J'avais apprécié la Finlande et la Suède pas où je suis passée en 2028... et j'ai eu l'envie d'y retourner, en visant un peu plus au nord pour retrouver mes amis norvégiens près de Tromsø
Du 2 mai au 17 juin 2023
47 jours
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Pour aller plus loin il faut prendre un peu d'avance. Avant de pédaler j'ai prévu deux jours de train et un jour de bateau:

premier jour: mardi 2 mai

Premier contretemps avant même le départ, notification de Sncf Connect sur internet: le train intercité que j'ai réservé vers Nevers est parti de Nantes avec 45 minutes de retard. Heureusement je me suis levée tôt, j'accélère le rythme et prends un TER une heure plus tôt, départ 8h41 au lieu de 9h46... et arrivée à Dijon avant midi. Un petit café, un pique nique dans le parc avec les pigeons et les canards, le temps passe vite.

Comme d'habitude, c'est le voyage en TGV le moins agréable. Il n'y avait pas le choix. 4 marches à monter (en deux fois). 4 vélos et 4 cyclistes sont entassés dans un compartiment avec encore d'autres personnes, mon vélo et sur le dessus et n'est pas loin d'obstruer le passage. Le seul avantage est la rapidité, mais à Mulhouse, j'ai trois quarts d'heure à attendre. Je ne m'éloigne pas de la gare, et le trajet vers Bâle en TER est tranquille et sans problèmes.

La sortie de la gare "Basel SBB" n'est pas très facile, sur une grande place sillonnée de rails de tramways et de voies pour vélo. J'arrive à ne pas me faire couper en deux par un tramway et à rejoindre, somme toute assez facilement, la maison de Ruth, cycliste du réseau "warmshowers"qui m'héberge ce soir.

Pour ses 70 ans elle pédalé au Danemark en juin juillet l'année dernière et a eu terriblement froid. Elle n'a pu prendre sa retraite qu'à 67 ans et est encore obligée de faire des gardes d'enfants de temps en temps. Elle va bientôt partir en Italie dans le Tessin, une région qu'elle affectionne (elle parle italien), et faire de la peinture, rien de paysager, seulement de l'abstrait, l'environnement l'influence malgré tout.

Pour ce soir, Ruth a préparé une quiche aux légumes et de la salade, et après dîner elle m'emmène faire un tour. Elle habite dans un groupe d'immeubles dans un quartier très calme et très arboré. Le Rhin passe à une centaine de mètres en-dessous de chez elle, on a la vue sur les hautes tours blanches qui sont le siège des laboratoires Roche.

Sur le fleuve circulent des péniches des kayaks, des barques plates traditionnelles, et des bacs qui traversent sans moteur, tirés par un filin au-dessus de l'eau. Ruth me raconte qu'elle y a pratiqué le kayak, et qu'en été les gens de la ville viennent se baigner, emportant sur eux leurs vêtements dans un sac étanche .

Nous dépassons maintenant les remparts, et arrivons dans la ville historique, c'est la partie riche de la ville, en effet les maisons sont immenses et très belles. Certaines sont quand même des bâtiments publics, avec de nombreux musées, des écoles, des bibliothèques. La cathédrale de grès rose s'appelle Münster et la grande place pavée qui la jouxte porte ce nom également.

Dans la ville, et notamment sur la place du théâtre, le moderne et l'ancien se mélangent.

Ces étonnantes machines sont l'œuvre du peintre et sculpteur Tinguely


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Un autre coup d’œil sur le Rhin et la vue sur la Forêt Noire, retour par des petites rues et des passages pleins de verdure.


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deuxième jour: Mercredi 3 mai Bâle (CH) - Lübeck (D)

J'ai avoué hier soir à Ruth que c'était mon anniversaire. Ce matin je n'y pensais plus.... Je suis toute surprise du "bon anniversaire !" et encore plus de la carte avec un joli dessin qu'elle a réalisé ! Elle m'accompagnera ensuite jusqu'au pont au dessus du Rhin, ce qui me rend bien service car les voies cyclables ne sont, ici non plus, pas évidentes à suivre.

Il fait beau. J'arrive très en avance à la gare. Par chance le train est à l'heure. La place vélo est dans le wagon 1 qui d'après les panneaux si j'ai bien compris devrait s'arrêter devant le repère A... Eh non, pas du tout, c'est tout à fait à l'autre bout du train. Grosse panique, je pédale même sur le quai, mais le conducteur m'attend... Et des messieurs accrochent mon vélo en hauteur.


Le train est plutôt vide au départ et confortable. J'apprécie, mais en cours de route il se remplit... Et prend du retard. Arrivée à Hamburg Hbf (Hauptbahnhof) à pas loin de 18h, soit 2h 20 après l'heure prévue. D'après de nombreux témoignage, ce genre de choses est tout à fait habituel en Allemagne.

La gare est pleine de monde. Je me rends compte au dernier moment que je ne suis pas sur le bon quai. Rapide va et vient dans les ascenseurs, le train pour Lübeck part à 18h34, il est à ras de quai c'est bien, il faut faire lever les passagers sur les strapontins à l'emplacement vélos, c'est moins bien.

À la sortie de la gare je me réjouis de me trouver devant la Hostentor, "porte du Holstein" entre deux églises, la plus belle vue de la ville de Lübeck , avec le soleil du soir qui éclaire les briques rouges.



Ensuite je longe les quais c'est encore bien joli


Mais ensuite je mets longtemps à retrouver la maison de Susanne. Pourtant je la connaissais j'étais venue il y a 5 ans! Très bon accueil. On mange de la pizza et de la salade et on parle de vacances et de randos.


troisième jour : jeudi 4 mai; en bateau vers la Suède

Départ à 7h30 de chez Susanne, bien trop tôt car, même s'il y a une déviation ce qui rallonge et complique un peu le trajet d'une quinzaine de kilomètres vers le terminal de ferry, et même si je dois attendre la navette qui passe sous le chenal maritime, j'arrive avec une heure d'avance.

Un autre vélo est attavhé dans le bus, c'est celui d'une jeune femme qui va travailler à Travemünde. On discute un peu.

Je m'enregistre au guichet à l'arrivée. Maintenant je dois attendre, avec deux jeunes voyageurs cyclistes de Flensburg, à côté d'une baraque où sont des toilettes. Heureusement qu'il fait beau (mais pas chaud, 4°), car il n'y a aucun abri. Et ce n'est pas jusque 9h30 comme prévu qu'il faut attendre, mais jusque plus de 10h30, et le ferry partira avec presque une heure de retard. Mais bientôt je vogue sur la Baltique.

Il n'y a qu'un petit pont à l'extérieur, à l'arrière, et on ne peut pas bénéficier de vues étendues sur la mer, ça manque. Et il faut dire aussi qu'il ne fait pas bien chaud, à l'extérieur.

à l'intérieur c'est étonnamment calme, les ponts sont bourrés de camions, mais où sont les passagers? Je me retrouve seule à l'arrière du restaurant. C'est tranquille! Je bois deux gros mugs de café, un que j'ai payé et un que me donne la serveuse, qui a une tête à jouer dans un film d'Aki Kaurismaki, mais je ne suis pas sûre qu'elle parle finlandais.

Je suis étonnée qu'il y ait toujours du réseau, et l'utilise abondamment, jusqu'à me rendre compte, horrifiée, que c'est un réseau spécial, maritime, aux tarifs exorbitants. Finalement je m'en suis tirée avec quatre euros et quelques, ça aurait pu être pire. Du coup je me contente de déguster les parts de pizza que Suzanne m'a données ce matin, et puis de faire une petite sieste, après avoir débranché la télé à côté.

Le paysage s'est brouillé. La côte du nord de l'Allemagne s'estompe. Je l'avais suivie en vélo en 2018. Périodiquement on observe des champs d'éoliennes, et quelques ferrys en route. De l'autre côté on cotoie une pointe de la côte danoise bordée de falaises de craie très blanches.

(J'ai enfin trouvé comment sortir dans la galerie latérale)

Et puis c'est la côte suédoise qui apparaît peu à peu. Des immeubles, et le grand pont qui relie Copenhague et Malmö et rend la Suède accessible par voie terrestre. Un train y circule, mais il ne prend pas les vélos non démontés.

On se croit arrivé mais l'approche du port est longue, et la sortie du bateau aussi.

 Arrivée à Malmö. Assez saugrenue, cette haute tour...

Finalement on nous fait sortir, nous cyclistes, assez rapidement, et, ce qui est appréciable, bien à l'écart du flot de véhicules. Le port est immense, la sortie est interminable mais sans problème, il y a des pistes cyclables pratiquement tout du long, et presque pas de circulation. Il faut dire qu'il est passé 20h.

Je ne verrai pas grand chose de la ville, située de l'autre côté de l'avenue qui mène à la gare, un grand bâtiment assez ancien devant laquelle je remarque surtout de gigantesques parkings à vélos.

Je ne reste pas à Malmö, ce soir je suis hébergée par des cyclistes à Lund, à 20km plus au nord. Je parviens étonnamment facilement à prendre un billet de train au distributeur automatique, tout en suédois... comme quoi c'est quand même bien utile d'avoir quelques notions de langue. Pas trop de problème non plus pour trouver le quai, souterrain. Les ascenseurs sont grands. Le train est à ras de quai, on est pas obligés d'accrocher les vélos, tout va bien. Juste une petite difficulté à l'arrivée, du côté où je dois sortir l'ascenseur est en panne. Un monsieur m'indique gentiment que je peux passer sous les voies un peu plus loin.

Pas de repas chez Angélique (néerlandaise) et Antonio (Espagnol). C'est plus l'heure, ici. On boit une tisane et on discute, pour changer... de voyages! Mais on ne s'en lasse pas!

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C'est mon premier jour en vélo pour de bon, mais je n'ai qu'une petite distance car le seul hébergement que j'ai trouvé est à une trentaine de kilomètres. Alors ce matin j'ai tout le temps de visiter Lund. Dehors le soleil brille et il fait chaud dans le clair appartement de Angelique et Antonio.

Je sors donc après le petit déjeuner, müsli et toasts avec Angelique qui revient de la piscine. Et à peine sortie je constate que je ne suis pas assez couverte, il souffle un vent fort et glacial. J'ai le tort de ne pas vouloir retourner en arrière. J'aurais du parce qu'en plus j'ai oublié l'appareil photo, et mon téléphone fait de mauvaises photos d'intérieur.

Je suis la rue qui est une des rues principales de la ville, assez déserte à cette heure, ainsi que la place. La célèbre cathédrale romane est la plus ancienne de Suède, elle date du 11ème siècle mais a brûlé au siècle suivant. L'actuel bâtiment est malgré tout un peu plus récent, et les tours carrées sont une restauration du 19è siècle.

L'intérieur est intéressant. Architecture romane sobre, et , datant des 14è ou 15è, l'horloge astronomique, l'autel et les stalles, un grand chandelier à 7 branches. Depuis la Réforme, c'est le culte protestant qui y est célébré. Pas de sculptures figuratives sur les chapiteaux, mais un fronton sculpté, un peu étrange, à l'extérieur


Sur Lund, il faut quand même dire que c'est la ville la plus ancienne de Suède. Même si jusque 1658 cette ville n'était pas suédoise, mais danoise. La ville a eu une grande importance politique et économique aux 12è - 14è siècle et commerçait avec la Hanse, ensuite elle a décliné au profit de Malmö.

Elle a gardé une importance culturelle, l'université, deuxième plus ancienne de Suède, a été fondée en 1666 et a prospéré au fil des siècles. Ses bâtiments (les actuels sont du 19è siècle généralement) sont plus ou moins dispersés dans la ville, au milieu de beaux jardins.

Par de petites rues bordées de maisons un peu plus modestes je rejoins le jardin botanique.

Celui-ci est très bien entretenu, assez fréquenté. Les fleurs de saison ce sont surtout des tulipes

Malheureusement il fait de plus en plus froid. Je regarde les serres avec envie, je finis par trouver l'entrée mais elles ne sont pas encore ouvertes... Alors autant essayer de se réchauffer quelque part en ville.


J'entre dans l'église de tous les saints (Allhelgona) où malheureusement la chaleur n'y est encore pas suffisante. Alors je repars. La ville est maintenant bien animée. Je prends de l'argent à un distributeur, même si l'argent liquide ne s'utilise pratiquement plus en Suède, puis fais un saut au supermarché ICA juste en face de la maison d'Angélique. Celle-ci est encore en télétravail. J'enfile tous mes habits les plus chauds et je descends en même temps qu'elle, à 13h.

Je casse quand même une petite croûte un peu à l'abri près de l'église de tout à l'heure, et me mets en route. Le vent vient de l'est, en allant vers le nord-est j'imaginais que je ne serai pas trop gênée. Mais il est vraiment très fort et quand il souffle de côté c'est presque pire à cause des rafales qui me déséquilibrent. C'est d'autant plus gênant qu'au début la route est assez fréquentée.

Plus loin je circule sur des plus petites routes ou bien des pistes cyclables. C'est sur l'une d'elles qu'une rafale me mets le vélo à terre, sans dégâts heureusement. Cela n'avance vraiment pas beaucoup. A un moment où c'est particulièrement difficile je m'étonne que le vent vienne maintenant de l'autre côté, bizarre... Je finis par me rendre compte que je suis dans l'autre sens, je me suis trompée, avais-je besoin de ces efforts supplémentaires? ça m'a valu d'attendre le passage d'un train au passage à niveau.

Péniblement j'arrive enfin à une petite ville, Eslöv, aux abords très industriels. Après une sucrerie bien puante, une usine qui sent la frite. Mais au centre ville on trouve un peu d'animation et quelques cafés. Celui où j'entre n'est pas trop du style que j'affectionne et l'expresso n'est pas donné (31 SEK soit presque 3 euros). Je n'utiliserai pas mon argent liquide car on ne peut payer qu'avec carte. Mais je fais la connaissance d'une jeune Afghane bien sympathique, Mursal, qui est ici depuis quatre ans. Ce n'est pas très facile de converser, elle ne parle pas très bien anglais et en suédois je ne suis pas vraiment au point.

Après Eslöv le paysage devient un peu plus varié, un peu de relief, quelques rideaux d'arbres... ce sera quand même dur jusqu'au bout c'est à dire jusque Stehag, le village où je suis hébergée par Henning, dans une maison où c'est un peu le bazar mais néanmoins charmante. Sa femme n'est pas là mais il y a les trois chattes, Nelly, Katalina et Tippex.



Il me cuisine la spécialité suédoise dont je n'avais pas cessé d'entendre parler, les boulettes de viande, kjöttbuler. Eh bien c'est excellent.

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Un peu couvert le matin, puis beau. Vent moins fort qu’hier et moins gênant

J’aime bien le petit déjeuner de Henning car il a fait le pain lui même et il a trois sortes de fromages. C’est la première fois qu’on me propose du fromage au petit déjeuner depuis le début du voyage. Je pars un peu avant 8h30. On dirait qu’il n’y a pas de vent, mais Stehag est dans un trou et dès que je monte sur le plateau il se fait sentir. Il est un peu moins fort qu’hier mais freine malgré tout. J’ai concocté et fait approuver par Henning un itinéraire de petites routes, mais ne vais pas tarder à me rendre compte qu’une partie de ces routes n’est pas asphaltée. En général elles roulent bien, néanmoins il ne faut pas trop de relief car dans les côtes ça rippe, et dans les descentes on ne peut pas se lancer, surtout si c’est une portion couverte de gravillons.

La journée commence dans la morne plaine, mais très rapidement j’atteins une région plus vallonnée bien que ce soit toujours la Scanie (Skåne) et surtout plus boisée, le vent sera beaucoup moins gênant. Ce qui caractérise cette région c’est l’abondance de grosses pierres erratiques. Je dirais que c’est du granit Elles ont été extraites des champs et on les a utilisées pour construire les murs délimitant les champs et pâturages.

La pierre sous l'arbre est-elle à une pierre runique ???

Les boisements sont variés, chêne, épicéa, bouleau, puis apparaît le hêtre, et aussi des mélèzes que je n’imaginais pas voir plantés à ces latitudes. On rencontre peu d’animaux, des oiseaux notamment des choucas, des corneilles mantelées, des geais, et quelques rapaces. Pour les mammifères, un lièvre, des chats à proximité des habitations, des chevaux dans les prés, un groupe de moutons.

Car celles-ci sont nombreuses, des fermes et des maisons isolées, très souvent peintes du rouge foncé scandinave caractéristique, parfois jaune, parfois en bois sombre. On rencontre quelques maisons en briques, surtout dans les villes et villages. Je ne réussis pas à prendre une ferme en photo il y a toujours quelque chose d’inesthétique, vieux matériel, ballots d'ensilage en plastique... comme partout.

les églises sont sur les hauteurs 

à la mi-journée je fais un arrêt à Tyringe. Après les courses au supermarché, le vent souffle et il fait froid, je ne m’en rendais pas trop compte en avançant, j’avais même plutôt trop chaud, j’avais enlevé la doudoune. Je ne trouve pas mieux qu’un arrêt de bus vitré pour casser la croûte, malheureusement il n’est pas totalement à l’abri du vent. La gare de chemin de fer est en face.

Antonio m’avait prévenu, on ne trouve pas beaucoup de cafés sympas dans les villages suédois. Deux établissements sont fermés, celui qui reste est du type fastfood tenu par des immigrés, et le café est aussi cher que l’expresso d’hier, 30 couronnes (SEK).

C’est un trajet de rêve, à travers ces forêts et ces collines, surtout sur les routes non revêtues quand il n’y a pas trop de cailloux. C’est tranquille, c’est beau avec les jeunes feuilles printanières qui laissent passer la lumière, le soleil brille, le ciel est bleu.

Sur les routes asphaltées la circulation est diverse. Les routes un peu plus fréquentées sont moins agréables, je constate que les Suédois ne sont pas beaucoup plus respectueux des vélos que les Français, certains vont bien vite, d’autres klaxonnent… Mais rien de très dangereux malgré tout. Pas de camions, quelques tracteurs, des gros. Et comme en Normandie on sort le week-end les voitures de collection, mais là c’est les gros modèles, les américaines et les vieilles voitures suédoises.


En haut d'une côte, une coupe. La vue porte loin / Lac de Vinsjö

Je ferai un arrêt à Vinsjö, au bord du lac du même nom. J’avais une éventualité de bivouaquer là, il y a un abri, mais il est à peine 17h30, c’est trop tôt. Je fais encore quelques courses, me résignant à acheter du pain en sac plastique, ce n’est pas facile de trouver autre chose. Et je vais voir le lac, très bleu, rives venteuses.

La route qui continue vers Markaryd est désagréable, trop de circulation et trop de vitesse, et Markaryd une ville assez grande et sans intérêt, on y voit surtout des zones artisanales moches. J'ai presque fait 80km, il va falloir que je pense à m’arrêter. Sur la carte des abris ("Vindskyd") sur internet j'en ai repéré un près d’un lac dans un village voisin, je m'y dirige, ne trouvant pas mieux avant. Après avoir traversé une zone de pavillons de loisirs, je me demande comment je vais parvenir à cet abri car je ne vois pas de chemin sur la carte.

Et heureusement que je trouve l’accès, car c’est un endroit de rêve, et même pas trop venté comme je le craignais. L’abri est parfait, on peut s’y asseoir confortablement, au soleil et à l’abri du vent, je peux planter la tente juste à côté et en bordure du lac d’un bleu intense.

D’après les panneaux d’information il faut payer 50 couronnes, et le paiement il faut le faire par internet,je vais le faire c’est raisonnable je n’ai donc pas envie de resquiller. Mais pendant que je déguste ma polenta je vois arriver un monsieur en vélo. Ce monsieur ne parle pas anglais, eh oui ça peut arriver quoi qu’on en dise. Nous nous comprenons un peu difficilement. Il me laisse faire tout un tas de manipulations compliquées et inabouties sur mon portable, pour me dire finalement que je peux payer à lui directement. Il me dit qu’il y aura plein de monde demain, il faudra partir tôt.

Coucher de soleil à 20h45.

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Très beau temps. Vent d’est-sud est qui me pousserait plutôt


Bien couverte, je n’ai vraiment pas eu froid pendant la nuit, le matin c’était frisquet mais pas de gel, et le soleil chauffe vite surtout dans la tente. Départ deux minutes avant 8h. Je vais prendre de l’eau à la maison du gardien vu hier soir. Heureusement qu’il est là je n’arrive pas à ouvrir le robinet. Il me prend pour une Danoise, ça me flatte !

Mon trajet de ce matin, c’est des petites routes avec le tour du lac pour commencer. J’étais persuadée que ce seraient des routes non revêtues, mais non, elles sont toutes goudronnées. C’est que tout du long sont construits des chalets de vacances (stuga en suédois), des maisons de toutes les tailles presque toujours peintes en rouge avec des bords de fenêtre blancs, et parfois avec vérandas. Elles sont entourées de pelouses artificielles bien tondues. On s’approche ou s’éloigne du lac. L’eau est très bleue. Je ne vois pas mon abri d’hier, trop loin et caché par des arbres.

Quand on quitte les bords du lac c’est la forêt mais on trouve toujours des chalets dans tous les sens, ça commencerait presque à me lasser! Certains sont occupés ce matin, ça se voir aux voitures. Ils sont dans les maisons, je rencontre juste deux promeneurs. Sinon, des lièvres encore, et de grands animaux, chevreuils, biches, élans ??? Je n’ai jamais pu bien les voir.

Cette première partie de trajet est quand même bien agréable, il y a du relief mais c'est varié et pas épuisant, et de temps en temps on côtoie des lacs bien bleus.


On traverse quand même de vrais villages, qui ont des églises. L'une d'elles a un clocher de bois à l'extérieur. C'est le premier que je vois cette année mais c'est assez fréquent en Suède.


Plus loin la route est toute droite, c’est beaucoup moins bien. Je me dis que ce sera peut-être dur dans le nord quand il n’y aura que ça. Et sur cette route, qui a viré nord est, on sent plus le vent.

Passage sous l’autoroute, traversée d'une rivière, je rejoins l’ancienne nationale, qui est encore bien large et bien fréquentée, heureusement des bandes latérales assurent une certaine sécurité.Jusque Ljungby il reste 18km, c’est beaucoup, je vais m’arrêter avant.

De loin j’avais remarqué une formation étrange, une espèce de lande avec des arbres isolés et des espèces de bosses, intrigant. Et oui il y a là quelque chose de vraiment particulier, c’est un cimetière viking, on y a dénombré 165 tombes circulaires ou elliptiques, soit autant de petits tumulus. Le panneau explique que les défunts étaient préalablement incinérés, mais qu’on déposait auprès d’eux les objets dont ils avaient besoin pour l’au-delà. Un peu plus loin s’tend un autre cimetière, avec un peu plus de pierres dressées.

