Carnet de voyage

Pays du Nord 2023

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Dernière étape postée il y a 15 heures
Il y a cinq ans j'avais effectué une partie du tour de la Baltique (EV10), j'avais apprécié de traverser la Finlande et la Suède... et eu l'envie d'y retourner, en visant un peu plus au nord.
Mai 2023
12 semaines
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Pour aller plus loin il faut prendre un peu d'avance. Avant de pédaler j'ai prévu deux jours de train et un jour de bateau:

premier jour: mardi 2 mai

Premier contretemps avant même le départ, notification de Sncf Connect sur internet: le train intercité que j'ai réservé vers Nevers est parti de Nantes avec 45 minutes de retard. Heureusement je me suis levée tôt, j'accélère le rythme et prends un TER une heure plus tôt, départ 8h41 au lieu de 9h46... et arrivée à Dijon avant midi.

Un petit café, un pique nique dans le parc avec les pigeons et les canards, le temps passe vite.

à Dijon 

Comme d'habitude, c'est le voyage en TGV le moins agréable. Il n'y avait pas le choix. 4 marches à monter (en deux fois), 4 vélos et 4 cyclistes sont entassés dans un compartiment avec encore d'autres personnes, mon vélo et sur le dessus et n'est pas loin d'obstruer le passage.

Le seul avantage c'est que ça va vite. à Mulhouse, j'ai trois quarts d'heure à attendre, je ne m'éloigne pas de la gare, et le trajet vers Bâle en TER est tranquille et sans problèmes.

La sortie de la gare Basel SBB n'est pas très facile, avec une grande place sillonnée par des rails de tramways et des voies pour vélo dans tous les sens. J'arrive à ne pas me faire couper en deux par un tramway et à rejoindre, somme toute assez facilement, la maison de Ruth qui m'héberge ce soir.

Pour ses 70 ans elle pédalé au Danemark en juin juillet l'année dernière et a eu terriblement froid. Elle n'a pu prendre sa retraite qu'à 67 ans et est obligée encore de faire des gardes d'enfants de temps en temps. Elle va bientôt partir en Italie dans le Tessin, une région qu'elle affectionne (elle parle italien), et faire de la peinture, rien de paysager car elle ne fait que de l'abstrait, l'environnement l'influence malgré tout.

Pour ce soir, Ruth a préparé une quiche aux légumes et de la salade, et après manger elle m'emmène faire un tour. Elle habite dans un groupe d'immeubles dans un quartier très calme et très arboré. Le Rhin passe à une centaine de mètres en-dessous de chez elle, on a la vue sur les hautes tours blanches qui sont le siège des laboratoires Roche.

Sur le fleuve circulent des péniches des kayaks, des barques plates traditionnelles, et des bacs qui traversent sans moteur, tirés par un filin au-dessus de l'eau. Ruth me raconte qu'elle y a pratiqué le kayak, et qu'en été les gens de la ville viennent se baigner, emportant sur eux leurs vêtements dans un sac étanche .

Nous dépassons maintenant les remparts, et arrivons dans la ville historique, c'est la partie riche de la ville, en effet les maisons sont immenses et très belles. Certaines sont quand même des bâtiments publics, avec de nombreux musées, des écoles, des bibliothèques. La cathédrale de grès rose s'appelle Münster et la grande place pavée qui la jouxte porte ce nom également.

D'autres photos à travers la ville. Le moderne et l'ancien se mélange, parfois heureusement.

Ces étonnantes machines sont l'œuvre du peintre et sculpteur Tinguely

Un autre coup d’œil sur le Rhin et la vue sur la Forêt Noire, retour par des petites rues et des passages pleins de verdure.

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deuxième jour: Mercredi 3 mai Bâle (CH) - Lübeck (D)

J'ai dit hier soir à Ruth que c'était mon anniversaire. Ce matin je n'y pensais plus.... Je suis toute surprise du "bon anniversaire !" et encore plus de la carte avec un joli dessin à elle !

Elle m'accompagne jusqu'au pont au dessus du Rhin, ça me rend service car les voies cyclables ne sont ici non plus pas évidentes à suivre.

Il fait beau. J'arrive très en avance à la gare. Par chance le train est à l'heure.

La place vélo est dans le wagon 1 qui d'après les panneaux si j'ai bien compris devrait s'arrêter devant le repère A... Pas du tout, c'est tout à fait à l'autre bout du train. Grosse panique, je pédale même sur le quai, mais le train m'attend... Et des messieurs accrochent mon vélo en l'air.

Le train est plutôt vite au départ et confortable. J'apprécie mais en cours de route il se remplit... Et prend du retard.

Arrivée à Hamburg Hbf (Hauptbahnhof) à pas loin de 18h, soit 2h 20 de retard. Mais tous les témoignages concordent comme quoi c'est tout à fait habituel en Allemagne.

La gare est pleine de monde. Je me rends compte au dernier moment que je ne suis pas sur le bon quai.





Rapide va et vient dans les ascenseurs, le train part à 18h34, il est à ras de quai c'est bien, il faut faire lever les passagers sur les strapontins à l'emplacement vélos, c'est moins bien.

À la sortie de la gare je me réjouis de me trouver devant la plus belle vue de Lübeck , avec le soleil du soir qui éclaire les briques rouges.



Ensuite je longe les quais c'est encore bien joli


Mais ensuite je mets longtemps à retrouver la maison de Susanne. Pourtant je la connaissais j'étais venue il y a 5 ans!

Très bon accueil. On mange de la pizza et de la salade et on parle de vacances et de randos.


troisième jour : jeudi 4 mai; en bateau vers la Suède

Départ à 7h30 de chez Susanne, bien trop tôt car même s'il y a une déviation ce qui rallonge et complique un peu le trajet d'une quinzaine de kilomètres vers le terminal de ferry, et même si je dois attendre la navette qui passe sous le chenal maritime, j'arrive avec une heure d'avance.

Dans le bus, tout est prévu pour les vélos 

L'autre vélo, c'est une jeune femme qui va travailler à Travemünde. On discute un peu.

Je m'enregistre au guichet à l'arrivée. Maintenant je dois attendre avec deux jeunes voyageurs cyclistes de Flensburg, à côté d'une baraque où sont des toilettes. Heureusement qu'il fait beau (mais pas chaud, 4°) car il n'y a aucun abri. Et ce n'est pas jusque 9h30 comme prévu qu'il faut attendre, mais plus de 10h30, et le ferry partira avec presque une heure de retard. Mais bientôt je vogue sur la Baltique.

Il n'y a qu'un petit pont à l'extérieur, à l'arrière, et on ne peut pas bénéficier de vues étendues sur la mer, ça manque. Et il faut dire aussi qu'il ne fait pas bien chaud, à l'extérieur.

à l'intérieur c'est étonnamment calme, les ponts sont bourrés de camions, mais où sont les passagers? Je me retrouve seule à l'arrière du restaurant. C'est tranquille! Je bois deux gros mugs de café, un que j'ai payé et un que me donne la serveuse, qui a une tête à jouer dans un film d'Aki Kaurismaki, mais je ne suis pas sûre qu'elle parle finlandais.

Je suis étonnée qu'il y ait toujours du réseau, et l'utilise abondamment, jusqu'à me rendre compte, horrifiée, que c'est un réseau spécial, maritime, aux tarifs exorbitants. Finalement je m'en suit tirée avec quatre euros et quelques, ça aurait pu être pire. Du coup je me contente de déguster les parts de pizza que Suzanne m'a données ce matin, et puis de faire une petite sieste, après avoir débranché la télé à côté.

Le paysage s'est brouillé. La côte du nord de l'Allemagne s'estompe. Je l'avais suivie en vélo en 2018. Périodiquement on observe des champs d'éoliennes, et quelques ferrys qui traversent. De l'autre côté on cotoie une pointe de la côte danoise bordée de falaises de craie très blanches.

(J'ai enfin trouvé comment sortir dans cette galerie latérale)

Et puis c'est la côte suédoise qui apparaît peu à peu. Des immeubles et le grand pont qui relie Copenhague et Malmö et rend la Suède accessible par voie terrestre. Un train y circule, mais il ne prend pas les vélos non démontés.

On se croit arrivés mais l'approche du port est longue, et la sortie du bateau aussi.

 Arrivée à Malmö. Assez saugrenue, cette haute tour...

Finalement on nous fait sortir, nous cyclistes, assez rapidement, et, ce qui est bien appréciable, bien à l'écart du flot de véhicules. Le port est immense, la sortie est interminable mais sans problème, il y a des pistes cyclables pratiquement tout du long, et presque pas de circulation. Il faut dire qu'il est passé 20h.

Je ne verrai pas grand chose de la ville, située de l'autre côté de l'avenue qui mène à la gare, un grand bâtiment assez ancien devant laquelle je remarque surtout de gigantesques parkings à vélos.

Je parviens étonnamment facilement à prendre un billet au distributeur automatique, tout en suédois... comme quoi c'est quand même bien utile d'avoir quelques notions de langue. Pas trop de problème non plus pour trouver le quai, souterrain. Les ascenseurs sont grands. Le train est à ras de quai, on est pas obligés d'accrocher les vélos, tout va bien. Juste une petite difficulté à l'arrivée, du côté de la gare où je dois sortir l'ascenseur est en panne, mais un monsieur m'indique gentiment que je peux passer sous les voies un peu plus loin.

Pas de repas chez Angelique (néerlandaise) et Antonio (Espagnol). C'est plus l'heure, ici. On boit une tisane et on discute, pour changer... de voyages! Mais on ne s'en lasse pas!

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C'est mon premier jour en vélo pour de bon, mais je n'ai qu'une petite distance car le seul hébergement que j'ai trouvé est à une trentaine de kilomètres. Alors ce matin j'ai tout le temps de visiter Lund. Dehors le soleil brille et il fait chaud dans le clair appartement de Angelique et Antonio.

Je sors donc après le petit déjeuner, müsli et toasts avec Angelique qui revient de la piscine. Et à peine sortie je constate que je ne suis pas assez couverte, il souffle un vent fort et glacial. J'ai le tort de ne pas vouloir retourner en arrière. J'aurais du parce qu'en plus j'ai oublié l'appareil photo, et mon téléphone fait de mauvaises photos d'intérieur.

Je suis la rue qui est une des rues principales de la ville, assez déserte à cette heure, ainsi que la place. J'arrive au pied de la célèbre cathédrale romane qui est la plus ancienne de Suède, elle date du 11ème siècle mais a brûlé au siècle suivant. L'actuel bâtiment est malgré tout un peu plus récent, et les tours carrées sont une restauration du 19è siècle.

y a 

En effet, dommage que je n'ai pas l'appareil car l'intérieur est intéressant. Architecture romane sobre, et , datant des 14è ou 15è, l'horloge astronomique, l'autel et les stalles, un grand chandelier à 7 branches. Depuis la Réforme, c'est le culte protestant qui y est célébré.

Pas de foisonnement de sculptures sur les chapiteaux, mais un fronton scutpté, un peu étrange, à l'extérieur

Sur Lund, il faut quand même dire que c'est la ville la plus ancienne de Suède. Même si jusque 1658 cette ville n'était pas suédoise, mais danoise. La ville a eu une grande importance politique et économique aux 12è - 14è siècle et commerçait avec la Hanse, ensuite elle a décliné au profit de Malmö.

Elle a gardé une importance culturelle, l'université, deuxième plus ancienne de Suède, a été fondée en 1666 et a prospéré au fil des siècles. Ses bâtiments (les actuels sont du 19è siècle généralement) sont plus ou moins dispersés dans la ville, au milieu de beaux jardins.

Par de petites rues bordées de maisons un peu plus modestes je rejoins le jardin botanique.

Celui-ci est très bien entretenu, assez fréquenté. Les fleurs de saison ce sont surtout des tulipes

Malheureusement il fait de plus en plus froid. Je regarde les serres avec envie, je finis par trouver l'entrée mais elles ne sont pas encore ouvertes... Alors autant essayer de se réchauffer quelque part en ville.

J'entre dans l'église de tous les saints (Allhelgona) malheureusement la chaleur n'y est encore pas suffisante.

Alors je décide de rentrer. La ville est maintenant bien animée. Je prends de l'argent à un distributeur bien qu'il paraît que l'argent liquide ne s'utilise pratiquement plus en Suède. Je fais un saut au supermarché ICA juste en face de la maison où Angélique est encore en télétravail. Je mets sur moi tous mes habits les plus chauds et je descends en même temps qu'elle, à 13h.

Je casse quand même une petite route un peu à l'abri à l'église de tout à l'heure, et me mets en route.

Le vent est d'est, je vais vers le nord-est et imaginais que je ne serai pas trop gênée. Mais il est vraiment très fort et quand il souffle de côté c'est presque pire à cause des rafales qui me déséquilibrent. C'est d'autant plus gênant qu'au début la route est assez fréquentée.

Plus loin je circule sur des plus petites routes ou bien des pistes cyclables. C'est sur l'une d'elles qu'une rafale me mets le vélo à terre, sans dégâts heureusement. Cela n'avance vraiment pas beaucoup. à un moment où c'est particulièrement difficile je me rends compte que le vent vient maintenant de l'autre côté, bizarre... Je finis par me rendre compte que je me suis trompée, avais-je besoin de ces efforts supplémentaires? ça m'a valu d'attendre le passage d'un train au passage à niveau.

On a compris qu'avec cette topographie bien plane le vent peut s'en donner à cœur joie.

Péniblement j'arrive enfin à une petite ville, Eslöv, aux abords très industriels. Après une sucrerie bien puante, une usine qui sent la frite. Mais au centre ville on trouve un peu d'animation et quelques cafés. Celui où j'entre n'est pas trop du style que j'affectionne, je n'utiliserai pas mon argent liquide car on ne peut payer qu'avec carte et l'expresso n'est pas donné (31 SEK soit presque 3 euros. Mais je fais la connaissance d'une jeune Afghane bien sympathique qui est ici depuis quatre ans. Ce n'est pas très facile de parler elle ne parle pas très bien anglais et en suédois je ne suis pas vraiment au point.

Après Eslöv le paysage devient un peu plus varié, un peu de relief, quelques rideaux d'arbres... ce sera quand même dur jusqu'au bout c'est à dire jusque Stehag, le village où je suis hébergée par Henning, dans une maison où c'est un peu le bazar mais néanmoins charmante. Sa femme n'est pas là mais il y a les trois chattes, Nelly, Katalina et Tippex.

Il me cuisine la spécialité suédoise dont je n'avais pas cessé d'entendre parler, les boulettes de viande, kjöttbuler. Eh bien c'est excellent.

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Un peu couvert le matin, puis beau

Le vent est un peu moins fort qu’hier et beaucoup moins gênant car la région parcourue est très forestière.


J’aime bien le petit déjeuner de Henning car il a fait le pain lui même et il a trois sortes de fromages. C’est la première fois qu’on me propose du fromage au petit déjeuner depuis le début du voyage.

Je pars un peu avant 8h30. On dirait qu’il n’y a pas de vent, mais Stehag est dans un trou et dès que je monte sur le plateau il se fait sentir. Il est un peu moins fort qu’hier mais freine malgré tout.

J’ai concocté et fait approuver par Henning un itinéraire de petites routes, mais ne vais pas tarder à me rendre compte qu’une partie de ces routes n’est pas asphaltée. En général elles roulent bien, néanmoins il ne faut pas trop de relief car dans les côtes ça rippe, et dans les descentes on ne peut pas se lancer, surtout si c’est une portion couverte de gravillons.

