Pour notre cinquième journée à Buenos Aires, nous avons un beau programme : nous voulons aller visiter le Jardin Botanique dans Palermo. Tous le monde nous l’a conseillé, on est curieuse d’aller voir à quoi il ressemble. Ensuite, nous souhaitons aller voir la « Floralis Genérica », une fleur particulère de Buenos Aires. Après, nous avons une visite guidée à 15h sur le centre historique de la ville. Et enfin, nous avons une soirée chez Guido et Nico, deux amis que nous avons rencontré à Santa Marta en Colombie.
Jardín Botánico Carlos Thays
Nous rejoignons d’abord le Jardin botanique de Buenos Aires, de son nom complet Jardín Botánico Carlos Thays de Buenos Aires. Il se situe dans le quartier de Palermo. Il a été inauguré le 7 septembre 1898. Sa superficie de 69772 m², soit près de sept hectares. On trouve dans ce jardin plus de cinq mille cinq cents espèces végétales ainsi que diverses sculptures.
Jardín Botánico Carlos Thays Le jardin a été dessiné par le Franco-argentin Carlos Thays. De 1892 à 1898, durant les années où il fut directeur des Parcs et promenades de la ville de Buenos Aires (Parques y Paseos de la Ciudad de Buenos Aires), Carlos Thays et sa famille ont vécu dans la magnifique demeure de style anglais, située au centre du parc.
Jardín Botánico Carlos Thays Nous nous baladons dans le parc. On y trouve effectivement beaucoup de statues, des vérandas, des fontaines et bosquets. Le parc est très beau et bien entretenu. La maison est superbe, et avec un tel cadre qui l’entoure, ça la rend d’autant plus élégante.
Jardín Botánico Carlos Thays Le jardin n’est pas très grand en soit, nous nous promenons le temps d’une demi-heure mais on comprend pourquoi tout le monde conseille d’y aller, c’est vraiment très joli.
Jardín Botánico Carlos Thays Floralis Genérica
Nous nous rendons ensuite à la « Plaza de las Naciones Unidas » où se situe une fleur bien particulière de Buenos Aires. « Floralis Genérica » est une sculpture mobile en acier et aluminium qui représente une fleur. C’est un cadeau à la ville de l'architecte Eduardo Catalano.
Plaza de las Naciones Unidas Créée en 2002, elle ferme ses pétales chaque soir au coucher du Soleil et les rouvre le matin suivant à 8 h. Elle fait 20 mètres de haut et pèse 18 tonnes. Elle possède cinq pétales géants qui s’animent en fonction de la luminosité du soleil, grâce à un système hydraulique et à des cellules photovoltaïques. Plus le soleil est présent, plus les pétales s’ouvrent, comme si la fleur fleurissait. Pour Catalano, c'est la « synthèse de toutes les fleurs et à la fois un espoir qui renaît chaque jour en s'épanouissant ».
Floralis Genérica Lorsque nous arrivons, le ciel est couvert. La fleur est quasiment refermée. Le temps que nous déjeunions, le soleil a commencé à percer les nuages et on a pu observer les pétales de la fleur s’ouvrir.
Floralis Genérica J’adore ce genre d’œuvre d’art qui me fait beaucoup penser à un artiste que j’affectionne beaucoup : Anish Kapoor, connu pour le « Cloud Gate » à San Francisco ou encore le « Sky Mirror » à Nottingham. Floralis Genérica est une œuvre dynamique qui fait participer le spectateur, tout comme les œuvres de Kapoor. J’adore !
Floralis GenéricaCentre historique de Buenos Aires
Nous rejoignons ensuite la « Plaza del Congreso » où une visite guidée du centre historique de la ville nous attend à 15h. Aujourd’hui, c’est Victoria qui nous guide. Elle est étudiante en Histoire, autant dire, nous allons avoir de bonnes explications.
Des manifestations ont lieu de la "Plaza del Con Voilà plusieurs villes qu’on visite en Argentine, il y a donc des informations que l’on a déjà entendues. Mais j’aime tout de même prendre des notes et les partager, car il y a toujours des détails en plus, ou des anecdotes qui permettent de mieux comprendre l’histoire du pays.
Victoria nous explique les conditions dans laquelle la ville de Buenos Aires a été fondée. Cela reprend les explications de Fernando, lors de la visite de la Recoleta la veille : au XVIème siècle, les espagnols viennent sur ce territoire dans l’espoir d’y trouver de l’or sans succès. Puis ils sont chassés par les natifs qui étaient très hostiles. Les espagnols reviennent tout de même 40 ans plus tard, car ils réalisent la place stratégique de la ville : proche de l’océan atlantique. C’est ainsi que commence la réelle fondation de la ville, qui est alors pauvre, peu développée et marginale. Il faut attendre la fin du XIXème siècle et le processus d’indépendance pour voir fleurir la ville que nous voyons aujourd’hui. C’est donc à partir des années 1860 que les premières institutions politiques et économiques ont été construites.
