Carnet de voyage

Pays du Nord 2023

90 étapes
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Il y a cinq ans j'avais effectué une partie du tour de la Baltique (EV10), j'avais apprécié de traverser la Finlande et la Suède... et eu l'envie d'y retourner, en visant un peu plus au nord.
Du 2 mai au 3 août 2023
94 jours
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Pour aller plus loin il faut prendre un peu d'avance. Avant de pédaler j'ai prévu deux jours de train et un jour de bateau:

premier jour: mardi 2 mai

Premier contretemps avant même le départ, notification de Sncf Connect sur internet: le train intercité que j'ai réservé vers Nevers est parti de Nantes avec 45 minutes de retard. Heureusement je me suis levée tôt, j'accélère le rythme et prends un TER une heure plus tôt, départ 8h41 au lieu de 9h46... et arrivée à Dijon avant midi.

Un petit café, un pique nique dans le parc avec les pigeons et les canards, le temps passe vite.

à Dijon 

Comme d'habitude, c'est le voyage en TGV le moins agréable. Il n'y avait pas le choix. 4 marches à monter (en deux fois), 4 vélos et 4 cyclistes sont entassés dans un compartiment avec encore d'autres personnes, mon vélo et sur le dessus et n'est pas loin d'obstruer le passage.

Le seul avantage c'est que ça va vite. à Mulhouse, j'ai trois quarts d'heure à attendre, je ne m'éloigne pas de la gare, et le trajet vers Bâle en TER est tranquille et sans problèmes.

La sortie de la gare Basel SBB n'est pas très facile, avec une grande place sillonnée par des rails de tramways et des voies pour vélo dans tous les sens. J'arrive à ne pas me faire couper en deux par un tramway et à rejoindre, somme toute assez facilement, la maison de Ruth qui m'héberge ce soir.

Pour ses 70 ans elle pédalé au Danemark en juin juillet l'année dernière et a eu terriblement froid. Elle n'a pu prendre sa retraite qu'à 67 ans et est obligée encore de faire des gardes d'enfants de temps en temps. Elle va bientôt partir en Italie dans le Tessin, une région qu'elle affectionne (elle parle italien), et faire de la peinture, rien de paysager car elle ne fait que de l'abstrait, l'environnement l'influence malgré tout.

Pour ce soir, Ruth a préparé une quiche aux légumes et de la salade, et après manger elle m'emmène faire un tour. Elle habite dans un groupe d'immeubles dans un quartier très calme et très arboré. Le Rhin passe à une centaine de mètres en-dessous de chez elle, on a la vue sur les hautes tours blanches qui sont le siège des laboratoires Roche.

Sur le fleuve circulent des péniches des kayaks, des barques plates traditionnelles, et des bacs qui traversent sans moteur, tirés par un filin au-dessus de l'eau. Ruth me raconte qu'elle y a pratiqué le kayak, et qu'en été les gens de la ville viennent se baigner, emportant sur eux leurs vêtements dans un sac étanche .

Nous dépassons maintenant les remparts, et arrivons dans la ville historique, c'est la partie riche de la ville, en effet les maisons sont immenses et très belles. Certaines sont quand même des bâtiments publics, avec de nombreux musées, des écoles, des bibliothèques. La cathédrale de grès rose s'appelle Münster et la grande place pavée qui la jouxte porte ce nom également.

D'autres photos à travers la ville. Le moderne et l'ancien se mélange, parfois heureusement.

Ces étonnantes machines sont l'œuvre du peintre et sculpteur Tinguely

Un autre coup d’œil sur le Rhin et la vue sur la Forêt Noire, retour par des petites rues et des passages pleins de verdure.

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deuxième jour: Mercredi 3 mai Bâle (CH) - Lübeck (D)

J'ai dit hier soir à Ruth que c'était mon anniversaire. Ce matin je n'y pensais plus.... Je suis toute surprise du "bon anniversaire !" et encore plus de la carte avec un joli dessin à elle !

Elle m'accompagne jusqu'au pont au dessus du Rhin, ça me rend service car les voies cyclables ne sont ici non plus pas évidentes à suivre.

Il fait beau. J'arrive très en avance à la gare. Par chance le train est à l'heure.

La place vélo est dans le wagon 1 qui d'après les panneaux si j'ai bien compris devrait s'arrêter devant le repère A... Pas du tout, c'est tout à fait à l'autre bout du train. Grosse panique, je pédale même sur le quai, mais le train m'attend... Et des messieurs accrochent mon vélo en l'air.

Le train est plutôt vite au départ et confortable. J'apprécie mais en cours de route il se remplit... Et prend du retard.

Arrivée à Hamburg Hbf (Hauptbahnhof) à pas loin de 18h, soit 2h 20 de retard. Mais tous les témoignages concordent comme quoi c'est tout à fait habituel en Allemagne.

La gare est pleine de monde. Je me rends compte au dernier moment que je ne suis pas sur le bon quai.





Rapide va et vient dans les ascenseurs, le train part à 18h34, il est à ras de quai c'est bien, il faut faire lever les passagers sur les strapontins à l'emplacement vélos, c'est moins bien.

À la sortie de la gare je me réjouis de me trouver devant la plus belle vue de Lübeck , avec le soleil du soir qui éclaire les briques rouges.



Ensuite je longe les quais c'est encore bien joli


Mais ensuite je mets longtemps à retrouver la maison de Susanne. Pourtant je la connaissais j'étais venue il y a 5 ans!

Très bon accueil. On mange de la pizza et de la salade et on parle de vacances et de randos.


troisième jour : jeudi 4 mai; en bateau vers la Suède

Départ à 7h30 de chez Susanne, bien trop tôt car même s'il y a une déviation ce qui rallonge et complique un peu le trajet d'une quinzaine de kilomètres vers le terminal de ferry, et même si je dois attendre la navette qui passe sous le chenal maritime, j'arrive avec une heure d'avance.

Dans le bus, tout est prévu pour les vélos 

L'autre vélo, c'est une jeune femme qui va travailler à Travemünde. On discute un peu.

Je m'enregistre au guichet à l'arrivée. Maintenant je dois attendre avec deux jeunes voyageurs cyclistes de Flensburg, à côté d'une baraque où sont des toilettes. Heureusement qu'il fait beau (mais pas chaud, 4°) car il n'y a aucun abri. Et ce n'est pas jusque 9h30 comme prévu qu'il faut attendre, mais plus de 10h30, et le ferry partira avec presque une heure de retard. Mais bientôt je vogue sur la Baltique.

Il n'y a qu'un petit pont à l'extérieur, à l'arrière, et on ne peut pas bénéficier de vues étendues sur la mer, ça manque. Et il faut dire aussi qu'il ne fait pas bien chaud, à l'extérieur.

à l'intérieur c'est étonnamment calme, les ponts sont bourrés de camions, mais où sont les passagers? Je me retrouve seule à l'arrière du restaurant. C'est tranquille! Je bois deux gros mugs de café, un que j'ai payé et un que me donne la serveuse, qui a une tête à jouer dans un film d'Aki Kaurismaki, mais je ne suis pas sûre qu'elle parle finlandais.

Je suis étonnée qu'il y ait toujours du réseau, et l'utilise abondamment, jusqu'à me rendre compte, horrifiée, que c'est un réseau spécial, maritime, aux tarifs exorbitants. Finalement je m'en suit tirée avec quatre euros et quelques, ça aurait pu être pire. Du coup je me contente de déguster les parts de pizza que Suzanne m'a données ce matin, et puis de faire une petite sieste, après avoir débranché la télé à côté.

Le paysage s'est brouillé. La côte du nord de l'Allemagne s'estompe. Je l'avais suivie en vélo en 2018. Périodiquement on observe des champs d'éoliennes, et quelques ferrys qui traversent. De l'autre côté on cotoie une pointe de la côte danoise bordée de falaises de craie très blanches.

(J'ai enfin trouvé comment sortir dans cette galerie latérale)

Et puis c'est la côte suédoise qui apparaît peu à peu. Des immeubles et le grand pont qui relie Copenhague et Malmö et rend la Suède accessible par voie terrestre. Un train y circule, mais il ne prend pas les vélos non démontés.

On se croit arrivés mais l'approche du port est longue, et la sortie du bateau aussi.

 Arrivée à Malmö. Assez saugrenue, cette haute tour...

Finalement on nous fait sortir, nous cyclistes, assez rapidement, et, ce qui est bien appréciable, bien à l'écart du flot de véhicules. Le port est immense, la sortie est interminable mais sans problème, il y a des pistes cyclables pratiquement tout du long, et presque pas de circulation. Il faut dire qu'il est passé 20h.

Je ne verrai pas grand chose de la ville, située de l'autre côté de l'avenue qui mène à la gare, un grand bâtiment assez ancien devant laquelle je remarque surtout de gigantesques parkings à vélos.

Je parviens étonnamment facilement à prendre un billet au distributeur automatique, tout en suédois... comme quoi c'est quand même bien utile d'avoir quelques notions de langue. Pas trop de problème non plus pour trouver le quai, souterrain. Les ascenseurs sont grands. Le train est à ras de quai, on est pas obligés d'accrocher les vélos, tout va bien. Juste une petite difficulté à l'arrivée, du côté de la gare où je dois sortir l'ascenseur est en panne, mais un monsieur m'indique gentiment que je peux passer sous les voies un peu plus loin.

Pas de repas chez Angelique (néerlandaise) et Antonio (Espagnol). C'est plus l'heure, ici. On boit une tisane et on discute, pour changer... de voyages! Mais on ne s'en lasse pas!

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C'est mon premier jour en vélo pour de bon, mais je n'ai qu'une petite distance car le seul hébergement que j'ai trouvé est à une trentaine de kilomètres. Alors ce matin j'ai tout le temps de visiter Lund. Dehors le soleil brille et il fait chaud dans le clair appartement de Angelique et Antonio.

Je sors donc après le petit déjeuner, müsli et toasts avec Angelique qui revient de la piscine. Et à peine sortie je constate que je ne suis pas assez couverte, il souffle un vent fort et glacial. J'ai le tort de ne pas vouloir retourner en arrière. J'aurais du parce qu'en plus j'ai oublié l'appareil photo, et mon téléphone fait de mauvaises photos d'intérieur.

Je suis la rue qui est une des rues principales de la ville, assez déserte à cette heure, ainsi que la place. J'arrive au pied de la célèbre cathédrale romane qui est la plus ancienne de Suède, elle date du 11ème siècle mais a brûlé au siècle suivant. L'actuel bâtiment est malgré tout un peu plus récent, et les tours carrées sont une restauration du 19è siècle.

y a 

En effet, dommage que je n'ai pas l'appareil car l'intérieur est intéressant. Architecture romane sobre, et , datant des 14è ou 15è, l'horloge astronomique, l'autel et les stalles, un grand chandelier à 7 branches. Depuis la Réforme, c'est le culte protestant qui y est célébré.

Pas de foisonnement de sculptures sur les chapiteaux, mais un fronton scutpté, un peu étrange, à l'extérieur

Sur Lund, il faut quand même dire que c'est la ville la plus ancienne de Suède. Même si jusque 1658 cette ville n'était pas suédoise, mais danoise. La ville a eu une grande importance politique et économique aux 12è - 14è siècle et commerçait avec la Hanse, ensuite elle a décliné au profit de Malmö.

Elle a gardé une importance culturelle, l'université, deuxième plus ancienne de Suède, a été fondée en 1666 et a prospéré au fil des siècles. Ses bâtiments (les actuels sont du 19è siècle généralement) sont plus ou moins dispersés dans la ville, au milieu de beaux jardins.

Par de petites rues bordées de maisons un peu plus modestes je rejoins le jardin botanique.

Celui-ci est très bien entretenu, assez fréquenté. Les fleurs de saison ce sont surtout des tulipes

Malheureusement il fait de plus en plus froid. Je regarde les serres avec envie, je finis par trouver l'entrée mais elles ne sont pas encore ouvertes... Alors autant essayer de se réchauffer quelque part en ville.

J'entre dans l'église de tous les saints (Allhelgona) malheureusement la chaleur n'y est encore pas suffisante.

Alors je décide de rentrer. La ville est maintenant bien animée. Je prends de l'argent à un distributeur bien qu'il paraît que l'argent liquide ne s'utilise pratiquement plus en Suède. Je fais un saut au supermarché ICA juste en face de la maison où Angélique est encore en télétravail. Je mets sur moi tous mes habits les plus chauds et je descends en même temps qu'elle, à 13h.

Je casse quand même une petite route un peu à l'abri à l'église de tout à l'heure, et me mets en route.

Le vent est d'est, je vais vers le nord-est et imaginais que je ne serai pas trop gênée. Mais il est vraiment très fort et quand il souffle de côté c'est presque pire à cause des rafales qui me déséquilibrent. C'est d'autant plus gênant qu'au début la route est assez fréquentée.

Plus loin je circule sur des plus petites routes ou bien des pistes cyclables. C'est sur l'une d'elles qu'une rafale me mets le vélo à terre, sans dégâts heureusement. Cela n'avance vraiment pas beaucoup. à un moment où c'est particulièrement difficile je me rends compte que le vent vient maintenant de l'autre côté, bizarre... Je finis par me rendre compte que je me suis trompée, avais-je besoin de ces efforts supplémentaires? ça m'a valu d'attendre le passage d'un train au passage à niveau.

On a compris qu'avec cette topographie bien plane le vent peut s'en donner à cœur joie.

Péniblement j'arrive enfin à une petite ville, Eslöv, aux abords très industriels. Après une sucrerie bien puante, une usine qui sent la frite. Mais au centre ville on trouve un peu d'animation et quelques cafés. Celui où j'entre n'est pas trop du style que j'affectionne, je n'utiliserai pas mon argent liquide car on ne peut payer qu'avec carte et l'expresso n'est pas donné (31 SEK soit presque 3 euros. Mais je fais la connaissance d'une jeune Afghane bien sympathique qui est ici depuis quatre ans. Ce n'est pas très facile de parler elle ne parle pas très bien anglais et en suédois je ne suis pas vraiment au point.

Après Eslöv le paysage devient un peu plus varié, un peu de relief, quelques rideaux d'arbres... ce sera quand même dur jusqu'au bout c'est à dire jusque Stehag, le village où je suis hébergée par Henning, dans une maison où c'est un peu le bazar mais néanmoins charmante. Sa femme n'est pas là mais il y a les trois chattes, Nelly, Katalina et Tippex.

Il me cuisine la spécialité suédoise dont je n'avais pas cessé d'entendre parler, les boulettes de viande, kjöttbuler. Eh bien c'est excellent.

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Un peu couvert le matin, puis beau

Le vent est un peu moins fort qu’hier et beaucoup moins gênant car la région parcourue est très forestière.


J’aime bien le petit déjeuner de Henning car il a fait le pain lui même et il a trois sortes de fromages. C’est la première fois qu’on me propose du fromage au petit déjeuner depuis le début du voyage.

Je pars un peu avant 8h30. On dirait qu’il n’y a pas de vent, mais Stehag est dans un trou et dès que je monte sur le plateau il se fait sentir. Il est un peu moins fort qu’hier mais freine malgré tout.

J’ai concocté et fait approuver par Henning un itinéraire de petites routes, mais ne vais pas tarder à me rendre compte qu’une partie de ces routes n’est pas asphaltée. En général elles roulent bien, néanmoins il ne faut pas trop de relief car dans les côtes ça rippe, et dans les descentes on ne peut pas se lancer, surtout si c’est une portion couverte de gravillons.

La journée commence dans la morne plaine, mais très rapidement j’atteins une région plus vallonnée bien que ce soit toujours la Scanie (Skåne) et surtout plus boisée, le vent sera beaucoup moins gênant.

Ce qui caractérise cette région c’est l’abondance de grosses pierres erratiques. Je dirais que c’est du granit Elles ont été extraites des champs et on les a utilisées pour construire les murs délimitant les champs et pâturages.

La pierre sous l'arbre est-elle à une pierre runique ???

Les boisements sont variés, chêne, épicéa, bouleau, puis apparaît le hêtre, et aussi des mélèzes que je n’imaginais pas voir plantés à ces latitudes. On rencontre peu d’animaux, des oiseaux notamment des choucas, des corneilles mantelées, des geais, et quelques rapaces. Pour les mammifères, un lièvre, des chats à proximité des habitations, des chevaux dans les prés, un groupe de moutons.

Car celles-ci sont nombreuses, des fermes et des maisons isolées, très souvent peintes du rouge foncé scandinave caractéristique, parfois jaune, parfois en bois sombre. On rencontre quelques maisons en briques, mais celles-ci sont surtout dans les villes et villages. Je n'ai pas réussi à prendre une ferme en photo il y avait toujours quelque chose d'inesthetique, vieux matériel, ballots d'ensilage en plastique... comme partout.

les églises sont sur les hauteurs 

à la mi-journée je fais un arrêt à Tyringe. Après les courses au supermarché, le vent souffle et qu’il fait froid, je ne m’en rendais pas trop compte en avançant, j’avais même plutôt trop chaud, j’avais enlevé la doudoune. Je ne trouve pas mieux qu’un arrêt de bus vitré pour casser la croûte, malheureusement il n’est pas totalement à l’abri du vent. La gare de chemin de fer est en face.

Antonio m’avait prévenu, on ne trouve pas beaucoup de cafés sympas dans les villages suédois. Deux établissements sont fermés, celui qui reste est du type fastfood tenu par des immigrés, et le café est aussi cher que l’expresso d’hier, 30 couronnes (SEK).

pas très "cosy" ni très typique le bistrot 


C’est un trajet de rêve, à travers ces forêts et ces collines, surtout sur les routes non revêtues quand il n’y a pas trop de cailloux. C’est tranquille, c’est beau avec les jeunes feuilles printanières qui laissent passer la lumière, le soleil brille, le ciel est bleu.

Sur les routes asphaltées la circulation est diverse. Les routes un peu plus fréquentées sont moins agréables, je constate que les Suédois ne sont pas beaucoup plus respectueux des vélos que les Français, certains vont bien vite, d’autres klaxonnent… Mais rien de très dangereux malgré tout. Pas de camions, quelques tracteurs, des gros. Et comme en Normandie on sort le week-end les voitures de collection, mais là c’est les gros modèles, les américaines et les vieilles voitures suédoises.


En haut d'une côte, une coupe. La vue porte loin 


Je m’arrêterai vers la fin du trajet à Vinsjö, sur le lac du même nom. J’avais une éventualité de bivouaquer là, il y a un abri, mais il est à peine 17h30, c’est trop tôt. Je fais encore quelques courses, me résignant à acheter du pain en sac plastique ce n’est pas facile de trouver autre chose. Et je vais voir le lac, très bleu, rives venteuses.

La route qui continue vers Markaryd est désagréable, trop de circulation et trop de vitesse, et Markaryd une ville assez grande et sans intérêt, j’y vois surtout des zones artisanales moches. Ça y est, j’en suis presque à 80km, il va falloir que je pense à m’arrêter. J’avais repéré un abri près d’un lac dans le village voisin, et je vais aller jusque là-bas, ne trouvant pas mieux avant.

Je traverse une zone de pavillons de loisirs et me demande comment je vais parvenir à cet abri (repéré sur internet) car je ne vois pas de chemin sur la carte.

Et heureusement que je trouve l’accès, car c’est un endroit de rêve, et même pas trop venté comme je le craignais. L’abri est parfait, on peut s’y asseoir confortablement, au soleil et à l’abri du vent, je peux planter la tente juste à côté et en bordure du lac d’un bleu intense.

D’après les panneaux d’information il faut payer 50 couronnes, et le paiement il faut le faire par internet,je vais le faire c’est raisonnable je n’ai donc pas envie de resquiller. Mais pendant que je déguste ma polenta je vois arriver un monsieur en vélo.

Ce monsieur ne parle pas anglais, eh oui ça se trouve quoi qu’on en dise. On se comprend plus ou moins bien, parce qu’il me laisse faire tout un tas de manipulations compliquées et inabouties sur mon portable, pour me dire finalement que je peux payer à lui directement. Il me dit qu’il y aura plein de monde demain, il faudra partir tôt.

Coucher de soleil à 20h45.

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Très beau temps. Vent d’est-sud est qui me pousserait plutôt


Bien couverte, je n’ai vraiment pas eu froid pendant la nuit, le matin c’était frisquet mais pas de gel, et le soleil chauffe vite surtout dans la tente.

Départ deux minutes avant 8h. Je vais prendre de l’eau à la maison du gardien vu hier soir. Heureusement qu’il est là je n’arrive pas à ouvrir le robinet. Il me prend pour une Danoise, ça me flatte !

Mon trajet de ce matin, c’est des petites routes avec le tour du lac pour commencer. J’étais persuadée que ce seraient des routes non revêtues, mais non, elles sont toutes goudronnées. C’est que tout du long sont construits des chalets de vacances (stuga en suédois), des maisons de toutes les tailles presque toujours peintes en rouge avec des bords de fenêtre blancs, et parfois avec vérandas. Elles sont entourées de pelouses artificielles bien tondues. On s’approche ou s’éloigne du lac. L’eau est très bleue. Je ne vois pas mon abri d’hier, trop loin et caché par des arbres.

Quand on quitte les bords du lac c’est la forêt mais on trouve toujours des chalets dans tous les sens, ça commencerait presque à me lasser! Certains sont occupés ce matin, ça se voir aux voitures. Ils sont dans les maisons, je rencontre juste deux promeneurs. Sinon, des lièvres encore, et de grands animaux, chevreuils, biches, élans ??? Je n’ai jamais pu bien les voir.

Cette première partie de trajet est quand même bien agréable, il y a du relief mais c'est varié et pas épuisant, et de temps en temps on cotoie des lacs bien bleus.


On traverse quand même de vrais villages, qui ont des églises. L'une d'elles a un clocher de bois à l'extérieur. C'est le premier que je vois cette année mais c'est assez fréquent en Suède.


Plus loin la route est toute droite, c’est beaucoup moins bien. Je me dis que ce sera peut-être dur dans le nord quand il n’y aura que ça. Et sur cette route, qui a viré nord est, on sent plus le vent.

Passage sous l’autoroute, traversée d'une rivière, je rejoins l’ancienne nationale, qui est encore bien large et bien fréquentée, heureusement des bandes latérales assurent une certaine sécurité.Jusque Ljungby il reste 18km, c’est beaucoup, je vais m’arrêter avant.

De loin j’avais remarqué une formation étrange, une espèce de lande avec des arbres isolés et des espèces de bosses, intrigant. Et oui il y a là quelque chose de vraiment particulier, c’est un cimetière viking, on y a dénombré 165 tombes circulaires ou elliptiques, soit autant de petits tumulus. Le panneau explique que les défunts étaient préalablement incinérés, mais qu’on déposait auprès d’eux les objets dont ils avaient besoin pour l’au-delà. Un peu plus loin s’tend un autre cimetière, avec un peu plus de pierres dressées.

C'est un endroit tout indiqué pour casser la croûte et même faire une mini sieste. Mais c'est quand même pas les grandes chaleurs.


C'est assez plat, ça roule vite sur cette nationale mais ce n’est pas mon genre de route de prédilection. Je commence même à me dire que si je dois la suivre jusque Jönköping je ferai aussi bien de prendre le train. S'il y en a un...

L’entrée de Ljungby n’est qu’une gigantesque zone industrielle, et le centre n’a pas un caractère ancien. Je trouve un café où on peut boire un expresso à 31 couronnes et recharger le téléphone, sous les sièges il y a des prises, et ce n’est pas la première fois que je vois ça.


Bonne surprise à la sortie du village, non ce n'est pas la grand route qui m'attend, mais une voie verte, qui est tout simplement l’ancienne voie de chemin de fer. Je vais donc finalement l’emprunter quand même. Ça fait plaisir de rouler au calme.

Sur la carte vélo la voie est indiquée jusque Värnamo... Mais en pointillés. Je me renseigne auprès d'une jeune autochtone qui enlève ses écouteurs, elle me dit que la voie mène à Värnamo. Soyons optimiste et croyons la. C'est bien plus direct et régulier. Et en effet, c'est toujours goudronné, depuis peu semble t'il.

La voie traverse une plaine agricole, puis des bois un peu plus vallonnés, ce qui se traduit sur la voie par quelques faux plats. Il passe quelques cyclistes .


La forêt est humide et pleine de bosses, il va quand même falloir trouver un emplacement car il est bientôt 19h. J'aperçois des prés un surélevés. Ils sont entourés de clôtures. Mais voilà une zone dégagée sur la droite, avec une belle vue sur le lac, et un chemin qui descend. En bas de ce chemin il y a un petit coin d’herbe, pas humide, ensoleillé, tout à faire ce qu’il me faut. En face d’un lac splendide, et plein d’oiseaux.

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Très beau temps, vent du sud... qui me pousse!

Réveil avec le soleil, à... 5h08. Je ne me presse pas trop, attendant que l'atmosphère se réchauffe. Car la tente est couverte de givre, l'eau est gelée. Mais elle ne mettra pas trop longtemps à bouillir pour le petit déjeuner.

Le soleil chauffe suffisamment pour dégeler la tente, pas pour la sécher. Départ pas si tôt que ça par rapport à l'heure du lever: 7h38

les prés et les vaches en face du lieu de bivouac 

C'est reparti sur la voie ferrée, toujours à travers des bois de pins marécageux, et de beaux lacs au passage.

Le revêtement devient un peu sableux. Cela ne me rassure pas trop au début, mais en y allant franchement, c'est sans problème. Au début, on passe de très rares maisons isolés, mais à la fin on arrive à des zones habitées, des lotissements visiblement assez récents, et puis surprise, la voie s'arrête brusquement et devient chemin de terre, au niveau d'une route goudronnée, sans que rien n'indique par où il faut aller. Heureusement que j'ai les cartes sur mon téléphone. Sur les deniers kilomètres c'est une route relativement fréquentée qui mène à Varnamö, encore une bourgade très industrielle et un centre ville sans caractère.

usine ancienne avant Varnamö
Varnamö 

Je n'ai pas de mal à trouver un café, mais ça m'énerve qu'on ne puisse jamais payer en liquide, d'autant plus que je suppose il va m'être compté des frais bancaires à chaque utilisation de la carte. Déjà que le café n'est pas donné (30 pour un espresso, 40 pour un "americano")

Je m'arrête à une supérette, et à ce moment un jeune homme très barbu s'adresse à moi, il m'interroge sur mon voyage et ça lui donne envie de faire pareil. Je vois bien qu'il n'est pas d'origine nordique... c'est un Syrien, il s'appelle Tarik. Il tient absolument à faire quelque chose pour moi alors il paiera mes courses, un ayran (lait fermenté) et une banane. C'est une épicerie arabe, c'était pas évidentde le savoir avant ded'entrer.

à la sortie de la ville se dresse au bord de la route une magnifique pierre runique.

Elle a été traduite, apparemment c'est des fils qui l'on fait faire en l'honneur de leur père mort

La route, c'est l'ancienne nationale, aujourd'hui passent quelques poids lourds, mais elle est nettement moins fréquentée qu'hier, et puis il fait beau, je roule assez vite, les bois sont monotones certes, des pins sylvestres et encore des pins sylvestres, plus des bouleaux et épicéas.

Tant mieux que ça va vite, parce que j'ai reçu une réponse pour un hébergement à Jönköpping. Cela me fait à peu près 100km, vais-je y arriver? Sans doute car j'ai aussi la possibilité de prendre le train, la ligne fonctionne depuis Varnamö. Néanmoins en suivant la voie ferrée je ne vois rien passer aucun train.??

Par contre ça circule bien sur l'autoroute qui est lui aussi parallèle. Le coin n'est pas très hospitalier pour un pique-nique, alors je fais la pause au prochain village, encore une localité industrielle, Skillingaryd, et encore rien de bien remarquable à l'intérieur. J'apprécie qu'il y ai des bancs, je peux m'asseoir et faire sécher la tente, ce qui sera rapide avec le vent. Encore un café dans une "konditori"( pâtisserie), où de nouveau ils ne prennent que les cartes. Il va falloir arrêter ça...

J'ai trouvé un itinéraire en dehors de la grand route, et ne regrette pas de l'avoir choisi. C'est un peu plus vallonné, mais sans excès, et beaucoup plus varié. On commence dans les forêts de pins, plus belles que les forêts précédentes avec quelques belles futaies de pin sylvestre notamment. Je n'ai pas trouvé moyen d'en prendre une en photo alors voilà des épicéas à la place.

Et puis on retrouve des clairières et des zones agricoles, avec des routes bordées d'arbres, des maisons de bois peint, rouges en majorité mais aussi blanches bleu ou jaune pâle. Les fermes sont souvent immenses et plutôt bien tenues.

Quels sont ces gros oiseaux dans un champ fraîchement retourné? Des grues! J'en ai entendu plusieurs fois hier, aujourd'hui je les vois enfin.

Une nouvelle sépulture de l'âge du fer au bord de la route... Et des pins de nouveau

De nouveau l'environnement s'urbanise, la petite ville s'appelle Taberg. Berg pour montagne? (en suédois on dit fjäll) En tout cas il y a bien un mont élevé assez impressionnant, car isolé. Qui s'appelle Taberg.

Heureusement la route ne passe pas par là haut, il faut quand même se payer une belle côte... mais après ça descend bien. Comme Jönköpping est au bord d'un lac, le lac Vättern, je m'imagine que ça va maintenant descendre tranquillement jusqu'au bout.

Eh bien pas du tout, le pire de la journée m'attend, après avoir parcouru la bagatelle de 100km... une brève descente au fond d'une vallée, et ce sera une succession de raidillons et de replats pour commencer, et pour finir une longue côte extrêmement raide, avec le soleil dans la figure en prime. Je resterai malgré tout sur le vélo. Le haut de la côte est très exactement devant l'immeuble où habite mon hébergeur de ce soir, Jiazhi. Je suis en nage et épuisée. La douche va faire du bien!

Jiazhi me propose un plat chinois, riz viande et légumes, poivrons et poireaux, c'est très bon. Il est originaire du centre de la Chine. Il a fait des randonnées en vélo au Tibet. Il travaille ici depuis 4 ans, il est ingénieur et fabrique des robots tondeurs de pelouse. Il me dit qu'il ne parle pas bien suédois car dans son boulot on ne parle qu'anglais.

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Très beau temps

Je n’ai pas excessivement bien dormi car le téléphone de Jiazhi sonnait sans arrêt, l’appelait-on de Chine ? Et puis il faisait vraiment trop chaud dans son appartement. Je descends au moment où il va au travail, il part à 8h.

J’avais peur de me geler dans la descente, mais il ne fait pas froid comme hier. Je ne trouve pas tout de suite le circuit vélo, je traverse un parc près de l’hôtel de ville, et suis diverses avenues.

Jönköping, l'hôtel de ville 

Finalement je tombe sur une belle voie cyclable, "Runt Vättern" (tour du lac) qui indique Gränna, ma destination. Elle commence par longer l’extrémité sud du lac Vättern, en face le seul horizon est la mer, sur les côté les rives sont élevées. Le soleil brille, en face. L’eau clapote sur la rive toute proche. Je croise quelques passants, cyclistes, marcheurs, deux joggeuses. Côté terre, c’est longtemps urbanisé, après Jönköping, c’est une autre ville qui s’appelle… Huskvarna. C’est apparemment bien là que l’on fabrique le matériel de la marque, on passe même devant l’usine.

La voie va s’éloigner de l’eau… et ce de façon bien abrupte, un raidillon épouvantable, pour l’instant toujours dans la direction est, et puis virage à angle droit, et jusqu’à la fin de la journée je vais suivre de plus ou moins près le lac en remontant vers le nord.

Je perds mon itinéraire « runt Vattern » et suis la nationale, toujours la même, la E4. Elle monte sans arrêt, je peine un peu. Je la quitterai quand je retrouverai la Rund Vatten, un peu plus à l’intérieur des terres. Je ne sais pas si j’ai bien fait, c’est une route pas toujours revêtue qui monte et descend sans arrêt , et toujours de façon très abrupte. Le paysage est agricole, avec des cultures d’arbres fruitiers, beaucoup de fermes et beaucoup de maisons, de temps en temps apparaît dans des échancrures le bleu du lac.

Mais la route va descendre vers un autre lac, d’une dimension non comparable avec l’autre, mais assez grand tout de même. Les vagues y moutonnent… le vent souffle fort, vais-je encore à avoir à lutter avec lui aujourd’hui ? Finalement ça n’est pas trop dur, et c’est joli, la route bordée d’arbres, et ce lac bordé de roseaux qui brille au soleil.


J’ai oublié de prendre de l’eau ce matin, et cela fait un bon moment que je n’arrive pas à voir quelqu’un près d’une maison pour en demander. Enfin je trouve une dame en train de jardiner. Je demande en suédois, mais la conversation passe très vite en anglais…

Je retrouve la nationale, la suis un moment pour retrouver ensuite une autre petite route non goudronnée, et très gravillonnée, je ne suis pas rassurée dans les descentes, et il y en a puisque Gränna est au bord de l’eau. Cette route, en forêt ou dans les champs, est vraiment très jolie, surtout quand on commence à revoir le lac.

Voilà un parking avec des tables de pique-nique autour, pourquoi ne pas manger là ? J’y passerai pas mal de temps car je me fais un café, et après une petite sieste. Mais Gränna n’est pas loin, j’y serai un peu avant 16h. C’est un endroit très touristique, on remarque des grands parkings, actuellement vides, des boutiques de souvenirs, petites baraques en bois rouge, toutes fermées. La spécialité du coin c’est un espèce de bonbon qui s’appelle polkagris, mais je n’arrive pas à en voir la couleur (rouge et blanc). Le port n’a rien de particulièrement pittoresque. Je tombe sur l’arrivée du ferry jaune qui fait la navette avec l’île de Vinsjö, une île tout en longueur juste en face.

J’avais envisagé l’éventualité d’aller planter ma tente au camping. C’est hors de question avec le vent qui souffle, ce camping est immense, sans haies ni arbres, et il n’y a que des camping cars évidemment. Bref à part quelques courses dans un supermarché coop, je ne ferai pas grand-chose dans cette ville.

Alors c’est reparti, le vent pousse ça tombe bien, et j’ai plaisir à suivre le lac, un peu à distance parfois mais c’est rare de ne pas voir apparaître son eau d'un bleu vif qui tranche avec les champs verts. De l’autre côté c’est une paroi rocheuse qui surplombe Gränna et se poursuit après. En haut on observe une ruine de forme carrée, celle d’un château qu’a fait construire un magnat local au 17è qui avait la folie des grandeurs, un dénommé Brahe, et le château s’appelle Brahehus.

L’autoroute passe au dessus de la falaise mais on ne l’entends pas trop. L'itinéraire suis la nationale qui est plutôt tranquille, puis une plus petite route parallèle.

Par contre, les côtes, ce n’est pas fini,. Rien à voir avec les raidillons de ce matin, c’est une très longue montée, dans les bois, vue sur le lac. Le problème c’est qu’on va finir par longer d'assez près l’autoroute, c’est dommage car la route est belle même s’il faut faire attention aux gravillons.


Au bout du compte ça va finir par redescendre dans la plaine, on arrive dans une petite ville, dont je ne traverserai que les zones industrielles, et puis je cherche où sont les abris pour randonneurs, et je vais jeter mon dévolu sur celui qui est au bord du lac, après un golf mais ça n’était pas prévu. Une rive rocheuse, c’est très beau. Autour de l’abri il n’ a pas assez d’espace, je plante la tente au-dessus, il y a de l’herbe mais c’est dur en dessous . Coucher de soleil bien entendu.

7

Très beau temps, chaud, mais vent sud-ouest assez fort

Hier je me suis mise à étudier la suite de mon voyage et les hébergements sur Stockholm. Dans des investigations précédentes, j’avais vu de nombreux hostels bon marché, et là il n’y a presque rien. Je perds beaucoup le temps, me couche très tard et sans avoir pu finir le compte-rendu de la veille, et ne me réveille qu’à 6h30.

Quelque chose me déplaît dans ce bivouac qui semblait pourtant idéal. Il plane une odeur tout à fait désagréable de fumier ou de lisier. On se croirait en Bretagne. Et l' odeur persistera dans cette plaine agricole que je vais parcourir toute la journée, plate et balayée par les vents, d’ailleurs les pales des éoliennes tournent de partout. Et le vent maintenant me gêne, il vient de côté.

Le paysage n’a donc rien de particulièrement exaltant, à partir du moment où on ne voit plus le lac. Par contre la région intéressante pour ses souvenirs historiques.

Pour commencer j’aperçois des ruines, c'est ce qui reste de l'abbaye cistercienne d'Alvastra. Elle a été construite au 12e siècle sous un m'ont isolé, le Mont Omberg

Un peu plus loin, dans le village de Heda, l'église est indiquée comme monument historique, elle est tout près de la route et j'ai un bon souvenir des petites églises suédoises. Oui, ça aurait été dommage de la manquer, elle est très belle quoique sobre aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, et elle contient divers trésors, une tapisserie et des statues médiévales dont une vierge du 10è siècle, des pierres tombales.

Et, en prime, une prise de courant me permet de recharger le téléphone pendant la visite.

A noter qu'il y a aussi des tables et même ce qu'il faut pour faire un café. Et puis à l'extérieur, insérées dans le mur de l'église, deux magnifiques"pierres runiques", qui ont été insérées là lors d'une restauration au 18ème siècle, auparavant elles étaient dans le cimetière. Les inscriptions gravées sont donc des runes, l'écriture qui était utilisée par les vikings. Elles ont été déchiffrées, elles évoquent la mémoire d'un défunt.

Mais la pierre pour laquelle je fais tout un détour, elle le mérite ce détour , c'est la "Pierre de Rök" (tout simplement le nom du village, elle est à côté de l'église). Elle date du 9è siècle. Le texte couvre toutes les faces, c'est le plus long texte et le plus ancien de ce type, on dit que c'est la première œuvre littéraire suédoise. C'est un viking appelé Varinn qui l'a dédiée à son fils mort dans des expéditions lointaines.

La transcription et la traduction est exposée sur des panneaux à côté. Mais pas en français. Les runes, c'est tout simplement un alphabet, tout est expliqué. Mais ce n'est pas évident de reconnaître les lettres.

Si vous voulez en savoir plus...https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Pierre_de_R%C3%B6k

Des pierres runiques, on en rencontre encore d'autres au bord de la route!

Il faut lutter contre le vent et le soleil cogne . La plaine est de plus en plus plate et les odeurs sont toujours là. Les colzas ne sont pas encore en fleurs. On suit une route bordée de vieux tilleuls, et la récompense des deniers kilomètres avant Vadstena, c'est que la direction vire au nord, et, enfin, je suis poussée.

Vadstena, enfin une ville intéressante à caractère ancien. Voici une tour de brique, le monastère de Saint Brigitte, une sainte suédoise qui a créé un ordre religieux (catholique ?)



La statue, c'est Sainte Brigitte

Je mange au bord de l’eau à côté du monastère. Vue sur le château vers lequel je vais me diriger.

Le centre ville est un quadrillage de petites rues bordées de vieilles maisons pittoresques, beaucoup en bois peint. Sur la place centrale on se presse et on déguste des glaces.



Le château est de style renaissance et entouré d'eau. Il a été construit par un roi de Suède fameux, Gustave III Vasa.


Le port est juste à côté.


Je vais prendre un café pour recharger le téléphone, et une nouvelle fois, pas moyen de payer en liquide.


Je ne repars que vers 17h, pas grave, c'est l'heure où je me sens en forme. Mais je n'avais pas prévu que j'allais devoir lutter contre le vent dans cette plaine où rien ne l'arrête. J'irai bien moins loin que prévu, seulement jusqu'à Borensberg, qui est à la lisière d'une région où on retrouve des bois et des collines, de l'autre côté d'un cours d'eau, la rivière de Motala. Motala est une ville importante en aval au bord du Vättern.

Grande ferme dans la plaine, et la rivière de Motala

J'avais repéré un abri à la sortie de Borensberg. Il faut monter. Mais l'abri est moche et trop près de zones fréquentées. Je trouve un endroit dans les bois. Moins bien que les jours précédents mais je dors tout aussi bien !

L'itinéraire de la journée

8

Beau temps encore !

Réveil 5h45 - départ 7h30

Je descends directement vers la route assez fréquentée direction Tjällmo et Orebro. Je vais heureusement la quitter rapidement.

Heureusement ? Pas sûr, je me retrouve soudain dans un camp militaire, il y a des panneaux partout, ça parle de tirs, d'interdictions... Et j'y comprends rien. Mais comme rien n'est vraiment barré, je me lance.

Au début il y a des bâtiments, de jeunes soldats en combinaison verte, et puis c'est la solitude dans une forêt clairiérée et vallonnée. La route n'est pas asphaltée bien sûr. Je croise un camion militaire et deux grumiers. Aucun bruit de tir, seulement les oiseaux, et en particulier... le coucou. C'est la première fois que je l'entends en Suède. Vient-il seulement d'arriver dans ces pays nordiques ?



Danger de mort si on s'écarte de la piste...

Quand je retrouve une route asphaltée, elle n'est pas beaucoup plus fréquentée pour autant, et je me lance dans une zone qui n'a pas l'air très peuplée. Je m'arrête pour faire le point à l'entrée d'une propriété parce qu'il y a des pierres pour s'asseoir, et vois arriver une dame qui me demande tout va bien "ja jag mår bra" et ça passe vite à l'anglais. Elle m'annonce la distance au prochain magasin sur ma route en milles, ça ne me dit pas grand chose, mais finalement ça va c'est 21km, j'y arriverai même pour midi.

Pour l'instant le paysage est encore agricole avec fermes et habitations dispersées. Mais après le village de Grytgöl, ce n'est plus que la forêt, on monte et descend dans les épicéas, puis les pins sylvestres. Des futaies, des coupes rases, de jeunes reboisements. Des tas de bois au bord de la route.


Le supermarché attendu est bien à Ingelfors, le café est à côté et l'ambiance est villageoise. Après mes courses je vais casser la croûte sur une table de pique nique un peu plus loin. Pas de sieste, cause tondeuse, je vais prendre un café (que je paye en liquide 15 SEK seulement (1,4€).


Ingelfors

Départ vers 16h. Il fait chaud. Je peux y aller tranquillement car j'ai déjà fait 54km mais il faut quand même monter des côtes, c'est vallonné. Mais bien agréable, le ciel bleu, les bois, les lacs, le soleil derrière, pas trop de vent, et très peu de voitures.

J'ai dépassé les 80km, si j'explorais les abords du lac voisin ? Il est bordé d'habitations mais en allant plus loin peut être...

Ça ne sera pas loin, je tourne sur une petite route et 100m après voilà un espace herbeux plat au bord de l'eau, et public... C'est la baignade du village !!

Elle est pourvue de vestiaires mais je n'en aurai pas besoin, et les toilettes sont fermées.

En tout cas le site est splendide. Sur le lac passent des oies et un cygne se repose.

Une nouvelle fois, un beau coucher de soleil et au crépuscule des couleurs incroyables sur le lac.

9

Au réveil il fait grand jour et pourtant il n'est même pas 6h. Il a fait juste un peu plus froid cette nuit, je m'y attendais, vu la situation au bord de l'eau. La tente est mouillée. Départ 7h10, un record.

Le paysage de forêts et lacs est à peu près le même que la veille, mais je ne m'en lasse encore pas. Par contre il y a plus de voitures en s'approchant de Katrineholm, ça j'aime moins.

C'est le même lac, un peu plus loin 

Katrineholm est une agglomération assez étendue, mais facile à traverser grâce aux pistes cyclables. Je ne visite pas, je vise la gare mais y arrive du mauvais côté, heureusement qu'il y a des ascenseurs.

En arrivant à cette gare (vers 9h) je ne sais pas trop ce que je vais faire, continuer la route ou prendre le train? Il n'est pas question encore d'aller à Stockholm mais possibilité d'arriver à Uppsala vers 11h avec un train qui part tout de suite, alors je me décide. Changement à Stockholm. Ce n'est pas excessivement cher, 25 euros. J'ai 3 minutes pour prendre le billet à la machine, ça marche, seulement...je me rends compte que dans le train qu'il me manque le ticket Stockholm Uppsala qui a du tomber après l'autre. D'où un peu de panique. Mais le contrôleur sera sympa.

Gare d'Uppsala 

Uppsala c'est la quatrième ville de Suède, une ville ancienne où se trouve la première université de Scandinavie, fondée en 1477.

Pour moi c'est surtout un pèlerinage naturaliste, car c'est ici qu'a officié Carl (von) Linne. Il n'a pas fait moins que répertorier et nommer systématiquement l'essentiel des espèces vivantes connues à son époque. Ça s'appelle la "nomenclature binomiale " nom du genre, de l'espèce et l'initiale du botaniste qui a nommé. Et encore maintenant c'est souvent L. , comme Linné.

ex quercus robur L.

genre : chêne, espèce : pédonculé

Bref la première chose que je fais à Uppsala c'est de me diriger vers le jardin botanique qu'il a créé où se trouve aussi la maison où il habitait avec sa famille, travaillait et faisait des conférences.


En bas ce sont les pièces d'habitation. Il avait une femme et quatre filles pour s'occuper du ménage, pas question qu'elles fassent des études, il n'y a que le fils qui y avait droit et qui lui a succédé.

En haut ce sont les pièces destinées à l'étude, bureau, bibliothèque, salle de conférences avec une grande table où se pressaient les étudiants, si nombreux qu'ils étaient parfois réduits à écouter depuis l'escalier. Car Linné avait une grande réputation.


Le jardin botanique existait antérieurement, c'est même à cause de lui que Linné est venu à Uppsala mais il était mal tenu, avait brûlé. Linné l'a totalement recréé et actuellement il est identique. Sauf qu'à l'époque il y avait aussi des animaux, singes perroquets..., Et un raton laveur.

