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LuluFlo
Après quelques années de réflexion, notre projet voit le jour. Nous allons partager ce périple avec vous. Prenez place à bord pour ce voyage vers une terre riche et inconnue.
Du 19 septembre au 2 octobre 2019
2 semaines
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Les valises sont bouclées. Nous sommes prêts. Enfin, prêts sur le plan logistique sûrement moins sur le plan émotionnel. Comme souvent avant chaque départ en vacances, la nuit a été courte.

Décollage dans 30 mn.

A tout de suite.

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Jour 1 :

Un vol de 10h, qui nous a paru plus court que prévu. Un personnel de bord fort sympathique, qui nous a même offert une coupette de champagne pour fêter notre 1er grand voyage.

Enfin posés sur le tarmac d'Ivato, il a fallu que nous restions assis dans l'avion pour que les autorités sanitaires fassent leurs premiers contrôles. Le pilote a même dû réagir face à l'empressement de certains voyageurs à retrouver la terre ferme. S'en est suivi la prise de température au laser sur le front à cause d'alerte de cas d'Ebola. Heureusement, nous n'avions pas de fièvre, seul la chaleur de nos cœurs nous animait.

Avant même de passer les portes de sortie de l'aéroport muni du visa, premier signe de corruption et de bakchiche. Un petit billet coupe-file pour éviter la queue interminable aux opérations douanières. 2 heures après, soit 00h00 (heure locale), nous rejoignons notre guide (LALAH que nous vous présenterons incessamment sous peu) avec nos bagages que l'on a su préserver des porteurs qui inondent les halls du terminal.

Sur la route qui mène à l'hôtel, nous avons pu découvrir Tana by night. Quelle découverte ! Des rues parfois sombres et étroites aux maisons délabrées avec quelques lumières éclairant les façades. Des jeunes installés à des fast food ou des bistrots de fortune à cheval sur le trottoir et la chaussée. Et des chiens, une multitude de canins errants, aboyant à tue-tête à chaque recoin. Il est clair que ce n'est pas dans cette capitale que je vais faire la fête la nuit.

Une fois couché, nous avons pu être bercé par les cris d'un chat à l'agonie et la course folle d'un gecko sur les murs. Réveil en douceur, par les déambulations et les klaxons des marchands installant leur étales sur la place. Aujourd'hui, 9h, nouveau départ: descente de la capitale vers Manondona, pour une arrivée prévu à 16h où nous découvrirons au fil de notre étape l'artisanat locale.

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Jour 2:

Pour commencer, laissez nous vous présenter notre logistique pour parcourir les quelques 1800kms de la RN7: Prévoir un bon 4x4 et un guide local fort sympathique et tout sourire. Son nom: RASAMUELINILALA Jean-Pierre (Lalah pour les intimes car ici les noms sont à rallonge)

Cette nouvelle journée commence donc par la traversée de Tana, pour rejoindre la RN7. En centre ville, notamment sur l'avenue de l'indépendance, le pape a laissé sa place aux innombrables marchés où tout se vend. Par exemple, les anciens bidons d'huile servent à transporter l'eau. Et lorsque ceux-ci sont inutilisables les enfants les découpent pour faire des luges et dévaler les pentes terreuses. Lavoisier avait raison et ici, plus qu'ailleurs cela se vérifie: «rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme»

Sortis de la capitale, nous empruntons les routes silloneuses des hauts plateaux où l'artisanat locale se mêle à l'agriculture. Ce sont de vastes étendues cultivées en escalier où de petits villages apparaissent comme sortie de nul part au milieu des rizières, des plantations de pommes de terre et autres légumes...

À cette époque certaines rizières sont exploitées pour leur sol argileux pour produire des briques qui érigeront leurs maisons.

Côté artisanat, nous passons des articles en rafia, aux sculptures en briques peintes, jusqu'aux cocottes en alu. Le malgache a un savoir faire impressionnant et sait user d'ingéniosité.

