Carnet de voyage

Automne en Italie 2023

45 étapes
50 commentaires
Une destination méditerranéenne et pérégrinatoire, en partant sur les dernières étapes de la Via Francigena le chemin qui mène à Rome
Du 6 novembre au 23 décembre 2023
48 jours
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Une demi journée de train pour aller passer à Lyon avec Jacline une belle soirée amicale, TER de Lyon à Genève et train international réservé longtemps à l'avance, pour moi et aussi pour le vélo, pas d'angoisse cette fois. L'angoisse, ça pouvait être la traversée de Milan en vélo, mais ça ne s'est pas si mal passé, presque toujours sur des pistes cyclables. L'accueil de Gigliola valait le voyage. Comme moi elle aime la montagne, les voyages en vélo et les rencontres.

Demain je rejoindrai Pavie pour suivre le chemin de pèlerinage vers Rome :

LA VIA FRANCIGENA 

Depuis le haut moyen-âge existait cet axe de communication reliant le nord et le sud de l'Europe. A l'époque où la pratique des pèlerinages s'est développée, elle devenue la voie principale vers Rome. On ne sait pas à vrai dire exactement où passaient les pèlerins, mais l'un d'eux, appelé Sigeric est parti de Canterbury en Angleterre et a tenu un journal de voyage... Et indiqué par où il était passé. C'est en reconstituant cet itinéraire qu'a été élaboré le tracé actuel. Il se pratique normalement à pied, mais il existe une variante pour les vélos... Que je vais donc suivre, à partir de Pavie. C'est également une "eurovéloroute", l'EV5.

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Nuages, brume et pluie fine mais persistante


Un bon petit déjeuner, des conseils pour la route, départ vers 8h30, pour rejoindre la voie cyclable longeant un canal qui mène à Pavie. C'est tout droit et calme, même si les voitures ne sont pas loin. Pas d'écluses, quelques usines rouillées et les arcs des ponts de fer qui enjambent la voie d'eau.

Avant Pavie un village s'appelle "Certosa di Pavia", c'est à dire "Chartreuse de Pavie". Ce monastère se trouve en réalité un peu à l'écart. Il est gratifié de trois étoiles au guide Michelin. Chacun ses goûts, pour moi trop de luxe, surcharge de décos et un certain maniérisme. Elle a été construite au 14e siècle par les Visconti gros aristocrates dont Pavie était le fief.

Ça valait quand même bien le détour de 2-3km. Je me contente de parcourir la partie de l'église ouverte à la visite où les photos sont interdites (je triche très peu). Et j'aime l'atmosphère environnante, les feuillages automnaux, un léger brouillard...


Je rejoins le canal et arrive à Pavie. Il ne fait vraiment pas chaud. Par chance les églises sont chauffées. La monumentale cathédrale date de la fin du 15è, toute de brique à l'extérieur et de marbre à l'intérieur.

L'aspect de la ville est quelque peu mélancolique aujourd'hui, le temps dans les deux sens du terme peu propice à la flânerie, c'est quand même un plaisir de retrouver la beauté des villes italiennes. De belles places pavées, des rues étroites, pavées également, et piétonnes.


Ce n'est pas le Pô qui passe à Pavie, mais son affluent le Ticino, qui vient de loin, plus précisément de la région du même nom qui fait maintenant partie de la Suisse italophone. Un magnifique pont couvert en brique le traverse.


Quand je repars un peu après 13h, la pluie a commencé à tomber. Au passage j'admire une autre église, Saint Michel, de style roman cette fois, plus dans mes goûts, l'intérieur est sombre et on n'y voit rien, mais c'est un régal de détailler les sculptures de l'harmonieuse façade.


C'est une longue rue droite et très fréquentée qui sort de la ville mais plus loin c'est la campagne qu'on peut apprécier même avec la pluie, incessante mais pas violente. Rien de spectaculaire ni de pittoresque, des champs, verts ou récemment labourés, la terre très délavée, des cultures de peupliers très intensives . La plaine très plate (ça roule bien), de hautes digues, des canaux et des vannes.

Les habitations sont groupées dans les villages aux maisons colorées d'ocre et aux clochers de briques. Sur la fin du trajet je roule presque exclusivement sur des digues. Le Pô n'est pas loin mais rarement visible.

À 17h la nuit tombe déjà. Je terminerai l'étape de nuit et... sur une route nationale mais ouf je trouve l'ostello qui est une ancienne abbaye bénédictine, immense, tout confort et très propre. Pas chauffée mais il ne fait pas encore froid. Je suis accueillie par une dame très aimable, et bénéficie de la compagnie d'un pèlerin, un jeune américain du Texas, je ne suis pas sûre de comprendre son prénom, Carter. Pour moi c'est un président des Etats-Unis mais il me parle d'un héros de série télévisée.... Il est parti de Paris en septembre et a passé le Col du Grand Saint Bernard fin octobre seul sous la neige.

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Nuages


Je ne suis guère en avance, Carter (si c'est bien son prénom) me fait le thé mais part encore plus tard que moi (un peu avant 9h). Je peux saluer l'hôtesse, venue faire le ménage. On comprend pourquoi tout est si propre.



L'Ostello

Il ne pleut plus mais le ciel est bien couvert.

La route parcourt toujours la vallée du Pô, encore fréquemment sur des digues, mais elle est moins agréable que celle de la veille, avec des usines et de grosses fermes modernes et laides. Dans les champs il semble que la principale culture soit le maïs et s'il y a des rizières je me demande bien où elles sont.

La fin du trajet sera le long d'une route nationale. Je n'entrevois le fleuve que deux fois, entre des arbres, et le traverse juste avant Piacenza mais il est divisé en deux bras par une île et n'est pas très spectaculaire.

La ligne droite continue vers le centre de Piacenza. Le centre du centre, c'est la "piazza Cavalli", où devant l'ancien hôtel de ville dit Palais Gothique s'élèvent deux statues équestres représentant des nobles de la famille Farnèse, les maîtres des lieux au 16è siècle.


L'église aux trois clochetons, est l'église San Francesco, de style gothique, à l'extérieur et à l'intérieur, excepté cette chapelle qui porte une coupole. Un grand miroir permet d'en voir mieux l'intérieur. C'est d'un joli effet.

Une rue étroite, interdite aux vélos (à juste titre car les passants s'y pressent), mène à la place de la cathédrale où c'est le marché.

La cathédrale 12e 13e est de style roman. La façade est monumentale, gardée par divers personnages dont des lions à l'air revêche. À l'intérieur les colonnes, cylindriques, sont gigantesques. On y admire de nombreuses fresques et peintures.




Les colonnes de la crypte sont beaucoup plus fines, ornées de chapiteaux. On y trouve une cuve qui n'est ni une piscine ni une baignoire mais un baptistère du temps des premiers chrétiens qui se plongeaient tout entiers dans l'eau.Quand je repars il est plus de midi. Le trajet dans la ville ancienne c'est très joli.

Plus loin à travers les zones industrielles et les grandes artères sans aménagements cyclables c'est nettement moins bien, d'autant moins bien que la route reste longtemps très fréquentée, et avec des camions.

Je fais la pause dans un jardin public à Cortemaggiore, une petite ville encore pleine de belles constructions que je ne vois que de loin. Dans le parc on admire un"partiggiano" particulièrement féroce.

Et c'est reparti. Sur des routes un peu plus petites dans une campagne assez habitée. Les fermes anciennes sont en brique rouge ou de couleur beige, dotées de piliers ou de murs ajourés. Je n'arrive pas à en trouver une seule qui soit photogénique, elles sont en mauvais état avec beaucoup de bazar. Par contre je passe devant une belle abbaye au joli nom, Chiaravalle della Colomba.



Une nouveauté : des hauteurs apparaissent à l'horizon. Elles sont couvertes de nuages bien gris. D'ailleurs même dans la plaine, le soleil promis par la météo ne s'est pas montré...

À Alseno, mauvaise affaire, la route vers Fidenza est encore plus fréquentée qu'à la sortie de Piacenza. Heureusement à l'approche de la ville on bénéficie de bandes ou pistes cyclables. Une ville dont je ne verrai pas grand-chose, je ne dois pas traîner pour arriver avant la nuit. La route est plus agréable en se rapprochant des collines vues au loin, le terrain devient vallonné.

Oui c'est plus joli... Mais plus dur aussi, une route qui commence fort raide et continue à monter sur plusieurs kilomètres... Le rythme, soutenu jusqu'ici (j'étais souvent autour des 20km/h), va se ralentir notablement, et une nouvelle fois je n'échapperai pas à une arrivée nocturne (avec la frontale pour améliorer l'éclairage). Je termine la montée en poussant et à bout de souffle, et ouf! sur les trois derniers kilomètres, ça redescend.

J'arrive devant un grand bâtiment en hauteur, entouré d'une grille qui s'ouvre à mon approche mais tout est sombre et rien n'est indiqué, je ne vois personne sinon une vieille dame que je suis jusqu'à l'église, car tout le monde est dedans. C'est une église très moderne. Une cinquantaine de personnes sont là, dans un silence total au moment où j'entre. Et ça dure longtemps, mais c'est reposant. Le lieu appartient à une communauté franciscaine, je croyais voir des moines en robe de bure mais non, certains prêtres sont en blanc, d'autres en bleu ainsi que les religieuses, et la majorité des fidèles sont en civil.

Finalement une sœur vient vers moi, elle m'a identifiée comme "peregrina". Je veux bien attendre un peu mais comme elle me le propose, je n'ai rien contre le fait de me faire conduire à la chambre. Elle est luxueuse, comporte quatre lits faits et une salle de bains, pour moi seule.

Je prendrai aussi le repas communautaire. Une tourte fourrée au jambon et divers excellents légumes. La sœur qui est assise à côté de moi, très gentille au demeurant, est très intéressée par ma famille. Elle est ici depuis 3ans. Les non-permanents sont des "stagiaires" qui veulent entrer en religion. Ils prient avant et après le repas, et ont des messes ou services religieux plusieurs fois par jour.

J'aide à la vaisselle avec un Luigi, qui parle français car sa femme (Marie) est française.

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Beau temps

Ciel bleu dès l'aube, un beau panorama se révèle à la fenêtre au soleil levant.


Les habitants et pensionnaires du lieu mangent à 8h30 après la messe alors je me débrouille avec ce que je trouve préparé sur les tables du réfectoire, perdant beaucoup de temps à chercher. Je me nourris néanmoins correctement mais n'arrive pas à partir avant 8h.

Une longue ascension m'attend, mais c'est légèrement descendant ou plat jusqu'à Fornovo di Taro qui comme son nom l'indique se trouve dans la vallée du Taro. Seul le tout début est vraiment agréable, ensuite c'est une route à grande circulation. Le lit du Taro , que l'on traverse pour aller à Fornovo, est très large, mais il n'y coule au milieu des galets qu'un filet d'eau.

À Fornovo, je vais visiter une église romane, partie d'un monastère très ancien (9è). Elle a été très transformée, on peut voir toutefois quelques sculptures d'époque.


Un petit café lungo pour prendre des forces et je pars à l'assaut de l'Appenin. Une petite route calme monte à travers de vertes collines, très doucement au début, mais plus on avance plus la pente augmente. ...Et plus la vue s'élargit, à l'horizon une ligne blanche apparaît, les Alpes enneigées.

Dans la traversée de Sivizzano, le seul gros village, de nouveau un monastère roman ancien est signalé. Mais l'intérieur de l'église n'a plus rien de roman.


La montée se poursuit sous le ciel bleu dans un environnement beau et calme. Mais les pentes sont de plus en plus raides, c'est vraiment dur.

À 2-3 reprises je suis obligée de pousser, ce qui est pire que d'appuyer sur les pédales car le vélo est lourd. C'est de cette façon que j'arrive à un carrefour où un automobiliste arrêté me dit qu'après 3km environ ça sera moins dur.. ça m'encourage mais dans les faits je ne vois guère de différence ! Je vais rejoindre la route directe (S62) venant de Fornovo. Je n' ai plus à pousser mais c'est encore dur, et maintenant il y a de la circulation, et ce que je craignais, vu qu'on est samedi, beaucoup de motos

Comme l'indique le profil du parcours, avant d'arriver à Berceto (d'où il faudra encore monter pour arriver au col de la Cisa), il y a deux pics successifs à franchir. Je pensais faire la pause au premier, du côté de Cassio, mais même sans manger tôt (14h) je n'y arriverai pas, je m'arrête avant d'avoir fait 30km à un endroit d'où la vue est belle.



La ligne blanche au loin, c'est les Alpes

Il fait beau, mais pas chaud, on se refroidit à l'arrêt. Alors je ne traîne pas trop, la côte que je n'avais pas eu le courage de monter tout à l'heure me réchauffera. Il y en a encore pour quelques kilomètres pour arriver au premier pic (après un hameau qui s'appelle Coletta . = petit col ?). Ensuite ça redescend, jusque Cassio où se trouve un café bien achalandé. Les locaux jouent aux cartes à l'intérieur, les motards occupent la terrasse.

Comme prévu, nouvelle montée. Le point culminant de la journée se situe aux alentours de 950 - 960m d'altitude. Mais la route redescend vers Berceto, avec le soleil en face, des monts verts de tous côtés, et dès villages dans les vallées.




Au point le plus haut

La petite ville est légèrement en contrebas de la route. Ça ne donne pas envie de s'y rendre. Je voudrais poursuivre jusqu'à un ostello qui se trouve un peu avant le col. Je prends la précaution d'y téléphoner, bien m'en prend... c'est fermé ! Alors direction Berceto où un séminaire est censé être ouvert toute l'année, mais le téléphone ne répond pas.

Je cherche un commerce et discute avec un monsieur qui parle un peu français. Il m'indique une petite épicerie à l'ancienne (il faut demander ce qu'on veut). Je prends du jambon sec et du fromage, et vais chercher le séminaire, qui est à côté d'une église dans une rue très sombre.

Il y a une sonnette, la porte s'entrouve, derrière une jeune fille qui me dit "tutto chiuso" ! Je n'ai plus qu'à me chercher un coin pas trop en pente dans le parc qui se trouve à côté, et monter ma tente à la lueur du lampadaire au-dessus de l'église et de ma frontale... Premier bivouac !

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Pluie le matin, puis le ciel s'éclaircit


Je me suis couverte au maximum mais ce n'était même pas nécessaire, et ce matin il ne fait pas froid du tout... Mais le temps est gris.

Enfin je peux voir mon environnement et constater que le parc est très grand, et qu'il ne manque pas d'espaces bien plats et suffisamment éloignés du lampadaire de l'église (ceci dit, j'ai malgré la lumière fort bien dormi). C'est un parc municipal, n'a plus rien à voir avec l’Église.


Départ 8h30, pas si mal, mais j'abandonne l'idée de partir directement dans la direction du col sur des voies incertaines, et repasse par le centre de Berceto. Je prends de l'eau à une fontaine et fait un petit tour du pays. La cathédrale est grise, romane, et très sombre à l'intérieur.


J'étais passée ici lors de ma traversée de l'Appenin il y a douze ans, mais n'en ai aucun souvenir, à part que c'était la première fois que je rencontrais la Via Francigena.



l'épicerie ancienne où j'ai fait les courses hier. 

Pour sortir de la ville il faut déjà monter très fort. Je sens quelques petites gouttes... Ça se confirme, c'est une petite pluie. Grand changement d'ambiance par rapport à la veille !

Mais ça sera beaucoup moins dur, le dénivelé positif n'est plus que de 280m, et puis il n'y a plus que 2-3 passages un peu raides. La vue est brouillée, mais le trajet ne manque pas d'agrément avec les hêtres et les teintes automnales.


Et je suis tout étonnée d'arriver déjà en haut.

À vrai dire, l'exploit c'était plutôt hier

On trouve là haut également une chapelle, et des commerces, l'un d'eux est ouvert. C'est un magasin d'alimentation mais aussi un café. Le patron me propose de m'installer dans le magasin, à côté du poêle, c'est la bonne place en effet. Je pensais que le mauvais temps aurait découragé les motocyclistes. Mais il en passe cinq ou six..


C'était au moyen âge le passage le plus fréquenté vers la Toscane.

L'autre raison pour laquelle la route est si calme, c'est que sur l'autre versant, en direction de La Spezia, elle est chiusa, fermée. Le patron du bistrot m'a dit que les vélos pouvaient passer. En effet l'éboulement et les travaux laissent un large passage... Par contre la route est barrée de façon particulièrement soignée.


Premier passage, il faut franchir deux barrières de plastique bien serré et monter sur le talus, en déposant les bagages. De là commence une descente particulièrement agréable, pas trop raide et tellement tranquille.. Mais que sera l'autre barrage?

À première vue, ça ne passe pas, tout est particulièrement bien bouclé. Mais sur la gauche, la barrière touche un bois. Un peu de débroussaillage dans de grosses ronces, et c'est bon, même sans enlever les bagages !


Et il n' y a plus qu'à se laisser glisser. Il ne pleut plus, des vapeurs nuageuses montent des vallées aux couleurs d'automne, et les nuages s'écartent parfois pour dévoiler quelques sommets rocheux de l'Apennin.

On ne commence à voir passer quelques véhicules qu'après le village de Montelungo.



La pente est douce, en haut de versant, jusqu'à une série de petits lacets courts qui mène au fond de la vallée du Magra et très vite on arrive à une route plus fréquentée et à Pontremoli, située au bord du large torrent de galets et dominée par un château fort.

J'ai du mal à trouver l'entrée de la ville. La porte est étroite, puis à l'intérieur de la ville ancienne il n'y a qu'une voie, une longue rue étroite. Au centre, quelques places en enfilade, la plus grande étant celle de la cathédrale. Celle-ci est de style baroque très orné, avec de belles mosaïques de marbre. Les confessionnaux sont en marbre et particulièrement ouvragés.


Pontremoli et sa cathédrale 

J'hésite à aller manger quelque part, mais finalement comme le temps se dégage j'opte pour le jardin public au bout de la rue, derrière une tour. Ce que je n'avais pas prévu, c'est qu'il n'est pas possible de descendre le vélo, c'est trop raide. Je le laisse en haut car le site est beau, sous la tour et un grand pont.


Ce qui est étonnant c'est que plus loin, après la traversée du fleuve, la longue rue se poursuit encore longtemps , se terminant par une autre porte fortifiée.

Trois voies suivent la Magra en direction de la côte, l'autoroute, la nationale sur laquelle je m'engage par erreur, et une petite route signalée par les panneaux "via Francigena bici" que je finis par retrouver. Elle tourne, monte et descend parfois, longe épisodiquement le fleuve ou l'autoroute, et bénéficie de la vue sur les sommets de l'Appenin.


Un petit épisode montagnard, dans des bois qui surplombent la vallée me plaît bien, mais il se termine abruptement après la traversée cahotante d'un village-rue vermoulu.

Après avoir traversé le fleuve on arrive à Aulla, une ville plutôt industrielle, derrière laquelle s'élèvent des sommets étonnamment découpés . Ce doit être les Alpes Apuanes.


Une "voie verte" traverse la ville où aujourd'hui dimanche on se promène beaucoup. Je la quitte parce que son état se dégrade, et me retrouve sur des avenues où la circulation est périlleuse, et puis trouve la route, bien fréquentée aussi, direction Sarzana, longeant la Magra.. Il me reste un peu moins de 15km, une heure environ.

Hélas je n'irai pas loin : une voiture de police barre la route, il y a eu un éboulement, on ne passe pas. Décidément... et là pas moyen de passer outre. Les policiers me proposent un itinéraire qui double la distance et décuple les dénivelés. Impossible. Ils finissent par me donner une meilleure idée, celle de prendre le train jusque Santo Stefano di Magra ensuite il ne restera que 7km (de nuit). Faisable.

Et je le fais, le temps de trouver la bonne gare, d'attendre le prochain train, 17h35, et de faire le trajet jusque Sarzana. A 18h15 l'accueil pèlerin est fermé. Je dois téléphoner à une signora Marissa et attendre une demi-heure devant la grille. Elle me propose une petite chambre confortable à 20 eiros, je préfère le dortoir à 15. Il y a une cuisine (sans cuisinière mais j'ai mon réchaud), et pas mal de place, je vais pouvoir faire sécher mes affaires de camping un peu mouillées. Toujours pas d'autre pèlerin.

Je me contente de pâtes cuisson rapide avec des carottes.

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Nuageux, éclaircies le matin

L'établissement est visiblement prévu pour des séjours estivaux, les couvertures sont bien légères, le duvet n'est pas de trop.

Heureusement que je me suis levée tôt car un peu avant 8h j'entends farfouiller dans la serrure. C'est un jeune homme à peau noire avec une tête d'immigré clandestin, qui va vers la salle de bains muni d'une brosse à dents.

Je perds du temps à chercher des affaires mal rangées, mais je fais œuvre utile en ajustant enfin les attaches de mes sacoches. Encore un problème, la clé qu'on m'a donnée pour ouvrir la grille ne fonctionne pas. Heureusement je trouve une dame qui fait le ménage et j'attends moins longtemps qu'hier.

La visite de Sarzana sera rapide, le seul endroit à visiter, la cathédrale, est fermé. Ici aussi le centre ville est formé de longues rues étroites et pavées, avec quand même une grande place, la place Matteotti. (C'est un nom que l'on retrouve souvent. Giacomo Matteotti était un député socialiste et pacifiste assassiné par les fascistes en 1924). La place est de forme triangulaire et fort belle, difficile à prendre en photo avec le soleil. C'est là que se trouve l'hôtel de ville (? Palazzo communale) et un imposant monument aux morts de la première guerre mondiale.


On sort de la vieille ville par une porte fortifiée. J'admire une belle villa au passage.

Mon itinéraire devrait tournicoter dans des petites rues... Mais à peine engagée je me heurte à une barrière. Je vais donc prendre la route en direction du bord de mer, qui circule beaucoup. Et qui continue à circuler beaucoup quand elle suit la côte, il n'y a même pas d'aménagement cyclable.

Le temps n'est pas spécialement venteux mais la mer est forte. Et grise. La plage est jonchée de débris de troncs et de branches. De gros bateaux flottent pas très loin.

Voilà, j'ai vu la Méditerranée, mais, depuis la route qui longe la côte, elle est rarement visible, cachée par des restaurants (tous fermés) et les bâtiments des établissements de "bains", c'est à dire des plages privées. Bref l'urbanisation est continue. Marinella Di Sarzana. Marina di Carra, Marina di Massa, Partaccia, Forte dei Marmi..et j'en passe.

Les passages publics, comme cette jetée sont rares



À partir de Marina du Massa on bénéficie enfin d'une bonne piste cyclable, revêtue de vert pour la distinguer de la voie piétonne rouge, entre des pins parasols et des palmiers. C'est un peu monotone malgré tout. Et puis le vent souffle d'en face. Mais il fait chaud.

Juste avant de tourner je décide quand même d'aller prendre mon casse croute sur la plage. À cette endroit elle est de sable. large et nettoyée.


Le ciel était bleu, mais de gros nuages inquiétants arrivent du sud. Ces nuages sont accrochés depuis ce matin aux monts de l'intérieur des terres.

C'est vers cette direction que je tourne à angle droit. Mais c'est encore longtemps urbanisé, sans grand caractère jusqu'au beau centre ancien de Pietrasanta.


Le temps s'assombrit, je ne prends plus de photos, on sort enfin dans la campagne et même la montagne, mais la route est toujours fréquentée, y compris dans une raide montée en longs lacets. C'est après Camaiore que ça monte fort, ensuite ça redescend.

J'ai essayé de joindre les auberges pour pèlerins de Lucca (Lucques), sans succès. Aussi, quand l'itinéraire bifurque pour quitter la route principale, je tourne, avec l'idée de trouver un coin pour bivouaquer. Pour l'instant ça monte fort raide dans les bois, et ça y est, c'est la nuit. Après la forêt, voici un village de montagne, une longue rue étroite... Et une église. On trouve souvent un emplacement près des églises...

