Liberté et détente , c'est ce dont nous avions vraiment besoin en cette si étrange année 2020. Sur nos vélos, le long de la Loire, simplement, vers la source... ça devrait le faire...
Juin 2020
15 jours
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Notre périple "Loire à vélo" prévu en mai a connu un démarrage pour le moins compliqué. Il a été stoppé net par un vilain virus nous intimant de nous terrer dans nos tanières... Des impératifs professionnels, une campagne électorale, une grosse fatigue, des difficultés à changer les billets de train... Tout se ligue pour nous empêcher de partir cette année... Mais c'est mal nous connaître ! Nous avions tellement apprécié faire le tour de la Gironde à vélo l'an dernier, 850 km de pur bonheur 😊 https://www.myatlas.com/froggy/tour-de-la-gironde-en-velo

Nous embarquons nos vélos et il faut d'abord rallier Nantes, ce qui n'est pas une mince affaire. Train Boulogne-Paris annulé, obligés de partir la veille et de trouver in extremis un hôtel où garer nos vélos en sécurité à Paris... TER qui tombe en panne à Longueau, contraints de changer de quai et de porter les vélos dans des escaliers bien raides pour prendre l'intercites suivant où on met nos vélos dans l'espace des toilettes en voyageant debout pour les tenir... Arrivée tardive à Paris, heure de pointe pour rallier notre hôtel à 10 km de la gare... Mais tout va bien, à 21h petit restau coréen dans le Ve avec Basile et Lisa et balade au bord de Seine.

Petite randonnée matinale dans le Paris du samedi tellement mieux qu'en semaine. Prendre l'escalator avec son vélo chargé, quelle bonne idée quand on se trompe d'entrée à la gare Montparnasse. Mes lunettes ont valsé dans l'escalator, j'ai grimpé 4 à 4 pour leur sauver la vie, ouf ! Masques obligatoires dans les gares. Les yeux particulièrement inexpressifs dans ces lieux d'errance attristent l'ambiance. Quelle époque étrange...

Notre parcours: de Nantes à Nevers
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Nantes - Thouare: 30 km (dont 18 dans Nantes)

Soleil et douceur à Nantes pour ce dernier jour du printemps. Nous avons décidé de nous éloigner de Nantes pour planter la tente mais cela nous laisse 3h pour arpenter cette très jolie ville taillée sur mesure pour le vélo. L' ours végétal Dormanron nous accueille face à la gare, chut.. . Jolies rues piétonnes, château, cathédrale, et surtout l'île et ses trésors : œuvres d'art disséminées ça et là, machines de François Delaroziere , parc de jeu original, friche industrielle en reconversion artistique...3 heures ne suffiront pas pour ce "voyage à Nantes", on reviendra !

Loire, nous voilà ! Nous allons te suivre à contre-courant, remonter vers ta source, découvrir tes secrets. Petite mise en jambe aujourd'hui car le camping où nous voulions aller à Oudon est fermé pour cause Covid. Étape à Thouare dans un camping en bord de Loire tout à fait sympathique pour les vélos. Tables, abris, prises, tout pour nous faciliter la vie. Soirée tranquille, soupe-fromage, on inaugure le réchaud de poche. Manger chaud et surtout boire un café le matin...le grand luxe par rapport à l'an dernier !

Effet de miroir: quand le rond devient carré
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Toujours sur ton vélo tu seras...

Thouaré - St Florent-le-vieil 55 km

Quelques gouttes cette nuit et beaucoup de vent, le ciel est chargé ce matin. Pour la fête de la musique, les oiseaux nous offrent un merveilleux concerto au réveil ! Nous déjeunons et replions bagages sous les bienvenus abris du camping . Dire que je ne voulais pas prendre de veste polaire pour voyager léger ! Le sage Éric a eu raison bien sûr. Il ne pleut pas mais une fine bruine intermittente et un ciel bien gris nous... pousse à appuyer sur les pédales !

Très jolie piste qui emprunte des chemins de terre, des petites routes, des chemins de halage pavés... La Loire est là, pas toujours proche mais entrevue, perdue, retrouvée. Beaucoup de cultures maraîchères sur sable, d'animaux qui paissent, peu de villages traversés. Nous passons sur l'autre rive et apprécions d'avoir le vent dans le dos. Le sage Éric, encore lui, préférait faire le parcours dans le sens ouest-est contrairement aux usages, à cause du vent (l'expérience du cycliste de bord de mer...). Bien lui en a pris, cela se confirme ce jour. Des petites îles boisées sont enserrées par la Loire, reliées ou pas par des ponts étroits. Quelques barques aussi mais la puissance du courant est telle qu'il faut savoir souquer ferme. A la recherche d'un café pour nous sécher un peu, nous empruntons un étroit pont de bois qui mène à un golf. Mais on renonce, trop chic pour nous (Annie Ernaux, sors de ce corps...)

Heureusement, quelques km plus loin, se trouve le moulin pendu et l'auberge bienvenue où nous déjeunerons. La bruine persiste mais nous aussi. Petite réparation du porte sacoches sous un pont qui nous évite une grosse averse. Les nuages se dissipent quand nous arrivons à Ancenis, petite ville jolie mais endormie ce dimanche, ni boulangerie, ni épicerie, pas même un bar. Dînette ou disette ce soir ? Vous l'aurez compris, les préoccupations du cycliste sont simples: 1/où aller 2/où dormir 3/où manger et voilà, tout le reste est pure poésie. Nous longeons la Loire sur sa levée, près de la voie de chemin de fer, des chemins en terre, en cailloux, des petites routes désertes, c'est loin d'être monotone.

