Vendredi 23/11
Première longue route, première vraie longue navigation...
Entre 6 et 8 jours, peut- être plus selon la météo, en principe navigation très agréable (en principe...). Le créneau nous semble bon et pas que pour nous apparemment, nous sommes prêts, allons y.
Le départ est un peu retardé à cause du soucis en tête de mât et de la mise en service plus tôt que prévu de l'iridium ,que notre ami Gilbert nous a prêté. Nous partons donc à 11h au lieu de 8 , après une nuit compliquée , avec de l'orage, et donc de la veille.
Le vent souffle à 15 noeuds de l'arrière, impeccable... Nous sortons précautionneusement du port en nous faufilant entre les différents cargos et très impressionnants navires de forage, une dizaine au moins en maintenance apparemment... Avec la Gv et le génois nous filons entre 6 et 8 noeuds le long de l'île, très moche ,de ce côté en tout cas: immeubles , serres, usines, éoliennes, le tout implanté sans considération ni effort pour le site naturel magnifique au delà de ça. Satanée Espagne sans loi littoral...
Toujours trop pressé je prends un cap qui nous amène trop sous l'île et nous sommes soudainement complètement déventé ! Gros virage à bâbord et ça repart... Leçon retenue, ne pas rester sous l'île... Nous naviguons donc direction l'Afrique , avec une allure soutenue et une mer plutôt tranquille. Très agréable. Les lignes sont mises à l'eau, comme toujours et comme toujours c'est les poissons qui arrachent tout... Grrr.
Toute la journée et la moitié de la nuit nous filerons bon train, puis le vent tombe à 5 noeuds et je mets le spi, puis au matin nous passons au moteur, pétole. Si nous n'avançons pas, nous y resterons plusieurs jours, alors qu'il y a du vent devant... 20h de moteur quand même, ça use ! Le vent remonte enfin à 5 noeuds et nous renvoyons le spi, bariolé de morceaux de scotch 'orange, pour colmater quelques trous ....A faire réparer de toute urgence, comme le câble vhf et mon alternateur, qui déconne toujours... La vie marine quoi...
Bonheur, il y a un gros soleil, toutes nos affaires sèchent, on bronze et on se détend... Lecture, farniente, attente du poisson... Nous avons convenu avec Gilbert de nous contacter pour faire le point tout les deux jours à 11h, heure française ,c'est fait. Nous devrions retrouver 15/20 noeuds de vent bientôt. Nous avons un voilier sur notre bâbord, qui nous dépasse doucement, et un au loin sur tribord. Sympa de ne pas être seul. Pas mal de cargos passent, toujours assez loin. Les quarts sont de 3h, ça nous laisse 6h de sommeil entre, très agréable. Voili voilà pour le moment...
Le soir tombe après une journée sous spi, vitesse moyenne de 4,3 noeuds, les deux voiliers qui nous escortaient de loin se sont enfuient de part et d'autres, nous revoilà seuls et toujours sans poissons, A défaut de protéine animale, nous mangerons Brigitte !
Nous rentrons le spi à la tombée de la nuit, un ris sur la Gv et le génois tangoné, nous sommes prêt pour le vent... Ya plus qu'à !
Nuit calme, réveil tranquille ,on remet toute la Gv et c'est reparti.
Le vent monte dans la nuit, bien vu de rentrer le spi. 19 noeuds et ça avance pas mal du coup. La houle est de travers alors ça secoue un peu surtout que la mer est un peu croisée, brouillonne. Elle sera comme ça jusqu'au bout. Surprenant comme les vagues peuvent changer de rythme rapidement, selon le vent, se creuser et monter, changer de côté selon le vent. Il y a une houle principale et des vagues secondaires, tout ça change constamment et étonnement... Nous surveillons ça tranquillement et nous avançons bien. Le rythme se prend, nous mangeons tôt, à la nuit tombée, rapidement ensuite, deux d'entre nous vont se coucher et un reste au quart. Au matin chacun a fait le sien et avec la fatigue le p'tit dej se prend assez tard, le déjeuner quand la faim se fait sentir et le dîner à la nuit tombée, ou du moins , se prépare à ce moment. Entre temps, nous contemplons la nature, mer ou étoiles selon le moment, nous constatons aussi avec horreur et force jurons que les rapalas se font arracher sans ramener de poisson comme il se devrait, et mon fil s'amenuise, il me faut changer de tactique ! Macash, nada, nib de nib, pas de poisson ramené cette nav ci... Mais des touches...
