Carnet de voyage

Rando alpine 2023

30 étapes
41 commentaires
Je repars dans les Alpes pour suivre quelques étapes de la Via Alpina rouge où je ne suis pas passée, et termine en complétant le Tour du Mont Blanc dont j'avais fait quelques étapes en 2016 (GR5)
Du 18 août au 16 septembre 2023
30 jours
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Le projet de rando :

Au sud de Ceillac dans le Queyras, j'ai parcouru à peu près intégralement les étapes de la via Alpina de là à Monaco. Comme d'habitude je vais marcher globalement du sud vers le nord, pour être le moins possible gênée par le soleil. Et donc commencer la rando à Ceillac, que je rejoins en train régional de Pontcharra sur Breda (73) à Guillestre-Mont-Dauphin (05) en changeant à Grenoble et Veynes.

À Guillestre il me faut attendre plus d'une heure la navette vers Ceillac. Là-bas j'arriverai trop tard pour faire des courses. Près de la gare je ne trouve qu'une boulangerie et une fromagerie... Mais à vrai dire c'est le principal. La ville est dominée par l'immense fort de Mont Dauphin est située au bord de la Durance, à environ 1000m d'altitude. Il y fait encore très chaud.

Je ne me rendais pas compte du dénivelé et ne m'attendais pas à une route aussi escarpée pour atteindre Ceillac. Dans un paysage rocheux et aride la route grimpe en lacets au-dessus de gorges profondes, passant plusieurs tunnels. Ce n'est qu'en arrivant que la vue s'élargit sur le plateau. C'est un gros village très touristique. Le minibus me dépose à côté de l'église.


Celle-ci est ornée d'un cadran solaire comme il y en a tant dans le Queyras.

Les vieilles maisons et les vieilles portes sont pittoresques, mais je ne m'attarde pas car j'ai décidé de commencer à monter dès ce soir, après avoir rempli mes gourdes à la fontaine.

Je me dirige vers une église isolée, de style roman et au clocher pointu, très différente de l'église du village.


Église Sainte Cécile

De là on a la vue sur le village environné de montagnes.

Je suis l'étape 132 de la Via Alpina rouge qui se confond pour l'instant avec le GR 58, tour du Queyras. Le sentier se dirige vers une combe boisée de pins au-dessus de laquelle pointent des rocs ruiniformes. Un sentier en lacets raides, que je n'aimerais pas descendre, monte sur le flanc de la combe. Il mène à un replat dit les Aiguillettes. Je l'avais repéré sur la carte et la conductrice du bus m'en a parlé.


Ce n'est pas si plat que ça. Près d'une cabane la vue est belle mais la cabane est écroulée et sinistre, je préfère m'installer sous des arbres en limite de la forêt. J'arrive à monter la tente quand il fait encore un peu jour, mais je mange dans le noir (purée en sachet à la tombe de chèvre et yaourt de brebis).



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Toujours très chaud


Au réveil il fait froid et je ne saute pas immédiatement du duvet comme je devrais. Après un petit déjeuner de bon pain et bonne tome, je pars juste avant 8h, au moment où le soleil se pointe. Non loin de moi au milieu du replat herbeux deux grandes tentes oranges sont plantées. S'ils sont venus après moi ils ont été discrets.

Le sentier monte beaucoup plus tranquillement qu'hier, dans l'herbe jaune ou sous des pins à crochets et quelques mélèzes. Je croise plusieurs randonneurs, ils ont bivouaqué au col.


Le panneau indique Aiguillette 2015m

Le col, je le vois en face de moi, mais il me semble bien proche... Les monts voisins sont illuminés par le soleil


Pas de mauvaise surprise, le col de Bramousse est bien là. 2250m. Par contre la vue n'est guère étendue. Un monsieur qui est là se dirige vers le "col fromage" pour en voir plus . Moi je suis loin d'être arrivée...

Col de Bramousse, le premier !

Eh bien maintenant il faut descendre, de 1100m. La pente est assez boisée mais abritée du vent, en descendant il ne fait pas trop trop chaud par contre les gens qui montent souffrent déjà. Ce qui est désagréable c'est les mouches qui me persécutent.


Aux "Chalets de Bramousse" coulent deux fontaines. Quel luxe !

Le sentier longe ou traverse la piste qui mène au village de Bramousse.

À l'entrée du village un panneau "Boissons fraîches Glaces". C'est un gîte d'étape. Ça tombe bien, déjà 800m de descente pour un premier jour, mes jambes flageolent. Je mange un fromage blanc au coulis de framboise, bois un café, mets mes guêtres car j'ai des brindilles dans les chaussures. Ce serait agréable de se reposer à l'ombre, s'il n'y avait pas les mouches. Chose curieuse, elles finissent par s'en aller. J'ai mis de la crème solaire, est ce que ça a un rapport ?

Une dame qui arrive au gîte me salue comme une connaissance... C'est la conductrice du bus d'hier!


Après le village (1400m) la descente continue et devient même plus raide car il va falloir franchir une vallée profonde. Le sentier traverse un deuxième hameau, doté lui aussi d'une chapelle.


Je croise une famille sympathique père mère fille. Ils me signalent des framboises et m'en donnent quatre. Ils me disent que la pente est très raide de l'autre côté, ça va être dur.

Point de pont suspendu, il va falloir descendre au fond des gorges jusqu'à la rivière et la route, ce qui ne se passe pas trop mal. En face l'autre versant est un à-pic rocheux, très effrayant...

Il y a quand même un passage, dans un boisement bas dispensant une ombre irrégulière, et en effet, c'est raide, très poudreux, et je préfère ne pas trop regarder en dessous. Un village est indiqué à moins d'une heure, je mets bien plus et suis même obligée de faire une pause à mi-pente. Le fromage blanc me pèse sur l'estomac. Je dois avoir l'air épuisée, deux jeunes gens qui descendent s'inquiètent pour moi.

Mais la pause m'a fait du bien, d'ailleurs c'est moins raide après et ça se civilise, le chemin est plus large et bordé de murets. En fait deux villages se succèdent, les Esponces, où coule une fontaine et où le linge est étendu partout, et puis les Escoyères, qui a deux églises, Saint Roch et Saint Romuald.

Devant l'église Saint Roch se trouve un banc à l'ombre d'un frêne. J'y élis domicile pour la pause de midi (il est plus de 13h). Un petit vent souffle. En face on voit Bramousse et la descente depuis le col parcourue ce matin.

Pour la sieste c'est moins bien car le soleil monte. Un peu plus haut près de la fontaine se trouve une table et des bancs mais il y fait moins frais.

Il faut bien repartir mais en début d'après midi, la montée raide, parfois en plein soleil, et la chaleur, c'est dur, je fais de nombreuses pauses. À l'approche du soir et avec l'altitude, ça va mieux. Et le panorama est superbe.

Vue sur un pic lointain (Chambeyron?,) et sur la pente de Chamousse

Néanmoins, la pente raide et rocheuse vers le col de la Lauze est dure, et continue après, ce qui ne ressemble vraiment pas à un col.

Ce n'est qu'ensuite qu'on atteint un plateau incliné d'herbe jaunie, et qu'on voit le refuge qui n'est plus qu'à une demi-heure. Les vues sur les chaînes montagneuses sont splendides.


De loin le refuge a l'air vide. De près, l'aire de bivouac est bien remplie, et la terrasse grouille de monde. Je peux prendre le dîner, j'arrive juste à temps, il est 18h50, le repas est à 19h, je monterai la tente après.

C'est un repas sans viande, je ne m'en plains pas. Très bonne soupe de légumes, et un plat de lentilles corail aux légumes et très bien épicé, excellent, j'aurais dû en prendre plus car je garde pour la route le gâteau du dessert. Mes voisins de table sont montés d'Eygliers où je vais demain, avec un petit chien. Ils font un peu bourge mais campent aussi. Pendant ce temps je mets mon portable à recharger, bonne affaire.

J'avais hésité à planter la tente après le refuge, sur mon chemin pour demain, finalement je m'installe au bout de l'aire de bivouac. Pas sûr que c'était une bonne idée car il y en a qui font la fête devant le refuge jusqu'à une heure avancée.


L'étape du jour (GR58, Via Alpina R132)


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Toujours beau et très chaud

Réveil à l'aube, à 6h il fait à peine jour. Pas un nuage et pas de vent. Départ 7h30 après avoir récupéré le panier pique nique.

J'avais repéré sur la carte que le sentier , avant de plonger dans la vallée, se maintenait en altitude au début du parcours. Je m'en réjouissais. C'est beau en effet, sous des monts rocheux, un plateau ondulé, couleur rousse, parsemé de chalets de bois plus loin, des chaînes bleutées à contre jour..

Mais la marche n'est pas si agréable que ça, il fait déjà chaud, le soleil cogne, pas un souffle de vent, et les mouches tournent autour de moi.

Le sentier va même remonter pour passer un col, le Col Granier. Un peu avant je suis doublée par un jeune couple. Ils ont campé au lac des Lauzes, pas bien loin. Je m'étonne qu'ils soient si peu chargés.. ils ont leur voiture là bas. Je comprends pourquoi il y avait qui n'étaient pas trop fatigués au refuge...

Je rejoins les deux jeunes au col, alors on fait un échange de prises de vue.

Le dispositif anti-mouches n'est malheureusement pas très efficace. Un peu avant je m'étais arrêtée sur un petit promontoire à la dernière ombre et mis de la crème solaire... Ça n'a servi à rien.

Je n'ai pas rencontré des patous, seulement un berger et une bergère qui m'ont demandé si j'avais vu le troupeau. Pas aperçu un animal à part des marmottes. La descente reprend dans l'herbe sèche.

Et puis on retrouve les arbres, un peu d'ombre, et un peu de vent. Les mouches m'importunent encore. La source repérée sur la carte est bien là, et dispense de l'eau fraîche à gros débit. L'occasion de faire une pause.


Pendant ce temps-là, je suis doublée par un trio, un gars et deux filles qui étaient au refuge.

Juste après je me fais une petite frayeur à un passage de ruisseau très raviné. Ça passe bien sûr. Plus bas on traverse sur un pont un ruisseau plus important. Le trio est arrêté là mais vraiment il n'y a pas assez d'eau pour faire trempette, et c'est en plein soleil.

Peu après commence la deuxième "remontée", elle prend la pente en écharpe, pas trop raide, à l'ombre des pins sous de beaux rochers, un épisode plutôt agréable. Des Vttistes (sans moteur) me doublent, s'arrêtent, me redoublent. C'est en effet un itinéraire "Mountain Bike". Brrr...

En plus les mouches se sont calmées. Pas la chaleur mais il y a toujours un peu d'ombre. La descente se poursuit sur des sentiers en lacets dans les pins, au-dessus de gorges (la Valette, la rivière croisée tout à l'heure, inaccessible à la baignade !) et puis on rejoint une piste. Très ensoleillée hélas.

Je pensais rejoindre le village de Cors indiqué à 15 minutes, mais j'avise un espace à l'ombre sous des pins à un endroit particulièrement venteux. Je vais m'arrêter là un moment, dévorant la quasi totalité du pique nique pris au refuge : paquet de chips, ma boîte remplie d'un pseudo taboulé et un bout de chocolat. Et fais une petite sieste, jusqu'à ce que le soleil finisse par chauffer à travers les arbres.

La suite de l'étape, elle est facile mais quelque peu fastidieuse. Elle serait peut être agréable par temps frais en fin de journée . Mais là c'est en plein soleil et à partir de Cors ce n'est plus une piste, mais une route goudronnée sous une pente rocheuse, à peu près sans ombre. Heureusement qu'il y a un peu de vent. Et un banc fort bienvenu, à l'ombre, où je me reconstitue un peu, au-dessus de la vallée et l'agglomération de Guillestre.


Sur la fin du trajet apparaissent les impressionnants sommets du massif des Écrins.

Heureusement que la descente est rapide, j'ai l'impression de cuire à petit feu. Enfin voilà Eygliers dominée par son église au clocher pointu. C'est là que je me dirige, pleine d'espoir... Elle est ouverte ! Je m'assieds sur un banc sous une vierge qui me regarde avec bienveillance et je me mets à suer toute l'eau de mon corps, plus qu'au sauna. c'est impressionnant.

Je me mets à la recherche de la fontaine, en bas du village, puis me fais un café. J'engage la conversation avec un automobiliste de passage qui s'assied à côté de moi. Il ne veut pas partager mon café mais me donne deux gaufres au miel. On parle de Saint Antoine patron de l'église mais nous découvrirons qu'il ne s'agit pas de Saint Antoine de Padoue mais de Saint Antoine du Désert qui vivait en Égypte.

Retour dans l'église pour la visiter, tout à l'heure j'avais mes lunettes de soleil et ne voyais rien. Malgré son clocher roman, elle est de la fin du 15e siècle . C'est le style "roman lombard", un roman très tardif.


Il fait un peu plus frais, de gros nuages s'accumulent mais il n'est pas prévu d'orage, je me dirige vers la citadelle de Mont Dauphin, encore une qui a été construite sur les plans de Vauban.


C'est comme une petite ville à l'intérieur, rues au carré. Je m'assieds à une terrasse de la rue principale pour boire un Perrier.. et recharger mon téléphone

Je ne repars qu'à 19h avec l'idée de traverser la vallée et remonter de l'autre côté. Je prends de l'eau à la fontaine et finis de traverser le fort qui est vraiment immense. Je ne me presse pas.

À la sortie, surprise. D'abord une belle descente, je suis loin d'avoir atteint le fond de la vallée. Et puis je me trouve sous une haute falaise. Au loin on aperçoit les Écrins.


La route descend en lacets vers une rivière qui n'est pas encore la Durance, mais le Guil. Il devient évident que vu l'heure, 20h environ, je ne peux plus aller bien loin. M'installer en bord de rivière ? Pourquoi pas, mais ici c'est plutôt dépotoir.

Finalement je m'installe dans zone dégagée et plane entre des boisements . C'est l'altitude quasiment la plus basse (moins de 900m), il y fait chaud et en plus il y a des moustiques. Je monte la tente sans le double toit et me fais une bonne polenta au fromage de pays... à la lumière de la frontale. Il était vraiment temps de s'arrêter !

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Via Alpina R131


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Toujours très chaud

J'ai quand même dû me mettre dans mon duvet dans la nuit. Mais le matin, il fait doux. Je mange des flocons d'avoine pour économiser le pain.


Départ 7h35. Je longe la voie de chemin de fer et suis à deux pas de la Durance.


Après le pont , une curiosité est annoncée, la fontaine pétrifiante de Réotier. Ça tombe bien, le GR y passe.

Ma fois même s'il n'y passait pas ça vaudrait un détour.

J'ai goûté l'eau, elle a un goût très bizarre. Elle est juste "surchargée en bicarbonate de calcium"

L'explication du phénomène n'est pas très simple. Une faille, des eaux qui remontent en surface et se chargent en minéraux, et en bicarbonate de calcium qui libère du gaz carbonique et entraîne une précipitation du calcite. Celle-ci se mélange aux matériaux organiques et minéraux qui se trouvent "pétrifiés".

De là on surplombe la vallée de la Durance

Mais c'est après que ça se met vraiment à grimper. On se rend tout de suite compte que la géologie a changé. C'est un coteau calcaire avec toutes les plantes qui vont avec, viorne, cornouiller, dompte venin, camérisier, et les pins noirs à la place des sylvestres. À à peine 9h il fait déjà chaud... Heureusement le vent souffle déjà.

J'ai quitté le GR541 qui est un chemin de Compostelle, je ne suis plus que sur la via Alpina qui comme d'habitude n'est indiquée que de manière très confidentielle, j'ai intérêt à bien suivre le tracé sur mon portable. Et ça ne rate pas, je me trouve sur un chemin à peine tracé dans une friche herbeuse. Mais ne me perds pas.

Un petit détour me fait passer à l'église Saint Michel de Réotier. Bien sûr elle est fermée. Pas de fontaine mais un robinet d'eau potable. À côté un prunier croule sous les fruits. Le propriétaire veut bien m'en donner mais il y en a très peu qui sont mûres.


Derrière l'église la montée continue, par des sentiers ou des petites routes. Le vent du matin rafraîchit encore, et les vues sont belles sur les montagnes et les vallées.

Certains chemins sont ombragés, comme celui qui monte au hameau nommé Mikéou.


Les deux fontaines sont au soleil, mais l'eau est bien fraîche. Altitude 1500m, petite pause à l'ombre avant de reprendre l'ascension... À vrai dire celle-ci ne sera pas longue, l'altitude maximale de la journée ne sera que 1592m. Je ne sais d'ailleurs pas trop où ce point se situe, ça monte et redescend à plusieurs reprises, d'abord dans une zone campagnarde, prés et hameaux, puis dans des bois arides et rocheux. On traverse même des éboulis. Et la température monte.

Le paysage ne se voit que très épisodiquement à travers les arbres: la vallée, toujours, et les monts du Queyras entamés de gorges profondes.

Je fais la pause au bord du chemin à l'ombre. Il passe une randonneuse, une jeune Allemande sur la Via Alpina, qu'elle fait en entier, elle est partie de Trieste. Elle me dit qu'elle a eu un temps de chien en Suisse, et même une tempête de neige. Il passera aussi 3 VTT.

Peu après la vue va être dégagée... La pente est rocheuse et dénudée, le chemin un peu accidenté. L'étape n'est pas qu'une promenade campagnarde comme j'imaginais...


Par contre, mais là je m'y attendais, elle est un peu douloureuse, surtout dans les descentes, à cause des courbatures, que ce soit sur les routes ou dans les raidillons. Bientôt les villages vont se succéder, avec leurs fontaines, comme au Ponteil, qui m'occasionnent à chaque fois une pause.

Champcella est un gros village composé de plusieurs hameaux. À l'église le panneau solaire indique 2h de l'après-midi et les cloches 3h et demie. Toutes les fontaines sauf une signalent "eau non potable". Elle ne doit pourtant pas être moins bonne que celle des autres villages. La suite du trajet c'est une route goudronnée, heureusement assez ombragée. Je passe devant une auberge et évidemment je m'arrête un moment. En repartant je suis la route encore un moment, sans voir le gouffre de Coufouran tout proche. Mais du côté de Palon de hautes falaises surplombent la route.

Puis c'est un chemin parallèle, qui passe à proximité d'un camping qui aurait l'air pas mal, puis suit la rivière jusque Fressinières où je pense manger au resto puisque je n'ai plus grand chose, notamment plus de pain. Des gens sont au bord de l'eau. Je m'en veux, j'aurais mieux fait de me baigner que d'aller au bistrot.

