Coup d'œil par la fenêtre : les hauteurs en face sont bien blanches... Mais rien sur la route et pour l'instant il ne pleut pas. Mais avant de partir il me faut prendre le p'tit dej compris avec la nuitée (15€ en tout). Finalement c'est une bonne affaire, œufs au plat, excellentes charcuteries, fromage kajmak. Par contre je dois réclamer un verre d'eau et payer le café.
Rien de mieux pour affronter le froid et les côtes ! Pour l'instant c'est bien brumeux sur le plateau mais parfois ça s'éclaircit, le soleil percerait presque, et à un moment donné j'aperçois émerveillée un massif de monts enneigés au dessus des nuages.
Le causse encore, puis un plateau ondulé un peu plus vert qui ferait plutôt penser au Cézallier, et puis des pentes pierreuses où la visibilité ne dépasse pas 50m. Ça tombe bien, dans la première partie du trajet une seule voiture me double. Je croise quand même 2-3 paysans. Par moments il y a du vent et il fait froid mais la montée qui suit va bien me réchauffer. Vive les côtes!
Je bénis toujours le chauffeur de bus qui n'a pas voulu me prendre, j'aurais raté tout ça. Mais quand même, j'aimerais voir un peu mieux ce fameux massif du Durmitor...
Enfin un peu plus haut, quelques sommets et pentes calcaires sortent du brouillard, c'est magnifique. Certaines pentes sont toutes blanches, neige ou pierres ? Eh non, c'est du givre, en grande épaisseur sur les herbes et plantes.
Le coin commence à être fréquenté, quelques voitures passent, c'est touristique avec des petits chalets et des buvettes bien évidemment fermées. Des chemins de randonnée. Je suis accompagnée sur 1 ou 2 kilomètres par un petit chien gentil qui n'aboie qu'après les voitures.
Par contre ça devient dur, car le vent souffle, je suis gelée même dans les côtes. Plus haut vers le col ça ne va pas s'arranger, brouillard givrant, tout est blanc. L'altitude devrait être à 1800-1900m. Évidemment on ne voit rien du tout.
La descente n'est pas du tout agréable, je suis gelée, les mains en particulier, et j'ai peur que ça glisse. J'espère un bistrot avant Zabljak. Je vois un "camping" de petites cabanes, peut être font ils bistrot ? Je demande à une dame qui s'approche, elle me dit venez au chaud, mais en fait c'est chez elle qu'elle me fait rentrer. Tout de suite un verre de gnôle et puis un café turc auprès du feu. Ça va mieux. Elle s'appelle Rada, à 59ans, est veuve, a trois fils et deux petits enfants (on parle un mélange de russe et de serbe). Un de ses fils arrive, un grand gaillard brun qui parle anglais, puis une voisine qui lit dans le marc de café mais je n'ai pas compris ses prédictions.
J'aurais bien aimé faire une photo souvenir mais je n'ai pas osé demander. Je repars après une averse, maintenant le but est proche. Je rejoins une grande route très neuve et assez fréquentée.
La chambre que j'ai réservée est mieux que celle d'hier, une bouilloire à l'intérieur et la salle de bain familiale. Mais toujours pas de cuisine. Pour les hébergements la Bosnie c'était le top. En plus, ici, s'il ne pleuvait pas tout le temps ce serait possible de trouver des coins pour bivouaquer.