Les plantes sont réparties par type, d'un côté les plantes pérennes, de l'autre les annuelles et bisannuelles. Peu de fleurs en ce moment mais c'est quand même intéressant, et très bien entretenu en tout cas.



Au milieu d'un bassin trône une Vénus que Linné a acquise pour le jardin, et au fond une orangerie.

Il fait très chaud et je suis un peu fatiguée. Je m'assieds sur un banc pour casser la croûte, c'est calme et reposant ici.

Et puis je me dirige vers mon hébergement, longeant les quais d'une rivière ou canal.

Ce sont les hautes flèches de la cathédrale qui se reflètent dans l'eau.

J'ai réservé dans une "vandrarhem" (auberge de jeunesse), m'attendant à un lieu sympathique. C'est une horreur, on peut vraiment dire que c'est l'usine, car le lieu à part la porte d'entrée est complètement fermé, la chambre de quatre exiguë , lits superposés et sans fenêtre, mais la télé. Trois lits sont occupés par des types qui ne sont même pas aimable. Pour l'instant je fuis.

Évidemment pas de place pour les vélos. Heureusement que le mien peut passer inaperçu dans la foule des cycles stationnés, et que j'ai deux antivols.

Je me repose quand même un peu sur un canapé près de l'entrée (en plein passage). Il est presque 18h quand je ressors. La cathédrale est évidemment fermée, je ne verrai pas la tombe de Linné.



Un peu plus haut c'est le quartier universitaire, et le château entouré de vastes parcs.


Une musique infernale monte d'en bas . Un concert sur une terrasse. Sur les quais toutes les tables sont prises.

Je me laisse tenter aussi par une petite bière.


10

Beau temps, chaud

Heureusement que j’étais fatiguée, comme ça j’ai pu dormir, malgré le renfermement et la chaleur . Un des types est parti en laissant la lumière allumée, je dois monter sur sa couchette pour l’éteindre, les autres ne font rien mais il y en a un qui m’engueule quand après je lis (pour me rendormir) avec la frontale.

Mais le cauchemar est terminé, et je retrouve mon vélo. La gare est juste à côté. Il n'y trouve un parking à vélos à deux étages.


Le premier train qui part est à quai… c’est un vieux train, avec 3 marches à monter, je ne vois pas d’emplacement vélos ni d’employé des chemins de fer susceptible de me renseigner… en fait si, mais seulement quand je suis montée dans le train après avoir enlevé tous les bagages: le contrôleur arrive pour me dire que ce train ne prends pas les vélos. Il m’indique un train sur la voie d’à côté qui va à Stockholm, ce qui n’est pas évident pour un non initié, mais tout le monde me le confirme, la contrôleuse aussi. Elle m'avertit que je dois descendre à Stockhom Södra, qui est juste un peu plus loin que celle du centre.

Et ça marche, me voilà à Stockholm, je suis le trajet indiqué par le GPS, pour finir sur les quais puis dans la vieille ville, montée dans les pavés, pour arriver à Castanea hostel, un peu inquiète de ce que je vais trouver après mes récentes déconvenues.

Ouf, les choses se présentent bien, même si je ne peux pas prendre la chambre tout de suite. Dans le corridor en bas un vélo est stationné, il y a de la place pour un deuxième… parfait, je ne vais surtout rien demander à personne. L’hostel est nettement plus sympathique que le précédent, il y a des fenêtres, une salle commune accueillante, une cuisine. Tout fonctionne par code, pas besoin de trimballer une carte qu’on risque de perdre ou d’oublier dans la chambre et ne plus pouvoir entrer.

Je ressors avec mon vélo, d'abord à travers les rues de la vieille ville et par la "stortorget", grand place, pas si grandes que ça, avec de grandes maisons anciennes à haut pignon et le musée du prix Nobel.

à deux pas de là c'est le château royal, c'est bientôt la relève de la garde, les touristes attendent, une jeune garde me dit de ne pas passer par là (j'avais compris). Je n'ai aucun intérêt pour ce genre d'exhibition, mais je vois malgré moi passer la troupe, escortée par une voiture de police, ridicule...

Je me dirige vers l’office du tourisme, qui devrait être à côté de la gare centrale… mais n'y est pas. Cela m’a permis de circuler à travers la partie moderne et commerçante de la ville, immeubles, grands avenues, voitures, etc... ça me suffira...

Allant vers le musée national, je passe par le Kungsträdgard", jardin du roi, j'en profite pour y manger mon casse-croûte. C'est la foule.

Le roi est Charles XII, sans doute le roi de Suède le plus connu à cause de toutes les guerres qu'il a faites. Encore un qui avait l'intention de conquérir l'Europe, a annexé de vastes régions, s'est frotté aux Russes et a tout perdu après. Bref quelqu'un de pas très intéressant.

Le musée national des Beaux Arts est un bâtiment très imposant en face d'un quai. L'entrée est chère, 150 SEK presque 15€. Les visiteurs y sont nombreux, sans que cela rende pénible la visite.

Je suis venue ici surtout pour faire connaissance avec la peinture suédoise, mais le musée n'est pas dédié seulement à la peinture suédoise, c'est toute la peinture européenne qui est représentée et on ne peut décemment pas refuser de voir ces œuvres d'art. ça me fera une petite révision, ça fait longtemps que je n'ai pas visité de musée. La peinture française est bien représentée.

Vous aurez peut-être reconnu Archimboldo (horrible!), Cranach, Watteau, Rembrandt, Rubens, Renoir

Pour la peinture suédoise, j'avais juste retenu le nom de Carl Larsson (1853-1919) dont de nombreuses œuvres sont représentées. Les autres artistes, je ne connais guère leur importance relative. Les tableaux sont souvent très lumineux, avec des personnages expressifs et de belles femmes. Beaucoup ont voyagé en France et en Italie. L'exposition temporaire porte sur les jardins, matière à de belles peintures en effet.

œuvres de Larsson 
oeuvres de?, Julia Beck,  Hölding Linqvist,Amalia Lindegren, Anders Zorn, Fanny Brate 
oeuvres de Berta Wegmann, Hildegard Thorell (2), Helmer Osslund, ?

Arrivée à l'époque contemporaine, et à une belle exposition de miniatures du 18ème siècle, je commence à être un peu épuisée et à passer vite, et ne pense plus qu'à me reposer.

Petit coup d'oeil sur les quais

Retour à l'hostel, courses au Coop du Järntorget (très cher). Je mange des boulettes de poisson en boîte et du fenouil, pas mauvais.

11

Je me lève vers 6h comme d'habitude et c'est là que je devrais me dépêcher pour visiter une gamla stan (vieille ville) déserte mais je m'occupe de diverses questions d'intendance, rangement, lessive... et ne sors pas si tôt que ça.

Et pourtant à cette heure c'est un rêve, il n'y a personne, rien n'est ouvert, on peut jouir parfaitement de la beauté environnante. L'hostel est situé dans la partie la plus ancienne, qui étaient construite à l'époque médiévale. Les constructions actuelles y seraient plutôt du 18ème, dans le style baroque de l'Europe centrale, elles sont crépies en beige, en jaune, en rose, en ocre.

Du côté est, des passages plus ou moins étroits, parfois voûtés, appelés gränd, descendent vers le quai. La plaque sur la maison à la porte sculptée représente le peintre Carl Larsson (dont on a vu les œuvres au musée), né ici le 28 mai 1853.

Gamla stan occupe une petite île triangulaire. Le côté ouest est plus récent, les maisons seraient dans le style du 19ème ou début 20ème, plus imposantes.

Le quai (Munkbro) y est défiguré par les avenues, les voies ferrées, et des travaux en cours.

Quant au côté nord du triangle, il est occupé par le palais royal et des bâtiments abritant les institutions de l’État. Le parlement (Riksdag) se trouve tout de suite en face, sur une île encore plus petite.

le palais royal. La jeune femme s'appelle Kristina Gyllenshierna, qui fur régente à 21 ans au 15è siècle 
Le Riksdag 
La chancellerie, la maison de la noblesse, Riddarhuset, et la statue de Gustave Vasa 

Inévitablement, les magasins de souvenirs


Retour par Stortorget. Sur cette place a eu lieu un "bain de sang" historique où le roi du Danemark a liquidé les nobles suédois qui s'étaient révoltés contre sa domination. Mais ensuite Gustave Vasa a poursuivi la lutte et conquis l'indépendance de la Suède.



Le charme est rompu: la foule des touristes a débarqué. Parmi eux, énormément de Français pour arranger les choses.

Je trouve juste à côté de mon gîte un bistrot plutôt sympathique où je vais rester plus de deux heures

Je déjeune d'une salade, fait la sieste essaie laborieusement de terminer la journée d'hier et ressort pour une courte balade vespérale, passant devant la sculpture de Saint Georges, Göran en suédois.

Je m'aperçois que le musée national est bien visible, juste en face. J'aurais pu gagner du temps hier !

Le repas ce soir c'est des carottes (seuls légumes abordables au Coop) avec le reste des boulettes de poisson.

12

Lever fort matinal pour aller enregistrer sur le ferry direction la Finlande (Turku). Mais aujourd'hui je vais m'arrêter au milieu du golfe de Botnie pour faire un petit tour dans l'archipel d'Åland.

Le ferry s'appelle Viking Grace (la compagnie, Viking Line), il est énorme 11 étages, ça me fait drôle de laisser mon vélo tout seul en bas près de la porte. Les places autour des tables sont confortables, avec vue sur la mer et possibilité, en cherchant, de se brancher.

Stockholm est située dans un immense archipel, ("archipel de Stockholm"), qui est formé de multitudes d'iles. Si bien que pendant une bonne moitié du trajet le bateau va glisser entre ces îles, qui sont de tailles diverses mais un peu toutes sur le même modèle, entourées de rochers avec quelques accostages, couvertes de pins, parsemées de maisons et petits chalets, en densité plus faible quand on s'éloigne, et des accostages.

J'ai pris quelques photos, hélas une fausse manip me les a toutes effacées. La seule qui me reste est la moins intéressante... C'est quand on est arrivés en pleine mer.


La deuxième photo c'est le ferry.. derrière une passerelle, pas mieux. J'étais encore sous le coup de l'émotion, j'ai failli rester dedans. J'avais bien repéré où était le vélo, pont 3.1, mais quand j'y descends (ascenseur), je trouve les portes fermées. Je remonte, trouve avec difficulté le guichet d'information, où on me dit que c'est ouvert maintenant et que j'ai 5 minutes pour sortir du bateau. Ça marche, ouf!

À Marienhamn il fait chaud et lourd. Ça annonce la pluie. Pour l'instant le ciel est juste un peu voilé.

Les premiers kilomètres sont décevants, on se demande où est la ville mais c'est habité partout, plus ou moins belles maisons.

Une église attire mon attention. Beau clocher de bardeaux. Elle est fermée mais il y a des toilettes près du cimetière, et de l'eau. Bonne chose de faite.


Église de Jomala 

Il règne toutefois ici une atmosphère différente. Certes on est en Finlande maintenant, mais cet archipel où on ne parle que suédois a un statut d'autonomie. Il a son drapeau, ses plaques d'immatriculation propres.


Et diverses particularités. À l'entrée des villages les communes arborent leur blason. Les arrêts de bus sont signalés par de jolis panneaux en demi disque aux couleurs du drapeau, les boîtes aux lettres sont groupées sous de petits toits. Et les habitants ne sont pas très aimables je trouve.


d'accord, rien à voir avec les boîtes américaines... 

Je ne l'imaginais pas non plus autant de circulation sur les routes ce qui gâche le plaisir. Le paysage commence à être un peu joli. Bois de pins et de grands rochers, en granit rose. Je trouve des itinéraires cyclables, parfois ils suivent les grandes routes mais alors c'est sur une piste bien séparée.


Juste avant un bras de mer se dresse une grande tour de guet. J'aurais bien aimé y monter, hélas il faut passer par un café, qui est fermé. On a quand même une belle vue depuis les rochers.



Trois dames finlandaises admirent aussi le paysage. Elles me proposent la photo.

Photo prise du pont 

Autre attraction touristique: le château de Kastelholm, forteresse qui existe depuis le 14e siècle. Il a changé souvent de mains, entre Danemark Suède Russie... Comme la Finlande du reste.


Le trajet qui suit est un peu vallonné mais agréable, bois et rochers plats et c'est encore sur la partie non goudronnée que je me sens le mieux.

Je me demande si je vais pouvoir aller suffisamment loin ce soir. Pour ne pas avoir à m'inquiéter pour le bateau demain.

Mais les reliefs sont terminés, j'arrive dans une plaine agricole que je n'imaginais pas ici. La terre est d'une teinte délavée, récemment semée cela donne une couleur gris bronze. Grandes fermes éparses. Ça ne sent pas toujours très bon, élevage ou épandage ? Un lac apparaît parfois, mais la vaste mer, jamais.


En continuant vers l'ouest, on retrouve une région forestière avec des habitations disséminées, et, particularité de l'île non encore mentionnée, des petits moulins à vent rouge tous sur le même modèle. On pourrait jouer au jeu des erreurs.


Je soleil décline et le ciel se couvre. Jusqu'à quelle heure fera t'il jour ? Je n'en ai aucune idée. Il est une heure de plus, puis je continuer à pédaler une heure de plus ?

Dans le doute je préfère chercher un bivouac (à 20h passées quand même). Mais je suis sur une route un peu importante, alors j'oblique dans la campagne. Une ferme d'élevage, des bois coupés, c'est plutôt moche, dois je encore croire à la providence?

Ben oui, descente au bord de l'eau, un coin de pêche, une table de pique nique, des cabanes, et un espace plat. Que demander d'autre?


Le soleil se couchera... derrière les nuages mais il fera jour beaucoup plus longtemps que je n'imaginais, au moins jusque 22h30, après je dors !

Des cygnes passent et atterrissent en poussant des cris épouvantables. Un chevreuil se mettra à aboyer en pleine nuit.

13

Au réveil vers 6h le temps est gris. Coup d'œil sur météo, aïe elle a changé, la pluie ("faible") ce n'est pas seulement l'après midi, mais aussi le matin.

De fait il commence à tomber quelques gouttes juste au moment du démontage de la tente. Mais pour l'instant ça va.

En reprenant la route je repasse devant des moulins et aussi plusieurs cabanes basses, faites de grosses pierres, spécialité de l'ile aussi.


Ce qui me plaît aussi, ce sont, dans les bois de pins sylvestres, ces grands rochers plats couverts de lichens.


Néanmoins j'ai une petite nostalgie d'être dans une île et voir si peu la mer. Dans cette île les extrémités sont certainement les plus intéressantes mais ça oblige à faire des allers et retours, et se rallonger beaucoup.


Une petite carte vaut mieux qu'un discours

Je me contenterai de prendre une route pour rejoindre le bord de mer à 2-3km. Bonne idée l'endroit est splendide. Mais ce n'est pas vraiment la pleine mer, d'autres îles sont devant.


Retour dans les forêts et surtout le long de routes beaucoup plus fréquentées, heureusement qu'il y a toujours une piste cyclable séparée. De toute façon, la pluie qui n'a plus rien d'une "pluie faible" ne donne pas envie de flâner.

Arrivée à Mariehamn, vue humide sur le port.

L'impression que j'ai eue à mon premier passage se confirme, la ville de Mariehamn n'a rien de pittoresque, quadrillage d'avenues, pas de centre ancien. Je cherche un endroit où m'abriter , une cafétéria fera l'affaire. Des gens mangent, mais déjà que pour un café c'est pas facile... Je n'ai toujours pas compris le système qui consiste à prendre un plateau, se servir de gâteaux ou autre, d'un verre si on veut de l'eau, payer et demander un café, puis se servir soi même en café ou eau chaude pour le thé après la caisse. Bref je me contente d'un café et d'un kanelbulle (brioche à la cannelle).

Sur ma réservation de ferry il est écrit que les propriétaires de véhicules doivent enregistrer une heure à l'avance. Cela me paraît beaucoup puisque le bateau ne sera même pas là. Mais si c'était vraiment impératif ? Nouvelle panique, il est plus de 13h30 et le bateau part à 14h25.


Il n'y avait pas à paniquer, il y a toujours quelqu'un au guichet. D'autres vélos attendent déjà, et il y a moyen de s'abriter, ouf!

Ce n'est pas le même bateau, celui-là, Viking Glory, ressemble beaucoup à l'autre, encore plus grand peut-être. On entre par le côté, pas par le fond, et il est doté d'un emplacement désigné pour les vélos (sans aucun équipement).

Il y a plus de monde qu'hier , difficile même de trouver une table inoccupée, je suis obligée de me mettre dans une salle où il y a de la musique. Mais quand je vois que la chanteuse une jeune femme aux cheveux longs et l'air sympathique qui s'accompagne de la guitare acoustique je tolère bien que ce ne soit pas mon genre de musique.

Ça y est j'ai encore l'impression d'être dans un film de Kaurismaki. Il ne les choisit pas tant que ça ces personnages, les gens sont d'un pittoresque incroyable.

Je jette un coup d'œil dehors de temps en temps. Ce sont des îles et toujours des îles.


Je ne prends pas un café mais un thé. Moins cher mais l'eau n'est pas assez chaude.

Et puis je me fais encore avoir avec l'heure, et suis toute surprise d'entendre annoncer l'arrivée dans une demi-heure à Turku. Le reste je n'y comprends rien , je ne trouve pas le bureau d'information, mais descend au pont et trouve les vélos et les autres cyclistes qui sont déjà là.

Une dame engage la conversation (en anglais), elle s'est intéressée aux mouvements sur les retraites en France. Elle a pris sa retraite à 62ans mais a des amis qui ont du travailler jusque 67-68, elle trouve aussi que c'est trop.

Les autres cyclistes sont deux jeunes équipés en "bike packing" (= léger) qui reviennent d'un tour dans les îles, jusqu'aux plus petites où il faut passer en bateau.

J'essaie de les suivre à la sortie mais ils me sèment évidemment, j'erre un peu à la sortie du port mais finis par trouver le chemin, c'est facile, il n'y a qu'à suivre la rivière.


Tout droit mais pas tout près 6km avant d'arriver chez Léo un étudiant sympathique qui malheureusement n'est pas là. Son coloc non plus d'ailleurs. Mais il m'a laissé ses instructions détaillées.

Je me fais des carottes avec des pâtes. La cuisine et le séjour sont très confortables. Dans la chambre ça sent le renfermé, et pour cause... La fenêtre n'ouvre pas. Ça ne sera quand même pas pire que le cagibi à Uppsala...

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Temps gris, venteux, pluie le soir

Je m’applique à mettre à jour le carnet de voyage, ce qui ne me fait partir qu’à 10h. J’ai entendu un peu de bruit, et pensé que le colocataire Jasso devait être là…mais il a du partir aussitôt, je n’ai vu personne.

Il fait très froid ce matin avec le vent. Je reprends le même chemin que la veille, mais je fais un arrêt à la cathédrale, que je n’avais pas visitée et peut-être même pas vue la dernière fois que j’étais passée à Turku il y a cinq ans.

C’est une très grande église, actuellement de culte luthérien, commencée au 13è siècle mais qui a été complétée ou remaniée à peu près à toutes les époques. Elle est importante pour la chrétienté finlandaise. Plusieurs groupes d'enfants des écoles, de la maternelle au collège, sont en visite avec leurs enseignants.

Je jette en coup d’œil plutôt rapide au centre de Turku dont le style me rappelle les villes de l'est de l'Europe, et je continue le long des quais pour reprendre ma route.


Tout du long je vais trouver des pistes cyclables. En général elles sont bidirectionnelles d’un côté ou l’autre de la route. Parfois il faut passer d’un côté à l’autre mais le passage est protégé, et les voitures s’arrêtent. C’est bien d’etre en sécurité. Mais il s’avère que pendant une vingtaine de kilomètres ces voies vont suivre les routes importantes, c’est l’eurovélo 10, c’est sécurisé, oui, mais aussi bruyant.

On traverse les zones résidentielles, puis les zones industrielles et portuaires, ensuite on roule en bordure de forêts, mais on ne s’écarte jamais beaucoup des grandes artères, l’envieonnement ne devient campagnard qu’à quelques kilomètres de Naantali.

C’est une des rares villes touristiques du coin, c’est pour ça que j’ai fait le détour. Après des courses au supermarché je cherche la vielle ville (vanha kaupunki), les rues sont rectilignes et se coupent à angle droit, mais elles sont bordées de jolies maisons de bois, le plus souvent de couleur claire, jaune, blanche, gris clair.

Au bout se trouvent l’église, assez monumentale et en pierre, et le port, entouré de nombreux restaurants dont plusieurs sont ouverts, bien que la fréquentation touristique ne soit pas très abondante en ce moment.

C’est ici que sont nés des petits personnages de livres pour enfants, des petits trolls en forme d’hippopotames, les Moumines inventés par une dame appelée Tove Jansson (1914-2001)….Un musée et un parc dans une île toute proche lui sont dédiés.



Je passe sur une palissade de bois le long du port, où s'alignent des restaurants dont plusieurs ouverts bien que les touristes ne grouillent pas aujourd'hui.



Je monte à l’église où je peux rentrer et ranger mes courses, je vais voir la vue sur un belvédère au bout du parc de l’église.



La vue est belle, certes, mais qu’est ce qu’il fait froid!Je ne vois aucun endroit où casser la croûte à l’abri. J’entre dans un restaurant (ravintola) qui fait très chic, mais les prix ont l’air correct et il y a des menus journaliers, je décide d’y entrer, en espérant ne pas avoir de mauvaises surprise. Le menu c’est du poulet ou du poisson. Le poisson est du flet, je n’en ai jamais entendu parler et n’ose pas en prendre, je choisis le poulet et le regrette après avoir vérifié que c’était un poisson plat qui devait être très bon.

Mais le poulet, avec une sauce curry des petits légumes et des pommes de terre frites, c’est bon aussi, je prends mon temps, avec le café j’en ai pour 16 euros, c’est plutôt moins cher que ce qui se pratique en France. À la sortie je suis bien réchauffée, je sens moins le vent, et me sens en forme pour continuer.

Le long des routes à grande circulation pour commencer, mais aussi le long des bras de mer et sur les ponts, d’où on a de jolies vues. Ensuite les voies cyclables s’écartent, passant en forêt, mais rejoignent la grand-route quand il faut traverser l’eau, sur les ponts.

Et puis on recommence à suivre une route fréquentée, mais mon GPS me propose un raccourci, c’est une piste non revêtue mais tout à fait bien carrossable, qui traverses de forêts et des clairières, vraiment jolie, avec vue sur de l’eau par intermittence.

Le village appelé Askainen a une jolie église où je trouve une petite porte ouverte.... C'est que c'est l'heure de la répétition de la chorale. Ils me voient bien car ils sont là haut à côté de l'orgue. Malheureusement je n'entendrai pas plus que les vocalises. La porte a été refermée derrière moi... Je suis arrivée juste au bon moment !


Suit une route goudronnée tranquille, mais le paysage devient plus plat, plus banal, des terrains agricoles parfois un peu puants, mais le pire est à venir, c’est de rejoindre une vraiment grande route, avec une bande latérale mais qui ne fait pas 1m, et beaucoup de voitures et camions qui roulent parfois très vite. Par contre, une bonne chose, depuis un bon moment j’ai le vent dans le dos !

Malheureusement vers la fin, a- t'il tourné, il me vient en face, et pour couronner le tout il se met à tomber une pluie fine. Enfin je quitte la route pour une piste en bordure de forêt, pas très agréable à cause de l' odeur de lisier qui persiste, pour arriver à une "zone naturelle de loisirs" où il devrait y avoir un abri.

Hélas , ce sont d’anciennes carrières de granit avec non des lacs mais des trous d'eau , je trouve cet environnement sinistre, notamment à côté de l’abri, table de pique-nique avec un toit. Je trouve un autre emplacement . La pluie fine ne me gênera pas pour monter la tente. Le bivouac de rêve ça ne peut pas être tous les jours !

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Soleil, froid, vent d’ouest

Je n’ai pas aimé l’endroit, mais ça ne m’a pas empêché de dormir, réveil, 7h30 ! Aujourd’hui le jour ne m’a pas réveillé.

L’emplacement n’était pas très bien abrité, l’avantage c’est qu’avec le vent la tente n’est pas humide. Départ 9h32.

Je rejoins la route en gravillons, puis une route goudronnée et le tracé de l’EV10. Le paysage ne varie pas beaucoup, des forêts de pins sylvestres et des zones agricoles souvent puantes. C’est légèrement vallonné, sans reliefs brutaux , il suffit de rouler tranquille et tout va bien.

Seulement il y a le vent… Tout au début je ne le sens pas beaucoup mais il devient plus fort, je l’ai en face, cela ne m’empêche pas vraiment d’avancer ni ne me fait tomber, mais ça me freine et je n’avance pas vite, moins de 10km/h.

Je constate qu’ici aussi les roches sont couverts de lichen , et qu’ici ausssi, même si c’est moins systématique, les boîtes aux lettres sont sous des petits toits.




À Kantali , petit arrêt à l'église, qui est fermé, mais le robinet d'eau du cimetière fonctionne !


C'est un tout petit village, je suis étonnée d'y trouver un café. Il se veut moderne avec des lumières bleues et une musique de variétés finlandaise à autre intensité qui m'amuse au début et finit par me saouler grandement.

À la sortie, soleil et chaleur. J'enlève la doudoune et les gants, mais me rends compte que c'était prématuré quand je suis exposé au vent froid.



Uusikaupunki... Un nom que je trouve fascinant., qui signifie tout bêtement "ville neuve" ( alors que c'est une des plus anciennes villes de Finlande). En suédois c'est plus bref, Nystad, connue pour un traité signé en 1721.

L'EV10 y passe, mais je ne fais pas le crochet et continue direction nord ouest. Les bois de pins alternent avec les zones agricoles. Je préfère les premiers pour deux raisons. Mieux abrités et moins puants.

La localité suivante, Pyhäranta, est encore un village. On peut y prendre un café dans un fast food pizzeria. Une famille s'arrête pour manger des pizzas à trois heures de l'après-midi.

La route suit le littoral... que l'on ne voit que très très fugitivement. Le paysage reste forestier, avec beaucoup de maisons éparses.


Est ce parce que la direction de la route a changé, plus vers l'est, ou que le vent a tourné, ou diminué, la fin du parcours est moins dure. Toujours des petits reliefs, mais ça apporte de la variété.

À l'approche de Rauma des maisons sont partout. J'ai vu qu'il y avait un abri quelque part dans la forêt. Et suis tentée d'aller y voir...

Mais c'est toute une aventure. Le GPS m'aide beaucoup (carrément indispensable ici). Au début ça va, c'est une piste, fréquentée par des joggeurs. Mais la dernière partie du trajet c'est un étroit sentier dans une forêt dont le terrain est soit humide, soit rocheux. L'issue est incertaine...

Mais la récompense au bout de l'effort : superbe site, une croupe rocheuse. Dormir dans l'abri ne me dit rien mais il y a un et un seul emplacement plat à proximité. Heureusement que ma tente peut tenir sans piquets...

Ce que j'aime dans ces contrées c'est que le tomber du jour dure très longtemps. À 17h30 on croit déjà que le soir tombe. Entre 20h30 et 22h le soleil rase l'horizon. Et à 23h30 il fait encore clair.

Petite promenade vespérale après la polenta dans l'abri. Je suppose que le tas de pierres est le sommet. Malheureusement on ne voit pas la mer, ni rien... Seulement la forêt autour.

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Réveil 5h30 avant le soleil, plus exactement avant que le soleil ne sorte de derrière le Mont Chauve. Surprise, la tente est mouillée par la rosée.

Départ 7h30 de l’emplacement, je n’aurait finalement pas trop de mal à sortir le vélo des bois, je prends quand même l’itinéraire un peu différent repéré hier, qui est mieux. Un joggeur passe juste au moment où j’arrive. Il fait grand soleil ce matin, et beaucoup moins froid qu’hier.

Si je n'ai pas pris la route la plus directe de Turku à Tampere, c'était principalement pour voir Naantali et Rauma, que voilà. Les villes finlandaises étaient toutes en bois. Mais les villes de bois ça brûle, et elles ont rarement été préservées.

Oui quelle splendeur ce vaste centre ancien, et ces belles maisons de bois peint ! C'est difficile de prendre des photos à la lumière crue du matin, et on apprécie le calme. Pas un seul touriste.

Cette jeune femme prend des photos dans le parc à côté de l'église.. ce n'est même pas une touriste : elle m'adresse la parole, et me dit qu'elle habite ici, qu'elle s'y plaît et que son loyer n'est pas cher, 800 € pour une maison avec trois chambres. Elle étudie pour être enseignante. J'apprécie beaucoup qu'elle parle un anglais très hésitant, au moins je comprends.

L'église (nommée "de la Sainte Croix) aussi est intéressante. De l'extérieur assez semblable aux églises déjà vues. Mais par chance elle est ouverte. Plusieurs femmes semblent préparer quelque cérémonie, dont la pasteure qui me donne une petite brochure sur l'église. J'apprends qu'elle a été fondée au 14e siècle par des franciscains mais reconstruite au 15e après avoir brûlé. Et bien sûr est passée à L' Église réformée.

Elle contient de nombreuses peintures et sculptures anciennes. Un retable, une chaire peinte... mais le plus remarquable, ce sont les peintures de la voûte du chœur, qui sont d'époques mais bien entretenues. Il semble que ce soit fidèlement, c'est magnifique en tout cas.


Un gars qui est là m'apprend que les enfants des écoles doivent venir. Si j'ai bien compris c'est une tradition d'aller visiter les églises à la fin du semestre, qui se termine là précisément.

Je ne vais pas attendre, mais malgré tout, avant de repartir... Petit café ! Mais celui là est vraiment joli et la petite brioche que je prends, au léger goût de cannelle, est excellente.

Maintenant la route... pas trop de changement, surtout forêt, pins, bouleaux... Ce qui est quand même incroyable c'est que sur cette bonne route asphaltée, personne, je suis seule avec les oiseaux, mésanges, pinsons, merles, coucou... Et autres non identifiés.


Je m'approche de la localité de Lappi, mais un peu avant un panneau indique un site avec le logo de l'Unesco, intriguant. Alors faisons appel à Google Translator...

C'est un site funéraire de l'âge du bronze, -1500 av JC, le plus ancien de Scandinavie, c'est pour ça que c'est classé au patrimoine de l'Unesco. Allons y puisque je passe devant.

Une piste d'environ 1km mène à un parking. Il s'y trouve une table de pique nique, tout indiqué pour casser la croûte et faire sécher la tente.

Au moment où je repars arrive un couple qui prend ma place. On discute un peu. Ce sont des Écossais (= je ne comprends pas toujours) qui visitent et font aussi du vélo.

Je m'engage sur le site sans avoir regardé beaucoup les explications (en finnois, suédois et anglais). Je pousse le vélo sur une croupe rocheuse Je croise un petit groupe dont une dame qui m'explique que les gens venaient ici brûler leurs morts et que chaque famille en offrande amenait une pierre.

Elle raconte qu'elle est née près d'ici et que petite elle venait jouer ici, sans se douter que c'était un site préhistorique.

C'est sûr qu'à part d'immenses tas de pierres on ne voit pas grand chose, et d'autant moins que sur place on ne bénéficie d'aucune explication, les points remarquables ne sont même pas signalés (j'aurais du trouver notamment des poêles à charbon et un cairn en forme de spirale)..


Je trouve tout aussi remarquable l'abondance des lichens


Après Lappi, la route est plus fréquentée mais je vais tourner dans les bois sur une route non goudronnée, grand calme !

un animal curieux 

Il y aura beaucoup plus de monde du côté du grand lac de Säkylä.



Je vais quand même m'y arrêter, près d'une aire de camping-cars, tout au bord de l'eau. C'était une erreur car soudain un vent fort se lève, et puis les vagues viennent se heurter aux rochers de la rive.. et je reçois les embruns.

Un type vient me faire toute une histoire car je suis paraît il sur le terrain de freesby. Il repartira, de toute façon avec le vent...

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Toujours beau et de plus en plus chaud

Le soleil est éblouissant, le lac bleu foncé et l'air immobile.


La route continue au bord du lac en limite de forêt (chalets de loisirs), puis traverse une plaine agricole.

Elle rejoint un autre lac à Kanaanpää, hier j'avais hésité à aller jusque-là. Eh bien j'aurais du! Près de la plage les espaces herbeux étaient parfaits pour le bivouac et le coin plus tranquille, je n'aurais pas été embêtée par des joueurs de frisbee.


À l'église on cé

Inutile de détailler la suite, ça ne varie guère. Quelques champs, des fermes ou habitations éparses et beaucoup de forêts. Des routes tranquilles. Une ville sur le passage, Huittinen, supermarché, pique nique à côté du monument aux morts (39-45, la Finlande était neutre en 14-18).


Le clocher sonne le glas... À l'église on célèbre un enterrement.


Quelques photos sur la route. Les colzas commencent juste leur floraison.

Deuxième ville de la journée Vammala, bien située au bord d'un lac, et dotée d'une grande église de brique datant du,19e siècle.


Une partie du cimetière est consacrée aux tombes militaires, et on voit aussi plusieurs monuments commémoratifs.

Le cimetière et le monument aux morts, c'est pour la deuxième guerre mondiale. La première, la Finlande ne l'a pas faite. En 1918 une terrible guerre civile entre Rouges et Blancs a fait 39000 morts en quelques mois. L'inscription dit: "en mémoire de ceux qui sont morts pour leurs convictions".

Il y a un camping à Vammala, au bord du lac. Allons y voir. Déjà les abords sont en travaux, et je vois surtout des caravanes pas forcément occupées. à l'accueil je trouve une femme blonde l'air revêche et peu loquace (elle ne doit pas trop savoir l'anglais) m'annonce le prix de 25€, me montre les sanitaires et la cuisine. Et un emplacement très loin de là sur un malheureux carré d'herbe entre des caravanes, sans aucune vue sur le lac. Désolée madame, je vais plus loin...

Et plus loin ce sera bien mieux. Une église est signalée à quelques kilomètres de là. Elle se trouve un peu à l'écart non loin du lac. Aux abords des églises c'est rare qu'on ne trouve pas de place pour s'installer...

C'est une grande église de pierre grise à l'allure sévère vue de l'extérieur (mais je ne verrai pas l'intérieur, elle est fermée). Le clocher de bois est construit à côté.

Autour de l'église la seule possibilité est le cimetière, et près du clocher ce n'est pas plat. Mais plus près du lac il y a des possibilités.

Juste sous l'église c'est un peu trop en vue, mais plus bas il y a un parking de pêcheurs où l'herbe est tondue. Ils ne viendront pas ce soir. L'endroit n'est pas commode pour ce baigner, mais il y a de l'eau pour se laver. Et de beaux spectacles sur le lac.

Les oiseaux volent et crient de partout, mouettes, sternes, canards, oies, cygnes sauvages, et j'en oublie.

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Le soleil brille derrière les arbres, et l'église cette fois n'est pas à contre-jour, mais n'est toujours pas ouverte. Au bord de la route la troupe de cygnes sauvages est toujours là. Ils chantent un chœur presque mélodieux, à deux notes, en pliant et relevant le cou.

Le ciel est bleu, la route est belle, surtout quand elle longe ou traverse des lacs

J'arrive ainsi facilement à un village nommé Karkku, où j'hésite entre deux routes, une véloroute (n°12) et une autre route un peu plus directe. C'est sur elle que je m'engage, route agréable, aux dénivelés très modérés, calme au milieu des champs d'oiseaux... mais voilà quelle rejoint une route qui elle circule beaucoup, ce n'était pas prévu... Je me suis trompée! Presque 3km à refaire dans l'autre sens!

Et au carrefour je me décide finalement pour la véloroute, non asphaltée, et surtout beaucoup moins facile, car là il y a du relief, et les côtes sont raides.

La forêt est là aussi fréquemment exploitée. On entre sur la commune de Nokia, un nom évocateur, et la on monte de plus en plus, on dépasse les 100m d'altitude ce qui ne m'est pas arrivé depuis longtemps, et l'horizon s'élargit en haut des côtes. Mais je me trouve un petit coin à l'abri entre des épicéas pour manger un morceau. Sur cette route me doublent ou me croisent bien plus de cyclistes qu'habituellement. Peut-être parce qu'on est dimanche et pas très loin d'une grande ville.

La première ville c'est Nokia, une ville industrielle, mais ce n'est pas là que sont ou étaient fabriqués les téléphones (c'était à Salo, où je suis passée il y a cinq ans).

à la sortie de la ville, la piste cyclable va suivre la grand-route qui mène à Tampere mais je la prends du mauvais côté. Je suis arrivée en bas d'une église, du coup je vais y jeter un coup d'oeil. Elle est fermée, elle est entourée d'un cimetière dont une partie militaire avec un grand monument aux morts. Le robinet d'eau ne fonctionne pas.

Je traverse pour être du bon côté. La voie va longer des routes, pas l'autoroute mais toujours avec de la circulation. Les cyclistes sont nombreux sur cette voie, et vont plus vite que moi.

à l'entrée de la ville ça devient un peu plus compliqué, heureusement que le GPS le guide sur les bonnes voies, ça ne serait pas évident, car il y a des routes dans tous les sens. J'arrive au port, de l'autre côté duquel on voit un parc d'attraction pour les gens qui ont le cœur bien accroché.

C'est dans les immeubles que l'on voit devant qu'habitent mes hôtes, Mirva qui parle français, et Antti qui ne le parle pas ce qui fait qu'on va parler anglais. On monte le vélo dans l'ascenseur pour le mettre sur le balcon, d'où la vue est magnifique sur le lac. Nous montons sur le toit de l'immeuble pour avoir une vue encore plus étendue. Le lac fait 60km de long, il est gelé en hiver. Un petit voilier ne bouge pas beaucoup en l'absence de vent.

Ils m'expliquent que ce groupe d'immeubles où ils habitent a été construit sur un emplacement gagné sur le lac. Le pont en-dessous était une voie circulation automobile, mais depuis qu'un tunnel a été creusé sous la ville il est dédié aux piétons et cyclistes, et l'endroit est incroyablement calme.

De l'autre côté la rivière Tammerjoki n'enfonce vers la ville.

On fait des selfies

Antti prépare un excellent repas, des crêpes fourrées aux légumes et aux champignons, et puis on fait une petite balade autour de l'immeuble, sur les bords du lacs les promenades sont fréquentées par ce beau temps. Ils me montrent l'endroit où ils se baignent, tous les jours, été comme hiver.

Le chemin déjà parcouru en Finlande est en rouge (320km de Turku à Tampere)

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Le vélo reste sur le balcon, ce ne sera que de la marche à pied aujourd'hui.

Antti, après sa baignade matinale, a fait du porridge que l'on mange avec des myrtilles (mustikka), et chose curieuse du beurre de cacahuète, mais c'est très bon. Nous discutons un peu sur son travail et sur les Russes (c'est la pratique de l'eau froide qui m'avait fait penser au Russes). Avant le Covid les Finlandais allaient très facilement à Saint Pétersbourg, ce n'est pas loin et les formalités étaient sommaires, tout cela est fini. Beaucoup de Russes travaillent avec lui, ils sont venus en Finlande à cause de la guerre ou un peu avant sentant que ça aller se gâter.

Ma lessive mise dans la machine hier soir (j'avais à peu près tout mis à laver), je pars visiter la villeTampere, commençant par les bords de la rivière Tammerkoski, ce qui est un bon endroit car que la ville trouve son origine. Cette rivière joint en effet deux lacs dont l'altitude est différente, quelque chose comme 18m, ce qui provoque des rapides, et donc de l'énergie. C'est pourquoi on y a construit des usines textiles et développé une ville industrielle au 19ème siècle.

Ces usines évidemment ne fonctionnent plus, mais les cheminées et les bâtiments de brique sont toujours là, ils sont réutilisés, abritent des sociétés divers, des établissements commerciaux, des musées. C'est un très bel ensemble. Le quartier s'appelle Finlayson, du nom de son fondateur (1820), un écossais prénommé James.

La rivière (Tammerjoki), les rapides domptés et les usines 

C'est une belle architecture industrielle

Où que l'on soit à Tampere on trouve toujours des espaces de verdure à proximité.

Une église de brique, des maisons de bois, le palais d'un riche industriel 

C'est la partie la plus pittoresque de la ville, Pour le reste ce sont des grandes avenues et des bâtiments modernes. On voit poindre le clocher de la cathédrale. Surprise en s'en approchant de plus près, ce n'est pas du tout un bâtiment ancien, elle a été construite dans les premières années du 20è siècle, dans un style pompeux très particulier que personnellement je trouve plutôt horrible. C'est une église catholique.

De là je vais me livrer à une occupation dont je me serais bien passée, pénètrer dans un grand centre commercial appelé Ratina à la recherche de cartouches de gaz. Ce genre d'endroit est épouvantable, mais je me trouve une petite cartouche, je devrais si besoin en retrouver d'autres plus tard dans un magasin de sport.

En repartant je vais retraverser la rivière, large à cet endroit, entourée de nombreux restaurants, et je me dirige vers le musée Lénine. Pourquoi Lénine? Tout simplement parce qu'il s'est à une époque réfugié ici, et c'est là qu'il a rencontré Staline pour la première fois. Mais c'est lundi, le musée comme prévu est fermé. Je n'en saurai pas plus. Je ne regrette toutefois pas d'y être allée voir car il est à l'intérieur d'un beau bâtiment, qui comprend également un théâtre.

Je m'achète une salade dans un supermarché et vais la manger sur un banc du jardin public, à côté de diverses écoles et lycées. L'endroit est donc bien fréquenté, par une jeunesse qui rivalise de tenues originales.

lycées 

Et puis je repars un peu plus vers l'ouest pour monter en haut d'une tour. Je me rendrai compte le soir que ce n'était pas celle que Antti et Mirva m'avaient conseillé d'aller voir, qui était un bâtiment moderne, un hôtel dans le centre ville. Cette tour là est ancienne, située au milieu d'un parc forestier, où poussent le sorbier des oiseleurs et le muguet. Mais l'élévation suffit pour avoir une jolie vue. La ville est un peu lointaine mais on domine le paysage de lacs et de forêts.

Dernière opération de la journée, qui se soldera par un échec, trouver un distributeur de billets. Près des banques il n'y en a pas. Je ne savais pas qu'ils s'appelaient "Otto" et étaient tous identiques, de couleur orange.

Cet après midi il commence à faire chaud et lourd, je me sens fatiguée et suis bien contente de prendre une douche en rentrant...

Ce soir Antti fait encore un super dîner, un plat de légumes variés avec des boulettes ressemblant à des falafels.

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Ce matin en plus de la baignade Antti est parti courir 7km. Mais avant de partir il a préparé le petit déjeuner porridge avec un "smoothie" aux myrtilles. Vraiment trop gentil.

Mais je ne me suis pas levée très tôt et pars à 8h30 après les adieux. Ils étaient vraiment sympas et j'étais comme un coq en pâte chez eux. Mais il va falloir revenir à la vie sauvage pour une bonne semaine.

Je retraverse le quartier des usines et pars plein est à travers la ville. Assez vite je repère un panonceau orange "Otto". Enfin de l'argent liquide !


Je roule entre des immeubles à n'en plus finir mais ne m'en plains pas. La circulation n'est pas intempestive, et avec toutes les pistes cyclables pas de stress.

Changement de direction, vers le nord, l'environnement verdit. Le temps est nuageux mais la température est agréable pour rouler,. Il se met à tomber des petites gouttes , le ciel est encore clair, pas d'inquiétude.

C'est une véloroute que je suis. Numéro 66 mais les panneaux indiquent"Näsi". Elle longe de plus ou moins loin (car ses contours sont très découpés) le Näsijärvi le lac au nord de Tampere, au bord duquel j'ai dormi deux nuits. Elle s'écarte peu de la route principale pour l'instant, mais la piste est bien séparée.

Au niveau ciel ça ne s'arrange pas, il est plus sombre et les gouttes plus grosses... Il va falloir mettre la cape et protéger la tente.

On roule toujours en forêt, on ne voit pas le lac, mais de l'autre côté des plans d'eau qu'on qualifierait plutôt d'étangs.




Un peu de grisaille...

Après avoir parcouru 30km pile, tiens, "kahvila", un café au bord de la route, village de Kämiennemi. Ça tombe bien.

Et à la sortie, plus de pluie. Par contre la route devient moins agréable, plus de piste, juste une bande étroite, et quand même de la circulation. Aussi quand il y a possibilité de la quitter en se rallongeant un peu, par la véloroute d'ailleurs, je n'hésite pas.

J'ai bien fait, l'itinéraire est plus heurté mais plus intéressant, d'abord on voit le lac par moments, enfin des bras du lac, le centre est rarement visible. Et puis le paysage est plus ouvert, vallonné (tant pis pour les côtes), prés forêts et champs alternent , tapis jaunes de pissenlits dans les prés, bois de bouleaux.



Mais il va falloir rejoindre la grand route, où les voitures roulent trop vite. Et les camions, c'est les gros gabarits.

Heureusement à Ruhala je change de direction , après un café dans une station service et surtout approvisionnement en eau, pas facile dans ces coins peu peuplés et même sans églises.

La route vers Vilppula part toute droite et plein est, c'est bien j'aurai le soleil dans le dos. Et le vent aussi on dirait.


J'arrive aux abords de Väärinmaja, où j'avais prévu de m'arrêter. Une aire de pique nique à côté d'un monument commémoratif aurait pu faire l'affaire, si elle n'avait été aussi proche de la route.


Le monument commémore les violents affrontements en 1918 entre Blancs et Rouges qui ont eu lieu dans la région.

Sur la carte j'ai repéré un lac pas très loin de la route et dont on peut s'approcher. À l'entrée d'un chemin qui descend vers l'eau un panneau indique selon toute probabilité "propriété privée" mais ça tombe bien je ne comprends pas le finnois. Car au bout du chemin se trouve une petite maison avec un terrain assez exigu autour. Mais la pointe qui s'avance vers l'eau, c'est trop tentant. Les propriétaires doivent être quelque part en ville...