La journée commence dans la morne plaine, mais très rapidement j’atteins une région plus vallonnée bien que ce soit toujours la Scanie (Skåne) et surtout plus boisée, le vent sera beaucoup moins gênant.

Ce qui caractérise cette région c’est l’abondance de grosses pierres erratiques. Je dirais que c’est du granit Elles ont été extraites des champs et on les a utilisées pour construire les murs délimitant les champs et pâturages.

La pierre sous l'arbre est-elle à une pierre runique ???

Les boisements sont variés, chêne, épicéa, bouleau, puis apparaît le hêtre, et aussi des mélèzes que je n’imaginais pas voir plantés à ces latitudes. On rencontre peu d’animaux, des oiseaux notamment des choucas, des corneilles mantelées, des geais, et quelques rapaces. Pour les mammifères, un lièvre, des chats à proximité des habitations, des chevaux dans les prés, un groupe de moutons.

Car celles-ci sont nombreuses, des fermes et des maisons isolées, très souvent peintes du rouge foncé scandinave caractéristique, parfois jaune, parfois en bois sombre. On rencontre quelques maisons en briques, mais celles-ci sont surtout dans les villes et villages. Je n'ai pas réussi à prendre une ferme en photo il y avait toujours quelque chose d'inesthetique, vieux matériel, ballots d'ensilage en plastique... comme partout.

les églises sont sur les hauteurs 

à la mi-journée je fais un arrêt à Tyringe. Après les courses au supermarché, le vent souffle et qu’il fait froid, je ne m’en rendais pas trop compte en avançant, j’avais même plutôt trop chaud, j’avais enlevé la doudoune. Je ne trouve pas mieux qu’un arrêt de bus vitré pour casser la croûte, malheureusement il n’est pas totalement à l’abri du vent. La gare de chemin de fer est en face.

Antonio m’avait prévenu, on ne trouve pas beaucoup de cafés sympas dans les villages suédois. Deux établissements sont fermés, celui qui reste est du type fastfood tenu par des immigrés, et le café est aussi cher que l’expresso d’hier, 30 couronnes (SEK).

pas très "cosy" ni très typique le bistrot 


C’est un trajet de rêve, à travers ces forêts et ces collines, surtout sur les routes non revêtues quand il n’y a pas trop de cailloux. C’est tranquille, c’est beau avec les jeunes feuilles printanières qui laissent passer la lumière, le soleil brille, le ciel est bleu.

Sur les routes asphaltées la circulation est diverse. Les routes un peu plus fréquentées sont moins agréables, je constate que les Suédois ne sont pas beaucoup plus respectueux des vélos que les Français, certains vont bien vite, d’autres klaxonnent… Mais rien de très dangereux malgré tout. Pas de camions, quelques tracteurs, des gros. Et comme en Normandie on sort le week-end les voitures de collection, mais là c’est les gros modèles, les américaines et les vieilles voitures suédoises.


En haut d'une côte, une coupe. La vue porte loin 


Je m’arrêterai vers la fin du trajet à Vinsjö, sur le lac du même nom. J’avais une éventualité de bivouaquer là, il y a un abri, mais il est à peine 17h30, c’est trop tôt. Je fais encore quelques courses, me résignant à acheter du pain en sac plastique ce n’est pas facile de trouver autre chose. Et je vais voir le lac, très bleu, rives venteuses.

La route qui continue vers Markaryd est désagréable, trop de circulation et trop de vitesse, et Markaryd une ville assez grande et sans intérêt, j’y vois surtout des zones artisanales moches. Ça y est, j’en suis presque à 80km, il va falloir que je pense à m’arrêter. J’avais repéré un abri près d’un lac dans le village voisin, et je vais aller jusque là-bas, ne trouvant pas mieux avant.

Je traverse une zone de pavillons de loisirs et me demande comment je vais parvenir à cet abri (repéré sur internet) car je ne vois pas de chemin sur la carte.

Et heureusement que je trouve l’accès, car c’est un endroit de rêve, et même pas trop venté comme je le craignais. L’abri est parfait, on peut s’y asseoir confortablement, au soleil et à l’abri du vent, je peux planter la tente juste à côté et en bordure du lac d’un bleu intense.

D’après les panneaux d’information il faut payer 50 couronnes, et le paiement il faut le faire par internet,je vais le faire c’est raisonnable je n’ai donc pas envie de resquiller. Mais pendant que je déguste ma polenta je vois arriver un monsieur en vélo.

Ce monsieur ne parle pas anglais, eh oui ça se trouve quoi qu’on en dise. On se comprend plus ou moins bien, parce qu’il me laisse faire tout un tas de manipulations compliquées et inabouties sur mon portable, pour me dire finalement que je peux payer à lui directement. Il me dit qu’il y aura plein de monde demain, il faudra partir tôt.

Coucher de soleil à 20h45.

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Très beau temps. Vent d’est-sud est qui me pousserait plutôt


Bien couverte, je n’ai vraiment pas eu froid pendant la nuit, le matin c’était frisquet mais pas de gel, et le soleil chauffe vite surtout dans la tente.

Départ deux minutes avant 8h. Je vais prendre de l’eau à la maison du gardien vu hier soir. Heureusement qu’il est là je n’arrive pas à ouvrir le robinet. Il me prend pour une Danoise, ça me flatte !

Mon trajet de ce matin, c’est des petites routes avec le tour du lac pour commencer. J’étais persuadée que ce seraient des routes non revêtues, mais non, elles sont toutes goudronnées. C’est que tout du long sont construits des chalets de vacances (stuga en suédois), des maisons de toutes les tailles presque toujours peintes en rouge avec des bords de fenêtre blancs, et parfois avec vérandas. Elles sont entourées de pelouses artificielles bien tondues. On s’approche ou s’éloigne du lac. L’eau est très bleue. Je ne vois pas mon abri d’hier, trop loin et caché par des arbres.

Quand on quitte les bords du lac c’est la forêt mais on trouve toujours des chalets dans tous les sens, ça commencerait presque à me lasser! Certains sont occupés ce matin, ça se voir aux voitures. Ils sont dans les maisons, je rencontre juste deux promeneurs. Sinon, des lièvres encore, et de grands animaux, chevreuils, biches, élans ??? Je n’ai jamais pu bien les voir.

Cette première partie de trajet est quand même bien agréable, il y a du relief mais c'est varié et pas épuisant, et de temps en temps on cotoie des lacs bien bleus.


On traverse quand même de vrais villages, qui ont des églises. L'une d'elles a un clocher de bois à l'extérieur. C'est le premier que je vois cette année mais c'est assez fréquent en Suède.


Plus loin la route est toute droite, c’est beaucoup moins bien. Je me dis que ce sera peut-être dur dans le nord quand il n’y aura que ça. Et sur cette route, qui a viré nord est, on sent plus le vent.

Passage sous l’autoroute, traversée d'une rivière, je rejoins l’ancienne nationale, qui est encore bien large et bien fréquentée, heureusement des bandes latérales assurent une certaine sécurité.Jusque Ljungby il reste 18km, c’est beaucoup, je vais m’arrêter avant.

De loin j’avais remarqué une formation étrange, une espèce de lande avec des arbres isolés et des espèces de bosses, intrigant. Et oui il y a là quelque chose de vraiment particulier, c’est un cimetière viking, on y a dénombré 165 tombes circulaires ou elliptiques, soit autant de petits tumulus. Le panneau explique que les défunts étaient préalablement incinérés, mais qu’on déposait auprès d’eux les objets dont ils avaient besoin pour l’au-delà. Un peu plus loin s’tend un autre cimetière, avec un peu plus de pierres dressées.

C'est un endroit tout indiqué pour casser la croûte et même faire une mini sieste. Mais c'est quand même pas les grandes chaleurs.


C'est assez plat, ça roule vite sur cette nationale mais ce n’est pas mon genre de route de prédilection. Je commence même à me dire que si je dois la suivre jusque Jönköping je ferai aussi bien de prendre le train. S'il y en a un...

L’entrée de Ljungby n’est qu’une gigantesque zone industrielle, et le centre n’a pas un caractère ancien. Je trouve un café où on peut boire un expresso à 31 couronnes et recharger le téléphone, sous les sièges il y a des prises, et ce n’est pas la première fois que je vois ça.


Bonne surprise à la sortie du village, non ce n'est pas la grand route qui m'attend, mais une voie verte, qui est tout simplement l’ancienne voie de chemin de fer. Je vais donc finalement l’emprunter quand même. Ça fait plaisir de rouler au calme.

Sur la carte vélo la voie est indiquée jusque Värnamo... Mais en pointillés. Je me renseigne auprès d'une jeune autochtone qui enlève ses écouteurs, elle me dit que la voie mène à Värnamo. Soyons optimiste et croyons la. C'est bien plus direct et régulier. Et en effet, c'est toujours goudronné, depuis peu semble t'il.

La voie traverse une plaine agricole, puis des bois un peu plus vallonnés, ce qui se traduit sur la voie par quelques faux plats. Il passe quelques cyclistes .


La forêt est humide et pleine de bosses, il va quand même falloir trouver un emplacement car il est bientôt 19h. J'aperçois des prés un surélevés. Ils sont entourés de clôtures. Mais voilà une zone dégagée sur la droite, avec une belle vue sur le lac, et un chemin qui descend. En bas de ce chemin il y a un petit coin d’herbe, pas humide, ensoleillé, tout à faire ce qu’il me faut. En face d’un lac splendide, et plein d’oiseaux.

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Très beau temps, vent du sud... qui me pousse!

Réveil avec le soleil, à... 5h08. Je ne me presse pas trop, attendant que l'atmosphère se réchauffe. Car la tente est couverte de givre, l'eau est gelée. Mais elle ne mettra pas trop longtemps à bouillir pour le petit déjeuner.

Le soleil chauffe suffisamment pour dégeler la tente, pas pour la sécher. Départ pas si tôt que ça par rapport à l'heure du lever: 7h38

les prés et les vaches en face du lieu de bivouac 

C'est reparti sur la voie ferrée, toujours à travers des bois de pins marécageux, et de beaux lacs au passage.

Le revêtement devient un peu sableux. Cela ne me rassure pas trop au début, mais en y allant franchement, c'est sans problème. Au début, on passe de très rares maisons isolés, mais à la fin on arrive à des zones habitées, des lotissements visiblement assez récents, et puis surprise, la voie s'arrête brusquement et devient chemin de terre, au niveau d'une route goudronnée, sans que rien n'indique par où il faut aller. Heureusement que j'ai les cartes sur mon téléphone. Sur les deniers kilomètres c'est une route relativement fréquentée qui mène à Varnamö, encore une bourgade très industrielle et un centre ville sans caractère.

usine ancienne avant Varnamö
Varnamö 

Je n'ai pas de mal à trouver un café, mais ça m'énerve qu'on ne puisse jamais payer en liquide, d'autant plus que je suppose il va m'être compté des frais bancaires à chaque utilisation de la carte. Déjà que le café n'est pas donné (30 pour un espresso, 40 pour un "americano")

Je m'arrête à une supérette, et à ce moment un jeune homme très barbu s'adresse à moi, il m'interroge sur mon voyage et ça lui donne envie de faire pareil. Je vois bien qu'il n'est pas d'origine nordique... c'est un Syrien, il s'appelle Tarik. Il tient absolument à faire quelque chose pour moi alors il paiera mes courses, un ayran (lait fermenté) et une banane. C'est une épicerie arabe, c'était pas évidentde le savoir avant ded'entrer.

à la sortie de la ville se dresse au bord de la route une magnifique pierre runique.

Elle a été traduite, apparemment c'est des fils qui l'on fait faire en l'honneur de leur père mort

La route, c'est l'ancienne nationale, aujourd'hui passent quelques poids lourds, mais elle est nettement moins fréquentée qu'hier, et puis il fait beau, je roule assez vite, les bois sont monotones certes, des pins sylvestres et encore des pins sylvestres, plus des bouleaux et épicéas.

Tant mieux que ça va vite, parce que j'ai reçu une réponse pour un hébergement à Jönköpping. Cela me fait à peu près 100km, vais-je y arriver? Sans doute car j'ai aussi la possibilité de prendre le train, la ligne fonctionne depuis Varnamö. Néanmoins en suivant la voie ferrée je ne vois rien passer aucun train.??

Par contre ça circule bien sur l'autoroute qui est lui aussi parallèle. Le coin n'est pas très hospitalier pour un pique-nique, alors je fais la pause au prochain village, encore une localité industrielle, Skillingaryd, et encore rien de bien remarquable à l'intérieur. J'apprécie qu'il y ai des bancs, je peux m'asseoir et faire sécher la tente, ce qui sera rapide avec le vent. Encore un café dans une "konditori"( pâtisserie), où de nouveau ils ne prennent que les cartes. Il va falloir arrêter ça...

J'ai trouvé un itinéraire en dehors de la grand route, et ne regrette pas de l'avoir choisi. C'est un peu plus vallonné, mais sans excès, et beaucoup plus varié. On commence dans les forêts de pins, plus belles que les forêts précédentes avec quelques belles futaies de pin sylvestre notamment. Je n'ai pas trouvé moyen d'en prendre une en photo alors voilà des épicéas à la place.

Et puis on retrouve des clairières et des zones agricoles, avec des routes bordées d'arbres, des maisons de bois peint, rouges en majorité mais aussi blanches bleu ou jaune pâle. Les fermes sont souvent immenses et plutôt bien tenues.

Quels sont ces gros oiseaux dans un champ fraîchement retourné? Des grues! J'en ai entendu plusieurs fois hier, aujourd'hui je les vois enfin.

Une nouvelle sépulture de l'âge du fer au bord de la route... Et des pins de nouveau

De nouveau l'environnement s'urbanise, la petite ville s'appelle Taberg. Berg pour montagne? (en suédois on dit fjäll) En tout cas il y a bien un mont élevé assez impressionnant, car isolé. Qui s'appelle Taberg.

Heureusement la route ne passe pas par là haut, il faut quand même se payer une belle côte... mais après ça descend bien. Comme Jönköpping est au bord d'un lac, le lac Vättern, je m'imagine que ça va maintenant descendre tranquillement jusqu'au bout.

Eh bien pas du tout, le pire de la journée m'attend, après avoir parcouru la bagatelle de 100km... une brève descente au fond d'une vallée, et ce sera une succession de raidillons et de replats pour commencer, et pour finir une longue côte extrêmement raide, avec le soleil dans la figure en prime. Je resterai malgré tout sur le vélo. Le haut de la côte est très exactement devant l'immeuble où habite mon hébergeur de ce soir, Jiazhi. Je suis en nage et épuisée. La douche va faire du bien!

Jiazhi me propose un plat chinois, riz viande et légumes, poivrons et poireaux, c'est très bon. Il est originaire du centre de la Chine. Il a fait des randonnées en vélo au Tibet. Il travaille ici depuis 4 ans, il est ingénieur et fabrique des robots tondeurs de pelouse. Il me dit qu'il ne parle pas bien suédois car dans son boulot on ne parle qu'anglais.

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Très beau temps

Je n’ai pas excessivement bien dormi car le téléphone de Jiazhi sonnait sans arrêt, l’appelait-on de Chine ? Et puis il faisait vraiment trop chaud dans son appartement. Je descends au moment où il va au travail, il part à 8h.

J’avais peur de me geler dans la descente, mais il ne fait pas froid comme hier. Je ne trouve pas tout de suite le circuit vélo, je traverse un parc près de l’hôtel de ville, et suis diverses avenues.