En effet, un petit coin d'herbe bien plat sous le clocher fera l'affaire. Il y a même une petite table et deux chaises. Qui ne vont guère me servir d'ailleurs. Merci la providence ! Qui aurait quand même pu faire un effort supplémentaire. L'ondée qui se met à tomber pile au moment où je déplie la tente, c'est pas sympa.

Pas tragique non plus, la tente est vite montée, il suffit de prendre un chiffon pour essuyer le tapis de sol. Il va encore pleuvoir après... Plutôt agréable quand on est à l'abri ! Je fais de la polenta pour la première fois de la rando.

Dans le duvet et avec la doudoune j'ai trop chaud. Les cloches sont un peu violentes mais la dernière sonnerie sera à 20h.

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Temps nuageux, très peu de soleil


Un léger vent a soufflé dans la nuit, la tente a séché, seuls le matelas et le tapis de sol sont un peu humides. J'ai bien dormi. La cloche ne commence à sonner qu'à 8h. J'entendrai encore le coup de 8h30, pas celui de 9h, je serai partie.

On peut voir sur le mur les deux marques de la via Francigena : rouge et blanche pour les marcheurs, bleue et blanche pour les vélos. Je me suis vraiment mise en plein dessus : le chemin passait par la petite porte qu'on aperçoit à droite de la tente.

Je ne risquais pas de m'installer dans le cimetière, je le vois sur le versant d'en face. Je passe devant après une descente raide et une montée raide, et m'y arrête pour prendre de l'eau. Belle vue sur le village et les collines avoisinantes, dommage que le temps soit si gris...



Je ne suis pas encore tout à fait en haut, c'est abrupt mais court : bientôt il n'y a plus qu'à descendre jusqu'à Lucca. Une petite route très raide sur une pente boisée, une moyenne route dans la campagne, et une grande route droite et plate qui est déjà dans l'agglomération.

Quelques ronds points, passage sous les remparts et voilà la vieille ville. Un peu tristounette aujourd'hui, je suis un peu déçue car je me rappelais avoir été éblouie à mon passage précédent il y a presque quarante ans. Pourtant la ville n'a pas du changer beaucoup depuis, pas de constructions récentes ni de restaurations voyantes, les voitures circulent, dommage, seules quelques rues sont entièrement piétonnes.

Toute la ville ce sont des rues au pavage rectangulaire comme partout, bordées d'imposantes maisons et palais du moyen âge et de la renaissance. Elle tirait sa richesse de la fabrication et du commerce de la soie et était une république (nobiliaire) indépendante pendant plusieurs siècles... jusqu'à ce que Napoléon envahisse l'Italie et donne la ville à sa sœur.

Bien avant ça c'était une ville romaine. A l'exact centre, l'église Saint Michel "in foro" est située à l'emplacement du forum.


Sa blancheur et son fronton élevé surmonté de la statue de l'ange seraient plus éclatants sur un fond de ciel bleu...

Pareil pour la cathédrale, située plus près des remparts. Elle est dotée aussi d'une façade à colonnettes mais la décoration est plus riche. Elle pourrait paraître surchargée mais, en regardant de près, les sculptures, dans la tradition des cathédrales, sont belles et plaisantes. Et les décorations de marbre blanc et vert foncé du plus bel effet.

L'intérieur a l'air somptueux, mais je suis privée de visite : c'est payant. Ce n'est pas du radinisme mais des principes, je ne trouve pas ça normal de payer pour entrer dans une église. Je jette juste un petit coup d'œil depuis la sortie où je me suis subrepticement glissée.

Des églises, il y en a à tous les coins de rue. La brique a une grande part dans la construction.


De l'une à l'autre on côtoie des palais aux fenêtres munies de grilles, des maisons de brique ou crépies en jaune et ocre, des places , des cafés achalandés et des passants, beaucoup plus de citadins locaux que de touristes .


La plus grande des places est celle qui a la forme de l'amphithéâtre romain dont elle occupe l'emplacement.


Une dernière église que je ne visiterai pas non plus, San Frediano, a une mosaïque sur le fronton.


J'ai l'idée d'aller manger sur un banc au jardin botanique, à l'entrée je rencontre une dame qui sort de là, gentiment elle me dit que c'est fermé et m'invite à monter sur les remparts pour le voir d'en haut... C'est pas pareil, mais comme ça je vois les remparts, c'est un espace vert aussi, et je peux m'installer sur une table de pique nique. C'est un espace vert, les passants sont nombreux. Ces remparts datent des 16e, 17e donc plutôt plus récents en fait que la ville.


Il me reste une quarantaine de kilomètres jusqu'à San Miniato. La route circule à travers la plaine de Lucques, la circulation est importante, et je renonce à faire les détours proposés par la véloroute.

À Altopascio, à une quinzaine de kilomètres. je m'arrête pour boire un café sur la place. À ce moment là passe un gros sac à dos, je lui cours après. C'est une jeune Slovaque qui n'a pas l'air de vouloir s'arrêter. Elle parle français, mais je n'ai pas le temps de savoir grand chose, à part qu'elle a dormi à Lucques dans un B&B pas cher, et qu'elle a eu la pluie hier matin.

La patronne du bar m'invite à me faire tamponner "mon passeport" à la bibliothèque en face, je m'exécute, merci pour le conseil !

Après Altopascio l'environnement se fait un peu plus vallonné. La circulation est moins dense mais plus rapide et avec beaucoup de poids lourds. Après une grande côte quand ça redescend vers une rivière, je finis par quitter la grand route, c'est un raccourci, petite route bordée d'oliviers... qui se transforme en piste caillouteuse épouvantable. Pour pas trop long heureusement.

Passage sur un pont et sous une arche à Ponte di Cappiano, maintenant pour arriver à San Miniato il faut traverser la vallée de l'Arno, c'est plat pour quelques kilomètres. Et presque toujours urbanisé. Fuccechio, San Pierino, San Miniato Basso. La nuit est tombée quand je passe l'Arno.



Je perds du temps à chercher un distributeur de billets qui fonctionne, sinon je serais arrivée à l'heure à l'ostello, car j'arrive à gravir la montée harassante (et sombre) sans descendre de vélo.

Mais la gardienne m'a attendue. Je paye 18€, heureusement le bancomat du crédit agricole fonctionnait. J'ai un dortoir pour moi mais je ne suis pas seule. Un gars qui n'a pas l'air d'un pèlerin, plongé dans son portable et qui ne donne pas envie d'engager la conversation, et aussi une jeune pèlerine, mais oui, elle se présente, Chiara, italienne, de Gênes, mais hélas je n'arriverai pas à lui parler.

Quelques courses au petit commerce local, pâtes aux courgettes et à la ricotta.

Sans Miniato di notte
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Beau temps, chaud


J'émerge vers 8h au moment où Chiara part sac au dos. Je sortirai bien plus tard car je me suis endormie hier sans avoir réussi à terminer la rédaction de la journée.

Une dame blonde que je verrais bien slave vient faire le ménage vers 9h et ne me chasse pas. Je laisse mon vélo (qui doit la gêner) pour aller faire un tour dans la ville.

L'auberge (ostello) est située en plein centre de Dan Miniato, entre l'évêché et l'hôtel de ville. En face s'élève la haute façade baroque du "Santuario SS. Crocifisso".


De là on accède à la cathédrale avec son campanile carré . L'intérieur est encore très luxuriant.

De la place de la cathédrale la vue est étendue sur la campagne toscane, on domine aussi le reste de la ville.


I

Plus haut (trop haut) se trouve un belvédère encore plus élevé, la tour construite sur le "rocher de Frédéric Il" (on suppose donc que ce personnage est passé par là).


On redescend dans les rues par des escaliers sous des porches monumentaux.


Les murs du séminaire épiscopal sont très joliment ornés, malheureusement cachés par des tentes mises en place pour une manifestation quelconque, une course automobile semble-t'il, quelle horreur.

Je reprends mon vélo vers 10h pour continuer ma route. Sur la piazza Bonaparte s'élève la statue d'un roi de Toscane appelé Léopold 2. Elle est bordée de nombreux palais, je ne vois pas trop bien lequel est celui de Buonaparte. Sur la même place se trouve une petite chapelle, oratoire dédié à San Rocco. Et aux pèlerins.


Et ce n'est pas fini, au bout de la ville on peut admirer la place du 20 septembre et l'église Sainte Catherine.


La ville étant sur un promontoire on aurait pu penser qu'après ça allait descendre, pas du tout ça remonte encore et fort raide. je dois pousser, ensuite ce ne sont que côtes abruptes et descentes vertigineuses. Je pousse le vélo ou freine à mort. Si toute la Toscane est comme ça, ça va être très dur. Même pas possible de regarder le paysage pourtant fort beau, orné de cyprès d'oliviers et de pins pignons.

Évidemment il sera moins joli quand les reliefs vont s'adoucir. On rejoint une vallée, on roule sur une petite route parallèle d'une voie importante, trop proche de celle-ci.

La première ville s'appelle Castelfiorentino. Avec ce nom élégant on ne l'imagine pas, mais c'est une ville populaire, qui contraste avec les villes précédentes plutôt bourgeoises. Et on retrouve une spécialité italienne : le linge aux fenêtres.


Il reste moins de 30km pour San Giminiano mais ça va monter à peu près tout le temps, depuis Castelfiorentino qui est dans une vallée. Entre Pillo et Gambassi Terme une randonneuse apparaît sur le bord de la route. C'est Chiara, celle de l'auberge... À pied elle a été plus vite que moi ! Et elle va encore me doubler car le m'arrête pour manger peu après, à côté d'une très belle église romane d'où on a aussi la vue sur les vignes (hautes) et les collines. Dans l'abbaye a été aménagée une auberge de la via Francigena (fermée en ce moment), l'Ostello Sigerico, du nom du fameux archevêque de Canterbury qui a fait ce pèlerinage.


L'abbaye

la campagne.


C'est juste avant Gambassi Terme. Même en m'étant reposée avant, la montée vers ce bourg sera harassante, d'autant plus qu'elle continue après. Du coup je ne vais même pas visiter le centre, qui est encore plus haut. Et je revois une dernière fois Chiara.


Mais finalement, peut-être aussi parce que le soir tombe, que je n'ai pas le soleil dans le nez et qu'il fait plus frais, la fin de la journée est moins dure. Quand l'altitude de 530m a été atteinte, ça redescend et puis la route reste à peu près sur le même niveau (c'est pas plat pour autant !). La région est vallonnée, devient plus boisée... Et s'assombrit avec le soleil couchant.


Vais je encore voir apparaître les tours de San Giminiano, la ville des gratte-ciels? Oui! Mais vraiment tout juste.


Parce que dans la montée (inévitable) vers la ville il fait déjà nuit.

J'avais vaguement espéré passer la ville et camper un peu plus loin, c'est impensable à cette heure. Il n'y a qu'un seul hébergement pour pèlerins, et son téléphone ne répond pas. Il faut que je me trouve un jardin public, mais effectuer cette recherche dans une ville tout en pentes, c'est très laborieux. C'est aussi l'occasion de visiter un peu. Je déteste l'ambiance de ces villes touristiques en fin de journée. Mais c'est stupéfiant toute cette pierre, et tous ces massifs monuments médiévaux.



Je ne raconte pas les détails de ma recherche, mes difficultés pour trouver un accès sans escalier aux jardins publics de la ville qui sont sur la hauteur... Mais ça marche ! Je plante ma tente sur un emplacement plat et à peu près sombre, à proximité de jeux pour enfants. Vu la situation je ne devrais pas être trop dérangée. Inconvénient : on entend les voitures, le boulevard n' est pas assez loin.

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9

Brouillard

Je crois que j'ai dormi 5h30 d'une traite (ça ne m'arrive jamais). La tente est trempée, c'est le brouillard..

Je monte quand même sur la tour voisine, mais il n'y a grande visibilité!

Et ce sera, après le San Giminiano de nuit, San Giminiano dans le brouillard... Et dans le calme.

C'est tout juste si on voit le haut des tours !


Dans la cour intérieure d'un palais (c'est un musée)

Encore des voûtes, et des plans inclinés en brique. Je descends vers la place triangulaire avec le puits en son centre (piazza della Cisterna). Surprise ! La place est encombrée par des barnums et des étals, le puits est à peine visible, c'est le marché, qui se poursuit encore sur la place de la cathédrale voisine. Et là il y a du monde, mais ce sont les locaux, ce n'est pas la même ambiance.


Par dessus s'élèvent les palais, les tours, les églises. La cathédrale Santa Maria Assunta doit être fermée, en tout cas je ne vois pas l'entrée. Errant au hasard des rues, j'entrerai dans une église plus petite, San Bartolo, où on n'a le droit que de prier.


Et puis je stationne un moment au café où j'ai beaucoup de chance, c'est plein mais il reste une petite table près de la fenêtre, avec une prise de courant par dessus le marché. Ce qui est surprenant c'est qu'au moment où je repars il n'y a plus personne.



Hier j'ai monté la rue San Matteo, aujourd'hui je descends l'autre rue "large" de la ville, la rue San Giovanni. Il est temps de partir, à 10h30 passées les touristes sont sortis!

Regardant le ciel ce matin, j'avais l'impression que le brouillard se levait. Mais non, il est tenace et il y a de la circulation. Je mets mon éclairage.. On s'en doute une descente bien raide m'attend... Mais après à peine 5km, les grimpettes reprennent ! Au moins ça réchauffe. Et en début de journée c'est encore la forme. Je ne me retourne même pas, l'étonnante vue sur les tours, c'est pas pour aujourd'hui. La route, plus calme quand on quitte la direction de Florence, elle est plutôt jolie, de ce qu'on en voit.. des silhouettes de cyprès et pins parasols dans la brume... Ça monte de façon continue jusqu'à Colle di Val d'Elsa.

J'ai du mal à voir en quoi c'est un col, mais c'est encore une ville ancienne, tout en longueur, et en reliefs. On y entre par une porte fortifiée médiévale. Sur plusieurs rues parallèles s'alignent des palais aux nombreuses fenêtres et grandes portes voûtées, des 16e 17e, qui ont eu leur heure de splendeur mais maintenant ne sont pas forcément en bon état. Un grand bâtiment en hauteur, en travaux, est impossible à identifier.



Le dernier palais (17e) est l'actuel hôtel de ville

Après avoir tant monté on ne profite même pas de la descente... 16%! Pas question de se lancer.

Dans la ville basse, plus étalée, on trouve l'église Saint Augustin et un musée de la cristallerie, qui était la spécialité de la ville.


On voit que le brouillard s'est dissipé, mais le ciel ne va pas se dégager. Il va même se mettre à pleuvoir, au moment où je me suis arrêtée dans un village pour déjeuner et que j'ai étalé toutes mes toiles de tente... Qui ne seront donc pas sèches.


J'ai quitté un moment la grande route, me retrouvant sur une petite route non asphaltée. Mais on est bien mieux sans les voitures !

Je ne réitère pas l'opération, je voudrais arriver pas trop tard à Sienne, où j'arrive par une route est fréquentée, qui en plus elle monte presque tout le temps.


De San Giminiano à Siena

Évidemment la circulation ne baisse pas en arrivant dans la ville, et il n'y a guère d'aménagements cyclables... Le vélo en Italie est moins prisé dans les régions vallonnées ! J'ai quand même croisé quelques cyclistes, dont un couple de voyageurs.

L'entrée dans la vieille ville est vite repérée, là aussi c'est une porte fortifiée. Sous le temps gris et pluvieux, à la tombée de la nuit, les longues rues de brique semblent plutôt sinistres.

Je me trouve à traverser la célèbre place du Campo, qui a la particularité d'être en pente... Et je dois dire qu'en vélo on le sent bien.



Verra t'on la tour demain ??

Par ces longues rues, slalomant (doucement !) entre les nombreux piétons, j'arrive au couvent qui héberge les pèlerins, c'est "l'accoglienza (accueil) Santa Luisa". Les sœurs m'expliquent qu'il s'agit de Louise de Marcillac, une Parisienne, et que sa fête a été déplacée du 15 mars au 9 mai pour ne pas tomber pendant le carême. À savoir pour les Louise !

Ces sœurs sont très gentilles, plusieurs d'entre elles parlent français car ce sont des sœurs de Saint Vincent de Paul dont la maison mère est à Paris. Elles ont fait des stages là-bas.

Bref j'obtiens une chambre individuelle carrelée et un peu austère. La salle de bain est confortable, la cuisine aussi mais il n'y a qu'un micro-onde, pas de gastronomie aujourd'hui, dommage car la supérette Conad est à deux pas.

10

Beau temps, quelques nuages et un peu de vent

Hier j'ai passé beaucoup de temps à mettre au point mes divers itinéraires et mon planning pour la suite du voyage. De ce fait il me reste pas mal de choses à faire, notamment écrire un message à la ferme où je dois aller à la fin du mois. Je devrai partir plus tôt que prévu, et là il me répond qu'il est absent jusqu'au 4 décembre... Ça me fera à peine une semaine de woofing et que vais-je faire avant ça ? En tout cas je ne suis pas pressée, je vais rester une nuit de plus et j'aurai toute la journée pour visiter Sienne.

Après moi est arrivé un groupe très nombreux de jeunes gars au teint mat, heureusement ils ne sont pas installés dans la zone "pélerins", mais ce matin ils occupent le rez-de-chaussée, j'ai déjà eu du mal à me repérer mais là je ne reconnais rien, suis complètement perdue. Je finis par trouver la sortie, aujourd'hui je ne serai pas dehors avant les touristes, il est 10h bien sonnées.


la chambre, l'entrée du couvent, une fontaine et la haute tour du palais ducal

Quelques rues étroites, un espresso lungo au passage, c'est 1,20€ comme partout, et je vais retraverser la célèbre place semi circulaire et en pente, il Campo.


Parmi les sculptures en bas du palais, ce charmant jeune homme. On peut accrocher son cheval.


Reprenons les rues. Malheureusement les voitures y circulent mais on marche au milieu, il n'y a pas de trottoirs. Les passants sont en grande partie des "locaux".

À l'arrivée à la Pinacothèque (musée de peinture), je suis indignée, l'entrée n'est pas gratuite pour les plus de 65 ans comme c'était le cas dans tous les musées italiens quand j'y voyageais sans avoir atteint cet âge. C'est 7€, malgré tout c'est honnête.

Le musée présente la peinture siennoise de l'âge d'or de la ville, du 13e au 16e siècle. Les peintures les plus primitives évoquent les icônes orientales, fonds dorés et personnages hiératiques.


À de très très rares exceptions, toutes les œuvres présentent des sujets religieux, et les thèmes ne sont même pas variés, des madones à l'enfant, et des vierges entourées de saints, parfois d'anges. Ce sont en plus toujours les mêmes saints, et bien stéréotypés, tous avec des barbes sauf les très jeunes. Les locaux sont évidemment très représentés, Catherine de Sienne et Saint Bernardin au visage maigre.

On est séduit par quantité de beaux visages aux regards pénétrants, surtout dans les tableaux anciens, par la suite les visages sont plus maniérés et les artistes attachent plus d'importance au décor.

Et il faut attendre bien longtemps avant de trouver des petits Jésus qui ne soient pas hideux.

Voici une sélection de madones, ça permet de suivre l'évolution. L'éclairage n'est pas très bon, ce qui provoque des reflets.

 Guido da Siena (13è), Simone Martini (début 14è), Lippo Memmi(14è)
Lucca di Tomé , Ambrogio Lorenzetti, (14è) 
là c'est Catherine d'Alexandrie, Michelino da Besozzo, début 15è) 
 Matteo di Giovanni (15è) 
"il Beccafumi "(16è), Marco Pino (16è) 

L'éclairage n'est pas très bon, ce qui provoque des reflets. Dans une des salles des baies vitrées permettent d'avoir une vue magnifique sur la ville.


Le campanile rayé est celui de la cathédrale. S'il n'y avait pas les paraboles on se croirait au moyen âge.

Ce qu'il y a de bien dans ce musée c'est qu'il n'y a aucune œuvre particulièrement célèbre... du coup les touristes ne viennent pas... Je n'ai croisé aucun autre visiteur ! Par contre autour de la cathédrale, prochaine étape, là il y a du monde.

Marbres de couleurs variées et surcharge décorative. Je me répète sans doute, ça épate mais n'émeut guère. L'entrée est visiblement payante, je ne vois même pas où on achète les billets. Je glisse un coup d'œil à l'intérieur, tout rayé noir et blanc comme le campanile.

Veni vidi

Le palais médiéval en face me plaît bien. Je n'ai pas trouvé d'explication claire, ce pourrait être Santa Maria de la Scala. Un hôpital pour les pèlerins de la via Francigena.


En longeant la cathédrale on trouve le mur d'une église qui n'a jamais été achevée, et de l'autre côté, une autre entrée et une autre façade.


Plus loin c'est un dédale de rues étroites mais pas désertes, on croise quelques touristes mais surtout des indigènes, on longe quelques commerces de styles divers.

La Basilica San Domenico est immense. Elle est décorée de peintures du 16e, dans le style (c'est pas trop mes goûts) de ce que j'ai vu au musée, Sodoma, Vanni... On ne comprend pas pourquoi elle n'est pas dédiée à Sainte Catherine (de Sienne) car il n'est question que de celle-ci à l'intérieur, et même, la relique de sa tête y est exposée (j'ai pas regardé).


Ce qui valait le détour, c'est surtout la vue magnifique qu'on a de là sur la cathédrale et sur la ville.


Par des rues sombres, en pente, par des passages sous les bâtiments, on accède plus bas au "Santuario di Santa Catarina" . C'est là qu'est née Catherine de Sienne en 1347 mais des constructions ont été ajoutées, l'église, un portique. Les nombreuses colonnettes sont d'un bel effet, le lieu est calme et agréable. Ce qu'on peut retenir de cette sainte, c'est qu'elle a œuvré pour le retour à Rome du pape (depuis Avignon).


Au retour, nouveau passage par la grande place. Au moins les voitures n'ont pas accès. Les gens s’assoient par terre. La fontaine Gaïa au centre n'est pas visible, car en travaux...


Dans l'ancien ghetto la synagogue existe toujours. Non loin de là une plaque commémore l'épidémie de... covid. Rien à voir pourtant avec la peste, qui au 14e avait décimé la population..


Je suis très loin d'avoir vu tout ce qu'il y aurait à voir dans la ville mais je n'en peux plus. Même s'il n'est pas encore 18h, je rentre à l' hébergement pour ne plus ressortir. Pour le dîner j'ai repris une soupe à chauffer au micro ondes. C'est vraiment dommage qu'on ne puisse pas faire la cuisine ici.

11

Très beau temps, un peu frais


Départ encore tardif,vers 10h. Un autre groupe stationne au rez-de-chaussée, ce sont des plus jeunes, garçons et filles.

C'est la sœur qui parle le mieux français qui est à l'accueil. Elle me dit que les bâtiments ici appartiennent à l'État. Je découvre qu'il y a de belles fresques anciennes sur les murs du hall d'entrée.

Dernier regard sur le couvent et l'église Santa Maria dei servi,

C'est logique, la rue par laquelle la via Francigena sort de la ville, c'est la via Roma, plutôt descendante mais aux (larges) pavés inégaux. Et la porte sous laquelle elle passe... La porta Romana.



La face ensoleillée, exposée au sud, est dans l'autre sens, celui de l'entrée

C'est une belle sortie de ville, la route côtoie encore quelques maisons anciennes, et on se trouve tout de suite dans la campagne, sans subir les horreurs des villes modernes. (Ce n'était pas du tout le cas à l'arrivée)

Soleil en face... Mais quel bonheur ce ciel bleu lumineux ! Et avec une petite fraîcheur quel plaisir de pédaler. Plaisir... dès le départ quelques petits raidillons donnent le ton ! J'ai lu que là on arrivait en Toscane pure et dure...Oui les collines on les admire, mais il faut les mériter !

