Il se situe au Sud de Tamatave, sur la côte est de la Grande Ile et est constitué de rivières naturelles, de lacs et de canaux creusés par l’homme.
Le canal est séparé de l’Océan Indien par une très étroite bande de terre qui s’étend sur 650 km.
Le canal a été creusé entre 1886 et 1901, afin de faciliter le transport des marchandises vers le Sud. Il a été creusé par les malgaches, mais aussi les chinois. Nombreux sont ceux qui y ont laissé leur vie, victimes notamment des crocodiles.
Aujourd’hui, le canal est utilisé seulement pour le transport local de marchandises. Mais il existe une vie autour du canal.
Le canal des Pangalanes est aussi devenu un site touristique incontournable de l’est de Mada. Mais ça n’a pas été simple pour l’organisation de ces quelques jours le long du canal, malgré la multitude des moyens de transport…
Petite précision de vocabulaire : quand je parle de bateaux, il s’agit en réalité de pirogues…
1ère possibilité et la plus simple : demander aux quelques hôtels touristiques situés le long du canal de s’occuper du transfert. Avantages : sécurité et rapidité (2 heures de transport au lieu de 5 heures). Inconvénient : le prix exorbitant : l’A/R pour 1 million d’Ariarys, soit 295 euros.
2ème possibilité : prendre un bateau brousse au port fluvial de Tamatave. Avantage : le faible coût. Inconvénients : on ne sait jamais à quelle heure on part, ni à quelle heure on arrive. Il faut aussi négocier pour que le bateau nous dépose là où on le souhaite, sans avoir la certitude de trouver un bateau pour le retour. Et 2ème inconvénient : la sécurité aléatoire, du fait notamment de la surcharge de personnes et de marchandises.
3ème possibilité : trouver un bateau de marchandises. Avantage : là encore le faible coût. Inconvénients : les mêmes que pour le bateau brousse et moyen de transport le plus risqué : les pirogues sont tellement chargées qu’elles sont à la limite de la flottaison…
4ème possibilité : prendre le train qui relie Tamatave à Ambila-Lemaitso. Une voie ferrée existe tout le long de l’étroite bande de terre située entre le canal et l’océan. Il y a un seul départ par semaine (le mardi matin) et un seul retour (le lundi). Le train s’arrête dans toutes les petites « gares » des villages situés sur cette bande de terre. Avantage : moyen de transport le plus exotique : à gauche, on voit l’océan et à droite, le canal et les lacs. Inconvénient : la longueur du trajet, et encore pire que pour les bateaux brousses : la fluctuation des horaires. On peut attendre le passage du train durant des heures et des heures…
Et enfin, 5ème possibilité : louer les services d’un tour opérateur. Beaucoup d’« agences » proposent des circuits le long du canal. Comme pour les transferts organisés par les hôtels, c’est vraiment cher.
Mais à côté de ces pseudos agences, il est possible de trouver des « guides » qui proposent leurs pirogues et leurs services pour organiser son circuit personnalisé. Avantage : le coût est plus faible et le circuit est très personnalisé. Inconvénient : on ne sait pas sur qui on tombe…
Notre choix s’est porté sur... Suspens !!!!!!!
Comme j’étais sur l’île de Sainte Marie à profiter, c’est Sonia qui s’est occupée de l’organisation (ben oui, je peux pas tout faire !).
Lorsque Sonia est allée voir au port fluvial comment organiser notre séjour, elle a été accostée par Monsieur Norris, un unijambiste se déplaçant avec son vieux scooter qu’il a aménagé pour poser ses béquilles. Il lui a proposé un circuit de plusieurs jours le long du canal avec sa pirogue motorisée pour seulement 500 000 Ariarys. Pour ce prix, on avait une pirogue motorisée pour nous seules, un piroguier et un guide pour 5 jours.
Lorsque je suis arrivée sur Tamatave le lendemain, nous avons rencontré à nouveau Monsieur Norris qui nous a détaillé le programme (que nous pouvions changer au gré de nos envies). Nous avons finalement accepté d’utiliser ses services pour un départ le lendemain (lundi). On a bien sûr refusé de lui donner l’avance qu’il demandait et le rendez-vous a été fixé le lendemain pour le départ du port fluvial.
On se disait que le risque était limité : s’il s’agissait d’une arnaque, au pire, on se prenait un vent au port fluvial mais pas de perte d’argent.
Bref… Le lendemain matin, direction le port fluvial en tuk tuk avec nos sacs à dos. Et là, 1ère bonne surprise : Mr Norris est là comme convenu. A ce moment-là, nous lui donnons, après négociation, la moitié du prix. 2ème surprise : il sort de son scooter un facturier ! On découvre alors que sa pseudo agence s’appelle : « Dieu protège tours » ! Etait-ce un signe ????
Quelques minutes et un coup de téléphone plus tard, arrive un jeune homme bien habillé. Fred, notre guide qui va nous accompagner (le 1er jour et la 1ère nuit en attendant notre second guide, Denis). Autre bonne surprise : il s’agit d’un guide agréé.
