C'est un retour vers le sud, mais aussi vers le passé avec les témoignages des civilisations same, viking, et jusqu'à la préhistoire
Du 18 juin au 3 août 2023
47 jours
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Très beau temps, chaud


Je n'ai pas très bien dormi à cause des crampes... Dues vraisemblablement au vin. Le temps de tout préparer déjeuner et faire les photos d'adieu, départ après 11h, j'avais prévu 9-10h pour visiter un peu Tromsø.

Et Tromsø est beaucoup plus loin que je n'en avais le souvenir. Dans ce sens là le vent est de face. À partir de Eidkjosen une piste cyclable suit la route et peut être parce que c'est dimanche les cyclistes sont assez nombreux. Les automobilistes aussi malheureusement.

À l'approche du pont il paraît redoutable, il a l'air de monter très fort. Mais la piste cyclable est complètement sécurisée. Et ça ne se monte pas si mal, même chargé. On arrive à côté de l'aéroport d'où un avion de la SAS décolle. Mais Tromsø est encore loin et le trajet n'est pas agréable, ça monte plus que sur le pont, et ensuite on traverse des banlieues pas très agréables, je n'ai pas du prendre la bonne route.

Enfin j'arrive au " Paris du Nord". En effet il y a un aspect un peu branché. Sinon évidemment les belles maisons de bois n'ont rien de parisien. Il y a aussi énormément de promeneurs, presque tous.tes en petites tenues, shorts, manches courtes, décolletés, ventre à l'air... Moi je supporte encore la chemise et même la veste.


Je vais à la gare bus-bateau acheter mon billet mais il n'y avait pas besoin, ce n'est pas une réservation. Je prends un plan de la ville et me rends compte que le jardin botanique que je voulais voir est à 4km... Tout à l'heure je suis passée juste à côté. Je n'ai pas non plus le temps de visiter le musée. Je me contente de faire un tour et de manger mon casse-croûte sur le port.


On aperçoit la célèbre église  moderne de Tromsdalen.... après le pont

Beaucoup de monde attend le bateau mais il est grand. Je me mets derrière une cycliste allemande qui vient du Cap Nord et qui me raconte que le vent soufflait tellement fort à l'entrée du tunnel qu'elle a dû pousser le vélo, à grand peine. La fréquentation est très familiale. Ici l'express côtier est un moyen de transport comme le train et le bus.

Le trajet est tranquille, la mer bleue, les montagnes blanches. Je ne reconnais pas la sortie du tunnel où je suis passée, et j'ai à un moment une petite fenêtre vers le large.

Finsness est un petit port. Le bateau, Fjordprinsen continue sa route. Sur le quai la statue d'un héros du 9e siècle qui bénéficie d'une explication en français.


C'est un dénommé Oscar de Lenvik qui faisait du lobbying pour la Norvège si je comprends bien .

Je ne suis pas pressée car Hanne, qui m'héberge, n'est pas rentrée. Elle n'est pas très disponible ce soir, elle a une réunion chez elle ce soir. Dommage car c'est une vraie baroudeuse, elle a fait plein de vélo en Afrique. Sa maison domine le fjord, la vue est très belle.

J'ai la cuisine à disposition, je mange les pâtes qui me restent et des œufs achetés dans une station service, c'est bon. Les magasins d'alimentation sont tous fermés le dimanche en Norvège, contrairement à la Finlande.

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Beau temps chaud, ciel un peu voilé dans l'après midi


Départ tardif 9h19 après un bon p'tit dej, flocons d'avoine, œuf, fromage. Je ne vois même pas Hanne seulement un couple d'habitants de Bergen qui sont ici en vacances.

Il fait chaud déjà, il n'y a pas de vent. La mer est d'huile. Après la fin de la zone habitée la route longe tranquillement le fjord (Solbergfjord) sans reliefs excessifs, sans trop trop de circulation. Inutile de se presser, profitons plutôt du paysage.


Après une petite vingtaine de kilomètres, arrêt supermarché ("Extra") à Sørreisa, une petite ville un peu industrielle. Je passe un bon moment au rayon pain. En Norvège on vend du pain frais, dans des sacs en papier.... Oui mais rien à faire, tous ces pains pèsent 750g et sont bien volumineux. La mort dans l'âme je me résous à prendre un produit industriel sous plastique.

Peu après Sørreisa mon itinéraire quitte les bords du fjord et s'enfonce à l'intérieur des terres, dans la vallée d'une belle rivière, la Skøelva, entre des prés humides voire des tourbières , des boisements, et des monts couverts de neige. L'eau coule de partout. Je fais la pause déjeuner près de cette rivière à un endroit où elle est un peu plus calme.



La route est fort jolie mais elle a plusieurs inconvénients, elle monte et va vers le sud, il fait chaud et le soleil m'aveugle. Et j'ai même un peu de vent de face. Elle redescend vers un lac puis retourne vers l'intérieur des terres où il y a "seulement" une forte côte mais elle est à 9% sur un kilomètre.Suit un tronçon à peu près régulier , dans un joli paysage à la lumière du soir, puis une longue descente vers un lac. Étonnamment il me faudra franchir un raidillon avant d'arriver au bord du fjord (Sagfjord) dont les abords sont urbanisés mais charmants.

Petit arrêt dans un bistrot pour faire le point. Je vois qu'il est prévu de l'orage, et qu'il y a un camping à Sjøvegan.C'est 185 NOK, moins cher que celui d'avant et mieux, la douche marche bien et il y a tout ce qu'il faut dans la cuisine. Et c'est encore un site extraordinaire.

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Temps chaud, lourd, ciel voilé


Pendant la nuit il a tonné, mais il n'a pas beaucoup plu. Au matin le ciel est couvert mais la tente est sèche. Je préfère prendre le petit déjeuner dehors avec vue sur le fjord. Départ 9h. Il fait très chaud mais la route contourne le fjord et de l'autre côté il fait bien plus frais. C'est la marée basse.


De l'autre côté du fjord

Bref je me rhabille, c'était une erreur, la route se met à monter et de nouveau je crève de chaud. Mais c'est une montée unique, régulière, suivie d'une descente unique, ça me va comme ça.

Avant d'atteindre le fjord (Lavangen) j'arrive à ce qui semble un centre de vacances, mais entouré de moutons bêlants. Une atmosphère pyrénéenne tout à coup. Je prends un café, il n'y aura sans doute pas beaucoup d'autres occasions aujourd'hui.


Mais au bout du fjord il faut monter, et faire un arrêt changement de vêtements. À un joli coin, l'entrée d'un chemin forestier où j'observe une petite fleur étrange qui est, étonnant, un cornouiller (arbuste), le cornouiller de Suède. Une autre petite fleur rose serait la lysimaque d'Europe.

Et puis ça monte, plus fort que tout à l'heure, beaucoup plus longtemps aussi, mais dans une très belle vallée. La rivière bouillonne, dans les prés autour courent des moutons. Des petites fermes s'éparpillent, sous des pentes presque verticales d'où sautent des cascades. Au -dessus, les monts enneigés.

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Au bout de cette vallée la rivière passe dans de gros blocs rocheux. Et c'est plus sauvage, pas de maisons, la forêt. Mais maintenant les choses se gâtent, devant il n'y a plus de passage, il va falloir monter très fort. Il s'agit de rejoindre la route à grande circulation E6, sur laquelle j'ai roulé d'ailleurs quand je suis arrivée en Norvège. À la jonction, super, une piste cyclable. Oui mais deux graves désillusions vont suivre, la piste va s'arrêter, et puis ça va continuer à monter, toujours raide, et longtemps, et avec le trafic, comme je ne sais pas rouler droit quand ça monte fort, c'est évidemment pire.

Mais franchement il n'y a pas grand chose à redire, les automobilistes et chauffeurs de camion sont très très corrects, doublent large et sont capables de rouler au pas derrière moi s'il n'y a pas beaucoup de visibilité. Il n'y en a qu'un qui passe trop près, un Français, et un autre qui est me klaxonne, un Italien.

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En haut, je découvre une petite route, qui doit être l'ancienne route. Elle n'est pas en très bon état mais qu'importe, c'est calme. Après quelques virages elle côtoie une petite rivière, un bon coin pour faire la pause midi.

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L'inconvénient de cette petite route, c'est qu'elle est plus basse que l'autre, et je vais devoir remonter pour la rejoindre, après une cascade appelée Storfoss, grande cascade. À côté se trouve un point de vue sur un fjord, avec un monument sur la bataille de Narvik, qui a eu lieu en 1940 sur toute la région, d'où de nombreux monuments commémoratifs.

Un peu plus loin passe une "frontière", on quitte le Troms pour entrer dans le Nordland. La route va verse de Narvik, où va le gros du trafic. On voit vaguement le port de l'autre côté du fjord, la vue est très brouillée. Moi je continue le long du fjord, surprise d'y retrouver encore des côtes, mais avec beaucoup moins de circulation. Il va y avoir aussi deux tunnels toujours bruyants mais sans pente et bien éclairés. J'espère que ce sont les derniers du voyage !

Ce soir je cherche un camping car de la pluie est programmée, peut être un orage. Le camping Haersletta n'est pas vraiment équipé pour les tentes mais je me dégote un coin, à côté de deux motocyclistes finlandais qui me donnent de la viande et des patates qui leur restent.La petite cuisine est agréable et bien équipée.

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Temps couvert, puis s'éclaircit et se réchauffe

Pas trop de hâte ce matin. Je plierai mouillé mais pas trop. Pas besoin de faire sécher en route. Départ vers 10h. J'étais optimiste quant à la montée, me disant que ça ne sera pas pire qu'hier, mais ça commence fort et un panneau annonce une pente de 9%...mais ça ne peut pas être sur 27km, ça ferait monter à plus de 2000m. Là le point le plus haut est 540m à peu près. Il n'empêche que mon courage baisse... Mais il n'y a pas le choix.

Point positif, le temps gris et un peu frais est parfait pour monter. On voit assez mal le fjord, je m'arrête à un parking, mais ils y ont mis un panneau publicitaire pour boucher la vue! Comme souvent c'est la sortie de la vallée le plus raide. Ensuite c'est moins dur et même ça se met à descendre, ce que j'apprécie moyennement, trop vite et froid.


Le paysage n'est pas très avenant, avec l'humidité et les nuages. La route atteint une zone très rocheuse, où on a l'impression d'être en très haute montagne, avec des névés partout et beaucoup de lacs exploités pour l'hydroélectricité. Et quelques éoliennes qui ne tournent pas beaucoup faute de vent.

Ce qui m'étonne c'est la présence de nombreuses petites maisons disséminées qui ne peuvent être que des maisons de vacances. Par meilleur temps le coin est peut-être moins austère.


Encore quelques côtes (dont celle à 9% qui était annoncée). Des descentes même fortes auxquelles je ne m'attendais pas. Et puis tout arrive, voici la frontière


Adieu le Norvège, rebonjour la Suède 

Juste après la frontière se trouve un supermarché. J'hésite car il faut faire un détour mais le prochain est à Abisko, 50km. Courses, casse croûte sur une table en bois à côté du supermarché, café. Et c'est reparti. La route est assez fréquentée. Elle mène à un grand lac que je suivrai ensuite sur une soixantaine de kilomètres.

Sur le bas côté on est surpris de trouver des plantes "alpines": beaux bouquets de dryade à huit pétales, ceraiste alpin

Au-dessus de la route circule une voie de chemin de ferLa circulation est plus tranquille à cette heure, dommage que le temps soit nuageux. Mais le véhicule que je vois arriver n'est pas une voiture.. c'est un vélo, et pour une fois il se dirige vers moi pour faire la conversation. C'est un Allemand, Jürgen, barbe de père Noël comme la majorité des cyclistes, qui vient de Dresde et qui a l'air d'un éternel voyageur. Il me fait penser à Matthias rencontré en Grèce. Il va au Cap Nord. Il me raconte qu'il a dormi dans une cabane dans une aire de repos, mais c'est trop loin pour moi.. Cette voie est destinée à transporter le minerai de fer extrait des mines de Kiruna jusqu'au port de Narvik. Il y circule à grande fréquence des trains de petits wagonnets. Il passe aussi quelques trains de voyageurs.

Il y a même plusieurs gares à Abisko, qui est une station touristique où j'avais pensé rester plusieurs jours pour faire de la rando, mais ça n'est pas simple question matériel, et là l'endroit ne me fait plus envie car extrêmement touristique. Le camping est pour tentes mais cher 300SEK alors que ça a l'air plutôt rudimentaire, et en outre bien bondé.

Par contre sur un chemin parallèle à la route, qui mène au village, je vais faire une découverte fondamentale. Cela fait plus d'un mois que j'essaie de voir cet oiseau qui est partout et qui émet un espèce de grincement, pas très mélodique d'ailleurs. Une découverte qui valait le passage à Abisko. Où se trouve aussi une réserve naturelle et où un chemin de randonnée célèbre "Kungsleden" peut mener au Kebnekaise 2100m plus haut sommet de la Suède.. que j'aurais bien aimé apercevoir.



Le village en lui-même c'est des alignements de maisons rouges, doté d'une gare et un petit supermarché. C'est reparti je continue.

La circulation est plus tranquille à cette heure, dommage que le temps soit nuageux. Mais le véhicule que je vois arriver n'est pas une voiture.. c'est un vélo, et pour une fois il se dirige vers moi pour faire la conversation. C'est un Allemand, Jürgen, barbe de père Noël comme la majorité des cyclistes, qui vient de Dresde et qui a l'air d'un éternel voyageur. Il me fait penser à Matthias rencontré en Grèce. Il va au Cap Nord. Il me raconte qu'il a dormi dans une cabane dans une aire de repos, mais c'est trop loin pour moi.


Je me plante ma tente à l'entrée d'une propriété où apparemment il n'y a personne. Sol caillouteux et quelques moustiques mais "je gère". (foulard et veste, chevilles protégées, tortillons de fumée et ne jamais laisser la tente ouverte...)

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Temps couvert, rares éclaircies, averses l'après-midi

Je n'ai pas très très bien dormi.. à cause du soleil. Mais je me réveille tôt, et pars tôt, 7h, et me rends compte que c'est vraiment mieux de partir tôt. ça avance plus vite, et la fréquentation sur la route est beaucoup plus faible. Le relief est modéré, je n'ai pas le soleil dans les yeux. Les nuages descendent sur les montagnes et sur le lac. C'est beau. Périodiquement, une rivière traverse la route à grands flots pour se diriger vers le lac. Elles s'appellent toutes "...johka" ce qui rappelle le finlandais "joki", ça doit être du same.

Je n'ai pas encore tout à fait quitté les bords du lac que la route commence à monter, la pente s'accentue encore quand je vire vers le sud-est, et, encore beaucoup moins drôle, le vent se met à souffler, bien en face, exactement la direction qui m'aurait été favorable pour passer la frontière de la Finlande à la Norvège... Pour me consoler, au moment où je ne m'y attendais vraiment pas, une petite troupe de rennes se balade au bord de la route...

J'ai déjà fait presque la moitié du trajet quand je m'arrête à une aire de repos. Le soleil a fait son apparition. Je m'installe sur une aire de pique nique pour me faire un petit café, je ne trouverai rien d'autre en route...Maintenant je compte faire encore une quinzaine de kilomètres avant le déjeuner. Mais, en plus du vent qui souffle parfois fort, une nouvelle difficulté s'annonce... le ciel devant devient de plus en plus noir. Alors je fonce, car il n'y a rien pour s'abriter. Les nuages noirs semblent partir vers l'ouest, sauf un gros qui est presque dessus, pédalons, pédalons. Voilà un village, mais il est complètement à l'écart de la route.

Enfin, un peu plus loin une aire de repos s'annonce. Le gros nuage noir est toujours là. Je fonce et trouve la petite cabane où a dormi Jürgen, le cycliste allemand d'hier (je la reconnais car c'est écrit qu'on a pas le droit d'y passer la nuit...). Tout à fait sympathique... et à peine entrée voilà l'averse et je suis à l'abri!! Deux jeunes cyclistes allemands qui arrivent bien trempés n'ont pas eu cette chance.


Ils s'appellent Jorg et Andrea, sont de Hamburg et vont au Lofoten. Ils m'avertissent que la route entre Kiruna et Gällivare est épouvantable, avec énormément de circulation. Je ne me presse pas et j'ai bien raison. Ces pauvres Allemands vont se prendre une autre averse qui survient après leur départ, alors que je suis toujours à l'abri.

Quand je repars ça roule bien mais la route est bien humide, je crains de me faire éclabousser. Et puis le vent va se renforcer, ça devient dur, d'autant plus que je me mets à avoir mal aux fesses, ce qui ne m'étais pas arrivé depuis que j'ai la selle en cuir, je ne comprends pas. La fin du trajet vers Kiruna sera dure, mais l'arrivée à cette ville minière dominée par ce qui pourrait être des terrils (parsemés d'éoliennes) est impressionnante. J'ai oublié de prendre la photo de ces monts de loin. Seulement à la gare de Kiruna où on a une vue sur ces gros tas.

En effet je me suis arrêtée à la gare pour me renseigner sur les trains vers Gällivare et ainsi éviter cette route encombrée. J'ai du mal à me renseigner, pas de guichet, pas même de panneau d'information ni d'appareil pour prendre des billets. Comme un train est stationné, allant à Stockholm, je peux me renseigner auprès des employés sur le quai. L'une d'elle qui n'espère est compétente me dit que je dois prendre un train " Norrtag" pour pouvoir emporter mon vélo. Il y en a un demain à 14h. Espérons que ça va marcher...

Pour l'instant je cherche mon auberge, l'arrivée dans Kiruna est vraiment bizarre, il y a des travaux partout, et quand c'est barré, c'est barré. Déjà avant la gare j'ai du me taper une chaussée pleine de gravillons, ensuite il devrait y avoir une piste cyclable mais je la rate, elle est mal indiquée, ensuite il faut faire tout un détour pour entrer en ville, les barrières bleues et blanches sont pires qu'un rempart.

Je finis par trouver le "SPIS Hostel", pas si mal que ça. Deux autres filles dans le dortoir. La fenêtre n'est pas grande et le ventilo bruyant mais je sais qu'il ne m'empêchera pas de dormir. La cuisine est bien aménagée, j'aurais peut être pu faire mieux que du riz avec quelques poivrons, car j'ai pris le temps d'aller au supermarché, passant devant l'église, qui date de 1912.

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Temps gris. Aujourd'hui Midsommar, veille de la fête de la Saint Jean qui est très importante en Suède. C'est un jour férié.

La journée commence par un petit déjeuner pantagruélique, compris dans la nuitée. Là c'est vraiment impossible de tout goûter. J'aurais pu aussi emmener tout ce que je voulais, je me fais juste un sandwich. Et comme leur thé n'est pas terrible je prends du café, beaucoup trop, ce qui fait que je suis dans un état bizarre toute la matinée. De toute façon la ville est vraiment bizarre bizarre. J'ai un peu l'impression d'être dans un film de science-fiction.

D'abord une rectification. Les montagnes qui dominent la ville ne sont pas des terrils, mais bien des montagnes... bourrées de minerai de fer. Dans l'une d'elles il n'y a plus rien à exploiter et on n'y fait plus que du ski.L'exploitation du gisement a commencé en 1903. À l'époque seuls les Sames vivaient ici. Au préalable il a fallu construire la ligne de chemin de fer vers Narvik, port norvégien libre de glaces toute l'année, débouché plus intéressant que Lulea, à l'ouest sur la Baltique. La ville s'est développée rapidement ensuite.Ce matin l'église est ouverte... et pleine de touristes, majoritairement Latins (dont Français bien sûr). L'église date de 1912 et d'un style pompeux que je n'apprécie guère.


Il se dit que l'église va être déplacée pour être emmenée, en entier, dans une autre partie de la ville. Qu'est ce que c'est une cette histoire ? Et puis pourquoi tous ces travaux titanesques dans la ville???

Après un coup d'œil sur Wikipédia (https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Kiruna) et les renseignements donnés par l'hôtesse de l'Office de tourisme, tout s'explique. En résumé, la poursuite de l'exploitation exige d'extraire le minerai en dessous de la ville, ce qui risque de produire des effondrements. Pour pouvoir continuer à exploiter on va donc tout simplement déplacer une partie de la ville, ce qui correspond au centre ville actuel... On déplace les bâtiments qui en valent la peine, on démolit le reste et on reloge les habitants.


le drapeau rappelle que nous sommes en Laponie

La ville a également ceci de bizarre c'est qu'elle est très vide, personne dans les rues. Les commerces sont fermés, les musées aussi. Parce que beaucoup a déjà été déménagé, ou parce que c'est Midsommar?

L'hôtesse m'engage à aller à la fête à côté du terrain de camping. Je vais récupérer mon vélo et j'y monte , mais je ne trouve rien là-haut, rien n'est fléché, rien n'est indiqué, je ne vois aucune foule, j'entends juste au loin une musique sans intérêt. De toute façon ce genre de fête doit être dévoyé comme partout.

Direction la gare, j'ai une heure d'avance mais la salle d'attente est confortable.Vers 13h30 je vois arriver un train. Tout indique que c'est le train de 14h06 pour lequel j'ai acheté un billet, mais la contrôleuse refuse catégoriquement de prendre mon vélo. Je crois comprendre qu'un autre train va venir, mais non c'est toujours le même qui est à quai. À 14h02 je commence à monter mes bagages pour passer en force, la contrôleuse rapplique, finit par se décider à appeler ses supérieurs... Et au bout du compte accepte mon vélo dans le wagon de queue... Parce que c'est Midsommar et qu'il n'y a pas d'autre train aujourd'hui.

C'était dur...

Le train sort de la ville dans un environnement minéral et minier.


Ensuite le même paysage qu'en vélo... Bouleaux bas et lacs de temps en temps !

À Gällivare le temps est tout aussi gris qu'à Kiruna. La gare, en bois foncé, est très jolie.


Je me trompe pour aller au camping et fait tout un détour pour y arriver, par un sentier qui suit le bord de l'eau, qui serait agréable par beau temps. On y croise quelques promeneurs, dont une famille avec des couronnes de fleurs sur la tête.

Et ça me permet de passer devant la vieille église de bois, toute simple mais datant de la fin du 18eme siècle. Fermée évidemment.


Le camping n'est plus très loin. Il est grand et tout à fait bien, avec de vastes espaces pour les tentes et une jolie cuisinette, mais en faisant le tour je constate qu'il y a aussi une"vandrarhem" auberge de jeunesse. Pour laquelle j'opte, vu le temps (il pleut) et la différence de prix, 60 SEK de différence, même pas 6€. Avec une chambre individuelle.

Je me prends un déjeuner - goûter et me repose ce qui ne fait pas de mal. Je ressors un peu plus tard pour faire quelques courses et jeter un coup d’œil sur le centre ville que je trouve plus avenant que celui de Kiruna,bien que vide aussi, et que le temps ne soit pas meilleur, il pleut.

l'église et un centre culturel tout neuf 
Les rues sont désertes mais c'est midsommar. Le musée dont les horaires ne me permettent pas la visite 

Derrière la ville on aperçoit aussi des montagnes, elles aussi truffées de minerai de fer (Malmberget = montagne de minerai). Les mines depuis la ville sont moins apparentes mais toujours en activité. L'exploitation y a d'ailleurs commencé au 19e siècle, plus tôt qu'à Kiruna, le minerai partait à Lulea sur la Baltique (le train que j'ai pris y allait). Apparemment ici aussi il y a de gros problèmes d'effondrement.