Rapidement le fléchage conduit vers des pistes non goudronnées, qui sont en général pas mauvaises, il faut seulement se méfier des nids de poules et des gravillons. Le relief est moins heurté du début, et même ça descend un peu (il faudra le payer plus tard).

Ce n'est sans doute pas la saison idéale pour parcourir cette campagne, car les champs sont en labour, ou récemment semés, c'est moins beau que quand ils sont couverts de coquelicots...



La route est souvent bordée d'arbres, chênes ou cyprès. Ceux-ci se regroupent autour des fermes, fréquemment au sommet des collines, ainsi que des oliveraies et par endroits des vignes (défeuillées). La vue est étendue, et on voit encore longtemps Sienne sur ses hauteurs, et des montagne dans le lointain.

Mais bientôt les raidillons reviennent, j'arrive encore à rester sur le vélo, jusqu'à une côte qui est à la fois longue et abrupte, j'évalue à 15%- 20% par endroits. Il faut pousser et c'est très dur. Je vois qu'un circuit vélo qui passe là s'appelle "l'eroica". Bien nommé.


Des boisements couvrent quelques collines, mais ils sont rares.


Ce matin j'avais passé deux villages, Isola d'Alba et Monteroni d'Alba, sans intérêt particulier. Un troisième, plus important, s'appelle Buonconvento. Entorse à l'itinéraire , je prends la "route régionale" pour me raccourcir. C'est là que j'atteins la moitié du trajet et il est 14h. C'est donc là que je ferai la pause, donc pas dans la campagne mais dans un joli petit jardin avec des bancs. Il passe quelques promeneurs... et un fauve.



Le parc est situé sous les remparts de ce bourg ancien, dit "un des plus beaux villages italiens", tout en brique, la longue rue, l'église, l'hôtel de ville, et les remparts.


L'église est ancienne (13è) mais entièrement refaite au 18è. Par contre elle contient trois magnifiques peintures du "quattrocento" (15è). Les peintres, je les connais déjà, ils sont exposés au musée. Mais in situ, c'est mieux.


Je prends un café et repars... beaucoup trop tard, 15h30, et maintenant ça va monter pour de bon.

Mais on se rapproche de Rome...


Au début ça va, sur les routes, et même ça descend. Mais le premier raidillon, vers un château en haut d'une colline, est bien costaud et je le termine à pied.


Ensuite c'est montées et descentes sur une route de crête, très beau, surtout à la lumière du soleil couchant. Mais là, j'en suis sûre, je ne terminerai pas l'étape jusqu'à San Quirico. Le problème c'est que j'ai certes vu des places de bivouac en chemin, mais c'était bien avant, et là où je suis, ce ne sont que des champs, et en pente.


Le soleil se couche, je descends inexorablement vers un village, Torrenieri. À l'entrée se trouve un terrain de jeu enherbé, des dames m'incitent à m'adresser au club de sport, alors je vais au stade où un monsieur m'autorise à m'installer là. Des gamins jouent à côté mais ils ne vont pas y passer la nuit...

Effectivement ils partent mais soudain je me rappelle avec horreur qu'on est samedi, et qu'il ne faut jamais rester près des villages le samedi. Ça ne rate pas. Un peu de musique très forte. Puis des bruits de voix, beaucoup d'enfants. Ouf c'était un goûter ou un apéro, ça ne dure pas..

Mais à 21h, arrivée de voitures, klaxons. voies fortes, bruits de ballons et les lampadaires qui s'allument. Un match, j'ai gagné. Normalement ça ne devrait pas durer toute la nuit et ils éteindront les lumières, espérons..

12

Plus ou moins de nuages

Le match a effectivement duré jusqu'à 22h30 puis les projecteurs se sont éteints, et après quelques bruits de voix c'est le calme, ou presque...il reste les aboiements de chien.

Je me réveille avec le jour, c'est à dire pas si tôt, un peu avant 7h. Le soleil est un peu voilé. La tente est trempée par la rosée.



C'est pas la grande rapidité, départ 8h50. Je ne range pas la tente mais l'attache sur le porte bagage, la dernière fois l'intérieur de la sacoche était trempé.

Je n'ai pas la curiosité d'aller voir le centre du village, il n'a pas l'air très pittoresque, plutôt industriel. À la sortie quelques montées et descentes se succèdent mais la route est belle, peu fréquentée et néanmoins goudronnée. Je crois que c'est la via Cassia, voie romaine qui, c'est certainement pas un hasard, a un tracé très proche de celui de la Via Francigena.


Bien sûr San Quirico est sur la hauteur, il faut passer sur un viaduc pour accéder à l'église. Celle ci est romane pas trop remaniée, et est intéressante avec ses trois portails, et ses lions. Elle est d'une pierre blanche poreuse qui doit être du travertin.


Par contre l'intérieur est outrageusement baroque, spécialement l'autel. Mais on y trouve aussi des merveilles : un triptyque à la Vierge, de Sano di Pietro, peintre siennois du quattrocento. Et derrière l'autel je suis autorisée par la nonne de service mais seulement "una minuta" à aller voir de splendides panneaux de marqueterie représentant des artisans et des musiciens, qui nécessiteraient un temps beaucoup plus long. Hélas ils ne rendent pas en photo.


Sano di

À côté de cette église on admire aussi un puits, et un palais qui abrite un musée. Je reprends mon vélo garé sous une porte cochère.



De là une longue rue bordée de palais traverse tout le bourg.


Au passage se trouveront deux autres églises, dont une qui a gardé l'austérité romane, c'est rare.


J'enfourche ma monture. Descente à la sortie du bourg, et là, route barrée. Je la prends quand même, c'est fort plaisant d'avoir la route à soi...À l'endroit critique un cycliste arrive en même temps que moi, il m'aidera à pousser les barrières, sinon pas de problème, un tronçon a été refait mais c'est sec, on peut passer.


Le revers de la médaille c'est qu'il y a d'autres travaux sur la route principale, et les voitures sont déviées... sur la petite route de la Via Francigena. Ça va durer un moment, mais quand le flot des voitures a été redirigé, c'est très calme.

Le ciel s'est couvert, le paysage est un peu moins joli. C'est plutôt plat et on longe beaucoup de champs labourés. Des manoirs, des fermes, des tours sont perchés sur des hauteurs. On se dirige vers des monts boisés. Oui ça va monter, c'est prévu...



Ça monte déjà d'ailleurs, faiblement mais de façon continue.

Comme il n'y a pas beaucoup de coins pique nique je décide de m'arrêter à une église ou un monastère repéré sur la carte, appelé San Pietro. Évidemment il faut grimper un raidillon pour y arriver. Et pour constater que les bâtiments ne sont plus affectés à la religion... Mais à l'agriculture. Il y a là une ferme et un élevage, tant pis, on peut profiter quand même d'un espace vert devant l'église, et puis de la vue, la position est dominante.


C'était un monastère important, à l'époque...

Autre problème, pas de soleil et pas de vent, la tente sèche mal. Elle sera pliée encore un peu humide.


Et au moment où je repars, vers 15h, c'était inattendu, le soleil revient.

Le paysage recommence à me plaire, plus sauvage, plus boisé. Il reste moins de 20km, mais ça va monter en permanence, c'est régulier, ça se fait bien. Au loin un mont élevé surmonté d'une tour m'intrigue. Je n'arrive pas à voir sur la carte où il pourrait être.

Dans les derniers kilomètres la nuit tombe. et plus j'approche du but, un bourg appelé Radicofani, plus c'est raide. Soudain, le mont isolé surmonté d'une tour, il est là tout près...

C'était tout simplement Radicofani, le but de mon étape !! J'étais loin d'imaginer qu'on allait me faire monter là haut! Très haut oui, obligation de pousser le vélo.

Sur la route puis dans une rue pavée et bordée de maisons de pierre. dois trouver l'église San Pietro, elle est au bout.. Je dois normalement trouver un numéro de téléphone sur une porte près de l'église. L'église a plusieurs portes, mais je n' y vois aucun numéro de téléphone. Une dame m'indique une maison en face, en effet voici le panonceau à l'intention des pèlerins. Ça sonne longtemps mais ça répond, un monsieur qui me donne toutes les explications pour entrer, je mets un moment pour voir le pot de géraniums où se trouve la clé et je ne comprends qu'à moitié ses recommandations. Mais voilà une belle salle avec une grande table, à côté un dortoir une salle de bains et une cuisine, que demander d'autre? L'inconvénient c'est qu'il n'y fait pas chaud.


Ospitale dei Santi Piero e Giacomo .

La cuisine est particulièrement bien aménagée, mais on est dimanche et je n'ai pratiquement plus rien. J'accommoderai mon reste de pâtes avec une boîte de tomates pelées que je trouve là.

Mais avant ça tour de village by night, et une bière au bistrot. Pas grand monde dans les rues, quelques humains et quelques chats peureux.



Le profil de la journée...

13

Brouillard puis couvert


Je n'ai pas sorti le duvet, et sous quatre couvertures j'avais moins chaud que dans la tente.Je finis les flocons d'avoine, le lait concentré, le pain, les clémentines. Je n'ai plus plus de provisions.

Je traîne un peu mais cela ne sert à rien, le brouillard persiste inexorablement. Fugitivement la silhouette de la tour là haut se dessine dans la brume. Au moment où je pars (quelques courses au passage dans les petits commerces), on distingue le fond de la vallée, les sommets sont dans les nuages.


Deux églises juxtaposées: Santa Agata et San Pietro 

En connaissance de cause, je décide de prendre l'itinéraire de la Via Francigena piétonne mais indiquée aussi comme cycliste, c'est une piste non goudronnée et en forte descente, bref je prends des risques.

En effet, ce n'est pas très confortable, et ce à quoi je ne m'attendais pas, c'est que ça ne fait pas que descendre, ça remonte parfois, et fort. On peut aussi réitérer une remarque déjà faite, ce n'est sans doute pas la saison idéale (surtout sous le ciel gris). Quelques feuilles jaunes restent accrochées, mais les arbres et arbustes feuillus ont leurs branches dénudées, les herbes hautes sont sèches. et pas une fleur. La balade a néanmoins un certain charme, avec tout autour ces ondulations de monts dans la grisaille, et puis c'est moralement satisfaisant d'emprunter une voie historique où tant de pèlerins (ou autres) sont passés. Le pavage apparaît parfois sous le sable ou les graviers.


J'imagine aussi des défilés de pèlerins à certaines saisons... Ce n'est pas vraiment ça, mais ce n'est pas zéro non plus : sur le livre d'or de l'auberge au moins une douzaine de personnes étaient passées en novembre (deux en vélo), et ce matin, première rencontre, un monsieur peu chargé. Il est sud - coréen mais me dit habiter à Ponte de Lima au Portugal. Il est dans l'autre sens, il va.. à Santiago de Compostelle, ou plutôt il y retourne, il a déjà fait le chemin plusieurs fois.

Quand enfin (j'en ai un peu marre, des descentes abruptes sur les chemins caillouteux...), quand enfin donc j'atteins le village de Ponte de Rigo, deux personnes avec sac à dos sont en train de discuter à une aire de pique nique. La femme est anglophone, je l'ai rencontrée hier en arrivant à Radicofani. Elle va à Rome. Le gars, un Allemand se prénommant Andreas, se dit randonneur et pas pèlerin. Mais il prend la même direction, je le redoublerai plus loin.

Ponte de Rigo a l'air tout petit, je ne passe pas dans le bourg. Juste avant j'ai traversé une rivière au large lit de pierres, la Paglia. Peu après je retraverse... Mais non ce n'est pas la même rivière. celle -ci s'appelle...la Senna.



Je me retrouve sur des routes goudronnées, plus de confort et moins de charme..

Je commets l'erreur de m'arrêter à un "agroturismo" ferme-auberge-chambre d'hôtes, ils font restauration. On me sert un grand café même pas chaud au lieu d'un espresso lungo, et une crostata (tarte) qui doit avoir un mois, le tout pour 7 euros en liquide... Je ne renouvellerai pas l'expérience.

Juste après, encore une mauvaise surprise, la petite route que je voyais sur la carte n'est pas du tout goudronnée, et bien plus mauvaise que la précédente. Pourtant de nombreux panneaux indiquent cette direction.


Le pire c'est une descente très raide vers une vallée sur un parcours très caillouteux. Je vais à peine plus vite qu'en montant, je souffre, et mes freins aussi. Le paysage est agricole et n'a rien d'exceptionnel. Les fermes sont grandes, laides, et ne sentent pas bon. Les moutons sont cracra.



Heureusement en s'approchant de Proceno la chaussée s'améliore peu à peu, de gravillons à peu près circulables, puis des zones de goudron de plus en plus fréquentes. jusqu'à couvrir toute la route.

Et une autre rencontre intervient ! Un Hollandais d'Amsterdam, jeune, parti pour un an, déjà passé cet été en Suède et en Finlande. Il va également en Espagne, en passant par la côte d'azur. Il s'appelle Rik. L'autre nouveauté, c'est que je quitte la Toscane. Proceno est "la porte du Lazio". C'est la région de Rome et je vais y rester un bon moment.

Je m'assied sur un banc pour manger, peu après le panneau, mais n'ai pas le courage de monter jusqu'à la tour.

Ça descend bien vers la vallée de la Paglia, mélancolique avec les feuillages jaunes et les brumes qui montent. Mais après la vallée, nouvelle montée vers Acquapendente, située sur une hauteur comme il se doit. Ce bourg est assez grand, commercial et industriel, le centre a une partie ancienne avec des rues très étroites, et une partie moderne, plus vivante. Je n'y reste pas, je passerai plus de temps au supermarché coop pour me réapprovisionner, il y avait besoin.



Acquapendente (ville neuve)

À la sortie du supermarché il est 16h30, la nuit tombe quand je roule sur la SP (Strada provinciale) qui va à Rome. Alors une nouvelle fois je n'irai pas au bout de l'étape, qui était Bolsena. Je m'arrête au prochain bourg, San Lorenzo Nuovo. J'ai le temps d'entrevoir le lac de Bolsena.

Je plante la tente près d'un petit parc autour d'un monument constitué de piliers verticaux. Il y a des poubelles et de l'eau. Et, malheureusement. des lampadaires.

14

Pluie la nuit, seulement quelques gouttes dans la journée, très nuageux

Heureusement ce sont les dernières gouttes qui tombent à l'aube, je n'aurai pas à plier sous la pluie. Mais la tente est mouillée (moins quand même que la dernière fois), et la journée devrait être pluvieuse. Il faudrait que je me trouve un hébergement, déjà à Viterbo où je devrais aller, il n'y a rien. Comme il doit pleuvoir cet après midi je ferai une courte étape, je m'arrêterai avant, à Montefiascone.


Entre les arbres on peut apercevoir le lac de Bolsena

Pour l'instant direction Bolsena. La route principale (toujours la via Cassia) n'a pas l'air excessivement fréquentée, alors j'abandonne le chemin des pèlerins. La route descend, sans surprise.

Je suis quand même un peu déçue car les vues promises sur le lac sont plutôt rares. Le seul endroit où on le voyait bien c'était tout au départ mais je rate la photo , ensuite des arbres font obstacle la plupart du temps


A l'approche du lac un chemin me permet de rejoindre une plage (publique). Une petite bande de sable gris (volcanique) des roseaux, l'immensité du lac, deux îles, et des nuages menaçants.



En arrivant à Bolsena on est impressionné par la masse de la ville haute dominée par le château.

Entrant dans la ville par une porte et une rue étroite, j'arrive à la piazza San Rocco où se trouve une grande fontaine du même nom. Et quelques commerces dont un bistrot où je prends un café, avant de laisser là mon vélo pour monter à l'assaut des escaliers.


Les passages sombres font un peu peur. Dans le château se trouve le musée que je vais visiter (3,5€ tarif réduit). À part deux jeunes qui me doublent en coup de vent je suis la seule visiteuse.

Géographie, géologie et surtout histoire. Le lac est d'origine volcanique, mais ce n'est pas un cratère, les volcans étaient autour.

Ses environs ont été peuplés depuis des temps immémoriaux , de l'homme de Néandertal, des âges du cuivre de bronze en de fer, jusqu'aux Étrusques et aux Romains. Sont donc exposés ici les objets trouvés dans les fouilles autour et dans le lac.




Les Étrusques ne sont pas venus d'ailleurs, ils sont les héritiers de ces civilisations, qui en outre ont été influencées par les Grecs qui occupaient le sud de l' Italie.La ville s'est appelée Velzna après la démolition (3è s. av JC) de la capitale (Velzna maintenant Orvieto), puis Volsinii nom romain.

On trouve au musée des stèles et des "cippes" (pierres de forme conique placées sur les tombes), où sont gravées des inscriptions, d'un alphabet proche du grec.



La jolie statuette de bronze est une anse d'urne, qui avait une destination funéraire, c'est écrit dessus.

La présence étrusque a duré de la fin du 8è siècle av JC jusqu'au 1è siècle absorbée par les Romains. La ville est devenue une grande ville romaine, un étage du musée est consacré à cette époque. Je passe plus vite, j'admire la céramique aretine (=d'Arezzo) et quelques sculptures comme cet "amour" jovial et cet élégant satyre dans les vignes, trouvées sur les restes d'un temple.


Au sous-sol, changement de sujet : des aquariums présentent les poissons vivant dans le lac.


Des perches soleil, des carasses, des brèmes, des tanches, des chevesnes... et un poisson chat.

Le musée va fermer. La gardienne m'autorise à monter en vitesse à la tour.


Dans la cour sont alignées des stèles étrusques 

En sortant je traverse la ville par les habituelles rues médiévales.

,

Le but est d'aller voir la basilique de Sainte Christine qui est très ancienne. Hélas elle a fermé à 12h15, j'aurais dû y aller en premier, mauvaise organisation. Là a eu lieu un miracle assez sordide, une ostie qui s'est mise à saigner, ce n'est pas ça qui m'intéresse, mais les fresques et peintures à l'intérieur.. De l'extérieur, les trois églises accolées de style différent ne forment pas un ensemble très harmonieux, sans doute aussi à cause de la couleur grise de la pierre, d'origine volcanique



À côté, encore une place Matteotti, où on a installé les décorations de Noël.

Un pique nique au bord du lac concluera le séjour dans cette intéressante ville, il sera un peu écourté par quelques gouttes de pluie.



Je mets la cape qui n'aura pour effet que de me donner chaud dans les côtes car il ne pleut presque pas. La route est très jolie, bordée d'oliviers, de chênes chevelus, et de vignes, avec sur le lac et ses îles.


Je suis toujours la via Cassia jusqu'à une dizaine de kilomètres avant Montefiascone où je continue sur une fort jolie route de campagne bordée de chênes, pas goudronnée mais bien roulable, le seul problème c'est que, on s'en doute vu le nom de la destination, ça monte très fort.

Devant moi un monsieur marche sur la route. Je le rejoins quand c'est moins raide. Il est Albanais alors je lui vante son pays, qu'il a du quitter il y a longtemps.

La fin du trajet est atroce, dans la ville avec des pentes à 20%, je me retrouve quand même devant le monastère San Pietro où j'ai téléphoné ce matin.C'est un bâtiment immense aux larges couloirs sombre. Une sœur me montre les lieux, très austères, et me propose le dîner. Pourquoi pas?En attendant je vais visiter la ville by night ou di notte. Impressionnante aussi. J' y verrais bien le décor d'un film un peu fantastique.

Escaliers voûtes portes monumentales lanternes à l'éclairage intime, une cathédrale monstrueuse par ses dimensions, et un château "Rocca dei Papi" , forteresse des Papes au sommet de la ville (633m).

Au repas on m'a mise seule à une table. À l'autre on dirait des ouvriers, mais est assis également un jeune religieux aux traits fins. Il est question de déplacer un confessionnal.

J'apprécie le repas, j'aurais préféré la minestra a la pasta, mais c'est de la nourriture familiale c'est ce qui me faisait envie.

15

Beau, des nuages, vent fort NE


Il a beaucoup plu cette nuit, c'est mieux d'être sous un toit. Et ce matin le vent souffle fort. Je suis relativement efficace, prête à partir vers 8h30, il n'y a plus qu'à plier la tente, que j'ai mise à sécher sous l'auvent du cloître... Oui, mais... Le double toit est sec, mais la tente intérieure est complètement trempée, alors quelle était quasiment sèche. C'est à cause du vent... Alors je la mets à sécher sur un radiateur, 3/4 d'heure environ.

Le lieu, de jour, est beaucoup plus avenant.


rsy&Monastère San Pietro, l'entrée, l'escalier et la zone réservée aux pèlerins

Au moment où je m'apprête à partir une sœur passe et me propose un café. Pas moyen de refuser. Elle est très gentille, beaucoup plus que ses consoeurs d'hier, et en plus me donne plein de gâteaux secs.

Bref départ à 10h.


Maintenant, c'est la descente de la ville qui va être raide.


Vues sur la cathédrale et sur la ville

Après environ un kilomètre sur une avenue principale, changement de direction, une petite route descend la colline tout droit, la pente est tellement forte que je préfère descendre à pied, en freinant au maximum.

Heureusement ça ne dure pas. C'est la campagne, le temps est venteux et un peu nuageux mais clair. Tout va bien.


Les routes ne sont pas goudronnées mais roulent bien. Plus loin je rejoins une voie que je croyais secondaire, elle circule encore plus que la via Cassia. Beaucoup de voitures me frôlent à moins d'un mètre. Du coup je décide de reprendre la Via Francigena. Mais là le chemin n'est plus aussi bon, avec une portion en terre.


Mais ce n'est pas si boueux. Et puis ça me donne la chance de rencontrer un marcheur, un Milanais mais qui ne va que jusqu'à Sienne.

Sous deux monts couverts de forêts (l'un d'eux est le monte Cimino 1057m) s'étend déjà l'agglomération de Viterbo, Viterbe en français. La ville paraît immense. elle a moins de 70000 habitants. Mais la partie ancienne est très étendue , et j'ai bien du mal à m'y retrouver, je ne peux pas me fier à l'itinéraire VF Bici qui contourne le centre.



Cette rotonde est une chapelle de la peste.. transformée en monument en l'honneur des morts pour la patrie, et le clocher, rayé comme plusieurs autre dans la ville, est de l'autre côté de la place. Mais entrons dans la ville ancienne...

Sur la place du plébiscite le palais de Priori abrite la mairie. (Plébiscite de 1860 qui a consacré l'unité italienne sous l'égide du roi Victor Emmanuel Ii)


Une petite rue, une nouvelle place dotée d'une fontaine, beaucoup plus charmante.


Je gare mon vélo sous la Tour de Bourgogne et vais explorer la ville médiévale.


Un quartier étonnant, plein de recoins et de merveilles diverses à découvrir, maisons restaurées ou délabrées, très peu de commerces, groupes d'ados qui sortent du collège voisin ou passants pressés. Je n'ai pas trop le temps, et il faut bien avouer que ce vent froid n'est pas propice à la flânerie.

Encore quelques jolis endroitsr...


En se dirigeant vers la place San Lorenzo, l'endroit le plus touristique de la ville, on peut observer les grosses pierres de la muraille étrusque.

Sur la place de ce nom, s'élève la cathédrale San Lorenzo. Et le palais des papes. Décidément ils en avaient partout, des palais.


Je suis bien embarrassée pour sortir de cette place, de tous les côtés ce ne sont que des escaliers. Mais des passants me font découvrir un ascenseur. Assez grands pour les vélos. Et je me retrouve en un clin d’œil sur ma route, avec jolie vue sur la ville haute.


Pourtant l'avenue que je j'emprunte monte beaucoup. Et est aussi pleine de voitures. Après quelques rues calmes, c'est de nouveau la route avec beaucoup de circulation et pas mal de côtes. Pas d'horizons dégagés comme les jours précédents.

Je trouve une chaise au soleil dans le village de Tobia pour manger le tramezzino acheté à Viterbe (sandwich de pain de mie en forme de triangle). Facile à manger mais pas bon du tout. J'en profite pour appeler divers numéros de téléphone pour trouver un hébergement, un gars qui n'a pas de place m'envoie vers un de ses amis, Antonio, qui héberge aussi des pélerins, à Capranica, il reste un peu moins de 25km.

