dans le meilleur état mais nous ne réfléchissons plus et essayons d'avancer le plus rapidement possible. L'hôtel est en vue, je crève trois kilomètres avant d'y parvenir... J'arrive heureusement à rouler simplement en regonflant le pneu. Arrivés à l'hôtel (où la nuit coûte 120 US$), on nous indique de planter la tente derrière un bâtiment, et on nous propose même une douche! Pas de douche, nous préférons nous offrir une bière. Il pleut quelques gouttes lorsque nous sommes bien à l'abri dans notre tente. Finalement, le temps se découvre dans la soirée et nous avons droit à un magnifique coucher de soleil sur les montagnes, plus enneigées qu'avant le passage de la tempête.


PS : Nous apprenons quelques jours plus tard qu'il y a une heure de décalage entre le Chili et la Bolivie. Il était une heure trop tôt lorsque nous attendions nos pancakes...

La nuit n'a pas été chaude, la tente est givrée au réveil. Nous plions les affaires puis allons demander de remplir nos gourdes à l'hôtel. Nous repartons en plus avec des petits pains au fromage, des yaourts et de la tarte aux pommes!

La journée commence par une douce montée, pas facile car assez sableuse. Ce début de journée est bien agréable, avec le soleil qui nous réchauffe, et car rouler sur du sable est doux. Nous descendons ensuite dans un sorte de canyon. Nous sommes en fait dans le lit de la rivière où de l'eau coule après le mauvais temps d'hier, c'est amusant. La descente continue, la piste est en bon état, nous avançons bien. Nous rejoignons une première lagune, la route en longe ensuite quatre, toutes différentes les unes des autres. Certaines sont bien bleues, d'autres plus blanches avec le sel, certaines sont remplies de flamands roses. Ceci combiné aux couleurs variées des montagnes donne un paysage splendide.

Comme hier, le mauvais temps arrive d'un coup, et cette fois-ci nous nous retrouvons sous la pluie et la grêle. Nous sommes seulement à quelques kilomètres du prochain point de vie, un hôtel. Nous y mangeons un sandwich chaud en laissant passer les nuages, puis repartons pour dix derniers kilomètres. Au bord de la dernière lagune de cette route, la Laguna Cañapa, se trouve un bâtiment avec tables et baies vitrées. Un monsieur qui semble être le gardien de l'endroit nous autorise à dormir à l'intérieur cette nuit. C'est tant mieux, car la pluie reprend dans l'après-midi, pendant que nous sommes bien à l'aise à jouer aux cartes.

Demain nous retrouvons la route principale qui mène à Uyuni, cette traversée du Sud Lipez c'est très bien passée et a été moins éprouvante qu'attendue.

Nous commençons la journée sous la pluie. Il reste quinze kilomètres pour rejoindre la route principale, dont un col à 4700 mètres. Le terrain n'est pas le plus roulant avec beaucoup de cailloux et des montées raides, mais nous arrivons quand même à pédaler.

Nous arrivons enfin à la route. Un vent fort souffle de face, nous sommes mouillés et il fait froid. C'est la goutte de trop, je craque. Peut-être à cause de la fatigue après une mauvaise nuit, d'une envie d'arriver, ou de la descente d'adrénaline, je ne sais pas. Nous repartons après un bon arrêt, il faut avancer. Heureusement, le ripio est le meilleur que nous ayons jamais eu, très bien compacté. Aussi, les nuages se dissipent et le soleil fini par sortir.

Dans la descente vers Alota, nous traversons des champs de gros blocs orangés de formes surprenantes, c'est inatendu. Arrivés au village, nous essayons d'abord de faire du stop, sans succès, jusqu'à Uyuni, puis nous nous arrêtons finalement dans une auberge pour la nuit. Nous terminerons à vélo, en espérant que cela soit plus agréable bien reposés.


