Pluie le matin, puis le ciel s'éclaircit
Je me suis couverte au maximum mais ce n'était même pas nécessaire, et ce matin il ne fait pas froid du tout... Mais le temps est gris.
Enfin je peux voir mon environnement et constater que le parc est très grand, et qu'il ne manque pas d'espaces bien plats et suffisamment éloignés du lampadaire de l'église (ceci dit, j'ai malgré la lumière fort bien dormi). C'est un parc municipal, n'a plus rien à voir avec l’Église.
Départ 8h30, pas si mal, mais j'abandonne l'idée de partir directement dans la direction du col sur des voies incertaines, et repasse par le centre de Berceto. Je prends de l'eau à une fontaine et fait un petit tour du pays. La cathédrale est grise, romane, et très sombre à l'intérieur.
J'étais passée ici lors de ma traversée de l'Appenin il y a douze ans, mais n'en ai aucun souvenir, à part que c'était la première fois que je rencontrais la Via Francigena.
Pour sortir de la ville il faut déjà monter très fort. Je sens quelques petites gouttes... Ça se confirme, c'est une petite pluie. Grand changement d'ambiance par rapport à la veille !
Mais ça sera beaucoup moins dur, le dénivelé positif n'est plus que de 280m, et puis il ne reste que 2-3 passages un peu raides. La vue est brouillée, mais le trajet ne manque pas d'agrément avec les hêtres et les teintes automnales.
Et je suis tout étonnée d'arriver déjà en haut. On trouve ici une chapelle, et des commerces, l'un d'eux est ouvert. C'est un magasin d'alimentation mais aussi un café. Le patron me propose de m'installer dans le magasin, à côté du poêle, c'est la bonne place en effet. Je pensais que le mauvais temps aurait découragé les motocyclistes. Mais, il en passe deux petits groupes.
L'autre raison pour laquelle la route est si calme, c'est que sur l'autre versant, en direction de La Spezia, elle est chiusa, fermée. Le patron du bistrot m'a dit que les vélos pouvaient passer. En effet l'éboulement et les travaux laissent un large passage... Par contre la route est barrée de façon particulièrement soignée.
Premier passage, il faut franchir deux barrières de plastique bien serré et monter sur le talus, en déposant les bagages. Je commence une descente particulièrement agréable, pas trop raide et tellement tranquille, un peu inquiète de ce que sera l'autre barrage.
À première vue, ça ne passe pas, tout est particulièrement bien bouclé. Mais sur la gauche, la barrière touche un bois. Un peu de débroussaillage dans de grosses ronces, et c'est bon, même sans enlever les bagages !
Et il n' y a plus qu'à se laisser glisser. Il ne pleut plus, des vapeurs nuageuses montent des vallées aux couleurs d'automne, et les nuages s'écartent parfois pour dévoiler quelques sommets rocheux de l'Apennin. On ne commence à voir passer quelques véhicules qu'après le village de Montelungo.
La pente est douce, en haut de versant, jusqu'à une série de petits lacets courts qui mène au fond de la vallée du Magra et très vite on arrive à une route plus fréquentée et à Pontremoli, située au bord du large torrent de galets et dominée par un château fort.
J'ai du mal à trouver l'entrée de la ville. La porte est étroite, puis à l'intérieur de la ville ancienne il n'y a qu'une voie, une longue rue étroite. Au centre, quelques places en enfilade, la plus grande étant celle de la cathédrale. Celle-ci est de style baroque très orné, avec de belles mosaïques de marbre. Les confessionnaux sont en marbre et particulièrement ouvragés.
J'hésite à aller manger quelque part, mais finalement comme le temps se dégage j'opte pour le jardin public au bout de la rue, derrière une tour. Ce que je n'avais pas prévu, c'est qu'il n'est pas possible de descendre le vélo, c'est trop raide. Je le laisse en haut car le site est beau, sous la tour et un grand pont.
Ce qui est étonnant c'est que plus loin, après la traversée du fleuve, la longue rue se poursuit encore longtemps , se terminant par une autre porte fortifiée.
Trois voies suivent la Magra en direction de la côte, l'autoroute, la nationale sur laquelle je m'engage par erreur, et une petite route signalée par les panneaux "via Francigena bici" que je finis par retrouver. Elle tourne, monte et descend parfois, longe épisodiquement le fleuve ou l'autoroute, et bénéficie de la vue sur les sommets de l'Appenin. Un petit épisode montagnard, dans des bois qui surplombent la vallée me plaît bien, mais il se termine abruptement après la traversée cahotante d'un village-rue vermoulu.
Après avoir traversé le fleuve on arrive à Aulla, une ville plutôt industrielle, derrière laquelle s'élèvent des sommets étonnamment découpés . Ce doivent être les Alpes Apuanes.
Une "voie verte" traverse la ville où aujourd'hui dimanche on se promène beaucoup. Je la quitte parce que son état se dégrade, et me retrouve sur des avenues où la circulation est périlleuse, et puis trouve la route, bien fréquentée aussi, direction Sarzana, longeant la Magra.. Il me reste un peu moins de 15km, une heure environ.
Hélas je n'irai pas loin : une voiture de police barre la route, il y a eu un éboulement, on ne passe pas. Décidément... et là pas moyen de passer outre. Les policiers me proposent un itinéraire qui double la distance et décuple les dénivelés. Impossible. Ils finissent par me donner une meilleure idée, celle de prendre le train jusque Santo Stefano di Magra ensuite il ne restera que 7km (de nuit). Faisable.
Et je le fais, le temps de trouver la bonne gare, d'attendre le prochain train, 17h35, et de faire le trajet jusque Sarzana. A 18h15 l'accueil pèlerin est fermé. Je dois téléphoner à une signora Marissa et attendre une demi-heure devant la grille. Elle me propose une petite chambre confortable à 20 EUR, je préfère le dortoir à 15 euros. Il y a une cuisine (sans cuisinière mais j'ai mon réchaud), et pas mal de place, je vais pouvoir faire sécher mes affaires de camping un peu mouillées. Toujours pas d'autre pèlerin.
Je me contente de pâtes cuisson rapide avec des carottes.