Carnet de voyage

Automne en Italie 2023

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Une destination méditerranéenne et pérégrinatoire, en partant sur les dernières étapes de la Via Francigena le chemin qui mène à Rome
Novembre 2023
45 jours
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Publié le 10 novembre 2023


Une demi journée de train pour aller passer à Lyon une belle soirée amicale, TER de Lyon à Genève et train international réservé longtemps à l'avance, pour moi et aussi pour le vélo, pas d'angoisse cette fois.

L'angoisse, ça pouvait être la traversée de Milan en vélo, mais ça ne s'est pas si mal passé, presque toujours sur des pistes cyclables.

L'accueil de Gigliola valait le voyage. Comme moi elle aime la montagne, les voyages en vélo et les rencontres.

Demain je rejoindrai Pavie pour suivre le chemin de pèlerinage vers Rome :


LA VIA FRANCIGENA

Depuis le haut moyen-âge existait cet axe de communication reliant le nord et le sud de l'Europe.

A l'époque où la pratique des pèlerinages s'est développée, c'est devenu la voie principale vers Rome. On ne sait pas à vrai dire exactement où passaient les pèlerins, mais l'un d'eux, appelé Sigeric est parti de Canterbury en Angleterre et a tenu un journal de voyage... Et indiqué par où il était passé. C'est en reconstituant cet itinéraire qu'a été élaboré le tracé actuel. Qui se pratique normalement à pied, mais il existe une variante pour les vélos... Que je vais donc suivre, à partir de Pavie. C'est également une "eurovéloroute", l'EV5.

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Nuages, brume et pluie fine mais persistante


Un bon petit déjeuner, des conseils pour la route, départ vers 8h30, pour rejoindre la voie cyclable longeant un canal qui mène à Pavie. C'est tout droit et calme, même si les voitures ne sont pas loin. Pas d'écluses, quelques usines rouillées et les arcs des ponts de fer qui enjambent la voie d'eau.


Avant Pavie un village s'appelle "Certosa di Pavia", c'est à dire "Chartreuse de Pavie". Le monastère se trouve en réalité un peu à l'écart. Il est gratifié de trois étoiles au guide Michelin. Chacun ses goûts, pour moi trop de luxe, surcharge de décos et un certain maniérisme. Elle a été construite au 14e siècle par les Visconti gros aristocrates dont Pavie était le fief.

Ça valait quand même bien le détour de 2-3km. Je me contente de parcourir la partie de l'église ouverte à la visite où les photos sont interdites (je triche très peu). Et j'aime l'atmosphère environnante, les feuillages automnaux, un léger brouillard...


Je rejoins le canal et arrive à Pavie. Il ne fait vraiment pas chaud. Par chance les églises sont chauffées. La monumentale cathédrale date de la fin du 15è, toute de brique à l'extérieur et de marbre à l'intérieur.


L'aspect de la ville est quelque peu mélancolique aujourd'hui, le temps dans les deux sens du terme peu propice à la flânerie, c'est quand même un plaisir de retrouver la beauté des villes italiennes. De belles places pavées, des rues étroites, pavées également, et piétonnes.


Ce n'est pas le Pô qui passe à Pavie, mais son affluent le Ticino, qui vient de loin, plus précisément de la région du même nom qui fait maintenant partie de la Suisse italophone. Un magnifique pont couvert en brique le traverse.


Quand je repars un peu après 13h, la pluie a commencé à tomber. Au passage j'admire une autre église, Saint Michel, de style roman cette fois, plus dans mes goûts, l'intérieur est sombre et on n'y voit rien, mais c'est un régal de détailler les sculptures de l'harmonieuse façade.


C'est une longue rue droite et très fréquentée qui sort de la ville mais plus loin c'est la campagne qu'on peut apprécier même avec la pluie, incessante mais pas violente. Rien de spectaculaire ni de pittoresque, des champs, verts ou récemment labourés, la terre très délavée, des cultures très intensives de peupliers. La plaine très plate (ça roule bien), de hautes digues, des canaux et des vannes.

Les habitations sont groupées dans les villages aux maisons colorées d'ocre et aux clochers de briques.

Sur la fin du trajet je roule presque exclusivement sur des digues. Le Pô n'est pas loin mais rarement visible.


Le Pô derrière les peupleraies et un canal.

À 17h la nuit tombe déjà. Je terminerai l'étape de nuit et... sur une route nationale mais ouf je trouve l'ostello qui est une ancienne abbaye bénédictine, immense, tout confort et très propre. Pas chauffée mais il ne fait pas encore froid. Je suis accueillie par une dame très aimable, et au la compagnie d'un pèlerin, un jeune américain du Texas dont je n'arrive pas à me souvenir du nom. Il est parti de Paris en septembre et a passé le Col du Grand Saint Bernard fin octobre seul sous la neige.

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Nuages


Je ne suis guère en avance, Carter (?) me fait le thé mais part encore plus tard que moi (un peu avant 9h). Je peux saluer l'hôtesse, venue faire le ménage. On comprend pourquoi tout est si propre.



L'Ostello

Il ne pleut plus mais le ciel est bien couvert.

La route parcourt toujours la vallée du Pô, encore fréquemment sur des digues, mais elle est moins agréable que celle de la veille, avec des usines et de grosses fermes modernes et laides. Je regarde les champs il semble que la principale culture soit le maïs et s'il y a des rizières je me demande bien où elles sont. La fin du trajet sera le long d'une route nationale.

Je n'entrevois le fleuve que deux fois, entre des arbres, et le traverse juste avant Piacenza mais il est divisé en deux bras par une île et n'est pas très spectaculaire.

La ligne droite continue vers le centre de Piacenza. Le centre du centre, c'est la "piazza Cavalli", où devant l'ancien hôtel de ville dit Palais Gothique s'élèvent deux statues équestres représentant des nobles de la famille Farnèse, les maîtres des lieux au 16è siècle.


L'église que l'on voit sur la dernière photo, avec ses trois clochetons, est l'église San Francesco, de style gothique.


Un grand miroir permet de voir mieux l'intérieur peint d'une coupole. C'est d'un joli effet.

Une rue étroite, interdite aux vélos (à juste titre car les passants s'y pressent), mène à la place de la cathédrale où c'est le marché.


La cathédrale 12e 13e est de style roman. La façade est monumentale, gardée par divers personnages dont des lions à l'air revêche. La photo est celle d'un prêtre local récemment béatifié.


À l'intérieur les colonnes, cylindriques, sont gigantesques. On y admire de nombreuses fresques et peintures.


Les colonnes de la crypte sont beaucoup plus fines, ornées de chapiteaux


Ce n'est ni une piscine ni une baignoire mais un baptistère du temps des premiers chrétiens qui se plongeaient tout entiers dans l'eau.

Quand je repars il est plus de midi. Quand on est encore dans la ville ancienne c'est très joli.


Plus loin à travers les zones industrielles et les grandes artères sans amenagements cyclables c'est nettement moins bien, d'autant moins bien que la route reste longtemps très fréquentée, et avec des camions.

Je fais une pause et me restaure dans un jardin public à Cortemaggiore, une petite ville encore pleine de belles constructions que je ne vois que de loin. Dans le parc on admire un"partiggiano" particulièrement féroce.


Et c'est reparti. Sur des routes un peu plus petites dans une campagne assez habitée. Les fermes anciennes sont en brique rouge ou de couleur beige. Des piliers ou des murs ajourés laissent passer l'air là où on entrepose les récoltes. Je n'arrive pas à en trouver une seule qui soit photogénique, elles sont en mauvais état avec beaucoup de bazar.

Par contre la route côtoie une belle abbaye au joli nom, Chiaravalle della Colomba.



Une nouveauté : des hauteurs apparaissent à l'horizon, (début de l'Appenin?). Elles sont couvertes de nuages bien gris. D'ailleurs même dans la plaine, le soleil promis par la météo ne s'est pas montré...

À Alseno, mauvaise affaire, la route vers Fidenza est encore plus fréquentée qu'à la sortie de Piacenza. Heureusement en s'approchant de la ville on bénéficie de bandes ou pistes cyclables. Une ville dont je ne verrai pas grand-chose, je ne dois pas traîner pour arriver avant la nuit.

La route est plus agréable, mais on se rapproche des collines vues au loin... Le terrain devient vallonné.


Oui c'est plus joli... Mais plus dur aussi, surtout sur une route qui commence fort raide mais continue à monter sur plusieurs kilomètres... Le rythme, soutenu jusqu'ici (j'étais souvent autour des 20km/h), va se ralentir notablement, et une nouvelle fois je n'échapperai pas à une arrivée nocturne (avec la frontale pour améliorer l'éclairage). Je termine la montée en poussant et à bout de souffle, et ouf! sur les trois derniers kilomètres, ça redescend.

J'arrive devant un grand bâtiment en hauteur, entouré d'une grille qui s'ouvre à mon approche mais c'est sombre et rien n'est indiqué, je ne vois personne sinon une vieille dame que je suis jusqu'à l'église, car tout le monde est dedans. C'est une église très moderne. Une cinquantaine de personnes sont là, dans un silence total au moment où j'entre. Et ça dure longtemps mais c'est très reposant. C'est une communauté franciscaine, je croyais voir des moines en robe de bure mais non, certains prêtres sont en blanc, d'autres en bleu comme les religieuses et la majorité des gens en civil.

Une seule vient me voir, elle m'a identifiée comme "peregrina" je veux bien attendre un peu mais comme elle me le propose, je n'ai rien contre le fait de me faire conduire à la chambre. Le grand luxe, chambre de 4 m, lits faits, avec salle de bains où je suis seule.

Je prendrai aussi le repas communautaire. Une tourte fourrée au jambon et divers excellents légumes.

La sœur qui est à côté de moi, très gentille au demeurant, est très intéressée par ma famille. Elle est ici depuis 3ans. Les non-permanents sont des "stagiaires" qui veulent entrer en religion. Ils prient avant et après le repas, et ont des messes ou services religieux plusieurs fois par jour.

J'aide à la vaisselle avec un Luigi, qui parle français car sa femme (Marie) est française.

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Beau temps

Ciel bleu dès l'aube, et un beau panorama se révèle à la fenêtre au soleil levant.


Les habitants et pensionnaires du lieu mangent à 8h30 après la messe alors je me débrouille avec ce que je trouve préparé sur les tables du réfectoire et perd beaucoup de temps à chercher. Je me nourris néanmoins correctement mais n'arrive pas à partir avant 8h.

Une longue ascension m'attend, mais c'est légèrement descendant ou plat jusqu'à Fornovo di Taro qui comme son nom l'indique se trouve dans la vallée du Taro.

Seul le tout début est vraiment agréable, ensuite c'est une route à grande circulation.

Le lit du Taro , que l'on traverse pour aller à Fornovo, est très large, mais il n'y coule au milieu des galets qu'un filet d'eau.

À Fornovo, je vais visiter une église romane, partie d'un monastère très ancien (9è). Mais elle a été très transformée. On peut voir toutefois quelques cultures d'époque.


Un petit café lungo pour prendre des forces et je pars à l'assaut de l'Appenin. C'est une petite route calme, qui monte à travers de vertes collines très doucement au début mais plus on avance plus la pente augmente.

La vue s'élargit aussi, à l'horizon une ligne blanche apparaît, les Alpes enneigées.

Dans la traversée de Sivizzano, le seul gros village, de nouveau un monastère roman ancien est signalé. Mais l'intérieur de l'église n'a plus rien de roman.


La montée se poursuit sous le ciel bleu dans un environnement beau et calme. Mais les pentes sont de plus en plus raides, c'est vraiment dur.

À 2-3 reprises je suis obligée de pousser, ce qui est pire que d'appuyer sur les pédales car le vélo est lourd. C'est de cette façon que j'arrive à un carrefour où un automobiliste arrêté me dit qu'après 3km environ ça sera moins dur.. ça m'encourage mais dans les faits je ne vois guère de différence ! Je vais rejoindre la route directe (S62) venant de Fornovo. Je n' ai plus à pousser mais c'est encore dur, et maintenant il y a de la circulation, et ce que je craignais, vu qu'on est samedi, beaucoup de motos

Comme l'indique le profil du parcours, avant d'arriver à Berceto (d'où il faudra encore monter pour arriver au col de la Cisa), il y a deux pics successifs à franchir. Je pensais faire la pause au premier, du côté de Cassio, mais même sans manger tôt (14h) je n'y arriverai pas, je m'arrête avant d'avoir fait 30km à un endroit d'où la vue est belle.



La ligne blanche au loin, c'est les Alpes

Il fait beau, mais pas chaud, on se refroidit à l'arrêt. Alors je ne traîne pas trop, la côte que je n'avais pas eu le courage de franchir tout à l'heure me réchauffera. Il y en a encore pour quelques kilomètres pour arriver au premier pic (après un hameau qui s'appelle Coletta . = petit col ?). Et ça redescend, jusque Cassio où se trouve un café bien achalandé. Les locaux jouent aux cartes à l'intérieur, les motards occupent la terrasse.

Comme prévu, nouvelle montée. Le point culminant de la journée se situe aux alentours de 950 - 960m d'altitude. Mais la route redescend vers Berceto, avec le soleil en face et des monts verts de tous côtés, et dès villages dans les vallées.




Au point le plus haut

La petite ville est légèrement en contrebas de la route. Ça ne donne pas envie de s'y rendre. Je voudrais poursuivre jusqu'à un Ostello qui se trouve un peu avant le col. Je prends la précaution d'y téléphoner, bien m'en prend... c'est fermé ! Alors direction Berceto où un séminaire est censé être ouvert toute l'année, mais le téléphone ne répond pas.

Je cherche un commerce et discute avec un monsieur qui parle un peu français. Je trouve une petite épicerie à l'ancienne (il faut demander ce qu'on veut), prend du jambon sec et du fromage, et vais chercher le séminaire, dans la nuit.

Il y a une sonnette, la porte s'entrouve, c'est une jeune fille qui me dit "tutto chiuso" ! Je n'ai plus qu'à me chercher un coin pas trop en pente dans l'espèce de parc qui se trouve à côté, et monter ma tente à la lueur du lampadaire au-dessus de l'église et de ma frontale... Premier bivouac !

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Pluie le matin, puis le ciel s'éclaircit


Je me suis couverte au maximum mais ce n'était même pas nécessaire, et ce matin il ne fait pas froid du tout... Mais le temps est gris.

Enfin je peux voir mon environnement et constater que le parc est très grand, et qu'il ne manque pas d'espaces bien plats et suffisamment éloignés du lampadaire de l'église (ceci dit, j'ai fort bien dormi).


D'ailleurs c'est un parc municipal, n'a plus rien à voir avec l'Eglise.

Départ 8h30, pas si mal, mais j'abandonne l'idée de partir directement dans la direction du col sur des voies incertaines, et repasse par Berceto. Je prends de l'eau à une fontaine et fait un petit tour du pays. La cathédrale est grise, romane, et très sombre à l'intérieur.


Je suis passée dans cette ville dans la traversée de l'Appenin, mais n'en ai aucun souvenir, à part que c'était la première fois que je rencontrais la Via Francigena.

Quelques images du bourg, dont l'épicerie ancienne où j'ai fait les courses hier.


Pour sortir de la ville il faut déjà monter très fort. Je sens quelques petites gouttes... Ça se confirme, c'est une petite pluie. Grand changement d'ambiance par rapport à hier !

Mais ça sera beaucoup moins dur, déjà le dénivelé positif n'est plus que de 280m, et puis il n'y a plus que 2-3 passages un peu raides. La vue est brouillée, mais le trajet ne manque pas d'agrément avec les hêtres et les teintes automnales.


Et je suis tout étonnée d'arriver déjà en haut.

À vrai dire, l'exploit c'était plutôt hier

On trouve là haut également une chapelle, et des commerces, l'un d'eux est ouvert. C'est un magasin d'alimentation mais aussi un café. Le patron me propose de m'installer dans le magasin à côté du poêle, c'est la bonne place en effet. Je pensais que le mauvais temps aurait découragé les motocyclistes. Mais, il en passe deux petits groupes.


C'était au moyen âge le passage le plus fréquenté vers la Toscane.

L'autre raison pour laquelle la route est si calme, c'est que sur l'autre versant, la route en direction de La Spezia est barrée.