Il pleut des cordes ce matin. Malgré la bonne nuit dans un lit, difficile de trouver la motivation pour aller à Uyuni à vélo. On nous informe que deux bus s'y rendent ce matin, un international et l'autre local. On aurait plus de chance de faire rentrer les vélos dans le local, et il passerait entre 9h et 11h, selon les dires de différentes personnes. Nous patientons donc sous la pluie dès 9h. À 10h30, un bus arrive enfin. Les vélos sont embarqués en soute, nous voilà en route pour Uyuni.

Deux heures et demi plus tard, nous arrivons et rejoignons la casa des ciclistas. Il s'agit d'un lieu accueillant des cyclovoyageurs, avec cuisine, salle de bain et chambres, fondé et géré par des cyclistes, idéal pour faire des rencontres et partager des expériences. Nous pourrons aussi bien nous y reposer, c'est exactement ce qu'il nous fallait. Ensuite, l'itinéraire est indéterminé. Nous aimerions traverser le salar mais ne savons pas si cela est possible car il pourrait être inondé. Ici, nous allons prendre le temps de prévoir la suite du programme.

Nous nous sommes renseignés auprès de plusieurs agences touristiques, le salar est trop mouillé pour être traversé, surtout à vélo. Nous prévoyons donc de le contourner.

Le départ n'est pas très matinal, nous prenons notre temps pour petit-déjeuner, ranger les affaires, et dire au revoir aux autres membres de la casa de ciclistas. Dès la sortie d'Uyuni, nous trouvons une belle route asphaltée. C'est la route principale qui mène à La Paz, malgré cela le trafic reste limité. Nous apercevons rapidement le salar sur notre gauche, nous avons l'impression de rouler en bord de mer, avec l'horizon qui devient flou. L'entrée au salar se fait à partir du village de Colchani. Nous faisons le détour pour nous rapprocher au maximum. Arrivés au bord, à la fin de la piste, de grosses flaques d'eau recouvrent le sel. Alors que les 4x4 de touristes traversent, nous n'irons pas plus loin. C'est très impressionnant, le désert de sel s'étend à perte de vue.

Retour en arrière donc pour continuer sur la route asphaltée. Les paysages sont sympas, nous traversons un vaste plateau aride, il y a quelques champs de quinoa de couler jaune et rougeoyant et des montagnes en fond. Le temps est plutôt menaçant, le vent est très changeant.

Nous bivouaquons entre les quatre murs d'une maison abandonnée, la pluie n'a pas l'air loin.

Belle journée aujourd'hui. Nous continuons sur notre route parfaitement asphaltée avec une bordure de plus d'un mètre sans trafic. Le début de matinée est vallonné, puis le terrain s'aplatit. Nous roulons alors sur un plateau à plus de 3500 mètres d'altitude.

Voici un rapide tableau de l'Altiplano bolivien: des champs de quinoa aux couleurs éclatantes et des travailleurs le récoltant; des troupeaux de lamas, parfois mélangés à des moutons, parfois surveillés par quelqu'un; des chiens qui accourent sur plusieurs centaines de mètres jusqu'à la route pour nous aboyer dessus; des flamands roses dans chaque flaque d'eau, des vigognes et beaucoup d'oiseaux; plusieurs rivières et prairies bien vertes, de la pampa et des dunes de sable; des gros nuages, des orages, du vent et du soleil; des fermes parsemées et quelques villages assez ternes aux abords jonchés de déchets; des habitants qui paraissent fermés au visage grave, mais qui peuvent être très gentils.

Habituellement, nous vivons au rythme du soleil. Ici en Bolivie, il fait jour à 6h, nous sommes sortis de la tente entre 6h15 (pour Xavier) et 6h30 (pour moi...) Et nous commençons à pédaler vers 7h30. Le soir, nous nous arrêtons vers 15h, puis nous mangeons vers 18h pour être couchés vers 19h30 lorsque la nuit tombe.