Arrivés à Manondona, nous nous promenons à travers les rizières, où nous y visitons une demeure paysane.

Que dire du Malagasy: c'est quelqu'un de généreux, de respectueux, de solidaire. Leur richesse intérieur est immense, même envers les "WASAHA" (nom donné aux hommes blancs ici). A plusieurs reprises, Lulu a été interpellée en Malgache. C'est Lalah qui rectifie en disant qu'elle ne le parle pas. Comme quoi la ressemblance doit être frappante.

La suite sera consacrée à notre soirée dans un gîte, rustique et typique, où nous mangerons chez l'habitant et vivrons une soirée mémorable. Mais nous n'en disons pas plus pour le moment...

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Bienvenue à Manandona, chez Jean-Gustave et Jean-Lamour, à la nuit tombée vers 18h, où un pot d'accueil nous attendait: de la THB (bière locale), agrémentée de biscuits apéritifs.

S'en suit la venue d'un groupe de musique du village, qui va nous interpréter toutes sortes de chants traditionnels, rien que pour nous, enfin presque...

Les enfants avoisinants, entendant ces rythmes endiablés s'empressent de venir danser autour du feu. Que d'émotions de voir tous ces bambins s'agiter tous ensemble dans une joie immense. Et notre hôte qui a illuminé nos yeux en nous contant les significations de ces chants.

Il nous a parlé des valeurs malgaches dont les principales sont l'amour et l'entraide. Un proverbe malgache dit: «une vie sans amour est comme une culotte sans élastique».

Notre hôte, un homme dévoué et peut-être futur maire du village reverse les fonds de son gîte en partie dans la construction d'une école.

Profitons en pour parler un peu de la condition malgache: l'eau est puisée dans les rivières ou les puits (l'eau courante est rare); l'électricité provient de panneaux solaires ou centrales hydroélectriques et se veut encore moins répandu. L'éducation essentiellement parentale car peu d'enfants sont scolarisés. Pourtant il y a 10 ans, l'ancien président, de 2002 à 2009, a favorisé le déplacement en construisant de nombreuses routes et l'accès à l'enseignement en offrant à chaque enfant un cartable muni des fournitures.

C'est sur cette note culturelle et nos cœurs remplis d'amour pour ce peuple qui nous ouvre les yeux que nous allons maintenant les refermer jusqu'à demain.

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Jour 3:

Après une nuit sur les ressorts d'un matelas et un copieu petit déjeuner, nous abandonnons l'idée de la douche au seau d'eau froide pour reprendre notre route sur les hauteurs de l'île rouge (une terre volcanique, riche en fer, d'où cette couleur).

Les paysages changent continuellement, passant de cultures à forêts (parfois brûlées par la sécheresse ou par les paysans pour faire de l'engrais). Un bon petit repas à Ambositra, accompagné d'une troupe folklorique aux couleurs locales, après la visite d'une fabrique artisanale de sculptures en bois nobles (tels l'ébène, le rose ou le palissandre)

Sur notre route accidentée, nous avons été choqués par les nombreux enfants, couverts de poussières, aux habits déchirés et mendiants. Ils prétendaient que ce sont eux qui réparent les routes en remplissant les trous de terre, qui n'ont plus été entretenues par les présidents succédant à celui de 2009.

Les taxis brousses, circulent à vive allure. Parfois ils sont surchargés, lorsque la police ou gendarmerie (appelée les ivoiriens) n'est pas présente (ou après avoir acheté le fait qu'ils ferment les yeux). Cela nous fait donc penser aux sardines de Patrick Sébastien (et non Sabatier. Ah, Florian et sa légendaire culture musicale!!!) et nous chantons donc le refrain à Lalah qui en rigole.

Une illustration de l'entraide malgache: un camion renversé sur le bas côté, se fait redresser sa cargaison à la corde par nombreux villageois venus lui prêter main forte. Femmes, enfants et hommes, tous y allaient de leur énergie. Ou plus loin, sur notre route, des familles levant l'arrière d'un 4x4 à bout de bras pour changer la roue.