C'est un endroit tout indiqué pour casser la croûte et même faire une mini sieste. Mais c'est quand même pas les grandes chaleurs.


C'est assez plat, ça roule vite sur cette nationale mais ce n’est pas mon genre de route de prédilection. Je commence même à me dire que si je dois la suivre jusque Jönköping je ferai aussi bien de prendre le train. S'il y en a un...

L’entrée de Ljungby n’est qu’une gigantesque zone industrielle, et le centre n’a pas un caractère ancien. Je trouve un café où on peut boire un expresso à 31 couronnes et recharger le téléphone, sous les sièges il y a des prises, et ce n’est pas la première fois que je vois ça.


Bonne surprise à la sortie du village, non ce n'est pas la grand route qui m'attend, mais une voie verte, qui est tout simplement l’ancienne voie de chemin de fer. Je vais donc finalement l’emprunter quand même. Ça fait plaisir de rouler au calme. Une jeune autochtone après avoir enlevé ses écouteurs, m'affirme que la voie mène à Värnamo. Croyons la. C'est bien plus direct et régulier. Et en effet, c'est toujours goudronné, depuis peu semble t'il. On traverse une plaine agricole, puis des bois un peu plus vallonnés, ce qui se traduit sur la voie par quelques faux plats. Il passe quelques cyclistes .

La forêt est humide et bosselée, il va quand même falloir trouver un emplacement car il est bientôt 19h. Les prés sont entourés de clôtures. Mais voilà une zone dégagée sur la droite, avec une belle vue sur le lac, et un chemin qui descend. En bas un petit coin d’herbe, pas humide, ensoleillé, est tout à faire ce qu’il me faut. En face d’un lac splendide, et plein d’oiseaux.

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Très beau temps, vent du sud... qui me pousse!

Réveil avec le soleil, à... 5h08. Je ne me presse pas trop, attendant que l'atmosphère se réchauffe. Car la tente est couverte de givre, l'eau est gelée. Mais elle ne mettra pas trop longtemps à bouillir pour le petit déjeuner.

Le soleil chauffe suffisamment pour dégeler la tente, pas pour la sécher. Départ pas si tôt que ça par rapport à l'heure du lever: 7h38. C'est reparti sur la voie ferrée, toujours à travers des bois de pins marécageux, et de beaux lacs au passage.

Le revêtement devient un peu sableux. Cela ne me rassure pas trop au début, mais en y allant franchement, c'est sans problème. Au début, on passe de très rares maisons isolés, mais à la fin on arrive à des zones habitées, des lotissements visiblement assez récents, et puis surprise, la voie s'arrête brusquement et devient chemin de terre, sans que rien n'indique par où il faut aller. Heureusement qu'une route goudronnée est proche et que j'ai les cartes sur mon téléphone. Sur les deniers kilomètres c'est une route relativement fréquentée qui mène à Varnamö, encore une bourgade très industrielle et un centre ville sans caractère.

usine ancienne avant Varnamö / pierre runique

Je n'ai pas de mal à trouver un café, mais ça m'énerve qu'on ne puisse jamais payer en liquide, d'autant plus que je suppose il va m'être compté des frais bancaires à chaque utilisation de la carte. Déjà que le café n'est pas donné (30K pour un espresso, 40K pour un "americano")

Devant une supérette un jeune homme très barbu s'adresse à moi, il m'interroge sur mon voyage, ça lui donne envie de faire pareil. Je vois bien qu'il n'est pas d'origine nordique... c'est un Syrien, il s'appelle Tarik. Il tient absolument à faire quelque chose pour moi alors il paiera mes courses, un ayran (lait fermenté) et une banane. C'est une épicerie arabe, c'était pas évident de le savoir avant d'entrer.

A la sortie de la ville se dresse au bord de la route une magnifique pierre runique. Elle a été traduite, apparemment c'est à l'honneur d'un père décédé.

La route, c'est l'ancienne nationale, aujourd'hui passent quelques poids lourds, mais elle est nettement moins fréquentée qu'hier, et puis il fait beau, je roule assez vite, les bois sont monotones certes, des pins sylvestres et encore des pins sylvestres, plus des bouleaux et épicéas.

C'est bien que ça aille vite, parce que j'ai reçu une réponse pour un hébergement à Jönköpping. Cela me fait à peu près 100km, vais-je y arriver? Il y a aurait aussi la possibilité de prendre le train, la ligne fonctionne depuis Varnamö. Néanmoins en suivant la voie ferrée je ne vois rien passer aucun train.??

Par contre ça circule beaucoup sur l'autoroute qui est lui aussi parallèle, de ce fait le coin n'est pas très hospitalier pour un pique-nique. Alors je fais la pause au prochain village, encore une localité industrielle, Skillingaryd, et toujours rien de bien remarquable. J'apprécie qu'il y ait des bancs, que je puisse m'asseoir et faire sécher la tente, ce qui sera rapide avec le vent. Encore un café dans une "konditori"( pâtisserie), où de nouveau ils ne prennent que les cartes.

J'ai trouvé un itinéraire en dehors de la grand route, et ne regrette pas de l'avoir choisi. C'est un peu plus vallonné, mais sans excès, et beaucoup plus varié. On commence dans les forêts de pins, plus belles que les forêts précédentes avec quelques belles futaies de pin sylvestre notamment. Et puis on retrouve des clairières et des zones agricoles, avec des routes bordées d'arbres, des maisons de bois peint, rouges en majorité mais aussi blanches bleu ou jaune pâle. Les fermes sont souvent immenses et plutôt bien tenues.


Quels sont ces gros oiseaux dans un champ fraîchement retourné? Des grues! J'en ai entendu plusieurs fois hier, aujourd'hui je les vois enfin. Au bord de la route on observe encore une nouvelle sépulture de l'âge du fer au bord de la route... Et des pins toujours...

De nouveau l'environnement s'urbanise, la petite ville s'appelle Taberg. Berg pour montagne? (en suédois on dit fjäll) En tout cas il y a bien un mont élevé assez impressionnant, car isolé. Qui s'appelle Taberg.

Heureusement la route ne passe pas par là haut, il faut quand même se payer une belle côte... mais après ça descend bien. Comme Jönköpping est au bord d'un lac, le lac Vättern, je m'imagine que ça va maintenant descendre tranquillement jusqu'au bout.

Eh bien pas du tout, le pire de la journée m'attend, après avoir parcouru la bagatelle de 100km... une brève descente au fond d'une vallée, et ce sera une succession de raidillons et de replats pour commencer, et pour finir une longue côte extrêmement raide, avec le soleil dans la figure en prime. Je resterai malgré tout sur le vélo. Le haut de la côte est très exactement devant l'immeuble où habite mon hébergeur de ce soir, Jiazhi. Je suis en nage et épuisée. La douche va faire du bien!

Jiazhi me propose un plat chinois, riz viande et légumes, poivrons et poireaux, c'est très bon. Il est originaire du centre de la Chine. Il a fait des randonnées en vélo au Tibet. Il travaille ici depuis 4 ans, il est ingénieur et fabrique des robots tondeurs de pelouse. Il me dit qu'il ne parle pas bien suédois car dans son boulot on ne parle qu'anglais.

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Très beau temps

Je n’ai pas excessivement bien dormi car le téléphone de Jiazhi sonnait sans arrêt, l’appelait-on de Chine ? Et puis il faisait vraiment trop chaud dans son appartement. Je descends au moment où il va au travail, il part à 8h.

J’avais peur de me geler dans la descente, mais il ne fait pas froid comme hier. Je ne trouve pas tout de suite le circuit vélo, je traverse un parc près de l’hôtel de ville, et suis diverses avenues.

Jönköping, l'hôtel de ville 

Finalement je tombe sur une belle voie cyclable, "Runt Vättern" (tour du lac) qui indique Gränna, ma destination. Elle commence par longer l’extrémité sud du lac Vättern, en face le seul horizon est la mer, sur les côté les rives sont élevées. Le soleil brille, en face. L’eau clapote sur la rive toute proche. Je croise quelques passants, cyclistes, marcheurs, deux joggeuses. Côté terre, c’est longtemps urbanisé, après Jönköping, c’est une autre ville qui s’appelle… Huskvarna. C’est apparemment bien là que l’on fabrique le matériel de la marque, on passe même devant l’usine.

La voie va s’éloigner de l’eau… et ce de façon bien abrupte, un raidillon épouvantable, pour l’instant toujours dans la direction est, et puis virage à angle droit, et jusqu’à la fin de la journée je vais suivre de plus ou moins près le lac en remontant vers le nord.

Je perds mon itinéraire « runt Vattern » et suis la nationale, toujours la même, la E4. Elle monte sans arrêt, je peine un peu. Je la quitterai quand je retrouverai la Rund Vatten, un peu plus à l’intérieur des terres. Je ne sais pas si j’ai bien fait, c’est une route pas toujours revêtue qui monte et descend sans arrêt , et toujours de façon très abrupte. Le paysage est agricole, avec des cultures d’arbres fruitiers, beaucoup de fermes et beaucoup de maisons, de temps en temps apparaît dans des échancrures le bleu du lac.

Mais la route va descendre vers un autre lac, d’une dimension non comparable avec l’autre, mais assez grand tout de même. Les vagues y moutonnent… le vent souffle fort, vais-je encore à avoir à lutter avec lui aujourd’hui ? Finalement ça n’est pas trop dur, et c’est joli, la route bordée d’arbres, et ce lac bordé de roseaux qui brille au soleil.


J’ai oublié de prendre de l’eau ce matin, et cela fait un bon moment que je n’arrive pas à voir quelqu’un près d’une maison pour en demander. Enfin je trouve une dame en train de jardiner. Je demande en suédois, mais la conversation passe très vite en anglais…

Je retrouve la nationale, la suis un moment pour retrouver ensuite une autre petite route non goudronnée, et très gravillonnée, je ne suis pas rassurée dans les descentes, et il y en a puisque Gränna est au bord de l’eau. Cette route, en forêt ou dans les champs, est vraiment très jolie, surtout quand on commence à revoir le lac.

Voilà un parking avec des tables de pique-nique autour, pourquoi ne pas manger là ? J’y passerai pas mal de temps car je me fais un café, et après une petite sieste. Mais Gränna n’est pas loin, j’y serai un peu avant 16h. C’est un endroit très touristique, on remarque des grands parkings, actuellement vides, des boutiques de souvenirs, petites baraques en bois rouge, toutes fermées. La spécialité du coin c’est un espèce de bonbon qui s’appelle polkagris, mais je n’arrive pas à en voir la couleur (rouge et blanc). Le port n’a rien de particulièrement pittoresque. Je tombe sur l’arrivée du ferry jaune qui fait la navette avec l’île de Vinsjö, une île tout en longueur juste en face.

J’avais envisagé l’éventualité d’aller planter ma tente au camping. C’est hors de question avec le vent qui souffle, ce camping est immense, sans haies ni arbres, et il n’y a que des camping cars évidemment. Bref à part quelques courses dans un supermarché coop, je ne ferai pas grand-chose dans cette ville.

Alors c’est reparti, le vent pousse ça tombe bien, et j’ai plaisir à suivre le lac, un peu à distance parfois mais c’est rare de ne pas voir apparaître son eau d'un bleu vif qui tranche avec les champs verts. De l’autre côté c’est une paroi rocheuse qui surplombe Gränna et se poursuit après. En haut on observe une ruine de forme carrée, celle d’un château qu’a fait construire un magnat local au 17è qui avait la folie des grandeurs, un dénommé Brahe, et le château s’appelle Brahehus.

L’autoroute passe au dessus de la falaise mais on ne l’entends pas trop. L'itinéraire suis la nationale qui est plutôt tranquille, puis une plus petite route parallèle.

Par contre, les côtes, ce n’est pas fini,. Rien à voir avec les raidillons de ce matin, c’est une très longue montée, dans les bois, vue sur le lac. Le problème c’est qu’on va finir par longer d'assez près l’autoroute, c’est dommage car la route est belle même s’il faut faire attention aux gravillons.


Au bout du compte ça va finir par redescendre dans la plaine, on arrive dans une petite ville, dont je ne traverserai que les zones industrielles, et puis je cherche où sont les abris pour randonneurs, et je vais jeter mon dévolu sur celui qui est au bord du lac, après un golf mais ça n’était pas prévu. Une rive rocheuse, c’est très beau. Autour de l’abri il n’ a pas assez d’espace, je plante la tente au-dessus, il y a de l’herbe mais c’est dur en dessous . Coucher de soleil bien entendu.

7

Très beau temps, chaud, mais vent sud-ouest assez fort

Hier je me suis mise à étudier la suite de mon voyage et les hébergements sur Stockholm. Dans des investigations précédentes, j’avais vu de nombreux hostels bon marché, et là il n’y a presque rien. Je perds beaucoup le temps, me couche très tard et sans avoir pu finir le compte-rendu de la veille, et ne me réveille qu’à 6h30.

Quelque chose me déplaît dans ce bivouac qui semblait pourtant idéal. Il plane une odeur tout à fait désagréable de fumier ou de lisier. On se croirait en Bretagne. Et l' odeur persistera dans cette plaine agricole que je vais parcourir toute la journée, plate et balayée par les vents, d’ailleurs les pales des éoliennes tournent de partout. Et le vent maintenant me gêne, il vient de côté.

Le paysage n’a donc rien de particulièrement exaltant, à partir du moment où on ne voit plus le lac. Par contre la région intéressante pour ses souvenirs historiques.

Pour commencer j’aperçois des ruines, c'est ce qui reste de l'abbaye cistercienne d'Alvastra. Elle a été construite au 12e siècle sous un m'ont isolé, le Mont Omberg. Un peu plus loin, dans le village de Heda, l'église est indiquée comme monument historique, elle est tout près de la route et j'ai un bon souvenir des petites églises suédoises. Oui, ça aurait été dommage de la manquer, elle est très belle quoique sobre aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, et elle contient divers trésors, une tapisserie et des statues médiévales dont une vierge du 10è siècle, des pierres tombales.


Et, en prime, une prise de courant me permet de recharger le téléphone pendant la visite. A noter qu'il y a aussi des tables et même ce qu'il faut pour faire un café. Et puis à l'extérieur, insérées dans le mur de l'église, deux magnifiques"pierres runiques", qui ont été insérées là lors d'une restauration au 18ème siècle, auparavant elles étaient dans le cimetière. Les inscriptions gravées sont donc des runes, l'écriture qui était utilisée par les vikings. Elles ont été déchiffrées, elles évoquent la mémoire d'un défunt.

Mais la pierre pour laquelle je fais tout un détour, elle le mérite ce détour , c'est la "Pierre de Rök" (tout simplement le nom du village, elle est à côté de l'église). Elle date du 9è siècle. Le texte couvre toutes les faces, c'est le plus long texte et le plus ancien de ce type, on dit que c'est la première œuvre littéraire suédoise. C'est un viking appelé Varinn qui l'a dédiée à son fils mort dans des expéditions lointaines.

La transcription et la traduction est exposée sur des panneaux à côté. Mais pas en français. Les runes, c'est tout simplement un alphabet, tout est expliqué.

Des pierres runiques, on en rencontre encore d'autres au bord de la route!

Il faut lutter contre le vent et le soleil cogne . La plaine est de plus en plus plate et les odeurs sont toujours là. Les colzas ne sont pas encore en fleurs. On suit une route bordée de vieux tilleuls, et la récompense des deniers kilomètres avant Vadstena, c'est que la direction vire au nord, et, enfin, je suis poussée.

Vadstena, enfin une ville intéressante à caractère ancien. Voici une tour de brique, le monastère de Saint Brigitte, une sainte suédoise qui a créé un ordre religieux (catholique ?), et a effectué un pélerinage à Compostelle (aujourd'hui "chemin de Sainte Brigitte").


La statue, c'est Sainte Brigitte

Je mange au bord de l’eau à côté du monastère. Vue sur le château, vers lequel je vais me diriger.

Le centre ville est un quadrillage de petites rues bordées de vieilles maisons pittoresques, beaucoup en bois peint. Sur la place centrale on se presse et on déguste des glaces.



Le château est de style renaissance et entouré d'eau. Il a été construit par un roi de Suède fameux, Gustave III Vasa. Le port est juste à côté.




Je vais prendre un café pour recharger le téléphone, et une nouvelle fois, pas moyen de payer en liquide.


Je ne repars que vers 17h, pas grave, c'est l'heure où je me sens en forme. Mais je n'avais pas prévu que j'allais devoir lutter contre le vent dans cette plaine où rien ne l'arrête. J'irai bien moins loin que prévu, seulement jusqu'à Borensberg, qui est à la lisière d'une région où on retrouve des bois et des collines, de l'autre côté d'un cours d'eau, la rivière de Motala. Motala est une ville importante en aval au bord du Vättern.

Grande ferme dans la plaine, et la rivière de Motala


J'avais repéré un abri à la sortie de Borensberg. Il faut monter. Mais l'abri est moche et trop près de zones fréquentées. Je trouve un endroit dans les bois. Moins bien que les jours précédents mais je dors tout aussi bien !

8

Beau temps encore !

Réveil 5h45 - départ 7h30. Je descends directement vers la route assez fréquentée direction Tjällmo et Orebro. Je vais heureusement la quitter rapidement.

Heureusement ? Pas sûr, je me retrouve soudain dans un camp militaire, il y a des panneaux partout, ça parle de tirs, d'interdictions... Et j'y comprends rien. Mais comme rien n'est vraiment barré, je me lance. Au début il y a des bâtiments, de jeunes soldats en combinaison verte, et puis c'est la solitude dans une forêt clairiérée et vallonnée. La route n'est pas asphaltée bien sûr. Je croise un camion militaire et deux grumiers. Aucun bruit de tir, seulement les oiseaux, et en particulier... le coucou. C'est la première fois que je l'entends en Suède. Vient-il seulement d'arriver dans ces pays nordiques ?

Danger de mort si on s'écarte de la piste...

Quand je retrouve une route asphaltée, elle n'est pas beaucoup plus fréquentée pour autant, et je me lance dans une zone qui n'a pas l'air très peuplée. Je m'arrête pour faire le point à l'entrée d'une propriété parce qu'il y a des pierres pour s'asseoir, et vois arriver une dame qui me demande tout va bien "ja jag mår bra" et ça passe vite à l'anglais. Elle m'annonce la distance au prochain magasin sur ma route en milles, ça ne me dit pas grand chose, mais finalement ça va c'est 21km, j'y arriverai même pour midi.

Pour l'instant le paysage est encore agricole avec fermes et habitations dispersées. Mais après le village de Grytgöl, ce n'est plus que la forêt, on monte et descend dans les épicéas, puis les pins sylvestres. Des futaies, des coupes rases, de jeunes reboisements. Des tas de bois au bord de la route.


Le supermarché attendu est bien à Ingelfors, le café est à côté et l'ambiance est villageoise. Après mes courses je vais casser la croûte sur une table de pique nique un peu plus loin. Pas de sieste, cause tondeuse, je vais prendre un café (que je paye en liquide 15 SEK seulement (1,4€).


Ingelfors

Départ vers 16h. Il fait chaud. Je peux y aller tranquillement car j'ai déjà fait 54km mais il faut quand même monter des côtes, c'est vallonné. Mais bien agréable, le ciel bleu, les bois, les lacs, le soleil derrière, pas trop de vent, et très peu de voitures.

J'ai dépassé les 80km, si j'explorais les abords du lac voisin ? Il est bordé d'habitations mais en allant plus loin peut être...

Ça ne sera pas loin, je tourne sur une petite route et 100m après voilà un espace herbeux plat au bord de l'eau, et public... C'est la baignade du village !! Elle est pourvue de vestiaires mais je n'en aurai pas besoin, et les toilettes sont fermées. En tout cas le site est splendide. Sur le lac passent des oies et un cygne se repose.

Une nouvelle fois, un beau coucher de soleil et au crépuscule des couleurs incroyables sur le lac.

9

Au réveil il fait grand jour et pourtant il n'est même pas 6h. Il a fait juste un peu plus froid cette nuit, je m'y attendais, vu la situation au bord de l'eau. La tente est mouillée. Départ 7h10, un record.

C'est le même lac, à quelques kilomètres de distance 


Le paysage de forêts et lacs est à peu près le même que la veille, mais je ne m'en lasse encore pas. Par contre il y a plus de voitures en s'approchant de Katrineholm, ça j'aime moins.

Katrineholm est une agglomération assez étendue, mais facile à traverser grâce aux pistes cyclables. Je ne visite pas, je vise la gare mais y arrive du mauvais côté, heureusement qu'il y a des ascenseurs. En arrivant à cette gare (vers 9h) je ne sais pas trop ce que je vais faire, continuer la route ou prendre le train?

Possibilité d'arriver à Uppsala vers 11h avec un train qui part tout de suite, alors je me décide. Changement à Stockholm. Ce n'est pas excessivement cher, 25 euros. J'ai 3 minutes pour prendre le billet à la machine, ça marche, seulement...je me rends compte que dans le train qu'il me manque le ticket Stockholm Uppsala qui a du tomber après l'autre. D'où un peu de panique. Mais le contrôleur sera sympa.Uppsala c'est la quatrième ville de Suède, une ville ancienne où se trouve la première université de Scandinavie, fondée en 1477.

Pour moi c'est surtout un pèlerinage naturaliste, car c'est ici qu'a officié Carl (von) Linne. Il n'a pas fait moins que répertorier et nommer systématiquement l'essentiel des espèces vivantes connues à son époque. Ça s'appelle la "nomenclature binomiale " nom du genre, de l'espèce et l'initiale du botaniste qui a nommé. Et encore maintenant c'est souvent L. , comme Linné.

ex quercus robur L. : genre : chêne, espèce : pédonculé

Bref la première chose que je fais à Uppsala c'est de me diriger vers le jardin botanique qu'il a créé où se trouve aussi la maison où il habitait avec sa famille, travaillait et faisait des conférences.


En bas ce sont les pièces d'habitation. Il avait une femme et quatre filles pour s'occuper du ménage, pas question qu'elles fassent des études, il n'y a que le fils qui y avait droit et qui lui a succédé.

En haut ce sont les pièces destinées à l'étude, bureau, bibliothèque, salle de conférences avec une grande table où se pressaient les étudiants, si nombreux qu'ils étaient parfois réduits à écouter depuis l'escalier. Car Linné avait une grande réputation.


Le jardin botanique existait antérieurement, c'est même à cause de lui que Linné est venu à Uppsala mais il était mal tenu, avait brulé. Linné l'a totalement recréé et actuellement il est identique. Sauf qu'à l'époque il y avait aussi des animaux, singes perroquets..., Et un raton laveur.