Je me demandais si j'allais être la seule usagère de l'auberge, à la cuisine je suis tranquille pour faire frire mes courgettes. Finalement un gars arrive, qui ne parle pas, puis un Néerlandais sympathique qui voyage avec interrail et est venu par l'Inlandbanan, un train touristique, que je prendrai peut être car il suit plus ou moins ma route. Il est plus cher que les trains normaux.

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Temps gris, petite pluie, très brève éclaircie en milieu de journée


Départ 9h. Il a bien plu cette nuit, je me réjouis de partir avec la tente sèche.

Pour cette étape j'ai la possibilité d'éviter la grand route sans trop me rallonger, alors je n'y manque pas. C'est calme en effet, je vois passer seulement 4 voitures la première heure !

Comme souvent quand je prends un moyen de transport rapide, j'ai l'impression d'avoir raté une transition. J'étais dans les bouleaux rabougris, et maintenant je parcours la forêt résineuse. Celle ci n'est peut être pas sous son meilleur jour par ce temps gris. Mais en plus du calme un autre point est appréciable, pas de vent ou bien je l'ai dans le dos, peut-être que globalement ça descend, en tout cas ça roule bien. Les zones de tourbières sont parsemées de toupets de linaigrettes, les rivières plus calmes. On longe de loin la voie de chemin de fer vers Lulea et on la traverse une fois. Quelques rennes se promènent.



La météo n'a pas prévu de pluie aujourd'hui... pourtant le ciel a bien un air à la pluie...

En effet il tombe quelques gouttes... Ensuite une petite bruine... qui s'intensifie. Je peux sortir la cape. Et il pleut carrément. Heureusement, parce que j'ai été vite, je vais pouvoir m'arrêter au village de Nattavaara qui est quand même à 54km du départ, pas mal pour une matinée.

Le restaurant n'existe plus, la supérette a fermé à 13h et je ne vois pas s'il y a une gare. Un bâtiment est indiqué comme point de rencontre, je suppose donc qu'il est public et m'installe sous l'auvent. En se prémunissant contre les moustiques, la place est bonne, j'y ferai même la sieste et c'est un rayon de soleil qui me réveillera. Une éclaircie qui ne durera pas. Le passage à niveau sonne, c'est un train de marchandises.

Je lui tourne le dos et change de cap, direction Est. Pas de problème de vent mais plus de relief, notamment une longue côte. La route n'est pas goudronnée mais gravillonnée en rose, c'est plus joli. C'est le pays same, on rencontre des rennes et des enclos pour les capturer. La région est jolie, avec de nombreux lacs de tourbières.




Au bout d'une longue côte au-dessus d'un lac j'aperçois une cabane, ouverte et tout confort . Mais réservée aux membres de la société de pêche. Il aurait été plus tard j'en aurais fait fi, mais il n'est que 18h30, d'ailleurs j'ai encore la pêche, je continue.



Mais un incident désagréable survient. Cela fait un moment que mon dérailleur ne marche pas trop bien, sur le 3eme plateau en particulier, et tout d'un coup, clac! Le câble a dû se décrocher. Maintenant je ne peux plus rouler que sur le petit plateau.Dans la longue descente qui va suivre ça ne changera rien. Elle mène à la retenue artificielle et à la centrale hydroélectrique de Massaure. Sur le barrage le vent souffle.


Ce n'est pas là que je vais trouver un bivouac, mais seulement après la côte pour remonter.

Sur cette route se balade une troupe de rennes, une vingtaine peut-être. Je les poursuis avec le vélo, c'est très drôle.Ensuite je cherche une place quelque part en forêt, ce n'est pas si simple. Je me mets sur ce qui semble être une place de dépôt de bois. J'ai déjà eu mieux, mais je me débrouille avec les moustiques.Les rennes me lorgnent. On va voir.

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Gris le matin, beau et chaud l'après midi


À moitié dans mon sommeil j'entends des bruits de sabots légers et quelques grognements, évidemment c'est un renne, je ne peux pas le voir, il est de l'autre côté de la tente. Quand je sens que quelque chose touche la tente je me réveille pour de bon, lui crie de partir et il part... Voilà, l'expérience de cohabitation avec les rennes est faite.

Le reste de la nuit ce n'est pas un mammifère qui va me harceler mais un oiseau qui inlassablement pousse les mêmes cinq notes lancinantes, les premières à la même hauteur, les dernières descendantes. Une nouvelle énigme ornithologique à résoudre.Il faudra aussi que je détermine quel animal a produit le petit paquet de crottes juste à côté duquel j'ai planté la tente. L'autre, ça devrait être un renne, il y en a plein de comme ça sur la route.


Départ 8h30. Forêts basses, tourbières et lacs, pas de difficultés. Il passe 2-3 voitures jusqu'à ce que je rejoigne la nationale qui vient de Jokkmokk évidemment beaucoup plus fréquentée.



Peu après la jonction, au bord d'un lac, se trouve une aire de repos avec des panneaux d'information sur la Laponie, avec notamment des photos de grands troupeaux en migration, qui font rêver...



La commune de Jokkmokk est immense la deuxième de Suède en superficie, sans doute après Kiruna, c'est donc une grande partie de la Laponie suédoise. En same c'est Jåhkkemåhkke ou Dalvvadis. Certains commerces sont fermés, mais voilà enfin une ville est bien animée,. Je fais les courses chez ICA mais Coop est ouvert aussi.

À la sortie du supermarché, mauvaise surprise, mon garde-boue avant est complètement de travers, et le porte bagage est détaché d'un côté. Quelqu'un m'aurait rentré dedans ?? Un cycliste allemand vient d'arriver avec sa femme, il se propose tout de suite pour m'aider. Il me trouve une vis et me met un collier.Ils s'appellent Anke et Klaus, sont venus par l'Inlandbana (le chemin de fer touristique) et vont aller à Stockholm par la côte. Ils sont de Dresde.


Avec tout ça il est déjà midi, la meilleure chose à faire c'est de s'installer sur une table en bois devant le coop pour casser la croute. Et là je vois arriver une autre cycliste, pour ce voyage, la première jeune femme qui roule en solo. Elle mange son sandwich debout, je lui propose de s’asseoir. C'est une anglaise nommée Abee, elle est partie de Kirkenes (N) sur la mer de Barents et veut aller au Portugal, le tout en trois mois. Elle a un vélo "gravel"(permet d'aller sur les chemins) chargé "bikepaking" de façon un peu compliquée (pas de porte bagage mais des sacoches dans tous les sens). 32kg en tout. C'est la nouvelle mode, les jeunes rencontrés avaient tous ce type de monture.

Je m'apprête à repartir mais je me souviens subitement qu'il y a des choses à voir à Jokkmokk. D'abord la vieille église, en réalité reconstruite à l'identique après un incendie il y a 50 ans

Le gros morceau, c'est le musée Aittje sur la culture same. Je souhaiterais presque qu'il soit fermé car ça va prendre du temps et être un peu ardu... mais c'est ouvert.Ardu ça l'est d'autant plus que les explications sont en bilingue... same-suédois. Un peu d'anglais de temps en temps, et, heureusement, un petit livret en français.

Je suis un peu perplexe car le musée présente les Sames comme une communauté bien vivante, on peut voir des photos de Sames en costume plus ou moins modernisé, réalisant des activités traditionnelles... Mais dans la réalité où se cachent -ils? À part un ou deux bonnets sur des têtes d'enfant, je n'ai rien vu de typique... Alors heureusement qu'il y a les musées !;


La Laponie qui se répartit sur quatre états

On entre par un corridor où se succèdent les représentations des habitants de la région depuis 10000 ans. Et on arrive à une pièce centrale d'où partent les salles d'exposition, en étoile



Les costumes varient suivant les lieux, mais toujours le plastron orné, les broderies, le bonnet (très variable), les chaussures de peau de renne emplies d'herbe sèche. Et les bijoux d'argent, ce métal est (était ?) abondant ici.L'artisanat, c'est aussi les cuillères, la vaisselle en argent ou en bois, les couteaux aux manches de bois de rennes, les tambours des chamanes.

Les couteaux servent à marquer les oreilles des rennes 

Il est évoqué le mode de vie des sames, les migrations, les huttes, l'élevage des rennes, les rites, la religion, très combattue par les États qui ont imposé le christianisme ...

Un point qui m’intéresse mais il eût fallu pouvoir lire mieux, c'est les traces d'activités sames dans la nature. Parce que j'aurais peut-être pu les observer, ces traces. Des endroits où ils ont fait un campement, des trous où ils ont entreposé de la nourriture, des restes de cabanes...

Une salle est consacrée aux "pionniers", on pourrait dire aux colons, des gens venus du sud qui ont essayé de cultiver la terre, mais ils ont surtout vécu de la chasse, la pêche, le commerce des fourrures et plus tard de l'exploitation forestière.

Concernant la nature les expositions m'ont un peu laissées sur ma faim. Mais j'ai eu la réponse pour les crottes de ce matin, ce sont celles de la perdrix des neiges, le lagopède alpin. Pour l'élan, confirmation, c'est bien ce que j'avais vu. Par contre pour le renne je suis perplexe, les petites crottes qu'ils montrent ne ressemble pas tellement à ce que j'ai vu.C'est peut-être une question de saison. Je vais essayer de me rappeler de l'aspect de la crotte d'ours, au cas où..

Cette visite terminée, il me reste encore le jardin botanique, un peu à l'écart de la ville, sur un terrain vallonné, rochers en haut, marais en bas. Je revois les fleurs rencontrées en route, trouve la réponse à quelques questions mais ce ne sera qu'un tour rapide, d'autant plus que la gardienne vient me dire gentiment qu'il est 17h et qu'ils ferment.

à droite la "ronce des tourbières, fréquemment rencontrée 

Avant de repartir je dois recharger les batteries de mon téléphone complètement à plat... arrêt café.Et départ de Jokkmokk à 19h. Pour Arvidsjaur il reste 150km, si je veux y être demain soir il faut que je m'avance. Je décide de rouler toute la soirée. Il n'y a que le début qui me semble un peu dur, jusqu'au cercle polaire où, par échange de bons procédés, des motocyclistes me prennent en photo.


Un peu de regret de ne pas avoir vu une dernière fois le soleil de minuit.Mais pas de regret d'avoir décidé de rouler à cette heure. Très peu de circulation, beau temps juste frais comme il faut. Soleil déclinant derrière, dispensant une belle lumière. Et une route facile, sans trop de relief. Donc aujourd'hui pas de soleil de minuit. Mais un coucher de soleil, que je ne vois pas jusqu'au bout, caché par la forêt.


J'arrive, aux alentours de 23h30, à me rapprocher à moins de 100km d'Arvidsjaur. Mais sur la route il n'y a pas d'endroit favorable au bivouac. Peut être au prochain village, Kåbdalis, il y aurait une aire de repos ou de pique nique? Mais rien, et c'est pourri de moustiques. Je trouve une place pas vilaine près de la gare. Qui est hélas fermée évidemment. Je ne risque pas d'être gênée par les trains, le seul de la journée doit passer vers 10h du matin. Je me dépêche d'avaler mon plat de lentilles et rentre m'abriter. J'extermine impitoyablement les quelques moustiques qui ont eu l'audace d'entrer dans la tente.

9

Beau temps, chaud, nuageux le soir

Le soleil brille, provoque l'effet de serre dans la tente et coupe tout envie de faire la grasse matinée. Le petit déjeuner est agréable sans les moustiques, j'arrive à me mettre à l'ombre sur un petit escalier et à bien orienter la fumée de mon tortillon.

L'inconvénient de se diriger vers le sud, c'est d'avoir le soleil dans les yeux, et c'est le cas en début de matinée, ensuite je vire vers l'ouest et je l'ai de côté, et parfois même les arbres font un peu d'ombre sur la route. Juste un peu car l'emprise est large. Jusqu'à 9h30 - 10h les touristes ne sont pas réveillés, le trafic est faible. La région est plus vallonnée qu'hier, boisée de pins. J'observe une machine abatteuse d'arbres en train d'éclaircir des pins, admirant comme le conducteur arrive à déplacer l'énorme tête d'abattage entre les troncs serrés et sectionner les arbres choisis (il ne prend que les petits) sans abimer les autres. Je vais mon petit bonhomme de chemin en pédalant parfois à toute vitesse comme les gamins qui ont des vélos à petites roues. Ou en me laissant glisser doucement quand la descente est faible, c'est plus reposant.

La route coupe plusieurs belles rivières au cours rapide. La plus belle et la plus grande est la Piteälven. Ça tombe bien, une aire de repos y est aménagée, et il est presque midi.

Ce sera une pause agréable, casse croute + sieste sur une table ombragée par un toit. Un cycliste est arrêté là, je m'adresse à lui directement en allemand. Pas de chance, c'est un Néerlandais et il parle mieux anglais. Il vient de chez lui et va au Cap Nord, n'a pas encore fait tout à fait 3000km. Il est bouffé par les moustiques. Ensuite je vais faire une nouvelle pause à une dizaine de kilomètres, parce qu'il y a un café ouvert !

Le reste de l'après midi se passe au milieu de forêts et aussi de grandes tourbières. Quelques côtes, longues, et descentes, longues aussi. Un autre café m'oblige à m'arrêter encore, j'y prends un thé. Il est tenu par une Suisse allemande qui ne parle pas français, mais une des clientes le parle très bien et me dit "chapeau". Autour c'est infesté de moustiques. Sur la fin du trajet le ciel devant est noir et fort inquiétant. On entend des coups de tonnerre...Mais j'arriverai à Arvidsjaur sans encombre, avec vue sur un double arc en ciel.A la sortie du supermarché ICA il ne pleut toujours pas.

J'erre pour trouver le camping qui est très vaste... Mais l'accueil est fermé, et je constate que le bâtiment censé contenir les équipements n'est pas équipé, je n'aurai encore pas la douche. Sinon pas de problème pour s'installer, près d'une table de bois. Le soleil se couche entre les arbres.

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Nuageux, orageux


On dort quand même mieux quand il n'y a pas de soleil!J'ai entendu la pluie, j' ai même senti que c'était mouillé dehors, néanmoins j'ai un doute car tout est sec ce matin. Et le bruit des insectes sous le double toit est tout à fait semblable au bruit de la pluie. Ce matin, soleil et nuages.

Je retourne vers la ville, c'est une "ville-rue" traversée par la route et toute en longueur, ce qui n'est pas très favorable, mais les étangs qui la bordent et leurs abords bien aménagés en parcs sont charmants. Une femelle de garrot à œil d'or y promène ses petits.

À l'autre bout, entre des immeubles modernes se cache la "lappstaden", "ville des Lappons". C'est un ensemble de huttes ("kåta") de bois, ce n'est pas un village permanent, mais un lieu où les Sames se rassemblaient, je devrais dire se rassemblent, car en principe c'est toujours fonctionnel, ce n'est pas un musée, d'ailleurs aucune hutte n'est ouverte à la visite. Certaines huttes ont été restaurées récemment. Sur pilotis, un escalier mobile, une petite porte. Les toits sont étanchéifiés avec de l'écorce de bouleau.




Pour imaginer le lieu "vivant", quelques photos de photos anciennes. 

Il ne me reste plus à voir à Arvidsjaur que l'imposante église de bois.


Petit séjour dans un café. Pour les jours qui viennent deux itinéraires sont possibles, soit continuer la E45, la "route de l'intérieur", et ses camping cars, soit prendre un autre trajet plus à l'est, passant notamment par Åsele où j'ai demandé un hébergement"warmshowers" mais sans réponse. je me décide pour l'itinéraire vers l'est, et ne repars qu'à 11h.

La première route n'est pas vraiment petite, est celle qui part vers Piteå en bord de mer. Forêts vallonnées mais pas trop, soleil devant mais que des petits nuages cachent de plus en plus fréquemment. Les 21km se font bien au bout du compte, même si les véhicules sont souvent trop rapides. Et puis je suis harcelée par des insectes qui m'accompagnent bien contre mon gré, de gros hyménoptères.

Mais sur la petite route, enfin on respire ! Elle est jolie en plus, plus variée, bordée de bois toujours, mais aussi de marais et de lacs, et d'habitations dispersées entourées de leur pelouse bien tondue. Mais qu'y a-t-il là bas devant? Un troupeau. Pas de moutons, de rennes. Ils prennent toute la route, me laissent passer sans paniquer, là je suis vraiment tout près, mais ça m'embête de prendre des photos car le conducteur du camion qui arrive derrière va s'impatienter. En fait j'aurais eu le temps, il mettra longtemps avant de réussir à passer.

Les nuages, au début de jolis petits cumulus, ont tendance à monter et à se transformer en vilains cumulonimbus. Déjà vers midi ça menace, et je suis contente de trouver une maison inhabitée avec une entrée abritée par un auvent, je pourrai manger et dormir un peu, à condition d'éloigner les moustiques avec ma fumée.

Finalement il n'est tombé que quelques gouttes, je continue, forêts marais et lacs encore. Changement de région, du Norbotten vers le Västerbotten (plus à l'ouest ?) sous un ciel menaçant. Plus une seule habitations, et c'est là que ça se met à tomber. Je m'abrite un peu sous les arbres, et puis un peu plus loin j'aperçois une petite cabane avec un bel auvent .


C'est une hutte semblable aux huttes sames de ce matin, avec la petite porte et le toit en rondins ! Mais les moustiques rappliquent... C'est dans l'ordre des choses...mais soudain, aïe, mes fesses ! une violente piqûre puis une atroce démangeaison, c'est horrible. Ça doit être une fourmi. Du coup je repars tout de suite en me frottant sur la selle. D'ailleurs il ne pleut plus.



Encore de beaux lacs, des ciels un peu tourmentés, des campanules au bord de la route, et j'arrive à Malå une petite localité assez touristique, station de sport d'hiver sur une colline, dotée de commerces et normalement de deux campings.

Le premier s'il existe, serait en haut. Je ne vois rien et n'ai pas le courage de monter. Le deuxième, quelques kilomètres plus loin au bord d'un lac, est visiblement fermé.Mais je peux m'installer près d'une place barbecue avec abri, à proximité du lac où je vais faire un plongeon... Première baignade !

Il y a plus de moucherons que de moustiques, la fumée les éloignera. Par contre je me suis encore fait piquer en sortant de l'eau.Mais qu'est ce qu'on se sent bien après un bain !

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Temps orageux, beau le soir

Pas de baignade ce matin, seulement une petite trempette dans le lac pour me rafraichir.

Départ 9h. Quelques zones humides au passage. Je circule sur des petites routes, et assez longtemps sur une portion forestière non revêtue et un peu gravillonneuse. J'évite de me lancer dans les descentes.Les mêmes bestioles qu'hier me poursuivent, à la même heure, à partir de 11h. L'une d'elle commence à me piquer quand je m'arrête. Ce sont bien des taons ! Je sors mon répulsif... Et après je suis tranquille !


Je ne suis pas si fâchée de retrouver le goudron, même avec un peu plus de circulation. Et très contente de tomber au bon moment sur un beau coin pique nique, au-dessus de rapides impressionnants. Quand il se met à pleuvoir. Certes il manque un vrai abri, mais la petite cabane à bois fera l'affaire.

Cette route qui longe la rivière est plutôt jolie, j'apprécie moins de me retrouver sur une voie à grande circulation, où les camions sont nombreux, et qui n'a pas beaucoup d'intérêt au niveau paysage.


On y signale des évènements "sames" qui auront lieu à Lycksele. La façon dont est habillée la jeune dame de la photo est intéressante, en costume same modernisé.

Je n'ai pas à chercher le camping, il est immense et au bord de la route. Il coute l'équivalent de 20 euros. Une pelouse est réservée aux tentes, quelques unes sont plantées. Je m'empresse de monter la mienne avant la baignade dans le lac. Fond sableux et très légèrement vaseux L'eau est bonne, je dirais dans les 20°. La douche qui suit est bonne également.

La cuisine est dotée de trois cuisinières électriques et deux micro-ondes, mais d'aucun ustensile. On me prête une casserole à l'accueil. Je parle avec une famille de cyclistes suisses de Zurich qui vont au Cap Nord avec deux petits enfants en remorque, et avec un Allemand nommé Youri qui voyage à pied et en bus à travers la Suède. Vers 23h on ne voit déjà plus le soleil

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Chaud (24°max) soleil et nuages


Je me suis réveillée vers 4h du matin, et n'ai réussi à me rendormir qu'une petite heure, bien plus tard. Deux raisons, mes piqûres qui me grattent et le thé que j'ai bu le soir.

Tout était embrumé


Réveil à 6h30 malgré tout, le soleil chauffe déjà. Mais au moins il séchera la tente.

Départ à 9h, je passe au centre bourg, après avoir traversé l'Umeälven,(la rivière de Umeå, ville sur la Baltique). Je suis sans illusions, il n'y a pas de magasin de vélo, seulement un magasin de sport, et je ne vais pas attendre 11h qu'il ouvre. Je prends donc la route. Comme il n'y a pas encore de vent le soleil brule, je trouve la chaleur intenable, et sue déjà à grosses gouttes dans la première côte....

Il y aura un peu plus d'air ensuite, mais le soleil me gêne encore. Non vraiment je ne pourrais pas pédaler dans les pays chauds ! Par contre deux points positifs : 1) la route, que je vais suivre tout du long, n'est pas trop fréquentée. 2) le vent me pousserait plutôt.

Une route comme toutes les autres... En forêt. Avec les oiseaux , vus ou entendus, pies, grives, pigeons, bergeronnettes, mésanges , pinsons (on entendrait plus maintenant le pinson des arbres que celui du nord).. Vu deux rennes seulement, un sur le côté et un sur la route.

La flore des bords de route se diversifient, les fleurs estivales apparaissent, le plus souvent les mêmes que chez nous. Alors est-ce parce que la saison avance, ou qu'on va vers le sud ? Les deux sans doute. Tout s'accélère, alors que le trajet vers le nord c'était un printemps qui se prolongeait.

Renoncules, campanules, ombellifères, épilobes, géranium sylvestre, achillée millefeuille, marguerites, trèfle rose, et toujours les linaigrettes quand c'est humide. Ce qui est fréquent ! Et aux abords des villages les bas côtés sont envahis par des lupins. J'en avais déjà remarqué les feuilles partout à l'aller.


Cumulus et rivière noire

La route va de rivière en rivière, des rivières qui courent sur des pierres ou qui stagnent dans les roseaux, l'eau très noire comme celle des mares. Ce sont ces rivières qui rythment mon chemin, car elles occasionnent à chaque fois une belle descente, puis une longue montée.

Le long des 87km de Lycksele à Åsele on rencontre des hameaux et habitations isolées, mais inutile espérer un commerce, un café, une église. À la rigueur un abribus mais ils sont rares. Je fais la pause à l'ombre dans une petite clairière assez ventée. Pas trop de bestioles.