Juste avant notre arrivée à Ranomafana, nous nous sommes arrêtés voir la fabrication de tuiles en argile, où Lulu a distribué des bonbons aux enfants présents (une sucrerie dont ils raffolent par dessus tout et accourent en réclamer).

C'est donc ici, au milieu du parc national, et sous la pluie, que nous nous apprêtons à passer la nuit dans un hôtel cosi, après une bonne douche et un plat de spaghettis au dîner (notre premier plat non locale). À demain pour de nouvelles aventures.

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Jour 4:

Bienvenue à Ranomafana, le plus grand parc naturel de Madagascar (environ 400 000 hectares de réserve naturelle). Celle-ci abrite 12 espèces de Lémuriens sur les 30 que compte l'île, des colibris, des scorpions, des bambous, des eucalyptus, des orchidées et de nombreux autres animaux et végétaux. Ici se trouve un immense centre de recherche international où des scientifiques du monde entier viennent y étudier la biodiversité.

Nous nous trouvons dans la zone humide de Madagascar, d'où cette fine pluie en continue depuis hier soir. Nous nous équipons donc de nos kways et chaussures de randonnée. Sur les conseils de Guy (notre guide du parc), nous passons les chaussettes par dessus le pantalon pour éviter de ramener des sangsues. (Lulu aura la chance d'en voir une de très près, qui est tombée d'un arbre: posée sur ses lunettes).

Sur notre parcours nous aurons la chance d'observer, en totale liberté, 6 espèces de Lémuriens dont le lému-doré, figure emblématique du parc (mais également lémuriens roux, le «père-noël» ah ah très bel hommage). Habitués à la présence de l'Homme, un lémurien va même bondir à environ 1 mètre de nous, puis a marché sur une branche longue de 4 mètres. Mais il nous aura fallu suer et gravir des pentes abruptes et boueuses, escarpées de racines pour avoir ce privilège.

Après cette matinée sportive, nous arrivons à Fianarantsoa, 2ème plus grosse ville de Madagascar. Ici, nous dégustons notre premier filet de zébu (un délice!). Côté gastronomie, nous nous régalons depuis que nous sommes ici: canard à la vanille, tilapia grillé (poisson d'eau douce, style sole), poulet aux bambous, potage de légumes, pieds de porc aux brèdes... et bien sûr beaucoup de riz.

Direction les hauteurs de la ville pour un panorama exceptionnel. Évidemment nous n'oublions pas nos amis sportifs, avec le stade.

Aujourd'hui c'est dimanche, et comme les malagasys sont très croyants, ils en profitent pour se balader et bien sûr aller dans une des nombreuses églises; ils se sont donc mis sur leur 31. Un peu de repos maintenant, car demain nous quittons les Hautes Terres pour rejoindre le Grand Sud.

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Jour 5:

Nous quittons donc Fianarantsoa et les hauts plateaux (situés en moyenne à 1300m) pour se diriger vers le Grand Sud à 7h45. L'île est découpée en 6 provinces, 22 régions et 2 zones géographiques bien distinctes. Ici, le paysage change fondamentalement, les températures sont plus élevées (on est passé de 18 à 30°C) et le climat plus aride, fait que les sols sont moins verdoyants.

Arrivés à Ambalavao, nous visitons donc une fabrique de soie, que de travail et de patience pour réaliser ce noble tissu. Ici se trouve aussi le plus grand marché aux zébus de Madagascar (mais cela se passe le jeudi). Nous nous arrêtons également à la réserve villageoise d'Anja (reversant leurs recettes dans le développement de projets économiques et sociaux), où nous pouvons approcher de très près des caméléons et une autre variété de lémuriens (emblème de l'île appelé aussi Makis Catta)

Passé la porte du Sud, tout est si différent: la terre si rouge, plus d'herbe, ni de forêt, mais place au cactus et aux manguiers, papayers et autres arbres fruitiers. La brique en argile cuite et les toits en tuiles qui composaient les maisons ont fait place nette: on ne trouve ici que des structures légères et éphémères (les habitations sont en argiles séchées au soleil et les toits en chaume). Ces paillottes sont vouées à être abandonnées sous 5 ans et une nouvelle sera reconstruite juste à côté...