Le village suivant, Tre Croci, j'ai la bonne idée de le contourner par une petite route repérée sur la carte. C'est les montagnes russes, mais c'est fort agréable de longer la forêt de chênes.



Plus loin je contourne l'agglomération de Vetralla et retrouve la circulation automobile sur la via Cassia. Il y a possibilité de rejoindre la Via Francigena pure et dure, je n'hésite pas une seconde et fais bien, la chaussée est tout à fait praticable, et circule à travers des forêts, et, aux abords des fermes, des pins pignons (parasols).


J'arrive à Capranica à la nuit tombante, j'y ai trouvé un hébergement par téléphone et j'ai l'adresse.

Je dois passer sous le pont qui mène à cette tour de l'horloge.


La rue passe dessous, mais dans l'obscurité je ne vois pas les numéros ni d'ailleurs d'entrée de maison. Il faut que je me fasse tout expliquer par téléphone (avec Antonio, le propriétaire), moi qui n'aime pas téléphoner en langue étrangère, c'est extrêmement laborieux. Mais je finis par trouver l'entrée (dans une petite rue adjacente), la boîte à clefs, l'escalier sombre qui descend dans une vaste salle voûtée, les compteurs électriques et les interrupteurs à actionner pour allumer les lumières, la deuxième entrée où je peux passer mon vélo, ouf, quelle aventure !

Visiblement c'est une chambre d'hôtes où Antonio accueille les pèlerins en manque d'hébergement, "la Stanza del Petrarca". La nuit dernière a dormi ici Béatrice, une pèlerine à pied que je suis depuis Sienne, trouvant régulièrement ses petits mots sur les livres d'or des hébergements. Réussirai je à la rencontrer avant Rome???

Je m'installe et ressors pour faire les courses, mais pour trouver un supermarché, je dois retourner 1km en arrière pour retrouver celui là devant lequel j'avais hésité à m'arrêter en venant... Ce n'est pas la première fois que je fais cette erreur...

La cuisine n'est pas très équipée, pas de prouesses culinaires. Au moment de me coucher je cherche en vain les interrupteurs, la lumière c'est tout ou rien. Je débranche le néon au-dessus du lit et en bas tant pis ça restera allumé, et à vrai dire ça ne troublera pas beaucoup mon sommeil.

16

Moins de vent qu'hier, moins froid. un peu plus nuageux


C'est encore pas la rapidité ce matin. Départ 9h45. J'ai tout bien fermé mais oublié de prendre la poubelle.


Sous le pont, vue diurne.

Je suis déjà sur la route, la descente ne dure que jusqu'au fond de la vallée, tout proche. Sur l'autre versant la côte , taillée dans la roche, est impossible à monter en vélo, et même en poussant c'est très dur. Mais c'est beau.

La route continue par de bons chemins de campagne. Ici on cultive... le noisetier, c'est carrément une monoculture. Des gens y travaillent , munis d'échenilloirs... Ils taillent.


Le bourg de Sutri, apparaît situé sur une hauteurt.


Pour s'y rendre il faut traverser la via Cassia, bien encombrée. Je monte courageusement en direction du centre, mais à vrai dire, ce qui m'intéresse, c'est un amphithéâtre romain, que je ne vois pas indiqué, alors je finis par vérifier... Il est en bas, je suis montée pour rien !

Un point d'eau m'attire dans un jardin public, entre la route et une falaise qui présente des cavités, habitations troglodytiques, caves, voire tombeaux ?


On se croirait en Touraine ! D'ailleurs la roche, c'est du tuf aussi, mais celui ci est d'origine volcanique.

Et l'amphithéâtre, qui se trouve un peu plus loin. a cette particularité qu'il est entièrement creusé dans la roche.


De ce fait il est plutôt bien conservé.

Un peu plus d'un kilomètre sur la via Cassia, la route de Rome, suffit pour m'ôter l'envie d'y retourner. Je suis donc le tracé de la Via Francigena sur des voies campagnardes. Jusqu'à Monteroni, où on arrive après avoir longé un golf, ça se passe plutôt bien.

C'est un petit bourg sympathique. Dans une des églises baroques j'écris deux lignes sur un livre d'or à l'attention des pèlerins , puis j'achète un pain au levain dans une boulangerie très achalandée et appétissante. Je bois un café et admire la deuxième église, sur la place, sur fond de montagnes enneigées, qui pourraient être les Abruzzes.



A la sortie de la ville , le fléchage m'amène sur un sentier accolé à l'autoroute. Heureusement qu'il n'y a pas là de marcheurs...et que ça ne dure pas trop longtemps.


Mais au niveau des chemins ça se dégrade nettement. Chemins de terre, parfois, et raidillons abrupts, souvent. Des champs. Et de nouveau des bois. Je mange près d'une cascade et d'un moulin, en compagnie d'un chat à l'affût de quelque rogaton (il lèchera la boîte de sardines).


Les chemins ne s'arrangent pas. Maintenant ce sont des pierres dures, des ornières, et le comble, c'est l'arrivée à Campagnano di Roma où la pente est tellement forte que je suis obligée d'enlever les sacoches (arrière) pour pouvoir monter le vélo, et revenir les chercher après . Il y avait longtemps que ça ne m'était pas arrivé.


La montée n'est même pas belle, pleine d'ordures et de crottes de chien. cet endroit me déplaît. Des panneaux indiquent des bâtiments ou curiosités diverses, j'y vois plutôt un état de délabrement avancé.


Une longue rue étroite,( avec des voitures stationnées tout du long, ça nuit au caractère médiéval), et on arrive à une place rectangulaire où on ne peut nier que l'hôtel de ville rouge brique, et la blanche fontaine centrale, aient belle allure. au soleil couchant.


C'est toujours aussi vide, j'entre dans un café et en ressort aussitôt tellement il est sinistre.


Encore une rue, au bout, une porte monumentale. La fin de la ville ? Non, c'est là qu'elle commence. C'est comme une transition brutale du moyen-âge à l'ère moderne. De l'autre côté de la porte, un rond point, des voitures dans tous les sens, quantité de passants sur les trottoirs, des commerces, des cafés animés...

J'étudie l'itinéraire, j'en ai assez des chemins de terre. Mais la suite semble être plus praticable. Sauf qu'un raidillon épouvantable m'attend encore, goudronné mais il faut quand même pousser. La bonne surprise c'est que ça dure très peu, et qu'il s'ensuit une agréable descente avec une belle vue sur la campagne du Latium.

Une chapelle est annoncée, la Madona del Sorbo. Une vierge apparue dans un sorbier ??

Et en effet c'est là que je vais trouver asile. Pas d'herbe mais des graviers. Toutefois une petite terrasse-coin pique nique sous un pin parasol me convient. Je demande l'autorisation à des gens dans l'église. La porte en bas ne sera pas ouverte avant 7h20. Ça ne va pas me gêner.

Ce qui gêne un peu c'est des travaux en cours sur l'église. Mais ouf ça se termine à une heure normale.

17

Beau, puis nuageux


Je ne m'étais pas couverte au maximum, j'ai fort bien dormi, il a juste fait un peu froid vers le matin. Le vent s'est calmé complètement, résultat la rosée est tombée, la tente est mouillée, l'arbre ne l'a protégée que d'un côté.

Petit déjeuner dehors un peu frisquet. Je termine enfin la bouteille de gaz achetée en août 2022 à Gresy les Aix lors de ma rando alpine et jurassienne. C'était un grand modèle, je vais gagner de la place.



Départ encore pas bien tôt, 8h51. Après la descente de l'église, c'est encore une côte pour commencer la journée. La route traverse un parc naturel, disons un lieu de promenade. De grands prés verts vallonnés où paissent des chevaux.



Mais le bourg de Formello est plus bas, le plus dur (pour l'instant) est passé. C'est une ville animée. J'ai la bonne idée d'abandonner la via Francigena pour une route secondaire, un peu passante, certes, mais elle descend sans excès et de façon régulière.

Quand elle rejoint l'itinéraire, c'est toujours une route goudronnée, mais bien abîmée par les racines de pins parasols qui la bordent.


C'est l'arbre du Latium, comme le cyprès celui de la Toscane ou l'olivier celui de la Pouille.

On passe sur le côté d'un village appelé Santa Cornelia, à partir de là la circulation s'intensifie, et quelques kilomètres plus loin, on rejoint déjà la banlieue de Rome.

C'est là que deux cyclistes voyageurs me doublent. Heureusement ils s'arrêtent au stop, ce qui me permet de leur adresser la parole. Ce sont deux jeunes Français de Lille, Théo et Constantin. Ils continuent après Rome vers Bari et la Grèce.

Dommage que je n'ai pas tenté de les suivre. Dans le flot des véhicules je ne tourne pas où il faut. Je me retrouve à devoir prendre un chemin pédestre et franchir une passerelle en déposant deux sacoches .

Ensuite c'est pire,ma trace GPS m'envoie vers une autoroute, je rebrousse chemin et finis par retrouver les marques. C'est un énorme détour, en ville, dans des petites rues aux reliefs encore impossible, ou dans la circulation.

Tracé parcouru en violet

Ça va mieux après, je dois encore une fois enlever TOUTES les sacoches pour passer une barrière, mais ensuite, ouf! Je suis lancée sur la piste cyclable qui suit le Tibre et tout est facile !


La piste est sur une digue, au début on ne voit pas le fleuve, seulement des roseaux, puis beaucoup de terrains de sports.

Au premier pont de pierre, ça y est, on est en plein dans Rome ville historique, et animée.

Très belle promenade le long du Tibre, cette fois on est vraiment au bord du fleuve, on admire entre des feuillages jaunes les ponts monumentaux, de belles villas, quelques coupoles ou frontons....



Le problème c'est qu'on est vraiment en bas et pour monter les escaliers sont très hauts. Heureusement à l'endroit où je dois sortir c'est pas trop difficile, et un monsieur m'aide à pousser mon vélo

Un circuit dans des petites rues, à la porte austère du 11B de la via dei Genovesi je sonne, la porte s'ouvre et je me trouve dans un charmant jardin surmonté de la tour de l'église. On m'autorise à rester deux nuits. Avec moi sont hébergés Lucas de Clermont-Ferrand, qui randonne sa guitare à la main, et... Béatrice, que j'ai finalement rejoint ! Elle est Française mais vit en Italie. Elle continue après Rome.

Un tour dans Rome à la nuit


Basilique Saint Barthélemy, quartier juif, portique d'Octavie , fontaine des Tortues, théâtre de Marcellus

Je dois être rentrée à 19h30 pour le dîner. Nos hôtes, Léa, Fedora, Cristina et Luca organisent un petit rite pour l'arrivée des pèlerins, lavage des pieds.

Au repas j'apprécie beaucoup l'excellente soupe aux pâtes et haricots.

18

Beau temps, mais vent fort très froid


Ce matin petit déjeuner à 8h seulement, mais départ obligé à 9h. J'arrive malgré tout à faire ma lessive. Pas de machine et dans le local destiné il n'y a que l'eau froide... C'est l'austérité...

Le petit déjeuner c'est frugal aussi mais c'est l'Italie... Biscottes beurre confiture. En compagnie de Béatrice et Lucas. Ils sont moins stressés que moi par rapport à l'heure, nous sortons vers 9h10.

Spedale Della Provvidenzia/ Béatrice et Lucas

Nous nous séparons, moi je continue dans le Trastevere, à travers des rues calmes et plutôt cossues, en direction du Vatican , en passant par le Janicule, une colline qui ne fait pas partie des fameuses sept collines de Rome car "hors les murs", disons que c'est la huitième.


L'église est San Pietro in Montorio

L''avantage qu'elle soit de l'autre côté, c'est que de là on voit toute la ville. On va encore monter un peu à travers un parc, passer par une fontaine monumentale (del Acqua Paola), suivre une allée bordée de bustes de personnages qui ont été célèbres, parmi lesquels une unique femme .


Et on arrive à la place du Janicule (Gianicolo) beau belvédère où s'élève une grande statue équestre de Garibaldi.


Direction Saint Pierre.. par un itinéraire souterrain improbable, pour les voitures c'est un tunnel, pour les piétons, une suite inquiétante d'escaliers et de souterrains. Où il n'y a pas un chat. Mais je ressors, ouf!


Et la fameuse basilique entourée de sa colonnade est déjà là, toute blanche... Mais la place est noire de monde.


Vu la queue de plusieurs centaines de mètres, et la foule, je renonce vite à la visite, et à celle du musée du Vatican aussi. J'aurais aimé voir tous les trésors qui se trouvent là, mais au milieu d'une telle affluence il n'y a pas de plaisir.


il faut longer la muraille pour accéder au musée du Vatican 

Par curiosité je me rend à l'entrée du musée. Pour cela il faut ressortir et longer la muraille. Je ne comprends rien à l'organisation des diverses queues, c'est trop de monde de toute façon. Mais cette haute muraille me fascine, et je décide de faire le tour de cette "cité interdite". Il n'y a pas d'autre accès que l'entrée du musée, l'autre porte de l'autre côté étant bouchée. C'est là que je trouve un banc où je peux casser la croûte un peu à l'abri du vent qui est glacial. L'endroit est tout ce qu'il y a de plus tranquille. Les touristes se sont raréfiés, puis ont complètement disparu, il ne reste que quelques promeneurs de chiens.


Ça doit être joli là-haut sous ces pins parasols...

Retour sur la place où je me fais arroser suite à un coup de vent sur la fontaine.

Je retrouve le Tibre, sous un autre angle que la veille. Je comprends pourquoi le pont était plein de monde: les gens prenaient des photos du Château Saint Ange, dont je ne soupçonnait même pas la présence au-dessus de moi.


Je passe sur l'autre rive et me dirige à peu près en ligne droite vers la piazza di Spagna


L'église est Trinita dei Monti, au-dessus d'un bel escalier qu'on voit mal car complètement à l'ombre. La foule, ce ne sont pas tant les touristes que les autochtones venus faire du lèche-vitrine dans ce quartier très commerçant.



Toujours des beaux quartiers, du commerce et des badauds dans la direction de la fontaine de Trevi.

Même en l'ayant vue tant de fois en photos, je suis surprise par ses dimensions. Quant à l'affluence autour, ça en devient comique. Il y a même plusieurs voitures de police. De crainte que certains y plongent ? Aujourd'hui avec le froid ce n'est guère tentant.


Oui je suis gelée et un peu fatiguée. Pas si facile de trouver un bistrot sympa où se reposer. Tous sont bondés inhospitaliers et hors de prix.

Une petite place a le nom de Skanderbeg... Appartement il s'agit bien du héros albanais.

Et maintenant un autre monument qui en impose, sur une place immense, le palais du Quirinal. Il date du 16e, c'est la résidence du président de la république. (l'actuel s'appelle Sergio Matarella, c'est pas l'homme politique italien le plus connu).


Je vais enfin trouver un café accueillant. Enfin, accueillant par son aspect car au niveau du service c'est limite... j' attends au moins une demi heure mon chocolat chaud. Une boisson assez étrange, plus proche de la crème au chocolat. Alléchant, un peu écœurant. Ça fait quand même fait du bien !



Santa Catarina a Magnapoli et torre delle milizie

Après les petites rues je me retrouve sur une grosse artère, via Nazionale. De gros bâtiments administratifs mais aussi une petite église, basilica di San Vitale e Compagni Martiri in Fovea , très ancienne (5e siècle), modeste à l'extérieur et somptueuse à l'intérieur. En ce moment a lieu une répétition d'un ensemble musical et vocal. Très beau.


L'église vers laquelle je me dirige est d'un tout autre style.


Santa Maria Maggiore. En français, Sainte Marie Majeure. Construite entre le 5e siècle et le 18e.

Intérieur somptueux , très doré et décoré. Des mosaïques, un plafond à caissons et des dallages de céramique. Les mosaïques anciennes sont en hauteur, on ne peut guère s'en approcher,d'autant moins qu' un office est en cours. À la sortie c'est la nuit noire.

Avant de retrouver le chemin de la veille je passe non loin du Colisée et contourne le Capitole.On peut apercevoir, de loin car en plein milieu d'une zone de travaux, la Colonne Trajane avec sa BD en spirale.


19

Beau, froid le matin, moins de vent ensuite


Lea me permet de laisser là le vélo pour la journée, je vais pouvoir continuer tranquillement la visite de la ville avant de me rendre à l'hostel que j'ai réservé pour ce soir. Hier je me suis fort mal organisée et je vais retourner à des endroits où je suis déjà allée.


 Isola Tiberiba, la synagogue

Il fait soleil ce matin, mais froid. Je traverse l'île du Tibre comme d'habitude, passe place Jérusalem, devant la grande synagogue et le portico d'Ottavia , tout cela est le quartier juif.

Je prends un itinéraire en direction de la Piazza Navona.

Dans ces petites rues sombres ils fait terriblement froid. Entrer dans les églises peut être un moyen de se réchauffer... Très provisoirement.


Basilica di Sant' Andrea Della Valle

La Piazza Navona est bien plus ensoleillée, et pas trop ventée. Les terrasses des cafés sont déjà pleines.


Une belle place pour ceux qui aiment les fontaines, il y en a trois !

Je finis par prendre dans une petite rue un capuccino, le premier du voyage! .


Et maintenant direction San Pietro bis. Lucas m'a parlé d'un accueil des pèlerins, pas très visible, où on donnait le "testimonium" (attestation de pèlerinage) et on vous faisait entrer sans faire la queue. Alors je vais tenter ma chance.

J'emprunte la "via dei Coronari" une rue étroite mais animée, avec beaucoup de boutiques de souvenirs. C'est la fin de la messe dans une autre église, San Salvatore in Lauro.


Je repasse devant le château Saint Ange, mais par un pont différent.

Et avec la vue sur le Tibre et sa piste cyclable, où, à cause de travaux, il me faudra passer pour aller à San Pietro. Aujourd'hui l'ambiance est tout autre. C'est dimanche, et le pape dit la messe ou fait une allocution. On le voit sur deux écrans géants devant lesquels est massée la foule. Quand je m'approche c'est déjà fini.

Je ne trouve pas d'endroit où on accueillerait les pèlerins. Les policiers qui font le contrôle des entrées n'ont même pas l'air de savoir ce qu'est un pèlerin. Alors finalement je fais la queue dans la foule, et cela n'est pas si long.



Encore un étalage de luxe qui je trouve n'incite pas à la foi. L'atmosphère d'ailleurs n'est pas très recueillie, il y en a même qui téléphonent. Toutefois il y a de belles œuvres d'art, on ne peut pas le nier.

Les peintures.


J'aime bien cette famille qui pose devant le baptême de Jean Baptiste avec un nouveau baptisé.


Les sculptures


Les pavements de marbre

Un sacré travail, et anonyme.

Je m'étais demandée si les fameux gardes suisses existaient encore. Eh bien à la sortie du "vestibule ?" d'entrée j'en aperçois un, parfaitement immobile.


Direction maintenant "Piazza del Popolo" à travers un quartier d'un autre genre, très rupin, par de grandes avenues bordées d'arbres et de maisons du début du 20è.


La Piazza del Popolo, c'est encore un lieu grandiose, et un curieux mélange de mythologies égyptienne et gréco-romaine, et de catholicisme baroque.


Au dessus, des jardins et des villas dans le style renaissance


Et en particulier la villa Médicis.

Elle appartient à la France, mais c'est en anglais qu'on vous adresse la parole, déplaisant...

Et là je me retrouve, arrivant directement à l'église de la Trinité des Monts, en haut de l'escalier de la Piazza di Spagna, que je vais donc descendre.


C'est dans la rue en face, noire de monde, que je vais m'engouffrer, la via dei Condotti où s'alignent toutes les boutiques de luxe. En fait sur mon trajet de retour il y aura du monde partout.

Quelques monuments aperçus en route:

Le parlement


Le Panthéon

Une église très baroque

Des ruines antiques

Nouvelle traversée du Tibre, cette fois au bout de l'île


... et arrivée via dei Genovesi. Je voulais y être à 15h, il est 16h. Je repars avec mon vélo sans attendre, et fais mes adieux à Léa.

Direction la gare termini auprès de laquelle se trouve le "Palladini Hostel". J'ai des problèmes au début car j'ai programmé par erreur l'itinéraire à pied. Ensuite la difficulté c'est plus les promeneurs en grand nombre que les voitures, dans les rues qui ont été fermées à la circulation.

La dernière photo de la journée sera le capitole au coucher du soleil.



Il y a un grand hall en bas de l'hostel et même un emplacement vélo. Diverses nationalités sot présentes, pas toujours identifiées, des asiatiques (un Philippin), des étudiantes ukrainiennes. Je profite de la chaleur et de la cuisine (gnocchis aux légumes) .

20

Nuageux


J'ai hâte de prendre le petit déjeuner après la douche... Mais ma sacoche "alimentaire" que j'avais laissée dans la cuisine a disparu... Quelqu'un du personnel a du l'enlever, mais le gars de l'accueil n'est pas au courant. Je finis par croire au vol et à paniquer, mais finalement ma première idée était la bonne, je finis par la récupérer, et enfin, boire mon thé matinal.

Ça ne m'a pas fait gagner du temps, départ 9h30. Dans la ville la circulation est dense, je prends parfois les trottoirs, et rencontre encore en route quelques sites intéressants.



Place Victor Emmanuel II et basilique St Jean de Latran.


Un acqueduc, viaduc ? Et une longue muraille

La Via Appia commence à cette porte, pour l'instant c'est une rue vouée à la circulation automobile, mais qui a déjà je ne sais quoi d'antique.

Et enfin voici le moment où on en finit avec la circulation, en entrant dans un vaste parc ou un cimetière (des catacombes qui se visitent). Et chose curieuse, le tout début de la voie est goudronné. C'est mieux, car ça monte fort .


Et puis la Via acquiert la configuration qu'elle aura jusqu'au reste du parcours : chaussée pavée, pour l'instant de petits pavés relativement récents, encadrée par des arbres et des murets, strictement rectiligne, et bordée tout du long des ruines antiques, à commencer par un mausolée transformé en château, Castrum Caetani


Et voilà la chaussée antique. En vélo c'est impossible! Heureusement les cyclistes ou piétons précédents ont en passant sur le côté aménagé des traces un peu mieux praticables. Mais tout est relatif..


Je ne citerai pas tous les monuments qui bordent la voie. je ne les ai sans doute même pas tous remarqués. Ce sont principalement des monuments funéraires, des constructions de brique typiquement romaines et de temps en temps des épitaphes, des fragments de statues ou de bas -reliefs. Et, tout du long, des pierres équarries et des bases de colonnes.


Bien entendu tout le pavage antique n'est pas conservé mais quand même c'est étonnant. On a l'impression de remonter le temps. Même si les beaux pins parasols et cyprès qui ornent la voie n'étaient sans doute pas là à l'époque romaine.

On voit très bien sur les pavés les traces de roues de chariots, romains ou médiévaux ? Entre les parties anciennes la voie est aussi revêtue de pavés, mais plus petits, et pas super confortables non plus, surtout quand les racines des arbres les soulèvent.

Bref c'est une belle expérience, mais en vélo pas une partie de plaisir. Je mets au moins deux heures pour faire 12km. La dernière partie est beaucoup moins restaurée, l'aspect est plus sauvage et la progression encore plus difficile.


Durant ce parcours j'ai rencontré, au tout début. un cycliste équipé "vintage", apparemment pour faire la promotion de la Via Appia. Il s'appelle Carmine et est né près de Sant'Agata de Goti, là où je vais wwoofer.

Ensuite j'échange quelques mots avec un marcheur pas du tout pèlerin mais sympathique, je croise un groupe de musique en train de répéter ou d'enregistrer, et retrouve plusieurs fois un randonneur étrange qui ne dit pas un mot et sourit tout le temps. Il a plus l'aspect d'un chemineau que d'un pèlerin (moderne). Mais les pèlerins anciens étaient sans doute un peu déguenillés..