Je fais ma toilette au bord du lac (pas facile d'y entrer), me fais à manger (boîte de haricots). Et j'entends un moteur... Ce sont les propriétaires ! Un couple. Ils m'apprennent ( en anglais) que le panneau indique propriété privée. Je fais profil bas... Mais ils sont très gentils, ne font pas d'histoires, ouf!

Les passereaux aquatiques que je n'ai jamais réussi à voir, rousserolle, cisticole, que sais je?, gazouillent dans les roseaux et avant le coucher du soleil j'entends un oiseau à la voix extraordinaire. Je ne me souviendrai jamais du son mais c'était magnifique à écouter.

Le soir tombe.


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Sur le matin je sens l'humidité et le froid. Je me couvre et jette un coup d'œil dehors. La brume plane au-dessus de l'eau.

Je me réveille pour de bon vers 6h. Ma cartouche de gaz est en fin de course, il fait froid et il y a du vent, l'eau met une éternité à bouillir, c'est agaçant.

J'aurais mieux fait de ne pas déjeuner, car les propriétaires du chalet m'invitent à prendre le petit déjeuner avec eux, ça ne se refuse pas. Je prends juste le café, un peu de temps porridge et une petite brioche.

Ils habitent pas loin d'ici dans une ferme, ils sont en travaux notamment dans leur cuisine, c'est pour cela qu'ils viennent prendre leurs repas ici, leur chalet de loisirs. Ils y laissent aussi leur petit chien qui ne supporte pas le bruit des travaux.

C'étaient ses parents à lui qui avaient une petite exploitation agricole ici (29ha). Il n'a pas repris évidemment, a travaillé dans diverses villes (à vendre du matériau agricole), elle travaillait à l'hôpital de Tampere. Il s'appelle Antti et elle Terttu. Je demande leurs coordonnées mais oublie la photo souvenir.

Départ 8h30. Beau temps agréable encore. Pas trop de relief, pas circulation sur la route, mais beaucoup de grumiers, il y a une usine à Vilppula m'a dit Antti.

Pas d'arrêt à Vilppula, je préfère avancer jusque Keuruu. Je manque un très beau musée d'art finlandais, SERLACCHIUS MUSEOT? dont ils m'ont parlé, à quelques kilomètres de là. Il n'ouvre qu'à 11h, ça me prendrait la journée et il faut pédaler avec ce beau temps.

Forêts toujours, et lac près de Kolho, où je ne m'arrête pas.

Les grumiers passent, la forêt est exploitée.

à la sortie de Kolho, un panneau m'a fortement intriguée... et inquiétée. Il indique... à 8km, une côte (ou une descente?) à 12%. Je n'arrive pas à y croire car les reliefs ne sont pas considérables, mais si... c'est quelques kilomètres avant Keuruu. On dirait un mur, mais ouf, juste à ce moment commence une piste cyclable qui sera parallèlle à la grand route jusque Keuruu. Je n'ai pas de photo, Il fallait que je prenne un peu d'élan, et, chose surprenante, cette côte je la monte jusqu'en haut! Il faut quand même dire que j'ai le vent dans le dos.

On entre dans la "Finlande Centrale" 

En arrivant à Keuruu je passe devant un établissement industriel, une voie ferrée, et un lac.

Je n'avais plus rien, je me déchaîne au supermarché, mes achats sont dans un sac en plastique et impossibles à ranger, je me dirige vers l'espace vert le plus proche, c'est à côté d'une église de brique.

Elle n'est pas hideuse, mais de l'autre côté de la route, à deux pas de là, il y avait une autre église, la vieille (vanha kirkko)

Une des plus belles églises en bois de Finlande! Elle est fermée, hélas.

Il fait très chaud maintenant, je route en short et manches courtes! Pour aller voir une autre église de ce type, je dois aller à Petäjavesi, qui est à l'est, sur une route importante. Mon GPS me propose des voies secondaires pour éviter cette route. Comme j'ai mis l'option "vélo de route" et pas "vélo tout terrain" je suis confiante...

Première route: assez large et à peu près directe, mais très gravillonnée et avec beaucoup de relief. Ouf, la suivante, de l'autre côté de la route, n'est pas gravillonnée, mais bien... sauf qu'à un moment il faut tourner, et là qu'est ce que je trouve? Une piste DE SABLE! Et ça c'est vraiment l'horreur. Au début j'arrive à rouler un peu, et puis je manque tomber, et puis ça monte... il faut poeuxusser. Changement de direction, toujours du sable, mais je un peu mieux, ça roule à peu près jusqu'à ce que je retrouve la grand-route.

Là, je ne me pose plus de questions, je continue sur la route mais n'en mène pas large. En fait ce n'est pas si terriblement dangereux, je suis bien visible et la route est large, mais ça roule très très vite (j'ai l'impression qu'il n'y a pas de limitation de vitesse en Finlande), c'est vraiment stressant. Comme en France, il y en a qui ne s'écarte pas beaucoup pour doubler.

Heureusement, le vent m'est favorable encore et j'arrive à Petäjavesi. Un chemin me mène à la vieille église, qui en effet est aussi une merveille. Pas de panneaux explicatifs, pas d'heures d'ouverture affichés. L'avantage c'est qu'il n'y a personne et que je peux admirer à loisirs. Je peux même me hisser dur des murets en m'accrochant sur des planches pour voir à l'intérieur, mais quand la planche commence à craquer je n'insiste pas, je ne vais quand même pas détruire un monument de cette valeur. Je n'ai plus qu'à lever les bras pour prendre des photos.

Petite précision: il y a seulement un problème  de prise de vue. L'église ne penche pas!

Dans ce village s'élève une église plus récente, mais ici elle est en bois également. Avec un clocher séparé.

Je m'approvisionne en eau et je continue. Je suis encore obligée de prendre cette grand-route. à cette heure, moins de monde et pas de poids-lourds, mais ils roulent encore plus vite.

Je repars vers le nord, traversant un village nommé Kintaus, sur la route numérotée 6250 où je voudrais bien trouver un lieu de bivouac. C'est une route non revêtue, montant et descendant dans un environnement pas beau du tout, des forêts sinistres, et, ce qui n'est pas courant dans ce pays, toutes clôturées, on se croirait en Sologne.

Un chemin descend vers un lac, des chalets de loisirs sont éparpillés tout autour, et en dehors de ces chalets je ne vois pas d'emplacement praticable, à part un rocher au bord de l'eau, à peu près plat. En montant la tente je pense aux alpinistes qui s'installent sur des rocs exigüs. Mais ça marche.

Heureusement que la nuit ne tombe pas vite, je me fais des pâtes avec des courgettes et ça prend un temps fou avec ma cartouche qui ne veut pas se vider.

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À vrai dire la météo l'avait prévu : pluie le matin. J'espérais que ce serait seulement après le démontage, mais ça a commencé dès 5h du matin.

Cela va me permettre de voir ce que ça donne, ces routes non asphaltées, quand elles sont mouillées. Au début j'ai peur ça a l'air glissant... Mais finalement ça roule normalement. De toute façon le goudron revient assez vite.

Entre temps l'environnement s'est un peu ouvert, des clairières vertes, des habitations apparaissent. Il y aurait eu d'autres possibilités de bivouac.



Cette route bien que goudronnée est très calme ! Elle mène à Uurainen où au supermarché tout le village se retrouve. La moyenne d'âge est plutôt élevée. Ça sent la campagne profonde.

Prochaine étape Saarijärvi. Un peu plus de voitures et quelques grumiers. On longe des lacs de plus ou moins près. Il ne pleut plus.




La petite baraque rouge est un arrêt de bus. Joli et avec un petit banc à l'intérieur. Malheureusement on n'en a pas partout.

Les rivières ne sont jamais longues, juste le temps de passer d'un lac à l'autre.

Avant d'arriver à Saarijãrvi on rejoint la route importante venant de Jyväskylä la grande ville locale. Heureusement la piste cyclable commence dès la jonction. Jusqu'à la ville ce ne sont que des bâtiments industriels ou commerciaux.

À l'entrée de la ville je repère tout de suite l'église, imposante, clocher séparé, et entourée d'un grand cimetière. Un bon endroit pour casser la croûte et sécher la tente.





Dans la ville je passe deux bonnes heures dans un café, ce qui me permettra de recharger le téléphone et l'ordinateur. Et de mettre à jour les photos et le blog.

Et les jours sont longs pas d'inquiétude pour parcourir les 32km jusqu'à la prochaine localité, Kannonkoski

Ce n'est pas souvent qu'on longe les lacs d'aussi près...

Courses rapides et recherche d'un bivouac. Ce soir j'ai envie d'être en forêt. Voilà un petit coin plat au bord d'un chemin.

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Une journée avec le beau temps, mais pas chaud. Le vent est froid et souvent en face, heureusement l'itinéraire est moins direct alors la direction varie. Et puis la forêt protège.

Toute la matinée je traverse les bois dans une agréable solitude, presque pas de cabanes. La seule chose qui m'inquiète c'est que je n'ai plus d'eau, j'évalue même l'éventualité d'en prendre dans un ruisseau.

Et puis voilà une maison, et sur le mur de la maison... Un robinet. Qui marche. Il n'y a personne alors je me sers. Appelez ça comme vous voulez mais moi je dirais que la providence a encore fait son œuvre.



La route goudronnée est une exception. Le chemin, pas en vélo !

Après ma piste qui zigzague je dois affronter le vent sur une route en principe importante (3-4 voitures..) puis tourner à angle droit, mais c'est aussi goudronnée . Et puis de toute façon pas possible de s'arrêter pour casser la croûte, il pleut. Et là aucune possibilité d'abri.

Ça ne dure pas, à une éclaircie je m'installe près d'une coupe au soleil il ne fait pas froid, mais ce n'est pas un endroit où rester des heures.

Continuons. Je renonce à me rallonger pour un café à Pihtipudas, hélas en repartant nord ouest, même dans la forêt, il faut lutter contre le vent, et il est glaçant. Je voudrais tant trouver un abri. Ici il y a des petites baraques un peu partout mais dans des propriétés. Elles sont ou bien fermées ou bien pleines de cochonneries et à moitié effondrées. Je constate que beaucoup de Finlandais ne sont pas particulièrement soigneux avec leur environnement . Autour des maisons sont laissés toutes sortes de matériels, des carcasses de voiture, des cabanes écroulées.

Et puis le vent se renforce, le ciel devient noir... Cette fois c'est une belle averse, pas une petite pluie ! Déjà mouillée je me précipite vers un groupe de maisons dont une avec un auvent. En dessous c'est encombré et effondré, j'arrive à peine à y monter mais j'aurai quand même évité une partie de l'averse.

Et après, le soleil revient ! Des bois, et des coups d'œil sur les lacs



Et puis presque d'un coup, avant Reisjärvi, le paysage s'ouvre et fait place à l'agriculture. C'est beau quand la couleur verte est renforcée par le soleil, moins quand les champ viennent d'être retournés.


En tout cas ça ne fait pas du tout mon affaire, car les seuls endroits où les terrains seraient praticables, c'est autour des maisons.

J'ai déjà dépassé les 100km, et toujours rien. Alors je me lance, voyant un monsieur sur un tracteur, en train de tondre sa vaste pelouse, je me dirige vers lui.

Il est quelque peu surpris, mais me propose le meilleur coin de son terrain, me fait faire connaissance avec son gros chien blanc, et me donne un jerrican d'eau.

(ces photos sont du lendemain)
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Beau temps mais pas chaud


Au moment où j'ai tout rangé Timo (c'est le propriétaire de la maison) vient me voir et faire une photo souvenir. Il est seul, sa femme et ses enfants sont partis à une compétition de natation.

Direction Haapajärvi par une route non goudronnée toute droite le long de champs labourés et fermes disséminées, sans harmonie. Décidément je n'aime pas ce coin.

Heureusement qu'il y a les oiseaux, notamment des vanneaux que chez nous on ne voit qu'en hiver. Deux rapaces non identifiés font un beau vol groupé.

Plus loin on retrouve des bois et des lacs.


Et notamment à Haapajärvi. Forcément, puisque järvi veut dire lac.

Je resterai un bon moment dans ce village à cause de son café agréable et clair. Mais j'aurai aussi été voir l'église, qui est ouverte. Pas pour les visites mais pour un enterrement alors je reste à l'entrée. Je vois arriver une famille avec des enfants tous de noir vêtus.



Cet étrange personnage est un tronc, avec la fente au milieu de la poitrine. Pour les pauvres.

Je me retrouve dans une zone agricole où trouver un endroit pour casser la croûte est un casse tête. Dans ce pays les chemins n'ont même pas de bas-côtés, comme d'habitude les seuls endroits possible c'est autour des maisons. Je trouve un petit coin près d'une maison inhabitée.

En repartant je remarque cette autre église, isolée au bord de la route. Les croix sont caractéristiques du culte orthodoxe .


Il me reste quand même plus de 50km pour aller à Haapavesi où j'ai décidé de faire étape. J'ai trop trainé. Le vent me gène parfois et trop de lignes droites, j'en ai un peu marre.

Encore un beau lac bleu au passage.

Haapavesi est situé au bord d'un lac tout en longueur. Pour rejoindre le village il faut passer sur un pont au milieu duquel se trouve une petite île et c'est sur cette île qu'est situé le camping. Caravanes, cabanes, inoccupées. Il y a de la place pour les tentes, c'est 17 euros. Je m'installe au bord de l'eau malgré le risque d'humidité. Je craignais le vent mais il a du se calmer un peu. J'utilise la douche et la cuisine qui est minuscule on ne peut pas s'assoir. Ce soir pâtes et brocolis. Sur leurs plaques électriques il faut être patient pour la cuisson.

L'aspect du ciel ne présage rien de bon
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Pluie une bonne partie de la journée.

J'avais osé espérer qu'il ne se mette tout de suite à pleuvoir pour partir avec une tente sèche, c'est raté, déjà à 5h du matin des gouttes tombent. Par contre il ne pleut pas au moment où je démonte la tente, c'est déjà ça.

Pour le petit déjeuner je me trouve une table et une chaise de bistrot à côté et les installe dans la cuisinette où je prends un petit déjeuner copieux. J'ai déjà froid et je me mets en branle, pas très convaincue à la pensée de me coltiner la pluie toute la journée. Mais je n'ai pas le choix.

Je n'entre même pas dans le village de Haapavesi, prenant une petite route latérale qui monte, tant mieux ça me réchauffe. Et puis je sens bien que j'ai le vent dans le dos, ça roule. Essaierais je de pousser jusqu'à Oulu aujourd'hui? Dormir sous la tente, que je n'aurais pas pu faire sécher, n'est pas une perspective réjouissante.

Alors roulons, La pluie ne tombe pas si fort que ça, et même s'arrête. La route est goudronnée, juste un peu bosselée et fissurée, et incroyablement déserte, 3 voitures croisées en 30km. Elle traverse des boisements divers et variés, parsemés de petites cabanes,, je me sens au cœur de l'immense taîga. Et j'espère qu'il ne pleuvra plus, que la météo s'est trompée.

Évidemment ce n'est pas toujours idyllique, les coupes rases ne sont pas très esthétiques, le sol est jonché de rochers et de souches, plus des tiges inexploitées, on se demande comment on peut circuler là dedans. Pas facile à replanter et impossible à entretenir, j'ai vu une fois un planteur à l’œuvre avec une canne à planter. Et pourtant ça pousse, et droit.

La photo qui suit est totalement anecdotique, mais ces deux géants de pierre qui font au moins 5m de haut sont impressionnants

Eh non la météo ne s'est pas trompée, la pluie reprend, et cette fois ce n'est plus "petite pluie" mais "pluie moyenne". J'arrive dans un secteur un peu plus habité. ça tombe bien, je vais trouver un abri pour manger, dans un appentis où les stères de bouleau s'entassent.

Une joli église au passage, c'est fini pour les photos, il pleut trop.

Je trace ma route. Je rejoins à Temmes la route Jyvaskylä - Oulu, où ça circule beaucoup, heureusement il y a une alternative cycliste, voie parallèle ou petites routes qui s'en écartent légèrement. Il s'empêche que ce n'est pas un parcours enthousiasmant et je n'ai plus que deux idées:

1°) Avancer, pour arriver à Oulu, 50km dans l'après-midi, c'est jouable

2°) Trouver un asile où me reposer un peu, et boire quelque chose de chaud, car je suis frigorifiée et commence à avoir mal partout, poignets ankylosés, mal au fesses... Mais RIEN. Ce n'est qu'à 12km de Oulu que je pourrai enfin me réconforter, dans une station-service. Je prends un thé, me réchauffe, ça fait du bien, en sortant je me sens capable de repartir pour une cinquantaine de km. Enfin, peut-être.

L'approche de la ville n'est pas désagréable, la circulation cycliste est toujours bien aménagée, sauf à un endroit où il y a des travaux. Les petits panneaux bleus indiquent toutes les directions et les véloroutes européennes sont signalées.

Une vue sur la mer, qui ne ressemble pas à la mer mais c'est bien elle.

Oulu n'a rien d'une ville ancienne, avenues rectilignes et immeubles modernes. Mon hébergement est une chambre d'hôte dans un immeuble. Le propriétaire est un asiatique moyennement sympathique, sans doute Indien. Je dois laisser le vélo dehors. Le logement est moyennement bien tenu, le linge moyennement fiable, mais il y a tout ce qu'il faut, notamment pour sécher les affaires, et la cuisine est agréable. Je me fais de la polenta et le reste de brocolis.

Une jeune Néerlandaise occupe la chambre voisine, elle n'a pas trop l'air d'avoir envie de parler.

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Beau temps, vent froid OSO


Le matin je rencontre un troisième locataire en finissant mon petit déjeuner (flocons d'avoine, je n'ai plus de pain). C'est un Finlandais mais il habite en Norvège, à.. Tromsø. La construction commence en norvégien mais passe vite à l'anglais. Il m'offre un café.

Rangements et relation de la journée de la veille à terminer, je sors de l'appartement en fin de matinée seulement mais là il est grand temps, c'est l'effet de serre, la chaleur devient insupportable.

Je retrouve mon vélo et tous ses accessoires. À la sortie de l'immeuble le soleil chauffe... Mais dès que je passe de l'autre côté... Un vent glacial m'assaille. J'aurai d'Oulu le souvenir d'une ville ensoleillée et ventée.


Oui c'était bien mon impression premières, rues au carré et immeubles. Contrairement à ce que laisse penser la photo, la ville est assez animée, les habitants vaquent à leurs affaires. Je les trouve habillés bien légèrement par ce froid,manches courtes, shorts. Les cyclistes sont nombreux, plus que dans les autres villes où je suis passée.

Malgré tout on rencontre quelques maisons de bois


Une halle ancienne en brique, gardée par un drôle de policier.

Le marché est à l'extérieur. Le bâtiment moderne derrière est le théâtre et la bibliothèque.


Et on arrive au bord de l'eau, pas de vue sur le large à cause des nombreuses îles qui sont devant.

J'emprunte une passerelle vers l'île nommée Pikisaari. Le long d'une rue droite s'alignent des maisons de bois dont la plus vieille de la ville,un musée en été.


Reste à voir la cathédrale, 19e, d'un style classique clair et solennel.

Très bien fléché, le parcours cycliste pour sortir de la ville, direction Haukipudas. Et très agréable, protégé du vent avec le soleil qui me chauffe le dos, à travers dès banlieues vertes proprettes.

À Haukipudas je trouve un bon endroit abrité pour déjeuner et même faire la sieste devant l'église.


Je suis toujours l'eurovelo 10, mais elle n'est pas fléchée sous ce nom. C'est le parcours n°1 mais de toute façon maintenant il n'y a plus d'indications et c'est beaucoup moins intéressant car il faut suivre la grand route.

C'est là qu'en face je vois arriver un vélo chargé, avec des sacoches Ortlieb : ma première rencontre avec un voyageur ! Je coupe la route pour lui parler. Un Norvégien qui s'appelle Lev (sous réserves), il suit la côte jusque Goteborg et Oslo, vient des Lofoten.

Même pas 5 minutes après, je n'en crois pas mes yeux, un autre ! Pas jeune non plus barbe blanche. N'a pas l'air décidé à s'arrêter.

Le prochain village s'appelle... Li. Rien que ces deux lettres. Une grande place vide, une station service, deux supermarchés, une pizzeria, rien de sympa. Alors je vais chercher ailleurs et c'est la surprise, j'arrive au bord d'une large et belle rivière où l'eau coule en rapides. Cette rivière a regorgé de saumons à une époque, en témoigne une statue représentant des pêcheurs à la pique, et un musée fermé mais qui arbore une photo évocatrice.

ça ne faisait pas bon d'être saumon 

Ce musée et les maisons autour forme un ensemble de maisons anciennes tout à fait charmant, l'église est de style plus moderne, mais originale.

La forêt dont m'avait parlé le Norvégien la voilà enfin. Ce n'est pas la plus belle, la piste tournicote... Mais c'est mieux que la route ! Il commence à faire un peu froid, je mets le blouson.

Je rejoins la route, il y a encore une alternative pour l'éviter, et je me dis que je vais peut-être trouver là un bivouac?

Hé bien ça ne risque pas ! Je suis tombée dans un parc éolien. Elles sont énormes et font un bruit d'avion.

Et puis je me retrouve sur la route, un camping est indiqué, de l'autre côté de la route et au bord de la mer. Très beau mais.... Il souffle un vent épouvantable. Un autre cycliste campeur se terre dans une tente .

Moi je m'en sens bien incapable. Alors je choisis l'abri barbecue, qui ici est bien protégé. Je peux monter ma tente sans piquets. Mais ça va très mal, ça glisse, et c'est le drame... L'anneau qui joint les arceaux latéraux et la faîtière se casse!! Impossible de monter la tente normalement. Voilà ce que ça donne.


On peut quand même dormir comme ça.

Paysage magnifique. Pour la première fois, que la mer à l'horizon.


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Beau temps le matin, se voile l’après-midi



Je dors bien et me réveille confiante, espérant pouvoir malgré tout réussir à monter la tente, dans la terre avec les piquets, j’ai déjà eu ce problème. Pour l'instant, je démonte.

Et c’est là que le pire arrive… l’espace est étroit, je trébuche, tombe sur la tente… et voilà un arceau cassé en deux, et ça c’est beaucoup plus grave, la tente devient inutilisable. Vais-je être obligée d’écourter mon voyage ? D’acheter une tente ? Pour l’instant, n’y pensons pas trop, allons jeter un coup d’œil à la mer bleue, et prenons la route.

Je n’ai pas à reprendre la nationale, il suffit de suivre des pistes forestières, en essayant de ne pas se tromper, ce que je fais quand même à deux reprises.

Voilà le type d'engins qui se balade sur les routes 

Le prochain village c’est Simo, j’y aurais bien fait une pause, mais à son approche des travaux titanesques barrent la route, je ne vois aucune possibilité d’entrer dans ce village… alors continuons.L’environnement devient plus campagnard et assez riant, avec des prés et les jolies maisons rouges.

Mais hélas que de dépotoirs encore!

Un panneau indique un « puisto » (parc), je ne comprends pas trop de quoi, mais cela mène au bord de la mer, qu’il faudrait quand même voir un peu de temps en temps…

J’ai bien fait l’endroit est un lieu de villégiature tout à fait désert actuellement, mais avec une belle vue sur une baie, et un « kahvila » évidemment fermé mais dont un côté est parfaitement à l’abri du vent et au soleil, il y fait très bon. Je serai un peu dérangée par un groupes de dames qui vient s’asseoir sur l’autre terrasse, enfin surtout par leur chien qui n’arrête pas d’aboyer, mais elles ne restent pas longtemps.

Je repars par un chemin barré mais seulement parce que les riverains ne veulent pas être dérangés, c’est un raccourci non négligeable. Je vais rejoindre la grand-route, la traverser puis la longer par le nord. C’est une piste cyclable, elle va me mener jusque Kemi. Entre temps je fais une pause café dans une station service cafeteria, très calme.

Kemi est une ville étrange, aux avenues très larges mais désertes, quelques maisons de bois et une cathédrale rose. Le bord de mer est plus intéressant, dans les ports flottent des barques, des voiliers et même un trois-mâts . Sur la promenade circulent quelques badauds et sur la plage un baigneur entre dans l'eau.

À la sortie l’autre aspect de la ville est l’industrie, une grosse humide fume et sent le chou, ce pourrait être une papeterie.

Je suis toujours dans cette zone industrielle, sur des pistes cyclables longeant les routes, et pourtant je suis tout près de l’île où j’ai repéré un abri qui vu sa situation devrait être dans le bon sens, "dos au vent".

J’imaginais une zone naturelle, pas vraiment,l’île est mitée de pavillons. Mais je trouve facilement l’abri qui en effet est bien abrité, et propre. Aux alentours traînent quelques saletés post-pique-nique, je ramasse tout ça et le balance dans la grosse buse qui sert de barbecue. La rivière coule juste en face, fréquentée par les mouettes.

Pas besoin d’entrer dans le duvet pour dîner (une espèce de soupe de pois très épaisse en conserve). Par contre vers la fin je sens un peu le vent alors je décale mon installation à l’autre bout de l’abri et tout va bien.

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gris et vent froid. Pluies.

[Les 42km c'est le trajet parcouru en vélo. à Tervola j'ai pris le train pour Rovaniemi]

J'ai à peu près aussi bien dormi que dans la tente. Sur le matin j'entends avec délices la pluie qui tombe, me disant que je n'aurai rien de mouillé et à faire sécher ce jour qui vient.

Une petite surprise quand même: un T-shirt trempé... Il y avait une petite fuite dans le toit, je ne me suis aperçue de rien. Il n'y a pas plus que dégâts que ça, ouf!

Départ vers 8h30. Je constate, en finissant de traverser le fleuve depuis mon île, que j'étais à deux pas d'une grosse centrale hydraulique.

[Quelques jours plus tard j'apprends que la construction de cette centrale en 1948 a purement et simplement mis fin à la migration des saumons, dont la pêche était une ressource majeure de la population locale]

Et puis j'oblique vers le nord. La route est doublée par une piste cyclable. Elle suit le fleuve mais pas de tout près. Au début ça circule un peu, après plus personne.

Une église en bois jaune sur le côté gauche de la route, ça tombe bien, je n'ai plus d'eau. En fait il n'y a pas de cimetière, donc pas d'eau, mais deux visiteuses passant par ici en voiture m'en donnent de leurs provisions. L'église, qui date de l'époque où la Finlande était un grand duché dépendant de l'empire russe porte une inscription à la mémoire du tsar Alexandre 1er, décédé en 1825, donc peu avant sa construction.

Le fleuve, le Kemijoki ce qui veut dire rivière/fleuve de Kemi, est très large. Il n'est pas visible en permanence. Des petits cabanons s'éparpillent entre la route et la rive, de l'autre côté ce sont de nombreuses habitations mais elles ont l'air toutes vides, ce sont peut-être des logements d'été..

Jusqu'ici il faisait seulement gris et froid avec ce vent. Mais voilà des gouttes, et puis l'averse. J'aperçois des serres et un hangar. Je m'y rue. Au premier abri je m'arrête, c'est l'entrée d'une serre pleine de pélargoniums et autres fleurs magnifiques. La dame m'accueille gentiment, elle m'explique qu'ils n'ont que deux mois pour cultiver. Son mari, est beaucoup moins aimable, ils ont du travail et pas le temps de bavarder...

La pluie s'arrête je prends congé, direction Tervola. Les habitations se raréfient, les alentours sont plus naturels, le fleuve encore plus large.

D'autres fleurs attirent mon attention sur le bas côté, je n'en reviens pas, ce sont des trolles, des fleurs de montagne chez nous!

Pour arriver à Tervola il faut traverser la Kemijoki sur un long pont... Qui est en travaux, et il n'y a pas la place pour une voiture et un vélo à la fois, la traversée est donc un peu pénible. Belle vue malgré tout.

Et puis après avoir passé la rivière je cherche où est la gare... Pas du tout de ce côté, il me faut retraverser le pont et revenir par où je suis passée! Peu avant Tervola un panneau indiquait "asema" ce qui vent dire gare. Mais j'avais remarqué que des lieux qui n'étaient pas une gare de train avaient parfois ce nom, je n'ai pas fait attention. Je n'ose pas aller voir le village de peur de rater le train, mais la gare est paumée en pleine campagne, ce n'est qu'un abri en plein vent, le train passe plus tard que je ne pensais... bref au lieu du petit café douillet que j'escomptais ce sera une heure d'attente dans le froid!

Le train est à l'heure, prend les vélos mais il me faut payer 4 euros de plus. J'ai un peu honte de ne pas être allée jusqu'au bout en vélo, en même temps c'était l'occasion de faire connaissance avec les trains finlandais. Dans mon wagon se trouvent les aménagements pour les enfants, carrément une aire de jeux, avec même un toboggan.

La gare de Rovaniemi paraît être en périphérie de la ville, mais je réalise que c'est toute la ville qui a l'air d'une périphérie. C'etait un peu une ville de pionniers à sa fondation, pendant la guerre elle a été entièrement détruite et reconstruite.

L'hostel est très usine, fonctionnel et froid. Mais au niveau confort et propreté, rien à dire. L'hotesse me fait payer 5 euros de plus pour utiliser le garage à vélos que j'ai bien du mal à trouver. C'est aussi un atelier de réparation, et je vais trouver là un jeune très serviable qui va me scier proprement mon arceau cassé, malheureusement cela ne sert à rien, je ne peux pas l'emboîter avec le reste.

Un autre lit du dortoir est occupé, à côté est posé un sac de marque quechua, tiens tiens. Bien vu, c'est une Française, Canelle, fort sympathique, qui va m'initier aux joies du sauna, je n'aurais jamais osé y aller toute seule. Ce n'est pas compliquer, il faut s'asseoir sur des bancs en bois, jeter de l'eau sur des pierres chaudes (chauffées à l'électricité dans les saunas modernes...), ce qui provoque une vapeur brûlante. On s'habitue est on sue. J'essaie de prendre une douche froide après, non ça va pas tout seul, alors se rouler dans la neige, ou plonger dans un trou dans la glace après, là je ne m'y vois pas du tout. Mais on se sent bien après, c'est un fait...

Pour mes problèmes de tente les magasins n'ouvrent pas avant la fin de matinée. Alors je me contente de faire les courses et me déchaîne dans les achats comme toujours quand je peux me faire à manger. D'autant plus excessivement que Canelle m'invite à partager son repas, des pommes de terre sautées, un délice auquel je n'avais pas goûté depuis longtemps.

Elle a arrêté son travail pour voyager, est partie plusieurs mois avec son sac à dos et voyage en transports en commun. Elle était en woofing à proximité dans un élevage de chiens, a arrêté avant car ça ne s'était pas trop bien passé, a passé dix jours dans cet hostel et repars demain plus au nord, à Ivalo. Elle me raconte qu'il a fait ici jusque 24°.

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Soleil jeudi, 5° le matin, pluie le soir

La pause est indispensable pour résoudre les problèmes d'intendance: à Rovaniemi , dans le même centre commercial, on trouve deux magasins de matériel de camping, intersport et un autre. Comme cela ne m'étonne guère, aucun des deux n'a de moyen de réparer la tente, la seule solution c'est donc d'en acheter une. Je me décide pour une tente basique et un peu lourde tout en étant plus petite que la mienne, à 200 euros. Et je renvoie l'autre en France. Ce qui ne se fait pas dans un bureau de poste mais dans une de ces petites boutiques où il font tout, plus ou moins l'équivalent d'un bureau de poste en France, R-Kioski. Cela ne me coûte que 30 euros carton d'emballage compris. Je renvoie également la gourde de Canelle, 20 euros. C'est elle qui a voulu mais cela doit être plus que le prix de la gourde!

à part ça je ne fais pas grand chose de ma journée. Je n'ai pas trouvé de centre un peu ancien à Rovaniemi je n'ai vu que des rues commerçantes, des centres commerciaux géants, des grandes avenues, et un pont sous lequel passent l'autoroute au milieu de la ville.

Le centre ville, c'est peut-être cette tour qui marque la date et la température. 5° ce matin, ça montera quand même à 8.

J'ai quand même trouvé au bord d'une avenue une maison ancienne, anachronique ici!!

Après la sieste je décide un peu tard de me refaire un sauna, en principe le créneau 17-18h est réservé aux femmes, à 17h45 j'y trouve un gars (un Argentin), ce qui ne me dérange pas (vu qu'on va au sauna en maillot de bain), on discute, on parle de Salta en Argentine, mais un Allemand arrive à 18h, lui est à cheval sur le règlement.

Je me fais un bon dîner ce soir, courgettes poivrons avec du riz.

Le lendemain, vendredi, fini le ciel bleu, il fait gris et le vent du nord que j'ai voulu éviter d'avoir dans le nez est bien froid.

Je vais mettre à profit cette journée pour aller visiter le musée "Arctikum", après le pont au-dessus de l'autoroute.C'est une œuvre architecturale avec une grande verrière mais avec je ne trouve pas le fléchage des visites bien clair. De lourdes portes fermées indiquent où il y a des expositions mais pas où elles débutent et où elles finissent.

Les explications sont en finnois et anglais, parfois en allemand, bref je ne me fatigue pas à tout lire. Surtout dans la première exposition, sur les questions plutôt scientifiques. On peut admirer des photos d'aurores boréales (produites par le vent solaire attiré par le magnétisme des pôles), et des icebergs qui s'écroulent. On montre des scientifiques au travail avec un tas d'engins de mesure.

Une partie de l'exposition traite de la faune et de la flore. Je suis très étonnée de retrouver dans les espèces de la toundra quantité de plantes qui poussent chez nous en haute montagne. Le trolle vu hier, mais aussi la dryade à huit pétales (dryas octopetala), des rhododendrons, des saxifrages...La "ronce des tourbières" par contre ne pousse pas chez nous. J'en avais ramassé en Norvège mais elle n'est pas si facile à trouver.

rubus chamaemorus et dryas octopetala 

L'ours blanc et l'élan grandeur nature m'impressionnent, je n'ai pas du tout envie d'en rencontrer.

Les autres expos sont plus ethnographiques, il est question de la vie des peuples de l'Arctique, les Sames bien sûr, mais aussi les Inuits, les Nenets et Tchoukches (en Russie).

en haut un couteau lapon pour marquer les oreilles des rennes et un outil pour tisser, en bas des jouets nénets

On en apprend aussi sur les "non indigènes" et leurs activités dans la région: la pêche au saumon dans le fleuve Kemijoki que j'ai longé hier. Les petites cabanes au bord de l'eau devaient être des cabanes de pêcheurs. Mais la construction de l'usine hydraulique que j'ai vue hier a barré le passage aux saumons et mis un terme à la pêche.

L'autre ressource est la forêt. On pratiquait le flottage du bois sur le fleuve. Les bûcherons vivaient entassés dans des cabanes avant d'avoir des voitures et de rentrer chez eux avec.

les saumons étaient salés mais aussi séchés 

Et pour finir je commençais à être un peu fatiguée et j'ai passé un peu vite sur la partie historique concernant la "guerre d'hiver" en 1940, où les Finlandais ont résisté à l'invasion de la Russie en application du pacte germano soviétique. La Finlande s'est alliée avec l'Allemagne pour récupérer ses territoires, et puis s'est mise du côté des Alliés. Ce sont les Allemands qui ont détruit les villes finlandaises dont Rovaniemi.

Il reste une autre partie fort intéressante sur la région de Petsamo au bord de la mer de Barents, finlandaise avant la guerre, récupérée par la Russie après la guerre. Je suis passée vite aussi...

Il est déjà 15h, l'après midi sera courte le temps de manger un morceau (salade) et se reposer un peu. Je n'ai pas le courage d'aller au sauna, ce n'est pas bien.

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Éclaircies le matin couvert ensuite mais beaucoup moins froid.

Je suis un peu enrhumée et pas très en forme, mais quand je suis dehors je me sens déjà mieux.

Je stresse à l'idée d'oublier quelque chose, et effectivement après avoir fait 6km je réalise que j'ai laissé accroché mon chargeur de téléphone près du lit... Classique ! J'en rachèterai un au premier K Market rencontré.

Samedi matin. La ville est très calme et la route aussi. C'est une piste cyclable puis une petite route bordée de boisements qui dessert des pavillons, assez rupins pour les plus récents. J'ai passé le cercle polaire absolument sans m'en rendre compte. Quelque part il devait y avoir un monument mais je ne suis pas tombée dessus...

On aperçoit parfois la rivière qui coule en contrebas. Ce n'est plus le Temijoki venant de Kemijärvi plus à l'est, mais son affluent, la Ounasjoki.

La rivière et une église au passage

La route ne va pas beaucoup varier, toujours dans les bois, pas très hauts mais c'est loin d'être la toundra. Encore des trolles au bord de la route (et non des trolls!). Des maisons avec plus ou moins de chantier autour. Vue au loin sur des collines boisées. Peu de circulation.


Un arrêt casse croûte sous des bouleaux, bref pour ne pas se refroidir, et une autre pause café dans un petit supermarché où ils vendent des produits lapons, conserves de renne par exemple.

Je poursuis sur quelques kilomètres encore sur cette route qui mène à Kittilä et Muonio. Au passage une église moderne et la traversée de la rivière.


Et puis je prends une autre direction, celle de Sodankylä en passant par Unari. C'est une route non goudronnée et pas très belle, mais j'y verrai mes premiers rennes que je ne réussis pas à prendre en photo.

oui c'est bien un renne ici... 

Un seul village, Unari, pas de commerce mais des maisons partout comme toujours. Notamment au bord du lac où je fais une incursion infructueuse. Mais un peu plus loin se trouve un abri, pas pour dormir mais pour pique-niquer, il y a de la place autour et même un autre campeur, un motocycliste (qui n'apparaît pas).

J'ai un peu de mal à monter la tente, pas de notice... Enfin si, je la trouve quand je l'ai déjà montée. Un peu claustro car la tente intérieure est opaque, mais bon ça ira.

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Le temps n'est ni trop froid (env 12°) ni trop mauvais, soleil voilé parfois... Et quelques averses.

J'appréhendais un peu le trajet de Melhaus (dernier arrêt aux produits lapons) à Sodankylä ... 100km sans commerce ni bistrot.

J'ai déjà trouvé sans mal un abri pour la nuit. Le motocycliste à côté était tellement discret que je ne l'ai même pas entendu partir. Moi c'est 8h30, pas un exploit.


Lac d'Unari, cabane de pêcheurs

Le ciel est gris mais il ne fait pas très froid. Je me suis bien couverte mais par moments j'ai trop chaud.

Maintenant la route est goudronnée, quelques voitures circulent et on voit moins de rennes, ce n'est pas sûr qu'il y ait un rapport.

Aujourd'hui le paysage change. La forêt est plus basse et moins dense, il y a de nombreuses zones tourbeuses, où il pousse des pins rabougris... ou seulement de l'herbe jaune. La terre des fossés est noire. Ailleurs le sol est caillouteux et de couleur claire, parsemé de grosses pierres de granit.


Unari est plus un hameau qu'un village, maïs il possède une église et un cimetière, à l'écart comme toujours, et comme toujours dans le coin cette église est récente. Je suis bien contente de la trouver pour m'approvisionner en eau. Et l'endroit est agréable, au bord d'un petit lac.

La région n'est pas déserte du tout, presque tout du long de la route des maisons sont construites et même souvent occupées, les voitures stationnées n'ont pas l'air d'épaves. Au minimum elles sont occupées par des chiens dans des chenils... qui aboient. La Finlande est un pays à chiens qui aboient.

Par deux fois je crois voir un renne au bord de la route... Mais non à chaque fois c'est un humain. Des dames qui font leur promenade matinale. Je parle (en anglais) avec la deuxième qui m'a saluée avec sympathie. Elle fait 8km, 4 dans un sens, 4 dans l'autre.

Pile au moment où je suis arrivée à la moitié de mon parcours .. et que j'ai donc le droit de m'arrêter manger, je trouve un abri pique nique au bord d'une "zone humide" . L'abri n'est pas total, un peu venté mais pas trop et par moments un pâle soleil brille. Ce n'est pas un mauvais endroit, et puis il y a les oiseaux. Pinsons et mésanges ne sont jamais loin, mais là ce sont deux petites bergeronnettes grises qui sautillent et hochent la queue sur le muret en face de moi. Au bord de l'eau un petit limicole (un chevalier ?) fouille l'eau avec son long bec.



Deux cyclistes se sont arrêtés. Ce sont des Finlandais qui n'habitent pas loin, Temijärvi, et font un tour de plusieurs jours.

Je me suis recouverte mais j'ai finalement trop chaud, d'autant plus que maintenant il y a du relief, je commence à me sentir fatiguée les côtes sont longues.

Les reliefs on les voit aussi au loin, maintenant que la forêt est moins haute.

On rejoint la route de Kittilä à Sodankylä, plus large, plus fréquentée. Et pourtant on commence à revoir des rennes.


Quelques averses notamment en arrivant à Sodankylä. Pas de petit café confortable,seuls sont ouverts un fast food et une pizzeria, où j'arrive à me faire servir du thé.

Et direction le camping. 14 euros. La pelouse est bien rase c'est plus facile à monter hier. D'autres cyclistes font étape ici

Je trouve la cuisine mais il n'y a qu'une poêle. Je l'utilise pour cuire mes pâtes mais si c'est comme ça ça devient moins intéressant les campings. Et jamais de bouilloire, ils ont peur qu'on les vole.

Je parlais des chiens... Ça n'arrête pas d'aboyer de tous les côtés.

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Temps variable. Nuages, soleil, vent, pluie, grêle...

Pas très bien dormi cette nuit. J'avais la gorge sèche et j'ai mis très longtemps à me décider à sortir de mon duvet pour prendre la bouteille d'eau.

Il est tombé quelques gouttes pendant la nuit mais soleil et vent secheront la tente.

Donc oublié la photo avec la tente. Départ 8h30


Départ, si on veut. Il faut que je fasse des courses. Et avant ça un panneau "vanha kirkko" (vieille église) attire mon attention... Oui c'est une église en bois, assez rustique mais avec des décos originales sur le faîte du toit.


C'est fermé, mais je prends des photos de l'intérieur à travers les trous de la porte !


Avec tout ça je ne quitte pas la ville avant 9h30. Pendant les dix premiers kilomètres une piste cyclable longe la route E75 plutôt de loin, et c'est particulièrement agréable quand elle suit la rivière de tout près.


Le summum c'est la traversée, c'est très beau.


Ici la rivière s'appelle Satasjoki, allez comprendre...

Par contre la suite c'est moins bien car maintenant plus de piste cyclable, je suis sur la E75, dans la circulation, qui n'est pas monstrueuse, mais rapide.

Une nouveauté sur cette route..beaucoup de plaques étrangères. Allemands, Néerlandaise, Belges, Suisses. Des camping-car en général. Les vacances ont commencé !

On va encore se rapprocher plusieurs fois de la rivière


Maintenant le trajet est plutôt forestier, moins original et surtout dans le bruit des voitures, même s'il n'y en a pas en permanence.

Ça me donne envie de bifurquer quand je vois une petite route vers la droite. Je trouverai un cabanon pour casser la croûte, sans rester longtemps il ne fait pas assez chaud. Un peu plus loin on longe de nouveau une grande étendue d'eau.

Je rejoins la route et fais une pause un peu plus loin dans un café -magasin de souvenirs au bord de l'eau, où là il fait très chaud.



Je dois attendre la fin d'une violente averse pour repartir. Le problème c'est que l'averse a beau être finie, le ciel est encore noir et tourmenté.

Ce n'est pas la pluie qui va tomber...Les premiers grêlons sont assez insignifiants, j'ai déjà eu ça tout à l'heure... Mais ça tombe de plus en plus dru ..

Ouf juste à gauche de la route, une maison avec un auvent, jetons nous dessous et attendons que ça s'arrête.


Je peux vérifier à cette occasion qu'il n'y a plus que 6km jusqu'au prochain camping. Ce n'est pas loin mais on n'est à l'abri de rien. Je n'ai pas bien chaud,il est temps d'arriver.



Au camping il y a un café. Hélas il est déjà fermé. Mais le camping est bien et le monsieur très gentil, il me propose un abri fermé, pas besoin de monter la tente et tout séchera mieux.

La cuisine est chauffée, il y a une bouilloire et tous les ustensiles, la douche est chauffée. 15€. Rapport qualité prix bien meilleur qu'hier.

Je suis la seule campeuse.


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Nuages et éclaircies, vent du nord faible

Faux départ à 9h15, j'ai oublié mon téléphone dans la cuisine... Je ne vais pas loin !

J'avais aussi oublié ma casquette achetée 1€ dans un bazar chinois entre l'Espagne et le Portugal. Ne m'en suis rendue compte qu'après.

Le vent vient d'en face et n'est pas chaud. Et j'ai le sentiment que ça monte sans arrêt. Mais c'est agréable ce matin, il ne fait pas mauvais et il n'y a pas encore beaucoup de circulation. Maintenant je me sens en pays same. Il n'y a plus toutes ces maisons la long de la route.. et puis les inscriptions sont bilingues.

Peu après le camping on traverse un large bras de ce qui n'est qu'une infime partie du "Pohttipahdan tekojärvi".

Les rennes ne tardent pas à se montrer.



Après un peu plus de 20km, premier arrêt à un petit supermarché à Vuotso (Vuohčču).. La fréquentation est visiblement same, même si on n'en voit plus en costume traditionnel comme il y a 50 ans en Norvège. Des journaux en same sont sur les tables. On y voit une jeune autochtone qui est montée à l'Everest.

Malheureusement maintenant la circulation s'intensifie. Il faut profiter intensément des moments où il ne passe pas de voiture (ça arrive). Toujours beaucoup de camping cars, aujourd'hui je vois même des Français. Pas mal de motos aussi.