Les habitations se font rares et les villes encore plus. Mais ça y est, 1er contrôle routier: vérification des papiers du véhicule...

Ici, nous sommes sur les terres des zébus et des vabus. La 1ère espèce est élevée pour sa viande. La seconde est un croisement entre un zébu et une vache normande (qui ne supporte guère la chaleur), ce qui leur permet d'avoir du lait. Hé oui, la Normandie est présente ici!!!

Ici l'herbe sèche si vite, qu'il est nécessaire de la renouveler pour permettre aux bovins de brouter; alors ils mettent le feu aux pâturages pour que de nouvelles herbes poussent et changent de parcelle pendant ce temps.

Une nouvelle journée s'achève, il est 18h et il ne fait pas encore nuit: une première depuis notre arrivée. Nous resterons 2 jours dans une paillotte au pied de l'Isalo (que nous vous présenterons demain). Une randonnée de 7h nous attend pour découvrir encore une nature époustouflante.

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Jour 6:

Après une bonne et calme nuit, quelle plénitude dans ce massif!!! Hier soir, nous nous sommes émerveillés devant le ciel étoilé: on les voit vraiment mieux que chez nous, ça n'a rien de comparable. On distingue parfaitement les constellations.

Commençons donc cette chaude journée (jusque 30°C), par un bon petit-déjeuner à 6h30, accompagné d'immodium (et oui, il fallait qu'on y passe). Nous nous préparons donc pour faire un trekk de 11kms dans le parc de l'Isalo (et environ 500m de dénivelé). Après avoir dit aurevoir à Lalah (que nous reverrons que 7h plus tard), nous partons donc avec un guide local.

Ici les paysages sont somptueux, nous sommes à 850m d'altitude et nous surplombons les canyons. Nous demandons au guide de nous présenter un scorpion et va donc nous en dénicher un sous une pierre. A priori, ils ne sont pas venimeux sur l'île, mais une piqure ferait atrocement mal (nous n'allons bien sûr pas vérifier). Ici se trouve également des rapaces, des petits pigeons verts, des serpents (que nous ne verrons pas) et des phasmes (insectes ressemblant à des branches)...

Une autre chose importante aussi, et pas des moindres: des tombeaux et des cercueils vides.

Profitons en donc pour s'attarder et vous conter ces rituels macabres, appelés "le retournement des morts". À Madagascar, il y a autant de coutumes que de peuples, je pense, mais malgré leur différence, le fond est identique.

Ici à Isalo, on enterre les morts dans des tombeaux provisoires, jusqu'à ce qu'ils aient le budget pour faire la fête (nourriture et boissons incluses) avec tout le village. A ce moment là, ils déterrent la dépouille, pour la ramener au village. Ils abandonnent le cercueil à la nature et ils feront la fête pendant toute une nuit autour des ossements. Après quoi, ils remontent le squelette dans la montagne pour le laisser dans un tombeau définitif (les morts sont pour eux le lien entre la terre et les cieux, d'où le fait qu'ils cherchent à les enterrer le plus haut possible). À Tana, ils le feront plusieurs fois, en conservant le cercueil, mais en remplaçant le linceul.

Revenons en maintenant à ce trekk, nous commençons par marcher sur les sentiers des hauteurs de l'Isalo. Petit à petit, nous allons descendre dans les canyons, en jouant les équilibristes sur des rochers.

Bien entendu, nous y apercevons encore des lémuriens. Et nous nous baignons dans des piscines naturelles (un véritable bonheur sous cette chaleur). Après 7kms de randonnée, nous allons casser la croûte à un refuge aménagé.

Il nous faudra encore parcourir 4kms après cette dégustation de brochettes de zébu et riz. Où là nous serons plus au frais, le long du ruisseau. Avec une végétation tout simplement digne d'un paradis.

