Mission de quelques jours à Tegucigalpa, et un weekend dans les Caraïbes à Roatán.
Avril 2016
8 jours
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19
avr

Nous profitons de 14h d'escale aux US pour passer une nuit au motel : on vit l'American Way of Life (presque) à fond !

Une nuit au motel à Atlanta 
20
avr

On se souviendra de cet atterrissage ! L'aéroport de Tegucigalpa est connu pour être l'un des plus difficiles du monde : situé en moyenne montagne, les pilotes doivent effectuer un virage à 90° une fois la descente quasi-terminée et la piste étant très courte, le freinage final est très puissant. Frissons garantis !

Elibaldo, le directeur de l'ONG et notre principal contact, nous récupère à l'aéroport et nous partons pour notre hôtel, situé sur l'une des grandes artères de la ville.

21
avr

Nous passons la journée dans les locaux de notre ONG partenaire, situés dans la Colonia Tres Caminos (à Tegucigalpa, les quartiers portent tous le nom d'une "colonia"). Ce quartier est plutôt cossu par rapport au reste de la ville, mais nos hôtes ne nous conseillent par pour autant d'aller nous y balader seules.

Le Honduras est l'un des pays les plus dangereux du monde (hors zones de guerre) car y sévissent les "Maras", les gangs. Les occidentaux étant très peu nombreux à s'aventurer dans ce pays, le Ministère des Affaires Etrangères interdit aux Français de prendre les transports en commun, de conduire eux-mêmes un véhicule ou même de marcher dans la rue. Seules options possibles : se faire conduire par quelqu'un qu'on connaît ou emprunter un taxi commandé par le personnel de l'hôtel.

Nous rencontrons ceux qui seront nos acolytes lors de cette mission, Carlos et Nery, et allons déguster avec eux des pupusas, des galettes de blé épaisses et fourrées de fromage, à manger avec des petits légumes marinés au vinaigre.

Colonia Tres Caminos 

Le soir, nous prenons un taxi pour nous rendre dans le Barrio La Plazuela. Nous dînons et buvons une horchata dans une ambiance agréable, et profitons de la fraîcheur de la fin de journée.

22
avr

Nous commençons nos visites aux bénéficiaires de l'ONG, traversant "Tegus" à bord du vieux pickup de Carlos, qui conduit... assez peu prudemment ! Aujourd'hui, nous allons à Comayagüela, une ville limitrophe de Tegucigalpa, dans le quartier Centro América.

L'une de nos interviews nous emmène chez Karen dont l'activité consiste à préparer et vendre des tortillas, spécialité d'Amérique Centrale dont la pâte est composée d'eau et de farine de maïs. Karen nous invite à entrer dans sa cuisine où la chaleur est étouffante. Elle nous explique le processus de fabrication : une fois la pâte prête, elle est passée dans une machine à manivelle pour l'applatir et lui donner sa forme ronde, puis elle est cuite sur une plancha au gaz. Karen et son employée connaissent le temps exact de cuisson et retirent les tortillas avec une spatule en les faisant sauter... et atterrir en plein centre du panier situé à côté d'elles ! Un paquet de 6 tortillas vaut 4 lempiras (environ 15 centimes d'euros).

Comme de nombreux commerces dans les quartiers défavorisés, celui de Karen est protégé par des barreaux, ce qui lui éviter de se faire braquer, menacer ou cambrioler. Elle commerce avec ses clients à travers une ouverture ne laissant passer qu'un bras.

22
avr

Aujourd'hui, nous allons à Santa Rosa, en périphérie de Tegucigalpa, dans une zone plus rurale mais plus sûre que la plupart des quartiers de la capitale. Nous passons une heure avec Vilma, qui cuisine des petits plats dans une cuisine rustique aménagée sur le bord de la route.

Vilma propose différents plats, qu'elle cuisine au feu de bois dans son petit abri. Elle nous fait goûter l'une des spécialités locales : une banane plantain frite accompagnée de haricots rouges, de fromage et de mantequilla (une sorte de crème liquide ayant un goût prononcé de beurre).

Visite à Santa Rosa, chez Vilma 

La cuisine hondurienne tourne autour de quelques ingrédients phares que sont les haricots rouges réduits en purée, les œufs brouillés, le quesillo (fromage ressemblant à de la féta, mais confectionné avec du lait de vache), les bananes plantain, l’avocat et la viande. Les Honduriens sont très friands de viande et en consomment à chaque repas : dans toutes les assiettes on trouve du porc, du bœuf ou du poulet, ce qui ne m'a pas rendu la vie facile pendant 10 jours !

