Carnet de voyage

Vélo en Espagne et retour / 2024

30 étapes
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C'était parti pour l'Andalousie, les désordres climatiques en ont voulu autrement. Après la Catalogne, Je traverserai l'Aragon, la Navarre et le sud-ouest de la France
Du 27 octobre au 29 novembre 2024
34 jours
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Barcelona Carrer de Londres

Lundi 28 octobre arrivée à Barcelone

Temps gris et pluies


Hier de Bourges jusqu'à Avignon j'étais partie avec le soleil mais dans le sud il ne fait pas beau du tout. La mer et les lagunes languedociennes sont grises. Je reconnais les endroits parcourus l'hiver dernier et observe quelques flamands. Dans le train on m'aide à accrocher le vélo. Je parle avec des dames sympathiques, une de Carpentras qui a un vélo pliant et une Ukrainienne qui était une sportive éclectique, maintenant travaille près de Béziers, et pratique aussi le vélo. Mon russe est défaillant, mon espagnol le sera également à l'arrivée à Port Bou où il pleut comme sur toute la pittoresque Côte Vermeille (Banyuls, Collioure). Je suis somnolente dans le trajet vers Barcelone.

La gare de Sants est fort animée mais hostile : impossible d'en sortir ni même d'aller aux guichets, je prends la sortie de secours ce qui fait sonner l'alarme. Et je retourne ensuite vers les guichets pour me renseigner sur les trains qui continuent vers le sud, Ligne coupée par des travaux et transbordement en bus sur une partie du trajet. Il y aurait un train et un seul qui évite cette discontinuité, mais je n'arrive pas à y croire. L'hostel n'est pas très loin, pas génial et on me fait payer 5€ pour le vélo. Un petit tour dans le voisinage, un quadrillage de rues commerçantes et un site industriel fort bien réutilisé. Sport, enseignement, culture...

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Ciel voilé, doux, vent (dans le dos)

Les prévisions météo ne sont pas trop mauvaises pour aujourd'hui. Ça pourrait être bien de pédaler un peu... Mais pas trop. Je vise une petite distance, alors rien ne presse, j'ai le temps de faire un (petit) détour avant d'aller à la gare. Je vais voir les arènes, derrière un jardin public où volent avec des cris aigus ces petits perroquets verts que je n'aime pas.

Les arènes ont été construites à la fin du 19è, en briques dans un beau style "néo -mudéjar". Elles ont changé de destination mais rien de culturel... On en a fait un centre commercial, avec des escaliers et ascenseurs à l'extérieur. Quant à la Plaça de Espanya elle est en travaux, bref pas très intéressante en ce moment. De là on voit la colline de Montjuic.


Et maintenant direction la gare. Les avenues sont dotées de pistes cyclables à double sens qui tombent presque toujours du mauvais côté, je n'aime pas trop et préfère quand je peux emprunter les couloirs de bus.À la gare je finis par tout comprendre sur les trains qui partent en direction de Tarragona et Valencia. Il y en a bien un et un seul qui est direct mais il est parti il y a 10 minutes. Rien de grave, je vais prendre le train jusqu'où c'est possible, Sant Vicenç de Cabrels et il ne restera qu'une trentaine de kilomètres jusqu'à Tarragone où je peux faire étape.

La voie ferrée traverse des banlieues puis rejoint la côte, qui reste très urbanisée ce qui ne m'enchante guère. La mer est bleu gris, un peu agitée, les rochers sont d'un joli brun orangé. À Sant Vicenç le transbordement vers un bus a l'air bien organisé et on me dit que c'était possible avec le vélo. Je n'y tenais pas trop de toute façon.

Je vais maintenant beaucoup traîner, commençant par aller voir la mer sur une piste en dur qui traverse la plage de Coma Ruga en direction du port. Étendues de salicornes rouges et une bande de mouettes.

Après un café à une terrasse j'essaye en vain de trouver du pain, et continue à prendre mon temps en suivant la mer de près sur les promenades piétonnes bordées de palmiers. C'est d'autant plus agréable que le vent me pousse.

Le problème c'est qu'entre les épisodes bord de mer il y a des épisodes intérieur des terres tournicotants et beaucoup moins confortables ... C'est loin d'être plat. Au début des petites rues, plus loin des avenues plus fréquentées. Je trouve du pain dans un Lidl, je vais pouvoir casser la croûte au bord de la mer. Le vent est fort, pas trop froid mais je ne vais pas m'éterniser.

Comme on peut voir le ciel se montre un peu menaçant, je me décide à accélérer le mouvement, d'ailleurs il vaut mieux, je me retrouve sur la nationale 340, où ça circule. La bande sur le côté, à peu près toujours présente en Espagne sur les grandes routes, n'est pas large ici.

Un bel ensemble monumental en haut d'une colline, église et château, ce n'est pas encore Tarragona, c'est Altafulla. Je ne vais pas monter là haut, mais en contournant la ville ça grimpe bien aussi. Au passage, quelques vieilles maisons, on n'en a pas vu beaucoup jusqu'ici.

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Un peu plus loin s'élève au bord de la route la "Tour de Scipion".


D'autres monuments antiques apparaissent à l'entrée de Tarragona, ville classée au patrimoine de l'UNESCO pour ses restes romains et son centre historique.

En montant une rue médiane, je passe devant deux églises de style plutôt baroque, puis tourne dans une rue en descente où se trouve l'hostel. Il est plus spacieux et beaucoup plus agréable que celui d'hier, et j'ai tout un hall pour mettre le vélo. D'une manière générale je trouve la ville sympathique et m'y sens bien, et malgré une petite fatigue qui m'inquiète un peu... Après 30km de vélo seulement..

J'aurai quand même le courage de faire un tour. Le centre est assez animé. Des touristes... essentiellement français dirait-on.

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Pour commencer, quelques pas sur les ramblas ("novas"). Au bout, la statue est celle d'un dénommé Roger de Lauria, un amiral italo catalan du 13è siècle qui a entre autres pillé les côtes languedociennes (d'après wikipédia). Quelques belles maisons en bordure.


Et au delà de cette statue, un magnifique balcon sur la mer, et en contrebas l'amphithéâtre romain

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Plus haut on retrouve le Prétoire et la statue d'un romain en toge, un empereur ? De là une jolie rampe monte vers la ville ancienne.

Et en effet c'est une très belle ville, très préservée, un bel ensemble médiéval, arcades, portes monuEt au delà de cette statue, un magnifique balcon sur la mer. En contrebas se trouve l'amphithéâtre romain. On le voit très bien, pas besoin de visiter. mentales, maisons crépies d'une belle couleur rose ocre qui ne rend pas sur les photos. Et des ruines romaines éparses.


Le monument le plus important de la ville c'est la cathédrale, 12è-14è. L'entrée est payante donc c'est contre mes principes, de toute façon ça ferme dans 30 minutes j'aurais eu peu de temps. Mais ça devait être beau. C'est beau à l'extérieur aussi mais pas illuminé partout de la même façon.


Et je rentre, toujours à travers le quartier ancien.


Emplettes dans un SPAR. Je mange des courgettes bouillies (il y a des poêles mais pas d'huile) avec une petite tortilla.

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Nuageux qq averses et vent


Tôt le matin je reçois un message de Vincent, ami à qui j'ai prévu de rendre visite à Oliva, sa résidence espagnole, au sud de Valence. Il me parle de fortes pluies et d'inondations. Aussi quand je vois sur le site de Renfe que le train pour Valencia n'est pas réservable je vais tout de suite me renseigner à la gare. En effet, le train ne va pas jusqu'à cette ville et c'est bien pour cause d'inondations. On me dit que le trafic ne sera pas rétabli avant plusieurs jours. Je prendrai le train jusqu'au plus loin possible sur ma route, c'est à dire à l'Ampolla, près du delta de l'Elbe, qui ne serait pas inondé.


Pendant le trajet, je n'ai pas long à chercher sur internet pour apprendre que la situation est vraiment grave, déjà 50 morts, et pour me rendre compte avec émotion que j'aurais pu être parmi les victimes si j'avais pris le train pour Valence hier...

Ce matin un orage est tombé à Tarragone, maintenant il ne pleut plus beaucoup, le temps est nuageux et venteux et la mer bien agitée.

À l' arrivée je rencontre un couple de cyclistes français qui vont à Tarifa puis au Maroc ... Et aujourd'hui jusqu'à Tortosa, une petite ville dans l'intérieur des terres, terminus actuel du train. Ce matin j'avais déjà parlé avec un autre cycliste, à l'auberge puis à la gare. Un Colombien vivant en Norvège et parti de Pologne pour rejoindre la côte sud puis le Portugal. Il a décidé de passer par Madrid.

Moi j'ai l'intention de traverser le delta de l'Elbe, mais à la vue des énormes vagues qui vont se briser sur les quais, sous le ciel noir et par un vent violent, je sens mon courage baisser.

Et pour compléter le tout c'est la vue de champs inondés qui me fait rebrousser chemin. Heureusement que je n'ai pas trop attendu pour me décider car je me prends le vent en plein nez.Et je reprends le train en sens inverse. Retour à l'Hostel Tarragona, un peu avant 15h, à point pour la sieste, à la même place que la veille...


Évidemment quand je ressors la nuit va tomber. Je descends vers la plage en empruntant de longues passerelles La mer longe toute la ville, et elle est borValenciadée d'une promenade piétonne. Mais la route et la voie ferrée forment barrage, et il n'y a que très peu de points pour y accéder. Il y a de belles vagues, mais c'est beaucoup plus calme que ce que j'ai vu en milieu de journée.


En remontant c'est dans la nuit noire que je longe l'amphithéâtre et quelques ruelles de la ville ancienne. À l'Hostel Tarragona je retrouve dans le hall le cycliste Colombien qui n'a pas pu aller à Madrid parce que le train n'acceptait pas les vélos non démontés. Et en plus il a crevé. Il prendra le train régional demain. Son frère habite là bas.

Je me fais des haricots verts, j'ai acheté du beurre pour l'occasion. Je décide de rester ici demain, histoire de voir comment la situation évolue. De toute façon la météo n'est guère engageante jusqu'à la fin de la semaine. Aux dernières nouvelles, 95 morts dans les inondations. Et énormément de disparus.

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Pluie, éclaircie le soir


Au petit déjeuner j'identifie des Argentins à leur "bombilla" de maté. L'un d'eux parle français, tant mieux sinon je ne comprends rien. Et je prête au cycliste colombien la petite pompe à pied que j'ai bien fait d'emmener.

Décision prise ce matin avant de me lever: La météo annonce de nouvelles pluies torrentielles, cette fois du côté du delta de l'Ebre. La poursuite du voyage sur la côte semble de plus en plus hasardeuse. Tentons de rejoindre l'Andalousie par l'autre côté en allant à Córdoba Cordoue par le train via Madrid. À la mi journée le "Régional Express" pour Madrid passe à Zaragoza Saragosse. Pourquoi ne pas en profiter pour visiter la capitale mets quand même e de l'Aragon?

Je retrouve le Colombien à la gare, il m'aide à monter dans le train, tout à la queue se trouve un vrai compartiment vélo mais avec une marche. Il y a aussi un couple d'Allemands qui pédale dans les montagnes.

Au début du voyage il ne fait pas si mauvais . Un paysage vallonné avec des vignes des oliveraies ..., des maquis, la terre rouge. Le train va très lentement.À peu près au moment où la ligne rejoint l'Ebre, à Mora d'Ebre, il se met à pleuvoir, les terres sont détrempées, pas vraiment inondées mais l'eau est partout. Les paysages sont rocheux, des reliefs peu élevés mais accidentés, des villages sur des hauteurs, plutôt rares au milieu de contrées désertes.

Le train suit l'Ebre assez longtemps, passant souvent dans des tunnels. Vers la fin on va un peu plus vite, on arrive avant 15h, le retard n'est pas si énorme.Déception à l'arrivée: l'hostel a tout pour me déplaire. Pas d'accueil, on entre avec des codes, et la chambre est un dortoir de six "cagibi" aux fenêtres occultées et hermétiquement closes. ( j'avais demandé un dortoir de 12 sensé avoir un balcon). J'appelle pour protester mais pas moyen de changer. 😖 Je m'installe en face de l'ex- fenêtre d'où émane une faible lueur.

Point plus positif, quand je ressors il ne pleut plus, ce sera donc plutôt agréable de se promener dans la ville.Pour commencer, les rues étroites des quartiers anciens, "el Gancho", el "Casco". Ce n'est pas médiéval comme à Tarragona, mais j'ai le plaisir d'admirer ce type de maisons espagnoles que j'aime bien, avec des fenêtres vérandas en fer forgé.

Une première église de briques jaunes, qui a l'air fermée, et puis eu bord d'une rue principale où passe le tramway on admire une grande halle du début du siècle dernier, et un peu plus loin une jolie place arborée et une église à la façade ornée de statues de marbre.

Je vais récupérer un plan à l'Office de tourisme, et maintenant je suis au cœur historique de la ville où trône l'immense basilique Nuestra Senora del Pilar, hérissée de tours et de dômes, qui est, je l'apprends, un lieu de pèlerinage important pour les catholiques, parce qu'elle abrite un pilier (Pilar) où la Vierge Marie serait venue depuis la Palestine (ou tout au moins apparue) pour rencontrer Saint Jacques. Du coup, comme à Santiago, l'entrée n'est pas payante mais on ne peut visiter que la moitié, dans l'autre un office est en cours.

La basilique gothique primitive a été remplacée par un bâtiment baroque fort pompeux de la fin du 17è. Un plafond de Goya n'est visible que si on met une pièce. Dans une chapelle voisine, Saint Jacques. Je n'ai pas trop essayé de trouver ce fameux pilier.Eh oui c'est l'origine de ce prénom espagnol, Pilar, que j'avais toujours trouvé bizarre.

Cette église est située sur une place immense tout en longueur où s'élèvent d'autres constructions gigantesques qui sont en majorité des musées. Des sculptures modernes au milieu de la place gâchent la vue. Il s'y trouve aussi une statue de Goya (originaire d'ici).


Il est temps d'aller voir l'Èbre avant la nuit. Le niveau est haut et l'eau boueuse. La pierre du pont..de pierre (15è) est d'une jolie couleur et le ciel aussi.



Je contourne une église de style mudéjar (entrée payante et trop tard pour visiter de toute façon), Catedral del Salvador.


Retour sur la place et dans les rues où déambulent les familles costumées pour Halloween.

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Et pour finir la journée je pousse jusqu'au "Palacio de la Aljafería" où on croit être déjà en Andalousie. Eh oui les musulmans sont montés jusque là...Construit au 11è siècle, c'était une résidence de loisirs des rois musulmans , un peu défensive quand même. Inattendu, c'est encore ouvert et pour les retraités l'entrée est à 1€. J'aurais eu tort de me priver. On se croirait en Andalousie. Dans le patio les orangers portent des fruits.

Retour à l'hostel où je mange mes restes d'hier et de la mousline. J'ouvre de temps en temps la porte de secours pour respirer... Il paraît que j'ai déclenché l'alarme !

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quartier de l'université à Zaragoza

Vendredi 1er novembre Zaragoza

Beau temps, quelques nuages

Bien sûr j'ai mal dormi et mal à la tête le matin. Manque d'air... En plus dans la nuit dès que quelqu'un bougeait la lumière s'allumait automatiquement et ça réveillait tout le monde ..

Heureusement je m'étais finalement décidée à chercher un hébergement sur le site des cyclistes warmshowers. Je reçois trois réponses, dont une positive de Darío chez qui je peux me rendre dès la fin de la matinée. Mais avant ça je passe à la gare principale Zaragoza Delicias pour me renseigner sur les trains: pas de train pour aujourd'hui... Et il y aurait possibilité de train prenant les vélos de Madrid à Jaén... Mais impossible de prendre un billet. Ça va mal. Mais allons voir Dario. Il habite au 3ème étage sans ascenseur dans le quartier de l'université à 2-3km du centre. Il se trouve là avec sa copine Helena qui parle parfaitement français car elle a séjourné dans quantité de pays francophones et même à Trouy à côté de Bourges.