La forêt avec beaucoup plus d'épicéas, qui ont une forme très "columnaire" (en forme de colonne, c'est une adaptation à la neige. Il fait encore moins chaud que ce matin, j'ai mis veste sur doudoune. Je commence à ressembler à une vieille inuit.


Je m'arrête manger dans une clairière dans les bois (bivouac possible, d'ailleurs il y a des feux... mais aussi des saletés). Il n'empêche que s'il avait fait un peu plus chaud je serais bien restée plus longtemps.

Sur la route, encore plus de voitures. Ils doivent tous aller au Cap Nord par là. Je suis contente de quitter cette route à Inari.

Le coin devient aussi très touristique. On longe des parcs nationaux naturels notamment le parc Urho Kennonen, (président de Finlande pendant presque 26 ans). Des parkings y donnent accès. J'y aurais bien fait une balade mais c'est difficile à organiser. Et puis par ce froid...

De la route on se contente de voir de loin les montagnes et un ruisseau de temps en temps.

Il est question de l'or aussi, on en a cherché dans le coin.


J'ai hâte d'arriver à Saariselka parce que je devrais y trouver des commerces et un endroit chaud, je trouverai finalement mais le village est touristique en travaux et moche. Par contre les rennes paissent tranquillement sans s'inquiéter ni des gens ni des voitures.


Je peux les examiner à loisir. Ils broutent avec délicatesse et ont comme des petits pompons au dessus des sabots.

Nouveau départ à 18h pour encore 27km. Je veux avancer aujourd'hui car demain la pluie est prévue. Et le soir il y a moins de monde sur la route.

La surprise c'est de trouver un paysage quasi désertique à la sortie de la ville. Déjà la toundra ? Les pins sont rares et rabougris et les bouleaux ont la forme d'arbres fruitiers. Autre surprise la route monte pas trop raide mais longtemps. D'en haut on voit des montagnes, bien boisées elles.


Pas fini les surprises, je croise un cyclovoyageur, très chargé mais uniquement à l'arrière. Je ralentis, le regarde avec insistance, mais il n'a pas envie de s'arrêter apparemment.

Après ce point de vue pas trop bien choisi, ça redescend, et longtemps. Je n'apprécie pas tant que ça à cause du froid. Vue sur des monts arrondis, bien boisés eux. D'ailleurs autour la forêt est revenue, plutôt des bouleaux et pins, sur un sol assez nu, bruyère myrtilles airelles. Ça c'est dans les zones sèches, sur le sable jaune. Les zones humides, mares, tourbières, ne manquent pas.

Immanquablement des pylônes et des lignes électriques "humanisent" l'environnement. Des panneaux indiquent des hameaux, situés à l'écart.

Mais ce que j'aime sur cette route, c'est quelle suit la vallée d'une jolie rivière claire, l'Alajoki.


Cette rivière plus en aval changera de nom, ce qui justifie celui du camping "Ivalo River Camp" où je vais finir par arriver un peu avant 22h.

Je ne demande rien à personne et vais m'installer près de l'eau.


Au bord de l'Ivalojoki

Une belle place, seul problème la route très proche et bruyante, qui m'oblige à écouter la musique de Sibelius.

Mais c'est un excellent poste pour observer ce que fait le soleil qui interminablement est là bas, de l'autre côté de la rivière derrière un rideau d'arbres. À minuit il n'est toujours pas passé sous l'horizon, ça j'en suis sûre.


Photo prise à 00h00

Bref on peut dire que c'est le soleil de minuit.

Mais quand même... S'il y avait un décalage d'avec l'horaire officiel ? J'attends comme ça jusque minuit et demie mais ne vois pas beaucoup d'évolution ni dans un sens (toujours cette lueur) ni dans l'autre (il ne remonte pas). Et il faut bien que je dorme...

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Pluie fine, puis nuageux


Peu d'énergie ce matin. Oui cette petite pluie n'est pas très motivante. Plier la tente mouillée me donne froid aux doigts. Comme je n'arrive pas à me les réchauffer je m'arrête prendre un café, à la première station service, à.. 3km, à l'entrée d'Ivalo.

C'était peut être une bonne idée finalement, car à la sortie il ne pleut plus et il fait presque beau. Je traverse Ivalo, un village de 3000 habitants, sur des pistes cyclables. Un panneau ferai presque envie...


Mais je continue vers le nord, une route qui tourne, monte et descend à travers des forêts et sous des monts boisés (plus de piste cyclable malheureusement) et assez rapidement on va longer des lacs qui sont déjà des bras du lac Inari. Sa rive est très découpée, des rochers aux belles couleurs, du gris, du rose et des îles émergent de la surface. L'eau est d'un beau gris-bleu.


C'est bien plaisant de rouler dans ces magnifiques paysages. Je trouve un peu dommage que rien ne soit aménagé, à l'exception de quelques parkings nus, pour pouvoir le contempler un peu mieux, même en vélo c'est tout juste si on peut s'arrêter, les bas côtés sont des pentes à 45°.

Mais je trouve quand même un moyen, un petit sentier, ça tombe bien c'est l'heure de manger.

Je n'ai pas fait d'eux pas sur ce sentier que je trouve deux fleurs jamais vues. L'une serait une plante de marécage, pas de certitude. L'autre aux délicates clochettes roses, est à coup sûr l'Andromède, je l'ai vue dans les flores de montagne, jamais en vrai. Elle est protégée en France. Également une plante de marécage.


Admirons encore le lac et ne traînons pas, il fait froid


Quand on quitte les bords du lac les reliefs s'accentuent et les côtes sont un peu longues. Mine de rien j'avance néanmoins, jusqu'à arriver devant le camping repéré à Inari, un peu avant l'entrée de la localité.

Il est fort calme, juste un camping car allemand. Mais il est tôt, c'est rare pour moi. Une dame me court après pour me montrer les places réservées aux tentes, derrière un rideau d'arbres et pas au ras du lac. Mais c'est pas forcément plus mal pour le vent.

C'est très cher, 23 euros, mais il y a tout et surtout on peut s'asseoir et prendre un café dans la pièce de l'accueil qui est chauffée.. après avoir monté la tente, qui n'était pas excessivement humide, je vais y passer un bon moment pendant qu'il tombe une petite averse.

Et soudain je vois entrer une dame qui dit qu'elle a réservé en anglais avec l'accent français, et derrière elle je vois entrer sur le terrain un, deux, trois.. cinq six camping cars... Et ça continue. 13 en tout et tout français. C'est réussi le calme !

Et c'est pas fini, il en arrive un autre, allemand, et le dernier... chinois ! Ils ne parlent même pas anglais, ils mettent Google translator.

Mais je reste malgré tout bien à l'écart dans mon petit pré.

Et puis finalement tous ces gens sont tous très sympathiques. Les chinois viennent de Chine et ont fait 12000km. Ils vont jusqu'en France et en Italie.


Les autres sont un club de camping car sur la France entière. Je parle dans la cuisine commune avec des Alsaciens, des Auvergnats de Clermont, des Berrichons de Foëcy, des Picards (reconnus à l'accent) qui connaissent bien Saint Quentin.

La cuisine n'est guère équipée mais c'est un réchaud à gaz, pas de problème pour ma marmite. La douche est chauffée et très bien.

Les Clermontois Jocelyne et Didier m'invitent à prendre une tisane dans leur camping car et voudraient absolument me donner un bocal de conserve maison pour la route mais ça serait vraiment trop compliqué à transporter, dommage.

Voilà quelques photos du soir



Et la photo de minuit


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Couvert pâles éclaircies, averses


Mais au matin le soleil brille. Comme j'ai regardé le soleil hier soir je me suis encore couchée trop tard, et ne me réveille qu'après 7h. En plus je dois attendre la douche. Oui elle est bien, mais il n'y en a qu'une pour tout le camping. Au petit dej je déguste des fraises qu'on m'a données hier .

Je démonte après le départ des camping-caristes, et retrouve l'état initial du camping !

Départ vers 9h30.


L'église d'Inari

Inari, un village où le bâtiment principal est le K-Market... (où d'ailleurs les courses s'imposent...)+ quelques lieux touristiques. C'est le point de départ d'excursions diverses.


On peut apercevoir un petit jet d'eau derrière l'embarcadère.

Eh bien, ça me fait drôle quand je change de cap vers le sud... la route est déserte ! Quel calme ! J'ai le sentiment de respirer mieux !!


C'est beau d'ailleurs, la vue sur des monts, la forêt et ses oiseaux. J'aimerais bien déterminer un jour cet oiseau qui émet un grincement (comme un verdier).Les pinsons (des arbres) sont toujours nombreux, et puis le revois encore cet oiseau au ventre rouge vif et à la tête noire, un bouvreuil sans doute tout bêtement.

Dans les rencontres animales moins de rennes aujourd'hui. Seulement deux aux grands bois qui m'attendent au milieu de la route... me laissent passer.

En alternance avec les bois, des zones de tourbières.


À la pause casse-croûte je goûte le saucisson de renne. Un goût fumé sans grande particularité.


Peu d'habitations se trouvent au bord de la route. Seulement les boites aux lettres, parfois avec une petite fleur décorative.

Autre trace d'activité, ces barrières que l'on voit périodiquement, où pendent des chiffons, je me demande à quoi elles servent.

J'avance un peu au radar, j'ai besoin d'une sieste et manque m'endormir au guidon. Mais enfin je trouve un endroit pour ça, très joli au bord d'une rivière. Ça pourrait faire une place de bivouac. Mais place de sieste aussi, avec le murmure de la rivière et un rayon de soleil.

Un petit thé là dessus... Ça va mieux en repartant. Il est plus de 17h, les jours sont longs, et pas de difficulté majeure, le vent dans le dos et peu de relief maintenant. Bref ça roule. Je voudrais bien faire encore une quarantaine de km.

Les voitures il y en a peut être un peu plus que ce matin, mais il n'y a pas lieu de se plaindre. Autres véhicules, guère...

Mais voilà que j'entends quelqu'un arriver derrière moi... C'est un cycliste !

Il est sympa car il va m'accompagner un bon moment en discutant. Il est Danois, s'appelle Kenneth et a 27 ans. Il est parti du Cap Nord et part vers le sud, c'est à dire jusqu'au Portugal ! Je lui donne l'idée d'aller jusqu'à la pointe de l'Espagne et de passer au Maroc. Il n'a rien contre.

Il est équipé léger, 30kg vélo+ bagages et fait 140km par jour. Mais sa tente laisse passer l'eau..

Je me demande où je vais trouver de l'eau, il m'annonce une rivière à 9km, je vais bien y arriver, et peut-être y trouverai un bivouac. Lui me laisse pour aller plus loin.

Surprise la rivière est Ivalojoki.. au bord de laquelle j'ai campé en aval. L'eau est bien claire, mais pas d'emplacement pour camper.

Le trajet qui suit est très humide. La route recroise la rivière, mais aucune possibilité. Je vais peut être devoir pédaler encore longtemps (il est déjà 22h)... Ce qui n'est pas drôle c'est que parfois il pleut...



Ivalojoki

Mais non comme dab tout s'arrange. Un chemin vers des bois secs, juste au-dessus de la rivière. C'est un Parc National. Et il y a plein d'endroits plats..

Par contre très caillouteux, difficile d'enfoncer les piquets. Je n'ai pas encore enfoncé le dernier... Une averse! Il était temps..


Photo des bouleaux prise à 0h30. Pas trop de soleil ce soir...

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Nuages et soleil


Gris ce matin... mais la tente est sèche. Dans la journée le ciel va se dégager.


C'est pas la rapidité ce matin, départ... 9h10. Je ne peux m'empêcher de photographier ce magnifique tas de crottes au milieu du chemin :


J'aurais du étalonner. Ce sont de belles crottes, 2-3cm. Machinalement je pense à un cerf.. mais il n'y a pas de cerfs ici ! Mais alors ???...

Eh oui cela pourrait bien être un... élan ! Cela ne date pas de la nuit, il n'empêche... J'aurais pu théoriquement en sortant de la tente me trouver entre les pattes de cet animal gigantesque. Brrrr...

Je ne verrai même pas de renne aujourd'hui. Par contre je verrai détaler un lièvre variable. C'est très mignon, avec le dessous encore tout blanc. Et un gallinacé s'envolera à mon passage, peut-être une femelle de tétras.

Pour ce qui est de la forêt, elle présentera à peu près le même faciès toute la journée. Peu haute, peu dense. Sol de gravillons ou sable, sous étage de bouleaux, pins parfois souffreteux, épicéas columnaires ..

Boisements et zones humides 

La première partie du trajet, c'est toujours la même route goudronnée mais un peu abîmée. Au premier village, Pokka, à 100km d'Inari, y aura t'il un café?

Oui! Un petit endroit un peu familial, aménagé à l'ancienne, fréquentation locale plus trois motocyclistes finlandaise. Des grands parents de type same (trapus, visage large) complètement gâteux avec leur petite-fille blonde à bonnet rouge. Je reste très longtemps pour charger mon téléphone, et profiter de la chaleur !

En repartant, mauvaise surprise... La route n'est plus goudronnée, et très gravillonnée. Et ce, est -il annoncé, pour 57km. Bon, on s'y fait, et il y a juste une ou deux côtes un peu dures.

Le paysage s'ouvre un peu par moments, les tourbières et des étendues vertes qui ressemblent à des prés ? Pour parquer les rennes à une certaine époque (mais quand ?). Il y a des grillages et des barrières en bois.

Un coin pour pique niquer. Il fait moins froid, c'est bien.

La route continue. Plus d'ouvertures sur les monts lointains. Comme toujours depuis que je roule ici je ne peux m'empêcher de m'imaginer en Sibérie. Mais est ce si différent ?


Mais maintenant quelque chose change: on recommence à voir des chalets au bord de la route... les villégiatures des Finlandais. Au premier hameau je vois une poubelle, je vais enfin pouvoir me débarrasser de la mienne. Mauvaise idée, au moment où j'ouvre le couvercle il en sort une horrible nuée d'insectes noirs. Les ramassages ne doivent pas être fréquents...

J'ai oublié de prendre de l'eau au café. Voici une rivière, mais qui ne coule pas très vite. Aussi quand je vois des gens devant leur maison je me précipite. Ils me parlent tout de suite anglais, et m'invitent à boire un café. Il y aura même un excellent gâteau.

La dame a fait le café mais est repartie, le petit garçon blond me dit "hello", le monsieur fait la conversation, me dit que les vacances sont commencées en Finlande, l'école reprend en août. Il habite à Ivalo mais cette année il a pris de longues vacances, jusqu'en octobre. Je lui demande pourquoi on ne voit pas plus de rennes alors qu'il y a des clôtures partout. Il me dit que les rennes en été partent dans les montagnes pour chercher les endroits où il y a du vent et pas de moustiques... et puis que ce que je prenais pour des clôtures ce sont des barrières contre la neige, pour protéger la route des congères.

Il m'a annoncé que dans 10km je trouverai une route asphaltée, et en effet, c'est même une route toute neuve. Il n'y a pas beaucoup de circulation mais ça fait drôle une route aussi large. Elle circule dans une zone de tourbières. Les grands fossés fraîchement creusés ont la couleur du chocolat, et d'immenses tapis blancs de linaigrette s'étendent au-delà. Sur les bas côtés des fleurs roses, je dirais des compagnons rouges, ou silene dioïque.

Je ne veux pas aller jusqu'à la prochaine localité à 10km, je n'ai pas besoin ni envie de faire des courses ce soir. Je me rends compte que sur cette route neuve je ne trouverai rien pour m'installer, je prends donc l'ancienne route, qui va longer un lac. Évidemment sur les bords de l'eau les chalets fourmillent, mais je trouve un coin où au moins il n'y a pas de cabane, seulement une barque, avec une très belle vue sur l'étang.

Je ne vais pas encore me coucher tôt. Mais là j'en suis sûre, il y en a un qui ne se couche plus du tôt, c'eset le soleil. Je n'arrive toujours pas à déterminer, même avec la boussole, où il est au plus bas... au nord donc, mais la différence est plus grande, quand on s'en rapproche, entre le nord magnétique et le nord géographique...

La photo de minuit 
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Vent du Sud ouest. Plus chaud. Nuageux



Le lac le matin

Le soleil était très brillant "cette nuit" ça m'a empêchée de dormir et le matin dur de décoller... 9h15.

10km seulement jusqu'aux commerces à Levi. Mais pas si faciles: le vent dans le nez.

Belle traversée de rivière au passage.



Levi est une station de sports d'hiver . J'aborre ce genre d'endroit bien sûr. Après le S market j'ai bien du mal a trouver un café ouvert, qui sera bien sûr un café se voulant branché diffusant de la musique débile. Mais je peux me brancher à loisir et me mettre à jour dans mes rédactions. est situé sous la montagne où l'on skie, qui de loin faisait illusion avec ses tâches de neige, de près c'est moins bien, la neige est bâchée.

Normalement je repars vers le nord et devrait être un peu poussée. Oui tout au début, mais après comme je vire vers l'ouest je devrai lutter contre le vent.

La route est un peu trop large et trop fréquentée à mon goût, et il y a du relief. Mais j'aime bien cette forêt d'où émergent les colonnes vertes des epiceas. Je trouve une vieille table de pique nique au bord d'un petit lac. Un couple vient s'installer avec deux petits chiens. Ils ne me dérangent pas mais disent à peine bonjour et pas du tout au revoir.

Continuant ma route je passe devant des tas de cailloux avec des engins de chantier à l'air abandonné. C'est moche. Ça m'inquiète parce que j'ai entendu parler de "ressources" en terres rares en Laponie et ça m'inquiète.

Mais ici ça reste limité et puis on entre dans un parc national où la nature est protéger. On a de très belles vues sur des lacs et des monts lointains.


Le temps finalement s'est éclairci et c'est toujours agréable de rouler le soir dans la lumière du soleil qui baisse... Et ça dure longtemps !


Il va quand même falloir trouver un gîte. J'ai visé un camping sur ma route un peu au sud de Muonio. Je ne verrai pas la ville tant pis, et ferai les courses demain j'ai assez pour ce soir.

Le camping Harriniva est bien indiqué ... Il est au bord d'une belle rivière, la Muonionjoki, qui fait frontière entre la Finlande et la Suède. Mais il est fermé, n'ouvre qu'au 15 juin. Je n'ai guère d'autre option que de m'y installer malgré tout. Je repère qu'il y a de l'eau. Et un bâtiment circulaire près de l'eau. C'est la cuisine, et elle est ouverte.

Et si je m'y installais tout bêtement ? Il n'y a qu'un problème c'est que la porte ferme mal.

Et quand je m'en approche pour mieux la fermer elle s'ouvre, un gars est derrière, on sursaute tous les deux. Il me dit qu'en principe le camping est fermé... Mais ne fait pas d'histoires, j'ai à peine besoin de demander. J'essaie de manger vite car je suis fatiguée et installe matelas et duvet sur une des tables.

Cerise sur le gâteau : je peux recharger mon portable sur une prise de courant.

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Beau puis couvert. Vent SO



Mon home au bord du Muonionjoki

Oui c'est la frontière avec la Suède (Ruotki en finnois). C'est que j'ai décidé de passer en Suède. Ça ne me plaît pas plus que ça de faire des infidélités à la Finlande que je vais bientôt quitter définitivement. Mais c'est que j'ai remarqué une route parallèle qui doit être beaucoup plus calme que la route finlandaise.

Traversons donc la rivière pour aller en Suède...


En effet la route est calme, très calme. Sur le tronçon de 15km jusqu'au premier village, Muodosompolo, il a fini par passer 2 ou 3 voitures.

J'ai carrément l'impression d'être sur une autre planète, ou sur une terre vidée des humains. Très immobile, il n'y a pas encore de vent. La forêt est différente de celle de la veille. Il n'y a plus que des pins, pas hauts, un peu comme des miniatures.

Une grave déconvenue m'attend au village où aucun humain n'est visible non plus. Le commerce local est fermé. Fermé le dimanche. Pour ce midi ça sera un peu chiche, pour le soir il y a bien un resto à 90km. Mais ça sera dur d'y arriver avant 20h.

Eh bien pédalons...

J'ai rejoins une autre route un peu plus importante... Disons qu'il passe une voiture toutes les demi-heures à peu près...

Le vent s'est levé et je vais bientôt constater qu'il ne m'est pas aussi favorable que je l'avais espéré, il souffle perpendiculairement à la route, donc suivant l'orientation de celle-ci il arrive qu'il me pousse... Mais bien souvent qu'il me freine. Plus souvent évidemment... Et puis ça monte tout le temps...mais ça c'est effectif. Car je me dirige vers les montagnes. Pas les Alpes, c'est très progressif.


La deuxième photo, hélas mauvaise, est un mystère. Je vois des traces toutes fraîches dans le fossé, visiblement c'est cet engin, qui est sur patins, mais il est complètement rouillé, le bois pourri, échoué là depuis quand ??

La route (plein nord) va être facile jusqu'à ce que je retrouve le fleuve, au niveau d'un petit village aux habitations dispersées.


Après, virage à l'est, vent de face, et pour arranger le tout, ça monte. Eh bien pédalons, sans trop appuyer sinon j'ai mal au genou.

J'entre un peu plus tard dans la commune de... Kiruna. Dont le centre ville est quand même à 232km, c'est écrit sur le panneau..


J'avoue l'environnement ne varie pas beaucoup... Au niveau du ciel ça se couvre néanmoins le soleil arrive encore à me gêner à la pause déjeuner. Petits sandwich avec un fond de tarama en tube, et une demi tranche (, fine) de fromage. Luxe... Il me reste une clémentine. Et un gâteau sec avec le café. La sieste après tout ça, de quoi je me plaindrais? Ah si des insectes, ils reviennent dès qu'il fait plus chaud. Mouches et fourmis.




Où sont les Sames et les rennes ? Je verrai quand même un petit troupeau au loin et un parc très vraisemblablement destiné à les attraper


Le ciel est maintenant couvert , et très très gris. Je commence à m'inquiéter, j'ai peur d'un orage...


Finalement non, mais je ne suis pas mécontente de trouver un panneau "camping" un peu avant le village.

Le cadre n'a rien d'extraordinaire mais il y a une belle cuisine. Le tout pour 300SEK environ 26 euros. Il commence à tomber des gouttes pendant que je monte la tente mais il ne pleuvra pas beaucoup.

Il y a un autre campeur sous tente. Un motocycliste suédois venu de Stockholm aujourd'hui. Et des couples hollandais et allemands en caravane.

J'ai renoncé à tenter le resto ou les courses. ll me reste un sac de riz dit incollable mais surtout incuisable, agrémenté avec de la poudre de soupe instantanée et un mini reste de fromage. Pour le dessert, un gâteau sec avec une tisane agrémentée de beaucoup de miel. Comme quoi il y a encore de la ressource...

En fin d'après-midi j'ai réalisé que l'heure avait changé. Eh oui une heure de moins en Suède. Ça m'a un peu perturbée mais pas changé grand-chose pour aujourd'hui.

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Venteux. Couvert et soleil en fin de journée

Je me réveille tôt mais ça ne sert à rien puisque je dois attendre l'ouverture du magasin 9h au lieu de me dépêcher pour rouler tant qu'il n'y a pas de vent.

Comme ça je prends mon temps au p'tit dej dans la super cuisine. Il me reste deux petits ronds de pain sandwich une vache qui rit et une cuillère de flocons d'avoine. Mais après c'est vraiment la fin du stock...

Allons aux courses donc , de l'autre côté du village. D'un village qui a l'air d'un village avec des maisons de bois rouge et au milieu une église à clocher.



Je fais l'ouverture du supermarché, j'y passerai du temps à chercher ce qu'ils n'ont pas ou pas comme je veux, les fruits et légumes sont très moches, je suis obligée de prendre un paquet de flocons d'avoine de 800g, etc.


Il n'y a plus qu'à passer le pont. Retour en Finlande, avec plaisir de retrouver ce pays qui m'est cher malgré toutes ses imperfections... Et un peu de tristesse en pensant que ce n'est plus que pour deux jours.

Je commence évidemment à prendre un petit café dans l'établissement local. Le prochain à 107km. J'écris une carte postale que je confie à l'employée (sur sa proposition) pourvu qu'elle ne l'oublie pas !

Et c'est la route. Pour l'instant pas trop de vent mais ça viendra. Très peu de circulation mais ça viendra aussi. Par contre ce qui est bien c'est que la vitesse y est limitée à 80. Il faut dire que par moments vu l'état de la chaussée il vaut mieux ne pas aller trop vite...

La végétation a changé, de plus en plus basse, les résineux ont disparu il n'y a plus que des bouleaux qui poussent en buissons, quand ce ne sont pas des étendues tourbeuses. Maintenant la vue porte loin. Et le vent n'est pas freiné...

À gauche, au sud, coule la rivière-frontière. Bordée de monts peu élevés, au loin ils le sont sans doute plus car ils sont ornés de taches de neige.


De temps en temps un renne aux grands bois s'aventure sur la route, visiblement c'est la curiosité qui l'attire. Il me regarde toujours d'un air vraiment très intéressé. Mais dès que je m'approche un peu trop ou que je dégaine l'appareil photo il détale, la tête haute.


Le dernier, il posait, c'est pas possible autrement.

Un arrêt casse croûte (du hareng mariné pour changer) dans un fourré de bouleau d'où je salue deux cyclistes en tandem et remorque.

Un peu plus loin, un peu fatiguée par le vent, les côtes et la circulation (ceci dit rien à voir avec la route vers Inari), je vois annoncer un café. Super. C'est marqué ouvert... Mais c'est fermé. Comme il est doté d'une petite terrasse abritée je m'y installe pour me faire un thé.

Et à l'heure où je repars la circulation est moins dense. Seul problème c'est que c'est l'heure des camions. Et ils les dépassent, les 80km/h autorisés, ce qui fait de bons appels d'air avec le vent...

Mais le paysage est de plus en plus beau et le ciel se dégage, ainsi que la vue sur des monts lointains blancs de neige. Je prends de l'eau dans la rivière, l'occasion de la voir de près.

Avec le vent et la montée quasi permanente ça n'avance pas vite. Je vise un camping repéré sur une de mes cartes. Je ne m'attends pas trop à le trouver ouvert mais dans un camping abandonné on doit pouvoir s'installer.

En bien non... Au bout d'une petite route qui monte tant que je dois pousser je trouve seulement quantité de chalets abandonnés si c'est pas en ruines. Aucun endroit où mettre une tente.

J'avise un bout de terrain un peu plat un peu plus bas. C'est plein de crottes (ça parle d'élevage de rennes sur le panneau), anciennes, certes, mais bof..

Eh bien retournons sur la route. Il est 22h passées et rien.. Soleil dans le nez...

Enfin un chemin à droite. Mène à une carrière et sous la ligne électrique, il y a un peu d'herbe.. mais juste un peu plus loin, deux petits espaces plats au milieu des fourrés, un rond de pierres pour le feu. Une vraie place de bivouac, quoi. Et ce avec une vuesur un lac et des monts enneigés.


Je ne peux résister à l'envie d'essayer le feu. Quelques moustiques pas trop virulents volent, ça les éloignera. Il prend tout de suite, grâce à l'écorce de bouleau qui s'enflamme instantanément.

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Nuages et soleil, vent fort



Munkkavaara, c'est le nom de la montagne qui est juste au dessus.

Un endroit sympathique d'où on n'a pas envie de partir. Il était assez abrité c'est sur la route que je me rends compte que le vent ne lâche pas ! Ma progression est lente, au moins ça laisse le temps d'apprécier le magnifique paysage. Les monts sont de plus en plus blancs.

La route doit quand même monter, car un panneau annonce l'arrivée à un col, 565m. Difficile de considérer ça franchement comme un exploit, néanmoins avec le vent...


Mais ça rigole pas... POINT CULMINANT DES ROUTES FINLANDAISES ! Plus facile que le col de la Bonette en tout cas ..

Et de l'autre côté ça ne descend pas beaucoup.De toute façon avec le vent il faut toujours pédaler.

Ce n'est qu'un peu plus loin que je suis étonnée de voir un panneau indiquant une pente. Rien de vertigineux mais on peut se laisser glisser en direction du lac. Ça remonte après.


La montagne de forme caractéristique au bout de la route domine la dernière localité finlandaise, Kilpisjärvi, une station touristique où apparemment on pratique la randonnée pédestre.



Un grand parking, un K Market et un resto encore fermé. Après les courses il est 12h et le resto est ouvert. Un self bien sûr. Une grande salle où la seule place où je vois une prise de courant est près de la porte et il n'y fait pas très chaud.

Ils ont du renne. Je décide d'essayer sans trop d'illusions sur la qualité. Et en effet, ce n'est pas bon.La viande à surtout le goût de réchauffé. Heureusement qu'il y a de la confiture d'airelles.

J'ai resserré mes freins en vue de la descente vertigineuse qui m'attend... Mais elle ne vient pas vite, en fait il y a encore une quinzaine de km jusqu'à la frontière. Le paysage est magnifique. On voit de plus en plus de neige.

Ah, des drapeaux, le poste de douane..

En fait la frontière est encore à plusieurs kilomètres...

Encore avant celle ci un panneau annonce un monument historique, un pont. Si j'ai bien compris, c'est le seul pont qui a subsisté après la guerre, c'est les Allemands qui l'ont construit en 1943 pour faire passer leur matériel de guerre .


La rivière n'est pourtant pas grande. Elle est jolie en tout cas, et d'aspect printanier avec les feuilles qui commencent juste à sortir.

Enfin, la voilà enfin cette fameuse frontière...

Retour en Norvège, après plus de 40 ans

Et un dernier col, moins haut que le précédent.


Et alors, cette descente ?

Toujours rien de vertigineux, puisqu'il faut toujours pédaler contre le vent.

Le paysage change peu à peu. Toujours plus de neige au loin, plus de rochers, de nombreux ruisseaux.


Je parlais du manque d'aires de pique nique en Finlande. J'en passe déjà deux, avec toilettes sèches et poubelles.


Ça n'a pas encore vraiment descendu mais pourtant tout change, des pentes rocheuses, l'eau qui coule de partout au lieu de stagner, des arbres hauts...


Le monument est à la mémoire des soldats soviétiques

Et quand je ne m'attendais plus, la voilà la descente !! Longue, pas trop raide. Ça fait du bien !

Cette vallée, rocheuse et enneigée en haut, encaissée et boisée en bas, mène à Skibotn au bord du Lyngenfjord, un très grand fjord qui s'ouvre au nord.


J'avais hésité à m'arrêter à Skibotn, située dans une baie, mais c'est un peu à l'écart et rien n'assure que les campings soient ouverts. Et puis... Il n'y a plus de vent ! Je me sens donc le courage de continuer encore un peu. Un camping à une douzaine de kilomètres devrait être ouvert.

Je contourne donc le fjord. C'est magnifique avec ces monts enneigés aux pentes vertigineuses de tous côtés.


L'environnement est charmant, vert, presque bucolique.

Oui mais voilà. Au moment de changer de direction pour m'engager sur une branche de ce fjord qui s'appelle le Storfjord au bord duquel se trouve le camping, une rafale de vent me coupe le souffle... Il n'a pas du tout cessé, le vent, j'étais juste dans une zone abritée...

Ce sera donc un peu plus dur, et un autre problème c'est la circulation, les camions et les campings cars.

Mais tout vient à point et voilà le camping. Un camping tout à fait classique de notre époque, mais il y a longtemps que je n'en avais pas vu de comme ça : bourré de mobil homes camping cars et caravanes, en grande partie inoccupés , aucun emplacement dédié aux tentes...

Pas d'accueil, tant pis je m'installe sur un coin d'herbe après avoir vérifié que l'accès aux toilettes et cuisine était libre. Pour la douche chaude il faut une pièce de 10 Kr. Je n'ai aucun argent liquide. Aucune vaisselle dans la cuisine, j'utilise ma popotte sur les plaques. Aucun siège non plus, obligée de m'asseoir sur l'évier. C'est là que j'ai la visite du gardien qui me fait payer (carte visa) l'équivalent de 20 euros.

Dommage, tout ce bazar. Le site est splendide.



Toujours pas de soleil de minuit ce soir, à cause de la montagne.

Quand même une photo prise à minuit.. depuis la tente


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Nuages et soleil voilé. Vent d'ouest


Vers le matin m'ont empêchée de dormir : le tapage des mouettes, et le bruit du vent sur la toile de tente. Bref pas grand dynamisme et départ à...10h.


L'embarcadère du camping et la vue sur celui-ci depuis la route

Sur la route, beaux paysages et monts enneigés aux pentes spectaculaires.


Arrêt à une aire de repos grande et fréquentée. Histoire de se couvrir un peu plus car le vent est froid. Que de touristes sur cette route dite des "aurores boréales" que j'ai en partie suivies.

Elle relie Tormio golfe de Botnie à Tromsø

Il n'y a pas que les touristes qui circulent, également les locaux et les camions. Alors je suis bien contente que mon GPS me propose un itinéraire bis, c'est une route qui n'est pas goudronnée, eh oui ça existe encore en Norvège aussi!


Elle n'est d'ailleurs pas très bonne, mais je ne m'en plains pas, je revis dans le calme et la campagne. Je me sens sur une route de montagne, longeant un torrent, côtoyant des fermes.

J'arrive ainsi tranquillement à Nordkjobotn, passe devant des bâtiments industriels, les écoles, une station service, et ai la surprise de découvrir qu'une voie réservée aux cyclistes, l'ancienne route visiblement, va me permettre de continuer en toute tranquillité.

Vues sur le Balsfjord 

Café et rechargeage dans une cafétéria tout à fait typique (eh oui !)


qui s'appelle "Café Avec"

Je reprends une route pour automobile, mais celle-ci est beaucoup moins fréquentée. Elle longe encore un moment le fjord. La marée est basse et par moments on sent l'odeur du varech. Les mouettes volent.

Et puis il le quitte pour monter à l'intérieur des terres (parfois fort). Une zone agricole, beaucoup de fermes, un lac et une belle descente vers un autre fjord.

Fjord que je vais longer un moment. Il se fait tard. Je trouve asile dans un bois au début de la route qui repart à l'intérieur des terres.


Voilà le parcours en Norvège jusqu'à Håkøybotn, de fjord en fjord: le Lyngenfjord qui se termine par le Storfjord, le Balsford, incursion sur un autre fjord, ensuite ce sera le long du Balsford

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Temps gris, bruine


Je m'approche en quelque sorte du but de mon voyage. À Håkøybotn, sur l'île de Kvaløya, j'y suis venue 3 fois, la première à 20 ans, c'était mon premier grand voyage. Une organisation norvégienne proposait à des étudiants étrangers de travailler dans des fermes norvégiennes, et j'avais partagé pendant cinq semaines la vie de petits exploitants extrêmement gentils, une merveilleuse expérience.

une photo de l'époque, à Hakoybotn précisément 

J'y suis retournée deux fois, malheureusement tous les plus âgés sont décédés mais Jarle, le fils, 30 ans à l'époque, vit toujours là avec ses enfants et j'ai pu le recontacter.

Aujourd'hui est donc un jour spécial, qui débute dans une atmosphère mélancolique, petite pluie (tente mouillée), mer grise, nuages sur les monts..

Mise en jambes avec une belle côte pour refranchir une bande de terre et redescendre pour retrouver le Balsfjord


Ensuite malgré quelques reliefs ce n'est pas globalement un trajet difficile, je n'ai pas à résister au vent. N'ai pas bien chaud toutefois, et quand je trouve un petit café au bord de la route je n'hésite pas à faire une pause.

Absolument rien à voir avec le "Café Avec " d'hier. En fait c'est ce qu'on appellerait en France une ferme -auberge, un cadre charmant, des gâteaux faits maison, et une patronne d'une grande gentillesse avec qui je peux avoir une conversation en norvégien (presque) sans difficulté... et puis un peu en français... Car elle est d'origine suisse. Je ne peux résister à l'envie de prendre une gaufre à la confiture, excellente, et elle me donnera encore une petite brioche excellente à mon départ.





Encore quelques kilomètres, et je vais devoir affronter un tunnel qui passe sous le fjord.


Une île apparaît au milieu du fjord. On ne voit pas bien sur la photo mais elle est couverte de constructions : c'est la ville de Tromsø.

Et maintenant arrive l'inévitable...


La jeune dame du café m'a expliqué que je devais appuyer sur un bouton à l'entrée du tunnel, une lumière clignote pour avertir les automobilistes qu'il y a un vélo à l'intérieur.

Est ce que cela suffira pour me rassurer ? Pas vraiment. D'abord, j'y avais pensé, mais la réalité dépasse ce à quoi je m'attendais... Forcément, il y a de la pente. Ça commence par descendre très très fort, et ce qui est angoissant, c'est que ça ne se voit pas, mais on se sent happé à une vitesse fulgurante. Heureusement qu'il ne vient pas de voiture à ce moment-là, je suis presque au milieu de la route.

Ça remonte de l'autre côté, inévitablement. Et des voitures commencent à arriver, au bruit j'ai l'impression que ce sont des camions de 60 tonnes, terrifiant. Quand un coup de klaxon retentit (on se demande pourquoi), ça m'effraie et je m'arrête... C'était le pire réflexe, impossible de remonter sur mon vélo, ça monte trop!

Heureusement encore, le flot des voitures est passé. Car après plusieurs tentatives infructueuses je suis obligée de pousser jusqu'à la prochaine aire de secours, où là sans paniquer j'enfourche enfin ma bécane. Il n'empêche que ça monte bien dur, et que c'est un grand soulagement d'arriver à la sortie !

Non, plus jamais ça !!!



Et voilà, je suis sur l'île de Kvaløya. Que je ne reconnais guère qu'à la fin du trajet, au bord d'une grande baie (Håkøybotn précisément, botn veut dire baie et Håkøya est une île au milieu de la baie et en face on voit Tromsø.

Je reconnais des bâtiments que je n'ai même pas en photo, la maison d'à côté, la grande grange rouge. Mais cette maison peinte en blanc qui est à côté n'a rien à voir avec celle où j'ai vécu...

Et pourtant c'est bien ici, je vois arriver un gars avec un appareil photo. C'est un journaliste venu pour filmer mon arrivée. J'étais au courant mais je me serais bien passée de retrouvailles en présence de journalistes.

Je n'aurais pas reconnu Jarle qui a maintenant plus de 80 ans. Lui ne m'aurait pas reconnu non plus. Mais il y a toujours un petit air quand-même... Émouvant de se retrouver. Ann-Christin sa fille qui habite ici et qui avait 4ans à ma dernière visite arrive peu après et nous offre café et lefser (des crêpes fourrées).

C'est une jeune fille qui m'interviewe et on parle en .. norvégien. Je n'en reviens pas moi même. Avec l'aide de Google de temps en temps. Je suis hirsute sale et fatiguée.



Voilà les images !

On évoque quelques souvenirs, quand il y avait les anciens, les vaches, le cheval, et les moutons qu'on allait voir dans la montagne.

Après ça douche lessive et sieste, j'en avais grand besoin. On mange bien après, un repas comme je les aimais, petite salade et poisson seulement bouilli mais bon (saumon) avec des pommes de terre "en robe des champs".

Ensuite viendra Jill Tove la deuxième fille de Jarle qui habite à proximité.

On mange le repas du soir fort tard (mais j'ai l'habitude), c'est toujours des tranches de pain avec divers ingrédients dont ce fromage brun que j'adore et que tous les Français détestent.

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Beau temps, chaud (20°) en milieu de journée


Pas d'activité débordante, je me repose, et retrouve avec nostalgie les lieux où j'ai séjourné et les personnes que j'ai connues...Dont la majorité est au cimetière...

Le matin arrive des Lofoten où elle habite Andrine, fille d'Ann Kristin et petite fille de Jarle, 19 ans. Elle est accompagnée de ses deux chiens dont un pas très rassurant mais il paraît qu'il est adorable...

En fin de matinée je monte sur le chemin au-dessus de la maison vers la montagne, qui est couverte de neige et surmontée d'une antenne qui n'était pas là antan.

La grange risque de s'écrouler sous peu. La petite cabane en haut du terrain n'est plus là, remplacée par une maison rouge, jolie d'ailleurs. Ce doit être celle d'Oddbjorn, le petit fils, qui avait 11 ans et m'avait emmené pêcher la truite dans la rivière qui coule derrière.


Plus haut se trouve un pré puis une lande boisée de bouleaux et saules, plantée d'épicéas je crois un peu avant mon premier séjour, ils ne poussent pas vite. Le terrain est très humide, tourbeux, j'ai même peur de continuer au risque de m'enliser. Les myrtilles sont en fleurs et les clochettes de l'andromède ne sont pas encore sorties.


La vue s'ouvre sur la baie


En redescendant je vois arriver un cycliste, c'est Oddbjorn l'ancien petit pêcheur de truites (comme tout bon Norvégien il pêche encore d'ailleurs !). On discute un peu, il m'invite à venir prendre un café chez lui, je passe le soir, un peu trop tard, il n'est pas là, alors je prends mon vélo pour aller au supermarché acheter une bouteille de gaz... Mais j'ai oublié le porte-monnaie ! Ce sera quand même l'occasion de voir deux ports de pêche qui se tournent le dos vers des fjords différents, Eidkjosen (où une baleine était échouée mais je ne l'ai pas vue)...

Et Kaldfjord. En effet il fait très froid le vent souffle du nord.

Le lendemain Jill Tove deuxième fille de Jarle vient nous chercher pour nous emmener au cimetière, isolé dans la forêt. Tous ceux que j'ai connus sont là.

Johan et Klara Mortensen étaient les parents propriétaires de la ferme, Georg Kristensen le frère de Klara, ancien pêcheur, qui était presque toujours là. Willi le premier fils avec Laila sa femme et Herman leur fils aîné qui avait mon âge. Vigdis la femme de Jarle avait aussi mon âge. Il y avait aussi Elmer fils de Georg que je n'ai vu qu'une fois, qui a été tué par un ours blanc au Spitzberg. Les autres c'est plutôt le cancer qui les a décimés.

Une ancienne camarade de classe de Jarle, également en visite au cimetière, accepte de nous prendre en photo.


Au retour je trouve cette fois Oddbjorn chez lui avec son fils Erik qui vient de terminer une école agricole. Nous prenons le café au soleil et à l'abri et il fait très chaud. Je suis contente de le retrouver, il a toujours quelque chose du petit garçon des temps anciens. Il me parle de son travail à la prospection pétrolière pour BP par -30 -40° au Spitzberg, et de la construction de sa maison par une entreprise venant d'Estonie, avec tous les matériaux, pour deux fois moins cher que les Norvégiens.

Nous montons jusqu'à un petit chalet un peu plus haut où il me montre la maison dans les années 50... Mais ce n'est pas non plus celle que j'avais connu où l'étage avait été rehaussé et qui était brun foncé. La partie de droite était un café -bureau de poste téléphone que tenait Klara.


Et la soirée sera animée. Nous sommes tous invités à un anniversaire chez une tante et un oncle qui ont tous les deux 60 ans. Il y a toujours une chaude ambiance quand ces Norvégiens du nord se réunissent. Ils sont très gentils avec moi. Le repas (vers 18h30) est un buffet, je prends tout ce qui est poisson (saumon, crevettes..) et légumes mais là il n'y a pas beaucoup. Il y a beaucoup à boire, vin bière et sodas divers, ils boivent tout le temps et font un petit "skål" de temps en temps.

Et après c'est le café avec beaucoup de gâteaux tous plus ou moins crémeux. Le meilleur est un gâteau avec des myrtilles.

À la fin j'en ai un peu marre, je ne peux guère suivre les conversations. Et j'avais encore beaucoup à faire avant le départ

La rivière coule à côté je ne vois pas de poissons. Andrine vient nous chercher, et on fait une photo souvenir.


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Et le bateau (Hurtigbåt) jusqu'à Finsness.

Très beau temps, chaud

Je n'ai pas très bien dormi à cause des crampes... Dues vraisemblablement au vin.

Le temps de tout préparer déjeuner et faire les photos d'adieu, départ après 11h, j'avais prévu 9-10h pour visiter un peu Tromsø.



FB Andrine Jarle Ann Kristin

Et Tromsø est beaucoup plus loin que je n'en avais le souvenir. Dans ce sens là le vent est de face. À partir de Eidkjosen une piste cyclable suit la route et peut être parce que c'est dimanche les cyclistes sont assez nombreux. Les automobilistes aussi malheureusement.


Passage devant l'île de Håkøya

À l'approche du pont il paraît redoutable, il a l'air de monter très fort. Mais la piste cyclable est complètement sécurisée.

Et ça ne se monte pas si mal, même chargé. On arrive à côté de l'aéroport d'où un avion de la SAS décolle.


Mais on est encore loin de Tromsø et le trajet n'est pas agréable, ça monte plus que sur le pont, et ensuite on traverse des banlieues pas très agréables, j'ai dû me tromper de chemin.

Enfin j'arrive au " Paris du Nord". En effet il y a un aspect un peu branché. Sinon évidemment les belles maisons de bois n'ont rien de parisien. Il y a aussi énormément de promeneurs, presque tous.tes en petites tenues, shorts, manches courtes, décolletés, ventre à l'air... Moi je supporte encore la chemise et même la veste.


Je vais à la gare bus bateau acheter mon billet mais il n'y avait pas besoin, ce n'est pas une réservation. Je prends un plan de la ville et me rends compte que le jardin botanique que je voulais voir est à 4km... Et que tout à l'heure je suis passée juste à côté. Je n'ai pas non plus le temps de visiter le musée. Je me contente de faire un tour et de manger mon casse-croûte sur le port.


On voit la célèbre église de Tromsdalen.... après le pont

Beaucoup de monde attend le bateau mais il est grand. Je me mets derrière une cycliste allemande qui vient du Cap Nord et qui me raconte que le vent soufflait tellement fort à l'entrée du tunnel qu'elle a dû pousser le vélo, à grand peine.