Le patron du bistrot m'a dit que les vélos pouvaient passer. En effet l'éboulement et les travaux laissent un large passage... Par contre la route est barrée de façon particulièrement soignée.


Premier passage, il faut franchir deux barrières de plastique bien serré et monter sur le talus, en déposant les bagages.

Je commence une descente particulièrement agréable, pas trop raide et tellement tranquille, un peu inquiète de ce que sera l'autre barrage.

À première vue, ça ne passe pas, tout est particulièrement bien bouclé. Mais sur la gauche, la barrière touche un bois. Un peu de débroussaillage dans de grosses ronces, c'est bon, même sans enlever les bagages !



Et il n' y a plus qu'à se laisser glisser, il ne pleut plus, des vapeurs nuageuses montent des vallées aux couleurs d'automne, et les nuages s'écartent parfois pour dévoiler quelques sommets rocheux de l'Apennin.

On ne commence à voir passer quelques véhicules qu'après le village de Montelungo.



La pente est douce, en haut de versant, jusqu'à une série de petits lacets courts qui mène au fond de la vallée du Magra et très vite on arrive à une route plus fréquentée et à Pontremoli. J'ai du mal à trouver l'entrée de la ville, située au bord du large torrent de galets et dominée par un château fort.

La porte est étroite, puis à l'intérieur de la ville ancienne il n'y a qu'une voie, une longue rue étroite. Au centre, quelques places en enfilade, la plus grande étant celle de la cathédrale, de style baroque très orné, avec de belles mosaïques de marbre.Les confessionnaux sont en marbre et particulièrement ouvragés.


J'hésite à aller manger quelque part, mais finalement comme le temps se dégage j'opte pour le jardin public au bout de la rue, derrière une tour. Ce que je n'avais pas prévu, c'est qu'il n'est pas possible de descendre le vélo, c'est trop raide. Je le laisse en haut car le site est beau, sous la tour et un grand pont.


Ce qui est étonnant c'est que plus loin, après la traversée du fleuve, la longue rue se poursuit encore longtemps , se terminant par une autre porte fortifiée.

Trois voies suivent la Magra en direction de la côte, l'autoroute, la nationale sur laquelle je m'engage par erreur, et une petite route signalée par les panneaux "via Francigena bici" que je finis par retrouver. Elle tourne, monte et descend parfois, longe épisodiquement le fleuve ou l'autoroute, et bénéficie de la vue sur les sommets de l'Appenin.

Un petit épisode montagnard, dans des bois qui surplombent la vallée me plaît bien, mais il se termine abruptement après la traversée cahotante d'un village-rue vermoulu..

Après avoir traversé le fleuve on arrive à Aulla, une ville plutôt industrielle, derrière laquelle s'élèvent des sommets étonnamment découpés . Ce doit être les Alpes Apuanes.


Une "voie verte" traverse la ville où aujourd'hui dimanche on se promène beaucoup. Je la quitte parce qu'elle devient cahotante et me retrouve sur des avenues où la circulation est périlleuse, et puis trouve la route, bien fréquentée aussi, direction Sarzana, longeant la Magra.. Il me reste un peu moins de 15km, une heure environ

Je n'irai pas loin : une voiture de police barre la route, il y a eu un éboulement, on ne passe pas. Décidément... et là pas moyen de passer outre.

Les policiers me proposent un itinéraire qui double la distance et décuple les dénivelés. Impossible. Ils finissent par me donner une meilleure idée, celle de prendre le train jusque Santo Stefano di Magra ensuite il ne restera que 7km (de nuit). Faisable.

Et je le fais, le temps de trouver la bonne gare, d'attendre le prochain train, 17h35, et de faire le trajet jusque Sarzana. A 18h15 l'accueil pèlerin est fermé. Je dois téléphoner à une Signora Marissa et attendre une demi-heure devant la grille. Elle me propose une petite chambre confortable à 20 EUR, je préfère le dortoir à 15 euros. Il y a une cuisine (sans cuisinière mais j'ai mon réchaud), et pas mal de place, je vais pouvoir faire sécher mes affaires de camping un peu mouillées. Toujours pas d'autre pèlerin.

Je fais des pâtes cuisson rapide avec des carottes.

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Nuageux, éclaircies le matin

L'établissement est visiblement prévu pour des séjours estivaux, les couvertures sont bien légères, mon duvet servira.



Heureusement que je me suis levée tôt car un peu avant 8h j'entends farfouiller dans la serrure. C'est un jeune homme à la peau noire avec une tête d'immigré clandestin, qui va vers la salle de bains avec une brosse à dents.

Je perds du temps à chercher des affaires mal rangées, mais je fais œuvre utile en ajustant enfin les attaches de mes sacoches.

Encore un problème, la clé qu'on m'a donnée pour ouvrir la grille ne fonctionne pas. Heureusement je trouve une dame qui fait le ménage et j'attends moins longtemps qu'hier.

La visite de Sarzana sera rapide, le seul endroit à visiter, la cathédrale, est fermé. Ici aussi le centre ville est formé de longues rues étroites et pavées, avec quand même une grande place, la place Matteotti. (C'est un nom que l'on retrouve souvent. Giacomo Matteotti était un député socialiste et pacifiste assassiné par les fascistes en 1924). La place est de forme triangulaire et fort belle, difficile à prendre en photo avec le soleil. C'est là que se trouve l'hôtel de ville (? Palazzo communale) et un imposant monument aux morts de la première guerre mondiale.


On sort de la vieille ville sous une porte de pierre. J'admire une belle villa au passage.

Mon itinéraire devrait tournicoter dans des petites rues... Mais à peine engagée je me heurte à une barrière. Je vais donc prendre la route en direction du bord de mer, qui circule beaucoup.

Et qui continue à circuler beaucoup quand elle suit la côte, il n'y a même pas d'aménagement cyclable.

Le temps n'est pas spécialement venteux mais la mer est forte. Et grise. La plage est jonchée de débris de troncs et de branches. De gros bateaux flottent pas très loin.

Voilà, j'ai vu la méditerranée, mais depuis la route qui longe la côte elle n'est pratiquement pas visible, cachée par des restaurants (tous fermés)et les bâtiments des établissements de "bains". des plages privées en fait. Bref l'urbanisation est continue. Marinella Di Sarzana. Marina di Carra, Marina di Massa, Partaccia, Forte dei Marmi..et j'en passe.

Les passages publics, comme cette jetée sont rares



À partir de Marina du Massa on bénéficie enfin d'une bonne piste cyclable, revêtue de vert pour la distinguer de la voie piétonne rouge, entre des pins parasols et des palmiers. C'est un peu monotone malgré tout. Et puis le vent souffle d'en face. Mais il fait chaud.

Juste avant de tourner je décide quand même d'aller prendre mon casse croute sur la plage. À cette endroit elle est de sable. large et nettoyée.



Le ciel était bleu, mais de gros nuages inquiétants arrivent du sud. Ces nuages sont accrochés depuis ce matin aux monts de l'intérieur des terres.

C'est vers cette direction que je tourne à angle droit. Mais c'est encore longtemps urbanisé, sans grand caractère jusqu'au beau centre ancien de Pietrasanta.


Le temps s'assombrit, je ne prends plus de photos, on sort enfin dans la campagne et même la montagne, mais la route est toujours fréquentée, y compris dans une raide montée en longs lacets.

Voilà l'itinéraire de la journée.


C'est après Camaiore que ça monte fort, ensuite ça redescend.

J'ai essayé de joindre les auberges pour pèlerins de Lucca (Lucques), sans succès. Aussi, quand l'itinéraire bifurque pour quitter la route principale, je n'hésite pas longtemps à le suivre, avec l'idée de trouver un coin pour bivouaquer.

Pour l'instant ça monte fort raide dans les bois, et ça y est, c'est la nuit.

Après les bois, voici un village de montagne, une longue rue étroite... Et une église. On trouve souvent près des églises...

En effet, un petit coin d'herbe bien plat sous le clocher fera l'affaire. Il y a même une petite table et deux chaises. Qui ne vont guère me servir d'ailleurs.

Merci la providence ! Qui aurait quand même pu faire un effort supplémentaire. L'ondée qui se met à tomber pile au moment où je déplie la tente, c'est pas sympa.

Pas tragique non plus, la tente est vite montée, il suffit de prendre un chiffon pour essuyer le tapis de sol. Il va encore pleuvoir après... Plutôt agréable quand on est à l'abri !

Je fais de la polenta pour la première fois de la rando. Dans le duvet et avec la doudoune j'ai trop chaud.

Les cloches sont un peu violentes mais la dernière sonnerie sera à 20h.

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Temps nuageux, très peu de soleil


Un léger vent a soufflé dans la nuit, la tente a séché, seuls le matelas et le tapis de sol sont un peu humides.

J'ai bien dormi. La cloche ne commence à sonner qu'à 8h. J'entendrai encore le coup de 8h30, pas celui de 9h, je serai partie.

On peut voir sur le mur les deux marques de la via Francigena : rouge et blanche pour les marcheurs, bleue et blanche pour les vélos. Je suis vraiment en plein dessus : le chemin passait par la petite porte qu'on aperçoit à droite de la tente.

Je ne risquais pas de m'installer dans le cimetière, je le vois sur le versant d'en face. J'y passe, après descente raide et montée raide, et m'y arrête pour prendre de l'eau. Belle vue sur le village et les collines avoisinantes, dommage que le temps soit si gris...



Je ne suis pas encore tout à fait en haut, c'est abrupt mais court : bientôt il n'y a plus qu'à descendre jusqu'à Lucca. Une petite route très raide sur une pente boisée, une moyenne route dans la campagne, et une grande route droite et plate qui est déjà dans l'agglomération.

Quelques ronds points, passage sous les remparts et voilà la vieille ville. Un peu tristounette aujourd'hui, je suis un peu déçue car je me rappelais avoir été éblouie quand j'y étais passée il y a presque quarante ans. Pourtant la ville n'a pas du changer beaucoup depuis, pas de constructions récentes ni de restaurations voyantes, les voitures circulent, dommage, seules quelques rues sont entièrement piétonnes.

Toute la ville ce sont des rues au pavage rectangulaire comme partout, bordées d'imposantes maisons et palais du moyen âge et de la renaissance. Elle tirait sa richesse de la fabrication et du commerce de la soie et était une république (nobiliaire) indépendante pendant plusieurs siècles... jusqu'à ce que Napoléon envahisse l'Italie et donne la ville à sa sœur.

Bien avant ça c'était une ville romaine. A l'exact centre, l'église Saint Michel "in foro" est située à l'emplacement du forum.


Sa blancheur et son fronton élevé surmonté de la statue de l'ange seraient plus éclatants sur un fond de ciel bleu...

Pareil pour la cathédrale, située plus près des remparts. Elle est dotée aussi d'une façade à colonnettes mais la décoration est plus riche. Elle pourrrait paraître surchargée mais en regardant de près les sculptures, dans la tradition des cathédrales, sont belles et plaisantes. Et les décorations de marbre blanc et vert foncé sont du plus bel effet.

L'intérieur a l'air somptueux, mais je suis privée de visite : c'est payant. Ce n'est pas du radinisme mais des principes, je ne trouve pas ça normal de payer pour entrer dans une église. Je jette juste un petit coup d'œil depuis la sortie où je me suis subrepticement glissée.

Je remarque d'autres églises au passage, il y en a à tous les coins de rue. La brique a souvent une part plus grande dans la construction.



De l'une à l'autre des palais, des fenêtres munies de grilles, des maisons de brique ou crepies en jaune et ocre, des places , des cafés achalandés et beaucoup de monde, beaucoup plus de citadins locaux que de touristes .


La plus grande des places est celle qui a la forme de l'amphithéâtre romain dont elle occupe l'emplacement.


Une dernière église que je ne visiterai pas non plus, San Frediano, a une mosaïque sur le fronton.


J'ai l'idée d'aller manger sur un banc au jardin botanique, à l'entrée je rencontre une dame qui sort de là, gentiment elle me dit que c'est fermé et m'invite à monter sur les remparts pour le voir d'en haut... C'est pas pareil, mais comme ça je vois les remparts, c'est un espace vert aussi, et je peux m'installer sur une table de pique nique. C'est un espace vert, les passants sont nombreux. Ces remparts datent des 16e, 17e donc plutôt plus récents en fait que la ville.


Il me reste une quarantaine de kilomètres jusqu'à San Miniato. La route circule à travers la plaine de Lucques, la circulation est importante, et je renonce à faire les détours proposés par la véloroute.

À Altopascio, à une quinzaine de kilomètres. je m'arrête pour boire un café sur la place. À ce moment là je vois passer un gros sac à dos et lui court après. C'est une jeune Slovaque qui n'a pas l'air de vouloir s'arrêter. Elle parle français, mais je n'ai pas le temps de savoir grand chose, à part qu'elle a dormi à Lucques dans un B&B pas cher, et qu'elle a eu la pluie hier matin.

La patronne du bar m'invite à me faire tamponner "mon passeport" à la bibliothèque en face, je m'exécute, merci pour le conseil !

Après Altopascio l'environnement se fait un peu plus vallonné. La circulation est moins dense mais plus rapide et avec beaucoup de poids lourds. Après une grande côte quand ça redescend vers une rivière, je finis par quitter la grand route, c'est un raccourci, petite route bordée d'oliviers... qui se transforme en piste caillouteuse épouvantable. Pour pas trop long heureusement.

Passage sur un pont et sous une arche à Ponte di Cappiano, maintenant pour arriver à San Miniato il faut traverser la vallée de l'Arno, c'est plat pour quelques kilomètres. Et presque toujours urbanisé. Fuccechio, Sans Pierino, Sans Miniato basson. La nuit est tombée quand je passe l'Arno.



Je perds du temps à chercher un distributeur de billets qui fonctionne, sinon je serais arrivée à l'heure à l'ostello, car j'arrive à gravir la montée harassante (et sombre) sans descendre de vélo.

Mais la gardienne m'a attendue. Je paye 18€, heureusement le bancomat du crédit agricole fonctionnait. J'ai un dortoir pour moi mais je ne suis pas seule. Un gars qui n'a pas l'air d'un pèlerin, plongé dans son portable et qui ne donne pas envie d'engager la conversation, et aussi une jeune pèlerine, mais oui, elle se présente, Chiara, italienne, de Gênes, mais hélas je n'arriverai pas à lui parler.

Quelques courses au petit commerce local, pâtes aux courgettes et à la ricotta.

Sans Miniato di notte
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Beau temps, chaud


J'émerge vers 8h au moment où Chiara part sac au dos. Je sortirai bien plus tard car je me suis endormie hier sans avoir réussi à terminer la rédaction de la journée.

Une dame blonde que je verrais bien slave vient faire le ménage vers 9h et ne me chasse pas. Je laisse mon vélo (qui doit la gêner) pour aller faire un tour dans la ville.

L'auberge (ostello) est située en plein centre de Dan Miniato, entre l'évêché et l'hôtel de ville. En face s'élève la haute façade baroque du "Santuario SS. Crocifisso".


De là on accède à la cathédrale avec son campanile carré . L'intérieur est encore très luxuriant.

De la place de la cathédrale la vue est étendue sur la campagne toscane, on domine aussi le reste de la ville.


I

Plus haut (trop haut) se trouve un belvédère encore plus élevé, la tour construite sur le "rocher de Frédéric Il" (on suppose donc qu'il est passé par là).


On redescend dans les rues par des escaliers sous des porches monumentaux.


Les murs du séminaire épiscopal sont très joliment ornés, malheureusement cachés par des tentes mises en place pour une manifestation quelconque, peut être une course automobile, quelle horreur.

Je reprends mon vélo vers 10h, passant par la piazza Bonaparte où s'élève la statue d'un roi de Toscane appelé Léopold 2. Elle est bordée de nombreux palais, je ne vois pas trop bien lequel est celui de Buonaparte. Sur la même place se trouve une petite chapelle, oratoire dédié à San Rocco. Et aux pèlerins.


Et ce n'est pas fini, au bout de la ville on peut admirer la place du 20 septembre et l'église Sainte Catherine.


