Un voyage d'un mois, plutôt hivernal que printanier, pas bien chaud, de la pluie, beaucoup de vent, mais l'accueil chaleureux des cyclistes de la famille et des amis.
Du 6 mars au 5 avril 2023
31 jours
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Je connais bien le canal du Berry à vélo jusque Vierzon, autant prendre le train. Arrivée vers 9h30, un ciel gris, vent un peu froid sur la partie aménagée du canal du Berry, que je souhaite explorer jusqu'au bout.

Les écluses sont rares: le canal parcours la vallée du Cher, pas de relief. 

Le bout, ce sera à Thénioux, où le snack halte cycliste ne doit pas fonctionner beaucoup. On peu encore suivre une piste calcaire sur quelques centaines de mètres, mais bientôt il n'y a plus que de l'herbe sur les berges, et aucun début de travaux... Pour le canal du Berry en vélo jusque Tours, il faut attendre encore un peu...

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De là s'ouvrent deux possibilités: rejoindre des petites routes de l'autre côté du Cher, ou suivre la RN76. Il n'y a pas tant de circulation que ça, alors je choisis cette option, finalement c'est une route plutôt jolie, avec de la verdure, des bois, des prés, le Cher en contrebas, et des villages aux maisons de pierre et brique alignées au bord de la chaussée.

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Mennetou sur Cher                                                   Villefranche sur Cher 


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Après Villefranche, je bifurque vers Gièvres, une route censée être moins importante mais en réalité plus fréquentée, en zone forestière mitée par des zones industrielles et d'immenses centrales de panneaux photovoltaïques.

Passé Gièvres je trouverai des forêts plus solognotes, et des villages anciens et déserts, la campagne profonde. Si profonde qu'il est impossible d'y trouver un commerce ouvert ou un bistrot, qui serait le bienvenu, je n'ai pas chaud. J'ai mangé sous un abribus et le vent vient de face, il n'est pas fort mais il est froid.

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Je ne bénéficierai pas d'abri avant Pontlevoy, un bourg de 1500 habitants qui comporte plusieurs bâtiments historiques dont une abbaye bénédictine, actuellement siège d'établissements d'enseignement et d'internats.


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Autour, des plateaux agricoles et quelques bois. Et des vignes... C'est la Touraine.


Cabane de vigne et perces neige

Et maintenant je pédale vite, je ne jette qu'un petit coup d'œil au château de Chaumont et à l'entrée du festival des jardins (à chaque fois que je viens ce n'est pas la saison), et je file vers la maison de bois de MP et JP profiter d'un accueil chaleureux.

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Ciel couvert, un soleil pâle qui peine à percer ..

Départ un peu tardif, 10h, et le temps d'apercevoir quand même en descendant le château et ses communs, et de saluer la Loire.

Chaumont sur Loire

De l'autre côté du fleuve s'étend l'agglomération d'Onzain, plus importante et moins ancienne.Et puis la route monte progressivement sur le plateau puis se maintient autour de 100m d'altitude. Plus de vignes, des champs, quelques cultures maraîchères, des bois. Les villages ont des églises au clocher pointu, des maisons de pierre blanche.. et sont parfaitement désertiques.


Santenay

Je traverse sur l'autoroute A10, une ligne TGV, et enfin la Nationale 10 au bord de laquelle s'élève l'imposante chapelle ND de Villethiou, près d'un lieu d'apparition de la Vierge.


Mais le vrai miracle c'est que ce soleil qui depuis ce matin tente péniblement de percer les nuages va finir par arriver à ses fins !!! Les paysages s' égayent.


Je me suis rendue compte que l'itinéraire concocté par mon GPS passait à 5km de la vallée du Loir, un site renommé, ce serait dommage de ne pas faire le détour. Pour admirer d'abord le village de Lavardin, son impressionnant château et ses belles bâtisses de pierre blanche.

À la sortie un pont ancien traverse le Loir.

Quelques coups de pédale encore dans cette large vallée verte et... ensoleillée, et voici Montoire, un gros bourg avec une place centrale immense et quelques maisons médiévales.

Je me mords les doigts d'avoir pris la route principale où il y a de la circulation. Mais elle me fait passer par un petit village du nom de Saint Quentin (lès Trôo).

Et puis voilà Trôo, village renommé pour ses habitations troglodytiques, sur une butte. Je m'engage dans une petite rue qui ne se contente pas de longer le bas de la butte, mais qui grimpe pas mal en fait... Qu'importe, c'est magnifique, avec en plus la vue sur la vallée.


La même route le long de la vallée se poursuit, à plat mais un peu de vent. Village de Sougé.

Eh oui, arrivée dans la Sarthe, et tout change : la forte côte à la sortie de la vallée annonce la couleur : oui, il y a du relief. Plateaux ondulés, entaillées par des vallées d'où il faut remonter péniblement. Je suis même obligée de pousser une fois. C'est dur en fin de journée.

Heureusement je suis super bien accueillie dans une belle maison dans la campagne . Je suis la première hôte de Sophie et Hervé, qui pédalent beaucoup et ont fait des voyages avec leurs quatre enfants.

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Un lever matinal après une bonne nuit dans la chambre de Margot toute lambrissée de bois. On discute un peu avec Sophie et Hervé, mais j'arrive à décoller à 8h30... Un record pour cette année!

Ce matin, l'atmosphère est bien humide... J'endosse l'équipement de pluie, ce sera pour la journée.


Le matin tombe une bruine persistante. La campagne est encore bien vallonnée. Bocages, champs verts, forêts de chênes et de châtaigniers et quelques coupes rases pas bien jolies.

Volnay, Surfonds, Le Breil sur Merize, les villages se succèdent sans boulangerie ni café. Je ne trouverai tout ça qu'à Montfort le Gesnois. L'arrivée dans de ce bourg est superbe sur un très long pont (romain paraît il) au dessus de la rivière Huisne.



l'Huisne. Pont Moulin et barrage

Pour casser la croûte je trouverai dans un village (Courceboeufs ?) un abri assez confortable mais pas chauffé. Et presque calme : un vieux c... fait tourner le moteur de sa voiture à côté pendant 5 minutes et ensuite les employés municipaux passent la débroussailleuse. Il y a quand même de l'animation dans ces villages mais toujours pas de bistrot...

Église de Courceboeufs


Ma route se poursuit dans une campagne aux reliefs beaucoup plus doux et moins jolie. On y rencontre des rapaces, des buses et de nombreux faucons crécerelle. Et quelques vaches, et une fois des moutons.

J'en suis réduite, pour boire quelque chose de chaud, à me faire un thé avec mon réchaud. Mon abri est exigü mais il y fait bon: une petite cabane - bibliothèque. Le temps n'est pas si mauvais, le soleil se montre, et les averses sont brèves.

À La Fontaine Rouessé il y a bien une fontaine mais pas d'eau.

En s'approchant d'Alençon on passe à Bourg le Roi, indiqué comme "bourg fortifié" car il y a deux portes et quelques restes de remparts. À l'intérieur des pavillons moches, rien de médiéval. C'est un site ancien malgré tout, on y trouve même un oppidum et une ruine de château.


Oppidum et reste de fortifications

Une histoire plus récente: le passage de la 2e DB et du Maréchal Leclerc, commémoré par des bornes bien coloriées

À Bourg le Roi et à Champfleur

Champfleur c'est le dernier village avant l'entrée dans le département de l'Orne et dans la banlieue d'Alençon, pas trop agréable à traverser, des zones industrielles et pavillonnaires, des voies rapides et des pistes cyclables incohérentes. Je me dirige vers Condé sur Sarthe où je retrouve Marie Claire, toujours aussi accueillante, qui m'a déjà hébergée il y a deux ans. Il fait bien chaud à côté du poêle à bois.

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Départ à 9h sous un ciel gris. Je n'ai pas mis la cape la meteo ne prévoyait pas de pluie ce matin mais déjà des gouttes tombent.

Le ton est donné dès le départ, sur le fouillis de petites routes à la sortie de Condé c'est déjà les montagnes russes. Et aussi un paysage varié et agréable. Les petites fermes sont en granit gris. La vue se dégage sur une forêt et un mont arrondi qui la couronne appelé "La butte Chaumont".

Je rejoins bientôt la véloroute V40 qui emprunte une route départementale très jolie et fort calme au niveau circulation, beaucoup moins au niveau relief. La Roche-Mabile, Saint-Ellier des Bois, sur une butte, et sa grande église.

Le temps se maintient relativement sec, avec même un peu de soleil de temps en temps. Je commence à avoir grand hâte d'arriver à Carrouges un bourg un peu plus important où je voudrais me remettre de mes fatigues avec un café... Ne rêvons pas... Pas un seul café ouvert.

Saint Ellier des Bois 

Eh bien continuons, commençons par admirer le château:

Carrouges est d'abord au XIVe siècle une place forte de la guerre de Cent Ans (donjon). Il devient un logis seigneurial au XVe siècle (aile Blosset), augmenté au XVIe siècle d'un châtelet d'entrée considéré comme le premier témoin de l'architecture de la Renaissance en Normandie. De nouveau fortifié au temps des guerres de Religion (bastion ouest), sa fonction de demeure de prestige s'affirme (...)à la fin du XVIe .

(extrait du site internet du monument)

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L'itinéraire change totalement de direction et part vers le sud. Ça change en effet : je me prends le vent en pleine face, sur une route rectiligne, vers Lignières Orgeres où je trouve un monument avec poilu pour ma collection.


Après le vent, c'est l'eau, une telle averse que je ne vois plus rien en arrivant au village de Saint Patrice le Désert, juste un toit au milieu de la place... C'est un abri où je m'engouffre. Mais ne reste pas longtemps, je suis gelée, et la pluie s'arrête.

Après ça va aller mieux car l'itinéraire traverse une forêt, qui fait partie de la forêt domaniale des Andaines, sur une petite route toute droite, avec de longues montées. Je continue jusqu'à Bagnoles de l'Orne.

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Dans cette ville d'eaux je trouve sans difficultés un grand bistrot typique où on me sert à 14h30 un croque-monsieur. Une pause bien appréciée qui se prolonge un peu. Super, le temps se dégage et le soleil apparaît...

Oui mais quand je me décide à repartir c'est la pluie qui reprend ! Pas trop fort heureusement.


Bagnoles de l'Orne

Il me reste 12km, principalement à travers la forêt des Andaines. Le vent souffle dans les futaies, mais on ne le sens pas sous le couvert. Par contre les côtes plus raides les unes que les autres se succèdent, et je mets plus d'une heure..

Mais tout se termine bien. La première maison en arrivant au hameau des Fourchets est la belle maison en bois de Laura, Brice et leurs filles Élise et Jeanne, qui pratiquent le cyclisme en famille depuis dix ans. Tous très sympathiques. Brice va travailler en velo à 16km.

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Encore une petite distance. Il faut dire qu'aujourd'hui les conditions défavorables sont un peu exceptionnelles, vigilance jaune vent violent, avec des rafales jusqu'à 85km/h. Et ce vent souffle de l'ouest, je vais le prendre complètement de face les 18 premiers kilomètres, entre Champsecret - Les Fourchets (départ 7h40) et Lonlay l'Abbaye, passant par Saint Bômer Les Forges. Le pire n'est pas la difficulté pour avancer, c'est de ne pas se faire déporter, voire renverser par les rafales. Plusieurs fois je suis obligée de m'arrêter pour tenir le vélo, souvent en haut des côtes. Qui ne manquent pas dans ce beau paysage de bocage très vallonné. Malheureusement il ne reste que des lambeaux des hauts talus plantés d'arbres traditionnels, qui étaient si efficaces pour protéger du vent.

à Saint Bômer l'achat d'une demi baguette est prétexte à se réchauffer un petit quart d'heure dans la boulangerie-épicerie.

Vieux puits à Dompierre et poilu à Saint Bomer 

Encore quelques kilomètres à affronter les éléments.Heureusement, c'est une toute petite route pratiquement sans voitures. Les voitures, on ne les entend pas arriver dans les hululements du vent. Je râle quand on me klaxonne habituellement mais là ça serait justifié.