J'arrive ainsi à un village appelé Santa Maria delle Mole. À l' entrée se trouve un point d'information sur la Via Francigena. je récupère un tampon sur ma crédentiale et un prospectus avec le tracé de la voie sud, assez éloignée des deux tracés vélo (EV5 et EV7). L'important est de rouler, de toute façon il n'y a plus guère d'hébergement pèlerin. L'itinéraire suit plus ou moins la via Appia. Le but pour les pèlerins était d'aller s'embarquer pour la Terre Sainte.

Je prends un café à 1€, on est loin de Rome déjà ! Je ne trouve pas de supermarché ni d'épicerie, et au moment où je sors du village il se met à pleuvoir, c'était pas prévu si tôt. Pour en rajouter, la route que je croyais petite est très très fréquentée.La bande latérale n'est à dire pas assez large, et mal entretenue, parfois le revêtement est tout bosselé et le bord n'est pas élagué, il faut faire très attention à ne pas se prendre des herbes ou des branches.

Le paysage n'a rien d'attrayant, beaucoup de zones industrielles. Mais la pluie s'arrête. Un peu plus rural vers la fin, comme ça je peux m'installer, à la nuit (un peu après 17h), au bord d'un champ.

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Averses


Il a plu cette nuit, et parfois très fort, avec du vent qui faisait se toucher la tente et le double toit, mais l'intérieur est resté sec, ouf!

Le jour est à peine levé qu'un bruit de moteur se fait entendre. C'est un engin agricole mais pas un tracteur, car le bruit ne change pas de direction. Parfois un claquement de branches qui tombent se fait entendre, mais pour un élagage le moteur est trop régulier...

Mais bien sûr! j'aurais dû le reconnaître plus tôt, c'est le vrombissement de la machine qui secoue les branches pour faire tomber les olives. Et effectivement une récolte est en cours, mais de l'autre côté de la route. C'est pas plus mal de se mettre dans une jeune plantation qui ne fructifie pas encore!


Il ne pleut plus, un vent modéré souffle et a commencé à sécher la tente. je n'attends pas plus pour partir, il est 8h25.


Le rythme change : c'est tout plat ! Et le vent ne me gêne pas et même me pousse parfois. C'est une région agricole : oliviers et kiwis (ici sous filets), des vignes, et des champs divers, en ce moment on ne voit pas trop ce qu'on y cultive. Je retrouve avec une certaine émotion l'atmosphère méditerranéenne, les routes bordées d'oliviers, de canisses, de figuiers de Barbarie, et... d'ordures.

Je vais m'approvisionner au "Conad" de Borgo Montello, seul supermarché sur la route. À la sortie, catastrophe, il pleut à verse. Le temps de ranger, ça semble se calmer mais une nouvelle averse survient, et ça va continuer comme ça une bonne partie de la journée.

Je voudrais bien manger un morceau, mais pas le moindre abri. C'est en arrivant à la mer que j'en trouve un. Des messieurs sont là ça ne va pas me faire renoncer, il n'y a pas le choix. Il y a une chaise et une seule, je m'y installe. Je finis par réaliser que cet abri est le rendez vous des pêcheurs, et que si ces messieurs sont là c'est qu'ils ont été interrompus dans leur pêche par la pluie. Nous échangeons quelques mots mais quand ils parlent entre eux je n'y comprends rien. On est dans le Sud...

Un pêcheur qui vient d'arriver me dit avoir croisé une femme en vélo exactement comme moi. Peu d'espoir que je la retrouve malheureusement.


La mer est houleuse, les vagues font de gros rouleaux d'écume 

.Je repars sous une pluie éparse. Le pont est interdit aux voitures, alors la route de l'autre côté est bien calme. À Lido di Latino qui doit être en été une station balnéaire surpeuplée, on ne rencontre pratiquement personne. Je crains le pire, mais ouf ! un café est ouvert. Un bel établissement très clair où il fait chaud et où il y a une table près d'une prise de courant. En plus du café lungo (1,20€), j'ai droit à un chocolat chaud offert par la maison. Bref ça réchauffe le cœur aussi.

Il est presque 16h quand je repars. Au moins il ne pleut plus. L'aspect du ciel est bizarre, clair vers l'intérieur des terres, sombre en face, et sur la mer on voit de la pluie. D'après le sens du vent ça ne risque rien, mais il vaut mieux aller vite, ce qui ne pose pas de problème, le vent d'ouest me pousse.


Du côté de la mer... On aperçoit une masse sombre à l'horizon. Visiblement c'est une île. D'après la carte il y a bien une île au large, du nom de Ponza...Mais grave erreur !! Elle est bien trop lointaine pour être aussi visible, ce qu'on voit, ce n'est pas une île mais un promontoire sur la côte, le mont Circeo près duquel je passerai demain.

Du côté de la terre, au delà d'une lagune les monts sont encore un peu ensoleillés, on aperçoit aussi (pas sur la photo) plusieurs villes. La montagne est plus habitée que la plaine.

Et au-dessus de la mer le soleil fait une pâle apparition, juste au-dessus de l'horizon.


J'hésite un peu à me mettre sur la plage, mais elle n'est pas très hospitalière, pas à l'abri du vent ni des regards, alors je continue en direction de Borgo Grappa, c'était l'étape envisagée sur mon planning d'ailleurs.

La route longe une voie d'eau, on passe un petit port de pêche.



Mais de coin où planter une tente, point. Je ne trouverai que dans le village, près de l'église, c'est plat mais ce n'est pas une très bonne place, les gens s'arrêtent au parking à côté, font courir leurs chiens ou téléphonent, on entend la circulation sur la route... Et j'ai un lampadaire juste au dessus !!

Mais j'ai bien fait de ne pas aller plus loin car il se remet à pleuvoir !

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Beau temps, un peu nuageux


Ce n'est pas très agréable de se réveiller de nuit dans la lumière électrique, mais à vrai dire je n'ai pas plus mal dormi que d'habitude. Il a encore plu le soir, moins qu'hier mais le vent manque pour sécher la tente, elle est bien trempée.


Au moment où j'émerge après le petit déjeuner je me trouve nez à nez avec une religieuse, toute petite, en train de balayer, mais c'est plutôt elle qui a l'air surprise. Je lui explique tout, elle ne me fait évidemment aucun reproche mais tente de me convaincre de l'existence et de la bonté de Dieu, et m'invite à venir prier avec elle dans l'église. Je ne vais pas refuser, je vais finir par connaître les prières en italien. J'ai juste quelques scrupules à faire le signe de croix mais ne peux y échapper. Elle s'appelle sœur Antonella.

C'est une petite église toute simple, ça change de celles de Rome. Et sa prière a dû fonctionner, parce que je recevrai une réponse pour une demande d'hébergement dans un monastère, c'est à Fondi, à plus de 60km, j'espère ne pas arriver trop tard...

Pour l'instant je reprends le chemin d'hier le long du canal pour rejoindre le bord de mer.

En bord de mer c'est fort joli.


Maintenant, en principe, il faut suivre la côte. Mais où est le chemin ? Un sentier dans la dune, puis un muret, puis un sentier plus large, mais très sableux... Je ne m'y risque pas, retour à Borgo Grappa et à la circulation automobile.

Mais je vais rapidement tourner sur une petite route, à la suite d'un peloton de cyclotouristes, et retrouver la mer. La chaussée est asphaltée et roule bien, il faut seulement éviter de passer sur les langues de sable que le vent a amené. Belles vues sur la mer et les dunes, et sur le mont Circeo, ma fausse île d'hier.Malgré tout elle aurait été une île à une époque, celle de la magicienne Circé, qui avait changé les compagnons d'Ulysse en pourceaux.


On circule sur une étroite bande de terre: de l'autre côté s'étendent des lagunes, au delà desquelles on voit toujours des montagnes.


La mer n'est pas bleu foncé mais a une plus belle couleur qu'hier, les vagues sont toujours fortes. Je m'arrête dans un bistrot restaurant en bord de mer. À cette heure on ne sert qu'au bar mais le patron me laisse m'installer à l'intérieur.


Ce mont Circeo a par sa massivité quelque chose d'effrayant quand on s'en approche. Il tombe à pic dans la mer, la route le contourne donc par l'intérieur des terres.

L'ambiance change complètement, sous la montagne et entre les chênes verts.


Et on passe de l'autre côté, traversant San Felice Circeo, un gros bourg qui fait station balnéaire chic. La route longe toujours la mer mais est plus fréquentée, surtout quand on rejoint la nationale venant de Rome. Mais ensuite une longue promenade doublée d'une belle piste cyclable longe la large plage de sable doré. Les bancs sont propices à la pause, les barrières au séchage de la tente.



Parfois le vent manque pour cette opération. Ce n'est pas le cas ici. Je n'ose même pas m'asseoir tranquillement, les toiles se gonflent de façon effrayante. C'est vite sec!


Au bout de cette promenade la ville de Terracina s'étend sous de hauts rochers calcaires. Sur la hauteur on aperçoit un temple romain. Je me rends compte que je dois retourner en arrière pour visiter la ville ancienne..et ça monte fort.


La place traversée par la via Appia (et la via Francigena) est déserte. Tous les cafés et restaurants sont fermés. Elle est entourée de constructions antiques, les restes du forum d'Emilien, de portes et tours médiévales. La belle cathédrale avec son portique à colonnes est du 12è,-13è. Ses lions à la base des colonnes sont bien abîmés.



L'hôtel de ville est moderne et bien que construit dans le style, avec des colonnes, dépare néanmoins un peu. Mais d'en haut la vue est superbe.


La ville ancienne se prolonge par des rues étroites qui resteraient à explorer mais je ne peux pas m'attarder j'ai encore de la route.

Sortie de la ville dans la circulation, sous le piton rocheux.


La route longe la mer et est très belle. Au sud la côte apparaît très montagneuse. Les sommets sont blancs mais en y regardant mieux c'est de la roche, pas de la neige. Impossible de s'arrêter pour admirer ou photographier, ça circule trop. Et puis le soir tombe.

La route entre à l'intérieur des terres mais est juste à la limite entre les monts et une plaine côtière. Monte San Biaggio comme son nom l'indique est sur la hauteur. Heureusement je n'ai pas besoin d'y monter.


Là ma route bifurque, heureusement car est bientôt 17h et il fait tout à fait nuit. Il reste 5km, plutôt tranquilles, en direction du monastère de San Magno où on accueille les pèlerins.

Après une belle montée je trouve porte close... Je me suis trompée d'entrée, dans la nuit je n'avais pas vu la grille ouverte. Je rencontre une jeune femme avec un petit garçon qui me montre les lieux mais ne peux pas m'aider à monter mon vélo car elle vient de se faire opérer de la hanche... Et il y a des marches, beaucoup de marches... Elle tamponne ma crédentiale. La deuxième page est remplie.



L'hébergement, dans un bâtiment ancien, est très beau et impeccable.

Je trouve du riz et me fais un risotto aux légumes, à vrai dire pas tout à fait dans les règles de l'art, mais c'est excellent.


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Pluie et nuages


La météo indiquait "pluie faible" mais ce qui tombe ce matin ne peut pas vraiment être qualifié de "faible". Je n'ai pas une grande distance aujourd'hui alors pas de hâte ! Un premier faux départ, reporté par un dernier déluge. Départ définitif= 11h.


auMerci San Magno

J'enfile tout l'équipement de pluie, mais pour rien en fait, j'arrive à Fondi sans pluie. Mais sur la route stagne beaucoup d'eau...des flaques ,voire des mares.

C'est un parcours intéressant pour qui aime la rapine. Car dans cette zone agricole ou plutôt arboricole, ce qu'on cultive ce sont... les agrumes. Pour les oranges et citrons c'est un peu tôt mais les clémentines sont à point. En réalité je me contente de ramasser deux clémentines tombées à terre, et regretterai de ne pas en avoir pris plus car elles s'avéreront excellentes.

Le ciel est très très noir derrière moi, ça n'a pas l'air d'être du côté du vent mais c'est inquiétant quand même. Donc j'arrive à Forni sans la pluie. Une ville bien animée et d'allure banale.


Ce matin j'étais un peu inquiète à cause de mes freins qui ne fonctionnaient plus beaucoup, surtout mouillés, et voilà que je passe devant un magasin de vélos, le gars me propose 20€ pour changer les freins, ce n'est peut être pas particulièrement donné mais ça sera fait. Une vingtaine de minutes, le temps d'aller au bistrot et d'envoyer mes photos sur WhatsApp.

J'en profite pour lui demander conseil sur la route à suivre, il y a trois possibilités, une voie dans les montagnes sans doute un peu dure, la Via Appia qui est la via Francigena mais le trafic y est paraît il énorme. Le vélociste me propose la côte, qui serait moins fréquentée et plus intéressante.

Au moment où je quitte la ville de gros nuages noirs sont tout proches, je suis sûre que je vais prendre une douche. Je continue quand même, comme je traverse des zones industrielles il y a possibilité d'abri.

Ce n'est quand même pas une petite route de campagne, ça circule.. et par ailleurs j'ai le vent plus ou moins en face. Mais ce qui est rassurant c'est qu'en face c'est plutôt clair, et effectivement il ne repleuvra pas de la journée. J' y aurai échappé...

À l'approche de Sperlonga je ne suis pas fâchée de quitter la route pour suivre des voies campagnardes, à travers de jardins. En rejoignant la véloroute, dans un virage brusque, je manque la collision avec deux cyclistes, et ce sont des Françaises, Émeline et Zaza. Elles sont bretonnes et sont parties de Lille début août pour un tour de l'Europe. Sont passés par le Monténégro et l'Albanie et ont pris le bateau pour Bari. Elles sont en route vers Rome.

La plage est encore de sable, avec cabines bleues et blanches. Joli mais trop venteux pour y rester. Vue sur la pointe de Terracina d'un côté, celle de Gaëta de l'autre.


Pour casser la croûte je m'installe dans un café fermé à l'abri du vent, avec un peu d'inquiétude devant cette ville perchée. Va t'il falloir y monter ? Eh oui! C'est soit un raidillon soit un long lacet... J'opte pour la deuxième solution, je n'aime pas pousser... En haut la vue est étendue.


D'en bas et d'en haut

Mais après la descente, une autre épreuve est au programme, au moins trois tunnels à passer. Le premier de 375m, le dernier de 500m, deux moins longs entre les deux. Ma lampe frontale éclaire bien, pas de terreur liée à l'obscurité. Ce qui fait peur, c'est le bruit amplifié des moteurs, et puis les véhicules qui passent près, il n'y a pas de bande de dégagement. Grand soulagement quand c'est passé.

Entre les tunnels la route est très belle, en corniche au-dessus de la mer écumante, avec, quand on peut s'arrêter, de beaux points de vue, sur les caps voisins, généralement surmontés de tours de guet.


Et puis on s'approche de Gaëta, en montant évidemment. Sur le rocher il n'y a que le château, la ville s'étend en dessous (env 20 000 habitants), bordée aussi de belles plages. Trop de reliefs, la nuit qui tombe, je n'aurai pas vu grand-chose de cette ville probablement intéressante.

Ce n'est plus si loin jusqu'à Formia où j'ai un hébergement. Qui s'avère pas formidable. C'était indiqué comme logement pour pèlerins mais rien à voir avec une structure religieuse, c'est un club de windsurf qui met une chambre à disposition, trois lits serrés dans une pièce peu avenante, salle de bain et cuisine à partager.C'est en dehors de la ville et à côté de la route. Au Supermarché discount à côté, on ne trouve pas tout. Je mange bien quand même, gnocchis courgettes avec mozzarella de buffala (bufflonne) qui est une spécialité du coin.

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Temps nuageux et chaud (env.20°)


J'avais pris mon duvet pour dormir et dans la nuit j'ai eu trop chaud, hésitant à ouvrir la fenêtre... à cause des moustiques. Départ un peu après 9h. Les dix premiers kilomètres ne sont pas intéressants, que ce soit en bord de mer ou dans la ville, c'est partout encombré de véhicules.

Vue sur le port de Formia.


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C'est après Gianola et avant Marina di Minturno que l'on peut enfin prendre une rue calme puis rouler ensuite au bord d'une très longue plage.


Je prends un café, pour une fois à la terrasse, dans le bruit des vagues et l'odeur de la mer . Et je continue, sur une belle piste cyclable


La plage est fermée par un petit cap où la mer mousse.

Dans une anfractuosité de rocher est caché un petit oratoire, où apparemment on demande beaucoup à la Vierge.

Après avoir contourné assez largement ce cap (pas de montée abrupte), le chemin suit la côte mais dans une zone de jardins terrains de loisirs et campings (tous bien fermés). Et puis on butte sur un fleuve, le Garigliano, un nom qui me dit quelque chose : une bataille en 1944, et un pont de Paris. À l'embouchure, des pêcheurs jettent leur ligne.


Et c'est là que je dis adieu la Mer Tyrrhénienne, car c'est ainsi qu'on nomme cette partie de la Méditerranée. Et je vais quitter le Latium pour la Campanie car le Garigiano constitue la frontière entre les deux régions. Et retrouver la circulation sur la Via Appia automobile.

Il faudra patienter un peu avant de pouvoir prendre une route un peu moins importante en direction de Sessa Aurunca. Mais voilà qu'un cycliste arrive derrière moi. Sacoches Ortlieb... un voyageur! Qui parle français et n'est pas du style pressé, il ralentit et fait route avec moi; Il s'appelle Gilles, est Suisse francophone de la région de Berne et est parti le 15 octobre, il se dirige vers la Sicile. Ça monte vers Sessa Aurunca mais je m'en aperçois à peine, absorbée par la conversation. Bref encore un Suisse formidable ! Nous nous quittons à l'entrée de la ville, il continue vers Capua, je repartirai aussi dans cette direction mais avant ça je voudrais visiter un peu les lieux.

C'était une bonne idée, c'est une ville fascinante. Là j'y suis, pas de doute, me voici le Mezzogiorno, le Sud, la splendeur et le délabrement. On entre dans la ville ancienne par la porta dei Cappuccini, datant du 15e


Plus exactement on en sort. À l'heure où j'arrive (midi ?) une file ininterrompue de voitures passe cette porte venant de la rue centrale qui est à sens unique. Quelques instants plus tard il n' y a plus personne et je monte tout droit sur les pavés en poussant le vélo, manquant d'élan pour monter dessus.

Je mange un morceau sur un banc, près d'un bâtiment ancien qui est un établissement scolaire.


La poubelle à côté déborde, des détritus traînent un peu partout dans la ville.. le Sud...

Juste après, une via W A Mozart... Ce jeune homme illustre s'est arrêté ici!



On admirera le mur lépreux... Comme la majorité des murs de la ville.

Par contre cette jolie église (San Carlo) est resplendissante.Les statues naïves aux couleurs vives, une descente de croix et un San Rocco sont assez kitsch mais touchantes.


Pour aller de là vers la cathédrale le plus court chemin n'est pas le plus simple, c'est un labyrinthe d'étroites ruelles, si étroites que les automobiles ne passent pas.

Dans ces ruelles sombres et sales, les maisons sont à moitié en ruines mais certaines d'entre elles sont de magnifiques palais, quelques uns restaurés.

Je ne sais par quel miracle je finis par atteindre la place de la cathédrale, déserte comme il se doit. La cathédrale, magnifique date du 11è siècle, son portique porte de belles sculptures d'époque (sans doute un peu restaurées) dont beaucoup de lions. L'intérieur est impressionnant, hautes colonnades. un autel baroque, un beau pavement de marbre, une chaire étonnante portée par des lions. La grille est fermée à mon arrivée mais une dame vient m'ouvrir. Elle essaie sans succès de me vendre des livres sur la cathédrale.


En retournant sur la partie un peu plus moderne de la ville j'aperçois d'autres coupoles cachant sans doute d'autres trésors, et un château massif, mais je ne peux plus trop traîner r si je veux arriver au monastère de Teano avant la nuit. Au téléphone je suis tombée sur une religieuse française qui a accepté de m'accueillir bien qu'ils soient normalement fermés en ce moment.

Statue d'Hercule et le château

À la sortie de la ville. par où je suis entrée, porte et place des Cappuccini. Il est presque 16h.


Il me faut encore reprendre la grand route, mais seulement jusqu'à Cascano. De là la petite route dans la montagne et la forêt est calme et jolie à la lumière du soleil qui décline. On a une vue étendue et un peu brouillée sur le plaine au sud.


Après avoir beaucoup monté et une belle descente virageuse, Teano apparaît... sur une hauteur bien sûr ! Nouvelle côte.pour y arriver. Le monastère est en plein milieu de la ville, on ne devrait pas pouvoir le rater. Le problème est de trouver par où y entrer, et ce sans monter d'escalier.

Je pousse mon vélo sur une rampe avec des marches peu hautes, trouve un porche sombre mais il faudra longtemps avant de voir arriver la sœur Marie Cécile, française et plus particulièrement martiniquaise, qui va m'installer dans une vaste chambre où il ne fait pas bien chaud.

Une cuisine est à côté, mais la sœur va m'apporter le repas, filets de daurade, grand plat de légumes et clémentines de leurs arbres. Très bon. Ensuite je descends discuter un peu avec les occupantes des lieux... Qui ne sont que deux. La sœur Giovanina est un peu plus âgée. Elles hébergent les pèlerins depuis deux ans seulement mais n'aiment pas trop quand ils arrivent à l'improviste.

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Gris, averses


Il a certainement fait bien plus froid entre les murs épais de ce couvent qu' à l'extérieur. Mais avec une grosse couverture, pas de problème.

Les cloches sonnent mais je ne vais pas à la messe, je n'ai pas encore pris mon petit déjeuner, et quand la sœur Marie Cécile vient me voir vers 9h, je ne suis pas encore prête mais rien ne presse : il pleut. Elle m'a amené des petits gâteaux et des clémentines pour le voyage. Elle me fait visiter l'église, qui date du 15è mais a subi des transformations. Elle a été entièrement rénovée il y a quelques années. Pour l'instant toutes les églises que j'ai vues dans le coin sont rutilantes à l'intérieur...



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Avec la bataille qui a fait rage dans la région en 1944 (Mont Cassin) la ville a subi beaucoup de destructions mais cette église a été préservée. La sœur me parle des exactions commises par les soldats de l'armée française et des viols massifs qui ont été commis, les gens d'ici n'ont pas oublié et elle en a honte d'être française. Le haut commandement a laissé faire, voire encouragé. Les rues du Maréchal Juin sont à débaptiser et ce genre d'épisode ne devrait pas être occulté dans les manuels d'histoire...

En tout cas je n'oublierai pas cette étape et l'accueil que j'ai reçu. Adieu le monastère (au fait la Santa Caterina est celle d'Alexandrie).


Bien sûr il faut pousser un peu le vélo dans des ruelles tortueuses, jusqu'à arriver à la place (petite) où aujourd'hui a lieu le marché.

Derrière, une autre église, puis un peu plus loin encore une autre, San Francesco.


Il n'y a plus qu'à descendre vers la campagne. À la sortie la route est plutôt tranquille, mais malheureusement, après être passée sous le TGV et au-dessus de l'autoroute elle rejoint la nationale. Heureusement pour l'instant il ne pleut pas.



Un château apparaît au bord de la route, en face un café restaurant a l'air sympathique alors je m'y arrête un moment. On y fait la cuisine, ça sent bon, c'est le genre d'endroit où j'aurais plaisir à manger mais il n'est que 11h. Ils vendent des gros beignets en couronne qui m'attirent. Et effectivement ils sont très bons, pas trop gras, juste ce qu'il faut de sucre et de fleur d'oranger. Je demande le nom, "guanto caleno", c'est une spécialité locale.

Un peu plus loin j'ai la possibilité de quitter la route principale. Était ce une affaire? Je ne sais, car là où je passe les villages sont à touche touche et le trafic est important. Et la route est signalée avec des trous (buche) je dirais avec des bosses aussi, en tout cas pas confortable.