La ville étant sur un promontoire on aurait pu penser qu'après ça allait descendre, pas du tout ça remonte et fort raide. je dois pousser, mais ce ne sont que côtes abruptes et descentes vertigineuses. Je pousse le vélo ou freine à mort. Si toute la Toscane est comme ça, ça va être très dur. Même pas possible de regarder le paysage portant fort beau, orné de cyprès d'oliviers et de pins pignons.

Évidemment il sera moins joli quand les reliefs vont s'adoucir. On rejoint une vallée, on roule sur une petite route parallèle, et trop proche, d'une voie importante.

La première ville s'appelle Castelfiorentino. Avec ce nom élégant on ne l'imagine pas, mais c'est une ville populaire, qui contraste avec les villes précédentes plutôt bourgeoises. Et on retrouve une spécialité italienne : le linge aux fenêtres.


Il reste moins de 30km pour aller à San Giminiano mais ça va monter à peu près tout le temps, depuis Castelfiorentino qui est dans une vallée. Entre Pillo et Gambassi Terme une randonneuse apparaît sur le bord de la route. C'est Chiara, celle de l'auberge... À pied elle a été plus vite que moi ! Et elle va encore me doubler car le m'arrête pour manger peu après, à côté d'une très belle église romane d'où on a aussi la vue sur les vignes (hautes) et les collines. Dans l'abbaye a été aménagée une auberge de la via Francigena (fermée en ce moment), l'Ostello Sigerico, du nom du fameux archevêque de Canterbury qui a fait ce pèlerinage.


L'abbaye

la campagne.


C'est juste avant Gambassi Terme. Même en m'étant reposée avant, la montée vers ce bourg sera harassante, d'autant plus qu'elle continue après. Du coup je ne vais même pas visiter le centre, qui est encore plus haut. Et je revois une dernière fois Chiara.


Mais finalement, peut-être aussi parce que le soir tombe, que je n'ai pas le soleil dans le nez et qu'il fait plus frais, la fin de la journée est moins dure. Quand l'altitude de 530m a été atteinte, ça redescend et puis la route reste à peu près sur le même niveau (c'est pas plat pour autant !). La région est vallonnée, devient plus boisée... Et s'assombrit avec le soleil couchant.


Vais je encore voir apparaître les tours de San Giminiano, la ville des gratte-ciels? Oui! Mais vraiment tout juste.


Parce que dans la montée (inévitable) vers la ville il fait déjà nuit.

J'avais vaguement espéré passer la ville et camper un peu plus loin, c'est impensable à cette heure. Il n'y a qu'un seul hébergement pour pèlerins, le téléphone ne répond pas. Il faut que je me trouve un jardin public, mais effectuer cette recherche dans une ville tout en pentes, c'est très laborieux. C'est aussi l'occasion de visiter un peu. Je déteste l'ambiance de ces villes touristiques en fin de journée. Mais c'est stupéfiant toute cette pierre, et tous ces massifs monuments médiévaux.



Je ne raconte pas les détails de ma recherche, mes difficultés pour trouver un accès sans escalier aux jardins publics de la ville qui sont sur la hauteur... Mais ça marche ! Je plante ma tente sur un emplacement plat et à peu près sombre, à proximité de jeux pour enfants. Vu la situation je ne devrais pas être trop dérangée. Inconvénient : on entend les voitures, le boulevard n' est pas assez loin.

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Brouillard

Je crois que j'ai dormi 5h30 d'une traite (ça ne m'arrive jamais). La tente est trempée, c'est le brouillard..

Je monte quand même sur la tour voisine, mais il n'y a pas grand chose à voir !

Et ce sera, après le San Giminiano de nuit, San Giminiano dans le brouillard... Et dans le calme.

C'est tout juste si on voit le haut des tours !


Dans la cour intérieure d'un palais (c'est un musée)

Encore des voûtes, et des plans inclinés en brique. Je descends vers la place triangulaire avec le puits en son centre (piazza della Cisterna). Surprise ! La place est encombrée par des barnums et des étals, le puits est à peine visible, c'est le marché, qui se poursuit encore sur la place de la cathédrale voisine. Et là il y a du monde, mais ce sont les locaux, ce n'est pas la même ambiance.


Par dessus s'élèvent les palais, les tours, les églises. La cathédrale Santa Maria Assunta doit être fermée, en tout cas je ne vois pas l'entrée. Errant au hasard des rues, j'entrerai dans une église plus petite, Sans Bartolo, où on n'a le droit que de prier.


Et puis je stationne un moment au café où j'ai beaucoup de chance, c'est plein mais il reste une petite table près de la fenêtre, avec une prise de courant par dessus le marché. Ce qui est surprenant c'est qu'au moment où je repars il n'y a plus personne.



Hier j'ai monté la rue San Matteo, aujourd'hui je descends l'autre rue large de la ville, la rue San Giovanni. Il est temps de partir, passé 10h30 ça y est, les touristes sont sortis!

Regardant le ciel ce matin, j'avais l'impression que le brouillard se levait. Mais non, il est tenace et il y a de la circulation. Je mets mon éclairage..

On s'en doute une descente bien raide m'attend... Mais après à peine 5km, les grimpettes reprennent ! Au moins ça réchauffe. Et en début de journée c'est encore la forme. Je ne me retourne même pas, l'étonnante vue sur les tours, c'est pas pour aujourd'hui.

La route, plus calme quand on quitte la direction de Florence, elle est plutôt jolie, de ce qu'on en voit.. des silhouettes de cyprès et pins parasols dans la brume... Ça monte de façon continue jusqu'à Colle di Val d'Elsa.

J'ai du mal à voir en quoi c'est un col, mais c'est encore une ville ancienne, tout en longueur, et en reliefs. On y entre par une porte fortifiée médiévale. Sur plusieurs rues parallèles s'alignent des palais aux nombreuses fenêtres et grandes portes voûtées, des 16e 17e qui ont eu leur heure de splendeur mais maintenant ne sont pas forcément en bon état. Un grand bâtiment en hauteur, en travaux, est impossible à identifier.



Le dernier palais (17e) est l'actuel hôtel de ville

Après avoir tant monté on ne profite même pas de la descente... 16%! Pas question de se lancer.

On arrive dans la ville basse, plus étalée. On y trouve l'église Saint Augustin et un musée de la cristallerie, qui était la spécialité de la ville.


On voit que le brouillard s'est dissipé, mais le ciel ne va pas se dégager. Il va même se mettre à pleuvoir, au moment où je me suis arrêtée dans un village pour déjeuner et que j'ai étalé toutes mes toiles de tente... Qui ne seront donc pas sèches.


J'ai quitté un moment la grande route, me retrouvant sur une petite route non asphaltée. Mais ce qu'on est mieux sans les voitures !

Je ne réitère pas l'opération, je voudrais arriver pas trop tard à Sienne, mais maintenant la route est fréquentée. Et en plus elle monte presque tout le temps.


De San Giminiano à Siena

Évidemment la circulation ne baisse pas en arrivant dans la ville, et il n'y a guère d'aménagements cyclables... Le cyclisme en Italie est moins prisé dans les régions vallonnées ! J'ai quand même croisé quelques cyclistes, dont un couple de voyageurs.

L'entrée dans la vieille ville est vite repérée, là aussi c'est une porte fortifiée. Sous le temps gris et pluvieux, à la tombée de la nuit, les longues rues de brique semblent plutôt sinistres.

Je me trouve à traverser la célèbre place du Campo, qui a la particularité d'être en pente... Et je dois dire qu'en vélo on le sent bien.



Verra t'on la tour demain ??

Par ces longues rues, slalomant (doucement !) entre les nombreux piétons, j'arrive au couvent qui héberge les pèlerins, c'est "l'accoglienza (accueil) Santa Luisa". Les soeurs m'expliquent qu'il s'agit de Louise de Marcillac, une Parisienne, et que sa fête a été déplacée du 15 mars au 9 mai pour ne pas tomber pendant le carême. À savoir pour les Louise !

Ces sœurs sont très gentilles et plusieurs d'entre elles parlent français car ce sont des sœurs de Saint Vincent de Paul dont la maison mère est à Paris. Elles ont fait des stages là-bas.

Bref j'obtiens une chambre individuelle carrelée et un peu austère. La salle de bain est confortable, la cuisine aussi mais il n'y a qu'un micro-onde, pas de gastronomie aujourd'hui, dommage car la supérette Conad est à deux pas.

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Publié le 17 novembre 2023

Beau temps, quelques nuages et un peu de vent

Hier j'ai passé beaucoup de temps à mettre au point mes divers itinéraires et mon planning pour la suite du voyage. De ce fait il me reste pas mal de choses à faire, notamment écrire un message à la ferme où je dois aller à la fin du mois. Je devrai partir plus tôt que prévu, et là il me répond qu'il est absent jusqu'au 4 décembre... Ça me fera à peine une semaine de woofing et que vais-je faire avant ça ? En tout cas je ne suis pas pressée, je vais rester une nuit de plus et j'aurai toute la journée pour visiter Sienne.

Après moi est arrivé un groupe très nombreux de jeunes gars au teint mat, heureusement ils ne sont pas installés dans la zone "pélerins", mais ce matin ils occupent le rez-de-chaussée, j'ai déjà eu du mal à me repérer mais là je ne reconnais rien, suis complètement perdue. Je finis par trouver la sortie, aujourd'hui je ne serai pas dehors avant les touristes, il est 10h bien sonnées.


la chambre, l'entrée du couvent, une fontaine et la haute tour du palais ducal

Quelques rues étroites, un espresso lungo au passage, c'est 1,20€ comme partout, et je vais traverser la célèbre place semi circulaire et en pente, il Campo.


Quelques sculptures en bas du palais, dont ce charmant jeune homme. On peut accrocher son cheval.


Reprenons les rues malheureusement les voitures y circulent mais on marche au milieu, il n'y a pas de trottoirs. Les passants sont en grande partie des "locaux".

À l'arrivée à la Pinacothèque (musée de peinture), je suis indignée, l'entrée n'est pas gratuite pour les plus de 65 ans comme c'était le cas dans tous les musées italiens quand j'y suis allée et que je n'avais pas atteint cet âge. C'est 7€, c'est quand même honnête.

Le musée présente la peinture siennoise de l'âge d'or de la ville, du 13e au 16e siècle. Les peintures les plus primitives évoquent les icônes orientales, fonds dorés et personnages hiératiques.


À de très très rares exceptions, toutes les œuvres présentent des sujets religieux, et les thèmes ne sont même pas variés, des madones à l'enfant, et des vierges entourées de saints, parfois d'anges. Ce sont en plus toujours les mêmes saints, et bien stéréotypés, tous avec des barbes sauf les très jeunes. Les locaux sont évidemment très représentés, Catherine de Sienne et Saint Bernardin au visage maigre.

On est séduit par quantité de beaux visages aux regards pénétrants, surtout dans les tableaux anciens, après les visages sont plus maniérés et les artistes attachent plus d'importance au décor.

Et il faut attendre bien longtemps avant de trouver des petits Jésus qui ne soient pas hideux.

Voici une sélection de madones, ça permet de suivre l'évolution.

 Guido da Siena (13è), Simone Martini (début 14è), Lippo Memmi(14è)
Lucca di Tomé , Ambrogio Lorenzetti, (14è) 
là c'est Catherine d'Alexandrie, Michelino da Besozzo, début 15è) 
 Matteo di Giovanni (15è) 
"il Beccafumi "(16è), Marco Pino (16è) 

L'éclairage n'est pas très bon, il y a toujours des reflets. Dans une des salles des baies vitrées permettent d'avoir une vue magnifique sur la ville.


Le campanile rayé est celui de la cathédrale. S'il n'y avait pas les paraboles on se croirait au moyen âge.

Ce qu'il y a de bien dans ce musée c'est qu'il n'y a aucune œuvre particulièrement célèbre... du coup les touristes ne viennent pas... Je n'ai croisé aucun autre visiteur !

Par contre autour de la cathédrale, prochaine étape, là il y a du monde.

Marbres de couleurs variées et surcharge décorative. Je me répète sans doute, ça épate mais n'émeut guère. L'entrée est visiblement payante, je ne vois même pas où on achète les billets. Je glisse un coup d'œil à l'intérieur, tout rayé noir et blanc comme le campanile.

Venir vidi

Le palais médiéval en face me plaît bien. Je n'ai pas trouvé d'explication claire, ce pourrait être Santa Maria de la Scala. Un hôpital pour les pèlerins de la via Francigena.


En longeant la cathédrale on trouve le mur d'une église qui n'a jamais été achevée, et de l'autre côté, une autre entrée et une autre façade.


Plus loin c'est un dédale de rues étroites mais pas désertes, on croise quelques touristes mais surtout des indigènes, on longe quelques commerces de styles divers.

La Basilica San Domenico est immense. Elle est décorée de peintures du 16e, dans le style (c'est pas trop mes goûts) de ce que j'ai vu au musée, Sodoma, Vanni... On ne comprend pas pourquoi elle n'est pas dédiée à Sainte Catherine (de Sienne) car il n'est question que d'elle à l'intérieur, et même, la relique de sa tête y est exposée (j'ai pas regardé).




Ce qui valait le détour, c'est surtout la vue magnifique qu'on a de là sur la cathédrale et sur la ville.


Encore des rues sombres, en pente des passages sous les bâtiments, un peu plus bas on accède au "Santuario di Santa Catarina" . C'est là qu'elle est née en 1347 mais des constructions ont été ajoutées, l'église, un portique. Les nombreuses colonnettes sont d'un bel effet, le lieu est calme et agréable.

Ce qu'on peut retenir de cette Catherine, c'est qu'elle a œuvré pour le retour à Rome du pape (depuis Avignon).


Pour rentrer, nouveau passage par la grande place. Au moins les voitures n'ont pas accès. Les gens s'asseoient par terre. La fontaine Gaïa au centre n'est pas visible, en travaux...


Dans l'ancien ghetto il y a toujours une synagogue. Non loin de là une plaque commémore l'épidémie de... covid. Rien à voir pourtant avec la peste, qui au 14e avait décimé la population..


Je suis très loin d'avoir vu tout ce qu'il y aurait à voir dans la ville mais je n'en peux plus. Il n'est pas encore 18h, mais je rentre à l' hébergement pour ne plus ressortir.

J'ai repris une soupe à chauffer au micro ondes. C'est vraiment dommage qu'on ne puisse pas faire la cuisine ici.

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Très beau temps, un peu frais


Départ encore tardif,vers 10h. Il y a encore un groupe qui stationne au rez-de-chaussée. Ce sont des plus jeunes, garçons et filles.

C'est la sœur qui parle le mieux français qui est à l'entrée. Elle me dit que les bâtiments ici appartiennent à l'État.

Je découvre qu'il y a de belles fresques anciennes sur les murs du hall d'entrée.

Dernier regard sur le couvent et l'église Santa Maria dei servi,

C'est logique, la rue par laquelle la via Francigena sort de la ville, c'est la via Roma, plutôt descendante mais aux (larges) pavés inégaux. Et la porte sous laquelle elle passe... La porta Romana.



La face ensoleillée, exposée au sud, est dans l'autre sens, celui de l'entrée

C'est une belle sortie de ville, la route côtoie encore quelques maisons anciennes, et on se trouve tout de suite dans la campagne, sans subir les horreurs des villes modernes. (Ce n'était pas du tout le cas à l'arrivée)

Soleil en face... Mais quel bonheur ce ciel bleu lumineux ! Et avec une petite fraîcheur quel plaisir de pédaler. Plaisir... dès le départ quelques petits raidillons donnent le ton ! J'ai lu que là on arrivait en Toscane pure et dure...Oui les collines on les admire, mais il faut les mériter !

Rapidement le fléchage conduit vers des pistes non goudronnées, qui sont en général pas mauvaises, il faut seulement se méfier des nids de poules et des gravillons. Après le relief heurté du début, c'est plus régulier et même ça descend un peu (il faudra le payer plus tard).

Ce n'est sans doute pas la saison idéale pour parcourir cette campagne, car les champs sont en labour, ou récemment semés, c'est moins beau que quand ils sont couverts de coquelicots...



La route est souvent bordée d'arbres, chênes ou cyprès. Ceux-ci se regroupent autour des fermes, fréquemment au sommet des collines, ainsi que des oliveraies et par endroits des vignes (défeuillées).

La vue est étendue, et on voit encore longtemps Sienne sur ses hauteurs.