Jönköping, l'hôtel de ville 

Finalement je tombe sur une belle voie cyclable, "Runt Vättern" (tour du lac) qui indique Gränna, ma destination. Elle commence par longer l’extrémité sud du lac Vättern, en face le seul horizon est la mer, sur les côté les rives sont élevées. Le soleil brille, en face. L’eau clapote sur la rive toute proche. Je croise quelques passants, cyclistes, marcheurs, deux joggeuses. Côté terre, c’est longtemps urbanisé, après Jönköping, c’est une autre ville qui s’appelle… Huskvarna. C’est apparemment bien là que l’on fabrique le matériel de la marque, on passe même devant l’usine.

La voie va s’éloigner de l’eau… et ce de façon bien abrupte, un raidillon épouvantable, pour l’instant toujours dans la direction est, et puis virage à angle droit, et jusqu’à la fin de la journée je vais suivre de plus ou moins près le lac en remontant vers le nord.

Je perds mon itinéraire « runt Vattern » et suis la nationale, toujours la même, la E4. Elle monte sans arrêt, je peine un peu. Je la quitterai quand je retrouverai la Rund Vatten, un peu plus à l’intérieur des terres. Je ne sais pas si j’ai bien fait, c’est une route pas toujours revêtue qui monte et descend sans arrêt , et toujours de façon très abrupte. Le paysage est agricole, avec des cultures d’arbres fruitiers, beaucoup de fermes et beaucoup de maisons, de temps en temps apparaît dans des échancrures le bleu du lac.

Mais la route va descendre vers un autre lac, d’une dimension non comparable avec l’autre, mais assez grand tout de même. Les vagues y moutonnent… le vent souffle fort, vais-je encore à avoir à lutter avec lui aujourd’hui ? Finalement ça n’est pas trop dur, et c’est joli, la route bordée d’arbres, et ce lac bordé de roseaux qui brille au soleil.


J’ai oublié de prendre de l’eau ce matin, et cela fait un bon moment que je n’arrive pas à voir quelqu’un près d’une maison pour en demander. Enfin je trouve une dame en train de jardiner. Je demande en suédois, mais la conversation passe très vite en anglais…

Je retrouve la nationale, la suis un moment pour retrouver ensuite une autre petite route non goudronnée, et très gravillonnée, je ne suis pas rassurée dans les descentes, et il y en a puisque Gränna est au bord de l’eau. Cette route, en forêt ou dans les champs, est vraiment très jolie, surtout quand on commence à revoir le lac.

Voilà un parking avec des tables de pique-nique autour, pourquoi ne pas manger là ? J’y passerai pas mal de temps car je me fais un café, et après une petite sieste. Mais Gränna n’est pas loin, j’y serai un peu avant 16h. C’est un endroit très touristique, on remarque des grands parkings, actuellement vides, des boutiques de souvenirs, petites baraques en bois rouge, toutes fermées. La spécialité du coin c’est un espèce de bonbon qui s’appelle polkagris, mais je n’arrive pas à en voir la couleur (rouge et blanc). Le port n’a rien de particulièrement pittoresque. Je tombe sur l’arrivée du ferry jaune qui fait la navette avec l’île de Vinsjö, une île tout en longueur juste en face.

J’avais envisagé l’éventualité d’aller planter ma tente au camping. C’est hors de question avec le vent qui souffle, ce camping est immense, sans haies ni arbres, et il n’y a que des camping cars évidemment. Bref à part quelques courses dans un supermarché coop, je ne ferai pas grand-chose dans cette ville.

Alors c’est reparti, le vent pousse ça tombe bien, et j’ai plaisir à suivre le lac, un peu à distance parfois mais c’est rare de ne pas voir apparaître son eau d'un bleu vif qui tranche avec les champs verts. De l’autre côté c’est une paroi rocheuse qui surplombe Gränna et se poursuit après. En haut on observe une ruine de forme carrée, celle d’un château qu’a fait construire un magnat local au 17è qui avait la folie des grandeurs, un dénommé Brahe, et le château s’appelle Brahehus.

L’autoroute passe au dessus de la falaise mais on ne l’entends pas trop. L'itinéraire suis la nationale qui est plutôt tranquille, puis une plus petite route parallèle.

Par contre, les côtes, ce n’est pas fini,. Rien à voir avec les raidillons de ce matin, c’est une très longue montée, dans les bois, vue sur le lac. Le problème c’est qu’on va finir par longer d'assez près l’autoroute, c’est dommage car la route est belle même s’il faut faire attention aux gravillons.


Au bout du compte ça va finir par redescendre dans la plaine, on arrive dans une petite ville, dont je ne traverserai que les zones industrielles, et puis je cherche où sont les abris pour randonneurs, et je vais jeter mon dévolu sur celui qui est au bord du lac, après un golf mais ça n’était pas prévu. Une rive rocheuse, c’est très beau. Autour de l’abri il n’ a pas assez d’espace, je plante la tente au-dessus, il y a de l’herbe mais c’est dur en dessous . Coucher de soleil bien entendu.

7

Très beau temps, chaud, mais vent sud-ouest assez fort

Hier je me suis mise à étudier la suite de mon voyage et les hébergements sur Stockholm. Dans des investigations précédentes, j’avais vu de nombreux hostels bon marché, et là il n’y a presque rien. Je perds beaucoup le temps, me couche très tard et sans avoir pu finir le compte-rendu de la veille, et ne me réveille qu’à 6h30.

Quelque chose me déplaît dans ce bivouac qui semblait pourtant idéal. Il plane une odeur tout à fait désagréable de fumier ou de lisier. On se croirait en Bretagne. Et l' odeur persistera dans cette plaine agricole que je vais parcourir toute la journée, plate et balayée par les vents, d’ailleurs les pales des éoliennes tournent de partout. Et le vent maintenant me gêne, il vient de côté.

Le paysage n’a donc rien de particulièrement exaltant, à partir du moment où on ne voit plus le lac. Par contre la région intéressante pour ses souvenirs historiques.

Pour commencer j’aperçois des ruines, c'est ce qui reste de l'abbaye cistercienne d'Alvastra. Elle a été construite au 12e siècle sous un m'ont isolé, le Mont Omberg

Un peu plus loin, dans le village de Heda, l'église est indiquée comme monument historique, elle est tout près de la route et j'ai un bon souvenir des petites églises suédoises. Oui, ça aurait été dommage de la manquer, elle est très belle quoique sobre aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, et elle contient divers trésors, une tapisserie et des statues médiévales dont une vierge du 10è siècle, des pierres tombales.

Et, en prime, une prise de courant me permet de recharger le téléphone pendant la visite.

A noter qu'il y a aussi des tables et même ce qu'il faut pour faire un café. Et puis à l'extérieur, insérées dans le mur de l'église, deux magnifiques"pierres runiques", qui ont été insérées là lors d'une restauration au 18ème siècle, auparavant elles étaient dans le cimetière. Les inscriptions gravées sont donc des runes, l'écriture qui était utilisée par les vikings. Elles ont été déchiffrées, elles évoquent la mémoire d'un défunt.

Mais la pierre pour laquelle je fais tout un détour, elle le mérite ce détour , c'est la "Pierre de Rök" (tout simplement le nom du village, elle est à côté de l'église). Elle date du 9è siècle. Le texte couvre toutes les faces, c'est le plus long texte et le plus ancien de ce type, on dit que c'est la première œuvre littéraire suédoise. C'est un viking appelé Varinn qui l'a dédiée à son fils mort dans des expéditions lointaines.

La transcription et la traduction est exposée sur des panneaux à côté. Mais pas en français. Les runes, c'est tout simplement un alphabet, tout est expliqué. Mais ce n'est pas évident de reconnaître les lettres.

Si vous voulez en savoir plus...https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Pierre_de_R%C3%B6k

Des pierres runiques, on en rencontre encore d'autres au bord de la route!

Il faut lutter contre le vent et le soleil cogne . La plaine est de plus en plus plate et les odeurs sont toujours là. Les colzas ne sont pas encore en fleurs. On suit une route bordée de vieux tilleuls, et la récompense des deniers kilomètres avant Vadstena, c'est que la direction vire au nord, et, enfin, je suis poussée.

Vadstena, enfin une ville intéressante à caractère ancien. Voici une tour de brique, le monastère de Saint Brigitte, une sainte suédoise qui a créé un ordre religieux (catholique ?)



La statue, c'est Sainte Brigitte

Je mange au bord de l’eau à côté du monastère. Vue sur le château vers lequel je vais me diriger.

Le centre ville est un quadrillage de petites rues bordées de vieilles maisons pittoresques, beaucoup en bois peint. Sur la place centrale on se presse et on déguste des glaces.



Le château est de style renaissance et entouré d'eau. Il a été construit par un roi de Suède fameux, Gustave III Vasa.


Le port est juste à côté.


Je vais prendre un café pour recharger le téléphone, et une nouvelle fois, pas moyen de payer en liquide.


Je ne repars que vers 17h, pas grave, c'est l'heure où je me sens en forme. Mais je n'avais pas prévu que j'allais devoir lutter contre le vent dans cette plaine où rien ne l'arrête. J'irai bien moins loin que prévu, seulement jusqu'à Borensberg, qui est à la lisière d'une région où on retrouve des bois et des collines, de l'autre côté d'un cours d'eau, la rivière de Motala. Motala est une ville importante en aval au bord du Vättern.

Grande ferme dans la plaine, et la rivière de Motala

J'avais repéré un abri à la sortie de Borensberg. Il faut monter. Mais l'abri est moche et trop près de zones fréquentées. Je trouve un endroit dans les bois. Moins bien que les jours précédents mais je dors tout aussi bien !

L'itinéraire de la journée

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Beau temps encore !

Réveil 5h45 - départ 7h30

Je descends directement vers la route assez fréquentée direction Tjällmo et Orebro. Je vais heureusement la quitter rapidement.

Heureusement ? Pas sûr, je me retrouve soudain dans un camp militaire, il y a des panneaux partout, ça parle de tirs, d'interdictions... Et j'y comprends rien. Mais comme rien n'est vraiment barré, je me lance.

Au début il y a des bâtiments, de jeunes soldats en combinaison verte, et puis c'est la solitude dans une forêt clairiérée et vallonnée. La route n'est pas asphaltée bien sûr. Je croise un camion militaire et deux grumiers. Aucun bruit de tir, seulement les oiseaux, et en particulier... le coucou. C'est la première fois que je l'entends en Suède. Vient-il seulement d'arriver dans ces pays nordiques ?



Danger de mort si on s'écarte de la piste...

Quand je retrouve une route asphaltée, elle n'est pas beaucoup plus fréquentée pour autant, et je me lance dans une zone qui n'a pas l'air très peuplée. Je m'arrête pour faire le point à l'entrée d'une propriété parce qu'il y a des pierres pour s'asseoir, et vois arriver une dame qui me demande tout va bien "ja jag mår bra" et ça passe vite à l'anglais. Elle m'annonce la distance au prochain magasin sur ma route en milles, ça ne me dit pas grand chose, mais finalement ça va c'est 21km, j'y arriverai même pour midi.

Pour l'instant le paysage est encore agricole avec fermes et habitations dispersées. Mais après le village de Grytgöl, ce n'est plus que la forêt, on monte et descend dans les épicéas, puis les pins sylvestres. Des futaies, des coupes rases, de jeunes reboisements. Des tas de bois au bord de la route.


Le supermarché attendu est bien à Ingelfors, le café est à côté et l'ambiance est villageoise. Après mes courses je vais casser la croûte sur une table de pique nique un peu plus loin. Pas de sieste, cause tondeuse, je vais prendre un café (que je paye en liquide 15 SEK seulement (1,4€).


Ingelfors

Départ vers 16h. Il fait chaud. Je peux y aller tranquillement car j'ai déjà fait 54km mais il faut quand même monter des côtes, c'est vallonné. Mais bien agréable, le ciel bleu, les bois, les lacs, le soleil derrière, pas trop de vent, et très peu de voitures.

J'ai dépassé les 80km, si j'explorais les abords du lac voisin ? Il est bordé d'habitations mais en allant plus loin peut être...

Ça ne sera pas loin, je tourne sur une petite route et 100m après voilà un espace herbeux plat au bord de l'eau, et public... C'est la baignade du village !!

Elle est pourvue de vestiaires mais je n'en aurai pas besoin, et les toilettes sont fermées.

En tout cas le site est splendide. Sur le lac passent des oies et un cygne se repose.

Une nouvelle fois, un beau coucher de soleil et au crépuscule des couleurs incroyables sur le lac.

9

Au réveil il fait grand jour et pourtant il n'est même pas 6h. Il a fait juste un peu plus froid cette nuit, je m'y attendais, vu la situation au bord de l'eau. La tente est mouillée. Départ 7h10, un record.

Le paysage de forêts et lacs est à peu près le même que la veille, mais je ne m'en lasse encore pas. Par contre il y a plus de voitures en s'approchant de Katrineholm, ça j'aime moins.

C'est le même lac, un peu plus loin 

Katrineholm est une agglomération assez étendue, mais facile à traverser grâce aux pistes cyclables. Je ne visite pas, je vise la gare mais y arrive du mauvais côté, heureusement qu'il y a des ascenseurs.

En arrivant à cette gare (vers 9h) je ne sais pas trop ce que je vais faire, continuer la route ou prendre le train? Il n'est pas question encore d'aller à Stockholm mais possibilité d'arriver à Uppsala vers 11h avec un train qui part tout de suite, alors je me décide. Changement à Stockholm. Ce n'est pas excessivement cher, 25 euros. J'ai 3 minutes pour prendre le billet à la machine, ça marche, seulement...je me rends compte que dans le train qu'il me manque le ticket Stockholm Uppsala qui a du tomber après l'autre. D'où un peu de panique. Mais le contrôleur sera sympa.

Gare d'Uppsala 

Uppsala c'est la quatrième ville de Suède, une ville ancienne où se trouve la première université de Scandinavie, fondée en 1477.

Pour moi c'est surtout un pèlerinage naturaliste, car c'est ici qu'a officié Carl (von) Linne. Il n'a pas fait moins que répertorier et nommer systématiquement l'essentiel des espèces vivantes connues à son époque. Ça s'appelle la "nomenclature binomiale " nom du genre, de l'espèce et l'initiale du botaniste qui a nommé. Et encore maintenant c'est souvent L. , comme Linné.

ex quercus robur L.

genre : chêne, espèce : pédonculé

Bref la première chose que je fais à Uppsala c'est de me diriger vers le jardin botanique qu'il a créé où se trouve aussi la maison où il habitait avec sa famille, travaillait et faisait des conférences.


En bas ce sont les pièces d'habitation. Il avait une femme et quatre filles pour s'occuper du ménage, pas question qu'elles fassent des études, il n'y a que le fils qui y avait droit et qui lui a succédé.

En haut ce sont les pièces destinées à l'étude, bureau, bibliothèque, salle de conférences avec une grande table où se pressaient les étudiants, si nombreux qu'ils étaient parfois réduits à écouter depuis l'escalier. Car Linné avait une grande réputation.


Le jardin botanique existait antérieurement, c'est même à cause de lui que Linné est venu à Uppsala mais il était mal tenu, avait brûlé. Linné l'a totalement recréé et actuellement il est identique. Sauf qu'à l'époque il y avait aussi des animaux, singes perroquets..., Et un raton laveur.

Les plantes sont réparties par type, d'un côté les plantes pérennes, de l'autre les annuelles et bisannuelles. Peu de fleurs en ce moment mais c'est quand même intéressant, et très bien entretenu en tout cas.