Après avoir monté le vélo on prend le petit déjeuner avec de la viennoiserie locale, et puis on va faire un tour passant par une gare où on va se renseigner sur les trains et où l'employé est plus précis celui de la gare Delicias... Mais c'est pas bon : pas de train régional pour Madrid avant lundi. Ensuite pour Jaén un train prend les vélos... Mais seulement 3 places, et pas avant... mardi. Darío veut bien m'héberger jusque là, mais c'est quand même long... Réfléchissons d'ici ce soir...

Nous passons devant l'ancienne faculté de médecine et allons visiter un appartement qu'Helena a acheté et qui est en travaux. C'est un très bel appartement ancien avec une fenêtre véranda, un beau carrelage polychrome et des décos en stuc. Mais il y a du boulot. Un artisan portugais jovial y travaille. Helena est médecin généraliste urgentiste et Dario psychologue scolaire.

Et puis nous rentrons, Darío cuisine un bon risotto et nous ne ressortirons que vers 17h après la sieste... Le rythme de vie espagnol me convient bien !!! Nous parcourons ensuite la ville .

Les passants sont nombreux, c'est jour férié. Nous suivons une promenade, traversons un quartier commercial à grands immeubles, et passons devant les restes d'un théâtre romain récemment exhumé, il se trouvait sous des bâtiments. Et puis nous allons visiter le quartier populaire de la Magdalena, c'est le quartier gitan. Qui commence à devenir bobo dit Dario. L'église mélange de façon heureuse les styles baroque et mudéjar. Retables de bois et statues animées comme je les aime.


Elle a une forme très curieuse et c'est comme si l'entrée se trouvait du côté du chœur. La belle tour carrée n'est pas éclairée.À l'extérieur le quartier est pittoresque, il y a quand même un peu trop de tags. Ils voulaient me faire visiter un café cycliste mais celui-ci est fermé.

Nous retournons vers le centre du centre, passant devant la Seo ou Cathédrale de San Salvador, déjà vue hier, beau mélange de styles, pour se retrouver devant la basilique du pilier. Occasion de faire un selfie. Il y a une longue queue pour entrer dans la cathédrale, sans doute parce que c'est la Toussaint.




Les rues et les galeries commerçantes sont pleines de monde. Helena et Dario ont l'idée de me faire goûter la grande spécialité espagnole hivernale, le chocolat avec les churros. Et pour cela il faut faire la queue, et par miracle nous trouvons une toute petite table à l'intérieur, à côté de l'industrie à churros.


Le chocolat est comme le chocolat italien, très épais... et les churros, tout seul c'est pas terrible mais avec le chocolat c'est très bon!

Et nous continuons vers le pont de pierre... Autres photos.


De l'autre côté du pont, c'est le quartier où Dario travaille comme psychologue scolaire. Il dit qu'il se sent le plus souvent impuissant, énormément d'enfants ont des problèmes et il n'y a pas les moyens pour s'en occuper.

Nous trouvons au pont suivant le quartier qui nous ramènera et laissons là Helena qui retourne chez elle (chez ses parents), demain elle va à un mariage qui sera grandiose. Les mariages sont toujours de gros événements très coûteux ici. Comme en Italie et en Roumanie.

À la descente du tram Darío me montre où commencer ma route après demain: le canal qu'il est possible de longer sur une bonne distance...en direction de...Pamplona! En effet j'ai décidé de renoncer à l'Andalousie, trop compliqué avec les trains, incertitudes sur le retour, risque de trouver les routes barrées. Et une grande envie de me mettre enfin à pédaler...

Le soir pas besoin de manger, après le chocolat-churros !!

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Temps variable, petite pluie

Pas de hâte ce matin. Je finis le petit déjeuner vers 10h avec Dario. Comme je vais aller visiter le musée Goya, on parle d'art (enfin, surtout Dario, qui n'aime pas Dali ni même Picasso). Il ne fait pas mauvais ce matin. Je prends le même chemin qu'hier soir mais ai le loisir de mieux voir les belles maisons sur le paseo Sagasta


Une première église, et la Plaza de España, la deuxième place centrale de la ville. Et d'un coup on pénètre dans les rues étroites de "El Tubo"


Ce que j'ai prévu pour aujourd'hui c'est la visite du musée Goya. Francisco de Goya y Lucientes (1746-1828) est un personnage de la ville même s'il est loin d'y avoir toujours vécu. Il est notamment mort à Bordeaux. Ses œuvres les plus connues ne sont pas ici, je les ai vues au Prado, mais il y a beaucoup à voir ici aussi. Par exemple sa première toile connue, peinte à 14 ans, et très Saragossienne puisque c'est la Vierge sur son fameux pilier. J'ai bien aimé aussi ce beau Saint Christophe et cet autoportrait (autorretrato)



En effet ce n'était pas la peine d'allumer le plafond dans l'église, "l'adoration du nom de Dieu" est aussi un tableau. Goya était très demandé comme portraitiste et ces beaux messieurs sont représentés grandeur nature ou plus, avec leurs beaux atours et toute leur arrogance. Le portrait de son fils est plus intimiste et il commence à peindre moins classique. Ce qui m'a beaucoup plu, c'est une série de six petits tableaux représentant des enfants du peuple dans leurs jeux, peints entre 1775 et 1785.


Il menait une existence plutôt aisée mais se préoccupait de la justice sociale ce qui transparaît surtout dans ses gravures satiriques d'un humour très grinçant, avec des personnages sordides ou monstrueux, et des sorcières. Il critique la société, les riches, les moines, les médecins, voire l'inquisition. Il prend position contre le roi qui a aboli la constitution pour garder le pouvoir absolu. Bref il va être beaucoup moins bien vu, pour arranger les choses il va devenir sourd, il se retire du monde et peint des œuvres très noires qui heureusement ne sont pas ici car déjà ses gravures ne remontent pas trop le moral.

Il est question aussi des horreurs de la guerre, de Napoléon, qui sera bouté hors d'Espagne et représenté pas comme un aigle mais comme un vautour. Et toute une série de gravures de tauromachie, qui doivent être belles pour les amateurs.

La dernière salle sur les successeurs de Goya, je n'aurai pas le loisir de m'y attarder, les gardiens font sortir tout le monde dix minutes avant l'heure.Par contre en bas j'ai le temps de regarder cette représentation de Saragosse au début du 17è. On retrouve une partie des bâtiments mais le pont de pierre est cassé et la basilique du Pilar est sous sa forme ancienne.


À la sortie je prends des petites rues vers la Magdalena car je voudrais voir la tour de l'église, qui apparaît parfois dans le prolongement d'une ruelle. On la voit mieux qu'hier soir mais elle est fermée. La tour est décorée de céramiques polychromes... qu'on ne voit pas sur la photo.

Errons un peu dans les petites rues. Un mur est consacré à la cause palestinienne. Et puis je retrouve les bords de l'Èbre et son eau boueuse. Et j'entre de nouveau dans la basilique pour essayer de trouver le fameux Pilier. Il semble que ce soit ce cylindre argenté surmonté d'une vierge, sous une cloche de verre. Pour lui faire la bise il faut passer de l'autre côté.

À la sortie les cloches sonnent 4h. Je vais boire un café et rentrer par le même chemin qu'à l'aller.

Dario part à une soirée chez un copain. Je me retrouve seule. L'ennui c'est que demain il veut se lever pour m'aider à descendre mes affaires alors qu'il préférerait certainement dormir.Je me fais des pâtes, avec un peu de difficulté pour trouver le matériel.

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Beau, doux, un peu nuageux



Comme prévu, Darío s'est levé bien qu'il se soit couché à 4h du mat. Il descend mon vélo et me donne la direction, je trouve facilement le canal d'Aragon, et il n'y a plus qu'à suivre... Rive droite m'a t'il dit.

On n'a aucunement l'impression de sortir d'une grande ville. Car Saragosse compte quand même plus de 700000 habitants. C'est un agréable trajet, emprunté par les promeneurs, joggeurs et cyclistes dominicaux. Le feuillage des platanes est de couleur automnale.

De rares constructions bordent le canal. Des ouvrages hydrauliques, et des petites maisons de pierre, indiquées comme "almenaras". Je pensais que c'était de petites fermes, mais non, elles sont liées au canal. Et beaucoup plus poétiques que les ouvrages modernes.


À la Almenara de San Miguel je fais une petite pause, surtout pour m'habiller plus légèrement car avec le T shirt à longues manches j'ai trop chaud. Il doit faire 20-21°. Comme par un fait exprès, deux autres cyclistes s'arrêtent en même temps.

Et je continue, le chemin est vraiment très bien roulable, un gravillon fin et souple. Il y a seulement des flaques de temps en temps, surtout sous les ponts. Le temps est agréable et le vent me pousse légèrement.


Le château d'eau a un petit clocheton à son sommet et la numérotation des voies cyclables est de type "hollandais". À part les cyclistes, je vais suivre un couple de "marathoniens".. enfin de loin, car ils courent à plus de 15km/h alors que moi ça serait autour de 13-14...

Un panneau explicatif un peu caché par des genêts... d'Espagne m'apprend que ce canal, dont le nom complet est "Canal impérial d'Aragon" est long de 110km. Il a été construit à la fin du 18è siècle, à la fois pour l'irrigation et la navigation à traction animale , voyageurs et marchandises. Pour l'irrigation il sert toujours. Quant à la navigation... J'ai vu un canoë. En tout cas c'est appréciable pour les cyclistes que les voies de halage soient si bien entretenues!

Un peu plus loin le canal est traversé par un joli petit pont dont les piles de brique sont d'origine mais dont le tablier a été refait.

Un peu après un beau platane doré, je suis surprise que le chemin longe un mur de plus en plus haut, on dirait un pont-canal, je vois un cycliste qui roule en haut bien que la voie cyclable continue. Préoccupée par la suite des évènements je ne comprends pas trop à quoi sert cet ouvrage, d'où l'eau peut couper en cascade. Car je commence à m'inquiéter... Il y a bientôt une rivière à traverser. Darío m'en avait parlé, il se souvenait avoir passé une rivière (en été), sans savoir où... Eh bien ça doit être là...

😱 En effet, hautes comme sont les eaux en ce moment, c'est totalement impossible de passer ! Mais je me souviens du cycliste vu là haut et je rebrousse chemin, il y a peut-être de l'espoir...

En effet c'est bien un pont canal, on a peut être jugé le passage un peu étroit pour les cyclistes mais en ce moment on n'a pas le choix. Heureusement que ce n'est pas barré.

Je me réjouis d'avoir passé ce point délicat... Mais une nouvelle surprise m'attend: belle fondrière sous ce pont... Absolument impossible de l'éviter et l'idée de refaire un long chemin en sens inverse, en repassant sur le pont canal ne m'enchante pas du tout du tout. Je voudrais bien qu'un cycliste passe pour que je voie la profondeur... Hélas personne ne vient. Évaluation du danger... Eau stagnante, on ne peut pas se faire emporter. C'est assez peu probable que la profondeur soit supérieure à 1m, et il y a forcément du caillou en dessous. Bref tout ce que je risque c'est d'être mouillée, et il ne fait même pas froid.

Bref je me lance, mais pas sur le vélo, j'ai peur, je pousse. Oui c'est profond, et même un peu boueux au fond. 50-60cm. L'eau monte jusqu'au milieu de mes sacoches avant... Et voilà je suis de l'autre côté, avec les pieds pleins d'eau. Ça ne me gênera pas trop. Et mes sacoches, ouf, prouvent leur étanchéité.

Avec tout ça il va être 14h. Le prochain village est Figueruelas, au milieu d'une contrée très industrielle. Il est très vide et pas très pittoresque. Je m'assieds pour manger à côté de l'hôtel de ville, c'est assez bétonné mais ça aidera peut-être à sécher un peu mes chaussures. Le village suivant, Pedrola, est plus joli. Il a un caractère ancien avec des rues étroites dont plusieurs barrées, un plan circulaire avec au milieu une église avec un clocher original. Une fontaine est dédiée à Saint Ro(si c'est comme ça qu'on dit) ch, et il est question aussi de Don Quijote qui a du passer par là.


Figueruelas et Pedrola 


Un café est ouvert. Je peux recharger mon téléphone.( Hélas le chargeur sur la dynamo de mon vélo ne marche plus.) Et je vois à la télé les rois d'Espagne se faire envoyer de la boue dans les banlieues de Valence par les sinistrés mécontents. Il continue à pleuvoir là bas.

Une petite route mène à Gallur où j'ai prévu l'hébergement, je décide de la prendre pour changer mais elle est plus monotone que les bords du canal, peu fréquentée certes, mais large, et toute droite dans une campagne plate de grandes cultures et porcheries, et industries éparses. Au nord la vue porte sur des coteaux de pierre blanche surmontés de nombreuses éoliennes. Est ce le début des Pyrénées ? C'est quand même agréable au soleil du soir. Car quand j'arrive à Gallur à 17h30 on sent déjà la nuit arriver.

La chambre d'hôtel est petite avec un lit à une place, mais charmante et bien équipée. Par contre je me fais avoir avec le repas, je prends une soupe... Mais ici ce n'est pas la Roumanie, j'obtiens un bouillon au vermicelle très quelconque... J'aurais mieux fait de me faire une polenta avec mon matériel...

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Bord de l'Aragon avant Milagro

Lundi 4 novembre Gallur - Milagro 69,3km

Nuageux

En début de matinée une pluie était prévue. Il ne tombe qu'une petite averse vers 8h... Bien avant que je parte, une heure plus tard. Je ressors par derrière l'hôtel, ce qui est bien car je n'ai pas l'escalier à monter avec le vélo. Mais je me trouve tout de suite près du canal, qui étonnamment est en hauteur. Je n'aurai pas vu grand chose de la ville, à part l'église depuis la fenêtre de ma chambre.


Au démarrage on ne peut pas dire que le canal soit très joli, nu entre deux pentes grises.

Ça s'arrange par la suite. Une Almenara qui s'appelle Saint Fermín avec des potagers en dessous, et des pins qui agrémentent les rives. Une fleur forme des tapis blancs, c'est une crucifère (brassicacée) la fausse roquette, diplotaxis erucoides.



Le canal sinue à travers des campagnes pas spécialement pittoresques, grandes cultures, porcheries, éoliennes... Des monts très ravinés à l'arrière plan. Mais c'est la campagne, c'est très calme et c'est bien plus agréable que d'être sur une route avec des voitures, d'autant plus que le chemin roule bien. Même les humains ne se montrent guère. On commence à en voir en s'approchant d'un village un peu plus important que les autres et qui touche le canal, Ribaforada. Mais c'est étonnant, ils sont tous sur l'autre rive. Au bout de 3km environ je croise une dame qui me dit que plus loin c'est barré, qu'ils empêchent de passer même les piétons.

Je m'avance quand même, prends un chemin parallèle mais tombe sur le chantier. Des ouvriers cassent la croûte près de plusieurs voitures. Je ne comprends rien à ce qu'ils disent, alors je continue en disant que je vais demander. Mais sur le chantier il n'y a personne à qui demander, eh bien je passe, le tour est joué ! Sinon ça m'aurait fait 6km supplémentaires.

Je repars sur la digue. Du côté de l'Èbre ce sont des espaces sauvages parcourus de bras morts, mais parfois aussi des peupleraies cultivées. De l'autre, des cultures arboricoles ou de grandes étendues d'une plante à larges feuilles, on dirait bien du tabac. Un engin de science fiction pulvérise à tout va, pas étonnant que les fumeurs attrapent le cancer.


Je suis presque à la jonction du canal avec l'Èbre. L'endroit a un drôle de nom, "El Bocal". Hélas ce n'est ouvert que le week-end. Je découvrirai plus tard qu'il se trouve ici aussi une propriété où les rois venaient se mettre au vert. Dommage.



Alors direction Tudela, la prochaine ville et la seule de la journée, encore 8km. J'hésite à prendre un chemin très direct. Mais la route a l'air tranquille... Erreur... Je tombe rapidement sur un énorme centre commercial avec beaucoup de circulation autour. Il y a une piste cyclable, en ciment et à moitié défoncée, j'aimais mieux les gravillons.

Je termine par une voie verte bien plus tranquille, qui me plonge tout à coup dans la ville. Longues rues peu larges, trottoirs étroits, beaucoup de monde, j'ai l'impression de me trouver dans une de ces villes populeuses du pays basque.

C'est qu'on y est presque, j'ai quitté l'Aragon. Ici c'est la Navarre. Je prends un café dans une cafétéria populaire près d'une place arborée, et fais des courses au supermarché Eroski. Une ville trop agitée que je n'ai pas envie de visiter. Il reste à traverser l'Èbre. Sa largeur me surprend car on se rapproche de la source. Il doit y avoir un barrage.