Notre piroguier quant à lui s’appelle « Derra ».
11 heures : départ en pirogue motorisée avec Derra, Fred, Sonia et moi. La pirogue va à une allure de 20 km/h... On a le temps de profiter du paysage !
1er arrêt dans le village de Ankarefo. Le long du canal, on voit les enfants qui jouent et se baignent, les hommes et les enfants pêcher, les femmes faire la lessive, les ouvriers qui travaillent le long du canal….
La pêche se fait notamment à mains nues. Ils sont 2 ou 3 dans l’eau. Un 1er tape avec ses mains dans l’eau afin de faire peur aux poissons qui vont aller se cacher dans le sable, il ne reste plus qu’aux deux autres de plonger pour les attraper (enfin plus facile à dire qu’à faire).
2ème arrêt : le village de Tampina pour visiter la distillerie de niaouli. Fred nous assure que la distillerie fonctionnait il y a 2 mois. Je vous laisse apprécier…
Pour la petite histoire, cette distillerie est née d’un projet d’une ONG afin de créer une AGR (activité génératrice de revenus) pour les villageois. Certes elle a fonctionné, mais depuis le départ de l’ONG, les villageois n’ont pas dû avoir les moyens d’entretenir le matériel et voilà le résultat… Echec du projet !
Le Mofo Ravina est un gâteau à base notamment de farine de riz et de bananes écrasées, enveloppé dans une feuille de bananier et cuit à la vapeur. Très consistant !
3ème arrêt et dernier de la journée, après 4h30 de pirogue : le village de Andrano-Koditra. Au niveau de ce village, la bande de terre est vraiment très étroite. Elle doit faire moins de 100 mètre de large. Tu accostes le long des berges du canal, tu traverses la ligne de chemin de fer et tu arrives directement sur la plage et les vagues de l’Océan Indien.
En résumé, le soir, c’est coucher de soleil côté canal et le matin, c’est le lever côté Océan :
Nous avons dormi dans une chambre d’hôtes : Chez Madame Nolah. Entre l’« hôtel » et chez l’habitant. Ici il n’y a pas d’électricité. La seule source d’électricité provient des panneaux solaires (ce système se développe de plus en plus dans les villages malgaches) et sert uniquement pour l’éclairage le soir : pas de frigo, ni d’eau chaude. Ici, tu te laves à la bassine et à l’eau froide. Mais c’était vraiment très sympa. Très bon moment.
Le matin, réveil à 5h30 pour le lever du soleil et voir les pêcheurs du village partir sur l’Océan avec leurs pirogues. On dirait des fourmis perdues au milieu de cette étendue.
Direction ensuite le lac Ampitabe et le Palmarium. Il s’agit d’une réserve de lémuriens, 7 espèces y vivent, mais également du nom de l’hôtel qui a été construit au sein même de la réserve.
Dès notre arrivée sur la terrasse de l’hôtel, nous avons été accueillies par le cri des lémuriens qui se trouvaient juste au-dessus de nos têtes.
Nous avons passé 2 nuits à l’hôtel Le Palmarium Beach, annexe du Palmarium, situé à 5-10 minutes en pirogue (ou à 50 min de marche). 2 jours très paisibles à profiter du calme et des baignades dans le lac… Et très bon accueil de Sylvain, le gérant et de tous les employés du Palmarium. De vraies princesses !
Fred, notre guide, est retourné sur Tamatave et Denis devait nous rejoindre le jour même. Mais pas de Denis de la journée… Il est arrivé le lendemain (ouf…).
La journée de mercredi a été marquée par la visite de la réserve avec Denis et un autre guide. Je vous laisse découvrir les photos :
Pas très sauvages les lémuriens…
Eh oui, afin de satisfaire les touristes, les guides appellent les lémuriens qui ont bien compris que les visites se déroulent le matin. D’ailleurs, quand tu prends ton petit-déjeuner sur la terrasse, tu as des lémuriens qui viennent voir s’ils ne peuvent pas venir manger du sucre.
Les guides appâtent les lémuriens en leur donnant des bananes. En réalité, la banane ne constitue pas l’alimentation principale des lémuriens de la réserve. A la base, ils mangent essentiellement des feuilles.
La visite a été très réussie pour les touristes que nous sommes, mais en même temps, laisse un petit goût amer dans la mesure où on se rend bien compte que la présence de l’homme a modifié l’environnement et le comportement naturels des lémuriens (qui étaient présents avant la création de la réserve)...
Les lémuriens n'ont pas été nos seules découvertes durant la visite mais celles-ci étaient plus imprévues :
Un grand merci à Monsieur Norris, Fred, Denis, Derra et à toute l’équipe du Palmarium !
Nous sommes remontées sur Tamatave pour profiter des deux derniers jours de repos avant de retourner sur Tana. Je pense rester une semaine sur Tana afin de prendre et reprendre des contacts et préparer mon prochain périple, peut-être vers le Nord ! On verra !