Au milieu d'un bassin trône une Vénus que Linné a acquise pour le jardin, et au fond une orangerie.

Il fait très chaud et je suis un peu fatiguée. Je m'assieds sur un banc pour casser la croûte, c'est calme et reposant ici.

Et puis je me dirige vers mon hébergement, longeant les quais d'une rivière ou canal.

Ce sont les hautes flèches de la cathédrale qui se reflètent dans l'eau.

J'ai réservé dans une "vandrarhem" (auberge de jeunesse), m'attendant à un lieu sympathique. C'est une horreur, on peut vraiment dire que c'est l'usine, car le lieu à part la porte d'entrée est complètement fermé, la chambre de quatre exiguë , lits superposés et sans fenêtre, mais la télé. Trois lits sont occupés par des types qui ne sont même pas aimable. Pour l'instant je fuis.

Évidemment pas de place pour les vélos. Heureusement que le mien peut passer inaperçu dans la foule des cycles stationnés, et que j'ai deux antivols.

Je me repose quand même un peu sur un canapé près de l'entrée (en plein passage). Il est presque 18h quand je ressors. La cathédrale est évidemment fermée, je ne verrai pas la tombe de Linné.



Un peu plus haut c'est le quartier universitaire, et le château entouré de vastes parcs.


Une musique infernale monte d'en bas . Un concert sur une terrasse. Sur les quais toutes les tables sont prises.

Je me laisse tenter aussi par une petite bière.


10

Beau temps, chaud

Heureusement que j’étais fatiguée, comme ça j’ai pu dormir, malgré le renfermement et la chaleur . Un des types est parti en laissant la lumière allumée, je dois monter sur sa couchette pour l’éteindre, les autres ne font rien mais il y en a un qui m’engueule quand après je lis (pour me rendormir) avec la frontale.

Mais le cauchemar est terminé, et je retrouve mon vélo. La gare est juste à côté. Il n'y trouve un parking à vélos à deux étages.


Le premier train qui part est à quai… c’est un vieux train, avec 3 marches à monter, je ne vois pas d’emplacement vélos ni d’employé des chemins de fer susceptible de me renseigner… en fait si, mais seulement quand je suis montée dans le train après avoir enlevé tous les bagages: le contrôleur arrive pour me dire que ce train ne prends pas les vélos. Il m’indique un train sur la voie d’à côté qui va à Stockholm, ce qui n’est pas évident pour un non initié, mais tout le monde me le confirme, la contrôleuse aussi. Elle m'avertit que je dois descendre à Stockhom Södra, qui est juste un peu plus loin que celle du centre.

Et ça marche, me voilà à Stockholm, je suis le trajet indiqué par le GPS, pour finir sur les quais puis dans la vieille ville, montée dans les pavés, pour arriver à Castanea hostel, un peu inquiète de ce que je vais trouver après mes récentes déconvenues.

Ouf, les choses se présentent bien, même si je ne peux pas prendre la chambre tout de suite. Dans le corridor en bas un vélo est stationné, il y a de la place pour un deuxième… parfait, je ne vais surtout rien demander à personne. L’hostel est nettement plus sympathique que le précédent, il y a des fenêtres, une salle commune accueillante, une cuisine. Tout fonctionne par code, pas besoin de trimballer une carte qu’on risque de perdre ou d’oublier dans la chambre et ne plus pouvoir entrer.

Je ressors avec mon vélo, d'abord à travers les rues de la vieille ville et par la "stortorget", grand place, pas si grandes que ça, avec de grandes maisons anciennes à haut pignon et le musée du prix Nobel.

à deux pas de là c'est le château royal, c'est bientôt la relève de la garde, les touristes attendent, une jeune garde me dit de ne pas passer par là (j'avais compris). Je n'ai aucun intérêt pour ce genre d'exhibition, mais je vois malgré moi passer la troupe, escortée par une voiture de police, ridicule...

Je me dirige vers l’office du tourisme, qui devrait être à côté de la gare centrale… mais n'y est pas. Cela m’a permis de circuler à travers la partie moderne et commerçante de la ville, immeubles, grands avenues, voitures, etc... ça me suffira...

Allant vers le musée national, je passe par le Kungsträdgard", jardin du roi, j'en profite pour y manger mon casse-croûte. C'est la foule.

Le roi est Charles XII, sans doute le roi de Suède le plus connu à cause de toutes les guerres qu'il a faites. Encore un qui avait l'intention de conquérir l'Europe, a annexé de vastes régions, s'est frotté aux Russes et a tout perdu après. Bref quelqu'un de pas très intéressant.

Le musée national des Beaux Arts est un bâtiment très imposant en face d'un quai. L'entrée est chère, 150 SEK presque 15€. Les visiteurs y sont nombreux, sans que cela rende pénible la visite.

Je suis venue ici surtout pour faire connaissance avec la peinture suédoise, mais le musée n'est pas dédié seulement à la peinture suédoise, c'est toute la peinture européenne qui est représentée et on ne peut décemment pas refuser de voir ces œuvres d'art. ça me fera une petite révision, ça fait longtemps que je n'ai pas visité de musée. La peinture française est bien représentée.

Vous aurez peut-être reconnu Archimboldo (horrible!), Cranach, Watteau, Rembrandt, Rubens, Renoir

Pour la peinture suédoise, j'avais juste retenu le nom de Carl Larsson (1853-1919) dont de nombreuses œuvres sont représentées. Les autres artistes, je ne connais guère leur importance relative. Les tableaux sont souvent très lumineux, avec des personnages expressifs et de belles femmes. Beaucoup ont voyagé en France et en Italie. L'exposition temporaire porte sur les jardins, matière à de belles peintures en effet.

œuvres de Larsson 
oeuvres de?, Julia Beck,  Hölding Linqvist,Amalia Lindegren, Anders Zorn, Fanny Brate 
oeuvres de Berta Wegmann, Hildegard Thorell (2), Helmer Osslund, ?

Arrivée à l'époque contemporaine, et à une belle exposition de miniatures du 18ème siècle, je commence à être un peu épuisée et à passer vite, et ne pense plus qu'à me reposer.

Petit coup d'oeil sur les quais

Retour à l'hostel, courses au Coop du Järntorget (très cher). Je mange des boulettes de poisson en boîte et du fenouil, pas mauvais.

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Publié le 15 mai 2023

Je me lève vers 6h comme d'habitude et c'est là que je devrais me dépêcher pour visiter une gamla stan (vieille ville) déserte mais je m'occupe de diverses questions d'intendance, rangement, lessive... et ne sors pas si tôt que ça.

Et pourtant à cette heure c'est un rêve, il n'y a personne, rien n'est ouvert, on peut jouir parfaitement de la beauté environnante. L'hostel est situé dans la partie la plus ancienne, qui étaient construite à l'époque médiévale. Les constructions actuelles y seraient plutôt du 18ème, dans le style baroque de l'Europe centrale, elles sont crépies en beige, en jaune, en rose, en ocre.

Du côté est, des passages plus ou moins étroits, parfois voûtés, appelés gränd, descendent vers le quai. La plaque sur la maison à la porte sculptée représente le peintre Carl Larsson (dont on a vu les œuvres au musée), né ici le 28 mai 1853.

Gamla stan occupe une petite île triangulaire. Le côté ouest est plus récent, les maisons seraient dans le style du 19ème ou début 20ème, plus imposantes.

Le quai (Munkbro) y est défiguré par les avenues, les voies ferrées, et des travaux en cours.

Quant au côté nord du triangle, il est occupé par le palais royal et des bâtiments abritant les institutions de l’État. Le parlement (Riksdag) se trouve tout de suite en face, sur une île encore plus petite.

le palais royal. La jeune femme s'appelle Kristina Gyllenshierna, qui fur régente à 21 ans au 15è siècle 
Le Riksdag 
La chancellerie, la maison de la noblesse, Riddarhuset, et la statue de Gustave Vasa 

Inévitablement, les magasins de souvenirs


Retour par Stortorget. Sur cette place a eu lieu un "bain de sang" historique où le roi du Danemark a liquidé les nobles suédois qui s'étaient révoltés contre sa domination. Mais ensuite Gustave Vasa a poursuivi la lutte et conquis l'indépendance de la Suède.



Le charme est rompu: la foule des touristes a débarqué. Parmi eux, énormément de Français pour arranger les choses.

Je trouve juste à côté de mon gîte un bistrot plutôt sympathique où je vais rester plus de deux heures

Je déjeune d'une salade, fait la sieste essaie laborieusement de terminer la journée d'hier et ressort pour une courte balade vespérale, passant devant la sculpture de Saint Georges, Göran en suédois.

Je m'aperçois que le musée national est bien visible, juste en face. J'aurais pu gagner du temps hier !

Le repas ce soir c'est des carottes (seuls légumes abordables au Coop) avec le reste des boulettes de poisson.

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Lever fort matinal pour aller enregistrer sur le ferry direction la Finlande (Turku). Mais aujourd'hui je vais m'arrêter au milieu du golfe de Botnie pour faire un petit tour dans l'archipel d'Åland.

Le ferry s'appelle Viking Grace (la compagnie, Viking Line), il est énorme 11 étages, ça me fait drôle de laisser mon vélo tout seul en bas près de la porte. Les places autour des tables sont confortables, avec vue sur la mer et possibilité, en cherchant, de se brancher.

Stockholm est située dans un immense archipel, ("archipel de Stockholm"), qui est formé de multitudes d'iles. Si bien que pendant une bonne moitié du trajet le bateau va glisser entre ces îles, qui sont de tailles diverses mais un peu toutes sur le même modèle, entourées de rochers avec quelques accostages, couvertes de pins, parsemées de maisons et petits chalets, en densité plus faible quand on s'éloigne, et des accostages.

J'ai pris quelques photos, hélas une fausse manip me les a toutes effacées. La seule qui me reste est la moins intéressante... C'est quand on est arrivés en pleine mer.


La deuxième photo c'est le ferry.. derrière une passerelle, pas mieux. J'étais encore sous le coup de l'émotion, j'ai failli rester dedans. J'avais bien repéré où était le vélo, pont 3.1, mais quand j'y descends (ascenseur), je trouve les portes fermées. Je remonte, trouve avec difficulté le guichet d'information, où on me dit que c'est ouvert maintenant et que j'ai 5 minutes pour sortir du bateau. Ça marche, ouf!

À Marienhamn il fait chaud et lourd. Ça annonce la pluie. Pour l'instant le ciel est juste un peu voilé.

Les premiers kilomètres sont décevants, on se demande où est la ville mais c'est habité partout, plus ou moins belles maisons.

Une église attire mon attention. Beau clocher de bardeaux. Elle est fermée mais il y a des toilettes près du cimetière, et de l'eau. Bonne chose de faite.


Église de Jomala 

Il règne toutefois ici une atmosphère différente. Certes on est en Finlande maintenant, mais cet archipel où on ne parle que suédois a un statut d'autonomie. Il a son drapeau, ses plaques d'immatriculation propres.


Et diverses particularités. À l'entrée des villages les communes arborent leur blason. Les arrêts de bus sont signalés par de jolis panneaux en demi disque aux couleurs du drapeau, les boîtes aux lettres sont groupées sous de petits toits. Et les habitants ne sont pas très aimables je trouve.


d'accord, rien à voir avec les boîtes américaines... 

Je ne l'imaginais pas non plus autant de circulation sur les routes ce qui gâche le plaisir. Le paysage commence à être un peu joli. Bois de pins et de grands rochers, en granit rose. Je trouve des itinéraires cyclables, parfois ils suivent les grandes routes mais alors c'est sur une piste bien séparée.


Juste avant un bras de mer se dresse une grande tour de guet. J'aurais bien aimé y monter, hélas il faut passer par un café, qui est fermé. On a quand même une belle vue depuis les rochers.



Trois dames finlandaises admirent aussi le paysage. Elles me proposent la photo.

Photo prise du pont 

Autre attraction touristique: le château de Kastelholm, forteresse qui existe depuis le 14e siècle. Il a changé souvent de mains, entre Danemark Suède Russie... Comme la Finlande du reste.


Le trajet qui suit est un peu vallonné mais agréable, bois et rochers plats et c'est encore sur la partie non goudronnée que je me sens le mieux.

Je me demande si je vais pouvoir aller suffisamment loin ce soir. Pour ne pas avoir à m'inquiéter pour le bateau demain.

Mais les reliefs sont terminés, j'arrive dans une plaine agricole que je n'imaginais pas ici. La terre est d'une teinte délavée, récemment semée cela donne une couleur gris bronze. Grandes fermes éparses. Ça ne sent pas toujours très bon, élevage ou épandage ? Un lac apparaît parfois, mais la vaste mer, jamais.


En continuant vers l'ouest, on retrouve une région forestière avec des habitations disséminées, et, particularité de l'île non encore mentionnée, des petits moulins à vent rouge tous sur le même modèle. On pourrait jouer au jeu des erreurs.


Je soleil décline et le ciel se couvre. Jusqu'à quelle heure fera t'il jour ? Je n'en ai aucune idée. Il est une heure de plus, puis je continuer à pédaler une heure de plus ?

Dans le doute je préfère chercher un bivouac (à 20h passées quand même). Mais je suis sur une route un peu importante, alors j'oblique dans la campagne. Une ferme d'élevage, des bois coupés, c'est plutôt moche, dois je encore croire à la providence?

Ben oui, descente au bord de l'eau, un coin de pêche, une table de pique nique, des cabanes, et un espace plat. Que demander d'autre?


Le soleil se couchera... derrière les nuages mais il fera jour beaucoup plus longtemps que je n'imaginais, au moins jusque 22h30, après je dors !

Des cygnes passent et atterrissent en poussant des cris épouvantables. Un chevreuil se mettra à aboyer en pleine nuit.

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Publié le 17 mai 2023

Au réveil vers 6h le temps est gris. Coup d'œil sur météo, aïe elle a changé, la pluie ("faible") ce n'est pas seulement l'après midi, mais aussi le matin.

De fait il commence à tomber quelques gouttes juste au moment du démontage de la tente. Mais pour l'instant ça va.

En reprenant la route je repasse devant des moulins et aussi plusieurs cabanes basses, faites de grosses pierres, spécialité de l'ile aussi.


Ce qui me plaît aussi, ce sont, dans les bois de pins sylvestres, ces grands rochers plats couverts de lichens.


Néanmoins j'ai une petite nostalgie d'être dans une île et voir si peu la mer. Dans cette île les extrémités sont certainement les plus intéressantes mais ça oblige à faire des allers et retours, et se rallonger beaucoup.


Une petite carte vaut mieux qu'un discours

Je me contenterai de prendre une route pour rejoindre le bord de mer à 2-3km. Bonne idée l'endroit est splendide. Mais ce n'est pas vraiment la pleine mer, d'autres îles sont devant.


Retour dans les forêts et surtout le long de routes beaucoup plus fréquentées, heureusement qu'il y a toujours une piste cyclable séparée. De toute façon, la pluie qui n'a plus rien d'une "pluie faible" ne donne pas envie de flâner.

Arrivée à Mariehamn, vue humide sur le port.

L'impression que j'ai eue à mon premier passage se confirme, la ville de Mariehamn n'a rien de pittoresque, quadrillage d'avenues, pas de centre ancien. Je cherche un endroit où m'abriter , une cafétéria fera l'affaire. Des gens mangent, mais déjà que pour un café c'est pas facile... Je n'ai toujours pas compris le système qui consiste à prendre un plateau, se servir de gâteaux ou autre, d'un verre si on veut de l'eau, payer et demander un café, puis se servir soi même en café ou eau chaude pour le thé après la caisse. Bref je me contente d'un café et d'un kanelbulle (brioche à la cannelle).