J 'arrive en vue de Lonlay l'abbaye.


Lonlay l'abbaye

Le bourg est construit autour de l'abbaye sur les pentes d'une vallée , et est plus important qu'il n'a l'air. Et il est doté d'une boulangerie café sympathique et bien achalandée. Avec même une prise de courant bien placée pour recharger. Je ne repars que juste avant midi.

Bien entendu plus loin ce ne sont que des petites routes et je ne trouverai pour le casse-croûte qu'une petite cabane, abritée mais pas chauffée...

Il faut toujours lutter contre les rafales, ça roule quand même un peu plus, je repars plus tôt vers le nord le vent est de côté. La route est un peu tortueuse mais très jolie.


Toujours des reliefs et toujours pas de bistrot avant d'arriver à Vire. J'en trouverai un où je resterai longtemps près de la Porte de l'Horloge.

Pour une fois que j'arrive tôt mes hôtes ne sont pas rentrés. Je prends mon temps mais arrive trop tôt, j'attends dans le jardin. Arnaud et Julie ont fait le tour du monde en vélo. Maintenant ils ont trois enfants encore bien sympas Gabriel Margaux et Louison, et c'est avec eux qu'ils partent pendant les vacances. On fait une soirée famille apéro télé (film).

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J'ai très bien dormi dans cette maison ancienne aux murs de granit de 90cm d'épaisseur. Départ pas trop matinal: 9h30.

Le vent s'est calmé. Il ne fait pas très chaud mais pas glacial.

Pour sortir de la ville le GPS me fait descendre une petite rue très raide se terminant par un étroit passage entrecoupé de chicanes.

Ça débouche dans une plaine, mais la route va monter progressivement . Cependant après la journée d'hier tout semble facile !

La D52 est relativement fréquentée. Elle coupe un cours d'eau appelé la Drôme et rejoint la Vire à Pont Farcy. Pas de café. Je m'engage sur une petite route qui monte bien trop fort, je fais bien de ne pas m'entêter et de rejoindre la route principale, elle longe les méandres de la Vire c'est très joli.

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À Tessy sur Vire dont on a malencontreusement changé le nom en Tessy Bocage, on trouve tout, café, boulangerie, et même un boucher charcutier où je peux acheter de l'andouille. De Vire bien sûr . Dégustations à l'aire de pique-nique de Domjean.

Non loin de là se trouve un haut lieu touristique local, la Roche de Ham, au-,dessus de la Vire. Beau panorama.




Un peu plus loin je découvre que Condé sur Vire est un haut lieu de l'industrie agroalimentaire. "Elle et Vire", groupe Savencia.

La bruine s'est installée pour l'après midi.

Et voici Saint Lô et ses remparts. Il y a de l'animation sous ces remparts...


Eh voilà ! finalement cette manif je l'aurai faite !!

J'ai encore 14km à faire. Ce sera facile : une voie verte est aménagée le long de la Vire.


Agréable, même dans la bruine..

Je suis hébergée chez Michel et Claire à Pont Hébert. Les deux derniers kilomètres seront un peu plus difficiles, c'est bien en hauteur et la côte doit faire autour de 12%.

Mais, encore pour ce soir, j'ai un abri, un repas reconstituant, une nouvelle rencontre.

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C'est aujourd'hui la mise en orbite sur le Tour : je vais rejoindre la côte. Cette perspective, un temps sec et doux, une route facile, ça met de bonne humeur.

En effet après la descente rapide vers la rivière, c'est la voie verte qui se poursuit.



Pas de bruine ce matin...l'aspect flou des photos est dû au fait que mon téléphone est embué !

À St Fromont je bifurque pour une petite route menant à Isigny sur mer à travers un bocage vert juste un peu ondulé. Ici toutes les routes sont abritées par des haies basses

Le petit bourg d'Isigny est bien animé ce matin, exposition de voitures et tracteurs de collection sur la place, et le peuple se presse au PMU.

Un petit tour sur le port

Les Normands osent les couleurs au bord de la Vire

Isigny c'est bien sûr aussi un haut lieu de l'industrie agroalimentaire. L'usine est gigantesque


Ensuite on roule sur un plateau cultivé aux vastes horizons... avec au fond... La mer! Plus exactement la baie où se jettent la Vire et la Douve. On y pratique l'ostréiculture.

Et voilà ! Marée haute sur la Manche!

Juste après, une zone ostréicole. Pas spécialement poétique.

L'itinéraire fléché zigzague dans les terres, les églises ont un clocher à deux pans et les fermes sont de grandes bâtisses de pierre.


Grandcamp Maisy est un port de pêche et plaisance

Et puis c'est un vrai parcours de bord de mer comme on les aime, à ras la côte au-dessus de falaises brunes, avec le vent qui pousse en prime.


Devant apparaît un cap découpé, c'est la Pointe du Hoc qui a été le siège d'opérations militaires au débarquement de juin 44. Elle est truffée de blockhaus.

Je m'y engage avec mon vélo sur la foi de visiteurs qui sortent et me disent "qu'il n'y a pas grand monde" Grave erreur, c'est la foule, des Américains en majorité. Un gardien me fait rebrousser chemin (aimablement) et me raccompagne même à la sortie.



J'imaginais naïvement trouver là un abri pour me sustenter un peu, je me mettrai sur des tables de pique-nique en plein vent. Mais la côte est toujours aussi superbe.


À Vierville sur mer commence la grande plage historique, Omaha Beach. Encore force monuments et force Américains.

À Saint Laurent sur mer ça remonte raide sur le plateau, ensuite je me décide à prendre la route principale, car la véloroute tournicote beaucoup. Il y a un peu de la circulation, et quelques troupeaux de motos.

C'était une bonne idée de faire le détour pour entrer dans Port en Bessin, localité pittoresque et grand port de pêche.

Par contre les choses se gâtent... Voilà la pluie. Je n'ai pas d'hébergement cycliste. J'ai vu quelques campings ouverts alors je compte en trouver rien. Mais tous ceux devant lesquels je passe, déjà trempée par la pluie, sont fermés Je passe Arromanches , poussant le vélo dans une pente raide en haut de laquelle s'élève une Vierge et divers monuments commémoratifs.

Je vise le camping dernière chance, sur la commune d'Asnelles. Fermé. Mais on peut entrer en soulevant une barrière de chantier. La nuit tombe, je n'ai plus guère le choix.

Un abri barbecue, l'aubaine. Je peux monter la tente au sec. Mais malheureusement pas à l'abri du vent, c'est pas facile de monter la tente, de nuit en plus.

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Le vent a soufflé toute la nuit, faisant claquer les toiles de tente... bref je n'ai pas trop bien dormi. Le soleil brille, mais le vent souffle toujours, c'est tout un art de ranger afin que rien ne s'envole: laisser jusqu'au dernier moment les sacoches à l'intérieur de la tente, puis les poser aux quatre coins pour le dernier pliage.

La route principale sur le plateau, vue sur la mer un peu à distance, le soleil devant. Et le vent me pousse! 25km/h en vitesse de croisière, pointes à 30... je roule même sur le grand plateau.

ça ne va pas rester longtemps aussi idéal, car la direction de la route va tourner légèrement vers le sud, et le vent sera moins efficace car légèrement de côté.

à Courseulles sur mer je rejoins la vélomaritime qui était partie se perdre dans les terres. Maintenant elle suit le littoral, c'est chouette.

Arrêt à Lion sur Mer, où je trouve un café ouvert. Il n'y en a pas tant que ça. Le patron n'en revient pas qu'on puisse rouler seule et avec un vélo non- électrique.

Lion sur Mer 

Direction Ouistreham, le long d'une grande plage.

Vers Riva Bella

Et maintenant il y a un hic: l'estuaire de l'Orne et le canal qui mène à Caen. Il va falloir le contourner c'est à dire rouler vers le sud-ouest, la direction du vent. Je mets longtemps à arriver au pont, "Pegasus Bridge".

L'autre rive, c'est mieux, ça roule, sur une digue soit-disant dangereuse, aujourd'hui ça ne se voit pas. On aboutit à des marais côtiers, puis on retrouve la côte. Je m'installe pour le déjeuner sous une dune près du Home Varaville.

à Cabourg, j'emprunte la promenade interdite aux vélos. Quand même, ce serait dommage de ne pas en profiter...

Cabourg 

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Encore un contournement, celui de l'estuaire de la Dives, envahi par des bancs de sable, qui aboutit à... Dives sur Mer.

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Juste après c'est Houlgate, une autre station chic.


Et une surprise : la ville est au pied d'une colline... et cette colline, il va falloir la gravir. Impossible de le faire sans pousser, entre les grosses villas cossues. Un peu plus haut on peut se remettre en selle, mais ça monte encore très longuement. Petite route calme dans une campagne boisée. Jusqu'au village d'Auberville et son monument aux morts coloré.

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à Vierville je trouve un PMU. Ce sera un thé. Il est 17h30. Le patron m'avertit qu'il reste environ 25km jusque Honfleur et qu'il y a des côtes. J'emprunte la route principale et me dépêche, et ne prends plus de photos.

Monument aux morts d'Auberville et église de Vierville 

Un peu plus de vent et de relief pour finir, je me dépêche. Je traverse Deauville au plus court. À Trouville ça monte fort et surtout très longtemps. Il y a de la circulation, néanmoins c'est une jolie route littorale avec des vues élevées sur la mer, et puis sur le Havre ses raffineries et usines.

Je n'y échapperai pas aujourd'hui non plus : une averse avant Honfleur.

J'ai réservé dans un hôtel, la chambre n'est pas en état, on m'envoie un peu plus loin dans un studio avec une petite cuisine . Ça me convient très bien.

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Très calme et bien confortable ce petit studio. Une étape reconstituante.



Petit coup d'œil sur le vieux port, et puis je me rends à la gare routière pour prendre le bus afin de traverser le Pont de Normandie. La gare du Havre est bloquée par une manif... Ouf, le bus s'arrêtera un peu avant et traversera le pont, mon vélo dans la soute.


Je peux constater que la bande pour les vélos est ridiculement étroite. Dangereux, surtout par temps venteux.

Ce qui est le cas aujourd'hui. À la sortie, ça souffle. Je remets mes sacoches et pars sur une petite route se dirigeant vers Tancarville à travers les marais et prairies humides de l'estuaire de la Seine (zone naturelle protégée). Le vent est d'ouest, vers l'est ça gaze mais cet après midi il y aura le revers de la médaille.


Le pont de Tancarville se profile au loin depuis longtemps. À son pied se trouvent des écluses, c'est là qu'on traverse. Le ciel est bien noir derrière...


Ça ne va pas manquer, l'averse commence au moment où je passe sous le pont... Voilà le village de Tancarville.Des maisons, des ateliers.. Un abribus !! Il est déjà occupé par un monsieur qui attend ses petits -enfants au bus. Mais je peux, au sec, enfiler mon harnachement de pluie !


Était-ce bien la peine ? Dès la sortie du village, sous des falaises de craie, le soleil revient.

La départementale 17 va maintenant monter régulièrement mais longuement à travers une hêtraie. C'est plutôt agréable, et on ne sent pas le vent.

Ensuite ce sont des champs puis arrivée à Bolbec, en descendant car ce bourg s'étire en longueur dans une vallée. Je mange dans une brasserie.



Et maintenant il va falloir affronter, d'une part la sortie de Bolbec, dans la circulation, d'autre part, pire, le vent en pleine face.

45km/h dit la météo. Pas dangereux mais ça freine. Lentement mais sûrement ça avance à travers les vastes champs du Pays de Caux. Il reste encore des morceaux de ces grands alignements de hêtres autour des fermes.


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Traversée de Criquetot l'Esneval un gros bourg avec une mairie imposante.

Les 9km qui restent sont beaucoup moins durs, la route suit une vallée abritée.

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Et voilà Etretat. La halle, les maisons normandes...


Et bien sûr :

Quelle splendeur! 

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L'église est plus haut (le poilu aussi)


Et après ça monte encore, longuement mais tranquillement, le long d'une autre vallée. Paysage étonnant, on ne se croirait pas du tout au bord de la mer, mais dans quelque basse montagne.