Maintenant que j'ai quitté le canal je suis curieuse de savoir ce que sera la suite du trajet. Car un autre itinéraire cyclable mène à Pamplona. Ça commence plutôt bien. Une large piste bien lisse qui suit le fleuve. Encore un parcours bien calme, au milieu des canisses des tamaris et des peupliers blancs.

Plus loin le chemin sera un peu plus caillouteux, c'est moins confortable. Mais jamais très boueux ou humide, et pour cause, c'est une digue.

Une rencontre... Un beau troupeau. Devant, le berger et son chien, derrière l'âne. Après l'avoir croisé je me rends compte que je me suis trompée, petit retour en arrière. Vue sur des cultures arboricoles ou autres, une oliveraie et des monts colorés. Je casse la croûte un peu plus loin près d'une prise d'eau.




Le chemin balisé de piquets rouge foncé est le "Camino natural del Ebro". Il est aussi balisé en vert comme corridor biologique. La ripisylve est constituée de peupliers blancs et d'ormes.

Il faut aller rejoindre la route (très passante) pour contourner un fossé. L'occasion de se rendre compte qu'on est fort bien sur le chemin, et de s'approcher un peu de ces monts ravinés rouges et verts.


Je repars sur la digue. Du côté de l'Èbre ce sont des espaces sauvages parcourus de bras morts, mais parfois aussi des peupleraies cultivées. De l'autre, des cultures arboricoles ou de grandes étendues d'une plante à larges feuilles, on dirait bien du tabac. Un engin de science fiction (un drone, vraisemblablement) pulvérise à tout va, pas étonnant que les fumeurs attrapent le cancer.


Mais le jour tombe, Milagro se rapproche mais je ne suis pas sûre d'y trouver un hébergement. Pour trouver une place de bivouac ce n'est pas facile non plus. Au dessous de la digue les terrains sont très humides.


Je suis prête à prendre le premier endroit venu. Finalement à la sortie des bois il y a quelques petits espaces herbeux au bord du fleuve, ce qui m'ennuie c'est quils sont un peu en vue, et il passe des gens (peu). Tant pis... Il va bientôt faire nuit de toute façon, et c'est beau au bord de l'eau. Qui n'est plus l'Èbre d'ailleurs, mais son affluent l'Aragon

Je me fais la polenta que j'avais regrettée hier.

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Voilé le matin, beau ensuite


Au réveil un voile gris couvre le ciel. Dommage. Il ne passe qu'une voiture (hier soir il y en a eu trois ou quatre, je ne sais pas s'ils me voyaient). Difficile de se dépêcher, je ne suis pas encore très organisée. La tente est humide, sans excès. Je l'attache sur le porte bagages.


Je continue sur le "camino del Ebre". Comme hier, d'un côté, des boisements et zones humides (on ne voit plus l'Aragon), de l'autre, cultures intensives toujours, tabac et maïs.

Je tremble voyant devant moi un chantier, construction d'autoroute on dirait. Mais non ça passe. Il y aura plus loin un deuxième pont, toujours sans problème, pas de zones inondées. Milagro est en face dans la grisaille. Mais je n' y passe pas, ça rallonge. Il y a un autre village un peu plus loin, Villafranca de Navarra .

Il est comme tous les villages de la région situé sur une hauteur, et est surmonté d'une église imposante. C'est sur ma route, ça tombe bien, je pourrai m'approvisionner.

C'est un joli village, encore calme à cette heure du jour. Rues étroites, maisons de briques, plusieurs églises et palais anciens, un hôtel de ville à arcades sur une petite place rectangulaire à l'autre bout de laquelle se trouve un café. Je vais y rester assez longtemps pour recharger le téléphone.

Dans ce village il y a deux cafés et toute sorte de magasins mais seulement une petite épicerie peu achalandée... tenue par un asiatique. Outre une baguette un peu de fromage et deux clémentines je suis obligée d'acheter une bouteille d'eau car j'ai oublié d'en prendre au café.

Je n'ai pas beaucoup avancé aujourd'hui. J'ai traîné, et puis ça ne roule pas vite sur ces chemins de campagne caillouteux. Aussi quand je rejoins une route un peu plus importante je décide d'abandonner l'itinéraire vélo et d'emprunter une route asphaltée, blanche sur la carte. Ce sera en effet plus rapide, surtout sur du plat avec le vent derrière mais les reliefs vont commencer. La première côte c'est pour passer au-dessus d'une autoroute.

Malheureusement pas de bande latérale ("arcén"). Pas trop de circulation mais ça roule vite, les camions ne sont pas trop rassurants... Mais dans ce pays où les conducteurs s'écartent pour doubler les vélos, il n'y a pas lieu de serrer les fesses en permanence.

La plaine, cultures, porcheries. On apprécie quand même ce vaste paysage par le beau temps. Petits monts toujours surmontés d'éoliennes, rares villages, mais toujours sur des hauteurs. Au loin des monts plus conséquents, on se rapproche des Pyrénées.

C'est pas encore les cols mais les côtes se succèdent maintenant, et la moyenne baisse.

Comme il est clair que je n'atteindrai pas Pampelune aujourd'hui je peux faire la pause casse-croûte, et prendre mon temps.

Car j'ai trouvé un petit coin agréable qui ressemble à une aire de repos, mais c'est un lieu privé, l'entrée d'une "finca", propriété agricole. Faisons comme si je n'avais rien compris...


L'arbousier est très décoratif. Les arbouses sont bonnes mais ces petites graines qui se mettent dans les dents c'est épouvantable. Après une petite sieste et le pliage de la tente, reprenons la route. Il ne faut pas croire à une conversion... Si j'ai mis le casque aujourd'hui c'est parce que sur les routes il est obligatoire en Espagne et que les policiers espagnols ne sont pas tendres.

Comme cultures, on voit aussi des vignes. La région Rioja est toute proche. Et des oliveraies pleines de fruits. J'approche enfin d'un de ces bourgs perchés, Artajona

Je vais même m'enhardir à grimper dans le centre ancien, très beau, magnifiques porches de pierre et tours au-dessus desquelles tournent des grues. (Je n'arrête pas de les entendre depuis ce matin). Je n'irai pas jusqu'en haut la pente est trop forte.

Je quitte la ville. Dans la descente j'admire ce monastère éclairé par le soleil couchant.

Eh oui, il va déjà falloir songer au bivouac. C'est ce qui me décide à reprendre des pistes de campagne. J'en choisis une qui quitte la route, en montant fortement, pour se diriger vers une retenue, la Presa de Artajona.

Les hauteurs environnantes sont hérissées d'éoliennes et arides comme il se doit. Quelques champs labourés... Il va encore falloir compter sur la chance pour trouver où dormir. La route, asphaltée au départ, est devenue une piste plutôt bonne, mais bientôt, l'itinéraire que j'avais envisagé monte dans les montagnes par un chemin qui n'a pas l'air bon du tout. Alors je me rallonge pour en suivre un meilleur, et finis par m'installer dans un champ labouré sur un endroit à peu près plat. Il ne faudrait pas qu'il pleuve. Normalement ce n'est pas prévu.

Je mange des pâtes agrémentées de moules à l''escabèche. Et commets l'erreur de laisser la sauce et la boîte près de la tente... S'il y a des ours je suis mal... Il viendra d'ailleurs une bestiole, que j'entends gratter, mais qui partira quand je mettrai la lampe et grognerai.

J'entends aussi le cri d'un autre animal non identifié, et puis toujours des grues, dont certaines très proches. Il fait plus frais qu'hier. Je supporte le pull... Et je dors très bien

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Beau temps

Ciel bleu ce matin. Les éoliennes au-dessus se sont mises à tourner, mais juste pour une heure ou deux. Le soleil ne vient pas tout de suite, il ne séchera pas la tente trempée par la rosée. Et pourtant je ne pars pas bien tôt, après 9h.

Une voiture et un gros engin agricole passent sur la piste. Une petite brume s'étire au loin. Maintenant elle ne peut que disparaître me dis je... Mais non, des voiles sont accrochés tout autour.

J'ai de la boue plein les chaussures et le vélo après avoir traversé le champ. Par contre la piste est large, gravillonnée, bien entretenue. Mais à moi ça ne me convient pas du tout, trop de cailloux, ça patine dans les montées et ça n'avance pas mieux dans les descentes, je freine tant que je peux, j'ai peur de déraper. Et le problème, c'est que les reliefs sont très heurtés. J'espérais un épisode de plat au bord d'un canal qui passe là, "canal de Navarre", mais l'accès est barré.


Je pousse parfois dans les côtes, ne vais pas vite mais prend patience en me disant que je vais retrouver le goudron près du village de Añorbe, qui n'est plus qu'à 3-4km. Entre temps, toujours des reliefs, et deux fermes. Près de la deuxième je retrouve la grosse machine qui est passée tout à l'heure, en train de moissonner un champ de maïs. On voit aussi des vignes et une exploitation vinicole.

Peu après Añorbe on arrive par la route à Ucar, où je rejoins l'eurovelo 1 (EV1) et par là même le chemin de Saint Jacques. Tous les gens du village m'indiquent la direction, vers le sud bien sûr. Ils sont tous assis sur un banc de pierre contre le mur exposé au soleil. La photo aurait été bonne, je n'ose pas la prendre. Évidemment si les habitants se réunissent là c'est qu'il n'y a pas de bistrot. Pas de café et pas de rechargement pour moi. Ni même d'eau mais il m'en reste un peu.




Fini le goudron. Le chemin de Santiago est une piste de cailloux blancs, qui commence joliment par un alignement de peupliers au tronc blanc. L'ennui c'est qu'après ça va monter bien raide, même en poussant c'est très dur.

Toujours des nappes de brouillard... Le village vers où je me dirige, c'est Biurrun, encore ensoleillé. Près de l'église, une belle "maison gothique".

Toujours aucun commerce, non plus que dans le village suivant, Subiza, qui lui se trouve dans le brouillard, ce qui n'enlève rien au charme des lieux.


Et à partir de là et pendant un long moment, le trajet se fera dans le brouillard. Il y aura une portion de goudron, où deux ou trois cyclistes successivement me doubleront, avec à un moment donné une belle descente, avant de remonter... sur une piste caillouteuse.

Mais le plus dur est passé, je vais pouvoir me maintenir tout le temps sur le vélo, et puis après Esparza (où je prends de l'eau) la descente s'amorce vers l'agglomération de Pamplona -Iruña, très étalée puisque quand j'arrive à ses abords il me reste encore une dizaine de kilomètres. Le brouillard a disparu. Je m'arrête manger dans un jardin public. Le soleil brille mais le vent est insuffisant, la tente ne sèche pas bien.


Il y aura encore une petite montée avant le centre - ville, mais toujours sur une piste cyclable bien continue où la coquille est peinte à intervalles réguliers , on ne risque pas de se tromper.

Des avenues larges et des parcs, et puis le centre ancien de type "basque" c'est à dire des maisons hautes dans des rues étroites et populeuses. Je visais l'albergue "Plaza cathédrale", elle est fermée. Je prends un café juste devant, je réserve à Aloha Hostel, pour me rendre compte qu'il n'avait une autre auberge de pèlerins à même pas 5 minutes.


L'albergue de peregrinos

La ville ne me plaît pas trop, peut-être parce que trop touristique, je n'ai plus envie d'y rester deux nuits. Alors je visite sur mon vélo. C'est curieux, en s'éloignant du centre la ville me plaît d'avantage. C'est peut-être ces rues étroites qui rendent claustro. J'aime bien cette place aux couleurs d'automne, et ces belles maisons.

J'arrive à l'hostel et là je cesse de me lamenter sur ma mauvaise décision. La réceptionniste est vraiment gentille, elle me permet de mettre mon vélo dans un cagibi en bas au lieu de le monter, et puis elle me donne une chambre bien meilleure que celle que j'ai réservée pour que je n'aie pas à monter sur un lit superposé, avec trois lits simples dont seul le mien est occupé.

Après la douche il fait nuit. Je me contente de faire quelques courses, de boire une bière dans un petit bistrot, et de me préparer l'énorme brocoli que j'ai trouvé par terre avant hier. Les autres pensionnaires ne sont pas intéressants. Ils font de la bouffe écœurante et passent leur temps à téléphoner.

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Jaunsarats, au bord de la Basaburua

Jeudi 7 novembre Pamplona - Jauntsaratz 37,7k

Nuageux puis beau


J'ai trop mangé hier soir mais j'ai fini par dormir pas trop mal. Apparemment le petit déjeuner est gratuit, mais je mange peu, d'une part par manque de faim, et surtout parce que je discute avec un cycliste français parti pour faire le même trajet que moi il y a 6 ans vers le Portugal. Mais pas de chance il a mal au genou.Ce qui ne l'a pas empêché hier de venir de Bayonne, 130km en traversant les Pyrénées sur des petites routes pas possible, en souffrant à chaque coup de pédale. Rouler tranquille, il ne sait pas, c'est un sportif qui a besoin d'aller au bout de ses limites... Chacun sa philosophie, et toutes sont respectables. Il est sympa, m'aide à descendre mon vélo et à resserrer mes freins. Je ne pars déjà pas très tôt, et je me décide à faire quand même un petit tour pour en voir un peu plus de la ville.

En me dirigeant vers les arènes je tombe sur une énorme sculpture représentant des taureaux et quelques humains qui se font renverser. Cela représente l'"encierro", quand on envoie à travers les rues les taureaux depuis le lieu (corral) où ils sont enfermés jusqu'aux arènes. Celui de Pampelune est très connu paraît il. Une dame qui passe propose de me sacar la foto devant, c'est gentil.


Les arènes sont parmi les plus grandes peuvent contenir presque 20000 spectateurs.. elles ont 102 ans mais sont loin d'être si belles que celles de Barcelone.

Maintenant direction les remparts. Autre déception pas d'accès à une tour d'où je pensais avoir une jolie vue. Mais la promenade sur les remparts est arborée et agréable. Je prends en photo l'archevêché au passage.

Vue sur l'arrière de la cathédrale  

Un peu plus loin belle vue sur les bastions et sur le nord de la ville.


Et je tourne le dos aux remparts pour revenir vers le centre ville aux hautes maisons. Au passage l'église Saint Firmin et l'hôtel de ville (ancien) bien éclairé par le soleil ce matin.


Dans cette rue je trouve une boulangerie-pâtisserie populaire où j'achète un pain de seigle et bois un café con leche. Direction la plaza Recoletas, fontaine du 18é, où je retrouve le trajet de l'EV1. Traversée de la rivière Arga.Il n'y a plus qu'à suivre, un parcours très continu, bien fléché, tout en pistes cyclables. On traverse des quartiers d'immeubles qui n'ont pas l'air désagréables, les barres ne sont pas très hautes, avec entre elles de larges espaces arborés.

Ça a plutôt tendance à monter, tant mieux je dirais, mais à la sortie de la ville première mauvaise surprise descente à 16%. Il y aura d'autres surprises du même genre, et en montée aussi...


Ce n'est pas seulement une eurovéloroute mais aussi une voie verte. Camino natural del Plazaola/Plazaola natur bidea (en Navarre on parle basque). Elle monte en pente douce mais constante. Elle est relativement fréquentée. Des cyclistes me croisent ou me doublent, je suis plus ou moins une dame qui court avec son chien. À une montée raide, elle reviendra en arrière pour m'aider à pousser. Sympas ces Navarrais.Dans le lointain les monts sont couronnés de nuages.

Au début le chemin était très calme, loin des voies de circulation, mais il finit par se rapprocher de la route qu'il suit parfois de très près et c'est quand le passage est très étroit que ça se gâte car il faut sortir par d'affreux raidillons.

Le pire, ce sera au niveau du village de Etice, au dessus d'un passage étroit où s'engouffrent une route et une autoroute, montée à 11%, descente à 13%. Je mets très longtemps.



Après les reliefs sont moins heurtés et c'est plus campagnard, dommage qu'on entende trop l'autoroute quand on s'en rapproche. Petits villages aux églises de pierre et grandes maisons blanches. Monts lointains. Passage sous des ponts , dans un tunnel, sur un viaduc.