Il me semble que les reliefs sont de plus en plus accentués. C'est peut être la fatigue, augmentée avec la chaleur. On longe un peu plus de lacs sur la fin du trajet. J'ai la surprise de voir soudain des arbres qui font bien 25m de haut. Ça faisait longtemps...Après une dernière longue montée on rejoint une route plus importante venant de la côte, mais à vrai dire à cette heure le trafic est moins dense. Entre les arbres apparait un clocher de façon presque saugrenue, c'est Åsele.


Je vais directement au camping, au bord de la rivière. Peu de monde. Non toutes ces crottes au sol ne sont pas des crottes de chien... Très vraisemblablement des oies, et pas facile de trouver un emplacement non miné.

Les sanitaires sont un peu sommaires et la cuisine mal aérée, mais on apprécie d'en bénéficier.

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Moins chaud qu'hier, plus nuageux

Je me réveille avec une paupière gonflée, je ne sais quelle sale bestiole a pu faire ça...

Le matin il fait toujours chaud et peu lourd . Départ vers 8h30 mais je m'arrête au village, de l'autre côté de la rivière, commençant par jeter un coup d’œil à l'église qui n'est pas ancienne, elle date de 1950. Le village non plus n'est pas ancien, rues au carré, petits immeubles récents et cités ouvrières.

La pharmacie ouvre à 9h, j'arrive à 9h pile et c'est déjà plein de monde. Il me fallait une bombe de répulsif anti-moustiques, la mienne se terminent. Ils en ont avec le même produit actif, mais dosé moins fort, 40% au lieu de 50%. J'espère que ça suffira. J'achète quelques fruits et rien de frais, hier tout était arrivé le soir en liquéfaction.

Je pars sur une route nationale, où le trafic est tout à fait supportable jusque 10h30 environ. Il y a de l'air, plus de soleil, et puis ça roule bien... j'ai le vent en poupe, et je crois aussi que globalement ça descend un peu. Mais à 11h il est temps de bifurquer, tous ces camions, qui pourtant s'écartent pour me doubler, me stresseront toujours.

La nouvelle route n'est pas revêtue, j'y croiserai deux voitures. Ici ce n'est pas les bruits de moteurs qui m'empêchent d'entendre le chant des oiseaux, mais le brinquebalement du vélo, car la chaussée n'est pas très égale. Mais ça a son charme, je me sens baroudeuse.



Deux hameaux sont sur le passage, ce sont surtout des groupes de maisons de vacances, au bord des lacs. Lomsjö, puis Lavsjö (sjö veut dire lac et se prononce cheu). Dans ces villages la route est asphaltée et elle le reste après Lavsjö, le revêtement est tout neuf (quel silence tout à coup!). Et ça tombe bien, juste quand survient une belle côte.

Cette route surplombe le lac et continue vers l'ouest, mais moi je vais tourner à gauche, repartant presque en direction inverse, contre le vent, et se rapprochant du lac. J'ai idée d'y trouver un endroit pour faire la pause. L'ennui, c'est que la route reste séparée du lac par une bande boisée. Je manque négliger un petit chemin embroussaillé qui descend vers le lac. On peut y avancer le vélo et il y a la place pour s'installer. C'est venté, donc peu de bestioles, la vue est belle sur le lac qui fait des vagues.


Et puis je remarque tout de suite une petite fleur bien jolie, feuilles rondes et clochettes couleur lilas qui vont par paires. Je l'identifie très rapidement grâce à la technologie moderne, c'est la linnée boréale, Linnea borealis L., découverte et nommée par Linné... Ceci ramène au début de mon voyage, dans le musée d'Uppsala se trouve un portrait de Linné jeune qui tient cette fleur à la main. Elle n'est pas rare en Laponie, mais j'aurais pu la manquer. Elle existe chez nous dans les Alpes, très rare et protégée.L'airelle fait aussi des clochettes, avant les fruits, mais blanches.

Je repars vers 15h, et bien que je ne sois plus vraiment poussée puisque maintenant je pars vers le sud, et bien que les reliefs soient un peu plus accentués, pas de problème, c'est comme ça depuis ce matin, tout me semble agréable et facile. Moins de soleil, moins de chaleur, ça y fait beaucoup. Autant hier je souffrais de ces longues montées qui suivaient les descentes, aujourd'hui ça irait jusqu'à me plaire! La forêt ne change guère, si ce n'est qu'on voit des arbres plus hauts, mais on voit aussi beaucoup de coupes rases pas bien esthétiques, à part qu'elles permettent d'avoir de belles vues. Je regarde les fleurs sur les bas-côtés. Beaucoup d'ombellifères blanches, un vrai ou faux cerfeuil, et un beau bouquet d'ancolies.

Pendant que je prends ces fleurs en photo passe une promeneuse qui m'adresse la parole, en suédois, et moi, devinant plus que comprenant ce qu'elle dit, lui répond dans la même langue (un peu mâtinée de norvégien), petite conversation de quelques minutes, c'est un début !

Autre rencontre un peu plus loin... Un renne. Au moment où je me disais qu'on se croirait presque chez nous, avec toutes ces épilobes dans les bois...Alors c'est que c'est toujours la Laponie ici ! Mais on sent que ce n'est plus pour longtemps, et ça me fait tout drôle de côtoyer des champs cultivés. Celui qui est butté ça doit être des pommes de terre. Je suis arrivée dans le Jämtland.


Dans les derniers kilomètres on longe un peu à distance une rivière encaissée, et une centrale hydroélectrique. Rossön est au bord de l'eau, bras de rivière et lacs de tous côtés.

La supérette ICA a fermé à 18h et il est 18h20, les temps sont durs... Mais le camping est comme je les aime, petit, simple, mais avec tout. Et pas cher. 85SEK soit environ 7,30 euros. Il est au bord de l'eau aussi, j'ai peur de descendre du ponton, du coup je ne me baigne pas et m'en veux terriblement après. Vers la minuit ferait presque un petit peu sombre..

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Beau temps, vent d'est, nuages


Petite aventure matinale, pas moyen d'ouvrir la porte pour sortir de la douche. Je finis par y arriver juste au moment où j'étais décidée à passer par la fenêtre.

À part ça il fait beau, le soleil brille fort depuis 4h du matin. Aujourd'hui il fait bon car il y a des nuages, et le vent souffle. De l'est, il va me pousser.


Rossön

J'ai longtemps tergiversé par rapport à l'itinéraire, et finalement, plutôt que d'emprunter une piste hasardeuse, je me rallonge un peu en passant par le village de Backe. Où je pourrai faire les courses, à Rossön ce n'est pas encore ouvert.

Bien qu'orienté sud est le trajet se fait bien, il faut dire qu'il passe en forêt entre de hauts arbres.


une jolie église et un lac au passage

Malheureusement à Backe l'ICA local n'ouvre qu'à 10h le samedi. Il est 9h40. En attendant je discute (en suédois) avec deux dames assises sur un banc. C'est pas très difficile je dis toujours la même chose, d'où je viens, où je vais... Il y a de l'animation dans le bourg : c'est la foire. J'achète un fromage de chèvre avec mes dernières couronnes mais pain ou sandwichs ils n'ont pas. Finalement le supermarché ouvre, c'est la ruée, puis la queue à la caisse. Une population plutôt âgée.


Pour prendre la route vers Stromsund il faut contourner le lac. Il est presque 11h. J'avais envisagé d'essayer de faire plus de 100km aujourd'hui c'est mal parti !

Heureusement, le vent dans le dos ça roule plutôt bien. Quelques voitures, pas trop gênantes, une route assez large, des boisements de tous âges pins sylvestres et bouleaux toujours, épicéas en moindre proportion, quelques ronds de dépérissement, "bostryche" sans doute. Collines boisées aux alentours.


J'attends d'avoir fait 50km pour m'arrêter, ça ne sera pas très tôt, vers 13h30, dans une clairière où poussent des lupins.

La même route se poursuit, plutôt en descente, sur une dizaine de kilomètres. Et puis elle rejoint la N45, la "route de l'intérieur". Les voitures sont dix fois plus nombreuses et foncent. Par contre aujourd'hui pas beaucoup de camions.



Stromsund est une petite ville, avec une église blanche et quelques grandes maisons élégantes. Le café konditori est inopportunément fermé le samedi je dois me rabattre sur une pizzéria et en supporter les odeurs.

18h. Téléphone rechargé. Il est temps d'entamer la dernière partie du trajet journalier, à mon heure préférée.


En commençant par traverser la rivière très large qui borde la ville, c'est plutôt une suite de lacs.


Cap plein ouest, c'est bien pour le vent, moins bien pour le soleil. Les virages sont appréciés car à ce moment là les forêts de hauts épicéas qui bordent la route font de l'ombre. Ça se met à monter fort, on arrive à un point élevé, d'où on a une vue très étendue, sur des régions de petites montagnes, avec en premier plan les cimes pointues et sombres des épicéas.

Changement de route, direction Gaxsjö, encore 24km. C'est une piste non asphaltée et très cahotante. Ça continue à monter un moment.

Et puis redescente régulière et terrain plat, à travers une forêt humide.

Sur un secteur la chaussée est meilleure, plus loin elle va se trouver goudronnée dans un village très étalé, Yxskafkälen, et se retrouver cahotante de nouveau. Une très longue ligne droite visant une éolienne en bout, encore 2-3 km, et le goudron reprend à Gaxsjö.Ce village bénéficie de la présence d'un lac, et d'une église, soit deux possibilités de bivouac.

J'aurais du tester les chemins menant au lac, finalement je vais directement à l'église, entourée, c'était prévu, d'un cimetière.Mais derrière la clôture, en surplomb du lac, une bande d'herbe a été tondue, et il y a la place pour la tente. La baignade n'est pas possible mais le site en vaut la peine. C'est presque avec regret que je vois le soleil se coucher sur le lac, si tôt, 23h02. Mais c'est splendide!


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Temps nuageux, toujours le vent d'est

Un dernier regard sur l'église de Gaxsjö, joliment éclairée ce matin. Le vent se met à souffle, le soleil brille mais les nuages vont venir rapidement.

Contrairement à ce que j'espérais, dès la fin du village le goudron disparait. Et comme il se doit, venant du lac, ça monte, et c'est assez dur sur cette chaussée cahotante.


En haut de la montée on jouit d'une belle vue sur le lac en arrière, et on atteint des hauteurs dont l'altitude n'est pas loin de 500m, planté de nombreuses éoliennes. La route s'y maintient, non sans montées et descentes. La forêt est interrompue par des paysages agricoles. Les prés sont fauchés.


Le goudron reprend dans la traversée d'un village appellé Raftsjöhojden. Ils aiment bien les noms à rallonge dans le coin... En chemin je regarde les fleurs du bas-côté et prends quelques photos, çe qui n'améliore pas ma moyenne ! Encore des fleurs qu'on rencontre plutôt en montagne, l'anthyllide vulnéraire et la pyrole.

Il est plus de midi quand je m'approche de Häggenås où je vais rejoindre la grand route, la E45. Je préfère donc casser la croute avant, dans un pré fauché. Je suis à peine repartie que je sens des gouttes... Mais ça en restera là. À Häggenås je suis contente de trouver un petit supermarché, ICA toujours, où l'on peut acheter un café et le boire dehors sur des tables de bois.Je reprends donc la grand route, mais vais bientôt la quitter pour une petite route presque parallèle. Presque, sauf qu'il faut encore grimper fort, on dirait que j'aime ça.

Le hameau en haut a pour une fois un nom bref, Boda. Encore des prés fauchés, parsemés de ces cabanes de bois, on dirait des chalets suisses. Ensuite il n'y a plus qu'à se laisser glisser vers un village au nom encore plus bref, Lit, situé au bord d'une large rivière. C'était une bonne idée cette petite diversion, car les quelque 20km qui restent jusque Östersund n'auront rien de plaisant, les voitures se suivent à grande vitesse. On est dimanche soir, retour de vacances ou de week-end? Personne à la réception à l'auberge de jeunesse, on y entre avec des codes. C'est assez grand, la cuisine est vaste et bien équipée, je vais pouvoir me mettre aux fourneaux. Ce soir ratatouille omelette.

16

Beau temps, un peu nuageux. Il y a quelques jours la météo prévoyait de la pluie..


Je vaque à diverses occupations en attendant l'heure d'aller au magasin de vélo qui n'ouvre pas avant 10h. Le commerçant est un jeune asiatique. Il me répond qu'il y a du délai. J'insiste. Il accepte finalement que je lui laisse le vélo la journée, il essaiera de trouver un créneau pour s'en occuper. Je serai donc obligée d'aller à pied au musée Jamtli, qui n'est un peu au nord du centre ville.

La ville, c'est de nouveau un quadrillage de rues avec au milieu une place, la Storgatan, relativement grande comme son nom l'indique. Elle est majoritairement entourée de bâtiments récents, dont un théâtre qui est moche. L'entrée du musée est plus jolie.


Ce musée s'appelle Jamtli un autre nom pour Jämtland et est donc consacré à cette région dont Östersund est la capitale. Une partie du musée est en plein air dans un grand parc. Très bien tout ça. Mais mauvaise surprise, l'entrée est à 295 couronnes, 25€, et même pas de réduction pour les retraités...J'y vais quand même, et je le regrette immédiatement, les expositions ne sont pas bien fléchées, les explications sont uniquement en suédois, quand il y en a, car la visite se fait avec des audio guides, on ne m'en a pas proposé de toute façon je déteste ça.

Je commence par une exposition de peintures où rien ne m'enthousiasme. Rien à voir avec le musée de Stockholm. Quelques paysages un peu typiques mais finalement dans ces peintres suédois il n'y a guère que Carl Larsson qui ait quelque originalité.


C'est la jeune lectrice qui est de Larsson

L'exposition sur les traditions régionales est en sous-sol, vieillotte, sombre, manque d'explications puisqu'on est censé suivre avec audio-guide. La vie des paysans apparait sous un jour plutôt dur, on ne s'étonne pas qu'ils aient migré en masse. Les vêtements sont incroyablement rapiécés. Quelques jolis objets de bois, traineaux ou pichets décorés.


Le plus intéressant est caché dans un recoin j'ai failli passer à côté mais à l'accueil la dame m'avait parlé de "Bayeux" et ça m'intriguait.

Ce sont des tapisseries Viking, du 10e siècle environ, c'est magnifique. Des chevaux, des rennes (cerfs, élans ?) des drakkars, quelques humains, ou beaucoup si tous ces petits bâtons en représentent...D'autres sont abstraites, on reconnait des croix gammées.



Mais il fait beau, il est temps d'aller faire un tour dehors. Des villages d'époques diverses ont été reconstitués, avec des figurants en costume. Les maisons les plus anciennes n'étaient pas peintes. Elles sont entourées de clôtures comme on en voit encore, des piquets qui supportent des perches placées en oblique.


Les fermes sont en deux parties séparées par un porche. Surprise en observant cette cabane surélevée, escalier, petite porte, toit de rondins appelée ici "härbre"... C'est exactement le type de cabane du village same! Dont l'origine n'est donc pas du tout same, mais suédoise.

une petite cabane au toit de terre, et un intérieur très rustique 

L'église se remarque à peine de l'extérieur. À l'intérieur on remarque la chaire, sculptée de motifs populaires, très colorée. À côté de l'église une petite maison est là pour accueillir les voyageurs de passage.

Le village du 19è a ses maisons peintes en rouge, et les intérieurs sont plus confortables.


Et pour finir, le village du 20e siècle, avec même un magasin de vélos.


C'était quand même agréable cette promenade dans le parc par ce beau temps. On y est venu en famille et des petits enfants blondinets courent partout.



Je retourne me reposer un peu à l'auberge. Au passage j'entre dans la bibliothèque, une belle maison de brique, où se trouve un musée de l'histoire de la ville. Celle-ci a été fondée en 1786 avec un plan bien précis... D'où le quadrillage actuel.

L'occupante du lit en dessous du mien a changé, c'est encore une Allemande, mais plus causante, en français en plus, et plus sympathique. Elle suit à pied un chemin de pèlerinage vers Trondheim.

Le vélo est prêt, je vais le chercher un peu avant 18h heure de fermeture, et vais le tester en faisant un tour vers le port au bord du lac. Une passerelle mène à l'île qui est en face, Frösön, très anciennement peuplée.


Au passage quelques bâtiments de la ville

Pour finir, l'université,... et l'auberge

Je me fais des pommes de terre et brocolis sautés avec un œuf au plat.

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Temps couvert, un peu de pluie le matin et le soir

Je pars autour de 9h, toute heureuse d'avoir un vélo qui fonctionne, moins heureuse du temps gris et de la petite pluie qui survient. Premier arrêt juste après la passerelle, pour mettre la cape !

Je ne roule pas longtemps sur Frösön. Un long pont en montée+ descente fait traverser le lac. Je réalise que j'ai oublié de faire gonfler mes pneus... Le dernier gonflage date de Rovaniemi...Après cela, je vais suivre le lac vers le sud, sans le longer de près, au début sur une piste cyclable à gauche de la route. Celle-ci est assez fréquentée bien que "blanche" sur la carte.


Elle s'écarte du lac mais est en hauteur, on le voit souvent. Derrière, les montagnes ont l'air assez hautes, elles sont parsemées de neige On traverse des campagnes vertes et à l'habitat dispersé.

La pluie va cesser aussi, je peux enlever la cape qui couvre mon guidon, et là... Je découvre avec horreur que mon chargeur branché sur la dynamo ne fonctionne plus !! Je m'en veux à mort d'avoir dit au réparateur de regarder le problème de la lumière, et m'en veux encore plus de ne pas avoir regardé si le chargeur marchait encore, car c'était un gros risque, puisque les deux se branchent au même endroit ! J'ai fait 20km je ne vais pas revenir en arrière. Et puis faisons nous une raison, avec ma batterie de secours et en rechargeant par ci par là je devrais survivre.

De nouveau il va falloir traverser le lac. Ce pont n'a pas de bande cyclable, mais il est plat.

Une longue côte suit cette traversée, cap sur un clocher pointu qui pourrait être en France. Vue de plus près cette église n'a vraiment rien d'intéressant. Mais de l'autre côté de la route apparait un autre clocher en bardeaux de bois, et une église crépie en jaune, c'est la vieille église d'Oviken, qui mérite qu'on s'y arrête.Ça tombe bien c'est l'heure de manger. Je m'installe dans l'entrée,car il y a des marches et un abri. L'église n'a pas l'air ouverte. J'ai presque fini quand je vois arriver un monsieur qui monte les marches et entre dans l'église en poussant la porte. Bizarre pour moi elle ne s'était pas ouverte. En tout cas j'entre à mon tour.


L'intérieur est très beau, bancs, balcon et chaire de bois peint, un autel baroque et un retable ancien aux sculptures naïves représentant des scènes de la vie de Jésus et de la bible. Des fragments de fresques sont visibles à côté de la chaire..


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Et puis l'orgue se met à résonner : le monsieur qui a ouvert, c'est l'organiste qui vient répéter ! Ça va me bercer pour une petite sieste. Quand la musique s'arrête je repars... Pour faire juste quelques kilomètres, au village voisin une alléchante "konditori" m'attend. À partir de là je suis étonnée de me rendre compte que la route que j'emprunte est de nouveau la E45, la "route de l'intérieur du pays",, bien que ce soit en principe une route secondaire. Ce n'est pas grave, la circulation n'est pas épouvantable, et on a une belle vue sur le lac, toujours un bras du Storsjö, sur ses îles dont certaines sont des montagnes. En bas descendent des prés où s'éparpillent des maisonnettes, des fermes et des granges. On aperçoit quelques animaux (peu), vaches, moutons et chevaux. Au village de Svenstavik, approvisionnement... chez ICA encore.

Après Svenstavik survient la jonction avec une route plus importante au bord de laquelle je ne peux guère espérer trouver un bivouac.Au prochain village, Åsarna, il devrait exister un abri mais peu accessible. Il y a un camping, et il commence à pleuvoir, pourquoi pas ? Sans cuisine, pas moins cher, et environnement pas terrible, allons plus loin.

Le problème c'est que la pluie se renforce. Mon planning prévoyait la halte à Klovsjö, où il y aurait un abri pique nique près du lac. J'aimerais bien, mais je n'avance pas, ça ne fait que monter, à travers des bois pas hospitaliers. Mais tout vient à point...

Voilà un petit terrain fauché, deux cabanes dont une avec un petit perron abrité. Pas très à l'écart de la route mais ma tente verte ne se verra pas trop. Sur ce perron un peu exigu je me fais des pâtes fraîches - poivrons - saucisson - parmesan, c'est excellent. Les moustiques sont à peu près écartés avec les tortillons à fumée.

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Beau puis couvert

Mais le matin le soleil brille et la tente est bien sèche. J'ai bien fait de m'arrêter, la montée n'était pas finie, elle continue jusqu'à l'altitude de 660m, record d'altitude de la balade pour l'instant.

Klovsjö est "plus beau village de Suède". C'est vrai qu'il est charmant. Le lac en bas, bleu ce matin, les montagnes autour et une jolie église construite en 1796.


Autre lieu intéressant, la boulangerie.

J'ai vu trop tard les gaufres mais c'était bien de tester le kanelbulle, tout frais, moelleux, juste ce qu'il faut de cannelle. Rien à voir avec celui des supermarchés !Je reste évidemment trop longtemps, mais il me fallait prendre des forces pour la deuxième montée de la journée.


Dans la Vemdal, ellei va m'amener à plus de 700m... record battu ! En fait le dénivelé n'est que de 300m, et il y en a juste un bout qui est un peu raide, le reste est très progressif. La vallée n'est pas profonde et on ne voit pas la rivière, on traverse des boisements et on a vue sur des monts pelés zébrés par des pistes de ski.

Au point le plus haut


Je vais d'ailleurs faire la pause dans une station de sports d'hiver car j'y trouve un abri très bien venu, le vent n'est pas chaud aujourd'hui. Car sinon le lieu n'a rien d'attirant... Petite surprise, trois rennes se baladent de l'autre côté de la route.

La descente est à 9% ça va trop vite pour moi. La partie inférieure est plus agréable, en pente plus douce, et j'ai le plaisir de pouvoir rouler sur le grand plateau. À Vemdalen je ne fait que jeter un coup d'œil sur l'église.

Et là je quitte la route fréquentée pour une petite route très droite, très régulière et très monotone, dans des forêts de pins sylvestres filiformes, sur un sol couvert de bruyères rases et de lichens. Au début les montagnes encore proches ornent le paysage. On a même construit des villages de vacances (j'irais pas là, mais bon...). Et ça roule bien.

Un seul village se rencontre, du nom de Vemhåm. Miracle il se trouve un petit commerce, je vais pouvoir améliorer, avec un yaourt un kiwi et des petits gâteaux, mon repas de ce soir, et prendre un café que j'ai à peine le temps de finir car l'établissement ferme à 18h.


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Sur la fin du trajet la forêt a été exploitée, le ciel est plombé, l'air est immobile, la route est déserte, le silence devient oppressant, on n'entend même pas les oiseaux. J'ai presque hâte de retrouver une route plus importante.