C'est donc à 15h30, après quelques étirements que nous regagnons notre paillotte pour prendre une douche bien méritée. Et maintenant, place à la bière pour se requinquer. Demain, direction Tulear...

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Jour 7:

Bonjour à tous, le soleil se lève timidement sur l'île, il y a plus de vent ce matin lorsque nous ouvrons notre paillotte. La nuit fut plus courte que d'habitude, nous avons chanté avec des chauffeurs guides musiciens et bu du rhum arrangé (au bambou, jujube et goyave) avec des voyageurs parisiens et italiens. Après un petit déjeuner typiquement malgache (bouillon de riz aux brèdes et viande de zébu), nous repartons à bord de notre 4x4.

Sur notre route, nous traversons plusieurs villages où se sont implantées Sri-Lankais et Thaïlandais pour acheter les saphirs. Les malagasys extraient la terre des mines, puis vont la tamiser dans la rivière, dans l'espoir de trouver cette pierre précieuse. Les conditions d'exploitation sont des plus dangereuses: chaque année nous dénombrons une multitude de morts.

Après avoir traversé ces villages, nous apercevons sur notre route les premiers baobabs. Nous n'avons pas prévu d'aller à Morondava, contempler la mythique allée des baobabs par manque de temps, mais surtout car les dahalos sévissent particulièrement dans cette région (même s'ils sont partout sur l'île).

Ce sont des groupes d'hommes armés, qui se camouflent et pillent les zébus dans les villages. Lorsqu'ils n'en trouvent pas, ils n'hésitent pas à incendier les habitations. C'est pourquoi sur les hauts plateaux, les toits de chaumes sont peu à peu remplacés par des toits en tôle (ou des tuiles pour ceux qui le peuvent). Aujourd'hui, ils s'attaquent également aux routes, pour dépouiller les voyageurs, tout y passe: téléphone, argents, bagages... (d'où le fait qu'il est fortement déconseillé de voyager la nuit)

Nous nous satisferons donc de l'arboretum de Tulear et de ceux que nous pourrons voir à Ifaty demain. Petite information au passage: la véritable vanille sauvage de Madagascar n'a ni goût, ni odeur; celle que l'on achète est bien produite dans le nord de l'île, mais c'est une orchidée d'origine mexicaine.

Nous sommes arrivés au bout de la RN7, au niveau du tropique du capricorne. Nous empruntons donc maintenant la RN9 sur 30kms pour nous rendre à Ifaty. Ici, c'est très venteux, il fait donc frais. Les habitations se sont encore métamorphosées (plus du tout d'argile, que tu bois et de la paille). Nous sommes maintenant en pays vezo, dans un village de pêcheurs.

C'est donc ici dans ce paradis, que nous allons passer 2 nuits, bercés par le doux sons des vagues (cela nous manquait). Une petite promenade sur ce sable blanc, les pieds dans le canal du Mozambique, où les pirogues sont amarrées. Et bien entendu, ce soir, ça sera du poisson pêché du jour, avec un magnifique coucher de soleil.

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Jour 8:

Nous voici donc à Ifaty, sur la plage de Mangily. Ici, l'eau est clair, à environ 26°C (ça change de la Normandie). Le canal du Mozambique est donc la séparation entre Madagascar et l'Afrique. La barrière de corail se trouve à environ 10 kms au large. C'est donc sur ce paradis terrestre que nous nous reposons un peu aujourd'hui. Nous avons donc commencé par une grasse matinée (debout à 8h30), s'en est suivi d'une promenade en ville, après avoir petit-déjeuner.

Ici, il y a de celà encore 4 jours, on aurait pu observer les baleines à bosse. Elles remontent de l'Antarctique pour se reproduire et restent ici tant que les petits ne peuvent pas se débrouiller seuls.