Les plantes sont réparties par type, d'un côté les plantes pérennes, de l'autre les annuelles et bisannuelles. Peu de fleurs en ce moment mais c'est quand même intéressant, et très bien entretenu en tout cas.



Au milieu d'un bassin trône une Vénus que Linné a acquise pour le jardin, et au fond une orangerie. Il fait très chaud et je suis un peu fatiguée. Je m'assieds sur un banc pour casser la croute, c'est calme et reposant ici.

Et puis je me dirige vers mon hébergement, longeant des quais. Les hautes flèches de la cathédrale se reflètent dans l'eau.

J'ai réservé dans une "vandrarhem" (auberge de jeunesse), m'attendant à un lieu sympathique. C'est une horreur, on peut vraiment dire que c'est l'usine, car le lieu à part la porte d'entrée est complètement fermé, la chambre de quatre exigüe , lits superposés et sans fenêtre, mais la télé. Trois lits sont occupés par des types qui ne sont même pas aimables. Pour l'instant je fuis. Évidemment pas de place pour les vélos. Heureusement que le mien peut passer inaperçu dans la foule des cycles stationnés, et que j'ai deux antivols.

Je me repose quand même un peu sur un canapé près de l'entrée (en plein passage). Il est presque 18h quand je ressors. La cathédrale est évidemment fermée, je ne verrai pas la tombe de Linné.

Un peu plus haut c'est le quartier universitaire, et le château entouré de vastes parcs.


Une musique infernale monte d'en bas . Un concert sur une terrasse. Sur les quais toutes les tables sont prises. Je me laisse tenter aussi par une petite bière.

10

Beau temps, chaud

Heureusement que j’étais fatiguée, comme ça j’ai pu dormir, malgré le renfermement et la chaleur . Un des types est parti en laissant la lumière allumée, je dois monter sur sa couchette pour l’éteindre, les autres ne font rien mais il y en a un qui m’engueule quand après je lis (pour me rendormir) avec la frontale. Mais le cauchemar est terminé, et je retrouve mon vélo. La gare est juste à côté. Il n'y trouve un parking à vélos à deux étages.

Le premier train qui part est à quai… c’est un vieux train, avec 3 marches à monter, je ne vois pas d’emplacement vélos ni d’employé des chemins de fer susceptible de me renseigner… en fait si, mais seulement quand je suis montée dans le train après avoir enlevé tous les bagages: le contrôleur arrive pour me dire que ce train ne prends pas les vélos.

Il m’indique un train sur la voie d’à côté qui va à Stockholm, ce qui n’est pas évident pour un non initié, mais tout le monde me le confirme, la contrôleuse aussi. Elle m'avertit que je dois descendre à Stockhom Södra, qui est juste un peu plus loin que celle du centre. Et ça marche, me voilà à Stockholm, je suis le trajet indiqué par le GPS, pour finir sur les quais puis dans la vieille ville, montée dans les pavés, pour arriver à Castanea hostel, un peu inquiète de ce que je vais trouver après mes récentes déconvenues.

Ouf, les choses se présentent bien, même si je ne peux pas prendre la chambre tout de suite. Dans le corridor en bas un vélo est stationné, il y a de la place pour un deuxième… parfait, je ne vais surtout rien demander à personne. L’hostel est nettement plus sympathique que le précédent, il y a des fenêtres, une salle commune accueillante, une cuisine. Tout fonctionne par code, pas besoin de trimballer une carte qu’on risque de perdre ou d’oublier dans la chambre et ne plus pouvoir entrer.

Je ressors avec mon vélo, d'abord à travers les rues de la vieille ville et par la "stortorget", grand place, pas si grandes que ça, avec de grandes maisons anciennes à haut pignon et le musée du prix Nobel.

à deux pas de là c'est le château royal, c'est bientôt la relève de la garde, les touristes attendent, une jeune garde me dit de ne pas passer par là (j'avais compris). Je n'ai aucun intérêt pour ce genre d'exhibition, mais je vois malgré moi passer la troupe, escortée par une voiture de police, ridicule...

Je me dirige vers l’office du tourisme, qui devrait être à côté de la gare centrale… mais n'y est pas. Cela m’a permis de circuler à travers la partie moderne et commerçante de la ville, immeubles, grands avenues, voitures, etc... ça me suffira...

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Allant vers le musée national, je traverse le "Kungsträdgard", jardin du roi, j'en profite pour y manger mon casse-croûte. C'est la foule.

Le roi est Charles XII, sans doute le roi de Suède le plus connu à cause de toutes les guerres qu'il a faites. Encore un qui avait l'intention de conquérir l'Europe, a annexé de vastes régions, s'est frotté aux Russes et a tout perdu après. Bref un personnage pas très intéressant.

Le musée national des Beaux Arts est un bâtiment très imposant en face d'un quai. L'entrée est chère, 150 SEK presque 15€. Les visiteurs y sont nombreux, sans que cela rende pénible la visite.

Je suis venue ici surtout pour faire connaissance avec la peinture suédoise, mais le musée n'est pas dédié seulement à la peinture suédoise, c'est toute la peinture européenne qui est représentée et on ne peut décemment pas refuser de voir ces œuvres d'art. ça me fera une petite révision, ça fait longtemps que je n'ai pas visité de musée. La peinture française est bien représentée.

Vous aurez peut-être reconnu Archimboldo (horrible!), Cranach, Rembrandt

Pour la peinture suédoise, j'avais juste retenu le nom de Carl Larsson (1853-1919) dont de nombreuses œuvres sont représentées. Les autres artistes, je ne connais guère leur importance relative. Les tableaux sont souvent très lumineux, avec des personnages expressifs et de belles femmes. Beaucoup ont voyagé en France et en Italie. L'exposition temporaire porte sur les jardins, matière à de belles peintures en effet.

œuvres de Larsson 
oeuvres de Julia Beck,  Hölding Linqvist,Amalia Lindegren, Fanny Brate; Andres Zorn
oeuvres de Berta Wegmann, Hildegard Thorell 

Arrivée à l'époque contemporaine, et à une belle exposition de miniatures du 18ème siècle, je commence à être un peu épuisée et à passer vite, et ne pense plus qu'à me reposer.

Petit coup d'oeil sur les quais

Retour à l'hostel, courses au Coop du Järntorget (très cher). Je mange des boulettes de poisson en boîte et du fenouil, pas mauvais.

11

Je me lève vers 6h comme d'habitude et c'est là que je devrais me dépêcher pour visiter une gamla stan (vieille ville) déserte mais après m'être occupée de diverses questions d'intendance, rangement, lessive... je ne sors pas si tôt que ça.

Et pourtant à cette heure c'est un rêve, il n'y a personne, rien n'est ouvert, on peut jouir parfaitement de la beauté environnante. L'hostel est situé dans la partie la plus ancienne, qui était construite à l'époque médiévale. Les constructions actuelles y seraient plutôt du 18ème, dans le style baroque de l'Europe centrale, elles sont crépies en beige, en jaune, en rose, en ocre. Dans la maison jaune est né le 28 mai 1853 le peintre Carl Larsson. Ce n'était pas un quartier riche à l'époque.

Du côté est, des passages plus ou moins étroits, parfois voûtés, appelés gränd, descendent vers le quai.

Gamla stan occupe une petite île triangulaire. Le côté ouest est plus récent, les maisons seraient dans le style du 19ème ou début 20ème, plus imposantes.

Le quai (Munkbro) y est défiguré par les avenues, les voies ferrées, et des travaux en cours. Quant au côté nord du triangle, il est occupé par le palais royal et des bâtiments abritant les institutions de l’État. Le parlement (Riksdag) se trouve tout de suite en face, sur une île encore plus petite.

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la chancellerie,la maison de la noblesse, Riddarhuset, et la statue de Gustav Vasa 

Retour par Stortorget. Sur cette place a eu lieu un "bain de sang" historique où le roi du Danemark a liquidé les nobles suédois qui s'étaient révoltés contre sa domination. Mais ensuite Gustave Vasa a poursuivi la lutte et conquis l'indépendance de la Suède.

Le charme est rompu: la foule des touristes a débarqué. Parmi eux, énormément de Français pour arranger les choses. Je trouve juste à côté de mon gîte un bistrot plutôt sympathique où je vais rester plus de deux heures. Je déjeune d'une salade, fait la sieste, essaie laborieusement de terminer la relation de journée d'hier.


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Je ressors pour une courte balade vespérale, passant devant la sculpture de Saint Georges, Göran en suédois. Je m'aperçois que le musée national est bien visible, juste en face. J'aurais pu gagner du temps hier !



Le repas ce soir c'est des carottes (seuls légumes abordables au Coop) avec le reste des boulettes de poisson.

12

Lever fort matinal pour aller m' enregistrer sur le ferry direction la Finlande (Turku), mais aujourd'hui je vais m'arrêter au milieu du golfe de Botnie pour faire un petit tour dans l'archipel d'Åland. Le ferry s'appelle Viking Grace (la compagnie, Viking Line), il est énorme 11 étages, ça me fait drôle de laisser mon vélo tout seul en bas près de la porte. Les places autour des tables sont confortables, avec vue sur la mer et possibilité, en cherchant, de se brancher.

Stockholm est située dans un immense archipel, ("archipel de Stockholm"), qui est formé de multitudes d'iles. Si bien que pendant une bonne moitié du trajet le bateau va glisser entre ces îles, qui sont de tailles diverses mais un peu toutes sur le même modèle, entourées de rochers avec quelques accostages, couvertes de pins, parsemées de maisons et petits chalets, en densité plus faible quand on s'éloigne, et des accostages. J'ai pris quelques photos, hélas une fausse manip me les a toutes effacées. La seule qui me reste est la moins intéressante... C'est quand on est arrivés en pleine mer.


La deuxième photo c'est le ferry.. derrière une passerelle, pas mieux. J'étais encore sous le coup de l'émotion, j'ai failli rester dedans. J'avais bien repéré où était le vélo, pont 3.1, mais quand j'y suis descendue j'ai trouvé les portes fermées. Je suis remontée, ai trouvé avec difficulté le guichet d'information. C'était ouvert maintenant mais je n'avais plus que 5 minutes pour sortir du bateau.

À Marienhamn il fait chaud et lourd. Ça annonce la pluie. Pour l'instant le ciel est juste un peu voilé. Les premiers kilomètres sont décevants, on se demande où est la ville mais c'est habité partout, plus ou moins belles maisons. Une église attire mon attention. Beau clocher de bardeaux. Elle est fermée mais il y a des toilettes près du cimetière, et de l'eau.


Église de Jomala 

Il règne toutefois ici une atmosphère différente. On est en Finlande maintenant, mais cet archipel où on ne parle que suédois a un statut d'autonomie. Il a son drapeau, ses plaques d'immatriculation propres.

Et diverses particularités. À l'entrée des villages les communes arborent leur blason. Les arrêts de bus sont signalés par de jolis panneaux en demi disque aux couleurs du drapeau, les boîtes aux lettres sont groupées sous de petits toits. Les habitants ne sont pas très aimables je trouve.


d'accord, rien à voir avec les boîtes américaines... 

Je ne l'imaginais pas non plus autant de circulation sur les routes ce qui gâche le plaisir. Le paysage commence à être un peu joli. Bois de pins et de grands rochers, en granit rose. Je trouve des itinéraires cyclables, parfois ils suivent les grandes routes mais alors c'est sur une piste bien séparée.


Juste avant un bras de mer se dresse une grande tour de guet. J'aurais bien aimé y monter, hélas il faut passer par un café, qui est fermé. On a quand même une belle vue depuis les rochers.



Trois dames finlandaises admirent aussi le paysage. Elles me proposent la photo.

Autre attraction touristique: le château de Kastelholm, forteresse qui existe depuis le 14e siècle. Il a changé souvent de mains, entre Danemark Suède Russie... Comme la Finlande du reste.


Le trajet qui suit est un peu vallonné mais agréable, bois et rochers plats et c'est encore sur la partie non goudronnée que je me sens le mieux.

Je me demande si je vais pouvoir aller suffisamment loin ce soir. Pour ne pas avoir à m'inquiéter pour le bateau demain. Mais les reliefs sont terminés, j'arrive dans une plaine agricole que je n'imaginais pas ici.

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La terre est d'une teinte délavée, récemment semée cela donne une couleur gris bronze. Grandes fermes éparses. Ça ne sent pas toujours très bon, élevage ou épandage ? Un lac apparaît parfois, mais la vaste mer, jamais.


En continuant vers l'ouest, on retrouve une région forestière avec des habitations disséminées, et, particularité de l'île non encore mentionnée, des petits moulins à vent rouge tous sur le même modèle. On pourrait jouer au jeu des erreurs.


Je soleil décline et le ciel se couvre. Jusqu'à quelle heure fera t'il jour ? Je n'en ai aucune idée. Il est une heure de plus, puis je continuer à pédaler une heure de plus ?

Dans le doute je préfère chercher un bivouac (à 20h passées quand même). Mais je suis sur une route un peu importante, alors j'oblique dans la campagne. Une ferme d'élevage, des bois coupés, c'est plutôt moche, dois je encore croire à la providence?

Ben oui, descente au bord de l'eau, un coin de pêche, une table de pique nique, des cabanes, et un espace plat. Que demander d'autre?


Le soleil se couchera... derrière les nuages mais il fera jour beaucoup plus longtemps que je n'imaginais, au moins jusque 22h30, après je dors !

Des cygnes passent et atterrissent en poussant des cris épouvantables. Un chevreuil se mettra à aboyer en pleine nuit.

13

Au réveil vers 6h le temps est gris. Coup d'œil sur météo, aïe elle a changé, la pluie ("faible") ce n'est pas seulement l'après midi, mais aussi le matin. De fait il commence à tomber quelques gouttes juste au moment du démontage de la tente. Mais pour l'instant ça va.

En reprenant la route je repasse devant des moulins et aussi plusieurs cabanes basses, faites de grosses pierres, spécialité de l'ile aussi.


Ce qui me plaît aussi, ce sont, dans les bois de pins sylvestres, ces grands rochers plats couverts de lichens.

Néanmoins j'ai une petite nostalgie de voir si peu la mer tout en étant dans une île. Les extrémités sont certainement les plus intéressantes mais s'y rendre oblige à faire des allers et retours, et se rallonger beaucoup, comme on peut voir sur la carte ci-contre. C'est évidemment en bateau que la visite serait la plus intéressante. Je me contenterai de prendre une route pour rejoindre le bord de mer à 2-3km. Bonne idée l'endroit est splendide. Mais ce n'est pas vraiment la pleine mer, d'autres îles sont devant.


Retour dans les forêts et surtout le long de routes beaucoup plus fréquentées, heureusement qu'il y a toujours une piste cyclable séparée.

De toute façon, la pluie, qui n'a plus rien d'une "pluie faible", ne donne pas envie de flâner. Arrivée à Mariehamn, vue humide sur le port.

L'impression que j'ai eue à mon premier passage se confirme, la ville de Mariehamn n'a rien de pittoresque, quadrillage d'avenues, pas de centre ancien. Je cherche un endroit où m'abriter , une cafétéria fera l'affaire. Des gens mangent, mais déjà que pour un café c'est pas facile... Je n'ai toujours pas compris le système qui consiste à prendre un plateau, se servir de gâteaux ou autre, d'un verre si on veut de l'eau, payer et demander un café, puis se servir soi même en café ou eau chaude pour le thé après la caisse. Bref je me contente d'un café et d'un kanelbulle (brioche à la cannelle).

Et puis je file à l'embarcadère un peu dans la panique, car sur ma réservation de ferry il est écrit que les propriétaires de véhicules doivent enregistrer une heure à l'avance, il est plus de 13h30 et le bateau part à 14h25.


Il n'y avait pas vraiment pas à paniquer, il y a toujours quelqu'un au guichet. D'autres vélos attendent déjà, et il y a moyen de s'abriter, ouf! Le bateau est le "Viking Glory", il ressemble beaucoup à l'autre, encore plus grand peut-être. On entre par le côté, pas par le fond, et il est doté d'un emplacement désigné pour les vélos (sans aucun équipement).

Il y a plus de monde qu'hier , difficile même de trouver une table inoccupée, je suis obligée de me mettre dans une salle où il y a de la musique. Mais quand je vois que la chanteuse une jeune femme aux cheveux longs et l'air sympathique qui s'accompagne de la guitare acoustique je tolère bien que ce ne soit pas mon genre de musique. Ça y est j'ai encore l'impression d'être dans un film de Kaurismaki.

Je jette un coup d'œil dehors de temps en temps. Ce sont des îles et toujours des îles. Je ne prends pas un café mais un thé. Moins cher mais l'eau n'est pas assez chaude. Et puis je me fais encore avoir avec l'heure, et suis toute surprise d'entendre annoncer l'arrivée dans une demi-heure à Turku. Le reste je n'y comprends rien , je ne trouve pas le bureau d'information, mais descend au pont et trouve les vélos et les autres cyclistes qui sont déjà là.

Une dame engage la conversation (en anglais), elle s'est intéressée aux mouvements sur les retraites en France. Elle a pris sa retraite à 62ans mais a des amis qui ont du travailler jusque 67-68, elle trouve aussi que c'est trop. Les autres cyclistes sont deux jeunes équipés en "bike packing" (= léger) qui reviennent d'un tour dans les îles, jusqu'aux plus petites où il faut passer en bateau. J'essaie de les suivre à la sortie mais ils me sèment évidemment, j'erre un peu à la sortie du port mais finis par trouver le chemin, c'est facile, il n'y a qu'à suivre la rivière.

Tout droit mais pas tout près 6km avant d'arriver chez Léo un étudiant sympathique qui malheureusement n'est pas là. Son coloc non plus d'ailleurs. Mais il m'a laissé ses instructions détaillées. Je me fais des carottes avec des pâtes. La cuisine et le séjour sont très confortables. Dans la chambre ça sent le renfermé, et pour cause... La fenêtre n'ouvre pas. Ça ne sera quand même pas pire que le cagibi à Uppsala...

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Temps gris, venteux, pluie le soir

Je m’applique à mettre à jour le carnet de voyage, ce qui ne me fait partir qu’à 10h. J’ai entendu un peu de bruit, et pensé que le colocataire Jasso devait être là…mais il a du partir aussitôt, je n’ai vu personne.

Il fait très froid ce matin avec le vent. Je reprends le même chemin que la veille, mais je fais un arrêt à la cathédrale, que je n’avais pas visitée et peut-être même pas vue la dernière fois que j’étais passée à Turku il y a cinq ans. C’est une très grande église, actuellement de culte luthérien, commencée au 13è siècle mais qui a été complétée ou remaniée à peu près à toutes les époques. Elle est importante pour la chrétienté finlandaise. Plusieurs groupes d'enfants des écoles, de la maternelle au collège, sont en visite avec leurs enseignants.



Je jette en coup d’œil plutôt rapide au centre de Turku dont le style me rappelle les villes de l'est de l'Europe, et je continue le long des quais pour reprendre ma route. Tout du long je vais trouver des pistes cyclables. En général elles sont bidirectionnelles d’un côté ou l’autre de la route. Parfois il faut passer d’un côté à l’autre mais le passage est protégé, et les voitures s’arrêtent. C’est bien d’être en sécurité. Mais il s’avère que pendant une vingtaine de kilomètres ces voies vont suivre les routes importantes, c’est l’eurovélo 10, c’est sécurisé, oui, mais aussi bruyant. On traverse les zones résidentielles, puis les zones industrielles et portuaires, ensuite on roule en bordure de forêts, mais on ne s’écarte jamais beaucoup des grandes artères, l’environnement ne devient campagnard qu’à quelques kilomètres de Naantali.

C’est une des rares villes touristiques du coin, c’est pour ça que j’ai fait le détour. Après des courses au supermarché je cherche la vielle ville (vanha kaupunki), les rues sont rectilignes et se coupent à angle droit, mais elles sont bordées de jolies maisons de bois, le plus souvent de couleur claire, jaune, blanche, gris clair. Au bout se trouvent l’église, assez monumentale et en pierre, et le port, entouré de nombreux restaurants dont plusieurs sont ouverts, bien que la fréquentation touristique ne soit pas très abondante en ce moment.

C’est ici que sont nés des petits personnages de livres pour enfants, des petits trolls en forme d’hippopotames, les Moumines inventés par une dame appelée Tove Jansson (1914-2001)…. Un musée et un parc dans une île toute proche lui sont dédiés.



Une palissade de bois longe le port, bordée de restaurants dont plusieurs sont ouverts bien que les touristes ne grouillent pas aujourd'hui.



Je monte à l’église, je peux y entrer et ranger mes courses. Au bout du parc un joli belvédère de bois offre une jolie vue.


Mais qu’est ce qu’il fait froid! Ne voyant aucun endroit où casser la croûte à l’abri, j'entre dans un restaurant (ravintola) qui fait très chic, mais les prix ont l’air corrects, avec des menus journaliers, je me décide en espérant ne pas avoir de mauvaise surprise. Le menu c’est du poulet ou du poisson. Le poisson est du flet, je n’en ai jamais entendu parler et n’ose pas en prendre, je choisis le poulet et le regrette après avoir vérifié que c’était un poisson plat qui devait être très bon.

Mais le poulet, avec une sauce curry des petits légumes et des pommes de terre frites, c’est bon aussi, je prends mon temps, avec le café j’en ai pour 16 euros, c’est plutôt moins cher que ce qui se pratique en France. À la sortie je suis bien réchauffée, je sens moins le vent, et me sens en forme pour continuer.

Le long des routes à grande circulation pour commencer, mais aussi le long des bras de mer et sur les ponts, d’où on a de jolies vues. Ensuite les voies cyclables s’écartent, passant en forêt, mais rejoignent la grand-route quand il faut traverser l’eau, sur les ponts.

Et puis on recommence à suivre une route fréquentée, mais mon GPS me propose un raccourci, c’est une piste non revêtue mais tout à fait bien carrossable, qui traverses de forêts et des clairières, vraiment jolie, avec vue sur de l’eau par intermittence.

Le village appelé Askainen a une jolie église où je trouve une petite porte ouverte.... C'est que c'est l'heure de la répétition de la chorale. Ils me voient bien car ils sont là haut à côté de l'orgue. Malheureusement je n'entendrai pas plus que les vocalises. La porte a été refermée derrière moi... Je suis arrivée juste au bon moment !


Suit une route goudronnée tranquille, mais le paysage devient plus plat, plus banal, des terrains agricoles parfois un peu puants, mais le pire est à venir, c’est de rejoindre une vraiment grande route, avec une bande latérale mais qui ne fait pas 1m, et beaucoup de voitures et camions qui roulent parfois très vite. Par contre, une bonne chose, depuis un bon moment j’ai le vent dans le dos !