Parmi les plats très répandus, on trouve les baleadas, consommées au petit déjeuner : tortillas fourrées de haricots rouges, avocats, œufs brouillés, quesillo et mantequilla. De mon côté, je me rabattais sur cette option lorsqu'aucun plat à la carte n'était végétarien. On me demandait souvent si j'étais sûre de vouloir manger ça à 20h.

22
avr

Carlos nous emmène dans un marché, où nous rencontrons Reyna, qui vend de la viande surgelée. Il s'agit d'un marché spécialisé en viandes et poissons : tous les locaux sont bien construits et aménagés car ils ont besoin d'électricité pour les congélateurs.

Vue sur un quartier résidentiel depuis le marché 

Puis nous reprenons la route pour rencontrer Gloria et son époux, qui tiennent un local de recyclage : ils achètent au poids des matériaux à des Honduriens qui les ont ramassés sur le bord des routes, puis revendent ces déchats à des entreprises pour qu'ils soient recyclés. Il n'existe aucune usine de recyclage au Honduras, donc toutes ces matières sont expédiées à l'étranger : le fer, par exemple, est envoyé au Guatemala. Ce n'est pas un travail agréable, car cela consiste à manipuler des déchets au quotidien, mais cela permet à Gloria de gagner un revenu.

23
avr

L'ONG est fermée le week-end, nous devons mettre notre mission en pause. Impossible de faire du tourisme en toute sécurité à Tegucigalpa et nous ne voulons pas rester enfermées 48h dans notre hôtel. Nous envisageons donc d'aller visiter des temples mayas au nord du pays, mais Elibaldo nous en dissuade : le bus n'est pas un moyen de transport fiable. Dernière option : un vol de 45 minutes qui nous emmène à Roatán, une île hondurienne située dans les Caraïbes.

Nous montons dans un petit coucou de 15 places qui, lui, n'a aucun mal à manoeuvrer à l'aéroport de Tegucigalpa étant donné sa taille. Assise juste derrière le pilote, je peux l'observer lors des différentes phases de vol !

Après quelques minutes de taxi, nous arrivons dans notre hôtel, au bord d'une plage paradisiaque. La destination est prisée des Honduriens aisés, des Américains, et... des Italiens ! Un vol assure même une liaison directe avec Rome. Le contraste avec les quartiers pauvres de Tegucigalpa que nous avons fréquentés jusqu'ici est criant.

Nous profitons tout de même du soleil, des baignades et des rencontres avec la faune locale !

Voyage en avion 15 places 
West Bay, Roatán
25
avr

Nous allons rendre visite à Yamileth, dans son "comedor" (cantine) qu'elle a ouvert près d'un terminal de bus, ce qui lui assure bon nombre de clients chaque jour. Cette activité lui permet de gagner jusqu'à 100€ par jour, notamment grâce aux chauffeurs de bus et de taxi qui viennent passer leur pause déjeuner chez elle.

Après avoir fait le tour des lieux, Yamileth nous explique qu'une partie de son chiffre d'affaires doit être reversée aux Maras de son quartier, sans quoi sa petite cantine ne pourrait pas fonctionner : les Maras sont des bandes criminelles qui pratiquent l'extorsion, le trafic de drogues, les assassinats, les attaques à main armée et le vol de véhicules. Dans les territoires qu’elles contrôlent, les maras réclament un "impôt de guerre" aux petits commerçants, taxis, conducteurs de bus, etc. Ces gangs ont souvent recours à des intimidations et des menaces auprès de ces commerçants afin de récolter cet impôt. La mainmise des "maras" sur le Honduras se traduit par un record mondial d'homicides.

Nous discutons ensuite avec Nery qui nous raconte qu'il a été lui-même victime des Maras il y a quelques mois : menacé avec une arme à feu, il a été contraint de donner à ses agresseurs son portefeuille, l'argent liquide qu'il transportait dans le cadre de son travail, sa mobylette, sa chemise et ses chaussures. Depuis, les employés de l'ONG n'ont plus le droit d'effectuer de déplacements une fois la nuit tombée.