Comme hier, la météo n'avait pas prévu la pluie dès ce soir... mais le ciel ne trompe pas, voilà les gouttes .

Tiens tiens, juste avant la route, voilà un ensemble de maisons de bois... C'est un musée en plein air, allons y voir. Il y a largement la place pour planter la tente et plein d'endroits pour s'abriter de la pluie. Autant rester là.


J'aurais bien aimé mettre la tente sous le porche mais c'était en pente, seul le vélo y trouvera sa place.

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Pluie

Dans la nuit, ça tapote sur la tente, ce n'est pas les moustiques mais bel et bien la pluie. Quant aux moustiques, je constate avec désagrément qu'il y en a à l'intérieur de la tente, des tous petits, j'ai peut-être mis trop longtemps à entrer, peut être mal fermé, ou ont-ils trouvé un interstice? J'ai bien dormi, je n'ai rien senti, ça me gratte un tout petit peu, mais dans la journée ça va s'amplifier. Je les reconnais bien là, ces horribles bestioles. J'ai par contre de la chance, pendant que je range et que je déjeune, pas une goutte d'eau, c'est tout juste si la tente ne sèche pas. Et je suis à peine partie (8h45) que ça reprend.

Sveg, la prochaine ville est à 15km, par la E45, peu fréquentée à cette heure. Pas de gros dénivelés, ça roule bien, le problème c'est que la pluie tombe de plus en plus fort et que ça devient franchement désagréable, surtout quand il passe un camion qui vous envoie ses éclaboussures. Je ne cherche pas un abri, me disant que je me sécherai à Sveg, mais je trouve le temps long.

Le premier supermarché c'est un Coop ça tombe bien j'en avais marre des ICA... Mais à vrai dire Ils ont les mêmes produits. La "konditori" est un lieu plus sympathique. J'ai une place près d'une prise de courant. Mes affaires vont sécher, seulement la météo a changé depuis hier : c'est pluie toute la journée !

Y a-t-il un moyen d'y échapper ? Prendre le train ? L'inlandsbana , le train touristique, est parti à 10h10. Le reste ce n'est que des bus. Attendre demain en passant la journée au camping ? Moyennement excitant.. Alors finalement je me décide à repartir dans la pluie, il faut assumer, il y a toujours un jour comme ça dans un voyage.

À la sortie de la ville, c'est curieux, il faut prendre le pont de la voie ferrée.

La route moyennement fréquentée me conduit sous une pluie pas trop forte mais durable à Lillhärdal, où j'espère trouver un abri pour manger quelque chose, je n'ose trop espérer un resto.


Au supermarché local ils ont un coin café, je m'installe avec un sandwich et un café, et à la sortie constate qu'il y avait un resto tout près. Par contre il ne pleut plus. Pour l'instant. C'est toujours bon d'en profiter, sur une nouvelle route qui part plein sud et qui est très calme. On a quelques vues sur un lac, l'Ormosjön

C'est fou ce qu'on se sent bien quand la pluie s'arrête ! Tout est beau, les forêts, les monts lointains, et les rivières qui coupent la route, notamment celle ci qui s'enfonce dans la roche.

Cette route monte, pas très raide mais il faut être patient, il y en a pour un moment, il faudra atteindre 690m d'altitude. Le ciel quant à lui commence à s'assombrir beaucoup. Je me suis lancée dans une entreprise bien hasardeuse... Ma tente mouillée, la pluie, les moustiques, pas terrible le bivouac dans ces conditions...

J'imaginais que le plus haut serait à la limite des deux régions, le Härgedalen et le Dalarna (Dalecarlie) où je vais. Mais non. Je passe la limite et ça monte toujours.



Et le ciel de plus en plus gris... Peu après cette frontière se trouve un village, Ulvsjön. Des gouttes tombent, et à la sortie du village l'averse commence, je me décide à mettre la cape, avisant à droite de la route un bouquet d'épicéas pour me protéger. À gauche de la route une clôture rouge, à l'intérieur un espèce de clocher, jetons un coup d'œil.

En effet c'est un clocher au milieu d'un cimetière. À l'intérieur (un débarras) il fait très sombre , je n'arrive pas à voir la cloche.À côté de cette enclos se trouve une petite cabane, avec une serrure. C'est forcément fermé, mais bon, je teste... Et la porte s'ouvre !! Et à l'intérieur c'est tout à fait charmant, tout clair, tout propre. Eh bien voilà un hébergement tout trouvé! Je n'installe pas tout immédiatement, au cas où quelqu'un viendrait... Mais il ne vient personne et j'entends la pluie cogner avec violence sur le toit, et je vois les moustiques voleter derrière la vitre... Quel délice !

La photo c'est un Jésus Sacré cœur. Pas pire qu'un crucifix...
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Couvert puis se dégage


La différence entre le jour et la nuit commence vraiment à être sensible. J'ai failli allumer la frontale hier, et le matin (bien dormi) suis réveillée par le jour. Je m'efforce de ne laisser aucune trace de mon passage, merci Jésus Christ, départ 8h30. La montée d'hier contineu, mais la première de la journée ça va toujours, et l'air frais ça aide. C'est ici une réserve naturelle. Des sentiers de randonnée traversent la route. La forêt est toujours là, mais est interrompue par de grandes tourbières planes et vertes

La montée n'est pas continue, mais par paliers. Après chaque côte je me demande si je suis au sommet, mais après une brève descente suit un faux plat ou une nouvelle côte.

Mais enfin, en haut d'une côte un peu costaud...un panneau ! Il indique 692m, le voilà seulement ce col tant attendu! Et en effet maintenant ça descend vraiment. C'est une route à la fois agréable et très belle, différente des paysages traversés jusqu'ici.Elle évoque les routes de montagne de chez nous. Elle longe un torrent (Rymman) à l'eau un peu ferrugineuse, circule sous des pentes boisées raides, parfois rocheuses.


Pour la première fois depuis plusieurs jours je croise un voyageur cycliste, un(e?) jeune qui monte et n'a pas l'air de vouloir s'arrêter. Il y avait déjà un peu plus de circulation que ce matin, mais quand on arrive à la route vers Älvdalen puis Mora l'ambiance change, c'est un défilé quasi continu de voitures.


Je mange sur une table en bois devant le supermarchéBref c et en face du musée du porphyre. Älvdalen est connue pour son gisement de cette roche rose.




La statue, qui n'est pas en porphyre, est celle d'un fabricant d'accordéons, Hagström.

Pour aller à Mora pas besoin d'emprunter la route encombrée de tout à l'heure, un itinéraire un peu plus long et bien plus tranquille est plus ou moins parallèleBref c, au sud de la rivière, une rivière qui est plutôt une succession de lacs du fait de la présence de plusieurs barrages hydroélectriques.

Le long de cette route, des bois de pins (original !) et des hameaux de constructions traditionnelles, et là ce ne sont pas des musées. On admire aussi une jolie petite église aux toits de bardeaux.


Sur plusieurs panneaux indicateurs il est mentionné la "Vasaloppet", une célèbre course de ski de fond (90km), un évènement suédois analogue aux marathons célèbres.


Vasaloppet= course de Vasa (roi de Suède)

C'est ici le tracé de la course, qui a lieu en mars, l'arrivée est à Mora. Une ligne de chemin de fer suit également la route, ça doit être les derniers kilomètres de l'inlandsbana, dont le terminus est à Mora.

À l'approche du bourg quelques kilomètres sur une piste cyclable me mènent directement au camping "First camp", à côté de ce camping celui de Lycksele était petit. Le prix n'est pas mal non plus, 360 couronnes soit plus de 30€. Aussi quand je m'aperçois que comme à Lycksele la cuisine est totalement dénuée d'ustensiles et qu'ils n'ont pas de casserole à me prêter, je me fais rembourser et vais trouver une place juste à côté, près d'une table de bois. Mais j'ai eu les codes pour les sanitaires, je pourrai prendre une douche 👿.

Un petit tour dans la ville, ambiance touristique un peu déplaisante et pas grand chose de très typique, à part l'église. Le petit cheval est une "spécialité" de la Dalécarlie.

La statue est celle d'Andres Zorn, peintre local mais de renommée internationale dont je visiterai le musée demain.

C'est le premier soir depuis très très longtemps que j'utilise la frontale.


En arrière plan, le musée, et une passerelle où passe la "Vasaloppet"
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Beau temps, plus ou moins de nuages

La tente est mouillée par la rosée mais le soleil brille (depuis 4h du matin), et va la sécher.Tout est plié vers 8h30, le musée ouvre à 9h. Mettons à profit ce laps de temps pour aller prendre une douche au camping. Je déborde quelque peu, je fais aussi un peu de lessive. Je ne suis au musée que vers 9h30, mais c'est une bonne heure, c'est calme.

Anders Zorn est né (1860 ) et mort (1920) à Mora, entre temps il a voyagé mais ce lieu est toujours resté son point d'ancrage, il a peint les paysages d'ici, les gens, les costumes et traditions régionales. C'était donc logique qu'avec sa femme (Emma) ils souhaitent rassembler ses œuvres en créant un musée ici.

C'était un peintre dans la mouvance impressionniste, qui a eu beaucoup de succès de son vivant. Déjà à 20 ans ce tableau "deuil" avait fait sensation et fait connaître. C'est vrai que ses tableaux sont toujours très esthétiques, et ses portraits très expressifs et originalement mis en scène. Il était très demandé pour les portraits.


Son petit chien, l'église de Mora sa femme, la bonne, des paysages

Il a peint la lumière de la nuit nordique.. à voir de préférence sur l'original ! Et la vie à Mora et ses traditions. Je sors vers 11h, ce n'est pas très très grand... Ce que j'apprécie aussi !

Dans la ville la rue piétonne est pleine de monde et la konditori aussi. Le ciel est bleu et il fait chaud. Départ en direction du lac Siljan que je vais contourner sans le voir très souvent en réalité. Mais c'est à ces moments là que je prendrai des photos.

Je suis des itinéraires cyclables, quelques uns réservés aux vélos mais peu. Ce devrait être une petite route mais ça circule. Passage au village de Sölleron puis devant son camping. Heureusement que je n'ai pas prévu d'y faire étape. La foule s'y presse pour une manifestation non identifiée mais bruyante en tout cas. On l'entend encore sur le très long pont qui suit, et même plusieurs kilomètres plus loin, là où je m'arrête manger en bordure du lac. Un oiseau chante, lance des sifflements, perché sur un piquet. Hélas je n'arrive pas à voir à quoi il ressemble.

La route contourne toujours le lac, que l'on voit encore moins souvent qu'avant. L'avantage de la forêt c'est que les arbres font de l'ombre et on est bien. Le premier village, sur une hauteur, s'appelle Siljansnäs. Je me sers en eau à côté de la grande église blanche.

En redescendant, je m'arrête pour un café dans un petit kiosque, tables et parasols dehors. Je ne sais pourquoi ni comment, je me mets à penser au voyage de retour. Prévu fin juillet début août. Mauvaise période, les places vélo sont déjà prises, alors sur le champ je fais toutes mes réservations, départ le 2 août de Hambourg, arrivée le 3 à Bourges.

Et l'heure a tourné, déjà 19h, mais bon temps pour rouler. Vue sur l'eau , et des verts prés, et des maisons rouges.

À Leksand, une ville relativement importante et bien animée, je me dépêche de faire quelques courses pour repartir rapidement et essayer d'avancer un peu en direction de Falun, afin de ne pas arriver trop tard demain pour visiter la mine.Après une plaine urbanisée commence une ascension en direction de la forêt.Je me mets à entendre des couinements. Un animal ? Eh non c'est mon vélo... A-t-il seulement besoin d'être graissé, ou c'est autre chose ? Je ne vois rien en tout cas...

Au bord de la route les constructions sont encore nombreuses. Quand ce ne sont pas des maisons rouges, ce sont des fermes ou des granges, toujours de construction traditionnelle. Rien ne dépare en tout cas.

Tout en grinçant je monte, et parfois fort. Dans la forêt de toute façon pas d'arrêt possible. Par contre à l'arrivée dans un hameau entouré de prés fauchés, je me laisse tenter. Il me reste une quarantaine de kilomètres mais ça va descendre après...Il y a même une table de pique nique au bord de la route. Et pas trop de moustiques.

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Très beau temps, chaud


Ce qui est bien agréable ce matin, c'est d'être à l'ombre des arbres qui entourent le pré. Petit déjeuner sur l'herbe

J'ai mis de l'huile partout, malheureusement le grincement persiste, dès qu'il faut appuyer un peu sur les pédales. Je commence à m'habituer mais c'est quand même inquiétant.

La route est tranquille jusqu'à un village appelé Sågmura où se trouve une grande usine qui ne fonctionne sans doute plus. J'ai du mal à rejoindre l'itinéraire indiqué par mon GPS. C'est curieux, cela ressemble à une ancienne voie ferrée, ça serait bien... Oui mais du goudron ça passe au gravier, du gravier au chemin de terre... Bref il va falloir reprendre la route ! Dommage car il y a un peu plus de circulation, surtout quand je rejoins la route principale venant de Mora.

Heureusement assez vite je trouve une piste cyclable parallèle, puis une petite route qui s'écarte et longe un lac. Les gens s'y livrent à des activités dominicales, pêche, baignade, farniente au bord de l'eau. Et un peu de cyclisme, c'est la première fois que je croise tant de vélos.


À l'entrée de Falun première chose que je vois c'est un supermarché Lidl où j'entre pour acheter leur pain aux noix qui est mangeable, et pas trop lourd.

Et puis je me dirige tout de suite vers la mine, une ancienne mine de cuivre qui a approvisionné l'Europe entière pendant des siècles et qui est maintenant classée au patrimoine mondial Unesco. Je traverse un joli quartier de maisons en bois.


Pendant que je cherche ma route une cycliste me demande si j'ai besoin d'aide, et l'invite à la suivre car elle va dans la direction de la mine. Ça tombe bien, elle parle très bien français ! Elle est originaire de Suisse (Berne), a appris le français à l'école mais aussi séjourné en France. Elle s'appelle Christine, vit en Suède depuis plus de 30 ans.

Elle s'arrête à une boutique thaï pour acheter des nems .. et dans le fil de la discussion m'invite à dormir chez elle ce soir... je n'hésite pas longtemps du tout à accepter ! Elle téléphone pour se renseigner sur la visite de la mine, et me réserve une place, comme ça je peux l'accompagner chez elle maintenant. Elle habite précisément dans ce beau quartier ancien, me propose une chambre fort confortable et m'offre du sirop de sureau. Elle va partir avec son mari (absent pour l'instant) faire une balade en kayak. Moi je resterais bien à me reposer mais il faut que je reparte dans la chaleur, pour la visite.

Le site fait plus de 40ha autour de l'immense fosse, résultat d'un effondrement au 17e siècle qui n'a tué personne car c'était à la St-Jean.. Autour on stockait et traitait le minerai,. On le brûlait pour extraire les quelques % de cuivre pur présent dans le minerai et la ville était en permanence dans un nuage de fumée. Autour se trouvent de nombreux bâtiments annexes, dont je n'ai pas toujours compris la fonction, et le musée. Et des bars boutiques et restos bien sûr. Et même un magasin de vélos.


Je change mon heure de visite car j'ai 30 minutes d'avance. Je ne sais pas si c'était une bonne idée, même s'il y a seulement trois Polonais avec moi. La guide est bien gentille mais elle parle mal anglais, je ne comprends rien, et en plus elle lit son texte dans un carnet.

On nous donne des casques et des capes, ce qui n'est pas inutile car les plafonds sont bas et l'eau suinte de partout. Il fait un peu froid mais (grâce à Christine) j'ai pensé à prendre ma doudoune. Ce n'est peut être pas si important les explications, la visite donne une idée de l'atmosphère de la mine, l'obscurité, l'humidité permanente . Le sol est humide et glissant. Et encore, pour les visiteurs modernes ça a été aménagé. Il était nécessaire de pomper l'eau du sous sol en permanence, on a inventé un système en utilisant l'énergie hydraulique et une grande roue.

Aux temps anciens la technique c'était d'allumer des feux pour faire claquer la roche, et les mineurs extrayaient les pierres à la pioche puis les transportaient à deux sur des brancards de 100kg. Mais bon, au cours des ans les techniques se sont évidemment perfectionnées.


Le puits par où on montait les seaux de minerai. Des galeries étayées par des rondins de bois

La remontée s'effectue par un ascenseur et on s'étonne de sentir la chaleur à l'arrivée. Reste à visiter le musée. Comme d'habitude c'est ardu les commentaires en suédois et anglais et les termes techniques ça n'arrange rien.

La mine est très ancienne, la légende dit qu'elle a été découverte il y a un millénaire par une chèvre appelée Kåre qui rentrait le soir avec des cornes rouges. Elle a été exploitée jusqu'en 1992 avec plus ou moins d'intensité.


Le minerai,  le cuivre pur brut et le déchet

Au Moyen Âge la Hanse se chargeait d'en faire le commerce. Au 16e la couronne suédoise a pris la main mise dessus, avec le fameux Gustave Vasa qui a maté une révolte en 1533. Au 17e on extrayait 70% de la production mondiale de cuivre. Le minerai contenait d'autres métaux, qui ont également été extraits, notamment le souffre, le zinc, le cuivre et le plomb, et en quantités bien moindres l'argent et l'or.

Mais ce qu'on pourrait appeler un sous-produit, fabriqué en utilisant les déchets du minerai, et qui a une importance énorme, c'est une peinture rouge... Qui va couvrir la majorité des maisons suédoises. Le "rouge de Falun". L'inventeur, au 16e siècle, voulait imiter les maisons de brique des pays riches..

Et depuis le succès n'a fait que croître. À partir du 19è on l'utilisait partout. Et c'est maintenant toujours à la mode. La peinture a plein de propriétés intéressantes, protection du bois, durabilité... et c'est une belle couleur ! Et elle est toujours fabriquée ici

On la fait maintenant aussi en noir..

Après cette visite je suis crevée, sans avoir fait vraiment la visite complète, normalement on peut faire le tour de la fosse.... Je rentre chez Christine et Anders, qui ne sont donc pas là, elle m'a laissé la clef. Douche repas et un peu d'écriture. À 22h je ne tiens plus debout, je n'attendrai pas leur retour et m'endormirai d'un sommeil profond...

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Très beau temps, un peu de vent (sud)

Petit déjeuner avec Christine et Anders, müesli au yaourt, pain et fromage. Ils sont rentrés hier à 23h, je n'ai rien entendu. La matinée est consacrée à régler les problèmes mécaniques sur le vélo. Anders m'aide un peu, à un moment donné le chargeur remarche puis le fil électrique se casse définitivement. Je file au magasin de vélo près de la mine...qui est finalement fermé, puis à celui qui est en ville, un jeune gars me remet les fils en place (sans me faire rien payer), le chargeur fonctionne de nouveau, pour la lumière c'est pas réglé. Quant au grincement...il a disparu aussi mystérieusement qu'il était venu ! Et je pense enfin à gonfler les pneus, qui n'avaient pas perdu beaucoup d'air en fait. Je vais pouvoir jeter un coup d'œil au centre ville, plutôt agréable. La petite rivière qui traverse la ville y fait beaucoup.

Un petit tour encore dans les quartiers de maisons de bois, je rentre chez mes hôtes.

Il est 11h, je me prépare à partir tout de suite mais me prépare tellement longtemps, tout en discutant, que vient l'heure du déjeuner et l'invitation de le prendre avec eux. Je devrais dire lunch car vraiment c'est léger, salade de riz et un petit nem. On parle de la forêt, Christine dit que la Suède se fait rappeler à l'ordre par l'UE pour la gestion de ses forêts, et qu'il y a des gens qui militent pour protéger la forêt et mieux la gérer. Cette fois, 13h, c'est vraiment le départ, on fait des photos souvenir.

Christine m'a conseillé un itinéraire cycliste qui s'appelle Runnleden et qui suit la rive du lac de ce nom, Runn. Je m'imagine un chemin tranquille, plat, avec vue permanente sur le lac... Ce n'est comme ça qu'au tout début. Le chemin devient très gravillonneux, il monte et descend, et la vue sur le lac est empêchée par des arbres... et une voie ferrée. Pour arranger les choses le vent vient d'en face.


C'est quand même agréable d'être près du lac et hors des routes. D'ailleurs les promeneurs cyclistes sont nombreux. Je m'arrête pour une agréable pause goûter + sieste sur un banc tout neuf dans une petite baie très ventée, pas de bestioles comme ça. Plus loin je fais quelques courses dans un supermarché et échange quelques mots avec une jeune cycliste qui se promène avec son petit garçon sur le porte bagage.

On voit un peu mieux le lac quand la voie passe de l'autre côté. Il n'est pas très large, l'eau est bleue et parcourue par des bateaux blancs.


Séchage du foin à l'ancienne... J'ai connu ça

Torsång était une destination que j'avais choisie parce qu'il y avait un camping, mais celui-ci n'a pas l'air génial et il n'est que 17h. Pas grave, Anders m'a parlé d'une belle église, Christine d'un café sympa, les deux sont ouverts et méritaient en effet le détour.

Le site est très beau, entre rivières et lacs, et très apprécié, aujourd'hui les Suédois veulent profiter de l'été, tant qu'il est là.



L'église date du 13è siècle, c'est une des plus anciennes de Suède. En pierres de tailles et couleurs différentes, clocher séparé en bois. Elle est ouverte, l'intérieur est tout blanc avec de belles voûtes originalement décorées.



Je me dirige maintenant, dans le soleil (en face), vers une autre église, celle de Stora Tuna, à côté de la ville de Borlänge. On en voit la flèche élancée de loin. J'en fais le tour, l'église ouvre demain à 8h. Autour c'est un immense cimetière mais les grands espaces d'herbe tondue ne sont pas tous occupés par des tombes. Il y a de quoi s'installer, et même à proximité de tables. Comme ça je pourrai aller voir l'église demain.


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Nuageux puis couvert, un peu de pluie


Je me suis levée tôt (6h) parce que le bâtiment à côté ressemble à un endroit où les gens vont travailler. Mais quand je mets le nez hors de la tente le parking est plein, ils sont déjà tous arrivés... De toute façon personne ne vient me dire quoi que ce soit. Je pense que ce sont les jardiniers, car quand je remonte vers l'église ils s'activent de tous côtés. L'église est déjà ouverte à 8 heures moins dix.


Ce faste ne m'attire pas particulièrement, le plus intéressant est le vestibule (nartex?) qui est plus ancien et plus rustique, avec des bancs, des coffres, des murs de brique et de pierre. Je pars assez vite, sur une petite route dans la campagne ensoleillée. Le vent ne souffle pas encore, il faut en profiter car il sera contraire. Un grand calme règne. Les champs sont verts. Les hauteurs boisées sont zébrées de pistes de ski ou quadrillées par des coupes rases, ce qui n'est pas beau.


Une petite église, clocher séparé toujours

J'avais trop chaud, j'ôte la chemise et juste après le vent se lève et le ciel se couvre. Il faudra la remettre, puis mettre la veste, et même la cape quand il va tomber quelques gouttes.