Étape à l'île Batailleuse, où un camping spécial vélo nous tend les bras. Il y a si peu de monde en cette saison... Surtout des cyclistes qui papotent. On reprend les vélos pour aller sur la rive d'en face, à St Florent-le-vieil, que surplombe un beau château et ô miracle une terrasse (bière artisanale exquise: la Rombière) et une pizza à emporter, nous voilà sauvés ! Balade vespérale au bord de Loire, tout est calme à présent, un rat musqué se prélasse sur un tronc. Solstice d'été, le plus long jour de l'année, fête de la lumière et de la St Jean... Éric me dit que c'était hier... Rabat-joie, va...

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L'île Batailleuse--Les-Ponts-de-Cé : 52 km

Rosée du matin, joie du pèlerin. L'aube est fraîche et l'herbe est toute humide à 6h du matin. Parfait pour aller lire dans le petit salon du camping où nous prendrons le petit déj. Tente and breakfast, un nouveau concept. Départ à 9h. Nous traversons le pont pour emprunter une petite route sur la rive gauche. Priorité vélos sur la route, des chicanes avec passages vélos, des bandes cyclables, c'est ce qu'il faudrait partout, particulièrement chez nous.

Très jolie étape ce jour. Les berges sont très boisées par ici et la Loire joue à cache-cache entre les rideaux d'arbres. Les sentiers sont déserts, nous ne croisons que quelques cyclistes à contre-sens. Des bancs de sable parsèment le fleuve, refuge des oiseaux migrateurs, légions dans ce coin. Les jambes moulinent, les pensées vagabondent, voilà la thérapie. Les îles de la Loire sont parfois immenses et habitées pour certaines. Je me demande comment elles résistent aux crues qui peuvent atteindre 6 m, en attestent les nombreux poteaux et roches gravés avec les années des records de crues. Le dédale de petites routes et chemins sur l'île de Chalonnes est particulièrement charmant. Nous longeons des étangs couverts d'une algue ? d'un vert clair étrange mais très joli. Halte au ravissant petit port de La Possonnière, une petite jetée, des vieux bateaux en bois foncé, une guinguette au bord de l'eau... Une de mes images d'un paradis terrestre...

Oh mais la Loire à vélo n'est pas toute plate ! En s'éloignant légèrement sur les coteaux nous abordons quelques grimpette, rien de méchant. Les villages sont très différents de ce côté, plus opulent, avec de belles maisons en pierre blanche et des jardins merveilleux. Le jardin méditerranéen de St Gemmes sur Loire, face à l'île aux chevaux, nous rappelle le fleuve Niger et Teriabougou au Mali. A la recherche d'un camping pour la nuit, nous n'avons pas trop le choix, certains campings municipaux n'ayant pas réouverts suite au Covid.

Étape à les Ponts de Cé dans un 3 xxx qui fait grimper notre budget nuit : 14€50 au lieu de 11€ ! Mais avec piscine (crétin quand on a oublié son maillot de bain...). Pour y arriver, un grand pont qui a failli m'être fatal. Pont étroit avec beaucoup de circulation et pas de bande cyclable. Éric est devant, je suis suivie de près par un 38 tonnes, presque à la fin du pont on peut remonter sur un trottoir mais je négocie mal la bordure et mon vélo se couche, et moi avec... Le camion pile, je m'en sors bien avec juste un hématome et une grosse frayeur. Il fait très chaud, nous montons la tente et partons explorer cette jolie petite ville. Des maisons du XVIe siècle, des passages étroits, un château, des parcs, c'est plutôt joli. On sent qu'ils ont pris du retard sur l'ouverture de la saison touristique à laquelle ils ne croyaient sans doute pas et montent des guinguettes à tour de bras en bord de Loire. Ici, c'est le royaume des grenouilles et croayez moi elles sont bavardes (surtout la nuit...).

Problème, on est lundi, et le lundi par ici, tout est fermé, les restau, les épiceries... Ce sera encore pizza, seul truc ouvert dans le coin... Et le soir on retrouve tous les cyclistes du camping sur la très belle terrasse en bois avec leurs boîtes de pizza, par ailleurs délicieuse.


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Les Ponts de Cé- Saumur: 62 km

Rien que pour faire mentir Éric, un petit vent d'est s'invite face à nous tout au long de cette étape. La chaleur est arrivée aussi. Heureusement, sur le vélo, plus on roule vite, moins on a chaud, cqfd.

Départ des Ponts-de-Cé à 9h pour suivre de petites routes très rurales et peu fréquentées au milieu de petites parcelles de cultures en tous genres, les vignobles commencent ici. Nous avons quitté la Loire, elle nous manque déja. Mais ces petites routes découpées ont du charme aussi.

L'itinéraire est bien fléché et nous mène à St Mathurin sur Loire sur la rive droite, jolie bourgade aux maisons de pierre. La Loire est encore très large ici mais à perdu son impétuosité. Pourtant, à la regarder de près, le courant est encore très rapide et emporte les bouts de bois à la vitesse d'un cheval au galop ou d'un vélo sur le tour, plutôt . Petit marché à St Mathurin, pile poil pour acheter le pique nique du midi que nous ferons au bord de Loire à Gênes. J'adore aller acheter 1 tomate, 1 échalote, 2 abricots, 1 petit chèvre et 1 pain. consommer juste selon nos besoins, j'aimerais faire ça tous les jours.

Changement de rive et voie cycliste sur la rive mais sur une piste en terre où on roule dans une ornière de 20 cm. Hmmm, que j'aime ça.... Le moindre écart et c'est la chute, les pédales accrochent parfois les herbes et ça dure plusieurs km ! Notre moyenne chute vertigineusement.

