Il a plu à peu près toute la nuit. Mais le matin c'est calmé, c'est quand même mieux pour démonter. Départ exceptionnellement tôt, avant 8h. Je n'ai pas mis mes gants et j'ai froid en descendant de la forêt. La frontière se manifeste par un panneau indiquant les limites de vitesses (erronnées, 90 au lieu de 80) et un vieux bureau des douanes.
La ville de Fumay se serre au fond de la vallée. Je ne m'y arrête pas afin de rejoindre au plus tôt la voie cyclable qui longe la Meuse.
Eh oui, le ciel est bleu, et le soleil brille et même parfois éblouit. La voie cyclable manque de panneaux indicateurs mais elle est asphaltée, très lisse et quand on est dessus on ne peut pas se tromper. Elle traverse le fleuve de façon un peu compliquée, sur un pont de chemin de fer puis une étroite passerelle. On va longer la voie un moment, elle occulte la Meuse, mais pas les hauteurs boisées qui l'environnent, qui sont de couleur hivernale, gris-brun.
Revin, qui aurait du être mon étape d'hier, n'est qu'à une dizaine de kilomètres. C'est une ville industrielle et ouvrière. Pour preuve, le PCF a encore pignon sur rue. Là je me prends une galette au sucre, spécialité ardennaise, et un café, au PMU toujours.
le PCF et la mairie Un client du café, plus un cycliste de passage, m'expliquent comment rejoindre la véloroute de la Meuse, après un bout de route, pour éviter de passer dans un tunnel. Et après, c'est facile. Maintenant on roule à ras du fleuve, dont le niveau paraît haut et le débit fort. De navigation point, mais partout des traces d'activité industrieuse, des barrages avec rapides, des moulins, des usines.
La route se poursuit, tranquille. Hauteurs boisées toujours, avec des rochers sur les versants et parfois au sur les crêtes. Des ponts, quelques clochers de villages
Le premier village d'importance est Monthermé, où les maisons sont construites à ras le fleuve. Je m'arrête sur une aire de pique-nique où avec le vent mes toiles de tente vont sécher très vite.
On croise quelques passants, et comme oiseaux surtout des (oies) bernaches du Canada. Plus quelques bergeronnettes et merles.
Le grand ciel bleu de ce matin s'est couvert de nuages, ceux-ci sont de plus en plus gris. Le vent souffle plus fort et gêne parfois, car la direction varie avec les méandres. à l'approche de Charleville uelques gouttes tombent... mais soudain ce n'est plus quelques gouttes, mais une terrible averse. Je me précipite sous un pont où s'abrite un autre cycliste à l'accent étranger. Je ne comprends pas tout de suite que c'est un cyclovoyageur. Un Hollandais suivant la Meuse depuis Maastricht où il habite. J'ai oublié de dire que ce n'était pas le premier de la journée, ce matin j'ai croisé un groupe de trois assez âgés et trois jeunes équipés léger ("bikepacking").
Sous ce pont je me rends compte que c'est l'entrée de Charleville, et qu'il faut monter dessus puis suivre une avenue passante qui se dirige vers le centre ville.
Je fonce vers le musée Rimbaud, qui n'est pas installé dans sa maison natale, mais dans un gros bâtiment au-dessus de l'eau, un moulin ancien.
Je suis d'autant moins enthousiasmée par ce musée que je m'y trouve en même temps qu'un groupe dont la guide est particulièrement désagréable.Mais il permet quand même d'avoir une vision de la vie de Rimbaud, son mère absent, sa mère catho, son adolescence fugueuse, ses voyages, ses amitiés, ses histoires avec Verlaine. Des portraits, des tableaux et des manuscrits. Le musée est assez bien documenté sur sa vie en Abyssinie (Harare, après un séjour à Aden) sa maladie, son retour et sa mort à Marseille.
des objets lui appartenant et sa bibliothèque, très technique, la poésie ne l'intéressait plus à la sortie, c'est averse sur averse, et même il tonne. Il me reste 15 minutes pour visiter la maison d'enfance appelée je ne sais pourquoi "maison des ailleurs".
C'est une très grande maison bourgeoise à trois étages, complètement vide, on y présente des installations diverses, montages sonores ou lumineux, que je trouve absolument sans intérêt. Les pièces vides ont leur charme, maisle tout ne donne guère idée de l'atmosphère dans laquelle vivaient Arthur, sa mère et ses trois frère et sœurs.
Dehors les déluges ont repris de plus belle. On peut quand même admirer la fameuse place ducale, ses arcades sont les bienvenues pour s'abriter.
Je vais voir sous des trombes d'eau l'église dont les clochers me plaisaient de loin, mais elle est plutôt moche.Je retourne m'abriter. Je pensais continuer ma route car après avoir écris à tous les cyclistes du réseau "warmshowers" de la ville je n'ai pas trouvé d'hébergement. L'heure est déjà tardive, 18h passées, et il tombe toujours des cordes... Je me décide à téléphoner à un hôtel, le premier dont je trouve le numéro sur l'annuaire. On me propose une chambre à 47 euros (à l'office du tourisme on m'avait dit 60 minimum), la réceptionniste est très gentille, mon vélo est installé dans des toilettes, la chambre est confortable. Je ne regrette pas trop la tente.
Au passage la statue du fondateur de la ville, Charles de Gonzague (au 17ème)