J'arrive au village par la rivière pour repérer d'éventuelles places de bivouac. Je tombe devant la mairie et, plus intéressant, un petit magasin où ils vendent... Des choses à manger, et notamment du pain ! J'achète aussi du saucisson des œufs durs une banane et un pain d'épices... Voilà de quoi marcher sans mourir de faim, et le repas au restaurant n'est plus indispensable. Je jette quand même un coup d'œil à l'auberge locale. Elle est vantée par le guide du routard mais le menu n'est pas affiché et les tables sont à l'intérieur ça ne me dit rien de passer une heure là dedans.

Je serai bien mieux au bord de l'eau. Je me trouve un petit coin à un endroit où l'accès à la rivière est facile, je fais une petite trempette et me sens fort bien après. Et les pâtes au saucisson et au fromage ne me font pas regretter le resto !


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Via Alpina R130


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18,6km

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Toujours le temps chaud. Orage le soir


À 6h il fait frais, mais ça ne va pas durer alors il faut se lever. Pendant mon petit déjeuner je vois passer deux promeneurs de chien et un pêcheur. Le temps de prendre de l'eau à Fressinières il est déjà 8h.


Fressinières

Et il fait déjà chaud. Heureusement le chemin vers le col des Lauzes est un beau chemin ancien , bordé de murets et ombragé.Il coupe les lacets d'une route qui dessert les hameaux sur la pente, d'abord les Roberts où la fontaine coule.


Plus haut aux Aujards l'eau est déclarée non potable, mais elle est bien claire dans le bassin, je peux y tremper ma chemise . J'ai en effet amélioré mon système anti mouches, j'ai ajouté l'option anti chaleur en mouillant la chemise que je me mets sur la tête. En tout cas je ne souffre pas du tout pour arriver au col des Lauzes (1837m).


Là haut poussent de beaux mélèzes, mais la vue est nulle. Le paysage s'ouvrira dans la descente, qui au début est modérée (aïe les courbatures quand même), et on voit apparaître entre les arbres un haut sommet couronné de blanc).

Enfin la vue se dégage sur cette chaîne de hautes montagnes. Ce ne peut être que le Pelvoux 3943m. À côté l'Ailefroide, 16m de moins seulement.

Plus près, de l'autre côté, un mont très plissé aux flancs abrupts. De ce côté aussi la pente devient très forte, et l'étroit sentier qui y descend est bien raide, mais pas trop pénible, en terre sans trop de cailloux. Et puis... à l'ombre, on apprécie.Il traverse un ruisseau, puis rejoint la vallée d'un torrent, le Fournel, que l'on longe sur un étroit sentier. C'est vert, ça monte et descend.

Arrivée à un pont, de l'autre côté une pente aride.... Où il va falloir monter. Alors je préfère rester en bas pour casser la croûte, pas d'autre endroit, je me mets en travers du chemin. Heureusement il ne passe que 4 marcheurs.

En effet la montée vers le plateau et le col de la Pousterle n'est pas longue, dénivelé 400m seulement, mais elle est raide et surtout éprouvante avec cette chaleur. Même si de temps en temps il y a un peu d'ombre ou des nuages, et parfois une petite brise.

Je vais même faire une pause avant d'arriver en haut. Je croise un couple de retraités qui descendent.

Le plateau commence avant le col. Ça monte toujours, mais beaucoup moins. Ce plateau est planté de mélèzes et des vaches blanches y paissent à côté des cabanes de bergers.


Et voilà le deuxième col de la journée... S'il n'y avait pas le panneau on ne le remarquerait pas.



Néanmoins c'est après ce panneau que ça commence à descendre. Sur une route on contourne un parking (, voilà pourquoi il y a du monde tout à coup !) et puis on descend dans des boisements en coupant les lacets de la route. On arrive dans des zones de villégiature. station de sports d'hiver, avec des chalets partout.

Au village qui s'appelle"Les Prés".( Sur la carte est indiqué Le Puy Saint Vincent). j'arriverai, assez fatiguée, à un "Sherpa" premier magasin alimentaire de la rando. J'arrive à ranger tout ce que j'ai acheté, mais c'est alourdi, ça tombe mal j'ai un peu mal au dos.

En tout cas en repartant la vue sur le Pelvoux est magnifique.




Je décide d'aller à Vallouise, mais peine un peu dans la dernière partie du trajet, qui pourtant n'est pas difficile, à travers un bois peuplé de lutins.


Je retrouve facilement le camping, un peu moins facilement l'emplacement randonneurs où j'étais l'an dernier. Je discute avec un jeune couple qui a suivi 5 étapes du tour des Écrins... mais voilà des gouttes. L'orage n'était pas prévu...

Mais il tombe pour de bon, eh oui. Je remballe tout et vais me réfugier dans les sanitaires où j'en profite pour.prendre la douche. Je mangerai encore à la tombée de la nuit, sur la table en bois près de la tente



Bilan de la journée


6

Toujours beau

Toujours du mal à me lever à 6h. Déjeuner sur la table de pique nique. La tente un peu humide et le linge n'a pas séché. Cela se fera dans la journée.

Pour rejoindre le bourg de Vallouise il suffit de suivre la rivière. Je croise quantité de gens portant des pains c'est bon signe. En effet la boulangerie est ouverte et la boulangère est sympa et randonne en montagne. J'achète aussi quelques fruits au passage et prends de l'eau à la fontaine sur la place de l'église. L'eau est plus fraîche qu'au camping mais moins qu'en altitude. À côté conversent des locaux en tenue montagnarde auprès desquels je me renseigne sur les points d'eau de mon trajet. Il n'y en aurait pas, je remplis mes deux bouteilles et bois un demi litre préventivement et à vrai dire avec avidité.

En réalité au bord de la route qui sort du village je côtoie déjà trois fontaines, l'eau est plus fraîche, je refais mon remplissage près d'une des chapelles que je rencontre.


Je ne suis pas sur le GR 54 "nouveau tracé" que j'avais emprunté l'an dernier dans l'autre sens. C'était vraiment plus long et compliqué. Cet itinéraire primitif c'est beaucoup de goudron, mais seulement au début sur une route importante, ensuite ce sont des petites routes où passent presque autant de vélos que de voitures. L'avantage, c'est que la montée est constante et régulière. Et assez ombragée car le versant est exposé à l'ouest.On voit bien le Pelvoux.

Et voilà j'arrive au point où j'avais pris l'autre itinéraire


Et juste après, une dernière fontaine où l'eau est super bonne. Il n'y a plus qu'à pour reremplir une troisième fois !

Le sentier qui part de là grimpe plus, dans un environnement de coteau calcaire nettement plus sec mais à cette heure environ à l'ombre, c'est appréciable. Les alisiers blancs sont très nombreux.

Et l'on débouche sur une large vallée au milieu de laquelle s'étend le hameau de Chambran, et qui se termine par un espèce de cirque en haut duquel se situe le lac de l'Eychaudat. L'étrange pic pointu et dénudé qui émerge est la Cucumelle... qu'on reverra.


Sous cette crête se trouve le lac de l'Eychaudat. Le col d'où émerge le sommet de la Cucumelle pourrait être le périlleux Col des Grangettes que j'ai franchi l'an dernier.

En haut du hameau se trouve une buvette où ils ne font que des boissons fraîches. Un Perrier et une pause sous un parasol ça fait du bien. La suite je l'appréhende, plus de 700m de dénivelée encore, et pas d'ombre.

Eh bien finalement ça ne sera pas si terrible. D'abord le chemin est bon, régulier, en lacets plus ou moins longs et pas trop raide. Et puis il souffle un vent du nord, donc plutôt en face, qui rafraîchit bien.


Personne ne marche dans mon sens, mais je croise plusieurs personnes, une femme seule, des Italiens, et deux messieurs seuls qui successivement vont me faire la conversation. Un Allemand de Freiburg qui m'explique sa méthode pour utiliser les bâtons, et un Français qui me parle de la fonte des glaciers qui gonflent les rivières et alimentent les sources.

En face se dresse un rocher gris assez sinistre. Pour atteindre le col il va falloir passer par-dessus.


Après ça la pente est moins forte. Et redescend même un peu après une petite butte, mais là, horreur, cette combe qui a du être jolie est défigurée par les installations de ski.


Au dessus du col, la Cucumelle, d'où on voit descendre des VTT

Après quelques pistes caillasseuses arrivée au col, un peu fatiguée quand même. C'est jusqu'ici le plus haut de la rando, 2431m


Il est passé 14h, il n'y avait aucun endroit pour s'arrêter. Et ici le seul endroit où trouver un peu d'ombre c'est cette horrible station de télésiège.

Dehors c'est en plein vent. Je m'installe dans l'entrée d'un bâtiment en renfoncement. Assise à l'ombre mais le matériel sèche au soleil.

Pas spécialement poétique. On a construit un lac pour fabriquer de la neige mais pas de fontaine pour les humains.

La descente sur des pistes n'a rien de passionnant. Je retrouve la bifurcation du chemin pris l'an dernier vers le "pas de l'âne".


Plus bas de nouvelles installations, un télésiège qui tourne mais personne ne monte, un immense resto je fais un détour mais c'est fermé.

Et puis descente assez raide, prés, bord de ruisseau où je prends de l'eau dans ma gourde filtrante. Et un sentier abrupt, rocheux mais solide, ma fois pas pénible à descendre. Il fait quand-même chaud, l'ombre des mélèzes est légère.

Au Monêtier je me dépêche d'aller faire des courses chez Sherpa et bois un Schweppes. Ces boissons gazeuses ça désaltère bien... La ville est pleine de monde, ils sont tous attablés aux terrasses de restaurants. Un style de vacances qui ne m'attire vraiment pas...

Mais l'heure tourne et finalement je reviens en arrière du côté de la rivière. Il y a un camping mais assez loin, c'est tard pour l'atteindre préfère m'arrêter avant, dans un pré au bord de l'eau.

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Via Alpina R128/ GR54

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Beau, chaud, orageux l'après midi

J'avais bien remarqué la présence d'un lotissement à proximité mais je n'aurais pas imaginé qu'il serait éclairé de façon si violente qu'il éclaire pas ma tente à 500m de distance. À vrai dire ça ne m'empêchera pas de dormir .Point d'orage comme je te craignais mais la tente est de nouveau humide. J'ai presque terminé le démontage quand je me rappelle ne pas avoir fait la photo du bivouac.

Premiers rayons du soleil sur le dôme de Monêtier.

Départ pour 8h mais au Monêtier il me faut du pain et de l'eau. Quand je demande la fontaine, on me dit "le coquillage". Je comprends quand je la trouve. Il coule de l'eau froide d'un côté et de l'eau chaude de l'autre. Il y a aussi deux robinets. L'eau chaude n'est pas potable.

Avec tout ça je ne commence à grimper que vers 8h30-9h. Vu que je vais vers le nord c'est un versant sud, donc sec. Heureusement c'est encore un peu à l'ombre. Il faut surveiller l'itinéraire, le sentier n'est pas un GR et n'est même pas indiqué via Alpina. Juste un PR balisé jaune. Par contre je suis loin d'être seule, il monte des groupes, des personnes avec des chiens...

Belles vues sur la vallée, Le Monétier, le Casset où je suis passée l'an dernier, de l'autre côté Serre Chevalier qui a l'air assez horrible. Sympathique dans cette montée, deux petites chapelles où je ne peux m'empêcher de faire des pauses

Dome de Monêtier, chapelle Ste Élisabeth

À la deuxième, Puy du Cros, un groupe avec un guide qui me montre quelle est la montagne des Agneaux. Ils discutent de la chasse.

 Dôme de Monêtier, montagne des Agneaux  

1930m. Je me réjouis, plus que 500m à monter.... Hélas pas du tout, car ça redescend ensuite, direction ouest, et depuis une combe, on repart dans l'autre direction. La pente se dénude, le soleil cogne, pas beaucoup de vent. Mais toujours de belles vues.

Le sentier monte jusqu'au lieu dit "pré du Vallon" (2130m). La carte indique en cet endroit "anciennes mines ". En effet on y voit des tas d'un matériau noir qui ne donnent guère idée de ce qui s'exploitait ici. Un ruisseau descend. Deux jeunes filles sont arrêtées à côté avec leur chien Croquette qui m'aboie furieusement après.Est ce les bâtons ou ma chemise sur la tête qui lui font peur ? À cet endroit on rejoint un GR et même deux, GR 50 et GR57. Et une piste, piste qui de là descend. Ça me fait rager, finalement en dénivelé positif ça va finir par être presque autant qu'hier.

La vue sur les Écrins s'étend. On voit d'autres sommets où brillent des glaciers. Il me semble identifier la Meije (pic Gaspard) et le Râteau.

Cette belle vue rend la piste un peu moins fastidieuse, mais quand même c'est long. En remontant le vent rafraîchit mais le soleil cogne.

Je croise un monsieur qui semble attendre quelqu'un. Le reste de la famille est en effet derrière, une dame de type asiatique et deux très jeunes enfants, une petite fille de 4 ans et demi et un petit garçon de 6 ans. Ils ont marché depuis Névache et ont dormi au refuge de Buffiere.

Le monsieur m'a dit qu'il y avait quelques arbres avant le col. Oui quelques mélèzes isolés, mais il faut y accéder... Je monte sur un tas de pierres pour trouver un peu d'ombre. Mais une pause ne fait pas de mal.

C'est reparti, ça monte plus raide, ça vire vers le nord. Et enfin le voilà le col, il est déjà presque 14h.


C'est une descente assez classique. Un sentier un peu raide au début , de l'herbe (jaune), des pierres, des marmottes qui sifflent.


Vers la vallée de la Clarée / Refuge des Buffères

Je suis un peu fatiguée, m'arrête à l'ombre sous un mélèze encore pour casser la croûte et me reposer. Pendant ce temps-là montent des nuages blancs, puis gris, devant le ciel devient très sombre. C'est prudence de redescendre. Comme il tombe des gouttes je mets l'enveloppe du sac, ça n'arrête pas la pluie mais elle est brève et pas forte. Je reste en chemise. Tonnerre et éclairs sont assez lointains. Évidemment c'est fini à mon arrivée au refuge. Celui-ci est plein d'enfants, certains très petits aussi. Je prends beaucoup d'eau à la fontaine puis un café, et me renseigne sur le mont Thabor.

Au début de la descente vers la vallée de la Clarée règne une agréable fraîcheur.

Plus bas il refait lourd. Une piste caillouteuse en forte pente n'est pas très agréable mais j'ai perdu mes courbatures et retrouvé mon agilité (relative). On entend tonner.

La Clarée coule claire, elle porte bien son nom. Je choisis le sentier qui la longe. La rivière traverse des gorges et fait des cascades. Il faut à un moment donné grimper haut pour éviter les éboulements.


Et puis elle redevient calme, c'est agréable mais je me presse par crainte de l'orage. Et je vais y échapper, voilà Névache. Un beau village ancien, des touristes mais sans excès.


L'église est ouverte, quelle chance !


Elle date du 15e mais ce retable luxuriant est du 18e.

J'aime bien les peintures naïves des artistes locaux.


J'erre dans le village, me demandant où je vais pouvoir bivouaquer ce soir.


Je suis la rivière mais il faut m'éloigner et suivre un chemin dans une forêt humide pour finalement arriver à un petit endroit près de l'eau. Sous une exposition de photos de nature.

Je vais pouvoir faire une bonne toilette à l'eau fraîche.


C'était l'étape R127 de la via Alpina, et sur une partie les GR 50 et 57.

8

Beau le matin, qq nuages, pluie en début d'après midi


L'avantage de mon lieu de bivouac c'est qu'il me fait repasser dans Névache, prendre de l'eau, passer à la boulangerie, prendre quelques photos. Je sors du village à 8h sonnantes.

Quelques pas sur la route où ça circule déjà, puis un sentier qui grimpe bien. Au soleil, mais pas longtemps, une barre montagneuse maintient la vallée à l'ombre.


Chose rare, je double quelqu'un, une jeune femme avec un gros sac à dos et un grand bâton.C'est peut-être une bergère partie au ravitaillement.

En avançant la pente s'adoucit, la montée est tranquille. Devant, des pentes minérales d'un côté, et on voit apparaître une petite chapelle sur un dôme rocheux.

Un marcheur me double juste avant et je le retrouve là haut, deux autres personnes passeront.

C'est la chapelle Saint Michel et elle est ouverte.


Vue vers l'arrière

C'était le bon moment pour faire une pause, on arrive à la limite du soleil, et il est déjà 10h, je mange le pain au chocolat acheté ce matin. Et c'est reparti dans l'herbe jaune

Le soleil ne sera pas très gênant car des nuages apparaissent et vont le cacher. Enfin on monte un peu plus, la vallée s'ouvre, on voit le col encore bien lointain et autour des monts rocheux et des cônes d'éboulis..


Il va falloir monter raide dans ces éboulis en haut de pente.

J'arrive au col à 12h15. J'ai mis à peu près 4h au lieu des 3h30 indiqués... mais avec quelques pauses c'est pas si mal. 2645m. Record.


La photo est prise par une jeune randonneuse belge qui fait un tour de 3 jours. 2645m, record de la rando battu. Environnement minéral et magnifiques panoramas


Le vent souffle fort, j'entame tout de suite la descente. Mauvaise surprise, un pierrier. Heureusement que le chemin est à peu près aménagé. La jeune Belge était restée en arrière mais elle me dépasse rapidement et je ne la reverrai plus.


La descente du Col du Vallon 

Dans cet environnement minéral je trouve un minuscule coin d'ombre sous un rocher pour faire la pause. J'arrive même à sécher un peu la tente.

Mais la descente est encore très longue, pas moyen de faire autrement, il faut aller tout en bas par des chemins caillouteux vers la "Vallée Étroite" où passe le GR5 et qui est.. en Italie. Beaucoup d'Italiens passent d'ailleurs." Buon giorno" et "Salve". Deux jeunes me demandent si c'est par là le refuge du Thabor. Je les remets dans le droit chemin.

Cette vallée est beaucoup plus verte et boisée que celle par où je suis montée. Elle est dominée par les fameux "Tre Re" trois monts pyramidaux alignés, les rois mages, Gaspard Melchior et Balthazar.

La Vallée Étroite et les Tre Re 

En bas une belle passerelle de bois franchit un torrent. Pas très profond, mais je ne trouverai pas mieux plus haut. Bref, halte trempette obligée.