Enfin on arrive à Irrurtzun, à 25km du départ, que je visais comme demi étape, et ça tombe bien , on y annonce une aire de repos.Surprise à l'arrivée, de voir se dresser deux grands rochers blancs. Site splendide.


Un van avec deux Français stationne là. Il y a une fontaine où je prends de l'eau, une borne camping-car et une borne vélo dont je ne me sers pas. Je m'installe à une table de bois. Malheureusement l'endroit est venté et après manger pas de repos possible, il faut partir vite pour ne pas avoir froid.La voie est à flanc au dessus de la ville, je n'y descends pas. Elle a l'air plutôt industrielle.Ensuite on s'enfonce dans le défilé mais ça se fera sans souffrance.

il y aura un bout de tunnel, des passages supérieurs , inférieurs... Une traversée de ruisseau. Et je me retrouve sur une petite route goudronnée parallèle à l'autoroute qui gronde. Mais au moins, ça roule. Ce sera comme ça jusqu'à Latasa. Nouvelle traversée de la rivière, montée avec un grand lacet dans le village, et après... Quel calme ! Le soleil brille et fait resplendir les couleurs automnales.


La route suit une petite vallée. La descente ne dure pas, à partir d'Erasu c'est une montée régulière, qui s'accentue avant le village d'Etxaleku, au milieu de prés d'un vert éclatant.


Ensuite les reliefs s'estompent, c'est bien agréable de rouler sur cet espèce de plateau (autour de 600m d'altitude). Je suis vite à Ihaben. L'itinéraire quitte la route et je me dis qu'il est bientôt 17h et que je pourrais commencer à chercher un bivouac pour ne pas être prise de court quand la nuit tombe. On n'est pas loin de Jauntsaratz, où j'avais envisagé la fin de l'étape.

Le sentier rejoint la route après la traversée d'un cours d'eau, Basaburua Ibaia. À cet endroit se trouve une vaste aire de repos qui s'étend en bordure de la rivière. Ce doit être une baignade d'ailleurs. Au fond près de la rivière je ne serai pas trop visible. L'inconvénient c'est que la route est proche, et malheureusement le bruit de l'eau ne couvre pas complètement celui des voitures. Mais ça devrait se calmer pendant la nuit et le cadre est beau. Le soleil hélas se couche vite, il ne fait pas très chaud, on est bien dans le duvet.

Je n'ai pas parcouru une longue distance qujourd'hui. Mais on peut bien prendre trois jours pour traverser ces beaux paysages


Le tracé d'aujourd'hui en vert
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Burni-Ola, vallée de la Bidassoa

Vendredi 8 novembre Jauntsarats - Lesaka 58,2km

Temps nuageux et doux


Je ne sais pas sil est passé des voitures pendant la nuit, car j'ai drôlement bien dormi. Hier j'ai pensé que ce serait bien de partir un peu plus tôt et j'ai mis le réveil à 7h15. Pourtant quand je me réveille, fraîche et dispose, il fait déjà bien jour, c'est curieux... Eh oui il est 8h25... Rien entendu sonner !

Comme j'étais sous des arbres, la tente est sèche, une bonne chose.


Départ 10h05. L'EV1 jusqu'à Jauntsarats est un petit chemin lisse, le village n'est même pas à 2km et première chose que je vois... Un café - épicerie. Évidemment il faut que je m'y arrête... Pas grand chose à acheter mais c'est bien de prendre un café et recharger mon téléphone à fond. Il y a du monde, la serveuse vendeuse est débordée.

L'itinéraire dévie, je préfère continuer sur la route, peu fréquentée à cette heure. Elle suit la verte vallée de la Basaburua. Je trouve un robinet pour m'approvisionner en eau. Les points d'eau sont très nombreux dans la région, c'est appréciable.


Je rejoins l'itinéraire au moment où il vire vers le nord, il va emprunter une petite route goudronnée très peu fréquentée et tout à fait magnifique. Dernier village, Orokieta.


La route monte de façon à peu près constante mais pas trop fort le long d'un petit torrent, orokietako erreka. La forêt, qui sera vite une hêtraie, a de belles couleurs automnales. Quelques chênes rouges d'Amérique se font remarquer.

Ce n'est que vers la fin que ça se met à monter un peu plus raide et que c'est un peu dur. La route est encaissée entre les pentes boisées, on se demande si on va s'en sortir un jour. Mais brusquement on est en haut ! 828m sans doute le point culminant du voyage.


Couvrons nous bien, car le vent souffle. Il vient du sud et me pousse, (c'est peut être pour ça que ça n'était pas trop dur), mais il n'est pas chaud pour autant.Belle descente vers Saldias.


Après ce village, où je ne pénètre pas, il y aura une remontée, pour redescendre ensuite. Ce sera comme ça à tous les villages traversés.


Par moments l'itinéraire fait de petites diversions mais je ne les prends pas ne voulant pas risquer des dénivelées supplémentaires.Comme ça j'arrive à Donestebe juste un peu avant 14h. C'est déjà une ville, c'est bruyant, j'aurais dû casser la croûte avant. Je m'installe sur un banc au bord de la rivière, non loin d'une fontaine. Au moins c'est abrité.

Je vais boire un café solo et recharger un peu, en repartant je passe sous l'église pour prendre une voie verte confortable qui longe, à plat, une rivière. Celle-ci, convergeant avec d'autres rivières, va bientôt devenir la Bidassoa, qui constituera en aval la frontière avec la France peu avant de se jeter dans l'océan entre Fontarribia et Hendaye.


Près du village de Sunbilla la carte indique un camping. Je traverse le pont pour m'y rendre mais voyant que ça monte je me dis que rien ne prouve ni qu'il est ouvert, ni si il y a un emplacement pour des tentes, je rebrousse chemin et retrouve les rives.

C'est un peu moins bien en continuant, à cause de la proximité de l'autoroute sous lequel on passe à plusieurs reprises. Et puis le chemin est moins bon, parfois boueux, et le paysage assez monotone. Je m'inquiète par rapport au bivouac.


Pour pimenter un peu, trois tunnels (courts), éclairés ou pas. Heureusement que j'avais la frontale à portée de main. On s'y fait doucher.

17h30 passées, le ciel s'assombrit. L'asphalte est revenu. S'installer sur le bas côté de la route ne m'attire guère.

À la première localité un chemin de promenade part sur la gauche, devant se trouve un hôtel. Entre les deux s'étend un pré vert à peu près plat. C'est mieux que le bas côté mais c'est loin d'être l'emplacement idéal, c'est fort humide, des lampadaires aveuglants semblent braqués sur moi, et les routes environnantes sont bruyantes.

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Nuageux. Pluie la nuit et le soir


Je me réveille vers 4h du matin...la pluie tombe. Et je mets longtemps à me rendormir, et ne saute pas hors du duvet quand le réveil sonne à 7h15. Je ne traîne pas trop malgré tout, car la pluie a cessé et il faut en profiter. Par chance il ne repleuvra pas. Mais tout est bien mouillé, il y a même une (très) petite flaque d'eau au fond de la tente.


Près de Lesaka, lieu dit Burni-Ola

Départ vers 9h30, mieux qu'hier, mais à Bera je perdrai le semblant d'avance.

Jusque là, la piste suit toujours la Bidassoa, pas toujours en bon état, toujours le bruit de l'autoroute, la vallée peut être un peu moins encaissée, avec quelques maisons et quelques prés. Finalement j'ai décidé de ne pas aller jusqu'à Irún, et n'ai pas de regret.


J'arrive donc à Bera, un bourg plutôt calme. Je fais quelques courses dans une supérette et m'arrête longtemps dans une cafétéria, car ma batterie de secours est vide, alors je veux charger le téléphone à fond, car je n'ai aucune idée de où je dormirai ce soir. Je passe aussi beaucoup de temps à envoyer des demandes d'hébergement.


Bera

Il faut dire que j'ai une fois de plus changé mes projets, Louise ma fille m'ayant incitée à rendre visite à une de ses copines, Marlène, du côté de Mont de Marsan. La direction change, c'est plus vers l'est, et je vais rentrer en France par le col de Lizuniaga, (221m... mais en partant de 30-40m) et le village de Sare. Ça fait quand même une petite montée.

Quand je m'arrête à une fontaine pour prendre de l'eau je me rends compte que je suis déjà en haut. Mais ce n'est pas encore la frontière, celle ci est un peu plus loin dans la descente. On n'arrive pas en France mais dans le Lapurdi (Labour), une des trois régions basques française, la plus occidentale. Adieu l'Espagne ! Je n'y aurai passé qu'une dizaine de jours.

La descente est agréable bien sûr mais ça passe vite et il y aura très vite de nouvelles côtes que je monte tranquillement, observant les près verts où paissent des moutons, des maisons blanches éparses et les monts gris et roux, aspect de la fougère en automne. L'un d'eux avec des pylônes au sommet me fait penser à la Rhune [ je vérifierai après que c'était bien elle ! Je ne la croyais pas si proche !].


Mais voici Sare un bourg que je me rappelais plus grand et plus animé. Les commerces sont presque tous fermés excepté les restaurants. Quelques touristes errent par ci par là. L'église est immense et les maisons typiques. Le village est aussi doté de deux frontons de pelote basque.


Pas de jardin public ni même un banc et pourtant je dois m'arrêter ici pour casser la croûte, c'est la dernière chance de recevoir des réponses à mes 6 ou 7 demandes d'hébergement, et il faut que je prenne une décision sur la direction à prendre.

Autour de l'église il n'y a que le cimetière. Le coin pique nique ce sera donc les marches de l'église, en face du monument aux morts. Il y a aussi un monument commémoratif de la résistance... De ce qu'on ne voyait pas en Espagne... La balustrade me sera bien utile pour faire sécher la tente.


Je suis tranquille car les touristes sont tous au resto, quand ils commencent à venir visiter je me dépêche de plier. Je cherche en vain le sac de la tente, et réalise avec dépit qu'il a dû rester dans le pré où j'ai bivouaqué... Normalement je jette toujours un regard en arrière, et là je suis partie trop vite... Enfin, c'est ennuyeux, mais pas rédhibitoire.

Oui l'église est ouverte. Une église basque typique bordée de galeries en bois.



Comme tous les campings sont apparemment fermés, que les hébergements sont à un prix exorbitant, et si aucun cycliste ne m'héberge, la solution qui me reste c'est d'aller à Bayonne où il y a une auberge de jeunesse. Le bivouac ne me dit rien, le temps est incertain et j'ai besoin d'une douche et d'une lessive... Pour l'instant c'est direction Saint Pee sur Nivelle. J'ai encore un soupçon d'espoir. C'est reparti, adieu Sare! Ça commence mal, grande descente pour sortir mais il faut tout remonter juste après.

Et puis une route un peu vallonnée, assez fréquentée, je suis vite à Saint-Pée-sur-Nivelle. J'achète une carte Michelin. J'en ai plein chez moi mais tant pis, et l'avantage de celle-là c'est que les pistes cyclables et voies vertes y sont indiquées. Je prends un café. J'ai gagné du temps et finalement j'ai quand même une et une seule réponse... négative.

Alors direction Bayonne. Une pluie fine commence à tomber. Je me munis de ma cape pour la première fois du voyage.

Ça monte beaucoup à la sortie de la ville. La route est très fréquentée, et ici ça change de l'Espagne, on ne s'écarte pas beaucoup pour doubler les vélos. Heureusement je bifurque sur une route beaucoup plus tranquille, qui continue à monter au début mais ensuite les reliefs sont modérés. Joli environnement, traversée de deux forêts de chênes. La pluie se renforce, puis s'arrête.

La fin du trajet sera moins agréable, je réalise que Bayonne est une grande ville (l'agglomération fait 260000 habitants), les banlieues pavillonnaires et les zones industrielles sont interminables. Heureusement il y a beaucoup de pistes cyclables et mon GPS me guide bien, c'est heureux car il commence à faire nuit.

Passage de deux ponts sans encombre, j'arrive à l'hostel 20 dans la rue piétonne d'un quartier ancien. Ça a l'air plutôt bien. C'est configuré bistrot en bas, les dortoirs sont neufs. On est 2 dans une chambre de 6. Il y a un peu de monde mais pas trop. Je donne ma lessive à laver, il m'en coûtera 5€ mais ce n'est pas un luxe.

Je n'ai ni le temps ni le courage de faire des courses, je me fais une polenta. La météo est à la pluie pour demain, j'envisage de rester une deuxième nuit. C'est bien une pause hebdomadaire quand on voyage.

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rue Sainte Catherine Bayonne

Dimanche 10 novembre Bayonne - Anglet 16km

Beau temps


La pluie ? Pas une seule goutte, et du soleil toute la journée ! Je crois que je ne vais plus consulter la météo ! C'est pas grave en tout cas, la journée n'en sera que plus agréable.

Le matin, le démarrage n'est pas très rapide, et pas uniquement parce que je dois attendre que les douches se libèrent.Je fais un petit tour dans le quartier et constate que la gare est toute proche. Dans l'église Saint Esprit, juste à côté, c'est la messe dominicale


Rue Ste Catherine et l'Hostel 20 / la gare

Sur les bords de l'Adour un centre culturel placardé de photos portraits

Après les courses et leur rangement il est à peu près midi quand je repars avec mon vélo... Le but c'est... L'océan. J'aurais quand même eu des scrupules à ne pas faire la jonction Méditerranée - Atlantique, et je me serais privée d'une agréable promenade, sur une piste cyclable d'un bout à l'autre, le long de l'Adour. Ici c'est la commune d'Anglet. Arrêt en route pour prendre un café et surtout terminer la relation de la journée de la veille car hier soir le sommeil m'a prise trop tôt.

En s'approchant de l'embouchure on est surpris du contraste entre les deux rives, résidentielle et plaisance là où je suis, industrielle de l'autre.

Et voici les belles plages d'Anglet, d'un sable un peu grossier d'une belle couleur chaude. La mer aussi est d'une belle couleur sous le ciel bleu.Au fond de l'horizon au sud apparaissent les montagnes basques. Pas faciles à photographier à contre-jour.

La plage est coupée par plusieurs jetées. Je vais au bout de la plus longue. Mais on ne peut pas monter sur les gros blocs rocheux et on ne voit pas mieux.


La mer n'était guère fréquentée que par quelques surfistes dont l'activité n'est pas très spectaculaire. De l'autre côté de la jetée c'est plus familial. Des enfants font des rigoles, et des gens s'approchent de la mer en maillot de bain. Mais un seul se baigne vraiment. Moi je me contenterai d'un bain de pieds en retroussant mes jambes de pantalon. Il sera mouillé quand même parce que je me fais surprendre par une grosse vague. L'eau n'est pas froide du tout.



Flux et reflux

On ne se lasse pas de regarder les vagues..

Je réenfourche quand même ma monture, pour revenir par le même chemin. Je reprends un café dans un resto sympa familial où ça a l'air très bon, c'est le genre d'endroit que j'apprécie. Trop tard, et définitivement car ils annoncent un changement de propriétaire, dommage.

Un peu plus loin un nom attire mon attention : l'Hermione. C'est un chantier qui se visite ? L'Hermione, la célèbre réplique d'une frégate du 18è, je l'ai vue à Rochefort il y a presque 10ans. Merci wikipédia, oui c'est bien la même. Après avoir sillonné les mers, elle a besoin de réparations et a échoué là. 12€ la visite, c'est un peu cher.. mais il faut beaucoup de sous pour financer.


Pour moi, il ne me resterait plus assez de temps si je veux visiter la ville de jour. En premier lieu je vise le jardin botanique. C'est quelque part dans un grand parc, mais où ? De plus près je me rends compte que cet espace vert n'est rien d'autre que les remparts de la ville, il est donc coupé de murailles et de fossés et les chemins passent en dessus ou en dessous. Je questionne une dame, qui me dit que le jardin botanique est fermé tout l'hiver, hélas. Je fais quand même le tour pour voir au moins où il se situe, passant devant une aire de jeux pour enfants avec un beau monstre, un skate parc, et un énorme monument aux morts.


Le long des remparts s'alignent de belles maisons et les restes d'un château plus ancien. Les flèches de la cathédrale pointent par derrière. L'une d'elles est entourée d'échafaudages. Et je finis par apercevoir du haut des remparts quelque chose qui ressemble à un jardin botanique, avec de gros arbres résineux ou exotiques.