À notre retour, vers 12h, un guide local (Jean-Claude) nous a préparé un pique nique de rêve sur la plage. Au menu: du capitaine (un poisson local) et de la langouste grillée. Un véritable délice!!! Ces produits ont été pêchés ce matin et sont accompagnés de riz, sauce tomates et bananes.

Après une petite sieste digestive, direction la forêt de baobabs. Nous nous y rendons, accompagné de Jean-Claude (qui prendra la pose en haut d'un baobab), en charrette à zébus. Ce moyen de transport est assez rustique, mais nous avions droit au confort avec un fond en rafia et des coussins. Derniers instants de prélassement, car demain, c'est reparti pour la RN7.

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Jour 9:

Pendant que nous avalons les 600 kilomètres (en 9h30 dont 1h15 de piste environ) pour rallier notre prochaine étape, nous allons aborder les conditions de circulation et leur code de la route.

La RN7 est l'une des seules routes à être intégralement bitumée (les autres nationales le sont par intermittence). Les axes secondaires ne sont que des pistes que nous aurons l'occasion de pratiquer très peu. Nous nous sommes dit que nous empruntons la route royale; et bien non, la conduite est une attention de tous les instants: il s'agit de slalomer afin d'éviter nids de poules, familles, charrettes, pousses-pousses, animaux... Donc cela passe par le chevauchement des accotements non goudronnés.

Et le code de la route, tout simplement inexistant: aucun panneau de signalisation (seules les bornes kilométriques nous donnent des indications) ni feux, ni stop. La vitesse réglementaire est de 40 km/h en "ville", aux passages de ponts et illimitée hors agglomération. Mais en moyenne les conducteurs n'excédent pas les 110 km/h. Dans les grandes villes, c'est la police qui fait la circulation, munie d'un képi et d'un sifflet. Tout n'est question que de bon sens et énormément de courtoisie. Un des organes principal du 4x4: le klaxon. Il permet de signaler notre présence avant tout dépassement (et de remercier), de demander aux piétons de se serrer sur les côtés ou bien dire bonjour. Les campagnards parcourent des dizaines de kilomètres à pieds, à vélo ou poussant des charrettes pour aller acheter/vendre sur les marchés des villes. (Imaginez vous la condition physique qu'il faut). Tout cela sous un soleil de plomb.

Notre chauffeur ainsi que les chauffeurs de taxi (souvent en 4L ou autres vieilles voitures) ont la manie de mettre le point mort dans les descentes. Sûrement pour économiser l'essence (enrichi avec un additif).

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Jour 10:

Aujourd'hui, nous sommes dans les montagnes de l'Andringintra, le point culminant étant le pic du bobby à 2850m (2ème plus haut sommet de Madagascar). Juste à côté de nous, se dresse à 1540m le pic du Caméléon, particulier de part sa forme. Nous n'allons pas le gravir...

Nous allons randonnée pendant 8 kms dans la vallée de Tsaranoro. Nous serons accompagnés de Jean-Paul (un guide de la montagne) et une fille du village. Ce vieu baroudeur nous a énormément fait rire avec ces anecdotes et son humour (à la française). Un exemple: "quand zébu, zé pu soif".

Au cours de notre promenade, nous y croiserons bien entendu des caméléons, papillons, rainettes, lézards... et forcément des lémuriens!!!

Cette vallée est pleine de richesse, nous allons la découvrir entre montagne, la forêt sacrée, village, piscine naturelle et cascade. Notre guide est un botaniste chevronné.

Lulu a demandé à goûter à la vanille sauvage (qui a mauvais goût mais qui donne des forces). Il nous parlera des plantes que l'on trouve ici et de leurs vertus médicinales. Il nous fera même des démonstrations de la grandeur de la nature: notamment avec la sève d'un arbre qui en séchant, devient comme du latex (ils se servent de cette propriété élastique pour réparer les chambres à air de vélo); ou alors une herbe, qui une fois humide se met à tourner, pour creuser le sol et y semer une graine...

A la fin de la journée, nous allons même pouvoir visiter le dispensaire du village. C'est sûr que c'est pas là que Lulu ira accoucher.