Il fallait bien ça pour la montée dans la chaleur qui va suivre... Car les nuages se sont dissipés.


Il y a 600m à monter, fortes grimpettes et pentes plus faibles alternent.

Le ciel se couvre de nouveau et un vent fort se met à souffler. Enfin j'arrive en vue du col.

C'est vers la fin que ça monte le plus, un chemin caillouteux et glissant.


Le col de la Vallée Etroite (2433m) et le refuge du Mont Thabor

Le refuge du Thabor est un peu à l'écart à 15 .minutes. Il est assez abrité mais l'aire de bivouac près d'un lac ne l'est pas vraiment. Je décide de dormir au refuge. Au bord du lac j'ai parlé avec un couple. Je me retrouve dans le même (petit) dortoir, et à la même table au repas, avec également un monsieur du coin qui connait toute la montagne et marche hors sentiers.

Potage, un espèce de hachis viande légumes avec boulgour, c'est bon, je reprends de tout deux fois. Salade fromage et tarte aux pommes.

Comme demain il va pleuvoir à partir de midi ils vont tous se lever à 5h du matin.Dehors ça tonne.

9

Beau le matin pluie l'après midi


Je n'ai pas très bien dormi, l'atmosphère renfermée m'a donné mal à la tête, je rouvre la fenêtre trop tard, et puis dès 4h30 du matin des randonneurs se lèvent. Ils veulent arriver avant la pluie au mont Thabor et moi vu les prévisions j'ai renoncé à y aller.

Ne réussissant pas à me rendormir je me lève vers 5h30. Le ciel s'éclaircit derrière les montagnes encore noires. J'ai confirmation qu'on ne voit pas le Thabor d'ici. Le sommet très aigu aperçu hier avant le col de la Vallée Étroite était peut être "le pic du Thabor".

Le p'tit déj est très complet mais l'eau du thé n'est pas assez chaude. Départ juste un peu avant 7h.


Au refuge

Retour en arrière vers le col de la Vallée Étroite.


Quels sont ces amas blancs au sol ??


Des grêlons ! Et pas des plus petits, j'ai peut-être bien fait de dormir au refuge !

Après le col le chemin reste en hauteur au milieu d'étendues herbeuses entourés de monts également dénudés et de pics ruiniformes. Impression d'être seule dans l' immensité.

Quelques cabanes de pierre plus ou moins croulantes ont des toits de lauzes. La dernière est la Replanette, suivie d'un col du même nom.

Ensuite c'est moins bien, c'est une piste plus large et pierreuse, qui commence à descendre. Et puis je suis moins seule car je croise les randonneurs du GR5 qui montent à peu près tous du gîte d'étape La Taverne situé à Valfréjus. Les premiers sont partis tôt ils vont jusqu'à Névache. Ces randonneurs sont bien sympathiques, à part un Allemand qui s'évertue à me parler en anglais.

Après plusieurs lacets au lieu dit "Le Lavoir" se trouve un gros bâtiment industriel désaffecté. À cet endroit aussi deux options se présentent pour descendre à Modane, je m'empresse de quitter la piste pour un chemin beaucoup plus agréable sur l'autre versant du ruisseau, à flanc d'une pente boisée principalement en épicéas.


Sur ce chemin je rencontre encore des randonneurs, signe que je ne me suis pas trompée. Un Hollandais seul, puis tout un groupe d'Allemands qui depuis 7 ans (?ça me paraît beaucoup) parcourt la via Alpina à raison de 3 semaines par an. Très sympathiques.

Un peu plus bas. aux Herbiers, un pont et encore deux alternatives, et je choisis de continuer sur le même versant, avec une petite appréhension à cause d'une inscription déconseillent ce chemin aux cyclistes et cavaliers à cause d'un chantier. Mais aucune mention concernant les piétons.


Ruisseau de Charmaix

Ça tombe bien en voilà qui viennent d'en face, un trio de jeunes allemands assez pittoresques, (une des filles porte une longue robe), ils disent que pas de problème.

Ce qu'il y a par contre, c'est qu'au début ça monte alors ça descendra d'autant plus raide après.

Grand avantage de cet itinéraire, il ne passe pas à la station de Valfréjus, qui ne sera visible que très brièvement.


Mais sans trop de problème, ça ne glisse pas, les racines ou les pierres font des marches.

Le sentier passe à plusieurs reprises sous des pylônes et à cette occasion apparaît entre les arbres la vallée où se situe Modane, très urbanisée et industrielle, et la gare de triage.

Entre temps le ciel s'est couvert... ça sent la pluie...


Je croise maintenant un groupe de messieurs tous un peu bedonnants, suants et soufflants. Le dernier porte une casquette avec un drapeau norvégien. Je lui demande s'il est norvégien. Non, Américain, US, me répond-il.

En tout cas, le passage ne doit pas être trop acrobatique... Mais nous y voilà, vue sur les travaux qui sont d'envergure, construction d'un viaduc, et puis le passage barré et une carte indiquant très grossièrement la déviation qui d'après moi est plus longue que dessinée. Ils font faire un sacré détour, monter fort une pente puis redescendre aussi fort, passer à ras sous l'ouvrage, continuer le raidillon pour arriver à l'église de Fourneaux, la cloche sonne juste quand je passe à côté.


Fourneaux est un bourg industriel avec des cités 20ème siècle. Dans la partie ancienne les maisons sont hautes également.

Il n'y a pas de discontinuité avec Modane, la ville se limite pour l'instant à une rue commerçante entre les voies de chemin de fer et la rivière (l'Arc).

Il a commencé à pleuvoir faiblement. Pas de problème pour trouver un café ici ! J'ai pas choisi mais je tombe bien, la patronne est sympa, ne fait pas d'histoires pour me trouver une place près d'une prise de courant et est originaire de Romorantin en Sologne.

Il me faut maintenant décider ce que je vais faire. J'aimerais bien continuer un peu même s'il pleut à condition de trouver un hébergement au sec. Mais je ne trouve ni cycliste ni gîte d'étape. À Modane par contre se trouve un gîte d'étape "gestion libre" avec cuisine qui apparemment fait partie du camping. C'est tout à fait ce que je recherche, j'appelle, on me répond, c'est possible pour ce soir à partir de 16h.

Avec le temps que je mets à faire les courses, je n' y arriverai qu'un peu avant 17h. Biocoop pour augmenter mes réserves de polenta flocons d'avoine pâtes (en vrac), Casino où ils n'ont même pas de fromage local au détail.

La route vers le camping est désagréable, très fréquentée mais le camping est très tranquille et le petit refuge situé au -dessus, que j'occupe à moi toute seule (pour 25€) est dans un petit coin de nature et tout à fait charmant. Pas possible de rester deux nuits malheureusement.


Je fais la lessive et la cuisine.Omelette, courgettes yaourt et raisin.

La météo s'est trompée, il n'a plu longtemps, beau temps dès 16h... À voir si la prévision de deux jours de pluie consécutifs se confirme...

J'aurais en effet pu marcher plus, je n'ai fait que 12,5km aujourd'hui.


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camping Les Combes Modane

Dimanche 27 août Modane

Pluie - Éclaircie - pluie


Dès le milieu de la nuit la pluie tambourine sur le toit de la cabane. Quand j'ai besoin de sortir je prends la douche. Mais je dors bien mieux qu'hier.

Ce soir, le refuge est réservé mais je planterai la tente. Pas de hâte donc, j'ai mis le réveil à 7h mais il n'a pas sonné, ce sera 7h30 et 8h environ le temps de sortir du lit.

Les douches sont fixes en hauteur et ne sont pas réglables, ce matin ça ne me dérange pas trop si je n'ai que de l'eau chaude.

Je prends mon temps pour le p'tit dej et il est déjà 10h. Petite accélération pour ranger, je m'aperçois qu'il y a de l'eau dans un coin de la cuisine et sur le lit... Ça goutte du toit. J'ai failli me faire tremper...

C'était quand même un hébergement bien agréable.


J'ai encore le temps de descendre en ville acheter des cartes postales. Ce sera l'occasion de visiter le centre de Modane qui est encore plus loin, au-delà du camping et du supermarché Casino.


Jolie déco sur un magasin d'articles de pêche. Qui malheureusement semble bien fermé définitivement.


L'église date de 1951


Le choix de cartes postales est malheureusement assez restreint.

Après un café au café tabac PMU qui est toujours l'endroit le plus animé d'une ville le dimanche matin, je reviens au camping... sous le soleil, presque trop chaud.

La pluie va reprendre, alors c'est le moment de monter la tente.


Au-dessus on peut voir la citadelle de Modane.

L'arbre est un prunier. Les petites prunes violettes sont bonnes. Au-dessus s'élève la citadelle.

Je vais manger puis lire un peu et faire une petite sieste sur le canapé de la "salle de détente" mais mon sommeil est interrompu par l'arrivée de plusieurs groupes de campeurs. Fini la solitude !

Un couple d'enseignants (ils parlent de la rentrée) ont suivi le GR 5 dans la Vanoise et ont eu horriblement chaud même à plus de 2000m. Je n'en reviens pas.

Un groupe de très jeunes randonneurs, presque des ados, parle une langue bizarre, anglosaxonne mais ni allemand ni anglais ni hollandais. Des Belges flamands? Je n'ose pas demander, je louche sur une carte d'identité, c'est bien ça.

Je bois une bière locale un peu chère 3,50€, mais très bonne.

Pas de concurrence à la cuisine. Ces jeunes se font juste réchauffer des plats lyophilisés, les autres mangent des pizzas fabriquées par le staff du camping dans un camion stationné à côté.

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Pluie

Il a plu toute la nuit.

Je me dépêche de démonter la tente au lever et de la mettre au moins à égoutter dans les sanitaires, puis dans la cuisine. Pendant que je prends la douche et le petit déjeuner, sans me presser car ce n'est que vers le soir qu'il devait y avoir des accalmies.

Les jeunes Belges dorment toujours mais le groupe de Français le plus envahissant est levé, ils vont prendre un bus pour le refuge de l'Orgere. Moi je me maintiens sur la Via Alpina dans la vallée, par ce temps-là il vaut mieux ne pas être trop haut.

Ce chemin a été récemment réaménagé et baptisé "le petit bonheur". En fait ils ont mis des rondins en guise de bancs, des barrières, des aménagements divers, pique nique ou jeux, le tout "agrémenté" de peinture jaune. Il y a des panneaux à (presque) tous les carrefours, mais très peu de marquage au bord du chemin.

À la sortie de Modane, il pleut assez fort. L'environnement est un peu effrayant, de grands ravins profonds et des torrents qui charrient de l'eau boueuse.

Mais ensuite on trouve une piste qui monte dans la forêt, en direction de La Norma, une station de sports d'hiver à 1400m.

Après les pistes et les lotissements de chalets on retrouve un chemin forestier qui en effet peut être qualifié de "petit bonheur", qui longe la vallée de l'Arc à mi-pente, sans trop monter ni trop descendre. Quelques fenêtres sur l'autre versant de la vallée, dont le haut est dans la brume.

Le passage de cette vallée est sévèrement gardé par plusieurs forteresses du 19è siècle. Aux alentours de midi je me trouve à la "forteresse Marie Thérèse".


Là, quelques nuages se soulevant, on aperçoit des lambeaux de montagnes...couvertes de neige.

La pluie tombe moins fort mais je suis mouillée et j'ai froid. Je vois qu'il y a un snack dans cette forteresse, je ferais mieux de manger au chaud.

Malheureusement il n'y fait pas très chaud dans cet endroit qui aurait été agréable en période de canicule. Mais ça m'a fait du bien quand même, après le repas j'arrive à me réchauffer en marchant vite. Et la pluie va devenir de plus en plus fine et finalement cesser. Et un vent un peu froid va se lever.


"chemin du petit bonheur"

À l'approche de Bramans on constate qu'il n'y a pas que les sports d'hiver qui défigurent la montagne


Mais c'est un joli village


L'épicerie café restaurant est fermée jusque 16h, je n'avais pas trop d'espoir de toute façon. Mais personne ne m'empêche de m'asseoir à la terrasse et faire sécher la tente puisqu'il ne pleut pas et qu'il y a du vent.

Je découvre un message sur mon téléphone : c'est Raphaël, un cycliste chez qui j'avais demandé un hébergement et qui m'avait répondu négativement, et là finalement il me dit que pour ce soir c'est possible !!

Quelle chance ! Perspective beaucoup plus agréable que le camping de Termignon !

Je repars donc même si ce n'est pas encore sec, jette un coup d'œil à une petite chapelle au passage. C'est ouvert et il fait encore chaud à l'intérieur.

On entrevoit encore des hauteurs enneigées

J'approche maintenant du village de Sollières .


La petite chapelle est dédiée à Saint Claude. Au-dessus les contreforts de la Vanoise.

Sollières l'Envers est aussi un village typique avec des témoignages du passé comme un four banal où est expliquée la fabrication du pain, et un musée sur des époques plus anciennes, suite à la découverte sur la commune d'une grotte contenant des restes préhistoriques.


Ma destination, c'est Sollières l'Endroit, de l'autre côté de l'Arc.


Raphaël habite un appartement dans une maison ancienne. Il est technicien géologue, il dit qu'il travaille pour le diable, en effet... Le tunnel pour le Lyon-Turin. Il fait pas mal de vélo et aussi du kayak. Il m'accueille royalement et fait une délicieuse fondue de poireaux. Ça fait du bien une étape comme ça !



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Nuageux, brouillard, éclaircies, une averse

Petit déjeuner en partie avec Raphaël, qui part à 7h moins le quart. J'appelle le refuge de la Leisse, il y a de la neige là haut mais pas de problème pour y accéder, et de la place dans le dortoir.

Je rédige sur mon journal la journée de la veille, je n'ai pas eu le temps hier. Et ne mets la clé dans la boîte aux lettres qu'à 8h30.

Il y a deux kilomètres jusque Termignon, c'est vite fait. Les nuages sont bas.


Termignon est au confluent de l'Arc et du "Doron de Termignon" un torrent qui descend de la Vanoise et que la Via Alpina remonte.


Oui mais voilà : Raphaël, puis le gardien de La Leisse m'ont parlé d'une navette gratuite qui monte jusqu'à Bellecombe, à 2300m d'altitude. Économie de 1000m de dénivelé, et d'un fameux raidillon où je crains des éboulements. On entend parler d'éboulements partout en ce moment, la navette ne circulait pas hier à cause de ça. Mais aujourd'hui c'est bon, départ 10h, j'ai 40, minutes à attendre. Quelques courses, le temps passe vite, même si les deux cafés sont fermés.

La navette, c'est taxi gratuit... Je suis la seule passagère ! Le temps d'apercevoir quelques cascades dévalant la pente d'en face, après quelques virages, c'est la purée de poix. La route est en lacets mais raide. Nous ne croisons qu'un tracteur.

Sur la fin du trajet le brouillard prend une consistance lumineuse caractéristique, et soudain, à l'arrivée sur le parking... Le soleil, le ciel bleu, l'herbe d'un vert éclatant et les sommets blancs. Quelle splendeur !



Si l'endroit s'appelle Bellecombe, c'est peut être à cause de cette gorge profonde qui entaille le calcaire


Le sentier vers le refuge du Plan du Lac la longe. Sur ce sentier se trouve un autre marcheur, on se met à discuter et marcher ensemble. C'est un gendarme qui était longtemps en poste ici, il a du partir (à Auxerre) pour monter en grade mais ne rêve que revenir par ici où il connaît tout. Il fait un tour pour la journée.

Mais quand je le laisse partir en avant je suis plutôt contente car seule je peux mieux m'immerger dans cet environnement magique.


Et je peux prendre tout mon temps, au lieu d'une grande journée ça en sera une petite, le refuge de la Leisse est indiqué à 3h30. Et le gendarme me dit qu'ici les indications de temps sont fiables ici.

Alors je vais m'arrêter à tous les refuges. Pour commencer, le refuge du Plan du Lac. En m'en approchant je finis par me souvenir y être passée avec mon amie Margaret et un Hollandais que nous avions rencontré dans un autre refuge. Il nous avait offert le goûter (des tartes), et dehors un hélicoptère avait atterri pour emmener une dame qui avait eu un malaise. Aujourd'hui les tables de la terrasse sont couverts de neige, et il y a beaucoup moins de monde

Juste un monsieur qui après un froissement musculaire s'est vu obligé d'arrêter sa rando. Le café n'est pas très chaud.


Le prochain refuge est celui "d'Entre deux Eaux". Pour y aller il faut, après avoir passé une chapelle, descendre par un sentier en lacets jusqu'à un torrent, pour remonter après.

Sur les flancs de la vallée on observe plusieurs petits hameaux aux toits de lauzes, certains semblent encore habités.


Des nuages blancs couvrent et découvrent les sommets. Je ne sais pas trop lesquels. La Dent Parrachée, le dôme de Chasse Forêt, le dôme de l'Arpont?


En approchant du torrent je rencontre quelques gentianes, gentianes champêtres fort discrètes, gentianes "croisette" d'un violet éclatant.


Je rencontre aussi quelques marmottes, et un groupe de trois Anglaises venant du col de la Vanoise très enneigé. Elles ont renoncé à aller à l'Arpont à cause de la neige.

Et voilà le deuxième refuge de la journée, après une montée pénible sur la piste pierreuse.

Là il y a du monde. Le réfectoire est plein de gens en train de manger dans une atmosphère étouffante. Comme il ne fait pas chaud et qu'il pleuviote je m'installe dans la salle "hors sac" où je fais la connaissance d'un groupe de randonneurs des parents et neuf enfants de 4 à 11 ans.


Le ciel est toujours ennuagé quand je repars pour m'engager dans cette longue vallée de la Leisse que j'ai déjà parcouru deux fois, et toujours dans le même sens.

Aujourd'hui il fait très certainement moins chaud que les autres fois. Le ciel devient menaçant, le vent souffle plus fort, et il se met à tomber une averse de pluie mêlée de neige qui me fouette sur le côté gauche. Mais je ne suis pas la plus mal lotie car les randonneurs qui viennent d'en face l'ont en pleine face. Une Israélienne, un groupe de Français assez sympa, un marcheur acharné qui a fait 25km...

Tous sont passés au Col de la Leisse, dans 50cm de neige, mais la trace est bien nette... Espérons qu'elle le sera encore demain.


Des marmottes placides

L'averse s'est calmée, l'ascension continue, pâturages sur la droite, éboulis surmontés de neige sur la gauche, le torrent bleu gris au fond.