Entre temps j'ai rejoint une route un peu plus passante, sans trop, et qui a ceci de plaisant, c'est qu'elle côtoie de nombreux lacs.


À l'entrée de Grangärde je quitte l'itinéraire cyclable "Sverigeleden" pour trouver supermarché et café, et là la circulation est bien plus importante. Après les courses je vais m'installer sur un banc près de l'église. Il ne fait pas chaud. Pour le café, rien de formidable non plus, c'est le café restaurant d'un camping. Mais je peux recharger le téléphone. Le camping quant à lui semble très venté et n'est pas du tout tentant.

Un coup d'œil sur la météo m'apprend que demain sera pire qu'aujourd'hui alors de toute façon autant continuer. La pluie, il y en aura mais disons plutôt un pleuviotement. Des lacs, il y en aura encore, et plus loin de grandes zones de tourbières.


La circulation gâche le plaisir. Et ça monte en permanence. Depuis ce matin ça me fera plus de 800m en dénivelés positifs. Au début ça va, j'apprécie que le vent ne me gêne pas. Mais à la fin cela devient pénible, je serais prête à bivouaquer dans les coupes forestières ou les marécages. Mais heureusement, il n'y a vraiment pas d'endroit, et puis soudainement on arrive en haut et c'est une grande descente qui suit.

Elle me mènera jusqu'à un lac, où des gens se baignent. Baignade ? Plage ? Ce sont généralement des endroits favorables. Et en effet, quand la table de pique nique se libère, je m'empresse de la squatter pour monter la tente à côté. D'autres promeneurs passeront et n'auront pas du tout l'air de s'offusquer de ma présence.


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Pluie

C'est la première fois que la lumière a baissé jusqu'à un point où l'on puisse dire "c'est la nuit". Une nuit encore un peu claire, et courte, à 3-4h du matin il fait grand jour.

La pluie ne me gênera pas trop pour plier, je fais tout à l'intérieur de la tente, même le p'tit dej, je fais chauffer l'eau dans l'auvent. Au moment de démonter (c'est rapide avec cette tente), j'aurai un répit. La pluie ne reprendra qu'aux premiers coups de pédale.. mais ne cessera plus!

le lac sous la pluie 

La localité de Fredriksberg est à 3km sur la route... enfin je croyais, je passe sans rien en voir. Finalement c'est mieux comme ça, j'ai le temps d'arriver pour le déjeuner à la prochaine ville, Hagfors, à 54km. La route qui y mène (n°245) a une partie commune avec une autre plus importante, qui n'est autre que la "route de l'intérieur", E45, et c'est pas drôle, voitures et camions roulent trop vite par ce temps pluvieux.

Enfin retour sur une route plus calme, et puis un cycliste qui arrive derrière moi ralentit pour me faire un brin de conversation. Il parle français, car il est belge, de Bruges, et a fait des études de suédois. Il fait un tour dans la région, juste avec deux sacoches, dort dans les hôtels. Il va aussi à Göteborg, une manifestation sportive y a lieu la semaine prochaine, d'où difficulté pour s'y loger. Aïe.

Un moment passé agréablement... Lui continue à son rythme, la pluie aussi, je ne vois rien du paysage. Et ne fait aucune photo. Juste avant Hagfors je suis contente de quitter la route pour une belle piste cyclable à travers bois, et à Hagfors une station service où je me reconstitue un peu, pour repartir gaillardement, toujours sous la pluie vers Ekshärad où j'ai réservé un hébergement. La route, encore assez fréquentée, est bordée d'arbres et buissons feuillus presque à ras de la chaussée, c'est inhabituel ici. En entrant à Ekshärad on traverse une large rivière et on admire une grande église rouge.


L'hébergement est dit vandrarhem mais ressemble plus à un hôtel. J'ai une chambre à deux lits qui sent un peu la renfermé pour 500 SEK soit 43€. Je peux me servir de la cuisine. Je me réjouis d'être là, la pluie ne cesse pas, et ne cessera pas de la soirée, voire de la nuit...(il fera nuit). La "logeuse" a travaillé en France à Nice et Lorient mais ne parle pas français.

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Beau temps pas chaud, nuages, vent

Ayant déballé toutes mes affaires hier soir il me faut un moment pour tout ranger, un autre moment pour sauvegarder mes photos, petit déjeuner en bas, départ 10h. Il a plu une bonne partie de la nuit, le ciel était encore bien couvert ce matin, ça va laisser le temps aux nuages de se dissiper.

C'est bien agréable de rouler sans pluie. Je suis d'humeur flâneuse, je n'hésite pas à suivre le fléchage indiquant une "stavkirke" (église en bois). C'est au milieu des bois et c'est charmant, on y ferait volontiers étape dans un pèlerinage vers la tombe de St Olaf à Nidaros (Trondheim).

Je retourne à la route mais pas pour longtemps, une route non goudronnée entre dans la forêt, et monte assez raide au départ... Un peu dur mais c'est beau, et c'est un grand plaisir de retrouver le calme. Les arbres sont toujours les mêmes, quelques épicéas et bouleaux mais grande majorité de pins sylvestres, hauts, droits , lisses.

La forêt alterne avec de riantes campagnes, et bien sûr des lacs.

Quant à la route, elle est parfois goudronnée et parfois cahotante. Est ce l'accumulation ou le cahot de trop ? Une attache de ma sacoche avant droite se décroche, mais pas moyen de la remettre, c'est une vis qui est cassée.Je sors la trousse à outil, ne vois rien avec quoi réparer, et vais récupérer au fond de cette même sacoche le bon vieux tendeur de remplacement qu'il ne faut jamais oublier. Je m'y prends à plusieurs fois mais ça a l'air de tenir.

Mais c'est pas fini. Je continue tranquillement ma route quand soudain, nouveau claquement, blocage brutal. Victoire, j'arrive à ne pas me casser la figure. Pourtant le tendeur que j'ai mis est toujours à sa place. .. c'est le tendeur arrière qui est complètement enroulé autour du moyeu. J'avais tout simplement oublié de fermer la trousse à outils et remettre le tendeur. Je n'ai pas l'impression que des outils se soient échappés. Par contre je vais avoir du mal à détacher le tendeur des rayons.

C'est reparti...Mais l'heure a tourné, plus de 13h. Ça tombe bien, voilà un lac, un chemin qui y mène, et une table de pique nique. Inconvénient, le vent souffle fort. Et puis voilà une brusque averse, je suis obligée de terminer mon casse-croûte... sous la table.

Le parcours va se poursuivre en forêt, rejoignant des routes goudronnées et même fréquentées. À la sortie de la forêt on suit la vallée d'une rivière élargie par des lacs. C'est beau ces prés verts parsemés de peupliers et autres feuillus. Oui mais... Le vent, qui ne me gênait pas trop jusqu'alors vient du sud... et je le prends de plein fouet, alors la fin du trajet vers Sunne est plutôt dure.

À la halte nautique au bord de la rivière le camping est interdit et l'environnement bruyant. Des voitures passent avec la musique à fond. Eh oui ça se fait ici aussi...

La grande église est sur une hauteur, de l'autre côté de la rivière par rapport au centre ville . Qui n'est d'ailleurs pas bien grand.

Ce sont des quartiers pavillonnaires que je traverse pour aller voir à quoi ressemble le camping. Celui-ci est sans doute le pire que j'ai vu. Les camping cars et caravanes sont à touche-touche sur plusieurs hectares, pas de place pour les tentes...rebroussons chemin...Retraversons la ville, et allons voir cette église là haut...

Comme d'habitude les pelouses vertes ne manquent pas à proximité. J'évite de me mettre à l'intérieur du cimetière mais je suis juste derrière le mur .

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Beau temps, quelques nuages, vent sud


J'ai prévu de me lever tôt pour ne pas me faire surprendre par une foule de jardiniers ou autres, mais c'était bien inutile, il passe deux visiteuses et deux jardinières qui ne prêtent aucune attention à ma tente.

Une grande stèle juste derrière le mur et qui veillait particulièrement sur moi était celle d'un carillonneur et organiste prénommé Jonas, bref plutôt sympathique. Les cloches ont sonné toutes les heures au fait. Mais pas trop fort, juste bien. Je vais jeter un coup d'œil à l'église, ouverte ce matin. Elle a été construite au 19è à la place d'une ancienne église qui avait brûlé. L'intérieur est encore plus récent, un style qui ne m'inspire guère. Dans une église de cette taille forcément il y a des toilettes, c'est bien appréciable.

C'est dans le soleil et pour l'instant sans vent que je prends la route vers Mårbaka, le manoir de Selma Lagerlöf. Une route goudronnée et une autre non, bordée d'arbres à la traversée d'un joli hameau .


Les visites ne commencent qu'à 11h et il n'est que 10h, pourtant les visiteurs sont déjà là. Mais c'est plutôt plaisant d'attendre ici et commencer à regarder les bâtiments et les plates bandes fleuries.


Mais vers 10h30 c'est la queue au guichet, je vais sagement acheter mon billet. Je me débrouille tellement bien pour réaliser cette transaction dans la langue locale que le guichetier m'inscrit d'office dans une visite en suédois. À vrai dire je ne pensais pas à une autre possibilité, je ne vois que des Suédois. Ce n'est d'ailleurs pas le même public que celui des supermarchés ou des pizzerias.

La visite n'est qu'à 11h20 alors je vais prendre un café avant. Le guide est un gars assez jeune, barbu et très bavard, et évidemment je n'y comprends rien. À part qu'il a dit qu'il fallait éteindre les portables. Comme il y a du monde on ne peut même pas bien se déplacer pour regarder les objets.

Et presque à la fin je me rendrai compte qu'il y avait juste derrière une visite en anglais avec seulement trois personnes. Je me joins à eux, mais je constate que la guide en raconte nettement moins...et que je ne comprends pas beaucoup plus.

Et comme la visite est guidée eh bien il n'y a pas de panneaux explicatifs. Je ne regrette quand même pas mes 195SEK (17€), car la maison a été conservée dans l'état où l'écrivaine l'a laissée à sa mort en 1940. Les pièces qu'on visite au moins. Salle de réception, salle à manger, cuisine, bibliothèque avec le bureau où elle écrivait. Dans la bibliothèque sont les grands classiques mais pour ce qui est de ses contemporains notamment les français, aucun des grands auteurs de son temps, que des inconnus.

Dans la cuisine une très grande cuisinière à bois, un évier en cuivre et des espèces de pains en forme d'anneaux alignés sur des poutres. Les récepteurs téléphoniques accrochés aux murs. Portraits, photos, bibelots divers, bref ce qu'on trouve dans ce genre d'habitation.

Selma Lagerlöf est certainement l'écrivain le plus populaire de Suède, en France on connaît "le voyage de Nils Holgerson à travers la Suède". Elle a eu beaucoup de succès de son vivant et a obtenu en 1909 le prix Nobel de littérature. Dans cette maison, elle est née et y est morte, mais n'y a pas toujours habité, car ses parents n'avaient plus les moyens et l'ont vendue, et ce n'est que bien après qu'elle a réussi à la racheter.


Après un petit tour au milieu des fleurs et un sandwich, il faut se mettre à pédaler, je n'ai fait que 9km aujourd'hui. Mais je vais réussir à en faire 71 autres dans l'après midi, ce qui est pas mal. C'est qu'il fait très beau, pas trop chaud, et le vent est moins gênant qu'hier. Après une partie en forêt je rejoins cette rivière - succession de lacs appelés Fryken qui passait à Sunne. La plaine est cultivée en céréales et en sarrasin.


À Fagerås seul lieu "civilisé" du parcours je trouve une pizzeria où boire un café, à côté il y a un supermarché 100% self service. J'arrive à scanner moi même les courses. Cas de force majeure pour manger correctement ce soir.

Je repars comme j'aime à la lumière du soleil du soir, commençant par rouler, pour la dernière fois je pense, sur la E45 étonnamment plate et peu fréquentée, ensuite les reliefs reprennent.


Une borne ancienne

Et j'arrive à Borgvik où il y a plusieurs possibilités, l'église, les bords du lac, peut être un camping.

Je néglige l'église et m'en veux après, j'aurais dû au moins y jeter un coup d'œil (mais ça montait)... Je trouve le camping, tout petit, personne à l'accueil, pas de cuisine. Je m'installe près d'un abri au bord du lac, supposant que je ne suis pas dans l'emprise du camping.

Il y a des gens un peu bruyants autour mais ça ne dure pas.

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Temps couvert, pleuviotement

Au réveil il ne pleut pas encore, c'est la rosée qui a mouillé la tente. Départ 8h15. Après la traversée d'une forêt de chênes on retrouve le lac est encore plus mélancolique ce matin, sous un ciel annonciateur de pluie. Les premières gouttes tombent, elles resteront pour l'instant sporadiques.

Un ciel annonciateur de pluie

Je suis un itinéraire cycliste qui s'appelle "Unionsleden" , "chemin de l'Union" parce qu'il relie la Suède et la Norvège, il va à Moss, sur la côte au sud d'Oslo. Après avoir traversé une zone forestière, il passe sur un pont mobile, qui ne doit pas bouger souvent, sur la rivière Byälven. Un beau bateau est amarré, il ressemble à un drakkar. Et en effet, après avoir passé le pont je constate que le bâtiment à côté est un "centre viking" où on pratique en costume à des reconstitutions de la vie des Vikings. Il n'ouvre qu'à 11h, je ne vais pas attendre.



Par contre, je vais quand même m'arrêter dans le village un peu plus loin, car il n'y aura ni autre supermarché ni café avant longtemps.

Le café, à côté de cette grande ferme, est une boutique de produits artisanaux qui fait également café, j'en ai déjà fréquenté plusieurs comme ça.


C'est une dame un peu âgée qui me sert alors je m'exprime en suédois. Mais quand je flanche il s'avère qu'elle parle bien anglais évidemment. Je mets un moment à écrire à tous les cyclistes warmshowers de Göteborg avant de me rendre compte que le premier de la liste, Lars, m'a déjà répondu positivement.

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Et je continue à suivre l'itinéraire "de l'Union" . Il n'est pas longtemps goudronné, traverse la forêt,passe dans des coins jolis..

Mais rapidement je me rends compte de mon erreur. J'aurais y regarder d'un peu plus près. Le relief est épouvantable, ce ne sont que montées et descentes mais très très rapprochées et très très raides. À plusieurs reprises je suis obligée de pousser. Les possibilités de prendre de l'élan sont limitées, il faut freiner. Et user les freins voire les jantes.. Certes on ne s'ennuie pas, à négocier les raidillons et les meilleurs passages, certes c'est une belle traversée... Mais j'eus préféré plus confortable.



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Après avoir longé un grand lac, je quitte le Värmland, pour entrer dans le "Västra Götaland". Et enfin, à mon grand soulagement je vois que la chaussée se transforme : le goudron ! Et ça tombe bien, voilà une grande descente, et là je peux filer !

J'atteins une route où ça circule ..et là j'étudie bien la carte : si je continue à suivre l'itinéraire vélo j'en ai encore pour 15km de montagnes russes. Entre deux maux... Mais une route principale c'est quand même bien moins dur, et assez vite j'arrive à Billingfors, devant une énorme usine très puante. Vérifié, c'est bien une papèterie.

Mais mon but est un peu plus loin, un camping. Un chemin pas très poétique longeant une voie ferrée y mène. Mais le camping est correct. Personne à l'accueil, mais on peut entrer partout, toilettes douches, et cuisine dotée d'une grande table, de cuisinières électriques et d'une seule marmite maïs qui me conviendra pour faire des pâtes aux courgettes et brocolis.


L'inconvénient c'est que ce bâtiment est très éloigné de l'emplacement des tentes, et quand je ressors pour prendre la douche (froide, j'ai pas la pièce qu'il faut ), je me prends une averse.

Ensuite, ce n'est même plus une averse, mais un déluge, l'orage, et des coups de tonnerre dont un tout proche.

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Temps couvert, venteux


Le temps de faire l'aller et retour aux sanitaires la tente va sécher suffisamment pour que je puisse la monter ce soir en l'état.

En la soulevant j'aperçois un étrange petit tas. C'est un animal, un crapaud. L'ai-je écrasé ? Il ne bouge pas... Mais si, ses yeux clignotent. Et quand j'ai le dos tourné, il change de place.

Au programme aujourd'hui, routes fréquentées, vent contraire, averses.

Premier arrêt café dans une station service à 22km environ, à Ed. Cette petite ville est située au bord d'un lac, que je contourne pour rouler sur une petite route à peu près parallèle à la grande. Ça fait du bien un peu de calme.

Mais la pluie arrive, au moment où je rejoins la route principale, c'est même une belle douche. Je m'apprête à la supporter jusqu'au bout stoïquement, mais quand je tombe sur une aire de repos avec une table abritée je me dis que ça serait aussi bien de ne pas être complètement trempée. Et j'en profite pour casser la croûte. Je consulte la météo et constate avec horreur que j'aurai le vent fort en face toute la journée et les jours suivants. Je déraille à peine arrivée sur la route. C'est vite remis en place, mais je n'aime pas ça, et d'autant moins que c'est déjà arrivé une fois ce matin. Quant au vent, pour l'instant comme c'est en forêt c'est encore tenable.

Deuxième arrêt pour faire les courses à un ICA à côté d'une station service . Ils vendent du café mais sans endroit où on puisse s’assoir. Il reste moins de 20km jusque Tanumshede et ses gravures rupestres (hällristningar) mais là ça devient très dur, car ce n'est plus aussi boisé. La route est plus petite mais circule toujours beaucoup. Déjà avant la ville, un premier site est signalé, Fossum. Une profusion de dessins ont été gravés à l'âge du bronze, et sont peints en rouge par nos contemporains, pour mieux voir.

Encore une fois commentaires en suédois et anglais. Un petit texte en français trouvé le lendemain au musée dit que ces quelque 200 figures semblent former une composition élaborée et doivent être l'oeuvre d'une seule et même personne. Sont représentés beaucoup beaucoup de bateaux, des guerriers, des animaux, chevaux, cerfs, serpents ... Beaucoup d'hommes et une seule femme, que l'on reconnais à sa queue de cheval. La femme a une queue de cheval et un rond dans le ventre (enfant ?). Les hommes ont tous leur attribut masculin, et une épée. Ceux là apparemment se battent avec des haches.

Je me fais la réflexion que ces coloriages en rouge qui ne sont pas d'époque dénaturent un peu les gravures. Ah justement pas de peinture sur la troisième roche.. à côté la description de ce qu'il y a à voir, notamment un cheval traînant un soleil... mais je ne vois rien de tout ça, seulement un morceau de bateau ! Bref les peintures c'est pas si mal...


L'eau suinte de partout, cache les gravures ou au contraire les fait ressortir. Ce n'est peut être pas par hasard, ce genre de site c'est toujours aux endroits où il y a de l'eau. Deux couples de visiteurs passent, le ciel est noir et le vent souffle, quelle atmosphère !

Il y a d'autres sites à voir mais je commence par aller au camping où je paye 200 K en liquide, par chance je les ai . Un camping dans le style ancien, de la place pour les tentes, cuisine avec des ustensiles et une salle "de séjour" à côté. Il est déjà 20h. Tant pis, j'irai voir les peintures demain avant d'aller au musée, qui est juste à côté et n'ouvre qu'à 20h.

Je me fais des pâtes avec des brocolis et du parmesan, et je discute dans la cuisine avec un hollandais qui va en Norvège, et la femme d'une famille de Français qui travaillent en Suède depuis plusieurs années et habitent à Stockholm. Ils s'y plaisent bien.

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Pas de pluie mais très nuageux et venteux

Le vent souffle dès le matin sur les drapeaux du camping. Avantage la tente sera sèche.


Finalement il est presque 10h quand j'ai fini de ranger et je commence par la visite du musée. C'est bien, c'est gratuit. Il y a déjà du monde.

Je me réjouis de trouver à l'entrée un texte en français présentant les différents sites de pétroglyphes. J'en visiterai trois sur les quatre, Fossum (vu hier), Vitlycke, Aspeberget, et pas Litseby , je ne verrai pas le gigantesque "Dieu du Javelot"qui s'y trouve. Dans la région on a également découvert des villages et des tombes. Certains objets se trouvent ici, un très beau collier, une meule, de la vaisselle... Le musée présente d'une façon qui se veut didactique la vie à l'âge du bronze en mettant en scène une famille de villageois. Ils voyageaient beaucoup, en bateau. Un objet omniprésent sur les gravures.

D'autres objets trouvés ailleurs sont exposés, ceux qu'on reconnait dans les pétroglyphes, boucliers, épées, cor (instrument de musique), armes, ce qui entre autres de les dater. Ils ont été réalisés sur une longue période, entre 1700 et 200 av JC. Des parallèles sont faits avec les autres cultures de l'âge du bronze (le Mercantour "Mont Bego" notamment.

Quant à la signification des gravures, c'est parfois évident, parfois non. Depuis qu'elles sont découvertes les interprétations ont été très variées. On ne connait toujours pas la signification de ces cupules (petits ronds) que l'on voit partout, ou des réseaux, cadastres ou filets? Et pourquoi des mains aussi immenses ?

Sur place, la visibilité est variable. Par exemple à Vitlycke, en face du musée, la gravure "du mariage" la plus célèbre est impossible à voir correctement, tout en haut d'une grande dalle inclinée de 30 à 35 degrés par rapport à l'horizontale, d'une une hauteur de 7 mètres d'une largeur de 22 mètres, qui porte 250 images et 165 cupules.

Les visiteurs sont très nombreux. Dans la catégorie "classe moyenne" avec beaucoup d'enfants.

D'autres dalles sur le même site sont plus modestes, mais portent de tout aussi magnifiques gravures.L'autre site, "Aspeberget" mal positionné sur la carte du site que m'ont donné des jeunes Françaises. Je passe du temps à le chercher puis à en faire le tour, il est bien très étendu. C'est un mont, effectivement. Du sommet on voit le camping et la campagne environnante mais pas la mer comme j'aurais espéré.


Les gravures sont très dispersées et pas faciles à voir et encore moins à photographier, sur des rochers pleins d'eau, ou bien à moitié à l'ombre. Je commence aussi un peu à saturer.. car il est plus de 13h.

En distance, je n'ai pas beaucoup avancé aujourd'hui! Alors allons y, luttons contre ce foutu vent et accommodons nous de la circulation des touristes, qui est intense. Je n'ai plus rien à manger, il faut que j'atteigne le prochain village . C'est Fjällbacka, dont on voit de loin la flèche sombre de l'église. Mais de près... Quelle foule ! Le lieu est certes joli, mais très encombré à cette époque !


Et je continue ma route, avec plus ou moins de vent suivant l'orientation et l'environnement (vive les arbres !). Un beau paysage avec partout ces grands rles plus nombreuses, mais ochers lisses. Et parfois la vue sur des bras de mer.

J'irai moins loin que prévu. Peu après avoir trouvé un supermarché pour m'approvisionner car je n'avais plus rien, je trouve la grande église (pas belle) de Brastad et plante ma tente dans un coin un peu abrité sous un gros bouleau pleureur.

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Toujours venteux, mais du soleil

Réveil à 5h30 par des cliquetis... Les robots attaquent !