Le bateau est plein de monde, dont beaucoup de familles. Ici le bateau est un moyen de transport comme le train et le bus.


Le trajet est tranquille, la mer bleue, les montagnes blanches. Je ne reconnais pas la sortie du tunnel où je suis passée, et j'ai à un moment une petite fenêtre vers le large.

Finsness est un petit port. Le bateau, Fjordprinsen continue sa route. Sur le quai la statue d'un héros du 9e siècle qui bénéficie d'une explication en français.


Il faisait du lobbying pour la Norvège si je comprends bien .

Je ne me presse pas, Hanne, qui m'héberge ce soir, n'est pas rentrée.

Elle m'héberge en étant pas disponible, elle a une réunion chez elle ce soir. Dommage car c'est une vraie baroudeuse, elle a fait plein de vélo en Afrique.

Je mange les pâtes qui me restent et des œufs achetés dans une station service, c'est bon. Les magasins d'alimentation sont tous fermés le dimanche en Norvège, contrairement à la Finlande.

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Beau temps chaud, ciel un peu voilé dans l'après midi


Départ tardif 9h19 après un bon p'tit dej, flocons d'avoine, oeuf, fromage. Je ne vois même pas Hanne seulement un couple de Bergen qui est ici en vacances.

Il fait chaud déjà, il n'y a pas de vent. La mer est d'huile dans le fjord.

Après la fin de la zone habitée la route longe tranquillement le fjord (Solbergfjord) sans reliefs excessifs, sans trop trop de circulation. Inutile de se presser, profitons plutôt du paysage.




Après une petite vingtaine de kilomètres, arrêt supermarché ("Extra") à Sørreisa, une petite ville un peu industrielle. Je passe un bon moment au rayon pain. En Norvège on vend du pain frais, dans des sacs en papier.... Oui mais rien à faire, tous ces pains font 750g et sont bien volumineux. La mort dans l'âme je me résous à prendre un produit industriel sous plastique.

Peu après Sørreisa mon itinéraire quitte les bords du fjord et s'enfonce à l'intérieur des terres, dans la vallée d'une belle rivière, la Skøelva, entre des prés humides voire des tourbières , des boisements, et des monts couverts de neige. L'eau coule de partout.


Je fais la pause déjeuner près de cette rivière à un endroit où elle est un peu plus calme.

La route est fort jolie mais elle a plusieurs inconvénients, elle monte et va vers le sud, il fait chaud et le soleil m'aveugle. Et j'ai même un peu de vent de face. Elle redescend vers un lac puis retourne vers l'intérieur des terres où il y a "seulement" une forte côte mais elle est à 9% sur un kilomètre.

Suit un tronçon à peu près régulier , dans un joli paysage à la lumière du soir, puis une longue descente vers un lac.


Étonnamment il me faudra franchir un raidillon avant d'arriver au bord du fjord (Sagfjord) dont les abords sont urbanisés mais charmants.


Petit arrêt dans un bistrot pour faire le point. Je vois qu'il est prévu de l'orage, et qu'il y a un camping à Sjøvegan.

C'est 185 NOK, moins cher que celui d'avant et mieux, la douche marche bien et il y a tout ce qu'il faut dans la cuisine.


23h56. Trop envie de dormir pour attendre minuit

L'itinéraire du jour

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Temps chaud, lourd, ciel voilé


Pendant la nuit il a tonné, mais il n'a pas beaucoup plu. Au matin le ciel est couvert mais la tente est sèche. Je préfère prendre le petit déjeuner dehors avec vue sur le fjord.



La vue sur le camping en partant

Départ 9h. Il fait très chaud mais la route contourne le fjord et de l'autre côté il fait bien plus frais. C'est la marée basse.


De l'autre côté du fjord

Bref je me rhabille, c'était une erreur, la route se met à monter et de nouveau je crève de chaud. Mais c'est une seule montée, régulière, suivie de une seule descente, ça me va comme ça.

Avant d'atteindre le fjord (Lavangen) j'arrive à ce qui semble un centre de vacances, mais entouré de moutons bêlants. Une atmosphère pyrénéenne tout à coup. Je prends un café, il n'y aura sans doute pas beaucoup d'occasions aujourd'hui.


Un petit bord de fjord en repartant


Mais au bout du fjord il faut monter, et faire un arrêt changement de vêtements. À un joli coin, l'entrée d'un chemin forestier où j'observe une petite fleur étrange qui est, étonnant, un cornouiller (arbuste), le cornouiller de Suède.


La petite fleur rose serait lysimachia europea

Et puis ça monte, plus fort que tout à l'heure, beaucoup plus longtemps aussi, mais dans une très belle vallée.

La rivière bouillonne, dans les prés autour courent des moutons. Des petites fermes s'éparpillent, sous des pentes presque verticales d'où sautent des cascades. Au -dessus, les monts enneigés.

Plus haut la rivière passe dans de gros blocs rocheux. Et c'est plus sauvage, pas de maisons, la forêt.

Mais maintenant les choses se gâtent, devant il n'y a plus de passage, il va falloir monter très fort.

Il s'agit de rejoindre la route à grande circulation E6, sur laquelle j'ai roulé d'ailleurs quand je suis arrivée en Norvège.

À la jonction, super, une piste cyclable. Oui mais deux graves désillusions vont suivre, la piste va s'arrêter, et puis ça va continuer à monter, toujours raide, et longtemps, et avec le trafic, comme je ne sais pas rouler droit quand ça monte fort, c'est évidemment pire. Mais franchement il n'y a pas grand chose à redire, les automobilistes et chauffeurs de camion sont très très corrects, doublent large et sont capables de rouler au pas derrière moi s'il n'y a pas beaucoup de visibilité. Il n'y en a qu'un qui passe trop près, un Français, et un qui est me klaxonne, un Italien.


En haut, je découvre une petite route, qui doit être l'ancienne route. Elle n'est pas en très bon état mais qu'importe, c'est calme. Après quelques virages elle côtoie une petite rivière, un bon coin pour faire la pause midi.

Les petites fleurs jaunes sont des violettes à deux fleurs, une plante de montagne chez nous

L'inconvénient de cette petite route, c'est qu'elle est plus basse que l'autre, et je vais devoir remonter pour la rejoindre, après une cascade appelée Storfoss, grande cascade.



À côté se trouve un point de vue sur un fjord, avec un monument sur la bataille de Narvik, qui a eu lieu en 1940 sur toute la région, d'où de nombreux monuments commémoratifs.

Un peu plus loin on change de région administrative, on quitte le Troms pour entrer dans le Nordland.


On se rapproche de Narvik, où va le gros du trafic. On voit un peu le port de l'autre côté du fjord, une vue très brouillée.


Moi je continue le long du fjord, surprise d'y retrouver encore des côtes, mais avec beaucoup moins de circulation. Il va y avoir aussi deux tunnels toujours bruyants mais sans pente et bien éclairés. J'espère que ce sont les derniers du voyage !

Ce soir je cherche un camping car de la pluie est prévue, peut être un orage

Le camping Haersletta n'est pas vraiment prévu pour les tentes mais je me degote un coin, à côté de deux motocyclistes finlandais qui me donnent de la viande et des patates qui leur restent.

La petite cuisine est agréable et bien équipée.

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Temps couvert, puis s'éclaircit et se réchauffe

Pas trop de hâte ce matin. Je plierai mouillé mais pas trop. Pas besoin de faire sécher en route. Départ vers 10h.

J'étais optimiste quant à la montée, me disant que ça ne sera pas pire qu'hier, mais ça commence fort et un panneau annonce une pente de 9%...mais ça ne peut pas être sur 27km, ça ferait monter à plus de 2000m. Là le point le plus haut est 540m à peu près. Il n'empêche que mon courage baisse... Mais il n'y a pas le choix.

Point positif, il fait gris et un peu frais, temps parfait pour monter. En montant on voit le fjord, pas très bien. Je m'arrête à un parking, ils ont mis un panneau publicitaire pour boucher la vue!

Comme souvent c'est la sortie de la vallée le plus raide, ensuite c'est moins dur et même ça se met à descendre, ce que j'apprécie moyennement, trop vite et froid.


Le paysage n'est pas très avenant, avec l'humidité et les nuages. On arrive à une zone très rocheuse, on a l'impression d'être en très haute montagne, avec des névés partout et beaucoup de lacs exploités pour l'hydroélectricité. Et quelques éoliennes qui ne tournent pas beaucoup faute de vent.

Ce qui m'étonne c'est la présence de nombreuses petites maisons disséminées qui ne peuvent être que des maisons de vacances. Par meilleur temps le coin est peut-être moins austère.


Encore quelques côtes (dont celle à 9% qui était annoncée). Des descentes même fortes auxquelles je ne m'attendais pas. Et puis tout arrive, voici la frontière


Adieu le Norvège, rebonjour la Suède 

Juste après la frontière se trouve un supermarché. J'hésite car il faut faire un détour mais le prochain est à Abisko, 50km. Courses, casse croûte sur une table en bois à côté du supermarché, café.

Et c'est reparti. La route est assez fréquentée. Elle mène à un grand lac que je suivrai ensuite sur une soixantaine de kilomètres.



Sur le bas côté de la route on admire de beaux bouquets de dryade à huit pétales, une plante commune en France... en haute montagne. L'autre pourrait être le ceraiste alpin

Au-dessus de la route circule une voie de chemin de fer. Cette voie est destinée à transporter le minerai de fer extrait des mines de Kiruna jusqu'au port de Narvik. Il y circule à grande fréquence des trains de petits wagonnets. Il passe aussi quelques trains de voyageurs.

Il y a même plusieurs gares à Abisko, qui est une station touristique où j'avais pensé rester plusieurs jours pour faire de la rando, mais ça n'est pas simple question matériel, et là l'endroit ne me fait plus envie. Le camping est pour tentes mais cher 300SEK alors que ça a l'air plutôt rudimentaire, et en outre bien bondé.

Par contre sur un chemin parallèle à la route, qui mène au village, je vais faire une découverte fondamentale. Cela fait plus d'un mois que j'essaie de voir cet oiseau qui est partout et qui émet un espèce de grincement, pas très mélodique d'ailleurs. Et là, je l'entends et enfin je le vois. Il a le ventre orange et le dos noir, et, juste à ce moment une promeneuse arrive et me dit que c'est un "bergfink" (je mets longtemps à comprendre). Fink, c'est un pinson... Et bergfink.. eh bien c'est tout simplement le "pinson du nord" que l'on peut rencontrer chez nous mais c'est rare. Alors qu'ici... On peut dire qu'il porte bien son nom (même s'il y a aussi ici des pinsons comme chez nous)


Une découverte qui valait le passage à Abisko où se trouve aussi une réserve naturelle et où un chemin de randonnée célèbre "Kungsleden" peut mener au Kebnekaise 2100m plus haut sommet de la Suède.. que j'aurais bien aimé apercevoir.

Vue depuis le centre touristique d'Abisko vers le lac

Le village c'est des alignements de maisons rouges, doté d'une gare et un petit supermarché. C'est reparti je continue.

La circulation est plus tranquille à cette heure, mais dommage que le temps soit nuageux. Mais le véhicule que je vois arriver n'est pas une voiture.. c'est un vélo, et pour une fois il se dirige vers moi pour faire la conversation. C'est un Allemand, Jürgen, barbe de père Noël comme la majorité des cyclistes, qui vient de Dresde et qui a l'air d'un éternel voyageur. Il me fait penser à Matthias rencontré en Grèce. Il va au Cap Nord. Il me raconte qu'il a dormi dans une cabane dans une aire de repos, mais c'est trop loin pour moi.

Je me plante ma tente à l'entrée d'une propriété où apparemment il n'y a personne. Sol caillouteux et quelques moustiques mais "je gère". (foulard et veste, chevilles protégées, tortillons de fumée et ne jamais laisser la tente ouverte...)

On voit le lac derrière les arbres. Pas de soleil de minuit 
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Temps couvert, rares éclaircies, averses l'après-midi

Je n'ai pas très très bien dormi.. à cause du soleil. Mais je me réveille tôt, et pars tôt, 7h, et me rends compte que c'est vraiment mieux de partir tôt. ça avance plus vite, et la fréquentation sur la route est beaucoup plus faible.

Le relief est modéré, je n'ai pas le soleil dans les yeux. Les nuages descendent sur les montagnes et sur le lac. C'est beau.

Périodiquement, une rivière traverse la route à grands flots pour se diriger vers le lac. Elles s'appellent toutes "...johka" ce qui rappelle le finlandais "joki", ça doit être du same.

Je n'ai pas encore tout à fait quitté les bords du lac que la route commence à monter, la pente s'accentue encore quand je vire vers le sud-est, et, encore beaucoup moins drôle, le vent se met à souffler, bien en face, exactement la direction qui m'aurait été favorable pour passer la frontière de la Finlande à la Norvège... Pour me consoler, au moment où je ne m'y attendais vraiment pas, une petite troupe de rennes se balade au bord de la route...

J'ai déjà fait presque la moitié du trajet quand je m'arrête à une aire de repos. Le soleil a fait son apparition. Je m'installe sur une aire de pique nique pour me faire un petit café, je ne trouverai rien d'autre en route...

Maintenant je compte faire encore une quinzaine de kilomètres avant le déjeuner. Mais, en plus du vent qui souffle parfois fort, une nouvelle difficulté s'annonce... le ciel devant devient de plus en plus noir. Alors je fonce, car il n'y a rien pour s'abriter. Les nuages noirs semblent partir vers l'ouest, sauf un gros qui est presque dessus, pédalons, pédalons. Voilà un village, mais il est complètement à l'écart de la route.

Enfin, un peu plus loin une aire de repos s'annonce. Le gros nuage noir est toujours là. Je fonce et trouve la petite cabane où a dormi Jürgen, le cycliste allemand d'hier (je la reconnais car c'est écrit qu'on a pas le droit d'y passer la nuit...). Tout à fait sympathique... et à peine entrée voilà l'averse et je suis à l'abri!!

Deux jeunes cyclistes allemands qui arrivent bien trempés n'ont pas eu cette chance. Ils s'appellent Jorg et Andrea, sont de Hamburg et vont au Lofoten. Ils m'avertissent que la route entre Kiruna et Gällivare est épouvantable, avec énormément de circulation.

Je ne me presse pas et j'ai bien raison. Ces pauvres Allemands vont se prendre une autre averse qui survient après leur départ, alors que je suis toujours à l'abri.

Quand je repars ça roule bien mais la route est bien humide, je crains de me faire éclabousser. Et puis le vent va se renforcer, ça devient dur, d'autant plus que je me mets à avoir mal aux fesses, ce qui ne m'étais pas arrivé depuis que j'ai la selle en cuir, je ne comprends pas. La fin du trajet vers Kiruna sera dure, mais l'arrivée à cette ville minière dominée par ce qui pourrait être des terrils (parsemés d'éoliennes) est impressionnante. J'ai oublié de prendre la photo de ces monts de loin. Seulement à la gare de Kiruna où on a une vue sur ces gros tas.

En effet je me suis arrêtée à la gare pour me renseigner sur les trains vers Gällivare et ainsi éviter cette route encombrée. J'ai du mal à me renseigner, pas de guichet, pas même de panneau d'information ni d'appareil pour prendre des billets. Comme un train est stationné, allant à Stockholm, je peux me renseigner auprès des employés sur le quai. L'une d'elle qui n'espère est compétente me dit que je dois prendre un train " Norrtag" pour pouvoir emporter mon vélo. Il y en a un demain à 14h. Espérons que ça va marcher...

Pour l'instant je cherche mon auberge, l'arrivée dans Kiruna est vraiment bizarre, il y a des travaux partout, et quand c'est barré, c'est barré. Déjà avant la gare j'ai du me taper une chaussée pleine de gravillons, ensuite il devrait y avoir une piste cyclable mais je la rate, elle est mal indiquée, ensuite il faut faire tout un détour pour entrer en ville, les barrières bleues et blanches sont pires qu'un rempart.

Je finis par trouver le "SPIS Hostel", pas si mal que ça. Deux autres filles dans le dortoir. La fenêtre n'est pas grande et le ventilo bruyant mais je sais qu'il ne m'empêchera pas de dormir. La cuisine est bien aménagé, j'aurais peut être pu faire mieux que du riz avec quelques poivrons, car j'ai pris le temps d'aller au supermarché, passant devant l'église, qui date de 1912.

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Temps gris. Aujourd'hui Midsommar, veille de la fête de la Saint Jean qui est très importante en Suède. C'est un jour férié.


La journée commence par un petit déjeuner pantagruélique, compris dans la nuitée. Là c'est vraiment impossible de tout goûter. J'aurais pu aussi emmener tout ce que je voulais, je me fais juste un sandwich. Et comme leur thé n'est pas terrible je prends du café, beaucoup trop, ce qui fait que je suis dans un état bizarre toute la matinée.

De toute façon la ville est vraiment bizarre bizarre. J'ai un peu l'impression d'être dans un film de science-fiction.

D'abord une rectification. Les montagnes qui dominent la ville ne sont pas des terrils, mais bien des montagnes... bourrées de minerai de fer. Dans l'une d'elles il n'y a plus rien à exploiter et on n'y fait plus que du ski.

L'exploitation du gisement a commencé en 1903. À l'époque seuls les Sames vivaient ici. Au préalable il a fallu construire la ligne de chemin de fer vers Narvik, port norvégien libre de glaces toute l'année, débouché plus intéressant que Lulea, à l'ouest sur la Baltique. La ville s'est développée rapidement ensuite.

Ce matin l'église est ouverte... et pleine de touristes, majoritairement Latins (dont Français bien sûr). L'église date de 1912 et d'un style pompeux que je n'apprécie guère.


Le clocher (séparé) est plus esthétique


J'entends dire que l'église va être déplacée pour être emmenée, en entier, dans une autre partie de la ville. Qu'est ce que c'est une cette histoire ? Et puis pourquoi tous ces travaux titanesques dans la ville???

Après un coup d'œil sur wikipédia (https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Kiruna) et les renseignements donnés par l'hôtesse de l'Office de tourisme, tout s'explique. En résumé, la poursuite de l'exploitation exige d'extraire le minerai en dessous de la ville, ce qui risque de produire des effondrements. Pour pouvoir continuer à exploiter on va donc tout simplement déplacer une partie de la ville, ce qui correspond au centre ville actuel... On déplace les bâtiments qui en valent la peine, on démolit le reste et on reloge les habitants.


La mine a donné naissance à la ville, la mine la détruira

La ville a également ceci de bizarre c'est qu'elle est très vide, personne dans les rues. Les commerces sont fermés, les musées aussi. Parce que beaucoup a déjà été déménagé, ou parce que c'est Midsommar? L'hôtesse m'engage à aller à la fête à côté du terrain de camping.

Quelques vues du centre ville voué à la destruction.

Et le drapeau pour rappeler que nous sommes en Laponie :


Je vais récupérer mon vélo et je monte au terrain de camping, mais je ne trouve rien là-haut, rien n'est fléché, rien n'est indiqué, je ne vois aucune foule, j'entends juste au loin une musique sans intérêt. De toute façon ce genre de fête doit être dévoyé comme partout.

Direction la gare, j'ai une heure d'avance mais la salle d'attente est confortable.

Vers 13h30 je vois arriver un train. Tout indique que c'est le train de 14h06 pour lequel j'ai acheté un billet, mais la contrôleuse refuse catégoriquement de prendre mon vélo. Je crois comprendre qu'un autre train va venir, mais non c'est toujours le même qui est à quai. À 14h02 je commence à monter mes bagages pour passer en force, la contrôleuse rapplique, finit par se décider à appeler ses supérieurs... Et au bout du compte accepte mon vélo dans le wagon de queue... Parce que c'est Midsommar et qu'il n'y a pas d'autre train aujourd'hui.

C'était dur...

Le train sort de la ville dans un environnement minéral et minier.


Ensuite le même paysage qu'en vélo... Bouleaux bas et lacs de temps en temps !

À Gällivare le temps est tout aussi gris qu'à Kiruna. La gare, en bois foncé, est très jolie.


Je me trompe pour aller au camping et fait tout un détour pour y arriver, par un sentier qui suit le bord de l'eau, qui serait agréable par beau temps. On y croise quelques promeneurs, dont une famille avec des couronnes de fleurs sur la tête.

Et ça me permet de passer devant la vieille église de bois, toute simple mais datant de la fin du 18eme siècle. Fermée évidemment.


Le camping n'est plus très loin. Il est grand et tout à fait bien, avec de vastes espaces pour les tentes et une jolie cuisinette, mais en faisant le tour je constate qu'il y a aussi une"vandrarhem" auberge de jeunesse. Pour laquelle j'opte, vu le temps (il pleut) et la différence de prix, 60 SEK de différence, même pas 6€. Avec une chambre individuelle.

Je me prends un déjeuner - goûter et me repose ce qui ne fait pas de mal. Je ressors un peu plus tard pour faire quelques courses et jeter un coup d’œil sur le centre ville que je trouve plus avenant que celui de Kiruna,bien que vide aussi, et que le temps ne soit pas meilleur, il pleut.

l'église
Un centre culturel tout neuf 
Bâtiments anciens: la banque, le musée dont hélas les horaires ne me permettent pas la visite 
C'est Noël? Non, midsommar mais il n'y a personne...

Derrière la ville on aperçoit aussi des montagnes, elles aussi truffées de minerai de fer (Malmberget = montagne de minerai). Les mines depuis la ville sont moins apparentes mais toujours en activité. L'exploitation a d'ailleurs commencé au 19e siècle, plus tôt qu'à Kiruna, le minerai partait à Lulea sur la Baltique (le train que j'ai pris y allait). Apparemment ici aussi il y a de gros problèmes d'effondrement.

Je me demandais si j'allais être la seule usagère de l'auberge, à la cuisine je suis tranquille pour faire frire mes courgettes. Finalement un gars arrive, qui ne parle pas, puis un Néerlandais sympathique qui voyage avec interrail et est venu par l'Inlandbanan, un train touristique, que je prendrai peut être car il suit plus ou moins ma route. Il est plus cher que les trains normaux.

50

Temps gris, petite pluie, très brève éclaircie en milieu de journée


Départ 9h. Il a bien plu cette nuit, je me réjouis de partir avec la tente sèche.

Pour cette étape j'ai la possibilité d'éviter la grand route sans trop me rallonger, alors je n'y manque pas.

C'est calme en effet, je vois passer seulement 4 voitures la première heure !

Comme souvent quand je prends un moyen de transport rapide, j'ai l'impression d'avoir raté une transition. J'étais dans les bouleaux rabougris, et maintenant je dans la forêt résineuse. Celle ci n'est peut être pas sous son meilleur jour par ce temps gris.


Mais en plus du calme un autre point est appréciable, pas de vent ou bien je l'ai dans le dos, peut-être que globalement ça descend, en tout cas ça roule bien.

On retrouve des zones de tourbières parsemées de toupets de linaigrettes, et des rivières plus calmes. On longe de loin la voie de chemin de fer vers Lulea et on la traverse une fois.



La météo n'a pas prévu de pluie aujourd'hui... pourtant le ciel a bien un air à la pluie...

En effet il tombe quelques gouttes... Ensuite une petite bruine... qui s'intensifie. Je peux sortir la cape. Et il pleut carrément.

Un animal sur la route...


Heureusement, parce que j'ai été vite, je vais pouvoir m'arrêter au village de Nattavaara qui est quand même à 54km du départ, pas mal pour une matinée.

Le restaurant n'existe plus, la supérette a fermé à 13h et je ne vois pas s'il y a une gare. Un bâtiment est indiqué comme point de rencontre, je suppose donc qu'il est public et m'installe sous l'auvent. En se prémunissant contre les moustiques, la place est bonne, j'y ferai même la sieste et c'est un rayon de soleil qui me réveillera. Une éclaircie qui ne durera pas.

Le passage à niveau sonne, c'est un train de marchandises.


Je lui tourne le dos et change de cap direction Est. Pas de problème de vent mais plus de relief, notamment une longue côte. La route n'est pas goudronnée mais gravillonnée en rose, c'est plus joli. On est en pays same, on rencontre des rennes et des enclos pour les capturer.

C'est une jolie région, avec de nombreux lacs de tourbières.

Au bout d'une longue côte au-dessus d'un lac j'aperçois une cabane. C'est ouvert et tout confort . Mais réservé aux membres de la société de pêche. Il aurait été plus tard j'en aurais fait fi, mais il n'est que 18h30 et j'ai encore la pêche je continue.



Mais un incident désagréable survient. Celà fait un moment que mon dérailleur ne marche pas trop bien, sur le 3eme plateau en particulier, et tout d'un coup, clac! Le câble a dû se décrocher. Maintenant je ne peux plus rouler que sur le petit plateau.

Dans la longue descente qui va suivre ça ne changera rien. Elle mène à la retenue artificielle et à la centrale hydroélectrique de Massaure. Sur le barrage le vent souffle.


Ce n'est pas là que je vais trouver un bivouac, mais seulement après la côte pour remonter.

Sur cette route se balade une troupe de rennes, une vingtaine peut-être. Je les poursuis avec le vélo, c'est très drôle.

Ensuite je cherche une place quelque part en forêt, ce n'est pas si simple. Je me mets sur ce qui semble être une place de dépôt de bois. J'ai déjà eu mieux, mais je me débrouille avec les moustiques.

Les rennes me lorgnent. On va voir.


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Gris le matin, beau et chaud l'après midi


À moitié dans mon sommeil j'entends des bruits de sabots légers et quelques grognements, évidemment c'est un renne, je ne peux pas le voir, il est de l'autre côté de la tente. Quand je sens que quelque chose touche la tente je me réveille pour de bon, lui crie de partir et il part... Voilà, l'expérience de cohabitation avec les rennes est faite.

Le reste de la nuit ce n'est pas un mammifère qui va me harceler mais un oiseau qui inlassablement pousse les mêmes cinq notes lancinantes, les premières à la même hauteur, les dernières descendantes. Une nouvelle énigme ornithologique à résoudre.

Il faudra aussi que je détermine quel animal a produit le petit paquet de crottes juste à côté duquel j'ai planté la tente. L'autre, ça devrait être un renne, il y en a plein de comme ça sur la route.


Départ 8h30. Forêts basses, tourbières et lacs, pas de difficultés.

Il passe 2-3 voitures jusqu'à ce que je rejoigne la nationale qui vient de Jokkmokk évidemment beaucoup plus fréquentée.


Peu après la jonction, au bord d'un lac, se trouve une aire de repos avec des panneaux d'information sur la Laponie.

Cette photo fait rêver...

La commune de Jokkmokk est immense la deuxième de Suède en superficie, sans doute après Kiruna, c'est donc une grande partie de la Laponie suédoise. En same c'est Jåhkkemåhkke ou Dalvvadis.

Le lac et le barrage décoré ethno same

Certains commerces sont fermés, mais voilà enfin une ville est bien animée,. Je fais les courses chez ICA mais Coop est ouvert aussi.

À la sortie du supermarché, mauvaise surprise, mon garde-boue avant est complètement de travers, et le porte bagage est détaché d'un côté. Quelqu'un m'aurait rentré dedans ??

Un cycliste allemand vient d'atterrir avec sa femme, il se propose tout de suite pour m'aider. Il me trouve une vis et me met un collier.

Ils s'appellent Anke et Klaus, sont venus par l'Inlandbana (le chemin de fer touristique) et vont aller à Stockholm par la côte. Ils sont de Dresde.


Avec tout ça il est déjà midi, la meilleure chose à faire c'est de s'installer sur une table en bois devant le coop pour casser la croûte. Et là je vois arriver une autre cycliste, pour ce voyage, la première jeune femme qui roule en solo. Elle mange son sandwich debout, je lui propose de s'asseoir.

C'est une anglaise nommée Abee, elle est partie de Kirkenes (N) sur la mer de Barents et veut aller au Portugal, le tout en trois mois. Elle a un vélo "gravel"(permet d'aller sur les chemins) chargé "bikepaking" de façon un peu compliquée (pas de porte bagage mais des sacoches dans tous les sens). 32kg en tout. C'est la nouvelle mode, les jeunes rencontrés avaient tous ce type de monture.

Je m'apprête à repartir mais je me souviens subitement qu'il y a des choses à voir à Jokkmokk :

La vieille église. Pas vraiment vieille, elle a été reconstruite à l'identique après un incendie il y a 50 ans



Le gros morceau, c'est le musée Aittje sur la culture same. Je souhaiterais presque qu'il soit fermé car ça va prendre du temps et être un peu ardu... mais c'est ouvert.

Ardu ça l'est d'autant plus que les explications sont en bilingue... same-suédois. Un peu d'anglais de temps en temps, et, heureusement, un petit livret en français.

Je suis un peu perplexe car le musée présente les Samis comme une communauté bien vivante, on peut voir des photos de Samis en costume plus ou moins modernisé, réalisant des activités traditionnelles... Mais dans la réalité où se cachent -ils? À part un ou deux bonnets sur des têtes d'enfant, je n'ai rien vu de typique... Alors heureusement qu'il y a les musées !


La Laponie qui se répartit sur quatre états

On entre par un corridor où se succèdent les représentations des habitants de la région depuis 10000 ans.


Et on arrive à une pièce centrale d'où partent les salles d'exposition.



Les costumes varient suivant les lieux, mais toujours le plastron orné, les broderies, le bonnet (très variable), les chaussures de peau de renne emplies d'herbe sèche. Et les bijoux d'argent, ce métal est (était ?) abondant ici.

L'artisanat, c'est aussi les cuillères, la vaisselle en argent ou en bois, les couteaux aux manches de bois de rennes, les tambours des chamanes


Il est évoqué le mode de vie des sames, les migrations, les huttes, l'élevage des rennes, les rites, la religion, très combattue par les États qui ont imposé le christianisme ...


Un point qui m'intéresde mais il eût fallu pouvoir lire mieux, c'est les traces d'activités sames dans la nature. Parce que j'aurais peut-être pu les observer, ces traces. Des endroits où ils ont fait un campement, des trous où ils ont entreposé de la nourriture, des restes de cabanes...


Une salle est consacrée aux "pionniers", on pourrait dire aux colons, des gens venus du sud qui ont essayé de cultiver la terre, mais ils ont surtout vécu de la chasse, la pêche, le commerce des fourrures et plus tard de l'exploitation forestière.

Les salles consacrées à la nature m'ont un peu laissées sur ma faim. Mais j'ai eu la réponse pour les crottes de ce matin.

Ce serait bien les crottes d'un lagopède, perdrix des neiges.

Pour l'élan, confirmation, c'est bien ce que j'avais vu. Par contre pour le renne je suis perplexe, les petites crottes qu'ils montrent ne ressemble pas tellement à ce que j'ai vu.


Je vais essayer de me rappeler de l'aspect de la crotte d'ours, au cas où..

Cette visite terminée, il me reste encore le jardin botanique, un peu à l'écart de la ville, sur un terrain vallonné, rochers en haut, marais en bas. Je revois les fleurs rencontrées en route, trouve la réponse à quelques questions mais ce ne sera qu'un tour rapide, d'autant plus que la gardienne vient me dire gentiment qu'il est 17h et qu'ils ferment.

Je n'ai pas pu prendre de photos avec le téléphone car la batterie est à plat. Avant de repartir je dois donc recharger... arrêt café.

Et départ de Jokkmokk à 19h. Pour Arvidsjaur il reste 150km, si je veux y être demain soir il faut que je m'avance. Je décide de rouler toute la soirée. Il n'y a que le début qui me semble un peu dur, jusqu'au cercle polaire où, par échange de bons procédés, des motocyclistes me prennent en photo.


Un peu de regret de ne pas avoir vu une dernière fois le soleil de minuit.

Mais pas de regret d'avoir décidé de rouler à cette heure. Très peu de circulation, beau temps juste frais comme il faut. Soleil déclinant derrière, dispensant une belle lumière. Et une route facile, sans trop de relief.


Donc aujourd'hui pas de soleil de minuit. Mais un coucher de soleil (que je ne vois pas jusqu'au bout, caché par la forêt


J'arrive, aux alentours de 23h30, à me rapprocher à moins de 100km d'Arvidsjaur. Mais sur la route il n'y a pas d'endroit favorable au bivouac. Peut être au prochain village, Kåbdalis, il y aurait une aire de repos ou de pique nique? Mais rien, et c'est pourri de moustiques.

Je trouve une place pas vilaine près de la gare. Qui est hélas fermée évidemment. Je ne risque pas d'être gênée par les trains, le seul de la journée doit passer vers 10h du matin.

Je me dépêche d'avaler mon plat de lentilles et rentre m'abriter.J'extermine impitoyablement les quelques moustiques qui ont eu l'audace d'entrer dans la tente.


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Beau temps, chaud, nuageux le soir


Le soleil brille, provoque l'effet de serre dans la tente et coupe tout envie de faire la grasse matinée. Le petit déjeuner est agréable sans les moustiques, j'arrive à me mettre à l'ombre sur un petit escalier et à bien orienter la fumée de mon tortillon.

L'inconvénient de se diriger vers le sud, c'est d'avoir le soleil dans les yeux, et c'est le cas en début de matinée, ensuite je vire vers l'ouest et je l'ai de côté, et parfois même les arbres font un peu d'ombre sur la route. Juste un peu car l'emprise est large. Jusqu'à 9h30 - 10h les touristes ne sont pas réveillés, le trafic est faible.

La région est plus vallonnée qu'hier, boisée de pins. En route j'observe une machine abatteuse d'arbres en train d'éclaircir des pins. J'admire comme le conducteur arrive à déplacer l'énorme tête d'abattage entre les troncs serrés et sectionner les arbres choisis (il ne prend que les petits) sans abîmer les autres.


Je vais mon petit bonhomme de chemin en pédalant parfois à toute vitesse comme les gamins qui ont des vélos à petites roues. Ou en me laissant glisser doucement quand la descente est faible, c'est plus reposant.

La route coupe plusieurs belles rivières au cours rapide. La plus belle et la plus grande est la piteälven. Ça tombe bien, une aire de repos y est aménagée, et il est presque midi. Ce sera une pause agréable, casse croûte + sieste sur une table ombragée par un toit. Un cycliste est arrêté là, je m'adresse à lui directement en allemand. Pas de chance, c'est un Néerlandais et il parle mieux anglais. Il vient de chez lui et va au Cap Nord, n'a pas encore fait tout à fait 3000km. Il est bouffé par les moustiques.

Ensuite je vais m'arrêter à une dizaine de kilomètres, parce qu'il y a un café ouvert !

Le reste de l'après midi se passe au milieu de forêts et aussi de grandes tourbières. Quelques côtes, longues, et descentes, longues aussi.

Je vais être obligée de m'arrêter encore, car il y a encore un café, où je bois un thé. Il est tenu par une Suisse allemande qui ne parle pas français, mais une des clientes le parle très bien et me dit "chapeau". Autour c'est infesté de moustiques.

Sur la fin du trajet le ciel devant est noir et fort inquiétant. On entend des coups de tonnerre...

Mais j'arriverai à Arvidsjaur sans encombre, avec vue sur un double arc en ciel . Quand je sors du supermarché ICA il ne pleut toujours pas.

J'erre un peu pour trouver le camping qui est très vaste... Mais l'accueil est fermé, et je constate que le bâtiment censé contenir les équipements n'est pas équipé. Toujours pas de douche.

Sinon pas de problème pour s'installer, près d'une table de bois.

Le soleil se couche entre les arbres.


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Nuageux, orageux


On dort quand même mieux quand il n'y a pas de soleil!

J'ai entendu la pluie, j' ai même senti que c'était mouillé dehors, néanmoins j'ai un doute car tout est sec ce matin. Et le bruit des insectes sous le double toit est tout à fait semblable au bruit de la pluie.

Ce matin, soleil et nuages.



Pour les jours qui viennent deux itinéraires sont possibles, soit continuer la E45, la "route de l'intérieur", et ses camping cars, soit prendre un autre trajet plus à l'est, passant notamment par Åsele où j'ai demandé un hébergement"warmshowers" mais sans réponse.

Alors je retourne voir la ville, c'est une "ville-rue" traversée par la route et toute en longueur, ce qui n'est pas très favorable, mais les étangs qui la bordent et leurs abords bien aménagés en parcs sont charmants.

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À l'autre bout, entre des immeubles modernes se cache la "lappstaden", "ville des Lappons". C'est un ensemble de huttes ("kåta") de bois, ce n'est pas un village permanent, mais un lieu où les Sames se rassemblaient, je devrais dire se rassemblent, car en principe c'est toujours fonctionnel, ce n'est pas un musée, d'ailleurs aucune hutte n'est ouverte à la visite. Certaines huttes ont été restaurées récemment. Sur pilotis, un escalier mobile, une petite porte.


Les toits sont étanchéifiés avec de l'écorce de bouleau.



Pour imaginer le lieu "vivant", quelques photos de photos anciennes.


Il ne me reste plus à voir à Arvidsjaur que l'imposante église de bois.


Petit séjour dans un café, je me décide pour un itinéraire vers l'est, beaucoup sur des petites routes, et ne repars qu'à 11h.

La première route est celle qui part vers Piteå en bord de mer, pas vraiment petite donc. Forêt vallonnées mais pas trop, soleil devant que des petits nuages cachent de plus en plus fréquemment. Il y en a pour 21km, et même si les véhicules sont souvent trop rapides, ça se fait bien au bout du compte.

Mais sur la petite route, enfin on respire ! Elle est jolie en plus, plus variée, bordée de bois toujours, mais aussi de marais et de lacs, et d'habitations dispersées entourées de leur pelouse bien tondue.




Mais qu'y a-t-il là bas devant sur la route ? Un troupeau. Pas de moutons, de rennes. Ils prennent toute la route, me laissent passer sans paniquer, là je suis vraiment tout près, mais ça m'embête de prendre des photos car le conducteur du camion qui arrive derrière va s'impatienter. En fait j'aurais eu le temps, il mettra longtemps avant de réussir à passer.

Les nuages, au début de jolis petits cumulus, ont tendance à monter et à se transformer en vilains cumulonimbus. Déjà vers midi ça menace, et je suis contente de trouver une maison inhabitée avec une entrée abritée par un auvent, je pourrai manger et dormir un peu, à condition d'éloigner les moustiques avec ma fumée.

Finalement il n'est tombé que quelques gouttes, je continue, forêts marais et lacs encore. Changement de région, du Norbotten vers le Västerbotten (plus à l'ouest ?) sous un ciel menaçant.


Mais plus d'habitations. Et c'est là que ça se met à tomber. Je m'abrite un peu sous les arbres, et puis un peu plus loin j'aperçois une petite cabane avec un bel auvent .

Mais oui, c'est une hutte same, comme celles de ce matin, avec la petite porte et le toit en rondins !

Oui mais.. le Same a du faire sorcier à l'encontre de ceux qui s'approcheraient de sa hutte... Les moustiques rappliquent... C'est dans l'ordre des choses...mais soudain, aïe, mes fesses ! une violente piqûre puis une atroce démangeaison, c'est horrible. Ça doit être une fourmi. Du coup je repars tout de suite en me frottant sur la selle. D'ailleurs il ne pleut plus.

Encore de beaux lacs, des ciels un peu tourmentés, des campanules au bord de la route, et j'arrive à Malå une petite localité assez touristique, station de sport d'hiver sur une colline, dotée de commerces et normalement de deux campings.



Le premier s'il existe, serait en haut. Je ne vois rien et n'ai pas le courage de monter. Le deuxième, quelques kilomètres plus loin au bord d'un lac, est visiblement fermé.

Mais je peux m'installer près d'une place barbecue avec abri, à proximité du lac où je vais faire un plongeon... Première baignade !

Il y a plus de moucherons que de moustiques, la fumée les éloignera. Par contre je me suis encore fait piquer en sortant de l'eau.

Mais qu'est ce qu'on se sent bien après un bain !

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Temps orageux, beau le soir

Pas une baignade, seulement une petite trempette dans le lac pour me rafraîchir.

Départ 9h. Quelques zones humides au passage. Je circule sur des petites routes, et assez longtemps sur une portion forestière non revêtue et un peu gravillonneuse. J'évite de me lancer dans les descentes.

Les mêmes bestioles qu'hier me poursuivent, à la même heure, à partir de 11h. L'une d'elle commence à me piquer quand je m'arrête. Ce sont bien des taons ! Je sors mon répulsif... Et après je suis tranquille !.

On voit que le ciel est déjà bien tourmenté...

Je ne suis pas si fâchée de retrouver le goudron, même avec un peu plus de circulation. Et très contente de tomber au bon moment sur un beau coin pique nique, au-dessus de rapides impressionnants. Quand il se met à pleuvoir. Certes il manque un abri, mais la petite cabane à bois fera l'affaire.

Cette route qui longe la rivière est plutôt jolie, j'apprécie moins de me retrouver sur une voie à grande circulation, où les camions sont nombreux, et qui n'a pas beaucoup d'intérêt au niveau paysage.


La photo de droite peu avant la ville, signale des évènements "sames" qui auront lieu à Lycksele.

La façon dont est habillée la jeune dame de la photo est intéressante, en costume same modernisé.


Je n'ai pas à chercher le camping, il est immense et au bord de la route. Il coûte l'équivalent de 20 euros. Une pelouse est réservée aux tentes, il y en a quelques unes. Je m'empresse de monter la mienne avant la baignade dans le lac. Fond sableux et très légèrement vaseux L'eau est bonne, je dirais dans les 20°. La douche qui suit est bonne également.

La cuisine est dotée de trois cuisinières électriques et deux micro-ondes, mais absolument d'aucun ustensile. On me prête une casserole à l'accueil.

Je parle avec une famille de cyclistes suisses de Zurich qui vont au Cap Nord avec deux petits enfants en remorque Et avec un Allemand nommé Youri qui voyage à pied et en bus à travers la Suède.

Et quand je reviens à la tenté vers 23h on ne voit déjà plus le soleil


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Chaud (24°max) soleil et nuages


Je me suis réveillée vers 4h du matin, et n'ai réussi à me rendormir qu'une petite heure, bien plus tard. Deux raisons, mes piqûres qui me grattent et le thé que j'ai bu le soir.

Tout était embrumé


Réveil à 6h30 malgré tout, le soleil chauffe déjà. Mais au moins il séchera la tente.

Départ à 9h, je passe au centre bourg, après avoir traversé l'Umeälven,(la rivière de Umeå, ville sur la Baltique).

Je suis sans illusions, il n'y a pas de magasin de vélo, seulement un magasin de sport, et je ne vais pas attendre 11h qu'il ouvre.

Je prends donc la route. Comme il n'y a pas encore de vent le soleil brûle, je trouve la chaleur intenable, et sue déjà à grosses gouttes dans la première côte....

Il y aura un peu plus d'air ensuite, mais le soleil est quand même globalement en face, me gêne et me brûle. Non vraiment je ne pourrais pas pédaler dans les pays chauds !

Par contre deux points positifs : la route, que je vais suivre tout du long, n'est pas trop fréquentée. Et le vent me pousserait plutôt.

Une route comme toutes les autres... En forêt. Avec les oiseaux , vus ou entendus, pies, grives, pigeons, bergeronnettes, mésanges , pinsons (on entendrait plus maintenant le pinson des arbres que celui du nord)..

Vu deux rennes seulement, un sur le côté et un sur la route.

Les fleurs des bas-côtés se diversifient les fleurs estivales apparaissent, le plus souvent les mêmes que chez nous. Alors est-ce parce que la saison avance, ou qu'on va vers le sud ? Les deux sans doute. Tout s'accélère, alors que le trajet vers le nord c'était un printemps qui se prolongeait.

Renoncules, campanules, ombellifères, épilobes, geranium sylvestre, achillée millefeuille, marguerites, trèfle rose, et toujours les linaigrettes quand c'est humide. Ce qui est fréquent !

Et aux abords des villages les bas côtés sont envahis par des lupins. J'en avais déjà remarqué les feuilles partout à l'aller.


Cumulus et rivière noire

La route va de rivière en rivière, des rivières qui courent sur des pierres ou qui stagnent dans les roseaux, l'eau très noire comme celle des mares.

Ce sont ces rivières qui rythment mon chemin, car elles occasionnent à chaque fois une belle descente, puis une longue montée.

Le long des 87km de Lycksele à Åsele on rencontre des hameaux et habitations isolées, mais inutile espérer un commerce, un café, une église. À la rigueur un abri bus mais ils sont rares.

Je fais la pause à l'ombre dans une petite clairière assez ventée. Pas trop de bestioles.

Il me semble que les reliefs sont de plus en plus accentués. C'est peut être la fatigue, augmentée avec la chaleur. On longe un peu plus de lacs sur la fin du trajet.

J'ai la surprise de voir soudain des arbres qui font bien 25m de haut. Ça faisait longtemps...



Après une dernière longue montée on rejoint une route plus importante venant de la côte, mais à vrai dire à cette heure le trafic est moins dense. Entre les arbres apparaît de façon presque saugrenue, c'est Åsele. Je vais directement au camping, au bord de la rivière. Peu de monde. Non toutes ces crottes au sol ne sont pas des crottes de chien... Très vraisemblablement des oies, pas facile de trouver un emplacement non miné.

Les sanitaires sont un peu sommaires et la cuisine mal aérée, mais on apprécie d'en bénéficier.

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Moins chaud qu'hier, plus nuageux

Je me réveille avec une paupière gonflée, je ne sais quelle sale bestiole a pu faire ça...

Le matin il fait toujours chaud et peu lourd . Départ vers 8h30 mais je m'arrête au village, de l'autre côté de la rivière, commençant par jeter un coup d’œil à l'église qui n'est pas ancienne, elle date de 1950. Le village non plus n'est pas ancien, rues au carré, petits immeubles récents et cités ouvrières.

La pharmacie ouvre à 9h, j'arrive à 9h pile et c'est déjà plein de monde. Il me fallait une bombe de répulsif anti-moustiques, la mienne se terminent. Ils en ont avec le même produit actif, mais dosé moins fort, 40% au lieu de 50%. J'espère que ça suffira. J'achète quelques fruits et rien de frais, hier tout était arrivé le soir en liquéfaction.