La cathédrale est tout près, allons y. Style gothique, il paraît qu'elle ressemble à celles de Reims et Soissons et que les architectes doivent être champenois.Sur le côté on peut voir le cloître .


Autour de l'abside au fond les petites chapelles ne sont pas d'une décoration très anciennes mais peintes de belles couleurs chaudes et surmontées de beaux vitraux, de quelle époque je ne sais, ça manque d'explications.

Dans la nef, un vitrail aux couleurs particulièrement belles attire mon attention. Effectivement il est indiqué comme remarquable et bénéficie d'une explication, il date du 16è siècle et représente une histoire du nouveau testament concernant une Cananéenne.

J'entendais une jolie musique, médiévale me semblait-il, c'était un violoniste qui joue sous le porche. Quand je sors il joue un air traditionnel irlandais, très joli. Je m'assieds pour écouter, prochain morceau : méditation de Thaïs, bof... (Même s'il joue bien). Du coup il n'aura qu'une piètre obole.

Je constate que le cloître est fermé. Alors j'admire les hautes maisons à colombages des rues avoisinantes.


J'arrive au bord de la Nive, sur la place où se situent les anciennes halles, et je traverse la rivière pour arriver dans un autre quartier le "petit Bayonne", qui est plus populaire. Au centre s'élève l'église Saint André, néogothique. Non loin de là, le "tour" où on déposait les enfants abandonnés.


La sensibilité basque s'y exprime. Il est question de décès mystérieux de membre de l'ETA, et de la transformation de l'habitat en résidences secondaires "se loger au pays" .

Le jour tombe. Au confluent de la Nive et de l'Adour la piste cyclable est barrée par un sapin de Noël artificiel et un manège de chevaux de bois. Je vais quand même voir la petite échauguette qui se trouve à la pointe.



Après un coup d'œil sur la mairie, retour dans mon petit quartier de l'autre côté de l'Adour. J'achète pour mon goûter un (bon) gâteau basque dans une boulangerie que malencontreusement je n'avais pas repérée ce matin. Je dîne d'une omelette au fromage et aux courgettes.

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Temps couvert


Départ 9h après avoir discuté un brin avec les locataires de l'auberge en train de prendre leur petit déjeuner en terrasse.

Le ciel est gris, pas de pluie. Je vais suivre l'Adour mais pour descendre sur la rive droite il faut d'abord monter dans des quartiers de la ville, ce sera la plus forte montée de la matinée, avant de redescendre sur l'Adour, puis le suivre, là c'est tout plat...en légère montée peut-être puisqu'on va vers l'amont.


Ce n'est qu'une petite route (calme) au départ, qui se doublera ensuite d'une piste cyclable pas toute neuve mais OK. Entre la chaussée et le fleuve s'élève une digue, pas trop haute, mais il faut quand même se redresser pour voir l'eau.

Le fleuve est large, gris comme le ciel, mélancolique. Quelques maisons isolées sont construites en bordure, elle ont chacune leur ponton et leur petit bateau. Les fermes de ce pays qui s'appelle "les Barthes" ont une architecture particulière, notamment les voûtes semi circulaires au-dessus des portes et des fenêtres.



Les fermes de ce pays qui s'appelle "les Barthes" ont une architecture particulière, notamment les voûtes semi circulaires au-dessus des portes et des fenêtres.

Les êtres vivants qui se montrent dans ces lieux sont les oiseaux. Là haut les grues craquètent. Quelques petits groupes passent à basse altitude. Que cherchent elles ? Plus près de l'eau, des hérons et surtout des aigrettes blanches. Sur l'eau voguent des oies cendrées. Et des passereaux volètent (rouges gorge).

Le temps ne s'éclaircit pas, au contraire j'entre dans le brouillard... C'est de plus en plus mélancolique ! La route passe devant un château appelé Montpellier sur Adour. Il est derrière des murs et on le voit mal. Peu après on rejoint l'EV3 la "scandibérique". Toujours sur le chemin de halage.. Le premier village est Port de Lanne, sur l'autre rive, pour y aller il faut passer sur le pont et j'y renonce.


l'Adour fait ensuite une belle courbe. La voie de halage est confortable, goudronnée, suit de près le fleuve. C'est une digue. Et les cyclistes ("du dimanche" ) sont plus nombreux. Un autre village s'annonce, Josse. Il y aurait là une boulangerie -pâtisserie, ce pourrait être un endroit pour manger au chaud, mais ce n'est pas si près, et peut être fermé. Un restaurant en bas appelé la guinguette est fermé en tout cas. Je manque m'arrêter à une aire de repos mais le pont au dessus est bruyant.

Alors continuons sur une autre courbe de l'Adour. L'environnement est plus boisé. Et on y rencontre davantage de promeneurs cyclistes ou joggeurs ou promeneurs. Et assez vite voilà le pont de Saubusse.



C'est un village pittoresque, ancien, sans aucun commerce. C'était un port, et là on peut voir une gabarre qui a été reconstituée. Je me décide à casser la croûte sur l'aire de repos. Je me couvre d'avantage, pull, surpantalon... Il ne fait pas chaud.




Mais soudain, surprise... l'EV3 quitte la rive et part vers la gauche, puis vers le nord. Elle va bien à Dax, mais avec 10km de plus.

Je continue mais plus très longtemps, au premier pont je quitte l'Adour et suis des départementales assez fréquentées, mais directes, pour rejoindre Dax. Ça monte pas mal, et même plus haut que ce matin, ça ne me paraît pourtant pas plus dur.

À Dax, beaucoup de grandes avenues où circulent les véhicules, quelques piétons sur les places mais je trouve l'ambiance peu chaleureuse. Un noisette dans un PMU sinistre qui ferme, pas plus mal. La crêperie où je bois ensuite un chocolat chaud, est plus agréable.La cathédrale est plutôt moche, autour des places sans beaucoup de caractère.

Sortie de la ville par une longue rue, dans la circulation. Je m'en rajoute en me trompant de route : retour en arrière pour trouver une route moins importante qui se dirige vers Narrosse, une localité de "banlieue" dotée de campings à l'attention des curistes.. et apparemment ils sont encore ouverts!


Je vais visiter le camping " le vieux platane" qui me convient : peu de monde, des grands emplacements libres proches des sanitaires et autres équipements dont une zone vaisselle où tables et chaises permettent de s'asseoir à l'abri. Personne à l'accueil (de l'autre côté de la route). J'irai payer plus tard après m'être fait un thé. 7,80 euros, rien à dire !

Seul inconvénient, le sol est très humide. Au dîner, pâtes au carottes et à l'ersatz de parmesan espagnol. On entend des grues.

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Nuages et éclaircies averses le soir


La tente n'est pas très mouillée mais il y a toujours une trace d'humidité au fond. Le tapis de sol serait il percé ? Le dessous du matelas est très humide aussi. La soleil est encore bas mais on voit le bleu du ciel et des nuages blancs. Je parle avec un jeune qui voyage en van avec sa femme et un petit chien aux yeux bleu clair qui tourne autour de ma tente. Ils sont partis pour l'Espagne et/ou le Portugal, ne savent pas très bien par où passer.

Départ vers 9h30, l'itinéraire cyclable part presque d'ici. Au début c'est goudronné et ensuite on arrive sur la voie verte, une ancienne voie ferrée, encore très brute. On dirait un chemin de terre mais en même temps c'est bien dur en-dessous et assez lisse. Il y aura juste quelques très courts passages boueux, mais je n'aurai jamais besoin de mettre pied à terre.



Rares cyclistes ou piétons, quelques promeneurs de chiens, des maisons de garde barrière. On longe des champs de maïs des prés ou des forêts, chênes, châtaigniers, platanes. Le cri des grues accompagne la balade. Elles passent au-dessus par petits groupes, souvent tournoyant pour chercher leur direction.

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Cela ne roule pas si facilement que ça, le vent est de biais assez fort, et on dirait bien que ça monte.

C'est sans doute parce que Montfort en Chalosse est sur une hauteur. C'est une "bastide", un village fortifié, je m'attendais à une place centrale et des arcades, rien de cela. C'est juste un quadrillage de rues serrées entre les anciens remparts avec une esplanade de chaque côté, et vue sur la campagne. À l'extrémité s'élève la mairie, un gros bâtiment blanc.


Ce beau magasin peint en gris est une boucherie charcuterie où je m'achète une tranche de pâté de tête. Et dans la descente se trouve un supermarché où je peux me refaire un peu d'approvisionnement, avant de rejoindre, un peu difficilement sur des chemins raides, l'ancienne voie ferrée en contrebas. Et là ça va beaucoup plus vite.. eh oui ça ne se voit toujours pas, mais ça descend maintenant .


Le vent n'est pas chaud. Je néglige les bancs qui longent la voie, ils sont à l'ombre, et m'installe pour casser la croûte sur un coin d'herbe ensoleillé et suffisamment abrité, non loin d'une maison de garde-barrière. Les grues passent toujours au-dessus. Les nuages aussi et ils sont plus nombreux. Je repars donc, et la pente de nouveau est en légère montée en direction de Mugron, où je ne m'arrête pas.

C'est un peu après ce village qu'une portion de la voie verte est indiquée fermée entre octobre et mars. Comme en plus cette portion débute très rustique et en grimpette, je ne m'y aventure pas. Et ne le regrette pas. La route n'a pas de reliefs excessifs, est en hauteur avec de jolies vues.

Pour entrer dans Montaut ça ne monte pas si haut. Un village ancien, une grande église crépie en jaune. Une entreprise d'espaces verts qui s'active.


Je continue sur la route "de crête" n'ayant pas envie de descendre pour remonter. Bien vu, ça descend tranquillement vers la plaine, où on cultive le maïs.



Le ciel s'assombrit beaucoup, quelques gouttes sont déjà tombées quand j'étais sur la voie, ça c'est arrêté et évidemment 5mn après que j'aie enlevé la cape il se remet à pleuvoir et cette fois pour de bon. Je m'abrite un moment sous un pin parasol et puis tant pis reprends la route, je ne suis plus très loin.

Je roule maintenant dans la vallée du Gabas, c'est plat entre des collines. Passages sous une route à grande circulation, c'est encore calme mais tout change quand je rejoins la route venant de Saint Sever, beaucoup de circulation à l'heure de la débauche, et pas beaucoup de respect pour les cyclistes.

Arrivée à Eyres - Moncube. Ce n'est pas le seul village où le panneau est encore à l'envers. Et je tourne vers une petite route étroite enfin tranquille. Mais pas si reposante.


Une camionnette blanche s'arrête à mon niveau. C'est Joseph, le papa de Marlène, qui est venu voir si j'arrivais et m'indiquer le chemin. Il me dépasse et moi je monte la côte, pente modérée au début, bien raide ensuite, et c'est à ce moment qu'un véhicule commence à me doubler, il a l'air assez gros... C'est un bus!! Mais il me dépasse avec beaucoup de précautions. Un autre bus arrive en face...ouf il ralentir beaucoup aussi. Mais déjà la côte est finie, maintenant je suis la camionnette de Joseph et nous arrivons à la ferme, en même temps qu'Henri mari de Marlène et le petit Raphaël 19 mois.

Ils habitent dans un la maison d'habitation, Joseph dans une dépendance aménagée où le pressoir sert de table, et moi. . dans une cabane dans les arbres !! Ce n'est pas la cabane Robinson, c'est grand et tout confort, mais bien en hauteur et tout en bois bien sûr.

Marlène est rentrée, on va manger les spécialités locales notamment de l'excellent magret de canard et le pastis un gâteau type brioche, spécialité locale au goût délicat. Raphaël est très dynamique, et ne veut pas aller dormir.

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Très nuageux


Très bien dormi, pratiquement d'une traite. Le matin malheureusement il fait gris, et pas chaud. Les ânes et les moutons sont dans le pré sous la cabane. Petit déjeuner avec Joseph. Au pastis toujours. Matinée au rythme lent. Un tour en voiture du côté de Saint Sever, bourg ancien doté d'une grande abbaye et étape sur le chemin de Compostelle.Au dîner du cassoulet de canard, c'est local, l'après midi sieste reconstituante dans les arbres. Le soleil apparaît parfois.


Joseph est en train de passer le tracteur dans sa plantation d'arbres. Une plantation originale, à espacement définitif (10m), mais très soignée. Noisetiers, chênes rouges d'Amérique (magnifiques), érables champêtres. Et puis il a la gentillesse de me prêter son vélo électrique, je fais un petit tour dans le coin. Ça me paraît un peu bizarre au début mais je m'y fais assez vite et je dois bien avouer que c'est un moyen de transport extrêmement séduisant. En région vallonnée comme ici, contrairement au vélo normal où on a l'impression de monter tout le temps, en vélo électrique on a plutôt l'impression de descendre tout le temps. La côte si dure d'hier, je la monte à 25km/h. Bref on comprend qu'on puisse se laisser tenter....

Au passage je vais voir un menhir qui malheureusement se trouve sur la nationale pleine de camions et je ne suis pas bien rassurée. Retour quand la nuit commence à tomber.


Le soir on arrive quand le petit Raphaël est déjà couché, c'est bien qu'il ne soit pas perturbé mais dommage de ne pas le voir ! On mange encore les spécialités locales, rillettes de canard, confit de porc, quelques crudités et toujours le pastis. Henri m'en donne un gros morceau pour le voyage et aussi un sandwich aux rillettes !

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Brouillard, puis beau

Beau clair de lune pendant la nuit, mais ça empêche aussi un peu de dormir. Et au matin, le brouillard...

Petit déjeuner toujours au pastis (rappelons que c'est ce gâteau landais au goût légèrement anisé). Le temps de discuter encore un peu avec Joseph, départ 9h.

Vers l'église de Eyres Moncube ça descend plutôt, mais pas assez pour attraper froid.

La route est encore assez fréquentée, et elle monte jusqu'à Saint Sever, tout ça c'était prévu. Ce qui n'était pas prévu, c'est que je passerai autant de temps dans ce bourg. Vu ce que j'en avais vu hier, je comptais bien prendre quelques photos au passage, mais je visite aussi l'église qui est ouverte, et, prise par un besoin urgent, suis obligée d'aller boire un café.

L'abbaye était une étape sur le chemin de Compostelle. L'église romane (11è siècle) est vaste, construite sur un plan paraît il original, avec de belles voûtes romanes et des chapiteaux qui sont peints. On n'y est pas habitué pourtant à l'époque c'était comme ça.

Saint Sever dont on a ici la statue et ses reliques est venu de Scythie (actuelle Roumanie) pour évangéliser la région mais s'est fait décapiter par les Vandales vers 407 ap JC.

ll y avait aussi un cloître que je n'ai pas visité et d'autres églises. À la sortie de Saint Sever (prononcer Sevé), c'est le brouillard dans la plaine de l'Adour dont on ne voit que des bords de champs de maïs (le plus souvent récoltés), et des volées d'étourneaux. C'est toujours le brouillard à Toulouzette.

C'est toujours le brouillard un peu plus loin, plus près de l'Adour (ici un étang), et quand on passe le fleuve


Ensuite on va monter un peu, commencer à traverser des forêts, le ciel s'éclaircit un peu et on arrive à Tartas.



À la sortie une belle usine fumante et un peu puante (mais pas trop) attire mon attention. On dirait une papeterie mais il n'y a pour ainsi dire plus de papeteries en France et Ryam le nom ne me dit rien. C'est une "bioraffinerie" qui va fabriquer du "bioéthanol cellulosique".




Le parcours après Tartas est peu agréable, route droite, très fréquentée, un centre commercial avec un Mac Do et une station service où je me perds. Après Begaar, direction Lesgor, c'est la forêt landaise et il fait beau. Des plantations de pins maritimes de diverses hauteurs, quelques champs de maïs, quelques maisons landaises isolées.

Sous l'auvent d'une cabane appartenant à l'office de la chasse, une table et une chaise m'accueillent pour le casse croûte, le gros sandwich aux rillettes de canard qu'Henri m'a préparé hier. À Lesgor je vois de loin une église trapue et ne m'arrête pas.

Rion-des-Landes est un plus gros village, tout en longueur. Je peine à trouver un café, fait un détour inutile et manque ne pas voir la belle église romane. Enfin, romane... En ce qui concerne le porche. Car l'intérieur est gothique, en outre des restaurations importantes ont été faites aux 19è 20e et même 21e.