Mais bientôt les raidillons reviennent, j'arrive encore à rester sur le vélo, jusqu'à une côte qui est à la fois longue et abrupte, j'évalue à 15%- 20% par endroits. Il faut pousser et c'est très dur. Je vois qu'un circuit vélo qui passe là s'appelle "l'eroica". Bien nommé.


Des boisements couvrent quelques collines, mais ils sont rares. Des monts gris sont visibles à l'horizon...


Ce matin j'avais passé deux villages, Isola d'Alba et Monteroni d'Alba, sans intérêt particulier. Un troisième, plus important, s'appelle Buonconvento. Entorse à l'itinéraire , je prends la "route régionale" pour me raccourcir. C'est là que j'atteins la moitié du trajet et il est 14h. C'est donc là que je ferai la pause, donc pas dans la campagne mais dans un joli petit jardin avec des bancs. Il passe quelques promeneurs... et un fauve.



Le parc est situé sous les remparts de ce bourg ancien, dit "un des plus beaux villages italiens", tout en brique, la longue rue, l'église, l'hôtel de ville, et les remparts.


L'église est ancienne (13è) mais entièrement refaite au 18è. Par contre elle contient trois magnifiques peintures du "quattrocento" (15è). Les peintres, je les connais déjà, ils sont exposés au musée. Mais in situ, c'est mieux.


Je prends un café et repars... beaucoup trop tard, 15h30, et maintenant ça va monter pour de bon.

Mais on se rapproche de Rome...


Au début ça va, sur les routes, et même ça descend. Mais le premier raidillon, vers un château en haut d'une colline, est bien costaud et je le termine à pied.


Ensuite c'est montées et descentes sur une route de crête, très beau, surtout à la lumière du soleil couchant. Mais là, j'en suis sûre, je ne terminerai pas l'étape jusqu'à San Quirico. Le problème c'est que j'ai certes vu des places de bivouac en chemin, mais c'était bien avant, et là où je suis, ce ne sont que des champs, et en pente.


Le soleil se couche et je descends inexorablement vers un village, Torrenieri. À l'entrée se trouve un terrain de jeu enherbé, des dames me disent que c'est au club de sport, alors je vais au stade où un monsieur me dit que je peux m'installer là. Des gamins jouent à côté mais ils ne vont pas y passer la nuit...

Effectivement ils partent mais soudain je me rappelle avec horreur qu'on est samedi, et qu'il ne faut jamais rester près des villages le samedi.

Ça ne rate pas. Un peu de musique très forte. Puis des bruits de voix, beaucoup d'enfants. Ouf c'était un goûter ou un apéro, ça ne dure pas..

Mais à 21h, arrivée de voitures, klaxons. voies fortes, bruits de ballons et les lampadaires qui s'allument. Un match, j'ai gagné. Normalement ça ne devrait pas durer toute la nuit et ils vont éteindre les lumières, espérons..

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Plus ou moins de nuages

Le match a effectivement duré jusqu'à 22h30 puis les projecteurs se sont éteints, et après quelques bruits de voix c'est le calme, ou presque...il reste les aboiements de chien.

Je me réveille avec le jour, c'est à dire pas si tôt, un peu avant 7h. Le soleil est un peu voilé. La tente est trempée par la rosée.



C'est pas la grande rapidité, départ 8h50. J'attache la tente sur le porte bagage, la dernière fois l'intérieur de la sacoche était trempé.

Je n'ai pas la curiosité d'aller voir le centre du y. À la sortie quelques montées et descentes se succèdent mais la route est belle, peu fréquentée et néanmoins goudronnée. Je crois que c'est la via Cassia, voie romaine qui, c'est certainement pas un hasard, a un tracé très proche de celui de la Via Francigena.


Bien sûr San Quirico est sur la hauteur, il faut passer sur un viaduc pour accéder à l'église. Celle ci est romane pas trop remaniée, et est intéressante avec ses trois portails, et ses lions. Elle est d'une pierre blanche poreuse qui doit être du travertin.


Par contre l'intérieur est outrageusement baroque, spécialement l'autel. Mais on y trouve aussi des merveilles : un triptyque à la Vierge de Sano Di Pietro peintre siennois du quattrocento. Et derrière l'autel je suis autorisée par la nonne de service mais seulement "una minuta" à aller voir de splendides panneaux de marqueterie représentant des artisans et des musiciens, qui nécessiteraient un temps beaucoup plus long. Hélas ils ne rendent pas en photo.


Sano di

À côté de cette église on admire aussi un puits, et un palais "baroque tardif" .



De là une longue rue bordée de palais fait traverser tout le bourg.


Au passage on reverra deux églises, dont une qui a gardé l'austérité romane, c'est rare.


J'enfourche ma monture. Descente à la sortie du bourg, et là, route barrée. Je la prends quand même, c'est fort plaisant d'avoir la route à soi...À l'endroit critique un cycliste arrive en même temps que moi, il m'aidera à pousser les barrières, sinon pas de problème, un tronçon a été refait mais c'est sec, on peut passer.


Le revers de la médaille c'est qu'il y a d'autres travaux sur la route principale, et les voitures sont déviées... sur la petite route de la Via Francigena. Ça va durer un moment, mais quand le flot des voitures a été redirigé, c'est très calme.

Le ciel s'est couvert, le paysage est un peu moins joli. C'est plutôt plat et on longe beaucoup de champs labourés. Des manoirs, des fermes, des tours sont perchés sur des hauteurs. On se dirige vers des monts boisés. Oui ça va monter, c'est prévu...



Ça monte déjà d'ailleurs, faiblement mais de façon continue.

Comme il n'y a pas beaucoup de coins pique nique je décide de m'arrêter à une église ou un monastère repéré sur la carte, appelé San Pietro. Évidemment il faut grimper un raidillon pour y arriver. Et pour constater que les bâtiments ne sont plus affectés à la religion... Mais à l'agriculture. Il y a là une ferme et un élevage, tant pis, on peut profiter quand même d'un espace vert devant l'église, et puis de la vue, la position est dominante.


C'était un monastère important, à l'époque...

Autre problème, pas de soleil et pas de vent, la tente sèche mal. Elle sera pliée encore un peu humide.


Et au moment où je repars, vers 15h, c'était inattendu, le soleil revient.

Le paysage recommence à me plaire, plus sauvage, plus boisé. Il reste moins de 20km, mais ça va monter en permanence, c'est régulier, ça se fait bien. Au loin un mont élevé surmonté d'une tour m'intrigue. Je n'arrive pas à voir sur la carte où il pourrait être.

Dans les derniers kilomètres la nuit tombe. et plus j'approche du but, un bourg appelé Radicofani, plus c'est raide. Soudain, le mont isolé surmonté d'une tour, il est là tout près...



C'était tout simplement Radicofani, le but de mon étape !! J'étais loin d'imaginer qu'on allait me faire monter là haut !

Très haut oui, obligation de pousser le vélo. Sur la route puis dans une rue pavée et bordée de maisons de pierre. dois trouver l'église San Pietro, elle est au bout..

Je dois normalement trouver un numéro de téléphone sur une porte près de l'église. L'église a plusieurs portes, mais je n' y vois aucun numéro de téléphone. Une dame m'indique une maison en face, en effet voici le panonceau à l'intention des pèlerins. Ça sonne longtemps mais ça répond, un monsieur qui me donne toutes les explications pour entrer, je mets un moment pour voir le pot de géraniums où se trouve la clé et je ne comprends qu'à moitié ses recommandations. Mais voilà une belle salle avec une grande table, à côté un dortoir une salle de bains et une cuisine, que demander d'autre? L'inconvénient c'est qu'il n'y fait pas chaud.


Ospitale dei Santi Piero e Giacomo .

La cuisine est particulièrement bien aménagée, mais on est dimanche et je n'ai pratiquement plus rien. J'accommoderai mon reste de pâtes avec une boîte de tomates pelées que je trouve là.

Mais avant ça tour de village by night, et une bière au bistrot. Pas grand monde dans les rues, quelques humains et quelques chats peureux.


Le profil de la journée...

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Publié le 21 novembre 2023

Brouillard puis couvert


Je n'ai pas sorti le duvet, et sous quatre couvertures j'avais moins chaud que dans la tente.Je finis les flocons d'avoine, le lait concentré, le pain, les clémentines. Je n'ai plus plus de provisions.

Je traîne un peu mais celà ne sert à rien, le brouillard persiste inexorablement. Fugitivement la silhouette de la tour là haut se dessine dans la brume. Au moment où je pars (quelques courses au passage dans les petits commerces), on distingue le fond de la vallée, les sommets sont dans les nuages.


En connaissance de cause, je décide de prendre l'itinéraire de la Via Francigena piétonne mais indiquée aussi comme cycliste, c'est une piste non goudronnée et en forte descente, bref je prends des risques.

En effet, ce n'est pas très confortable, et ce à quoi je ne m'attendais pas, c'est que ça ne fait pas que descendre, ça remonte parfois, et fort. On peut aussi réitérer une remarque déjà faite, ce n'est sans doute pas la saison idéale (surtout sous le ciel gris). Quelques feuilles jaunes restent accrochées, mais les arbres et arbustes feuillus ont leurs branches dénudées, les herbes hautes sont sèches. et pas une fleur. La balade a néanmoins un certain charme, avec tout autour ces ondulations de monts dans la grisaille, et puis c'est moralement satisfaisant d'emprunter une voie historique où tant de pèlerins (ou autres) sont passés. Le pavage apparaît parfois sous le sable ou les graviers.


J'imagine aussi des défilés de pèlerins à certaines saisons... Ce n'est pas vraiment ça, mais ce n'est pas zéro non plus : sur le livre d'or de l'auberge au moins une douzaine de personnes étaient passées en novembre (deux en vélo), et ce matin, première rencontre un monsieur peu chargé. Il est sud - coréen mais me dit habiter à Ponte de Lima au Portugal. Il est dans l'autre sens, il va.. à Santiago de Compostelle, ou plutôt il y retourne, il a déjà fait le chemin plusieurs fois j'ai l'impression..

Quand enfin (j'en ai un peu marre, des descentes abruptes sur les chemins caillouteux...), quand enfin donc j'atteins le village de Ponte de Rigo, deux personnes avec sac à dos sont en train de discuter à une aire de pique nique. La femme est anglophone, je l'ai rencontrée hier en arrivant à Radicofani. Elle va à Rome. Le gars, un Allemand se prénommant Andreas, se dit randonneur et pas pèlerin. Mais il prend la même direction, je le redoublerai plus loin.

Ponte de Rigo a l'air tout petit, je ne passe pas dans le bourg. Juste avant j'ai traversé une rivière au large lit de pierres, la Paglia. Peu après je retraverse... Mais non ce n'est pas la même rivière. celle -ci s'appelle...la Senna.



Je me retrouve sur des routes goudronnées, plus de confort et moins de charme..

Je commets l'erreur de m'arrêter à un "agroturismo" ferme -auberge-chambre d'hôtes, ils font restauration. On me sert un grand café même pas chaud au lieu d'un espresso lungo, et une crostata (tarte) qui doit avoir un mois, pour 7 euros en liquide... Je ne renouvellerai pas l'expérience. Juste après, encore une mauvaise surprise, la petite route que je voyais sur la carte n'est pas du tout goudronnée, et bien plus mauvaise que la précédente.

Elle est pourtant bien annoncée.


Le pire c'est une descente très raide vers une vallée sur un parcours très caillouteux. Je vais à peine plus vite qu'en montant, je souffre, et mes freins aussi.

Le paysage est agricole et n'a rien d'exceptionnel. Les fermes sont grandes, laides, et ne sentent pas bon. Les moutons sont cracra.



Heureusement en s'approchant de Proceno la chaussée s'améliore peu à peu, de gravillons à peu près circulables, puis des zones de goudron de plus en plus fréquentes. jusqu'à couvrir toute la route.

Et une autre rencontre intervient ! Un Hollandais d'Amsterdam, jeune, parti pour un an, déjà passé cet été en Suède et en Finlande. Il va également en Espagne, en passant par la côte d'azur. Il s'appelle Rik.

L'autre nouveauté, c'est que je quitte la Toscane. Proceno est "la porte du Lazio". C'est la région de Rome et je vais y rester un bon moment.

Je vais casser la croûte sur un banc peu après le panneau mais n'ai pas le courage de monter jusqu'à la tour.

Ça descend bien vers la vallée de la Paglia, mélancolique avec les feuillages jaunes et les brumes qui montent. Mais après la vallée, nouvelle montée vers Acquapendente, située sur une hauteur comme il se doit.

Ce bourg est assez grand, commercial et industriel, le centre a une partie ancienne avec des rues très étroites, et une partie moderne, plus vivante. Je n'y reste pas, je passerai plus de temps au supermarché coop pour me réapprovisionner, il y avait besoin.



Acquapendente

À la sortie du supermarché il est 16h30, la nuit tombe quand je roule sur la SP (Strada provinciale) qui va à Rome.

Alors une nouvelle fois je n'irai pas au bout de l'étape, qui était Bolsena. Je m'arrête au prochain bourg, San Lorenzo Nuovo. J'ai le temps d'entrevoir le lac de Bolsena. Je plante la tente près d'un espèce de monument.Il y a des poubelles et de l'eau. Et, malheureusement. des lampadaires.

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Pluie la nuit, seulement quelques gouttes dans la journée, très nuageux

Heureusement ce sont les dernières gouttes qui tombent à l'aube, je n'aurai pas à plier sous la pluie. Mais la tente est mouillée (moins quand même que la dernière fois), et la journée devrait être pluvieuse. Il faudrait que je me trouve un hébergement, déjà à Viterbo où je devrais aller, il n'y a rien. Comme il doit pleuvoir cet après midi je ferai une courte étape, je m'arrêterai avant, à Montefiascone.


Entre les arbres on peut voir le lac de Bolsena

Pour l'instant direction Bolsena. La route principale (toujours la via Cassia) n'a pas l'air excessivement fréquentée, alors j'abandonne le chemin des pèlerins. La route descend, sans surprises.

Je suis quand même un peu déçue car les vues promises sur le lac sont plutôt rares. Une vue d'en haut d'une rue en partant, ensuite des arbres font obstacle la plupart du temps


Mais quand la route se rapproche du lac un chemin me permet de rejoindre une plage (publique). Une petite bande de sable gris (volcanique) des roseaux, l'immensité du lac, deux îles, et des nuages menaçants.



En arrivant à Bolsena on est impressionné par la masse de la ville haute dominée par le château.

Entrant dans la ville par une porte et une rue étroite, j'arrive à la piazza San Rocco où se trouve une grande fontaine du même nom. Et quelques commerces dont un bistrot où je prends un café, avant de laisser là mon vélo pour monter à l'assaut des escaliers.


Les passages sombres font un peu peur. Dans le château se trouve le musée que je vais visiter (3,5€ tarif réduit). À part deux jeunes qui me doublent en coup de vent je suis la seule visiteuse.

Géographie, géologie et surtout histoire. Le lac est d'origine volcanique, mais ce n'est pas un cratère, les volcans étaient autour.

Ses environs ont été peuplés depuis des temps immémoriaux , de l'homme de Néandertal, des âges du cuivre de bronze en de fer, jusqu'aux Étrusques et aux Romains. Sont donc exposés ici les objets trouvés dans les fouilles autour et dans le lac.




Les Étrusques ne sont pas venus d'ailleurs, ils sont les héritiers de ces civilisations, qui en outre ont été influencées par les Grecs qui occupaient le sud de l' Italie.

La ville s'est appelée Velzna après la démolition (3è s. av JC) de la capitale (Velzna maintenant Orvieto), puis Volsinii nom romain.

On trouve au musée des stèles et des "cippes" (pierres de forme conique placées sur les tombes), où sont gravées des inscriptions, d'un alphabet proche du grec.



La jolie statuette de bronze est une anse d'urne, qui avait une destination funéraire, c'est écrit dessus.

La présence étrusque a duré de la fin du 8è siècle av JC jusqu'au 1è siècle absorbée par les Romains. La ville est devenue une grande ville romaine, un étage du musée est consacré à cette époque. Je passe plus vite, j'admire la céramique aretine (=d'Arezzo) et quelques sculptures comme cet "amour" jovial et cet élégant satyre dans les vignes, trouvées sur les restes d'un temple.