Je pars sur une route nationale, où le trafic est tout à fait supportable jusque 10h30 environ. Il y a de l'air, plus de soleil, et puis ça roule bien... j'ai le vent en poupe, et je crois aussi que globalement ça descend un peu. Mais à 11h il est temps de partir ailleurs, tous ces camions, qui pourtant s'écartent pour me doubler, me stresseront toujours.

La nouvelle route n'est pas revêtue, j'y croiserai deux voitures. Ici ce n'est pas les bruits de moteurs qui m'empêchent d'entendre le chant des oiseaux, mais le brinquebalement du vélo, car la chaussée n'est pas très égale. Mais ça a son charme, je me sens baroudeuse.

Des versants rocheux, ce n'est pas fréquent 

Deux hameaux sont sur le passage, ce sont surtout des groupes de maisons de vacances, au bord des lacs. Lomsjö, puis Lavsjö (sjö veut dire lac et se prononce cheu). Dans ces villages la route est asphaltée et elle le reste après Lavsjö, le revêtement est tout neuf (quel silence tout à coup!). Et ça tombe bien, juste quand survient une belle côte.

Cette route surplombe le lac et continue vers l'ouest, mais moi je vais tourner à gauche, repartant presque en direction inverse, contre le vent, et se rapprochant du lac. J'ai idée d'y trouver un endroit pour faire la pause.

En fait la route reste séparée du lac par une bande boisée. Je manque négliger un petit chemin embroussaillé qui descend vers le lac, mais me ravise bien heureusement. On peut avancer le vélo et il y a la place pour s'installer. C'est venté, donc peu de bestioles, la vue est belle sur le lac qui fait des vagues.


Et puis je remarque tout de suite une petite fleur bien jolie, feuilles rondes et clochettes couleur lilas qui vont par paires. Je l'identifie très rapidement grâce à la technologie moderne, c'est la linnée boréale, Linnea borealis L., découverte et nommée par Linné... Ceci ramène au début de mon voyage, dans le musée d'Uppsala se trouve un portrait de Linné jeune qui tient cette fleur à la main. Elle n'est pas rare en Laponie, mais j'aurais pu la manquer. Elle existe chez nous dans les Alpes, très rare et protégée.L'airelle fait aussi des clochettes, avant les fruits, mais blanches.

Je repars vers 15h, et bien que je ne sois plus vraiment poussée puisque maintenant je pars vers le sud, et bien que les reliefs soient un peu plus accentués, pas de problème, c'est comme ça depuis ce matin, tout me semble agréable et facile. Moins de soleil, moins de chaleur, ça y fait beaucoup.

La forêt ne change guère, si ce n'est qu'on voit des arbres plus hauts, mais on voit aussi beaucoup de coupes rases pas bien esthétiques, à part qu'elles permettent d'avoir de belles vues.

 Une belle descente

Autant hier je souffrais de ces longues montées qui suivaient les descentes, aujourd'hui ça irait jusqu'à me plaire!

Je regarde les fleurs sur les bas-côtés. Beaucoup d'ombellifères blanches, un vrai ou faux cerfeuil, et un beau bouquet d'ancolies.

Pendant que je prends ces fleurs en photo passe une promeneuse qui m'adresse la parole, en suédois, et moi, devinant plus que comprenant ce qu'elle dit, lui répond dans la même langue (un peu mâtinée de norvégien), petite conversation de quelques minutes, c'est un début !

Autre rencontre un peu plus loin...


Au moment où je me disais qu'on se croirait presque chez nous, avec toutes ces épilobes dans les bois...Alors c'est que c'est toujours la Laponie ici !

Mais je sens que ce n'est plus pour longtemps, et ça me fait tout drôle de côtoyer des champs cultivés. Celui qui est butté ça doit être des pommes de terre.

C'est encore une autre région, non annoncée par un panneau sur la route trop petite. Ici c'est le Jämtland.



Dans les derniers kilomètres on longe un peu à distance une rivière encaissée, et une centrale hydroélectrique. Rossön est au bord de l'eau, bras de rivière et lacs de tous côtés.

La supérette ICA a fermé à 18h et il est 18h20, les temps sont durs... Mais le camping est comme je les aime, petit, simple, mais avec tout. Et pas cher. 85SEK soit environ 7,30 euros.

Il est au bord de l'eau aussi, j'ai peur de descendre du ponton, du coup je ne me baigne pas et m'en veux terriblement.



Vers la minuit ferait presque un petit peu sombre..

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Beau temps, vent d'est, nuages


Petite aventure matinale, pas moyen d'ouvrir la porte pour sortir de la douche. Je finis par y arriver juste au moment où j'étais décidée à passer par la fenêtre.

À part ça il fait beau, le soleil brille fort depuis 4h du matin. Aujourd'hui il fait bon car il y a des nuages, et le vent souffle. De l'est, il va me pousser.


Rossön

J'ai longtemps tergiversé par rapport à l'itinéraire, et finalement, plutôt que d'emprunter une piste hasardeuse, je me rallonge un peu en passant par le village de Backe. Où je pourrai faire les courses, à Rossön ce n'est pas encore ouvert.

Bien qu'orienté sud est le trajet se fait bien, il faut dire qu'il passe en forêt entre de hauts arbres.


Mais on rencontre toujours des fleurs et des lacs....

Malheureusement à Backe l'ICA local n'ouvre qu'à 10h le samedi. Il est 9h40. En attendant je discute (en suédois) avec deux dames assises sur un banc. C'est pas très difficile je dis toujours la même chose, d'où je viens, où je vais...

Il y a de l'animation dans le bourg : c'est la foire. J'achète un fromage de chèvre avec mes dernières couronnes mais pain ou sandwichs ils n'ont pas.

Finalement le supermarché ouvre, c'est la ruée, puis la queue à la caisse. Une population plutôt âgée.


Pour prendre la route vers Stromsund il faut contourner le lac. Il est presque 11h. J'avais envisagé d'essayer de faire plus de 100km aujourd'hui c'est mal parti !

Heureusement, le vent dans le dos ça roule plutôt bien. Quelques voitures, pas trop gênantes, une route assez large, des boisements de tous âges pins sylvestres et bouleaux toujours, épicéas en moindre proportion, quelques ronds de dépérissement, "bostryche" sans doute. Collines boisées aux alentours.


J'attends d'avoir fait 50km pour m'arrêter, ça ne sera pas très tôt, vers 13h30, dans une clairière où poussent des lupins.


La même route se poursuit, plutôt en descente, sur une dizaine de kilomètres. Et puis elle rejoint la N45, la "route de l'intérieur". Les voitures sont dix fois plus nombreuses et foncent. Par contre aujourd'hui pas beaucoup de camions.

Stromsund est une petite ville, avec une église blanche et quelques grandes maisons élégantes. Le café konditori est inopportunement fermé le samedi je dois me rabattre sur une pizzeria et en supporter les odeurs.


18h. Téléphone rechargé. Il est temps d'entamer la dernière partie du trajet journalier, à mon heure préférée.

En commençant par traverser la rivière très large qui borde la ville, c'est plutôt une suite de lacs.


Cap plein ouest, c'est bien pour le vent, moins bien pour le soleil. Les virages sont appréciés car à ce moment là les forêts de hauts épicéas qui bordent la route font de l'ombre. Ça se met à monter fort, on arrive à un point élevé, d'où on a une vue très étendue, sur des régions de petites montagnes, avec en premier plan les cimes pointues et sombres des épicéas.

Changement de route, direction Gaxsjö, encore 24km. C'est une piste non asphaltée et très cahotante. Ça continue à monter un moment.



Et puis redescente régulière et terrain plat, à travers une forêt humide.


Passage de rivières

Sur un secteur la chaussée est meilleure, plus loin elle va se trouver goudronnée dans un village très étalé, Yxskafkälen, et se retrouver cahotante de nouveau. Une très longue ligne droite visant une éolienne en bout, encore 2-3 km, et le goudron reprend à Gaxsjö.

Ce village bénéficie de la présence d'un lac, et d'une église, soit deux possibilités de bivouac.

J'aurais du tester les chemins menant au lac, finalement je vais directement à l'église, entourée, c'était prévu, d'un cimetière.

Mais derrière la clôture, en surplomb du lac, une bande d'herbe a été tondue, et il y a la place pour la tente. La baignade n'est pas possible mais le site en vaut la peine.


C'est presque avec regret que je vois le soleil se coucher sur le lac, si tôt, 23h02. Mais c'est splendide!


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Temps nuageux, toujours le vent d'est


Le vent se met à souffler le matin, le soleil brille mais les nuages vont venir rapidement.

L'église au moment du départ

J'avais osé espérer... Mais non, dès la fin du village le goudron disparaît. Et comme il se doit, venant du lac, ça monte, et c'est assez dur sur cette chaussée cahotante.





L'éolienne est toujours en ligne de mire

Un regard vers l'arrière... Le lac est tout en bas. Oui ça a monté

Cette éolienne n'est pas unique, mais fait partie d'un ensemble implanté sur cette hauteur dont l'altitude n'est pas loin de 500m. Et la route s'y maintient, non sans montées et descentes.

La forêt est interrompue par des paysages agricoles. Les prés sont fauchés.


Ce village s'appelle Rastsjöhojden. Ils aiment bien les noms à rallonge dans le coin...

Je regarde les fleurs du bas-côté et prends quelques photos, ça ralentit encore ma moyenne !


Anthyllide vulnéraire, trèfle des prés, grande marguerite et pyrole

Rien de rare, à part la pyrole que je n'ai jamais vu qu'en montagne.

Il est plus de midi quand je m'approche de Häggenås où je vais rejoindre la grand route, la E45. Je préfère donc casser la croûte avant, dans un pré fauché. Je suis à peine repartie que je sens des gouttes... Mais ça en restera là

À Häggenås il y a quand même un petit supermarché, ICA toujours, où l'on peut acheter un café et le boire dehors sur des tables de bois.

Je reprends donc la grand route, mais vais bientôt la quitter pour une petite route presque parallèle. Presque, sauf qu'il faut encore grimper fort, on dirait que j'aime ça.




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Le hameau en haut a pour une fois un nom bref, Boda. Encore des prés fauchés, parsemés de ces cabanes de bois, on dirait des chalets suisses. Ensuite il n'y a plus qu'à se laisser glisser vers un village au nom encore plus bref, Lit, situé au bord d'une large rivière.

C'était une bonne idée cette petite diversion, car les quelque 20km qui restent jusque Östersund n'auront rien de plaisant, les voitures se suivent à grande vitesse. ,On est dimanche soir, retour de vacances ou de week-end ?

Personne à la réception à l'auberge de jeunesse, on entre des codes. C'est assez grand, la cuisine est grande et bien équipée, je vais pouvoir me faire la cuisine. Ce soir ratatouille omelette.

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Beau temps, un peu nuageux. Il y a quelques jours la météo prévoyait de la pluie..


Je vaque à diverses occupations en attendant l'heure d'aller au magasin de vélo qui n'ouvre pas avant 10h. Le commerçant est un jeune asiatique. Il me répond qu'il y a du délai. J'insiste. Il accepte finalement que je lui laisse le vélo la journée, il essaiera de trouver un créneau pour s'en occuper.

Je serai donc obligée d'aller à pied au musée Jamtli, qui n'est un peu au nord du centre ville.

La ville, c'est de nouveau un quadrillage de rues avec au milieu une place, la Storgatan, relativement grande comme son nom l'indique. Elle est majoritairement entourée de bâtiments récents, dont un théâtre qui est moche.


L'entrée du musée est plus jolie


Ce musée s'appelle Jamtli un autre nom pour Jämtland et est donc consacré à cette région dont Östersund est la capitale. Une partie du musée est en plein air dans un grand parc.

Très bien tout ça. Mais mauvaise surprise, l'entrée est à 295 couronnes, 25€, et même pas de réduction pour les retraités...

J'y vais quand même, et je le regrette immédiatement, les expositions ne sont pas bien fléchées, les explications sont uniquement en suédois, quand il y en a, car la visite se fait avec des audio guides, on ne m'en a pas proposé de toute façon je déteste ça.

Je commence par une exposition de peintures où rien ne m'enthousiasme. Rien à voir avec le musée de Stockholm. Finalement dans ces peintres suédois il n'y a guère que Carl Larsson qui ait quelque originalité.


C'est la jeune lectrice qui est de Larsson

L'exposition sur les traditions régionales est en sous-sol, vieillotte, sombre, manque d'explications (surtout sans audio-guide...). La vie des paysans apparaît sous un jour plutôt dur, on ne s'étonne pas qu'ils aient migré en masse. Les vêtements sont incroyablement rapiécés. Quelques jolis objets de bois, traineaux ou pichets décorés.


Le plus intéressant est caché dans un recoin j'ai failli passer à côté mais à l'accueil la dame m'avait parlé de "Bayeux" et ça m'intriguait.

Ce sont des tapisseries Viking, du 10e siècle environ, c'est magnifique.

Des chevaux, des rennes (cerfs, élans ?) des drakkars, quelques humains, ou beaucoup si tous ces petits bâtons en représentent...

D'autres sont abstraites, l'une avec des croix gammées.


Mais il fait beau, il est temps d'aller faire un tour dehors. On y a reconstitué des villages d'époques diverses, avec des figurants en costume.


Ces maisons doivent être du 19e, les plus anciennes n'étaient pas peintes. Elles sont entourées de clôtures comme on en voit encore, des piquets qui supportent des perches placées en oblique.


C'est le village le plus ancien.17-18e. Les fermes sont en deux parties séparées par un porche. Surprise en observant cette cabane surélevée, escalier, petite porte, toit de rondins appelée ici "härbre"... C'est exactement le type de cabane du village same! Dont l'origine n'est pas du tout same, mais suédoise.

Une petite cabane avec toit de terre, et un intérieur, très rustique.



L'église se remarque à peine de l'extérieur. À l'intérieur on remarque la chaire, sculptée de motifs populaires, très colorée. À côté de l'église une petite maison est là pour accueillir les voyageurs de passage.

Le village du 19è a ses maisons peintes en rouge, et les intérieurs sont plus confortables.


Et pour finir, le village du 20e siècle, avec même un magasin de vélos.


C'était quand même agréable cette promenade dans le parc par ce beau temps. On y est venu en famille et des petits enfants blondinets courent partout.

Je retourne me reposer un peu à l'auberge. Au passage j'entre dans la bibliothèque où se trouve un musée de l'histoire de la ville. Fondée en 1786 avec un plan bien précis... D'où le quadrillage.


L'occupante du lit en dessous du mien a changé, c'est encore une Allemande, mais plus causante, en français en plus, et plus sympathique. Elle suit à pied un chemin de pèlerinage vers Trondheim.

Le vélo est prêt, je vais le chercher un peu avant 18h heure de fermeture, et vais le tester en faisant un tour vers le port au bord du lac. Une passerelle mène à l'île qui est en face, Frösön, très anciennement peuplée.


Vue vers Östersund:


Au passage quelques bâtiments de la ville


Pour finir, l'université,... et l'auberge

Je me fais des pommes de terre et brocolis sautés avec un œuf au plat.

60

Temps couvert, un peu de pluie le matin et le soir


Je pars autour de 9h, toute heureuse d'avoir un vélo qui fonctionne, moins heureuse du temps gris et de la petite pluie qui survient. Premier arrêt juste après la passerelle, pour mettre la cape !


Temps gris sur la passerelle vers Frösön / vue sur Östersund

Je ne roule pas longtemps sur Frösön. Un long pont en montée+ descente fait traverser le lac. Je réalise que j'ai oublié de faire gonfler mes pneus... Le dernier gonflage date de Rovaniemi...


Après celà, je vais suivre le lac vers le sud, sans le longer de près, au début sur une piste cyclable à gauche de la route. Celle-ci est assez fréquentée bien que "blanche" sur la carte.

Elle s'écarte du lac mais est en hauteur, on le voit souvent. Derrière, les montagnes ont l'air assez hautes, elles sont parsemées de neige On traverse des campagnes vertes et à l'habitat dispersé.


La pluie va cesser aussi, je peux enlever la cape qui couvre mon guidon, et là... Je découvre avec horreur que mon chargeur sur la dynamo ne fonctionne plus !! Je m'en veux à mort d'avoir dit au réparateur de regarder le problème de la lumière, et m'en veux encore plus de ne pas avoir regardé si le chargeur marchait encore, car c'était un gros risque, puisque les deux se branchent au même endroit !

J'ai fait 20km je ne vais pas revenir en arrière. Et puis faisons nous une raison, avec ma batterie de secours et en rechargeant par ci par là je devrais survivre.

De nouveau il va falloir traverser le lac. Ce pont n'a pas de bande cyclable, mais il est plat.


Une longue côte suit cette traversée, cap sur un clocher pointu qui pourrait être en français. Vue de plus près cette église n'a vraiment rien d'intéressant. Mais de l'autre côté de la route apparaît un autre clocher en bardeaux de bois, et une église crépie en jaune, c'est la vieille église d'Oviken, qui mérite qu'on s'y arrête.


Ça tombe bien c'est l'heure de manger. Je m'installe dans l'entrée,ar il y a des marches et un abri. L'église n'a pas l'air ouverte.

J'ai presque fini quand je vois arriver un monsieur qui monte les marches et entre dans l'église en poussant la porte. Bizarre pour moi elle ne s'était pas ouverte. En tout cas j'entre à mon tour.

L'intérieur est très beau, bancs, balcon et chaire de bois peint, un autel baroque et un retable ancien aux sculptures naïves représentant des scènes de la vie de Jésus et de la bible. Des fragments de fresques sont visibles à côté de la chaire..


Et puis l'orgue se met à résonner : le monsieur, c'est l'organiste qui vient répéter ! Ça va me bercer pour une petite sieste. Quand la musique s'arrête je repars...

Pour faire juste quelques kilomètres, au village voisin une alléchante "konditori" m'attend.

À partir de là je suis étonnée de me rendre compte que la route que j'emprunte est de nouveau la E45, la "route de l'intérieur du pays",, bien que ce soit en principe une route secondaire. Ce n'est pas grave, la circulation n'est pas épouvantable, et on a une belle vue sur le lac, toujours un bras du Storsjö, sur ses îles dont certaines sont des montagnes. En bas descendent des prés où s'éparpillent des maisonnettes, des fermes et des granges. On aperçoit quelques animaux (peu), vaches, moutons et chevaux.

Au village de Svenstavik, approvisionnement... chez ICA encore.

Après Svenstavik survient la jonction avec une route plus importante au bord de laquelle je ne peux guère espérer trouver un bivouac.Au prochain village, Åsarna, il devrait exister un abri mais peu accessible. Il y a un camping, et il commence à pleuvoir, pourquoi pas ? Sans cuisine, pas moins cher, et environnement pas terrible, allons plus loin.

Le problème c'est que la pluie se renforce. Mon planning prévoyait la halte à Klovsjö, où il y aurait un abri pique nique près du lac. J'aimerais bien, mais je n'avance pas, ça ne fait que monter, à travers des bois pas hospitaliers.

Mais tout vient à point, voilà un petit terrain fauché, deux cabanes dont une avec un petit perron abrité. Pas très à l'écart de la route mais ma tente verte ne se verra pas trop.

Sur ce perron un peu exigu je me fais des pâtes fraîches - poivrons - saucisson - parmesan, c'est excellent.

Les moustiques sont à peu près écartés avec les tortillons à fumée.


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Temps couvert


Mais le matin le soleil brille et la tente est bien sèche.

J'ai bien fait de m'arrêter, la montée n'était pas finie, elle continue jusqu'à l'altitude de 660m, record d'altitude de la balade pour l'instant.

Klovsjö est "plus beau village de Suède". C'est vrai qu'il est charmant. Le lac en bas, bleu ce matin, les montagnes autour et une jolie église construite en 1796.



Autre lieu intéressant, la boulangerie


J'ai vu trop tard les gaufres mais c'était bien de tester le kanelbulle, tout frais, moelleux, juste ce qu'il faut de cannelle. Rien à voir avec celui des supermarchés !

Je reste évidemment trop longtemps, mais il me fallait prendre des forces pour la deuxième montée de la journée dans la Vemdal, qui va m'amener à plus de 700m... record battu ! En fait le dénivelé n'est que de 300m, et il y en a juste un bout qui est un peu raide, le reste est très progressif.

Au point le plus haut

La vallée n'est pas profonde et on ne voit pas la rivière, on traverse des boisements et on a vue sur des monts pelés zébrés par des pistes de ski.

Je vais d'ailleurs faire la pause dans une station de sports d'hiver car j'y trouve un abri très bien venu, le vent n'est pas chaud aujourd'hui. Car sinon le lieu n'a rien d'attirant...

Petite surprise, trois renne se baladent de l'autre côté de la route.


La descente est à 9% ça va trop vite pour moi. La partie inférieure est plus agréable, en pente plus douce, et j'ai le plaisir de pouvoir rouler sur le grand plateau.

À Vemdalen je ne fait que jeter un coup d'œil sur l'église.

Et là je quitte la route fréquentée pour une petite route très droite, très régulière et très monotone, dans des forêts de pins sylvestres filiformes, sur un sol couvert de bruyères rases et de lichens.

Au début les montagnes encore proches ornent le paysage. On a même construit des villages de vacances (j'irais pas là, mais bon...). Et ça roule bien.

Un seul village se rencontre, du nom de Vemhåm. Miracle il se trouve un petit commerce, je vais pouvoir améliorer avec un yaourt un kiwi et des petits gâteaux mon repas ce soir, et prendre un café que j'ai à peine le temps de finir car l'établissement ferme à 18h.

Sur la fin du trajet la forêt a été exploitée, le ciel est plombé, l'air est immobile, la route est déserte, le silence devient oppressant, on n'entend même pas les oiseaux. J'ai presque hâte de retrouver une route plus importante.



Comme hier, la météo n'avait pas prévu la pluie dès ce soir... mais le ciel ne trompe pas, voilà les gouttes .

Tiens tiens, juste avant la route, voilà un ensemble de maisons de bois... C'est un musée en plein air, allons y voir.

Il y a largement la place pour planter la tente et plein d'endroits pour s'abriter de la pluie. Autant rester là.


J'aurais bien aimé mettre la tente sous le porche mais c'était en pente, seul le vélo y trouvera sa place.

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Pluie


Dans la nuit, ça tapote sur la tente, ce n'est pas les moustiques mais bel et bien la pluie. Quant aux moustiques, je constate avec désagrément qu'il y en a à l'intérieur de la tente, des tous petits, j'ai peut-être mis trop longtemps à entrer, peut être mal fermé, ou ont-ils trouvé un interstice? J'ai bien dormi, je n'ai rien senti, ça me gratte un tout petit peu, mais dans la journée ça va s'amplifier. Je les reconnais bien là, ces horribles bestioles.

J'ai par contre de la chance, pendant que je range et que je déjeune, pas une goutte d'eau, c'est tout juste si la tente ne sèche pas. Et je suis à peine partie (8h45) que ça reprend.

Sveg, la prochaine ville est à 15km, par la E45, peu fréquentée à cette heure. Pas de gros dénivelés, ça roule bien, le problème c'est que la pluie tombe de plus en plus fort et que ça devient franchement désagréable, surtout quand il passe un camion qui vous envoie ses éclaboussures.

Je ne cherche pas un abri, me disant que je me sécherai à Sveg, mais je trouve le temps long.

Le premier supermarché c'est un Coop ça tombe bien j'en avais marre des ICA... Mais à vrai dire Ils ont les mêmes produits.

La "konditori" est un lieu plus sympathique. J'ai une place près d'une prise de courant. Mes affaires vont sécher, seulement la météo a changé depuis hier : c'est pluie toute la journée !

Y a-t-il un moyen d'y échapper ? Prendre le train ? Il y avait l'inlandsbana , le train touristique, il est parti à 10h10. Le reste ce n'est que des bus. Attendre demain en passant la journée au camping ? Moyennement excitant.. Alors finalement je me décide à repartir dans la pluie, il faut assumer, il y a toujours un jour comme ça dans un voyage.

À la sortie de la ville, c'est curieux, il faut prendre le pont de la voie ferrée.


La route moyennement fréquentée me conduit sous une pluie pas trop forte mais durable à Lillhärdal, où j'espère trouver un abri pour manger quelque chose, je n'ose trop espérer un resto.

Au supermarché local ils ont un coin café, je m'installe avec un sandwich et un café, et à la sortie constate qu'il y avait un resto tout près.

Par contre il ne pleut plus. Pour l'instant. C'est toujours bon d'en profiter, sur une nouvelle route qui part plein sud et qui est très calme. On a quelques vues sur un lac, l'Ormosjön

C'est fou ce qu'on se sent bien quand la pluie s'arrête ! Tout est beau, les forêts, les monts lointains, et les rivières qui coupent la route, notamment celle ci qui s'enfonce dans la roche.


Cette route monte, pas très raide mais il faut être patient, il y en a pour un moment, il faudra atteindre 690m d'altitude. Le ciel quant à lui commence à s'assombrir beaucoup.

Je me suis lancée dans une entreprise bien hasardeuse... Ma tente mouillée, la pluie, les moustiques, pas terrible le bivouac dans ces conditions...

J'imaginais que le plus haut serait à la limite des deux régions, le Härgedalen et le Dalarna (Dalecarlie) où je vais. Mais non. Je passe la limite et ça monte toujours.


Et le ciel de plus en plus gris... Peu après cette frontière se trouve un village, Ulvsjön. Des gouttes tombent, et à la sortie du village l'averse commence, je me décide à mettre la cape, avisant à droite de la route un bouquet d'épicéas pour me protéger.

À gauche de la route je vois une clôture rouge, à l'intérieur un espèce de clocher, jetons un coup d'œil.


En effet c'est un clocher au milieu d'un cimetière. À l'intérieur (un débarras) il fait très sombre , je n'arrive pas à voir la cloche.

À côté de cette enclos se trouve une petite cabane, avec une serrure. C'est forcément fermé, mais bon, je teste...

Et là porte s'ouvre !! Et à l'intérieur c'est tout à fait charmant, tout clair, tout propre. Eh bien voilà un hébergement tout trouvé!

Je n'installe pas tout immédiatement, au cas où quelqu'un viendrait... Mais il ne vient personne et j'entends la pluie cogner avec violence sur le toit, et je vois les moustiques voleter derrière la vitre... Quel délice !


La photo c'est un Jésus Sacré cœur. Pas pire qu'un crucifix...
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Couvert puis se dégage


La différence entre le jour et la nuit commence vraiment à être sensible. J'ai failli allumer la frontale avant le coucher, et le matin (bien dormi) je suis réveillée par le jour. Je m'efforce de ne laisser aucune trace de mon passage, merci Jésus Christ, départ 8h30.


La montée commencée hier n'est pas terminée, mais la première de la journée ça va toujours et l'air un peu frais ça aide.

C'est ici une réserve naturelle. Des sentiers de randonnée traversent la Bon, là, ça y est, j'y suis. J'aurais cru que ça descen. La forêt est toujours là, mais est interrompue par de grandes tourbières planes et vertes... mais éviter de tenter d'y planter la tente !


Ce n'est pas une montée continue, c'est par paliers et après chaque côte je me demande si je suis au sommet.

Un coup d'œil vers l'arrière

Bon, là, ça y est, j'y suis. Oui , ça redescend mais pas tant que ça, c'est un plateau ?

Mais enfin je vais être fixée, en haut d'une côte un peu costaud...un panneau ! Il indique 692m, le voilà seulement ce col tant attendu.


Faisons croire à un exploit...

Et en effet maintenant ça descend vraiment

Et c'est une route à la fois agréable et très belle, différente des paysages traversés jusqu'ici. Elle évoque les routes de montagne de chez nous. Elle longe un torrent (Rymman) à l'eau un peu ferrugineuse, circule sous des pentes boisées raides, parfois rocheuses.


Pour la première fois depuis plusieurs jours je croise un voyageur cycliste, un(e?) jeune qui monte et n'a pas l'air de vouloir s'arrêter.

Il y avait déjà un peu plus de circulation que ce matin, mais quand on arrive à la route vers Älvdalen puis Mora l'ambiance change, c'est un défilé quasi continu de voitures.

Je mange sur une table en bois devant le supermarché et en face du musée du porphyre. Älvdalen est connue pour son gisement de cette roche rose.

En voici un échantillon :



Une statue qui n'est pas en porphyre, celle d'un fabricant d'accordéons, Hagström.


Pour aller à Mora pas besoin d'emprunter la route encombrée de tout à l'heure, un itinéraire un peu plus long et bien plus tranquille est plus ou moins parallèle, au sud de la rivière, une rivière qui est plutôt une succession de lacs du fait de la présence de plusieurs barrages hydroélectriques.

Le long de cette route, des bois de pins (original !) et des hameaux de constructions traditionnelles, et là ce ne sont pas des musées. On admire aussi une jolie petite église aux toits de bardeaux.


Sur plusieurs panneaux indicateurs il est mentionné la "Vasaloppet", une célèbre course de ski de fond (90km), un évènement suédois analogue au Tour de France (très apprécié aussi en Suède d'ailleurs).


Vasaloppet= course de Vasa (roi de Suède)

Bref c'est ici le tracé de la course, l'arrivée est à Mora. Elle a lieu en mars.

Une ligne de chemin de fer suit également la route, ça doit être les derniers kilomètres de l'inlandsbana, dont le terminus est à Mora


À l'approche du bourg quelques kilomètres sur une piste cyclable me mènent directement au camping "First camp", à côté de ce camping celui de Lycksele était petit. Le prix n'est pas mal non plus, 360 couronnes soit plus de 30€. Aussi quand je m'aperçois que comme à Lycksele la cuisine est totalement dénuée d'ustensiles et qu'ils n'ont pas de casserole à me prêter, je me fais rembourser et vais trouver une place juste à côté, près d'une table de bois. Mais j'ai eu les codes pour les sanitaires, je pourrai prendre une douche 👿.

Un petit tour dans la ville, ambiance touristique un peu déplaisante et pas grand chose de très typique, à part l'église.

Le petit cheval est une "spécialité" de la Dalécarlie, et la statue est celle d'Andres Zorn, peintre local mais de renommée internationale dont je visiterai le musée demain.

C'est le premier soir depuis très très longtemps que j'utilise la frontale.


En arrière plan, le musée, et une passerelle où passe la "Vasaloppet"
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Beau temps, plus ou moins de nuages


La tente est mouillée par la rosée mais le soleil brille (depuis 4h du matin), et va la sécher.

Tout est plié vers 8h30, le musée ouvre à 9h. Mettons à profit ce laps de temps pour aller prendre une douche au camping. Je déborde quelque peu, je fais aussi un peu de lessive. Je ne suis au musée que vers 9h30, mais c'est une bonne heure, c'est calme.

Anders Zorn est né (1860 ) et mort (1920) à Mora, entre temps il a voyagé mais ce lieu est toujours resté son point d'ancrage, il a peint les paysages d'ici, les gens, les costumes et traditions régionales. C'était donc logique qu'avec sa femme (Emma) ils souhaitent rassembler ses œuvres en créant un musée ici.

C'était un peintre dans la mouvance impressionniste, qui a eu beaucoup de succès de son vivant. Déjà à 20 ans ce tableau "deuil" avait fait sensation et fait connaître.



C'est vrai que ses tableaux sont toujours très esthétiques, et ses portraits très expressifs et originalement mis en scène. Il était très demandé pour les portraits.


Son petit chien, l'église de Mora sa femme, la bonne, des paysages

Il a peint la lumière de la nuit nordique.. à voir de préférence sur l'original !


Le deuxième tableau s'appelle "minuit"

Et la vie à Mora et ses traditions


Je sors vers 11h, ce n'est pas très très grand... Ce que j'apprécie aussi ! Dans la ville la rue piétonne est pleine de monde et la konditori aussi.

Le ciel est bleu et il fait chaud. Départ en direction du lac Siljan que je vais contourner sans le voir très souvent en réalité. Mais c'est à ces moments là que je prendrai des photos.

Je suis des itinéraires cyclables, quelques uns réservés aux vélos mais peu. Ce devrait être une petite route mais ça circule. Passage au village de Sölleron puis devant son camping. Heureusement que je n'ai pas prévu d'y faire étape. La foule s'y presse pour une manifestation non identifiée mais bruyante en tout cas

On l'entend encore sur le très long pont qui suit, et même plusieurs kilomètres plus loin, à un endroit où je m'arrête manger au bord du lac.


Un oiseau chante, lance des sifflements, perché sur un piquet. Hélas je n'arrive pas à voir à quoi il ressemble.

La route contourne toujours le lac, que l'on voit encore moins souvent qu'avant. L'avantage de la forêt c'est que les arbres font de l'ombre et on est bien.

Le premier village, sur une hauteur, s'appelle Siljansnäs. Je me sers en eau à côté de la grande église blanche.


En redescendant, je m'arrête pour un café dans un petit kiosque, tables et parasols dehors. Je ne sais pourquoi ni comment, je me mets à penser au voyage de retour. Prévu fin juillet début août. Mauvaise période, les places vélo sont déjà prises, alors sur le champ je fais toutes mes réservations, départ le 2 août de Hambourg, arrivée le 3 à Bourges.

Et l'heure a tourné, déjà 19h, mais bon temps bonne pour rouler. Vue sur l'eau , et des verts prés, et des maisons rouges.

À Leksand, une ville relativement importante et bien animée, je me dépêche de faire quelques courses pour repartir rapidement et essayer d'avancer un peu en direction de Falun, afin de ne pas arriver trop tard demain pour visiter la mine.

Après une plaine urbanisée commence une ascension en direction de la forêt.

Je me mets à entendre des couinements. Un animal ? Eh non c'est mon vélo... A-t-il seulement besoin d'être graissé, ou c'est autre chose ? Je ne vois rien en tout cas...

Au bord de la route les constructions sont encore nombreuses. Quand ce ne sont pas des maisons rouges, ce sont des fermes ou des granges, toujours de construction traditionnelle. Rien ne dépare en tout cas.

Tout en grinçant je monte, et parfois fort. Dans la forêt de toute façon pas d'arrêt possible. Par contre à l'arrivée dans un hameau entouré de prés fauchés, je me laisse tenter. Il me reste une quarantaine de kilomètres mais ça va descendre après...

Il y a même une table de pique nique au bord de la route. Et pas trop de moustiques.

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Très beau temps, chaud


Ce qui est bien agréable ce matin, c'est d'être à l'ombre des arbres qui entourent le pré. Petit déjeuner sur l'herbe

J'ai mis de l'huile partout, malheureusement le grincement persiste, dès qu'il faut appuyer un peu sur les pédales. Je commence à m'habituer mais c'est quand même inquiétant.

La route est tranquille jusqu'à un village appelé Sågmura où se trouve une grande usine qui ne fonctionne sans doute plus.



Sågmura

J'ai du mal à rejoindre l'itinéraire indiqué par mon GPS. C'est curieux, cela ressemble à une ancienne voie ferrée, ça serait bien... Oui mais du goudron ça passe au gravier, du gravier au chemin de terre... Bref il va falloir reprendre la route !

Dommage car il y a un peu plus de circulation, surtout quand je rejoins la route principale venant de Mora.

Heureusement assez vite je trouve une piste cyclable parallèle, puis une petite route qui s'écarte et longe un lac. Les gens s'y livrent à des activités dominicales, pêche, baignade, farniente au bord de l'eau. Et un peu de cyclisme, c'est la première fois que je croise tant de vélos.


À l'entrée de Falun première chose que je vois c'est un supermarché Lidl où j'entre pour acheter leur pain aux noix qui est mangeable, et pas trop lourd.

Et puis je me dirige tout de suite vers la mine, une ancienne mine de cuivre qui a approvisionné l'Europe entière pendant des siècles et qui est maintenant classée au patrimoine mondial Unesco.

Je traverse un joli quartier de maisons en bois.


Pendant que je cherche ma route une cycliste me demande si j'ai besoin d'aide, et l'invite à la suivre car elle va dans la direction de la mine.

Ça tombe bien, elle parle très bien français ! Elle est originaire de Suisse (Berne), a appris le français à l'école mais aussi séjourné en France. Elle s'appelle Christine, vit en Suède depuis plus de 30 ans.

Elle s'arrête à une boutique thaï pour acheter des nems .. et dans le fil de la discussion m'invite à dormir chez elle ce soir... je n'hésite pas longtemps du tout à accepter !

Elle téléphone pour se renseigner sur la visite de la mine, et me réserve une place, comme ça je peux l'accompagner chez elle maintenant. Elle habite précisément dans ce beau quartier ancien, me propose une chambre fort confortable et m'offre du sirop de sureau.

Elle va partir avec son mari (absent pour l'instant) faire une balade en kayak. Moi je resterais bien à me reposer mais il faut que je reparte dans la chaleur, pour la visite.

Le site fait plus de 40ha autour de l'immense fosse, résultat d'un effondrement au 17e siècle qui n'a tué personne car c'était à la St-Jean.. Autour on stockait et traitait le minerai,. On le brûlait pour extraire les quelques % de cuivre pur présent dans le minerai et la ville était en permanence dans un nuage de fumée. Autour se trouvent de nombreux bâtiments annexes, dont je n'ai pas toujours compris la fonction, et le musée. Et des bars boutiques et restos bien sûr. Et même un magasin de vélos.


Je change mon heure de visite car j'ai 30 minutes d'avance. Je ne sais pas si c'était une bonne idée, même s'il y a seulement trois Polonais avec moi. La guide est bien gentille mais elle parle mal anglais, je ne comprends rien, et en plus elle lit son texte dans un carnet.

On nous donne des casques et des capes, ce qui n'est pas inutile car les plafonds sont bas et l'eau suinte de partout. Il fait un peu froid mais (grâce à Christine) j'ai pensé à prendre ma doudoune.

Ce n'est peut être pas si important les explications, la visite donne une idée de l'atmosphère de la mine, l'obscurité, l'humidité permanente . Le sol est humide et glissant. Et encore, pour les visiteurs modernes ça a été aménagé.

Aux temps anciens la technique c'était d'allumer des feux pour faire claquer la roche, et les mineurs extrayaient les pierres à la pioche puis les transportaient à deux sur des brancards de 100kg. Mais bon, au cours des ans les techniques se sont évidemment perfectionnées.



Le puits par où on montait les seaux de minerai. Des galeries étayées par des rondins de bois

Il était nécessaire de pomper l'eau du sous sol en permanence, on a inventé un système en utilisant l'énergie hydraulique et une grande roue.

On remonte par un ascenseur et on s'étonne de sentir la chaleur à l'arrivée.

Reste à visiter le musée. Comme d'habitude c'est ardu les commentaires en suédois et anglais et les termes techniques ça n'arrange rien.

La mine est très ancienne, la légende dit qu'elle a été découverte il y a un millénaire par une chèvre appelée Kåre qui rentrait le soir avec des cornes rouges. Elle a été exploitée jusqu'en 1992 avec plus ou moins d'intensité.


Le minerai, le déchet, et le cuivre pur brut

Au Moyen Âge la Hanse se chargeait d'en faire le commerce. Au 16e la couronne suédoise a pris la main mise dessus, avec le fameux Gustave Vasa qui a maté une révolte en 1533. Au 17e on extrayait 70% de la production mondiale de cuivre.

Le minerai contenait d'autres métaux, qui ont également été extraits,, notamment le zinc et le plomb, et en quantités bien moindres l'argent et l'or.

Mais ce qu'on pourrait appeler un sous-produit, fabriqué en utilisant les déchets du minerai, et qui a une importance énorme, c'est une peinture rouge... Qui va couvrir la majorité des maisons suédoises. Le "rouge de Falun".

L'inventeur, au 16e siècle, voulait imiter les maisons de brique des pays riches..

Et depuis le succès n'a fait que croître. À partir du 19è on l'utilisait partout. Et c'est maintenant toujours à la mode. La peinture a plein de propriétés intéressantes, protection du bois, durabilité... et c'est une belle couleur !



On la fait maintenant aussi en noir..

Et elle est toujours fabriquée ici


Après cette visite je suis crevée, sans avoir fait vraiment la visite complète, normalement on peut faire le tour de la fosse.... Je rentre chez Christine et Anders, qui ne sont donc pas là, elle m'a laissé la clef.

Douche repas et un peu d'écriture. À 22h je ne tiens plus debout, je n'attendrai pas leur retour et m'endormirai d'un sommeil profond...

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Très beau temps, un peu de vent (sud)


Petit déjeuner avec Christine et Anders, müesli au yaourt, pain et fromage. Ils sont rentrés hier à 23h, rien entendu.

La matinée est consacrée à régler les problèmes mécaniques sur le vélo. Anders m'aide un peu, à un moment donné le chargeur remarche puis le fil électrique se casse définitivement. Je file au magasin de vélo près de la mine...qui est finalement fermé, puis à celui qui est en ville, un jeune gars me remet les fils en place (sans me faire rien payer), le chargeur fonctionne de nouveau, pour la lumière c'est pas réglé. Quant au grincement...il a disparu aussi mystérieusement qu'il était venu !

Et je pense enfin à gonfler les pneus, qui n'avaient pas perdu beaucoup d'air en fait.

Je vais pouvoir jeter un coup d'œil au centre ville, plutôt agréable. La petite rivière qui traverse la ville y fait beaucoup.


L'église, l'hôtel de Ville et la statue d'un dénommé Engelbrek

Un petit tour encore dans les quartiers de maisons de bois, je rentre chez mes hôtes. Il est 11h, je me prépare à partir tout de suite mais me prépare tellement longtemps, tout en discutant, que vient l'heure du déjeuner et l'invitation de le prendre avec eux. Je devrais dire lunch car vraiment c'est léger, salade de riz et un petit nem. On parle de la forêt, Christine dit que la Suède se fait rappeler à l'ordre par l'UE pour la gestion de ses forêts, et qu'il y a des gens qui militent pour protéger la forêt et mieux la gérer.

Cette fois, 13h, c'est vraiment le départ, on fait des photos souvenir.

Christine m'a conseillé un itinéraire cycliste qui s'appelle Runnleden et qui suit la rive du lac de ce nom, Runn.


Lac Runn, au départ.

Je m'imagine un chemin tranquille, plat, avec vue permanente sur le lac... C'est pas vraiment ça. Le chemin est très gravillonneux, il monte et descend, et la vue sur le lac est empêchée par des arbres... et une voie ferrée. Pour arranger les choses le vent vient d'en face.


C'est quand même agréable d'être près du lac et hors des routes. D'ailleurs les promeneurs cyclistes sont nombreux. Je m'arrête pour une agréable pause goûter + sieste sur un banc tout neuf dans une petite baie très ventée, pas de bestioles comme ça. Plus loin je fais quelques courses dans un supermarché et échange quelques mots avec une jeune cycliste qui se promène avec son petit garçon sur le porte bagage.

On voit un peu mieux le lac quand la voie passe de l'autre côté. Il n'est pas très large, l'eau est bleue et parcourue par des bateaux blancs.


Séchage du foin à l'ancienne... J'ai connu ça

Torsång était une destination que j'avais choisie parce qu'il y avait un camping, mais celui-ci n'a pas l'air génial et il n'est que 17h. Pas grave, Anders m'a parlé d'une belle église, Christine d'un café sympa, les deux sont ouverts et méritaient en effet le détour.

Le site est très beau, entre rivières et lacs, et très apprécié, aujourd'hui les Suédois veulent profiter de l'été, tant qu'il est là.



L'église date du 13è siècle, c'est une des plus anciennes de Suède. En pierres de tailles et couleurs différentes, clocher séparé en bois. Elle est ouverte, tout blanc et de belles voûtes.


Je me dirige maintenant, dans le soleil (en face), vers une autre église, celle de Stora Tuna, à côté de la ville de Borlänge. On en voit la flèche élancée de loin. J'en fais le tour et constate que l'église ouvre demain à 8h.

Autour c'est un immense cimetière mais les grands espaces d'herbe tondue ne sont pas tous occupés par des tombes. Il y a de quoi s'installer, et même à proximité de tables.

Comme ça je pourrai aller voir l'église demain matin.


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Nuageux puis couvert, un peu de pluie


Je me suis levée tôt (6h) parce que le bâtiment à côté ressemble à un endroit où les gens vont travailler. Mais ça ne servait à rien, quand je mets le nez hors de la tente le parking est plein... De toute façon personne ne vient me dire quoi que ce soit.

Je pense que ce sont les jardiniers, car quand je remonte vers l'église ils s'activent de tous côtés.

L'église est déjà ouverte à 8 heures moins dix.




Après la visite, rapide car ce faste ne m'attire particulièrement, je pars sur une petite route dans la campagne ensoleillée. Le vent ne souffle pas encore, il faut en profiter car il sera contraire. Un grand calme règne. Les champs sont verts et les hauteurs boisées sont zébrées de pistes de ski ou quadrillées par des coupes rases. C'est pas beau.


Une petite église, clocher séparé toujours

J'avais trop chaud, j'ôte la chemise et juste après le vent se lève et le ciel se couvre. Il faudra la remettre, puis mettre la veste, et même la cape quand il va tomber quelques gouttes.

Entre temps j'ai rejoint une route un peu plus passante, sans trop, et qui a ceci de plaisant, c'est qu'elle côtoie de nombreux lacs.


À l'entrée de Grangärde je quitte l'itinéraire cyclable "Sverigeleden" pour trouver supermarché et café, et là la circulation est bien plus importante.

Après les courses je vais m'installer sur un banc près de l'église. Il ne fait pas chaud.


Pour le café, rien de formidable non plus, c'est le café restaurant d'un camping. Mais je peux recharger le téléphone. Le camping quant à lui semble très venté et n'est pas du tout tentant.

Un coup d'œil sur la météo m'apprend que demain sera pire qu'aujourd'hui alors de toute façon autant continuer.