25
avr

Nous venons rendre visite à Myriam et Haydee dans la Colonia Villa Nueva. Nous remarquons tout de suite qu'il s'agit d'un quartier plus défavorisé : les routes ne sont pas goudronnées, et Carlos nous explique que les maisons n'ont pas l'eau courante. Un camion passe chaque semaine pour livrer de l'eau à chaque maison, qui doit avoir un réservoir sur son toit pour la recevoir. Par manque de ressources, la plupart des maisons sont équipées d'anciens réservoirs de peinture, importés depuis les Etats-Unis. Leurs parois portent des traces de peinture ou de crasse, car l'embouchure est trop petite pour y passer le bras et nettoyer l'intérieur, mais les gens n'ont pas d'autre option (notre ONG partenaire propose depuis à ses bénéficiaires des réservoirs adaptés, peu chers et sous garantie).

Nous discutons d'abord avec Haydee, sous l'oeil curieux de ses enfants et neveux. Haydee vend des bananes dans une cabane au bord de la route. Son mari utilise le même local le matin (à partir de 4h) pour broyer du maïs et vendre la farine aux confectionneurs de tortillas. Ils y passent le plus clair de leur temps, c'est pourquoi ils se sont installé une télévision sous le toit. Nous en apprenons sur les différents types de bananes : il y a les « tabascos » qui sont très similaires à celles qu’on consomme en Europe, avec une chair friable et sucrée, et les « butucal » qui sont de plus petite taille, dont la chair ressemble à celle des bananes plantain, et qui sont surtout consommées frites.

La cabane de Haydee, au bord de la route 

Nous rendons ensuite visite à Myriam dans son épicerie, et rencontrons son mari qui est jardinier (il entretient les jardins de particuliers dans des quartiers plus aisés de la capitale). Comme dans beaucoup de quartiers à Tegucigalpa, les commerces sont la cible de braquages et de menaces, c'est pourquoi Myriam a décidé de protéger son commerce avec des barreaux. Elle vend principalement des produits alimentaires, et les murs sont complètement recouverts de paquets de snacks en tous genre ! Sa balance tient aussi une place importante dans son local, elle lui permet de peser les haricots et le riz qu'elle vend au poids.

26
avr

Nous visitons un atelier de cordonnerie dirigé par Jose Manuel. Les chaussures y sont confectionnées par plusieurs ouvriers, puis vendues en gros sur place. Certains des travailleurs sont préposés à la découpe du cuir, effectuée à main levée à l'aide d'un couteau aiguisé. Les lanières de cuir ainsi obtenues sont ensuite passées à l'encolleur, qui les enduit de colle et fait un premier assemblage des différentes parties de la chaussure. Ce sont ensuite les couturiers qui placent les parties sur des moules de différentes tailles et piquent à la machine à coudre pour former le produit fini.

Il n'y a que des hommes dans cet atelier. Ils sont une dizaine à nous observer lors de notre passage près de leurs postes de travail.

26
avr

Nous montons dans les hauteurs de la ville pour rendre visite à une épicière qui propose toutes sortes de produits dans une pièce dédiée de sa maison. De nombreux enfants viennent lui acheter des friandises et se laissent tirer le portrait.

Plus loin, nous rendons visite à deux commerçantes dont les étals bordent la même route, à quelques mètres de distance. La première est cuisinière, elle vend des plats cuisinés et des fruits et légumes frais sur le bord de cette rue fréquentée. Plusieurs triporteurs sont d'ailleurs stationnés devant son étal à l'air libre. La deuxième, Bessy, vend divers produits alimentaires (allant des fruits et légumes frais au pop-corn tout droit sorti de sa machine. Son étal est plus grand et comporte des murs, elle l'a fait personnaliser aux couleurs du logo de Coca-Cola.

Nous voyons que ce quartier est plutôt pauvre et souffre du grand nombre de passages sur la route : les maisons qui la bordent sont plus modestes que dans d'autres zones de la ville que nous avons visitées. Le lit d'un ancien cours d'eau se devine entre les maisons, mais plus une goutte d'eau n'y circule ; à la place, ce sont des flots de déchets qui jonchent le sol.

27
avr

Notre mission touche à sa fin, et l'équipe de l'ONG tient à prendre une photo avec nous... ce qui permet de se rendre compte que les Honduriens ne sont en général pas très grands !