Sur ma réservation de ferry il est écrit que les propriétaires de véhicules doivent enregistrer une heure à l'avance. Cela me paraît beaucoup puisque le bateau ne sera même pas là. Mais si c'était vraiment impératif ? Nouvelle panique, il est plus de 13h30 et le bateau part à 14h25.


Il n'y avait pas à paniquer, il y a toujours quelqu'un au guichet. D'autres vélos attendent déjà, et il y a moyen de s'abriter, ouf!

Ce n'est pas le même bateau, celui-là, Viking Glory, ressemble beaucoup à l'autre, encore plus grand peut-être. On entre par le côté, pas par le fond, et il est doté d'un emplacement désigné pour les vélos (sans aucun équipement).

Il y a plus de monde qu'hier , difficile même de trouver une table inoccupée, je suis obligée de me mettre dans une salle où il y a de la musique. Mais quand je vois que la chanteuse une jeune femme aux cheveux longs et l'air sympathique qui s'accompagne de la guitare acoustique je tolère bien que ce ne soit pas mon genre de musique.

Ça y est j'ai encore l'impression d'être dans un film de Kaurismaki. Il ne les choisit pas tant que ça ces personnages, les gens sont d'un pittoresque incroyable.

Je jette un coup d'œil dehors de temps en temps. Ce sont des îles et toujours des îles.


Je ne prends pas un café mais un thé. Moins cher mais l'eau n'est pas assez chaude.

Et puis je me fais encore avoir avec l'heure, et suis toute surprise d'entendre annoncer l'arrivée dans une demi-heure à Turku. Le reste je n'y comprends rien , je ne trouve pas le bureau d'information, mais descend au pont et trouve les vélos et les autres cyclistes qui sont déjà là.

Une dame engage la conversation (en anglais), elle s'est intéressée aux mouvements sur les retraites en France. Elle a pris sa retraite à 62ans mais a des amis qui ont du travailler jusque 67-68, elle trouve aussi que c'est trop.

Les autres cyclistes sont deux jeunes équipés en "bike packing" (= léger) qui reviennent d'un tour dans les îles, jusqu'aux plus petites où il faut passer en bateau.

J'essaie de les suivre à la sortie mais ils me sèment évidemment, j'erre un peu à la sortie du port mais finis par trouver le chemin, c'est facile, il n'y a qu'à suivre la rivière.


Tout droit mais pas tout près 6km avant d'arriver chez Léo un étudiant sympathique qui malheureusement n'est pas là. Son coloc non plus d'ailleurs. Mais il m'a laissé ses instructions détaillées.

Je me fais des carottes avec des pâtes. La cuisine et le séjour sont très confortables. Dans la chambre ça sent le renfermé, et pour cause... La fenêtre n'ouvre pas. Ça ne sera quand même pas pire que le cagibi à Uppsala...

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Temps gris, venteux, pluie le soir

Je m’applique à mettre à jour le carnet de voyage, ce qui ne me fait partir qu’à 10h. J’ai entendu un peu de bruit, et pensé que le colocataire Jasso devait être là…mais il a du partir aussitôt, je n’ai vu personne.

Il fait très froid ce matin avec le vent. Je reprends le même chemin que la veille, mais je fais un arrêt à la cathédrale, que je n’avais pas visitée et peut-être même pas vue la dernière fois que j’étais passée à Turku il y a cinq ans.

C’est une très grande église, actuellement de culte luthérien, commencée au 13è siècle mais qui a été complétée ou remaniée à peu près à toutes les époques. Elle est importante pour la chrétienté finlandaise. Plusieurs groupes d'enfants des écoles, de la maternelle au collège, sont en visite avec leurs enseignants.

Je jette en coup d’œil plutôt rapide au centre de Turku dont le style me rappelle les villes de l'est de l'Europe, et je continue le long des quais pour reprendre ma route.


Tout du long je vais trouver des pistes cyclables. En général elles sont bidirectionnelles d’un côté ou l’autre de la route. Parfois il faut passer d’un côté à l’autre mais le passage est protégé, et les voitures s’arrêtent. C’est bien d’etre en sécurité. Mais il s’avère que pendant une vingtaine de kilomètres ces voies vont suivre les routes importantes, c’est l’eurovélo 10, c’est sécurisé, oui, mais aussi bruyant.

On traverse les zones résidentielles, puis les zones industrielles et portuaires, ensuite on roule en bordure de forêts, mais on ne s’écarte jamais beaucoup des grandes artères, l’envieonnement ne devient campagnard qu’à quelques kilomètres de Naantali.

C’est une des rares villes touristiques du coin, c’est pour ça que j’ai fait le détour. Après des courses au supermarché je cherche la vielle ville (vanha kaupunki), les rues sont rectilignes et se coupent à angle droit, mais elles sont bordées de jolies maisons de bois, le plus souvent de couleur claire, jaune, blanche, gris clair.

Au bout se trouvent l’église, assez monumentale et en pierre, et le port, entouré de nombreux restaurants dont plusieurs sont ouverts, bien que la fréquentation touristique ne soit pas très abondante en ce moment.

C’est ici que sont nés des petits personnages de livres pour enfants, des petits trolls en forme d’hippopotames, les Moumines inventés par une dame appelée Tove Jansson (1914-2001)….Un musée et un parc dans une île toute proche lui sont dédiés.



Je passe sur une palissade de bois le long du port, où s'alignent des restaurants dont plusieurs ouverts bien que les touristes ne grouillent pas aujourd'hui.



Je monte à l’église où je peux rentrer et ranger mes courses, je vais voir la vue sur un belvédère au bout du parc de l’église.



La vue est belle, certes, mais qu’est ce qu’il fait froid!Je ne vois aucun endroit où casser la croûte à l’abri. J’entre dans un restaurant (ravintola) qui fait très chic, mais les prix ont l’air correct et il y a des menus journaliers, je décide d’y entrer, en espérant ne pas avoir de mauvaises surprise. Le menu c’est du poulet ou du poisson. Le poisson est du flet, je n’en ai jamais entendu parler et n’ose pas en prendre, je choisis le poulet et le regrette après avoir vérifié que c’était un poisson plat qui devait être très bon.

Mais le poulet, avec une sauce curry des petits légumes et des pommes de terre frites, c’est bon aussi, je prends mon temps, avec le café j’en ai pour 16 euros, c’est plutôt moins cher que ce qui se pratique en France. À la sortie je suis bien réchauffée, je sens moins le vent, et me sens en forme pour continuer.

Le long des routes à grande circulation pour commencer, mais aussi le long des bras de mer et sur les ponts, d’où on a de jolies vues. Ensuite les voies cyclables s’écartent, passant en forêt, mais rejoignent la grand-route quand il faut traverser l’eau, sur les ponts.

Et puis on recommence à suivre une route fréquentée, mais mon GPS me propose un raccourci, c’est une piste non revêtue mais tout à fait bien carrossable, qui traverses de forêts et des clairières, vraiment jolie, avec vue sur de l’eau par intermittence.

Le village appelé Askainen a une jolie église où je trouve une petite porte ouverte.... C'est que c'est l'heure de la répétition de la chorale. Ils me voient bien car ils sont là haut à côté de l'orgue. Malheureusement je n'entendrai pas plus que les vocalises. La porte a été refermée derrière moi... Je suis arrivée juste au bon moment !


Suit une route goudronnée tranquille, mais le paysage devient plus plat, plus banal, des terrains agricoles parfois un peu puants, mais le pire est à venir, c’est de rejoindre une vraiment grande route, avec une bande latérale mais qui ne fait pas 1m, et beaucoup de voitures et camions qui roulent parfois très vite. Par contre, une bonne chose, depuis un bon moment j’ai le vent dans le dos !

Malheureusement vers la fin, a- t'il tourné, il me vient en face, et pour couronner le tout il se met à tomber une pluie fine. Enfin je quitte la route pour une piste en bordure de forêt, pas très agréable à cause de l' odeur de lisier qui persiste, pour arriver à une "zone naturelle de loisirs" où il devrait y avoir un abri.

Hélas , ce sont d’anciennes carrières de granit avec non des lacs mais des trous d'eau , je trouve cet environnement sinistre, notamment à côté de l’abri, table de pique-nique avec un toit. Je trouve un autre emplacement . La pluie fine ne me gênera pas pour monter la tente. Le bivouac de rêve ça ne peut pas être tous les jours !

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Soleil, froid, vent d’ouest

Je n’ai pas aimé l’endroit, mais ça ne m’a pas empêché de dormir, réveil, 7h30 ! Aujourd’hui le jour ne m’a pas réveillé.

L’emplacement n’était pas très bien abrité, l’avantage c’est qu’avec le vent la tente n’est pas humide. Départ 9h32.

Je rejoins la route en gravillons, puis une route goudronnée et le tracé de l’EV10. Le paysage ne varie pas beaucoup, des forêts de pins sylvestres et des zones agricoles souvent puantes. C’est légèrement vallonné, sans reliefs brutaux , il suffit de rouler tranquille et tout va bien.

Seulement il y a le vent… Tout au début je ne le sens pas beaucoup mais il devient plus fort, je l’ai en face, cela ne m’empêche pas vraiment d’avancer ni ne me fait tomber, mais ça me freine et je n’avance pas vite, moins de 10km/h.

Je constate qu’ici aussi les roches sont couverts de lichen , et qu’ici ausssi, même si c’est moins systématique, les boîtes aux lettres sont sous des petits toits.




À Kantali , petit arrêt à l'église, qui est fermé, mais le robinet d'eau du cimetière fonctionne !


C'est un tout petit village, je suis étonnée d'y trouver un café. Il se veut moderne avec des lumières bleues et une musique de variétés finlandaise à autre intensité qui m'amuse au début et finit par me saouler grandement.

À la sortie, soleil et chaleur. J'enlève la doudoune et les gants, mais me rends compte que c'était prématuré quand je suis exposé au vent froid.



Uusikaupunki... Un nom que je trouve fascinant., qui signifie tout bêtement "ville neuve" ( alors que c'est une des plus anciennes villes de Finlande). En suédois c'est plus bref, Nystad, connue pour un traité signé en 1721.

L'EV10 y passe, mais je ne fais pas le crochet et continue direction nord ouest. Les bois de pins alternent avec les zones agricoles. Je préfère les premiers pour deux raisons. Mieux abrités et moins puants.

La localité suivante, Pyhäranta, est encore un village. On peut y prendre un café dans un fast food pizzeria. Une famille s'arrête pour manger des pizzas à trois heures de l'après-midi.

La route suit le littoral... que l'on ne voit que très très fugitivement. Le paysage reste forestier, avec beaucoup de maisons éparses.


Est ce parce que la direction de la route a changé, plus vers l'est, ou que le vent a tourné, ou diminué, la fin du parcours est moins dure. Toujours des petits reliefs, mais ça apporte de la variété.

À l'approche de Rauma des maisons sont partout. J'ai vu qu'il y avait un abri quelque part dans la forêt. Et suis tentée d'aller y voir...

Mais c'est toute une aventure. Le GPS m'aide beaucoup (carrément indispensable ici). Au début ça va, c'est une piste, fréquentée par des joggeurs. Mais la dernière partie du trajet c'est un étroit sentier dans une forêt dont le terrain est soit humide, soit rocheux. L'issue est incertaine...

Mais la récompense au bout de l'effort : superbe site, une croupe rocheuse. Dormir dans l'abri ne me dit rien mais il y a un et un seul emplacement plat à proximité. Heureusement que ma tente peut tenir sans piquets...

Ce que j'aime dans ces contrées c'est que le tomber du jour dure très longtemps. À 17h30 on croit déjà que le soir tombe. Entre 20h30 et 22h le soleil rase l'horizon. Et à 23h30 il fait encore clair.

Petite promenade vespérale après la polenta dans l'abri. Je suppose que le tas de pierres est le sommet. Malheureusement on ne voit pas la mer, ni rien... Seulement la forêt autour.

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Réveil 5h30 avant le soleil, plus exactement avant que le soleil ne sorte de derrière le Mont Chauve. Surprise, la tente est mouillée par la rosée.

Départ 7h30 de l’emplacement, je n’aurait finalement pas trop de mal à sortir le vélo des bois, je prends quand même l’itinéraire un peu différent repéré hier, qui est mieux. Un joggeur passe juste au moment où j’arrive. Il fait grand soleil ce matin, et beaucoup moins froid qu’hier.

Si je n'ai pas pris la route la plus directe de Turku à Tampere, c'était principalement pour voir Naantali et Rauma, que voilà. Les villes finlandaises étaient toutes en bois. Mais les villes de bois ça brûle, et elles ont rarement été préservées.

Oui quelle splendeur ce vaste centre ancien, et ces belles maisons de bois peint ! C'est difficile de prendre des photos à la lumière crue du matin, et on apprécie le calme. Pas un seul touriste.

Cette jeune femme prend des photos dans le parc à côté de l'église.. ce n'est même pas une touriste : elle m'adresse la parole, et me dit qu'elle habite ici, qu'elle s'y plaît et que son loyer n'est pas cher, 800 € pour une maison avec trois chambres. Elle étudie pour être enseignante. J'apprécie beaucoup qu'elle parle un anglais très hésitant, au moins je comprends.

L'église (nommée "de la Sainte Croix) aussi est intéressante. De l'extérieur assez semblable aux églises déjà vues. Mais par chance elle est ouverte. Plusieurs femmes semblent préparer quelque cérémonie, dont la pasteure qui me donne une petite brochure sur l'église. J'apprends qu'elle a été fondée au 14e siècle par des franciscains mais reconstruite au 15e après avoir brûlé. Et bien sûr est passée à L' Église réformée.

Elle contient de nombreuses peintures et sculptures anciennes. Un retable, une chaire peinte... mais le plus remarquable, ce sont les peintures de la voûte du chœur, qui sont d'époques mais bien entretenues. Il semble que ce soit fidèlement, c'est magnifique en tout cas.


Un gars qui est là m'apprend que les enfants des écoles doivent venir. Si j'ai bien compris c'est une tradition d'aller visiter les églises à la fin du semestre, qui se termine là précisément.

Je ne vais pas attendre, mais malgré tout, avant de repartir... Petit café ! Mais celui là est vraiment joli et la petite brioche que je prends, au léger goût de cannelle, est excellente.

Maintenant la route... pas trop de changement, surtout forêt, pins, bouleaux... Ce qui est quand même incroyable c'est que sur cette bonne route asphaltée, personne, je suis seule avec les oiseaux, mésanges, pinsons, merles, coucou... Et autres non identifiés.


Je m'approche de la localité de Lappi, mais un peu avant un panneau indique un site avec le logo de l'Unesco, intriguant. Alors faisons appel à Google Translator...

C'est un site funéraire de l'âge du bronze, -1500 av JC, le plus ancien de Scandinavie, c'est pour ça que c'est classé au patrimoine de l'Unesco. Allons y puisque je passe devant.

Une piste d'environ 1km mène à un parking. Il s'y trouve une table de pique nique, tout indiqué pour casser la croûte et faire sécher la tente.

Au moment où je repars arrive un couple qui prend ma place. On discute un peu. Ce sont des Écossais (= je ne comprends pas toujours) qui visitent et font aussi du vélo.