Il a bien plu cette nuit et cela continue ce matin, nous retardons le lever en espérant que cela s'arrête. Le ciel est encore bien couvert lorsque nous plions les affaires, la pluie s'est néanmoins arrêtée et des coins de ciel bleu commencent à apparaître.

Il nous reste en théorie environ sept kilomètres sur la route asphaltée, jusqu'au prochain village où nous voulons bifurquer vers de plus petites pistes. Une fois sur place, nous tournons un peu en rond avant de trouver où remplir nos gourdes, puis nous nous lançons sur la piste prévue. Nous faisons cinquante mètres de pédalage au ralenti dans la boue, avant de retourner sur la route principale. Vu le temps que nous avons eu depuis que nous sommes en Bolivie, il semblerait que la saison des pluies ne soit pas encore finie et que les pistes à travers champs ne soient pas praticables avec nos vélos. Nous revoyons donc notre itinéraire pour rester sur les routes asphaltées, en quittant quand même l'axe direct vers La Paz.

À midi, nous arrivons au village de Santiago de Quillacas, perché sur une colline. Au centre, sur le bord de la route, il y a plusieurs vendeuses de nourriture ambulantes et un vrai boui-boui où nous nous installons. Il est déjà bien rempli, Xavier n'a même pas de place à table, il est sur le banc et mange sur ses genoux. Au menu, soit une soupe soit une immense assiette de riz, pâtes, patates, viande et quelques légumes. Nous choisissons celle-ci, qui nous coûte moins de 2€ chacun.

Bien rassasiés, nous repartons pour une vingtaine de kilomètres cet après-midi. Nous nous arrêtons dans des dunes et nous dépêchons de planter la tente, des orages menacent de tous les côtés. En fin d'après-midi, une vieille dame s'approche. Joli jupe rose, bonnet rose, longues tresses grises, pieds nus dans le sable. Elle vient nous serrer la main avant d'aller rassembler ses lamas.

Après le gros orage d'hier soir (il a grêlé !), tout est encore très humide et il y a du sable partout. Il ne fait pas chaud lorsque nous nous mettons en route, le soleil met du temps à sortir. Nous sommes toujours sur l'Altiplano, les paysages sont paisibles. Nous longeons de loin le grand lac Poopó.

Aujourd'hui, nous traversons beaucoup de villages, plus grands que ce que j'aurais imaginé, et surtout plus vivants. Les habitants nous saluent, certains nous arrêtent discuter et, intrigués, nous posent beaucoup de questions. Cela donne une toute autre image de la Bolivie que celle du tourisme dans le sud Lipez. Au village de Santiago de Andamarca, nous voulons faire quelques courses. Il y a trois vendeuses ambulantes sur la place, ainsi que deux minimarchés. Pas facile de trouver ce que nous cherchons, il n'y a aucun légume, nous repartons tout de même avec deux pommes et deux bananes.

Comme hier, nous plantons la tente dans des dunes, seule option pour être coupés du vent et moins visibles. Le tonnerre gronde déjà et nous tourne autour.

Encore une nuit bien mouillée, heureusement qu'il ne pleut pas durant la journée et que le soleil sort nous sécher. Nous continuons sur la route tranquille d'hier, il y a très peu de circulation et nous voyons beaucoup de travailleurs dans les champs qui nous saluent.

En fin de matinée, nous apercevons au loin un village vers lequel nous devons passer plus tard. La route asphaltée pour y aller fait un grand détour, et nous arrivons face à une piste qui semble y mener directement. D'après la carte, cela serait un raccourci de 15 kilomètres. La piste a l'air en bon état, nous décidons donc de l'emprunter. Au début, tout va bien, il y a seulement quelques flaques que nous contournons et quelques passages boueux où nous nous enfonçons raisonnablement. Tout va bien, jusqu'à ce que nous arrivions face à une rivière, évidemment il n'y a pas de pont pour la traverser. Xavier retrousse ses pantalons et traverse une première fois pour évaluer la profondeur. Nous avons de l'eau jusqu'en haut des mollets. Nous nous mettons à deux pour faire passer chaque vélo, et nous voilà de l'autre côté !