Et on ne sent pas le vent. À Bénouville c'est encore assez à l'abri. Je me trouve un coin.

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Quel bon sommeil ! Par deux fois j'ai entendu la pluie tomber, mais me suis bien vite rendormie. Je me réveille au point du jour au son des bêtes de basse cour.

Il souffle un petit vent, finalement la tente n'est pas très humide, je la plie, renonçant à la faire sécher aujourd'hui. Il y a même un peu de soleil.


Bénouville 

Départ vers 8h30. Le trajet est beaucoup plus campagnard que maritime, je ne m'en plains pas car je sais qu'ici les rivières creusent de profondes vallées en bord de mer (valleuses)... D'où des côtes épouvantables.

Et puis ces petites routes sont vraiment tranquilles, tant pis si cet environnement de champs ouverts n'est pas toujours charmant. Le ciel est couvert, la mer pâle.

Pas si plat que ça, il faudra en passer, des vallées, même un peu plus en amont. Les pentes sont souvent boisées.

Il y a néanmoins un endroit où la vélomaritime va descendre sur la côte, c'est à Fécamp. Par un sacré raidillon même, avec des barrières en travers qui m'obligent à enlever des sacoches pour passer. Mais la vue est belle.

Il n'y a pas foule du côté de la plage

Le port est tout en longueur, une route le traverse mais pas aujourd'hui le pont tournant est tourné.


Le centre ville est dans le prolongement du port au fond de la valleuse. Ça monte


L'église Saint Etienn, la mairie et le clocher de l'abbatiale de la Trinité

Le centre ville est très commerçant et il y a même un ou deux cafés ouverts. Je prends un jus et fais quelques emplettes. Un monsieur s'adresse à moi et fait l'apologie du vélo.

Je repars par le haut espérant éviter le raidillon pour remonter sur le plateau. Je tombe sur la mairie, dans un grand bâtiment ancien, derrière se trouve l'abbaye de la Trinité.

Plus loin, des faubourgs industriels aux constructions de brique me font penser aux villes du Nord. Je n'ai pas éludé les difficultés. La route, fort fréquentée, qui sort de la ville, elle ne monte pas excessivement fort, mais excessivement longtemps. Une automobiliste m'envoie par la fenêtre un cri d'encouragement. Ils sont sympas décidément ces Hauts-Normands.

Retour sur le plateau. Des champs, des villages aux maisons et églises de brique. Des châteaux, beaucoup de châteaux, presque un par village.



C'est devant cette église et ce château un peu sinistres de Saint Martin aux Buneaux que je m'assieds sur un banc pour casser la croûte.

D'autres châteaux suivent et aussi passages répétés de vallées, descente - montée.


Et je vais quand même me décider à redescendre au fond d'une valleuse, à Saint Valery en Caux. La véloroute ne va même pas au bout.


Jusqu'au bout de la jetée

La mer est grise et un soleil faiblard luit derrière les nuages.

La remontée n'est pas trop dure, sauf que j'ai un peu mal au genou gauche. J'ai négligé le massage à la gaulthérie hier soir. La suite c'est encore un peu du même acabit. On passe à côté de Veules les Roses mais on ne voit pas grand-chose. Sotteville-sur- mer, un beau village. Un panneau "tous commerces"... Tous fermés.

Je commence à chercher activement un bivouac. Les campings sont fermés et clôturés.En face du dernier camping je peux entrer dans un pré un peu en hauteur. Je me mets au bout, ça m'étonnerait que je sois dérangée. Un tracteur tourne un peu plus haut, il n'approche pas. C'est le jour polenta. Avec beaucoup de fromage. Le soir, il pleut. La météo ne le prévoyait pas, mais le ciel, si.

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Il a beaucoup plu en début de nuit, et puis le vent a soufflé, sans excès mais il a séché la tente. Ce matin le ciel est gris, et le coin de mer au loin dans un creux est gris aussi.

La mer est dans le creux derrière les arbres 

Sur la photo apparaît aussi la première côte de la journée, pas la dernière car de nombreuses vallées coupent l'itinéraire. La route est à ras des champs ou creuse entre des talus parfois fleuris de jonquilles.

Elle descend dans la valleuse de Pourville-sur-mer où l'accès à la promenade jonchée de galets est presque barré partout. La falaise s'éboule sur la plage. Bref ce n'est pas un lieu très avenant.

On se doute que pour sortir de là on va monter longtemps. C'est le cas. Il y a même trois lacets, et une belle vue.

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à peine en haut il faut redescendre, vers Dieppe. Je perds le fléchage mais tous les chemins mènent au port. Un port en plusieurs bassins et qui est partout à l'intérieur de la ville.

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Une grande animation règne. Au marché point de vendeur de fromages, je n'achète que des pommes.

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Bien entendu une belle côte m'attend pour sortir de la ville, par contre ce sera quasiment la dernière d'importance, l'itinéraire se maintiendra sur le plateau. Le vent est un peu plus fort, de côté, il gêne parfois. J'aime moins cette partie du trajet. Certes il y a épisodiquement de belles vues vers la mer et de belles vallées vertes, mais les villages sont moins beaux, les maisons récentes y sont nombreuses et sans charme. Par contre maintenant le ciel est bleu et le soleil brille.

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Tous les villages appartiennent à la commune de Petit-Caux, regroupement de dix huit communes. Ils aiment faire ça en Normandie.

à droite, église de Belleville sur mer. On remarquera le mur typique en briques et silex 

Sur son territoire se trouve une centrale nucléaire, celle de Penly. Est ce en rapport avec cela que ces communes sont bien léchées, proprettes, et munies d'un tas de bâtiments neufs, écoles, crèches, mairie, centres culturels...De la centrale, il n'émane pas de grandes fumées sortant de cheminées, et à vrai dire on n'en voit rien que des alignements d'énormes pylônes.

Continuons sur le plateau à travers les champs ou les prés, sur la fin j'ai le vent dans le dos.

Et j'arrive plus vite que prévu à Criel sur Mer

J'ai pris ces photos à cause des antiques peintures publicitaires, mais aussi parce que j'y sens, déjà, une atmosphère de Picardie. Ce manoir n'est pas le seul château de la commune.

C'est dans un autre château que sera mon logis de soir. Le château de Chantereine est un grand centre d'hébergement qui appartient à la commune. Ouvert toute l'année et acceptant les individuels, très bien tout ça.

Je suis accueillie par des jeunes filles aimables, l'une d'elle m'aide à monter le vélo dans l'entrée. Je ne mets pas longtemps à m'installer dans un dortoir de 4 lits beaucoup moins grand style que l'escalier mais où je suis la seule occupante. Et comme il est tôt et que la mer est à un kilomètre, j'ai le temps d'y faire un tour, et une petite trempette s'impose (jusqu'en haut des mollets).

ça ravigote...

J'étais venue par la route, assez fréquentée et sans beaucoup de trottoirs, je rentre par la campagne, longeant des prés-salés, zone naturelle protégée, où l'on peut aussi observer des oiseaux de passage. Je ne les vois que de loin.

Retour au château, la douche où l'eau chaude met des heures à venir. J'ai réservé pour le repas du soir. Dans un grand réfectoire sont installés plusieurs groupes, une cinquantaine de personnes peut-être. Je me dis ça va être la cantine, mais non c'est très bon et très copieux, et le personnel est vraiment gentil. Salade au fromage, couscous, plein de sortes de fromage et un crumble pomme poire au dessert. ça me pèse quand même un peu sur l'estomac...

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Départ à 8h54 sous une petite bruine. Bien sûr une montée m'attend. La petite route sur le plateau m'amène bientôt en vue du Tréport

Forte descente comme il se doit, à travers les rues picardes bordées de maisons de ville en brique, j'ai l'impression d'être à Saint-Quentin, ma ville natale. Mais ici on sent l'air de la mer et on entend les mouettes. Au bistrot les gens sont très gentils.

L'agglomération comprends deux villes, le Tréport qui est encore en Seine Maritime (Normandie) et Mers les Bains dans la Somme (Picardie)

Mers les Bains est une jolie petite ville. Les boiseries des villas sont peintes de teintes multicolores.


Mers les Bains

Ce n'est pas parce qu'on est dans la Somme qu'il n'y a plus de falaises. J'ai encore droit à une belle grimpette en repartant. Une bonne surprise par contre : tout le trajet se fait sur de vraies pistes cyclables, éventuellement à partager avec les véhicules agricoles (j'en ai pas vu).



Le plateau....

Passage au dessus de Ault Onival

Des hauteurs on domine la mer. Une zone de marais apparaît sous les falaises et le chemin va y descendre.


Dans ce marais parsemé de nombreux étangs on chasse le gibier d'eau. Les huttes d'affût sont couvertes de terre et bien camouflées.

Je m'approche doucement d'une bande de canards sur un étang. Il y a même un canard mandarin, je n'en avais jamais vu. Mais c'est quand même bizarre qu'ils ne s'envolent pas.... Et ils ne bougent pas du tout du tout.... ce sont des faux ! Destinés à attirer les vrais. On les appelle ici des "blettes".

Voici Cayeux, annoncée par un étrange sémaphore. La plage est toute de galets et en hauteur. On ne voit pas la mer depuis le village. Je ne sais pas comment c'est, l'été, mais là c'est désertique. Il y a néanmoins un resto crêperie ouvert. J'irai après avoir cassé la croûte au bord de la plage. Ici aussi les gens sont très gentils.



De Cayeux la piste cyclable continue. Elle va faire le tour de la baie, mais une piste dite "route blanche" se dirige vers la pointe du Hourdel.

Blanche, sans doute à cause des dunes qui la bordent.Le sable a tendance à couvrir la chaussée.Je suis un peu inquiète mais ne suis obligée de pousser le vélo que sur une vingtaine de mètres.

On ne voit pas la mer, enfin pas l'eau mais un bel estran où séjournent des phoques. Je vois des formes noires, je ne sais pas si c'en est.

Au Hourdel il n'y a pas qu'un phare, c'est un petit hameau de maisons alignées. En face on voit Le Crotoy.

La route vers Saint Valery sur Somme traverse des marais mais la ville est située sur une petite butte. On y entre par la massive porte Jeanne d'Arc (où celle-ci est passée...). Des remparts surplombent la baie, au-dessus s'élève l'église. Un beau site. Très touristique.


Par contre aucun commerce pour s'acheter de quoi manger.

Alors je continue le long de la baie, suivant le port puis des écluses.


La véloroute qui contourne la baie est une piste cyclable mais elle longe la route qui est très fréquentée ce n'est pas très agréable. Je me dépêche de la quitter à Noyelles où il n'y a pas de commerces non plus.

Un site intéressant s'y trouve, un cimetière...chinois. Un peu éloigné quand même, les dernières centaines de mètres c'est une piste très caillouteuse. Mais la visite vaut le détour.

On apprend que pendant la première guerre mondiale les Britanniques avaient été recruter 150 000 chinois pour travailler en soutien aux armées principalement en France, ils étaient hébergés dans un camp à Noyelles. Ceux qui sont enterrés dans le cimetière ne sont pas morts au combat mais pour la majorité de la grippe espagnole à la fin de la guerre.


J'ai quelques problèmes avec mon téléphone qui ne veut pas télécharger les cartes, je m'énerve avec ça, perds du temps et aurais renoncé à aller jusqu'au Crotoy si je n'avais reçu un message de mes hôtes disant qu'ils rentreraient chez eux plus tard que prévu. Alors j'appuie sur les pédales, c'est un peu ridicule, je ne verrai Le Crotoy qu'en un éclair à la tombée de la nuit. Mais ce soir la balade est belle avec le soleil qui brille sur les prés humides ou les marais.


Le village de Ponthoile

Au Crotoy la marée commence à remonter

J'ai eu de la chance car Dorothée et Jean qui m'accueillent ce soir ne sont là que le week-end. Dorothée s'occupe du développement du vélo dans le département, qui fait beaucoup d'efforts dans ce sens, peut-être grâce à elle. Beaucoup de pistes, et un système de repérage par "nœuds" des carrefours avec des numéros, comme aux Pays Bas.