Je m'engage sur le site sans avoir regardé beaucoup les explications (en finnois, suédois et anglais). Je pousse le vélo sur une croupe rocheuse Je croise un petit groupe dont une dame qui m'explique que les gens venaient ici brûler leurs morts et que chaque famille en offrande amenait une pierre.

Elle raconte qu'elle est née près d'ici et que petite elle venait jouer ici, sans se douter que c'était un site préhistorique.

C'est sûr qu'à part d'immenses tas de pierres on ne voit pas grand chose, et d'autant moins que sur place on ne bénéficie d'aucune explication, les points remarquables ne sont même pas signalés (j'aurais du trouver notamment des poêles à charbon et un cairn en forme de spirale)..


Je trouve tout aussi remarquable l'abondance des lichens


Après Lappi, la route est plus fréquentée mais je vais tourner dans les bois sur une route non goudronnée, grand calme !

un animal curieux 

Il y aura beaucoup plus de monde du côté du grand lac de Säkylä.



Je vais quand même m'y arrêter, près d'une aire de camping-cars, tout au bord de l'eau. C'était une erreur car soudain un vent fort se lève, et puis les vagues viennent se heurter aux rochers de la rive.. et je reçois les embruns.

Un type vient me faire toute une histoire car je suis paraît il sur le terrain de freesby. Il repartira, de toute façon avec le vent...

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Toujours beau et de plus en plus chaud

Le soleil est éblouissant, le lac bleu foncé et l'air immobile.


La route continue au bord du lac en limite de forêt (chalets de loisirs), puis traverse une plaine agricole.

Elle rejoint un autre lac à Kanaanpää, hier j'avais hésité à aller jusque-là. Eh bien j'aurais du! Près de la plage les espaces herbeux étaient parfaits pour le bivouac et le coin plus tranquille, je n'aurais pas été embêtée par des joueurs de frisbee.


À l'église on cé

Inutile de détailler la suite, ça ne varie guère. Quelques champs, des fermes ou habitations éparses et beaucoup de forêts. Des routes tranquilles. Une ville sur le passage, Huittinen, supermarché, pique nique à côté du monument aux morts (39-45, la Finlande était neutre en 14-18).


Le clocher sonne le glas... À l'église on célèbre un enterrement.


Quelques photos sur la route. Les colzas commencent juste leur floraison.

Deuxième ville de la journée Vammala, bien située au bord d'un lac, et dotée d'une grande église de brique datant du,19e siècle.


Une partie du cimetière est consacrée aux tombes militaires, et on voit aussi plusieurs monuments commémoratifs.

Le cimetière et le monument aux morts, c'est pour la deuxième guerre mondiale. La première, la Finlande ne l'a pas faite. En 1918 une terrible guerre civile entre Rouges et Blancs a fait 39000 morts en quelques mois. L'inscription dit: "en mémoire de ceux qui sont morts pour leurs convictions".

Il y a un camping à Vammala, au bord du lac. Allons y voir. Déjà les abords sont en travaux, et je vois surtout des caravanes pas forcément occupées. à l'accueil je trouve une femme blonde l'air revêche et peu loquace (elle ne doit pas trop savoir l'anglais) m'annonce le prix de 25€, me montre les sanitaires et la cuisine. Et un emplacement très loin de là sur un malheureux carré d'herbe entre des caravanes, sans aucune vue sur le lac. Désolée madame, je vais plus loin...

Et plus loin ce sera bien mieux. Une église est signalée à quelques kilomètres de là. Elle se trouve un peu à l'écart non loin du lac. Aux abords des églises c'est rare qu'on ne trouve pas de place pour s'installer...

C'est une grande église de pierre grise à l'allure sévère vue de l'extérieur (mais je ne verrai pas l'intérieur, elle est fermée). Le clocher de bois est construit à côté.

Autour de l'église la seule possibilité est le cimetière, et près du clocher ce n'est pas plat. Mais plus près du lac il y a des possibilités.

Juste sous l'église c'est un peu trop en vue, mais plus bas il y a un parking de pêcheurs où l'herbe est tondue. Ils ne viendront pas ce soir. L'endroit n'est pas commode pour ce baigner, mais il y a de l'eau pour se laver. Et de beaux spectacles sur le lac.

Les oiseaux volent et crient de partout, mouettes, sternes, canards, oies, cygnes sauvages, et j'en oublie.

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Le soleil brille derrière les arbres, et l'église cette fois n'est pas à contre-jour, mais n'est toujours pas ouverte. Au bord de la route la troupe de cygnes sauvages est toujours là. Ils chantent un chœur presque mélodieux, à deux notes, en pliant et relevant le cou.

Le ciel est bleu, la route est belle, surtout quand elle longe ou traverse des lacs

J'arrive ainsi facilement à un village nommé Karkku, où j'hésite entre deux routes, une véloroute (n°12) et une autre route un peu plus directe. C'est sur elle que je m'engage, route agréable, aux dénivelés très modérés, calme au milieu des champs d'oiseaux... mais voilà quelle rejoint une route qui elle circule beaucoup, ce n'était pas prévu... Je me suis trompée! Presque 3km à refaire dans l'autre sens!

Et au carrefour je me décide finalement pour la véloroute, non asphaltée, et surtout beaucoup moins facile, car là il y a du relief, et les côtes sont raides.

La forêt est là aussi fréquemment exploitée. On entre sur la commune de Nokia, un nom évocateur, et la on monte de plus en plus, on dépasse les 100m d'altitude ce qui ne m'est pas arrivé depuis longtemps, et l'horizon s'élargit en haut des côtes. Mais je me trouve un petit coin à l'abri entre des épicéas pour manger un morceau. Sur cette route me doublent ou me croisent bien plus de cyclistes qu'habituellement. Peut-être parce qu'on est dimanche et pas très loin d'une grande ville.

La première ville c'est Nokia, une ville industrielle, mais ce n'est pas là que sont ou étaient fabriqués les téléphones (c'était à Salo, où je suis passée il y a cinq ans).

à la sortie de la ville, la piste cyclable va suivre la grand-route qui mène à Tampere mais je la prends du mauvais côté. Je suis arrivée en bas d'une église, du coup je vais y jeter un coup d'oeil. Elle est fermée, elle est entourée d'un cimetière dont une partie militaire avec un grand monument aux morts. Le robinet d'eau ne fonctionne pas.

Je traverse pour être du bon côté. La voie va longer des routes, pas l'autoroute mais toujours avec de la circulation. Les cyclistes sont nombreux sur cette voie, et vont plus vite que moi.

à l'entrée de la ville ça devient un peu plus compliqué, heureusement que le GPS le guide sur les bonnes voies, ça ne serait pas évident, car il y a des routes dans tous les sens. J'arrive au port, de l'autre côté duquel on voit un parc d'attraction pour les gens qui ont le cœur bien accroché.

C'est dans les immeubles que l'on voit devant qu'habitent mes hôtes, Mirva qui parle français, et Antti qui ne le parle pas ce qui fait qu'on va parler anglais. On monte le vélo dans l'ascenseur pour le mettre sur le balcon, d'où la vue est magnifique sur le lac. Nous montons sur le toit de l'immeuble pour avoir une vue encore plus étendue. Le lac fait 60km de long, il est gelé en hiver. Un petit voilier ne bouge pas beaucoup en l'absence de vent.

Ils m'expliquent que ce groupe d'immeubles où ils habitent a été construit sur un emplacement gagné sur le lac. Le pont en-dessous était une voie circulation automobile, mais depuis qu'un tunnel a été creusé sous la ville il est dédié aux piétons et cyclistes, et l'endroit est incroyablement calme.

De l'autre côté la rivière Tammerjoki n'enfonce vers la ville.

On fait des selfies

Antti prépare un excellent repas, des crêpes fourrées aux légumes et aux champignons, et puis on fait une petite balade autour de l'immeuble, sur les bords du lacs les promenades sont fréquentées par ce beau temps. Ils me montrent l'endroit où ils se baignent, tous les jours, été comme hiver.

Le chemin déjà parcouru en Finlande est en rouge (320km de Turku à Tampere)

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Publié le 23 mai 2023

Le vélo reste sur le balcon, ce ne sera que de la marche à pied aujourd'hui.

Antti, après sa baignade matinale, a fait du porridge que l'on mange avec des myrtilles (mustikka), et chose curieuse du beurre de cacahuète, mais c'est très bon. Nous discutons un peu sur son travail et sur les Russes (c'est la pratique de l'eau froide qui m'avait fait penser au Russes). Avant le Covid les Finlandais allaient très facilement à Saint Pétersbourg, ce n'est pas loin et les formalités étaient sommaires, tout cela est fini. Beaucoup de Russes travaillent avec lui, ils sont venus en Finlande à cause de la guerre ou un peu avant sentant que ça aller se gâter.

Ma lessive mise dans la machine hier soir (j'avais à peu près tout mis à laver), je pars visiter la villeTampere, commençant par les bords de la rivière Tammerkoski, ce qui est un bon endroit car que la ville trouve son origine. Cette rivière joint en effet deux lacs dont l'altitude est différente, quelque chose comme 18m, ce qui provoque des rapides, et donc de l'énergie. C'est pourquoi on y a construit des usines textiles et développé une ville industrielle au 19ème siècle.

Ces usines évidemment ne fonctionnent plus, mais les cheminées et les bâtiments de brique sont toujours là, ils sont réutilisés, abritent des sociétés divers, des établissements commerciaux, des musées. C'est un très bel ensemble. Le quartier s'appelle Finlayson, du nom de son fondateur (1820), un écossais prénommé James.

La rivière (Tammerjoki), les rapides domptés et les usines 

C'est une belle architecture industrielle

Où que l'on soit à Tampere on trouve toujours des espaces de verdure à proximité.

Une église de brique, des maisons de bois, le palais d'un riche industriel 

C'est la partie la plus pittoresque de la ville, Pour le reste ce sont des grandes avenues et des bâtiments modernes. On voit poindre le clocher de la cathédrale. Surprise en s'en approchant de plus près, ce n'est pas du tout un bâtiment ancien, elle a été construite dans les premières années du 20è siècle, dans un style pompeux très particulier que personnellement je trouve plutôt horrible. C'est une église catholique.

De là je vais me livrer à une occupation dont je me serais bien passée, pénètrer dans un grand centre commercial appelé Ratina à la recherche de cartouches de gaz. Ce genre d'endroit est épouvantable, mais je me trouve une petite cartouche, je devrais si besoin en retrouver d'autres plus tard dans un magasin de sport.

En repartant je vais retraverser la rivière, large à cet endroit, entourée de nombreux restaurants, et je me dirige vers le musée Lénine. Pourquoi Lénine? Tout simplement parce qu'il s'est à une époque réfugié ici, et c'est là qu'il a rencontré Staline pour la première fois. Mais c'est lundi, le musée comme prévu est fermé. Je n'en saurai pas plus. Je ne regrette toutefois pas d'y être allée voir car il est à l'intérieur d'un beau bâtiment, qui comprend également un théâtre.

Je m'achète une salade dans un supermarché et vais la manger sur un banc du jardin public, à côté de diverses écoles et lycées. L'endroit est donc bien fréquenté, par une jeunesse qui rivalise de tenues originales.

lycées 

Et puis je repars un peu plus vers l'ouest pour monter en haut d'une tour. Je me rendrai compte le soir que ce n'était pas celle que Antti et Mirva m'avaient conseillé d'aller voir, qui était un bâtiment moderne, un hôtel dans le centre ville. Cette tour là est ancienne, située au milieu d'un parc forestier, où poussent le sorbier des oiseleurs et le muguet. Mais l'élévation suffit pour avoir une jolie vue. La ville est un peu lointaine mais on domine le paysage de lacs et de forêts.

Dernière opération de la journée, qui se soldera par un échec, trouver un distributeur de billets. Près des banques il n'y en a pas. Je ne savais pas qu'ils s'appelaient "Otto" et étaient tous identiques, de couleur orange.

Cet après midi il commence à faire chaud et lourd, je me sens fatiguée et suis bien contente de prendre une douche en rentrant...

Ce soir Antti fait encore un super dîner, un plat de légumes variés avec des boulettes ressemblant à des falafels.

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Ce matin en plus de la baignade Antti est parti courir 7km. Mais avant de partir il a préparé le petit déjeuner porridge avec un "smoothie" aux myrtilles. Vraiment trop gentil.

Mais je ne me suis pas levée très tôt et pars à 8h30 après les adieux. Ils étaient vraiment sympas et j'étais comme un coq en pâte chez eux. Mais il va falloir revenir à la vie sauvage pour une bonne semaine.

Je retraverse le quartier des usines et pars plein est à travers la ville. Assez vite je repère un panonceau orange "Otto". Enfin de l'argent liquide !


Je roule entre des immeubles à n'en plus finir mais ne m'en plains pas. La circulation n'est pas intempestive, et avec toutes les pistes cyclables pas de stress.

Changement de direction, vers le nord, l'environnement verdit. Le temps est nuageux mais la température est agréable pour rouler,. Il se met à tomber des petites gouttes , le ciel est encore clair, pas d'inquiétude.

C'est une véloroute que je suis. Numéro 66 mais les panneaux indiquent"Näsi". Elle longe de plus ou moins loin (car ses contours sont très découpés) le Näsijärvi le lac au nord de Tampere, au bord duquel j'ai dormi deux nuits. Elle s'écarte peu de la route principale pour l'instant, mais la piste est bien séparée.

Au niveau ciel ça ne s'arrange pas, il est plus sombre et les gouttes plus grosses... Il va falloir mettre la cape et protéger la tente.

On roule toujours en forêt, on ne voit pas le lac, mais de l'autre côté des plans d'eau qu'on qualifierait plutôt d'étangs.




Un peu de grisaille...

Après avoir parcouru 30km pile, tiens, "kahvila", un café au bord de la route, village de Kämiennemi. Ça tombe bien.

Et à la sortie, plus de pluie. Par contre la route devient moins agréable, plus de piste, juste une bande étroite, et quand même de la circulation. Aussi quand il y a possibilité de la quitter en se rallongeant un peu, par la véloroute d'ailleurs, je n'hésite pas.

J'ai bien fait, l'itinéraire est plus heurté mais plus intéressant, d'abord on voit le lac par moments, enfin des bras du lac, le centre est rarement visible. Et puis le paysage est plus ouvert, vallonné (tant pis pour les côtes), prés forêts et champs alternent , tapis jaunes de pissenlits dans les prés, bois de bouleaux.



Mais il va falloir rejoindre la grand route, où les voitures roulent trop vite. Et les camions, c'est les gros gabarits.

Heureusement à Ruhala je change de direction , après un café dans une station service et surtout approvisionnement en eau, pas facile dans ces coins peu peuplés et même sans églises.

La route vers Vilppula part toute droite et plein est, c'est bien j'aurai le soleil dans le dos. Et le vent aussi on dirait.


J'arrive aux abords de Väärinmaja, où j'avais prévu de m'arrêter. Une aire de pique nique à côté d'un monument commémoratif aurait pu faire l'affaire, si elle n'avait été aussi proche de la route.


Le monument commémore les violents affrontements en 1918 entre Blancs et Rouges qui ont eu lieu dans la région.

Sur la carte j'ai repéré un lac pas très loin de la route et dont on peut s'approcher. À l'entrée d'un chemin qui descend vers l'eau un panneau indique selon toute probabilité "propriété privée" mais ça tombe bien je ne comprends pas le finnois. Car au bout du chemin se trouve une petite maison avec un terrain assez exigu autour. Mais la pointe qui s'avance vers l'eau, c'est trop tentant. Les propriétaires doivent être quelque part en ville...


