Beau temps
C’est calme et confortable chez Wolfgang, je dors super bien. Départ sous le soleil.
Je descends du tramway à la gare, l’occasion de la visiter. C’est une des plus grandes gares d’Europe, hautes voûtes ornées et verrières. De là une rue étroite conduit au centre ville, on y observe les hauts et riches immeubles de l’époque dite « Gründerzeit », les premières années après la fondation de l’empire allemand, période de prospérité économique à la fin du 19ème siècle. Ils sont ornés de diverses sculptures, des animaux, des personnages, des motifs végétaux. Entre ces maisons, sous le « Speck Hof » notamment, circulent de nombreux passages commerciaux, avec des verrières élevées.
La Nikolaikirche, la plus ancienne de la ville mais fortement remaniée, avec deux tours en façade, est fermée ce matin. À côté se trouve la « Alte Nikolaischule, ancienne école Saint Nicolas, et une colonne moderne, qui célèbre la révolution pacifique de 1989. La balade se poursuit dans le même style architectural, Riquetin Haus avec deux éléphants noirs, le palais de la foire (Centralmessehaus).
Au Zeitgeschischtliches forum, sorte de maison de la culture, se déroule une exposition sur l’histoire de cette partie de l’Allemagne depuis la fin de la guerre jusqu’à nos jours. Elle est beaucoup plus importante que je n’imaginais mais cela valait la peine d’y passer quelque temps. Il en faudrait plus pour lire tous les documents et vraiment comprendre, surtout si on n'a pas beaucoup de connaissances historiques. C’est très documenté, beaucoup d’objets, parfois volumineux (objets militaires, voitures, meubles…), et beaucoup de photos et documents filmés. L’arrivée de l'armée soviétiques, la mise en place du régime socialo-communiste, les purges, la propagande, tout une partie très angoissante, et puis la vie en DDR, éducation, travail…., les manifestations de la « révolution pacifique » de 1989, (la première a eu lieu à Leipzig), l’ouverture à l’ouest. L’allégresse qui a suivi, qui est retombée quand les usines ont fermé ou changé de mains et que les ouvriers se sont retrouvés au chômage. Beaucoup de jeunes visitent cette exposition, et aussi de nombreux étrangers.
À la sortie je me trouve devant l'« Altes Rathaus », le vieil hôtel de ville, devant lequel s’élèvent la Bourse, une des premières d’Europe, et la statue de Goethe, qui a fréquenté l’université et vécu ici.Après avoir parcouru toutes ces rues plutôt étroites ont est surpris de trouver de l’autre côté de l’hôtel de ville une vaste place piétonne, c’est le « Markt » place du marché. Des passants y circulent mais ce n’est qu’à l’autre extrémité que se presse une foule bruyante. Les gens arborent tous les mêmes T-shirts, généralement bleus, avec sigles et logos, des écharpes qui visiblement portent les noms d’équipes de foot: il y a un match ce soir. Toute la journée les supporters circulent dans les rues ou boivent de la bière à la terrasse des cafés, dans l’après-midi on commence à voir apparaître des policiers.
Il est déjà 13h, je vais manger mon petit casse-croûte sur un banc en face de la Thomaskirche, non loin de la statue de Mendelssohn, un autre musicien qui a longtemps vécu ici.
Quand on parle de musique en ce qui concerne Leipzig, le musicien qui vient à l’esprit est bien sûr Jean Sébastien Bach, Kantor (maître de chapelle) de la Thomaskirche pendant presque 30 ans. C’est donc pour moi quasiment un pèlerinage. L'église date du 12ème, reconstruite à la fin du 15ème avec trois nefs et une tour, et depuis l’époque de Bach l'intérieur a été beaucoup remanié, en style néogothique. Il a été restauré il n’y a pas très longtemps, les murs sont blancs, les nervures du plafond sont peintes en rouge. L’orgue de l’époque de Bach n’existe plus, on en a reconstruit un nouveau. Les restes du compositeur ont été transférés ici, la tombe est au milieu de l’église.
La « Thomasschule » disons école de la maîtrise, où Bach professait et habitait avec sa famille, a été détruite, mais un beau bâtiment voisin a été préservé et c’est là que se trouve un centre d’études sur le compositeur et un musée que je ne manque pas de visiter. On y voit des portraits du compositeur, des partitions originales, une exposition visuelle et auditive des instruments de son époque, une salle où on dans le calme peut écouter ses œuvres (il n’y a pas affluence), c'est très reposant.
L’après-midi est bien entamé, je n’aurai pas le temps de tout voir dans la ville, je passe encore devant le « Runde Ecke», l’immeuble qui était le siège de la Stasi, « ministère de la sécurité de l’état », le KGB Est- allemand, maintenant un musée . À l’entrée à l’intérieur est exposée la banderole qui avait été accrochée sur le bâtiment lors des manifestations de 1989.
Un peu plus loin se trouve en haut d’un escalier, dans un environnement pas trop esthétique, le monument à Wagner, qui est passé aussi par ici. Retour à la gare par le Brühl, un immeuble moderne et une rue commerçante plutôt moches, un crochet par la Nikolaikirche pour voir l’intérieur, élévation et décoration splendide avec des chapiteaux « à palmes ». Le tramway pour rentrer.
Heidrun m’a invité au restaurant (c’est plutôt moi qui aurait du). Nous allons dans une « Gaststätte » bien typique avec boiseries et déco à l’ancienne qui a le nom de Luther, je prends un de ces repas allemands que j’affectionne, aujourd’hui un « Kasslerbraten » (espèce de petit-salé), accompagné de choucroute, Sauerkrau. Avec ça il faut boire de la bière bien sûr.