Arrivée à Saumur où les zones routières alentour sont toutes aménagées vélo et où l'on peut prendre tous les sens interdits, ce dont on se privé pas. Chacun à les jouissances qu'il peut... Nous passons devant le Cadre Noir et ses prestigieux haras mais ça ferme à 16 h. Saumur est une jolie ville surplombée par un château. Riches maisons en tuffeau, ruelles pavées, la douceur angevine à imprégné les lieux. Nous dormirons ici, dans un très beau camping sur une île où je pourrai même profiter de la piscine car j'ai trouvé un maillot de bain. Piscine + vélo, voilà le bon cocktail.

On essaye de suivre le débat télévisé des municipales à Wimereux mais connexion difficile. Soirée en ville ! Il fait encore très chaud. Mauvais choix de restau, attrape-touristes, mais le Saumur se laisse boire et on rentre en zigzag au camping

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Saumur - Bréhémont : 59 km

Grand soleil et lever tôt mais on ne décollera qu'à 9 h car Éric a perdu.... ses habits ! Hier soir, il est allé mettre son pyj dans les douches du camping mais il y a oublié son T shirt et son short, pas très grave en soi, sauf que, dans sa poche il y a les clefs des antivols et ce matin, plus rien dans les sanitaires. Comment dire... Ce genre de situation nous est déjà arrivé tant de fois... On vide les sacs, on fouille partout... On refait les chemins... On se demande s'il y a des plans B pour sauver nos vacances... Pour finalement retrouver le short sagement roulé en boule au bout du duvet. On ne se refait pas ! Petit déj au bar de la piscine face au très joli chateau de Saumur.

La piste en sous bois le long de la Loire est très agréable par cette chaleur. 34° annoncés aujourd'hui ! Un petit bout de départementale tranquille nous mène à Parnay, où nous voyons les premières falaises blanches et les maisons troglodytes. Petite grimpette dans le village, impressionnant avec ses excavations d'où sont tirées les pierres de Tuffeau qui ont servi à construire les belles demeures et châteaux. Nous laissons nos vélos dans une grotte et poursuivons à pied. Un petit chemin mène jusqu'aux vignes sur le plateau. De là nous zyeutons une maison troglo dans une cavité avec un joli petit jardin et une piscine. En redescendant, une décapotable rouge sort du garage à côté de là où nous avions laissé les vélos. Nous nous excusons et entamons la conversation avec le propriétaire des lieux qui nous invite à visiter son domaine ! Les grottes immenses se succèdent formant garages et ateliers hauts de plafond jusqu'au jardin merveilleux que nous avions vu de là haut. Temperature stable toute l'année, à l'abri de tous perturbateurs, solide comme le roc, les avantages sont nombreux à l'entendre. Un autre village troglo plus connu, Turquant où nous ne posons pas. Belle grimpette jusqu'au plateau couvert de vignes où l'itineraire nous emmène sur quelques kms. On redescend à Montsoreau et on rate la photo du joli château de la Dame du dit nom, et cela nous vaut une petite rixe à la Dumas...

Nous quittons la Loire pour la Vienne, plus petite mais entourée de forêts également. Heureusement, car ça tape dur. Pas de villages dans ce coin, donc rien à becqueter... On nous envoie à Avoine, bien nommée pour restaurer les canassons. Dur à trouver, on tourne dans des résidences neuves, sans arbres, horribles. Des gens du voyage barrent la route, juches sur des portiques récemment installés près du terrain convoité. Qu'à cela ne tienne, ils attaquent le grillage... Mais à Avoine, il y a du blé, c'est une petite ville super équipée, médiathèque, piscine, auditorium... Une brasserie nous sauve la vie, on est épuisés de chaleur. Bonnes salades et eau fraîche.

Heureusement, la piste ensuite est ombragée, au bord de l'Indre, pour aller au château d'Ussé, celui de la Belle au bois dormant. Très joli sur son promontoire avec une belle chapelle attenante. Déception à l'intérieur, un mélange de styles, parfois très kitch et sans explications, des mannequins partout en costume anachroniques et la tour la belle à la scénographie nulle, même les enfants sont déçus, c'est dire... Souvent le trop est l'ennemi du bien. Mieux aurait valu le laisser vide.

Enfin nous retrouvons la Loire où nous faisons étape à Bréhémont, seul camping à la ronde. 3 xxx cher tout neuf avec piscine mais des arbres tout juste plantés donc.. aucune ombre. On installe la moustiquaire suspendue à nos vélos pour une nuit plus fraîche. Soirée cool à " la cabane à matelot" au bord de la Loire, guinguette gastro qui vaut franchement le détour...

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Bréhémont - Amboise : 52 km + 20 km en train

Nuit sous les étoiles, la moustiquaire est toute humide de rosée mais pas nous. Réveil tôt, petit déj au St Maure acheté il y a 2 jours et confiné dans une sacoche sous le cagnard et qui est cependant nickel ! Nous parvenons à décoller à 8h30. De fortes chaleurs sont annoncées.

Nous pédalons sur la levée de Loire, petite route tranquille jusqu à Langeais, de l'autre côté de la Loire. Un étrange pont y mène avec des pilasses de château fort, pas sûre que c'était nécessaire... Langeais est une riante petite bourgade autour d'un château fort de belle taille enchâssé dans les maisons. On se pause pour un café-verre d'eau, on est déjà cuits... Il va falloir rallier Tours. Car nous avons décidé de tester le train Loire-vélo entre Tours et Amboise, portion de la Loire à vélo pas très intéressante et sans ombre... Mais ici, les chemins sont jolis alternant bords de Loire et sous-bois. Une halte dans le joli village de Savonnières avec son écluse et sa guinguette "à la soupette de Mémère". On peine à se réhydrater.