Heureusement ils ne sont pas assez puissants pour tondre la tente ou le vélo. 

En tout cas, grâce à eux, je démarre à 7h12. Le vent souffle encore, mais moins qu'hier et moins en face, et contrairement à hier le soleil brille ! Je continue sur la petite route prise hier soir, qui tournicote dans un environnement campagnard varié, et puis sur la route principale, la 162 qui mène à Lysekil, où je devrais pouvoir prendre un bateau pour traverser un bras de mer (un fjord).


Lysekil a le même genre d'église peu typique suédoise que Fjällbacka. Y avait il quelque-chose à voir dans cette petite ville, à part le port, je n'en saurai rien, car à l'embarcadère, que je trouve facilement, il est indiqué qu'un bateau passe à 9h06 et il est 8h54. Un monsieur arrive pour le prendre et me rassure en me disant qu'on peut prendre le billet sur le bateau. En effet, une gentille dame m'en vend un pour 42 K pas tout à fait 4 euros. Dommage que la traversée ne dure pas longtemps, c'est bien joli. La mer est un peu agitée, ça tangue juste un peu.

La majorité des passagers descendent plus loin, ils vont à Fiskebäckskil, le village en face. Il a l'air en effet très pittoresque, dominé par un moulin à vent. À Östersidan, où je suis descendue, il n'y a qu'une jetée et quelques maisons, et un raidillon où je dois pousser, et fort, pour rejoindre la route.


Cette route circule vite et sur le pont qui va traverser un autre bras de mer l'étroit passage en bordure est plutôt destiné aux piétons. Mais je m'y mets quand même pour prendre des photos car c'est magnifique.


Ensuite je vais bifurquer sur une petite route mais comme toutes les routes du coin en ce moment, ça circule beaucoup aussi... Mais moins vite. Au détour des virages, ouverture sur des morceaux de mer.


Et puis des petites distractions, les bacs. J'en prends deux pas très éloignés l'un de l'autre. C'est fort plaisant de doubler les longues files de voitures qui les attendent .


Enfin une jolie église. Derrière un golf. Apparemment une certaine catégorie de Suédois aime ça (le golf).

C'est un peu dur ensuite car je roule contre le vent. Normalement la route va changer de direction de façon à ce que j'ai le vent dans le dos, ce sera à un village appelé Nösung où je compte déjeuner. Déjà avant ça devrait s'améliorer


Mais non, c'est pire.... Qu'est ce qui se passe avec le vent ? Rien... Je finis par me rendre compte que je me suis trompée et que je me dirige à Hälleviksstrand. Mais pourquoi ne pas y aller, c'est presque au bord de la pleine mer...

Parfois c'est bien de se tromper. C'est un très bel endroit. Touristique bien sûr mais on supporte.


Je casse la croûte dans un abri bus (vitré). Peut-être pas poétique mais efficace contre le vent. Et ensuite le café c'est face à la mer.

Je repars sur une petite route qui doit n'être asphaltée que depuis peu, génial. Elle traverse de vastes étendues rocheuses.


Nösung où initialement je voulais m'arrêter est beaucoup moins intéressant. Ensuite effectivement c'est plus facile avec le vent. Des forêts, des baies, des fjords, quelques hameaux. Au niveau architectural ce n'est plus l'harmonie du Dalarna et du Värmland. Il n'y a plus guère que les fermes qui sont peintes en rouge de Falun. Mais tous ces paysages du Bohuslan sont splendides.

Il est tard mais je roule toujours. Je voudrais avancer pour arriver tôt à Göteborg demain. Mon cycliste warmshowers, le dénommé Lars, m'a fait faux bond, après avoir essayé de me persuader d'aller chez un de ses potes dans une île éloignée, paraît-il qu'il a des problèmes familiaux... Je fais une réservation à l'auberge de jeunesse, très cher ( plus de 50 euros). Parmi les autres cyclistes à qui j'ai écrit seul un m'a répondu (négativement).

Pour l'instant je vais faire les courses à Varekil après une forte descente, j'oublie l'eau. Tant que je n'ai pas d'eau je continue, jusqu'à une suite de trois ponts traversant un large fjord, le Lakefjorden, en direction de Stenungsund. Le premier, le Tjörnbron , me fait un peu peur, mais la piste cyclable est vraiment bien protégée et permet d'admirer ces vastes étendues marines.

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J'ai trouvé de l'eau peu avant le pont mais maintenant la voie cyclable longe l'autoroute (ou assimilée), comment vais-je faire pour trouver un bivouac ?

Le jour où je n'en cherche pas, voilà un camping. Je vais y faire un tour, c'est bondé et surtout venteux. Mais au moment où je m'apprête à repartir je trouve un petit coin totalement abrité du vent. Ce n'est pas particulièrement isolé par rapport aux campeurs, mais je n'aurai pas mieux aujourd'hui.

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Un peu moins de vent. Nuages et soleil


Départ 7h45. Moins de vent, ou c'est qu'il a changé de direction, j'ai par moments l'impression d'être poussée et ça roule plutôt bien, et sans grands dénivelés.


Peu après le camping

Pendant les premiers kilomètres on voit encore le Hakelfjord, mais ensuite dans l'intérieur des terres c'est d'autant moins intéressant que l'on longe la route, parfois même l'autoroute.

Après un peu plus de 20km apparaissent soudain des usines et autres bâtiments industriels, des grands immeubles, un Macdo... C'est Kungälv, qui a des côtés plus intéressants quand on se rapproche de la rivière, qui a pour nom Göta. On y voit un centre de vieux village et un château médiéval. C'est le château de Bohus, du nom du village où il est situé. Ou de la région ? (Bohuslan).


Juste avant j'avais échangé quelques mots avec un couple d'Allemands qui sont allés dans le Värmland et repartent par le Danemark, mais via Copenhague. Je croiserai énormément de voyageurs en vélo aujourd'hui, presque plus que dans tous le reste du voyage!

Mais au niveau environnement ça empire... L'autoroute, la circulation, les zones artisanales et industrielles.

Ici on vend les voitures préférées des Suédois (pour le week-end), les grandes américaines, l'équivalent de 20000 euros environ. Budget essence à prendre en compte.

Ce trajet est néanmoins très direct, et en permanence sur des pistes cyclables bien sécurisées.

On finit par arriver à Göteborg par les quais de la rivière qui s'appelle tout simplement Gôtaälv, où sont ammarrés des bateaux de toutes sortes au milieu de grues. Est ce déjà le port ? De l'autre côt de grands immeubles modernes et une haute tour qui me fait penser à celle de Malmö.


Je devrais passer sous le pont avec les quatre pilastres mais le quartier est en chantier et je me trouve soudain face à une barrière... et devant un magasin de vélos.Et précisément c'est une des choses importantes que j' ai à faire ici, régler le problème des freins qui sont usés, au moins à l'avant. Je suis peut être capable de le faire mais j'ai peur de rester en rade si je n'y arrive pas, et le gars ne fait pas d'histoires pour faire le remplacement tout de suite, avant et arrière, et me règle ça en un tournemain. 150K (13€). De ce côté là je suis tranquille pour le reste du voyage.

Maintenant je cherche le terminal de Stena Line pour me repérer pour demain. C'est bizarre, pas de guichets ni bureaux, que commerces. Et beaucoup de bancs. Je casse la croûte. Dans la suite des questions logistiques je vais acheter une cartouche de gaz dans un mois de sport. Et puis comme il est bientôt 15h je me rends à la Vandrarhem où j'ai réservé, qui appartient à la STF Société de tourisme en Suède, et est bien dans le style ancien... Sauf le prix.


Et je dois encore payer pour la lessive et une serviette de toilette. Mais la lessive c'était indispensable, et sans le sèche-linge ça aurait été très compliqué, car évidemment ils n'ont pas d'étendoir.

Pendant ce temps-là, je tente de rattraper mon retard dans mes rédactions diverses, et ensuite je ne ressors pas plus loin que le supermarché, admirant quelques maisons de commerce anciennes au passage.Qui sont bien dans le style de la ville, qualifiée de "very boring industrial town" par le dénommé Lars qui m'a fait faux bond, mais moi j'aime bien les villes industrielles.

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Nuageux, vent d'ouest fort

Je vais passer quelque temps, tout en prenant mon petit dej, à récupérer des photos et fichiers sur mon ordinateur. Il faut aussi tout ranger. Bref je pars quand il est presque 11h, c'est fort mal parti pour la visite de la ville. Il y avait un musée de peinture, un jardin botanique, et deux quartiers intéressants à voir.

Je verrai seulement le quartier "Haga". C'est une ancienne banlieue ouvrière. Il a failli être démoli car tombé en état de délabrement. Finalement il a été restauré, c'eût été dommage en effet . Maintenant c'est un quartier branché, plein de cafés et restaurants. À 11h du matin la rue piétonne est déjà noire de monde.


Maisons de brique et maisons de bois se côtoient

Il n'y a pas de vieille ville à Göteborg. De toute façon la ville n'a été fondée qu'au 17e siècle, et s'est surtout développée avec la révolution industrielle.C'est la deuxième ville de Suède, avec plus de 500 000 habitants.Le centre actuel, c'est des grandes avenues parallèles à la rivière, et d'imposants immeubles du 19e.

Les aiguilles ont tourné, il est trop tard... D'autant plus tard que je finis par découvrir, sur les instructions envoyées avec mon billet (pris sur internet), que je dois enregistrer 30 minutes à l'avance, il ne faut pas traîner. Mais je n'y vois toujours pas mentionné le lieu de départ, ce n'est sur le plan de la ville que je découvre où est le terminal spécial Danemark. C'est un peu la panique, d'abord pour y accéder, car ici aussi c'est en chantier et barré tout autour, et ensuite pour comprendre qu'il me faut aller loin loin pour rejoindre l'entrée des véhicules.Mais après ça se passe très bien, tout le long du parcours des employés sont là pour vous guider. Les vélos entrent dans le pont le plus bas, qui sent la mer.

Les cyclistes sont relativement nombreux, et pour ce qui est des passagers, c'est la foule. Je monte sur le pont supérieur pour prendre des photos, boire une bière et manger mon casse croute.

Quand, commençant à avoir un peu froid, je redescends, toutes les tables sont prises, je suis obligée de demander à un monsieur de me mettre à côté de lui. Il est très aimable et a envie de parler. Il est de Jönköpping mais travaille à Bonn en Allemagne, il a l'air assez polyglotte mais zut on a commencé à parler en anglais. Il me parle de Jeanne Birkin, du Tour de France, du 14 juillet et du bicentenaire de la révolution qu'il a vécu à Paris en 1989. La traversée dure 3h, c'est rapide. Exceptionnellement je retrouve mon vélo sans aucune difficulté, et je sors du bateau puis du port (c'est rapide) avec les autres cyclistes.

Dans le centre ville l'atmosphère a déjà je ne sais trop quoi de différent.


Maintenant je vais changer de cap et me diriger... vers le nord, vers Skagen, à la pointe extrême du Jutland. J'ai prévu de prendre le trajet direct au retour, mais pour l'aller de faire un détour par des petites routes dans la campagne.

Ça sera un peu dur dans la première partie, car je pars face au vent, vent qui est plus fort qu'en Suède. Mais bonne surprise, la route traverse des champs, certes, céréales blondes, pommes de terre... Mais beaucoup de boisements aussi, plutôt des feuillus d'essences diverses et notamment beaucoup de chênes pédonculés au tronc court et pleins de glands.

Et beaucoup de ces boisements, d'implantation récentes, sont tout simplement des haies brise vent. Merci pour les cyclistes ! (Entre autres). Pour ce qui est de l'habitat c'est la brique mais souvent crépie en blanc ou en jaune. Je me trouve une église bien sympathique entourée d'un cimetière, il y a de l'eau. Progressivement la direction va passer au nord puis à l'est et je finirai par être poussée.

Mais entre-temps, l'environnement va bien changer. Soudain alors que c'était tout plat voilà des collines... Tout bêtement des dunes, on se rapproche de la côte. Et les boisements, ce sont des résineux, des pins d'espèce indéfinie, et, curieusement, des sapins.

Mais on traverse aussi des déserts dunaires, et parfois des prés où paissent le plus souvent des chevaux. Pour l'instant ça va, le vent me pousse. Quand je m'en vais rejoindre l'autre côté du cap (voir la carte), et par la même occasion la route et une petite voie ferrée, ça va encore, d'autant plus que c'est une zone boisée.


Mais à la sortie de ces bois, c'est de nouveau un désert dunaire d'où curieusement émergent, du côté de la mer, de gros bateaux. Mais là rien n'arrête le vent et le chemin tourne vers l'ouest, dans le mauvais sens.


Il va falloir penser à terminer l'étape. Au Danemark le camping sauvage est paraît il interdit, et le système des abris (shelter) très élaboré avec une application pour téléphone bien faite. Il y en a dans le coin, en fait des places de camping, j'en ai vu une, il y avait déjà 3 tentes...Et les prochaines elles sont tout près de la route. Alors quand j'entre de nouveau dans une zone boisée, et que je vois un petit creux assez bien abrité et un peu caché, je ne résiste pas bien sûr.

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Beau temps, quelques nuages, vent


Il est tôt, 6-7h, mais les cyclistes passent déjà. L'un d'eux s'arrête à la table de pique nique à côté, je ne pense pas qu'il m'ait vue. Pour aller à Skagen maintenant la direction globale c'est nord-est, comme le vent est d'ouest voire sud-ouest, il va plutôt me pousser. Il est un peu moins fort ce matin, et il fait beau.

Si le vélo est à distance, , ce n'est pas par peur de la foudre, c'est pour le camoufler

Quelques virages en forêt, une petite route "partagée" et on entre dans l'agglomération, c'est une ville et pas un petit village comme j'imaginais. Avec une activité industrielle. Dans le port sont amarrés de gros navires, c'est un port de pêche important.

La ville est très étendue, les maisons sont de couleur jaune. Aux voitures stationnées, Porsche et autres, on voit que les habitants sont plutôt aisés. Comme ceux qui se rendent à la plage en peignoir de bain pour leur bref plongeon du matin, arrosé à la sortie d'un verre de vin.


De la vaste plage de sable la vue porte sur le port, sur le phare de Grenen, et la mer bleue et d'énormes navires au loin sur l'horizon.

La piste cyclable s'arrête au phare. Pour aller au bout de la pointe c'est à pied. Ça va me prendre du temps mais c'est quand même là que se rencontrent la mer du nord et la Baltique.

Dans les dunes on passe quelques blockhaus et la tombe d'un poète, avant de descendre sur la plage, triangulaire. C'est un peu incommode de marcher dans le sable. J'ai vite trouvé la solution, j'enlève mes chaussures et marche au bord de l'eau. Côté Baltique. L'eau n'est pas froide.

Les vagues s'étalent gentiment sur le sable mais à la pointe c'est un bouillonnement, les deux mers se rejoignent vraiment, c'est d'ailleurs ça qui forme cette langue de sable.


Je propose la photo à une famille française, mais c'est finalement moi qui me fait tirer le portrait.

Côté Baltique et côté Mer du Nord


Sur cette grande étendue de sable se posent les oiseaux de mer. Un groupe qui se sauve trop tôt, que je n'arrive pas à identifier. Des mouettes bien sûr, et un groupe de sternes tout aussi criards. Et puis des petits bécasseaux qui courent à toute vitesse sur le sable et que je m'amuse à essayer de suivre. Pour ce qui est des photos, échec total. D'autres oiseaux sont posés sur un rocher ovale assez proche de la côte. Des oiseaux noirs assez gros, peut être une espèce de pingouins. Mais voilà un profil massif qui n'est pas celui d'un oiseau... Il y a aussi trois phoques sur ce rocher.

Retour donc au phare. Le parking est plein et sur la voie cyclable en direction de la ville je peine un peu et croise quantité de cyclistes qui avancent gaillardement le vent dans le dos. Vous verrez, au retour...


La ville est pleine de touristes. La rue principale est piétonne, bordée de boutiques, restos etc ..et grouillante de monde. Ce qui enlève tout charme au lieu. Cette atmosphère mercantile est bien loin de l'esprit artistique et de la société des peintres qui ont fait école ici. Au point que, ne pouvant les imaginer en ce lieu, je ne cherche pas à percer la foule pour trouver le musée. Par ailleurs je reçois un message d'une cycliste, Sofie, qui accepte de m'héberger demain, après Aalborg, et comme c'est un peu loin je ne pense plus qu'à me mettre en route. Il y avait bien un musée, et pas forcément la foule à l'intérieur. Je regrette un peu quand même.

Cette église est la plus récente, l'ancienne est envahie par les sables, je pars dans cette direction mais finalement c'est trop loin et je n'y vais pas. J'avais repéré à l'aller une table de pique nique ombragée, mais un maudit cycliste l'occupe. Alors je me retrouve... à côté de mon bivouac.

L'itinéraire direct vers Frederikshavn n'est pas très intéressant, piste cyclable longeant la route. Point positif, du côté (droit) où je roule c'est presque toujours abrité. Je réalise un peu tard que je ne suis pas du tout obligée d'aller à Frederikshavn. Après quelques courses et un petit goûter à Elling, je vais essayer de retrouver la route... Et mon GPS m'envoie sur une piste caillouteuse, que je suis vaillamment pendant plus de 3km. Je sais maintenant qu'il faut se méfier de ça au Danemark aussi.

Ensuite je rejoins des routes de campagne,et, nouvelle surprise, ce n'est pas du tout plat, c'est même bien vallonné, et plutôt joli, un paysage varié, des bois, des champs (céréales, pommes de terre). Des prés avec des vaches et très fréquemment, des chevaux.


Je suis toujours inquiète de ce que je vais trouver comme chaussée. Ça se passe bien jusqu'à ce que je rejoigne un itinéraire cyclable... C'est un chemin de terre ! Pour VTT quoi. Mais bon, je récupère des routes goudronnées sans trop me rallonger. Le ciel s'assombrit c'est un peu inquiétant.

J'ai repéré un "shelter", abri, à Østervrå qui est encore loin..Mais les routes sont bonnes et rapides, et je trouve l'abri, près d'un terrain de sport et d'un parc. L'abri, ou plutôt les abris, et heureusement, car l'un d'eux est occupé ! C'est un cycliste danois qui n'a pas l'air de trop bien maîtriser les langues étrangères, c'est pour cela peut être qu'il pédale seulement au Danemark.

À côté le hangar meuble de tables et bancs du club de pétanque va bien me servir pour ranger mon vélo (pluie possible) et pour diner. J'ouvre une boîte de pois chiches que j'agrémente avec du poivron.

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Averses le matin, puis beau . Vent


Dans l'abri il a fait un peu plus frais que dans la tente. L'herbe est mouillée de rosée, un inconvénient que je n'ai pas eu à subir. Départ 8h20 avant le cycliste danois. Une route tranquille, sans trop de reliefs. Je me réjouis parce que vais bientôt longer un bois, mais je rate l'embranchement et me trouve plus tôt que prévu sur une route plus importante, dotée de pistes cyclables de chaque côté, et j'y vois d'ailleurs plusieurs voyageurs cyclistes. Au moins cette route est directe jusqu'à Aalborg.

Je ne sais pourquoi je m'imaginais qu'Aalborg était une petite ville. En m'en approchant je comprends mon erreur. On commence par voir des cheminées, de grandes usines, et quand on entre dans l'agglomération on est encore loin du centre ville, c'est interminable. L'agglomération fait plus de 300000 habitants et est la 3eme du Danemark. Enfin je passe le fleuve sur un long pont. Mais non, ce n'est pas un fleuve, c'est un bras de mer qui s'ouvre des deux côtés, la partie nord du Jutland est en réalité une île.

Et là on entre dans le centre ville. Au bord de l'eau s'élèvent principalement des bâtiments modernes, excepté un ensemble de bâtiments rouges et blancs entourant un parc, très joli, en fait c'est le château (slot), qui date du 16e siècle. Les places sont chères sur les quatre malheureux bancs, enfin j'arrive à en conquérir un. Mais peut-être que son occupant est parti parce qu'un groupe un peu bruyant a installé son jeu de criquet.


Beaucoup plus récents, un centre culturel et la maison de la musique, un bâtiment qui ressemble à une ancienne halle, dont Je n'ai pas compris la destination actuelle. Et juste derrière s'étend le centre ancien. Les monuments principaux sont la cathédrale et une grande maison du 17è, la maison de Jens Bangs.

Mais le plus intéressant, derrière les avenues bordées de briques rouges et de bâtiments administratifs imposants, ce sont toutes les petites rues transversales aux maisons colorées et pittoresques.

Je repars un peu avant 18h. Il me reste une vingtaine de kilomètres pour retrouver Sofie et sa famille mes hébergeurs.

C'est un trajet agréable, une campagne juste un peu ondulée de champs de céréales parsemés de bosquets, un paysage qui rappelle certains coins de France, et même du Berry. A part les clochers typiquement danois.

Je trouve sans difficulté le hameau puis la maison de Sofie, qui arrive tout de suite après mon message, elle est chez les voisins avec ses enfants, elle me montre les lieux et repars. La maison est dans un joyeux désordre, notamment la chambre qui m'est destinée, celle d'un des enfants, il a sorti tous les jouets qui jonchent le sol. J'ai pour mission de manger le maximum du contenu du frigo car ils partent en vacances lundi, et notamment les œufs des poules de ses parents. Je mange une délicieuse omelette aux pommes de terre.

Sofie revient avec Viggo 3 ans le benjamin. Les deux autres sont partis faire un tour en vélo avec le voisin et reviennent plus tard. Ils s'appellent Anka 8 ans et Froge 7 ans. Très blonds tous les trois bien sûr.

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Soleil tôt le matin... puis pluie


Oui le soleil brille mais je ne partirai qu'à 10h30. Je ne veux pas m'en aller sans revoir mes hôtes qui ne se lèvent que vers 9h. Je mange deux œufs au plat et en fait cuire trois durs, on discute avec Sofie puis le papa Jonas,. Il a été jusqu'en Turquie en vélo. Ils ont des projets de grands voyages avec les enfants vers la Chine et l'Afrique. Pas de problème pour l'école, de toute façon les enfants n'y vont pas, ce sont les parents qui enseignent, ils ont pris chacun un mi-temps pour ça, et ils sont en liaison avec d'autres familles. Ce n'est pas par refus de l'école publique, mais pour la liberté et pour être plus avec leurs enfants. Ils partent en vacances lundi, ils vont en Suède au bord d'un lac, en mode pédestre avec poussette.

Jonas m'incite à prendre l'itinéraire de l'eurovelo 3. Ça rallonge mais il dit que c'est le plus beau circuit vélo du Danemark. Déjà au départ le beau soleil a disparu et le ciel se couvre de plus en plus. Je trouve les panneaux indicateurs de la véloroute. Non asphaltée, contrairement à ce que m'avais dit Jonas ! C'est que ça doit bien rouler malgré tout, et en effet ça va.


On n'imagine pas le Danemark comme ça! On se croirait dans le Morvan ou dans les Pyrénées. J'arrive à un petit lac lieu de promenade du dimanche. Malheureusement il se met à pleuvoir. Rapidement il faut mettre l'attirail de pluie.