À la sortie, les arènes. Direction Lesperon sur une route fréquentée où circule quantité de grumiers.


J'observe sans jumelles hélas, une petite troupe de grues dans un champ.

Avant même d'arriver à Lesperon, lieu dit Les Fourques, la porte d'un camping est ouverte, je my engouffre et m'installe sur un emplacement. Seul un mobil-home a l'air occupé.

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Très beau , gel le matin


Au camping il ne gelait pas, j'ai eu bien chaud la nuit avec toutes mes épaisseurs, et le matin,pas froid, sauf aux mains en démontant la tente (trempée de rosée). Hier soir j'ai pu constater que seul un mobil-home du camping était occupé. J'ai peur qu'en sortant son locataire ferme le camping et que je sois prisonnière. Aussi je guette s'il se lève tôt.. eh oui, ses fenêtres sont déjà allumées quand je me réveille, à 6h45, du coup je me lève. Et quand il part je lui cours après pour vérifier que je pourrai toujours sortir... Mais oui la barrière pour les voitures est fermée mais en vélo on peut toujours passer sur le côté.

Oui mais voilà, je suis partie en laissant la casserole d'eau bouillante devant la tente, et évidemment je la renverse en entrant ! L'eau passe sous le tapis de sol et sur mon matelas et mon duvet. Ça me permet de constater quand même que le tapis de sol est assez étanche, l'eau ne passe pas au travers. Et ce que je vais constater également, et qui est beaucoup moins drôle, c'est que la fuite d'eau c'est du toit qu'elle vient. Rien qu'avec la rosée ça goutte.

En tout cas il faut faire chauffer l'eau à nouveau, j'en ai encore heureusement mais tout ça me fait perdre une partie de mon avance. Départ vers 8h30. C'est quand même un peu mieux que d'habitude. Le ciel est d'un bleu pur. Les pare-brise des voitures sont givrés. Contrairement à la veille je n'ai mis qu'une paire de chaussettes. Je me réchauffe les mains assez rapidement mais le froid aux pieds ne me quittera pas.

J'emprunte une piste cyclable qui doit me mener à la côte. Elle prend la direction de Lesperon mais passe à l'écart du centre bourg. Mais devant le monument aux morts et l'église, malgré tout.

La piste cyclable continue à travers la pinède et est asphaltée tout du long. J'y suis seule au monde. Même si à l'ombre le sol est gelé, sans vent, avec un soleil éclatant derrière moi, tout serait parfait, sans ce foutu froid aux pieds.

On rejoint la route peu avant Levignacq , que l'on contourne pour repartir en forêt vers Uza puis Lit-et-Mixe, nom étrange. Un monsieur est debout sur le monument aux morts, je me demande ce qu'il y fait.


Au lieu de poursuivre en ligne droite sur la voie cyclable je préfère me raccourcir et prendre la petite route vers Contis, qui n'est d'ailleurs pas plus fréquentée. Quelque chose va changer. On se rapproche du littoral, et là il y a des dunes.. et donc du relief, alors qu'avant c'était tout plat. Il y a même deux fortes côtes juste avant le village. Je commence à avoir un peu moins froid aux pieds au moment où je vais enfin pouvoir entrer dans un endroit chaud...

Facile à dire... Dans cette petite station balnéaire d'où pourtant les humains ne sont pas absents, tous les commerces sont fermés. Autre chose qui m'horrifie: plusieurs maisons sont construites sur la d'une en bord de mer, tout en haut.

Finalement les humains avec qui je parle se souviennent que la librairie presse fait aussi café. Effectivement, et c'est même une vraie librairie, avec tous les livres qu'on pourrait trouver dans une librairie citadine, et on peut vraiment y boire chaud ou froid, en terrasse ou sur une table bien au chaud à l'intérieur. Fermeture à 13h, mais le seul commerce du lieu à être ouvert toute l'année. Avant de boire le café, je vais voir la plage. La mer est d'un beau bleu. Les vagues, pas énormes.

Allons retrouver la forêt... Une forêt différente, ce n'est plus une suite de plantations comme précédemment (ligniculture). La vélodyssée (que je rejoins ici) va parcourir deux forêts domaniales, celle de Saint Julien en Born puis celle de Mimizan. Pins maritimes et coupes rases sont toujours au programme, mais on garde les arbres plus gros et on (c'est à dire l'ONF) pratique la régénération naturelle. C'est toujours vallonné, puisque ce sont d'anciennes dunes.



Au début du trajet la piste est bordée de nombreux chênes liège, certains qui ont même été écorcés. Je tarde trop à prendre la photo... J'ai pris la photo d'un mimosa qui à vrai dire ne s'est trouvé qu'une fois. L'arbuste qui abonde en sous-étage est l'arbousier. Les fruits sont plutôt rares. On trouve aussi de l'ajonc, un peu de genêt, de la bruyère à balais. Quelques petits chênes lièges ça et là.

À Mimizan-plage j'arrive juste avant 13h, je me dépêche de trouver une boulangerie, j'arrive pile à la fermeture. Direction la plage. Je me mets sur un banc à mi pente de la dune. Avantage, c'est abrité, inconvénient je ne vois pas mon vélo et n'ose pas trop étaler la tente...qui ne séchera pas beaucoup. Pas de baigneurs mais des surfeurs qui ne sont pas souvent debout sur les vagues.


Je repars par un chemin en virages, ça change et c'est joli. Par endroits il est en remblai, on dirait une voie de chemin de fer. Plus loin il fait même un lacet. On a évité Mimizan - ville.


Après c'est beaucoup moins bien. La piste longe une route fréquentée. On est en sécurité, mais fini le calme. Vue fugitive sur l'étang d'Aureilhan, et plus loin arrêt à Sainte Eulalie en Born qui n'a pas grand chose de remarquable. La fontaine Saint Europe ne coule même pas.

Pas de vrai café mais une boulangerie où je prends un café allongé car il n'y a pas de thé, et où j'achète un pastis pour amener aux cousins.

La piste reprend en bordure de route, heureusement elle s'en écarte pour se rapprocher de l'étang de Biscarrosse et de Parentis. On longe rarement l'étang de très près. Peut-être parce que c'est marécageux. Tout du long sont des ports et des garages à bateaux.



Mais à Gastes il faudra reprendre la route, et même plus tôt que prévu car la piste cyclable est barrée. Le jour tombe. La pleine lune s'élève au-dessus des pins.


Heureusement jusqu'à destination je n'ai que des pistes cyclables. La chambre d'hôtes que j'ai réservée est de l'autre côté de la ville de Parentis. Après être arrivée à un château d'eau, je prends une piste dans la campagne, dans la nuit, essayant de me dépêcher car la batterie du téléphone baisse dangereusement. Il faut prendre un chemin ensablé pour une centaine de mètres ensuite heureusement c'est goudronné mlais arrivée sur place je n'y vois plus rien. Ça y est le téléphone s'arrête, il faut me recharger avec la batterie de secours pour pouvoir appeler mon hébergement. Une dame me répond avec un accent étranger, c'est juste à côté en fait. Très bien ce petit gîte, terrasse avec auvent pour mon vélo, cuisine et chambre, style rustique, mais bien chauffé. La dame est allemande, dit qu'elle ne sera pas là demain matin, je ne la verrai pas beaucoup. Je n'ai pas eu le temps de faire des courses, dommage la cuisine est bien équipée. Carottes, semoule, trozos de calamares en su tinta ramenés d'Espagne, yaourt de brebis basque.

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20

Très beau temps


Ce matin j'ai pris la précaution de ne pas me refroidir les Il y a bpieds et de mettre deux paires de chaussettes. Je n'ai pas du tout froid mais à vrai dire il fait bien plus chaud qu'hier. Départ 9h

Rien de bien attractif dans la traversée de Parentis, des pavillons et des pavillons, le château d'eau. Un petit bout de piste tranquille, mais qui bien vite rejoint la route de Biscarrosse. Décidément cette Vélodyssée me déçoit un peu.

Biscarrosse est une petite ville qui semble surtout habitée par des retraités. Dans le café un monsieur se souvient des carambars à 5 centimes.



À la sortie de la ville une portion de trajet agréable longe une queue de l'étang de Biscarrosse. Qu'on ne voit pas, entre lui et la piste coule un canal au bord duquel prospère l'osmonde royale.

La route vers Biscarrosse est indiquée comme itinéraire cycliste mais je n'y trouve ni piste ni indications EV1, tant pis je continue, heureusement il y a une bande latérale, et finalement cette route s'avère plus agréable que la précédente, moins rectiligne, un peu en reliefs, à travers de hautes pinèdes. Quelques côtes, mais belle descente vers l'océan.

Immense plage de sable fin. Quelques passants, quelques surfeurs.


Il n'est pas midi quand j'arrive, mais le temps de descendre sur la plage, de s'arrêter ici et là, l'heure tourne. Sur la promenade tout en bois se trouvent des bancs et je m'installe sur l'un d'eux. Des moineaux volètent et se posent autour de moi. À 13h je repars.

C'est un village abandonné, commerces vides, pavillons neufs vides à volets fermés, tous vides. À la sortie, d'immenses campings, champs de bungalows, évidemment fermés. Par contre les camping caristes sont encore là .



On va changer de département et suivre un agréable itinéraire forestier, toujours à l'écart de la route que l'on croise plusieurs fois, mais qui n'est pas gênante. J'entre dans la Gironde.

Bientôt, la forêt s'éclaircit...


Un cataclysme est -il passé par là? Oui, bien sûr, on se souvient des terribles incendies de 2022. Ici tout est nettoyé, et la végétation d'arbousiers et fougères verdit. Les semis de pins il faut les chercher mais ils sont présents. L'avantage pour moi, c'est que la vue porte beaucoup plus loin. C'est plutôt beau !

Je fais un petit arrêt près d'une plage appelée "la Lagune". Je me demande si je ne m'étais pas arrêtée là quand j'avais suivi la vélodyssée venant d'Arcachon, avec un vent épouvantable. Aujourd'hui c'est très calme sous un ciel serein. Quelques visiteurs profitent du beau temps.

Quand je repars un cycliste un peu âgé vient discuter à mes côtés. Je le laisse en plan pour photographier les premiers arbres calcinés que je vois. À ce moment passent deux cyclistes, des voyageurs cette fois. Du coup c'est avec eux que je taille la bavette. Ils viennent de Toulouse par le canal des 2 mers et descendent à Hendaye. Ils bivouaquent tous les soirs.

À ce niveau cela devient un peu plus dur, avant d'arriver à la dune du Pilat ça monte fort. Celle-ci va bientôt être visible.

Elle paraît vide mais en observant bien on aperçoit de nombreuses silhouettes humaines sur la crête. À son pied, dans les campings s'alignent des chalets en bois tout neufs.

La route descend, et avec elle la voie cyclable qui lui est maintenant contiguë. Il faudra bientôt choisir entre deux directions, la Vélodyssée qui bifurque vers l'est pour faire le tour du Bassin (mais en en restant à distance sur cette portion), ou bien prendre la direction d'Arcachon. C'est ce que je décide, histoire de rester plus longtemps au bord de l'eau et voir un peu la ville.

Tout du long c'est urbanisé. À travers les quartiers résidentiels de Pyla sur Mer le parcours est néanmoins agréable, sur une piste cyclable empruntant de larges trottoirs (pas toujours confortables au franchissement des intersections). Parfois une ruelle permet d'accéder à la côte, comme par exemple au lieu-dit "Le Moulleau".



Le canon est dit "de Napoléon"

Beaucoup de monde est venu ici profiter du soleil.. Et plus loin, plus près du centre d'Arcachon, c'est la foule. En novembre... Dans les rues les voitures n'avancent pas mais rouler sur la piste cyclable est très plaisant.


Je roule ainsi jusqu'à "l'épi Legallais" une légère avancée avec belle vue sur le Bassin, le phare du Cap Ferret en face.

Fini de traîner, je vais prendre le train à la gare pour arriver avant la nuit. Arrêt avant Bordeaux à Gazinet Cestas, pour rendre visite aux cousines et cousins.

21

Couvert, pluies, éclaircies très rares


Mais il ne fait pas froid. Départ de Pessac un peu avant 9h, après deux jours de repos en famille. J'ai bien emmagasiné l'énergie de toutes les bonnes choses que j'ai mangées, ça devrait aller.

À peine partie je me trompe d'avenue, mais après j'ai compris et vérifie bien ma direction à tous les nombreux rond-points. À part à ces fameux rond-points il n' y a pas trop besoin de s'inquiéter de la circulation, des pistes longent les routes, qui voies périphériques de l'agglomération bordelaise, qui circulent beaucoup. Après avoir passé Mérignac et l'aéroport c'est un peu plus calme. A la gare de Saint Médard en Jalles je rejoins la piste cyclable qui relie Bordeaux à Lacanau-Océan. La gare est transformée en aire de repos pour cyclistes. Et la voie verte, vers Lacanau, est tout simplement l'ancienne voie de chemin de fer.


Pour moi c'est très bien en tout cas, je roule au calme, et ni les cyclistes ni les piétons n'encombrent la voie ! Par moments il tombe une petite bruine. Ce matin j'avais mis la cape, et je l'avais à peine ôtée que ça recommence.

Première localité, toute petite, Salaunes. Ensuite vient Sainte-Hélène, viennent aussi les averses. Je m'abrite de la première dans la boulangerie où je peux boire un café, et de la deuxième à l'Intermarché pour quelques courses, et finalement même s'il est juste midi et quelques je casse la croûte sous un auvent où le seul siège que je trouve pour m'asseoir est celui du photomaton. Il y a eu des pauses plus confortables ou plus poétiques...Mais au moins c'est au sec.

C'est reparti sur une longue ligne droite direction sud-ouest vers Saumos. Cette ligne droite va bientôt s'avérer pénible. Je découvre que les incendies n'ont pas eu lieu qu'au sud du bassin d'Arcachon, mais ici aussi. Plus d'arbres pour abriter du vent, et celui-ci souffle d'en face.

À l'approche de Saumos la forêt revient. On croise une petite rivière, avec toujours l'osmonde royale sur les rives. Jusqu'à Lacanau la forêt abrite du vent, sauf sur quelques coupes rases.

C'est de la pluie dont il va bientôt falloir s'abriter...par chance un café se trouve sur ma route dans le bourg. A la sortie la pluie s'est calmée, mais elle va reprendre, et aux abords du lac de Lacanau c'est la lutte contre les éléments déchaînés. Mais il y en a qui aiment ça, ce sont les kite-surfistes qui évoluent sur le lac.

La situation extrême ne va pas durer longtemps pour moi, dès qu'on entre en zone forestière le vent se calme. Je ne vais même pas à Lacanau Océan car je rejoins L'EV1 alias Vélodyssée et je préfère ne pas perdre de temps, bien que finalement j'aie un hébergement pour ce soir, par l'intermédiaire de Louise qui depuis Brazzaville me dégote un Airbnb. Un peu cher mais la météo ne donne vraiment pas envie de dormir sous une tente susceptible de prendre l'eau..

Et cette portion de la vélodyssée est vraiment très jolie, d'ailleurs à partir du moment où je suis dessus je me rappelle très bien y être passée, il y a 6 ou 7 ans. Le soleil brillait ce matin là, mais avec les couleurs automnales c'est peut-être encore plus beau aujourd'hui. De plus, le chemin est complètement abrité du vent.

Ce n'est pas de tout repos, le relief dunaire c'est un peu les montagnes russes. Je ne respecte pas la limitation à 10km/h dans les descentes, même si ce n'est guère possible avec les bagages de garder l'élan jusqu'en haut de la côte suivante.La seule rencontre que je fais c'est un pick-up transportant une meute de chiens hurlants. Pourtant la chasse est interdite ici.

Je finis par rejoindre la route aux abords de Maubuisson et c'est en face que se trouve la "résidence des pins" qui est très vaste, un ensemble de petits immeubles dans une pinède où il faut monter très fort. Heureusement que la logeuse vient, j'aurais été bien incapable d'y trouver mon logement parmi tant d'autres. Elle a l'accent du 16e arrondissement et son amabilité se limite aux paroles. Elle ne me propose même pas une place à l'abri pour mon vélo et me dit que je ne dois utiliser qu'une seule serviette de toilette et que c'est à moi de faire le ménage.Par ailleurs le logement est très confortable, on ne peut pas dire le contraire.