L'arrivée à Tours est très bien pensée pour les vélos, traversées de parcs, de rives de lac, de grandes avenues. Vite, acheter des billets de train et se poser dans la jolie vieille ville pour déjeuner d'un délicieux wok thaï à l'ombre des arbres.

Train bien pratique pour les vélos qui nous emmène en 20 min à Amboise où nous allons chez les cousins, Sylvie et Christophe qui nous accueillent chaleureusement dans la fraîcheur de leur maison. Après la douche, ô combien nécessaire, petite visite d' Amboise, guidés par Christophe féru d'histoire. Amboise est une très jolie ville surplombée par un château royal dont la petite chapelle perchée est du plus bel effet. Nous allons rendre visite à Gilbert et Claudie qui habitent près de là et qui souffrent par cette chaleur. Soirée sympa chez les cousins, nous goûtons un côt pétillant très agréable en dégustant les spécialités tourangelles. Aaaah, dormir dans un lit....

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Amboise - Onzain: 32 km + 11 km à pied

Ô nuit bienfaitrice. C'est ragaillardis que nous reprenons notre périple après un bon petit déj préparé par Christophe . Les nouvelles de Claudie qui a du être hospitalisée sont rassurantes. Un coup de chaud probablement.

Départ à 8h45. Nous traversons le joli marché d'Amboise, en bord de Loire, avant d'aller au Clos Lucé, dernière demeure de Léonard de Vinci. Proche de François 1er, son voisin, Léonard avait fort bien choisi son antre. Petit château très lumineux propice aux géniales créations de ce grand observateur de la nature. La chambre, sobrement meublée ou l'atelier de peinture éclairé par la lumière du nord, les maquettes des machines.... Nous admirons le château mais sommes éblouis par le parc: plans d'eau, ponts ingénieux, nouria, vis d'archimede, et la végétation luxuriante, nature dont tout principe découle... Même les machines de guerre sont fascinantes. Pur génie.

Nous sommes sur les hauteurs d'Amboise, au niveau de l'arrière du château, notre chemin nous conduit entre les vignes sur les petites routes tranquilles du Loir er Cher. La chaleur est toujours là, et sur ce plateau où poussent les coquelicots, peu d'ombre. L'épiciere d'un village traversé nous fait des sandwiches pour ce midi, car le problème de la Loire à vélo, c'est qu'on traverse peu de villages et que le ravitaillement doit s'anticiper. La suite de la piste est en bord de Loire, divisée à certains endroits et en partie ombragée, mais on arrive en nage en haut du château de Chaumont dont nous voulons absolument voir le concours international de jardins. Et nous ne serons pas déçus. Une trentaine d'artistes-paysagistes, plasticiens ont imaginé un jardin sur le thème de la terre-mère.

Magique de rentrer dans ces petits univers pleins de poésie et de sens, tous différents, qui nous surprennent et nous enchantent. On y passe 3 h sans jamais se lasser et nous finissons par la visite du château et des écuries (splendides) où sont exposées des sculptures intéressantes. Chaumont nous a vraiment séduit. On a marché 11 km mais quand on aime...

Nuit dans une chambre d'hôtes à Onzain car l'orage menace. Gros village au bord de La Cisse où nous dînons dans un bar-restau sur une terrasse animée par des autochtones bien éméchés à l'accent qui nous rappelle singulièrement celui du Chemin Vert. Nous qui croyons être au pays du beau parler. Comme quoi, les accents c'est aussi une question de milieu social...

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Onzain - Muides sur Loire: 62 km

Petit déj au jardin chez nos hôtes bien sympathiques. Il fait beau mais ça ne va pas durer. Le ciel se couvre peu à peu de nuages de plus en plus gris et la température a chuté de 10 °. Mais pour rouler, ce n'est pas plus mal. 7 km de piste roulante en bord de Loire puis petites routes d'intérieur, le long du Cosson, jusque Blois. C'est fou comme le temps gris est moins propice aux Oooh ! et aux Aaaah !

Blois domine le fleuve de son château royal. Un très beau pont en pierre nous y amène. C'est une jolie ville mais, est-ce la grisaille ou la Pucelle ?... nous ne sommes pas emballés par Blois. Un grand marché animé , comme on les aime, occupe pourtant le centre ville et nous faisons une pause dans un snack arménien délicieux. Nous ne visiterons pas le château... à tort ?

Nous choisissons la rive droite pour poursuivre la route. Le vent s'est levé, heureusement pas de face, ça roule bien mais les jambes se font sentir, ce sera notre étape la plus longue. Qui a conçu la selle de vélo ??? Je le hais ce jour... (vous me direz, sans selle...). La piste asphaltée est monotone et traverse quelques villages déserts où des châteaux aux volets fermés sommeillent. Point de guinguettes, point de café... Il faudra arriver à Muides-sur-Loire pour se poser après avoir traversé le fleuve sur un pont aménagé pour les cyclistes mais tellement venteux que je dois mettre pied à terre. On se croirait en bord de mer ! La Loire est agitée, nous trouvons refuge sous les arbres dans le camping de Muides. Il tombe quelques gouttes sans conséquences. On va acheter une bouteille de Touraine pour se remettre et heureusement, le ciel se dégage à point pour un pique nique bienvenu en bord de Loire. Nous aurons même droit à un coucher de soleil.