Je fais ma toilette au bord du lac (pas facile d'y entrer), me fais à manger (boîte de haricots). Et j'entends un moteur... Ce sont les propriétaires ! Un couple. Ils m'apprennent ( en anglais) que le panneau indique propriété privée. Je fais profil bas... Mais ils sont très gentils, ne font pas d'histoires, ouf!

Les passereaux aquatiques que je n'ai jamais réussi à voir, rousserolle, cisticole, que sais je?, gazouillent dans les roseaux et avant le coucher du soleil j'entends un oiseau à la voix extraordinaire. Je ne me souviendrai jamais du son mais c'était magnifique à écouter.

Le soir tombe.


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Sur le matin je sens l'humidité et le froid. Je me couvre et jette un coup d'œil dehors. La brume plane au-dessus de l'eau.

Je me réveille pour de bon vers 6h. Ma cartouche de gaz est en fin de course, il fait froid et il y a du vent, l'eau met une éternité à bouillir, c'est agaçant.

J'aurais mieux fait de ne pas déjeuner, car les propriétaires du chalet m'invitent à prendre le petit déjeuner avec eux, ça ne se refuse pas. Je prends juste le café, un peu de temps porridge et une petite brioche.

Ils habitent pas loin d'ici dans une ferme, ils sont en travaux notamment dans leur cuisine, c'est pour cela qu'ils viennent prendre leurs repas ici, leur chalet de loisirs. Ils y laissent aussi leur petit chien qui ne supporte pas le bruit des travaux.

C'étaient ses parents à lui qui avaient une petite exploitation agricole ici (29ha). Il n'a pas repris évidemment, a travaillé dans diverses villes (à vendre du matériau agricole), elle travaillait à l'hôpital de Tampere. Il s'appelle Antti et elle Terttu. Je demande leurs coordonnées mais oublie la photo souvenir.

Départ 8h30. Beau temps agréable encore. Pas trop de relief, pas circulation sur la route, mais beaucoup de grumiers, il y a une usine à Vilppula m'a dit Antti.

Pas d'arrêt à Vilppula, je préfère avancer jusque Keuruu. Je manque un très beau musée d'art finlandais, SERLACCHIUS MUSEOT? dont ils m'ont parlé, à quelques kilomètres de là. Il n'ouvre qu'à 11h, ça me prendrait la journée et il faut pédaler avec ce beau temps.

Forêts toujours, et lac près de Kolho, où je ne m'arrête pas.

Les grumiers passent, la forêt est exploitée.

à la sortie de Kolho, un panneau m'a fortement intriguée... et inquiétée. Il indique... à 8km, une côte (ou une descente?) à 12%. Je n'arrive pas à y croire car les reliefs ne sont pas considérables, mais si... c'est quelques kilomètres avant Keuruu. On dirait un mur, mais ouf, juste à ce moment commence une piste cyclable qui sera parallèlle à la grand route jusque Keuruu. Je n'ai pas de photo, Il fallait que je prenne un peu d'élan, et, chose surprenante, cette côte je la monte jusqu'en haut! Il faut quand même dire que j'ai le vent dans le dos.

On entre dans la "Finlande Centrale" 

En arrivant à Keuruu je passe devant un établissement industriel, une voie ferrée, et un lac.

Je n'avais plus rien, je me déchaîne au supermarché, mes achats sont dans un sac en plastique et impossibles à ranger, je me dirige vers l'espace vert le plus proche, c'est à côté d'une église de brique.

Elle n'est pas hideuse, mais de l'autre côté de la route, à deux pas de là, il y avait une autre église, la vieille (vanha kirkko)

Une des plus belles églises en bois de Finlande! Elle est fermée, hélas.

Il fait très chaud maintenant, je route en short et manches courtes! Pour aller voir une autre église de ce type, je dois aller à Petäjavesi, qui est à l'est, sur une route importante. Mon GPS me propose des voies secondaires pour éviter cette route. Comme j'ai mis l'option "vélo de route" et pas "vélo tout terrain" je suis confiante...

Première route: assez large et à peu près directe, mais très gravillonnée et avec beaucoup de relief. Ouf, la suivante, de l'autre côté de la route, n'est pas gravillonnée, mais bien... sauf qu'à un moment il faut tourner, et là qu'est ce que je trouve? Une piste DE SABLE! Et ça c'est vraiment l'horreur. Au début j'arrive à rouler un peu, et puis je manque tomber, et puis ça monte... il faut poeuxusser. Changement de direction, toujours du sable, mais je un peu mieux, ça roule à peu près jusqu'à ce que je retrouve la grand-route.

Là, je ne me pose plus de questions, je continue sur la route mais n'en mène pas large. En fait ce n'est pas si terriblement dangereux, je suis bien visible et la route est large, mais ça roule très très vite (j'ai l'impression qu'il n'y a pas de limitation de vitesse en Finlande), c'est vraiment stressant. Comme en France, il y en a qui ne s'écarte pas beaucoup pour doubler.

Heureusement, le vent m'est favorable encore et j'arrive à Petäjavesi. Un chemin me mène à la vieille église, qui en effet est aussi une merveille. Pas de panneaux explicatifs, pas d'heures d'ouverture affichés. L'avantage c'est qu'il n'y a personne et que je peux admirer à loisirs. Je peux même me hisser dur des murets en m'accrochant sur des planches pour voir à l'intérieur, mais quand la planche commence à craquer je n'insiste pas, je ne vais quand même pas détruire un monument de cette valeur. Je n'ai plus qu'à lever les bras pour prendre des photos.

Petite précision: il y a seulement un problème  de prise de vue. L'église ne penche pas!

Dans ce village s'élève une église plus récente, mais ici elle est en bois également. Avec un clocher séparé.

Je m'approvisionne en eau et je continue. Je suis encore obligée de prendre cette grand-route. à cette heure, moins de monde et pas de poids-lourds, mais ils roulent encore plus vite.

Je repars vers le nord, traversant un village nommé Kintaus, sur la route numérotée 6250 où je voudrais bien trouver un lieu de bivouac. C'est une route non revêtue, montant et descendant dans un environnement pas beau du tout, des forêts sinistres, et, ce qui n'est pas courant dans ce pays, toutes clôturées, on se croirait en Sologne.

Un chemin descend vers un lac, des chalets de loisirs sont éparpillés tout autour, et en dehors de ces chalets je ne vois pas d'emplacement praticable, à part un rocher au bord de l'eau, à peu près plat. En montant la tente je pense aux alpinistes qui s'installent sur des rocs exigüs. Mais ça marche.

Heureusement que la nuit ne tombe pas vite, je me fais des pâtes avec des courgettes et ça prend un temps fou avec ma cartouche qui ne veut pas se vider.

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À vrai dire la météo l'avait prévu : pluie le matin. J'espérais que ce serait seulement après le démontage, mais ça a commencé dès 5h du matin.

Cela va me permettre de voir ce que ça donne, ces routes non asphaltées, quand elles sont mouillées. Au début j'ai peur ça a l'air glissant... Mais finalement ça roule normalement. De toute façon le goudron revient assez vite.

Entre temps l'environnement s'est un peu ouvert, des clairières vertes, des habitations apparaissent. Il y aurait eu d'autres possibilités de bivouac.



Cette route bien que goudronnée est très calme ! Elle mène à Uurainen où au supermarché tout le village se retrouve. La moyenne d'âge est plutôt élevée. Ça sent la campagne profonde.

Prochaine étape Saarijärvi. Un peu plus de voitures et quelques grumiers. On longe des lacs de plus ou moins près. Il ne pleut plus.




La petite baraque rouge est un arrêt de bus. Joli et avec un petit banc à l'intérieur. Malheureusement on n'en a pas partout.

Les rivières ne sont jamais longues, juste le temps de passer d'un lac à l'autre.

Avant d'arriver à Saarijãrvi on rejoint la route importante venant de Jyväskylä la grande ville locale. Heureusement la piste cyclable commence dès la jonction. Jusqu'à la ville ce ne sont que des bâtiments industriels ou commerciaux.

À l'entrée de la ville je repère tout de suite l'église, imposante, clocher séparé, et entourée d'un grand cimetière. Un bon endroit pour casser la croûte et sécher la tente.





Dans la ville je passe deux bonnes heures dans un café, ce qui me permettra de recharger le téléphone et l'ordinateur. Et de mettre à jour les photos et le blog.

Et les jours sont longs pas d'inquiétude pour parcourir les 32km jusqu'à la prochaine localité, Kannonkoski

Ce n'est pas souvent qu'on longe les lacs d'aussi près...

Courses rapides et recherche d'un bivouac. Ce soir j'ai envie d'être en forêt. Voilà un petit coin plat au bord d'un chemin.

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Une journée avec le beau temps, mais pas chaud. Le vent est froid et souvent en face, heureusement l'itinéraire est moins direct alors la direction varie. Et puis la forêt protège.

Toute la matinée je traverse les bois dans une agréable solitude, presque pas de cabanes. La seule chose qui m'inquiète c'est que je n'ai plus d'eau, j'évalue même l'éventualité d'en prendre dans un ruisseau.

Et puis voilà une maison, et sur le mur de la maison... Un robinet. Qui marche. Il n'y a personne alors je me sers. Appelez ça comme vous voulez mais moi je dirais que la providence a encore fait son œuvre.



La route goudronnée est une exception. Le chemin, pas en vélo !

Après ma piste qui zigzague je dois affronter le vent sur une route en principe importante (3-4 voitures..) puis tourner à angle droit, mais c'est aussi goudronnée . Et puis de toute façon pas possible de s'arrêter pour casser la croûte, il pleut. Et là aucune possibilité d'abri.

Ça ne dure pas, à une éclaircie je m'installe près d'une coupe au soleil il ne fait pas froid, mais ce n'est pas un endroit où rester des heures.

Continuons. Je renonce à me rallonger pour un café à Pihtipudas, hélas en repartant nord ouest, même dans la forêt, il faut lutter contre le vent, et il est glaçant. Je voudrais tant trouver un abri. Ici il y a des petites baraques un peu partout mais dans des propriétés. Elles sont ou bien fermées ou bien pleines de cochonneries et à moitié effondrées. Je constate que beaucoup de Finlandais ne sont pas particulièrement soigneux avec leur environnement . Autour des maisons sont laissés toutes sortes de matériels, des carcasses de voiture, des cabanes écroulées.

Et puis le vent se renforce, le ciel devient noir... Cette fois c'est une belle averse, pas une petite pluie ! Déjà mouillée je me précipite vers un groupe de maisons dont une avec un auvent. En dessous c'est encombré et effondré, j'arrive à peine à y monter mais j'aurai quand même évité une partie de l'averse.

Et après, le soleil revient ! Des bois, et des coups d'œil sur les lacs



Et puis presque d'un coup, avant Reisjärvi, le paysage s'ouvre et fait place à l'agriculture. C'est beau quand la couleur verte est renforcée par le soleil, moins quand les champ viennent d'être retournés.


En tout cas ça ne fait pas du tout mon affaire, car les seuls endroits où les terrains seraient praticables, c'est autour des maisons.

J'ai déjà dépassé les 100km, et toujours rien. Alors je me lance, voyant un monsieur sur un tracteur, en train de tondre sa vaste pelouse, je me dirige vers lui.

Il est quelque peu surpris, mais me propose le meilleur coin de son terrain, me fait faire connaissance avec son gros chien blanc, et me donne un jerrican d'eau.

(ces photos sont du lendemain)
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Beau temps mais pas chaud


Au moment où j'ai tout rangé Timo (c'est le propriétaire de la maison) vient me voir et faire une photo souvenir. Il est seul, sa femme et ses enfants sont partis à une compétition de natation.

Direction Haapajärvi par une route non goudronnée toute droite le long de champs labourés et fermes disséminées, sans harmonie. Décidément je n'aime pas ce coin.

Heureusement qu'il y a les oiseaux, notamment des vanneaux que chez nous on ne voit qu'en hiver. Deux rapaces non identifiés font un beau vol groupé.

Plus loin on retrouve des bois et des lacs.


Et notamment à Haapajärvi. Forcément, puisque järvi veut dire lac.

Je resterai un bon moment dans ce village à cause de son café agréable et clair. Mais j'aurai aussi été voir l'église, qui est ouverte. Pas pour les visites mais pour un enterrement alors je reste à l'entrée. Je vois arriver une famille avec des enfants tous de noir vêtus.



Cet étrange personnage est un tronc, avec la fente au milieu de la poitrine. Pour les pauvres.

Je me retrouve dans une zone agricole où trouver un endroit pour casser la croûte est un casse tête. Dans ce pays les chemins n'ont même pas de bas-côtés, comme d'habitude les seuls endroits possible c'est autour des maisons. Je trouve un petit coin près d'une maison inhabitée.

En repartant je remarque cette autre église, isolée au bord de la route. Les croix sont caractéristiques du culte orthodoxe .


Il me reste quand même plus de 50km pour aller à Haapavesi où j'ai décidé de faire étape. J'ai trop trainé. Le vent me gène parfois et trop de lignes droites, j'en ai un peu marre.

Encore un beau lac bleu au passage.

Haapavesi est situé au bord d'un lac tout en longueur. Pour rejoindre le village il faut passer sur un pont au milieu duquel se trouve une petite île et c'est sur cette île qu'est situé le camping. Caravanes, cabanes, inoccupées. Il y a de la place pour les tentes, c'est 17 euros. Je m'installe au bord de l'eau malgré le risque d'humidité. Je craignais le vent mais il a du se calmer un peu. J'utilise la douche et la cuisine qui est minuscule on ne peut pas s'assoir. Ce soir pâtes et brocolis. Sur leurs plaques électriques il faut être patient pour la cuisson.

L'aspect du ciel ne présage rien de bon
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Pluie une bonne partie de la journée.

J'avais osé espérer qu'il ne se mette tout de suite à pleuvoir pour partir avec une tente sèche, c'est raté, déjà à 5h du matin des gouttes tombent. Par contre il ne pleut pas au moment où je démonte la tente, c'est déjà ça.

Pour le petit déjeuner je me trouve une table et une chaise de bistrot à côté et les installe dans la cuisinette où je prends un petit déjeuner copieux. J'ai déjà froid et je me mets en branle, pas très convaincue à la pensée de me coltiner la pluie toute la journée. Mais je n'ai pas le choix.

Je n'entre même pas dans le village de Haapavesi, prenant une petite route latérale qui monte, tant mieux ça me réchauffe. Et puis je sens bien que j'ai le vent dans le dos, ça roule. Essaierais je de pousser jusqu'à Oulu aujourd'hui? Dormir sous la tente, que je n'aurais pas pu faire sécher, n'est pas une perspective réjouissante.

Alors roulons, La pluie ne tombe pas si fort que ça, et même s'arrête. La route est goudronnée, juste un peu bosselée et fissurée, et incroyablement déserte, 3 voitures croisées en 30km. Elle traverse des boisements divers et variés, parsemés de petites cabanes,, je me sens au cœur de l'immense taîga. Et j'espère qu'il ne pleuvra plus, que la météo s'est trompée.

Évidemment ce n'est pas toujours idyllique, les coupes rases ne sont pas très esthétiques, le sol est jonché de rochers et de souches, plus des tiges inexploitées, on se demande comment on peut circuler là dedans. Pas facile à replanter et impossible à entretenir, j'ai vu une fois un planteur à l’œuvre avec une canne à planter. Et pourtant ça pousse, et droit.