De temps en temps tombent trois gouttes, il ne pleut guère plus, sauf quand soudain une brusque (et forte) averse se déclenche. Heureusement on est en ville, je m'engouffre dans un supermarché. Le temps que ça finisse de tomber, ça ne dure pas et ne recommencera pas, je suis un peu mouillée mais ça va sécher.

L'environnement, au moins du côté nord, est assez montagneux. Des montagnes plutôt dénudées. Et puis on voit, juste en face, un mont pointu très régulier. Serait-ce le Vésuve ? C'est la direction en tout cas.

La route ne s'améliore pas. Toute la dernière partie se déroule dans une zone urbanisée en continu. J'aime autant ça qu'une grande route où ça fonce, le problème c'est l'état de la chaussée, qui devient carrément infernal dans la traversée de Santa Maria Capua Vetere où plusieurs kilomètres sont revêtus de pavés, ces grands pavés rectangulaires italiens, particulièrement cahotants. Et voilà Caserta et de grands bâtiments imposants. Celui-ci serait le palais royal, du 18è.

J'ai réservé par internet en chambre d'hôtes. Comme souvent, personne n'est là pour vous accueillir, on s'installe seul après avoir pris la clef dans une boîte à clefs. Du coup je ne demande rien pour le vélo, je l'installerai sous l'escalier. Heureusement qu'il y a du monde car je n'arrive pas à ouvrir la grille d'entrée. Ce sont de jeunes étudiantes iraniennes, en train de se faire à manger dans une cuisine minuscule où il n'y a même pas une table.

Elles me disent qu'en farsi bonjour se dit salam, et merci...eh bien ils disent "merci". Facile à retenir. Elles prennent demain l'avion pour aller visiter Paris.

Quant à moi, un peu de repos ne fait pas de mal. Ensuite je sors faire un petit tour et faire des courses. La ville est un quadrillage de rues, elle est donc relativement récente. Relativement. on peut voir des palais anciens et de grandes portes.

Dans une petite église, Maria Santissima Immacolata, se déroule un culte qui ne me semble ni catholique ni orthodoxe. Il y a des inscriptions en cyrillique, c'est une église ukrainienne.


26

Beau temps


Le ciel est bleu, je n'en profite que tardivement puisque je me suis levée à 8h30 et ne sors qu'à 10h passées.

En face de mon logement j'admire une villa très chic, et puis direction le Palais Royal (Reggia di Caserta). En réalité je ne suis pas spécialement passionnée par l'étalage de luxe de ce genre de bâtiment, c'est plutôt les jardins qui m'intéressent, mais autant tout voir...


Belle villa et murs qui en ont vu de toutes les couleurs

Dans les rues les promeneurs du dimanche sont déjà nombreux, les terrasses se remplissent déjà, et Il y a du monde sur l'esplanade du palais. Les gens entrent par trois entrées gardées par des policiers. Bonne nouvelle, aujourd'hui c'est gratuit (parce qu'on est le premier dimanche du mois), mais il faut prendre un billet et faire la queue à la billetterie. Mais à l'entrée je suis refoulée, "troppo presto": mon billet est pour...12h45 et il est maintenant 11h15.

Entre temps je retourne à l'appart, un peu de temps perdu mais j'aime bien observer les passants. Ils sont très détendus, comme heureux de flâner. Certains ont mis leurs habits du dimanche, beaucoup ont endimanché leurs enfants, c'est sympathique, et moins frimeur qu'à Rome.

J'aime bien le Corso Trieste, la rue centrale bordée d'arbres inconnus aux feuilles laciniées (= très découpés). Il s'agit de Grevillea robusta, grévillier, un arbre originaire d'Australie.



Maintenant ce n'est plus l'heure de l'apéro mais du repas. Pour moi ce sera frugal, une part de pizza que je prends à la terrasse d'un bistrot, juste en face du palais.

Pour entrer dans le palais. on traverse la cour par un vestibule qui mène au milieu du bâtiment, à une entrée grandiose et un escalier monumental, marbres, colonnes, sculptures, fresques...



C'est Charles III de Bourbon qui a fait construire ce Versailles à lui, où a œuvré un architecte appelé Vanvitelli. Ce Bourbon venait d'Espagne, du temps où le sud de l'Italie était sous domination espagnole, il est d'ailleurs ensuite devenu roi d'Espagne après avoir abdiqué de son trône de "roi des deux Siciles"(Naples et la Sicile) en faveur de son fils Ferdinand IV.

Pour en terminer avec l'histoire, un autre est passé par là, c'est Bonaparte qui a viré Ferdinand et instauré roi de Naples le maréchal Murat, par ailleurs marié à sa sœur Caroline. Ils auront leurs appartements au château.

Ces démonstrations de richesses c'est plutôt horrible, mais dans le détail on découvre des merveilles, et il faut rendre hommage aux artistes.


Après les pièces d'usage gouvernemental et d'apparat on passe aux appartements particuliers, luxueux mais pas douillets.


Avec un berceau pareil les petits princes devaient faire des cauchemars... La salle de bain, pas si mal si elle est bien chauffée...

Et voilà les appartements des Murat - Bonaparte. La femme sur le tableau ce n'est pas Caroline, mais Laetitia la mère de Napoléon.

Je suis en admiration devant les lustres de verre de Murano. Un peu kitsch quand même.

Et dans les peintures il y en a des jolies, pas toujours faciles à voir.

La bibliothèque est bien fournie. Beaucoup de livres sont en français.

Les portraits de famille avec les petits princes (charmants?)


Mais le clou de la visite c'est une extraordinaire crèche (spécialité napolitaine) du 18è. (les photos rendent mal hélas)

Le petit Jésus est quand même quelque part dans un coin


Sortie à 14h, j'ai encore l'après midi pour visiter les jardins, mais c'est immense. Du château part une très longue allée (presque 3km), toute droite, en direction d'une grande cascade, passant par des bassins et des fontaines.


Peu d'ornementation végétale dans ce parc (à moins qu'en été il y ait des fleurs ???), juste des statues à thème mythologique.


Je sais qu'il y a aussi un jardin anglais avec des arbres remarquables mais n'arrive pas à le situer et pars dans la direction opposée, un bois sombre avec un pavillon édifié pour les vacances de la famille royale. À côté d'énormes magnolias, et des araucarias.


Je récupère l'allée centrale, admirant au passage les statues aux beaux visages, les énormes carpes qui s'ébattent dans les bassins, et leurs homologues en pierre qui crachent des torrents d'eau.


Je m'approche du but, le jardin anglais, et la cascade qu'on voit mieux ...


Mais voilà ... deux voitures de gardiens barrent le chemin, stop on ferme et on ne va pas plus loin. Il y a de quoi enrager... Et de se maudire pour la mauvaise organisation... mais qu'y faire ? Retour en arrière...C'est vrai qu'on voit le jour tomber...

Encore un petit tour, dans les endroits du centre ville où je n'étais pas allée.

Décorations de Noël (sans excès) et la cathédrale

Les Iraniennes reçoivent, elles ne sont pas toutes parties. C'est un peu bruyant, et pas facile de se mouvoir dans la petite cuisine. Mais pour dormir ça sera calme.

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Beau, puis nuageux


Ciel bleu ce matin, essayons de ne pas traîner, ça doit se gâter dans la journée. Départ 9h50 quand même.

Je prends un itinéraire qui longe le parc du château, au cas où il y aurait une possibilité d'entrer dans le jardin anglais par là. Il y a bien une entrée du parc de ce côté, mais c'est bien avant, et il faut payer 11€ par internet pour entrer, j'y renonce. Soit dit en passant, c'était intéressant la gratuité...

Le jardin anglais est entouré de murs, on n'en voit absolument rien.


Cet itinéraire me fait passer dans des jolis coins, vieux quartiers ou petits villages. À Puccianello la petite église de Santa Andrea Apostolo est ouverte.

Les statues de saints ne sont pas anciennes mais du style populaire local, très coloré. Difficile d'identifier le saint en tenue d'évêque. Pour la sainte, j'ai trouvé, c'est Sainte Lucie qui, selon une légende, pour se débarrasser de son fiancé qui l'aimait pour ses beaux yeux se les aurait arrachés et les lui aurait apportés sur un plateau.

Je me dirige maintenant vers Casertavecchia, un village qu'on aperçoit très très haut, mais je ne peux plus reculer.

Toutefois c'est dans l'agglomération que ça monte le plus. Ensuite la route fait un grand détour, ce qui est bien car la pente n'est pas excessive, mais régulière. Et c'est une belle route panoramique, bordée d'oliveraies dans sa partie basse. La plaine, très urbanisée, s'étend en dessous, on reconnaît Caserta avec le palais royal. La montagne est entaillée ça et là, carrières pour la construction du palais ? Au loin un mont isolé ne peut être que le Vésuve, et à l'horizon la mer brille, on y voit une île, Ischia, Capri, péninsule de Sorrente? Je n'avance rien...

Au pied du château de Casertavecchia les deux restaurants sont fermés. Pas de café mais une place horizontale pour mon vélo, je monte à pied. Oui très médiéval ce village, il a l'air touristique mais en cette saison c'est calme... Il y a quand même un groupe d'enfants.


La cathédrale est fort ancienne (12è), remarquable et...ouverte. intérieur sobre, un peu sinistre. sans doute à cause de la couleur grise de la pierre. Elle est dédiée à Saint Michel Archange. La chaire carrée ressemble étrangement à celle de Sessa Aurunca, mais sans les lions.

Et puis il y a la crèche.


Tour rapide dans le village, il fait froid.

La route qui passe sur l'autre versant est annoncée barrée, circulation interdite (mais sauf aux véhicules de secours...), pour frana, glissement de terrain. Je m'y risque quand même, assez vite tranquillisée en voyant passer quelques voitures, dans les deux sens. Il y a juste un endroit où la chaussée est très très déformée. Et c'est une route encore plus belle que la précédente, car là on est dans les montagnes et on surplombe la plaine, sur des pentes calcaires dénudées ou boisées de pins.


Mais on redescend vers les villages, Castelmorrone où je manque la photo du château fort et du clocher roman, puis Limatola où ça descend fort raide (10%) et où c'est la fête foraine à côté du château.

Mais on retrouve des routes fréquentées, les villages sont tristounets et surtout désertés, presque tous les commerces sont fermés, sans doute aussi parce que c'est le milieu de journée. Je manque de patience et j'entre dans le premier bistrot, où je suis obligée de prendre un tramezzino encore pas bon, parce que je n'ai pas trouvé de pain en route.


Vers Dugena c'est plus calme, avec des montagnes à tous les horizons. Je passe devant la gare, sur un pont puis une route toute droite.

Mais devant s'élève une colline et en effet ça se met à monter. Je me fie à l'adresse que m'a envoyée Ciro, c'est encore une route qui monte et où je dois pousser... Mais aucune maison ne porte le n° 25. Heureusement j'ai le téléphone de son père Tonino qui est à la maison. Ce n'est pas du tout là. je dois tout redescendre, et prendre (avec Tonino qui m'a rejoint) un petit chemin (joli ) pour trouver la maison, un peu à l'écart.

Le logement wwoofer est tout à fait bien. Lit superposé, salle de bain. Il manque juste une table mais il y a un poêle à bois.

Je vais prendre un café avec Tonino et sa femme Maria. Ils ont 78 et 77 ans. Tonino était tapissier à Naples mais il en avait marre de la ville et est devenu paysan.

Ciro arrive peu après. Il rentre de Suisse où vivent ses deux petits garçons.

Il a fait du riz avec des choux, c'était bon. Demain, p'tit dej à 8h.

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Déluge


Oui vraiment ça tombe bien que je sois arrivée hier, ce n'est pas un jour à être sur un vélo, même pour les cyclistes les plus courageux !

Je m'étais équipée pour travailler au jardin, j'avais même trouvé sur place une paire de chaussures adéquates mais Ciro part seul récolter ses légumes sous la pluie. Pendant ce temps dans la cuisine je conditionne les pâtes de sa fabrication en 20 paquets de 1kg, et ensuite je fais un peu de rangement et balayage dans sa remise, puis dans l'atelier où il fait son pain.

Lors d'une brève accalmie. je prends quelques photos.



On mange chez ses parents, une soupe aux pâtes et chou-fleur, bon mais plat unique. Petite sieste pendant que tombent des trombes d'eau.

Ensuite c'est la fabrication de la pâte à pain. Dans le pot, c'est le levain (pasta madre).

C'est moi qui fais à manger, épinards cueillis ce matin et pommes de terre sautées.

Le soir cuisson du pain. À 19h30 allumage du four


Ce qui brûle si fort et suffira pour chauffer le four, ce sont trois fagots de rameaux d'olivier.

En fait cela a pris un peu plus de temps, il faudra attendre 21h30 pour que les pains soient enfournés, et 22h30 pour la sortie du four.

En attendant j'ai fait un feu d'enfer moi aussi.


Et voilà la fournée


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Nuageux

Aujourd'hui Ciro part à Naples vendre ses produits avec une camionnette rouge style combi VW. Je vois qu'il emporte quantité de cageots avec des choix de produits à l'intérieur, ce ne sont pas vraiment des "paniers" au sens AMAP, car ils ne sont absolument pas identiques, plutôt des commandes au choix. Quel boulot, et apparemment il fait ça tout seul. Et n'oublions pas les pains, cuits hier soir !

Je vais aider Tonino à cueillir des citrons que je répartis ensuite en paquets de 500g et un kilo, cinq de chaque c'est vite fait. Mais mon occupation principale sera de ranger et nettoyer le "Forno". cad la pièce où on fait le pain. Ça me prendra un moment parce que je fais les recoins.



Ça a l'air rangé et propre sur la photo mais c'est pas encore vraiment ça. Après ça " j' aide" (je ne fais pas grand chose) Tonino qui va "au moulin" porter des sacs de grains, à tamiser dans une machine, puis à moudre dans une autre.


Et puis Tonino va préparer le repas. Le soleil brille, je vais faire un petit tour, je n'ai encore pas vu les cultures.


Les poules sous un bibassier en fleurs ("néflier du Japon")...et sous mes fenêtres. La remise. Vue d'en haut.

Brocolis et autres choux, salades, fenouil... Et puis la vigne aux belles couleurs.


On mange des lentilles+spaghettis, ça me rappelle l'Espagne où on mélangeait aussi les deux ingrédients. Je préfère les lentilles seules... Mais c'est mieux que les spaghettis seuls.

Pas de sieste aujourd'hui, je profite du rayon de soleil pour aller visiter Sant' Agata qui est à 5-6km. Malheureusement le ciel va se couvrir. Ciro m'a dit que ça montait juste un peu à la fin... En réalité c'est loin d'être plat, et comme d'habitude, la ville est bien perchée.




Heureusement, encore une fois, que la route fait des détours pour y monter.

La ville ancienne est sur une crête et tout en longueur. Comme d'habitude c'est un mélange de bâtiments décrépis ou refaits à neuf. Les grandes portes voûtées sont partout, les rues étroites et certaines ruelles (vicolis ou vicoletti) font moins d' un mètre de large. Il y a des églises tous les 50m (13 en fait ) pas de commerces et presque personne dans les rues, mais tout de même des voitures passent pour vous déranger régulièrement.

Un beau palais (bâtiments administratifs) et en face, ce qu'il reste du cinéma.


Une surprise, à une entrée d'église...Garage pour le curé ?


Et puis en se promenant dans la ville on ne saurait ignorer la visite qu'y a faite un enfant du pays, Bill de Blasio, à l'époque où il était maire de New York... Enfin c'est son arrière grand père maternel qui est né ici. Ce démocrate est plutôt sympathique au demeurant. Au bout, un petit jardin et un vaste panorama.


Et retour à l'entrée de la ville par un itinéraire pittoresque.

Du côté sud. un viaduc permet d'éviter une autre descente-montée. Et ainsi d'admirer la cité sur sa plus belle face.


Un cappuccino à 1,50€ dans un bistrot populaire près d'enfants turbulents, une vaine recherche de supermarché, ils sont tous fermés ou n'ont rien, et retour à la tombée de la nuit.

Ciro n'est pas rentré, je mange chez ses parents, ils ont des épinards mais m'ont fait des poivrons pour ne pas me faire remanger le plat de la veille, c'est gentil (et bon), et regardent un jeu de lettres télévisé, tout à fait du même style de ce qu'on voit à l' ouest des Alpes.

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Beau temps


J'aurais bien dormi si les chiens n'avaient pas donné un concert d'aboiements au milieu de la nuit. Le coq, je l'entends vers les 5h du matin mais il ne m'empêche pas de dormir, me bercerait plutôt. Du coup j'ai un peu de mal à me lever et ne suis pas en avance.

Ce matin un soleil magnifique et il fait frisquet. Quand Ciro me dit qu'aujourd'hui on fait les gâteaux secs pour Noël, je suis un peu déçu de ne pas travailler dehors le seul jour de la semaine où il fait beau .. mais il faut faire ce qu'il y a à faire.

Les premiers gâteaux que nous confectionnons s'appellent roccoco (di Natale), c'est une spécialité napolitaine. 500g d'amandes, 500g de noisettes grossièrement hachées, 1kg de farine, 950g de sucre roux, levure chimique et épices (cannelle, noix de muscade, clous de girofle) et pour tout liquide 400ml de jus d'orange avec la pulpe. Les oranges on les cueille dans les arbres à côté bien sûr.

De la pâte, pas très facile à manipuler, nous faisons des anneaux. Cuisson en trois fournées, 20 minutes à 180°.

Et puis nous nous attaquons à une deuxième sorte de biscuits. Également avec des amandes et noisettes, 500g de chaque, mais hachées plus finement (au hachoir à manivelle), avec quelques zestes d'orange. 1kg de farine mais seulement 500g de sucre (pas sûre), 50g de cacao et toujours la levure et les épices.

Ciro étale la pâte et la découpe en rectangles. Mon travail sera d'étaler au pinceau un glaçage de chocolat sur toutes les faces, ça me prendra l'après-midi.


Enfin je fais quand même une petite pause après le repas de midi, qui consiste encore en un mélange qu'on ne ferait pas en France, riz et pommes de terre...

Mais pendant ma sieste je suis réveillée par le téléphone. C'est Albert, un prêtre d'origine congolaise qui est sur le réseau cycliste Warmshowers, à qui j'avais demandé l'hospitalité mais qui avait vu mon message trop tard, il tenait à me rendre visite. Comme le monde est petit il connaissait Ciro. Il est très sympathique, et puis comme on marche un peu dehors en discutant ça me permet de profiter du paysage. Un mont vers le nord-est est tout enneigé.


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Plutôt beau, voilé l'après midi

Frisquet ce matin, les voitures sont givrées.

Giro fait cuire le pain dont il a préparé la pâte hier soir, mais aujourd'hui dans le four électrique de sa cuisinière. Je me suis toujours demandée si ça changeait quelque chose au goût.. Il me dit qu'il fait encore trop froid pour travailler au jardin, me demande de ranger la cuisine et le four, mais quand j' ai fini je ne le retrouve pas. Il est parti à Naples et je travaille avec Tonino... et encore pas au maraîchage.

Je lui amène des seaux de blé à moudre, ensuite on change de coin, on va vider le fourgon VW. Les cagettes à ranger dans la remise, et comme on a du mal à trouver de la place on en déblaie un coin (c'est un peu le bazar il faut dire...). Et entre deux activités c'est toujours agréable de faire un petit tour de jardin dans ce beau paysage .

l'arrière de mon habitation 

Le boulot suivant, c'est encore plus enfermé : rangement de bocaux vides dans la pièce où sont entreposées les conserves, très alléchantes au demeurant.

Après manger (pâtes aux haricots blancs), une petite sieste et puis je suis autorisée à aller faire un tour en vélo. Je voudrais vérifier l'itinéraire que je devrai prendre dimanche vers Caserta. J'ai en repéré un qui était assez direct, mais il emprunte de toutes petites routes : risque de mauvaises surprises.

Cces petites routes sont bien goudronnées, pas de problème de ce côté là, le problème c'est les reliefs, très brutaux, les côtes sont très raides et assez longues. On prend de l'altitude, à travers des chemins creux ou panoramiques, à travers des oliveraies ou des vignes.


Peut-être qu'on voit Rucasa sur cette photo... Difficile de repérer.

Mais avec les bagages tout ça ne sera pas possible, il faut que je trouve un autre chemin.

J'en trouve un au-dessus de l'Isclero (la rivière qui coule en dessous de Sant' Agata), longeant plus ou moins une route à grande circulation, moins de reliefs, mais un état de chaussée pas vraiment au top. Et des chiens pas toujours enfermés. Rien n'est idéal, Deux petites églises au passage.


San Pietro a Romagnano
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Beau temps


Il fait beau et moins froid qu'hier, mais hélas toujours pas de jardinage. Les gâteaux ont eu beaucoup de succès et il faut en refaire. Pour moi ça consistera en broyage, de noisettes à la moulinette, et d'amandes à effiler au mortier (pas facile d'y arriver sans écraser). Mais l'essentiel de mon travail sera comme avant hier le glaçage chocolat des mostaccioli. Je commence à être pro.

L'avantage de ce boulot c'est qu'il faut allumer le poêle pour faire fondre le chocolat (au bain marie), et que j'en profite pour faire un feu d'enfer.

Un moment d'attente de séchage me laisse le temps de faire un tour dehors, vers 16h, c'est le bon moment car le soleil qui va bientôt se coucher.

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S'éclaircit peu à peu après la pluie


Oui le matin il pleut et dehors tout est bouché, ça ne me donne pas envie de me lever. Je reçois un message de Ciro qui est parti faire le marché à 7h15, il ne me l'avait pas dit hier. Peut-être qu'il n'aime pas les adieux.

La météo prévoit des éclaircies vers 11h, ça tombe bien, car après avoir rangé déjeuné et fait le ménage... Il est 11h. Mais le soleil mettra encore un moment à percer.




Départ de Rucasa, descente vers la route

Je retrouve l'itinéraire repéré jeudi, en effet il se fait sans problème, les portions en mauvais état me paraissent plus courtes, et les chiens ne se manifestent que bien longtemps après mon passage.

Un seul raidillon impossible... C'est que je me suis trompée, c'est l'accès à une propriété, le proprio arrive à ce moment là et n'arrive pas à comprendre ce que je fais là.

La petite route

Au passage on peut voir les clochers de Sant' Agata

Au bout de cette petite route s'étend la vallée, et une route juste un peu plus fréquentée part en direction de Valle di Maddaloni un gros village qui s'étale sur la pente et que je ne fais que longer.

Devant moi un grand viaduc barre la route... Mais je sais ce dont il s'agit, c'est une des raisons qui m'a fait prendre cette route. Il s'agit de l' Acquedotto Carolino, l'aqueduc de Charles..III.. oui c'est bien le Bourbon du château, et c'est encore une œuvre de l'architecte Vanvitelli.



L'ouvrage, souterrain sauf pour passer les vallées, récupère de l'eau de source sous le mont Taburno près de Benevento et parcourt 38km, dans le seul but d'amener l'eau aux fontaines du château. C'est un peu révoltant quand même et pas si glorieux que ça pour le patrimoine mondial, auquel il a pourtant été classé par l'Unesco.

De là la route part en lacets pour franchir une dernière hauteur avant la plaine de Caserta. Ça permet d'avoir d'autres vues sur l'ouvrage, malgré le risque de ne pas pouvoir redémarrer si on s'arrête.


La montée n'est ni trop dure ni trop longue mais pas très belle, elle longe un gros ensemble de bâtiments d'un style néo-gothique douteux, siège d'une fondation à but humanitaire, bof, et une énorme carrière.

La descente sur Caserta est fort rapide, je me retrouve dans cette ville une nouvelle fois un dimanche, mais ne fait vraiment que passer, je veux essayer d'avoir le premier train vers Rome, qui part à 14h, avec un changement.