Je descends mettre mon vélo sous un escalier. Je n'ai pas fermé la porte à clef... évidemment au retour je ne me souviens plus où est l'appart !? Je finis par trouver en essayant toutes les portes de l'étage... Je mange la boîte de chili con carne qui était plutôt prévue pour un repas rapide sous la tente. Le vent souffle.

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Temps couvert, quelques pluies


Un record ce matin, départ vers 8h15. J'ai tout nettoyé et défait les draps mais finalement la logeuse me dit de laisser la clé et partir, tant mieux.

Quelques reliefs dans les premiers coups de pédale. Et une petite pluie se met à tomber. J'observe des étendues de lichen sous les pins qui me rappellent la Suède.

alors je vais acheter de quoi manger chez Aldi au bout du village et m'assieds un peu plus loin sur une borne au bord d'une allée très rectiligne, mais abritée. Je ne m'attarde pas...




Et heureusement que j'ai pris cette photo... c'est l'occasion de vérifier ma position... et de me rendre compte que j'ai pris la direction de Carcans plage où je ne veux pas aller... demi tour.

Mon itinéraire est une petite route goudronnée un peu sinueuse, sans grosses côtes, d'autant plus agréable qu'il n'y a pratiquement pas de circulation, 4-5 voitures sur une quinzaine de km... Et aucun vélo. Elle passe à côté du phare d'Hourtin, qu'inexplicablement je ne vois pas.

La majeure partie de cette route traverse de hautes futaies de pins maritimes. Sur les zones où la végétation est plus basse, voire rase, on perçoit mieux le relief dunaire ... Et on sent un peu plus le vent, qui dans tous les cas ne gêne pas, ça roule plutôt bien.

Après le croisement avec la route d'Hourtin plage, retour à la ligne droite, sur une piste cyclable qui longe une piste pierrée où roule, à peine plus vite que moi, un tracteur chargé de rondins. On peut voir quelques gros chênes lièges.



Au bout de cette piste on trouve un abri pique nique... une construction bien rare dans la région...


Il faut tourner à gauche, direction ouest vers l'océan, et là on sent bien le vent, cela ne dure pas puisque la véloroute repart vers le nord et après quelques kilomètres arrive à Montalivet les Bains. C'est un haut lieu du naturisme, d'immenses campings de cabanes de bois, clos de palissades, s'alignent au bord de la route.

J'ai déjà fait plus de 40km et me décide à faire un petit arrêt sur la plage pour admirer la mer agitée.


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Montalivet n'est en fait qu'une partie de la commune de Vendays Montalivet que je découvre très étendue. Le long de l'avenue centrale les nombreux commerces sont presque tous fermés mais pas tous et il règne même une certaine animation. Un restaurant PMU populaire sert des plats du jour, cela pourrait être tentant mais je ne suis pas affamée et il ne fait ni froid ni pluvieux je peux manger dehors.


Alors je vais acheter de quoi manger chez Aldi au bout du village et m'assieds un peu plus loin sur une borne au bord d'une allée très rectiligne, mais abritée. Je ne m'attarde pas...

D'autres immenses campements de naturisme s'étendent de ce côté également... C'est une affaire qui marche...

Maintenant je me rapproche de Soulac sur Mer. Avant d'y arriver la piste, parfois sableuse, donne accès à plusieurs petites plages un peu sauvages, par exemple celle de Négade


À Soulac je regarde un peu l'océan et je décide de continuer ma route car je suis pressée d'arriver à la pointe de Grave pour vérifier que le bac pour Royan part bien ce soir.


On aperçoit le phare de Cordouan dans la grisaille.Une petite pluie va accompagner les derniers coups de pédale vers la pointe. La piste, fraîchement goudronnée, longe la voie de chemin de fer désaffectée. Je n'en avais pas un bon souvenir, je pense qu'à l'époque elle était en moins bon état.



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Le chemin de fer se termine à la gare... très rustique. Le phare est juste après. Le musée est évidemment fermé.

À l'embarcadère il est indiqué "prochain départ 17h15" De ce point de vue je suis rassurée. Par contre d'il y a une quantité de restaurants, ils sont tous fermés. Le petit bistrot pour attendre au chaud, il ne faut pas y compter.

Alors je vais voir le port du Verdon où tout est fermé aussi, à part un magasin de vélos. Au bout de la pointe, on ne voit pas mieux le phare de Cordouan que tout à l'heure.



Ici s'élèvent aussi deux monuments commémoratif, l'un de l'expédition de Lafayette en Amérique, l'autre le départ du paquebot Massilia, parti du Verdon le 21 juin 1940 pour emmener en Algérie les parlementaires hostiles au régime de Vichy entre autre Mendès France, Georges Mandel et Jean Zay.


Direction l'embarcadère. Un bateau énorme. Je suis la seule cycliste, j'attache mon vélo sur le pont, à l'intérieur un grand salon, et même un bar.

À l'arrivée Louis mon hôte warmshowers m'attend pour m'accompagner jusqu'à Vaux sur Mer, dans la banlieue de Royan à 5km de route. C'est bien gentil car de nuit c'est bien utile d'être guidée. Ils m'accueillent avec sa femme Jeanine dans leur très jolie petite maison en bordure d'un marais. Ils voyagent en tandem depuis 40 ans, et même avec leurs enfants dès les années 80.

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chez Jeanine et Louis

Jeudi 21 novembre Vaux sur Mer

Jour de tempête (Caetano)


La venue de la tempête, je m'en inquiétais depuis plusieurs jours, et suis bien contente d'avoir traversé la Gironde hier. Je scrute toutes les 10 minutes la météo, qui n'évolue guère , et me lève tôt, avec l'idée de partir avant que ça se gâte... Mais non, comme prévu vers 8h ça se met à souffler fort, et à pleuvoir aussi. Prenons donc tranquillement le petit déjeuner avec mes hôtes.

J'ai parlé avec Louis de mes problèmes de vélo, et il me propose de m'accompagner chez son vélociste pour un diagnostic sur ma jante usée et rainurée par les freins. Eh bien ça souffle fort... Je teste un peu le vélo .. pas évident parce que même à pied les rafales déséquilibrent. Le réparateur de vélo est plutôt rassurant, la jante ne devrait pas s'effondrer d'un moment à autre. Par contre c'est pas simple à changer et ça va coûter...

On mange de bonnes choses végétariennes au déjeuner, des crudités râpées sarrasin... Je renonce définitivement à repartir aujourd'hui, mes hôtes m'accueillent un jour de plus avec la même gentillesse. Après la sieste on va voir la mer avec Jeanine. Nous nous restreignons à la conche de Saint Sordolin, après une dizaine de mètres nous renonçons à longer la mer, le vent est trop fort.

La soirée passe vite, il y a toujours beaucoup à se raconter entre cyclistes et "écolos" ( entre autres on parle des toilettes sèches, que j'aurais eu le plaisir d'utiliser dans cette étape, et de compost). Demain le vent doit s'arrêter et le soleil revenir...

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Froid le matin mais très beau temps

Oui le soleil brille mais une petite gelée blanche couvre l'herbe par endroits. Je quitte mes hôtes et leur charmante petite maison à 9h. L'itinéraire que je suis scrupuleusement au GPS est assez compliqué. Le brillant soleil du matin qui m'empêche de voir l'écran n'arrange pas les choses.

Après la traversée des zones urbaines c'est une campagne plate de champs ouverts. Plus loin quelques bosquets ou haies agrémentent le paysage.

Ça roule plutôt bien. Je me suis assez vite réchauffée en roulant. J'ai seulement un peu froid au bout des pieds. Au sud de Saujon, au bord de la Seudre un restaurant est ouvert, je peux y prendre un petit café et me réchauffer les pieds.

Les villages se font un peu plus ruraux, et sont dotés de belles églises romanes de style saintongeais, au clocher carré. Thezac d'abord.


Thezac

Le prochain village est Retaud. Avant d'y arriver se trouve un cimetière militaire, "nécropole nationale".


330 combattants dont 129 d'Afrique (stèles musulmanes) tombés lors des attaques des dernières poches de résistance allemande à Royan et la pointe de Grave.

À Retaud l'église est très belle et sa face est est bien éclairée par le soleil. Je ne verrai même pas l'autre côté, je me dépêche car je suis attendue pour manger.Prochain village, Chermignac, encore une église


Et puis c'est tout droit vers Saintes. Tout droit mais en montée.

Mauvaise surprise, je croyais éviter un gros rond point à l'entrée de la ville mais le GPS m'a joué un tour, le raccourci n'existe pas. Non seulement il me faut traverser le rond point mais je dois descendre vers la Charente, et monter une belle côte que je pensais éviter. J'arrive néanmoins avant 13h30 pour me mettre les pieds sous la table et déguster les excellentes pommes de terre au four préparées par ma sœur. L'après midi je vais assister à la répétition de la chorale locale pour le concert de Noël.

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Pluie le matin, éclaircies l'après midi


J'ai passé un fort bon week-end en famille. Ce matin la pluie est prévue, personne ne me chasse mais après bien des hésitations (la veille), je me décide ce matin à partir quand même. Il ne faut pas trop se laisser impressionner par les éléments naturels.

Je commence par traverser Saintes par les bords de la Charente.


Depuis que je suis partie il tombe une petite pluie qui ne va pas cesser de la matinée, se renforçant par moments. J'ai renoncé à suivre l'itinéraire cyclable de la flow vélo qui rallonge un peu et à ce qu'il me semble n'emprunte pas toujours des routes goudronnées.

Au début je suis donc la D114 une "route jaune" assez fréquentée, jusqu'à Saint Vaize, ensuite c'est une"route blanche " très calme. Le relief l'est un peu moins, les côtes sont nombreuses, il y en a même une où je suis obligée de descendre de vélo. Je crève de chaud.




La route se rapproche un instant de l'autoroute, passe à peu de distance du village de Fenioux qui est dans un trou et que l'on ne voit absolument pas . Le paysage, toujours un peu vallonné, ce sont toujours des champs, avec aussi les vignes hautes du Cognac.


Le prochain village, Mazerat, on le traverse. Ce ne sera pas la photo de l'église mais celle de la mairie et du monument aux morts.

Il pleut toujours, mais ça descend jusqu'à Saint Jean d'Angély, qui est au bord de la Boutonne. Il est 12h30.


Il est fort probable qu'ensuite je serai dans la campagne et qu'il n'y aura aucun endroit pour s'arrêter au chaud, alors j'hésite. Mais je ne vois ni bistrot ni resto sympathique, et puis je n'ai même pas fait 30km sur presque 80, alors je décide de continuer.

La pluie va cesser mais je n'ai plus du tout trop chaud maintenant. J'essaie d'appuyer sur les pédales pour me réchauffer. Le plateau est moins vallonné, en majorité ce sont des champs mais les haies ont de belles couleurs.

Après être passée devant un dolmen mal mis en valeur, enfoui dans une haie, je vais davantage profiter des feuillages automnaux en suivant l'itinéraire vélo "les rives de Boutonne" qui se rapproche de la rivière, traversant des peupleraies et des villages pittoresques en pierre blanche. C'est dans un de ces villages, Saint Pardoult, que je vais m'arrêter brièvement pour manger, sur un banc devant la petite église.

Un peu plus loin s'élève le château de Mornay. Ses tours lui donnent une allure médiévale mais il a été construit au 17è siècle.


Dampierre sur Boutonne semble un bourg un peu plus important, mais il est démuni de commerces comme les autres. Il est dominé par une grande église. Romane encore.

Est ce toujours le style saintongeais ?


Bientôt on va passer dans le Poitou, on change de département pour entrer dans les Deux Sèvres (79). Ni borne Michelin ni panneau pour le signaler. Justement la D127 que je suis depuis un moment commençait ici.


La route se dirige vers le village de Chizé, un nom qui me dit quelque chose. Oui, c'est celui d'une forêt domaniale où j'ai jadis observé des problèmes sanitaires. La forêt est toujours là, on la voit de loin sur la gauche. Une autre plus proche, sur la droite, est une forêt privée. Premières grandes forêts depuis que j'ai passé la Gironde...

Charente Poitou... Ça ferait plutôt penser à l'élevage et aux produits laitiers... On n'en voit pas grand chose. Quelques étables, et les bovins dans les prés, accompagnés par de blancs hérons garde bœufs, sont des charolaises ou autres vaches à viande.

Le seul bourg un peu important et doté de commerces dont un café où je vais faire une petite pause est Brioux sur Boutonne, à 5km de mon but. C'était une erreur de faire cette pause car à la sortie, surprise... La pluie ! Dire que mes affaires avaient séché !

Je suis hébergée par Fabien et Marie à Lusseray, rue de Montapeine, qui porte bien son nom .. malgré tout j'arrive à monter en pédalant. Ils habitent une grande maison de pierre récemment restaurée. Mon lit est sur une mezzanine au dessus d'un poêle à bois, sur la balustrade mes affaires vont sécher...

On mange de la soupe et de la quiche aux poireaux. Ce sont des grands voyageurs, ils sont allés au Népal en vélo en 2016. Là bas ils ont aussi beaucoup marché, ils randonnent aussi à pied.

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Temps nuageux, un peu de soleil parfois


Marie est partie bosser à 7h30, heure à laquelle mon réveil sonne. Fabien est en télétravail. Je ne me presse pas beaucoup, départ vers 9h15.

La route que m'a indiquée Fabien pour aller jusqu'à la première étape, Lezay, est très tranquille et très agréable. Il la connait bien car il travaille à Lezay et y va en vélo (pas tous les jours). 20km quand-même... Il va sans aucun doute plus vite que moi, qui mets une bonne heure et demie pour y arriver.

L'église et le gros tilleul de Tillou, le monument aux morts et la mairie de Sompt, monument à la Résistance, et une des portions bordées d'arbres de la route.

À Lezay, c'est le marché. J'achète un petit fromage de chèvre et un yaourt à un jeune éleveur bio et prends un café dans un bistrot bien animé pour la circonstance.


Il est presque midi quand je repars mais je me décide à en mettre un coup jusqu'à Lusignan. C'est d'ailleurs plutôt facile, c'est plat et je crois bien que le vent me pousse.

C'est un pays de protestants. On le voit aux cimetières de quelques tombes, et aux temples à l'architecture austère. A Saint Sauvant se trouve aussi une église




Mais celle de Lusignan (10km plus loin) est beaucoup plus belle. Construite aux 11è et 12è siècle .


Elle est ouverte, on peut en admirer l'intérieur également.

Lusignan est une ville ancienne, située sur un promontoire au dessus d'une rivière qui s'appelle la Vonne. Le centre est très désert, il s'anime un peu quand les cloches de l'église sonnent pour un enterrement et que les participants s'en approchent. À ce moment-là je suis en train de manger mon morceau de pain et mon fromage de chèvre (très bon) dans la halle (19è) qui se trouve au pied de l'église.


Je me gèle un peu, et suis bien contente de trouver un restaurant bien chauffé où le café n'est pas plus cher qu'ailleurs. Le tarif local semble être 1,40€, moins cher qu'en Aquitaine et en Charente où c'était invariablement 1,50€.

À la sortie de la ville, beaucoup de reliefs. J'imaginais que c'était provisoire, mais non, ça continue à monter et descendre, je suis arrivée dans une région traversée par plusieurs rivières et beaucoup plus vallonnée. Je ne la trouve pas pour autant plus jolie que la précédente. Des champs de colza (ce matin c'était plutôt du maïs) et des boisements de chêne. Le fond des vallées est plus joli mais je ne m'attarde pas, essayant de prendre un peu d'élan pour la côte à venir.

Tout à l'heure, avant d'entrer à Lusignan, j'étais tombée sur un traquenard, la petite route s'arrêtait devant la N10, il avait fallu prendre un chemin de terre qui s'engouffrait sous la route... Avec une belle flaque d'eau bien boueuse au fond où j'ai du mettre les pieds et salir les chaussures. Après Lusignan les passages sous la ligne LGV dite sud Europe Atlantique (pas de train, ouf) puis sous la N10 sont tous neufs.

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À l'arrivée à Ligugé on rejoint une route plus passante. Elle est doublée d'une piste cyclo piéton mais très rustique s'interrompant par endroits inopinément. Alors je prends le parti de traverser le bourg, dans des quartiers pavillonnaires où on se perd dans des parcours compliqués. Je termine par un raidillon abrupt d'où on a quand même l'avantage d'avoir une belle vue sur l'abbaye.