On boit de la très bonne bière, on mange de l'aligot et des glaces maison aux fruits du jardin tandis que les enfants ici aussi ont leur soirée "plateau télé" et regardent un film.

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Le début de la journée est difficile, sur le plateau avec le vent en face. Et même une portion de piste bien "rugueuse" entre les points nœuds numéros 92 et 43. Un plateau légèrement ondulé, grandes cultures et vastes horizons. Quelques automobiles sur la route.

Enfin je rejoins la vallée après Port le Grand (descente) et le canal qui double la Somme à partir d'Abbeville que l'on traverse sur un pont levant. Le vent souffle encore mais c'est beaucoup plus calme.

Ce canal est très rectiligne. Rien n'y navigue et personne ne s'y promène.


À Abbeville le chemin de halage disparaît. On hésite entre l'étroit sentier sur la berge ou la rue à côté.

À l'entrée de la ville s'élève le monument en mémoire du chevalier de la Barre. Une petite sculpture représente le supplice qui a précédé sa décapitation à Abbeville en 1766. Ce jeune noble de 21 ans a été condamné à mort pour blasphème et sacrilège. Le seul fait avéré était une attitude irrespectueuse devant une procession mais c'est une histoire assez embrouillée.

Le mur derrière le monument est peint d'une fresque en noir et blanc représentant un militaire, rien à voir avec de la Barre, c'est un général polonais, Maczek, qui a participé à la libération d'Abbeville.

Le centre ville est du style "reconstruction" sauf la cathédrale.


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Et maintenant la véloroute (V30) suit la Somme proprement dite.





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Long et son château


On ne rencontre pas plus d'humains ici, un ou deux promeneurs de chiens, une dame qui rebrousse chemin parce qu'il pleut... En effet les petites averses se succèdent, et les abris sont inexistants. Je finis par m'installer pour manger... Sous un pont.

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Par contre sur cet itinéraire ce qui ne manque pas ce sont les oiseaux. Des canards (colverts) qui cancanent, ou dorment sur la rive, le bec sous l'aile mais aussi deux petites sarcelles, des poules d'eau et des foulques en quantité, des grèbes huppés, des cormorans et des mouettes, des oies cendrées, des cygnes, quelques hérons ...

Mais ce ne fut pas toujours une zone de loisirs, l'industrie a utilisé la force hydraulique, on croise des barrages, des usines, des silos, des ports et des cités ouvrières.


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Et voilà Amiens


L'heure étant tardive je me rends directement à l'auberge de jeunesse, où j'ai réservé. Je trouve sans difficulté majeure, et les voies cyclables sont nombreuses et bien faites.

La chambre est vaste avec trois lits. Un des autres lits est occupé par une jeune Strasbourgeoise travaillant en région parisienne et venue pour le week-end visiter Amiens

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Bien qu'étant née en Picardie et y avoir vécu en tout autour de 25 années je ne suis pas souvent allée à Amiens et ne suis même pas sûre d'avoir déjà visité la ville, alors jetons y cette fois un coup d’œil..

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l'auberge de jeunesse, le monument aux morts, la maison de la culture, le beffroi 



Mais c'est la cathédrale qui valait le voyage. Sur la façade rien ne manque, les tympans, les statues, les diablotins en dessous.

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Adam et Eve. Et des bandes dessinées en médaillons. On pourrait y passer la journée!!

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L'intérieur est magnifique également

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Les vitraux font bel effet mais ne sont pas du moyen-âge 

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Et avant de quitter la ville, vue sur le premier(?) gratte-ciel français,terminé en 1952, la Tour Perret, hauteur 104m

Direction les bords de la Somme, où les joggeurs s'activent ce dimanche matin. La pluie qui tombe depuis ce matin cesse. La voie longe aussi des jardins, partie des célèbres "hortillonnages".

sortie d'Amiens 

La fréquentation diminue quand on s'éloigne de la ville. Au milieu du paysage rural on côtoie une énorme usine.

Usines de toutes époques

J'entre dans Corbie, une ville ancienne avec une autre cathédrale gothique et un hôtel de ville de brique.

à la sortie, des silos, des péniches, et un concours de pêche

Et le chemin continue, tranquille, sur les bords de la Somme, toujours en compagnie des oiseaux. De part et d'autre du fleuve, des marais et de vastes étangs. Que d'eau! Les étangs sont d'origine artificielle, ils ont été formés par l'extraction de la tourbe, pratiquée dans la région depuis le moyen-âge jusqu'au début du 20ème siècle.

à l'écluse de Méricourt je casse la croûte à l'abri d'une maison inoccupée.

Un peu plus loin, du côté de Fouilloy et Cappy, où passait un petit chemin de fer et où se trouve un musée de wagons et locos, je trouve une crêperie ouverte. Je ne peux résister Une crêpe au sirop d'érable, un café et une ambiance familiale.

Ensuite je vais beaucoup moins traîner car j'ai découvert un hôte warmshowers du côté de Ham, c'est presque 30km supplémentaires mais ça m'assure le gîte et peut-être aussi le couvert. Il y aura une petite incursion à l'intérieur des terres et des reliefs vallonnés.

La Somme canalisée est parfois très large, et un peu avant Péronne (je peine à trouver l'itinéraire) l'itinéraire part en direction de Ham, en suivant le canal du Nord, beaucoup plus grand et encore navigué commercialement.

Je fonce plein sud sur Voyennes, où je suis accueillie par Jules, qui travaille comme saisonnier dans une exploitation d'arboriculture bio, son patron Pierre n'est pas là. Il alterne voyages (en vélo) et travail saisonnier.

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Aujourd'hui c'est le printemps. ça ne se sent guère, il fait frisquet ce matin et pour la première fois depuis un bon moment je remets mes gants.

Jules et ses collègues sont en train de trier des pommes. Il m'en donne quelques-unes

arboriculture 

Les routes sont calmes parmi les champs et les éoliennes. à Ham c'est les gros travaux dans toute la ville. Je prends un café dans un PMU me délectant à écouter l'accent picard. Les gens me questionnent sur mon voyage.

à la sortie de Voyennes et la mairie de Ham 

La campagne picarde encore, Pithon qui est encore dans la Somme, Dury et Tugny et Pont qui sont dans l'Aisne.

A Tugny et Pont je trouve la vallée de la Somme et le canal de Saint-Quentin

Moulin sur la Somme, canal de StQ 


Et là le chemin de halage paraît praticable. Ce n'est pas un itinéraire vélo identifié, on ne trouve aucun panneau (par contre des marques de GR) et pourtant la piste, juste un peu rugueuse, me mènera sans difficultés jusque Saint-Quentin.


Et voilà, Saint Quentin !!

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Et un accueil réconfortant...


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Café éthiopien dans les règles de l'art !

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C'est la pause... Du repos mais aussi pas mal de choses à faire, un peu de bricolage et nettoyage sur le vélo, que j'enfourche pour aller voir mon deuxième frère, courses chez Decathlon, cartouche de gaz et nouveau compteur, et un petit tour, quand même, sur la place de l'hôtel de ville.

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L'hôtel de ville

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Quelques chapiteaux

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Le café du Carillon


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La basilique, qui n'a plus du tout le même aspect qu'il y a 50 ans


Et une maison "art nouveau"

Pour finir la journée, tour de balançoire avec Assim aux Champs Elysées

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La météo prévoyait de la pluie mais il n'est pas tombé grand chose. Par contre il a fait gris toute la journée.

C'était la première partie du trajet la plus désagréable, la route de Saint-Quentin à Ribemont, sur le plateau, avec des côtes, un ciel gris et le vent contraire, et beaucoup de circulation.


Une ferme picarde sur le plateau / vallée de l'Oise

C'est un soulagement d'arriver enfin dans la vallée de l'Oise qui est verte et abritée. Pas d'inondation en ce moment.

Je croise la véloroute mais ayant trouvé moyen de ne pas prendre de pain à Saint Quentin , je suis obligée de monter à Ribemont. J'en profite pour boire un café. Je repars à 11h n'ayant fait que 16km...

Forte descente vers l'Oise

Il pleut mais pas violemment.

Cette vallée est très large. Je traverse quantité de bras de l'Oise avant d'arriver au canal de la Sambre à l'Oise. Je prends le chemin de halage mais c'est bizarre il n'y a pas d'indication de véloroute... Et la piste s'arrête, je suis obligée de remonter vers Thenelles puis Origny Sainte Benoîte, un bourg très industriel.

Là je retrouve enfin les panneaux de l'eurovelo 3, qui n'emprunte pas du tout le canal, mais une ancienne voie de chemin de fer le long de l'Oise. Elle est bordée d'arbres, c'est un trajet très agréable même sous la pluie qui d'ailleurs va cesser.

Et je rencontre le premier voyageur depuis Bourges. Ce n'est même pas un cycliste, mais un marcheur, belge il me semble, qui va à Saint Jacques.

La voie monte quand même légèrement, et quand parfois il faut épisodiquement la quitter et se payer de bons raidillons.

Passé Macquigny je me rends compte que la véloroute fait faire un détour énorme pour aller à Guise mais c'est très joli, et sans doute moins fatiguant.

Avant d'arriver au centre ville je tombe sur les impressionnants bâtiments du Familistère.


C'est l'industriel philanthrope Godin, fabriquant de poêles qui a créé une "cité idéale" pour ses ouvriers. Sur la dernière photo on voit la bibliothèque et le théâtre.

Autre personnage célèbre de la ville, le révolutionnaire Camille Desmoulins. Qui a aussi sa statue.


Je vais manger un plat du jour (du poisson) dans une brasserie, et c'est en repartant que je verrai le château. La piste, toujours l'ancienne voie de chemin de fer, passe juste en dessous.

Jusqu'à Hirson, l'EV3 empruntera la voie de chemin de fer. Ce ne sera malgré tout pas si facile que ça, car ça monte insensiblement presque tout le temps, et le vent est parfois gênant. Le temps est toujours gris, mais il ne pleut pas.

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Cet itinéraire a un inconvénient : il passe à distance des villages et passe à distance des fameuses églises fortifiées de Thiérache. Je m'approche de celle de Beaurain, une des plus impressionnantes. Voici également celle de Marly Gomont.

Les bâtiments que l'on peut observer sont... Les gares. Toutes de brique rouge et toutes sur le même modèle. Converties en habitations mais pas défigurées.

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Je suis un peu déçue par le paysage. Où est le bocage? Où sont les haies ? Le remembrement a fait des ravages. C'est néanmoins bien vert et bien arboré. l'Oise coule toujours en contrebas.

Un chocolat chaud dans un bistrot Etréaupont me fait du bien mais me retarde, je n'aurai pas le temps d'aller jusqu'à Hirson. Il est bientôt 18h30. Sous le village de Neuve Maison un large espace herbeux est protégé du vent par un talus, pas trop humide, non clôturé, il semble être un lieu public. Pas si mal...

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Le terrain est très caillouteux, les piquets s'enfoncent mal. Ce doit être une ancienne carrière.

Pile quand j'ai fini de monter l'averse tombe... Et il pleuvra encore beaucoup dans la nuit.

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Il a plu beaucoup en début de nuit, et puis ça s'est calmé, au réveil il ne pleut plus... malheureusement il se met de nouveau à pleuvioter pendant que je prends mon petit déjeuner, et je plierai donc une tente humide. Pas énormément, mais il faudra faire sécher...

La voie ferrée va jusqu'à Hirson, qui est à 5-6km. Cette ville m'apparaît triste, voire sinistre, le temps y est certainement pour quelque chose. Les briques qui m'ont un temps enthousiasmée me rebutent maintenant. Du coup pas de photos excepté cet énorme lycée qui m'impressionne.

Après Hirson, plus de voie ferrée. Je suis la "véloroute de l'Avesnois", je ne sais plus très bien si c'est encore l'eurovélo3. Elle monte (beaucoup) et descend (parfois) dans la forêt d'Hirson, une forêt feuillue, de chênes surtout, mais où je vois plusieurs jeunes plantations d'épicéas, ça ne me paraît pas une bonne idée.

l'Avesnois est une région très semblable à la Thiérache, mais dans le département du Nord, où je vais faire une brève incursion avant de passer en Belgique.