Plus tôt même que je me l'imaginais, le refuge de la Leisse, qui comporte trois petits chalets, apparaît sur une butte très loin, au-dessus de la vallée, sous des monts poudrés de neige. Il va falloir encore un moment pour le rejoindre, traversant sur trois planches la rivière qui maintenant s'étale sur les pierres, et terminant par un bon raidillon.



J'essaie de me souvenir des lieux, je retrouve les ânes et la place de bivouac que j'avais bien appréciée la fois où j'y ai dormi. Il n'y a plus de neige, et un rayon de soleil à ce moment-là, ça me ferait presque regretter la nuitée en refuge. Mais pas longtemps, les nuages avec une bruine froide vont persister, et c'est bien agréable de pouvoir s'allonger un peu sur le châlit en arrivant.


J'ai pas mal de provisions alors je vais utiliser la cuisine du refuge et ne pas prendre le repas, c'est aussi bien.


Via Alpina étape R123, GR 55
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Nuageux, frais

Aujourd'hui je suis la seule à me lever tôt. 6h30 environ. Seuls les deux ânes sont éveillés.


Refuge de la Leisse à l'aube

Je trouve quand même une jeune fille mal réveillée pour payer, j'ai oublié hier. 19,85€ plus 2€ pour l'utilisation de la cuisine. Moins cher que le Mont Thabor.

Comme je traîne pour déjeuner, les autres arrivent dans le réfectoire. Finalement je pars vers 8h15, je suis la seule dans mon sens. Je n'ai pas mis la doudoune j'ai bien fait, il fait chaud quand on monte. Pourtant la température ne doit pas être bien supérieure à 0°.


Commençant par une montée un peu raide (tant mieux, ça réchauffe), on atteint un replat humide en son centre où la rivière semble se perdre . Un ancien lac peut-être. On le contourne par la gauche.


Gentianes champêtres

Après l'avoir traversé on recommence à grimper pour atteindre un autre replat, mais celui-là porte un lac.


Il n'est pas encore 9h que je vois arriver un randonneur en face, un jeune qui vient de Tignes, il a dû vraiment partir tôt. Il me dit qu'il n'y a aucun problème pour traverser le col. Rassurant donc.

C'est après ce lac que la neige commence à être abondante. Elle est légèrement gelée, un peu croustillante mais encore molle. Les hauteurs environnantes sont zébrées de neige.



Il n'y a pratiquement plus de marques de GR à la peinture. C'est peut-être une exigence du parc de la Vanoise. Mais entre les cairns et les pas dans la neige on se dirige très bien.

Comme fleurs forcément on ne voit pas grand chose. Certaines sont toutes givrées.Quelques campanules, doronics, trèfle jaune, saxifrage...

Le col arrive même plus vite que je n'imaginais. 2758m, c'est largement mon record de la rando... Et dans l'environnement ad hoc!

Évidemment on ne voit pas les glaciers de la Grande Motte. Mais pour le blanc je suis quand même gâtée !


Le début de la descente est moins évident que la montée. Il y a quelques raidillons, moins de cairns, et les traces de pas sont souvent dispersées, et pas forcément sur le sentier . Mais on y arrive, et sans danger car la pente générale n'est pas forte.

Plus bas la neige disparaît, d'abord du chemin, puis complètement. Je croise de plus en plus de monde.


Il faudra plus d'une heure pour arriver à Val Claret, station Tignes bis. Qui est actuellement en plein chantier de construction.

L'objectif c'est le supermarché, un Sherpa qui sent la fin de saison. Pour avoir de la charcuterie et du fromage je suis obligée d'aller dans un magasin "produits locaux" assez cher.

Il y a déjà beaucoup de monde à Val Claret mais à Tignes encore bien plus. D'autant plus que les gens se promènent autour de l'étang qui est aussi le tracé du GR. Les tables de pique nique ne manquent pas, j'en profite pour casser la croûte.

Le soleil apparaît très timidement, et il ne fait pas très chaud. Il est vrai que Tignes est encore à 2000m.

Les nuages se sont levés, finalement on voit, la Grande Motte.

Je vais prendre un café (encore pas chaud,) et recharger mon portable. À la sortie, le soleil brille. Il n'y a plus qu'à suivre le sentier. Il traverse la ville et les pistes où dévalent les VTT, et puis ce sera un sentier en balcon sur une pente boisée de façon lâche en mélèzes et pins Cembro. Il est un peu boueux.


On verrait sans doute la Grande Sassière sans les nuages

Ce lac, bien plus grand que celui de Tignes, est le lac du Chevril, c'est un lac artificiel construit sur l'Isère.

Le village en bas, où descend le sentier est Les Boisses. Il y avait des vieilles maisons, un beau clocher fin... Mais les constructions pour les sports d'hiver le défigurent complètement.

Le barrage est paraît-il le plus haut de France.


Je n'aimerais pas habiter aux Brevières, le village juste en dessous dans la vallée



Il a fallu que je passe sur le barrage et marcher au bord des routes pour rejoindre l'autre côté de la vallée, où je vais gravir une belle pente rocheuse.


Je n'irai pas très loin et m'arrêterai au premier endroit qui me paraît bien pour bivouaquer, j'ai peur de ne pas trouver plus haut.

C'est d'autant plus agréable de profiter des derniers rayons du soleil qu'après il ne fait vraiment pas chaud. Je me dépêche de manger mes pâtes et entre dans mon duvet à...20h30.

Via Alpina R122 R121 GR55
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Beau temps, pas très chaud, nuages

Dans la nuit j'ai entrevu la pleine lune

Il a fait un peu froid sur le matin. Il y a de la rosée. Mais le ciel est clair et on voit bien du côté de la Vanoise la Grande Motte, et aussi la Grande Casse.


Le sentier grimpe aussi raide que la veille. Le ruisseau de Chevril auprès duquel j'étais installée, forme en amont une petite cascade en glissant sur des rochers.

Ensuite l'itinéraire bifurque vers le nord et circule à flanc de pente, en montées et descentes, rarement à plat. Il traverse des forêts d'épicéas et mélèzes, côtoie d'anciennes bergeries, des hameaux, des ruisseaux plus ou moins encaissés.

De l'autre côté de la vallée s'élève un mont imposant au sommet très blanc dans une écharpe de nuages et d'où coulent de nombreuses cascades.

Car le sentier longe la vallée de l'Isère dont on ne voit pas encore le fond. Il reste longtemps à l'ombre.

Pour traverser le "ruisseau de Nancruet" il s'enfonce dans des gorges. Le passage est un peu accidenté mais bien aménagé avec escaliers et main courante.



Une grimpette encore, et j'arrive , dans le soleil, au village de Nancruet qui est habité et doté d'une fontaine où je m'abreuve, fais un peu de lessive et renouvelle mes provisions d'eau. J'enlève quelques vêtements aussi.

C'est un beau village de pierre et de bois, aux toits de lauzes.


Puisqu'il est habité une petite route y mène, il faut la suivre un moment, et croiser les premiers promeneurs de la journée, notamment un groupe de personnes âgées, des ruraux du coin au vu des chemises à carreaux et bâtons de ski en bois.

D'autres petits hameaux, de nombreuses petites chapelles, et au fond de la vallée des villages groupés autour de leur clocher.


La partie sommitale du mont en face se découvre, entièrement couverte de glaciers. Je finis par l'identifier, c'est le Mont Pourri, 3700m.

Après avoir descendu un peu sur la route je reprends un sentier qui quitte le bord de la vallée pour se diriger vers le village du Monal où il devrait y avoir un refuge.

Après une zone rocheuse et sauvage on arrive à une plaine bucolique et par des chemins bordés de pierres au beau village du Monal. On y voit de nombreux promeneurs mais le refuge n'existe plus.

Par contre il existe une fromagerie bien achalandée. La fermière Yvette fait goûter ses fromages, tous fameux. Beaufort, tome de brebis, persillé de...?. Je prends un morceau de petite tome ronde.

Tous ces promeneurs n'ont pas pu venir de bien loin.. en effet pour sortir du village j'emprunte une vieille route bordée de murets qui arrive en balcon au-dessus de la vallée. Belle vue sur les glaciers du Mont Pourri.

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La route traverse un autre village pittoresque où les "petits cabinets de province" sont à ras de pente, un système d'évacuation qui évite les mauvaises odeurs.


On se demande comment on a pu faucher ce pré vu la pente...

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Après le parking je bifurque sur un agréable chemin forestier qui monte légèrement à flanc de pente.


Mais qui finit très mal... Sur des pistes de ski, en plus, en montant affreusement. Mais je me trouve là une petite maison inoccupée et parfaite pour faire la pause. Et avec vue.


Encore une montée raide sur une piste jusqu'en dessous du village d'Arpettaz, et puis ça redescend presque aussi raide sur une petite route goudronnée, jusqu'à cette chapelle où je discute avec un couple cherchant des champignons et cueillant des framboises (fort abondantes par ici).


Ils me donnent des indications sur les montagnes et sur le chemin vers le refuge, ça redescendrait "un peu", pour commencer, en fait très fort, et même parfois bien raide, ça me fait pester.

Toujours dans la forêt. Et pour remonter ce sera toujours dans la forêt, par une piste forestière pas très jolie mais très généreuse en framboises et myrtilles.


Je croise successivement deux gars style baroudeurs avec des sacs énormes qui font la via Alpina. Le premier a l'air un peu démoralisé. Je parle plus longtemps avec le deuxième, parti de Trieste à la mi juin et qui a beaucoup aimé la Slovénie. Il m'annonce que le refuge est fermé. Ne pense pas qu'il y ait refuge d'hiver ou place de bivouac. On va bien voir...

En sortant de la forêt apparaissent de nouveau mont enneigés, l'un d'eux doit être l'Archeboc.


La route s'arrête. Un sentier monte vers un plateau dégagé parsemé de hameaux et entouré d'un cirque de montagnes. L'eau y coule dans de nombreux ruisseaux.

Après les Savonnes, inhabité, un sentier pour une fois très balisé (bleu et rouge) monte au refuge, à l'extrémité d'un hameau appelé la Motte qui n'a pas l'air habité non plus. De l'autre côté en contrebas se trouvent des pâturages où paissent des vaches brunes.

J'étais avertie, personne au refuge et tout est bouclé. Sur la terrasse c'est interdit de pique niquer même en prenant une consommation... Je ne regrette pas trop l'absence du gardien. Et non seulement je vais y pique niquer sur la terrasse et même y cuisiner une polenta, mais en plus je vais y planter la tente.


Le ciel est couvert mais en se couchant le soleil teinte de rouge les montagnes .

Surprise.. au moment où je me glisse dans mon duvet, une petite pluie se met à tomber...

15

Beau temps, quelques nuages


La pleine lune a brillé toute la nuit. À l'aube quelques nuages voilent le ciel. Les monts se colorent de rose.


Départ à 8h05. Le sentier monte, encore à l'ombre, derrière le refuge, dans une lande à myrtilles et genévriers.

Vues sur l'alpage et la vallée

Les monts sont toujours enneigés mais en ce moment ça doit fondre


Le mont le plus élevé doit être l'Archeboc

C'est le grand calme et la grande solitude.. mais soudain, surprise, un randonneur arrive en face. C'est un Suisse qui parle bien français. Il a bivouaqué avant le col et veut aller au camping de Tignes.Son itinéraire c'est Vienne - Nice.

Encore quelques pas et voilà le col où j'arrive à 10h, dans les temps indiqués sur les panneaux. Il s'y trouve encore un autre randonneur, un Autrichien cette fois.


Pour monter, cet Autrichien n'a pas pris le tracé direct mais un détour qui passe par une ruine militaire (ricovero) et descend en lacets. C'est un chemin que j'étais tentée de prendre, comme il a l'air de dire que ça passe bien je m'y engage... Et me rends compte assez vite que c'était une erreur. D'abord ça commence par monter. Je suis au niveau de la ruine obligée de quitter le chemin à cause de la neige, les lacets descendent une arête abrupte, et sont pleins de neige. Bref je m'en sors mais je mets un temps fou.


Plus bas je rejoins le chemin direct et la descente continue plus tranquillement dans l'herbe.Maintenant on voit passer des promeneurs locaux.


Est ce que la descente va se poursuivre tranquillement dans le Valgrisenche? Pas du tout ! On observe bien en bas une construction et une piste, mais la Via Alpina suit un itinéraire de randonnée vald'aostien (flèches jaunes) qui remonte en direction d'un lac, Lago di San Grato. Je m'y engage en même temps qu'un couple avec un chien, au début je les devance et puis ils vont me distancer un peu... Moins chargés, et ça grimpe, le long d'un torrent abondant.

Le lac est vert, couleur de fonte de glaciers et entouré de pentes raides.


Je commence à monter dans ma direction prochaine, il y a là de gros rochers qui pourraient me protéger du vent froid et du soleil, mais ils sont occupés par une famille, je déménagerai quand ils seront partis. Il me reste encore de quoi faire un casse-croûte correct, un mini sandwich à la coppa, du pain et du fromage, un abricot.

Une Italienne me demande où va le chemin en parlant à toute vitesse j'y comprends rien, je lui montre mon itinéraire mais il y en avait sans doute d'autres.

Ce chemin me fait un peu peur, il est en corniche, mais en réalité il est suffisamment large, c'est après que ça se complique.

Parce qu'après il faut oblique pour remonter sur un dôme vert, un dénivelé d'environ 200m encore. La bifurcation est bien indiquée (sentiero 14A) mais c'est bizarre, le sentier reste à flanc. Je vérifie ma position, je suis trop loin en effet, alors je grimpe sur la pente raide, et finis par le retrouver surtout grâce au GPS car il n'est quasiment pas visible, repérable seulement par des cairns épars et des traces de peinture jaune à moitié effacées. Mais ce n'est pas le pire.

Le pire que j'ai devant moi une haute barre rocheuse, et il va falloir la franchir, vu l'état du chemin d'accès je crains le pire, un chemin qui n'est plus aménagé et tout éboulé par exemple...

Mais finalement dans la montée le chemin est bien aménagé, en lacets, évitant les chaos rocheux. Certes un peu plus haut il y a de grandes marches, parfois il faut mettre les mains, grimper un raidillon final est bien abrupt... mais c'est comme ça qu'on aime les cols !



Oui mais nouvelle surprise, en haut de ce raidillon ce n'est pas le col!! Il reste une combe pierreuse à traverser. Heureusement c'est un chemin facile agrémentée par des touffes jaunes de senecon argenté.


Et en haut c'est magnifique, grand cairn et belle vue. Ni le nom du col, qui restera inconnu, ni l'altitude ne sont indiqués, et pourtant 2668m c'est plus haut que le col du Mont franchi ce matin.


La descente commence bien, lacets très pentus certes mais lisses. Ça se gâte un peu plus bas avec quelques éboulements, rien de tragique.

Plus bas c'est un peu caillouteux mais ça descend bien, en lacets interminables.


Le sentier est classé E Excursionisti. Un peu montagnard mais pas casse-cou. Mais en Italie on a parfois des surprises.

D'en haut depuis longtemps je voyais une piste et me réjouissais d'un peu de repos. Mais la piste monte et après un village où l'eau est captée et sans fontaine, c'est encore une grimpette qui m'attend. Une centaine de mètres tout au plus mais je n'en demandais pas tant. Valgrisenche est indiqué à 1h alors qu'il reste plus de 4km ça m'étonne un peu. Le chemin doit être bon.

En effet il n'est pas mauvais, au départ tout au moins. Il est d'une largeur de 1,50m environ, avec deux rangées de grosses pierres de chaque côté et une pente régulière, cela ressemble beaucoup à une route militaire comme j'en ai déjà vu dans les Alpes italiennes.


En bas on voit un fort. Ça se confirme. Et encore plus avec ces panonceaux


Bref cette vallée était un passage stratégique. Hannibal et Napoléon sont passés dans le coin et la guerre de 14 (15-18 pour l'Italie)y a fait rage.

La route n'est pas mauvaise mais ça ne va pas si vite que ça. Elle est toujours là dans les chaos de blocs, c'est bien, mais les pierres ralentissent. Et puis plus on descend et plus elle est abîmée.

Le versant est toujours aussi raide et sauvage. Il se fait tard mais ça va être difficile de trouver une place de bivouac par ici. En plus je n'ai plus rien à boire, et aucune eau ne coule. Je trouverai quand même un torrent passant sous un pont, après m'être approvisionnée je me dis que je prendrai la première place possible... Mais il y en aura pas avant la vallée.

Chaos rocheux ou falaises, et vers la fin des mélèzins où le sentier est lisse mais raide. Mon genou gauche se fait sentir. Bref ça ralentit, il commence à faire sombre.

Quand j'arrive eh bien il fait nuit. En bordure du village je peux voir un pré plat derrière une butte, hélas très très humide. Je dîne à la frontale sur mon ancien tapis de sol de tente. Au menu plat principal pâtes au fromage, dessert pâtes au sucre.


Via Alpina R119
16

Beau temps, petit vent nord, nuages sur les sommets

Bien dormi. Incontestablement on dort mieux quand c'est bien plat. La lune a brillé.

Ce matin le ciel est nuageux et il ne fait pas très froid. Je découvre mon environnement, je suis sous une cascade, que j'entendais, et sous un rempart de grosses pierres. Devant, un versant boisé. J'aurais choisi cet endroit aussi s'il avait fait jour.


Je ne me dépêche pas particulièrement les commerces risquent de ne pas ouvrir tôt. Je prends même bien mon temps à visiter ce beau village.

Sur le monument aux morts tous les noms sont français, ils s'appellent presque tous Bois. En effet le Val d'Aoste est une région d'Italie autonome depuis le 16e siècle dont la langue était le français. Il existe aussi une langue locale le Valdôtain. Actuellement les gens parleraient italien et français. Moi je parle italien, ça m'exerce, et au besoin... D'ailleurs il me semble qu'il est plus parlé.

En tout cas ils aiment ici mettre en valeur leur histoire locale car il y a partout des panneaux explicatifs (en français, super ! et italien), des photos anciennes...


Le livre que tient la dame est un herbier

De l'église primitive du 15e il ne reste que le clocher. Le reste est baroque, et fermé. Le village semble désertique mais le cœur vivant de la ville est au bord de la route où je finis par me diriger vers l'épicerie. (Alimentari) . Enfin de quoi manger, je n'avais plus que deux bouts de fromage.

Et puis je vais m'asseoir un long moment dans le café local bien achalandé. Pendant ce temps là les nuages se lèvent et vers 10h quand je pars pour de bon il fait tout à fait beau.