Le Congrès est l’un d’entre eux et le premier bâtiment que nous voyons. Sa construction a été longue : elle a commencé en 1897, son inauguration a été organisée en 1906, mais il ne sera réellement fini qu’en 1946 ! On imagine la tête du congrès lors de son inauguration… Au milieu du congrès, on peut apercevoir une statue qui symbolise la République. Et de part et d’autre, il y a deux piédestaux vides qui étaient censés accueillir deux statues, mais cela ne s’est jamais fait. Sur la « Plaza del Congreso », on trouve plusieurs bâtiments avec des architectures différentes : on retrouve des influences françaises, italienne notamment. A la fin du XIXème siècle, il y avait comme projet de faire de Buenos Aires, une grande capitale moderne, qui se détache du style colonialisme ; une ville indépendante, forte et développée. Elle s’est inspirée ainsi de différents styles européens et est une ville très éclectique de nos jours. Pour se rapprocher des styles européens, la « Avenida de Mayo » a été créée afin de rejoindre le Congrès au Palais Présidentiel.
Le Congrès de Buenos Aires Sur la « Plaza del Congreso » se situe également la statue « Le penseur » du sculpteur français Rodin. A ma grande surprise, notre guide nous informe que c’est une originale, et non une copie. Elle a été produite en 1906 et amenée à Buenos Aires.
« Plaza del Congreso » & la statue « Le penseur » du sculpteur français RodinNous empruntons ensuite l’avenue de Mayo, où plusieurs édifices notables s’y trouvent. Nous passons d’abord devant le « Palacio Barolo » qui a une architecture mystérieuse. C’est un immeuble qui a été édifié entre 1919 et 1923 par l'architecte italien Mario Palanti, à la demande de Luis Barolo, un magnat du textile. Luis Barolo ne voulait pas une architecture comme les autres, il souhaitait quelque chose de spécifique.
L'architecte s'est ainsi inspiré de la Divine Comédie de Dante pour le décor : les 100 mètres de hauteur de l’édifice représentent les 100 chants du poème ; le bâtiment est divisé en 3 sections distinctes qui correspondent aux 3 livres (l'enfer, le purgatoire, et le paradis) ; le hall d'entrée est surmonté de 9 voûtes qui représentent les 9 hiérarchies infernales ; chacun des étages dispose de 11 ou 22 bureaux, ce qui correspond au nombre de strophes des chants.
L'immeuble sert encore aujourd'hui de bureaux. Son phare possède toujours 300 000 bougies en conditions de fonctionner. En 1997 le Palacio Barolo a été déclaré Monument Historique National. Il est possible de le visiter, l’entrée vaut 800 pesos/16,50€. Il y a également un bar rooftop.
Palacio Barolo Nous continuons à marcher et notre guide nous explique que cette avenue a une architecture très éclectique. Il y a des beaux bâtiments avec des architectures d’inspiration française ou italienne, entre autres. Mais on trouve malheureusement également des bâtiments construits dans les années 1970 qui n’ont pas de forme particulière et qui viennent jurer avec la beauté des édifices à leur côté. De nos jours, le gouvernement essaye de maintenir un standing lorsqu’il s’agit de construire un nouvel édifice dans le centre historique.
L'architecture très éclectique de Buenos Aires Nous arrivons ensuite sur la fameuse Avenue du 9 juillet. Nous l’avons appris hier, c’est l’avenue la plus large au monde avec 140 mètres de largeur. Enfin, c’était la plus large jusqu’en 2006. Depuis la ville de Brasilia au Brésil détient l’avenue la plus large. Buenos Aires se dispute encore la première place, trouver différents arguments pour la justifier.
Avenida 9 de Julio Au croisement de l’Avenue de Mai et de l’Avenue du 9 juillet, nous pouvons apercevoir le portrait de María Eva Duarte de Perón, mieux connue sous le nom d’Eva Perón ou d’Evita, qui était une actrice et femme politique argentine. Pour la petite histoire, Eva Peron a grandi dans un milieu modeste et a déménagé à l’âge de 15 ans à Buenos Aires afin de devenir actrice. Elle est non seulement devenue comédienne mais elle a également percé à la radio.