Forêt d'Hirson et en Avesnois 

La frontière ne se note que par un changement de couleur des panneaux indicateurs. Ces espèce de mobilhome aurait-il été un poste frontière??

Il y aura quand même une bonne surprise, après un trajet dans une campagne vallonnée, c'est qu'à Momignies on retrouve une voie ferré transformée en piste cyclable qui m'amènera à Chimay. Le wagon qui est stationné là n'a jamais circulé sur cette voie, c'est un mémorial, dans ce wagon dans lequel ont été transportés dans des conditions difficiles des Canadiens, après le débarquement de Normandie.

à Chimay je cherche désespérément l'abbaye ancienne où l'on fabrique la fameuse bière "trappiste". Rien de tout ça n'existe, quelle déception. Les deux abbayes sont récentes (19e-20e?) et je ne vois pas de brasserie.

Abbaye ND de la Paix en travaux , et un grand collège

La ville est bruyante traversée par une route importante, je vois de loin un beau clocher style Europe centrale et je trouve un endroit (pas très poétique) pour faire sécher ma tente. Un escalier sous un porche d'où des jeunes qui squattaient viennent de se faire virer.


En repartant je me réjouis de ce que la voie ferrée continue, et que je peux la suivre encore sur quelques 10km. Toujours ça de gagné, le coin a l'air bien vallonné, d'ailleurs voilà déjà un viaduc.

Et la voie continue dans un environnement boisé. Mais j'ai mangé mon pain blanc. À la sortie de la voie, vers les villages de Frasne puis Pettigny c'est l'horreur, ce ne sont que côtes et raidillons, sachant que je vais me farcir les monts que je vois en face.


Et en effet la côte est raide et longue. En outre la route est très mauvaise, pleine de rustines. Une partie non revêtue un peu plus loin cahote un peu moins. Mais bon. Du coup pas de voitures. C'est calme et agréable de traverser la forêt. Une forêt assez exploitée avec des plantations d'épicéas mais ici c'est normal.

Un autre changement notoire : les constructions sont en pierre.

l'église de Pettigny et la traversée de la forêt

Au milieu de la forêt se trouve un village : Oignies en Thiérache (?) tout de pierre grise

Je découvre un itinéraire cycliste entièrement nouveau vers Fumay. Il n'est visible sur aucune carte, assez compliqué, emprunte surtout des pistes, et pas trop signalé. Ouf je ne me perds pas et rejoins une petite route.

Je réalise qu'il est fort tard... Autant bivouaquer dans la forêt. Mais ce n'est plus une vraie forêt , elle est complètement minée par des bicoques de week-end. J'en trouve une (vide) un peu moins moche que les autres et m'installe à proximité. Il se met à pleuvoir peu après.

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Il a plu à peu près toute la nuit. Mais le matin c'est calmé, c'est quand même mieux pour démonter. Départ exceptionnellement tôt, avant 8h. Je n'ai pas mis mes gants et j'ai froid en descendant de la forêt. La frontière se manifeste par un panneau indiquant les limites de vitesses (erronnées, 90 au lieu de 80) et un vieux bureau des douanes.

La ville de Fumay se serre au fond de la vallée. Je ne m'y arrête pas afin de rejoindre au plus tôt la voie cyclable qui longe la Meuse.

Eh oui, le ciel est bleu, et le soleil brille et même parfois éblouit. La voie cyclable manque de panneaux indicateurs mais elle est asphaltée, très lisse et quand on est dessus on ne peut pas se tromper. Elle traverse le fleuve de façon un peu compliquée, sur un pont de chemin de fer puis une étroite passerelle. On va longer la voie un moment, elle occulte la Meuse, mais pas les hauteurs boisées qui l'environnent, qui sont de couleur hivernale, gris-brun.

Revin, qui aurait du être mon étape d'hier, n'est qu'à une dizaine de kilomètres. C'est une ville industrielle et ouvrière. Pour preuve, le PCF a encore pignon sur rue. Là je me prends une galette au sucre, spécialité ardennaise, et un café, au PMU toujours.

le PCF et la mairie 

Un client du café, plus un cycliste de passage, m'expliquent comment rejoindre la véloroute de la Meuse, après un bout de route, pour éviter de passer dans un tunnel. Et après, c'est facile. Maintenant on roule à ras du fleuve, dont le niveau paraît haut et le débit fort. De navigation point, mais partout des traces d'activité industrieuse, des barrages avec rapides, des moulins, des usines.

La route se poursuit, tranquille. Hauteurs boisées toujours, avec des rochers sur les versants et parfois au sur les crêtes. Des ponts, quelques clochers de villages


Le premier village d'importance est Monthermé, où les maisons sont construites à ras le fleuve. Je m'arrête sur une aire de pique-nique où avec le vent mes toiles de tente vont sécher très vite.

On croise quelques passants, et comme oiseaux surtout des (oies) bernaches du Canada. Plus quelques bergeronnettes et merles.

Le grand ciel bleu de ce matin s'est couvert de nuages, ceux-ci sont de plus en plus gris. Le vent souffle plus fort et gêne parfois, car la direction varie avec les méandres. à l'approche de Charleville uelques gouttes tombent... mais soudain ce n'est plus quelques gouttes, mais une terrible averse. Je me précipite sous un pont où s'abrite un autre cycliste à l'accent étranger. Je ne comprends pas tout de suite que c'est un cyclovoyageur. Un Hollandais suivant la Meuse depuis Maastricht où il habite. J'ai oublié de dire que ce n'était pas le premier de la journée, ce matin j'ai croisé un groupe de trois assez âgés et trois jeunes équipés léger ("bikepacking").

Sous ce pont je me rends compte que c'est l'entrée de Charleville, et qu'il faut monter dessus puis suivre une avenue passante qui se dirige vers le centre ville.

Je fonce vers le musée Rimbaud, qui n'est pas installé dans sa maison natale, mais dans un gros bâtiment au-dessus de l'eau, un moulin ancien.

Je suis d'autant moins enthousiasmée par ce musée que je m'y trouve en même temps qu'un groupe dont la guide est particulièrement désagréable.Mais il permet quand même d'avoir une vision de la vie de Rimbaud, son mère absent, sa mère catho, son adolescence fugueuse, ses voyages, ses amitiés, ses histoires avec Verlaine. Des portraits, des tableaux et des manuscrits. Le musée est assez bien documenté sur sa vie en Abyssinie (Harare, après un séjour à Aden) sa maladie, son retour et sa mort à Marseille.



des objets lui appartenant et sa bibliothèque, très technique, la poésie ne l'intéressait plus 

à la sortie, c'est averse sur averse, et même il tonne. Il me reste 15 minutes pour visiter la maison d'enfance appelée je ne sais pourquoi "maison des ailleurs".

C'est une très grande maison bourgeoise à trois étages, complètement vide, on y présente des installations diverses, montages sonores ou lumineux, que je trouve absolument sans intérêt. Les pièces vides ont leur charme, maisle tout ne donne guère idée de l'atmosphère dans laquelle vivaient Arthur, sa mère et ses trois frère et sœurs.

Dehors les déluges ont repris de plus belle. On peut quand même admirer la fameuse place ducale, ses arcades sont les bienvenues pour s'abriter. Belle unité de style, la ville a été fondée au 17è siècle par un dénommé Charles de Gonzague.

Je vais voir sous des trombes d'eau l'église dont les clochers me plaisaient de loin, mais elle est plutôt moche.Je retourne m'abriter. Je pensais continuer ma route car après avoir écris à tous les cyclistes du réseau "warmshowers" de la ville je n'ai pas trouvé d'hébergement. L'heure est déjà tardive, 18h passées, et il tombe toujours des cordes... Je me décide à téléphoner à un hôtel, le premier dont je trouve le numéro sur l'annuaire. On me propose une chambre à 47 euros (à l'office du tourisme on m'avait dit 60 minimum), la réceptionniste est très gentille, mon vélo est installé dans des toilettes, la chambre est confortable. Je ne regrette pas trop la tente.

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Bien dormi, tant mieux car une dure journée m'attends. Le vent est fort, il souffle du sud-ouest et je vais vers le sud-ouest, par ailleurs la région au sud de Charleville est très vallonnée, un passant m'en a averti hier, ça monte beaucoup.

Pour commencer la journée je passe plusieurs bras de la Meuse et traverse Mézières, la deuxième partie de la ville dont l'hôtel de ville qui visiblement sert pour les deux

J'ai maintenant devait moi une dure épreuve: le vent bien en face , une région vallonnée avec des côtes jusque 10%, et une route qui circule... ce n'est pas le nombre de voitures qui pose problème, mais leur vitesse... ils ne ralentissent pas à la vue d'un vélo, et vous serrent de près, ce qui est quand même dangereux par temps venteux, mais c'est surtout l'incivilité qui m'insupporte, la bêtise aussi car quand il y a largement la place de se déporter sans danger sur la voie de gauche, pourquoi serrer les cyclistes??

Mais tout ça se surmonte. La côte la plus forte, je ne l'avais pas remarquée sur la carte (carte Michelin où les côtes sont indiquées par des chevrons, simples doubles ou triples), je la trouvais bien dure mais je me disais si je ne monte pas celle là, comment ferais je pour les autres. Alors je l'ai montée, et celles qui suivaient m'ont donc presque parue faciles! D'autant plus que quelques passages dans des bois étaient nettement plus confortables. Le paysage est vert, assez ouvert, très vallonné. La vue porte loin.

Premiers villages, Jandun, Launois sur Vence. Pas de café ni épicerie, mais une boulangerie.

à la sortie de Launois la carte indique une côte à deux chevrons, j'aimerais bien l'éviter. Et puis j'en ai un peu marre des voitures, alors je préfère suivre une petite route dans la campagne qui ne rallonge pas beaucoup... Tellement petite la route qu'une partie n'est pas goudronnée. Mais ça change.

Je rejoins la départementale à Faissault, elle passe au-dessus de l'autoroute, et là se situe "l'aire de service des Ardennes" Je peux boire mon café mais c'est une toute autre ambiance, et à la sortie j'ai un peu de mal à gagner la sortie entre les poids lourds stationnés, polonais et autres, en évitant de me retrouver sur l'autoroute. Une énorme statue appelée Woinic figure le symbole des Ardennes...

Jusque Rethel la route est l'ancienne nationale 51, maintenant doublée par l'autoroute. C'est une route peu agréable, trop droite, avec le vent, et les voitures qui roulent trop vite. Le ciel est sombre, très sombre... et voilà les gouttes, et un déluge. Et aucun abri potentiel. J'arrive à Rethel trempée... et à ce moment là le ciel se dégage!

hôtel de ville de Rethel après l'averse 

Oui, j'aurais pu manger dehors mais je préfère m'arrêter dans un resto. C'est un resto turc, on m'y sert une énorme assiette kebab bien garnie de légumes et crudités que je suis surprise de manger en entier. Évidemment à la sortie le soleil brille déjà moins. Je ne vois rien de bien remarquable dans la ville, mais il ne doit pas y avoir grand-chose d'intéressant...

La route vers un village nommé Avançon part sur un plateau complètement plat dans la direction ouest-sud-ouest, exactement celle du vent. 30km/h et rafales à 65km/h. Bref ça n'avance pas vite. Mais là on peut dire que j'ai de la chance car quand survient une autre averse, une ferme avec un hangar m'attend au bord de la route, très providentielle car la pluie ne dure pas longtemps.

Après Avançon c'est un peu moins dur car la route suit une petite vallée, celle du "ruisseau de Wassigneau", et ensuite la direction part un peu plus au sud vers Boult-sur-Suippe, on sent moins le vent. Le passage dans le département de la Marne se fait sans trop de différence dans la topographie.

Entrée dans la Marne / église de Fresne-les-Reims

Encore des routes droites avec voitures. Fresne-les-Reims. Direction Bétheny qui est déjà la banlieue. Le soleil se couche.