Au sous-sol, changement de sujet : des aquariums présentent les poissons vivant dans le lac.


Des perches soleil, des carasses, des brèmes, des tanches, des chevesnes... et un poisson chat.

Le musée va fermer. La gardienne m'autorise à monter en vitesse à la tour.


En sortant je traverse la ville par les habituelles rues anciennes.

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Le but est d'aller voir la basilique de Sainte Christine qui est très ancienne. Hélas elle a fermé à 12h15, j'aurais dû y aller en arrivant, mauvaise organisation. Là a eu lieu un miracle assez sordide, une ostie qui s'est mise à saigner, ce n'est pas ça qui m'intéresse, mais les fresques et peintures à l'intérieur.. De l'extérieur, on voit trois églises accolées (laquelle est la bonne) de style différent, l'ensemble n'est pas harmonieux, sans doute aussi à cause de la couleur grise de la pierre.



À côté, encore une place Matteotti, où on a installé les décorations de Noël. Ça commence.


Pour terminer le séjour dans cette intéressante ville, un pique nique au bord du lac, un peu écourté par quelques gouttes de pluie.



Je mets la cape qui n'aura pour effet que de me donner chaud dans les côtes car il ne pleut presque pas. La route est très jolie, bordée d'oliviers ou de chênes chevelus, des vignes et vues sur le lac et ses îles.


Je suis toujours la via Cassia jusqu'à une dizaine de kilomètres avant Montefiascone où je continue sur une fort jolie route de campagne bordée de chênes, pas goudronnée mais bien roulable, le seul problème c'est que, on s'en doute vu le nom de la destination, ça monte très fort.

Devant moi un monsieur marche sur la route. Je le rejoins quand c'est moins raide. Il est Albanais alors je lui vante son pays, qu'il a du quitter il y a longtemps.

La fin du trajet est atroce, dans la ville avec des pentes à 20%, je me retrouve quand même devant le monastère San Pietro où j'ai téléphoné ce matin.

C'est un bâtiment immense aux larges couloirs sombre. Une sœur me montre les lieux, très austères, et me propose le dîner. Pourquoi pas?

En attendant je vais visiter la ville by night ou di notte. Impressionnante aussi. J' y verrais bien le décor d'un film un peu fantastique.

Escaliers voûtes portes monumentales lanternes à l'éclairage intime, une cathédrale monstrueuse par ses dimensions, et un château "Rocca dei Papi" , forteresse des Papes au sommet de la ville (633m).

Au repas on m'a mise seule à une table. À l'autre on dirait des ouvriers, mais est assis également un jeune religieux aux traits fins. Il est question de déplacer un confessionnal.

J'apprécie le repas, j'aurais préféré la minestra a la pasta, mais c'est de la nourriture familiale c'est ce qui me faisait envie.

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Beau, des nuages, vent fort NE


Il a beaucoup plu cette nuit, c'est mieux d'être sous un toit. Et ce matin le vent souffle fort. Je suis relativement efficace, prête à partir vers 8h30, il n'y a plus qu'à plier la tente, que j'ai mise à sécher sous l'auvent du cloître... Oui, mais... Le double toit est sec, mais la tente intérieure est complètement trempée, alors quelle était quasiment sèche. C'est à cause du vent... Alors je la mets à sécher sur un radiateur, 3/4 d'heure environ.

Le lieu, de jour, est beaucoup plus avenant.




Monastère San Pietro, l'entrée, l'escalier et la zone réservée aux pèlerins

Au moment où je m'apprête à partir une sœur passe et me propose un café. Pas moyen de refuser. Elle est très gentille, beaucoup plus que ses consoeurs d'hier, et en plus me donne plein de gâteaux secs.

Bref départ à 10h.


Maintenant, c'est la descente de la ville qui va être raide.


Vues sur la cathédrale et sur la ville

Après environ un kilomètre sur une avenue principale, changement de direction, une petite route descend la colline tout droit, la pente est tellement forte que je préfère descendre à pied, en freinant au maximum.

Heureusement ça ne dure pas. C'est la campagne, le temps est venteux et un peu nuageux mais clair. Tout va bien.


Les routes ne sont pas goudronnées mais roulent bien. Plus loin je rejoins une voie goudronnée que je croyais secondaire, elle circule encore plus que la via Cassia. Beaucoup de voitures me frôlent à moins d'un mètre.

Du coup je décide de reprendre la Via Francigena. Mais là le chemin n'est plus aussi bon, avec une portion en terre.


Mais ce n'est pas si boueux. Et puis ça me donne la chance de rencontrer un marcheur, un Milanais mais qui ne va que jusqu'à Sienne.

Sous deux monts couverts de forêts (l'un d'eux est le monte Cimino 1057m) s'étend déjà l'agglomération de Viterbo, Viterbe en français. La ville paraît immense. elle a moins de 70000 habitants. Mais la ville ancienne est très étendue , et j'ai bien du mal à m'y retrouver, je ne peux pas me fier à l'itinéraire VF Bici qui contourne le centre.



Cette rotonde est une chapelle de la peste.. transformée en monument en l'honneur des morts pour la patrie.



Plusieurs clochers de la ville sont rayés de cette façon.

Sur la place du plébiscite le palais de Priori abrite la mairie. (Plébiscite de 1860 qui a consacré l'unité italienne sous l'égide du roi Victor Emmanuel Ii)


Une petite rue, une nouvelle place dotée d'une fontaine, beaucoup plus charmante.


Je gare mon vélo sous la Tour de Bourgogne et vais explorer la ville médiévale.


Un quartier étonnant, plein de recoins et de merveilles diverses à découvrir, maisons restaurées ou délabrées, très peu de commerces, groupes d'ados qui sortent du collège voisin ou passants pressés. Je n'ai pas trop le temps, et il faut bien avouer que ce vent froid n'est pas propice à la flânerie.

Encore quelques jolis endroits. une place au nom peu flatteur...


En se dirigeant vers la place San Lorenzo, l'endroit le plus touristique de la ville, on peut observer les grosses pierres de la muraille étrusque.

Sur la place, s'élève la cathédrale San Lorenzo. Et le palais des papes. Décidément ils en avaient partout, des palais.



Je suis bien embarrassée pour sortir de cette place, de tous les côtés ce ne sont que des escaliers. Mais des passants me font découvrir un ascenseur. Assez grands pour les vélos. Et je me retrouve sur ma route, avec jolie vue sur la ville haute.



Pourtant l'avenue que je j'emprunte monte beaucoup. Et est aussi pleine de voitures. Après quelques rues calmes, c'est de nouveau la route avec beaucoup de circulation et pas mal de côtes. Pas d'horizons dégagés comme les jours précédents.

Je trouve une chaise au soleil dans le village pour manger le tramezzino acheté à Viterbe (sandwich de pain de mie en forme de triangle). Facile à manger mais pas bon du tout.

Le village suivant, Tre Croci, j'ai la bonne idée de le contourner par une petite route repérée sur la carte. C'est les montagnes russes, mais c'est fort agréable de longer la forêt de chênes.



Plus loin je contourne l'agglomération de Vetralla et retrouve la via Cassia et la circulation automobile. Il y a possibilité de rejoindre la Via Francigena pure et dure, je n'hésite pas une seconde et fais bien, la chaussée est tout à fait praticable, et circule à travers des forêts.


Alignement de pins pignons près d'une ferme

J'arrive à Capranica à la nuit tombante, j'y ai trouvé un hébergement par téléphone et j'ai l'adresse.

Je dois passer sous le pont qui mène à cette tour de l'horloge.


La rue passe dessous, mais dans l'obscurité je ne vois pas les numéros ni d'ailleurs d'entrée de maison. Il faut que je me fasse tout expliquer par téléphone (avec Antonio, le propriétaire), moi qui n'aime pas téléphoner en langue étrangère, c'est extrêmement laborieux. Mais je finis par trouver l'entrée (dans une petite rue adjacente), la boîte à clefs, l'escalier sombre qui descend dans une vaste salle voûtée, les compteurs électriques et les interrupteurs à actionner pour allumer les lumières, la deuxième entrée où je peux passer mon vélo, ouf, quelle aventure !

Visiblement c'est une chambre d'hôtes où Antonio accueille à l'occasion les pèlerins en manque d'hébergement. La nuit dernière a dormi ici Béatrice, une pèlerine à pied que je suis depuis Sienne, trouvant régulièrement ses petits mots sur les livres d'or des hébergements. Réussirai je à la rencontrer ???

Je m'installe et ressors pour faire les courses, mais pour trouver un supermarché, je dois retourner 1km en arrière pour retrouver celui là devant lequel j'avais hésité à m'arrêter en venant... Ce n'est pas la première fois que je fais cette erreur...

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Publié le 24 novembre 2023

Moins de vent qu'hier, moins froid. un peu plus nuageux


C'est encore pas la rapidité ce matin. Départ 9h45. J'ai tout bien fermé mais oublié de prendre la poubelle.


Sous le pont, vue diurne.

Je suis déjà sur la route, la descente ne dure que jusqu'au fond de la vallée, tout proche. Sur l'autre versant la côte , taillée dans la roche, est impossible à monter en vélo, et même en poussant c'est très dur. Mais c'est beau.

La route continue par de bons chemins de campagne. Ici on cultive... le noisetier, c'est carrément une monoculture. Des gens y travaillent , munis d'échenilloirs... Ils taillent.


Le bourg de Sutri, apparaît situé sur une hauteur comme il se doit.


Pour s'y rendre il faut traverser la via Cassia, bien encombrée. Je monte courageusement en direction du centre, mais à vrai dire, ce qui m'intéresse, c'est un amphithéâtre romain, que je ne vois pas indiqué, alors je finis par vérifier... Il est en bas, je suis montée pour rien !

En bas je descends dans un parc où se trouve un point d'eau. Il est surmonté d'une paroi rocheuse, comme le chemin tout à l'heure, mais dans la roche des trous ont été creusés, habitations troglodytiques, caves, voire tombeaux ?


On se croirait en Touraine ! D'ailleurs la roche, c'est du tuf aussi, mais celui ci est d'origine volcanique.

Et l'amphithéâtre, qui se trouve un peu plus loin. a cette particularité qu'il est entièrement creusé dans la roche.


De ce fait il est plutôt bien conservé.

Un peu plus d'un kilomètre sur la via Cassia, la route de Rome, suffit pour m'ôter l'envie d'y retourner. Je suis donc le tracé de la Via Francigena sur des voies campagnardes. Jusqu'à Monteroni, où on arrive après avoir longé un golf, ça se passe plutôt bien.

C'est un petit bourg sympathique, dans une des églises baroques j'écris deux lignes sur un livre d'or à l'attention des pèlerins , puis j'achète un pain au levain dans une boulangerie très achalandée et appétissante, je bois un café et admire la deuxième église, sur la place, sur fond de montagnes enneigées, ce pourrait être les Abruzzes.



La sortie de la ville est particulière , le fléchage m'amène sur un sentier accolé à l'autoroute. Heureusement qu'il n'y a pas là de marcheurs...et que ça ne dure pas trop longtemps.


Mais au niveau des chemins ça se dégrade nettement. Chemins de terre, parfois, et raidillons abrupts, souvent. Des champs. Et de nouveau des bois. Je mange près d'une cascade et d'un moulin, en compagnie d'un chat à l'affût de quelque rogaton (il lèchera la boîte de sardines).


Les chemins ne s'arrangent pas. Maintenant ce sont des pierres dures, des ornières, et le comble, c'est l'arrivée à Campagnano di Roma où la pente est tellement forte que je suis obligée d'enlever les sacoches (arrière) pour pouvoir monter le vélo, et revenir les chercher après . Il y avait longtemps que je n'avais pas fait ça.


La montée n'est même pas belle, pleine d'ordures et de crottes de chien. Je hais donc cet endroit. Des panneaux indiquent des bâtiments ou curiosités diverses, j'y vois plutôt un état de délabrement avancé.


Une longue rue étroite,( avec des voitures stationnées tout du long, ça nuit au caractère médiéval), et on arrive à une place rectangulaire où on ne peut nier que l'hôtel de ville rouge brique, et la blanche fontaine centrale, aient belle allure. au soleil couchant.


C'est toujours aussi vide, j'entre dans un café et en ressort aussitôt tellement il est sinistre.


Encore une rue, au bout, une porte monumentale. La fin de la ville ? Non, c'est là qu'elle commence. C'est comme une transition brutale du moyen à l'ère moderne. De l'autre côté de la porte, un rond point, des voitures dans tous les sens, quantité de passants sur les trottoirs, des commerces, des cafés animés...

J'étudie l'itinéraire, j'en ai assez des chemins de terre. Mais la suite semble être plus praticable. Sauf qu'un raidillon épouvantable m'attend encore, goudronné mais il faut quand même pousser. La bonne surprise c'est que ça dure très peu, et qu'il s'ensuit une agréable descente avec une belle vue sur la campagne du Latium.

Une chapelle est annoncée, la Madona del Sorbo. Une vierge apparue dans un sorbier ??

Et en effet c'est là que je vais trouver asile. Pas d'herbe mais des graviers. Toutefois une petite terrasse-coin pique nique sous un pin parasol me convient. Je demande l'autorisation à des gens dans l'église. La porte en bas ne sera pas ouverte avant 7h20. Ça ne va pas me gêner.

Ce qui gêne un peu c'est des travaux en cours sur l'église. Mais ouf ça se termine à une heure normale.

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Beau, puis nuageux


Je ne m'étais pas couverte au maximum, j'ai fort bien dormi, il a juste fait un peu froid vers le matin. Le vent s'est calmé complètement, résultat la rosée est tombée, la tente est mouillée, l'arbre ne l'a protégée que d'un côté.

Petit déjeuner dehors un peu frisquet. Je termine enfin la bouteille de gaz achetée en août 2022 à Gresy les Aix lors de ma rando alpine et jurassienne. C'était un grand modèle, je vais gagner de la place.



Départ encore pas bien tôt, 8h51. Après la descente de l'église, c'est encore une côte pour commencer la journée. La route traverse un parc naturel, disons un lieu de promenade. De grands prés verts vallonnés où paissent des chevaux.



Mais le bourg de Formello est plus bas, le plus dur (pour l'instant) est passé. C'est une ville animée. J'ai la bonne idée d'abandonner la via Francigena pour une route secondaire, un peu passante, certes, mais elle descend sans excès et de façon régulière.

Quand elle rejoint l'itinéraire, c'est toujours une route goudronnée, mais bien abîmée par les racines de pins pignons (= parasols) qui la bordent.


C'est l'arbre du Latium, comme le cyprès celui de la Toscane ou l'olivier celui de la Pouille.

On passe sur le côté d'un village appelé Santa Cornelia, de là la circulation s'intensifie, et quelques kilomètres plus loin, on rejoint déjà la banlieue de Rome.

C'est là que deux cyclistes voyageurs me doublent. Heureusement ils s'arrêtent au stop. Ce sont deux jeunes Français de Lille, Théo et Constantin. Ils continuent après Rome vers Bari et la Grèce.

Dommage que je n'ai pas tenté de les suivre. Dans le flot des véhicules je ne tourne pas où il faut. Je me retrouve à devoir prendre un chemin pédestre et franchir une passerelle en déposant deux sacoches .

Ensuite c'est pire je suis la trace que j'ai faite, me trouve bloquée sous une autoroute, je rebrousse chemin et finis par retrouver les marques. C'est un énorme détour, en ville, dans des petites rues aux reliefs encore impossible, ou dans la circulation.

Tracé parcouru en violet

Ça va mieux après, je dois encore une fois enlever TOUTES les sacoches pour passer une barrière, mais ensuite, ouf! Je suis lancée sur la piste cyclable qui suit le Tibre et tout est facile !


La piste est sur une digue, au début on ne voit pas le fleuve, seulement des roseaux, puis beaucoup de terrains de sports.

Au premier pont de pierre, ça y est, on se sent entrer à Rome ville historique, et animée.

Très belle promenade le long du Tibre, cette fois on est vraiment au bord du fleuve, on admire entre des feuillages jaunes les ponts monumentaux, de belles villas, quelques coupoles ou frontons....



Le problème c'est qu'on est vraiment en bas et pour sortir les escaliers sont très hauts.