Elle rencontre Juan Peron en 1944, alors secrétaire d’État du gouvernement. Ils se sont mariés l’année suivante et Juan Peron est devenu Président en 1946. Evita est alors première dame d’Argentine et œuvre dans de nombreux domaines comme : l’égalité homme-femme ; l’obtention du droit de vote pour les femmes (acquis en 1947) ; le social (aide aux plus démunis avec la Fondation Eva Peron) ; la construction d’hôpitaux, d’école et d’asile. Il est indéniable qu’elle a aidé beaucoup de personnes.
Elle est morte à l’âge de 33 ans des suites d’un cancer du col de l’utérus, en 1951, un an après que son mari soit réélu président. Sa mort a touché une grande partie de la population. Ses funérailles ont duré 16 jours. Son image, elle, reste cependant immortelle.
C’est ainsi qu’en 2011, deux portraits d’Eva Peron ont été installé : l’un où on la voit donner un speech, et de l’autre côté du bâtiment, un portrait où elle sourit. Ces deux portraits sont installés sur l’édifice du Ministère de la Santé et du développement social.
Eva Peron Nous continuons de marcher sur l’avenue de mai et nous passons devant le « Cafe Tortoni & Tango », un des 90 bars notables et préservés de la ville. En effet, la culture du café est forte dans la capitale argentine. Et quand je dis café, je ne parle pas du breuvage mais de l’endroit. Les argentins adorent sortir et rencontrer leurs amis, lire ou juste passer du temps dans un café. Il y a plus de 10 000 cafés/bars dans la ville. Et seulement 90 sont reconnus comme héritages de la ville.
Le Cafe Tortoni est donc un café historique. Il a été inauguré en 1858 par un immigrant français appelé Touan. Il fut nommé Tortoni en référence au café Tortoni de Paris, un établissement du Boulevard des Italiens où se réunissait l'élite de la culture parisienne du XIXᵉ siècle. C’est le plus vieux café de Buenos Aires et un des plus connus, car beaucoup de personnes de notoriété publique s’y sont rendues.
Cafe Tortoni & Tango Notre marche le long de l’Avenue de mai nous mène à la « Plaza de Mayo », le cœur de Buenos Aires. C’est une place très historique car c’est l’endroit où a été fondée la ville. Avec le parc en son centre, les bâtiments les importants qui entourent la place, puis la ville qui s’étend autour, comme toutes les villes coloniales en Amérique du Sud. C’était un peu une « Plaza de Armas », bien qu’elle n’ait jamais été appelé ainsi. On trouve ainsi de nos jours, plusieurs édifices notables qui ont toujours de hautes fonctions.
Plaza de Mayo On remarque d’abord l’ancienne Mairie de la ville qui est maintenant le Musée National d’histoire de la Révolution de Mai. On constate vite que le style est très colonial. Cela vient du fait que cet édifice ait été construit en 1751, à une période où aucun esthétisme n’était recherché dans la construction de la ville. Cette ancienne Mairie de la ville a été le théâtre principal de la révolution de Mai de 1810. Elle a fait l’objet de multiples remaniements au cours de son histoire, et a même échappé de justesse à sa démolition totale dans les années 1930.
L’ancienne Mairie de la ville qui est maintenant le Musée National d’histoire de la Révolution de Mai. Nous continuons notre découverte de la « Plaza de Mayo » en passant devant un édifice qui porte à confusion : la Cathédrale de Buenos Aires. C’est la plus importante de la ville et pourtant elle ne ressemble pas du tout à ce qu’on pourrait attendre d’une cathédrale. Elle ressemble plus à un temple grec qu'à une église catholique typique. Elle a été bâtie entre 1692 et 1791.
Depuis le vaisseau latéral de droite on accède au mausolée où reposent les restes du libérateur José de San Martín. Le monument, qui fut construit en 1880, est l'œuvre du sculpteur français Albert-Ernest Carrier-Belleuse. Un hommage particulier est rendu au grand héros national, en ce sens que le tombeau est veillé par des grenadiers en armes de l'armée argentine. On trouve également une flamme accroché à la devanture de la Cathédrale en commémoration au père libérateur du pays.
Cathédrale de Buenos Aires.Au centre de la place, on trouve la Pyramide de Mai. La pyramide, qui est en réalité un obélisque, est le premier monument patriotique ― c'est-à-dire commémorant l’indépendance ― dont se dota la capitale argentine. Son histoire débute en mars 1811, lorsque la Grande Junte décida de faire construire un monument sur le côté ouest de la place, pour célébrer le premier anniversaire de la révolution de Mai de 1810, événement qui enclencha le processus d’indépendance. La statue de la Liberté, sur la pyramide est une œuvre du sculpteur français Joseph Dubourdieu. Elle couronne le monument et est une représentation allégorique de la république argentine.