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Muides sur Loire--Orléans : 49 km

Mal dormi, courbatures et temps maussade au réveil, on a connu meilleur départ. Ce sera pourtant une très jolie étape. Presque entièrement en site propre, sans croiser de voitures, en traversant forêts et vignobles sans jamais trop s'éloigner de la Loire. Nous sommes dans le vert, partout, même dans nos têtes qui sont ce jour d'elections en pensée avec notre équipe de la liste écologiste à Wimereux. Arrivée à Beaugency sous une averse. Joli pont en pierre, le château est fermé ! On trouve refuge dans un salon de thé-librairie bien sympa où ils servent des brunchs et de bons gâteaux anglais. Je m'aperçois sur les pavés glissants que mes freins ne fonctionnent presque plus. Éric a pourtant changé les patins avant le départ...

Au beau milieu d'une forêt des sons nous parviennent... une fanfare ? Si incongrue ici, loin de tout village. Et pourtant si, nous arrivons sur une scène de fête, de guinguettes avec lampions, orchestre de cuivres, food trucks, yourte.... Le genre d'endroits que nous adorons, fête populaire où petits et grands, artistes et quidams fabriquent un monde tout simple de musique, de ripaille, de jeu et de rencontre. C'est une asso, la corne des Pâtures, qui joue 3 jours en bord de Loire, bien bien sympa. On y traîne un moment, verre de vin, charcuterie et fromages feront notre bonheur ce midi malgré la fraîcheur.

Quelques km plus loin, autre belle surprise, la petite ville de Meung sur Loire et son château du XIIIe s, pas très connu mais épatant pourtant. Demeure des évêques d'Orléans, geôle de François Villon (j'ai failli écrire Fillon...), il met en scène des objets de la vie quotidienne du Moyen âge et des siècles suivants avec de très intéressantes explications non dénuées d'humour. Cerise sur le gâteau, on est quasi les seuls visiteurs.

L'itinéraire nous ravit, même avec cette grisaille. Bancs de sable, petits îlots, végétation luxuriante, la Loire nous semble encore plus sauvage dans ce secteur. Elle n'en finit pas de se diviser et se recomposer, toujours très large à ce niveau. Hé hé, 500 km sur nos 2 roues: faits ! On arrose ça au vin de Touraine sur le bord de la piste !

Dernière belle surprise: Orléans, où nous n'étions jamais venus. Très jolie ville avec maisons à colombages, centre piétonnisé, placettes et autres, terrasses où il fait bon flâner. Nous avons laissé les vélos au Airbnb tout proche du centre loué pour la nuit. On est dimanche, la ville, est calme. La basilique est impressionnante.

Nous suivons les résultats des élections 1/4 d'h par 1/4 d'h. Peu de suspense hélas. Nous sommes battus. Nos belles idées n'ont pas rencontré les conservateurs. On se console autour d'un plat Thai en terrasse, avant de repartir au soleil couchant en traversant le joli pont de pierres.

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Orléans - Sully sur Loire : 58,5 km

Départ très tardif d'Orléans à cause des freins à réparer, d'un saut à Dktlon pour racheter une serviette oubliée la veille au camping, d'un besoin impérieux de lézarder au soleil dans la petite cour... les 2 premières activités étant réservées par Éric, seule la 3ème m'incombe...

Jolies pistes aménagées le long de la Loire pour sortir d'Orléans. Nous longeons plusieurs lacs entourés de forêts, aménagés pour les loisirs, les sports nautiques, la baignade. Vivre ici ne doit pas être désagréable.

La Loire est le paradis des oiseaux, nous les voyons, les entendons constamment. Sternes, hirondelles, gravelots, souvent sur les bancs de sable, hérons, canards, cygnes au bord des lacs et même nos chères mouettes ricanent à notre passage.

Par ici, ce sont des autoroutes à vélo qui ont été créées. 4 m de large, bitumées, interdites à toute autre circulation, c'est un rêve de cycliste ! Notre moyenne du jour s'en ressent, les jambes moulinent toutes seules sur ce parcours. Nous ne croisons que de très rares cyclotouristes, la plupart font le trajet dans l'autre sens.

Déjeuner à Jargeau, mignon petit village, ancien port fluvial. Un vilain vent de face se lève l'après midi, cela devient fréquent ces jours ci. Nous repassons sur la rive droite à Château neuf sur Loire et la Loire se fait toute en méandres que nous suivons scrupuleusement jusqu'à St Père sur Loire où se trouve un camping, très sympa avec piscine et un grand espace tentes juste en face de la Loire.

Sully-sur-Loire s'atteint par un pont dédié aux cyclistes et pietons, aménagement inédit et remarquable sur les piles d'un ancien pont (voilà une idée si le pont Napoléon à Wimereux s'effondre..). Ville tranquille avec un château très joli entouré de douves. L'église est couverte de vigne qui frissonne au vent comme un manteau soyeux.

Baignade dans la piscine où nous sommes seuls ! Et balade à pied à la tombée de la nuit au bord de Loire. Magique...

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Sully-sur-Loire - Briare : 52 km

Réveillés tous les 2 à 6 h. Incredible. Tout est prêt pour le départ à 8h mais hélas le pain commandé la veille n'arrive qu'à 8h30. Ballot. Petit déj sur une table sous une cabane sur pilotis, pratique. On décolle à 9h, comme d'hab.

Traversée de la passerelle vélo vers Sully, dernier coup d'œil à la jolie façade du château que nous n'avions pas vue la veille.

Nous longeons la Loire sur 14 km sur une "levée", digue construite et renforcée au fil des des siècles pour contenir les crues dévastatrices du fleuve. A leur sommet souvent, une petite route ou piste cyclable.