Malheureusement vers la fin, a- t'il tourné, il me vient en face, et pour couronner le tout il se met à tomber une pluie fine. Enfin je quitte la route pour une piste en bordure de forêt, pas très agréable à cause de l'odeur de lisier qui persiste, pour arriver à une "zone naturelle de loisirs" où il devrait y avoir un abri.

Hélas , ce sont d’anciennes carrières de granit avec non des lacs mais des trous d'eau , je trouve cet environnement sinistre, notamment à côté de l’abri, table de pique-nique avec un toit. Je trouve un autre emplacement . La pluie fine ne me gênera pas pour monter la tente. Le bivouac de rêve ça ne peut pas être tous les jours !

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Soleil, froid, vent d’ouest

Je n’ai pas aimé l’endroit, mais ça ne m’a pas empêché de dormir, réveil, 7h30 ! Aujourd’hui le jour ne m’a pas réveillé. L’emplacement n’était pas très bien abrité, c'était peut-être un avantage car avec le vent la tente n’est pas humide.

Départ 9h32. Je rejoins la route en gravillons, puis une route goudronnée et le tracé de l’EV10. Le paysage ne varie pas beaucoup, des forêts de pins sylvestres et des zones agricoles souvent puantes. C’est légèrement vallonné, sans reliefs brutaux , il suffit de rouler tranquille et tout va bien... Seulement il y a le vent… Tout au début je ne le sens pas beaucoup mais il devient plus fort, je l’ai en face, cela ne m’empêche pas vraiment d’avancer ni ne me fait tomber, mais ça me freine et je n’avance pas vite, moins de 10km/h.

Je constate qu’ici aussi les roches sont couverts de lichen , et qu’ici aussi, même si c’est moins systématique, les boîtes aux lettres sont sous des petits toits.

À Kantali , petit arrêt à l'église, qui est fermé, mais le robinet d'eau du cimetière fonctionne !


C'est un tout petit village, je suis étonnée d'y trouver un café. Il se veut moderne avec des lumières bleues et une musique de variétés finlandaise à autre intensité qui m'amuse au début et finit par me saouler grandement.

À la sortie, soleil et chaleur. J'enlève la doudoune et les gants, mais me rends compte que c'était prématuré quand je suis exposé au vent froid.



Uusikaupunki... Un nom que je trouve fascinant., qui signifie tout bêtement "ville neuve" ( alors que c'est une des plus anciennes villes de Finlande). En suédois c'est plus bref, Nystad, connue pour un traité signé en 1721. L'EV10 y passe, mais je ne fais pas le crochet et continue direction nord ouest. Les bois de pins et parfois de bouleaux alternent avec les zones agricoles. Je préfère les premiers pour deux raisons. Mieux abrités et moins puants.

La localité suivante, Pyhäranta, est encore un village. On peut y prendre un café dans un fast food pizzeria. Une famille s'arrête pour manger des pizzas à trois heures de l'après-midi.

La route suit le littoral... que l'on ne voit que très très fugitivement. Le paysage reste forestier, avec beaucoup de maisons éparses. Est ce parce que la direction de la route a changé, plus vers l'est, et que le vent a tourné, ou que celui-ci a diminué, la fin du parcours est moins dure. Toujours des petits reliefs, mais ça apporte de la variété.

À l'approche de Rauma des maisons sont partout. J'ai vu qu'il y avait un abri quelque part dans la forêt. Et suis tentée d'aller y voir... Mais c'est toute une aventure. Le GPS m'aide beaucoup (carrément indispensable ici). Au début ça va, c'est une piste, fréquentée par des joggeurs. Mais la dernière partie du trajet c'est un étroit sentier dans une forêt dont le terrain est soit humide, soit rocheux. L'issue est incertaine...

La récompense sera au bout de l'effort : superbe site, une croupe rocheuse. Dormir dans l'abri ne me dit rien mais il y a un et un seul emplacement plat à proximité. Heureusement que ma tente peut tenir sans piquets...

Ce que j'aime dans ces contrées c'est que le tomber du jour dure très longtemps. À 17h30 on croit déjà que le soir tombe. Entre 20h30 et 22h le soleil rase l'horizon. Et à 23h30 il fait encore clair.

Petite promenade vespérale après la polenta dans l'abri. Un tas de pierres, il marque peut-être le sommet? Malheureusement on ne voit pas la mer, ni rien... Seulement la forêt autour.

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Réveil 5h30 avant le soleil, plus exactement avant que le soleil ne sorte de derrière le Mont Chauve. Surprise, la tente est mouillée par la rosée.

Départ 7h30 de l’emplacement, je n’aurait finalement pas trop de mal à sortir le vélo des bois, je prends quand même l’itinéraire un peu différent repéré hier, qui est mieux. Un joggeur passe juste au moment où j’arrive. Il fait grand soleil ce matin, et beaucoup moins froid qu’hier.

Si je n'ai pas pris la route la plus directe de Turku à Tampere, c'était principalement pour voir Naantali et Rauma, que voilà. Les villes finlandaises étaient toutes en bois. Mais les villes de bois ça brûle, et elles ont rarement été aussi préservées.

Oui quelle splendeur ce vaste centre ancien, et ces belles maisons de bois peint ! C'est difficile de prendre des photos à la lumière crue du matin, et on apprécie le calme. Pas un seul touriste.

Cette jeune femme prend des photos dans le parc à côté de l'église.. ce n'est même pas une touriste : elle m'adresse la parole, et me dit qu'elle habite ici, qu'elle s'y plaît et que son loyer n'est pas cher, 800 € pour une maison avec trois chambres. Elle étudie pour être enseignante. J'apprécie beaucoup qu'elle parle un anglais très hésitant, au moins je comprends.

L'église (nommée "de la Sainte Croix) aussi est intéressante. De l'extérieur assez semblable aux églises déjà vues. Mais par chance elle est ouverte. Plusieurs femmes semblent préparer quelque cérémonie, dont la pasteure qui me donne une petite brochure sur l'église. J'apprends qu'elle a été fondée au 14e siècle par des franciscains mais reconstruite au 15e après avoir brûlé. Et bien sûr est passée à L' Église réformée.

Elle contient de nombreuses peintures et sculptures anciennes. Un retable, une chaire peinte... mais le plus remarquable, ce sont les peintures de la voûte du chœur, qui sont d'époques mais bien entretenues. Il semble que ce soit fidèlement, c'est magnifique en tout cas.

Un gars qui est là, je ne sais trop à quel titre, m'apprend que les enfants des écoles doivent venir. Si j'ai bien compris c'est une tradition d'aller visiter les églises à la fin du semestre, qui se termine là précisément.




Je ne vais pas attendre, mais malgré tout, avant de repartir... Petit café ! Mais celui là est vraiment joli et la petite brioche que je prends, au léger goût de cannelle, est excellente.

Maintenant la route... pas trop de changement, surtout forêt, pins, bouleaux...

Ce qui est quand même incroyable c'est que sur cette bonne route asphaltée, personne, je suis seule avec les oiseaux, mésanges, pinsons, merles, coucou... Et autres non identifiés. Je m'approche de la localité de Lappi, mais un peu avant un panneau indique un site avec le logo de l'Unesco, intriguant. Alors faisons appel à Google Translator... C'est un site funéraire de l'âge du bronze, -1500 av JC, le plus ancien de Scandinavie, c'est pour ça que c'est classé au patrimoine de l'Unesco. Allons y puisque je passe devant. Une piste d'environ 1km mène à un parking. Il s'y trouve une table de pique nique, tout indiqué pour casser la croûte et faire sécher la tente. Au moment où je repars arrive un couple qui prend ma place. On discute un peu. Ce sont des Écossais (je ne les comprends pas toujours bien) qui visitent et font aussi du vélo,

Je m'engage sur le site sans avoir regardé beaucoup les explications (en finnois, suédois et anglais). Je pousse le vélo sur une croupe rocheuse Je croise un petit groupe dont une dame qui m'explique que les gens venaient ici brûler leurs morts et que chaque famille en offrande amenait une pierre. Elle raconte qu'elle est née près d'ici et que petite elle venait jouer ici, sans se douter que c'était un site préhistorique. C'est sûr qu'à part d'immenses tas de pierres on ne voit pas grand chose, et d'autant moins que sur place on ne bénéficie d'aucune explication, les points remarquables ne sont même pas signalés (j'aurais du trouver notamment des poêles à charbon et un cairn en forme de spirale)..

Je trouve tout aussi remarquable l'abondance des lichens

Après Lappi, la route est plus fréquentée mais je vais tourner dans les bois sur une route non goudronnée, grand calme !

un animal curieux 

Il y aura beaucoup plus de monde du côté du grand lac de Säkylä. Je vais quand même m'y arrêter, près d'une aire de camping-cars, tout au bord de l'eau. C'était une erreur car soudain un vent fort se lève, et puis les vagues viennent se heurter aux rochers de la rive.. et je reçois les embruns.

Un type vient me faire toute une histoire car je suis paraît il sur le terrain de freesby. Il repartira, de toute façon avec le vent...

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Toujours beau et de plus en plus chaud

Le soleil est éblouissant, le lac bleu foncé et l'air immobile.

La route continue au bord du lac en limite de forêt (chalets de loisirs), puis traverse une plaine agricole.

Elle rejoint un autre lac à Kanaanpää, hier j'avais hésité à aller jusque-là. Eh bien j'aurais du! Près de la plage les espaces herbeux étaient parfaits pour le bivouac et le coin plus tranquille, je n'aurais pas été embêtée par des joueurs de frisbee.

Inutile de détailler la suite, ça ne varie guère. Quelques champs, des fermes ou habitations éparses et beaucoup de forêts. Des routes tranquilles. Une ville sur le passage, Huittinen, supermarché, pique nique à côté du monument aux morts (39-45, la Finlande était neutre en 14-18).

Le clocher sonne le glas... À l'église on célèbre un enterrement. 



Quelques photos sur la route. Les colzas commencent juste leur floraison.

Deuxième ville de la journée Vammala, bien située au bord d'un lac, et dotée d'une grande église de brique datant du,19e siècle.


Une partie du cimetière est consacrée aux tombes militaires, et à plusieurs monuments commémoratifs.

Le cimetière et le monument aux morts, c'est pour la deuxième guerre mondiale. La première, la Finlande ne l'a pas faite. En 1918 une terrible guerre civile entre Rouges et Blancs a fait 39000 morts en quelques mois. L'inscription dit: "en mémoire de ceux qui sont morts pour leurs convictions".

Il y a un camping à Vammala, au bord du lac. Allons y voir. Déjà les abords sont en travaux, et je vois surtout des caravanes pas forcément occupées. à l'accueil je trouve une femme blonde l'air revêche et peu loquace (elle ne doit pas trop savoir l'anglais) m'annonce le prix de 25€, me montre les sanitaires et la cuisine. Et un emplacement très loin de là sur un malheureux carré d'herbe entre des caravanes, sans aucune vue sur le lac. Désolée madame, je vais plus loin...

Et plus loin ce sera bien mieux. Une église est signalée à quelques kilomètres de là. Elle se trouve un peu à l'écart non loin du lac. Aux abords des églises c'est rare qu'on ne trouve pas de place pour s'installer...C'est une grande église de pierre grise à l'allure sévère vue de l'extérieur (mais je ne verrai pas l'intérieur, elle est fermée). Le clocher de bois est construit à côté. Autour de l'église la seule possibilité est le cimetière, et près du clocher ce n'est pas plat. Mais plus près du lac il y a des possibilités.

Juste sous l'église c'est un peu trop en vue, mais plus bas il y a un parking de pêcheurs où l'herbe est tondue. Ils ne viendront pas ce soir. L'endroit n'est pas commode pour ce baigner, mais il y a de l'eau pour se laver. Et de beaux spectacles sur le lac. Les oiseaux volent et crient de partout, mouettes, sternes, canards, oies, cygnes sauvages, et j'en oublie.

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Le soleil brille derrière les arbres, et l'église cette fois n'est pas à contre-jour, mais n'est toujours pas ouverte. Au bord de la route la troupe de cygnes sauvages est toujours là. Ils chantent un chœur presque mélodieux, à deux notes, en pliant et relevant le cou.

Le ciel est bleu, la route est belle, surtout quand elle longe ou traverse des lacs

J'arrive ainsi facilement à un village nommé Karkku, où j'hésite entre deux routes, une véloroute (n°12) et une autre route un peu plus directe. C'est sur elle que je m'engage, route agréable, aux dénivelés très modérés, calme au milieu des champs d'oiseaux... mais voilà quelle rejoint une route qui elle circule beaucoup, ce n'était pas prévu... Je me suis trompée! Presque 3km à refaire dans l'autre sens!

Et au carrefour je me décide finalement pour la véloroute, non asphaltée, et surtout beaucoup moins facile, car là il y a du relief, et les côtes sont raides.

La forêt est là aussi fréquemment exploitée. On entre sur la commune de Nokia, un nom évocateur, et la on monte de plus en plus, on dépasse les 100m d'altitude ce qui ne m'est pas arrivé depuis longtemps, et l'horizon s'élargit en haut des côtes. Mais je me trouve un petit coin à l'abri entre des épicéas pour manger un morceau. Sur cette route me doublent ou me croisent bien plus de cyclistes qu'habituellement. Peut-être parce qu'on est dimanche et pas très loin d'une grande ville.

La première ville c'est Nokia, une ville industrielle, mais ce n'est pas là que sont ou étaient fabriqués les téléphones (c'était à Salo, où je suis passée il y a cinq ans).

à la sortie de la ville, la piste cyclable va suivre la grand-route qui mène à Tampere mais je la prends du mauvais côté. Je suis arrivée en bas d'une église, du coup je vais y jeter un coup d'oeil. Elle est fermée, elle est entourée d'un cimetière dont une partie militaire avec un grand monument aux morts. Le robinet d'eau ne fonctionne pas.

Je traverse pour être du bon côté. La voie va longer des routes, pas l'autoroute mais toujours avec de la circulation. Les cyclistes sont nombreux sur cette voie, et vont plus vite que moi.

à l'entrée de la ville ça devient un peu plus compliqué, heureusement que le GPS le guide sur les bonnes voies, ça ne serait pas évident, car il y a des routes dans tous les sens. J'arrive au port, de l'autre côté duquel on voit un parc d'attraction pour les gens qui ont le cœur bien accroché.

C'est dans les immeubles que l'on voit devant qu'habitent mes hôtes, Mirva qui parle français, et Antti qui ne le parle pas ce qui fait qu'on va parler anglais. On monte le vélo dans l'ascenseur pour le mettre sur le balcon, d'où la vue est magnifique sur le lac. Nous montons sur le toit de l'immeuble pour avoir une vue encore plus étendue. Le lac fait 60km de long, il est gelé en hiver. Un petit voilier ne bouge pas beaucoup en l'absence de vent.

Ils m'expliquent que ce quartier où ils habitent a été construit sur un emplacement gagné sur le lac. Le pont en-dessous était une voie circulation automobile, mais depuis qu'un tunnel a été creusé sous la ville il est dédié aux piétons et cyclistes, et l'endroit est incroyablement calme.

De l'autre côté la rivière Tammerjoki n'enfonce vers la ville.

Antti prépare un excellent repas, des crêpes fourrées aux légumes et aux champignons, et puis on fait une petite balade autour de l'immeuble, sur les bords du lacs les promenades sont fréquentées par ce beau temps. Ils me montrent l'endroit où ils se baignent, tous les jours, été comme hiver.

Le chemin déjà parcouru en Finlande est en rouge (320km de Turku à Tampere).

En vert, le tracé de la suite de l'itinéraire jusque Oulu.

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Le vélo reste sur le balcon, ce ne sera que de la marche à pied aujourd'hui.

Antti, après sa baignade matinale, a fait du porridge que l'on mange avec des myrtilles (mustikka), et chose curieuse du beurre de cacahuète, mais c'est très bon. Nous discutons un peu sur son travail et sur les Russes (c'est la pratique de l'eau froide qui m'avait fait penser au Russes). Avant le Covid les Finlandais allaient très facilement à Saint Pétersbourg, ce n'est pas loin et les formalités étaient sommaires, tout cela est fini. Beaucoup de Russes travaillent avec lui, ils sont venus en Finlande à cause de la guerre ou un peu avant sentant que ça aller se gâter.

Ma lessive mise dans la machine hier soir (j'avais à peu près tout mis à laver), je pars visiter la villeTampere, commençant par les bords de la rivière Tammerkoski, ce qui est un bon endroit car que la ville trouve son origine. Cette rivière joint en effet deux lacs dont l'altitude est différente, quelque chose comme 18m, ce qui provoque des rapides, et donc de l'énergie. C'est pourquoi on y a construit des usines textiles et développé une ville industrielle au 19ème siècle.

La rivière (Tammerjoki), les rapides domptés et les usines 

Ces usines évidemment ne fonctionnent plus, mais les cheminées et les bâtiments de brique sont toujours là, ils sont réutilisés, abritent des sociétés divers, des établissements commerciaux, des musées. C'est un très bel ensemble. Le quartier s'appelle Finlayson, du nom de son fondateur (1820), un écossais prénommé James. C'est une belle architecture industrielle

Où que l'on soit à Tampere on trouve toujours des espaces de verdure à proximité.

Une église de brique, des maisons de bois, le palais d'un riche industriel 

C'est la partie la plus pittoresque de la ville, Pour le reste ce sont des grandes avenues et des bâtiments modernes. On voit poindre le clocher de la cathédrale. Surprise en s'en approchant de plus près, ce n'est pas du tout un bâtiment ancien, elle a été construite dans les premières années du 20è siècle, dans un style pompeux très particulier que personnellement je trouve plutôt horrible. C'est une église catholique.

De là je vais me livrer à une occupation dont je me serais bien passée, pénètrer dans un grand centre commercial appelé Ratina à la recherche de cartouches de gaz. Ce genre d'endroit est épouvantable, mais je me trouve une petite cartouche, je devrais si besoin en retrouver d'autres plus tard dans un magasin de sport.

En repartant je vais retraverser la rivière, large à cet endroit, entourée de nombreux restaurants, et je me dirige vers le musée Lénine. Pourquoi Lénine? Tout simplement parce qu'il s'est à une époque réfugié ici, et c'est là qu'il a rencontré Staline pour la première fois. Mais c'est lundi, le musée comme prévu est fermé. Je n'en saurai pas plus. Je ne regrette toutefois pas d'y être allée voir car il est à l'intérieur d'un beau bâtiment, qui comprend également un théâtre.

Je m'achète une salade dans un supermarché et vais la manger sur un banc du jardin public, à côté de diverses écoles et lycées. L'endroit est donc bien fréquenté, par une jeunesse qui rivalise de tenues originales.

lycées 

Et puis je repars un peu plus vers l'ouest pour monter en haut d'une tour. Je me rendrai compte le soir que ce n'était pas celle que Antti et Mirva m'avaient conseillé d'aller voir, qui était un bâtiment moderne, un hôtel dans le centre ville. Cette tour là est ancienne, située au milieu d'un parc forestier, où poussent le sorbier des oiseleurs et le muguet. Mais l'élévation suffit pour avoir une jolie vue. La ville est un peu lointaine mais on domine le paysage de lacs et de forêts.

Dernière opération de la journée, qui se soldera par un échec, trouver un distributeur de billets. Près des banques il n'y en a pas. Je ne savais pas qu'ils s'appelaient "Otto" et étaient tous identiques, de couleur orange.

Cet après midi il commence à faire chaud et lourd, je me sens fatiguée et suis bien contente de prendre une douche en rentrant... Ce soir Antti fait encore un super dîner, un plat de légumes variés avec des boulettes ressemblant à des falafels.

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Ce matin en plus de la baignade Antti est parti courir 7km. Mais avant de partir il a préparé le petit déjeuner porridge avec un "smoothie" aux myrtilles. Vraiment trop gentil.

Mais je ne me suis pas levée très tôt et pars à 8h30 après les adieux avec mes hôtes. Ils étaient vraiment sympas et j'étais comme un coq en pâte chez eux. Il va falloir revenir à la vie sauvage pour une bonne semaine.

Je retraverse le quartier des usines et pars plein est à travers la ville. Assez vite je repère un panonceau orange "Otto". Enfin de l'argent liquide !


Je roule entre des immeubles à n'en plus finir mais ne m'en plains pas. La circulation n'est pas intempestive, et avec toutes les pistes cyclables pas de stress.

Changement de direction, vers le nord, l'environnement verdit. Le temps est nuageux mais la température est agréable pour rouler,. Il se met à tomber des petites gouttes , le ciel est encore clair, pas d'inquiétude.

C'est une véloroute que je suis. Numéro 66 mais les panneaux indiquent"Näsi". Elle longe de plus ou moins loin (car ses contours sont très découpés) le Näsijärvi le lac au nord de Tampere, au bord duquel j'ai dormi ces deux dernières nuits. Elle s'écarte peu de la route principale pour l'instant, mais la piste est bien séparée.

Au niveau ciel ça ne s'arrange pas, il est plus sombre et les gouttes plus grosses... Il va falloir mettre la cape et protéger la tente. On roule toujours en forêt, on ne voit pas le lac, mais de l'autre côté des plans d'eau qu'on qualifierait plutôt d'étangs.

Après avoir parcouru 30km pile, tiens, "kahvila", un café au bord de la route, village de Kämiennemi. Ça tombe bien. Et à la sortie, plus de pluie. Par contre la route devient moins agréable, plus de piste, juste une bande étroite, et quand même de la circulation. Aussi quand il y a possibilité de la quitter en se rallongeant un peu, par la véloroute d'ailleurs, je n'hésite pas.

J'ai bien fait, l'itinéraire est plus heurté mais plus intéressant, d'abord le lac se montre par moments, enfin des bras du lac, le centre est rarement visible. Et puis le paysage est plus ouvert, vallonné (tant pis pour les côtes), prés forêts et champs alternent , tapis jaunes de pissenlits dans les prés, bois de bouleaux.


Mais il va falloir rejoindre la grand route, où les voitures roulent trop vite. Et les camions, c'est les gros gabarits.Heureusement à Ruhala je change de direction , après un café dans une station service et surtout approvisionnement en eau, pas facile dans ces coins peu peuplés et même sans églises.

La route vers Vilppula part toute droite et plein est, c'est bien j'aurai le soleil dans le dos. Et le vent aussi on dirait.


J'arrive aux abords de Väärinmaja, où j'avais prévu de m'arrêter. Une aire de pique nique à côté d'un monument aurait pu faire l'affaire, si elle n'avait été aussi proche de la route. Ce monument commémore les affrontements entre Rouges et Blancs qui ont fait de nombreuses victimes en 1918.