Dans un village appelé Arden je suis bien contente de trouver un supermarché car je n'avais plus du tout de pain. Et ensuite, pas de fantaisie, ce sera la route directe vers Hobro, d'ailleurs ça s'impose si je veux arriver suffisamment tôt pour visiter la forteresse viking de Furkat. La pluie persiste. Je mange mon casse-croûte sous un porche.


pluie à Hobro 

Le musée Viking est à 3km. Ce n'est pas spécialement là que je vais pouvoir m'abriter, excepté en m'arrêtant à l'intérieur des diverses petites maisons, qui sont évidemment des reconstitutions. Dans ces petites maisons on trouve la forge et divers ateliers, armurerie, poterie, menuiserie. La maison d'habitation est tout en longueur et comprend , outre la pièce d'habitation avec le feu au milieu (ça réchauffe), l'étable et un atelier. L'évacuation de la fumée se fait par les ouvertures en haut des pignons.


Encore un kilomètre sous la pluie pour aller à la forteresse, sur une route en bordure de forêt, je préfère éviter le sentier piéton traversant des marais. La construction date de la fin du 10è siècle. Comme les autres forteresses viking elle a la forme d'un cercle parfait et un plan bien précis. Les carrés sont formés par quatre maisons. L'une d'elles a été reconstituée sur le site. Sur place au ras du sol on ne voit pas très bien. Juste au-dessous se trouve la zone de marais d'où les armées ennemies ne pouvaient pas arriver.


J'ai le temps de prendre un café avant la fermeture, et il faut repartir dans la pluie. Je me lance dans des raccourcis hasardeux, des chemins caillouteux et des raidillons où il faut pousser le vélo. Sur les routes goudronnées ça roule mieux.. mais le temps c'est pluie entrecoupée d'averses, fortes, desquelles j'essaie de m'abriter.

Je rêve toujours d'un resto ou d'un café pour un abri passager, rien. À Hammershøj où tout est fermé, je prends enfin l'option la plus raisonnable: trouver un shelter au plus vite. Le plus proche est dans une ferme, à 2-3km de la route. En route une habitante connait et m'indique la direction, c'est bon signe.

L'étable ne sent pas très bon mais l'abri est dans le jardin à côté d'un cerisier couvert de fruits, et les fermiers sont sympas, me proposent la douche et de la lumière. Des que j'ai pu mettre des vêtements secs et chauds je me sens tout à fait bien, maintenant il peut continuer à pleuvoir..

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Nuageux, pleuviotement

Le temps gris n'incite pas à se lever tôt, départ 9h30.

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À la ferme

L'atmosphère est bien humide ce matin, après la pluie de la nuit, à laquelle s'ajoute une légère bruine. Pleuvra pleuvra pas ? Finalement non mais le soleil mettra longtemps à percer. Le paysage reste le même, toujours un peu vallonné. Des champs et des zones forestières. J'arrive à me maintenir sur des petites routes, en changeant assez souvent de direction, ce qui fait que je sens le vent différemment. Il doit toujours venir de l'ouest, il est moins fort aujourd'hui.

J'ai oublié de prendre de l'eau, c'est l'occasion de visiter la petite église de Hjorthede qui a un clocher de bois séparé. Avant le village j'étais passée devant une pépinière forestière où étaient semés des sapins (Nordman) dont on voit beaucoup de petites plantations, pour sapins de Noël sans doute . ??




Les fermes ont toujours la même forme, de longs bâtiments avec des petites fenêtres. Elles sont le plus souvent en brique, mais on peut en voir avec colombages avec toit de chaume.

Je me réjouis de ne pas avoir essayé d'aller jusqu'à Bjerringbro hier, c'était encore loin, ça aurait été dur sous la pluie. C'est une localité étendue, je manque le centre ville et l'éventuel bistrot sympa qui pouvait s'y trouver. Je prendrai juste un café dehors sous un début de soleil, à un kiosque où l'on sert quantité de saucisses différentes et des "fricadelles" frites (boulettes de viande hachée aplaties). À vrai dire ça a l’air bien gras, ça ne donne pas envie d'y goûter. Pour manger je trouverai un peu plus loin un endroit peu poétique mais abrité du vent, une petite gare de bus, dans un village nommé Ans, doté d'une belle église blanche. Entre-temps, traversée d'un lac. Ça faisait longtemps mais il y en aura quelques autres dans la région.

Belle église à Ans

Il est 15,h, et je ne dois pas traîner afin d'arriver suffisamment tôt pour avoir le temps de visiter le musée à Silkeborg. Les reliefs sont moins forts et le temps s'améliore. Une belle descente à la fin du trajet. La ville, située dans une vallée, et au milieu de lacs, et assez industrielle. Une nouvelle fois il faut passer un pont pour arriver dans le centre et prendre de grandes avenues au milieu des voitures.


Le musée est dans un coin calme au milieu de tout ça, dans un joli bâtiment jaune du 18e siècle.Ce qu'il y a à y voir est tout à fait extraordinaire. C'est "l'homme de Tollund". Un corps humain parfaitement conservé, découvert dans une tourbière en 1950, il était là depuis le début de l'âge de fer, aux alentours de 300 av JC.


Depuis ce temps il dort en position fœtale avec une expression très sereine et émouvante. Et pourtant... Une corde lui enserre le cou, il a été pendu.

Et puis on ne l'a pas vraiment laissé tranquille après sa découverte. On a fait sur lui toutes les mesures et manipulation imaginables, on a envoyé un pied à Paris, sa tête à Copenhague, analysé le contenu de ses entrailles... Avec tout ça on a appris beaucoup de choses, on connaît la recette de son dernier repas, une bouillie faite avec une douzaine de céréales différentes... Mais on ne sait pas pourquoi on l'a mis dans la tourbière, après l'avoir pendu et lui avoir fermé les yeux. On a éliminé l'exécution suite à un crime et le suicide , on pense que c'est un sacrifice humain. D'ailleurs les autres corps retrouvés dans la région avaient également été pendus, notamment une femme, trouvée à proximité, sous une couverture, avec une coiffure tressée très élaborée. On a voulu avec des procédés scientifiques imaginer son aspect quand il était vivant. Il y a une version française où on lui a donné un air ahuri à la Gérard Depardieu, et une version locale à laquelle on croirait plus, mais pourquoi lui donner cet air grimaçant ? Laissons lui l'expression qu'il a laissée à la postérité.

C'est un petit musée. En dehors de ce qui le concerne et des autres corps trouvés dans la tourbe, on y expose d'autres découvertes locales, notamment les restes d'un pont, et des informations sur l'âge de fer. Une salle dédiée à l'âge de pierre comporte un beau crâne d'auroch.




Je suis restée jusqu'à la fermeture, 17h. et vais faire un petit tour dans le centre ville. Les rues sont larges, pavées et entièrement piétonnes. C'est assez animé.


Il est temps de repartir je suis hébergée ce soir par un cycliste à 8km. Je passe au bord de lacs où des gens vont se baigner, puis en forêt, et termine par une belle côte juste avant le hameau où habite Torsten. Sa maison est l'antithèse parfaite de celle de Sofie et Jonas. Juste le minimum, sans rien qui traîne et d'une impeccable propreté. Un peu stressant, et s'il ne propose comme hébergement que planter la tente sur sa pelouse, c'est très bien comme ça ! Et je vais avoir à manger comme je n'ai pas mangé depuis longtemps, et même boire du vin. Une sorte de brandade de poisson avec des carottes, panais, de l'aneth... Vraiment délicieux.

Torsten me donne des tuyaux pour le voyage au Danemark, notamment un site qui indique les endroits où le camping est autorisé. Il a fait du vélo en Champagne et Normandie, et du planeur près de Sisteron. Et de l'Écosse, qu'il a beaucoup aimé malgré les pluies et les moustiques. Il se met à pleuvoir, ce qui était inattendu. Ça ne m'empêche pas de dormir.

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Couvert, quelques éclaircies, averses

Le soleil du matin va sécher un peu la tente mais pas complètement. Torsten m'invite pour le petit déjeuner. Je mange plein de toasts avec charcuterie, fromage, confiture. Départ vers 9h30, encore un peu trop tardif. Je ne vais pas pouvoir traîner.

Je rejoins assez rapidement l'eurovélo 3, Haervejen. Torsten m'a appris que c'était une voie de transhumance, le "chemin des bœufs". Mais oui ! C'est le "Ochsenweg" que j'avais suivi il y a 5 ans en Allemagne. Il venait du Danemark, forcément. Mais Haervejen veut dire "route de l'armée", alors tout n'est pas clair. Dans tous les cas c'est un bel itinéraire. Au début assez vallonné, avec même quelques côtes un peu raides, et puis au cours de la journée les reliefs vont s'adoucir. Le vent est rarement gênant, il vivifie l'atmosphère.

La petite route, goudronnée au début, traverse des forêts, feuillus, chêne hêtre érables, et beaucoup aussi de résineux, épicéas, quelques douglas, sapins qui me semblent être des grandis (sapin de Vancouver), et des Nordman en plantations denses que je suppose être de sapins de Noël. La différence d'avec les forêts suédoises, hormis la variété des essences, c'est qu'on y voit des gros voire très gros arbres. Et moins d'exploitations. La voie est fréquentée par des cyclistes, et aussi des marcheurs qui vous saluent avec conviction, ça fait plaisir.


En milieu de journée, sortie de la forêt, je ne résiste pas à une jolie aire de pique nique dotée d'un abri. J'aurais bien fait une plus longue sieste après manger, mais le musée de Jelling ferme à 17h. Et c'est encore à 17km. Le trajet se fait vite heureusement, je ne prends pas le Haervejen, mais la route directe, et c'est plat.

Tout ce que je sais c'est qu'il y a là bas une pierre runique remarquable. Il y a beaucoup plus que ça. Le musée m'en apprendra un peu plus sur les rois du Danemark Gorm le Vieux (Gorm den Gamle) et Harald Dent Bleue (Harald Blåtand) dont Jelling était la capitale.



Le musée se veut moderne et ludique, quand il faut appuyer sur des boutons pour voir des textes s'afficher il faut monopoliser ou attendre que celui qui regarde ait fini. Bref sur les guerres et voyages commerciaux des Vikings je n'ai pas appris grand chose.

La mythologie est très semblable à la mythologie germanique, , le Valhalla, les affrontements entre les dieux et les géants, la fin, le Ragnarök...Les noms des dieux, Odin, Frygg, Thor, se retrouvent dans les noms de lieux et ceux de quatre jours de la semaine dans les langues scandinaves. Aujourd'hui c'est le jour de Tyr.

Harald a mis fin à tout ça (sans doute pas complètement) en se convertissant et sa nation avec au christianisme, évidemment plus par intérêt politique que par enthousiasme pour la doctrine non-violente de Jésus Christ. De cette conversion il est fait mention sur la fameuse pierre qu'on verra tout à l'heure. Il aurait écrit les runes horizontalement à cause des lignes de la bible.

Ce Dent Bleue est passé à la postérité d'une autre façon: en anglais, ça se traduit bluetooth... et c'est écrit en runes sur les téléphones portables !

Le reste du musée concerne le site de Jelling et ce n'est pas inutile car comme pour les forteresses ce n'est pas du sol qu'on voit le mieux.Ici aussi on peut contacter la prédilection des Vikings pour la géométrie


Au centre, les deux pierres (une de Glom et une de Harald). Juste à côté, l'église qui a été reconstruite bien des fois et avant ça était un lieu de culte païen . De part et d'autre deux tertres funéraires, l'un contenant la tombe de Harald, l'autre ... vide, on ne sais pas à qui il était destiné. Les os de Glom sont sous l'église.

L'ensemble était entouré d'une palissade carrée, dont on a retrouvé des restes, et qui est maintenant matérialisée par des poteaux blancs.Quant au schéma en forme de bateau, si j'ai bien compris c'était des alignements de pierres autour desquelles les chefs se réunissaient.

Sur place on trouve quelques pierres éparses, et beaucoup dans le cimetière qui entoure l'église. Même du haut des tertres on ne voit pas grand chose en réalité.


Photo prises du haut des tertres... On ne se rend pas vraiment compte

Les pierres runiques sont dans des vitrines, ça les protège mais on les voit moins bien, et le soleil complique les choses. La pierre de Glom (le Vieux, ou l'Ancien) est plus petite et n'a que deux faces, les inscriptions indiquent que la pierre a été édifiée à la mémoire de sa femme, Thyra.

Sur la plus grande, la pierre d'Harald (Dent Bleue) il est écrit qu'elle a été édifiée en l'honneur de Glom et de Thyra, mais elle mentionne également la conversion des Danois au christianisme et la conquête de la Norvège. Elles est également ornée de bas reliefs, un dragon? un personnage, roi ou christ?


Il reste à voir l'église, petite église modeste toute blanche. Une marque blanche sur le dallage indique où sont les os de Glom

Je termine ma visite à Jelling attablée près de la bibliothèque, dans ce qui ressemblerait plutôt à un hall. Pour la soirée je vise un shelter à mi-chemin en direction de Billund, finalement je m'arrête dans un autre un peu avant dans un petit village. Au coin d'un bois. Un peu humide mais très tranquille.



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Toujours le même temps variable



Une pluie fine, juste avant le départ, c'est bien d'être dans un abri! La petite église à côté ressemble étonnamment à celle de Jelling.

C'est tout droit pour aller à Billund, et malheureusement la route est très fréquentée, avec beaucoup de voitures à immatriculation étrangère. Billund c'est là où a été inventé et développé Lego, et on dirait que c'est une ville entièrement consacrée à ce jeu de construction. Je ne trouve pas de centre ville avec maisons un peu anciennes, seulement des bâtiments qui ont l'air d'être faits en Lego. Le musée de l'ours en peluche a peut être été mis là avec l'idée qu'il attirerait le même type de visiteurs ? Il y a pourtant déjà beaucoup à faire entre le parc d'attraction Lego et la Maison du Lego.

J'entre dans la Maison du Lego. Pour visiter et manipuler il faut un billet, assez cher, et tout est vendu pour aujourd'hui. C'est pas plus mal. Je visiterai ce qui est accessible. Tout est Lego ici, même les vestiaires et les toilettes (adaptées aux enfants). Et les enfants s'amusent bien!




À la boutique on peut acheter toutes les boîtes possibles mais aussi les pièces au poids.


Et ça et là sont exposées diverses œuvres (d'art ?) réalisées avec ce matériau. Mes préférés ce sont ces personnages presque grandeur nature. Je me plais à imaginer que le monsieur qui porte la boîte à outil est l'inventeur du Lego. Mais après vérification, celui-ci n'a pas du tout cette tête là. C'était un menuisier du nom d' Ole Kirk Christiansen (1891-1958) qui fabriquait des jouets en bois et qui a commencé à utiliser la matière plastique après la guerre.


Ils sont sympathiques ces enfants de toutes les nationalités , néanmoins assez vite toute cette agitation commence à me fatiguer, sortons de là. Je passe devant ce qui semble être le siège de l'entreprise, devant des hôtels qui ont l'air faits en Lego, et m'installe quelque temps dans un café en face du Legopark avant de repartir dans la campagne.


Ce n'est pas tout de suite la tranquillité, c'est encore une route avec de la circulation et même des camions. Mais à l'arrivée à destination, c'est vraiment le calme.Je suis à côté d'un village appelé Egtved, à l'endroit où a été découverte en 1920 la tombe d'une jeune fille datant de l'âge de bronze. En Danois ça donne : "Egtvedpigens Grav" , la tombe de la jeune fille d'Egtveg".

L'ambiance ici contraste avec cette de Lego & co. C'est en pleine campagne, s'il a des visiteurs, c'est à peine une dizaine.On entre librement dans une modeste baraque de bois contenant deux rangées de panneaux explicatifs, et quelques objets.

Les explications sont toutes en danois. Je prends en photo les textes et les met sur le traducteur, c'est long. Ce n'est qu'en partant que je trouve des prospectus avec la traduction en anglais...

En 1920 des paysans ont trouvé un coffre sous un tumulus, ils ont contacté le museum de Copenhague, qui l'ont ouvert avec toutes les précautions requises.

Ils y ont trouvé le contenu à peu près intact, des vêtements de femme, et divers objets. Les os et autres restes humains, à part les cheveux, avaient été complètement décomposés. Les autres objets sont une ceinture avec un disque en bronze, des bijoux, un peigne, et un petit récipient en écorce de bouleau contenant de la laine, filée ou non, et un bouquet d'achillée millefeuille.


Ici ce sont vraisemblablement des copies. Les vêtements sont en deux versions, copie des vêtements originaux, et une reconstitution récente.

Ce genre de costume, notamment la jupe avec des ficelles, ont été trouvés dans d'autres tombes. Avec ce type de vêtements on ne peut pas trop travailler dans les champs, mais de là à en déduire que la jeune fille était une danseuse, et même une danseuse du ventre (ça a été dit), ça paraît spécieux. Pourquoi ne l'aurait-on pas enterré dans sa robe de bal ? Et c'était peut-être la mode de montrer son ventre, comme les jeunes filles de maintenant ? Sur une jeune fille de 16-18 ans il y a de quoi affabuler. On en a fait diverses représentations, ici une de l'époque de la découverte, l'autre actuelle.

Ils ont des projets pour l'avenir du site, un musée moderne, avec une présentation de la jeune fille qui raconte sa vie, un grand parking... Pourvu qu'ils ne trouvent pas les fonds...

Pour aller voir l'emplacement de la tombe on traverse des prés où on trouve l'achillée millefeuille, qui n'est certes pas une rareté, mais c'est émouvant de penser que la nature n'a pas tellement changé. Par contre dans le passé à la place des tapis d'épilobes s'étendaient des champs de céréales. Le tumulus a été ouvert en 1980, puis refermé. Des tumulus de ce type il y en a énormément dans la région et en effet j'ai vu beaucoup de tertres de ce type en roulant.


Je repars sur des petites routes, parfois des pistes, me disant qu'à 19h30 je commencerai à regarder quels abris je peux trouver dans le coin. Je fais des courses à Baekke. À la sortie le temps s'obscurcit, et puis je quitte une route à grande circulation que je n'ai pas envie de suivre. Ça tombe bien, à quelques kilomètres dans un parc près du village de Lindknud se trouvent plusieurs abris.En effet, c'est très bien, au calme loin des routes de nouveau.

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Plutôt beau

Pendant mon petit déjeuner un chevreuil passe à 10m de moi. C'est un promeneur qui l'a effrayé, le seul qui soit passé. C'est bien agréable de rouler ce matin à travers les champs, surtout sur une petite route asphaltée où il ne passe presque personne. Elle me conduit à Holsted, un village sans commerces ni café, et pire, l'église en brique, pas très belle du reste, est sans cimetière et sans eau. Je n'en ai plus une goutte.


plantations de sapins et champs de céréales 

La route vers Ribe est maintenant à grande circulation. Quitte à se rallonger un peu, je trouve des petites routes. Je suis à distance une voie ferrée dans les champs. Ça commence à devenir plat. Cette route mène au village de Gørding, de là la route vers Ribe est un peu plus fréquentée mais doublée d'une piste cyclable.Elle traverse bientôt le petit village de Jernved qui a une belle église blanche comme on les aime, entourée d'un cimetière doté d'un robinet d'eau, comme on les aime encore mieux. Une autre cycliste est là, une promeneuse venue chercher de l'eau aussi ou voir l'église, je ne sais pas.

Car l'église mérite vraiment une visite. Murs blancs bois peints, un retable du 15è, et une chaire du 16è, un peu naïve. Merveilleux.


Et finalement j'arrive à Ribe par la piste cyclable qui longe une route encore plus importante. Elle me conduit à la ville ancienne. Qui est comme il se doit bourrée de touristes, tous agglutinés dans la rue piétonne. Au bord d'une rue adjacente je trouve un banc à l'ombre. Pour l'instant sustentons nous.

Devant moi un beau bâtiment ancien crépi en rouge attire mon attention. C'est le musée de peinture, où on expose entre autres des œuvres des peintres de Skagen, la lacune à combler ! Par ailleurs je ne vois presque personne entrer ni sortir, ça doit être bien calme. Oui c'est calme pas trop grand, agréable à visiter. Le premier étage est consacré à la peinture danoise du 18e au début 20e.

C'est la partie "Skagen," qui m'intéresse le plus. Les instigateurs du groupe, à la fin du 19e siècle début 20è sont Anna (qui était originaire de là) et Michael Ancher. Le grand tableau représente le baptême de sa fille dans l'église de Skagen. Parmi les autres peintres dont il y avait des œuvres, Peder Krøyer (ces ouvriers qui rentrent du travail, la scène se passe...en France), Viggo Johanssen. Et d'autres...Ils formaient une petite société mais seuls les Ancher résidaient là en permanence. Les dunes, les peintres et les pêcheurs de Skagen sont très représentés sur toutes leurs œuvres.

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À l'étage c'est une exposition sur la peinture et la chasse, et on retrouve ces mêmes artistes, qui se peignent entre eux dans les dunes de Skagen.

Après avoir traversé d'agréables les parcs et jardins derrière le musée et au bord de la rivière, je retrouve la ville et ses foules. La réputation de Rive n'est pas usurpée, c'est une très belle ville , avec un vrai plan de ville ancienne, les rues en cercle autour de la cathédrale. Des maisons de brique, des maisons à colombages, des maisons peintes en diverses couleurs. Ce serait la ville la plus ancienne du Danemark.


La cathédrale de style roman (13è), est immense, avec une de belles choses à l'intérieur, fresques, sculptures en pierre ou en bois. Il est écrit à l'entrée de respecter le silence mais les visiteurs parlent tout haut et les enfants crient. La place qui l'entoure est bien animée aussi. On reconnaît les statues des Réformateurs à leurs longs manteaux et leur air sérieux.

En repartant après un séjour dans un café assez sympathique (mais où j'ai laissé à mon grand désespoir mon beau gilet jaune), je découvre une maison avec un nid de cigogne sur la cheminée, et un port.

J'ai encore repéré des abris pour ce soir, et même sur la côte, mais vu la quantité de cyclistes que j'ai aperçu dans la ville, dont beaucoup de français d'ailleurs, j'ai bien peur de les trouver occupés. Je passe donc voir ceux qui se trouvent sur mon chemin. L'un, à côté d'une salle des fêtes., est occupé par un couple de cyclistes montpelliérains, la femme s'appelle Léna. Ils me disent que les autres abris sont complets. Ici il en reste un de libre mais il est très bas, et apparemment il y a une fête dans la salle...Je préfère monter ma tente sur l'aire de jeux qui se trouve de l'autre côté de la piste.

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Beau temps, chaud !


J'ai eu un peu peur hier soir en entendant soudain une musique très forte, mais ça n'a duré que quelques instants. J'ai très bien dormi et ai eu un peu de mal à me réveiller.La tente est mouillée par la rosée, et à l'ombre elle ne va pas sécher. Je vais saluer prendre de l'eau et saluer Léna et son compagnon, également sur le départ, il est 9h.



Et direction la côte. C'est tout droit et c'est tout plat..