À la sortie du village par le vieux chemin les murets ont été restaurés, et l'aspect n'est pas très éloigné de celui du début du siècle dernier.


Le trajet commence agréablement jusqu'au prochain village. Planté ou Plantada.


Il n'est pas loin mais je m'y arrête près de la fontaine pour enlever des épaisseurs il fait chaud .

En sortant du village un chemin bordé de barrières traverse des prés, puis longe la rivière et il y fait bien frais.

Un autre village, Prarion


Plus loin, l'itinéraire quitte la rivière pour monter à Revers, où la rivière coule dans des gorges et provoque des "marmites de de géants "

On marche sur le goudron jusqu'à Planaval


Sur ma carte l'itinéraire se poursuit sur la route, mais un panneau pointe vers un petit chemin sur la droite, qui mène à un château.


Après le château le chemin est ancien et très beau, en balcon au-dessus de falaises escarpées.


Je m'arrête pour pique niquer sous un gros épicéa. Je serai bien tranquille, personne ne passera.

Prochain village la Clusaz, en grands travaux de restauration. Retour sur une petite route goudronnée, un épisode d'autant moins agréable que ça monte. Mais je vais y rencontrer des randonneurs. Deux Belges qui vont de Bourg Saint Pierre (CH) à Modane. Deux dames allemandes de Baden Baden, assez âgée qui parcourent la "via alta" du Val d'Aoste.

À Baulin on retrouve le vieux chemin en balcon.

On atteint un autre hameau appelé Baise-Pierre.


La végétation a changé, plus de résineux mais des feuillus, chênes érables et châtaigniers.

La piété baisse, les petits oratoires ne sont plus très bien entretenus

Le sentier descend maintenant fortement dans la vallée, devient une piste et aboutit à Runaz, puis Avise où j'espérais trouver un café mais il n'y a que les fontaines.

Avise

Après Avise je commence la montée vers Cerellaz but théorique de l'étape mais je ne pense pas y arriver.


La haute vallée d'Aoste, très encaissée

Donc je monte, monte sur un sentier rural étayé par des murs de pierre, dans une végétation assez sèche, au-dessus de la vallée dont on entend les routes.

Le sentier est étroit, la pente est forte, d'ailleurs je sue à grosses gouttes. Absolument aucun endroit pour s'arrêter. En dessous de Cerellaz on voit bien quelques terrasses anciennes mais elles sont embroussaillées et en pente aussi.

J'arrive au village, la rue et les maisons, des potagers... Et puis j'avise en contrebas un terrain nu plat à l'herbe sèche, à côté d'une grande maison qui semble vide mais il y a une sonnette, je sonne.. Quelq'un arrive, c'est une dame âgée tout édentée. Je lui explique mon problème, elle comprend et accepte.


Splendide, terrasse avec un vaste panorama, seul inconvénient les lampadaires qui brillent de partout. Le grand lampadaire naturel est là aussi : la lune, qui n'est plus tout à fait pleine mais encore très ronde.


Via Alpina R118
17

Beau temps

Le soleil se lève du côté de la vallée d'Aoste, plus tôt que d'habitude, mais à 6h il ne faisait pas chaud.

Je laisse les toiles de tente sécher pendant que je vais vider les poubelles et prendre de l'eau. Je découvre que le grand bâtiment pas très beau à côté duquel j'ai dormi est un atelier de menuiserie.

Départ vers 8h15. C'est le même type de chemin que la veille bordé de murets de pierre, parfois encore pavé, mais encore plus pentus. Il coupe régulièrement une route en lacets et passe dans des petits hameaux.


Ce charmant chemin bordé de barrières où coule un béal est déclaré "sentiero storico". Il a l'air bien plan mais je ne l'emprunte que sur une centaine de mètres.

Un hameau avec une église. Ce n'est pas toujours le cas.

Au bout d'une heure trente environ apparaît le village de Vens.


On y trouve une église, une fontaine, et...un café restaurant ouvert où je vais faire un petit arrêt et en profiter pour charger le téléphone bien sûr, et me changer en short débardeur car j'ai eu très chaud en montant.

Je parle à la patronne en italien, et puis la conversation passe au français quand elle me demande si j'ai fait l'ultratour du Mont Blanc (elle n'est pas la première, le succès de mon T-shirt ne se dément pas). Elle parle français tout à fait couramment. En effet, il semble qu'ici les gens sont vraiment bilingues mais entre eux ils parlent italien.

En s'élevant au-dessus du village on observe que tous les toits sont en lauzes.

Un petit raidillon, et puis bifurcation sur un sentier à flanc de pente, en balcon, qui ne monte presque plus ! Un très beau sentier sous des rochers, pas toujours large mais pas dangereux et au besoin sécurisé, par exemple un escalier avec une main courante, nécessaire car les marches sont hautes.


Plus loin le sentier est toujours à niveau mais moins intéressant, passe dans des bois, s'engage dans une longue combe.

À l'entrée de celle-ci je me fais doucher par un arroseur (ils y en a partout en fonctionnement). Juste après je rencontre un couple, la fille parle italien avec un accent étranger, ils me disent que le chemin est barré par l'électricité. Je m'imagine un fil de la ligne à haute tension. Mais après ils parlent de fil pour les vaches...en tout cas je continue, je ne peux pas me permettre de rebrousser chemin...et en effet c'est une simple clôture électrique, il suffit de soulever un piquet, absolument aucun problème. Il y a vraiment des gens neu- neu.

Les vaches sont plus bas mais il règne dans cette combe une épouvantable odeur de bouse, et sans doute des émanations d'ammoniaque car j'éternue à qui mieux mieux. Je me dépêche de passer cette zone.

Sur une piste parallèle au-dessus passent des voitures, et aussi des piétons. Les chemins vont se rejoindre et il faut marcher sur la piste pendant un moment.

Une dame d'un petit groupe avec des chiens finit par me saluer et engager la conversation, en italien puis en français quand elle s'est rendue compte que j'étais française. Toutes ces dames italiennes sont toujours très épatées de me voir marcher comme ça, et seule. Je crois que je n'ai jamais vu une Italienne marcher seule.

Alors pourquoi toutes ces voitures et tout ce monde ? C'est qu'il y a un restaurant, en plus c'est l'heure. Vu le monde ça ne me tente pas trop, et j'ai assez à manger pour ce midi. Juste ric-rac pour le pain.

Je marche encore un peu sur cette piste. Elle traverse un bois un peu clair de mélèzes. Je m'arrête à la dernière ombre, au bout de ce bois. Ferai même une petite sieste.

Maintenant m'attend une marche au soleil. Pour commencer toujours sur la piste. Je vois le col de loin. Il y passe des pylônes.


Un couple de jeunes amoureux me double, ils s'arrêtent au bord du ruisseau et moi je prends le sentier qui grimpe, dans une solitude totale. Au début il longe à distance le ruisseau qui coule dans une combe boisée de petits arbres, plus haut c'est la lande myrtilles genévriers rhododendron avec quelques mélèzes souffreteux qui tentent de s'installer. Pas d'ombre donc mais heureusement un petit vent.

Un peu moins de deux heures de montée régulière, sans problème, ce qui ne me plaît pas c'est de passer sous les pylônes, en plus à cet endroit c'est très raide. Ça finit moins raide et en corniche.

Personne au sommet pour la photo. Le selfie, c'est sport.


Je ferai mieux d'admirer les beaux panoramas

En arrière


En avant


Les taches blanches ne sont pas des nuages mais les hauts sommets blancs de montagnes suisses

La descente se fait par un sentier à travers les alpages, pierreux puis herbeux et pas très bien tracé, je prends plusieurs fois des faux sentiers créés par des vaches. Il faut faire attention de bien suivre les flèches jaunes, parfois un peu effacées.

On passe plusieurs fois à côté de bergeries en ruines.


Après les alpages commence le mélèzin.


Je me fais un thé sous ce gros mélèze pour me reconstituer un peu car mes pieds commençaient à se fatiguer dans la descente.

Plus bas rencontre avec des vaches.


On commence à voir la vallée et la civilisation mais il faudra encore beaucoup de raidillons à travers bois ou des fruticées (= arbustes) d'éboulis.


Une piste enfin, un ruisseau la coupe. Il aboutit en bordure de prés verts avec des replats. Je suis arrivée en bas, pourquoi ne pas rester là ? Dans le ruisseau je pourrai faire une toilette frisquette mais revigorante.


Le ciel rosit du côté des montagnes


Aujourd'hui c'était l'étape 117 de la Via Alpina rouge

18

Ciel voilé le matin, puis bleu


Mon pré est à 1400m environ mais le matin c'est encore frisquet, avec beaucoup de rosée. Rose est le ciel à l'est et le soleil apparaît, très brillant, au moment où je plie la tente.


Vers le ruisseau

À 8h en route vers l'église Saint Léonard. Il n'y a pas là qu'une église, mais un petit village avec un café sympathique, et à 200m une petite épicerie très chère où ils ont des pains complets ronds du jambon cru et du fromage "Fontine".

Avec tout ça le départ est très tardif, dix heures passées. Or pour le Col du Grand Saint Bernard le dénivelé est de plus de 1000m. Au moins trois heures.

Je découvre que le village de Saint Rhémi en Bosses est à environ 1km, plus haut. Le village d'origine, avec l'église et les vieilles maisons, et pas de commerces.

De gentils ânes sur le chemin

Après ce village le sentier rejoint la route du col et il faut la suivre. J'ai tellement hâte de la quitter que je tourne trop tôt, grimpe fort, pour redescendre car ce n'est pas le bon chemin. Encore un peu de retard de pris.

Le bon chemin commence juste un peu plus loin, il est moins raide et très fréquenté: c'est que cet itinéraire est encore et surtout la "via Francigena" importante voie de pèlerinage médiévale qui traverse la France et mène à Rome. Et qui semble revenir à la mode. Je parle avec une dame seule, et avec un Breton parti du Mont Saint Michel.

Je croise aussi un paysan sorti du passé qui porte sur son dos un fagot de branches et me dit "bon' djou".

Le groupe de maisons, Fonteinte , était un hospice.


La plaque commémore la mort de tziganes dans une tempête de neige

La première partie du trajet est en forêt et plutôt agréable, ensuite en terrain nu avec le soleil du milieu de journée c'est plus dur. Et puis il y a aussi la route que l'on entend pas trop heureusement mais qui est toujours visible.

C'est quand même moralement satisfaisant de se dire que ce sont nous, les marcheurs, qui parcourons la voie historique. Avec quelques variantes sans doute, mais quand on est sur un chemin bordé de murets et parfois pavé (voie romaine?) on n'en doute pas.


Le col ne commence à se voir qu'à environ 30 minutes de l'arrivée. On se rapproche de la route. À un moment donné on y monte même sur une espèce de rampe.

Proche de l'arrivée, une échancrure dans la roche.

La première chose qu'on voit en haut est l'imposante statue de Saint Bernard, encore côté italien.


En dessous un lac, un parking, des commerces et boutiques de souvenirs.


Je vais rester un moment de ce côté pour des raisons pratiques et mercantiles : un banc à l'ombre pour casser la croûte, des barrières pour sécher les toiles de tente. des établissements où on peut manger des glaces et boire un café à un prix abordable.

Ce n'est qu'ensuite que je remonte sur le chemin qui est en surplomb et où je passe la frontière.

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Côté suisse, deux gros bâtiments , c'était là que Saint Bernard a fondé les hospices pour secourir les pèlerins. Il y a encore un couvent où, d'après le Suisse rencontré il y a peu, on peut loger pour 55 CHF (60€), si les pèlerins ont les moyens...

Il se trouve aussi un musée... des chiens. Il y est question des Saint Bernard sans doute ? Je n'approfondis pas la question.


Je peine un peu à trouver le chemin. Il descend tout simplement dans une combe de pâturages et rochers où s'écoulent de nombreux ruisseaux. Le sentier est très pierreux, parfois abrupt. Pas d'ombre mais pour moi le soleil est derrière. Rien de particulièrement excitant donc dans cette descente. Et la route se voit toujours et s'entend davantage.


En descendant on voit plus de montagnes et puis il fait plus frais, par moments on est à l'ombre car le soleil baisse, on se sent mieux.

J'arrive en vue d'un lac artificiel, avec au milieu un étrange radeau, on dirait des panneaux photovoltaïques.



Une piste suit longuement ce lac. À l'approche du barrage elle monte et redescend, après le barrage on redescend encore, sur un raidillon. je n'aime pas ça. En plus le soir tombe il va falloir penser à s'arrêter.


Heureusement le sentier remonte un peu et passe au-dessus de gorges où l'eau peut se déverser au cas où... Et je remonte encore un peu dans des prés où je trouve un coin à peu près plat sous un épicéa qui j'espère m'abritera de la rosée.


Gros inconvénient, mais difficile d'y échapper, la route passe juste en face, sous un semi - tunnel.



Via Alpina R117-116 Via Francigena
19

Beau temps, chaud

Toujours un peu froid le matin. J'ai acheté hier de la ricotta artisanale, c'est très bon sur le pain au petit déjeuner.

Départ 8h05. Le barrage est toujours là, le sentier surplombe des gorges. La rivière s'appelle la Dranse d'Entremont (nom de la vallée).

Une piste d'exploitation forestière qui a servi récemment descend vers la rivière puis un sentier remonte sous une paroi rocheuse pour arriver à Bourg Saint Pierre.


C'est le premier village de la vallée d'Entremont. Il comporte des maisons de pierre et des maisons de bois, et n'a aucun commerce. La porte qui donne accès au clocher est minuscule .

Je poursuis ma route, toujours à l'ombre. Je descends la vallée, mais pas sur une pente régulière, ça monte et descend.

Et puis le soleil va finir par se lever de derrière les monts, vers 9h30

Et avec le soleil il va faire nettement plus chaud. Une nouvelle canicule ? Heureusement j'ai le soleil dans le dos et un léger vent souffle.


La vallée s'élargit et des villages apparaissent sur les pentes vertes. J'arrive à Liddes, encore un village de montagne aux maisons de pierre ou de bois et qui semble désert... Je n'y croyais plus, je trouve une petite supérette tenue par une jeune dame très aimable. Je n'achète que pour mon repas de midi qui sera agrémenté par des tomates des prunes et du fromage blanc.


Je peine un peu à retrouver l'itinéraire, il me faut traverser la route et redescendre jusqu'à la rivière, passant au-dessus des gorges

Évidemment ensuite ça va remonter... C'est à peu près dans ces lieux que je croise un couple de pèlerins anglophones. Ce sont des Australiens, c'est leur premier jour, ils comptent arriver à Rome au tout début novembre.

Mais voilà qu'après cette montée, il faut tourner à angle aigu et descendre extrêmement raide jusqu'à la rivière, puis la suivre. Ce n'est même pas l'occasion d'une baignade. D'abord, elle est très encaissée, et puis ce serait paraît-il dangereux à cause du barrage. en amont qui pourrait lâcher de l'eau.

On quitte la rivière... Et ça remonte. En haut je m'arrête au bord d'une piste sous des mélèzes avec jolie vue, et puis descends vers Orsières en grande partie sur des pistes. Mais je n'y arrive qu'à 14h30.

C'est le logo de la via Francigena

J'entre dans un café où il fait chaud aussi, et où des retraités peut-être sourds braillent à qui mieux mieux. Mais je charge, laissant mes appareils branchés pendant que je fais les courses au Volg d'à côté. 3,30 CHF le café, j'ai vu pire.

Je me suis bien chargée, et bien sûr il faut monter pour aller à Champex le lac. 620m de dénivelée.

Devant la gare où s'agitent les collégiens il fait encore très chaud. Et ça commence fort, avec un bon raidillon qui gravit une pente herbeuse. Mais, et je me félicite d'être partie tard, la pente est maintenant à l'ombre, et il suffit de prendre un rythme régulier, et l'ascension se passera bien.

On s'élève très vite, ce qui permet d'avoir la vue sur Orsières, que je n'ai même pas pris la peine de visiter.



L'ascension va continuer tout droit jusqu'au hameau de "Chez les Reuses" accroché à la pente et constitué exclusivement de chalets de bois.


Plus haut on rejoint une large piste en forêt c'est plus pénible, et la pente ne faiblit pas !

Au niveau de ce petit oratoire je rencontrerai trois jeunes randonneurs avec des sacs énormes, ce sont des Gallois, ils me disent qu'il n'y a plus que 20 minutes mais ils doivent confondre montée et descente.

Le paysage est généralement caché par les arbres. La vallée d'Entremont est visible mais le fond est déjà à l'ombre. On voit mieux la vallée du Rhône. Je ne saurais trop dire de quel côté.

Et puis tout d'un coup au lieu dit "le Signal" on arrive à un parking, à un plateau, ça ne monte plus. Je reconnais l'hôtel que j'avais repéré en hauteur en descendant la vallée tout à l'heure.


Champex est un lieu touristique très étendu et très fréquenté, il va falloir que je dépasse tout ça, commençant par longer le lac à l'eau sombre.


Vers la sortie de l'agglomération se trouve un camping. Je ne me pose pas la question longtemps, les tentes sont à touche-touche et ça crie là dedans tant que ça peut.

Enfin plus de maisons, il me faut suivre un peu une route avant d'obliquer sur un chemin forestier. Côté forêt il n'y a guère de possibilité pour le bivouac. De l'autre côté les espaces verts sont les terrains autour des maisons. Un peu plus loin c'est plus vaste mais il faut réussir à franchir la rivière, j'y parviens finalement en mettant les pieds dans l'eau, c'est bien que mes chaussures soient encore imperméables.

Je m'installe à proximité de la rivière, c'est suffisamment plat, joli mais humide. Je m'arrange pour ne pas être en vue des maisons avoisinantes.

La rive est un peu abrupte mais il y a un petit coin où on peut descendre pour les ablutions la lessive et la vaisselle.

20

Très beau temps


Pas de surprise, c'est très humide ce matin. Pas un nuage mais pas de soleil, il y a des monts et des forêts tout autour.


Pendant le p'tit déj et le pliage j'entends constamment des voix, et bien souvent en anglais... Non cela ne vient pas des maisons voisines mais tout bêtement du chemin de l'autre côté du ruisseau. Ce sont des randonneurs, et je vais finir par comprendre que ce chemin est l'itinéraire du TMB, tour du Mont Blanc.

Bref ça va être la foule. Une jeune fille me double dès que je suis sur le chemin, un peu plus loin j'en trouve une autre qui est française et on marche un peu ensemble. Elle est partie des Houches, a déjà fait un grand tour. Elle a campé à Champex, elle dit qu'un groupe d'Américains parlait très fort, mais sinon ne s'est pas trouvé si mal. C'était 20 CHF.