Sur la carte j'ai repéré un lac pas très loin de la route et dont on peut s'approcher. À l'entrée d'un chemin qui descend vers l'eau un panneau indique selon toute probabilité "propriété privée" mais ça tombe bien je ne comprends pas le finnois. Car au bout du chemin se trouve une petite maison avec un terrain assez exigu autour. Mais la pointe qui s'avance vers l'eau, c'est trop tentant. Les propriétaires doivent être quelque part en ville...


Je fais ma toilette au bord du lac (pas facile d'y entrer), me fais à manger (boîte de haricots). Et j'entends un moteur... Ce sont les propriétaires ! Un couple. Ils m'apprennent ( en anglais) que le panneau indique propriété privée. Je fais profil bas... Mais ils sont très gentils, ne font pas d'histoires!

Les passereaux aquatiques que je n'ai jamais réussi à voir, rousserolle, cisticole, que sais je?, gazouillent dans les roseaux et avant le coucher du soleil j'entends un oiseau à la voix magnifique. Le soir tombe.

21

Sur le matin je sens l'humidité et le froid. Je me couvre et jette un coup d'œil dehors. La brume plane au-dessus de l'eau.

Je me réveille pour de bon vers 6h. Ma cartouche de gaz est en fin de course, il fait froid et il y a du vent, l'eau met une éternité à bouillir, c'est agaçant.

J'aurais mieux fait de ne pas déjeuner, car les propriétaires du chalet m'invitent à prendre le petit déjeuner avec eux, ça ne se refuse pas. Je prends juste le café, un peu de temps porridge et une petite brioche. Ils n'habitent pas loin d'ici, dans une ferme. Ils sont en travaux notamment dans leur cuisine, c'est pour cela qu'ils viennent prendre leurs repas ici, dans leur chalet de loisirs. Ils y laissent aussi leur petit chien qui ne supporte pas le bruit des travaux.

C'étaient ses parents à lui qui avaient une petite exploitation agricole ici (29ha). Il n'a pas repris évidemment, a travaillé dans diverses villes (à vendre du matériel agricole), elle travaillait à l'hôpital de Tampere. Il s'appelle Antti et elle Terttu. Je demande leurs coordonnées mais oublie de prendre la photo souvenir.

Départ 8h30. Beau temps agréable encore. Pas trop de relief, pas circulation sur la route, mais beaucoup de grumiers, il y a une usine à Vilppula m'a dit Antti. Pas d'arrêt à Vilppula, je préfère avancer jusque Keuruu. Je manque un très beau musée d'art finlandais, SERLACCHIUS MUSEOT? dont ils m'ont parlé, à quelques kilomètres de là. Il n'ouvre qu'à 11h, ça me prendrait la journée et il faut pédaler avec ce beau temps. Forêts toujours, et lac près de Kolho, où je ne m'arrête pas.

Les grumiers passent, la forêt est exploitée.

à la sortie de Kolho, un panneau m'a fortement intriguée... et inquiétée. Il indique... à 8km, une côte (ou une descente?) à 12%. Je n'arrive pas à y croire car les reliefs ne sont pas considérables, mais si... c'est quelques kilomètres avant Keuruu. On dirait un mur, mais ouf, juste à ce moment commence une piste cyclable qui sera parallèlle à la grand route jusque Keuruu. Je n'ai pas de photo, Il fallait que je prenne un peu d'élan, et, chose surprenante, cette côte je la monte jusqu'en haut! Il faut quand même dire que j'ai le vent dans le dos.

En arrivant à Keuruu je passe devant un établissement industriel, une voie ferrée, et un lac.

Je n'avais plus rien, je me déchaîne au supermarché, mes achats sont dans un sac en plastique et impossibles à ranger, je me dirige vers l'espace vert le plus proche, c'est à côté d'une église de brique.

Elle n'est pas hideuse, mais de l'autre côté de la route, à deux pas de là, il y avait une autre église, la vieille (vanha kirkko). Une des plus belles églises en bois de Finlande! Elle est fermée, hélas.

Il fait très chaud maintenant, je route en short et manches courtes! Pour aller voir une autre église de ce type, je dois aller à Petäjavesi, qui est à l'est, sur une route importante. Mon GPS me propose des voies secondaires pour éviter cette route. Comme j'ai mis l'option "vélo de route" et pas "vélo tout terrain" je suis confiante...

Première piste: assez large et à peu près directe, mais très gravillonnée et avec beaucoup de relief. Ouf, la suivante, de l'autre côté de la route, n'est pas gravillonnée, mais bien... jusqu'au premier croisement où je tombe sur... une piste DE SABLE! Et ça c'est vraiment l'horreur. Au début j'arrive à rouler un peu, et puis je manque tomber, et puis ça monte... il faut pousser. Changement de direction, toujours du sable, mais je un peu mieux, ça roule à peu près jusqu'à ce que je retrouve la grand-route.

Là, je ne me pose plus de questions, je continue sur la route mais n'en mène pas large. En fait ce n'est pas si terriblement dangereux, je suis bien visible et la route est large, mais ça roule très très vite (on dirait que la vitesse sur route n'est pas limitée en Finlande), c'est vraiment stressant. Comme en France, il y en a qui ne s'écartent pas beaucoup pour doubler.

Heureusement, le vent m'est favorable encore. A l'entrée de Petäjavesi, un chemin me mène à la vieille église, qui en effet est aussi une merveille. Pas de panneaux explicatifs, pas d'heures d'ouverture affichées. L'avantage c'est qu'il n'y a personne et que je peux admirer à loisir. Je peux même me hisser sur des murets en m'accrochant à des planches pour voir à l'intérieur, mais quand la planche commence à craquer je n'insiste pas, je ne vais quand même pas détruire un monument de cette valeur. Il ne me reste qu'à lever les bras pour prendre des photos.

Petite précision: il y a seulement un problème  de prise de vue. L'église ne penche pas!

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Dans ce village s'élève une église plus récente, mais ici elle est en bois également. Avec un clocher séparé. Je m'approvisionne en eau et je continue. Je suis encore obligée de prendre cette grand-route, avec cette heure moins de monde et pas de poids-lourds, mais ça roule encore plus vite.

Je repars vers le nord, traversant un village nommé Kintaus, sur la route numérotée 6250 où je voudrais bien trouver un lieu de bivouac. C'est une route non revêtue, montant et descendant dans un environnement pas beau du tout, des forêts sinistres, et, ce qui n'est pas courant dans ce pays, toutes clôturées, on se croirait en Sologne.

Un chemin descend vers un lac, des chalets de loisirs sont éparpillés tout autour, et en dehors de ces chalets je ne vois pas d'emplacement praticable, à part un rocher au bord de l'eau, à peu près plat. En montant la tente je pense aux alpinistes qui s'installent sur des rocs exigus. Mais ça marche.

Heureusement que la nuit ne tombe pas vite, je me fais des pâtes avec des courgettes et ça prend un temps fou avec ma cartouche qui ne veut pas se vider.

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À vrai dire la météo l'avait prévu : pluie le matin. J'espérais qu'elle viendrait seulement après le démontage, mais elle commence dès 5h du matin.

Cela va me permettre de voir ce que ça donne, ces routes non asphaltées, quand elles sont mouillées. Au début j'ai peur ça a l'air glissant... Mais finalement ça roule normalement. De toute façon le goudron revient assez vite.

Entre temps l'environnement s'est un peu ouvert, des clairières vertes, des habitations apparaissent. Il y aurait eu d'autres possibilités de bivouac. Cette route bien que goudronnée est très calme ! Elle mène à Uurainen où au supermarché tout le village se retrouve. La moyenne d'âge est plutôt élevée. Ça sent la campagne profonde. Prochaine étape Saarijärvi. Un peu plus de voitures et quelques grumiers. On longe des lacs de plus ou moins près. Il ne pleut plus.


La petite baraque rouge est un arrêt de bus. Joli et avec un petit banc à l'intérieur. Malheureusement on n'en a pas partout. Les rivières ne sont jamais longues, juste le temps de passer d'un lac à l'autre.

Avant d'arriver à Saarijärvi on rejoint la route importante venant de Jyväskylä, la grande ville locale. Heureusement la piste cyclable commence dès la jonction. Jusqu'à la ville ce ne sont que des bâtiments industriels ou commerciaux.

À l'entrée de la ville je repère tout de suite l'église, imposante, clocher séparé, et entourée d'un grand cimetière. Un bon endroit pour casser la croûte et sécher la tente.

Dans la ville je passe deux bonnes heures dans un café, ce qui me permettra de recharger le téléphone et l'ordinateur. Et de mettre à jour les photos et le blog. A la sortie, la route longe encore des lacs, et même de près, ce qui n'est pas habituel.


Et les jours sont longs pas d'inquiétude pour parcourir les 32km jusqu'à la prochaine localité, Kannonkoski


Courses rapides et recherche d'un bivouac. Ce soir j'ai envie d'être en forêt. Après avoir roulé un peu sur la route je m'engage sur un chemin forestier mais je roule longuement sans rien trouver, le sol est trop inégal. Le chemin repart en direction du village, mais enfin voilà un petit coin plat, il était temps!

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Une journée avec le beau temps, mais pas chaud. Le vent est froid et souvent en face, heureusement l'itinéraire est moins direct alors la direction varie. Et puis la forêt protège.

Toute la matinée je traverse les bois dans une agréable solitude, presque pas de cabanes. La seule chose qui m'inquiète c'est que je n'ai plus d'eau, j'évalue même l'éventualité d'en prendre dans un ruisseau.

Et puis voilà une maison, et sur le mur de la maison... Un robinet. Qui marche. Il n'y a personne alors je me sers. Appelez ça comme vous voulez mais moi je dirais que la providence a encore fait son œuvre.

La route goudronnée est une exception. Le chemin, pas en vélo !

Après ma piste qui zigzague je dois affronter le vent sur une route en principe importante (3-4 voitures..) puis tourner à angle droit, mais c'est aussi goudronné . Et puis de toute façon pas possible de s'arrêter pour casser la croûte, il pleut. Et là aucune possibilité d'abri. Ça ne dure pas, à une éclaircie je m'installe près d'une coupe au soleil. Il ne fait pas froid, mais ce n'est pas un endroit où rester des heures.

Continuons. Je renonce à me rallonger pour un café à Pihtipudas, hélas en repartant nord ouest, même dans la forêt, il faut lutter contre le vent, et il est glaçant. Je voudrais tant trouver un abri. Ici il y a des petites baraques un peu partout mais dans des propriétés. Elles sont ou bien fermées ou bien pleines de cochonneries et à moitié effondrées. Je constate que beaucoup de Finlandais ne sont pas particulièrement soigneux avec leur environnement . Autour des maisons sont laissés toutes sortes de matériels, des carcasses de voiture, des cabanes écroulées.

Et puis le vent se renforce, le ciel devient noir... Cette fois c'est une belle averse, pas une petite pluie ! Déjà mouillée je me précipite vers un groupe de maisons dont une avec un auvent. En dessous c'est encombré et effondré, j'arrive à peine à y monter mais j'aurai quand même évité une partie de l'averse. Et après, le soleil revient ! Des bois, et des coups d'œil sur les lacs

Et puis presque d'un coup, avant Reisjärvi, le paysage s'ouvre et fait place à l'agriculture. C'est beau quand la couleur verte est renforcée par le soleil, moins quand les champs viennent d'être retournés.

En tout cas ça ne fait pas du tout mon affaire, car les seuls endroits où les terrains seraient praticables, c'est autour des maisons. J'ai déjà dépassé les 100km, et toujours rien. Alors je me lance, voyant un monsieur sur un tracteur, en train de tondre sa vaste pelouse, je me dirige vers lui. Il est quelque peu surpris, mais me propose le meilleur coin de son terrain, me fait faire connaissance avec son gros chien blanc, et me donne un jerrican d'eau.

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Beau temps mais pas chaud


Au moment où j'ai tout rangé Timo (c'est le propriétaire de la maison) vient me voir et faire une photo souvenir. Il est seul, sa femme et ses enfants sont partis à une compétition de natation.

Direction Haapajärvi par une route non goudronnée toute droite le long de champs labourés et fermes disséminées, sans harmonie. Décidément je n'aime pas ce coin. Heureusement qu'il y a les oiseaux, notamment des vanneaux que chez nous on ne voit qu'en hiver. Deux rapaces non identifiés font un beau vol groupé. Plus loin on retrouve des bois et des lacs.


Et notamment à Haapajärvi. Forcément, puisque järvi veut dire lac.

Je resterai un bon moment dans ce village à cause de son café agréable et clair. Mais j'aurai aussi été voir l'église, qui est ouverte. Pas pour les visites mais pour un enterrement alors je reste à l'entrée. Je vois arriver une famille avec des enfants tous de noir vêtus.


Cet étrange personnage est un tronc, avec la fente au milieu de la poitrine. Pour les pauvres.

Je me retrouve dans une zone agricole où trouver un endroit pour casser la croûte est un casse tête. Dans ce pays les chemins n'ont même pas de bas-côtés, comme d'habitude les seuls endroits possible c'est autour des maisons. Je trouve un petit coin près d'une maison inhabitée. En repartant je remarque cette autre église, isolée au bord de la route. Les croix sont caractéristiques du culte orthodoxe .


Il me reste quand même plus de 50km pour aller à Haapavesi où j'ai décidé de faire étape. J'ai trop trainé. Le vent me gène parfois et trop de lignes droites, j'en ai un peu marre.

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Haapavesi est situé au bord d'un lac tout en longueur. Pour rejoindre le village il faut passer sur un pont au milieu duquel se trouve une petite île et c'est sur cette île qu'est situé le camping. Caravanes, cabanes, inoccupées. Un espace est réservé aux tentes, c'est 17 euros.

Je m'installe au bord de l'eau malgré le risque d'humidité. Je craignais le vent mais il a du se calmer un peu. J'utilise la douche et la cuisine qui est minuscule, on ne peut pas s'asseoir. Ce soir pâtes et brocolis. Sur leurs plaques électriques il faut être patient pour la cuisson.

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Pluie une bonne partie de la journée.

J'avais osé espérer qu'il ne se mette tout de suite à pleuvoir pour partir avec une tente sèche, c'est raté, déjà à 5h du matin des gouttes tombent. Par contre il ne pleut pas au moment où je démonte la tente, c'est déjà ça. Pour le petit déjeuner je me trouve une table et une chaise de bistrot à côté et les installe dans la cuisinette où je prends un petit déjeuner copieux. J'ai déjà froid et je me mets en branle, pas très convaincue à la pensée de me coltiner la pluie toute la journée. Mais je n'ai pas le choix.

Je n'entre même pas dans le village de Haapavesi, prenant une petite route latérale qui monte, tant mieux ça me réchauffe. Et puis je sens bien que j'ai le vent dans le dos, ça roule. Essaierais je de pousser jusqu'à Oulu aujourd'hui? Dormir sous la tente, que je n'aurais pas pu faire sécher, n'est pas une perspective réjouissante.

Alors roulons, La pluie ne tombe pas si fort que ça, et même s'arrête. La route est goudronnée, juste un peu bosselée et fissurée, et incroyablement déserte, 3 voitures croisées en 30km. Elle traverse des boisements divers et variés, parsemés de petites cabanes, je me sens au cœur de l'immense taîga. Et j'espère qu'il ne pleuvra plus, que la météo s'est trompée.

Évidemment ce n'est pas toujours idyllique, les coupes rases ne sont pas très esthétiques, le sol est jonché de rochers et de souches, plus des tiges inexploitées, on se demande comment on peut circuler là dedans. Pas facile à replanter et impossible à entretenir, j'ai vu une fois un planteur à l’œuvre avec une canne à planter. Et pourtant ça pousse, et droit.


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Ces deux géants de pierre qui font au moins 5m de haut sont impressionnants 

Eh non la météo ne s'est pas trompée, la pluie reprend, et cette fois ce n'est plus "petite pluie" mais "pluie moyenne". J'arrive dans un secteur un peu plus habité. ça tombe bien, je vais trouver un abri pour manger, dans un appentis où les stères de bouleau s'entassent. Une jolie église au passage, c'est fini pour les photos, il pleut trop.

Je trace ma route. Je rejoins à Temmes la route Jyvaskylä - Oulu, où ça circule beaucoup, heureusement il y a une alternative cycliste, voie parallèle ou petites routes qui s'en écartent légèrement. Il s'empêche que ce n'est pas un parcours enthousiasmant et je n'ai plus que deux idées: 1°) Avancer, pour arriver à Oulu, 50km dans l'après-midi, c'est jouable. 2°) Trouver un asile où me reposer un peu, et boire quelque chose de chaud, car je suis frigorifiée et commence à avoir mal partout, poignets ankylosés, mal au fesses... Mais RIEN. Ce n'est qu'à 12km de Oulu que je pourrai enfin me réconforter, dans une station-service. Je prends un thé, me réchauffe, ça fait du bien, en sortant je me sens capable de repartir pour une cinquantaine de km. Enfin, peut-être.

L'approche de la ville n'est pas désagréable, la circulation cycliste est toujours bien aménagée, sauf à un endroit où il y a des travaux. Les petits panneaux bleus indiquent toutes les directions et les véloroutes sont signalées.


 Une vue sur la mer, qui ne ressemble pas à la mer mais c'est bien elle.

Oulu n'a rien d'une ville ancienne, avenues rectilignes et immeubles modernes. Mon hébergement est une chambre d'hôte dans un immeuble. Le propriétaire est un asiatique moyennement sympathique, sans doute Indien. Je dois laisser le vélo dehors. Le logement est moyennement bien tenu, le linge moyennement fiable, mais il y a tout ce qu'il faut, notamment pour sécher les affaires, et la cuisine est agréable. Je me fais de la polenta et le reste de brocolis.

Une jeune Néerlandaise occupe la chambre voisine, elle n'a pas trop l'air d'avoir envie de parler.

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Beau temps, vent froid OSO


Le matin je rencontre un troisième locataire en finissant mon petit déjeuner (flocons d'avoine, je n'ai plus de pain). C'est un Finlandais mais il habite en Norvège, à... Tromsø. La conversation commence en norvégien mais passe vite à l'anglais. Il m'offre un café.

Rangements et relation de la journée de la veille à terminer, je sors de l'appartement en fin de matinée seulement, mais là il est grand temps, c'est l'effet de serre, le soleil cogne et la chaleur devient insupportable.

Je retrouve mon vélo et tous ses accessoires. À la sortie de l'immeuble il fait chaud.. Mais dès que je passe de l'autre côté, un vent glacial m'assaille. J'aurai d'Oulu le souvenir d'une ville ensoleillée et ventée.


Oui c'était bien mon impression première, rues au carré et immeubles récents. Contrairement à ce que laisse penser la photo, la ville est assez animée, les habitants vaquent à leurs affaires. Je les trouve habillés bien légèrement par ce froid,manches courtes, shorts. Les cyclistes sont nombreux, plus que dans les autres villes où je suis passée. Malgré tout on rencontre quelques maisons de bois


Une halle ancienne en brique, gardée par un drôle de policier. 




Le marché est à l'extérieur. Le bâtiment moderne derrière est le théâtre et la bibliothèque.

Et on arrive au bord de l'eau, pas de vue sur le large à cause des nombreuses îles qui sont devant.

J'emprunte une passerelle vers l'île nommée Pikisaari. Le long d'une rue droite s'alignent des maisons de bois dont la plus vieille de la ville, un musée en été.


Reste à voir la cathédrale, 19e, d'un style classique clair et solennel.

Très bien fléché, le parcours cycliste pour sortir de la ville, direction Haukipudas. Et très agréable, protégé du vent avec le soleil qui me chauffe le dos, à travers dès banlieues vertes proprettes.

À Haukipudas je trouve un bon endroit abrité devant l'église, pour déjeuner et même faire la sieste .


Je suis toujours l'eurovelo 10, mais elle n'est pas fléchée sous ce nom. C'est le parcours n°1 mais de toute façon maintenant il n'y a plus d'indications et c'est beaucoup moins intéressant car il faut suivre la grand route.

C'est là qu'en face je vois arriver un vélo chargé, avec des sacoches Ortlieb : ma première rencontre avec un voyageur ! Je coupe la route pour lui parler. Un Norvégien qui s'appelle Lev (sous réserves), il suit la côte jusque Goteborg et Oslo, vient des Lofoten. Même pas 5 minutes après, je n'en crois pas mes yeux, un autre ! Pas jeune non plus barbe blanche. N'a pas l'air décidé à s'arrêter.

Le prochain village s'appelle... Li. Rien que ces deux lettres. Une grande place vide, une station service, deux supermarchés, une pizzeria, rien de sympa. Alors je vais chercher plus loin et c'est la surprise. Au bord d'une large et belle rivière l'eau coule en rapides. Cette rivière a regorgé de saumons jadis, en témoigne une statue représentant des pêcheurs à la pique, et un musée fermé mais qui arbore une photo évocatrice.

ça ne faisait pas bon d'être saumon 

Ce musée et les maisons autour forme un ensemble ancien tout à fait charmant, l'église est de style plus moderne, mais originale.

La forêt dont m'avait parlé le Norvégien la voilà enfin. Ce n'est pas la plus belle, la piste tournicote... Mais c'est mieux que la route ! Il commence à faire un peu froid, je mets le blouson.

Je rejoins la route, il y a encore une piste forestière pour l'éviter, et je me dis que je vais peut-être trouver là un bivouac? Hé bien ça ne risque pas ! Je suis tombée dans un parc éolien. Les éoliennes sont énormes et font un bruit d'avion.

Et puis je me retrouve sur la route, un camping est indiqué, de l'autre côté de la route et au bord de la ;mer. Très beau mais.... Il souffle un vent épouvantable. Un autre cycliste campeur se terre dans une tente. Moi je m'en sens bien incapable.

Alors je choisis l'abri barbecue, qui ici est bien protégé. Je peux monter ma tente sans piquets. Mais avec bien du mal, ça glisse, et c'est le drame... L'anneau qui joint les arceaux latéraux et la faîtière se casse!! Impossible de monter la tente normalement. Voilà ce que ça donne.

On peut quand même dormir comme ça, mais j'aurais mieux fait de ne pas monter la tente.


Paysage magnifique. Vue sur le large pour la première fois.

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Beau temps le matin, se voile l’après-midi

Je dors bien et me réveille confiante, espérant pouvoir malgré tout réussir à monter la tente, dans la terre avec les piquets, j’ai déjà eu ce problème. Pour l'instant, je démonte.

Et c’est là que le pire arrive… l’espace est étroit, je trébuche, tombe… et voilà un arceau cassé en deux, et ça c’est beaucoup plus grave, la tente devient inutilisable. Vais-je être obligée d’écourter mon voyage ? D’acheter une tente ? Pour l’instant, n’y pensons pas trop, allons jeter un coup d’œil à la mer bleue, et prenons la route.