La pluie, il y en aura mais disons plutôt un pleuviotement. Des lacs, il y en aura encore, et plus loin de grandes zones de tourbières.


La circulation gâche le plaisir. Et ça monte en permanence. Depuis ce matin j'aurai plus de 800m en dénivelés positifs.


Profil de la journée

Au début ça va, j'apprécie que le vent ne me gêne pas. Mais à la fin j'en ai marre, je serais prête à bivouaquer dans les coupes forestieres ou les marécages. Mais heureusement, il n'y a vraiment pas d'endroit, et puis soudainement on arrive en haut et c'est une grande descente qui suit.

Elle me mènera jusqu'à un lac, où des gens se baignent. Baignade ? Plage ? Ce sont généralement des endroits favorables. Et en effet, quand les gens qui sont là finissent par s'éloigner de la table de pique nique, je m'empresse de la squatter pour monter la tente à côté.

D'autres gens passeront et n'auront pas du tout l'air de s'offusquer de ma présence.



Je constate que je suis à la même altitude que les Îles d'Åland. Voici le trajet effectué depuis.


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Pluie


C'est la première fois que la lumière a baissé jusqu'à un point où l'on puisse dire "c'est la nuit". Une nuit encore un peu claire, et courte, à 3-4h du matin il fait grand jour.

La pluie ne me gênera pas trop pour plier, je fais tout à l'intérieur de la tente, même le p'tit dej, je fais chauffer l'eau dans l'auvent.

Et au moment de démonter (c'est rapide avec cette tente), la pluie me laissera un répit. Elle reprendra aux premiers coups de pédale.

le lac sous la pluie 

La localité de Fredriksberg est à 3km sur la route... enfin je croyais, je passe sans rien en voir. Finalement c'est mieux comme ça, il j'ai le temps d'arriver pour le déjeuner à la prochaine ville,bHagfors, à 54km.

La route qui y mène (n°245) a une partie commune avec une autre plus importante, qui n'est autre que la "route de l'intérieur", E45, et c'est pas drôle, voitures et camions roulent trop vite par ce temps pluvieux.

Enfin retour sur une route plus calme, et puis un cycliste qui arrive derrière moi ralentit pour me faire un brin de conversation. Il parle français, il est belge, de Bruges, et a étudié le suédois. Il fait un tour avec juste deux sacoches, dort dans les hôtels. Il va à Göteborg, une manifestation sportive y a lieu la semaine prochaine, d'où difficulté pour s'y loger. Aïe.

Un moment passé agréablement... Il continue à son rythme, la pluie aussi, je ne vois rien du paysage. Et ne fait aucune photo.

Juste avant Hagfors je suis contente de quitter la route pour une belle piste cyclable à travers bois, et à Hagfors une station service où je me reconstitue un peu, pour repartir gaillardement, toujours sous la pluie vers Ekshärad où j'ai réservé un hébergement. La route, encore assez fréquentée, est bordée d'arbres et buissons feuillus presque à ras de la chaussée, c'est inhabituel ici.

En entrant à Ekshärad on traverse une large rivière et on admire une grande église rouge.


L'hébergement est dit vandrarhem mais ressemble plus à un hôtel. J'ai une chambre à deux lits qui sent un peu la renfermé pour 500 SEK soit 43€. Je peux me servir de la cuisine. Je me réjouis d'être là, la pluie ne cesse pas, et ne cessera pas de la soirée, voire de la nuit...(il fera nuit).

La "logeuse" a travaillé en France à Nice et Lorient mais ne parle pas français.

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Beau temps pas chaud, nuages, vent


Ayant déballé toutes mes affaires hier soir il me faut un moment pour tout ranger, un autre moment pour sauvegarder mes photos, petit déjeuner en bas, départ 10h.

Il a plu une bonne partie de la nuit, le ciel était encore bien couvert ce matin, ça va laisser le temps aux nuages de se dissiper.

C'est bien agréable de rouler sans pluie. Je suis d'humeur flâneuse, je n'hésite pas à suivre le fléchage indiquant une "stavkirke" (église en bois). C'est au milieu des bois et c'est charmant, on y ferait volontiers étape dans un pèlerinage à la tombe de St Olaf à Nidaros (Trondheim).

Je retourne à la route mais pas pour longtemps, une route non goudronnée entre dans la forêt, et monte assez raide au départ...


Un peu dur mais c'est beau, et c'est un grand plaisir de retrouver le calme. Les arbres sont toujours les mêmes, quelques épicéas et bouleaux mais grande majorité de pins sylvestres, hauts, droits , lisses.

La forêt alterne avec de riantes campagnes, et bien sûr des lacs.

Quant à la route, elle est parfois goudronnée et parfois cahotante. Est ce l'accumulation ou le cahot de trop ? Une attache de ma sacoche avant droite se décroche, mais pas moyen de la remettre, c'est une vis qui est cassée.

Je sors la trousse à outil, ne vois rien avec quoi réparer, et vais récupérer au fond de cette même sacoche le bon vieux tendeur de remplacement qu'il ne faut jamais oublier. Je m'y prends à plusieurs fois mais ça a l'air de tenir.

Mais c'est pas fini. Je continue tranquillement ma route quand soudain, nouveau claquement, blocage brutal. Victoire, j'arrive à ne pas me casser la figure. Pourtant le tendeur que j'ai mis est toujours à sa place. .. c'est le tendeur arrière qui est complètement enroulé autour du moyeu. C'est que j'avais complètement oublié de fermer la trousse à outils et remettre le tendeur. Je n'ai pas l'impression que des outils se soient échappés. Par contre je vais avoir du mal à détacher le tendeur des rayons.

C'est reparti...Mais l'heure a tourné, plus de 13h. Ça tombe bien, voilà un lac, un chemin qui y mène, et une table de pique nique. Inconvénient, le vent souffle fort. Et puis voilà une brusque averse, je suis obligée de terminer mon casse croûte... sous la table.

Le parcours va se poursuivre en forêt, rejoignant des routes goudronnées et même fréquentées. À la sortie de la forêt on suit la vallée d'une rivière élargie par des lacs. C'est beau ces prés verts parsemés de peupliers et autres feuillus.

Oui mais... Le vent, qui ne me gênait pas trop jusqu'alors vient du sud... et je le prends de plein fouet, alors la fin du trajet vers Sunne est plutôt dure.

À la halte nautique au bord de la rivière le camping est interdit et l'environnement bruyant. Des voitures passent avec la musique à fond. Eh oui ça se fait ici aussi...


La grande église est sur une hauteur,, de l'autre côté de la rivière par rapport au centre ville . Qui n'est d'ailleurs pas bien grand, ce sont des quartiers pavillonnaires que je traverse pour aller voir le camping.

Celui-ci est sans doute le pire que j'ai vu. Les camping cars et caravanes sont à touche-touche sur plusieurs hectares, pas de place pour les tentes...rebroussons chemin...


Et ressortons de la ville, et allons voir cette église là haut...

Comme d'habitude les pelouses vertes ne manquent pas à proximité. J'évite de me mettre à l'intérieur du cimetière mais je suis juste derrière le mur .

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Beau temps, quelques nuages, vent sud


J'ai prévu de me lever tôt pour ne pas me faire surprendre par une foule de jardiniers ou autres, mais c'était bien inutile, il passe deux visiteuses et deux jardinières qui ne prêtent aucune attention à ma tente.

Une grande stèle juste derrière le mur et qui veillait particulièrement sur moi était celle d'un carillonneur et organiste prénommé Jonas, bref plutôt sympathique.



Les cloches ont sonné toutes les heures au fait. Mais pas trop fort, juste bien.

Je vais jeter un coup d'œil à l'église, ouverte ce matin.


L'église a été construite au 19è à la place d'une ancienne église qui avait brûlé. L'intérieur est encore plus récent, un style qui ne m'inspire guère.

Dans une église de cette taille forcément il y a des toilettes, c'est bien appréciable.

C'est dans le soleil et pour l'instant sans vent que je prends la route vers Mårbaka, le manoir de Selma Lagerlöf. Une route goudronnée et une autre non, bordée d'arbres à la traversée d'un joli hameau .


Les visites ne commencent qu'à 11h et il n'est que 10h, pourtant les visiteurs sont déjà là. Mais c'est plutôt plaisant d'attendre ici et commencer à regarder les bâtiments et les plates bandes fleuries.


Mais vers 10h30 c'est la queue au guichet, je vais sagement acheter mon billet. Je me débrouille tellement bien pour réaliser cette transaction dans la langue locale que le guichetier m'inscrit d'office dans une visite en suédois. À vrai dire je ne pensais pas ça possible autrement, je ne vois que des Suédois. Ce n'est d'ailleurs pas le même public que celui des supermarchés ou des pizzerias.

La visite n'est qu'à 11h20 alors je vais prendre un café avant.

Le guide est un gars assez jeune, barbu et très bavard, et évidemment je n'y comprends rien. À part qu'il a dit qu'il fallait éteindre les portables. Comme il y a du monde on ne peut même pas bien se déplacer pour regarder les objets.

Et presque à la fin je me rendrai compte qu'il y avait juste derrière une visite en anglais avec seulement trois personnes. Je me joindrai à eux, mais je constate que la guide en raconte nettement moins...et que je ne comprends pas beaucoup plus.

Et comme la visite est guidée eh bien il n'y a pas de panneaux explicatifs. Je ne regrette quand même pas mes 195SEK (17€), car la maison a été conservée dans l'état où l'écrivaine l'a laissée à sa mort en 1940. Les pièces qu'on visite au moins. Salle de réception, salle à manger, cuisine, bibliothèque avec le bureau où elle écrivait. Dans la bibliothèque sont les grands classiques mais pour ce qui est de ses contemporains notamment les français, aucun des grands auteurs de son temps, que des inconnus.

Dans la cuisine une très grande cuisinière à bois, un évier en cuivre et des espèces de pains en forme d'anneaux alignés sur des poutres. Les récepteurs téléphoniques accrochés aux murs. Portraits, photos, bibelots divers, bref ce qu'on trouve dans ce genre d'habitation.

Selma Lagerlöf est certainement l'écrivain le plus populaire de Suède, en France on connaît "le voyage de Nils Holgerson à travers la Suède". Elle a eu beaucoup de succès de son vivant et a obtenu en 1909 le prix Nobel de littérature.

Par rapport à la maison, elle y est née et y est morte, mais n'y a pas toujours habité, car ses parents l'ont vendue et ce n'est que bien après qu'elle a réussi à la racheter.


Après un petit tour au milieu des fleurs et un sandwich, il faut se mettre à pédaler, je n'ai fait que 9km aujourd'hui. Mais je vais réussir à en faire 71 autres dans l'après midi, ce qui est pas mal.

C'est qu'il fait très beau, pas trop chaud, et le vent est moins gênant qu'hier.

Après une partie en forêt je rejoins cette rivière - succession de lacs appelés Fryken qui passait à Sunne. La plaine est cultivée en céréales et en sarrasin.


À Fagerås seul lieu "civilisé" du parcours je trouve une pizzeria où boire un café, à côté il y a un supermarché 100% self service. J'arrive à scanner moi même les courses. Cas de force majeure pour manger correctement ce soir.

Je repars comme j'aime à la lumière du soleil du soir, commençant par rouler, pour la dernière fois je pense, sur la E45 étonnamment plate et peu fréquentée, ensuite les reliefs reprennent.


Une borne ancienne

Et j'arrive à Borgvik où il y a plusieurs possibilités, l'église, les bords du lac, peut être un camping.

Je néglige l'église et m'en veux après, j'aurais dû au moins y jeter un coup d'œil (mais ça montait)... Je trouve le camping, tout petit, personne à l'accueil, pas de cuisine. Je m'installe près d'un abri au bord du lac, supposant que je ne suis pas dans l'emprise du camping.

Il y a des gens un peu bruyants autour mais ça ne dure pas.

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Temps couvert, pleuviotement


Au réveil il ne pleut pas encore, c'est la rosée qui a mouillé la tente.

Départ 8h15. Le lac est encore plus mélancolique ce matin.

Un ciel annonciateur de pluie

Je viens de faire cette photo quand tombent les premières gouttes, qui resteront assez sporadiques.

Je suis un itinéraire cycliste qui s'appelle "Unionsleden" , "chemin de l'Union" parce qu'il relie la Suède et la Norvège, il va à Moss, sur la côte au sud d'Oslo. Après avoir traversé une zone forestière, il passe sur un pont mobile, qui ne doit pas bouger souvent, sur la rivière Byälven.


Un beau bateau est ammaré, il ressemble à un drakkar. Et en effet, après avoir passé le pont je constate que le bâtiment à côté est un "centre viking" où on pratique en costume à des reconstitutions de la vie des Vikings. Ça n'ouvre qu'à 11h, pas grave.

Je me demande si cette ferme imposante est viking aussi.



Je vais rester plus longtemps que prévu dans ce village, il n'y aura ni autre supermarché ni café avant longtemps.

Le café est une boutique de produits artisanaux qui fait également café, j'en ai déjà fréquenté plusieurs comme ça. C'est une dame un peu âgée alors je m'exprime en suédois. Mais quand je flanche il s'avère qu'elle parle bien anglais évidemment.

Je mets un moment à écrire à tous les cyclistes warmshowers de Göteborg avant de me rendre compte que le premier de la liste, Lars, m'a déjà répondu positivement.

Et je continue à suivre l'itinéraire "de l'Union" . Il n'est pas longtemps goudronnée, traverse la forêt,passe dans des coins jolis..


Mais rapidement je me rends compte de mon erreur. J'aurais y regarder d'un peu plus près. Le relief est épouvantable, ce ne sont que montées et descentes mais très très rapprochées et très très raides. À plusieurs reprises je suis obligée de pousser. Les possibilités de prendre de l'élan sont limitées, il faut freiner. Et user les freins voire les jantes..

Certes on ne s'ennuie pas, à négocier les raidillons et les meilleurs passages, certes c'est une belle traversée... Mais j'eus préféré plus confortable.


C'est la fin du Värmland, entrée dans le "Västra Götaland".

Enfin, à mon grand soulagement je vois que la chaussée se transforme : le goudron ! Et ça tombe bien, voilà une grande descente, et là je peux filer !


J'atteins une route où ça circule ..et là j'étudie bien la carte : si je continue à suivre l'itinéraire vélo j'en ai encore pour 15km de montagnes russes. Entre deux maux...

Mais une route principale c'est quand même bien moins dur, et assez vite j'arrive à Billingfors, devant une énorme usine très puante. Vérifié, c'est bien une papeterie.

Mais mon but est un peu plus loin, un camping. Un chemin pas très poétique longeant une voie ferrée y mène. Mais le camping est correct. Personne à l'accueil, mais on peut entrer partout, toilettes douches, et cuisine dotée d'une grande table, de cuisinières électriques et d'une seule marmite maïs qui me conviendra pour faire des pâtes aux courgettes et brocolis.

L'inconvénient c'est que ce bâtiment est très éloigné de l'emplacement des tentes, et quand je ressors pour prendre la douche (froide, j'ai pas la pièce qu'il faut ), je me prends une averse.

(photo du matin)

Ensuite, ce n'est même plus une averse, mais un déluge, l'orage, avec un éclair tout proche.

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Temps couvert, venteux


Le temps de faire l'aller et retour aux sanitaires la tente va sécher suffisamment pour que je puisse la monter ce soir en l'état.

En la soulevant j'aperçois un étrange petit tas. C'est un animal, un crapaud. L'ai-je écrasé ? Il ne bouge pas... Mais si, ses yeux clignotent. Et quand j'ai le dos tourné, il change de place.


Au programme aujourd'hui, routes fréquentées, vent contraire, averses.

Un beau lac peu après le départ

Premier arrêt café dans une station service à 22km environ, à Ed. Cette petite ville est située au bord d'un lac, que je contourne pour rouler sur une petite route à peu près parallèle à la grande. Ça fait du bien un peu de calme.

Mais la pluie arrive, au moment où je rejoins la route principale, c'est même une belle douche. Je m'apprête à la supporter jusqu'au bout stoïquement, mais quand je tombe sur une aire de repos avec une table abritée je me dis que ça serait aussi bien de ne pas être complètement trempée. Et j'en profite pour casser la croûte.

Je consulte la météo et constate avec horreur que j'aurai le vent fort en face toute la journée et les jours suivants.

Je déraille à peine arrivée sur la route c'est vite remi en place, mais je n'aime pas ça, et d'autant moins que c'est déjà arrivé une fois ce matin.

Quant au vent, pour l'instant comme c'est en forêt c'est encore tenable.

Deuxième arrêt pour faire les courses à un ICA à côté d'une station service . Ils vendent du café mais sans avoir d'endroit où on puisse s'asseoir.

Il reste moins de 20km jusque Tanumshede et ses gravures rupestres (hällristningar) mais là ça devient très dur, car ce n'est plus aussi boisé. La route est plus petite mais circule toujours beaucoup.

Déjà avant la ville, un site de gravures rupestres est signalé. Ce site s'appelle Fossum. Une profusion de dessins ont été gravés à l'âge du bronze, et sont peints en rouge par nos contemporains, pour mieux voir.

Encore une fois commentaires en suédois et anglais. Le petit texte en français je l'ai trouvé après au musée.

Sont représentés beaucoup beaucoup de bateaux, des guerriers, des animaux, chevaux, cerfs, serpents ...

Beaucoup d'hommes et peu de femmes. La présence d'une femme est remarquable sur ce site .


La femme a une queue de cheval et un rond dans le ventre (enfant ?). Les hommes ont tous leur attribut masculin, une épée. Ceux là apparemment se battent avec des haches.

Je me fais la réflexion que ces coloriages en rouge qui ne sont pas d'époque dénaturent un peu les gravures. Ah justement pas de peinture sur la troisième roche.. à côté la description de ce qu'il y a à voir, notamment un cheval traînant un soleil... mais je ne vois rien de tout ça, seulement un morceau de bateau ! Bref les peintures c'est pas si mal...

L'eau suinte de partout, cache les gravures ou au contraire les fait ressortir. Ce n'est peut être pas par hasard, ce genre de site c'est toujours aux endroits où il y a de l'eau.


Deux couples de visiteurs passent, le ciel est noir et le vent souffle, quelle atmosphère !

Il y a d'autres sites à voir mais je commence par aller au camping où je paye 200 K en liquide, par chance je les ai . Un camping dans le style ancien, de la place pour les tentes, cuisine avec des ustensiles et une salle "de séjour" à côté.

Il est déjà 20h. Tant pis, j'irai voir les peintures demain avant d'aller au musée, qui est juste à côté et n'ouvre qu'à 20h.

Je me fais des pâtes avec des brocolis et du parmesan, et je discute avec un hollandais qui va en Norvège, et la femme d'une famille de Français qui travaillent en Suède depuis plusieurs années et habitent à Stockholm. Ils s'y plaisent bien.

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Pas de pluie mais très nuageux et venteux

Le vent souffle dès le matin sur les drapeaux du camping. Avantage la tente sera sèche.


Finalement il est presque 10h quand j'ai fini de ranger et je commence par la visite du musée. C'est bien, c'est gratuit. Il y a déjà du monde.

Je me réjouis de trouver à l'entrée un texte en français présentant les différents sites de pétroglyphes. J'en visiterai trois sur les quatre.


Ce que je ne verrai pas, ce "dieu du Javelot" qui était sur un rocher au-dessus de la mer. Dommage...

Dans cette zone on a également découvert des restes de villages et des tombes. Certains objets se trouvent ici comme ce collier. On n'a pas retrouvé de textiles, l'habillement des hommes de l'âge du bronze est la copie de découvertes faites au Danemark dans des tourbières.


Quant à la meule de pierre, elle est de toutes les civilisations !

Il est évoqué la vie des humains à l'âge du bronze. Ils voyageaient beaucoup, et en bateau. Un objet d'importance pour eux, ce qui devrait justifier son omniprésence dans les gravures.

On reconnaît des objets qui ont été trouvés ailleurs dans des fouilles , boucliers, épées, cor (instrument de musique), armes. Cela permet entre autres de dater les pétroglyphes. Ceux qu'on voit ici ont été réalisés sur une longue période, entre 1700 et 200 av JC.

Des copies ou photos de ces objets sont exposées, et des parallèles sont faits avec les autres cultures de l'âge du bronze.


Sites de pétroglyphes de l'âge de bronze en Europe

Quant à la signification des gravures, c'est parfois évident, parfois non. Depuis qu'elles sont découvertes les interprétations ont été très variées. On ne connait toujours pas la signification de ces cupules (petits ronds) que l'on voit partout, ou des réseaux, cadastres ou filets? Et pourquoi des mains aussi immenses ?


Sur place, on ne voit pas toujours aussi bien. Par exemple à Vitlycke, en face du musée, la gravure du mariage ci-dessus est tout en haut du rocher et impossible à voir correctement.

Site de Vitlycke . Les "8" sont des arcs.on voit un homme poursuivi par un serpent d

Les visiteurs sont très nombreux. Dans la catégorie "classe moyenne" avec beaucoup d'enfants.



L'autre site proche est "Aspeberget" mal positionné sur la carte du site que m'ont donné des jeunes Françaises. Je perds du temps à le chercher puis passe du temps à en faire le tour, il est bien plus étendu que les autres sites C'est un mont, effectivement. Du sommet on voit le camping et la campagne environnante mais pas la mer comme j'aurais espéré.


C'est là que les gravures sont les plus nombreuses, mais très dispersées et pas faciles à voir et encore moins à photographier, sur des rochers pleins d'eau, ou bien à moitié à l'ombre.

Ou alors je commence un peu à saturer.. car il est plus de 13h, je n'ai pas beaucoup avancé aujourd'hui!

Alors allons y, luttons contre ce foutu vent et accommodons nous de la circulation des touristes, qui est intense. Je n'ai plus rien à manger, il faut que j'atteigne le prochain village . C'est Fjällbacka, dont on voit de loin la flèche sombre de l'église.

Mais de près... Quelle foule ! Le lieu est certes joli, mais très encombré à cette époque !


Et je continue ma route, avec plus ou moins de vent suivant l'orientation et l'environnement (vive les arbres !). Un beau paysage avec partout ces grands rochers lisses. Et parfois la vue sur des bras de mer.


J'irai moins loin que prévu. Peu après avoir trouvé un supermarché pour m'approvisionner car je n'avais plus rien, je trouve la grande église (pas belle) de Brastad et plante ma tente dans un coin un peu abrité sous un gros bouleau pleureur.


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Toujours venteux, mais du soleil

Réveil à 5h30 par des cliquetis... Les robots attaquent !

Heureusement ils ne sont pas assez puissants pour tondre la tente ou le vélo.

En tout cas, grâce à eux, je démarre à 7h12. Le vent souffle encore, mais moins qu'hier et moins en face, et contrairement à hier le soleil brille !

Je continue sur la petite route prise hier soir, qui tournicote dans un environnement campagnard varié, et puis sur la route principale, la 162 qui mène à Lysekil, où je devrais pouvoir prendre un bateau pour traverser un bras de mer (un fjord).


Lysekil a le même genre d'église peu typique suédoise que Fjällbacka. Y avait il quelque-chose à voir dans cette petite ville, à part le port, je n'en saurai rien, car à l'embarcadère, que je trouve facilement, il est indiqué qu'un bateau passe à 9h06 et il est 8h54. Un monsieur arrive pour le prendre et me rassure en me disant qu'on peut prendre le billet sur le bateau.

Ça sera 42 K pas tout à fait 4 euros. Dommage que la traversée ne dure pas longtemps, c'est bien joli. La mer est un peu agitée, ça tangue juste un peu.


La majorité des passagers descendent plus loin, ils vont à Fiskebäckskil, le village en face. Il a l'air en effet très pittoresque, dominé par un moulin à vent. À Östersidan, où je suis descendue, il n'y a qu'une jetée et quelques maisons, et un raidillon où je dois pousser, et fort, pour rejoindre la route.


Cette route circule vite et sur le pont qui va traverser un autre bras de mer l'étroit passage en bordure est plutôt destiné aux piétons. Mais je m'y mets quand même pour prendre des photos car c'est magnifique.


Ensuite je vais bifurquer sur une petite route mais comme toutes les routes du coin en ce moment, ça circule beaucoup aussi... Mais moins vite.

Au détour des virages, ouverture sur des morceaux de mer.


Et puis des petites distractions, les bacs. J'en prends deux pas très éloignés l'un de l'autre. C'est fort plaisant de doubler les longues files de voitures qui les attendent .


Enfin une jolie église. Derrière un golf. Apparemment une certaine catégorie de Suédois aime ça (le golf)

C'est un peu dur ensuite car je roule contre le vent. Normalement la route va changer de direction de façon à ce que j'ai le vent dans le dos, ce sera à un village appelé Nösung où je compte déjeuner. Mais déjà avant ça devrait s'améliorer un peu.

Mais non, c'est pire.... Qu'est ce qui se passe avec le vent ?

Rien... Je finis par me rendre compte que je me suis trompée et que je me dirige à Hälleviksstrand. Mais pourquoi ne pas y aller, c'est presque au bord de la pleine mer...


Parfois c'est bien de se tromper. C'est un très bel endroit. Touristique bien sûr mais on supporte.


Je casse la croûte dans un abri bus (vitré). Peut-être pas poétique mais efficace contre le vent. Et ensuite le café c'est face à la mer.

Je repars sur une petite route qui doit n'être asphaltée que depuis peu, génial.

Elle traverse de vastes étendues rocheuses.


Nösung où je voulais m'arrêter est beaucoup moins intéressant. Ensuite effectivement c'est plus facile avec le vent. Des forêts, des baies, des fjords, quelques hameaux. Au niveau architectural ce n'est plus l'harmonie du Dalarna et du Värmland. Il n'y a plus guère que les fermes qui sont peintes en rouge de Falun.


Il est tard mais je roule toujours. Je voudrais avancer pour arriver tôt à Göteborg demain. Mon cycliste, le dénommé Lars, m'a fait faux bond, après avoir essayé de me persuader d'aller chez un de ses potes dans une île éloignée il me dit qu'il a des problèmes familiaux... Je fais une réservation à l'auberge de jeunesse, très cher ( plus de 50 euros). Des autres à qui j'ai écrit seul un m'a répondu (négativement).

Pour l'instant je vais faire les courses à Varekil après une forte descente, j'oublie l'eau. Tant que je n'ai pas d'eau je continue, jusqu'à une suite de trois ponts traversant un large fjord, le Lakefjorden, en direction de Stenungsund. Le premier, le Tjörnbron , me fait un peu peur, mais la piste cyclable est vraiment bien protégée et permet d'admirer ces vastes étendues marines.

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J'ai trouvé de l'eau peu avant le pont mais maintenant la voie cyclable longe l'autoroute (ou assimilée), comment vais-je faire pour trouver un bivouac ?

Le jour où je n'en cherche pas, voilà un camping. Je vais y faire un tour, c'est bondé et surtout venteux. Mais au moment où je m'apprête à repartir je trouve un petit coin totalement abrité du vent. Ce n'est pas particulièrement isolé par rapport aux campeurs, mais je n'aurai pas mieux aujourd'hui.


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Un peu moins de vent. Nuages et soleil


Départ 7h45. Moins de vent, ou c'est qu'il a changé de direction, j'ai par moments l'impression d'être poussée et ça roule plutôt bien, et sans grands dénivelés.


Peu après le camping

Pendant les premiers kilomètres on voit encore le Hakelfjord, mais ensuite dans l'intérieur des terres c'est d'autant moins intéressant que l'on longe la route, parfois même l'autoroute.

Après un peu plus de 20km apparaissent soudain des usines et autres bâtiments industriels, des grands immeubles, un Macdo... C'est Kungälv, qui a des côtés plus intéressants quand on se rapproche de la rivière, qui a pour nom Göta. On y voit un centre de vieux village et un château médiéval. C'est le château de Bohus, du nom du village où il est situé. Ou de la région ? (Bohuslan).


Juste avant j'avais échangé quelques mots avec un couple d'Allemands qui sont allés dans le Värmland et repartent par le Danemark, mais via Copenhague. Je croiserai énormément de voyageurs en vélo aujourd'hui, presque plus que dans tous le reste du voyage!

Mais au niveau environnement ça empire... L'autoroute, la circulation, les zones artisanales et industrielles.

Ici on vend les voitures préférées des Suédois (pour le week-end), les grandes américaines, l'équivalent de 20000 euros environ. Budget essence à prendre en compte.

Ce trajet est néanmoins très direct, et en permanence sur des pistes cyclables bien sécurisées.

On finit par arriver à Göteborg par les quais de la rivière qui s'appelle tout simplement Gôtaälv, où sont ammarrés des bateaux de toutes sortes au milieu de grues. Est ce déjà le port ? De l'autre côt de grands immeubles modernes et une haute tour qui me fait penser à celle de Malmö.


Je devrais passer sous le pont avec les quatre pilastres mais le quartier est en chantier et je me trouve soudain face à une barrière... et devant un magasin de vélos.

Et précisément c'est une des choses importantes que j' ai à faire ici, régler le problème des freins qui sont usés, au moins à l'avant. Je suis peut être capable de le faire mais j'ai peur de rester en rade si je n'y arrive pas, et le gars ne fait pas d'histoires pour faire le remplacement tout de suite, avant et arrière, et me règle ça en un tournemain. 150K (13€). De ce côté là je suis tranquille pour le reste du voyage.

Maintenant je cherche le terminal de Stena Line pour me repérer pour demain. C'est bizarre, pas de guichets ni bureaux, que commerces. Et beaucoup de bancs. Je casse la croûte.

Dans la suite des questions logistiques je vais acheter une cartouche de gaz dans un mois de sport. Et puis comme il est bientôt 15h je me rends à la Vandrarhem où j'ai réservé, qui appartient à la STF Société de tourisme en Suède, et est bien dans le style ancien... Sauf le prix.


Et je dois encore payer pour la lessive et une serviette de toilette. Mais la lessive c'était indispensable, et sans le sèche-linge ça aurait été très compliqué, car évidemment ils n'ont pas d'étendoir.

Pendant ce temps-là, je tente de rattraper mon retard dans mes rédactions diverses, et ensuite je ne ressors pas plus loin que le supermarché, admirant quelques maisons de commerce anciennes au passage.


Qui sont bien dans le style de la ville, qualifiée de "very boring industrial town" mais moi j'aime bien les villes industrielles.

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Plus précisément :

Göteborg

Göteborg - Fredrikshaven en ferry

Fredrikshaven - Skagen en vélo 46,8km


Nuageux, vent d'ouest fort


Je vais passer quelque temps, tout en prenant mon petit dej, à récupérer des photos et fichiers sur mon ordinateur. Il faut aussi tout ranger. Bref je pars quand il est presque 11h, c'est fort mal parti pour la visite de la ville. Il y avait un musée de peinture, un jardin botanique, et deux quartiers intéressants à voir.

Je verrai seulement le quartier "Haga". C'est une ancienne banlieue ouvrière, qui a failli être démoli car tombé en état de délabrement. Finalement il a été restauré, c'eût été dommage en effet . Maintenant c'est un quartier branché, plein de cafés et restaurants. À 11h du matin la rue piétonne est déjà noire de monde.


Maisons de brique et maisons de bois se côtoient

Il n'y a pas de vieille ville à Göteborg. De toute façon la ville n'a été fondée qu'au 17e siècle, et s'est surtout développée avec la révolution industrielle.

C'est la deuxième ville de Suède, avec plus de 500 000 habitants.

Le centre actuel, c'est des grandes avenues parallèles à la rivière, et d'imposants immeubles du 19e.


Les aiguilles ont tourné, il est trop tard... D'autant plus tard que je finis par trouver la bonne ligne sur les instructions envoyées avec mon billet (pris sur internet), je dois enregistrer 30 minutes à l'avance, il faut y aller sans traîner. Mais je n'y vois toujours pas mentionné le lieu de départ, c'est sur le plan de la ville que je découvre où est le terminal spécial Danemark , et c'est un peu la panique, d'abord pour y accéder, car ici aussi c'est en chantier et barré tout autour, et ensuite pour comprendre qu'il me faut aller loin loin pour rejoindre l'entrée des véhicules.

Mais après ça se passe très bien, tout le long du parcours des employés sont là pour vous guider. Les vélos entrent dans le pont le plus bas, qui sent la mer.

Les cyclistes sont relativement nombreux, et pour ce qui est des passagers, c'est la foule. Je monte sur le pont supérieur pour prendre des photos, boire une bière et manger mon casse croute.


Quand, commençant à avoir un peu froid, je redescends, toutes les tables sont prises, je suis obligée de demander à un monsieur de me mettre à côté de lui. Il est très aimable et a envie de parler. Il est de Jönköpping mais travaille à Bonn en Allemagne, il a l'air assez polyglotte mais zut on a commencé à parler en anglais. Il me parle de Jeanne Birkin, du Tour de France, du 14 juillet et du bicentenaire de la révolution qu'il a vécu à Paris en 1989.

La traversée dure 3h, c'est rapide. Exceptionnellement je retrouve mon vélo sans aucune difficulté, et je sors du bateau puis du port (c'est rapide) avec les autres cyclistes.

Dans le centre ville l'atmosphère a déjà je ne sais trop quoi de différent.


Maintenant je vais changer de cap et me diriger... vers le nord, vers Skagen, à la pointe extrême du Jutland. J'ai prévu de prendre le trajet direct au retour, mais pour l'aller de faire un détour par des petites routes dans la campagne.

Ça sera un peu dur dans la première partie, car je pars face au vent, vent qui est plus fort qu'en Suède. Mais bonne surprise, la route traverse des champs, certes, céréales blondes, pommes de terre... Mais beaucoup de boisements aussi, plutôt des feuillus d'essences diverses et notamment beaucoup de chênes pédonculés au tronc court et pleins de glands.

Et beaucoup de ces boisements, d'implantation récentes, sont tout simplement des haies brise vent. Merci pour les cyclistes ! (Entre autres)

Pour ce qui est de l'habitat c'est la brique mais souvent crépie en blanc ou en jaune. Je me trouve une église bien sympathique entourée d'un cimetière, il y a de l'eau.

Progressivement la direction va passer au nord puis à l'est et je finirai par être poussée.



Mais entre-temps, l'environnement va bien changer. Soudain alors que c'était tout plat voilà des collines... Tout bêtement des dunes, on se rapproche de la côte. Et les boisements, ce sont des résineux, des pins d'espèce indefinie, et, curieusement, des sapins.

Mais on traverse aussi des déserts dunaires, et parfois des prés où paissent le plus souvent des chevaux.

Pour l'instant ça va, le vent me pousse. Quand je m'en vais rejoindre l'autre côté du cap (voir la carte), et par la même occasion la route et une petite voie ferrée, ça va encore, d'autant plus que c'est une zone boisée.

Mais à la sortie de ces bois, c'est de nouveau un désert dunaire d'où curieusement émergent, du côté de la mer, de gros bateaux. Mais là rien n'arrête le vent et le chemin tourne vers l'ouest, dans le mauvais sens.


Il va falloir penser à terminer l'étape. Au Danemark le camping sauvage est paraît il interdit, et le système des abris (shelter) très élaboré avec une application pour téléphone bien faite. Il y en a dans le coin, en fait des places de camping, j'en ai vu une, il y avait déjà 3 tentes...Et les prochaines elles sont tout près de la route.

Alors quand j'entre de nouveau dans une zone boisée, et que je vois un petit creux assez bien abrité et un peu caché, je ne résiste pas bien sûr.

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Beau temps, quelques nuages, vent


Il est tôt, 6-7h, mais les cyclistes passent déjà. Il y en a un qui s'arrête à la table de pique nique à côté, je ne pense pas qu'il m'ait vue.

Si le vélo est à distance, , ce n'est pas par peur de la foudre, c'est pour le camoufler

Pour aller à Skagen maintenant la direction globale c'est nord -est, comme le vent est d'ouest voire sud -ouest, il va plutôt me pousser. Il est un peu moins fort ce matin, et il fait beau.

Quelques virages en forêt, une petite route "partagée" et on entre dans l'agglomération, c'est une ville et pas un petit village comme j'imaginais. Avec une activité industrielle. Dans le port sont amarrés de gros navires, c'est un port de pêche important.

La ville est très étendue, tout en pavillons de couleur jaune. Aux voitures stationnées, Porsche et autres, on voit que les habitants sont plutôt aisés. Comme ceux qui se rendent à la plage en peignoir de bain pour leur bref plongeon du matin, arrosé à la sortie d'un verre de vin.


De nombreux navires semblent immobiles à l'horizon.

Je continue sur la piste cyclable, qui s'arrête au phare de Grenen.


Pour aller au bout de la pointe c'est à pied. Ça va me prendre du temps mais ce serait dommage de ne pas y aller. C'est quand même là que se rencontrent la mer du nord et la Baltique.

Dans les dunes on passe quelques blockhaus et la tombe d'un poète, avant de descendre sur la plage, triangulaire.

C'est un peu incommode de marcher dans le sable. J'ai vite trouvé la solution, j'enlève mes chaussures et marche au bord de l'eau. Côté Baltique. L'eau n'est pas froide.

Les vagues s'étalent gentiment sur le sable mais à la pointe c'est un bouillonnement, les deux mers se rejoignent vraiment, c'est d'ailleurs ça qui forme cette langue de sable.


Et c'est parti pour les selfies ratés


Côté Baltique côté Mer du Nord et côté sable

Je propose la photo à une famille française, mais c'est finalement moi qui me fait tirer le portrait.


Sur cette grande étendue de sable se posent les oiseaux de mer. Un groupe qui se sauve trop tôt, que je n'arrive pas à identifier. Des mouettes bien sûr, et un groupe de sternes tout aussi criards. Et puis des petits bécasseaux qui courent à toute vitesse sur le sable et que je m'amuse à essayer de suivre. Pour ce qui est des photos, échec total.

D'autres oiseaux sont posés sur un rocher ovale assez proche de la côte. Des oiseaux noirs assez gros, peut être une espèce de pingouins. Mais voilà un profil massif qui n'est pas celui d'un oiseau... Il y a aussi trois phoques sur ce rocher.

Retour donc au phare. Le parking est plein et sur la voie cyclable en direction de la ville je peine un peu et croise quantité de cyclistes qui avancent gaillardement le vent dans le dos. Vous verrez, au retour...


La ville est pleine de touristes. La rue principale est piétonne, bordée de boutiques, restos etc ..et grouillante de monde. Ce qui enlève tout charme au lieu.

Cette atmosphère mercantile est bien loin de l'esprit artistique et de la société des peintres qui ont fait école ici. Au point que je ne peux les imaginer en ce lieu, je ne cherche que mollement le musée. Par ailleurs je reçois un message d'une cycliste, Sofie, qui accepte de m'héberger demain, après Aalborg, et comme c'est un peu loin je ne pense plus qu'à me mettre en route.

Il y avait bien un musée, et pas forcément la foule à l'intérieur. Je regrette un peu quand même.


Cette église est la plus récente, l'ancienne est envahie par les sables, je pars dans cette direction mais finalement c'est trop loin et je n'y vais pas.

J'avais repéré à l'aller une table de pique nique ombragée, mais un maudit cycliste l'occupe. Alors je me retrouve... à côté de mon bivouac.

L'itinéraire direct vers Frederikshavn n'est pas très intéressante, piste cyclable longeant la route. Point positif, du côté (droit) où je roule c'est presque toujours abrité.

Je réalise un peu tard que je ne suis pas du tout obligée d'aller à Frederikshavn. Après quelques courses et un petit goûter à Elling, je vais essayer de retrouver la route... Et mon GPS m'envoie sur une piste caillouteuse, que je suis vaillamment pendant plus de 3km. Je sais maintenant qu'il faut se méfier de ça au Danemark aussi.

Ensuite je rejoins des routes de campagne,et, nouvelle surprise, ce n'est pas du tout plat, c'est même bien vallonné, et plutôt joli, un paysage varié, des bois, des champs (céréales, pommes de terre). Des prés avec des vaches et très fréquemment, des chevaux.


Je suis toujours inquiète de ce que je vais trouver comme chaussée. Ça se passe bien jusqu'à ce que je rejoigne un itinéraire cyclable... C'est un chemin de terre ! Pour VTT quoi.

Mais bon, je récupère des routes goudronnées sans trop me rallonger. Le ciel s'assombrit c'est un peu inquiétant. J'ai repéré un "shelter", abri, à Østervrå qui est encore loin..

Mais les routes sont bonnes et rapides, et je trouve l'abri, près d'un terrain de sport et d'un parc. L'abri, ou plutôt les abris, et heureusement, car l'un d'eux est occupé !

C'est un cycliste danois qui n'a pas l'air de trop bien maîtriser les langues étrangères, c'est pour celà peut être qu'il pédale seulement au Danemark.

À côté le hangar meuble de tables et bancs du club de pétanque va bien me servir pour ranger mon vélo (pluie possible) et pour diner. Des pois chiches avec du poivron.

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Averses le matin, puis beau . Vent

Dans l'abri il a fait un peu plus frais que dans la tente. L'herbe est mouillée de rosée, un inconvénient que je n'ai pas eu à subir.


Départ 8h20 avant le cycliste danois. Une route tranquille, sans trop de reliefs. Je me réjouis parce que vais bientôt longer un bois, mais je rate l'embranchement et me trouve plus tôt que prévu sur une route plus importante, dotée de pistes cyclables de chaque côté, et j'y vois d'ailleurs plusieurs voyageurs cyclistes. Au moins cette route est directe jusqu'à Aalborg.

Je ne sais pourquoi je m'imaginais qu'Aalborg était une petite ville. En m'en approchant je comprends mon erreur. On commence par voir des cheminées, de grandes usines, et quand on entre dans l'agglomération on est encore loin du centre ville, c'est interminable. L'agglomération fait plus de 300000 habitants et est la 3eme du Danemark.

Enfin je passe le fleuve sur un long pont. Mais non, ce n'est pas un fleuve, c'est un bras de mer qui s'ouvre des deux côtés, la partie nord du Jutland est en réalité une île.

Et là on entre dans le centre ville. Au bord de l'eau s'élèvent principalement des bâtiments modernes, excepté un ensemble de bâtiments rouges et blancs entourant un parc, très joli, en fait c'est le château (slot), qui date du 16e siècle. Les places sont chères sur les quatre malheureux bancs, enfin j'arrive à en conquérir un. Mais peut-être que son occupant est parti parce qu'un groupe un peu bruyant a installé son jeu de criquet.


Beaucoup plus récents, un centre culturel et la maison de la musique


Le premier bâtiment ressemble à une ancienne halle. Je n'ai pas compris sa destination actuelle.

Et juste derrière s'étend le centre ancien. Les monuments principaux sont la cathédrale et une grande maison du 17è, la maison de Jens Bangs


Mais les maisons plus modestes dans les rues transversales sont pittoresques



Je repars un peu avant 18h. Il me reste une vingtaine de kilomètres pour retrouver Sofie et sa famille mes hébergeurs.

C'est un trajet agréable, une campagne juste un peu ondulée de champs de céréales parsemés de bosquets, un paysage qui rappelle certains coins de France, et même du Berry.


Mais ce clocher est typiquement danois

Je trouve sans difficulté la maison de Sofie, qui arrive tout de suite après mon message, elle est chez les voisins avec ses enfants, elle me montre les lieux et repars. La maison est dans un joyeux désordre, notamment la chambre qui m'est destinée, celle d'un des enfants, il a sorti tous les jouets qui jonchent le sol.

J'ai pour mission de manger le maximum du contenu du frigo car ils partent en vacances lundi, et notamment les œufs des poules de ses parents. Je mange une délicieuse omelette aux pommes de terre.

Sofie revient avec Viggo 3 ans le benjamin. Les deux autres sont partis faire un tour en vélo avec le voisin et reviennent plus tard. Ils s'appellent Anka 8 ans et Froge 7 ans. Très blonds tous les trois bien sûr.



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Soleil tôt le matin... puis pluie


Oui le soleil brille mais je ne partirai qu'à 10h30. Je ne veux pas m'en aller sans revoir mes hôtes qui ne se lèvent que vers 9h. Je mange deux œufs au plat et en fait cuire trois durs, on discute avec Sofie puis le papa Jonas,. Il a été jusqu'en Turquie en vélo. Ils ont des projets de grands voyages avec les enfants vers la Chine et l'Afrique. Pas de problème pour l'école, de toute façon les enfants n'y vont pas, ce sont les parents qui enseignent, ils ont pris chacun un mi-temps pour ça, et ils sont en liaison avec d'autres familles. Ce n'est pas par refus de l'école publique, mais pour la liberté et pour être plus avec leurs enfants. Ils partent en vacances lundi, ils vont en Suède au bord d'un lac, en mode pédestre avec poussette.

Jonas m'incite à prendre l'itinéraire de l'eurovelo 3. Ça rallonge mais il dit que c'est le plus beau circuit vélo du Danemark.

Déjà au départ le beau soleil a disparu et le ciel se couvre de plus en plus.

Je trouve les panneaux indicateurs de la véloroute. Non asphaltée. Jonas m'avait dit que ça l'était ! C'est que ça doit bien rouler malgré tout, et en effet ça va.

Protégez la forêt danoise

On n'imagine pas le Danemark comme ça. On se croirait dans le Morvan ou dans les Pyrénées !

J'arrive à un petit lac lieu de promenade du dimanche. Malheureusement il se met à pleuvoir. Rapidement il faut mettre l'attirail de pluie.


Dans un village appelé Arden je suis bien contente de trouver un supermarché car je n'avais plus du tout de pain.

Et ensuite, pas de fantaisie, ce sera la route directe vers Hobro, d'ailleurs ça s'impose si je veux arriver suffisamment tôt pour visiter la forteresse viking de Furkat.

La pluie persiste. Je mange mon casse-croûte sous un porche.


Le musée Viking est à 3km. Ce n'est pas spécialement là que je vais pouvoir m'abriter, excepté en m'arrêtant à l'intérieur des diverses petites maisons, qui sont évidemment des reconstitutions.