Dans Reims il commence à faire sombre, je ne reconnais rien bien qu'ayant vécu cinq ans dans cette ville. Le quartier de la gare est en grand chantier et construit de grands immeubles neufs.

Mon hébergement se trouve non loin d'ici. C'est Hélène qui m'accueille avec son chat Piccolo qui n'a pas le droit de rentrer dans la chambre d'ami-bureau où je dors, car c'est là que ce trouve la réserve de croquettes. On mange des œufs à la coque et de la purée de butternut, pas habituel mais excellent.

Hélène et son compagnon Quentin voyagent surtout en France sur les véloroutes. Cet été ils veulent aller randonner dans les Pyrénées.

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Piccolo affamé réclame ses croquettes, je finis par lui en trouver une poignée pour le rapatrier quand il est sorti par la fenêtre. Héléne fait une brève apparition et retourne à sa grasse matinée dominicale, et je me mets en route à l'heure matinale, juste un peu après 8 heures mais aujourd'hui, (changement d'heure), c'est comme 7h hier.

Pour sortir de la ville je suis le canal et ne vois pas grand-chose de cette métropole régionale, à part deux perspectives sur les deux églises les plus remarquables:

la cathédrale au fond de la rue Libergier / l'église Saint Rémi 

Dès la banlieue de Reims, à Cormontreuil, commencent les reliefs, et les vignes aussi, plutôt des champs de piquets de fer en cette saison. Hélas on ne gagne pas beaucoup d'altitude car ça va redescendre, sans beaucoup de vitesse avec ce vent qui freine. En face s'étendent les hauteurs boisées de la montagne de Reims... encore un obstacle à franchir.

Donc c'est seulement au pied de la montagne que l'ascension commence, à travers les vignes et des panneaux des diverses appellations de Champagne. Comme je m'y attends il me suffit d'un peu de patience et je suis surprise d'être déjà en haut, peu après Craon de Ludes au milieu des bois.

La traversée de la forêt est brève, voici le village de Louvois, où il n'y a pas grand chose à part des maisons de Champagne et un château entourée d'un long mur.

Mais non ce n'est pas la descente sur la plaine qui m'attend, mais encore une forte côte... mais aussi de beaux panoramas.

à partir du belvédère enfin, c'est la descente, passant par le village de Bouzy, une route toute droite vers Condé sur Marne et puis le chemin de halage non moins droit, et totalement plan, ce qui n'est pas à dédaigner.

à Chalons, le port et l'école du cirque 

Près de l'aire de pique-nique un promeneur m'aborde et s'intéresse à mon voyage, il me dit que le chemin de halage est aménagé en piste cyclable jusque Vitry-le-François.

Le parcours s'arrête à 13h comme prévu à Châlons-sur-Marne, pour y retrouver mes deux copines de collège. Nous ne nous étions pas retrouvées ensemble depuis plus de 30 ans. Je vais faire ici une pause d'une journée.

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Départ 8h30 passées, un peu tardif pour l'étape qui m'attend. La toute première partie est la pire, car sauf à se rallonger énormément il faut prendre la route rectiligne à grande circulation vers Ste Menehould. Les poids lourds sont nombreux et les voitures vont vite, je n'en mène pas large. Les clochers de la basilique de l'Epine sont devant, je ne pense qu'à y arriver au plus vite, car là je vais bifurquer sur une petite route.

Je jette un coup d’œil à cette église de style gothique flamboyant, lieu de pélerinage, et vais au bistrot boire un café. Je n'en trouverai pas d'autre aujourd'hui.

C'est un rêve, la petite route, à côté de l'autre, car il n'y a aucune circulation, et on peut y jouir du calme. Au début plusieurs hameaux se succèdent, ensuite ce sont les champs à perte de vue. Quelques alouettes s'égosillent. Le soleil brille faiblement à travers un voile de nuages.


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Un village s'appelle Somme-Vesle: la source de la Vesle se trouve à proximité. Plus loin il y aura Herpont, Dampierre-Le-Château, Braux-Saint-Rémy. Un habitat entièrement groupé, pas un bâtiment en dehors des villages. Les maisons se serrent au bord de la route. Les églises sont rayées de briques et de pierres.

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Mais déjà se profile une ligne noire à l'horizon, les forêts de l'Argonne, on change de région naturelle, les arbres réapparaissent, l'eau, les prairies.

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à la sortie de Villers en Argonne, premier village dans cette région 


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Quel est le nom de cette petite rivière un peu pittoresque au milieu des saule en fleurs? L'Aisne!! Je ne m'y attendais pas. Mais en effet, elle prend en effet sa source en Argonne, à la limite des départements de la Meuse et de la Marne

Je me rapproche de hauteurs boisées et je comprends pourquoi l'itinéraire fait une courbe vers le sud, c'est pour les éviter et traverser une zone basse, qui s'appelle du reste "seuil de l'Argonne". Je préfère comme ça. Je rejoins le village de Passavant en Argonne, sous ces monts. Il n'y a pas que l'environnement naturel qui change, mais aussi l'architecture locale, les maisons traditionnelles sont en torchis, avec un toit en avancée soutenu par des poutres.

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Passavant en Argonne 

Pour manger je me trouve un abri-bibliothèque, abrité du vent mais pas très chaud

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Et puis je reprends ma route en contournant ces hauteurs forestières, Brizeaux, Waly, maintenant département de la Meuse. Des routes qui montent et descendent sans excès, et malheureusement un peu plus fréquentées.

Vers Ippecourt on va retrouver de grandes terres de culture, et ensuite une zone plus boisée, avec des reliefs un peu plus durs, notamment une très longue côte pour atteindre le point culminant du jour, 312m quand même. à ce niveau on croise une longue rangée d'éoliennes.

Et puis direction Verdun ça descend presque tout le temps. Devant la ville on y retrouve la Meuse.

Je me tape un raidillon à pied pour sortir de la vallée, et me dirige vers la chambre d'hôte que j'ai réservée. Petite chambre pour 25 euros, ça me va. Il faut monter une dizaine de marches avec le vélo, mais il est en sécurité à l'intérieur.

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Verdun est construite sur une hauteur qui domine la Meuse. Je n'aurai pas le courage de monter jusqu'à la cathédrale, me contentant d'un petit tour dans la ville où on trouve des maisons anciennes pas trop restaurées et des monuments pompeux en mémoire de la guerre de 14.

Difficile de ne pas partir sans aller vers le site de la bataille. Pour ça il faut monter beaucoup, à travers des forêts de pin noir puis de hêtre.

L'ossuaire de Douaumont est à 350m d'altitude. Peut-être la plus haute de toute ma virée. Il y souffle un vent froid. Quelques bus déversent des visiteurs. Un autre cycliste est monté.


Le cimetière est immense, ce serait difficile d'y retrouver un parent disparu.

Un monument est dédié aux combattants israélites, un autre aux musulmans

En redescendant on passe à un des villages détruits qui se trouvaient sur le lieu de la bataille, Fleury sous Douaumont.

avant, pendant, après, et le coq du clocher conservé au musée 

Un peu plus loin se trouve le mémorial de Verdun, je n'avais pas vraiment l'idée de visiter ce musée, mais ne serais ce pas dommage de manquer l'occasion?

Les visiteurs sont surtout des jeunes, notamment des groupes d'Allemands.

Ce musée respecte un principe d'objectivité et de totale impartialité, il explique clairement le déroulement de la guerre, expose de nombreux objets, armes, véhicules, équipement des soldats des deux bords... Les documents visuels et sonores témoignent de l'horreur de la guerre, c'est impressionnant, et les lettres des soldats écrites des tranchées font pleurer.

Les havresacs et ustensiles allemands et français. 35kg environ 

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Quelques objets...

type d'objets encore utilisés en camping, et un paquet de tabac

artillerie et aviation, des engins qui paraissent bien léger, et pourtant...

Les objets fabriqués avec des cartouches, des morceaux d'obus et autres par les soldats sont étonnants, par exemple une mandoline fabriquée avec un casque.

Je dois dire que la visite terminée je me sens bien plus épuisée que si j'avais parcouru 80km en vélo, alors après m'être un peu restaurée à la cafétéria, bien calme après le départ des jeunes allemands, je me décide à continuer ma route par les plus court chemin.

Il descend dans une forêt qui dans certaines zones me rappelle les images de la guerre!

Et puis on retrouve une route à travers les champs.

Je fais une halte au bourg d’Étain, doté d'une belle église et d'un monument aux morts à ne pas manquer, où un ange regarde de haut un pauvre poilu écroulé. Après avoir bu un café à 1 euro, ça existe encore, je m'engage sur l'ancienne nationale 3, qui ne serait pas trop fréquentée maintenant qu'il y a l'autoroute. Elle ne serait pas si vilaine car bordée d'arbres, et ma foi assez directe, mais comme toujours ça roule trop vite et serre de trop près.


J'arrive à Jarny, ma destination, vers 18h. Pierre et Adeline m'accueillent dans une maison très particulière... c'est une ancienne église, Notre Dame du Rail, avec encore tous les vitraux, c'est immense à l'intérieur, mais ils ont un beau coin de maison "normale". Dans les hauteurs de l'église deux futures chambres d'hôtes sont aménagées, je dors dans celle dite de "la nonne" car la sœur du curé, nonne donc, y aurait logé.

Pierre et Adeline ont fait en tandem en plein été une traversée des Cévennes et du sud du massif central, et parcouru la côte atlantique. Mais depuis qu'ils ont acheté et restauré l'église ils n'ont plus le temps de voyager.

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Adeline qui est instit est partie tôt pour l'école, et Pierre n'est pas levé. Par ailleurs il pleut. Je ne me presse pas.


Quelques vues de l'église. On passe à travers le confessionnal pour monter à l'étage

Je m'imagine que ce sera un trajet court et facile, en plaine avec le vent dans le dos. Au début, oui. Malgré tout il me semble que ça ne va pas bien vite. En fait ça monte, je suis tout étonnée de me trouver à 300m, et ça monte encore, jusqu'à une grande côte dans une forêt pour atteindre près d'un château d'eau les 360m.

Devant moi s'étend au loin la vallée. Je viens de franchir les côtes de Moselle.

Il ne reste plus qu'à dévaler la pente boisée et traverser Woippy, banlieue de Metz pour arriver chez Nicole, que cela me fait bien plaisir de retrouver . Elle m'avait hébergée l'an dernier au départ de mon voyage vers l'Allemagne et la république tchèque.

Aujourd'hui ce n'est pas elle qui me fera visiter la ville mais Éric, un autre cycliste. Nous nous connaissons depuis un moment car nous avons échangé des informations sur les Balkans et la Grèce, mais nous ne nous sommes jamais rencontrés.

On pourrait appeler Metz comme dit Eric " la ville jaune" ou "la ville dorée, à cause de la couleur de la pierre. Nous entrons dans la vieille ville par le "Pont des Morts", ainsi nommé parce qu'il a été construit avec l'argent prélevé sur un habit récupéré systématiquement à la mort de quelqu'un.

Metz est une ville très ancienne, elle existait sous le nom de Dividorum Mediomatricorum à l'époque romaine.

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Du moyen âge il reste un morceau de remparts et la porte des Allemands qui est un fort à elle seule. La grande surface du centre ancien de la ville temoigne de son importance. Elle dépassait celle de Nancy et même Strasbourg.

La cathédrale gothique est remarquable par sa couleur dorée et par sa grande surface de vitraux.


La cathédrale. Les statues de la façade ont été refaites à l'époque allemande.


La ville a été allemande de 1970 à 1918. À cette époque ont été construits des temples pour le culte luthérien. En néo-gothique (ne reste qu'une tour) ou neo-roman, le temple neuf sur une île de la Moselle. Et des constructions pompeuses comme la gare, la poste...


Dans la série édifices religieux il y a encore l'église où a été baptisé Verlaine en 1844, et l'église romane Saint Maximin où on peut admirer de splendides vitraux dans les tons bleus et verts, dessinés par Cocteau. Et pas d'esprit très religieux je trouve.