Je n’ai pas à reprendre la nationale, il suffit de suivre des pistes forestières, en essayant de ne pas se tromper, ce qui arrivera quand même à deux reprises.

Voilà le type d'engins qui se balade sur les routes 

Le prochain village c’est Simo, j’y aurais bien fait une pause, mais à son approche des travaux titanesques barrent la route, je ne vois aucune possibilité d’y entrer… alors continuons. L’environnement devient plus campagnard et assez riant, avec des prés et les jolies maisons rouges.

Mais hélas que de dépotoirs encore!

Un panneau indique un « puisto » (parc), je ne comprends pas trop de quoi, mais cela mène au bord de la mer, qu’il faudrait quand même voir un peu de temps en temps…

J’ai bien fait. L’endroit est un lieu de villégiature tout à fait désert actuellement, mais avec une belle vue sur une baie, et un « kahvila » évidemment fermé mais dont un côté est parfaitement à l’abri du vent et au soleil, il y fait très bon. Je serai un peu dérangée par un groupe de dames qui s'installe sur l’autre terrasse, surtout par leur chien qui n’arrête pas d’aboyer, mais elles ne restent pas longtemps.

Je repars par un chemin barré mais seulement parce que les riverains ne veulent pas être dérangés, c’est un raccourci non négligeable. Je vais rejoindre la grand-route, la traverser puis la longer par le nord. C’est une piste cyclable, elle va me mener jusque Kemi. Entre temps je fais une pause café dans une station service cafeteria, très calme.

Kemi est une ville étrange, aux avenues très larges mais désertes, quelques maisons de bois et une cathédrale rose. Le bord de mer est plus intéressant, dans les ports flottent des barques, des voiliers et même un trois-mâts . Sur la promenade circulent quelques badauds et sur la plage un baigneur entre dans l'eau.

À la sortie l’autre aspect de la ville est l’industrie, une grosse usine fume et sent le chou, ce pourrait être une papeterie. Je roule à travers cette zone industrielle, sur des pistes cyclables longeant les routes, et pourtant je suis tout près de l’île où j’ai repéré un abri qui vu sa situation devrait être dans le bon sens, "dos au vent".

L'ïle n'est pas vraiment une zone naturelle, elle est mitée de pavillons. Mais l’abri, que je trouve facilement, est bien abrité et propre. Aux alentours traînent quelques saletés post-pique-nique, je ramasse tout ça et le balance dans la grosse buse qui sert de barbecue. La rivière coule juste en face, fréquentée par les mouettes.

Pas besoin d’entrer dans le duvet pour dîner (une espèce de soupe de pois très épaisse en conserve). Par contre vers la fin je sens un peu le vent alors je décale mon installation à l’autre bout de l’abri et tout va bien.

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gris et vent froid. Pluies.

[Les 42km c'est le trajet parcouru en vélo. de Tervola j'ai pris le train pour Rovaniemi]

J'ai à peu près aussi bien dormi que dans la tente. Sur le matin j'entends avec délices la pluie qui tombe, me disant que je n'aurai rien de mouillé et à faire sécher ce jour qui vient. Une petite surprise quand même: un T-shirt trempé... Il y avait une petite fuite dans le toit, je ne me suis aperçue de rien. Il n'y a pas plus que dégâts que ça, ouf!

Départ vers 8h30. Je constate, en finissant de traverser le fleuve depuis mon île, que j'étais à deux pas d'une grosse centrale hydraulique.

[Quelques jours plus tard j'apprends que la construction de cette centrale en 1948 a purement et simplement mis fin à la migration des saumons, dont la pêche était une ressource majeure de la population locale]

Et puis j'oblique vers le nord. La route est doublée par une piste cyclable. Elle suit le fleuve mais pas de tout près. Au début ça circule un peu, après plus personne.

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Une église en bois jaune sur le côté gauche de la route, ça tombe bien, je n'ai plus d'eau. En fait il n'y a pas de cimetière, donc pas d'eau, mais deux visiteuses passant par ici en voiture m'en donnent de leurs provisions. L'église, qui date de l'époque où la Finlande était un grand duché dépendant de l'empire russe porte une inscription à la mémoire du tsar Alexandre 1er, décédé en 1825, donc peu avant sa construction.

Le fleuve, le Kemijoki ce qui veut dire rivière/fleuve de Kemi, est très large. Il n'est pas visible en permanence. Des petits cabanons s'éparpillent entre la route et la rive, de l'autre côté ce sont de nombreuses habitations mais elles ont l'air toutes vides, ce sont peut-être des logements d'été..


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Jusqu'ici il faisait seulement gris et froid avec ce vent. Mais voilà des gouttes, et puis l'averse. J'aperçois des serres et un hangar. Je m'y rue. Au premier abri je m'arrête, c'est l'entrée d'une serre pleine de pélargoniums et autres fleurs magnifiques. La dame m'accueille gentiment, elle m'explique qu'ils n'ont que deux mois pour cultiver. Son mari, est beaucoup moins aimable, ils ont du travail et pas le temps de bavarder...

La pluie s'arrête je prends congé, direction Tervola. Les habitations se raréfient, les alentours sont plus naturels, le fleuve encore plus large.

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D'autres fleurs attirent mon attention sur le bas côté, je n'en reviens pas, ce sont des trolles, des fleurs de montagne chez nous!

Pour arriver à Tervola il faut traverser la Kemijoki sur un long pont... Qui est en travaux, et il n'y a pas la place pour une voiture et un vélo à la fois, la traversée est donc un peu pénible. Belle vue malgré tout.

Et puis après avoir passé la rivière je cherche où est la gare... Pas du tout de ce côté, il me faut retraverser le pont et revenir par où je suis passée! Peu avant Tervola un panneau indiquait "asema" ce qui vent dire gare. Mais j'avais remarqué que des lieux qui n'étaient pas une gare de train avaient parfois ce nom, je n'ai pas fait attention. Je n'ose pas aller voir le village de peur de rater le train, mais la gare est paumée en pleine campagne, ce n'est qu'un abri en plein vent, le train passe plus tard que je ne pensais... bref au lieu du petit café douillet que j'escomptais ce sera une heure d'attente dans le froid!

Le train est à l'heure, prend les vélos mais il me faut payer 4 euros de plus. J'ai un peu honte de ne pas être allée jusqu'au bout en vélo, en même temps c'était l'occasion de faire connaissance avec les trains finlandais. Dans mon wagon se trouvent les aménagements pour les enfants, carrément une aire de jeux, avec même un toboggan.

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La gare de Rovaniemi paraît être en périphérie de la ville, mais je réalise que c'est toute la ville qui a l'air d'une périphérie. C'etait un peu une ville de pionniers à sa fondation, pendant la guerre elle a été entièrement détruite et reconstruite.

L'hostel est très usine, fonctionnel et froid. Mais au niveau confort et propreté, rien à dire. L'hotesse me fait payer 5 euros de plus pour utiliser le garage à vélos que j'ai bien du mal à trouver. C'est aussi un atelier de réparation, et je vais trouver là un jeune très serviable qui va me scier proprement mon arceau cassé, malheureusement cela ne sert à rien, je ne peux pas l'emboîter avec le reste.

Un autre lit du dortoir est occupé, à côté est posé un sac de marque quechua, tiens tiens. Bien vu, c'est une Française, Canelle, fort sympathique, qui va m'initier aux joies du sauna, je n'aurais jamais osé y aller toute seule. Ce n'est pas compliqué, il faut s'asseoir sur des bancs en bois, jeter de l'eau sur des pierres chaudes (chauffées à l'électricité dans les saunas modernes...), ce qui provoque une vapeur brûlante. On s'habitue et on sue. J'essaie de prendre une douche froide après, non ça va pas tout seul, alors se rouler dans la neige, ou plonger dans un trou dans la glace après, là je ne m'y vois pas du tout. Mais on se sent bien après, c'est un fait...

Pour mes problèmes de tente les magasins n'ouvrent pas avant la fin de matinée. Alors je me contente de faire les courses et me déchaîne dans les achats comme toujours quand je peux me faire à manger. D'autant plus excessivement que Canelle m'invite à partager son repas, des pommes de terre sautées, un délice auquel je n'avais pas goûté depuis longtemps.

Elle a arrêté son travail pour voyager, est partie plusieurs mois avec son sac à dos et voyage en transports en commun. Elle était en woofing à proximité dans un élevage de chiens, a arrêté prématurément car ça ne s'était pas trop bien passé, elle a passé dix jours dans cet hostel et repart demain plus au nord, à Ivalo. Elle me raconte qu'il a fait ici jusque 24°.

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Soleil jeudi, 5° le matin, pluie le soir

La pause est indispensable pour résoudre les problèmes d'intendance: à Rovaniemi , dans le même centre commercial, on trouve deux magasins de matériel de camping, intersport et un autre. Comme cela ne m'étonne guère, aucun des deux n'a de moyen de réparer la tente, la seule solution c'est donc d'en acheter une. Je me décide pour une tente à 200 euros, basique et un peu lourde, tout en étant plus petite que la mienne. Et je renvoie l'autre en France. Ce qui ne se fait pas dans un bureau de poste mais dans une de ces petites boutiques où ils vendent de tout et proposent de nombreux services, plus ou moins l'équivalent d'un bureau de tabac en France, R-Kioski. Cela ne me coûte que 30 euros carton emballage compris. Je renvoie également la gourde de Canelle, 20 euros. C'est elle qui l'a voulu mais cela doit être plus que le prix de la gourde!

à part ça je ne fais pas grand chose de ma journée. Je n'ai pas trouvé de centre un peu ancien à Rovaniemi je n'ai vu que des rues commerçantes, des centres commerciaux géants, des grandes avenues, et un pont sous lequel passent l'autoroute au milieu de la ville.

Le centre ville, c'est peut-être cette tour qui marque la date et la température. 5° ce matin, ça montera quand même à 8°.


J'ai quand même trouvé au bord d'une avenue une maison ancienne, anachronique ici!!

Après la sieste je décide un peu tard de me refaire un sauna, en principe le créneau 17-18h est réservé aux femmes, à 17h45 j'y trouve un gars (un Argentin du nom de Nahuel), ce qui ne me dérange pas, vu qu'on va au sauna en maillot de bain. On discute, on parle de Salta en Argentine, mais un Allemand arrive à 18h, lui est à cheval sur le règlement. Je me fais un bon dîner ce soir, courgettes poivrons avec du riz.

Le lendemain, vendredi, fini le ciel bleu, il fait gris et le vent du nord que j'ai voulu éviter d'avoir dans le nez est bien froid. Je vais mettre à profit cette journée pour aller visiter le musée "Arctikum", après le pont au-dessus de l'autoroute. C'est une œuvre architecturale avec une grande verrière mais avec je ne trouve pas le fléchage des visites bien clair. De lourdes portes fermées indiquent où il y a des expositions mais pas où elles débutent et où elles finissent.

Les explications sont en finnois et anglais, parfois en allemand, bref je ne me fatigue pas à tout lire. Surtout dans la première exposition, sur les questions plutôt scientifiques. On peut admirer des photos d'aurores boréales (produites par le vent solaire attiré par le magnétisme des pôles), et des icebergs qui s'écroulent. On montre des scientifiques au travail avec un tas d'engins de mesure.

Une partie de l'exposition traite de la faune et de la flore. Je suis très étonnée de retrouver dans les espèces de la toundra quantité de plantes qui poussent chez nous en haute montagne.Le trolle vu hier, mais aussi la dryade à huit pétales (dryas octopetala), des rhododendrons, des saxifrages...La "ronce des tourbières" par contre ne pousse pas chez nous. J'en avais ramassé en Norvège mais elle n'est pas si facile à trouver.

L'ours blanc et l'élan grandeur nature sont impressionnants, ne donnent pas envie de les rencontrer.

Les autres expos sont plus ethnographiques, il est question de la vie des peuples de l'Arctique, les Sames bien sûr, mais aussi les Inuits, les Nenets et Tchoukches (en Russie).

kayak et traîneaux, un couteau lapon pour marquer les oreilles des rennes, une poupée nenet

On en apprend aussi sur les "pionniers" (venus du sud) et leurs activités dans la région: la pêche au saumon dans le fleuve Kemijoki que j'ai longé hier. Les petites cabanes au bord de l'eau devaient être des cabanes de pêcheurs. Mais la construction de l'usine hydraulique vue hier également a barré le passage aux saumons et mis un terme à la pêche.L'autre ressource est la forêt. On pratiquait le flottage du bois sur le fleuve. Les bûcherons vivaient entassés dans des cabanes avant d'avoir des voitures et de rentrer chez eux avec.

les saumons étaient salés mais aussi séchés 

Commençant à être un peu fatiguée, je passe un peu vite sur la partie historique concernant la "guerre d'hiver" en 1940, où les Finlandais ont résisté à l'invasion de la Russie en application du pacte germano soviétique. La Finlande s'est alliée avec l'Allemagne pour récupérer ses territoires, et puis s'est mise du côté des Alliés. Ce sont les Allemands qui ont détruit les villes finlandaises dont Rovaniemi.

Il reste une autre partie fort intéressante sur la région de Petsamo au bord de la mer de Barents, finlandaise avant la guerre, récupérée par la Russie après la guerre. Je suis passée vite aussi... Il est déjà 15h, l'après midi sera courte le temps de manger un morceau (salade) et se reposer un peu. Je n'ai pas le courage d'aller au sauna, ce n'est pas bien.

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Éclaircies le matin couvert ensuite mais beaucoup moins froid.

Je suis un peu enrhumée et pas très en forme, mais dehors je me sens déjà mieux. Je stresse à l'idée d'oublier quelque chose, et effectivement après avoir fait 6km je réalise que j'ai laissé accroché mon chargeur de téléphone près du lit... Classique ! J'en rachèterai un au premier K Market rencontré.

Samedi matin. La ville est très calme et la route aussi. C'est une piste cyclable puis une petite route bordée de boisements qui dessert des pavillons, assez rupins pour les plus récents. J'ai passé le cercle polaire absolument sans m'en rendre compte. Quelque part il devait y avoir un monument mais je ne suis pas tombée dessus... On aperçoit parfois la rivière qui coule en contrebas. Ce n'est plus le Temijoki venant de Kemijärvi plus à l'est, mais son affluent, la Ounasjoki.

La rivière et une église au passage

La route ne va pas beaucoup varier, toujours dans les bois, pas très hauts mais c'est loin d'être la toundra. Encore des trolles au bord de la route (et non des trolls!). Des maisons avec plus ou moins de chantier autour. Vue au loin sur des collines boisées. Peu de circulation.


Un arrêt casse croûte sous des bouleaux, bref pour ne pas se refroidir, et une autre pause café dans un petit supermarché où ils vendent des produits lapons, conserves de renne par exemple.

Je poursuis sur quelques kilomètres encore sur cette route qui mène à Kittilä et Muonio. Au passage une église moderne et la traversée de la rivière.


Et puis je prends une autre direction, celle de Sodankylä en passant par Unari. C'est une route non goudronnée et pas particulièrement belle, mais j'y verrai mes premiers rennes.

oui c'est bien un renne ici... 

Un seul village, Unari, pas de commerce mais des maisons partout comme toujours. Notamment au bord du lac où je fais une incursion infructueuse. Mais un peu plus loin se trouve un abri, pas pour dormir mais pour pique-niquer, il y a de la place autour et même un autre campeur, un motocycliste (qui n'apparaît pas).

J'ai un peu de mal à monter la tente, je trouve la notice quand j'ai terminé. Un peu claustro car la tente intérieure est opaque, mais je m'habituerai vite.

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Temps n'est ni trop froid (env 12°) ni trop mauvais, soleil voilé parfois... Et quelques averses.

J'appréhendais un peu le trajet de Melhaus (dernier arrêt aux produits lapons) à Sodankylä ... 100km sans commerce ni bistrot. J'ai déjà trouvé sans mal un abri pour la nuit. Le motocycliste à côté était tellement discret que je ne l'ai même pas entendu partir. Moi c'est 8h30, pas un exploit.

Le ciel est gris mais il ne fait pas très froid. Je me suis bien couverte mais par moments j'ai trop chaud.


Lac d'Unari, cabane de pêcheurs


Maintenant la route est goudronnée, quelques voitures circulent et on voit moins de rennes, ce n'est pas sûr qu'il y ait un rapport. Aujourd'hui le paysage change. La forêt est plus basse et moins dense, il y a de nombreuses zones tourbeuses, où il pousse des pins rabougris... ou seulement de l'herbe jaune. La terre des fossés est noire. Ailleurs le sol est caillouteux et de couleur claire, parsemé de grosses pierres de granit.


Unari est plus un hameau qu'un village, maïs il possède une église et un cimetière, à l'écart comme toujours, et comme toujours dans le coin cette église est récente. Je suis bien contente de la trouver pour m'approvisionner en eau. Et l'endroit est agréable, au bord d'un petit lac.

La région n'est pas déserte du tout, presque tout du long de la route des maisons sont construites et même souvent occupées, les voitures stationnées n'ont pas l'air d'épaves. Au minimum elles sont occupées par des chiens dans des chenils... qui aboient. La Finlande est un pays à chiens qui aboient.

Par deux fois je crois voir un renne au bord de la route... Mais non à chaque fois c'est un humain. Des dames qui font leur promenade matinale. Je parle (en anglais) avec la deuxième qui m'a saluée avec sympathie. Elle fait 8km, 4 dans un sens, 4 dans l'autre.

Pile au moment où je suis arrivée à la moitié de mon parcours .. et que j'ai donc le droit de m'arrêter manger, je trouve un abri pique nique au bord d'une "zone humide" . L'abri n'est pas total, un peu venté mais pas trop et par moments un pâle soleil brille. Ce n'est pas un mauvais endroit, et puis il y a les oiseaux. Pinsons et mésanges ne sont jamais loin, mais là ce sont deux petites bergeronnettes grises qui sautillent et hochent la queue sur le muret en face de moi. Au bord de l'eau un petit limicole (un chevalier ?) fouille l'eau avec son long bec.


Deux cyclistes se sont arrêtés. Ce sont des Finlandais qui n'habitent pas loin, Temijärvi, et font un tour de plusieurs jours.

Je me suis recouverte mais j'ai finalement trop chaud, d'autant plus que maintenant il y a du relief, je commence à me sentir fatiguée les côtes sont longues. Les reliefs on les voit aussi au loin, maintenant que la forêt est moins haute.

La route de Kittilä à Sodankylä est plus large et plus fréquentée. Et pourtant c'est là qu'on recommence à revoir des rennes.

Quelques averses notamment en arrivant à Sodankylä. Pas de petit café confortable,seuls sont ouverts un fast food et une pizzeria, où j'arrive à me faire servir du thé. Et direction le camping. 14 euros. La pelouse est bien rase c'est plus facile à monter hier. D'autres cyclistes font étape ici. Je trouve la cuisine mais il n'y a qu'une poêle. Je l'utilise pour cuire mes pâtes mais si c'est comme ça ça devient moins intéressant les campings. Et jamais de bouilloire, ils ont peur qu'on les vole. Les chiens n'arrêtent pas d'aboyer de tous les côtés.

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Temps variable. Nuages, soleil, vent, pluie, grêle...

Pas très bien dormi cette nuit. J'avais la gorge sèche et j'ai mis très longtemps à me décider à sortir de mon duvet pour prendre la bouteille d'eau.


Il est tombé quelques gouttes pendant la nuit mais soleil et vent sécheront la tente. Dont j'ai oublié de prendre la photo... Départ 8h30.

Départ, si on veut. Il faut que je fasse des courses. Et avant ça un panneau "vanha kirkko" (vieille église) attire mon attention... Oui c'est une église en bois, assez rustique mais avec des décos originales sur le faîte du toit.


C'est fermé, mais je prends des photos de l'intérieur à travers les trous de la porte !

Avec tout ça je ne quitte pas la ville avant 9h30. Pendant les dix premiers kilomètres une piste cyclable longe la route E75 plutôt de loin, et c'est particulièrement agréable quand elle suit la rivière de tout près.


Le summum c'est la traversée, c'est très beau. Par contre la suite c'est moins bien car maintenant plus de piste cyclable, je suis sur la E75, dans la circulation, qui n'est pas monstrueuse, mais rapide. Une nouveauté sur cette route..beaucoup de plaques étrangères. Allemands, Néerlandaise, Belges, Suisses. Des camping-car en général. Les vacances ont commencé ! On va encore se rapprocher plusieurs fois de la rivière

Maintenant le trajet est plutôt forestier, moins original et surtout dans le bruit des voitures, même s'il n'y en a pas en permanence. Je m'écarte sur une petite route, j'y trouverai un cabanon pour casser la croûte, sans rester longtemps il ne fait pas assez chaud. Un peu plus loin on longe de nouveau une grande étendue d'eau. Après avoir rejoint la route je fais une pause dans un café -magasin de souvenirs au bord de l'eau, où là il fait très chaud.

Je dois attendre la fin d'une violente averse pour repartir. Le problème c'est que l'averse a beau être finie, le ciel est encore noir et tourmenté, ça pourrait bien recommencer.

Ce n'est pas la pluie qui va tomber...Les premiers grêlons sont insignifiants, j'ai déjà eu ça tout à l'heure... Mais ils sont de plus en plus drus .. Ouf juste à gauche de la route, une maison avec un auvent, jetons nous dessous et attendons que ça s'arrête.


Je peux vérifier à cette occasion qu'il n'y a plus que 6km jusqu'au prochain camping, "Kiveliön Kala" . Ce n'est pas loin mais on n'est à l'abri de rien. Je n'ai pas bien chaud, il est temps d'arriver. Le camping a l'air bien, malheureusement le café est fermé. Mais le patron est très gentil, il me propose un abri en forme de hutte laponne, pas besoin de monter la tente et tout séchera mieux.

La cuisine est chauffée, il y a une bouilloire et tous les ustensiles, la douche est chauffée. 15€. Rapport qualité prix bien meilleur qu'hier. Je suis la seule campeuse.

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Nuages et éclaircies, vent du nord faible

Faux départ à 9h15, j'ai oublié mon téléphone dans la cuisine... Je ne vais pas loin ! J'avais aussi oublié ma casquette achetée 1€ dans un bazar chinois entre l'Espagne et le Portugal. Ne m'en suis rendue compte qu'après.

Le vent vient d'en face et n'est pas chaud. Et j'ai le sentiment que ça monte sans arrêt. Mais ce matin il ne fait pas mauvais et il n'y a pas encore beaucoup de circulation. Maintenant je me sens en pays same. Il n'y a plus de maisons le long de la route.. et puis les inscriptions sont bilingues.