La forge. Une maison typique tout en longueur, l'atelier, la pièce d'habitation avec le feu au milieu (ça réchauffe), à l'autre bout l'étable. L'évacuation de la fumée se fait par les ouvertures en haut des pignons.


Un atelier menuiserie, celui du potier


Encore un kilomètre sous la pluie pour aller à la forteresse, sur une route en bordure de forêt, il y a aussi un sentier piéton traversant des marais.

La construction date de la fin du 10è siècle. Comme les autres châteaux viking il a la forme d'un cercle parfait et un plan bien précis :


Les carrés sont formés par quatre maisons. L'une d'elles a été reconstituée sur le site.


Pour le reste, du ras du sol on ne voit pas très bien. Juste au-dessous se trouve la zone de marais d'où les armées ennemies ne pouvaient pas arriver.

J'ai le temps de prendre un café avant la fermeture, et il faut repartir dans la pluie. Je me lance dans des raccourcis hasardeux, des chemins caillouteux et des raidillons où il faut pousser le vélo.

Un centre de méthanisation

Sur les routes goudronnées ça roule mieux.. mais le temps c'est pluie entrecoupée d'averses, fortes, desquelles j'essaie de m'abriter.

Je rêve toujours d'un resto ou d'un café pour un abri passager, rien. À Hammershøj où tout est fermé je me décide à aller au shelter le plus proche, dans une ferme, à 2-3km de la route.

En route une habitante connait et m'indique la direction, c'est bon signe.

L'étable ne sent pas très bon mais l'abri est dans le jardin à côté d'un cerisier couvert de fruits, et les fermetures sont sympas, me proposent la douche et de la lumière.

Des que j'ai pu mettre des vêtements secs et chauds je me sens tout à fait bien, maintenant il peut continuer à pleuvoir..


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Nuageux, pleuviotement

Le temps gris n'incite pas à se lever tôt, départ 9h30.

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À la ferme

L'atmosphère est bien humide ce matin, après la pluie de la nuit, à laquelle s'ajoute une légère bruine. Pleuvra pleuvra pas ? Finalement non mais le soleil mettra longtemps à percer.

Le paysage reste le même, toujours un peu vallonné. Des champs et des zones forestières. J'arrive à me maintenir sur des petites routes, en changeant assez souvent de direction, ce qui fait que je sens le vent différemment. Il doit toujours venir de l'ouest, il est moins fort aujourd'hui.

J'ai oublié de prendre de l'eau, c'est l'occasion de visiter la petite église de Hjorthede qui a un clocher de bois séparé. Avant le village j'étais passée devant une pépinière forestière où étaient semés des sapins (Nordman) dont on voit beaucoup de petites plantations, pour sapins de Noël sans doute . ??


Les fermes ont toujours la même forme, de longs bâtiments avec des petites fenêtres. Elles sont le plus souvent en brique, mais on peut voir quelques maisons à colombages avec toit de chaume.


Je me réjouis de ne pas avoir essayé d'aller jusqu'à Bjerringbro hier, c'était encore loin, et dur sous la pluie. C'est une localité étendue, je manque le centre ville et l'éventuel bistrot sympa qui pouvait s'y trouver. Je prendrai juste un café dehors sous un début de soleil, à un kiosque où l'on sert quantité de saucisses différentes et des "fricadelles" frites (boulettes de viande hachée aplaties). À vrai dire ça ne dit trop rien de goûter.

Je m'arrêterai pour manger dans un grand arrêt de bus un peu plus loin, dans un village nommé Ans. Pas très poétique non plus mais abrité du vent.

Entre-temps, traversée d'un lac. Ça faisait longtemps mais il y en aura quelques autres dans la région.



Belle église à Ans

Il est 15,h, et il ne faut pas traîner afin d'arriver suffisamment tôt pour avoir le temps de visiter le musée à Silkeborg. Les reliefs sont moins forts et le temps s'améliore. Une belle descente à la fin du trajet. La ville, située dans une vallée, et au milieu de lacs, et assez industrielle.

Une nouvelle fois il faut passer un pont pour arriver dans le centre. De grandes avenues et des voitures, le musée est dans un coin calme au milieu de tout ça, dans un joli bâtiment jaune du 18e siècle.


Ce qu'il y a à voir dans ce musée est tout à fait extraordinaire. C'est "l'homme de Tollund". Découvert dans une tourbière en 1950, où il était depuis le début de l'âge de fer, aux alentours de 300 av JC.


Depuis ce temps il dort en position fœtale avec une expression très sereine et émouvante.

Et pourtant... Une corde lui enserre le cou, il a été pendu.

Et puis on ne l'a pas vraiment laissé tranquille après sa découverte. On fait sur lui toutes les mesures et manipulation imaginables, on a envoyé un pied à Paris, sa tête à Copenhague, analysé le contenu de ses entrailles... Avec tout ça on a appris beaucoup de choses, on connaît la recette de son dernier repas, une bouillie faite avec une douzaine de céréales différentes...

Mais on ne sait pas pourquoi on l'a mis dans la tourbière, après l'avoir pendu et lui avoir fermé les yeux. On a éliminé l'exécution suite à un crime et le suicide , on pense que c'est un sacrifice humain.

D'ailleurs les autres corps retrouvés dans la région avaient également été pendus, notamment une femme, trouvée à proximité, sous une couverture, avec une coiffure tressée très élaborée.


On a voulu avec des procédés scientifiques imaginer son aspect quand il était vivant.

Il y a une version française où on lui a donné un air ahuri à la Gérard Depardieu, et une version locale à laquelle on croirait plus, mais pourquoi lui donner cet air grimaçant ? Laissons lui l'expression qu'il a laissée à la postérité.

C'est un petit musée. En dehors de ce qui le concerne il est question des autres corps trouvés dans la tourbe, d'autres découvertes locales, notamment les restes d'un pont, et des informations sur l'âge de fer.


On trouve également une salle dédiée à l'âge de pierre avec un beau crâne d'auroch.


Je suis restée jusqu'à la fermeture, 17h. et vais faire un petit tour dans le centre ville. Les rues sont larges, pavées et entièrement piétonnes. C'est assez animé.


Il est temps de repartir je suis hébergée ce soir par un cycliste à 8km. Je passe au bord de lacs où des gens vont se baigner, puis en forêt, et termine par une belle côte juste avant le hameau où habite Torsten.

Sa maison est l'antithèse parfaite de celle de Sofie et Jonas. Juste le minimum, sans rien qui traîne et d'une impeccable propreté. Un peu stressant, et s'il ne propose comme hébergement que planter la tente sur sa pelouse, c'est très bien comme ça !

Et je vais avoir à manger comme je n'ai pas mangé depuis longtemps, et même boire du vin. Une sorte de brandade de poisson avec des carottes, panais, de l'aneth... Vraiment délicieux.

Torsten me donne des tuyaux pour le voyage au Danemark, notamment un site qui indique les endroits où le camping est autorisé. Il a fait du vélo en Champagne et Normandie, et du planeur près de Sisteron. Et de l'Écosse, qu'il a beaucoup aimé malgré les pluies et les moustiques.

Justement il se met à pleuvoir, ce qui était inattendu. Ça ne m'empêche pas de dormir.

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Couvert, quelques éclaircies, averses


Hélas il a plu. Le soleil du matin va sécher un peu la tente mais pas complètement.

Torsten m'invite pour le petit déjeuner. Je mange plein de toasts avec charcuterie, fromage, confiture.

Départ vers 9h30, encore un peu trop tardif. Je ne vais pas pouvoir traîner.

Une belle ferme au passage

Je rejoins assez rapidement l'eurovélo 3, Haervejen. Torsten m'a appris que c'était une voie de transhumance, le "chemin des bœufs". Mais oui ! C'est le "Ochsenweg" que j'avais suivi il y a 5 ans en Allemagne. Il venait du Danemark, forcément. Mais Haervejen veut dire"route de l'armée", alors tout n'est pas clair.


Dans tous les cas c'est un bel itinéraire. Au début assez vallonné, avec même quelques côtes un peu raides, et puis au cours de la journée les reliefs vont s'adoucir. Le vent est rarement gênant, il vivifie l'atmosphère.

La petite route, goudronnée au début, traverse des forêts, feuillus, chêne hêtre érables, et beaucoup aussi de résineux, épicéas, quelques douglas, sapins qui me semblent être des grandis (sapin de Vancouver), et des Nordman en plantations denses que je suppose être de sapins de Noël.


La différence d'avec les forêts suédoises, hormis la variété des essences, c'est qu'on y voit des gros voire très gros arbres. Et moins d'exploitations.

La voie est fréquentée par des cyclistes, et aussi des marcheurs qui vous saluent avec conviction, ça fait plaisir.


Un lac, une maison,"à la viking", un village musée

En milieu de journée, sortie de la forêt, je ne peux pas résister à une jolie aire de pique nique dotée d'un abri. J'aurais bien fait une plus longue sieste après manger, mais le musée de Jelling ferme à 17h. Et c'est encore à 17km. Le trajet se fait vite heureusement, je ne prends pas le Haervejen, mais la route directe, et c'est plat.

Tout ce que je sais c'est qu'il y a là bas une pierre runique remarquable. Il y a beaucoup plus.

Le musée m'en apprendra un peu plus sur les rois du Danemark Gorm le Vieux (Gorm d'en Gamle) et Harald Dent Bleue (Harald Blåtand) dont Jelling était la capitale.



Le musée se veut moderne et ludique, quand il faut appuyer sur des boutons pour voir des textes s'afficher il faut monopoliser ou attendre que celui qui regarde ait fini. Bref sur les guerres et voyages commerciaux des Vikings je n'ai pas appris grand chose.

Sur la mythologie, j'ai appris que les noms de quatre jours de la semaine dans les langues scandinaves étaient formés avec les noms des dieux. Aujourd'hui c'est le jour de Tyr.


C'est à peu près la même histoire que la mythologie germanique, les affrontements entre les dieux et les géants, le Valhalla...

Harald a mis fin à tout ça (sans doute pas complètement) en se convertissant et sa nation avec au christianisme, évidemment plus par intérêt politique que par enthousiasme pour la doctrine non-violente de Jésus Christ.

De cette conversion il est fait mention sur la fameuse pierre qu'on verra tout à l'heure. Il aurait écrit les runes horizontalement à cause des lignes de la bible.

Pour en finir avec ce Dent Bleue, anecdote intéressante : en anglais, ça se traduit bluetooth...

Ce logo, c'est tout simplement des runes !

Le reste du musée concerne le site de Jelling et ce n'est pas inutile car comme pour les forteresses ce n'est pas du sol qu'on voit le mieux.

Ici aussi on peut contacter la prédilection des Vikings pour la géométrie


Plan du site de Jelling

Au centre, les deux pierres (une de Glom et une de Harald). Juste à côté, l'église qui a été reconstruite bien des fois et avant ça était un lieu de culte païen . De part et d'autre deux tertres funéraires, l'un contenant la tombe de Harald, l'autre ... vide. Les os de Glom sont sous l'église.

L'ensemble était entouré d'une palissade carrée, dont on a retrouvé des restes, et qui est maintenant matérialisée par des poteaux blancs.

Quant au schéma en forme de bateau, si j'ai bien compris c'était des alignements de pierres autour desquelles les chefs se réunissaient.

Sur place on trouve quelques pierres éparses, et beaucoup dans le cimetière qui entoure l'église ! Est ce que ce sont celles là ??

.


Photo prises du haut des tertres... On ne se rend pas vraiment compte

Les pierres runiques sont dans des vitrines, ça les protège mais on les voit moins bien. Et le soleil complique les choses.



En fait sur les trois faces de la pierre de Harald, on ne distingue les dessins que sur une face.

Les autres faces, et le texte en danois où il dit qu'il fait la pierre en l'honneur de ses parents. Sur les autres faces je crois qu'il parle de sa conversion et de la conquête de la Norvège


La pierre de Glom n'a que deux faces, ce soir on ne voit rien sur celle qui est à l'ombre


Il reste l'église, petite église modeste toute blanche. Une marque blanche sur le dallage indique où sont les os de Glom


Je termine ma visite à Jelling attablée près de la bibliothèque


Pour la soirée je vise un shelter à mi-chemin en direction de Billund, finalement je m'arrête dans un autre un peu avant dans un petit village. Au coin d'un bois. Un peu humide mais très tranquille.



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Toujours le même temps variable


Une pluie fine, mais avant le départ. Je vais jeter un coup d'œil à la petite église à côté. Toute blanche elle aussi.


C'est tout droit pour aller à Billund, et malheureusement la route est très fréquentée, avec beaucoup de voitures à immatriculation étrangère.

Billund c'est là où a été inventé et développé Lego, et on dirait que c'est une ville entièrement consacrée à ce jeu de construction. Je ne trouve pas de centre ville avec maisons un peu anciennes, seulement des bâtiments qui ont l'air d'être faits en Lego.

Le musée de l'ours en peluche a peut être été mis là avec l'idée qu'il attirerait le même type de visiteurs ? Il y a pourtant déjà beaucoup à faire entre le parc d'attraction Lego et la Maison du Lego.

J'entre dans la Maison du Lego. Pour visiter et manipuler il faut un billet, assez cher, et tout est vendu pour aujourd'hui. C'est pas plus mal. Je visiterai ce qui est accessible.


Tout est Lego ici, même les vestiaires et les toilettes (adaptées aux enfants)

Et les enfants s'amusent bien.

À la boutique on peut acheter toutes les boîtes possibles mais aussi les pièces au poids.


Et ça et là sont exposées diverses œuvres (d'art ?) réalisées avec ce matériau.


Mes préférés ce sont ces personnages presque grandeur nature. Je me plaît à imaginer que le monsieur qui porte la boîte à outil est l'inventeur du Lego. C'est pour ça que je pose avec lui.


Ils sont sympathiques ces enfants de toutes les nationalités , néanmoins assez vite toute cette agitation commence à me fatiguer, sortons de là.

Je passe devant ce qui semble être le siège de l'entreprise, devant des hôtels qui ont l'air faits en Lego, devant le "Legopark", et m'installe quelque temps dans un café avant de repartir dans la campagne.


Ce n'est pas tout de suite la tranquillité, car je tombe encore sur une route avec de la circulation et même des camions.

Mais à l'arrivée à destination, c'est vraiment le calme.

Je suis à côté d'un village appelé Egtved, à l'endroit où a été découverte en 1920 la tombe d'une jeune fille datant de l'âge de bronze. En Danois ça donne : "Egtvedpigens Grav" , la tombe de la jeune fille d'Egtveg".

L'ambiance ici contraste avec cette de Lego & co. C'est en pleine campagne, s'il a des visiteurs, c'est à peine une dizaine.

On entre librement dans une modeste baraque de bois contenant deux rangées de panneaux explicatifs, et quelques objets.

Les explications sont toutes en danois. Je prends en photo les textes et les met sur le traducteur, c'est long. Ce n'est qu'en partant que je trouve des prospectus avec la traduction en anglais...

En 1920 des paysans ont trouvé un coffre sous un tumulus, ont compris que c'était ancien, et ont tout de suite averti les instances archéologiques.


En effet en l'ouvrant on a trouvé des vêtements de femme très bien conservés, et quelques objets avec. Les os et autres restes humains, à part les cheveux, avaient été complètement décomposés.


Je n'ai pas compris si les objets étaient tous des copies ou les objets authentiques, ça m'étonne qu'on les laisse sans surveillance.

Mais on dirait bien que les vêtements sont les vêtements originaux, il y en a d'ailleurs une copie.

Ce genre de costume, notamment la jupe avec des ficelles, ont été trouvés dans d'autres tombes. Avec ce genre de vêtements on ne peut pas trop travailler dans les champs, mais de là à en déduire que la jeune fille était une danseuse, et même une danseuse du ventre (ça a été dit), ça me paraît spécieux. Pourquoi ne l'aurait-on pas enterré dans sa robe de bal ? Et c'était peut-être la mode de montrer son ventre, comme les jeunes filles de maintenant ?

Voici deux représentations de la jeune fille, l'une de l'époque de la découverte, l'une actuelle.

Les autres objets sont une ceinture avec un disque en bronze, des bijoux, un peigne, et un petit récipient en écorce de bouleau contenant de la laine, filée ou non, et un bouquet d'achillée millefeuille.


Pour aller voir l'emplacement exact de la tombe on traverse des prés où on trouve l'achillée millefeuille. Il y en a partout il faut dire, mais c'est émouvant de penser que la nature n'a pas tellement changé. Par contre dans le passé à la place des tapis d'épilobes s'étendaient des champs de céréales.


Et on arrive au tumulus. Il a été ouvert en 1980 puis refermé



Ils expliquent que des tumulus de ce type il y en a énormément dans la région. On ne trouve pas toujours quelque chose dessous.

En effet près de la route j'en ai vu plein, des tertres de ce type et je me posais des questions...

Un autre panneau explique leurs projets pour l'avenir du site, un musée moderne, avec une présentation de la jeune fille qui raconte sa vie, un grand parking... Pourvu qu'ils ne trouvent pas les fonds...

Je repars sur des petites routes, parfois des pistes, me disant qu'à 19h30 je commencerai à regarder quels abris je peux trouver dans le coin.


..

Vu au passage

Je fais des courses à Baekke. À la sortie le temps s'obscurcit, et puis je me retrouve sur une route à grande circulation et n'ai pas envie de la suivre. Ça tombe bien, à quelques kilomètres dans un parc près du village de Lindknud se trouvent plusieurs abris.

En effet, c'est très bien, au calme loin des routes de nouveau.


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Plutôt beau

Pendant mon petit déjeuner un chevreuil passe à 10m de moi. C'est un promeneur qui l'a effrayé, le seul qui soit passé.


C'est bien agréable de rouler ce matin à travers les champs, surtout sur une petite route asphaltée où il ne passe presque personne.

Elle me conduit à Holsted, un village sans commerces ni café, et pire, l'église en brique, pas très belle du reste, est sans cimetière et sans eau. Je n'en ai plus une goutte.

La route vers Ribe est maintenant une route à grande circulation. Quitte à se rallonger un peu, c'est mieux de prendre des petites routes. Je suis à distance une voie ferrée dans les champs. Ça commence à devenir plat.

Cette route mène au village de Gørding, de là la route vers Ribe est un peu plus fréquentée mais doublée d'une piste cyclable.

Elle traverse bientôt un village tout petit mais qui a une belle église blanche comme on les aime, entourée d'un cimetière doté d'un robinet d'eau, comme on les aime encore mieux.


Une autre cycliste est là, une promeneuse venue chercher de l'eau aussi ou voir l'église, je ne sais pas.

Car l'église mérite vraiment une visite. Murs blancs bois peints, un retable du 15è, et une chaire du 16è, un peu naïve. Merveilleux.


Et finalement j'arrive à Ribe par la piste cyclable qui longe une route encore plus importante. Elle me conduit à la ville ancienne. Qui est comme il se doit bourrée de touristes, tous agglutinés dans la rue piétonne.

Au bord d'une rue adjacente je trouve un banc à l'ombre. Pour l'instant sustentons nous.

Devant moi un beau bâtiment ancien crepi en rouge attire mon attention. C'est le musée de peinture, où on montre des œuvres des peintres de Skagen, la lacune à combler ! Par ailleurs je ne vois presque personne entrer ni sortir, ça doit être bien calme.

Oui c'est calme pas trop grand, agréable à visiter. Le premier étage est consacré à la peinture danoise du 18e au début 20e.


C'est la partie "Skagen," qui m'intéresse le plus. Les instigateurs du groupe, à la fin du 19e siècle début 20è sont Anna (qui était originaire de là) et Michael Ancher. Le grand tableau représente le baptême de sa fille dans l'église de Skagen. Le deuxième tableau représente l'intérieur de la cathédrale de Ribe.

Parmi les autres peintres dont il y avait des œuvres, Peder Krøyer, Viggo Johanssen. Et d'autres...Ils formaient une petite société mais seuls les Ancher résidaient là en permanence. Les dunes de Skagen sont sur beaucoup de peintures.

À l'étage c'est une exposition sur la peinture et la chasse, et on retrouve souvent ces mêmes artistes


Derrière le musée se trouve un joli jardin qui rejoint d'autres parcs au bord de la rivière.

Et maintenant retrouvons la ville et ses foules. C'est quand même une très belle ville , avec un vrai plan de ville ancienne, les rues en cercle autour de la cathédrale. Des maisons de brique, des maisons à colombages, des maisons peintes en diverses couleurs.


La cathédrale est immense, et de style roman (23è). Ribe serait la plus vieille ville du Danemark.


Il est écrit à l'entrée de respecter le silence mais les visiteurs parlent tout haut et les enfants crient. Il y a aussi de l'animation sur la place qui l'entoure, où on reconnaît aussi les statues des Réformateurs à leurs longs manteaux et leur air sérieux.


En repartant après un séjour dans un café assez sympathique je découvre une maison avec un nid de cigogne sur la cheminée, et un port.

J'ai encore repéré des abris pour ce soir, et même sur la côte, mais vu la quantité de cyclistes que j'ai aperçu dans la ville, dont beaucoup de français d'ailleurs, j'ai bien peur de les trouver occupés.

Je passe en voir un autre, un peu avant, à côté de ce qui ressemble à une salle des fêtes. C'est occupé, par un couple de cyclistes montpelliérains, la femme s'appelle Léna. Ils me disent que les autres abris sont complets.

Ici il en reste un de libre mais il est très bas, et apparemment il y a une fête dans la salle...

Je préfère monter ma tente sur l'aire de jeux qui se trouve de l'autre côté de la piste.


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Beau temps, chaud !


J'ai eu un peu peur hier soir en entendant soudain une musique très forte, mais ça n'a duré que quelques instants. J'ai très bien dormi et ai eu un peu de mal à me réveiller.

La tente est mouillée par la rosée, et à l'ombre elle ne va pas sécher.

Je vais saluer prendre de l'eau et saluer Léna et son compagnon, également sur le départ, il est 9h.



Et direction la côte. C'est tout droit et c'est tout plat..


La côte de la mer du Nord,! J'ai l'impression de retrouver une vieille connaissance !

La digue, les polders d'un côté, les estrans et les marais côtiers de l'autre. Les chemins sont coupés de clôtures et de passages canadiens mais on ne voit pour l'instant ni moutons ni crottes.

On ne voit de la mer qu'un mince filet lointain, et pas la pleine mer, à cause des îles qui se trouvent en face.

Et il faut monter sur les digues pour voir car le chemin est, bien sûr, côté terre.


Cette stèle a été édifiée à la mémoire d'ouvriers qui ont été noyés lors de la construction de la digue.

Petite incursion à midi des terres par le village de Brøns.

Les voyageurs cyclistes sont nombreux sur ce circuit mais ne font que saluer en passant (et encore, pas tous). Alors quand je vois une petite famille arrêtée, j'en profite pour engager la conversation. Ce sont des Suisses de Berne avec une petite fille de 8-10 ans. Ils remontent la côte et font 30km par jour environ.

L'itinéraire emprunte des pistes caillouteuses, je prends la route parallèle puis retourne sous la digue car un petit bâtiment m'intrigue.


Il abrite une machinerie qui très vraisemblablement actionne les vannes. De là-haut la vue est belle. Les moutons ils sont là. Et c'est plein d'oiseaux. D'ailleurs une dame les observe avec un télescope. Je m'assieds sur un banc à côté. J'y resterai volontiers plus longtemps.

Mais ce n'est pas encore l'heure et plus loin je trouve un autre banc.


C'est au soleil mais celui-ci est derrière, et le vent souffle sans excès, bonne occasion pour faire sécher la tente.

C'était juste avant le village de Vesterende - Ballum.


Ce village est très pittoresque, avec beaucoup de maisons au toit de chaume.

Un peu plus loin je me trouve un petit café dans un autre hameau de ce même village et j'y reste assez longtemps pour terminer la relation de la journée d'hier. Trop longtemps car aujourd'hui le temps est bon pour rouler.

Paysage agricole, très plat, des éoliennes de tous les côtés.



Prochain arrêt Høyer. Les maisons sont en brique et un magnifique moulin à vent s'élève au milieu du village.

Que faire? Après l'abri qui se trouve juste après le village il n'y en aura plus. Mais apparemment il est payant et j'ai dépensé ce qui me restait de couronnes danoises au supermarché.

Alors continuons... Et quittons le Danemark et la Scandinavie.

La frontière

Bonjour l'Allemagne. De ce côté la campagne est moins désertique que du côté danois. Les fermes et habitations entourées de belles pelouses ne manquent pas, par contre trouver un petit coin de nature me semble compromis.

Aussi quand j'aperçois quelques petits champs, proches d'habitations, je me décide à sonner à une des maisons. Ouf la propriétaire est sympa, elle accepte tout de suite que je me mette dans un champ tout en longueur en face de la maison. Elle laisse la porte de la maison ouverte pour que je puisse aller aux toilettes.


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De la pluie le matin, puis nuages et soleil


Au réveil la tente était sèche... Et voilà que vers 7h il se met à tomber une pluie fine. Elle aurait quand même pu attendre que je sois partie.

Dans la maison je ne vois personne, et la porte d'entrée est fermée à clé.

Les premiers coups de pédale seront donc dans la campagne pluvieuse. Il tombe même une forte averse, heureusement courte.


Je passe en bordure du village de Klanxbüll et suis étonnée de trouver cet immense parking un peu saugrenu. Je me rends compte que dans ce village une ligne de chemin de fer vers l'île de Sylt, et qu'à Klanxbüll se trouve la dernière gare sur le continent.

Malheureusement ce n'est pas aujourd'hui que je verrai quelque chose de cette célèbre île.

Emmelsbüll

Direction sud, puis ouest vers la côte avec vent contraire. On retrouve le paysage plat et désert des polders.

Dagebüll est une pointe encadrée par des digues. Du port partent des ferries pour les îles de Föhr et Amrum. Il y a du monde.

À cette heure les restaurants sont fermés et un seul café est ouvert, mais j'y trouve ma place près d'une prise de courant. 2,80€ le café. Ça semble bon marché à côté du Danemark où on était autour de 4€...

C'est gagné, à la sortie il ne pleut plus.


Plage et port, l'île de Föhr, les digues.

Et le voyage continue sous les digues. Après un épisode pas très agréable sur la route où c'est un défilé de voitures, et ce sans même une bande cyclable, je retrouve les étendues herbeuses qui ici ne manquent ni de moutons ni de crottes.Ici, pas de passages canadiens mais des barrières étroites particulièrement incommodes avec un vélo chargé.


Je commence à avoir un peu faim mais impossible de s'arrêter dans ce genre de paysage...

Heureusement vers 14h je vais en sortir et tomber par miracle sur un coin idéal, près d'un étang.


Juste après, sur un pont de bois on traverse un ruisseau, ou plutôt un étier, comme il y en a beaucoup dans ce type de milieu.


Je vais suivre ensuite un itinéraire cyclable, ce qui n'est pas une garantie de facilité: il me fait tourner sur un chemin de terre jusqu'à un ponceau, je vois une voiture, me crois sauvée... C'est une affreuse piste caillouteuse horriblement cahotante. J'ai peur que quelque chose se casse encore sur le vélo. Non... Je perdrai seulement mon tapis de sol qui était (mal) attaché derrière.

Puis des petites routes et des pistes cyclables le long d'une plus grande me mènent à Husum.

Une ville assez importante, toute de brique.

Je tournicote dans la ville.


Cette jolie ruelle mène au château, de brique comme il se doit.

L'église n'est pas très belle, devant cette statue semble représenter une paysanne, tenant une rame ??


L'animation de la ville à cette heure c'est autour du port où grouillent les restaurants.


Je sors de la ville sans avoir trouvé d'eau et me demandant bien où je vais trouver un hébergement, pas facile dans les zones de polders. Un camping est à 3km mais arriver à cette heure est risqué. Je continue.


C'est la deuxième fois que je suis intriguée par une petite cabane en haut de la digue. Mais là je finis par comprendre : elle abrite les poutres qui servent à fermer la digue si besoin.

Je roule je roule et ça me semble de plus en plus hasardeux de trouver quelque chose de correct. Tiens, voilà un village, Simonsberg. Allons voir.

Les espaces verts sous la digue sont en vue et pas très hospitaliers

Finalement je découvre que le village s'aligne sous la digue, mais de l'autre côté, qu'il a une église, avec un cimetière... Et de l'eau !

Et pour le campement, j'ai le choix, soit en bordure du cimetière sur de larges espaces herbeux bien tondus, ou bien près d'un "abri touristique" que je découvre à travers les arbres.

L'abri est plus en vue, sur un terrain de sport derrière la caserne des pompiers, mais a l'air bien accueillant, c'est lui que je choisis.

Un petit garçon vient en vélo me faire un interrogatoire en règle. Qu'est ce que je viens faire ici, ai je une maison, où je vais?? Est il curieux ou envoyé par ses parents, je ne sais. En tout cas il me confirme que c'est un terrain communal. Et personne ne viendra me déranger.

La lune est belle.


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Nuageux, averses

Je prends mon temps le matin pour sécher la tente. Il y a eu rosée, et une averse. Mais ce matin le soleil est là, sans doute pas pour longtemps.


À la sortie du village je pourrais être tentée par cet arrêt covoiturage - auto stop, mais avec le vélo...

Je suis l'itinéraire cyclable direction Töning. Des pistes longeant des routes, ou des très petites routes... mais qui inexplicablement sont fréquentées.

La première petite ville sur ma route est Töning, qui a du, à une époque, avoir une certaine importance. La grande place centrale (Marktplatz) est entourée de maisons à fronton orné, et l'église a un haut clocher (62m,) très fin de style baroque.


Après la pause dans une pâtisserie, c'est reparti et ça devient sérieux, car maintenant à part les digues plus grand chose ne va arrêter le vent. La piste suit la côte, pratiquement jusqu'à Büsum à 29km.


Ma direction est longtemps sud ouest ou sud, et le vent est ouest+ sud ouest, autant dire que je roule en permanence sur le petit plateau, et pas vite.On n'a pas l'impression que les digues freinent beaucoup le vent.


Ça c'est à la sortie de la ville. Pas de large plage de sable, mais on trouve quand même les traditionnelles "corbeilles" de la Baltique.

À vrai dire ici ce n'est pas la mer mais l'estuaire d'un fleuve, l'Eider.

Une nouvelle fois on ne voit rien du rivage mais on a tout le loisir d'observer les digues, les moutons, les éoliennes.

Je suis un peu inquiète, je suis la rive nord pour aller vers le sud, suis je sur la bonne route ?

Oui car cet estuaire est fermé par un barrage (Eiderdperrwerk) que l'on peut traverser. En l'abordant je ne me rends même pas compte combien il est énorme


Les voitures passent par un tunnel les vélos passent par dessus. La vue est belle et des bancs presque abrités invitent à s'asseoir. C'est la promenade des familles.

Les vannes et mécanismes sont gigantesques.



Du côté de la mer le ciel est très très noir, je me dis que je n'ai pas beaucoup de temps pour mon casse-croûte. Effectivement, je ne termine pas le sandwich, une pluie mêlée de grêle se met à tomber en rafales.

Bref coup d'œil vers la mer avant le désastre.

Un abri ? J'en vois un, un bistrot à la sortie du barrage, mais c'est un escalier qui y descend, en vélo il faut continuer sur la digue où ce n'est plus possible dans la tourmente. En quelques secondes je suis trempée comme une soupe.

Légère accalmie, je parviens à descendre et atteindre le bistrot où j'attends que ça se calme.


Je repars sous un ciel est encore menaçant, seule contre le vent sous la digue, sur une ligne droite interminable. Où sont ils passés tous ?


Je les retrouve au bout de la ligne droite, non loin.. d'un parking. C'est la marée basse, on se promène sur le vaste estran.



En principe on change de direction ici, mais...Umleitung, déviation, pour travaux. Je m'exécute, finalement c'est bien indiqué et pas plus long, passant sous une digue à l'intérieur des terres, qui arrête mieux le vent. Qui finit par me pousser.

Büsum c'est le Nice ou Cannes de la mer du nord, ça grouille de touristes et la majorité des constructions sont des résidences de vacances.

On y pratique le "kite surf" , on se promène et on mange des glaces.


En longeant la côte dans le flot des badauds on arrive au port de pêche.

Il va falloir encore un moment pour sortit de la ville, le centre piéton et commercial, et des lotissements de vacances à n'en plus finir.

Je vais suivre la côte pour quelques kilomètres, puis partir plein est vers l'intérieur des terres, pour rejoindre un village au nom encore impossible à retenir, Epenwöhrden où habite Nian, une cycliste qui a accepté de m'héberger ce soir.

Plein est, génial, le vent me pousse enfin! Je roule sur le grand plateau.

Le paysage, c'est toujours plus ou moins le même, champs de blé, prés où paissent des moutons ou des vaches, zones humides, digues, éoliennes...

Vers la fin c'est un peu plus campagne avec les fermes porcheries et les odeurs qui vont avec. Niam habite une maison en bois. C'est encore quelqu'un qui a le sens de l'accueil, elle part en vacances demain à 5h et demie du matin. Elle prend le train pour un tour en vélo de trois semaines dans le sud de l'Allemagne. ENFIN je peux faire une lessive et me décrasser correctement.

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Pluie

Nian est partie comme prévu. Il pleut. C'était agréable la nuit en étant à l'abri, un peu moins quand il va falloir sortir...

Je n'ai pas une grande distance à parcourir jusqu'à mon prochain hébergement, warmshowers également, un peu plus de 50km. Alors comme j'ai pas mal de choses à mettre à jour, je reste à l'abri, attendant que ça cesse.

Mais ça ne cesse pas. Je pars vers midi, essayant de ne rien oublier et de bien tout fermer.

La pluie sera plus ou moins forte, mais ininterrompue jusqu'à au moins 15h. D'ici là je roule le nez dans le guidon tentant de prendre les voies les plus faciles. Je peste dans les rues pavées de Meldorf, suis obligée de retourner ma cape car la poche de devant se remplit d'eau et ça me goutte sur les genoux...En tout cas heureusement que les pistes cyclables sont là et que je ne roule pas avec les voitures...

À Sankt Mikaelisdonn une boulangerie est très heureusement sur ma route. Le café est bon et le gâteau aux quetsches excellent, hélas deux commères jacassent à la table d'à côté.

À la sortie il pleut encore un peu mais moins fort. Je me dirige vers les bords de l'Elbe, avant ça il faut traverser un cours d'eau, devant s'élève un énorme pont, je ne suis pas très rassurée sur la traversée de ce cours d'eau qui est le Nord -Ostsee Kanal (qui doit donc relier la Baltique et la Mer du Nord).

Grand soulagement, pas de pont... C'est un bac



Pour l'instant ce n'est pas poétique les bords de l'Elbe, ici c'est une vaste zone industrielle. Total y a un établissement.


Là ils ont copié Beaubourg !

Mais progressivement on va se retrouver en milieu rural avec... les moutons,

les digues et les vertes étendues. Pour l'instant le fleuve est loin. Mais on y arrive...


Pas trop d'amateurs pour la baignade aujourd'hui.

Un gros porte container s'approche, il met un moment à me doubler. Il croise un bateau plus petit.


La piste côtoie un phare, puis une bâtiment qui ressemble à une centrale nucléaire désaffectée. ?


À l'occasion du passage dans les pâtures à moutons, voilà la photo d'une de ces ignobles barrières.

La piste de goudronnée devient pavée de briques pas toujours bien jointes. Ça cahote très fort pendant un moment, ça s'améliore après.

Un dernier barrage au débouché de la rivière Spöhr, et j'entre de deux kilomètres à l'intérieur des terres pour arriver au village de Borsfleth, où Angelika et Arno ont accepté de m'accueillir. C'est vraiment une chance par ce temps !


Ils ne sont pas cyclistes mais leurs fils le sont. À défaut de raconter leurs exploits ils racontent ceux de leurs enfants, le tour du lac Vattern en Suède en une nuit, 300km environ.( L'un d'eux étudie à Jönköpping), et le tour du monde en vélo.

En tout cas ils m'accueillent royalement. Le goulasch d'Arno, avec quelques légumes et épicé juste ce qu'il faut, est fameux.

Je me fais la réflexion qu'à chaque fois que j'ai été invitée à manger chez les cyclistes c'était excellent... et toujours cuisiné par des hommes ! Henning au sud de la Suède, Jiazhi à Jönköpping, Antti à Tampere, Torsten à Silkeborg, et enfin Arno. Ça fait plaisir !

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Averses


Un copieux petit déjeuner avec Angelika. Comme j'ai admiré sa "chaussette à thé" elle m'en fait cadeau, et elle me fait faire en plus des sandwichs pour mon voyage. Ce qui n'était pas inutile car au bord de l'Elbe on ne rencontre pas beaucoup de commerces. Arno est parti au boulot à 6h du matin.

Le soleil brillait, aux aurores, mais quand je pars vers 8h30 le ciel est couvert.

J'admire de belles maisons traditionnelles dans le village.



Retour au bord de l'Elbe. Glückstadt, une localité un peu plus importante, est tout près. Je devrais passer sur un barrage mais il y a quatre marches... Du coup je fais le tour du port.


Et maintenant je suis le Elberadweg, véloroute de l'Elbe, suivie l'an dernier, plus en amont! À peu près constamment derrière la digue. Je ne vois donc pas le fleuve, mais les digues et les moutons, bien sympathiques certes mais qui n'ont pas appris à laisser leurs crottes ailleurs qu'au milieu du chemin. On rencontre quelques passages canadiens, sinon il y a toujours ces maudites barrières à passer.


De temps en temps, lors du passage d'un ruisseau par exemple, on peut voir le fleuve.


Comme on devait s'y attendre, le ciel devient bien sombre, et il commence à tomber quelques gouttes. Voilà justement près d'un port un petit bistrot avec des tables sous un barnum, on peut s'abriter. C'est l'occasion de tailler une bavette avec un couple de Suisses bernois (encore !). Ils parlent bien français, sont en vacances dans le coin et se baladent en e-bike, alias VAE. Le village s'appelle... Kollmar.

Nous hésitons car malgré le ciel très noir de l'autre côté de l'Elbe la pluie ne s'amplifie pas, et puis le ciel devient plus clair. Nous y avons échappé ! Le ciel est même bleu au barrage suivant.


Un peu plus loin, une échelle de crue originale

Mais rien n'est gagné, deuxième alerte. Cette fois je me retrouve avec une cycliste allemande, également en balade à la journée. Elle a 66 ans et l'envie de voyager de la même façon que moi. Nous repartons après une petite pluie, mais après quelques centaines de mètres, boum, le tonnerre .. et l'averse, voire le déluge. Je fonce vers une ferme et m'engouffre dans le hangar à matériel. Ça ne dure pas longtemps, je n'ai même pas le temps de manger mes deux sandwichs... Et je retrouve la dame à la sortie.

Sur le chemin vers Wedel la pluie n'a pas vraiment lavé les crottes, c'est même pire, et mon vélo est tout... crotté. Beurk.



À Wedel, Arno m'a signalé une auberge où l'on annonce l'arrivée des bateaux dans le port de Hamburg. Et en effet les bateaux passent tout près d'un ponton et à leur passage retentit l'hymne national de leur pavillon, et un "willkommen in Hamburg !". Le speaker donne aussi des informations sur les dimensions du bateau et son voyage.

Une nouvelle averse est survenue, raison de plus pour prendre le café dans ce restaurant qui est immense, plein de monde, et sympathique.


Il ne passera que trois ou quatre bateaux pendant que je serai à l'intérieur... Et il tombera bien trois ou quatre averses.

Et dans la suite du trajet vers Hamburg, ça sera encore averse sur averse. Quand je peux j'essaie de m'abriter mais ça me retarde.

C'est un très beau trajet au bord de l'Elbe. Fini les crottes de moutons, on traverse des bois et des parcs, alors que sur l'autre rive ce sont des usines (Airbus par exemple), et les grues du port se rapprochent. On voit passer des navires et des remorqueurs. De belles maisons s'alignent sur la rive.

Malheureusement en s'approchant davantage de la ville ça se gâte. Je commence par me trouver en zone piétonne interdite aux vélos, sans avoir vu l'itinéraire cyclable. C'est dans un quartier plutôt chic. Ensuite je tombe sur des pavés, et puis il faut se débrouiller entre rues et trottoirs sur des passages vélo pas très visibles, dans le vacarme de la grande ville.

Je passe devant le quartier des anciens entrepôts. Mais c'est à peu près tout ce que je verrai de Hamburg, à part de grandes avenues.


En effet, quand j'arrive au MAC Hostel, au 2e étage d'un immeuble, il est aux alentours de 18h, et je ne ressortirai que pour faire des courses.

La jeune Chinoise qui fait l'accueil de l' hostel est très gentille, m'aide à ranger mon vélo au sous-sol. Ce n'est pas très grand mais c'est sympathique. J'y croise Théodore, jeune cycliste français, qui va à Copenhague puis en Norvège et qui a souffert de la pluie, le pire c'est que ça va continuer.

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Il y en a qui mettent leur réveil à sonner dans le dortoir, et se rendorment après. Moi je ne me rendors pas. Alors je me lève, vers 6h, et prends un petit déjeuner gargantuesque pour pouvoir fermer mes sacoches après. Je salue le cycliste Théodore, qui garde courageusement sa détermination de ne plus faire que du bivouac, malgré une météo vraiment pas encourageante.

Pas de problème pour aller à la gare sur les voies cyclables, même si par moments je me demande si je ne suis pas à contre sens.

J'arrive immédiatement au passage en hauteur qui donne accès aux quais notamment le quai 14 d'où part l'ICE pour Basel. J'ai largement le temps, je vais chercher les toilettes que je ne retrouve pas, je reviens, nettoie mon vélo... Et soudain, il y a quelque chose qui ne va pas : je ne vois pas d'ascenseur ! Les ascenseurs sont à l'autre bout de la gare, sur une galerie totalement identique. Il n'y a pas de panique j'ai 20 minutes pour faire le tour, mais je frémis en imaginant que j'aurais pu ne m'en rendre compte qu'au tout dernier moment.

Les paniques, ce n'est pas tout à fait fini. À l'arrivée du train (à l'heure où il aurait du partir) je vois passer le compartiment vélo, tout à l'avant, et quand le train s'arrête, je suis au niveau de l'arrière, il me faut remonter tout le train alors que les passagers sont déjà à l'intérieur et que l'heure de départ du train est déjà dépassée.

J'essaie de monter dans un autre wagon, une employée me l'interdit, mais au moins elle m'a vu. Pour accéder au compartiment vélo il y a des marches aussi. Mais quelq'un arrive pour m'aider, ouf!

J'arrive à installer le vélo sans enlever les bagages, mais évidemment quand le contrôleur passe il me fait tout enlever et attacher le vélo en hauteur.

Voilà, je suis tranquille pour un moment, le train est bondé mais au bout après le compartiment vélo il n'y a pas grand monde. Et, inimaginable, le train a juste une ou deux minutes de retard.

Le temps dehors c'est un tout petit peu de soleil le matin, et après,nuageux et averses.

Mon billet est jusqu'à Baden Bad (gare "allemande") mais le train va jusque Baden SBB, d'où part le TER pour Mulhouse, alors je continue, avec une angoisse de dernière minute concernant le côté de la descente car une des portes est condamnée. Ouf, le quai est du bon côté. Et pas d'escaliers à la gare.

Les trains pour Mulhouse partent d'une gare "française" mais qui est juste à côté, et toute vieillotte.

Le train a trois marches hautes, il faut accrocher les vélos (on m'aide) et à Mulhouse l'ascenseur est court, je dois décrocher une sacoche... Retour en France.

Le temps est couvert, chaud et lourd, venteux. Je me rends tout de suite à l'auberge de jeunesse... Et n'aurai pas le courage de ressortir à part pour aller boire une bière dans un pub juste à côté, pendant ce temps une brève tempête se déchaîne.



Quand même, en allant à la gare le lendemain matin, je passe par la Place de la Réunion, mais elle est encombrée par des travaux et le soleil est du mauvais sens.


La mairie de Mulhouse

Le train a 20-25 minutes de retard, j'attendrai moins à Lyon Part Dieu. L'espace vélo dans ces TGV c'est un coin de compartiment pour 4 vélos les uns sur les autres, mais c'est impossible d'y faire tenir 4 vélos "normaux". Et là il y a 4 cyclistes... Ma monture atterrit dans le couloir devant la porte de sortie.

Le TER de Lyon à Bourges est nettement plus calme, surtout à la fin du trajet. Un couple d'Allemands, en vélos électriques et équipés propres et neufs contrastant fortement avec le mien, descendent à Nevers. Loire à Vélo j'imagine.

Je m'aperçois que mon pneu arrière est dégonflé. Avec mes pneus increvables, scandaleux ! Heureusement la pompe à main fonctionne, le pneu reste suffisamment gonflé et je peux rentrer chez moi en pédalant. Il tombe juste une petite ondée pour m'accueillir.

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Retour à Bourges mercredi 3 août, soit 3 mois et un jour après mon départ.

Voici une idée du parcours complet:

Et voici le récapitulatif de l'itinéraire. La zone grisée correspond à la Laponie:

94 jours de voyage, 79 de pédalage avec une moyenne de 75km/jour, pas tout à fait 6000km 

Rédiger ce journal de voyage c'était beaucoup de temps passé et une pression continuelle qui m'a souvent empêchée de me détendre et parfois limité mes activités. Mais grâce à lui je n'ai jamais voyagé seule! Merci donc à tous les lecteurs qui m'ont accompagnée, merci à Chantal, Orchidée Rouge, Charlie, Pailler, Sittelle, Joëlle (je mets les noms comme ils sont apparus!), pour leurs commentaires sympathiques et pertinents, en tout cas toujours bien venus, merci aux abonnés, merci à ceux qui se sont manifestés par ailleurs, et merci aux silencieux car il y en a puisque la moyenne est d'environ 10 visiteurs par jour sur le site.