Heureusement à l'endroit où je dois sortir c'est pas trop difficile, et un monsieur m'aide à pousser mon vélo

Un circuit dans des petites rues, à la porte austère du 11B de la via dei Genovesi je sonne, la porte s'ouvre et je me trouve dans un charmant jardin surmonté de la tour de l'église.

On m'autorise à rester deux nuits. Avec moi sont hébergés Lucas de Clermont Ferrand qui randonne sa guitare à la main, et... Béatrice, que j'ai finalement rejoint !

Un tour dans Rome à la nuit


Je dois être rentrée à 19h30 pour le dîner. Nos hôtes, Léa, Fedora, Cristina et Luca organisent un petit rite pour l'arrivée des pèlerins, lavage des pieds.

Au repas j'apprécie beaucoup l'excellente soupe aux pâtes et haricots.

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Publié le 25 novembre 2023

Beau temps, mais vent fort très froid


Ce matin petit déjeuner à 8h seulement, mais départ obligé à 9h. J'arrive malgré tout à faire ma lessive. Pas de machine et dans le local destiné il n'y a que l'eau froide... C'est l'austérité...

Le petit déjeuner c'est frugal aussi mais c'est l'Italie... Biscottes beurre confiture. En compagnie de Béatrice et Lucas. Ils sont moins stressés que moi sur l'heure, nous sortons vers 9h10.

Spedale Della Provvidenzia/ Béatrice et Lucas

Nous nous séparons, moi je continue dans le Trastevere, à travers des rues calmes et plutôt cossues, en direction du Vatican , en passant par le Janicule, une colline qui ne fait pas partie des fameuses sept collines, disons que c'est la huitième.


L'église est San Pietro in Montorio

L''avantage qu'elle soit de l'autre côté, c'est qu'on voit toute la ville. De là on voit déjà bien. On va encore monter un peu à travers un parc, passer par une fontaine monumentale (del Acqua Paola), suivre une allée bordée de bustes de personnages qui ont été célèbres, parmis lesquels il n'y a qu'une seule femme .


Et on arrive à la place du Janicule (Gianicolo) beau belvédère où s'élève une grande statue équestre de Garibaldi.


Direction Saint Pierre.. par un itinéraire souterrain improbable, pour les voitures c'est un tunnel, pour les piétons, une suite inquiétante d'escaliers et de souterrains. Où il n'y a pas un chat. Mais je ressors, ouf!


Et la fameuse basilique entourée de sa colonnade est déjà là, toute blanche... Mais la place est noire de monde.


Vue la queue de plusieurs centaines de mètres, et l'affluence, je renonce vite à la visite, et à celle du musée du Vatican aussi. J'aurais aimé voir tous les trésors qui se trouvent là, mais au milieu d'une telle affluence il n'y a pas de plaisir.


Par curiosité je vais voir l'entrée du musée. Par l'intérieur ce n'est pas possible il faut ressortir et longer la muraille. Je ne comprends rien à l'organisation, trop de monde de toute façon.

Mais cette haute muraille me fascine, je décide d'en faire le tour. Ça fait vraiment cité interdite. Au début on rencontre encore des touristes, après seulement des promeneurs de chiens locaux.


Il y a juste une autre porte derrière, bouchée. Ça doit être joli sous ces pins parasols...

L'avantage sous la muraille c'est que je trouve un banc où je peux casser la croûte un peu à l'abri du vent glacial.

Retour sur la place où je me fais arroser suite à un coup de vent sur la fontaine.

Je rejoins le Tibre, et vois d'en haut les ponts sous lesquels je suis passée. Ils étaient plein de monde, je comprends : les gens regardaient le Château Saint Ange, dont je n'avais même pas soupçonné la présence au-dessus de moi.


Suit une longue errance à travers la ville...


Arrivée à la Piazza di Spagna, dans un quartier très commerçant.


L'église est Trinita dei Monti. Difficile de voir le bel escalier, complètement à l'ombre.

Maintenant, toujours dans ce quartier commerçant, je me dirige vers la fontaine de Trevi.

Même en l'ayant vue tant de fois en photos, je suis surprise par ses dimensions. Quant à l'affluence autour, ça en devient comique. Il y a même plusieurs voitures de police. De crainte que certains y plongent ? Aujourd'hui avec le froid ce n'est guère tentant.


Oui je suis gelée et un peu fatiguée. Pas si facile de trouver un bistrot sympa où se reposer. Tous bondés inhospitaliers et hors de prix.

Une petite place a le nom de Skanderbeg... Appartement il s'agit bien du héros albanais.

Et maintenant un autre monument qui en impose, sur une place immense, le palais du Quirinal. Il date du 16e, c'est la résidence du président de la république. (Actuellement Sergio Matarella, c'est pas l'homme politique le plus connu).


Je vais enfin trouver un café accueillant. Enfin, accueillant par son aspect car au niveau du service c'est limite... j' attends au moins une demi heure mon chocolat chaud. Une boisson assez étrange, plus proche de la crème au chocolat. Alléchant, un peu écoeurant. Ça m'a quand même fait du bien !



Santa Catarina a Magnapoli et torre delle milizie

Après les petites rues je me retrouve sur une grosse artère, via nazionale. De gros bâtiments administratifs mais aussi une petite église, basilica di San Vitale e Compagni Martiri in Fovea , très ancienne (5e siècle), et où a lieu en ce moment une répétition d'un ensemble musical et vocal. Très beau.


L'église vers laquelle je me dirige est d'un tout autre style.


Basilica Santa Maria Maggiore

En français, Sainte Marie Majeure. Construite entre le 5e siècle et le 18e.

Intérieur somptueux , très doré et décoré. Des mosaïques, un plafond à caissons et des dallages de céramique. On ne peut pas bien s'approcher des mosaïques anciennes, un office est en cours.

À la sortie c'est la nuit noire. Avant de retrouver le chemin de la veille je passe non loin du Colisée et contourne le Capitole


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Publié le 27 novembre 2023

Beau, froid le matin, moins de vent ensuite


Lea me permet de laisser le vélo la journée, je vais pouvoir continuer tranquillement la visite de la ville avant de me rendre à l'hostel que j'ai réservé pour ce soir.

Hier je me suis fort mal organisée et je vais retourner à des endroits où je suis déjà allée.


La synagogue

Il fait soleil ce matin, mais froid. Je traverse l'île du Tibre comme d'habitude, passe place Jérusalem, devant la grande synagogue et le portico d'Ottavia , tout celà est le quartier juif.

Je prends un itinéraire en direction de la Piazza Navona.

Dans ces petites rues sombres ils fait terriblement froid. Entrer dans les églises peut être un moyen de se réchauffer... Très provisoirement.


Basilica di Sant' Andrea Della Valle

La Piazza Navona est bien plus ensoleillée, et pas trop ventée. Les terrasses des cafés sont déjà pleines.


Une belle place pour ceux qui aiment les fontaines, il y en a trois !

Je finis par prendre un capuccino, le premier du voyage! dans une petite rue.


Et maintenant direction San Pietro bis. Lucas m'a dit qu'il y avait un accueil des pèlerins, pas très visible, où on donnait le "testimonium" (attestation de pèlerinage) et on vous faisait entrer sans faire la queue.

J'emprunte la "via dei Coronari" une rue étroite mais animée, avec beaucoup de boutiques de souvenirs. Fin de messe dans une autre église, San Salvatore in Lauro.


Je repasse devant le château Saint Ange, mais par un pont différent.

Et avec la vue sur le Tibre et sa piste cyclable . Il me faut passer dessus pour aller à San Pietro.

Aujourd'hui l'ambiance est tout autre. C'est dimanche, et le pape dit la messe ou fait une allocation. On le voit sur deux écrans géants devant lesquels est massée la foule. Quand je m'approche c'est déjà fini.

Je ne trouve pas d'endroit où on accueillerait les pèlerins. Les policiers qui font le contrôle des entrées n'ont même pas l'air de savoir ce qu'est un pèlerin. Alors finalement j'entre avec la foule et cela n'est pas si long.



Encore un étalage de luxe qui je trouve nincite pas à la foi. L'atmosphère d'ailleurs n'est pas très recueillie, il y en a même qui téléphonent.

Mais il y a de belles œuvres d'art, on ne peut pas le nier.

Peinture.


J'aime bien cette famille qui pose devant le baptême de Jean Baptiste avec un nouveau baptisé.

Les sculptures


Les pavements de marbre


Un sacré travail, et anonyme.

Je m'étais demandée si les fameux gardes suisses existaient encore. Eh bien à la sortie du "vestibule ?" d'entrée j'en aperçois un, parfaitement immobile.


Direction maintenant "Piazza del Popolo" à travers un quartier d'un autre genre, très rupin, par de grandes avenues bordées d'arbres et de maisons du début du 20è.


La piazza del popolo, c'est encore un lieu grandiose, et un curieux mélange de mythologies égyptienne et gréco-romaine, et de catholicisme baroque.


Au dessus, des jardins et des villas dans le style renaissance


Et en particulier la villa Médicis.

Elle appartient à la France, mais c'est en anglais qu'on vous adresse la parole, déplaisant...

Et là je me retrouve, arrivant directement à l'église de la Trinité des Monts, en haut de l'escalier de la Piazza di Spagna.


C'est dans la rue en face, noire de monde, que je vais m'engouffrer, la via dei Condotti où s'alignent toutes les boutiques de luxe.

En fait sur mon trajet de retour il y aura du monde partout.

Quelques monuments aperçus en route:

Le parlement


Le Panthéon

Une église très baroque

Des ruines antiques

Nouvelle traversée du Tibre, cette fois au bout de l'île


... et arrivée via dei Genovesi.

Je voulais y être à 15h, il est 16h. Je repars avec mon vélo sans attendre, et fais mes adieux à Léa.

Direction la gare termini auprès de laquelle se trouve le "Palladini Hostel". J'ai des problèmes au début car j'ai programmé un itinéraire à pied.

Ensuite la difficulté c'est plus les promeneurs que les voitures, dans les rues qui ont été fermées à la circulation c'est la presse.

La dernière photo de la journée sera le capitole au coucher du soleil.



Il y a un grand hall dans l'hostel et même un emplacement vélo.

Diverses nationalités pas toujours identifiées, des asiatiques (un philippin), des étudiantes ukrainiennes. Je profite de la chaleur et de la cuisine (gnocchis aux légumes) .

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Publié le 27 novembre 2023

Nuageux


J'ai hâte de prendre le petit déjeuner après la douche... Mais ma sacoche "alimentaire" que j'avais laissée dans la cuisine a disparu... Quelqu'un du personnel a du l'enlever, mais le gars de l'accueil n'est pas au courant. Je finis par croire au vol et à paniquer, mais finalement ma première idée était la bonne, je finis par la récupérer, et enfin, boire mon thé matinal.

Ça ne m'a pas fait gagner du temps, départ 9h30. Dans la ville la circulation est dense, je prends parfois les trottoirs, et rencontre encore en route quelques sites intéressants.



Place Victor Emmanuel II et basilique St Jean de Latran.


Un acqueduc, viaduc ? Et une longue muraille

La Via Appia commence à cette porte, pour l'instant c'est une rue vouée à la circulation automobile, mais qui a déjà je ne sais quoi d'antique.

Et enfin voici le moment où on peut prendre la via Appia et en finir avec la circulation. On entre dans un vaste parc ou un cimetière (des catacombes qui se visitent). Et chose curieuse, le tout début de la voie est goudronné. Pour moi c'est mieux surtout que ça monte .



Et puis la Via acquiert la configuration qu'elle aura jusqu'au reste du parcours : chaussée pavée, pour l'instant de petits pavés relativement récents, encadrée par des arbres et des murets.

Tout du long on y voit des restes romains.

Par exemple ce mausolée devenu un château, Castrum Caetani


Et voilà la vraie chaussée antique. Heureusement qu'on peut rouler souvent à côté, en vélo c'est impossible!


Heureusement les cyclistes ou piétons précédents ont en passant sur le côté aménagé des traces un peu mieux praticables. Mais tout est relatif..

Je ne citerai pas tous les monuments qui bordent la voie. je ne les ai sans doute même pas tous vus. Ce sont surtout des monuments funéraires, des constructions de brique typiquement romaines et de temps en temps des épitaphes, des fragments de statues ou de bas -reliefs. Et, tout du long, des restes de pierres et de bases de colonnes.


Bien entendu tout le pavage antique n'est pas conservé mais quand même c'est étonnant qu'il en reste autant. On a l'impression de remonter dans le temps. Même si les beaux pins parasols et cyprès qui ornent la voie n'étaient sans doute pas là à l'époque romaine.

On voit très bien sur les pavés les traces de roues de chariots, romains ou médiévaux ?

Entre les parties anciennes la voie est aussi revêtue de pavés, mais plus petits, et pas super confortables non plus, surtout quand les racines des arbres les soulèvent.

Bref c'est une expérience de suivre cette voie, mais pas une partie de plaisir en vélo.. Je mets au moins deux heures pour faire 12km.

La dernière partie est beaucoup moins restaurée, l'aspect est plus sauvage et la progression encore plus difficile.


Durant ce parcours j'ai rencontré, au tout début. un cycliste équipé "vintage", apparemment pour faire la promotion de la Via Appia. Il s'appelle Carmine et est né près de Sant'Agata de Goti, là où je vais.

Ensuite j'échange quelques mots avec un randonneur pas du tout pèlerin mais sympathique.

Je croise un groupe de musique en train de répéter ou d'enregistrer.

Et retrouve plusieurs fois un marcheur étrange qui ne dit pas un mot et sourit tout le temps. Il a plus l'aspect d'un chemineau que d'un pèlerin (actuel). Mais certains pèlerins anciens étaient sans doute un peu déguenillés..

J'arrive ainsi à un village appelé Santa Maria delle Mole. À l' entrée se trouve un point d'information sur la Via Francigena. je récupère un tampon sur ma credentiale et un prospectus avec le tracé de la voie sud, assez éloignée des deux tracés vélo. L'important est de rouler, de toute façon il n'y a plus guère d'hébergement pèlerin.

L,'itinéraire suit plus ou moins la via Appia. Le but pour les pèlerins était d'aller s'embarquer pour la Terre Sainte.

Je prends un café à 1€, on est loin de Rome déjà ! Je ne trouve pas de supermarché ni d'épicerie, et au moment où je sors du village il se met à pleuvoir, c'était pas prévu si tôt.

Pour en rajouter, la route que je croyais petite est très très fréquentée. Il y a une bande latérale, à l'italienne c'est à dire pas assez large, et mal entretenue, parfois le revêtement est tout bosselé et le bord n'est pas élagué, on se prend si on ne fait pas attention des herbes ou des branches.

Le paysage n'a rien d'attrayant, beaucoup de zones industrielles. Mais la pluie s'arrête. Un peu plus rural vers la fin, comme ça je peux m'installer, à la nuit (un peu après 17h), au bord d'un champ.

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Averses


Il a plu cette nuit, et parfois très fort, avec du vent qui faisait se toucher la tente et le double toit, mais il n'a pas plu à l'intérieur, ouf!

Le jour est à peine levé qu'un bruit de moteur se fait entendre. Une opération agricole, pas un tracteur, le bruit ne change pas de direction. Parfois on entend un claquement de branches qui tombent, mais pour un élagage le moteur est trop régulier... Mais bien sûr, j'aurais dû le reconnaître plus tôt, c'est le vrombissement de la machine qui secoue les branches pour faire tomber les olives. Et effectivement une récolte est en cours, mais de l'autre côté de la route. C'est pas plus mal de se mettre dans une jeune plantation !


Il ne pleut plus, un vent modéré souffle et a commencé à sécher la tente. je n'attends pas plus pour partir, il est 8h25.


Le rythme change : c'est tout plat ! Et le vent ne me gêne pas et même me pousse parfois.

C'est une zone agricole : oliviers et de kiwis (ici sous filets), des vignes, et des champs divers, en ce moment on ne voit pas trop ce qu'on y cultive.

Je retrouve avec une certaine émotion l'atmosphère méditerranéenne, les routes bordées d'oliviers, de canisses, de figuiers de Barbarie, et... d'ordures.