Pyramide de Mai Sur le sol de la place, on trouve des peintures de foulards blancs. On avait déjà appris leurs significations à Cordoba. Ce symbole représente un mouvement de protestation de femmes et grands-mères qui recherchent leurs enfants et petits-enfants perdus durant le régime totalitaire.
En effet, dans les années 1970, la dictature militaire kidnappe toutes les personnes impliquées dans des mouvements révolutionnaires. Ces personnes sont interrogées, torturées, emprisonnées, drogués et même tuées. Ils sont enterrés, noyés. Beaucoup de personnes ont disparues. Lorsque les personnes arrêtées avaient des enfants, ceux-ci étaient emmenés et donnés à des familles de militaires, ou des arrangements étaient trouvés pour leur trouver un nouveau foyer. Deux mouvements se forment ainsi en 1979 : les « Madres de la Plaza de Mayo » et les « Abuelas de la Plaza de Mayo ».
Ces femmes ont commencé à marcher autour de la place, tenant une photo de leur proche disparu. Elles étaient peu nombreuses au départ, et de plus en plus de femmes se sont jointes aux premières. C’était alors des protestations silencieuses dangereuses. Les manifestations étaient bien évidement illégal durant le régime militaire. Mais finalement leur mouvement a payé, elles ont intéressé la presse et ont été sous les feux des projecteurs internationaux. Ce qui a enclenché un processus de recherche des personnes disparues.
Encore de nos jours, tous les jeudis à 15h, des femmes se réunissent, toujours à la recherche de leur proche. Le dernier « enfant » disparu a été retrouvé au début du mois : juin 2019 ! L’Etat détient une banque d’ADN et soutient ces femmes dans leurs recherchent. Seules les personnes disparues qui se lancent dans la recherche de leur identité peut mener à une découverte…
Ce symbole représente un mouvement de protestation de femmes qui cherchent leurs enfants disparus durant le régime totalitaire. Nous finissons notre visite avec le Palais Présidentiel, plus communément connu sous le nom de « Casa Rosada ». Ce palais n’est pas le lieu de résidence du Président mais son lieu de travail. Le Président vit à 16km, à Olivos. Il se rend généralement au Palais en hélicoptère, rien que ça ! Pour savoir si le président est présent il suffit de regarder en dessous du drapeau officiel de l’édifice, il y a un autre petit drapeau pour signaler sa présence.
Le bâtiment est magnifique mais est très atypique. Il est asymétrique : les fenêtres sont différentes d’un côté à l’autre, un côté est plus large que l’autre, des balcons présents d’un côté alors que l’autre en est dénué. Je n’avais pas remarqué mais une fois qu’on y fait attention, l’architecture du Palais est effectivement inattendue. Cela vient du fait que le Palais est la fusion de deux bâtiments : l’ancien Palais Présidentiel et l’ancienne poste.
La couleur rose vient du fait qu’elle était très utilisée en Argentine au cours du XIXe siècle. Elle se fabriquait par une combinaison de peinture à la chaux avec du sang de bœuf. Ce dernier était apprécié pour ses propriétés hydrofuges et fixatrices. De nos jours, ce n’est bien sûr que de la peinture.
Casa Rosada Notre visité du centre historique terminée, nous nous rendons dans la Cathédrale afin de voir son intérieur et de voir la tombe de San Martin. Elle n’est pas des moindres. On ne peut pas dire qu’elle est petite ! Mais c’est une tombe qui est digne d’un Père libérateur de la nation. L’intérieur de la Cathédrale est impressionnant. Comme à mon habitude, je lève les yeux à la recherche de l’orgue. Je prends une photo, je sais que mon papa va l’adorer.
L'intérieur de la Cathédrale de Buenos Aires. Notre visite du centre-ville finit, nous retournons à notre appartement pour se reposer un peu. Nous avons passé une superbe journée ! Et elle n’est pas finit.
Nous retrouvons nos amis Guido & Nico, chez Nico. Nous les avons rencontrés alors que nous étions à Santa Marta en Colombie, au début de notre voyage. Le temps passe vite et nous voilà déjà à Buenos Aires ! On a passé une très bonne soirée. J’ai pu pratiquer mon espagnol avec Guido, je suis plutôt satisfaite de moi, je peux converser sans trop de mal ! C’était un plaisir de les revoir !
Les retrouvailles avec Nico & Guido!