Ensuite nous choisissons de prendre un raccourci sur une départementale plutôt que le long crochet proposé dans les terres mais mal nous en prend car la circulation est dense et les poids lourds nombreux. J'appuie de toutes les forces sur les pédales pour sortir au plus vite de cet enfer.

Pause café à St Gondon et achat d'une andouille, spécialité locale. Piste un peu monotone jusque Gien. Pour arriver dans la ville , il faut traverser un pont, comme souvent plutôt étroit et pas fait pour les vélos, c'est toujours un peu stressant. Un château surplombe la ville qui a été presque entièrement détruite pendant la guerre mais reconstruite intelligemment, ah si Boulogne... Mais on y reste peu de temps, juste pour un pique nique dans le jardin public.

Nous empruntons ensuite des petites routes désertes de campagne, intéressant car nous traversons des villages. Les maisons en pierre ont laissé place aux briques et quelques unes sont très jolies. Toujours des châteaux privés et des petites fermes souvent groupées en hameaux de 2 ou 3.

L'arrivée à Briare par le pont-canal est majestueuse. Cet ouvrage d'art remarquable ne manque pas d'allure avec ses colonnes à l'entrée et ses parapets verts. Conçu par Eiffel, il enjambe la Loire, encore très large à cet endroit, pour relier les canaux. Tentative de l'homme de domestiquer ce fleuve indomptable.

On est arrivés tôt à Briare (45 km, c'est parfait pour moi comme longueur d'étape). Installation au camping très nature en bord de Loire et réparation des freins qui défaillent à nouveau (attentat encore raté...). On part visiter la jolie petite ville. Le château-musée est fermé because Covid, l'église par contre est accessible. De style Romano-byzantin, elle nous plaît beaucoup avec ses mosaïques en façade et à l'intérieur. Promenade à vélo ensuite dans l'enchevêtrement de fleuve, cours d'eau, canaux, ports, petits ponts, écluses... qui rendent cette ville bien agréable . D'autant que le beau temps, est revenu !

Soirée couscous kabyle dans un lieu improbable ouvert seulement pour nous. Repas pantagruelique et délicieux + Boulaouane + schnaps ont rendu le retour via les petits ponts des plus périlleux...



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Briare - Sancerre : 64,3 km!


Lever à l'aurore pour aller saluer la Loire et écouter le chant de la multitude d'oiseaux. "La Loire, un grand fleuve de sable quelquefois mouillé" a dit Jules Renard. Les îlots sont nombreux, déserts ou couverts d'une végétation dense. Il y a tant de variétés de plantes et d'arbres ici, au royaume de la biodiversité.

Passage à la gare pour acheter nos billets de retour 😢. Ils ne peuvent pas vendre au guichet des billets Paris Boulogne avec la reduc 50 % grand TER ! Sans internet, t'es foutu.

La piste longe souvent les canaux ce jour. Très joli, bordé d'arbres, celui qui part de Briare nous mène à l'écluse de Mantelot et ses grands bassins avant de rejoindre le bord de Loire. Il ne fait pas chaud à cause du vent qui sévit tous les jours en milieu de journée, température agréable pour pédaler à condition de ne pas avoir le vent dans le nez.

Nous choisissons ensuite la rive droite qui nous fait longer la rivière Ousson. Beaucoup de résidences qu'on imagine secondaires, avec de jolis jardins, perchées sur la falaise, protégées des crues.

Retour rive gauche nettement moins sympathique: cultures de maïs arrosé à tour de bras et centrale nucléaire. De loin, on croirait une machine à fabriquer les nuages. Mais celle-ci, nous passons presque dedans, des centaines de voitures sur le parking , des barbelés autour, c'est aussi cela la Loire, nous avons croisé beaucoup de centrales et de champs de maïs...

Heureusement, cette vilaine passe ne dure pas. Nous retrouvons les sous-bois puis le bord d'un canal. Tiens, une écluse qui s'apprête à ouvrir. On fait une pause ? 2 bâteaux attendent les manœuvres de l'éclusier qui doit vider progressivement un bassin pour accueillir les bâteaux et le remplir à nouveau. 1h plus tard, la manœuvre est toujours en cours... on reprend chemin vers Sancerre au pied de laquelle nous ferons étape.

Chouette camping en bord de Loire avec beaucoup d'arbres. Le beau temps et la chaleur sont revenus ! Juste à côté du camping, une guinguette comme on les adore, au bord de l'eau, sous les arbres, parfait pour une glace.

Grimpera t'on, grimpera t'on pas à Sancerre perchée sur son piton ? On nous a prévenu, c'est dur, même avec des VAE. On se perd dans les petites routes qui serpentent entre les vignes car on veut éviter les voitures. Du coup, on s'égare, on monte, on descend, on se retrouve sur des chemins de cailloux, je pousse le vélo et je tire la langue... Enfin, on arrive, tard, à Sancerre, petite ville médiévale, dédale de ruelles. Hélas le jardin du château est fermé mais nous avons pu avoir une vue sur toute la Bourgogne et ses vignobles de presque en haut. On ne s'attarde même pas pour boire un verre car on a prévu un repas à la guinguette en bord de loire, magique au soleil couchant. Et le Sancerre est si bon...


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Sancerre - la Charité-sur-Loire : 35 km


Durant ce périple en bord de Loire, nous aurons finalement rencontré peu d'humains, ce n'était pas le but, à part la famille et quelques randonneurs à vélo ("vous venez d'où... vous allez où ?"...). Il paraît que d'habitude ils sont des milliers en juin mais cette année... presque personne (tant mieux pour nous).