Je vais m'approvisionner au "Conad" de Borgo Montello, seul supermarché sur la route. À la sortie, catastrophe, il pleut à verse. Le temps de ranger, ça semble se calmer mais une nouvelle averse survient, et ça va continuer comme ça une bonne partie de la journée.

Je voudrais bien manger un morceau, mais pas le moindre abri. C'est en arrivant à la mer que j'en trouve un. Des messieurs sont là ça ne va pas me faire renoncer, il n'y a pas le choix. Il y a une chaise et une seule, je m'y installé.

Je finis par réaliser que c'est le rendez vous des pêcheurs et que si ces messieurs sont là c'est qu'ils ont été interrompus dans leur pêche par la pluie. On échange quelques mots mais quand ils parlent entre eux je n' y comprends rien. On est dans le Sud...

Un pêcheur qui vient d'arriver m'a dit avoir croisé une femme en vélo exactement comme moi. Peu d'espoir que je la retrouve malheureusement.


La mer est houleuse, les vagues font de gros rouleaux d'écume.

Je repars sous une pluie éparse. Le pont est interdit aux voitures, alors la route de l'autre côté est bien calme. À Lido Di Latino qui doit être en été une station balnéaire surpeuplée, on ne rencontre pratiquement personne. Je crains le pire, mais ouf ! un café est ouvert. Un bel établissement très clair où il fait chaud et où il y a une table près d'une prise de courant.

En plus du café lungo (1,20€), j'ai droit à un chocolat chaud offert par la maison. Bref ça réchauffe le cœur aussi.

Il est presque 16h quand je repars. Au moins il ne pleut plus. L'aspect du ciel est bizarre, clair vers l'intérieur des terres, sombre en face, et sur la mer on voit de la pluie. D'après le sens du vent ça ne risque rien, mais il vaut mieux aller vite, ce qui ne pose pas de problème, le vent d'ouest me pousse.


Du côté de la mer... On aperçoit une masse sombre à l'horizon. Visiblement c'est une île. D'après la carte il y a bien une île au large, du nom de Ponza...Mais grave erreur !! Elle est bien trop lointaine pour être aussi visible, ce qu'on voit, c'est sur la côte, le mont Circeo près duquel je passerai demain.

Du côté de la terre, au delà d'une lagune les monts sont encore un peu ensoleillés, on aperçoit aussi (pas sur la photo) plusieurs villes. La montagne est plus habitée que la plaine.

Et au-dessus de la mer le soleil fait une pâle apparition, juste au-dessus de l'horizon.


J'hésite un peu à me mettre sur la plage, elle n'est néanmoins pas très hospitalière, pas à l'abri du vent ni des regards, alors je continue en direction de Borgo Grappa, c'était l'étape prévue d'ailleurs.

La route longe une voie d'eau, on passe un petit port de pêche.



Mais de coin où planter une tente, point. Je ne trouverai que près de l'église, c'est plat mais ce n'est pas une très bonne place, les gens s'arrêtent au parking à côté, font courir leurs chiens ou téléphonent, on entend la circulation sur la route... Et j'ai un lampadaire juste au dessus !!

Mais j'ai bien fait de ne pas aller plus loin car il se remet à pleuvoir !

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Beau temps, un peu nuageux


Ce n'est pas très agréable de se réveiller de nuit dans la lumière électrique, mais à vrai dire j'ai aussi bien dormi que d'habitude.

Il a encore plu le soir, moins qu'hier mais le vent manque pour sécher la tente, elle est bien trempée.


Au moment où j'émerge après le petit déjeuner je me trouve nez à nez avec une sœur toute petite en train de balayer, mais c'est plutôt elle qui a l'air surprise. Je lui explique tout, elle ne me fait évidemment aucun reproche mais tente de me convaincre de l'existence et de la bonté de Dieu, et m'invite à venir prier avec elle dans l'église. Je ne vais pas refuser, je vais finir par connaître les prières en italien. J'ai juste quelques scrupules à faire le signe de croix mais ne peux y échapper. Elle s'appelle sœur Antonella.

C'est une petite église toute simple, ça change de celles de Rome. Et sa prière a dû fonctionner, parce que je recevrai une réponse pour une demande d'hébergement dans un monastère, c'est à Fondi, à plus de 60km, j'espère ne pas arriver trop tard...

Pour l'instant je reprends le chemin d'hier pour rejoindre le bord de mer, passant de l'autre côté du canal d'hier.

En bord de mer c'est fort joli.


Maintenant, en principe, il faut suivre la côte. Mais où est le chemin ? Un sentier dans la dune, puis un muret, puis un sentier plus large, mais très sableux... Je ne m'y risque pas, retour à Borgo Grappa et à la circulation automobile.

Mais je vais rapidement tourner sur une petite route et retrouver la mer. La chaussée est asphaltée et roule bien, il faut seulement éviter de passer sur les langues de sable que le vent a amené. Belles vues sur la mer et les dunes, et sur mon "île" d'hier. Ce n'est pas du tout une île, je me suis bien trompée. C'est une péninsule portant une montagne, le mont Circeo, qui quand même aurait été une île à une époque, celle de la magicienne Circé qui a changé les compagnons d'Ulysse en pourceaux.


On circule sur une étroite bande de terre: de l'autre côté s'étendent des lagunes, au delà desquelles on voit toujours des montagnes.


La mer n'est pas bleu foncé mais a une plus belle couleur qu'hier, les vagues sont toujours fortes. Je m'arrête dans un bistrot restaurant en bord de mer. À cette heure on ne sert qu'au bar mais le patron me laisse s'installer à l'intérieur.


Ce mont Circeo a par sa massivité quelque chose d'effrayant quand on s'en approche. Il tombe à pic dans la mer.

Mais dans l'intérieur des terres, l'ambiance change complètement, sous la montagne et entre les chênes verts.


Et on passe de l'autre côté, traversant San Felice Circeo, un gros bourg qui fait station balnéaire chic. La route longe toujours la mer mais est plus fréquentée, surtout quand on rejoint la route venant de Rome. Mais ensuite on trouve une longue promenade doublée d'une belle piste cyclable, longeant la large plage de sable doré. Les bancs sont propices à la pause, les barrières au séchage de la tente.



Parfois le vent manque pour cette opération. Ce n'est pas le cas ici. Je n'ose même pas m'asseoir tranquillement, les toiles se gonflent de façon effrayante. C'est vite sec!


Au bout de cette promenade la ville de Terracina s'étend sous de hauts rochers calcaires. Sur la hauteur on aperçoit un temple romain. Je me rends compte que je dois retourner en arrière pour visiter la ville ancienne..et ça monte fort.


La place traversée par la via Appia (et la via Francigena) est déserte. Tous les cafés et restaurants sont fermés. Elle est entourée de constructions antiques, les restes du forum d'Emilien, de portes et tours médiévales. La belle cathédrale avec son portique à colonnes est du 12è,-13è. Ses lions à la base des colonnes sont bien abîmés.





L'hôtel de ville est moderne et bien que construit dans le style, avec des colonnes, dépare néanmoins un peu. Mais d'en haut la vue est superbe.


La ville ancienne se prolonge par des rues étroites mais je ne peux pas m'attarder j'ai encore de la route.

Sortie de la ville dans la circulation, sous le piton rocheux.


La route longe la mer et est très belle. Au sud la côte apparaît très montagneuse. Les sommets sont blancs mais en y regardant mieux c'est de la roche, pas de la neige. Impossible de s'arrêter pour admirer ou photographier, ça circule trop. Et puis le soir tombe.

La route entre à l'intérieur des terres mais est juste à la limite entre les monts et une plaine côtière. Monte San Biaggio comme son nom l'indique est sur la hauteur. Heureusement il ne faut pas y passer !


Là ma route bifurque, heureusement car est bientôt 17h et il fait tout à fait nuit. Encore 5km, plutôt tranquilles, en direction du monastère de San Magno où on accueille les pèlerins.

Après une belle montée je trouve porte close... Je me suis trompée d'entrée, dans la nuit je n'avais pas vu la grille ouverte. Je rencontre une jeune femme avec un petit garçon qui me montre les lieux mais ne peux pas m'aider à monter mon vélo car elle vient de se faire opérer de la hanche... Et il y a des marches... Elle tamponne ma crédentiale. La deuxième page est remplie.



L'hébergement, dans un bâtiment ancien, est très beau et impeccable.

Je trouve du riz et me fais un risotto aux légumes, à vrai dire pas tout à fait dans les règles de l'art, mais c'est bon !


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Pluie et nuages


La météo indiquait "pluie faible" mais ce qui tombe ce matin ne peut pas vraiment être qualifié de "faible".

Je n'ai pas une grande distance aujourd'hui alors pas de hâte ! Un premier faux départ, reporté par un dernier déluge. Départ définitif= 11h.


Merci San Magno

J'enfile tout l'équipement de pluie, mais pour rien en fait, j'arrive à Fondi sans pluie. Mais beaucoup d'eau...des flaques voire des mares partout sur la route.

C'est un parcours intéressant pour qui aime la rapine. Car dans cette zone agricole ou plutôt arboricole, ce qu'on cultive ce sont... les agrumes. Pour les oranges et citrons c'est un peu tôt mais les clémentines sont à point. En réalité je me contente de ramasser deux clémentines tombées à terre, et regretterai de ne pas en avoir pris plus car elles s'avéreront excellentes.

Le ciel est très très noir derrière moi, ça n'a pas l'air d'être du côté du vent mais c'est inquiétant quand même.


Donc j'arrive à Forni sans la pluie. Une ville bien animée et d'allure banale.

Ce matin j'étais un peu inquiète à cause de mes freins qui ne freinaient plus beaucoup, surtout mouillés, et voilà que je passe devant un magasin de vélos, le gars me propose 20€ pour changer les freins, ce n'est peut être pas particulièrement donné mais ça sera fait. Une vingtaine de minutes, le temps d'aller au bistrot et d'envoyer mes photos sur WhatsApp.

J'en profite pour lui demander conseil sur la route à suivre, il y a trois possibilités, une route dans les montagnes sans doute un peu dure, la Via Appia qui est la via Francigena mais le traffic sur la version route est paraît il énorme. Le vélociste me propose la côte, qui serait moins fréquentée et plus intéressante.

Au moment où je quitte la ville de gros nuages noirs sont tout proches, je suis sûre que je vais prendre une douche. Je continue quand même, comme je traverse des zones industrielles il y a possibilité d'abri.

Ce n'est quand même pas une petite route de campagne, ça circule.. et par ailleurs j'ai le vent plus ou moins en face. Mais ce qui est rassurant c'est qu'en face c'est plutôt clair, et effectivement il ne repleuvra pas de la journée. J' y aurai échappé...

À l'approche de Sperlonga je ne suis pas fâchée de quitter la route pour suivre des voies campagnardes, à travers de jardins.

En rejoignant la véloroute, dans un virage brusque, je manque la collision avec deux cyclistes, et ce sont des Françaises, Émeline et Zaza. Elles sont bretonnes et sont parties de Lille début août pour un tour de l'Europe. Sont passés par le Monténégro et l'Albanie et ont pris le bateau pour Bari. Elles sont en route vers Rome.

C'est encore une plage de sable, avec cabines bleues et blanches. Joli mais trop venteux pour y rester. Vue sur la pointe de Terracina d'un côté, celle de Gaëta de l'autre.


Pour casser la croûte je m'installe dans un café fermé à l'abri du vent, avec un peu d'inquiétude devant cette ville perchée. Va t'il falloir y monter ?

Eh oui, c'est soit un raidillon soit un long lacet... J'opte pour la deuxième solution, je n'aime pas pousser..



D'en bas et d'en haut

Mais après la descente, une autre épreuve est au programme, au moins trois tunnels à passer. Le premier de 375m, le dernier de 500m, deux moins longs entre les deux. Ma lampe frontale éclaire bien, pas de terreur liée à l'obscurité. Ce qui fait peur, c'est le bruit amplifié des moteurs, et puis les véhicules qui passent près, il n'y a pas de bande de dégagement. Grand soulagement quand c'est passé.

Entre les tunnels la route est très belle, en corniche au-dessus de la mer écumante, avec de beaux points de vue, quand on peut s'arrêter, sur les caps voisins, généralement surmontés de tours de guet.


Et puis on s'approche de Gaëta, en montant évidemment. Sur le rocher il n'y a que le château, la ville s'étend en dessous (env 20 000 habitants), bordée aussi de belles plages.

Trop de reliefs, la nuit qui tombe, je n'en aurai pas vu grand-chose. Mais ce n'est plus si loin jusqu'à Formia où j'ai un hébergement. Qui s'avère pas formidable. C'était indiqué comme logement pour pèlerins mais ce n'est pas une structure religieuse, c'est un club de windsurf qui met une chambre à disposition, trois lits serrés dans une pièce, salle de bain et cuisine à partager. Le problème c'est surtout que c'est en dehors de la ville et à côté de la route. Supermarché discount à côté, où on ne trouve pas tout.

Je mange bien quand même, gnocchis courgettes avec mozzarella de buffala (bufflonne) qui est une spécialité du coin.

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Temps nuageux et chaud (env.20°)


J'avais pris mon duvet pour dormir et dans la nuit j'ai eu trop chaud, et j'hésitais à ouvrir la fenêtre... Il y a des moustiques.

Départ un peu après 9h. Les dix premiers kilomètres ne sont pas intéressants, que ce soit en bord de mer ou dans la ville, c'est partout encombré de véhicules.

Vue sur le port de Formia.


C'est après Gianola et avant Marina di Minturno que l'on peut enfin prendre une rue calme pour rouler ensuite au bord d'une très longue plage.


Je prends un café, pour une fois à la terrasse, dans le bruit des vagues et l'odeur de la mer . Et je continue, sur une belle piste cyclable


La plage est fermée par un petit cap où la mer mousse.

Dans une anfractuosité de rocher est caché ce petit oratoire, où apparemment on demande beaucoup à la Vierge.

Après avoir contourné assez largement ce cap (pas de montée abrupte), le chemin suit la côte mais dans une zone de jardins terrains de loisirs et campings (tous bien fermés). Et puis on butte sur un fleuve, le Garigliano, un nom qui me dit quelque chose : une bataille en 1944, et un pont de Paris.

À l'embouchure des pêcheurs jettent leur ligne.


Et c'est là que je dis adieu la Mer Tyrrhénienne, car c'est ainsi qu'on nomme cette partie de la Méditerranée.

Et je vais aussi quitter le Latium pour la Campagnie car c'est ce fleuve qui fait frontière entre les deux régions.

Et retrouver la circulation de la Via Appia automobile. Il faudra patienter un peu avant de pouvoir prendre une route un peu moins importante pour Sessa Aurunca. Mais voilà qu'un cycliste arrive derrière moi. Sacoches Ortlieb... un voyageur! Qui parle français et n'est pas du style pressé, il ralentit et fait route avec moi! Il s'appelle Gilles, est Suisse francophone de la région de Berne et est parti le 15 octobre, il se dirige vers la Sicile. Ça monte vers Sessa Aurunca mais je m'en aperçois à peine, absorbée par la conversation. Bref encore un Suisse formidable !

Nous nous quittons à l'entrée de la ville, il continue vers Capua, je repartirai aussi dans cette direction mais avant ça je voudrais visiter un peu la ville.

C'était une bonne idée, c'est une ville fascinante. Là j'y suis, pas de doute, c'est le Mezzogiorno, le Sud, la splendeur et le délabrement.

On entre dans la ville ancienne par la porta dei Cappuccini, datant du 15e


Plus exactement on en sort. À l'heure où j'arrive (midi ?) une file ininterrompue de voiture passe cette porte venant de la rue centrale qui est à sens unique. Quelques instants plus tard il n' y a plus personne et je monte cette longue rue pavée toute droite en poussant le vélo, je n'ai pas l'élan pour monter dessus.

Je mange un morceau sur un banc, près d'un bâtiment ancien qui est un établissement scolaire.


La poubelle à côté déborde, des détritus traînent un peu partout dans la ville.. le Sud...

Juste après, une via W A Mozart... Ce jeune homme illustre s'est arrêté ici!



On admirera le mur lépreux... Comme la majorité des murs de la ville.

Mais cette jolie église (San Carlo) est resplendissante.