Mes hôtes habitent tous près de là. Corinne et Denis ne sont pas des cyclistes mais les parents d'un cycliste, Alexis, qui a voyagé jusqu'au Japon où il est actuellement.

Très bon accueil, on mange de la soupe à la citrouille et une délicieuse blanquette de poulet. Et on parle des voyages d'Alexis qui alterne voyages et jobs un peu partout dans le monde. Il va travailler tout l'hiver dans une station de ski sur l'île d'Hokkaido.


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Temps nuageux, vent SSO

Beau ciel au réveil derrière l'abbaye.


Vue depuis ma chambre

Départ 8h45 en même temps que Corinne qui a un rendez vous, après avoir goûté la confiture de melon d'eau et oranges, pas si mauvais. Autres vues de l' abbaye, toujours en contre jour malheureusement.

Les premiers moments de la matinée ne sont pas très agréables, car même en évitant de se rapprocher de Poitiers c'est quand même encore la banlieue et la circulation est dense sur toutes les routes, même les plus petites. En outre on rencontre quelques côtes bien raides où je suis parfois obligée de pousser le vélo.

Après Mignaloux-Beauvoir je vais encore traverser une route à grande circulation (ancienne N151 qui va à Bourges et Vézelay), avant de rejoindre la véloroute V94 qui la suit d'assez près. À ce niveau, elle emprunte des petites routes en "itinéraire partagé".

Le soleil ne se montre guère, le vent souffle plus fort que les jours précédents et se montre parfois gênant. La campagne est assez moche, champs immenses, colza, mais récoltés, labours et fermes sans charme.


Les plus gros villages traversés sont d'abord Sèvres Anxaumont

Et puis Saint Julien d'Ars, au bord de la grand route, où je trouve un restau pour boire un café (1,40€ encore).

Retour dans les campagnes, village de Jardres, et toujours le désert agricole.


Mais bientôt on atteint une métropole régionale, Chauvigny, au bord de la Vienne. La ville est dominée par les ruines d'un château que je ne verrai que de loin, et le clocher de l'église.


C'est une petite ville animée

J'y trouve une carte Michelin de la région Centre Val de Loire, et un petit restau où je mange le plat du jour, grosses pâtes avec bœuf haché et salade, et poires au vin et chocolat . Devrait se digérer en pédalant.

Pour être sûre d'avoir chaud je remets mon pull, ce qui n'était pas vraiment nécessaire. Car pour sortir de la ville il va falloir monter. Après une traversée de rues étroites bordées de maisons de pierre je me décide à suivre la route de Montmorillon pour éviter la traversée d'une vallée et de terribles raidillons. Ce n'était peut-être pas une très bonne idée non plus, car cette route est trop rectiligne, très fréquentée notamment par des poids lourds.

Enfin je prends une petite route sur la gauche, tellement petite qu'après le hameau de Luchet, tout retapé et assez rupin, elle se transforme en chemin de campagne...ouf, pour quelques centaines de mètres seulement.


L'habitat sent la transition vers le Berry... les tuiles rondes se font plus rares.

La petite route passe à Fleix avant de rejoindre la V94, une voie verte sur une ancienne voie ferrée... Elle n'est pas visible sur la carte Michelin, je me demande bien ce que je vais trouver... Ça commence mal, au lieu de rejoindre directement la voie le fléchage fait faire un rallongis pour la prendre plus en amont. C'est que là on arrive à une aire de repos (où on ne peut même pas entrer) avant laquelle les rails sont encore là.

Et c'est bien ce que je craignais, la voie verte est très verte en effet, il faut bien viser pour rouler dans les ornières étroites à moitié enfouies dans l'herbe... Pour corser la chose beaucoup de branches sont tombées avec le vent, à plusieurs reprises je dois déblayer pour passer.

Heureusement le pire est au début, ça va s'améliorer un peu, le fond est plus dur, et on peut rouler à une vitesse correcte sur une étroite bande gravillonnée, plus lisse. Encore mieux quand la voie est en légère descente.

L'itinéraire de la V94 ne se poursuit pas sur la voie ferrée à travers Saint Savin, mais par une mauvaise piste, puis des petites rues qui débouchent sur la grande place devant l'immense abbaye et sa flèche élancée.


Il est 16h15, la visite est payante 10€ et se termine à 17h. Cela aurait sans doute valu le coup, notamment pour voir des peintures murales... Mais c'est trop tard, ça sera pour une autre fois. C'est une très ancienne abbaye et le bourg a certainement eu ses heures de prospérité ... Mais il est bien vide maintenant, exception faite des véhicules qui passent sur la D951.

Les cyclistes ont le privilège d'emprunter le pont ancien sur la Gartempe (affluent de la Vienne) qui date du 13è siècle.


Le jour baisse mais je suis près du but... Néanmoins la sortie de la ville et la montée sur le plateau vont encore m'occasionner quelques difficultés et quelques épisodes "poussette".

La route vers Bethines est rectiligne et on y roule trop vite, mais par chance je ne la parcours pas jusqu'au bout, Anne qui m'héberge ce soir habite avant le chef-lieu de la commune, dans un hameau appelé Pineau.

Sa maison est une ancienne petite ferme pittoresque, elle y habite avec deux chiens très démonstratifs.

C'est une autre grande voyageuse, en vélo, à pied, et tous les moyens de transport. Elle fait une très bonne soupe à la citrouille.



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Pluie fine toute la journée


Au moment du départ Anne s'inquiète de mes vêtements sombres peu visibles. Alors je mets la cape et les guêtres jaunes... Très bonne idée en effet, je suis à peine partie que déja la bruine tombe.


La très jolie maison campagnarde d'Anne

Je n'ai pas à revenir en arrière, la route qui mène chez elle continue à travers des champs dans la direction d'Ingrandes, un village doté d'un château fort que je ne verrai pas car je tourne avant pour rejoindre le village de Concremiers, au lieu d'aller récupérer l'ancienne voie ferrée qu'hier.

Assez rapidement je change de département, on entre dans l'Indre, est ce aussi la limite du Berry ?

Pas de borne, mais le paysage est tout de suite beaucoup plus joli, avec tous ces chênes aux feuilles dorées. Un beau château-fort au bord de la route, le château des Forges, est en travaux.


Concremiers est dans la grisaille, au-dessus de l'eau grise de l'Anglin.

Après le pont, un restaurant bar est ouvert. Je n'ai pas encore beaucoup avancé aujourd'hui... Mais c'est tellement rare qu'on se doit d'en profiter... Un petit café ! (1,50€)

Malheureusement la bruine est toujours là à la sortie. Je m'aperçois qu'il n'est pas possible de récupérer la voie verte: la route passe sur un pont au dessus et ce n'est pas possible d'y descendre .. alors je continue sur la petite route, calme et plane.

Il y a possibilité de rejoindre la voie verte à l'entrée du Blanc.... Je n'y parcours qu'une centaine de mètres, la trouve trop caillouteuse et cahotante, j'y renonce, et prends la direction du centre ville. Descente raide à travers de vieux quartiers pittoresques jusqu'au pont sur la Creuse dont j'oublie de prendre la photo.


L'occasion d'acheter quelque chose à manger. Je repars (en montant), et retrouve la voie verte qui maintenant est asphaltée et bien agréable. Elle passe sur un viaduc puis longe la 151 et la vallée de la Creuse.

Je la quitte après l'ancienne gare de Ruffec pour prendre une petite route à travers la Brenne. Elle monte au début, ensuite elle s'aplanit.

Bientôt se font entendre des caquètements caractéristiques.. des grues. Il y en a là plusieurs centaines, posées dans un champ, et elles s'envolent dans tous les sens à mon approche. Pas faciles de prendre des photos avec mes faibles moyens.

Des champs, des haies et bosquets de chênes pas bien hauts, le terrain est pauvre. Et quelques étangs bien sûr, moins abondants que dans d'autres secteurs de cette vaste région. À vrai dire je ne verrai pas grand chose, progressant tout droit tête baissée dans la bruine sur cette route rectiligne. Un point positif quand même, le vent me pousse et j'avance bien.

Heureusement d'ailleurs, car il n'y a rien, aucun village, aucun abri. Ce n'est qu'à Nuret-le-Ferron après une vingtaine de kilomètres et à 14h passées que je trouve un abri bus où je peux manger un morceau.

D'après le bulletin météo la pluie devait s'arrêter vers 14h... Eh bien non, ça continue. Les villages se font un peu moins espacés, mais toujours autant dépourvus de commerces ouverts. La Perouille, Luant.





Ici un changement s'opère. Jusque là j'étais à peu près seule sur la route... C'est bien fini, j'ai atteint la zone d'influence de Châteauroux et c'est bientôt l'heure de la débauche. La circulation ne fait que s'intensifier.

Ça empire sur l'ancienne nationale 20, parallèle à l'autoroute, très large mais sans bandes latérales, résultat, voitures et aussi camions roulent très vite, et vous frôlent. Sur la route du Poinçonnet, moins large, c'est encore pire. Dans l'agglomération il y a une soi-disant piste piéton/vélo, impraticable : sauts à chaque trottoir... Et voitures stationnées, même pas en infraction : des places de stationnement sont matérialisées sur cette soi-disant voie...du jamais vu!

J'ai eu un message de Pascal, mon hôte de ce soir, qui me dit venir à ma rencontre. Je le trouve devant l'église du Poinçonnet, je n'ai plus qu'à le suivre, moins de soucis. Avec sa compagne Marie Laure, ils habitent une maison sur une impasse appelée "Allée de la Fuste". À vrai dire leur maison n'est pas une vraie fuste de rondins, ils n'ont pas eu l'autorisation d'en construire une, mais c'est une belle maison de bois avec de grandes baies vitrées.

Au dîner, j'apprécie particulièrement la très bonne soupe au légumes et les excellents fromages. La conversation va bon train sur les souvenirs de voyage. Pascal a traversé les États Unis d'est en ouest et fait le tour de l'Islande. Ensemble ils font aussi beaucoup de randonnée pédestre. Depuis la retraite ils ne font plus l'aller et retour Châteauroux (à 8km), mais font du vélo tous les jours dans la vaste forêt.

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Beau temps, vent d'est froid


Pascal prend une photo souvenir, je n'ai pas le réflexe de demander une photo à trois, ni de prendre une photo de la maison.

Il fait frisquet ce matin dans la forêt. Le soleil levant brille à travers les arbres. Assez rapidement, j'arrive à Clavières où j'ai la surprise de traverser l'Indre, au niveau d'un moulin de pierre blanche.



Juste après je croise la route Châteauroux - La Châtre. Fini la forêt. Sur le plateau agricole je commence à sentir le vent d'est. Il y a de la gelée blanche par moments. Le froid aux mains se dissipera, le froid au bout des pieds apparaît et ne disparaîtra pas de la matinée.

Quelques voitures circulent, un peu plus sur la D12 , elles ne sont pas très gênantes, et sur sa direction nord le vent se sent moins et le soleil n'éblouit pas. Des champs labourés, quelques petits bois, peu de prés sauf un d'où un gentil cheval vient me saluer .

Je quitte la D12 qui part vers Sainte Fauste et Neuvy Pailloux, et je continue en direction de Thizay et Issoudun.


Issoudun se repère à sa "Tour Blanche" médiévale, qui semble bien petite maintenant à côté des grands silos de la malterie, des châteaux d'eau et éoliennes environnantes. L'abbaye de Saint Roch quant à elle est à moitié masquée par d'affreux hangars industriels.


Je me rends compte assez tardivement que l'itinéraire de mon navigateur me fait contourner le centre ville. Il faut dire que c'est une vieille ville aux rues étroites et sens unique. Mais je passe, juste après la rivière Théols, devant l'hospice Saint Roch et son musée trop modernisé à mon goût (et donc pas de photo !).


Boulangerie, épicerie, et retour en arrière sur la place du marché ( il se termine). Au café de la Paix je vais pouvoir me réchauffer enfin les pieds. C'est une brasserie apparemment très populaire car bien remplie. Ça aurait été sympa d'y manger mais je n'ai pas assez avancé, 32km seulement.

Sortie direction nord. Le monument aux morts et la basilique du Sacré cœur, plus loin l'hôpital et des zones industrielles, avec une piste cyclable à double sens sur le côté gauche de la route.


Et je retrouve la Champagne Berrichonne, fidèle à elle-même. Beaucoup d'éoliennes.

La route est parallèle à la vallée de la Théols, mais c'est au fond de celle de l'Arnon que se trouve village de Migny. La Théols se jette dans l'Arnon à Reuilly, un peu plus au nord. Et l'Arnon fait la limite entre les départements de l'Indre et du... Cher. Back home!


Il faut remonter sur le plateau. Prochain village, Poisieux. Il est largement temps de pique niquer. Par chance le banc devant l'église est au soleil et abrité du vent.

Je commence à me trouver en terrain bien connu. Voici Plou, au nom curieusement breton, un village dispersé en de nombreux écarts, dotés de forêts sectionales. Je vais traverser ensuite Grosbois et Le Bouchet.



La petite route (D190) va rejoindre la D16 , qui bien que blanche sur la carte Michelin est très fréquentée, car elle mène à Bourges, par Villeneuve sur Cher. Et ça roule très vite. Quelques radars ne seraient pas inutiles ..


Le Cher à Villeneuve

Encore quelques instants pénibles(en plus , il y a des côtes), je suis pressée de bifurquer dans la direction de Morthomiers. Là c'est calme.


Cela le restera jusqu'à ce que je rejoigne l'ancienne nationale, doublée par une 4 voies. Je l'ai connue très calme mais à cette heure il y a du monde. Juste avant je jette un coup d'œil à l'ancienne carrière du Subdray, maintenant remplie d'eau et bien sûr interdite d'accès.

Il faut traverser Bourges, à commencer par ses interminables zones industrielles, MBDA et autres, dans une circulation intense, bref rien d'agréable. Quelques courses au passage pour ne pas avoir à ressortir. Retour à la maison dans la nuit, à 18h.

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30

Je n'aurai pas parcouru ni la riviera espagnole ni l'Andalousie, mais après un début un peu chaotique le direct vélo de l'Aragon au Berry fut une très bonne alternative.

L'itinéraire en vélo

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Les étapes

j'ai soustrait du total les 16km de Bayonne (sans bagages) et les 17km d'Eyre Montcube (avec le vélo de Joseph)


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RENCONTRES


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L’Ukrainienne sportive dans le train au Languedoc

Le cycliste colombien à l’hostel de Tarragona

Le couple de cyclistes français à la gare d’Ampolla

Les Argentins à l’hostel le matin du départ

Un autre couple de cyclistes, allemand, dans le train pour Zaragoza

Dario et Helena, mes hôtes de Zaragoza

L’employée et la patronne de l’hôtel de Gallur, moyennement sympathiques

la dame qui rebrousse chemin à cause des travaux avant El Bocal

les ouvriers qui cassent la croûte

Les habitants des villages qui veulent me faire prendre le camino vers Santiago

La très gentille réceptionniste de l’hostel de Pamplona

Le cycliste parisien qui a mal au genou

La dame qui me pousse dans la côte sur la voie verte après Pamplona

Les deux Français en camping-car sur l’aire de repos d’Irurtzun

Le personnel et les pensionnaires de l’hostel de Bayonne

La patronne et un couple de jeunes voyageurs au petit chien au camping de Narrosse

Le Monsieur du café de Biscarosse qui se rappelle des carambars à 5 centimes

Marlène, Joseph, Henri, Raphaël, à la ferme de Doumeynie

Un cyclotouriste, puis deux cyclistes voyageurs, du côté de la dune du Pilat

La famille, Marie Andrée, Daniel, Marie-Hélène, Norbert

La propriétaire pas si accueillante du AirBnb de Maubuisson

Jeanine et Louis, à Vaux sur Mer, voyageurs cyclistes depuis plus de 40 ans

le réparateur de vélos rassurant

Marie Agnès, Michel et leurs amis « comploteurs », Johan, Luciano, Lalie, Moufle, Tourmaline

Les autres hôtes « warmshowers » : Damien et Marie à Lusseray, Corinne et Denis à Ligugé

les grues dans la Brenne

Anne à Pineau (86 Béthines), et ses chiens

Un gentil cheval au bord de la route

Marie-Laure et Pascal au Poinçonnet (36) près de Châteauroux