Nous réussissons à partir assez tôt, il fait beau mais ça ne va pas durer, la journée sera plutôt maussade et surtout fraîche à cause du vent.

Arrêt au magasin local pour acheter le pique nique. La distanciation sociale est bien là, il faut le constater. Regards ternes ou méfiants derrière les masques. Personne ne se parle. Est-ce cela le monde à venir ?

La route est plutôt jolie, très verte, sous-bois, pâtures, champs de maïs copieusement arrosés. La Loire s'entrevoit entre les bosquets. Nous sommes dans une réserve naturelle, l'île de...., au sol sablonneux, avec arbres, et fleurs à profusion. Pas d'endroit pour se poser pour un pique nique, on poursuit jusqu à une levée de Loire où un cycliste sportif lasoixantedizaine nous interpelle, avenant: "vous venez d'où?... blablabla... vous regardez la télé ?" et là, le ton de sa voix change subitement... " le monde court à sa perte, tous des pourris, et ces négros, c'est pas être raciste que d'aimer son pays, y a plus d'identité, depuis Giscardc'est foutu et ce con de Macron, si j'avais été De Villiers, un coup d'état et c'était réglé..." à la vitesse d'une mitraillette cet ancien militaire nous assène sa vérité, je m'enfuie sur mon vélo" la p'tite dame elle en a marre d'écouter mes conneries... " pendant qu'Eric, toujours plus pertinent, fait remarquer sa colère à cet homme haineux.

Pique-nique sur un banc au bord de Loure où Éric réinvente l'eau courante... Et nous voilà au km 32, à 32 km du début de la Loire à vélo, écusson incrusté sur la piste à chaque km, symbolique pour nous, puisque l'on fête nos 32 ans de mariage ce jour ! Que de chemins parcourus ensemble, parfois escarpés, aventureux, souvent passionnants et toujours main dans la main ou plutôt roue dans la roue ce jour.

Arrivée à La Charité-sur-Loire, notre ville étape. Un pont en pierre étroit pour y parvenir où les poids-lourds roulent vite, brrr. On s'offre une nuit en bungalow de toile à 21 € au camping sur une île au milieu de la Loire.

2ème rencontre du jour: le gérant du camping avec qui nous discutons longtemps de son choix de vie mi-nomade, mi-saisonniere. Ostéopathe et directrice de crèche, la quarantaine, ils ont choisi de tout plaquer pour aller vers la décroissance, la nature, la vie de famille sans école, et gagnent leur vie en gérant des campings plutôt nature, 4 à 6 mois par an. Choix de vie qui prend encore plus, de sens en cette période.

Visite de la Charité-sur-Loire, belle découverte, le prieuré bénédictin est incroyable, enchevêtrement de chapelles du Moyen Âge au sol pavé de pierre brute, enchassé dans la ville, avec des jardins, des passages secrets, une statuaire, d'une puissance spirituelle extraordinaire. Nous sommes sur le chemin de Compostelle. La Charité-sur-Loire est aussi une capitale du livre et partout dans la ville médiévale, des restaurants-librairies, des bouquinistes, des lieux d'artistes, des aphorismes inscrits sur murs et chaussées. La Charité doit son nom à l'accueil des pauvres, des prostituées et des lépreux confinés sur une île.

3e rencontre, au cours de la soirée à la Goguette, lieu alternatif associatif, scène ouverte où on peut boire, manger, danser.. dans un jardin, sur l'île. Le soleil est revenu et nous goûtons ses derniers rayons, attablés dans ce lieu intéressant. Ici, tout se mélange, quelques touristes, des musikos décontractés mais plutôt bons, des jeunes du coin, des militants associatifs engagés et les simples du village "Kamikaze" et "Lapin", "les plus pires de La Charité" comme ils aiment à se nommer... La bière, le vin aidant, la parole se libère et des ondes de vraie humanité circulent dans ce jardin. Sous d'autres cieux, Kamikaze et Lapin et leur dégaine absolument improbable seraient enfermés dans un asile. Faites que des lieux comme celui-ci puissent exister, toujours.

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La Charité-sur-Loire--Gimouille : 63 km


Les quelques gouttes de cette nuit et le matelas confortable nous ont fait apprécier plus encore notre choix d'abri pour la nuit.

Patatras, la béquille du vélo d'Éric qui ne tenait déjà plus qu'à une vis a cassé. Vaine tentative de réparation avec l'outillage prêté par notre ostéopathe-gérant, tant pis, on part sans béquille.

Il fait beau et la piste sur la levée de Loire est sympa. Plus de bancs de sable par ici, progressivement la Loire se rétrécit, se fait moins profonde. Les écluses se succèdent qui rejoignent le canal latéral à la Loire où le tourisme fluvial et le transport de marchandises ? se passe. Car sur la Loire nous aurons vu très peu de bateaux en circulation. Quelques canoës et gabare mais c'est tout. Il fait dire que le courant est redoutable.

Victoire ! Nous sommes au km 0 de la Loire à vélo 😀🚴🚴‍♂️💪🍾 , à Cuffy au bec d'Allier, réservé naturelle au confluent de la Loire et de l'Allier, vaste lande sauvage où l'on peut s'allonger sur un banc... sans ombre ! Hélas, pas de buvette pour arroser ça. On se rattrapera !

Quelques km plus loin, l'écluse du Guétin qui permet de monter via 2 paliers sur le pont-canal en pierre qui enjambe l'Allier. Impressionnant de voir les manœuvres quand les portes s'ouvrent et que l'eau arrive à grands flots.