Nous nous arrêtons également dans un atelier de forgeron, les mêmes que l'on pouvait trouver, en Europe, au temps jadis, travaillant le métal chaud au marteau et à la tenaille...

Après cette journée, une douche bien méritée pour terminer dans notre lodge grand confort

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Jour 11:

Après avoir à nouveau parcouru les 30kms de pistes (en 1h15), séparant la vallée de Tsaranoro de la RN7, nous reprenons notre route vers le nord et ces hauts plateaux.

L'île est divisée en 18 ethnies, avec entre autres:

- au Nord, sur les hautes terres, les betsileos, monogames, sédentaires, vivant dans des habitations en terres cuites

- plus au Sud, en régions plus arides, les baras, polygames, nomades, vivant quant à eux dans des habitations plus éphémères

Aujourd'hui, c'est dimanche: donc les marchés sont beaucoup plus petits, moins de magasins sont ouverts et les malgaches se sont à nouveau mis dans leur beaux costumes pour aller à la messe.

Sur notre route nous croiserons un cortège, accompagnant le corps d'un défunt pour son enterrement; plus joyeux, un autre revenant de l'église, après une communion.

Nous avons également été médusés par les troupeaux de zébus, achetés à Ambalavao, ce jeudi, marchant en direction de Tana depuis 4 jours déjà.

Après 300kms sur la RN7 environ, nous empruntons à nouveau 30kms de piste pour rejoindre notre étape.

De manière générale, pour faire de la piste, mieux vaut avoir le cœur et l'estomac bien accroché car ça secoue fort...

Nous passerons donc 2 nuits, dans ce lodge en bois et toit de chaume, à l'ombre de la forêt.

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Jour 12:

C'est parti pour 1h de piste pour se rendre à Antoetra, un village traditionnel Zafimaniry. Ici, ils sont tournés vers le bois: essentiellement le palissandre qui s'y trouvait à profusion autrefois. Aujourd'hui, celui-ci se raréfie, car il a été utilisé à outrance (ils en replantent, mais il faut 60 ans pour atteindre une taille convenable)

Ils bâtissent leur maison avec, qui selon eux résisterait à un ouragan (sauf le toit de chaume). Certaines ont été bâtit il y a 200 ans.

Ils s'en servaient autrefois comme bois de chauffage également (maintenant ils utilisent le bois d'eucalyptus poussant beaucoup plus rapidement).

Leur artisanat local est essentiellement fait à partir de ce bois noble: sculptures diverses, dessous de plats, chaises, tables...

Mais avant de découvrir leurs productions, nous partons pour une randonnée de 10 kms à travers la campagne, faite de nombreux dénivelés positifs et négatifs (accompagné de Johnny). On va user beaucoup d'effort pour arriver jusqu'à un tout petit village, Ifasina (où ils peuvent étudier jusqu'à la primaire). Là aussi, ils fabriquent tout en bois de palissandre. On découvre, avec stupeur, que les jeunes collégiens, qui ont les moyens d'être scolarisés (car ici l'enseignant se fait rémunérer par les familles des élèves), font ce chemin quotidiennement pour se rendre au collège d'Antroetra; que de courage! Ils partent à 6h pour y être avant 8h et quittant à 13h, rentrent manger vers 14h30.

Peu de photos vont agrémenter notre récit, car nous étions concentrés sur les dénivelés et notre souffle (à 1700m d'altitude).

Dans ce village de 500 habitants, nous y rencontrons le chef (un guérisseur de 87 ans), qui nous invite dans sa demeure pour nous parler de sa disposition et de leur manière de vivre. Ce dernier a 2 femmes (c'est le seul à avoir ce droit), 14 enfants et 30 petits enfants. Une grande famille tout ça!

C'est donc bien fatigué que nous retrouvons Lalah à Antoetra, qui va nous reconduire pour passer notre dernière nuit à Madagascar. Et oui, demain sera notre dernier jour, toute bonne chose à une fin.