La photo qui suit est totalement anecdotique, mais ces deux géants de pierre qui font au moins 5m de haut sont impressionnants

Eh non la météo ne s'est pas trompée, la pluie reprend, et cette fois ce n'est plus "petite pluie" mais "pluie moyenne". J'arrive dans un secteur un peu plus habité. ça tombe bien, je vais trouver un abri pour manger, dans un appentis où les stères de bouleau s'entassent.

Une joli église au passage, c'est fini pour les photos, il pleut trop.

Je trace ma route. Je rejoins à Temmes la route Jyvaskylä - Oulu, où ça circule beaucoup, heureusement il y a une alternative cycliste, voie parallèle ou petites routes qui s'en écartent légèrement. Il s'empêche que ce n'est pas un parcours enthousiasmant et je n'ai plus que deux idées:

1°) Avancer, pour arriver à Oulu, 50km dans l'après-midi, c'est jouable

2°) Trouver un asile où me reposer un peu, et boire quelque chose de chaud, car je suis frigorifiée et commence à avoir mal partout, poignets ankylosés, mal au fesses... Mais RIEN. Ce n'est qu'à 12km de Oulu que je pourrai enfin me réconforter, dans une station-service. Je prends un thé, me réchauffe, ça fait du bien, en sortant je me sens capable de repartir pour une cinquantaine de km. Enfin, peut-être.

L'approche de la ville n'est pas désagréable, la circulation cycliste est toujours bien aménagée, sauf à un endroit où il y a des travaux. Les petits panneaux bleus indiquent toutes les directions et les véloroutes européennes sont signalées.

Une vue sur la mer, qui ne ressemble pas à la mer mais c'est bien elle.

Oulu n'a rien d'une ville ancienne, avenues rectilignes et immeubles modernes. Mon hébergement est une chambre d'hôte dans un immeuble. Le propriétaire est un asiatique moyennement sympathique, sans doute Indien. Je dois laisser le vélo dehors. Le logement est moyennement bien tenu, le linge moyennement fiable, mais il y a tout ce qu'il faut, notamment pour sécher les affaires, et la cuisine est agréable. Je me fais de la polenta et le reste de brocolis.

Une jeune Néerlandaise occupe la chambre voisine, elle n'a pas trop l'air d'avoir envie de parler.

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Beau temps, vent froid OSO


Le matin je rencontre un troisième locataire en finissant mon petit déjeuner (flocons d'avoine, je n'ai plus de pain). C'est un Finlandais mais il habite en Norvège, à.. Tromsø. La construction commence en norvégien mais passe vite à l'anglais. Il m'offre un café.

Rangements et relation de la journée de la veille à terminer, je sors de l'appartement en fin de matinée seulement mais là il est grand temps, c'est l'effet de serre, la chaleur devient insupportable.

Je retrouve mon vélo et tous ses accessoires. À la sortie de l'immeuble le soleil chauffe... Mais dès que je passe de l'autre côté... Un vent glacial m'assaille. J'aurai d'Oulu le souvenir d'une ville ensoleillée et ventée.


Oui c'était bien mon impression premières, rues au carré et immeubles. Contrairement à ce que laisse penser la photo, la ville est assez animée, les habitants vaquent à leurs affaires. Je les trouve habillés bien légèrement par ce froid,manches courtes, shorts. Les cyclistes sont nombreux, plus que dans les autres villes où je suis passée.

Malgré tout on rencontre quelques maisons de bois


Une halle ancienne en brique, gardée par un drôle de policier.

Le marché est à l'extérieur. Le bâtiment moderne derrière est le théâtre et la bibliothèque.


Et on arrive au bord de l'eau, pas de vue sur le large à cause des nombreuses îles qui sont devant.

J'emprunte une passerelle vers l'île nommée Pikisaari. Le long d'une rue droite s'alignent des maisons de bois dont la plus vieille de la ville,un musée en été.


Reste à voir la cathédrale, 19e, d'un style classique clair et solennel.

Très bien fléché, le parcours cycliste pour sortir de la ville, direction Haukipudas. Et très agréable, protégé du vent avec le soleil qui me chauffe le dos, à travers dès banlieues vertes proprettes.

À Haukipudas je trouve un bon endroit abrité pour déjeuner et même faire la sieste devant l'église.


Je suis toujours l'eurovelo 10, mais elle n'est pas fléchée sous ce nom. C'est le parcours n°1 mais de toute façon maintenant il n'y a plus d'indications et c'est beaucoup moins intéressant car il faut suivre la grand route.

C'est là qu'en face je vois arriver un vélo chargé, avec des sacoches Ortlieb : ma première rencontre avec un voyageur ! Je coupe la route pour lui parler. Un Norvégien qui s'appelle Lev (sous réserves), il suit la côte jusque Goteborg et Oslo, vient des Lofoten.

Même pas 5 minutes après, je n'en crois pas mes yeux, un autre ! Pas jeune non plus barbe blanche. N'a pas l'air décidé à s'arrêter.

Le prochain village s'appelle... Li. Rien que ces deux lettres. Une grande place vide, une station service, deux supermarchés, une pizzeria, rien de sympa. Alors je vais chercher ailleurs et c'est la surprise, j'arrive au bord d'une large et belle rivière où l'eau coule en rapides. Cette rivière a regorgé de saumons à une époque, en témoigne une statue représentant des pêcheurs à la pique, et un musée fermé mais qui arbore une photo évocatrice.

ça ne faisait pas bon d'être saumon 

Ce musée et les maisons autour forme un ensemble de maisons anciennes tout à fait charmant, l'église est de style plus moderne, mais originale.

La forêt dont m'avait parlé le Norvégien la voilà enfin. Ce n'est pas la plus belle, la piste tournicote... Mais c'est mieux que la route ! Il commence à faire un peu froid, je mets le blouson.

Je rejoins la route, il y a encore une alternative pour l'éviter, et je me dis que je vais peut-être trouver là un bivouac?

Hé bien ça ne risque pas ! Je suis tombée dans un parc éolien. Elles sont énormes et font un bruit d'avion.

Et puis je me retrouve sur la route, un camping est indiqué, de l'autre côté de la route et au bord de la mer. Très beau mais.... Il souffle un vent épouvantable. Un autre cycliste campeur se terre dans une tente .

Moi je m'en sens bien incapable. Alors je choisis l'abri barbecue, qui ici est bien protégé. Je peux monter ma tente sans piquets. Mais ça va très mal, ça glisse, et c'est le drame... L'anneau qui joint les arceaux latéraux et la faîtière se casse!! Impossible de monter la tente normalement. Voilà ce que ça donne.


On peut quand même dormir comme ça.

Paysage magnifique. Pour la première fois, que la mer à l'horizon.


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Beau temps le matin, se voile l’après-midi



Je dors bien et me réveille confiante, espérant pouvoir malgré tout réussir à monter la tente, dans la terre avec les piquets, j’ai déjà eu ce problème. Pour l'instant, je démonte.

Et c’est là que le pire arrive… l’espace est étroit, je trébuche, tombe sur la tente… et voilà un arceau cassé en deux, et ça c’est beaucoup plus grave, la tente devient inutilisable. Vais-je être obligée d’écourter mon voyage ? D’acheter une tente ? Pour l’instant, n’y pensons pas trop, allons jeter un coup d’œil à la mer bleue, et prenons la route.

Je n’ai pas à reprendre la nationale, il suffit de suivre des pistes forestières, en essayant de ne pas se tromper, ce que je fais quand même à deux reprises.

Voilà le type d'engins qui se balade sur les routes 

Le prochain village c’est Simo, j’y aurais bien fait une pause, mais à son approche des travaux titanesques barrent la route, je ne vois aucune possibilité d’entrer dans ce village… alors continuons.L’environnement devient plus campagnard et assez riant, avec des prés et les jolies maisons rouges.

Mais hélas que de dépotoirs encore!

Un panneau indique un « puisto » (parc), je ne comprends pas trop de quoi, mais cela mène au bord de la mer, qu’il faudrait quand même voir un peu de temps en temps…

J’ai bien fait l’endroit est un lieu de villégiature tout à fait désert actuellement, mais avec une belle vue sur une baie, et un « kahvila » évidemment fermé mais dont un côté est parfaitement à l’abri du vent et au soleil, il y fait très bon. Je serai un peu dérangée par un groupes de dames qui vient s’asseoir sur l’autre terrasse, enfin surtout par leur chien qui n’arrête pas d’aboyer, mais elles ne restent pas longtemps.

Je repars par un chemin barré mais seulement parce que les riverains ne veulent pas être dérangés, c’est un raccourci non négligeable. Je vais rejoindre la grand-route, la traverser puis la longer par le nord. C’est une piste cyclable, elle va me mener jusque Kemi. Entre temps je fais une pause café dans une station service cafeteria, très calme.

Kemi est une ville étrange, aux avenues très larges mais désertes, quelques maisons de bois et une cathédrale rose. Le bord de mer est plus intéressant, dans les ports flottent des barques, des voiliers et même un trois-mâts . Sur la promenade circulent quelques badauds et sur la plage un baigneur entre dans l'eau.

À la sortie l’autre aspect de la ville est l’industrie, une grosse humide fume et sent le chou, ce pourrait être une papeterie.

Je suis toujours dans cette zone industrielle, sur des pistes cyclables longeant les routes, et pourtant je suis tout près de l’île où j’ai repéré un abri qui vu sa situation devrait être dans le bon sens, "dos au vent".

J’imaginais une zone naturelle, pas vraiment,l’île est mitée de pavillons. Mais je trouve facilement l’abri qui en effet est bien abrité, et propre. Aux alentours traînent quelques saletés post-pique-nique, je ramasse tout ça et le balance dans la grosse buse qui sert de barbecue. La rivière coule juste en face, fréquentée par les mouettes.

Pas besoin d’entrer dans le duvet pour dîner (une espèce de soupe de pois très épaisse en conserve). Par contre vers la fin je sens un peu le vent alors je décale mon installation à l’autre bout de l’abri et tout va bien.

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gris et vent froid. Pluies.

[Les 42km c'est le trajet parcouru en vélo. à Tervola j'ai pris le train pour Rovaniemi]

J'ai à peu près aussi bien dormi que dans la tente. Sur le matin j'entends avec délices la pluie qui tombe, me disant que je n'aurai rien de mouillé et à faire sécher ce jour qui vient.

Une petite surprise quand même: un T-shirt trempé... Il y avait une petite fuite dans le toit, je ne me suis aperçue de rien. Il n'y a pas plus que dégâts que ça, ouf!

Départ vers 8h30. Je constate, en finissant de traverser le fleuve depuis mon île, que j'étais à deux pas d'une grosse centrale hydraulique.

Et puis j'oblique vers le nord. La route est doublée par une piste cyclable. Elle suit le fleuve mais pas de tout près. Au début ça circule un peu, après plus personne.

Une église en bois jaune sur le côté gauche de la route, ça tombe bien, je n'ai plus d'eau. En fait il n'y a pas de cimetière, donc pas d'eau, mais deux visiteuses passant par ici en voiture m'en donnent de leurs provisions. L'église, qui date de l'époque où la Finlande était un grand duché dépendant de l'empire russe porte une inscription à la mémoire du tsar Alexandre 1er, décédé en 1825, donc peu avant sa construction.

Le fleuve, le Kemijoki ce qui veut dire rivière/fleuve de Kemi, est très large. Il n'est pas visible en permanence. Des petits cabanons s'éparpillent entre la route et la rive, de l'autre côté ce sont de nombreuses habitations mais elles ont l'air toutes vides, ce sont peut-être des logements d'été..

Jusqu'ici il faisait seulement gris et froid avec ce vent. Mais voilà des gouttes, et puis l'averse. J'aperçois des serres et un hangar. Je m'y rue. Au premier abri je m'arrête, c'est l'entrée d'une serre pleine de pélargoniums et autres fleurs magnifiques. La dame m'accueille gentiment, elle m'explique qu'ils n'ont que deux mois pour cultiver. Son mari, est beaucoup moins aimable, ils ont du travail et pas le temps de bavarder...

La pluie s'arrête je prends congé, direction Tervola. Les habitations se raréfient, les alentours sont plus naturels, le fleuve encore plus large.

D'autres fleurs attirent mon attention sur le bas côté, je n'en reviens pas, ce sont des trolles, des fleurs de montagne chez nous!

Pour arriver à Tervola il faut traverser la Kemijoki sur un long pont... Qui est en travaux, et il n'y a pas la place pour une voiture et un vélo à la fois, la traversée est donc un peu pénible. Belle vue malgré tout.

Et puis après avoir passé la rivière je cherche où est la gare... Pas du tout de ce côté, il me faut retraverser le pont et revenir par où je suis passée! Peu avant Tervola un panneau indiquait "asema" ce qui vent dire gare. Mais j'avais remarqué que des lieux qui n'étaient pas une gare de train avaient parfois ce nom, je n'ai pas fait attention. Je n'ose pas aller voir le village de peur de rater le train, mais la gare est paumée en pleine campagne, ce n'est qu'un abri en plein vent, le train passe plus tard que je ne pensais... bref au lieu du petit café douillet que j'escomptais ce sera une heure d'attente dans le froid!

Le train est à l'heure, prend les vélos mais il me faut payer 4 euros de plus. J'ai un peu honte de ne pas être allée jusqu'au bout en vélo, en même temps c'était l'occasion de faire connaissance avec les trains finlandais. Dans mon wagon se trouvent les aménagements pour les enfants, carrément une aire de jeux, avec même un toboggan.

La gare de Rovaniemi paraît être en périphérie de la ville, mais je réalise que c'est toute la ville qui a l'air d'une périphérie. C'etait un peu une ville de pionniers à sa fondation, pendant la guerre elle a été entièrement détruite et reconstruite.

L'hostel est très usine, fonctionnel et froid. Mais au niveau confort et propreté, rien à dire. L'hotesse me fait payer 5 euros de plus pour utiliser le garage à vélos que j'ai bien du mal à trouver. C'est aussi un atelier de réparation, et je vais trouver là un jeune très serviable qui va me scier proprement mon arceau cassé, malheureusement cela ne sert à rien, je ne peux pas l'emboîter avec le reste.

Un autre lit du dortoir est occupé, à côté est posé un sac de marque quechua, tiens tiens. Bien vu, c'est une Française, Canelle, fort sympathique, qui va m'initier aux joies du sauna, je n'aurais jamais osé y aller toute seule. Ce n'est pas compliquer, il faut s'asseoir sur des bancs en bois, jeter de l'eau sur des pierres chaudes (chauffées à l'électricité dans les saunas modernes...), ce qui provoque une vapeur brûlante. On s'habitue est on sue. J'essaie de prendre une douche froide après, non ça va pas tout seul, alors se rouler dans la neige, ou plonger dans un trou dans la glace après, là je ne m'y vois pas du tout. Mais on se sent bien après, c'est un fait...

Pour mes problèmes de tente les magasins n'ouvrent pas avant la fin de matinée. Alors je me contente de faire les courses et me déchaîne dans les achats comme toujours quand je peux me faire à manger. D'autant plus excessivement que Canelle m'invite à partager son repas, des pommes de terre sautées, un délice auquel je n'avais pas goûté depuis longtemps.

Elle a arrêté son travail pour voyager, est partie plusieurs mois avec son sac à dos et voyage en transports en commun. Elle était en woofing à proximité dans un élevage de chiens, a arrêté avant car ça ne s'était pas trop bien passé, a passé dix jours dans cet hostel et repars demain plus au nord, à Ivalo. Elle me raconte qu'il a fait ici jusque 24°.