Encore quelques km le long du canal et nous toucherons notre récompense pour ces 850 km de vélo : une nuit dans le château du Marais ! Construit au XIVe siècle et remarquablement restauré, il est entouré de douves et on le trouve juste.... magnifique ! On accède à la chambre de la Poterne par un escalier à vis et on adore ce lieu chargé d'histoires que nous compte Bernadette, notre hôtesse autour d'un Perrier dans la cour tranquille du château acquis il y a 25 ans par des agriculteurs avec ses 165 ha de terres.

Sur les conseils de Bernadette, nous reprenons les vélos pour aller jusqu à Apremont sur Allier, village classé parmi les plus beaux de France, à 8 km de là via le pont-canal au pied duquel se tient un petit marché--pour les bateliers ? Bien nous en a pris car ce village est très très très mignon, maisons en niques, toitures d'ardoises, jolis jardins, château... rien ne dépare. Une large pelouse en bord de Loire avec quelques chaises et un petit verre de Menetou-Salon... parfait pour admirer l'Allier 😊

Retour par la forêt, le canal et l'écluse ronde du Lorrain pour finir à l'auberge du Pont-canal sur une terrasse ensoleillée. Elle est pas belle la vie ?


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Gimouille - Nevers : 15 km puis Paris by train

Protégés par nos murs de pierre de 70 cm nous avons dormi comme des bébés. Le petit déj est à la hauteur du cadre, fromages de chèvre frais, viennoiseries, confitures maison... La châtelaine est discrète et sympathique. Encore un petit tour de la propriété et nous voilà répartis pour une dernière ligne droite en bord du canal qui passe aux pieds du château. Derniers km, on les savoure lentement en regardant les bateaux amarrés le long des rives. Ça a l'air cool aussi comme mode de déplacement.

Nous rallions Nevers, très jolie ville là encore avec de beaux monuments parfaitement restaurés. Ville très accueillante pour les vélos avec une station parking-consigne-reparation-repos à l'entrée et des bornes de recharge solaires à plusieurs endroits de la ville. A noter aussi,, une navette et les bus gratuits ! Donc peu de voitures dans la ville...

Nous laissons les vélos pour suivre le fil bleu peint sur les trottoirs qui nous guide dans la découverte. La cathédrale est impressionnante, traversée par la lumière colorée diffusée par les jolis vitraux, elle contient une horloge, un monument aux morts, une crypte à son extrémité... Et plein de gargouilles à l'extérieur.

Déjeuner d'un délicieux sandwich-nan indien dans un parc très arboré. Il fait chaud malgré le vent persistant. Nous allons jusqu à la Loire pour saluer notre compagne de voyage une dernière fois...

Enfin la gare, et là, surprise, rien n'est prévu pour les vélos et encore moins pour les fauteuils roulants... Pas de rampe d'accès ni d'ascenseur pour aller sur les quais. Obligé de porter le vélo sans de grands escaliers... Pour une gare de départ de l'itinéraire Loire à Vélo, je dirai: peut beaucoup mieux faire !

Notre train a 1/2 h de retard. Nous attendons sagement au repère face au wagon indiqué sur notre billet. Surprise quand le train corail arrive, pas d'espace vélo dans cette voiture. Je cours vers un contrôleur à 100 m de là qui me dit que c'est 2 voitures plus loin. Le temps de ramener les vélos à cet endroit, l'annonce du départ du train résonne... Éric balance les sacoches dans le train et grimpe son vélo, la porte se referme et je reste à quai, le chef de gare siffle de tous ses poumons pour que le train, déjà en retard, démarre. Je me vois déjà finir mes jours, seule à Nevers, sans sacoches... quand un voyagzur sympa bloque la fermeture de la porte de la voiture voisine pour empêcher le départ du train et me permettre de monter avec mon vélo sous les sifflets du chef de gare intransigeant . Ouf, sauvés. Mais horreur, le compartiment vélo se trouve à l'autre extrémité du wagon et il faut tirer les vélos dans un couloir trop étroit pour aller les suspendre à un crochet dédié, tout cela masqué évidemment. En nage, pleins de graisse de chaîne , nous savourons enfin notre voyage jusque Paris...

Pas de correspondance possible sans la journée pour Boulogne. Bis repetita, on dort à l'hôtel mais, erreur de jugement, j'ai pris un hôtel porte de Bagnolet au milieu des periph... et le trajet pour y aller via le marché porte de Montreuil, la pollution, la circulation est épique...

Soirée sympa heureusement, petit brass band associatif sur un terrain vague et restau coréen où nous retrouvons Basile. Demain retour à Boulogne... Et petit article de conclusion...


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6 km de plus que l'an dernier ! Ça paraît beaucoup et pas tant que ça en fait, une fois qu'on est en route. Envie que ça dure, encore et encore, c'est si simple d'être sur le vélo et d'avancer. Magie de la roue qui demande si peu d'énergie pour tourner dans les plats pays. Le chemin se fait, sans trop d'efforts, en lâchant prise, en ouvrant les yeux et tous les autres sens. Rythme qui s'installe peu à peu, apaisement, saine fatigue et soulagement de descendre de la selle à l'arrivée...

La Loire est addictive, ses berges bordées d'arbres la plupart du temps, ses îles aux trésors, ses oiseaux sur les bancs de sable. Calme et rapide, elle s'écoule comme le temps. Son flux incessant, indomptable, m'hypnotise et m'apaise, je suis devenue accro.

Retour à Wimereux où le vent se déchaîne, la mer tumultueuse, fatigante déjà. Tempo de la vie qui reprend son allure.

Vivement le prochain départ !