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Jour 13:

Commençons cette journée par quelques chiffres:

Madagascar est la 5ème plus grande île au monde en terme de superficie, avec 27 millions d'habitants (dont environ 25000 français). C'est également le 5ème pays le plus pauvre au monde (le PIB est de 471 dollars/habitant en 2019). Seulement 13% de la population a accès à l'électricité et 35% à l'eau courante. 80% des malgaches travaillent dans l'agriculture. Le salaire journalier moyen est entre 6000 et 7000 Ariarys (4000 Ariarys = env. 1€).

Quelques notions sur le prix des produits de première nécessité:

Le prix du litre de gasoil est de 3400 Ariarys, une grande bouteille d'eau 2500 Ariarys, un menu complet dans un restaurant 25000 Ariarys, un paquet de cigarettes 5000 Ariarys. Acheter un 4x4 comme nous avions, avec 200000 kms, il faut compter 28000000 Ariarys (soit 7000€, un produit de luxe, vive les taxes et les frais de douanes).

Aujourd'hui, nous terminons notre périple en parcourant les 290 kms, nous séparant de la capitale et de son bazar pour circuler. C'est un brin nostalgique que nous repassons dans les villages et devant les artisans que l'on a croisé il y a 11 jours maintenant. Ici rien à changer si ce n'est les températures qui ont grimpé (car oui, ça n'est encore que le début de l'été) et peut-être notre regard sur le monde (et sur ses notions de bonheur, de solidarité, d'entraide,...) qui a changé.

Nous aurons donc parcouru 2650 kms sur l'île (dont environ 150 kms de piste). Malgré l'indépendance de ce pays, les traces de la colonisation française y sont encore nombreuses: la langue courante est le malgache, mais tout le monde (ou presque) parle français (et non anglais). Ils suivent nos actualités (avec entre autres les gilets jaunes), les panneaux publicitaires sont dans notre langue, certaines radios également et ils reçoivent les grandes chaînes françaises.

Un grand merci à Lalah pour sa prudence et pour nous avoir épargner tout type d'incident possible (crevaison, problème mécanique, ...) envisageable sur ces routes dégradées (seule avarie: une roue voilée qu'il a fait réparer un midi). Merci à lui également pour tous ces précieux conseils et toutes ces explications qui nous ont permis de comprendre un peu mieux ce pays.

Après un passage de quelques heures dans un dernier hôtel pour se rafraîchir un peu et refaire nos bagages correctement, il est maintenant l'heure de se rendre à l'aéroport pour un vol de 10h (décollage à 0h50 heure locale). Ayant pas mal monopoliser l'écriture de ce carnet de voyage, je laisserai donc le soin à Lulu de conclure dans une dernière étape.

Et voilà, ça y est. Nous sommes revenus à Charles de Gaulle.

Quelle première expérience fantastique !!! En allant à notre dernier hôtel hier soir, j'ai eu une dernière fois la gorge serrée et les yeux humides.

Avant de partir, j'avais imaginé plein de choses. J'avais lu des articles ou visionné des reportages. Mais c'était bien loin de ce que j'ai pu voir, sentir ou même ressentir.

C'est un pays vraiment magnifique. Qui mérite d'être visité. Les gens n'ont presque rien mais au final ils sont heureux de vivre et surtout de partager. Ils nous accueillent avec le sourire (me parle en malgache d'emblée).

Et je vais terminer par remercier, en premier lieu, mes parents sans qui ce voyage n'aurait pas eu lieu d'être. Ils ont choisi un pays merveilleux. Adopter la meilleure malgache qui soit, n'est ce pas ! Je sais maintenant d'où provient mon rire et ma légendaire zénitude. "Mora, mora" qui veut dire doucement, doucement et le maître mot à Mada.

J'aurai tant aimé faire ce voyage avec eux.

Je remercie en second les proches qui me soutiennent dans ce voyage, les conseils avisés de certains m'ont bien aidé.

Merci. À bientôt Madagascar. "Velume" (aurevoir)