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Pour finir, l'architecture contemporaine, le centre culturel Pompidou.

Nous quittons le centre pour traverser le quartier de Queuleu, et ses maisons riches du 19e 20e. Et ses côtes aussi.

Accueil sympathique de Béné et Éric, lessive, bonne soupe et discussions linguistiques entre autres.

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Avant de rejoindre la véloroute, qui s'appelle l'Echappée Bleue, numérotée V50, il va falloir traverser les faubourgs de Metz et puis suivre un canal, le canal de Jouy, jusqu'au village du même nom. La voie est théoriquement réservée aux piétons mais il paraît que de l'autre côté où sont censés passer les cyclistes c'est très cahotant. Personne ne proteste, l'inconvénient c'est qu'il faut franchir quantité de chicanes, tant bien que mal.

À Jouy se trouve un aqueduc romain du IIème siècle.

L''environnement est toujours vert, mais bruyant car on est toujours dans l'agglomération.

On rejoint en même temps la véloroute et la Moselle. L'itinéraire emprunte principale des digues et circule entre des zones humides et quantité d'étangs qui ici aussi n'ont certainement rien de naturel.


Le niveau de l'eau est haut, le débit est fort, ça bouillonne aux barrages..


C'est tout droit... Sauf quand il faut contourner un obstacle, barrage ou autre. À Noveant-sur-Moselle heureusement que des employés (qui justement posent des panneaux) m'indiquent comment passer derrière la voie ferrée. Un peu plus loin à Arnaville où il faut faire tout un détour; c'est un cycliste qui se trouve là au bon moment. Il engage la conversation. Il s'occupe de CCI (Cyclo camping International) et de l'af3v ( véloroutes et voies vertes) et connait bien Nicole et aussi Éric. Le monde cycliste est petit...

À l'approche de Pont à Mousson apparaissent les premières installations industrielles ou du moins ce qu'il en reste.


Le nom de Pont à Mousson évoque l'industrie. Mais c'est d'abord une ville ancienne, une abbaye, une cathédrale gothique, une belle place triangulaire à arcades malheureusement encombrée par les automobiles.


Sur cette place je trouve un restaurant où ils n'ont plus de plat du jour. Ce sera un croque monsieur. Le principal c'est d'être à l'abri... Car les averses ont commencé à tomber.

À la sortie de la ville, des installations industrielles nettement plus importantes. Il y a l'odeur aussi.

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La suite du trajet n'est pas intéressante. Pour commencer, comme je ne tiens pas compte de panneaux "route barrée" je tombe sur le pont de l'autoroute sous lequel c'est le vide... Retour en arrière, suivent une dizaine de km sur une route départementale très fréquentée, et puis la piste va côtoyer l'autoroute jusque Nancy, ce qui n'est pas vraiment agréable.



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On longe la Meurthe, puis on entre dans Nancy par un canal. Le parc de la Pépinière, que je voulais traverser, est fermé pour intempéries et la place Stanislas est sous la pluie.

Je dois encore traverser tout le centre ville pour me rendre chez Guillaume et Pauline, je suis la première cycliste qu'ils accueillent, et bien. Guillaume travaille dans une fabrique de matériel pour l'industrie pharmaceutique, et Pauline est éducatrice pour autistes. Ils ont fait beaucoup de scoutisme. C'est surtout Guillaume qui a pédalé, en France.

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La météo ne s'est pas trompée, il se met à pleuvoir vers 8h et ça ne va pas s'arrêter, et le vent souffle toujours fortement. Aujourd'hui je vais tricher, je prends le train sur la plus grosse moitié du trajet, c'est à dire jusqu'à Charmes le seul arrêt du TER. Je décolle un peu juste pour le départ de 9h26, hésite plusieurs fois sur le trajet vers la gare et rate le train. Je prendrai le suivant à 10h20, attendant dans un Starbuck Coffee où j'ai l'avantage de voir le vélo de l'autre côté de la vitre depuis ma place. L'établissement est fréquenté quasiment exclusivement par des jeunes se voulant chics ayant les moyens... puisqu'ils acceptent d'y payer tout le double d'ailleurs.

à la sortie de la gare de Charmes, j'avance à grand peine sur le pont, contre le vent, pour me rendre compte qu'il est impossible de prendre la voie cyclable ici, le pont passe par-dessus. Il me faudra parcourir quelques kilomètres sur la route avant de la retrouver.

Comme hier, on longe des digues, des rapides, des plans d'eau, des usines. Il pleut.

à Thaon les Vosges, un bâtiment imposant s'élève au bord de la rivière, "la Rotonde". C'est un patron d'industrie paternaliste qui l'a fait construire. C'est un foyer social avec salles de spectacles et salles de sport. Le bâtiment est toujours utilisé à ces usages.

Ensuite on entre dans l'agglomération d'Epinal, dans les zones artisanales et commerciales. Au pont canal du Golbey les chemins tournicotent je n'arrive pas à trouver ma direction, heureusement un passant me renseigne, il faut que je suive le canal qui passe au-dessus de la Moselle et c'est un joli trajet qui reste rural vraisemblablement pour cause d'inondabilité.

le pont-canal de Golbey 

Au bout c'est l'arrivée au port de plaisance et à la "cité de l'image" où se trouvent deux musées, le "musée de l'image" et "l'imagerie d'Epinal"... Il faut comprendre. L'imagerie d'Epinal est l'ancienne usine Pellerin où les images étaient imprimées, je n'aurai finalement pas assez de temps pour visiter, de toute façon c'est une visite où les explications sont données sur tablettes et casques audio, je n'apprécie pas.

Le musée de l'image comporte un fond permanent où on apprend l'histoire des images imprimées, l'évolution des techniques (gravure sur bois puis lithographie), les lieux de production (Epinal c'était à partir du 19è), les dessinateurs et les imprimeurs. La collection est de 110000 images autant dire qu'il y a de quoi s'occuper. En outre deux expositions s'y déroulent actuellement, l'une sur l'illustration des faits divers notamment sur les journaux vendus à la criée dits "canards", c'est parfois un peu gore. L'autre très jolie sur les jeux de l'oie.

Je me souviens que dans ma jeunesse on trouvait encore de ces petites bandes dessinées, qu'à l'école parfois on recevait une image contre dix bon-points, et que j'aimais ces images-devinettes où il fallait retrouver des personnages cachés dans le dessin.

à la sortie, le soleil s'est-il décidé à apparaître? Oui, par intermittences, car le reste du temps ce sont les giboulées qui se succèdent, averses et grêlons. Je me réfugie dans la basilique dédiée à Saint Maurice qui me plaît bien avec son aspect un peu primitif.

La place de la ville ancienne s'appelle "Place des Vosges". On s'attendrait à quelque chose de plus grandiose, elle est néanmoins charmante et comporte de belles maisons anciennes.

Mes hôtes de ce soir habitent dans une maison en bois au sud de la ville, dans un environnement de collines boisées, on se croirait en Suisse. Eux aussi pédalent en famille depuis que les enfants sont petits, et continuent alors que les plus grands, les garçons, sont ados. La benjamine Bérénice dix ans est fort sympathique. Ils sont invités ce soir, mais l'un des garçons invitent des copains, je ne mange pas vraiment dans la tranquillité mais ne suis pas du tout gênée pour dormir.

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Dehors la pluie tombe à grosses gouttes sur la terrasse. La météo annonçait pluie faible... Pas si faible que ça...

Julie et Aurélien m'ont gentiment proposé de m'emmener dans leur van pour m'avancer un peu. Il m'aurait fallu revenir en arrière jusqu'au pont-canal d'hier pour retrouver la véloroute... couper plus court n'était pas une avance, c'était grimper sur des reliefs élevés jusque 500m. On en a une idée en y passant en voiture. C'est très joli, on se sent dans les Vosges.

Ils me laissent au bord du canal dit canal de l'Est, il n'y a plus qu'à filer vers le sud. Je vais suivre toute la matinée ce canal, large et bien équipé, mais qui n'est plus utilisé que pour la navigation de plaisance. Il emprunte la vallée d'une rivière, le Coney.Il ne passera aucun bateau, aucun cycliste, seulement deux joggeurs et un promeneur de chiens. Il pleut toujours mais pas violemment et sans vent la cape me protège assez efficacement. C'est le calme, la grande solitude, et c'est très beau. La vallée est profonde, les versants boisés, parfois rocheux.



Le canal passe à distance de Bains-les-Bains (La Vôge-les-Bains ?). Le premier village est Fontenoy-le-Château, où le boulanger est sympa mais le cafetier n'a pas encore de café. Il s'y trouve un musée de la broderie, ce qui attire mon attention car mes ancêtres d'Épinal étaient brodeurs.


Toujours le canal, toujours la pluie.

Un panneau et une borne indiquent l'arrivée en Haute Saône, et par là même en France Comté.



Soudain, en travers de la piste, un obstacle : un chêne énorme s'est abattu .

Il suffit de décharger tout et hisser le vélo.. c'est passé !



Je me suis décidée à m'arrêter dans quelque restaurant à Corre, qui me semble un bourg important. Comme souvent, désillusion, c'est plutôt vide. Il y a, quand même un resto ouvert, pas l'air très achalandé. Le patron n'est pas trop aimable. Il m'arnaque sur le prix du canard à l'orange, pas mauvais heureusement. Il ferme et me force à partir dès que j'ai fini de manger, alors qu'il n'est même pas 14h. Mais bon... Il avait au moins le mérite d'être là, ce n'était pas un jour à manger dehors.

À Corre, le Coney a rejoint la Saône qui est aménagée pour la navigation et le canal de l'Est se termine aussi. Maintenant je vais suivre la vallée de la Saône presque jusqu'à Dijon.

On est bien en Franche Comté, ça se reconnaît aux clochers des églises. Ils sont tous ici sur le même modèle. Et aux vaches montbéliardes.

À Corre s'est également terminée la piste cyclable, la véloroute emprunte maintenant des routes départementales, pas excessivement fréquentées, mais ce n'est plus tout plat Jusque Jussey la route qui longe une forêt n'arrête pas de monter et descendre.

Les exploitations de bois de chauffage sont nombreuses. Ce n'est pas toujours aussi bien fait que sur la photo.

exploitations en forêt / église de Jussey 

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C'est la fin des reliefs. La Saône et d'autres cours d'eau, la Lanterne par exemple, font des méandres dans la plaine. Et comme il a beaucoup plu... ça commence à être inondé de partout.


Mon hébergement de ce soir est situé dans un village appelé Conflandey. Je prends une route pas trop fréquentée, mais la petite route sur laquelle je dois obliquer sous un pont de chemin de fer est barrée... Comme sous le pont s'étend déjà une grande mare d'eau je n'insiste pas...

Le problème c'est que la route suivante mène à une usine puis un château... Mais plus loin pas de pont ! Seulement une passerelle pour piétons où il faut monter par un escalier... Pour la deuxième fois de la journée, démontage et remontage..


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Maintenant une grimpette conduit à l'église, non loin de laquelle se trouve la grande maison ancienne où habite Augustin, le cycliste, mais aussi ses parents Geneviève et Jean Philippe, et son frère Gaspard plus une locataire. Gaspard est plutôt auto-stoppeur. Il a fait un gâteau à la caroube qui a l'aspect voire le goût d'un gâteau au chocolat. Avant on a mangé de la soupe et des œufs de canard de leur élevage. C'était très bon.



L'église de Conflandey... Toujours le même clocher !
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Il ne pleut pas mais c'est encore loin d'être le beau temps, il fait gris et froid.

Augustin m'a appris que la piste au bord de la Saône a été aménagée, et que je peux tout à fait la prendre pour aller jusque Pont-sur-Saône, même si elle n'est pas encore officiellement ouverte. Il va encore falloir franchir la passerelle, mais dans ce sens ça sera plus facile car je pourrai utiliser le plan incliné qui est du côté droit de l'escalier et je monterai en n'enlevant que les sacoches de devant. Par contre, ce qu'il ne m'avait pas dit, c'est qu'un peu plus loin des plots barrent la piste. Et avec mon barda j'ai du mal à les contourner.