La côte de la mer du Nord,! J'ai l'impression de retrouver une vieille connaissance ! La digue, les polders d'un côté, les estrans et les marais côtiers de l'autre. Les chemins sont coupés de clôtures et de passages canadiens mais on ne voit pour l'instant ni moutons ni crottes.

Le chemin est bien sûr côté terre, il faut monter sur la digue pour voir du côté de la mer qui ne sera qu'un mince filet lointain, et ce n'est pas la pleine mer, à cause des îles qui se trouvent en face.


Cette stèle a été édifiée à la mémoire d'ouvriers qui ont été noyés lors de la construction de la digue.

Une petite incursion à l'intérieur des terres vers les village de... Les voyageurs cyclistes sont nombreux sur ce circuit mais ne font que saluer en passant (et encore, pas tous). Alors quand je vois une petite famille arrêtée, j'en profite pour engager la conversation. Ce sont des Suisses de Berne avec une petite fille de 8-10 ans. Ils remontent la côte et font 30km par jour environ. L'itinéraire emprunte des pistes caillouteuses, je prends la route parallèle puis retourne sous la digue car un petit bâtiment m'intrigue.


Il abrite une machinerie qui très vraisemblablement actionne les vannes. De là-haut la vue est belle. Les moutons ils sont là. Et c'est plein d'oiseaux. Une dame les observe avec un télescope. Je m'assieds sur un banc à côté. J'y resterai volontiers plus longtemps.

Mais ce n'est pas encore l'heure et plus loin je trouve un autre banc. C'est au soleil mais celui-ci est derrière, et le vent souffle sans excès, bonne occasion pour faire sécher la tente. C'était juste avant le village de Vesterende - Ballum. Ce village est très pittoresque, avec beaucoup de maisons au toit de chaume.


Un peu plus loin je me trouve un petit café dans un autre hameau de ce même village et j'y reste assez longtemps pour terminer la relation de la journée d'hier. Trop longtemps car aujourd'hui le temps est bon pour rouler.

Paysage agricole, très plat, des éoliennes de tous les côtés.Prochain arrêt Høyer. Les maisons sont en brique et un magnifique moulin à vent s'élève au milieu du village.

Que faire? Le dernier abri se trouve juste après le village, apparemment il est payant et j'ai dépensé ce qui me restait de couronnes danoises au supermarché. Alors continuons... Et quittons le Danemark et la Scandinavie. Bonjour l'Allemagne.

De ce côté la campagne est moins désertique que du côté danois. Les fermes et habitations entourées de belles pelouses ne manquent pas, par contre trouver un petit coin de nature me semble compromis.

Aussi quand j'aperçois quelques petits champs, proches d'habitations, je me décide à sonner à une des maisons. Ouf la propriétaire est sympa, elle accepte tout de suite que je me mette dans un champ tout en longueur en face de la maison. Elle laisse la porte de la maison ouverte pour que je puisse aller aux toilettes.

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De la pluie le matin, puis nuages et soleil


Au réveil la tente était sèche... Et voilà que vers 7h il se met à tomber une pluie fine. Elle aurait quand même pu attendre que je sois partie. Dans la maison je ne vois personne, et la porte d'entrée est fermée à clé. Les premiers coups de pédale seront donc dans la campagne pluvieuse. Il tombe même une forte averse, heureusement courte.

Je passe en bordure du village de Klanxbüll et suis étonnée de trouver cet immense parking un peu saugrenu. Je me rends compte que dans ce village une ligne de chemin de fer vers l'île de Sylt, et qu'à Klanxbüll se trouve la dernière gare sur le continent. Malheureusement ce n'est pas aujourd'hui que je verrai quelque chose de cette célèbre île.

Direction sud, puis ouest vers la côte avec vent contraire. On retrouve le paysage plat et désert des polders.Dagebüll est une pointe encadrée par des digues. Du port partent des ferries pour les îles de Föhr et Amrum. Il y a du monde.

À cette heure les restaurants sont fermés et un seul café est ouvert, mais j'y trouve ma place près d'une prise de courant. 2,80€ le café. Ça semble bon marché à côté du Danemark où on était autour de 4€... C'est gagné, à la sortie il ne pleut plus.


Plage et port, l'île de Föhr, les digues.

Et le voyage continue sous les digues. Après un épisode pas très agréable sur la route où c'est un défilé de voitures, et ce sans même une bande cyclable, je retrouve les étendues herbeuses qui ici ne manquent ni de moutons ni de crottes. Ici, pas de passages canadiens mais des barrières étroites particulièrement incommodes avec un vélo chargé. Je commence à avoir un peu faim mais impossible de s'arrêter dans ce genre de paysage...



Heureusement vers 14h je vais en sortir et tomber par miracle sur un coin idéal, près d'un étang.


Juste après, sur un pont de bois on traverse un ruisseau, ou plutôt un étier, comme il y en a beaucoup dans ce type de milieu.


Je vais suivre ensuite un itinéraire cyclable, ce qui n'est pas une garantie de facilité: il me fait tourner sur un chemin de terre jusqu'à un ponceau, je vois une voiture, me crois sauvée... C'est une affreuse piste caillouteuse horriblement cahotante. J'ai peur que quelque chose se casse encore sur le vélo. Non... Je perdrai seulement mon tapis de sol qui était (mal) attaché derrière.

Puis des petites routes et des pistes cyclables le long d'une plus grande me mènent à Husum. Une ville assez importante, toute de brique. Une jolie ruelle mène au château, de brique comme il se doit.


L'église n'est pas très belle, devant, une statue semble représenter une paysanne mais tenant une rame. ? L'animation de la ville à cette heure c'est autour du port où grouillent les restaurants.


Je sors de la ville sans avoir trouvé d'eau et me demandant bien où je vais trouver un hébergement, pas facile dans les zones de polders. Un camping est à 3km mais arriver à cette heure est risqué. Je continue.


C'est la deuxième fois que je suis intriguée par une petite cabane en haut de la digue. Mais là je finis par comprendre : elle abrite les poutres qui servent à fermer la digue si besoin.

Je roule je roule et ça me semble de plus en plus hasardeux de trouver quelque chose de correct. Tiens, voilà un village, Simonsberg. Allons voir. Les espaces verts sous la digue sont en vue et pas très hospitaliers

Finalement je découvre que le village s'aligne sous la digue, mais de l'autre côté, qu'il a une église, avec un cimetière... Et de l'eau ! Et pour le campement, j'ai le choix, soit en bordure du cimetière sur de larges espaces herbeux bien tondus, ou bien près d'un "abri touristique" que je découvre à travers les arbres. L'abri est plus en vue, sur un terrain de sport derrière la caserne des pompiers, mais a l'air bien accueillant, c'est lui que je choisis.

Un jeune garçon vient en vélo me faire un interrogatoire en règle. Qu'est ce que je viens faire ici, ai je une maison, où je vais?? Est il curieux ou envoyé par ses parents, je ne sais. En tout cas il me confirme que c'est un terrain communal. Et personne ne viendra me déranger. La lune est belle.

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Nuageux, averses

Je prends mon temps le matin pour sécher la tente. Il y a eu rosée, et une averse. Mais ce matin le soleil est là, sans doute pas pour longtemps. À la sortie du village je pourrais être tentée par cet arrêt covoiturage - auto stop, mais avec le vélo...


Je suis l'itinéraire cyclable en direction de Töning. Des pistes longent des routes, ou des très petites routes... mais qui inexplicablement sont fréquentées. Töning, qui a du, à une époque, avoir une certaine importance. La grande place centrale (Marktplatz) est entourée de maisons à fronton orné, et l'église a un haut clocher (62m,) très fin, de style baroque.


Après la pause dans une pâtisserie, c'est reparti et ça devient sérieux, car maintenant à part les digues plus grand chose ne va arrêter le vent. La piste va suivre la côte, pratiquement jusqu'à Büsum à 29km.

Ma direction est longtemps sud ouest ou sud, et le vent est ouest+ sud ouest, autant dire que je roule en permanence sur le petit plateau, et pas vite. On n'a pas l'impression que les digues freinent beaucoup le vent.

A la sortie de la ville, pas de large plage de sable, on trouve quand même les traditionnelles "corbeilles" de la Baltique. Il faut dire que ce n'est pas la mer ici, mais l'estuaire d'un fleuve, l'Eider.Une nouvelle fois on ne voit rien du rivage mais on a tout le loisir d'observer les digues, les moutons, les éoliennes.



Je suis un peu inquiète, je suis la rive nord pour aller vers le sud, ne me suis je pas trompée? Non, je suis sur la bonne route, car l'estuaire est fermé par un barrage (Eidersperrwerk) que l'on peut traverser.

Ce n'est que de près qu'on se rend compte combien il est énorme. Les vannes et mécanismes sont gigantesques. Les voitures passent par un tunnel les vélos passent par dessus. La vue est belle et des bancs presque abrités invitent à s'asseoir. L'endroit est très fréquenté, c'est la promenade des familles.



Du côté de la mer le ciel est très très noir, je me dis que je n'ai pas beaucoup de temps pour mon casse-croûte. Effectivement, je ne termine pas le sandwich, une pluie mêlée de grêle se met à tomber en rafales.

Un abri ? J'en vois bien un, un bistrot à la sortie du barrage, mais c'est un escalier qui y descend, en vélo il faut continuer sur la digue où ce n'est plus possible dans la tourmente. En quelques secondes je suis trempée comme une soupe.



Légère accalmie, je parviens à descendre et atteindre le bistrot où dégoulinante de partout j'attends que ça se calme.

Je repars sous un ciel est encore menaçant, seule contre le vent sous la digue, sur une ligne droite interminable. Où sont ils passés tous ?


Je rencontre deux cyclistes, puis retrouve les touristes au bout de la ligne droite, non loin.. d'un parking. C'est la marée basse, ils se promènent sur le vaste estran.

Et maintenant...Umleitung, déviation, pour travaux. Je m'exécute, finalement c'est bien indiqué et pas plus long, passant sous une digue à l'intérieur des terres, qui arrête mieux le vent. Qui finit par me pousser.

Büsum c'est le Nice ou Cannes de la mer du nord, ça grouille de touristes et la majorité des constructions sont des résidences de vacances.On y pratique le "kite surf" , on flâne et on mange des glaces.


En longeant la côte dans le flot des badauds on atteint le port de pêche.

Il va falloir encore un moment pour sortit de la ville, le centre piéton et commercial, et des lotissements de vacances à n'en plus finir. Je vais suivre la côte pour quelques kilomètres, puis partir plein est vers l'intérieur des terres, pour rejoindre un village au nom encore impossible à retenir, Epenwöhrden où habite Nian, une cycliste qui a accepté de m'héberger ce soir.

Plein est, génial, le vent me pousse enfin! Je roule sur le grand plateau. Le paysage, c'est toujours plus ou moins le même, champs de blé, prés où paissent des moutons ou des vaches, zones humides, digues, éoliennes...

Vers la fin c'est un peu plus campagne avec les fermes porcheries et les odeurs qui vont avec. Niam habite une maison en bois. C'est encore quelqu'un qui a le sens de l'accueil, elle part en vacances demain à 5h et demie du matin. Elle prend le train pour un tour en vélo de trois semaines dans le sud de l'Allemagne. ENFIN je peux faire une lessive et me décrasser correctement.

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Pluie

Nian est partie comme prévu. Il pleut. C'était agréable la nuit en étant à l'abri, un peu moins quand il va falloir sortir...Je n'ai pas une grande distance à parcourir jusqu'à mon prochain hébergement, warmshowers également, un peu plus de 50km. Alors comme j'ai pas mal de choses à mettre à jour, je reste à l'abri, attendant que ça cesse.

Mais ça ne cesse pas. Je pars vers midi, essayant de ne rien oublier et de bien tout fermer. La pluie sera plus ou moins forte, mais ininterrompue jusqu'à au moins 15h. D'ici là je roule le nez dans le guidon tentant de prendre les voies les plus faciles. Je peste dans les rues pavées de Meldorf, suis obligée de retourner ma cape car la poche de devant se remplit d'eau et ça me goutte sur les genoux...En tout cas heureusement que les pistes cyclables sont là et que je ne roule pas avec les voitures...

À Sankt Mikaelisdonn une boulangerie est très heureusement sur ma route. Le café est bon et le gâteau aux quetsches excellent, hélas deux commères jacassent à la table d'à côté.

À la sortie il pleut encore un peu mais moins fort. Je me dirige vers les bords de l'Elbe, avant ça il faut traverser un cours d'eau, devant s'élève un énorme pont, je ne suis pas très rassurée sur la traversée de ce cours d'eau qui est le Nord -Ostsee Kanal (qui doit donc relier la Baltique et la Mer du Nord). Grand soulagement, pas de pont... C'est un bac



De l'autre côté ils ne sont pas poétiques les bords de l'Elbe, c'est une vaste zone industrielle. Total y a un établissement important et une grande usine pleine de tuyaux évoque étrangement un certain bâtiment à vocation culturelle fréquenté par les Parisiens.


Mais progressivement on va se retrouver en milieu rural avec... les moutons, les digues et les vertes étendues. Pour l'instant le fleuve est loin.

le clocher de Brokdorf

Mais voilà le fleuve, très large, c'est presque l'estuaire. De gros porte-conteneurs y naviguent


Les moutons sont partout. Ils paissent autour d'une usine désaffectée qui a tout l'air d'être une ancienne centrale nucléaire. Il faut encore franchir toutes ces ignobles barrières.


La piste de goudronnée devient pavée de briques pas toujours bien jointes. Ça cahote très fort pendant un moment, ça s'améliore après. Un dernier barrage au débouché de la rivière Spöhr, et j'entre de deux kilomètres à l'intérieur des terres pour arriver au village de Borsfleth, où Angelika et Arno ont accepté de m'accueillir. C'est vraiment une chance par ce temps !


Ils ne sont pas cyclistes mais leurs fils le sont. À défaut de raconter leurs exploits ils racontent ceux de leurs enfants, le tour du lac Vattern en Suède en une nuit, 300km environ.( L'un d'eux étudie à Jönköpping), et le tour du monde en vélo.

En tout cas ils m'accueillent royalement. Le goulasch d'Arno, avec quelques légumes et épicé juste ce qu'il faut, est fameux. Je me fais la réflexion qu'à chaque fois que j'ai été invitée à manger chez les cyclistes c'était excellent... et toujours cuisiné par des hommes ! Henning au sud de la Suède, Jiazhi à Jönköpping, Antti à Tampere, Torsten à Silkeborg, et enfin Arno. Ça fait plaisir !

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Averses


Un copieux petit déjeuner avec Angelika. Comme j'ai admiré sa "chaussette à thé" elle m'en fait cadeau, et elle me fait faire en plus des sandwichs pour mon voyage. Ce qui n'était pas inutile car au bord de l'Elbe on ne rencontre pas beaucoup de commerces. Arno est parti au boulot à 6h du matin.

Le soleil brillait, aux aurores, mais quand je pars vers 8h30 le ciel est couvert. J'admire de belles maisons traditionnelles dans le village.

Retour au bord de l'Elbe. Glückstadt, une localité un peu plus importante, est tout près. Je devrais passer sur un barrage mais il y a quatre marches... Du coup je fais le tour du port.


Et maintenant je suis le Elberadweg, véloroute de l'Elbe, suivie l'an dernier, plus en amont! À peu près constamment derrière la digue. Je ne vois donc pas le fleuve, mais les digues et les moutons, bien sympathiques certes mais qui n'ont pas appris à laisser leurs crottes ailleurs qu'au milieu du chemin. On rencontre quelques passages canadiens, sinon il y a toujours ces maudites barrières à passer.


De temps en temps, lors du passage d'un ruisseau par exemple, on peut voir le fleuve.

Comme on devait s'y attendre, le ciel devient bien sombre, et il commence à tomber quelques gouttes. Voilà justement près d'un port un petit bistrot avec des tables sous un barnum, on peut s'abriter. C'est l'occasion de tailler une bavette avec un couple de Suisses bernois (encore !). Ils parlent bien français, sont en vacances dans le coin et se baladent en e-bike, alias VAE. Le village s'appelle... Kollmar.

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Nous hésitons car malgré le ciel très noir de l'autre côté de l'Elbe la pluie ne s'amplifie pas, et puis le ciel devient plus clair. Nous y avons échappé ! Le ciel est même bleu au barrage suivant.

Un peu plus loin, une échelle de crue originale

Mais rien n'est gagné, deuxième alerte. Cette fois je me retrouve avec une cycliste allemande, également en balade à la journée. Elle a 66 ans et l'envie de voyager de la même façon que moi. Nous repartons après une petite pluie, mais après quelques centaines de mètres, boum, le tonnerre .. et l'averse, voire le déluge. Je fonce vers une ferme et m'engouffre dans le hangar à matériel. Ça ne dure pas longtemps, je n'ai même pas le temps de manger mes deux sandwichs... Et je retrouve la dame à la sortie.


Sur le chemin vers Wedel la pluie n'a pas vraiment lavé mon vélo, c'est même pire, il est tout... crotté, beurk.

À Wedel, Arno m'a signalé une auberge où l'on annonce l'arrivée des bateaux dans le port de Hamburg. Et en effet les bateaux passent tout près d'un ponton et à leur passage retentit l'hymne national de leur pavillon, et un "willkommen in Hamburg !". Le speaker donne aussi des informations sur les dimensions du bateau et son voyage.

Une nouvelle averse est survenue, raison de plus pour prendre le café dans ce restaurant qui est immense, plein de monde, et sympathique.


Il ne passera que trois ou quatre bateaux pendant que je serai à l'intérieur... Et il tombera bien trois ou quatre averses. Et dans la suite du trajet vers Hamburg, ça sera encore averse sur averse. Quand je peux j'essaie de m'abriter mais ça me retarde.

C'est un très beau trajet au bord de l'Elbe. Fini les crottes de moutons, on traverse des bois et des parcs, alors que sur l'autre rive ce sont des usines (Airbus par exemple), et les grues du port se rapprochent. On voit passer des navires et des remorqueurs. De belles maisons s'alignent sur la rive.

Malheureusement en s'approchant davantage de la ville ça se gâte. Je commence par me trouver en zone piétonne interdite aux vélos, sans avoir vu l'itinéraire cyclable. C'est dans un quartier plutôt chic. Ensuite je tombe sur des pavés, et puis il faut se débrouiller entre rues et trottoirs sur des passages vélo pas très visibles, dans le vacarme de la grande ville.

Je passe devant le quartier des anciens entrepôts. Mais c'est à peu près tout ce que je verrai de Hamburg, à part de grandes avenues.


En effet, quand j'arrive au MAC Hostel, au 2e étage d'un immeuble, il est aux alentours de 18h, et je ne ressortirai que pour faire des courses.

La jeune Chinoise qui fait l'accueil de l' hostel est très gentille, m'aide à ranger mon vélo au sous-sol. Ce n'est pas très grand mais c'est sympathique. J'y croise Théodore, jeune cycliste français, qui va à Copenhague puis en Norvège et qui a souffert de la pluie, le pire c'est que ça va continuer.

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Des occupants du dortoir mettent leur réveil à sonner très tôt, et se rendorment après. Moi je ne me rendors pas. Alors je me lève, vers 6h, et prends un petit déjeuner gargantuesque pour pouvoir fermer mes sacoches après. Je salue le cycliste Théodore, qui garde courageusement sa détermination de ne plus faire que du bivouac, malgré une météo vraiment pas encourageante.

Pas de problème pour aller à la gare sur les voies cyclables, même si par moments je me demande si je ne suis pas à contre sens. J'arrive immédiatement au passage en hauteur qui donne accès aux quais notamment le quai 14 d'où part l'ICE pour Basel. J'ai largement le temps, je vais chercher les toilettes que je ne trouve pas, je reviens, nettoie mon vélo... Et soudain, il y a quelque chose qui ne va pas : je ne vois pas d'ascenseur ! Les ascenseurs sont à l'autre bout de la gare, sur une galerie totalement identique. Il n'y a pas de panique j'ai 20 minutes pour faire le tour, mais je frémis en imaginant que j'aurais pu ne m'en rendre compte qu'au tout dernier moment.

Les paniques, ce n'est pas tout à fait fini. À l'arrivée du train (à l'heure où il aurait du partir) je vois passer le compartiment vélo, tout à l'avant, et quand le train s'arrête, je suis au niveau de l'arrière, il me faut remonter jusqu'en tête alors que les passagers sont déjà à l'intérieur et que l'heure de départ du train est déjà dépassée. J'essaie de monter dans un autre wagon, une employée me l'interdit, mais au moins elle m'a vu. Pour accéder au compartiment vélo il y a des marches aussi. Mais un passager un arrive pour m'aider, ouf! J'arrive à installer le vélo sans enlever les bagages, mais évidemment quand le contrôleur passe il me fait tout enlever et attacher le vélo en hauteur. Voilà, je suis tranquille pour un moment, le train est bondé mais au bout après le compartiment vélo il n'y a pas grand monde. Et, inimaginable, le train a juste une ou deux minutes de retard. Le temps dehors c'est un tout petit peu de soleil le matin, et après,nuageux et averses.

Mon billet est jusqu'à Baden Bad (gare "allemande") mais le train va jusque Baden SBB, d'où part le TER pour Mulhouse, alors je continue, avec une angoisse de dernière minute concernant le côté de la descente car une des portes est condamnée. Ouf, le quai est du bon côté. Et pas d'escaliers à la gare.

Les trains pour Mulhouse partent d'une gare "française" mais qui est juste à côté, et toute vieillotte. Le train a trois marches hautes, il faut accrocher les vélos (on m'aide) et à Mulhouse l'ascenseur est court, je dois décrocher une sacoche... Bienvenue en France...

Le temps est couvert, chaud et lourd, venteux. Je me rends tout de suite à l'auberge de jeunesse... Et n'aurai pas le courage de ressortir à part pour aller boire une bière dans un pub juste à côté, pendant ce temps une brève tempête se déchaîne.

Quand même, en allant à la gare le lendemain matin, je passe par la Place de la Réunion, mais elle est encombrée par des travaux et le soleil est du mauvais sens.

Il y a 20-25 minutes de retard, pas grave j'attendrai moins à Lyon Part Dieu. L'espace vélo dans ces TGV c'est un coin de compartiment censé être pour 4 vélos, ce qui est impossible. Et là il y a 4 cyclistes... Ma monture atterrit dans le couloir devant la porte de sortie.

Le TER de Lyon à Bourges est nettement plus calme, surtout à la fin du trajet. Un couple d'Allemands, en vélos électriques et équipés propres et neufs contrastant fortement avec le mien, descendent à Nevers. Loire à Vélo j'imagine. Je m'aperçois que mon pneu arrière est dégonflé. Avec mes pneus increvables, scandaleux ! Heureusement la pompe à main fonctionne, le pneu reste suffisamment gonflé et je peux rentrer chez moi en pédalant. Il tombe juste une petite ondée pour m'accueillir.

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Retour à Bourges mercredi 3 août, soit 3 mois et un jour après mon départ.

Voici le parcours complet effectué en vélo


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Le récapitulatif de l'itinéraire.

94 jours de voyage, 79 de pédalage avec une moyenne de 75km/jour, pas tout à fait 6000km


La zone grisée correspond à la Laponie.