On marche dans la forêt, parfois une ouverture sur les montagnes. Au début c'est plat ou ça descend légèrement.


On passe encore dans quelques hameaux aux maisons dispersées. Je suis très préoccupée de me débarrasser de mes poubelles notamment parce que ma cartouche de gaz s'est terminée ce matin et c'est encombrant. Hélas personne ne laisse sa poubelle devant chez lui . Mais près d'une fontaine j'en trouve une, publique, bon débarras. À côté sur un banc sont assis trois jeunes dont la première jeune fille qui m'a doublée. Je n'arrive pas à identifier leur langue, un peu gutturale. Je finirai par leur demander : des Israéliens.

Je parlerai aussi à un Londonien de type indien ou pakistanais, qui, exactement comme moi, a renoncé à prendre la variante par la "fenêtre d'Arpette" beaucoup plus montagnarde et +1900... mais maintenant le regrette.

Sûr que ce chemin-ci n'a rien de très spectaculaire. À flanc de pente dans la forêt, épicéas et mélèzes, il monte dans les pierres avec plein de randonneurs dessus. Francophones ou anglophones, un groupe de Chinois.

Il fait rapidement chaud. Quand je m'arrête pour enlever des épaisseurs je déguste des myrtilles énormes. On contourne une combe rocheuse d'où descend un torrent.


J'avais vu de loin un groupe de cavaliers. Maintenant j'entends un bruit de sabots. Ils sont derrière, sur le chemin, je les laisse passer.

Et après je fulmine. Ils vont abîmer le chemin et le couvrir de crottin, il y a bien une vingtaine de chevaux...

En effet ces crottins non seulement sentent mauvais mais sont couverts de mouches qui s'envolent d'un seul coup à votre approche. Beurk.

Le chemin continue à monter, toujours pierreux ( du granit). La vue se dégage sur le Grand Combin 4313m la montagne couverte de glaciers à l'est de la vallée d'Entremont, et sur la vallée du Rhône au fond très plat et très urbanisé.


Le sentier contourne la montagne et arrive à un alpage appelé Bovine et effectivement fréquenté par des bovins, notamment des bêtes noires de race Herens. Un taureau mugit et gratte la poussière, mais ne s'intéresse pas aux marcheurs.

L'alpage fait aussi bistrot comme en Autriche. C'est une belle affaire, sur cet itinéraire ils ne manquent pas de clientèle.

Mais je passe, je voudrais atteindre l'endroit le plus élevé. Toujours la vue sur la vallée. Et sur le Grand Combin, avant qu'il disparaisse de la perspective.

Ce point élevé est à environ 2060m. Ensuite le sentier descend dans la forêt, moins pierreux maintenant.

C'est curieux car je fais une pause d'un petit quart d'heure, et alors que 5 minutes avant c'était la foule, il n'y a plus personne.

Par contre au col de la Forclaz (1527m) s'ajoutent aux randonnées les touristes venus en voiture ou en moto. Ce n'est vraiment pas un endroit pour s'arrêter mais j'ai faim. Même pas de place pour pique niquer d'ailleurs, ce ne sont que cafés buvettes ou restos. Je me cache derrière un bâtiment sur ce qui semble être un camping, j'étale mon matériel à sécher et personne ne me dérange.

Et puis voilà ce que je découvre en levant les yeux...

Des sommets que je n'identifie pas, mais du massif du Mont-Blanc à coup sûr.

À la sortie du col un chemin étonnant et complètement plat domine la route et le village de Trient au fond d'une vallée.

En descendant on rejoint l'extrémité sud de ce village.


Trient et le torrent du même nom

Il s'y trouve un refuge, un bistrot et un camping, où je regrette de ne pas être descendue directement car il y a là des tables de bois à l'ombre, et une prise pour recharger les téléphones. Je me fais un café, et attends 16h30 pour repartir. Il fera moins chaud, et je ne suis pas obligée d'aller jusqu'au col.

De mon abri, vue sur aiguilles et glaciers

C'est reparti, une route au soleil pour commencer, et puis des lacets raides et pierreux dans une pessière.


Dans cette montée je rencontre un type peu chargé, monté au col dans la journée, puis un couple de Suisses venant de La Flégère. D'après les infos diverses je devrais pouvoir bivouaquer mais il faudra monter haut.

À ma droite le précipice est impressionnant



Après avoir monté à l'ombre en permanence, en haut, à la sortie de la forêt, le soleil revient.

Je pensais trouver là haut des alpages où je pourrai planter la tente. Pas du tout, ce n'est que de la lande. Autre point ennuyeux, un vent assez fort.

Les indications du monsieur de toute à l'heure n'étaient pas si mauvaises, il m'a parlé d'une cabane mais il y a plusieurs bâtiments et des murs de pierre. Mystérieux...Des constructions militaires ou des caves à fromage ?

Je vais planter la tente à l'abri entre deux murs. Mais sur le soir le vent semble se calmer.

.

Je suis encore à 2km du refuge. Le lieu dit s'appelle les Herbagéres


Via Alpina R114 - R113. Tour du Mont Blanc (TMB)
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Très beau temps, qq nuages le soir


La lune est au dernier quartier mais toujours très brillante la nuit. Beaucoup d'humidité de nouveau et tente trempée. J'aurais peut être du me mettre en plein vent !



La montagne en face rosit mais le soleil, comme toujours, n'arrivera qu'à mon départ (8h10).


J'apprendrai au refuge que ces constructions de pierre sont tout simplement des bergeries.

Devant moi marche une jeune fille, je vais un peu plus vite qu'elle mais ne la rejoins qu'au refuge. Elle est partie de Trient à 6h.

Juste avant d'arriver au col on voit pointer des sommets blancs.


Sa Majesté ! À gauche lAiiguille Verte

Je parle avec des gens à la terrasse puis vais me renseigner auprès du gardien du refuge... qui était l'un d'eux. Il dit qu'hier c'était le temps idéal pour aller à la fenêtre d'Arpette...

Je ne m'éternise pas. Des Allemands me proposent de me prendre en photo à la frontière. Car c'est le retour (provisoire) en France.


Et puis je commence à descendre, un bon sentier, peu pierreux, à travers les alpages. Avec toujours la vue sur le Mont Blanc.

Ça se gâte au départ de téléphérique télésiège (Chamillon), je m'engage sur une piste caillouteuse, et j'aurai d'autant plus de mal à retrouver le chemin qu'il a été dévié, l'ancien a été transformé en piste VTT.


J'arrive en surplomb du village du Tour, on voit aussi Chamonix dans le fond de la vallée. Ensuite le sentier descend en lacets sur une petite route vers Le Tour. Pas d'épicerie dans ce village, mais un café snack où je me prends une tarte aux poires avec le café, avec l'idée de ne déjeuner qu'après la montée.

Traversée des villages du Tour et de Montroc, sans voir aucun randonneur du TMB.


Église du Tour, gare de Montroc

C'est juste au dessus, à Trélechamp que va commencer la rude mais belle ascension d'une pente rocheuse. Beaucoup de marcheurs montent du parking. La moyenne d'âge est beaucoup plus basse qu'hier.

Le chemin est raide et rocheux avec de grandes marches. L'heure est méridienne, le soleil est en face. Bref un peu fatigant. Mais c'est beau, on est aux premières loges pour admirer dômes, pics et glaciers. En arrière, on voit longtemps le refuge du Col de Balme.

L'aiguille du Tour aiguille d',Argentieres.,l'Aiguille Verte les Grandes Jorasses et le Mont Blanc

Quand je vois apparaitre de ce côté ci de grandes aiguilles effilées je me dis qu'on approche du sommet de cette crête rocheuse.


Mais soudain une paroi rocheuse verticale s'élève en travers du chemin. Dessus une succession d'échelles tout aussi verticales, rien à faire, il va falloir y monter. Aux échelles succèdent des grimpettes avec cordes et crochets, des rochers raides, encore des échelles et des ponts, des marches parfois descellées, des pitons, encore beaucoup d'efforts à faire pour arriver en haut.

Dans ce genre d'endroits il ne faut pas laisser place à la panique, se concentrer, ne pas regarder en bas, c'est rarement dangereux car bien étudié et finalement plutôt distrayant.

Enfin voilà à 2140,m le grand cairn de la "tête aux vents".




Je fais la pause à cet endroit là, d'abord parce qu'il est grand temps, presque 15h, et parce qu'on peut encore choisir entre deux possibilités, aller au lac Blanc ou à La Flégère. Un coin d'herbe me permet d'étaler mes toiles de tente mais l'endroit n'est pas idéal, pas d'ombre sauf un coin minuscule sous un rocher.

Je choisis d'aller à la Flégère pour finir l'étape via Alpina et faire la jonction avec le parcours que j'avais fait il y a 5-6 ans depuis Trieste.

Malheureusement ça descend pour remonter ensuite. Toujours un chemin rocheux ou pierreux... Toujours le soleil devant. Et toujours ces splendeurs en face qui semblent si proches..

Le glacier d'Argentières est très diminué. La Mer de Glace est couverte d'une épaisse couche de pierres

Arrivée à la Flégère. Lac de retenue, télécabines télésièges pistes, ce n'est pas très beau.


On se rapproche du Mont Blanc. Des nuages apparaissent sur les sommets.

Sur le chemin un café avec terrasse, fermé et pas d'eau. Une jeune fille est sur la terrasse, je mets un moment à la reconnaître, c'est elle qui marchait devant moi ce matin. Elle est de Pézenas.

Elle va camper au bord du lac où on peut se baigner. Moi je voudrais continuer mais il est déjà 17h30, et il me faut de l'eau. Je vais au lac. Il y a là un groupe de jeunes randonneurs très sympas. L'un qui a les pieds dans l'eau me remplit ma gourde filtrante, l'autre me donne de l'eau potable.

Et je reprends la montée, ça grimpe fort et le chemin n'est pas clair. Je n'irai pas beaucoup plus haut mais je suis bien placée pour le spectacle "coucher du soleil".

L'itinéraire, c'était le Tour du Mont Blanc Seule la fin était l'étape R113 de la Via Alpina.

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Très beau temps, quelques passages nuageux

Pas un nuage ce matin. Le Mont Blanc semble tout proche.



Près de tourbières, avec un lac pas loin, je n'étais donc pas tellement surprise de l'humidité... la tente est trempée, le matelas et le duvet sont moites.

Départ vers 7h45, encore à l'ombre.

Le sentier est large et monte beaucoup. Il passe devant un autre lac, rond, où j'aurais pu bivouaquer, ça m'aurait fait un peu plus d'avance.

Mais je venais juste de croiser un panneau indiquant l'entrée de la réserve naturelle des aiguilles rouges, avec l'interdiction de faire un tas de choses et notamment camper.



Poursuivant sur ce sentier rocheux je finis par approcher du Lac Blanc et de son refuge. Ici aussi un panneau vous interdit un tas de choses.


Pas le droit de se baigner dans le lac, pas d'eau potable, pas de bivouac sur place... C'est mieux que je ne sois pas montée jusque là hier.

C'est un beau site pourtant.


Sous les "Aiguilles Rouges"


Je monte quand même à la terrasse du refuge. Des gens sont en train de prendre le petit déjeuner, je vois un broc que je crois être d'eau, j'ai le culot de demander si je peux en prendre, et la jeune fille très sympathique qui est là me dit que c'est du thé népalais et elle va me chercher une tasse pour que j'y goûte. En fait elle travaille au refuge, la terrasse n'était encore pas ouverte aux clients de passage. Elle est en effet Népalaise, est ici pour 4 mois sinon elle vit au Portugal où elle se plaît bien. Le thé est additionné de lait et parfumé à la cardamome, très bon.

Elle me confirme que l'eau n'est pas potable. On peut en acheter (6€ pour 1,5l !!).. ou en prendre dans le lac. J'opte pour la deuxième solution, remplissant ma gourde par sécurité.

Il existe en fait une place de bivouac , mais elle est plus bas, à côté d'un groupe de petits lacs, dits lacs de Chezery. Jamais je n'aurais pu les atteindre hier !


La descente se corse soudain...


Ce seront les seuls échelles, mais il y aura aussi des marches et des rampes, et beaucoup de rochers. Belles vues de toutes parts, côté Aiguilles Rouges, ou côté Montblanc.


L'endroit est tout aussi fréquenté ce matin qu'hier après midi. J'ai croisé des gens sortant du refuge, je croise des gens qui y vont...

Et je me retrouve à un carrefour bien connu...


La Tête aux Vents, bis

J'ai emprunté déjà trois des chemins qui s'y croisent. Celui "des échelles" venant de la vallée, celui de la Flégère, celui du Lac Blanc. C'est le quatrième que je vais emprunter, allant vers le col du Montet, sur la route vers Vallorcine.

C'est un chemin bien tracé et également très fréquenté, il longe la pente en passant sous les Aiguilles Rouges, et pendant un bon moment se maintient en altitude. Sans pour autant être plat, pas le moins du monde. Ni facile, il faut sans cesse passer sur des rochers, avec des abrupts et des marches hautes.

C'est le tracé de la Via Alpina étape R113, que j'avais raté hier. Et pour la première et seule fois dans le coin, je vois le logo sur un panneau.


La pente est rocheuse et dénudée avec des mélèzes isolés ici et là. Des nuages apparaissent sur les Aiguilles Rouges, mais le ciel reste clair côté Mont Blanc.

J'ai besoin d'un peu d'ombre pour faire le point, la seule ombre est sous un mélèze où un groupe est stationné, ils sont très sympathiques, type indien... Ce sont en fait des Américains de Boston et Washington DC, avec un guide français. Ils veulent faire des photos.



Et ce qui est drôle, c'est que aussitôt après je rencontre un couple d'Américains, eux tout à fait blancs mais également très sympathiques.

Le sentier, qui ne descendait globalement que très légèrement, se met soudain à plonger vers la vallée avec des lacets raides et rocailleux. La route est visible en bas, très loin. La descente sera longue.

J'arrive à la route vers 13h, au niveau du "Chalet de la réserve des Aiguilles Rouges". En plus d'expositions sur la faune, la flore, la géologie ils font café mais ils n'ont rien à manger à part des glaces. Alors je me mets sur un banc à l'ombre pas loin, mange deux tartines de pain avec du fromage, fait sécher mon matériel, et puis vais prendre un cornet de glace et un café, à une table près d'une prise de courant.

Je m'informe sur les itinéraires pour aller au Col de Balme. Celui de la Via Alpina est plus long et d'après eux moins intéressant que le Tour du Mont Blanc qui passe en crête et monte à "l'Aiguille des Posettes". Alors tant pis pour la via Alpina.

Il est déjà 15h30 quand je me mets en route. Au début un chemin plat parallèle à la route, j'y rencontre une dame qui se plaint que "nos" eaux à partir d'ici aillent vers la Suisse..

Le sentier est encore une fois bien marqué. Il monte dans une pessière parsemée de gros blocs rocheux.C'est mieux d'être à l'ombre car il fait encore chaud. Pas mal de gens descendent.


Peu à peu on sort de la forêt, le vent souffle un peu, et la vue se dégage.

À l'est

Le lit du glacier d'Argentières, le Mont Blanc

À l'ouest, contre jour

Je grimpe maintenant dans la lande à myrtilles genévriers rhododendrons. Les myrtilles sont abondantes. J'ai rejoins la crête sur un chemin rocheux qui monte, amenagé avec des marches en bois. On croit toujours être arrivé au sommet mais il est toujours plus loin.


Après plusieurs faux sommets la crête se rétrécit, le sentier aussi. Toutefois le sommet n'est pas pointu, pourquoi ce nom d''aiguillette des Posettes'? Mais c'est un sommet, le premier où je monte cette année ! 2201m

On voit maintenant le col de Balme et le refuge (encore loin) et au nord un barrage, celui d'Emosson, en Suisse et un mont appelé Tour Salière.

De l'autre côté le Mont Blanc s'est ennuagé


Ensuite je ne prends plus de photos car je me dépêche. J'aurais voulu manger au refuge car je n'ai plus que les flocons d'avoine en réserve. Mais il devient improbable d'y arriver avant 19h, et difficile pour 20h.

Il faut d'abord descendre au Col des Posettes à 1997m sur des schistes orientés verticalement, ce qui n'est pas désagréable mais on ne peut pas aller très très vite.

Après le col ce sont des pâturages et des installations de ski. Maintenant le sentier est bien lisse mais il monte.

Au refuge le repas se termine. On me propose une soupe avec pain et fromage. J'accepte avec grand plaisir. C'est une soupe aux légumes tout à fait excellente.

Il n'y a pas de place au refuge et, plus ennuyeux on ne peut pas bivouaquer à côté. Je vais donc devoir redescendre aux Herbagères où j'ai dormi avant hier.

Le chemin caillouteux en lacets me semble interminable pendant que la nuit tombe.

Arrivée à ces cabanes de pierre je me souviens avoir vu le matin une petite porte où était écrit "abri". Je lui la retrouve et l'ouvre.

Derrière il y avait une autre porte, mais la vitre a été brisée. À l'intérieur une table et des bancs, ça a l'air propre. Je me faufile entre les éclats de verre. Il y a aussi un dortoir avec des matelas.

Je ne vais pas avoir à monter la tente, et ça m'arrange bien !


23

Très beau temps


Cet abri est super bien aménagé, avec du bois tout neuf. Ils ont juste oublié le système d'évacuation de l'humidité. Mais c'est quand même plus confortable, ça me permet de me lever et partir plus tôt, vers 7h30, car une longue route m'attend et il faut que j'arrive à Champex quand les magasins sont encore ouverts.


Le matin à l'abri

En fait aujourd'hui je prends en sens inverse un chemin déjà parcouru la semaine dernière, mercredi, le jour où j'aurais dû prendre la variante par le col d'Arpette.

Depuis Trient je me rappelais une montée très pierreuse et imaginais une descente épouvantable. Finalement ça va, la partie la pire était avant les Herbagères. Par contre le chemin me semble long.

Je croise assez rapidement un premier randonneur et je commence à les compter, au début des marcheurs isolés ou des couples, assez espacés, puis des petits groupes, plus rapprochés et de plus en plus nombreux. Bref en arrivant vers Trient c'est des foules. J'ai compté jusque 300 et il y en a encore après.

J'ai repris quelques photos mais ce sont les mêmes paysages qu'à l'aller.