Mais c'est très beau, la piste se serre entre une côte boisée et la rivière, dont le niveau n'est pas beaucoup en-dessous, j'ai un peu la trouille car si c'était inondé je ne serais pas prévenue puisque je ne suis pas censée être là.

Après avoir passé sous un viaduc de l'autoroute je monte raide pour rejoindre la route de Port-sur-Saône.


Après un bout de route pour traverser ce village, on retrouve la voie cyclable. Et ça continue dans un environnement agricole moins sauvage. On longe alternativement la rivière et des canaux construits pour faciliter la navigation.

Scay sur Saône sur un promontoire montre son église et son château.

Plus loin le canal passe dans un tunnel (tunnel de Saint Albin). Et la route grimpe par la même occasion.


C'est toujours bien inondé. Le niveau de l'eau est bien souvent très proche de celui de la piste.


Les méandres dont le cours a varié au cours des ans, ont formé de grands espaces plats limités par des coteaux abrupts qui sont boisés.


On grimpe pour arriver au niveau de cette petite centrale environnée d'eau tumultueuse


C'est à l'entrée de Ray sur Saône où je m'arrête pour casser la croûte, dehors, face à la Saône. Le ciel est encore couvert , mais moins gris. Je prends un café dans le resto local, à la sortie, un rayon de soleil fait bien plaisir.

Toujours de l'eau partout... Et puis voilà, cela devait arriver... Le chemin est inondé aussi. Ce n'est pas que ce genre d'exercice me passionne, je traverse sans faiblir. 20, 30cm? Pas le temps de regarder.


C'est pas fini, autre obstacle un peu plus loin, des bois tombés en travers !


À Savoureux se trouve une grande halte nautique, j'y vais pour me réapprovisionner en eau. Ensuite le chemin longe un canal qui coupe la Saône, mais qui va encore disparaitre dans un tunnel . En vélo on passe au-dessus. Raidillons...


Heureusement que le chemin de halage est maintenant goudronné...

Retour en bord de Saône. Quand il faut changer de rive en passant sur un pont je fais la rencontre d'un cyclovoyageur au long cours, un jeune anglais qui va en Turquie . Il vient aujourd'hui de Dijon.

Et ça continue tranquillement vers Gray

Je ne vois pas grand chose de la ville, excepté l'église sur la hauteur, et ne prends pas une seule photo, me contentant d'acheter des fruits à l'Intermarché car c'est le seul commerce avec Lidl, et puis comme je suis sur ma route et qu'il est déjà tard, je continue.

Les bords de Saône sont dès le départ propices au bivouac, avec de larges bandes enherbées mais les passants sont nombreux et l'environnement manque de calme, avec la route de l'autre côté et surtout une usine horriblement bruyante.

Bien m'en prend, au bout je trouve une aire de repos très accueillante, un banc et un bel espace herbeux avec vue magnifique sur la Saône.

Le parking de voitures à côté c'est moins bien, mais à cette heure...

J'assiste au coucher du soleil, qui disparaît à 20h pile. La nuit c'est clair de lune, elle est presque pleine.

Ma tranquillité est juste un peu dérangée par une voiture qui arrive, stationne un moment, puis repart.


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Duvet+ couverture+ pull+doudoune, j'ai eu bien chaud la nuit, ce n'est qu'au matin que c'est devenu frisquet avec le matelas dégonflé.

La tente n'est ni mouillée ni gelée néanmoins la température ne doit pas beaucoup dépasser zéro. Je reste dans le duvet pour le petit déj mais j'ai froid aux mains. L'eau met très très longtemps à bouillir. Ça me retardera, départ 8h50.

Un pêcheur est arrivé, il n'a même pas de gants.

Le soleil brille dès le matin, le ciel est bleu, l'eau est bleue, quelle merveille !

Changement de rive à un barrage

En fait après ce barrage on prend une petite route qui mène à Essertene et Cessay un village pavillonnaire. Et on change de département et de région, entrant dans la Côte d'or et la Bourgogne


Après ce bourg c'est toujours"itinéraire partagé", sur des routes départementales plutôt calmes. Un paysage très différent à travers ces champs peu vallonnés

C'est le premier champ de colza en fleurs que je vois. À l'approche de Talmay.

D'après le clocher on n'est plus en Franche Comté

Je vais même suivre la départementale un peu plus, jusque Pontailler-sur-Saône. On traverse aussi quelques bois où les feuilles poussent et où les merisiers sont en fleurs.

Après Pontailler je rejoins les berges de la Saône. Ce sera la dernière fois.


La véloroute est nommée "voie bleue". Aujourd'hui enfin cette dénomination se justifie!

Ces petits panneaux avec des chiffres indiquent sans doute la distance jusqu'au confluent avec le Rhône à Lyon . Il marque 248... Encore un bon bout.

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Et voilà le pont de Lamarche sur Saône. Adieu, belle rivière !


Un petit café à Lamarche non loin de son église à deux clochers. Grande église pour un petit village.

La suite du trajet, ce sera "dans les terres" avec un peu plus de relief, surtout dans les forêts

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À la sortie la vue s'élargit et des monts boisés apparaissent devant.




Le Morvan?

Il fait beau mais pas si chaud. Le vent souffle du nord est. Je l'ai le plus souvent dans le dos mais ne trouve pas trop d'endroit abrité où je pourrais casser la croûte. Ce sera dans un village, à Remilly sur Tille, dans un carré de pelouse près du monument aux morts. Au village suivant, Arc sur Tille, je ne trouve pas de café. Ce ne sont que des lotissements. C'est déjà la banlieue de Dijon, et le trajet va être beaucoup moins intéressant.

À l'entrée de la ville et même à l'intérieur il est possible de circuler presque toujours sur des pistes cyclables. Le problème c'est qu'elles sont sur les trottoirs, et souvent à double sens. En outre elles passent fréquemment d'un côté de la route à l'autre.

Je me dirige vers la gare et n'y arrive pas si tôt. Le temps de prendre un billet et le café que je n'ai pas pu prendre avant. Le train pour Nevers est sur la première voie côté gare, et on y rentre à ras de quai, tout va bien !

À Nevers je vais loger à "l'espace Bernadette", dans l'ancien couvent, par curiosité. C'est plutôt cher, 43 euros pour une cellule de nonne, certes tout à fait confortable, mais d'où on entend le voisin ronfler.

Bernadette Soubirous, celle qui a eu les visions à Lourdes, a vécu et est morte à 35 ans dans ce couvent. Son corps est exposé dans une chapelle à côté. Je n'ai aucune envie de lui faire une visite.

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Le petit déjeuner, qui est inclus dans le prix, est à la française amélioré, c'est à dire qu'il y a du jus d'orange, des corn flakes et des yaourts, mais pas de fromage ni de jambon.

Je vais chercher mon vélo dans le garage à vélos à l'autre bout de la cour, attache les bagages, et puis, par l'extérieur, je cherche l'accueil pour rendre ma clef. L'occasion de me perdre et de visiter un peu. C'est un vaste enclos, qui domine la ville.

Départ 9h, traversée de Nevers et du pont sur la Loire

Je ne réfléchis pas trop et prends la grand-route pour rejoindre le canal latéral à la Loire où circule... l'eurovélo 6, que j'ai déjà parcourue bien sûr, c'est celle qui va de Nantes à la Mer Noire. Le canal à cet endroit fait des virages et est tranquille et charmant, surtout par ce temps printanier. Une odeur de bonheur flotte dans l'air.

à Gimouille je suis la carte de très près car à chaque fois que j'y passe je me perds. Je comprends pourquoi, il y a vraiment des carences dans la signalisation.

Ce qu'il ne faut surtout pas manquer, c'est le magnifique pont-canal du Guétin, au-dessus de l'Allier.

Dans la rue étroite du Guétin, coincée sous la nationale, je vais prendre un café, et puis je continue un peu l'EV6 pour rejoindre un autre site fameux, le bec d'Allier, c'est à dire le confluent de la Loire et de l'Allier, et c'est aussi le kilomètre zéro de la Loire à vélo. En 2014, je l'avais commencée là.

La confluence en elle même n'est pas très visible de ce point bas.

La partie tourisme n'est pas terminée, que de beaux sites à admirer par ici! J'y suis passée maintes fois mais ça ne diminue pas le plaisir, et aujourd'hui les conditions sont vraiment favorables. Je prends mon temps.

Après le lieu dit "La Grenouille", dont j'ai fréquenté souventes fois le restaurant, une piste cyclable emprunte la digue entre l'Allier et un petit canal, la rigole d'Apremont. Coup d’œil au passage à la ferme et au château du Veuillin.

à quoi sert cette "rigole"? C'est à dire ce petit canal. On en aura l'explication à l'écluse des Lorrains (rien à voir avec les gens de l'est, c'est une déformation de Laurins). Cet ouvrage est étonnant.

C'est un tourniquet qui permettait aux bateaux de quitter l'Allier, juste avant ce grand barrage, en faisant demi-tour pour emprunter la rigole qui rejoint le canal latéral à la Loire, et naviguer ensuite encore bien loin, jusqu'à l'Atlantique ou bien jusqu'au Rhin. On observera aussi la grande maison éclusière.

Il ne reste plus qu'à faire un petit tour dans le village d'Apremont, classé "plus beau village de France". Il est remarquable par son site au bord de l'Allier, sous un grand château, et par son unité architecturale. Rien ne dépare. En réalité je n'apprécie pas trop ce genre d'endroit, c'est trop bien léché, artificiel.

Le parc du château, artistiquement aménagé, avec pavillons pagodes et arbres taillés à la japonaise, se visite, apparemment c'est ouvert.

Le château,le village, une immense forêt autour, étaient la propriété de Schneider (prononcé localement Chnèdre), industriel du Creusot.

Il était aussi propriétaire d'une immense forêt, quelque peu divisée depuis. Je ne lui trouve pas très bel aspect, on ne voit plus beaucoup de gros arbres, et on observe beaucoup de branches mortes dans les cimes.

à la sortie de la forêt, la Chapelle Hugon possède une belle église romane.

Au delà s'étend la vallée de Germigny, autrefois riche région d'élevage.

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Voici d'ailleurs le magnifique clocher de Germigny. Il a quelque chose d'italien.

J'ai bivouaqué dans ce village il y a six ans, première étape vers la Mer Noire et gel au réveil. J'ai l'intention de casser la croûte à cet endroit... mais une dame passe la tondeuse dans le jardin voisin. Près de l'église c'est par contre très calme.

On perçoit bien le passage de la vallée de Germigny. Conformément au relief du Bassin Parisien, il y a une côte à franchir. Et ça monte.

à la sortie d'Ourouer les Bourdelins, après avoir pris un café "chez Martine", je retrouve la Champagne Berrichonne et ses grandes cultures. Ici aussi les colzas commencent à fleurir. C'est un plateau quand même un peu ondulé.

La route, je la connais fort bien, c'est la départementale 15, qui a l'avantage d'être directe mais pas trop fréquentée. Elle longe le polygone de tir, zone militaire interdite que l'on peut éventuellement traverser s'il n'y a pas de tirs, mais aujourd'hui je vais tout droit et n'ai pas besoin de m'en préoccuper. La zone est en partie couverte par des boisements dont une large bande a été défrichée en bordure de route (sécurité militaire?), dommage car la protection contre le vent est moins efficace. En effet celui-ci souffle du nord-ouest, de ce fait il est un peu gênant. C'est peut-être ce qui me fait trouver les côtes dures, alors qu'en majorité elles ne sont pas très raides.

Un cycliste en vélo de route me rejoint et taille la bavette. C'est bien sympathique, ça fait plaisir de discuter un peu, ça fait passer le temps, et, même si lui ralentit lui considérablement son allure, ça me force à ne pas traîner. Il fait ses 80km tous les après-midi et ne porte pas non plus de casque.

Je continue sans interruption, sans m'arrêter dans aucun des villages accueillants qui jalonnent le parcours. On y trouve des églises romanes, quelques châteaux, des bancs et des abribus.

Arrivée dans la bonne ville de Bourges vers 18h. Fin du voyage!