Arrivés au village, un homme, content de nous voir, commence à nous poser des questions. Nous discutons un peu puis en profitons pour lui demander où nous pouvons remplir nos gourdes. Très gentiment, il nous emmène jusqu'à sa maison, où il se dépêche d'appeler sa femme pour qu'elle vienne nous voir.

Encore quelques kilomètres de piste pour sortir du village avant de retrouver la route asphaltée. Celle-ci joint Oruro au Chili et est très passante avec beaucoup de camions. Nous avons heureusement seulement vingt kilomètres à parcourir avant de la quitter. Le terrain est maintenant plus vallonné. Le ciel est chargé et les nuages sont bas. Vers 15h, nous trouvons un endroit pour bivouaquer en bord de route et nous installons avant l'habituel orage en soirée.

Avec notre routine habituelle du matin, nous sommes prêts en une heure. Le relief aujourd'hui est vallonné, avec de faibles pentes, ce qui fait que nous avançons rapidement sur cette route asphaltée flambante neuve.

À 10h15 après déjà quarante-cinq kilomètres, nous arrivons au village de Turco. Nous comptons fortement dessus pour faire quelques courses, notre stock de riz étant à vide, mais dans des villages comme celui-ci rien n'est jamais garanti. La première échoppe que nous voyons est fermée, nous sonnons à une deuxième, la vendeuse apparaît. La conversation ressemble alors à ça :

" - ¿Tiene arroz? (Vous avez du riz?)

- Si hay (Oui il y en a)

- ...

- ..."

Il faut en fait directement demander la quantité souhaitée. Comme la plupart des échoppes, nous devons rester devant la porte et regarder par une fenêtre. Pour le reste des produits, il faut alors deviner de quoi il s'agit, demander à ce qu'elle nous les montre et décider de loin si cela correspond à ce que nous cherchons. Pas évident.

Après une pause pique-nique au bord d'une rivière au soleil, au cours de laquelle nous en profitons pour faire sécher la tente, il se met rapidement à pleuvoir. Pause pour enfiler pantalon imperméable et couvre-sac, tout cela pour que la pluie s'arrête quinze minutes plus tard et que nous étouffions de chaud. Nous continuons un peu au sec, par contre nous nous dirigeons droit vers de gros rideaux de pluie. Nous décidons de nous arrêter avant, même si il est encore tôt et que le vent de dos nous pousse bien fort. À peine avons nous fini de planter la tente que les gouttes reprennent. Il n'est que 15h mais l'orage est bien fort et bien proche.

Belle surprise au réveil, le ciel est entièrement dégagé. Nous avons une vue spectaculaire sur le volcan Nevado Sajama et ses 6542 mètres. Notre objectif de la journée est le village de Sajama à son pied. Il faudra pour cela remonter à 4300 mètres.

Le début de journée n'est pas facile, le vent de face est fort. Néanmoins, le panorama qui s'offre à nous est motivant: les plaines broutées par les lamas et alpagas et en ligne de mire, majestueux, le volcan enneigé. Nous sommes proches du Chili et d'autres hauts sommets marquent la frontière.

Nous rejoignons une route nationale, le vent est alors dans notre dos, la route elle est empruntée par beaucoup de camions. Nous la quittons un peu plus loin pour nous diriger vers le village. Les dix derniers kilomètres, de piste, sont assez stressants. Sur notre droite, de gros nuages noirs, un peu plus loin à gauche, la foudre qui tombe à répétition et le tonnerre qui gronde. Nous sommes encore sous un trou de ciel bleu et nous dépêchons à arriver. Deux kilomètres avant la fin, la grêle se met à tomber. Tant pis pour la tôle ondulée, nous encaissons les bosses et accélérons.