Et j'y parviens, toujours avec un peu de panique, les ascenseurs sont là mais courts, il faut enlever une sacoche avant pour y entrer, et puis le train va partir et il y a deux marches. Mais le contrôleur est sympa, il m'aide à monter dans le train et me propose de rester sur la plateforme avec le vélo chargé, puisque je change à Aversa, dans trois stations.Ça se passe bien sauf qu'à Aversa l'ascenseur est encore plus court, je ne peux même pas l'utiliser. Mais j'ai le temps, la durée de correspondance est longue.


Et le train pour Rome est à ras de quai, l'emplacement vélo est prévu pour charger des vélos électriques, et c'est parfait. Mais heureusement qu'il n'y a pas d'autre cycliste.


Ça c'est au début du voyage, car au fur et à mesure qu'on s'approche de Rome, le train se remplit, les bagages s'accumulent autour du vélo et la foule des voyageurs debout bouche la vue.Difficile de voir le paysage dans ces conditions. Je reconnais quand même un coin de mer du côté de Formia.

À l'arrivée à Rome il fait nuit.


La gare Termini est une gare terminus, c'est agréable, sortie directe, pas une marche, et l'hostel Palladini, où j'ai de nouveau réservé, est à quelques pas. Le personnel m'accueille comme une vieille connaissance.

Je ressors faire des courses, dans un supermarché où je suis déjà allée, près de l'église Santa Maria delle Grazie.


Je me fais cuire des brocolis et discute avec un Espagnol qui lui prépare du chou fleur. Il est de Saragosse et on parle des Pyrénées et du GR11.

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Couvert, pluie fine le soir


La chambre est pourtant très confortable, grande, très au calme bien qu'au milieu de la grande ville, lit simple avec draps et couettes, mes commensales les Sévillanes tout à fait correctes, et pourtant je me réveille la nuit avec mal de tête et ne me rendors que peu avant l'aube.

Même en me levant plus tard que d'habitude je ne verrai pas émerger mes voisines. Au petit déjeuner un gars me demande du sucre. Comme il me dit qu'il vient de Yougoslavie (né en Croatie, vit en Macédoine). je finis par lui donner deux des petits sachets pour le café récupérés dans les bistrots et que je garde jalousement.

Je laisse mes affaires et mon vélo, vais à la gare prendre mon billet pour Orte, une ville située assez loin pour ne pas avoir à pédaler dans l'agglomération romaine.

À la sortie de la gare se trouvent les thermes de Dioclétien ("Termini" vient de là), on aperçoit bien quelques constructions de brique mais tout autour c'est les grands travaux. Par contre on peut entrer dans une autre basilique gigantesque, Santa Maria degli angeli e dei martiri.


n

La crèche est là aussi


Juste à côté, la place de la République, arcades, et fontaine au centre.


Je vais faire un tour dans une librairie Feltrinelli, et puis retourne tranquillement à l'hostel.

Un peu trop tranquillement peut-être, tout à coup je réalise qu'il ne me reste plus tant de temps que ça, en moins d'une demi-heure je dois récupérer mes affaires et trouver mon train.

Et il y a un détail que j'ignorais, c'est que mon train se trouve très loin à l'autre bout de la gare. Les indications ne sont pas toujours évidentes, et pour passer sur les quais tout est bouclé, il y a un seul passage et il faut le trouver, bref quand j'atteins enfin le quai 2 Est, c'est juste pour voir le train de 12h22 partir.

Pas grave, il y en a un autre dans 1/4 d'heure... Sauf qu'il sera supprimé. Le suivant est à 13h22... Mais il partira bien après ça. J'avais largement le temps pour m'installer mais ne voyant pas le compartiment vélo j'entre au plus vite, au mauvais endroit, heureusement encore une fois que j'ai affaire à un contrôleur sympa).

On longe le Tibre vert et ses plaines, mais les montagnes sont autour. Le temps est très gris.

Je pars de la gare d'Orte après 15h, deux heures après mes prévisions. La ville est un peu plus loin, elle aussi sur une butte, la route la contourne.


J'hésite un peu sur l'itinéraire, mais le plus direct n'est pas trop fréquenté, et je n'ai plus le temps de faire des fantaisies. Après une ligne droite, une montée en lacets réguliers. Un vélo cargo électrique me double, son conducteur me fait de grandes salutations.

Après ces lacets, la montée continue, et à vrai dire elle va se poursuivre jusqu'au bout, c'est à dire jusque Amelia, où j'ai (enfin !) un hébergement de cyclistes warmshowers.Ce n'est pas grave car la pente n'est pas abrupte, et régulière. La route est calme, le paysage est beau, couleurs d'automne en prime.

Il se met à tomber une pluie fine. A l'entrée d'Amelia je me rends compte que mes hôtes habitent plusieurs kilomètres plus loin, et maintenant il fait noir, il pleut, Google Maps me fait prendre une route à grande circulation, puis une piste pleine de trous et sans éclairage. Je finis par arriver chez Gloria et Luca, et leurs enfants Jacopo 4 ans et Anna 1 an et demi, qui est bien enrhumée la pauvre. Jacopo par contre est en pleine forme et me réquisitionne pour jouer avec lui.

On mange des pâtes. Et des olives de leur production. Luca (surtout) et Gloria (aussi) ont fait beaucoup de vélo. Les Alpes, la Corse.. avec les petits ce sera moins simple.

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Temps couvert, vent du sud


Bien dormi, peut-être parce qu'il faisait froid dans la pièce. Je me dépêche de monter avant 7h45 heure à laquelle Gloria part travailler. La petite Anna a un œil fermé et le nez qui coule, mais mange toute seule son yaourt, Jacopo qui était en pleine forme hier soir n'a ce matin pas envie de se lever. Heureusement il veut bien prêter à sa sœur le jeu auquel on a joué hier, style coloredo, où l'on enfonce des clous en plastique sur une plaque trouée. Et elle va jouer avec pendant plus d'une heure.

Gloria part au travail, Luca va rester garder Anna. Il emmène Jacopo à l'école, qui pleure parce que je vais partir. Je reste avec la petite, pas difficile, elle est toujours passionnée par son jeu, inventant quelques variantes, à la fin c'est jeter les clous par terre, c'est plus fatigant.

Départ 9h15, sans avoir eu le temps de beaucoup manger, le début de journée sera dur. Luca m'a donné des conseils pour la route, en fait la plus directe est la meilleure, une route "jaune" bien aménagée en fonction des reliefs et avec des pentes parfaitement praticables.

Le temps est de nouveau très gris ce matin, les nuages sont bas, mais il ne pleut pas.


Et ça monte toujours. Et pourtant je ne prends pas tellement d'altitude, restant un peu au-dessus de 400m. Le paysage est moins joli qu'hier, c'est toujours vallonné, mais plus agricole, et les champs sont en labour. En outre il plane parfois des odeurs d'étable pas trop agréables. Des nuages noirs couvrent les hauteurs.

Je rêve d'un bistrot pour compléter mon petit déjeuner, mais le premier village, Foce, est en dehors de la route, et dans le deuxième, Montecastrilli , il n'y a rien.



Au village suivant, Casteltodino, j'ai déjà parcouru une vingtaine de kilomètres. Je prends un cappuccino croissant mais à vrai dire je ne sentais plus la faim. À Acquasparta l'arrêt est plus touristique, c'est une ville qui a gardé son caractère ancien, avec notamment un palais imposant au dessus des remparts.

À partir de Casteltodino la route avait cessé de monter, descente jusque Acquasparta, et même au-delà, il s'agit de traverser la vallée d'une petite rivière, "torrente Naia", un affluent du Tibre qui rejoint ce fleuve du côté de Todi. Et de traverser également (on passe en dessous) la route nationale (SS=strada statale) vers Perugia. De là la route prendra de nouveau, et pour un bon moment, une direction ascendante. Le paysage est joli dans cette vallée, qui est plus boisée, et puis le soleil fait quelques apparitions.


À l'approche de Massa Martana la circulation commence à m' importuner, j'hésite un bon moment avant d'obliquer sur une petite route à peu près parallèle. Ça ne rate pas, après quelques centaines de mètres tranquilles, une côte...15%, c'est le panneau qui le dit. Il n'y a plus qu'à pousser.

Malgré tout je ne regrette pas, c'est vraiment une très belle route, bordée de chênes au feuillage doré.





Auprès d'un oratoire orné d'une fresque naïve un panneau signale que c'est ici la via Flaminia, tracée en 220 avant JC, qui relie Rome à l'Adriatique, Rimini plus précisément.

Sur cette carte on peut voir aussi le tracé de la Via Appia, parcourue à la sortie de Rome.


L'oratoire

Ouf, de là à Massa Martana on ne rencontre plus que des petites côtes tout à fait raisonnables. C'est encore une ville ancienne.


La fresque est du 16e... Peu visible

Je vais casser la croûte sous les remparts, la vue est étendue.

À la sortie du bourg on rencontre encore un monastère dont l'église a une forme originale mais des travaux sont en cours, les ouvriers ne veulent pas que jentre et je n'insiste pas.


De là, la route va monter longtemps, et parfois assez fort, même. Dans la forêt, jusqu'à l'altitude de 560m environ, et après ce sera la descente jusqu'au bout. C'est en quelque sorte un col, on change de versant et le paysage soudainement s'élargit vers des vallées où pointent des bourgs sur des hauteurs.

Ma destination d'aujourd'hui, Bastardo (serait nommée ainsi parce que fondée par un bâtard...), n'a visiblement rien de remarquable au point de vue architectural. J'y ai trouvé un hôtel pas trop cher, dont la patronne m'accueille avec beaucoup de gentillesse. Finalement c'est bien qu'il n'y ait rien à voir, je peux tout simplement me reposer. Et en profiter, comme il y a du chauffage, pour faire sécher du linge. Mes remords de ne pas dormir sous la tente se sont dissipés.

Hôtel Dani

L'étape de la journée

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Temps gris


Encore un petit déjeuner qui ne satisfait pas entièrement mon organisme, même si j'ai droit à du thé, deux croissants, et si j'ai mangé préventivement une banane et une clémentine. Mais je tiendrai le coup !


Le profil de l'étape d'aujourd'hui est un peu curieux. Un petit effort à fournir en début de matinée, et le plus dur à la fin.

Pour avoir une ascension et pas deux au début, je n'ai d'autre choix que de prendre jusqu'à Bevagna la Strada Statale, route nationale.

La fréquentation est supportable, et le paysage plutôt joli, finalement les feuillages jaune -roux, l'herbe, les oliviers vert-bleu et le gris du ciel s'accordent bien.


Juste avant Bevagna on traverse deux cours d'eau, qui se réuniront pour former une rivière appelée Timia, canalisée et bordée d'une petite route: c'est un itinéraire cyclable, Spoleto -Assisi, que je vais avoir le plaisir de suivre. Mais avant ça, le bourg mérite vraiment une visite.


Une belle place médiévale, piazza Silvestri.

Sur la place une église romane, Saint Michel Archange

Et en face une autre église romane (13è), du moins de l'extérieur. Saint Dominique et Saint Jacques


En effet la déco n'est plus très romane.. mais il faut découvrir quelques fragments de belles fresques originelles.

Un café, descente de la ville par des rues étroites, et je continue ma route le long du cours d'eau, en plaine, ça change.


Après un village appelé Cavagna l'itinéraire cyclable quitte la rivière et se dirige vers le nord, vers la ville d'Assise qu'on aperçoit en haut sur la pente, un peu dans la grisaille.

Encore en bas de la pente s'élève une église de Santa Maria, jolie à l'extérieur mais sombre et pas très intéressante à l'intérieur, à part une crèche (pas éclairée) qui prend la moitié de l'église

Dans la montée je rencontrerai encore deux chapelles.


Itinéraire cycliste... Mais pas fait pour les vélos chargés. Il faut pousser mais j'arrive vers 13h à Assisi, à l'intérieur de la ville la montée est faisable sur les rues principales.

Le clocher de Santa Chiara et la tour de l'hôtel de ville

Mon logement sent un peu trop l'eau de Javel mais il est confortable et bien équipé. Je ferai bien une petite sieste mais il ne faut pas tarder si je veux voir un peu la ville de jour.

La dernière fois que je suis venue le soleil brillait et j'avais le souvenir d'une ville blanche, et je suis étonnée de constater que les pierres sont plutôt roses. Les nuances différentes sur un même mur sont du plus joli effet. Autre chose qui m'étonne : toutes les maisons sont belles et en bon état, pas de murs lépreux, pas de ruines. C'est la première ville italienne que je vois comme ça.

L'immense basilique San Francesco est au bout de la ville.

Sur l'esplanade (le pré) devant la basilique la crèche semble vivante, avec le vent qui fait voler les voiles.


À quelques minutes près, un aspect différent... Le soir tombe

Pour visiter l'intérieur c'est un peu compliqué, la basilique inférieure, la supérieure où on ne peut pas aller directement, des accès barrés et des gardes qui vous surveillent et vous empêchent de prendre des photos.

Mais mon but principal, celui d'observer tout à loisir les fresques de Giotto, a été atteint. L'église est occupée par des échafaudages et des gradins, des gens à l'allure de professionnels gravitent autour avec des caméras ou appareils photos, j'y comprends rien. Les passages sont barrés mais il y a des visiteurs, alors je passe et personne ne me dit rien. Je hasarde quelques photos, peu réussies.


28 fresques représentent les épisodes de la vie de Saint François, que j'aurais dû étudier avant... Mais à vrai dire cela ajoute un peu de mystère à ces peintures qui sont fascinantes, ces personnages un peu rigides mais néanmoins expressifs, ces constructions fantastiques , ces couleurs douces et harmonieuses...

J'avais traversé auparavant la basilique inférieure un peu vite, mais quand j' y retourne on ne peut plus aller nulle part, pourtant ce n'est pas l'heure de la fermeture. Elle est également peinte du haut en bas, œuvres de peintres divers d'époques diverses mais les plus belles du quattrocento bien sûr, en particulier une chapelle Saint Martin ornée de peintures de Simone Martini, ce peintre siennois ensuite émigré à Avignon.


Surprise à la sortie...


Tout est illuminé pour Noël !

Sur l'esplanade on admire une autre crèche, toute en sable de Jesolo (près de Venise)


Continuons la promenade nocturne

L'église Santa Chiara est illuminée aussi, mais déjà fermée, je n'ai rien compris aux horaires d'ouverture qui sont fonction de l'heure "solaire".

En se retournant, vue sur le château

Encore quelques rues, des ruelles et escaliers sombres. Sans l'avoir cherchée je tombe sur l'église San Rufino, qui elle est ouverte. Les illuminations défigureraient plutôt sa belle façade romane ancienne.

Sur le chemin du retour, d'autres escaliers sombres, et. contraste, la place de l'hôtel de ville en lumières bleues et blanches.


De temps en temps des éclairs parcourent le ciel. Un feu d'artifice ?

Oui mais un feu d'artifice naturel, je comprends quand tout juste rentrée j'entends de grands coups de tonnerre et que la pluie se met à tomber avec violence. J'ai eu de la chance de ne pas avoir reçu ça sur la tête !

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Nuages et éclaircies


Une petite émotion en retrouvant mon vélo : l'aimant qui tient l'étui de mon porte - téléphone sur le guidon est cassé, il manque le dessus, que je finis par retrouver... tout bêtement collé au dos de l'étui. Mais j'ai beaucoup du mal à remettre en place les 4 petits cylindres aimantés à l'intérieur, ils s'attirent les uns et les autres, et c'est bien difficile de les séparer.

Départ 9h20, il fait plutôt beau. Je renonce à visiter l'église Santa Chiara et je prends la route de Gualdo Tadino sur les hauteurs de la ville, j'y suis passée hier soir. Je revois le dôme de San Rufino.

Après la porte de sortie de la ville c'est déjà la montagne, la route longe une belle vallée.

La montée ne va pas tarder à commencer. Petit plateau et grand pignon pour une quinzaine de kilomètres et une dénivelée de 400m. La pente est régulière, la circulation peu importante, le paysage magnifique... On y arrivera !


Au niveau de la densité de population, ça change de la plaine au sud d'Assise. Aucune agglomération digne de ce nom, les villages sont minuscules et sans aucun commerce. L'activité principale semble être "l'agroturismo" chambres d'hôtes à la campagne souvent à l'écart de la route par des pistes abruptes où je ne m'aventurerai même pas aller en voiture, voire à pied.

Arrive le moment où je quitte la route principale pour passer de l'autre côté de la montagne et obliquer en direction de Casa Castalda. Beau paysage, et une descente subite, très brutale.

C'est parti pour la descente ? Eh bien non! Peu après, très raide montée, et puis encore une descente, ce sera comme ça jusqu'au bout.

Un croisement, Collemincio 2km.


Encore quelques raidillons, un panneau indique "Casa Melissa" sur une piste montante, je pousse le vélo. Je vois arriver deux chiens, et... Monika qui depuis 12 ans n'a pas changé. La maison non plus, qui me revient en mémoire depuis le temps de mon premier wwoof en 2011, où j'étais restée deux semaines.

Monika est allemande mais vit ici avec Flavio depuis 33 ans. Ils ont 5 enfants et maintenant 5 petits enfants, mais la majorité vivent en Allemagne.. plus facile de trouver un travail intéressant là bas.

Et j'ai la joie de constater que depuis que je suis venue la vie n'a pas changé ici. Flavio s'occupe de la ferme, fait le fromage et la ricotta. Monika s'occupe d'une jeune fille en famille d'accueil, qui n'est plus Bea mais Emma. Elle fait le pain et le beurre, et toujours l'huile de lavande et l'artisanat.

Après le repas, animé parce qu' Emma est un moulin à paroles (en allemand), pasta, petits poivrons et fenouil. Après une petite sieste, je trouve Monika prenant le café avec une jeune femme. C'est une Russe, de Saint Pétersbourg !

Elena, que je raccompagne ensuite au village de Collemincio, s'occupe d'une vieille dame russe impotente qui a échoué ici. Elle a fui la Russie avec son fils de 19 ans qui risquait d'être obligé de partir à la guerre en Ukraine.

Beau paysage à la tombée du jour.


Le soir, intéressant cours sur la fabrication du fromage, et enfin j'apprends pourquoi la ricotta, "recuite", s'appelle ainsi:

Flavio fait chauffer le lait à 37° avec un ferment (végétal). À l'intérieur du liquide le fromage se "coagule" il le presse et le met dans une faisselle. Le liquide restant (le petit lait ?) est chauffé une nouvelle fois, cette fois jusqu'à ébullition et un autre résidu un peu solide se forme, que l'on récupère dans une faisselle... C'est la ricotta!

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Beau mais venteux, surtout le soir


Un petit déjeuner comme je n'avais pas mangé depuis longtemps. Thé en quantité, excellent pain, cuit dans la cuisinière à bois, excellent beurre, les deux de la fabrication deMonika, et puis la ricotta de Flavio, et une confiture tout aussi artisanale.

Dehors le vent souffle, pas trop fort encore, et le soleil brille. Il est temps de faire une promenade. Je m'en vais sur les hauteurs trouver les brebis, dans les prés où je les emmenais. Les chiens me suivent, le gros au poil épais, le petit noir au poil ras.

Les brebis, au nombre de 7, paissent au dessus des bois, dans un grand pré en pente d'où la vue est splendide.


Je redescends vers les bâtiments d'élevage où je trouve deux cochons, les poules qui se sauvent à mon approche, et une cabane qui ne peut qu'être celle où j'ai logé mais maintenant abandonnée. Je reconnais le potager en contrebas.


Encore une belle vue

Plus haut la maison de pierre a bel aspect mais Monika et Flavio préfèrent vivre dans la maison en bois, bien plus chaleureuse.

Je rencontre Flavio qui me propose de ratisser les feuilles au bord du chemin pour faciliter l'écoulement de l'eau, un peu de wwoofing, ça fait du bien. Il fait plutôt chaud, mais en fin de journée le vent deviendra plus froid, ne donnant plus du tout l'envie de sortir.

Avant de manger, Emma m'apprend deux jeux de cartes, sur un jeu de 40 cartes assez artistique, différent de nos cartes habituelles. Elle gagne à chaque fois. On mange un gratin de pommes de terre et un excellent gâteau qu'a fait Monika avec le babeurre ??? (le liquide qui reste quand on fait du beurre). Une sieste assez longue, et puis la douche, qui est dans la maison de pierre, Monika a mis l'eau à chauffer juste pour l'après midi et on va se baigner à tour de rôle. Pas de gaspillage.

Je n'ai pas de réponse pour une demande d'hébergement à Citta di Castello (à 66km) sur le site warmshowers, il y a un monastère mais la réponse est négative. Monika, toujours prête à aider et toujours efficace, va me trouver un hébergement chez le fils d'une amie à elle, un gars qui s'appelle Ivan.

Le repas du soir est à peu près identique au déjeuner à part qu'on boit du vin, le leur, rouge ce soir.

Flavio va ce soir à une répétition de sa "banda" où il joue du tuba. Il m'a proposé de m'emmener, ça me plaît bien les répétitions de musique, et ça me plaît ce qu'ils jouent. Pas toujours impeccable mais très enlevé.



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Plutôt beau, mais très venteux


La météo pour la journée c'est vent de nord est avec des rafales de plus de 60-80km... Je ne pars pas trop rassurée. Pour commencer je m'habille avec le maximum d'épaisseurs. Après le petit déjeuner, toujours excellent, adieu à Flavio. Monika qui fait sa promenade matinale, m'aidera à pousser le vélo pour rejoindre la route.

Je n'ai vraiment pas froid parce que certes ça descend, et fort, mais de temps en temps une petite montée réchauffe bien. Le vent, on ne le sent pas trop, sauf dans les rafales dans les endroits particulièrement exposés, et là il faut faire attention pour ne pas tomber. Paysage toujours magnifique, temps très clair, on voit loin.

Dans la descente vers Valfabbrica la pente est en effet très forte, à plusieurs reprises les panneaux indiquent 10%. Les freins sont très sollicités...

Pas de records de vitesse, donc, mais je suis vite en bas. Valfabbrica correspond à son nom : ville industrielle pas vraiment pittoresque. Pour rejoindre la route vers le nord il faut pour commencer longer une vallée direction ouest, cela va très vite, le vent me pousse, je dépasse les 30km/h presque sans appuyer sur les pédales.

Vient ensuite une zone de collines non sans quelques raidillons et chaussées déformées. Les fermes sont entourées de pins parasols, cyprès et oliveraies. Ça et là en haut des collines sont construits des châteaux et des villages,. On voit peut être Perugia, je n'en suis pas sûre mais on n'en est pas loin.

Et je rejoins la route principale, plus régulière mais plus fréquentée. Le vent, par moment je ne le sens pas du tout, et par moments des rafales m'empêchent d'avancer. Les montagnes sont de tous côtés, à distance.

À "Casa del diavolo", une des agglomérations sur la route, je m'arrête pour un café, il me reste une quinzaine de kilomètres jusqu'à une petite ville, Umbertide. Une église ronde surmontée d'un dôme frappe le regard. À l'intérieur des angelots se trémoussent de partout

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De l'autre côté de l'église une tour médiévale s'élève derrière d'anciennes douves.


Je fais des courses au Carrefour Market. mange sur le pouce, il fait trop froid, et vais boire un café, mais il n'y a jamais d'excès de chauffage dans ce type d'établissement... Bref je remets ma doudoune, et c'est en pédalant que je vais me réchauffer, même si le vent, plus fort et plus contraire, n'est vraiment pas chaud.

On traverse un cours d'eau, le panneau indique "Fiume Tevere". Le Tibre ! Ma parole, c'est le Tibre à vélo, cette rando !

D'ailleurs un peu plus loin des panneaux indiquent une "ciclovia del Tevere" mais on ne voit pas trop à quoi elle ressemble et je me méfie.

Sur la fin, il semble que la circulation devienne plus dense, que la route monte toujours légèrement, et que le vent soit plus fort et plus en face. Et la fatigue commence à se faire sentir.