Pour aller de là vers la cathédrale le plus court chemin n'est pas le plus simple, c'est un labyrinthe d'étroites ruelles, si étroites que les automobiles ne passent pas.

Dans ces ruelles sombres et sales, les maisons sont à moitié en ruines mais certaines d'entre elles sont de magnifiques palais, quelques uns restaurés.

Je ne sais par quel miracle je trouve la place de la cathédrale. déserte comme il se doit. La cathédrale, magnifique date du 11è siècle, son portique porte de belles sculptures d'époque (sans doute un peu restaurées) dont beaucoup de lions. L'intérieur est impressionnant, hautes colonnades. un autel baroque, un beau pavement de marbre, une chaire étonnante portée par des lions

La grille était fermée à mon arrivée mais une dame est venue m'ouvrir. Elle voulait me vendre des livres sur la cathédrale.


En retournant sur la partie un peu plus moderne de la ville je vois d'autres coupoles cachant sans doute d'autres trésors, et un château massif, mais je ne peux plus guère m'attarder si je veux arriver au monastère de Teano avant la nuit.

Statue d'Hercule et le château

À la sortie de la ville. par où je suis entrée, porte et place des Cappuccini. Il est presque 16h.


Il me faut encore reprendre la grand route, mais seulement jusqu'à Cascano. De là la petite route dans la montagne et la forêt est calme et jolie à la lumière du soleil qui décline. On a une vue étendue et un peu brouillée sur le plaine au sud.


Une belle descente virageuse après avoir beaucoup monté. Teano apparaît... sur une hauteur bien sûr ! Nouvelle côte.

Le monastère est en plein milieu de la ville,von ne devrait pas pouvoir le rater. Le problème est de trouver par où y entrer, et ce sans monter d'escalier

Je pousse mon vélo sur une rampe avec des marches, trouve un porche sombre mais il faut longtemps avant de voir arriver la sœur Marie Cecile, française et plus particulièrement martiniquaise, et pour être'installée dans une vaste chambre.

Une cuisine est à côté, mais la soeur va m'apporter le repas, filets de daurade, grand plat de légumes et clémentines de leurs arbres. Très bon. Ensuite je descends discuter un peu avec les occupants des lieux... Qui ne sont que deux. L'autre Giovanna est un peu plus âgée. Elles hébergent les pèlerins depuis deux ans seulement mais n'aiment pas trop quand ils arrivent à l'improviste.

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Gris, averses


Il a certainement fait bien plus froid entre les murs épais de ce couvent qu' à l'extérieur. Mais avec une grosse couverture, pas de problème.

Les cloches sonnent mais je ne vais pas à la messe, je n'ai pas encore pris mon petit déjeuner, et quand la sœur Marie Cecile vient me voir vers 9h, je ne suis pas encore prête mais rien ne presse : il pleut. Elle m'a amené des petits gâteaux et des clémentines pour le voyage.

Elle me fait visiter l'église, qui date du 15è mais a subi des transformations. Elle a été entièrement rénovée il y a quelques années. Pour l'instant toutes les églises que j'ai vues dans le coin sont rutilantes à l'intérieur...



Avec la bataille qui a fait rage dans la région en 1944 (Mont Cassin) la ville a subi beaucoup de destructions mais cette église a été préservée.

Sœur Marie Cécile me parle des exactions commises par les soldats de l'armée française et des viols massifs qui ont été commis, les gens d'ici n'ont pas oublié et elle en a honte d'être française. Le haut commandement a laissé faire, voire encouragé. Les rues du Maréchal Juin sont à débaptiser et ce genre d'épisode ne devrait pas être occulté dans les manuels d'histoire...

En tout cas je n'oublierai pas cette étape et l'accueil que j'ai reçu. Adieu le monastère (au fait la Santa Caterina est celle d'Alexandrie).


Bien sûr il faut pousser un peu le vélo dans des ruelles tortueuses, jusqu'à arriver à la place (petite) où aujourd'hui a lieu le marché.

Derrière, une autre église, puis un peu plus loin encore une autre, San Francesco.


Il n'y a plus qu'à descendre vers la campagne. À la sortie la route est plutôt tranquille, mais malheureusement, après être passée sous le TGV et au-dessus de l'autoroute elle rejoint la nationale. Heureusement pour l'instant il ne pleut pas.



Un château apparaît au bord de la route, en face un café restaurant a l'air sympathique alors je m'y arrête un moment. On y fait la cuisine, ça sent bon, c'est le genre d'endroit où j'aurais plaisir à manger mais il n'est pas 11h. Ils vendent des gros beignets en couronne qui m'attirent. Et effectivement ils sont très bons, pas trop gras, juste ce qu'il faut de sucre et de fleur d'oranger. Je demande le nom, "guando caleno", peut-être juste la spécialité de la maison.

Un peu plus loin j'ai la possibilité de quitter la route principale. Était ce une affaire ? Je ne sais, car en bordure de cette route les villages sont à touche touche et le trafic est important. Et la route est signalée avec des trous (buche) je dirais pleine de bosses aussi, en tout cas pas confortable.

De temps en temps tombent trois gouttes, il ne pleut guère plus, sauf quand soudain une brusque (et forte) averse se déclenche. Heureusement on est en ville, je m'engouffre dans un supermarché. Le temps que ça finisse de tomber, ça ne dure pas et ne recommencera pas, je suis un peu mouillée mais ça va sécher.

L'environnement, au moins du côté nord, est assez montagneux. Des montagnes plutôt dénudées. Et puis on voit, juste en face, un mont pointu très régulier. Serait-ce le Vésuve ? C'est la direction en tout cas.


La route ne s'améliore pas. Toute la dernière partie se déroule dans une zone urbanisée en continu. J'aime autant ça qu'une grande route où ça fonce, le problème c'est l'état de la chaussée, qui devient carrément infernal dans la traversée de Santa Maria Capua Vetere où plusieurs kilomètres sont revêtus de pavés, ces grands pavés rectangulaires italiens, particulièrement cahotants.

Et voilà Caserta et de grands bâtiments imposants. Celui-ci serait le palais royal, du 18è.

J'ai réservé par internet en chambre d'hôtes. Comme souvent pas d'accueil, on s'installe seul après avoir pris la clef dans une boîte à clefs. Du coup je ne demande rien pour le vélo, je l'installe sous l'escalier.

Heureusement qu'il y a du monde car je n'arrivais pas à ouvrir la grille d'entrée. Ce sont de jeunes étudiantes iraniennes, en train de se faire à manger dans une cuisine minuscule où il n'y a même pas une table.

Elles me disent qu'en farsi bonjour se dit salam et merci...eh bien ils disent "merci". Facile à retenir. Elles prennent demain l'avion pour aller visiter Paris.

Quant à moi, un peu de repos ne fait pas de mal. Ensuite je sors faire un petit tour et faire des courses. La ville est un quadrillage de rues, elle est donc relativement récente. Relativement. on peut voir des palais anciens et de grandes portes.


Un monument aux morts... très monumental

Une petite église Maria Santissima Immacolata où se déroule un culte qui ne me semble ni catholique ni orthodoxe. Il y a des inscriptions en cyrillique, c'est une église ukrainienne.


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Publié le 4 décembre 2023

Beau temps


Le ciel est bleu, je n'en profite que tardivement puisque je me suis levée à 8h30 et ne sors qu'à 10h passées.

En face de mon logement j'admire une villa très chic, et puis direction le Palais Royal (Reggia di Caserta).


Belle villa et murs qui en ont vu de toutes les couleurs

Dans les rues les promeneurs du dimanche sont déjà nombreux et les terrasses se remplissent.

En réalité je ne suis pas spécialement passionnée par l'étalage de luxe de ce genre de bâtiment, c'est plutôt les jardins qui m'intéressent, mais autant tout voir...

Il y a du monde sur l'esplanade du palais. Les gens entrent par trois entrées gardées par des policiers. Bonne nouvelle, aujourd'hui c'est gratuit parce qu'on est le premier dimanche du mois, mais il faut prendre un billet à la billetterie. Là c'est la queue, et mauvaise nouvelle, mon billet est pour...12h45 et il est maintenant 11h15.


Entre temps je retourne à l'appart, un peu de temps perdu mais j'aime bien observer les passants. Ils sont très détendus, comme heureux de flâner. Certains ont mis leurs habits du dimanche, beaucoup ont endimanché leurs enfants, c'est sympathique, et ça frime moins qu'à Rome.

J'aime le Corso Trieste, la rue centrale bordée d'arbres inconnus aux feuilles laciniées (= très découpés). Il s'agit de Grevillea robusta, grévillier, arbre originaire d'Australie.


Pour entrer dans le palais. on traverse la cour par un vestibule qui mène au milieu du bâtiment, à une entrée grandiose et un escalier monumental, marbres, colonnes, sculptures, fresques...



C'est Charles III de Bourbon qui a fait construire ce Versailles à lui, où a œuvré un architecte appelé Vanvitelli. Ce Bourbon venait d'Espagne, du temps où le sud de l'Italie était sous domination espagnole, il est d'ailleurs ensuite devenu roi d'Espagne après avoir abdiqué de son trône de "roi des deux Siciles"(Naples et la Sicile) en faveur de son fils Ferdinand IV.

Pour en terminer avec l'histoire, il y en a un autre qui est passé par là, c'est Bonaparte qui a viré Ferdinand et instauré roi de Naples le dénommé Murat, par ailleurs marié à sa sœur Caroline. Ils auront leurs appartements au château.

Ces démonstrations de richesses c'est plutôt horrible, mais dans le détail on découvre des merveilles, et il faut rendre hommage aux artistes.


Après les pièces d'usage gouvernemental et d'apparat on passe aux appartements particuliers, luxueux mais pas douillets.


Avec un berceau pareil les petits princes devaient faire des cauchemars... La salle de bain, pas si mal si elle est bien chauffée...

Et voilà les appartements des Murat - Bonaparte. La femme sur le tableau ce n'est pas Caroline, mais Laetitia la mère de Napoléon.

Je suis en admiration devant les lustres de verre de Murano. Un peu kitsch quand même.

Et dans les peintures il y en a des jolies, pas toujours faciles à voir.

La bibliothèque est bien fournie. Beaucoup de livres sont en français.

Les portraits de famille avec les petits princes (charmants?)


Mais le clou de la visite c'est une extraordinaire crèche (spécialité napolitaine) du 18è. (les photos rendent mal hélas)

Le petit Jésus est quand même quelque part dans un coin


Sortie à 14h, j'ai encore l'après midi pour visiter les jardins, mais c'est immense.

Du château part une très longue allée (presque 3km), toute droite, en direction d'une grande cascade, passant par des bassins et des fontaines.

Peu d'ornementation végétale dans ce parc (à moins qu'en été il y ait des fleurs ???), juste des statues à thème mythologique.


Je sais qu'il y a aussi un jardin anglais avec des arbres remarquables mais n'arrive pas à le situer et pars dans la direction opposée, un bois sombre avec un pavillon édifié pour les vacances de la famille royale. À côté d'énormes magnolias, et des araucarias.


Je récupère l'allée centrale, admirant au passage les statues aux beaux visages, les énormes carpes qui s'ébattent dans les bassins, et leurs homologues en pierre qui crachent des torrents d'eau.


Je m'approche du but, le jardin anglais, et la cascade qu'on voit mieux ...


Mais voilà ... deux voitures de gardiens barrent le chemin, stop on ferme et on ne va pas plus loin. Il y a de quoi enrager... Et de se maudire pour la mauvaise organisation... mais qu'y faire ? Retour en arrière...C'est vrai qu'on voit le jour tomber...

Encore un petit tour, dans les endroits du centre ville où je n'étais pas allée.

Décorations de Noël (sans excès) et la cathédrale

Les Iraniennes reçoivent, c'est un peu bruyant, et pas facile de se mouvoir dans la petite cuisine. Mais pour dormir ça sera calme.

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Publié le 5 décembre 2023

Beau, puis nuageux


Ciel bleu ce matin, essayons de ne pas traîner, ça doit se gâter dans la journée. Départ 9h50 quand même.

Je prends un itinéraire qui longe le parc du château, au cas où il y aurait une possibilité d'entrer dans le jardin anglais par là. Il y a bien une entrée du parc de ce côté, mais c'est bien avant, et il faut payer 11€ par internet pour entrer, j'y renonce. Soit dit en passant, c'était intéressant la gratuité...

Le jardin anglais est entouré de murs, on n'en voit absolument rien.


Cet itinéraire me fait passer dans des jolis coins, vieux quartiers ou petits villages. À Puccianello la petite église de Santa Andrea Apostolo est ouverte.

Les statues de saints ne sont pas anciennes mais du style populaire local, très coloré. Difficile d'identifier le saint en tenue d'évêque. Pour la sainte, j'ai trouvé, c'est Sainte Lucie qui, selon une légende, pour se débarrasser de son fiancé qui l'aimait pour ses beaux yeux se les aurait arrachés et les lui aurait apportés sur un plateau.

Je me dirige maintenant vers Casertavecchia, un village qu'on aperçoit très très haut, mais je ne peux plus reculer.

Toutefois c'est dans l'agglomération que ça monte le plus. Ensuite la route fait un grand détour, ce qui est bien car la pente n'est pas excessive, mais régulière. Et c'est une belle route panoramique. La plaine, très urbanisée, s'étend en dessous, on reconnaît Caserta avec le palais royal. La montagne est entaillée ça et là, carrières pour la construction du palais ? Au loin un mont isolé ne peut être que le Vésuve, et à l'horizon la mer brille, on y voit une île, Ischia, Capri, péninsule de Sorrente? Je n'avance rien...

Au pied du château de Casertavecchia les deux restaurants sont fermés. Pas de café mais une place horizontale pour mon vélo, je monte à pied.


Oui très médiéval ce village, il a l'air touristique mais en cette saison c'est calme... Il y a quand même un groupe d'enfants.

La cathédrale est fort ancienne (12è), remarquable et...ouverte. intérieur sobre, un peu sinistre. sans doute à cause de la couleur grise de la pierre. Elle est dédiée à Saint Michel Archange. La chaire carrée ressemble étrangement à celle de Sessa Aurunca, mais sans les lions.

Et puis il y a la crèche.


Tour rapide dans le village, il fait froid.

On admire encore le panorama

La route qui passe sur l'autre versant est annoncée barrée, circulation interdite (mais sauf aux véhicules de secours...), pour frana, glissement de terrain. Je m'y risque quand même, assez vite tranquillisée en voyant passer quelques voitures, dans les deux sens. Il y a juste un endroit où la chaussée est très très déformée.

Et c'est une route encore plus belle que la précédente, car là on est dans les montagnes, sur des pentes calcaires dénudées ou boisées de pins.


Mais on redescend vers les villages, Castelmorrone où je manque la photo du château fort et du clocher roman, puis Limatola où ça descend fort raide (10%) et où c'est la fête foraine à côté du château.

Mais on retrouve des routes fréquentées, les villages sont tristounets et surtout désertés, presque tous les commerces sont fermés, sans doute parce que c'est le milieu de journée.

Je manque de patience et j'entre dans le premier bistrot, où je suis obligée de prendre un tramezzino encore pas bon, parce que je n'ai pas trouvé de pain en route.


Vers Dugena c'est plus calme, avec des montagnes à tous les horizons. Je passe devant la gare, sur un pont puis une route toute droite.

Mais devant s'élève une colline et en effet ça se met à monter. Je me fie à l'adresse que m'a envoyée Ciro, c'est encore une route qui monte et où je dois pousser... Mais aucune maison ne porte le n° 25. Heureusement j'ai le téléphone de son père Tonino qui est à la maison. Ce n'est pas du tout là. je dois tout redescendre, et prendre (avec Tonino qui m'a rejoint) un petit chemin (joli ) pour trouver la maison, un peu à l'écart.

Le logement wwoofer est tout à fait bien. Lit superposé, salle de bain. Il manque juste une table mais il y a un poêle à bois.

Je vais prendre un café avec Tonino et sa femme Maria. Ils ont 78 et 77 ans. Tonino était tapissier à Naples mais il en avait marre de la ville et est devenu paysan.

Ciro arrive peu après. Il rentre de Suisse où vivent ses deux petits garçons.

Il a fait du riz avec des choux, c'était bon. Demain, p'tit dej à 8h.

Un plan de situation...