Au village, nous trouvons assez rapidement un hostel. La propriétaire nous accueille dans sa cuisine le temps de préparer la chambre, et nous offre du gâteau cuisiné pour la fête des pères. Voilà exactement ce qu'il nous fallait ! Elle nous confirme au passage que la saison des pluies s'arrête ici à la fin du mois.

Il pleut le reste de l'après-midi et le village, pourtant touristique, est désert apparemment à cause du coronavirus...

Nous avons décidé de prendre le bus pour rejoindre rapidement La Paz et nous renseigner plus amplement sur la situation par rapport au coronavirus. Le départ est prévu à 6h ce matin. Il fait encore nuit noire lorsque nous sortons de l'auberge, le jour qui se lève va dévoiler deux volcans supplémentaires, cachés par l'orage d'hier après-midi. Comme nous ne sommes que trois passagers, les gens n'osent plus se rendre en ville à cause de "la enfermedad", le chauffeur veut nous amener seulement au village suivant, où nous prendrons un autre bus. Arrivés là-bas, pas d'autre bus en vue, et trois nouveaux passagers suffisent à convaincre le chauffeur de faire le trajet. Nous serons finalement au maximum quatorze, pour quinze places, et avec trois vélos sur le toit !

À Patacamaya, la grande ville la plus proche, nous débarquons dans la cohue du marché en bord de rue mélangé au terminal de bus. Nous traversons la route pour monter dans un nouveau minibus direction La Paz. Les vélos sont de nouveau sur le toit, nous sommes déjà en route. Le changement aura duré dix minutes maximum. Au total, le trajet dure environ cinq heures. C'est le comble, mais rester assis aussi longtemps nous donne mal aux fesses!

Arrivés à La Paz, ou plutôt à El Alto, nous sommes en plein dans les bouchons. Le chauffeur ne veut pas aller plus loin, nous finirons à vélo. Le jeune à qui appartient le troisième vélo nous propose de nous montrer le chemin. Nous marchons à côté du vélo, à moitié sur le trottoir au milieu de la foule et des marchands, à moitié sur la route entre les véhicules. Nous arrivons à l'aplomb de la ville de La Paz, construite dans une cuvette. De là, nous devons descendre vers le centre. Il faut appuyer fort sur les freins, la pente est extrêmement raide. Encore quelques faufilements entre véhicules et au milieu de marchés de rue, puis nous arrivons à la casa de ciclistas.

Grâce à internet, nous reprenons contact avec le monde, la situation est pire que ce que nous imaginions. Il va maintenant falloir décider de la suite du voyage, qui pourrait bien être compromise...

Le confinement en Bolivie ayant été annoncé le lendemain du jour où nous sommes arrivés à La Paz, nous venons de passer une semaine (par ailleurs bien sympathique en la compagnie d'autres voyageurs aussi coincés) dans un hostel. Un vol de rapatriement nous a été proposé par l'ambassade de France hier. Après un réveil à 4h du matin, nous avons pris un vol pour Santa Cruz, puis pour Paris. De là, nous sommes arrivés à Toulouse en train.

Rentrer avec les vélos n'a pas été facile! La compagnie nous autorisait un bagage de 20 kg par personne en soute, sans exception. Les vélos bien emballés dans des boîtes en carton ont donc constitué nos bagages en soute autorisés. Nous nous sommes arrangés avec les autres français de l'hostel pour répartir le reste de nos bagages dans leurs sacs à dos. Petit stress jusqu'à voir partir les cartons sur le tapis roulant de La Paz, et encore jusqu'à les voir réapparaître sur le carrousel à Paris.

Nous voilà donc à Toulouse, prêts à continuer ce confinement. Cette fin de voyage anticipée a un petit goût amer, mais déjà d'autres projets de voyages fleurissent dans nos têtes. À suivre donc...