Mais on arrive à Citta di Castello, mon étape de la journée. Il est juste un peu plus de 16h, comme quoi c'est bien de partir tôt. Je traverse la ville ancienne, quadrillage de rues médiévales, une rue piétonne avec des décorations, la place de la mairie.

Cette brève visite effectuée, je suis à 1km de la maison de mes hôtes. Je trouve la rue très vite, la maison un peu moins. Je suis accueillie par quelques aboiements... il y a 3 chiens ! Chaos. Blues et Shiva qui retourneront vite sur leur canapé. Ivan et Séléné sont jeunes (petite trentaine ?) très accueillants et sympathiques. Ils vivent ici car c'était la maison du grand père d'Ivan, voudraient une maison à la campagne mais c'est très difficile à trouver ici. Ivan travaille dans une usine de méthanisation à partir de produits alimentaires périmés. Une activité bénéfique... sauf que les aliments qui arrivent sont le plus souvent tout à fait bons à manger, c'est désolant. Les employés en récupèrent, ou bien les détournent pour les faire parvenir à la banque alimentaire.

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Très beau temps, mais pas chaud


Séléné et Ivan se sont couchés très tard, mais ont malgré tout tenu à se lever pour saluer mon départ.J'ai eu beau essayer de ne pas faire de bruit... Les chiens se sont mis à aboyer dès qu'ils m'ont vue.

Je constate que j'ai perdu un gant. Ça c'est ennuyeux avec les températures fraîches qui s'annoncent. Départ vers 8h30. Il fait frisquet mais il suffit de pédaler vigoureusement, je n'ai même pas le temps d'attraper froid aux mains.

Pour l'instant c'est plat, les montagnes sont lointaines. Ivan m'a conseillé une route plus petite mais il y passe quand même des voitures. Et des cyclistes, qui répondent en général quand on les salue mais ne vous salueraient pas spontanément. Vers 10 heures je suis à San Sepolcro, dont le centre ville ressemble beaucoup à Citta di Castello avec sa forme rectangulaire. Un personnage célèbre du quattrocento y est né, le peintre Piero della Francesca.


Ensuite je prends la route principale où il y a déjà moins de monde.


Pins parasols à la sortie de San Sepolcro

Déjà la route avait commencé à monter insensiblement, le phénomène s'accentue. Et les alentours d'un village appelé San Pietro in Villa sont une zone de reliefs assez tourmentés, côtes et descentes se succèdent, aux abords d'un lac artificiel qui égaie le paysage.

Quelques kilomètres avant Pieve Santo Stefano ces reliefs se calment et on recommence à monter régulièrement.

C'est encore une ville ancienne mais beaucoup moins importante que les précédentes. J' y arrive aux alentours de midi. Ça tombe bien, le supermarché est ouvert pour compléter les provisions, et surtout, je trouve sur une place bien calme un banc ensoleillé à l'abri du vent, idéal pour le pique nique un jour comme aujourd'hui.


L'ombre finit par envahir la place et m'incite au départ, c'est pas plus mal car j'ai devant moi plus de 20km à monter, et je parviens à quitter le village vers 14h.

Et effectivement la pente s'accentue, et l'environnement change, la vallée (c'est toujours le Tibre) se rétrécit, devient plus sauvage et plus rocheuse. Elle est malheureusement empruntée par la voie rapide (E45) qui est construite presque continument sur des viaducs, mais passe aussi dans des tunnels.


J'approche maintenant, à vrai dire avec confiance, l'endroit fatidique où mon GPS refuse obstinément de me faire passer. Eh oui, ce n'est pas seulement un caprice de sa part :


Route FERMÉE.

Mais pour l'instant pas de barrage infranchissable, continuons. On arrive au village de Valsavignone. Une dame promène son chien, me dit qu'on peut passer en vélo, et le panneau suivant est nettement plus rassurant :


"excepté véhicules de secours et trafic local"

Donc toujours pas de barrière. Et une route goudronnée, en très mauvais état, qui monte assez fort à flanc de montagne. Visiblement elle n'est plus entretenue, les ronces envahissent les bas côtés, les balustrades sont écroulées, à plusieurs endroits les bords sont effondrés, et les pierres tombent sur la chaussée. C'est très tranquille, pas une seule voiture, mais un peu effrayant, d'autant, dans un environnement sauvage.


On finit par rejoindre la voie rapide, et une route un peu meilleure, mais toujours assez sauvage, avec des pentes rocheuses et aussi des éboulements que je suppose marneux, et qui font penser aux ro(u)bines des Alpes du Sud.

On change de circonscription, voire de région, car Arezzo fait partie de la Toscane (on a donc quitté l'Ombrie), et Forli de l'Emilie Romagne.


Et ça monte toujours... tellement que voici que la route atteint un col (Valico), le col de Montecoronaro, qui est quand même à 865m.

C'est le point le plus haut . Mais si je n'ai pas l'air spécialement réjouie c'est que la descente est abrupte (10%)... Et qu'elle est suivie d'une nouvelle montée pour rejoindre Verghereto.

À vrai dire cette montée ce n'est pas grand chose, elle est même bienvenue car elle réchauffe.


On remarquera que le village est jumelé avec Source Seine (anciennement Saint Germain Source Seine, sur le plateau de Langres comme on a appris à l'école). Ce n'est pas une mauvaise idée ce jumelage, car Verghereto est en Italie le village où prend sa source le fleuve qui va traverser la capitale. La Seine, Paris ; le Tibre, Rome.

C'est un village assez déserté voire un peu sinistre, avant la tombée de la nuit. Un café est néanmoins ouvert, avec des clients, et c'est possible d'y boire un bon chocolat chaud à l'italienne. J'en profite pour réserver sur internet un hôtel un peu plus bas, à San Piero in Bagno, à un prix un peu élevé pour moi, mais il fait vraiment froid, et 0° prévus pour la nuit.

La descente commence dans le crépuscule et finit dans la nuit, un environnement toujours sauvage, mais avec de fréquents passages sous les piliers de la E45. Ce n'est qu'au début que je suis obligée de tirer sur les freins, ensuite c'est moins raide. je peux même pédaler par moments, sur le grand plateau, et c'est bien, ça me réchauffe.

Retour de la civilisation à Bagno di Roma, une ville d'eaux d'après son nom, mais dont je ne verrai pas grand-chose. San Piero in Bagno est à quelques kilomètres de là, mais il n'y a guère de discontinuité dans l'agglomération, et, très appréciée à cette heure, une piste cyclable bien séparée de la route.

L'hôtel s'appelle "Albergo del Ponte", situé près d'un vieux pont, et un cadre ancien que j'apprécierai peut-être mieux demain.

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Beau temps, pas chaud

Le petit déjeuner est compris, j'ai mangé une clémentine avant et emporté mon fromage, mais finalement c'est correct, il y a des oranges et un yaourt. Pas de pain, un grand croissant et des gâteaux (bons) style croquets. Je ne peux pas sortir mon fromage car la dame reste dans la pièce. Elle m'offre une petite brochure dont elle est l'autrice, des histoires sur le village. Ce village que je n'ai pas beaucoup pris le temps de visiter.




Je me suis bien couverte et pars à un bon rythme, il fait froid, tout est gelé. J'arrive à peu près à rouler avec la main gauche dans ma poche. Alternance d'ombre et de soleil. Et de montées et descentes, même si ces dernières prédominent.


A l'approche d'un village qui s'appelle Quarto plusieurs panneaux indiquent de nouveau "strada chiusa", je ne m'en inquiète guère, je passerai bien...

Oui je passe quand je vois indiqué "uniquement autorisé aux habitants", plus loin je passe à côté d'une barrière à moitié ouverte, et puis je slalome entre les engins de chantier. Mais là où les ouvriers sont en train de travailler ils ont mis tout leur matériel en travers, c'est un peu délicat pour passer... D'autant plus délicat qu'ils ne sont pas du tout coopératifs, et j'ai beau les supplier et leur expliquer que je ne peux pas prendre l'autoroute, il n'y a rien à faire. Aucune autre alternative, il me faut retourner à San Piero, pour prendre une route qui monte dans la montagne et qui va directement à Forli sans passer par Cesena. C'est là que je me rappelle qu'on est le 18, c'est mon jour porte malheur. Et je n'y pensais même pas...

C'est raide dès la sortie du village. Des panneaux indiquent une pente de 10%. Et c'est bien à peu près la pente moyenne en effet. Je ne pousse que brièvement, les fois où je suis obligée de m'arrêter, par exemple une fois où je déraille. Mais l'avantage, comme il y a à peine 4km jusqu'au col, c'est qu'après cet effort, ça va descendre presque tout le temps.



Passo del Carnai 760m. C'est curieux, le panneau n'est pas au point le plus haut (780m), mais un peu après. Cette coutume de mettre des autocollants sur les panneaux est vraiment détestable.

Le paysage continue à être montagneux un moment, en tout cas jusqu'à Santa Sofia, un joli village au bord de la rivière Bidente, où l'on arrive après une série de lacets abrupts.


On y trouve de belles maisons, des esplanades chauffées par le soleil, et des volatiles divers (canards, oies, pigeons, choucas...) qui voguent ou piètent dans le lit de la rivière.

L'ennui c'est qu'ensuite la route est beaucoup plus fréquentée. Encore quelques côtes, et puis les reliefs s'adoucissent. Les collines me rappellent le paysage autour de San Marino il y a deux ans, c'est pas loin. Je ne trouve pas de site à prendre en photo, à part deux châteaux.

Des collines on va passer à la plaine. Plate. Avec beaucoup de circulation à l'approche de Forli, même sur les plus petites routes.

Mon hébergement qui est une chambre d'hôtes dans un quartier de pavillons. Pas donné (40€) mais très bien. j'apprécie surtout la cuisine bien équipée. Très chauffé.

Je me dépêche d'aller visiter la ville, notamment pour voir l'intérieur de l'abbatiale San Mercuriale. Et en effet il était temps, car le sacristain (supposé) vient fermer avant 19h. J'étais déjà mal disposée car cette église, déjà très belle par sa construction ( 12è siècle et suivants), contient de magnifiques peintures, mais la première est mal éclairée, la deuxième cachée par une crèche qui n'a rien d'artistique, la troisième à l'intérieur d'une chapelle latérale fermée et sombre. Le cloître quant à lui, à l'extérieur et public, est en travaux, entouré d'une palissade.



Sa façade a aujourd'hui un aspect particulier, ainsi que tous les bâtiments autour de la place centrale, occupée par le marché de Noël.

C'est un peu trop, toutes ces lumières, défigurent plutôt les bâtiments.

Au dîner je me fais des pâtes au fenouil et à la ricotta, et je parviens avec un peu de difficulté à prendre mon billet de retour sur internet, départ de Milan vendredi, le 22.

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Beau temps hivernal

En réalité je ne fais pas la totalité du trajet sur mon vélo, ça faisait 95km. Je prends le train jusqu'à une gare qui s'appelle Castel San Pietro Terme, un peu avant Bologna, de là il n'y aura plus qu'une soixantaine de kilomètres. J'avais prévu avant ça de retourner au centre ville mais je ne me presse pas assez, je ne verrai pas hélas la place centrale dans sa pureté originelle.

Le train de nouveau est bien équipé pour les vélos. Le voyage passe vite, la descente n'est pas du côté le plus favorable, il me faut faire un détour pour passer de l'autre côté des rails mais c'est toujours mieux que des escaliers.

Je pensais trouver des petites routes mais la circulation est importante. C'est que la ville de Bologne n'est qu'à une dizaine de kilomètres. Je traverse une zone industrielle pour éviter la grand- route, il y a toujours du monde, jusqu'à un village qui s'appelle Medicina. Ensuite c'est calme, ce sont des routes de campagne, entre des champs labourés. La densité des habitations diminue peu à peu. Une chose est sûre : c'est plat.


Bientôt une petite surprise m'attend : un pont à traverser.. le passage est barré par un plot de béton. On peut passer à côté mais il faut décrocher une partie des sacoches. C'est pour passer un canal et une digue.


Toujours plat. Vent d'ouest un peu dans la figure mais pas violent. Petit changement de décor près d'une peupleraie. Je roule jusqu'au bourg de Molinella. Casse croûte au soleil près d'une aire de jeux pour enfants, et après ça , un café lungo.


La tour est bien penchée

Le soleil qui décline agrémente la fin du trajet. Il se couche vers 16h30, un quart d'heure plus tard qu'hier.


Et bientôt, entrée dans Ferrare, contournement de la ville par les boulevards extérieurs..

C'est un itinéraire touristique qui m'amène à l'Ostello Estense : je passe devant le château et emprunte le Corso Ercole d'Este, magnifique rue pavée de galets (pas vraiment confortables en vélo) et bordée de palais Renaissance, créée autour de 1500 lors d'une opération d'urbanisme réalisée par ce représentant de la fameuse famille d'Este qui a régné sur Ferrara pendant 4 siècles.


D'ailleurs l'ostello (auberge de jeunesse) est dans le style aussi. D'ailleurs Estense veut dire d'Este.

Je n'ai guère le temps de me reposer après mon installation dans une chambre confortable, après avoir salué deux Italiennes et parlé avec une Australienne de mon périple. Direction la ville ancienne. Maintenant il fait nuit devant le palais des diamants et le cours Ercole d'Este. Le château et ses douves.

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La statue de Savonarole, né à Ferrare (1452), moine prédicateur quelque peu fanatique. Il a gouverné Florence après les Médicis... mais a fini sur le bûcher.

Je me suis dépêchée pour visiter la cathédrale avant la fermeture... Mais point de visites, la cathédrale est en gros travaux, depuis plusieurs années je crois . Dommage le monument est impressionnant.


Il n'y a plus qu'à explorer le centre historique, un dédale de rues médiévales et renaissance. Une heure ou deux, c'est vraiment peu de temps pour ça. Certaines rues sont commerçantes et encombrées par des restaurants. Ouf! Les décos de Noël sont relativement discrètes. Il faut dire que le niveau intellectuel de la ville, vu le style des passants, a l'air assez élevé. C'est une grande ville universitaire.

On y rencontre beaucoup de vélos, on ne se sent d'ailleurs pas trop en sécurité dans les petites rues car ils arrivent vite, sans bruit et sans prévenir.

Je n'ai pas vu la cathédrale, je verrai une autre église, San Francesco. Un office est en cours dans un coin de l'église, mais c'est tellement grand...


De là je m'engage dans des ruelles sombres, éclairées par des lanternes.

Je me dirige vers l'ancien ghetto, et suis étonnée de trouver la synagogue dans une rue pleine de restaurants.

Dans les disparus il y a deux Bassani (nom de l'auteur du Jardin des Fizzi Contini)

Mais je n'étais pas dans le ghetto proprement dit. Là l'atmosphère est tout autre, et les maisons ne sont pas toutes fastueuses.

Parmi ces bâtiments une plaque signale l'école hébraïque, une autre la synagogue espagnole, car un des Este a accueilli des juifs d'Espagne, sans doute après la Reconquista.

Retour au bercail frigorifiée. Comme il n'y a qu'un micro ondes j'ai pris une soupe aux légumes dans un supermarché et ma fois c'est très bon, ça réchauffe.

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Gris et froid, mais s'éclaircit vers Verona


Cet ostello a quand même un bon rapport qualité prix (25€), le petit déjeuner est compris, et assez complet. Ni pain ni fromage ni charcuterie, mais du jus de fruit, des céréales, des yaourts, en plus des croissants et biscottes.

Je sors faire un tour, laissant vélo et bagages. Je passe devant le Palais des Diamants et un autre où les jambes des angelots pendent du balcon au soleil levant.


Je continue le Corso d'Este qui se prolonge jusqu'à une porte de sortie de la ville, Porta degli Angeli.

J'essaie de retrouver le mur du "jardin des Fizzi Contini", enfin celui du film, mais il y a en a plusieurs, des murs de briques avec un parc derrière...


La rue est longue, je ne vais pas jusqu'à la Porta degli Angeli que l'on aperçoit tout au bout.


Dommage que les voitures soient autorisées à circuler sur cette voie... Ce serait sinon un espace entièrement préservé. Je marche encore un peu, longeant le parc municipal, jusqu'à la place de l'Arioste (poète de la renaissance qui vivait à Ferrare), et puis je repars prendre mes affaires à l'auberge car on est obligé de partir avant 10h

Au Palais des Diamants se trouve une pinacothèque, musée de peinture, que j'ai l'intention de visiter. j Évidemment au musée ils ne veulent pas que je mette mon vélo à l'intérieur alors qu'il y a plein de place. Je l'attache donc dehors, à côté d'autres vélos et mets mes bagages dans une espèce de cage verrouillée. Même pas de réduction pour les retraités, j'enrage. 8 euros c'est pas non plus la ruine.

le palais est de pierre à l'extérieur, de brique à l'intérieur  

Le musée présente des œuvres des peintres locaux, ou qui ont travaillé à Ferrare, les d'Este en ont attiré beaucoup. Ça tombe bien, ça commence par ma période préférée, quattrocento (15è). Des œuvres magnifiques sont exposées, mais je suis frappée par la différence d'avec la peinture à Sienne de la même époque Ici on retrouve peu la même pureté et la même douceur, mais il y a une bien plus grande variété de styles et de sujets, et des peintres très originaux. Pas très connus d'ailleurs (de moi en tout cas mais c'est pas une référence), et beaucoup d'anonymes. Nommés d'après leurs œuvres, par exemple, "le maître des yeux grands ouverts"


Au siècle suivant les peintres sont un peu plus connus, Mantegna, Pisanello par exemple, j'ai retenu aussi Garofalo (Nativité avec les bergers) ou Ortolano, de Ferrare, mais petit à petit ça vire au maniérisme, et ces grandes toiles colorées avec des personnages dans tous les sens, c'est un peu fatiguant.

La nature, ou les villes, sont un peu plus représentées, avec plus ou moins de perspective.


À la sortie mon vélo est toujours dehors avec ses deux antivols. Le palais en face est un bâtiment universitaire (comme d'autres dans la rue), et à l'intérieur se déroule une exposition sur... Copernic. Il faut dire qu'hier j'avais été bien étonnée de trouver son portrait sur un mur près de l'auberge... Pas d'erreur, c'est bien un Polonais, pas un Italien. J'aurai donc l'explication : il est venu à Ferrare pour étudier et enseigner, car les d'Este faisaient venir aussi les savants. Il est retourné ensuite en Pologne et est mort à Frombork, où je suis passée en 2018.


Je crois que cette ville aurait mérité deux jours supplémentaires, mais j'ai prévu de visiter également Verona, et d'y aller en train. En vélo c'était 100km sous un ciel pas très motivant.

Les ascenseurs de la gare sont en panne, il faut décharger les bagages, je fais ça sans tarder et attends longtemps sur le quai. Par contre à Padova la correspondance est facile, quai en face. Un train lent, ça repose, le ciel se dégage, on voit des montagnes au nord.

A Verona je trouve ma chambre d'hôtes, pas très belle mais confortable, avec un propriétaire bienveillant, et pars pour la ville et en premier lieu prendre un plan à l' information touristique. Le premier contact avec la ville est loin du coup de foudre que j'avais eu pour Ferrare, je trouve la ville plus banale. Oui, un château spectaculaire, oui des arènes bien conservées aussi, des maisons avec balcons comme celui de Juliette... Mais point d'enthousiasme.


Je suis néanmoins bien renseignée à l' office de tourisme, et enfin je vais trouver matière à m'enthousiasmer: l'église San Fermo, gothique à l'extérieur et dans sa partie supérieure, romane dans sa partie inférieure.

avant... et après la visite 

Il faut faire le tour pour entrer par le cloître. Je déroge à mes règles en prenant un billet groupé pour les 4 églises historiques de la ville. 7€ tarif réduit (sinon 8). J'aurais manqué beaucoup.

L'église inférieure a succédé à une église paléochrétienne. Le style de ses nombreuses fresques évoque les débuts de la chrétienté.

Il y fait bon, par contre l'église supérieure est glaciale et des travaux sont en cours. Le plafond est incroyable, tout en bois et entièrement ornée de portraits de saints. Ce qu'on voit mal sur les photos.

Elle est également peinte, les fresques sont plus récentes, entre 14e et 17e, pas toujours bien visibles mais beaucoup sont splendides aussi.



Je vais retraverser la ville pour rentrer. Les rues sont pleines de monde. D'autant plus que sans le vouloir j'emprunte la principale rue commerçante de la ville. Avec en plus les lumières de Noël, c'est fort difficile de détailler les maisons anciennes.


Piazza del Erbe

Et je repasse devant les Arènes et devant le château.


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Gris, vagues éclaircies


Je n'ai pas réussi à terminer ma rédaction hier, mes yeux se fermaient, ce matin ça me prend du temps et je ne pars pas encore très tôt.

Avec le billet que j'ai pris j'ai encore trois églises à visiter. L'église San Zeno est un peu à l'écart du centre historique, mais près d'ici, ça sera donc la première. Magnifique église romane primitive, avec un porche à colonnes, à lions et à bas reliefs.


Le cloître a été reconstruit après les destructions par un tremblement de terre vers 1100, comme le reste de l'église d'ailleurs.


Les portes de bronze qui fermaient l'édifice sont maintenant tournées vers l'intérieur. C'est une extraordinaire bande dessinée en relief.


À l'intérieur de nombreuses fresques ont été conservées, plus ou moins restaurées, on n'est pas loin de l'aspect originel. Ici aussi le plafond est de bois.


La première fresque (ci-dessus) est du 12e, le christ du 13e, les autres en majorité du 14è-15è.

Au-dessus de l'hôtel s'élève un retable déclaré de grande valeur, peint par Mantegna (milieu du 15è), mais on le voit mal, on ne peut pas s'en approcher.

San Zeno, patron de la ville, serait d'origine africaine. Sur les fresques ça ne se voit guère mais sur cette statue où il sourit, si. Est-il à la pêche ? C'est bien un poisson qui pend de sa crosse.

Comme on l'a déjà vu dans les basiliques anciennes, l'autel est surélevé, et en dessous se trouve la crypte.


Quelques chapiteaux portent des personnages sculptés, ici on reconnaît Adam et Ève.

C'est encore une église où il fait froid. Dans le café où je vais prendre un cappuccino je ne me réchauffe guère, il ne reste qu'à marcher vite le long de l'Adige pour rejoindre le château et son pont.


Une belle rivière, cette Adige qui vient des Alpes tout là -haut. Mais elle est sans doute moins sympathique quand elle inonde...

Le pont fait très italo-médiéval avec ses créneaux.

La ville a été construite dans un méandre du fleuve, qu'il n'y a qu'à suivre celui-ci pour arriver à la cathédrale, le duomo, qui est au nord de ce méandre.

Corso Cavour 

C'est encore une façade romane, avec les colonnes et les lions !


Des restes des églises paléochrétiennes qui ont précédé (4e-8e siècle) sont en dessous. Mais l'intérieur a été "renové" aux 15è-16é, dans le genre fastueux. Ce qui est beau, c'est l'orgue qui résonne.


Autour c'est une partie de ville ancienne, sans commerces, où on aime flâner, mais il fait froid et ce n'est pas trop le temps pour ça, ni la météo, ni l'heure.

Et voilà la quatrième église, Sainte Anastasie. Surprise, on dirait du "Backsteingotik" de Poméranie !


La ressemblance s'arrête au chevet.


Mais c'est toujours une fort belle église, à l'intérieur également. Belle décoration, encore des fresques, des statues, et de drôles de personnages qui portent les bénitiers.

Et encore un autel remarquable. Mantegna?

Ouf! Je commençais à être un peu saturée de toutes ces œuvres d'art. Il me reste peu de temps pour visiter le reste du centre historique. Dans la foule des veilles de fête.


Piazza dei Signori et statue de Dante
Tour des Lamberti

Au fond de la piazza delle Erbe la colonne avec le lion de Saint Marc rappelle que Vérone a fait partie (15e-18e) de la république de Venise.

Maison de Juliette. Le balcon est bien haut....