La vue sur Trient au départ, le chemin dans la forêt, le profond précipice

J'arrive à 9h à ces tables abritées près du camping que j'avais bien appréciées. Même chose, je charge le téléphone, fais un café, un peu de lessive, le tout en un peu plus d'une demi heure. Et puis je retrouve la montée vers le col de Forclaz, une piste en pente douce puis un sentier abrupt, la passerelle pour traverser la route et le chemin sur la courbe de niveau avec une partie passerelle au dessus du vide que des chiens ont peur de traverser.


Passerelle au-dessus de la route

Au col de la Forclaz je ne fais que passer


Maintenant commence, au-dessus d'un troupeau de vaches noires qui carillonnent, une longue montée à flanc de pente, . Plus de 600m de dénivelé. Dans mon souvenir la descente dans l'autre sens était plutôt facile, mais les tas de crottin très désagréables. Pour la montée, facile en effet mais longuette longuette, les crottins ont un peu diminué mais ça sent toujours mauvais voire plus, il semble bien que des vaches se soient mises de la partie.

Le chemin est en forêt, excepté la traversée d'un ancien alpage que j'avais oubliée.

Au début c'est très calme, les randonneurs arrivent de Champex. ce n'est qu'en progressant que je commence à les croiser, presque deux cent avant le point sommital, une espèce d'arête à 2062m. Après j'abandonne..

Pas beaucoup de place là haut mais un petit coin d'ombre me permet de casser la croûte, trois tranches de pain dur, un peu de fromage, une prune. Pas besoin de sécher la tente, pour le reste les arbres suffisent.

Toujours la vue sur la vallée du Rhône à l'amont de Martigny


Ça y est, après 13h le plus gros des randonneurs est passé. Plus personne à l'alpage de Bovine. Et plus de vaches non plus. C'est elles qui paissaient au col et qui ont laissé ces bouses en y allant.


Phénomène inverse, la descente dans les pierres granitiques me paraît moins pénible que je n'imaginais.

Je ne me souvenais plus qu'on croisait tant de torrents.


Je retrouve plusieurs fois un groupe qui marche dans mon sens mais sans gros sacs. En doublant trois personnes je glisse sur une grosse pierre... Les gens m'aident à me relever, pas de mal, éraflure au coude.

Peu après, fini les cailloux, une piste lisse, la fontaine où j'avais rencontré les trois Israéliens, eau fraîche et bien venue pour laver mes écorchures.

Le panneau indique 1h20 jusque Champex alors que je me croyais presque arrivée. Et ça va remonter un peu. Mais il n'est que 15h30, je suis dans les temps.


Un paysage avec la croix que j'avais pris en photo à mally.

Le trajet est un peu fastidieux, pistes et goudron mais j'arrive à Champex largement à temps pour les courses. La supérette est horriblement chère et je n'y trouve même pas tout ce dont j'ai besoin. À la boulangerie le pain a l'air bon et ils font du fromage à la coupe. Il ne reste plus qu'à prendre de l'eau à la fontaine au bord du lac.


Le TMB continue direction sud vers La Fouly. Montan dans une pessière aux pentes raides et rocheuses, je ne suis pas très optimiste quant à la place de bivouac mais j'ai repéré une aire de pique-nique sur la carte.

Elle est située sous un haut rocher où se pratique l'escalade. Elle est très vaste des zones planes. Il y a déjà un campeur. qui est... tchèque ! Alors on fera bon ménage. Il s'appelle Ondra, a fait 25km hier en venant du Col Ferret (frontière Suisse Italie) après s'être levé à 10h.


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Très beau temps


Réveil pas bien tôt et départ pas bien tôt non plus (8h30). Ondra n'émerge pas, c'était prévu, on s'est salués hier.


Vue depuis la tente
Sous le rocher

Le chemin caillouteux et sableux commence par tournicoter. descendre raide mais remonter parfois, si bien que je me demande à tout moment si je suis dans le bon sens.

On passe devant une mine, je n'ai pas compris ce qu'on y extrayait


Et on finit par atteindre la vallée, le Val Ferret plus exactement, que je vais remonter le reste de la journée. La rivière qui y coule est "la Dranse de Ferret".


Une scierie et le village d'Issert

À Issert on retrouve ces chalets de bois en grosses poutres équarries des vieux villages suisses.


Mais certains de ceux-ci sont particuliers. Celà fait un moment que je vois sur la carte ou des panneaux le terme de "raccards du blé". Ce sont des greniers. Ils sont "suspendus" et posés sur des pierres de façon à ce que les rongeurs ne puissent pas entrer.

Je sors du village en montant dans des prés verts. Le village suivant, Praz de Fort, n'est pas bien loin.


J'y trouve un petit bistrot sympathique où je prends café croissant et je lis le journal local. J'apprends que les prix augmentent en Suisse et que les classes moyennes ne s'en sortent pas avec 100.000 CHF de revenu par an (? plus de 100.000 €!) et plus grave qu'il y a eu un fort séisme au Maroc.

Du kitsch suisse à la sortie....


Si c'est pas mignon...

Cette vallée est très bucolique avec ses villages, ses chalets, ses "raccards". Mais les sommets qui commencent à apparaître au-dessus des forêts sont dénudés et sauvages.


En aval on voit encore Champex (le grand hôtel ) situé sous cette montagne étrange avec une grande plaque qui semble vouloir se détacher et qui s'appelle le Catogne.


Après Praz de Fort le décor change. Le sentier pénètre dans la forêt, d'abord monte tout droit, en remblai comme une voie de chemin de fer, mais 1m de large, curieux...

Et puis il part en corniche, toujours en forêt, au dessus de la Dranse. Ce torrent coule au milieu d'un très large lit de pierres. Bref un environnement nettement plus sauvage.


.

Mais sur l'autre versant on observe encore des prés verts et des hameaux (Prayon).


Plus loin ce sentier aboutit sur une piste. C'est moins pittoresque mais je vais pouvoir manger, avant ça n'était pas possible. Je me trouve un coin d'herbe à l'ombre. Il me restera 4-5km, le plus souvent en montée.

Aujourd'hui j'ai cessé de compter les randonneurs quand je me suis arrêtée au bistrot. Je crois que c'était là, du côté de Praz de Fort, que la majorité est passée. À la fin du trajet ce sont quelques personnes isolées.

C'est plus riant, avec de vertes clairières propices au bivouac.


Mais j'ai décidé d'aller au camping de La Fouly, la randonneuse rencontrée à mon tout début du TMB m'avait dit qu'il était bien, pas trop cher, et j'ai vraiment besoin de douche et de lessive.

Il est très grand, et forme des terrasses, les caravanes et camping-cars sont nombreux mais les tentes sont à part, avec de grands emplacements plats et herbeux, éventuellement à l'ombre mais je préfère le soleil pour demain. Je m'installe et seulement après je lève les yeux, et n'en reviens pas. Je me demandais de quel droit il s'appelait "camping des Glaciers", eh bien juste au dessus un immense cirque est couvert de glaciers, c'est très impressionnant.


Après la lessive, étendue sur un fil sous un auvent, je descends au village pour les courses, sans m'attarder, c'est touristique mercantile et il doit y avoir une fête quelconque avec une musique intempestive.

En rentrant au camping je me décide à aller à la réception, qui est très loin et tout en haut. J'aurais très bien pu resquiller et bien souvent je ne m'en prive pas, mais j'ai pour principe de payer si le camping est bien, et là vraiment on ne peut pas se plaindre. Il n'y a pas vraiment de cuisine mais une grande salle avec tables et chaises, micro ondes, bouilloire, et ordinateur. Sanitaires OK et même pas de lampadaires.

13,6 CHF ce qui fait 15€ mais pour la Suisse c'est très raisonnable. Ça doit être un prix "Tour du Mont Blanc".

Je me fais donc à manger dans cette salle parmi de nombreux randonneurs.

Tour du Mont Blanc
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Très beau temps

Belles étoiles dans la nuit. La lune s'amenuise.

Ça s'agite tôt dans ce camping, à 6h30 je suis loin d'être la plus matinale. Le soleil commence à briller sur le glacier, par contre aucun rayon ne parvient au camping, de toute façon ça n'aurait pas séché la tente, complètement trempée. Un brin de toilette, petit déj dans la salle, ça doit prendre plus de temps parce qu'il est 8h20 quand je pars.

L'itinéraire a peut être changé par rapport à mes cartes, au début j'ai du mal à trouver le bon chemin. Je longe le torrent, me trouve devant un pont qui a disparu, alors je remonte sur route au niveau du hameau de Ferret, vers une chapelle à la Vierge.


Il faut continuer à suivre la petite route, qui traverse une zone de "danger naturel", éboulements je suppose, les voitures n'ont pas le droit de s'arrêter. Au bout de la route, un chemin part sur la droite, traverse le ruisseau et puis commence à monter...fort.


Un sentier très raide coupe les lacets d'une piste, au début il est fléché mais il devient très étroit, humide, à moitié envahi par la végétation (rumex), je soupçonne que plus personne ne passe là, et en effet, au moment où je sors sur un chemin plus important... c'était un passage interdit ! À vrai dire je n'aurais pas aimé le prendre en descendant.


Une buvette est un peu plus haut. Pour y aller il faut passer sur un échalier et grimper dans une pâture.

J'ai déjà du mal à me trouver une place à l'ombre. Il est temps que j'enlève quelques épaisseurs, je crève de chaud.

Maintenant ça monte dans les alpages, mais beaucoup moins raide.


Vers le col du Grand Ferret

Et comme on voit c'est vraiment un bon chemin. Il y a du monde dessus, je compte à peu près 200 randonneurs jusqu'au col. Une randonneuse de type asiatique mais sans doute américaine me voit manger des myrtilles et m'interroge. Elle ne savait pas que ça se mangeait et ce que c'était. Elle trouve ça bon.

Bon chemin certes, pas trop raide, mais il est bien loin ce col.. mais on y arrive toujours.. 2537m.

Et il y a du monde, rien d'étonnant ! Pas de problème pour se faire prendre en photo .

Une petite table d'orientation indique les directions mais les monts n'y sont pas dessinés, alors on n'est sûr de rien.


La pointe blanche c'est le Mont Dolent (3819m).0n devait le voir du camping.

À gauche du glacier, les Grandes Jorasses ?? On ne les reconnaît guère.


Le Monte Rosa est dans cette direction. Mais loin. Est ce sommet couronné de nuages ??

Et vers le sud-ouest le Val Ferret, vers Courmayeur, ( même nom que du côté suisse), où coule la Doire de Ferret, de la couleur bleue caractéristique de fonte des glaces.

Dans la descente on longe un profond ravin en se dirigeant vers le rifugio Elena. Un couple de Français passe, me demande d'où je suis... Ce sont des Berruyers (habitants de Bourges) et il me parle de travaux à la cathédrale et des 36° à Bourges la semaine dernière.

Au-dessus, les Grandes Jorasses ?

Au refuge, en face d'un panonceau indiquant "pas de pique nique" je m'installe sur un banc encore à l'ombre pour casser la croûte. Je sors la tente,au début je n'ose pas, mais je finis par l'étendre sur la balustrade, et là elle sèche très vite. Des dames américaines viennent s'asseoir à côté, discutent un peu, mais le reste du groupe arrive et devient envahissant. Je rentre boire un café et trouve une prise pour charger. Le patron ne m'en empêche pas mais fait des réflexions, ça n'a pas l'air de trop lui plaire.

Pour finir petite sieste sur le banc, les Américains sont partis. Mais le Berruyer me réveille pour me proposer de m'emmener à Courmayeur en voiture, hors de question évidemment.

De toute façon il est temps de repartir. Le chemin continue à descendre vers le torrent.

Après un parking, une fontaine et un restaurant un sentier monte la pente en lacets, à travers un fourré d'aulnes verts , pas très hauts mais qui font parfois de l'ombre car le soleil commence à décliner. Quelques randonneurs me croiseront encore.

Après les lacets on arrive dans des mélèzes, on passe une zone de ravins, traversant plusieurs ruisseaux, l'un avec une rampe très très raide et humide pour en sortir.

Je m'accorde une petite pause à l'ombre d'un petit mélèze, ensuite c'est la lande, avec le soleil bien en face.



Vue vers l'arrière

Je suis étonnée de voir sur cette pente quelques replats mais les bonnes places de bivouac sont déjà occupées. Il y en a près d'un passage de torrents, je prends de l'eau au cas où je trouverai une place avant le refuge Walter Bonatti qui n'est plus loin.

Le soleil se cache, je traverse des hameaux abandonnés, passe devant le refuge, toujours rien.

Refuge Bonatti

Après le refuge c'est pas mieux, de loin ça a l'air plat mais de près c'est en pente. Et vers moi venant du bas arrive un autre chercheur de bivouac, pas bon.

Il me parle d'une place sous un arbre "qu'il me laisse '. Ça me plairait bien mais ce n'est pas très plat. Par contre à deux pas j'avise un petit espace d'herbe rase qui convient si en plaçant bien la tente, enlevant quelques bouses sèches.


Une belle journée !


26

Nuageux, averses et éclaircies


Eh oui j'ai été bien étonnée d'entendre la pluie tapoter la tente pendant la nuit, hier rien ne le laissait présager. Il y a même une petite averse juste au moment où j'ai tout sorti et que je m'apprête à démonter la tente.




Ce pic pointu juste en face est la Pointe Walker 4208m dans les Grandes Jorasses. Un peu plus au sud le Mont Blanc sans doute ? Mais il sera dans les nuages.

Je ne suis pas gênée par le soleil ce matin ! Le sentier reste à peu près à niveau autour des 2000m, plutôt bon car il traverse des alpages et est bien aménagé et large juste ce qu'il faut. Il n'y a que les passages de ravins qui sont un peu accidentés. Et le spectacle est continu.


Côté Mont Dolent et côté Mont Blanc
Le Val Ferret. Côté amont et côté aval
Grandes Jorasses, à droite la pointe Walker que l'on voyait plus tôt sous un autre angle
Côté Mont Blanc (dans les nuages) et au delà, col de la Seigne
De ce côté -ci, rencontres diverses.

Bien sûr je croise aussi des humains. Je plaisante un groupe de 4 gars qui ont mis leurs enveloppes de sacs mais peu après c'est moi qui mets la mienne car voilà une averse... C'est au moment où j'échange quelques impressions avec un jeune couple de Français qui ont été au camping dans la vallée. Lui a fait le GR5 et a bien observé la différence d'affluence avec le TMB.

L'averse sera brève, il vient même un peu de soleil et après il fait trop chaud.


Toutes ces infrastructures routières au fond de la vallée, c'est l'entrée (,ou la sortie) du tunnel du Mont Blanc

Une table d'orientation permet de mieux situer les sommets même si on ne les voit pas, comme le Mont Blanc...

Maintenant on voit bien Courmayeur au fond de la vallée, et puis une nouveauté, un étrange mont très pointu que la table d'orientation ignore. Il s'appelle le Mont Chétif.

Et puis enfin, au moment où le ciel devient bien noir, voici le refuge Bertone au milieu d'un petit hameau. Mais il n'ouvre qu'à midi et il est seulement un peu plus d'onze heures. Qu'à cela ne tienne, je me ferai mon café moi même avec mon réchaud.


Les tables sont abritées, c'est bien venu car une bonne averse survient. Beaucoup de gens arrivent et s'installent. Moi je repars avant l'ouverture.

Ça tombe bien, il fait beau maintenant. Et même chaud et un peu lourd. Le chemin qui descend vers Courmayeur est un peu raide et pierreux, mais je ne me plains pas par rapport aux gens qui montent. Ça va vite.

Je m'arrête dans un pré avant les premières maisons. Ce sera plus commode pour sécher la tente (pas trop mouillée) et me permettra de m'allonger un peu.


La vue depuis mon pré

Courmayeur fait bonne impression à l'arrivée avec ses maisons de pierres couvertes de lauzes, son clocher roman, les hauts monts qui l'entourent.

On y célèbre beaucoup la mémoire de ses guides de montagne.


Leurs prénoms sont italiens, mais leurs noms tous français.

Il y en a même qui ont leur statue


Et la maison des guides est un bâtiment imposant


L'esplanade centrale a son charme, les rues commerçantes pleines de touristes un peu moins. Et je vais passer trop de temps à y errer pour trouver ce dont j'ai besoin, ce qui est nécessaire est toujours beaucoup plus difficile à trouver que ce qui est superflu. Je suis contente d'être au bistrot pendant qu'il pleut.

Je repars donc un peu tard, vers 17h. Mais au moins il fait plutôt beau, on voit même le sommet du Monte Bianco, et c'est plus calme (mais passe encore un des gens sur le sentier)

Le fiume Dora Baltea , ou Doire baltée la rivière de la vallée d'Aoste, bien gonflée par la fonte des glaciers

Le TMB monte par des passages tortueux dans le pittoresque village de Dolonne

Et à la sortie ...Le sommet du Mont Blanc se dégage enfin. Très différent de son aspect côté France.


Voilà, et maintenant rien de très original, ça grimpe. Un peu dans des prés puis très longuement et très raide sur une pente boisée.


Ça se termine par des escaliers et un fort raidillon sous une ligne de télécabine, pour arriver dans la zone de ski de Plan Chécrouit.

Ce n'est pas le genre de coin où rester... Eh bien dans certaines circonstances si. Car il va pleuvoir, et c'est bien d'avoir un endroit où s'abriter. Je trouve une place dans un restaurant visiblement abandonné, doté d'un bel auvent à l'abri de la pluie et du vent.


Et la vue est belle

Mais ce n'est plus le Val Ferret. La vallée d'Aoste on dirait.


27

Pluie nuages et vent

Hier j'ai vu l'orage arriver, le tonnerre et les éclairs, mais j'ai réussi à finir de manger et quand la pluie a commencé je venais juste d'entrer dans la tente.

Dans la nuit la pluie a continué, mais elle ne tombe pas au réveil, vers 6h30. Sous les nuages on voit bien la vallée. Je me dépêche de ranger et plier la tente et je fais bien. La vallée, soudain, s'embrume... et il se met à pleuvoir. Je prends mon petit déjeuner en regardant tomber la pluie.

Celle-ci va cesser avant que j'ai fini de ranger, au départ le temps est relativement clair.

Le Plan Chécrouit et la vallée d'Aoste
Merci de m'avoir abrité, ancien restaurant "la Chaumière"!

Le Col de Chécrouit est un peu plus haut, il faut monter sur la piste, ce n'est pas l'itinéraire indiqué sur la carte et ça me perturbe mais ce n'est pas difficile de trouver le chemin, il suffit d'observer les randonneurs qui descendent. Ils doivent venir d'un refuge un peu plus haut.

