Quand je monte sur la balance de Heidrun une voix retentit, je ne comprends pas trop ce qui ce dit mais je l'interprète comme un reproche pour mon poids excessif. Du coup je ne mange qu'une tranche de pain au petit déjeuner et utilise le reste du pain pour un petit sandwiche au fromage.
C'était une bonne idée car la journée sera bien remplie comme ça je ne perdrai pas de temps. J'ai décidé de suivre le "Notenspur", qui est une promenade à travers la ville sur le thème de la musique. Elle commence à l'Augustusplatz, où j'arrive par le tram n°16. Là s'élèvent, d'un côté, l'opéra et un "gratte-ciel" ancien en haut duquel un personnage doté d'un marteau frappe dix fois la cloche.
Et de l'autre, la célèbre salle de concert, le "Gewandhaus de Leipzig" où est annoncé un festival Shosta... kovitch mais le nom n'est pas encore écrit en entier.
La fontaine est couverte d'échafaudages. A côté, un bâtiment moderne tout en vitrages bleus, c'est l'université.
Le circuit part de l'autre côté du boulevard, vers l'extérieur de la ville. La deuxième étape, c'est déjà la maison de Mendelsohn, qui a vécu ici avec sa famille. C'est une très grande maison dotée d'un grand jardin, avec de nombreuses pièces qui constituent de nombreuses salles de musées, j'y passerai au moins deux heures. En arrivant j'entends de la musique et je crois qu'il s'agit d'un enregistrement diffusé, et quand je me rends compte que c'est un chœur de jeunes gens "en live" hélas le chant se termine.
La famille Mendelsohn Bartholdy est, comme son nom l'indique, d'origine juive, néanmoins le père de Felix a fait baptiser tous ses enfants pour entrer dans la religion évangélique. Il était banquier et à la vue de la maison on se rend compte que ce n'étaient pas des pauvres, mais ils étaient très mélomanes, et la soeur de Mendelsohn, Fanny, était également musicienne, compositrice, pianiste et dirigeait des ensembles. Tous les deux ont commencé très jeunes.
cabinet de travail de Félix et salle de concert, sièges authentiques Félix a beaucoup voyagé, en Italie, bien sûr, c'était la mode à l'époque, mais aussi en Allemagne, en Autriche, en France, en Suisse, en Angleterre, en Ecosse. Dans une salle sont exposées des assiettes décorées chacune d'un dessin de voyage et d'un fragment de ses lettres. Il ne voyageait pas très léger, avec son énorme malle magnifiquement ornée.
La dame rencontrée à Frankfort sera sa future femme, Cécilia, d'origine française huguenote.
Mendelsohn est mort, jeune (39 ans) et en pleine célébrité, le 4 novembre 1847.
Au deuxième étage il reste à visiter deux expositions, l'une concernant Fanny, appelée ici Fanny Henzel du nom de son mari qui était peintre et n'a jamais fait obstacle à la vocation musicienne de sa femme. Qui reste malgré tout moins connue que son frère. Elle écrivait aussi beaucoup de lettres.
Elle est morte subitement, d'apoplexie dit-on, à 41 ans.
L'autre exposition est consacrée à Kurt Mazur, célèbre chef d'orchestre, né en 1927 en Silésie maintenant polonaise, déplacé à Leipzig. Chef du Gewandhaus de Leipzig, c'était une grande figure musicale de la RDA mais a dirigé partout, à Paris aussi. Mort en 2015.
Reste à voir les maquettes représentant le premier Gewandhaus, fondé par Mendelsohn, qui est la première salle de concert "bourgeoise" et non aristocratique.
Dans le jardin où fleurissent les magnolias.
Il est déjà plus de 12h30 quand je reprends la "trace des notes", la prochaine étape concerne le musicien Edvard Grieg, qui venait en visite dans la maison de l'éditeur de partitions Peters (ça existe encore).
Le quartier est principalement constitué de ce type de grandes maisons cossues, datant sans doute du début du 20è siècle. mais c'est le musée Grassi, en pierres rouges, qui a l'architecture la plus étonnante, si j'ai bien compris c'est une reconstruction d'après-guerre. C'est un musée d'ethnographie avec aussi une belle collection d'instruments de musique... mais vu les dimensions du bâtiment je m'abstiens de visiter.
De l'autre côté de ce monument s'étend le cimetière ancien, Alter Johannisfriedhof, où sont enterrées des musiciens ou personnalités musicales de la ville, mais pas les plus notoires, Mendelsohn est enterré à Berlin, le corps de Bach a été transféré de là à la Thomaskirche, Wagner est à Bayreuth.
Continuons sur ce côté de la ville, maintenant voici la maison de Robert et Clara Schumann, qui ont vécu ici au début de leur mariage de 1840 à 1844. Je ne visiterai pas, elle n'ouvre qu'à 14h. Je m'assieds sur un banc à côté dans ce qui ressemble à une aire de jeux ou à une école, pour manger mon petit sandwiche.
Le thème suivant c'est le quartier de l'édition musicale, une activité importante à Leipzig au 18è et 19è. Peters, Breitkopf, Hofmeister...
Les maisons sont toujours un peu pompeuses mais les trottoirs qui doivent dater de la DDR. Bientôt l'itineraire va repasser les boulevards vers le centre ville ancien. Dans un parc (en travaux) se cache le buste de Wagner, encore relativement jeune. Il est né à Leipzig, hé oui . On longe ensuite l'opéra.
Première église à voir dans la vieille ville, Saint Nicolas, Nikolaikirche, à côté de laquelle se trouvait l'école Saint Nicolas, un collège fondé au 16è siècle. Bach y a présenté des œuvres. La décoration est claire et originale.
Par des rues étroites et quelques passages couverts je vais atteindre le centre du centre, la place de l'hôtel de ville qui n' est pas occupée par des supporters de football comme à mon précédent voyage, mais par le marché.
Les passages couverts, ou Höfer, sont en effet une particularité de la ville.
Je commence à me sentir un peu fatiguée. Je cherche un café et sans m'en rendre compte je m'installe dans celui qui est une des étapes "musicales" du parcours. C'est "Zum Arabischen Coffe Baum qui serait le plus vieux café d'Allemagne et le lieu de rencontre des poètes savants et musiciens. Il y a un musée à l'intérieur, fermé actuellement.
Il ne me reste plus qu'à voir la Thomaskirche, mais très mauvaise surprise, la Thomaskirche ferme aujourd'hui à 16h, je ne pourrai pas me recueillir sur la tombe de Jean Sébastien. Mais un monsieur me fera la photo devant sa statue.
Je suis aussi passée au musée de Beaux Arts que je n'ai pas le temps de visiter aujourd'hui. Demain peut-être... J'y trouve une sculpture un peu étrange représentant Beethoven, d'un dénommé Max Klinger.
Il reste quelques étapes d'un intérêt très relatif car il s'agit d'emplacements, les bâtiments ayant été détruits: celui de la maison où est née Clara Wieck-Schuman, de l'emplacement de l'ancien Gewandhaus, celui de l'ancien conservatoire.
En repassant pour rejoindre l'Augustusplatz à travers les bâtiments modernes de l'université un savant perruqué attire mon attention. Il s'agit de Leibnitz.
Je retrouve Heidrun chez elle, nous buvons un thé et allon manger au restaurant "Luther" . Le jambonneau (Eisbein) avec sauce au raifort et choucroute, c'est excellent. Cette fois il n'y a pas moyen, Heidrun tient absolument à m'inviter.
Voici le tracé du "Notenspur" = sur la piste des notes?