Une entrée d'eau de mer persiste côté bâbord du bateau, petite mais chiante et pour le principe ça m'agace. Je me lance donc la recherche de son origine a l'aide d'un bâton de sourcier qu'on m'a vendu il y a peu me vantant ses mérites même sans une once de pouvoir... Peine perdue le bâton est perdu au milieu de toute cette eau et me renvoie un regard vide et déconcertant, qui semble me dire " mais t'es con ou quoi ? T'as vue la quantité d'eau autour ? Utilise de l'essuie-tout ou ta cervelle ? Enfin, de l'essuie-tout quoi ! " Le bâton finira à la baille, triste récompense pour la non-pratique de la langue de bois pourtant institutionnalisée par feu nos instances dirigeantes, je dis " feu ", parce qu'elles ont tendance à être loin de nos préoccupations ! Trêve de digressions, je plaisantais je n'avais pas de bâton de sourcier, comme Flo aurait peut-être préféré, je me contente de tout démonter et sortir dehors pour remonter le fil de la source salée qui nous accompagne désagréablement depuis un certain temps et que je pensais avoir déjà colmaté dans un moment d'euphorie aujourd'hui contrarié !
La source donc ne résistera pas longtemps à mes investigations attentives et décidées et Oh joie Oh bonheur je la trouve ! Un petit tube en alu servant de passe coque pour évacuer les gaz du compartiment batterie et autour duquel viens s'emmancher un tuyau d'arrosage jaune serré par un serre-clips fuie à chaque pression d'eau sous la nacelle, et Dieu sait, si il y a là régulierement de la pression ! Le serre-clips n'est pas serré ! Le tuyau est inutile depuis un bail, remplacé avantageusement par un entrebaillement constant de la porte (!). Je le laisse quand même et resserre le fautif, "quid" de la fuite,
on n'en entendi plus parlé !
Ça c'est fait, quoi d'autre pour m'occuper ? Pas grand chose et c'est tant mieux, le temps passe gentiment, lecture, contemplation, ballade autour du cata ( il est ennoooorme.... 😀) Et vérification diverses et variées, j'ai déjà et le lasy jack à terre et la GV, ça ira... RAS, que du bonheur...
Nous filons bon train, 6 noeuds de moyenne, nous arriverons pour une fois, a priori, de jour, c'est chouette. Ça ne me gène pas de nuit, on a l'habitude, mais bon, ça manque de charme sur le coup, pas de stress par contre... 😉
Je me méfie quand même des prévisions, on a souvent été déçu. Mais là tout semble concorder... Nous entamons notre dernière nuit de veille, demain 14h on devrai y être. Enfin 14h ! Vu qu'on à a bord trois heures différentes (métropole, Canaries et Cap Vert) disons qu'un compromis a dit 14h ! Je vous dit pas les discussions pour les prises de quart, heureusement que le Capitaine a toujours raison !!! 😁
En principe le vent devrai forcir a 22 noeuds demain, on verra bien. Le vent et les vagues nous poussent bien, on avance. Le lendemain ça mollit a 10/12 noeuds, mais bien dans l'axe et on avance bien du coup aussi. Par contre pas de réseau , et pas de " Terre en vue " ... Se serait- on trompé ? Non non, de la brume, à 15 miles on aperçoit enfin un piton, telle une apparition fantomatique ,quoique bien réelle ,Yesss...! L'arrivée est du coup soudaine, nous longeons l'île par l'ouest et fonçons sur Palmeira, le vent est arrivé, a 22 noeuds... Virage serré sur la gauche et moteur en avant pour remonter face au vent vers le mouillage, découverte émerveillée du petit port, bien encombré deja ! Nous affalons la Gv, le génois était deja rentré, les ancres préparés, ya plus qu'à. Je remarque un petit cargo derrière nous qui va accoster pendant que nous manœuvrons, histoire de mettre un peu de sel...
Je montre a Flo droit devant, droit devant te dis-je ! MAIS DROIT DEVANT MERDE ! Ah pardon, face à 25noeuds de vent on peine... Oups moi et ma patience coutumière... 🤔
Nous jettons l'ancre un peu en dehors du "troupeau" mais dans les clous et avec beaucoup de chaîne. Le cargo nous passera tout a côté. ON EST BIEN !
Sur ces 6 jours de navigation, donc pas de casse au mauvais moment, ni de frayeur. Flo, sera un peu incommodée par un léger mal de mer, mais rien de comparable, toutefois à ce qu'elle a vécu lors de notre trajet Olhao-Porto Santo. Le 5e jour surtout , la mer et ses vagues brouillonnes la chahuteront un peu plus , et elle finira par se résoudre à avaler un comprimé de Mercalm , ce qui la fera sombrer dans un sommeil de plomb , allongée sur la "balancelle" , comme suspendue au dessus de l'eau, et bercée par les vagues ...Elle émergera quelques heures après, groggy et affamée, débarrassée de tout inconfort ! Magique !
Cabo Verde , nous voici !
Jeudi 29/11/18