Un premier refuge, "le randonneur" est fermé. La montée continue dans un environnement pas trop charmant. Pauvre montagne !

Voilà maintenant le refuge "Maison Vieille" qui est au Col de Chécrouit, 1952m.


Encore une belle vue sur la vallée

Je prends de l'eau et ne m'attarde pas, il faut marcher tant qu'il ne pleut pas.

Le sentier monte sur une pente herbeuse, au début parsemée de mélèzes qui se raréfient avec la montée. Je manque ne pas voir le petit lac de Chécrouit.


L'autre versant est une pente rocheuse abrupte.

Je consulte la carte pour me situer. Cette vallée est très exactement dans le prolongement du Val Ferret, mais c'est une autre rivière et une autre vallée qui s'appelle Val Veni. Mais en face, c'est toujours le massif du Mont-Blanc, qui est là au-dessus dans les nuages.


Maintenant devient visible un lit de pierres en coube, que j'avais vu hier de loin. J'avais pensé au lit d'un glacier, mais c'est encore un glacier, couvert de pierres comme la mer de glace, le ghiacciao (glacier) del Miage.


La montée continue, maintenant en terrain nu. Quelques gouttes de pluie tombent, il devient prudent de se couvrir. Les randonneurs se succèdent à la queue leu leu venant d'en face. Le sentier se dirige vers une arête rocheuse qui culmine 2442m. Je dois dire que je commence à trouver ça dur d'y arriver.

Mais de beaux paysages nuageux au passage...


J'ai bien fait de prendre cette photo de la vallée à quelques dizaines de mètres du point culminant car arrivée là haut, le brouillard !


Mon poncho de 50g tient encore le coup.

Pire que ça, le vent, qu'on ne sentait pas jusqu'alors, et la pluie qui se met à tomber beaucoup plus fort ! Bref pas question de faire une pause et pas trop agréable la descente !

Il y aura un abri, une cabane de bergers sans doute, évidemment fermée à clef mais on peut s'abriter en se coinçant dans l'entrée. La place pour une personne, je suis sûre que les autres randonneurs m'envient. Je peux mettre mes guêtres que j'avais oubliées ce matin, c'est pas malin, et attendre que ça se calme un peu.

Il faut rester attentif au paysage car les nuages évoluent vite et on peut voir apparaître de belles aiguilles et de beaux glaciers.



Ce glacier du Miage fait un peu peur on a l'impression qu'il vous arrive dessus.

Le sentier va longer un petit torrent, ma traverser, et atteindre le torrent principal, la Doire, au fond de la vallée, où la couleur bleutée de l'eau et les marécages vert et roux font un bel ensemble.


Après une borne de directions, je m'arrête pour manger un morceau, le moins longtemps possible il ne fait pas chaud. Paysage de lacs et de tourbières.


Et puis la piste à suivre, droite et d'autant plus désagréable qu'un vent froid vient d'en face, il ne va pas me lâcher jusqu'au refuge.

Le refuge, on l'aperçoit, là haut, entre des pitons rocheux.


La piste continue, au lieu d'être droite elle courbe et fait des lacets, c'est fort fastidieux de l'emprunter... J'arrive à me raccourcir en prenant quelques petits raidillons non balisés, c'est souvent raide et comme ils ne sont pas balisés on n'est jamais sûr qu'ils soient avantageux.

Mais enfin me voilà là haut. Ils ont de la place, ouf ! Je ne me voyais pas du tout monter la tente ce soir ! 54€ la demi pension.

J'ai dû arriver avant 15h, ça me permet de mettre ma tente à sécher sur le fil au-dessus du lit , faire la sieste entre un chinois (?) et des Israéliens (?), prendre un café à côté d'Australiens, puis un peu plus tard une bière, tout en écrivant ce journal.

Dehors les nuages ne se lèvent pas.

Au menu ce soir, entre deux jeunes randonneuses solitaires, une Hollandaise et une Finlandaise, Mia, infirmière. Tranche de pain avec tomates, risotto, rôti de porc avec haricots verts et pommes de terre. Au dessert un petit verre de panna cotta avec un peu de confiture et de la Chantilly.

28

Beau , puis nuageux

J'ai dû avoir mon compte de sommeil, le problème c'est que coincé sur le châlit entre deux personnes on ne peut pas faire grand chose quand on se réveille la nuit, et puis ça manquait d'air.

Le petit déjeuner à l'italienne n'est vraiment pas formidable. Pain beurre confiture et quelques petits gâteaux que j'emporte.

Le ciel est bleu ! Le soleil levant dore les glaciers.

À ce moment j'entends derrière moi "ça me rappelle l'Annapurna"... Mais bon, c'est le genre de chose à quoi on peut s'attendre dans les refuges...


Et le sommet du Mont Blanc, plus ou moins dans les nuages, pointe par derrière.

Départ 7h40, relativement tôt, le problème c'est que j'ai du mal à trouver le départ du sentier. Appartement c'est la piste mais j'y répugne. Il faudra bien la prendre de toute façon mais au moins je trouve un raccourci qui m'évite de faire demi-tour.

La piste monte modérément le long d'une vallée verte, barrée à son extrémité.



Je jette de fréquents coups d'oeil en arrière au cas où Sa Majesté daignerait montrer son sommet mais la coiffe de nuages est toujours là. Mais c'est beau cette vallée à contre jour.


Évidemment ça se met à monter plus fort, le chemin est toujours large, heureusement on peut prendre quelques raccourcis, qui du reste doivent être l'ancien sentier.

Une construction apparaît avant la montée finale, on dirait un refuge, un bivacco (refuge non gardé), une cabane de bergers??... Rien de tout ça, c'est un centre d'information touristique où on peut voir en particulier une maquette avec le tracé du tour du Mont Blanc.

Deux gars arrivent derrière moi, marchant dans mon sens. Je les double parce que je prends un raccourci mais après ils me doublent de nouveau et je les suis, car à vrai dire il y a des chemins partout, c'est très anarchique. Ils vont passer sous un coteau rocheux, c'était une belle idée car en dessous c'est plein de fleurs de rocaille, rien de très rare mais ça fait plaisir.


Armérie des Alpes (rose) avec saxifrage faux aizon (jaune), trèfle jaune, un autre saxifrage (blanc)
Une campanule, cirse très épineux, céraiste alpin

Le col est signalé par un grand cairn et des petits drapeaux tibétains.

On suppose que la petite photo au milieu du cairn est le Dalaï Lama

Au-dessus du cairn s'élève l'Aiguille des Glaciers, et derrière... Monte Bianco lui même mais toujours avec ces nuages qui le coiffent. entre lesquels on distingue très sporadiquement le sommet blanc et lisse.


Le col est à 2512m, un peu moins que le Grand Col Ferret. La table d'orientation est trompeuse car elle indique des monts que l'on ne voit pas.

C'est aussi la frontière. Retour en France, définitif cette fois. Du côté français point de neige, mais des sommets découpés voire dentelés



Des files de randonneurs montent sur le sentier, large et lisse aussi de ce côté, ma foi je ne m'en plains pas, ça va vite.

On admire encore l'aiguille des glaciers qui domine le col

La vallée dont on s'approche est très agricole,ou plutôt pastorale, on y voit beaucoup de fermes et des pâturages. À son approche la pente s'accentue et le chemin devient un peu plus pierreux, mais de bons lacets mènent au refuge des Mottets.



Passage d'un torrent, et la vallée vue de plus bas

J'aurais bien pris quelque chose au refuge des Mottets, mais pas de service avant 12h soit dans 40 minutes. Je parle avec une Italienne qui a exactement le même sac à dos que moi, et avec un petit monsieur chinois, ou plus exactement taïwanais, mon voisin de lit de cette nuit ! On n'avait pas échangé un mot hier. Il va au refuge de la Croix du bonhomme par le col des Fours. C'est ce que j'avais envisagé initialement mais ça me faisait 26km le dernier jour, un peu trop...

Le refuge des Mottets

Je continue donc à suivre la vallée. J'ai peut-être eu tort de ne pas manger dans ce refuge car je n'ai plus grand chose, mais des promeneurs me disent qu'aux Chapieux, à 1h30 environ, il y a des restaurants.

Un sentier part sur le versant gauche de la vallée, commençant par monter. C'est assez sauvage, dans une végétation buissonnante, ce qui n'empêche pas de rencontrer de petits groupes de vaches qui se mettent systématiquement au milieu du chemin.

L'autre versant est lisse et blanc, apparemment un lapiaz calcaire. En effet ça change.



Le sentier se rapproche du ruisseau au niveau d'une petite retenue d'eau. Il va continuer du même côté jusqu'à une passerelle.


Sur l'autre versant, plus de doute, c'est bien calcaire.


On rejoint la route en direction des Chapieux


Là pas besoin d'aller au resto où le menu ne présente rien de spécialement tentant. En effet, un bistrot fait un peu d'épicerie et il a notamment du pain du jambon cru et du fromage local, tome et Beaufort. Je me restaure sur un banc puis vais prendre un café et utiliser la wifi du bar 2€ pour 30 minutes. Car depuis hier je ne capte plus rien.

Dans l'impossibilité de téléphoner au gîte d'étape de Valezan, où je voudrais aller demain, j'ai seulement envoyé un mail. Tant pis, je reste dans les mêmes plans, et je pars sur le GR de pays du Beaufortain. Tout au début c'est la même direction que le Col du Bonhomme, je croise donc encore quelques randonneurs, mais après plus personne bien sûr !


Au-dessus des Chapieux

Je monte pour rejoindre une route, puis prends un raccourci non balisé jusqu'à une ferme, et là il commence à tomber quelques gouttes. Je m'équipe. Je continue à monter dans des prés et passe devant une maison non habitée, hésite à m'installer à côté, possibilité de s'abriter sous un petit auvent. Mais j'ai encore un long chemin et répugne à m'arrêter avant 17h.

Grave erreur. Parce que devant moi je vois monter les nuages, parce qu'il se met à pleuvoir plus fort, et parce que je m'engage dans la combe de la Neuva ou Nova, rocheuse et sauvage.

Un sentier mal tracé mais heureusement bien balisé monte sur des rochers à travers les pierres et les broussailles. et la combe est longue. Aussi quand j'arrive à une zone un peu plus dégagée au moment d'une accalmie je je cherche une place. Pas loin du ruisseau. Évidemment au moment où je commence à monter la tente il se met à pleuvoir plus fort. Un peu la panique.

Mais la tente est montée, le sac dedans, le tapis de sol un peu mouillé mais ça s'essuie, reste à se contorsionner pour tout installer et se changer sans toucher la toile, ça n'est pas rien vu les dimensions de la tente !!

Et la pluie ne va pas cesser, je mangerai du pain et du fromage, et en totale incertitude pour la suite des évènements.

Entre l'averse et la pluie

La journée de rando, tour du Mont Blanc, et débuts difficiles sur le GRP tour du Beaufortain.

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Beau temps, avec passages nuageux

Il pleut très fort toute la première partie de la nuit. La tente tient le coup et la rivière ne déborde pas. Elle est très belle cette rivière, c'est dommage de ne pas avoir pu en profiter davantage.

J'ai vu des étoiles dans la nuit mais au lever du jour le ciel est couvert. Au moins il ne pleut pas ! Pas de problème pour prendre le petit déjeuner, pour ranger tout est humide à des degrés divers, ça pourra sécher dans la journée. Quant au ciel, il se dégage mais le soleil reste caché derrière les montagnes.

Je n'ai pas bien chaud au départ, j'ai notamment attrapé froid aux mains en pliant la tente trempée. Je marche vite, ça tombe bien, voilà un petit raidillon qui monte pour rejoindre une piste, un peu plus haut. Et là surprise, je tombe nez à nez avec un autre randonneur. Il fait un tour sur deux jours, va dans le même sens que moi, mais plus vite.


La piste s'arrête et le sentier surplombe la rivière, rocheux et plein d'eau après la pluie. Je vois le randonneur bien en avant de moi, qui se retourne pour prendre une photo, je me retourne aussi. Wouah ! Le Mont Blanc!

Cette combe n'a rien de sinistre comme je la voyais hier, vraiment elle est magnifique. En arrière cette vue splendide, la rivière claire, de belles pierres, les monts rocheux aux formes fantastiques.


Ça et là on observe des gouffres, certains remplis d'eau, et des surfaces de calcaire lisse... Relief karstique.


Quant à ces monts ruiniformes, ils pourraient bien être de nature dolomitique.


C'est là qu'on regrette de ne pas mieux connaître la géologie. Quelle diversité dans les pierres ! Du blanc immaculé (quartzite) au noir pur, en passant par tous les gris, l'ocre. le vert, le brun, l'argenté. Des roches compactes, des feuilletées, rayées , des poreuses ou des conglomérats ("brèches")


Et comble du bonheur il y a aussi des fleurs!


Campanula cochlearifolia (Campanule fluette) Seneçon argenté Silène acaule Linaire alpine Gentiane champêtre.

Je me rapproche maintenant de ces hauteurs rocheuses. Comment va être le col ? Un peu accidenté ? Ça mettrait un peu de piment à l'expédition....




Pour l'instant je me demande par où ça passe.

Par là ?

Non, c'est par là. C'est dans les cailloux, un petit passage dans des blocs... Rien qui donne le frisson

Et voilà ! Col du Grand Fond 2671m

Adieu Mont Blanc

De l'autre côté, le lac et le refuge de Presset, l'Aiguille du Lac, le Col du Bresson, et à l'horizon les monts de la Vanoise où le blanc des glaciers se confond avec le blanc des nuages.

Un coup d'œil en arrière sur le col..




Et une petite pause au refuge.


Après un café et un gâteau à la châtaigne c'est reparti dans la descente, le long d'un clair ruisseau.

Le Col de Bresson, la Pierra Menta, la Vanoise dans les nuages

Dans la descente je ne croise qu'une seule personne, c'est une randonneuse solitaire, d'un type un peu oriental. Elle est Allemande de Hambourg et parle très bien français. C'est une passionnée, elle a arrêté de travailler pour parcourir les montagnes. Après avoir parcouru les Pyrénées par le GR 11 (en Espagne), elle suit le GR5 depuis Nice et n'a pas l'intention d'arrêter. Je lui ai demandé son prénom mais hélas ne l'ai pas retenu. Talkia ou quelque chose comme ça.

Je voudrais faire la pause près du ruisseau mais je vais trop loin et me trouve devant le refuge. Je me mets à une table de pique nique juste avant et fait sécher la tente à côté.

Et puis je me dirige vers le refuge pour un café et surtout un peu d'ombre. J'aurai l'ombre mais pas le café, le refuge ferme aujourd'hui.

Mauvaise surprise à la descente, pas de sentier mais une longue piste pierreuse et ennuyeuse. On peut marcher vite, c'est l'avantage.


La Vanoise
Vue vers l'arrière

Plus bas, des versants plus humanisés, et un agréable sentier à flanc de pente.


Un petit épisode forestier


Étonnamment ce chemin suit exactement la courbe de niveau. Il y a une bonne raison : c'est un ancien canal.


Il continue sur des pentes herbeuses. Belles vues sur les versants de la vallée de l'Isère parsemées de villages, et au-delà.


Et arrivée d'un bon pas à Valezan, un peu après 18h comme prévu.


C'est bientôt fini pour aujourd'hui, je dors au gîte d'étape où j'avais passé deux nuits en 2016. Je n'ai pas souvenir qu'il s'appelait alors "Auberge". Mais je reconnais la cuisine et le balcon

Je prends la pension complète, je n'ai plus grand chose. De la moussaka trop riche en viande, plusieurs tranches de fromages locaux avec de la salade, gâteau à l'ananas. J'ai trop mangé.



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Nuageux


J'ai mal dormi pour avoir trop mangé hier soir, je n'ai même pas faim pour le petit déjeuner, de toute façon il n'a rien d'extraordinaire à part un très bon yaourt artisanal.

Deux jeunes gars déjeunent à la table à côté. Ils parlent doucement, mais au bout d'un moment je finis par réaliser que c'est du polonais. J'engage donc une petite conversation avec eux. Ils sont de Cracovie et explorent la région à la recherche de vias ferratas (vie ferrate?).

Du coup je ne pars pas du tout aussi en avance que j'avais décidé. Je n'ai plus que 2h pour faire 6km majoritairement en descente. Très faisable mais je n'aurai pas le temps de traîner.


Le village de Valezan est construit sur la pente. Hier c'est par des ruelles très raides que je suis arrivée à l'auberge. Aujourd'hui ça continue à descendre, plutôt par des sentiers de campagne.

On domine encore la vallée de l'Isère, en aval, et en amont, du côté de Tignes, cette montagne élevée devrait être la Grande Sassière, sous laquelle je suis passée sans la voir en traversant la Tarentaise.

Une petite chapelle à Valezan, une autre à Bellentre, village d'en bas. Entre les deux un vieux chemin typique des vallées de montagne.

Et puis j'arrive vraiment en bas : traversée de l'Isère, qu'il n'y a plus qu'à longer pour arriver à Landry et à sa gare.

Le chemin est une piste cyclable asphaltée, mais on peut marcher sur le côté où s'est dessiné un étroit sentier.

Arrivée à la gare avec plus de 20 minutes d'avance, j'ai même le temps de prendre un café dans le bistrot+ vente de souvenirs à côté.

Train régional qui se remplit peu à peu jusqu'à Chambéry. À partir d'Albertville, j'entre en grande conversation avec ma voisine, une roumaine de Cluj qui est diplômée des Beaux Arts mais qui travaille comme femme de ménage, ce qui est bien compatible avec sa passion des voyages, elle n'a jamais de mal à trouver du travail.

Le train que je devais prendre pour Lyon est supprimé, mais je peux sans inconvénient prendre le suivant une heure plus, c'est même bien mieux car la gare de Chambéry est nettement plus tranquille que celle de La Part Dieu.

Le train Intercités depuis Lyon va jusqu'à Nantes, il est presque plein.

À Bourges j'inaugure la gratuité des bus (depuis le début du mois). Vive le progrès!


Encore un voyage terminé. C'était un pur bonheur et je projette une plus longue marche pour l'année prochaine.

Cet hiver peut être du vélo ??


En principe le voyage sera relaté comme les précédents sur www.myatlas.com/frboul22

Je crois que c'est possible de s'abonner au site pour être prévenu quand il s'y passe quelque chose.


UN GRAND MERCI pour m'avoir accompagnée et encouragée !