Peu après le camping on traverse un large bras de ce qui n'est qu'une infime partie du lac "Pohttipahdan tekojärvi".Les rennes ne tardent pas à se montrer.

Après un peu plus de 20km, premier arrêt à un petit supermarché à Vuotso (Vuohčču).. La fréquentation est visiblement same, même si on ne les voit plus en costume traditionnel comme il y a 50 ans en Norvège. Des journaux en same sont sur les tables, avec un article sur une jeune autochtone qui est montée à l'Everest.

Vuotso 

Malheureusement maintenant la circulation s'intensifie. Il faut profiter intensément des moments où il ne passe pas de voiture (ça arrive). Toujours beaucoup de camping-cars, aujourd'hui je vois même des Français. Pas mal de motos aussi.

La forêt contient beaucoup plus d'épicéas, qui ont une forme très "columnaire" (en forme de colonne, c'est une adaptation à la neige). Il fait encore moins chaud que ce matin, j'ai mis veste sur doudoune. Je commence à ressembler à une vieille inuit.


Je m'arrête manger dans une clairière dans les bois, un endroit où le bivouac serait possible, d'ailleurs il y a des feux... mais aussi des saletés. Il n'empêche que s'il avait fait un peu plus chaud je serais bien restée plus longtemps.

Sur la route, encore plus de voitures. Ils doivent tous aller au Cap Nord par là. Je suis contente de quitter cette route à Inari. Le coin devient aussi très touristique. On longe des parcs nationaux naturels notamment le parc Urho Kennonen, (président de Finlande pendant presque 26 ans). Des parkings y donnent accès. J'y aurais bien fait une balade mais c'est difficile à organiser. Et puis par ce froid... De la route on se contente de voir de loin les montagnes et un ruisseau de temps en temps. Il est question de l'or aussi, on en a cherché dans le coin.


J'ai hâte d'arriver à Saariselka parce que je devrais y trouver des commerces et un endroit chaud, je trouverai finalement mais le village est touristique en travaux et moche. Par contre les rennes paissent tranquillement sans s'inquiéter ni des gens ni des voitures.


Je peux les examiner à loisir. Ils broutent avec délicatesse et ont comme des petits pompons au dessus des sabots.

Nouveau départ à 18h pour encore 27km. Je veux avancer aujourd'hui car demain la pluie est prévue. Et le soir il y a moins de monde sur la route. La surprise c'est de trouver un paysage quasi désertique à la sortie de la ville. Déjà la toundra ? Les pins sont rares et rabougris et les bouleaux ont la forme d'arbres fruitiers. Autre surprise la route monte pas trop raide mais longtemps. D'en haut on voit des montagnes, bien boisées elles. La dernière des surprises, c'est que je croise un cyclovoyageur, très chargé mais uniquement à l'arrière. Je ralentis, le regarde avec insistance, mais il n'a pas envie de s'arrêter apparemment.


Après ce point de vue ça redescend, et longtemps. Je n'apprécie pas tant que ça à cause du froid. Vue sur des monts arrondis, bien boisés eux. D'ailleurs autour la forêt est revenue, plutôt des bouleaux et pins, sur un sol assez nu, bruyère myrtilles airelles. Ça c'est dans les zones sèches, sur le sable jaune. Les zones humides, mares, tourbières, ne manquent pas. Immanquablement des pylônes et des lignes électriques "humanisent" l'environnement. Des panneaux indiquent des hameaux, situés à l'écart.

Mais ce que j'aime sur cette route, c'est quelle suit la vallée d'une jolie rivière claire, l'Alajoki.


Cette rivière plus en aval changera de nom, ce qui justifie celui du camping "Ivalo River Camp" où je vais finir par arriver un peu avant 22h. Je ne demande rien à personne et vais m'installer près de l'eau. Une belle place, seul problème la route très proche et bruyante, qui m'oblige à écouter la musique de Sibelius.


Mais c'est un excellent poste pour observer ce que fait le soleil qui interminablement est là bas, de l'autre côté de la rivière derrière un rideau d'arbres. À minuit il n'est toujours pas passé sous l'horizon, ça j'en suis sûre. Bref on peut dire que c'est le soleil de minuit. Mais quand même... S'il y avait un décalage d'avec l'horaire officiel ? J'attends comme ça jusque minuit et demie mais ne vois pas beaucoup d'évolution ni dans un sens (toujours cette lueur) ni dans l'autre (il ne remonte pas). Et il faut bien que je dorme...

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Pluie fine, puis nuageux


Peu d'énergie ce matin. Oui cette petite pluie n'est pas très motivante. Plier la tente mouillée me donne froid aux doigts. Comme je n'arrive pas à me les réchauffer je m'arrête prendre un café, à la première station service, à.. 3km, à l'entrée d'Ivalo.

C'était peut être une bonne idée finalement, car à la sortie il ne pleut plus et il fait presque beau. Je traverse Ivalo, un village de 3000 habitants, sur des pistes cyclables. Un panneau ferai presque envie...


Mais je continue vers le nord, une route qui tourne, monte et descend à travers des forêts et sous des monts boisés (plus de piste cyclable malheureusement) et assez rapidement on va longer des lacs qui sont déjà des bras du lac Inari. Sa rive est très découpée, des rochers aux belles couleurs, du gris, du rose et des îles émergent de la surface. L'eau est d'un beau gris-bleu.


C'est bien plaisant de rouler dans ces magnifiques paysages. Je trouve un peu dommage que rien ne soit aménagé, à l'exception de quelques parkings nus, pour pouvoir le contempler un peu mieux, même en vélo c'est tout juste si on peut s'arrêter, les bas côtés sont des pentes à 45°. Mais je trouve quand même un moyen, un petit sentier, ça tombe bien c'est l'heure de manger.

Je n'ai pas fait deux pas sur ce sentier que je trouve deux fleurs jamais vues. L'une serait une plante de marécage, pas de certitude. L'autre aux délicates clochettes roses, est à coup sûr l'Andromède, je l'ai vue dans les flores de montagne, jamais en vrai. Elle est protégée en France. Également une plante de marécage.


Admirons encore le lac et ne traînons pas, il fait froid


Quand on s'éloigne des bords du lac les reliefs s'accentuent et les côtes sont un peu longues. Mine de rien j'avance néanmoins, jusqu'à arriver devant le camping repéré à Inari, un peu avant l'entrée de la localité.

Il est fort calme, seul un camping-car allemand est installé. Mais il est tôt, je n'ai pas l'habitude. Une dame me court après pour me montrer les places réservées aux tentes, derrière un rideau d'arbres et pas au ras du lac où je pensais me mettre. Mais c'est pas forcément plus mal avec le vent.

C'est très cher, 23 euros, mais il y a tout et surtout on peut s'asseoir et prendre un café dans la pièce de l'accueil qui est chauffée.. après avoir monté la tente, qui n'était pas excessivement humide, je vais y passer un bon moment pendant qu'il tombe une petite averse. La douche est chauffée et très bien.

Et soudain je vois entrer une dame qui dit, en anglais mais avec un accent français prononcé, qu'elle a fait une réservation pour ce soir... et derrière elle entrent sur le terrain un, deux, trois.. cinq six ... treize camping cars, et tous français. C'est réussi le calme ! Et c'est pas fini, il en arrive un autre, allemand, et le dernier... chinois ! Ils ne parlent même pas anglais, ils mettent Google translator.

Mais je reste malgré tout bien à l'écart dans mon petit pré.

Et puis finalement tous ces gens sont tous très sympathiques. Les chinois viennent de Chine et ont fait 12000km. Ils vont jusqu'en France et en Italie.

Les autres sont un club de camping-car. Je parle dans la cuisine commune avec des Alsaciens, des Auvergnats de Clermont, des Berrichons de Foëcy, des Picards (reconnus à l'accent) qui connaissent bien Saint Quentin.

La cuisine est dotée d'une baie vitrée avec vue sur le lac. Elle n'est guère équipée mais le réchaud est à gaz, pas de problème pour ma marmite. Les Clermontois Jocelyne et Didier m'invitent à prendre une tisane dans leur camping car et voudraient absolument me donner un bocal de conserve maison pour la route mais ça serait vraiment trop compliqué à transporter, dommage.



Couleurs du soir et soleil de minuit 
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Couvert, pâles éclaircies, averses

Mais au matin le soleil brille. Comme j'ai regardé le soleil hier soir je me suis encore couchée trop tard, et ne me réveille qu'après 7h. En plus je dois attendre la douche. Oui elle est bien, mais il n'y en a qu'une pour tout le camping. Au petit dej je déguste des fraises qu'on m'a données hier. Je démonte après le départ des camping-caristes, et retrouve l'état initial du camping ! Départ vers 9h30.

Inari, un village où le bâtiment principal est le K-Market... (où d'ailleurs les courses s'imposent...)+ quelques lieux touristiques, et une église moderne. C'est le point de départ d'excursions diverses.

On peut apercevoir un petit jet d'eau derrière l'embarcadère. 


Eh bien, ça me fait drôle quand je change de cap pour repartir vers le sud... la route est déserte ! Quel calme ! J'ai le sentiment de respirer mieux !!

C'est beau d'ailleurs, la vue sur des monts, la forêt et ses oiseaux. J'aimerais bien déterminer un jour cet oiseau qui émet un grincement (comme un verdier).


Les pinsons (des arbres) sont toujours nombreux, et puis le revois encore cet oiseau au ventre rouge vif et à la tête noire, un bouvreuil nordique?

Dans les rencontres animales moins de rennes aujourd'hui. Seulement deux aux grands bois qui m'attendent au milieu de la route... me laissent passer. En alternance avec les bois, des zones de tourbières.

À la pause casse-croûte je goûte le saucisson de renne. Un goût fumé sans grande particularité.


Peu d'habitations se trouvent au bord de la route. Seulement les boites aux lettres, parfois avec une petite fleur décorative. Autre trace d'activité humaine, ces barrières que l'on voit périodiquement, où pendent des chiffons, je me demande à quoi elles servent.

J'avance un peu au radar, j'ai besoin d'une sieste et manque m'endormir au guidon. Mais enfin je trouve un endroit adapté, très joli, au bord d'une rivière, avec le murmure de l'eau et un rayon de soleil.. Ça pourrait aussi faire une place de bivouac, mais c'est trop tôt.

Un petit thé là dessus... Ça va mieux en repartant. Il est plus de 17h, les jours sont longs, j'ai le vent dans le dos, peu de relief maintenant. Bref ça roule. Je voudrais bien faire encore une quarantaine de km. Les voitures il y en a peut être un peu plus que ce matin, mais il n'y a pas lieu de se plaindre. Autres véhicules, guère...

Mais voilà que j'entends un vélo arriver derrière moi... C'est un cycliste ! Il est sympa car il va m'accompagner un bon moment en discutant. Il est Danois, s'appelle Kenneth et a 27 ans. Il est parti du Cap Nord et part vers le sud, c'est à dire jusqu'au Portugal ! Je lui donne l'idée d'aller jusqu'à la pointe de l'Espagne et de passer au Maroc. Il n'a rien contre.


Il est équipé léger, 30kg vélo+ bagages et fait 140km par jour. Mais sa tente laisse passer l'eau..

Je me demande où je vais trouver de l'eau, il m'annonce une rivière à 9km, je vais bien y arriver, et peut-être y trouverai un bivouac. Lui me laisse pour aller plus loin. Surprise, la rivière est Ivalojoki.. au bord de laquelle j'ai campé en aval. L'eau est bien claire, mais pas d'endroit pour planter la tente. Le trajet qui suit est très humide. La route recroise la rivière, pas de place pour camper non plus. Je vais peut être devoir pédaler encore longtemps (il est déjà 22h)... Ce qui n'est pas drôle c'est que parfois il pleut...

Mais non! comme d'habitude tout s'arrange. Un chemin vers des bois secs, juste au-dessus de la rivière. C'est un Parc National. Et il y a plein d'endroits plats.. Mais par contre très caillouteux, c'est difficile d'enfoncer les piquets. Je n'ai pas encore enfoncé le dernier... Une averse! Il était temps..


Ivalojoki 
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Nuages et soleil


Gris ce matin... mais la tente est sèche. Dans la journée le ciel va se dégager. C'est pas la rapidité ce matin, départ... 9h10. Je ne peux m'empêcher de photographier un magnifique tas de crottes au milieu du chemin.

J'aurais du étalonner. Ce sont de belles crottes, 2-3cm. Machinalement je pense à un cerf.. mais il n'y a pas de cerfs ici ! Mais alors ???...Eh oui cela pourrait bien être un... élan ! Cela ne date pas de la nuit, il n'empêche... J'aurais pu théoriquement en sortant de la tente me trouver entre les pattes de cet animal gigantesque. Brrrr...

Pas de renne aujourd'hui. Par contre je verrai détaler un lièvre variable. C'est très mignon, avec les pattes blanches et la queue en pompon. Et un gallinacé s'envolera à mon passage, peut-être une femelle de tétras. Pour ce qui est de la forêt, elle présentera à peu près le même faciès toute la journée. Peu haute, peu dense. Sol de gravillons ou sable, sous étage de bouleaux, pins parfois souffreteux, épicéas columnaires ..

Boisements et zones humides 

La première partie du trajet, c'est toujours la même route goudronnée mais un peu abîmée. Au premier village, Pokka, à 100km d'Inari, y aura t'il un café?

Oui! Un petit endroit un peu familial, aménagé à l'ancienne, fréquentation locale plus trois motocyclistes finlandaise. Des grands parents de type same (trapus, visage large) complètement gâteux avec leur petite-fille blonde à bonnet rouge. Je reste très longtemps pour charger mon téléphone, et profiter de la chaleur !

En repartant, mauvaise surprise... La route n'est plus goudronnée, et très gravillonnée. Et ce, est -il annoncé, pour 57km. Bon, on s'y fait, et il y a juste une ou deux côtes un peu dures. Le paysage s'ouvre un peu par moments, les tourbières et des étendues vertes qui ressemblent à des prés.


Des grillages et des barrières en bois sont peut-être destinés à parquer les rennes. Mais à quelle époque?

Je trouve un coin pour pique niquer. Il fait moins froid, c'est bien.



La route continue. La vue s'ouvre sur les monts lointains. Comme souvent depuis que je roule ici je ne peux m'empêcher de m'imaginer en Sibérie. Mais est ce si différent ?

Mais maintenant quelque chose change: on recommence à voir des chalets au bord de la route... les villégiatures des Finlandais. Au premier hameau apercevant une poubelle, je me réjouis de pouvoir enfin me débarrasser de la mienne. Mauvaise idée, au moment où j'ouvre le couvercle il en sort une horrible nuée d'insectes noirs. Les ramassages ne doivent pas être fréquents...

J'ai oublié de prendre de l'eau au café. Voici une rivière, mais qui ne coule pas très vite. Aussi quand je vois des gens devant leur maison je me précipite. Ils me parlent tout de suite anglais, et m'invitent à boire un café. Il y aura même un excellent gâteau.

La dame a fait le café mais est repartie, le petit garçon blond me dit "hello", le monsieur fait la conversation, me dit que les vacances sont commencées en Finlande, l'école reprend en août. Il habite à Ivalo mais cette année il a pris de longues vacances, jusqu'en octobre. Je lui demande pourquoi on ne voit pas plus de rennes alors qu'il y a des clôtures partout. Il me dit que les rennes en été partent dans les montagnes pour chercher les endroits où il y a du vent et pas de moustiques... et puis que ce que je prenais pour des clôtures ce sont des barrières contre la neige, pour protéger la route des congères.

Il m'a annoncé que dans 10km je trouverai une route asphaltée, et en effet, c'est même une route toute neuve. Il n'y a pas beaucoup de circulation mais ça fait drôle une route aussi large. Elle circule dans une zone de tourbières. Les grands fossés fraîchement creusés ont la couleur du chocolat, et d'immenses tapis blancs de linaigrette s'étendent au-delà. Sur les bas côtés des fleurs roses, je dirais des compagnons rouges, ou silène dioïque.

Je ne veux pas aller jusqu'à la prochaine localité à 10km, je n'ai pas besoin ni envie de faire des courses ce soir. Je me rends compte que sur cette route neuve je ne trouverai rien pour m'installer, je prends donc l'ancienne route, qui va longer un lac. Évidemment sur les bords de l'eau les chalets fourmillent, mais je trouve un coin où au moins il n'y a pas de cabane, seulement une barque, avec une très belle vue sur l'étang.

Je ne vais pas encore me coucher tôt. Mais là j'en suis sûre, il y en a un qui ne se couche plus du tout, c'est le soleil. Je n'arrive toujours pas à déterminer, même avec la boussole, où il est au plus bas... au nord donc, mais la différence est plus grande, quand on s'en rapproche, entre le nord magnétique et le nord géographique...

La photo de minuit 
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Vent du Sud ouest. Plus chaud. Nuageux


Le soleil était très brillant "cette nuit" ça m'a empêchée de dormir et le matin dur de décoller... 9h15. 10km seulement jusqu'aux commerces à Levi. Mais pas si faciles: le vent dans le nez. Une belle traversée de rivière au passage.

Levi est une station de sports d'hiver . J’abhorre ce genre d'endroit bien sûr. Après les courses au S-Market j'ai bien du mal a trouver un café ouvert, ce sera bien sûr un café se voulant branché diffusant de la musique débile. Mais je peux charger à loisir et me mettre à jour dans mes rédactions. L'établissement est situé sous la montagne où l'on skie, qui de loin faisait illusion avec ses tâches de neige, de près c'est moins bien, la neige est bâchée.

Normalement je repars vers le nord et devrait être un peu poussée. Oui tout au début, mais après comme je vire vers l'ouest je devrai lutter contre le vent.

La route est un peu trop large et trop fréquentée à mon goût, et non sans relief. Mais j'aime bien cette forêt d'où émergent les colonnes vertes des épicéas. Je trouve une vieille table de pique nique au bord d'un petit lac. Un couple vient s'installer avec deux petits chiens. Ils ne me dérangent pas mais disent à peine bonjour et pas du tout au revoir.

Continuant ma route je passe devant des tas de cailloux avec des engins de chantier à l'air abandonné. C'est moche. Ça m'inquiète parce que j'ai entendu parler de "ressources" en terres rares en Laponie et ça m'inquiète. Mais ici ça reste limité et puis on entre dans un parc national où la nature est protégée. On a de très belles vues sur des lacs et des monts lointains.



Le temps finalement s'est éclairci et c'est toujours agréable de rouler le soir dans la lumière du soleil qui baisse... Et ça dure longtemps ! Il va quand même falloir trouver un gîte. J'ai visé un camping sur ma route un peu au sud de Muonio. Je ne verrai pas la ville tant pis, et ferai les courses demain j'ai assez pour ce soir.

Le camping Harriniva est bien indiqué ... Il est au bord d'une belle rivière, la Muonionjoki, qui fait frontière entre la Finlande et la Suède. Mais il est fermé, n'ouvre qu'au 15 juin. Je n'ai guère d'autre option que de m'y installer malgré tout. Je repère qu'il y a de l'eau. Et un bâtiment circulaire près de l'eau. C'est la cuisine, et elle est ouverte. Et si je m'y installais tout bêtement ? Il n'y a qu'un problème c'est que la porte ferme mal.

Et quand je m'en approche pour mieux la fermer elle s'ouvre, un gars est derrière, on sursaute tous les deux. Il me dit qu'en principe le camping est fermé... Mais ne fait pas d'histoires, j'ai à peine besoin de demander. J'essaie de manger vite car je suis fatiguée et installe matelas et duvet sur une des tables. Cerise sur le gâteau : je peux recharger mon portable sur une prise de courant qui fonctionne.

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Beau puis couvert. Vent SO


Mon home au bord du Muonionjoki

Oui c'est la frontière avec la Suède (Ruotki en finnois). C'est que j'ai décidé de passer en Suède. Ça ne me plaît pas plus que ça de faire des infidélités à la Finlande que je vais bientôt quitter définitivement. Mais c'est que j'ai remarqué une route parallèle qui doit être beaucoup plus calme que la route finlandaise. Traversons donc la rivière pour aller en Suède...

En effet la route est calme, très calme. Sur le tronçon de 15km jusqu'au premier village, Muodosompolo, il a fini par passer 2 ou 3 voitures. J'ai carrément l'impression d'être sur une autre planète, ou sur une terre vidée des humains. Très immobile, il n'y a pas encore de vent. La forêt est différente de celle de la veille. Il n'y a plus que des pins, pas hauts, un peu comme des miniatures.

Une grave déconvenue m'attend au village où aucun humain n'est visible non plus. Le commerce local est fermé. Fermé le dimanche. Pour ce midi ça sera un peu chiche, pour le soir il y a bien un resto à 90km. Mais ça sera dur d'y arriver avant 20h. Eh bien pédalons...

J'ai rejoins une autre route un peu plus importante... Disons qu'il passe une voiture toutes les demi-heures à peu près... Le vent s'est levé et je vais bientôt constater qu'il ne m'est pas aussi favorable que je l'avais espéré, il souffle perpendiculairement à la route, donc suivant l'orientation de celle-ci il arrive qu'il me pousse... Mais bien souvent il me freine. Plus souvent évidemment... Et puis ça monte tout le temps...mais ça c'est effectif. Car je me dirige vers les montagnes. Pas les Alpes, c'est très progressif.


La deuxième photo, hélas mauvaise, est un mystère. Des traces paraissant toutes fraîches dans le fossé ont visiblement été provoquées par cet engin, qui est sur patins, mais il est complètement rouillé, le bois pourri, échoué là depuis quand ??

La route (plein nord) va être facile jusqu'à ce que je retrouve le fleuve, au niveau d'un petit village aux habitations dispersées.


Après, virage à l'est, vent de face, et pour arranger le tout, ça monte. Eh bien pédalons, sans trop appuyer sinon j'ai mal au genou. J'entre un peu plus tard dans la commune de... Kiruna. Dont le centre ville est quand même à 232km, c'est écrit sur le panneau..


L'environnement ne varie pas beaucoup... Au niveau du ciel ça se couvre, néanmoins le soleil arrive encore à me gêner à la pause déjeuner. Petit sandwich avec un fond de tarama en tube, et une demi tranche (fine) de fromage. Luxe... Il me reste une clémentine. Et un gâteau sec avec le café. La sieste après tout ça, de quoi je me plaindrais? Ah si des insectes, ils reviennent dès qu'il fait plus chaud. Mouches et fourmis.

Où sont les Sames et les rennes ? Je verrai quand même un petit troupeau au loin et un parc très vraisemblablement destiné à les attraper


Le ciel est maintenant couvert , et très très gris. Je commence à m'inquiéter, j'ai peur d'un orage...

Finalement non, mais je ne suis pas mécontente de trouver un panneau "camping" un peu avant le village.

Le cadre n'a rien d'extraordinaire mais il y a une belle cuisine. Le tout pour 300SEK environ 26 euros. Il commence à tomber des gouttes pendant que je monte la tente mais il ne pleuvra pas beaucoup. Un autre campeur est sous la tente, un motocycliste suédois venu de Stockholm aujourd'hui. Et des couples hollandais et allemands en caravane.

J'ai renoncé à tenter le resto ou les courses. ll me reste un sac de riz dit incollable mais surtout incuisable, agrémenté avec de la poudre de soupe instantanée et un mini reste de fromage. Pour le dessert, un gâteau sec avec une tisane agrémentée de beaucoup de miel. Comme quoi il y a encore de la ressource...

En fin d'après-midi j'ai réalisé que l'heure avait changé. Eh oui une heure de moins en Suède. Ça me perturbe mais n'a pas changé grand-chose pour aujourd'hui.

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Venteux. Couvert et soleil en fin de journée

Je me réveille tôt mais ça ne sert à rien puisque je dois attendre l'ouverture du magasin 9h au lieu de me dépêcher pour rouler tant qu'il n'y a pas de vent.

Comme ça je prends mon temps au p'tit dej dans la super cuisine. Il me reste deux petits ronds de pain sandwich une vache qui rit et une cuillère de flocons d'avoine. Mais après c'est vraiment la fin du stock...

Allons aux courses donc , de l'autre côté du village. D'un village qui a l'air d'un village avec des maisons de bois rouge et au milieu une église à clocher. Je fais l'ouverture du supermarché, j'y passerai du temps à chercher ce qu'ils n'ont pas ou pas comme je veux, les fruits et légumes sont très moches, je suis obligée de prendre un paquet de flocons d'avoine de 800g, etc.

Il n'y a plus qu'à passer le pont. Retour en Finlande, avec plaisir de retrouver ce pays qui m'est cher malgré toutes ses imperfections... Et un peu de tristesse en pensant que ce n'est plus que pour deux jours. Je commence évidemment à prendre un petit café dans l'établissement local. Le prochain à 107km. J'écris une carte postale que je confie à l'employée (sur sa proposition) pourvu qu'elle ne l'oublie pas !

Et c'est la route. Pour l'instant pas trop de vent mais ça viendra. Très peu de circulation mais ça viendra aussi. Par contre ce qui est bien c'est que la vitesse y est limitée à 80. Il faut dire que par moments vu l'état de la chaussée il vaut mieux ne pas aller trop vite...

La végétation a changé, de plus en plus basse, les résineux ont disparu il n'y a plus que des bouleaux qui poussent en buissons, quand ce ne sont pas des étendues tourbeuses. Maintenant la vue porte loin. Et le vent n'est pas freiné... À gauche, au sud, coule la rivière-frontière. Bordée de monts peu élevés, au loin ils le sont sans doute plus car ils sont ornés de taches de neige.


De temps en temps un renne aux grands bois s'aventure sur la route, visiblement c'est la curiosité qui l'attire. Il me regarde toujours d'un air vraiment très intéressé. Mais dès que je m'approche un peu trop ou que je dégaine l'appareil photo il détale, la tête haute.

Le dernier, il posait, c'est pas possible autrement.

Un arrêt casse croûte (du hareng mariné pour changer) dans un fourré de bouleau d'où je salue deux cyclistes en tandem et remorque.

Un peu plus loin, un peu fatiguée par le vent, les côtes et la circulation (ceci dit rien à voir avec la route vers Inari), je vois annoncer un café. Super. Panneau "ouvert" à l'entrée... Mais c'est fermé. Comme il est doté d'une petite terrasse abritée je m'y installe pour me faire un thé.

Et à l'heure où je repars la circulation est moins dense. Seul problème c'est que c'est l'heure des camions. Et ils les dépassent, les 80km/h autorisés, ce qui fait de bons appels d'air avec le vent... Mais le paysage est de plus en plus beau et le ciel se dégage, ainsi que la vue sur des monts lointains blancs de neige. Je prends de l'eau dans la rivière, l'occasion de la voir de près.

Avec le vent et la montée quasi permanente ça n'avance pas vite. Je vise un camping repéré sur une de mes cartes. Je ne m'attends pas trop à le trouver ouvert mais dans un camping abandonné on doit pouvoir s'installer.

En bien non... Au bout d'une petite route qui monte tant que je dois pousser je trouve seulement quantité de chalets abandonnés si c'est pas en ruines. Aucun endroit où mettre une tente. J'avise un bout de terrain un peu plat un peu plus bas. C'est plein de crottes (ça parle d'élevage de rennes sur le panneau), anciennes, certes, mais bof.. Eh bien retournons sur la route. Il est 22h passées et rien.. Soleil dans le nez...

Enfin un chemin à droite. Mène à une carrière et sous la ligne électrique, il y a un peu d'herbe.. mais juste un peu plus loin, deux petits espaces plats au milieu des fourrés, un rond de pierres pour le feu. Une vraie place de bivouac, quoi. Et ce avec une vue sur un lac et des monts enneigés.


Je ne peux résister à l'envie d'essayer le feu. Quelques moustiques pas trop virulents volent, ça les éloignera. Il prend tout de suite, grâce à l'écorce de bouleau qui s'enflamme instantanément.

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Nuages et soleil, vent fort



Munkkavaara, c'est le nom de la montagne qui est juste au dessus.

Un endroit sympathique d'où on n'a pas envie de partir. Il était assez abrité c'est sur la route que je me rends compte que le vent ne lâche pas ! Ma progression est lente, au moins ça laisse le temps d'apprécier le magnifique paysage. Les monts sont de plus en plus blancs.

La route doit quand même monter, car un panneau annonce l'arrivée à un col, 565m. Difficile de considérer ça franchement comme un exploit, néanmoins avec le vent...


Mais ça rigole pas... POINT CULMINANT DES ROUTES FINLANDAISES ! Plus facile que la route de la Bonette en tout cas ..

De l'autre côté ça ne descend pas beaucoup. De toute façon avec le vent il faut toujours pédaler. Ce n'est qu'un peu plus loin que je suis étonnée de voir un panneau indiquant une pente. Rien de vertigineux mais on peut se laisser glisser en direction du lac. Ça remonte après.


La montagne de forme caractéristique au bout de la route domine la dernière localité finlandaise, Kilpisjärvi, une station touristique où apparemment on pratique la randonnée pédestre.

Un grand parking, un K-Market et un resto fermé jusque 12h. Après les courses il est ouvert. Un self bien sûr. Une grande salle où la seule place près d'une prise de courant est à côté de la porte et il n'y fait pas chaud. Ils ont du renne. Je décide d'essayer sans trop d'illusions sur la qualité. Et en effet, ce n'est pas bon.La viande à surtout le goût de réchauffé. Heureusement qu'il y a de la confiture d'airelles.

J'ai resserré mes freins en vue de la descente vertigineuse qui m'attend... Mais elle ne vient pas vite, en fait il y a encore une quinzaine de km jusqu'à la frontière. Le paysage est magnifique. On voit de plus en plus de neige.

Ah, des drapeaux, le poste de douane..

En fait la frontière est encore à plusieurs kilomètres...

Encore avant celle ci un panneau annonce un monument historique, un pont. Si j'ai bien compris, c'est le seul pont qui a subsisté après la guerre, c'est les Allemands qui l'ont construit en 1943 pour faire passer leur matériel de guerre .


La rivière n'est pourtant pas grande. Elle est jolie en tout cas, et d'aspect printanier avec les feuilles qui commencent juste à sortir.Enfin, la voilà enfin cette fameuse frontière...

Retour en Norvège, après plus de quarante ans!

C'était un dernier col, moins haut que le précédent... Et alors, cette descente ? Toujours rien de vertigineux, la pente est faible et il faut encore pédaler, contre le vent.


Le paysage change peu à peu. Toujours plus de neige au loin, plus de rochers, de nombreux ruisseaux.


Ça n'a pas encore vraiment descendu mais pourtant tout change, des pentes rocheuses, l'eau qui coule de partout au lieu de stagner, des arbres hauts...

Je parlais du manque d'aires de pique nique en Finlande. J'en passe déjà deux, avec toilettes sèches et poubelles.




Le monument est à la mémoire des soldats soviétiques

Et quand je ne m'attendais plus, la voilà la descente !! Longue, pas trop raide. Ça fait du bien !


Cette vallée, rocheuse et enneigée en haut, encaissée et boisée en bas, mène à Skibotn au bord du Lyngenfjord, un très grand fjord qui s'ouvre au nord.



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J'avais hésité à m'arrêter à Skibotn, située dans une baie, mais c'est un peu à l'écart et rien n'assure que les campings soient ouverts. Et puis... Il n'y a plus de vent ! Je me sens donc le courage de continuer encore un peu. Un camping à une douzaine de kilomètres devrait être ouvert. Je contourne donc le fjord. C'est magnifique avec ces monts enneigés aux pentes vertigineuses de tous côtés.

L'environnement est charmant, vert, presque bucolique.

Oui mais voilà. Au moment de changer de direction pour m'engager sur une branche de ce fjord qui s'appelle le Storfjord au bord duquel se trouve le camping, une rafale de vent me coupe le souffle... Il n'a pas du tout cessé, le vent, j'étais juste dans une zone abritée... Ce sera donc un peu plus dur, et un autre problème c'est la circulation, les camions et les campings cars.

Mais tout vient à point et voilà le camping. Un camping tout à fait classique de notre époque, mais il y a longtemps que je n'en avais pas vu de comme ça : bourré de mobil homes camping cars et caravanes, en grande partie inoccupés , aucun emplacement dédié aux tentes...


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Pas d'accueil, tant pis je m'installe sur un coin d'herbe après avoir vérifié que l'accès aux toilettes et cuisine était libre. Pour la douche chaude il faut une pièce de 10 Kr. Je n'ai aucun argent liquide. Aucune vaisselle dans la cuisine, j'utilise ma popotte sur les plaques. Aucun siège non plus, obligée de m'asseoir sur l'évier. C'est là que j'ai la visite du gardien qui me fait payer (carte visa) l'équivalent de 20 euros. Dommage, tout ce bazar. Le site est splendide.



Toujours pas de soleil de minuit ce soir, à cause de la montagne. Voilà quand même une photo prise à minuit.. depuis la tente

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Nuages et soleil voilé. Vent d'ouest


Vers le matin m'ont empêchée de dormir : le tapage des mouettes, et le bruit du vent sur la toile de tente. Bref pas grand dynamisme et départ à...10h.


L'embarcadère du camping et la vue sur celui-ci depuis la route

Sur la route, beaux paysages et monts enneigés aux pentes spectaculaires.

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Le vent est froid. Histoire de se couvrir un peu plus je m'arrête sur une aire de repos grande et fréquentée. Que de touristes sur cette route dite des "aurores boréales". Elle relie Tormio golfe de Botnie à Tromsø. Je l'ai plus ou moins suivie depuis Karesuvanto.

Il n'y a pas que les touristes qui circulent, également les locaux et les camions. Alors je suis bien contente que mon GPS me propose un itinéraire bis, c'est une route qui n'est pas goudronnée, eh oui ça existe encore en Norvège aussi! Elle n'est d'ailleurs pas très bonne, mais je ne m'en plains pas, je revis dans le calme et la campagne. Je me sens sur une route de montagne, longeant un torrent, côtoyant des fermes.

J'arrive ainsi tranquillement à Nordkjosbotn, passe devant des bâtiments industriels, les écoles, une station service, et ai la surprise de découvrir qu'une voie réservée aux cyclistes, l'ancienne route visiblement, va me permettre de continuer en toute tranquillité.

Vues sur le Balsfjord 

Café et rechargeage dans une cafétéria tout à fait typique (eh oui !), qui s'appelle "Café Avec".


Je reprends une route pour automobile, mais celle-ci est beaucoup moins fréquentée. Elle longe encore un moment le fjord. La marée est basse et par moments on sent l'odeur du varech. Les mouettes volent.

Et puis il le quitte pour monter à l'intérieur des terres (parfois fort). Une zone agricole, beaucoup de fermes, un lac et une belle descente vers un autre fjord.

Fjord que je vais longer un moment. Il se fait tard. Je trouve asile dans un bois au début de la route qui repart à l'intérieur des terres.


Voilà le parcours en Norvège jusqu'à Håkøybotn, de fjord en fjord: le Lyngenfjord qui se termine par le Storfjord, le Balsford, incursion sur un autre fjord, ensuite ce sera le long du Balsford

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Temps gris, bruine


Je m'approche en quelque sorte du but de mon voyage. À Håkøybotn, sur l'île de Kvaløya, j'y suis venue 3 fois, la première à 20 ans, c'était mon premier grand voyage. Une organisation norvégienne proposait à des étudiants étrangers de travailler dans des fermes norvégiennes, et j'avais partagé pendant cinq semaines la vie de petits exploitants extrêmement gentils, une merveilleuse expérience.

à Håkøybotn en 1971

J'y suis retournée deux fois, malheureusement tous les plus âgés sont décédés mais Jarle, le fils, 30 ans à l'époque, vit toujours là avec ses enfants et j'ai pu le recontacter.

Aujourd'hui est donc un jour spécial, qui débute dans une atmosphère mélancolique, petite pluie (tente mouillée), mer grise, nuages sur les monts.. Mise en jambes avec une belle côte pour refranchir une bande de terre et redescendre pour retrouver le Balsfjord


Ensuite malgré quelques reliefs ce n'est pas globalement un trajet difficile, je n'ai pas à résister au vent. C'est même un trajet très agréable, tranquille et beau le long du fjord dans cette couleur gris-bleutée qui contraste avec les maisons rouges, les plages blanches. On sent l'odeur de la mer, on entend des oiseaux au cri perçant, qui ne se cachent pas, ce sont des huitriers pie.


Un panneau indique qu'on arrive dans la commune de Tromsø. Et en effet, un île couverte de constructions apparaît au milieu du fjord. C'est la ville de Tromsø.



Encore quelques kilomètres, et je vais devoir affronter un tunnel qui passe sous le fjord. Pour me donner du courage, et parce que je n'ai pas bien chaud, quand je trouve un petit café au bord de la route je n'hésite pas à faire une pause. Absolument rien à voir avec le "Café Avec " d'hier. En fait c'est ce qu'on appellerait en France une ferme -auberge, un cadre charmant, des gâteaux faits maison, et une patronne d'une grande gentillesse avec qui je peux avoir une conversation en norvégien (presque) sans difficulté... et puis un peu en français... Car elle est d'origine suisse. Je ne peux résister à l'envie de prendre une gaufre à la confiture, excellente, et elle me donnera encore une petite brioche excellente à mon départ.


Mais maintenant arrive l'inévitable... La jeune dame du café m'a expliqué que je devais appuyer sur un bouton à l'entrée du tunnel, une lumière clignote pour avertir les automobilistes qu'il y a un vélo à l'intérieur.

Est ce que cela suffira pour me rassurer ? Pas vraiment. D'abord, j'y avais pensé, mais la réalité dépasse ce à quoi je m'attendais... Forcément, il y a de la pente. Ça commence par descendre très très fort, et ce qui est angoissant, c'est que ça ne se voit pas, mais on se sent happé à une vitesse fulgurante. Heureusement qu'il ne vient pas de voiture à ce moment-là, je suis presque au milieu de la route.

Ça remonte de l'autre côté, inévitablement. Et des voitures commencent à arriver, au bruit j'ai l'impression que ce sont des camions de 60 tonnes, terrifiant. Quand un coup de klaxon retentit (on se demande pourquoi), ça m'effraie et je m'arrête... C'était le pire réflexe, impossible de remonter sur mon vélo, ça monte trop!

Heureusement encore, le flot des voitures est passé. Car après plusieurs tentatives infructueuses je suis obligée de pousser jusqu'à la prochaine aire de secours, où là sans paniquer j'enfourche enfin ma bécane. Il n'empêche que ça monte bien dur, et que c'est un grand soulagement d'arriver à la sortie !

Non, plus jamais ça !!!



Et voilà, je suis sur l'île de Kvaløya. Que je ne reconnais guère qu'à la fin du trajet, au bord d'une grande baie (Håkøybotn précisément, botn veut dire baie et Håkøya est une île au milieu de la baie et en face on voit Tromsø.

Je reconnais des bâtiments que je n'ai même pas en photo, la maison d'à côté, la grande grange rouge. Mais cette maison peinte en blanc qui est à côté n'a rien à voir avec celle où j'ai vécu...

Et pourtant c'est bien ici, je vois arriver un gars avec un appareil photo. C'est un journaliste venu pour filmer mon arrivée. J'étais au courant mais je me serais bien passée de retrouvailles en présence de journalistes.

Je n'aurais pas reconnu Jarle qui a maintenant plus de 80 ans. Lui ne m'aurait pas reconnu non plus. Mais il y a toujours un petit air quand-même... Émouvant de se retrouver. Ann-Christin sa fille qui habite ici et qui avait 4ans à ma dernière visite arrive peu après et nous offre café et lefser (des crêpes fourrées).

C'est une jeune fille qui m'interviewe et on parle en .. norvégien. Je n'en reviens pas moi même. Avec l'aide de Google de temps en temps. Je suis hirsute sale et fatiguée.

On évoque quelques souvenirs, quand il y avait les anciens, les vaches, le cheval, et les moutons qu'on allait voir dans la montagne.



Voilà les images !


Après ça, douche lessive et sieste, j'en avais grand besoin. On mange bien après, un repas comme je les aimais, petite salade et poisson seulement bouilli mais bon (saumon) avec des pommes de terre "en robe des champs".

Ensuite viendra Jill-Tove la deuxième fille de Jarle qui habite sur l'île de Kvaløya, à proximité. Elle a un salon de coiffure à Tromsø .

On mange le repas du soir fort tard (mais j'ai l'habitude), c'est toujours des tranches de pain avec divers ingrédients dont ce fromage brun que j'adore et que tous les Français détestent.

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Beau temps, chaud (20°) en milieu de journée


Pas d'activité débordante, je me repose, et retrouve avec nostalgie les lieux où j'ai séjourné et les personnes que j'ai connues...Dont la majorité est au cimetière...

Le matin arrive des Lofoten (où elle habite) Andrine, 19 ans, fille d'Ann Kristin et petite fille de Jarle. Elle est accompagnée de ses deux chiens dont un pas très rassurant mais il paraît qu'il est adorable...

En fin de matinée je monte sur le chemin au-dessus de la maison vers la montagne, qui est couverte de neige et surmontée d'une antenne qui n'était pas là antan.

La grange risque de s'écrouler sous peu. La petite cabane en haut du terrain n'est plus là, remplacée par une maison rouge, jolie d'ailleurs. Ce doit être celle d'Oddbjorn, le petit fils, qui avait 11 ans et m'avait emmené pêcher la truite dans la rivière


Plus haut se trouve un pré puis une lande boisée de bouleaux et saules, plantée d'épicéas je crois un peu avant mon premier séjour, ils ne poussent pas vite. Le terrain est très humide, tourbeux, j'ai même peur de continuer au risque de m'enliser. Les myrtilles sont en fleurs et les clochettes de l'andromède ne sont pas encore sorties. La vue s'ouvre sur la baie

Récapitulatif des étapes

En redescendant je vois arriver un cycliste, c'est Oddbjorn l'ancien petit pêcheur de truites (comme tout bon Norvégien il pêche encore d'ailleurs !). On discute un peu, il m'invite à venir prendre un café chez lui, je passe le soir, un peu trop tard, il n'est pas là, alors je prends mon vélo pour aller au supermarché acheter une bouteille de gaz... Mais j'ai oublié le porte-monnaie ! Ce sera quand même l'occasion de voir deux ports de pêche qui se tournent le dos vers des fjords différents, Eidkjosen (où une baleine était échouée mais je ne l'ai pas vue)...

Et Kaldfjord. En effet il fait très froid le vent souffle du nord.

Le lendemain Jill Tove deuxième fille de Jarle vient nous chercher pour nous emmener au cimetière, isolé dans la forêt. Tous ceux que j'ai connus sont là.

Johan et Klara Mortensen étaient les parents propriétaires de la ferme, Georg Kristensen le frère de Klara, ancien pêcheur, qui était presque toujours là. Willi le premier fils avec Laila sa femme et Herman leur fils aîné qui avait mon âge. Vigdis la femme de Jarle avait aussi mon âge. Elmer, fils de Georg que je n'ai vu qu'une fois, a été tué par un ours blanc au Spitzberg. Les autres c'est plutôt le cancer qui les a décimés.

La photo est prise par une camarade d'école de Jarle.

Au retour je trouve cette fois Oddbjorn chez lui avec son fils Erik qui vient de terminer une école agricole. Nous prenons le café au soleil et à l'abri et il fait très chaud. Je suis contente de le retrouver, il a toujours quelque chose du petit garçon des temps anciens. Il me parle de son travail à la prospection pétrolière pour BP par -30 -40° au Spitzberg, et de la construction de sa maison par une entreprise venant d'Estonie, avec tous les matériaux, pour deux fois moins cher que les Norvégiens.

Nous montons jusqu'à un petit chalet un peu plus haut où se trouve une photo de la maison Mortensen dans les années 50... Ce n'est pas non plus celle que j'avais connu, avec un étage supplémentaire et de couleur brun foncé. La partie de droite était un café - bureau de poste & téléphone que tenait Klara.

La maison maintenant, en 1971, et dans ;es années 50 

Et la soirée sera animée. Nous sommes tous invités à l'anniversaire des 60 ans d'un oncle et d'une tante. L'ambiance est toujours chaleureuse quand ces Norvégiens du nord se réunissent. Ils sont très gentils avec moi. Le repas (vers 18h30) est un buffet, je prends tout ce qui est poisson (saumon, crevettes..) et légumes (rares). Ils boivent beaucoup, vin bière et sodas divers, et font un petit "skål" de temps en temps. Et après c'est le café avec beaucoup de gâteaux tous plus ou moins crémeux. Le meilleur est un gâteau avec des myrtilles.

à la fin je m'ennuie un peu, ne pouvant guère suivre les conversations. Je vais voir la rivière qui coule à côté, ne vois pas de poissons. Avant de partir comme les autres invités nous devons poser pour une photo souvenir avec les héros de la fête,.

C'est aussi la fin de la première partie de mon voyage. Demain je quitterai mes amis , me rendrai d'abord à Tromso et puis je repartirai vers le sud.



RECAPITULATIF DES ETAPES


LES RENCONTRES
PARCOURS A VELO ENTRE MALMÖ ET TROMSO