Mon Romain est parti. Romain est mon amoureux, celui qui a renversé ma vie et bouleversé mon cœur. Il était venu me rendre visite, pendant près d'un mois et demi, et il a pris le chemin du retour hier après-midi.
Je me suis dit que c'était l'occasion de prendre le temps de raconter notre voyage mi-ville, mi-campagne aux environ de Jönköping.
Nous sommes partis le 3 Novembre au matin. Nous avions prévu de rester deux jours dans la ville.
Après deux heures de voyage, nous arrivons aux abords de Vättern, le deuxième plus grand lac de Suède. Nous sommes immédiatement séduits par le cadre, et mesurons la chance d'avoir le beau temps de notre côté, malgré un froid prenant. Nous commençons directement notre tour par la visite du centre-ville. Nous découvrons une très jolie ville, qui dégage une ambiance chaleureuse. Bien que les rues soient vides, nous ressentons le bien-être des locaux présents, qui profitent des rayons du soleil et de leur samedi en famille ou entre amis. Nous continuons notre route, dans toute la partie "moderne" de la ville. Constructions stylées et bâtiments design, tous ornés de grandes baies vitrées, laissent apparaître le goût extraordinaire des suédois pour la décoration d'intérieur. Tel des cocons, on a envie de se réfugier à l'intérieur et de ne plus mettre le nez dehors.
De notre côté, la faim nous force à faire une pause. Nous choisissons un peu au hasard un restaurant qui fut une merveilleuse surprise. Imaginez nous, deux touristes à sac à dos et chaussures de marche, entrant dans un restaurant chaleureux aux couleurs chaudes et aux éléments de luxe (argenterie, lustres...). Nous étions un peu décontenancés mais le prix était vraiment attractif alors nous sommes restés. Et c'était un buffet ! Alors, nous avons mangé des spécialités d'ici, succulentes, dans un décor magnifique à un prix très abordable... c'était à n'y rien comprendre. Romain appelle ça "la chance du voyageur". On s'est régalé.
Puis, malgré nos papilles satisfaites, nos pupilles en redemandaient. Alors nous avons continué notre exploration. Nous avons visité une église un peu particulière : elle était récente donc la structure était complètement standard (murs blancs, plafonds droits, colonnes classiques) comme si on était dans le hall d'un grand hôtel. Pourtant, il y avait des vitraux, un orgue, un autel et tout le reste. Vraiment une ambiance particulière.
Puis nous avons rejoins la plage. Le lac est si grand qu'on ne voit pas la terre à l'horizon. Un peu comme à la mer. Nous y avons passé un moment, le soleil était toujours de la partie. Ensuite, Romain étant un fan de lacs, nous sommes allés de l'autre côté, où nous avons rejoint un autre lac, plus petit mais tout aussi beau. En chemin, nous avons traversé le cimetière, calme, paisible, accueillant et décoré, comme en est la coutume ici. Après de longs instants à observer les roseaux danser dans le vent, nous sommes retournés au centre-ville pour admirer le coucher du soleil devant un bon chocolat chaud/une bonne bière en grignotant quelques bonbons. En Suède, il y a, dans chaque magasin, des bonbons (godis) en vrac, que l'on peut acheter au poids et donc créer son assortiment personnalisé. Gourmands comme nous le sommes, on a complètement craqué dans un magasin spécialisé.
Après tous ces kilomètres, le froid et la nuit qui s'installait, nous avons décidé de trouver le chemin de notre chambre d'hôtel: un tout petit placard de quelques mètres carrés dont l'ambiance rappelait un hôpital psychiatrique et dont l'étroitesse ne permettait pas de coller les deux petits lits pour dormir ensemble. En plus du chauffage et de l'insonorisation inexistants dans le bâtiment, une vieille folle rodait dans le couloir en faisant des choses étranges, la nuit promettait d'être épique ! Nous avons beaucoup ri de la situation : c'en était même une expérience en soi. Après deux petites heures de repos, nous décidons d'aller boire un verre dans un resto italien où nous avons mangé des desserts succulents (eh oui, les bonbons nous ont fait sauter le repas oups).
Au retour, nous prenons la direction de la digue. Et là, grosse claque : je ressens un phénomène très rare chez moi et difficilement descriptible. Une impression d'être dans le ventre de ma Maman. Au chaud à l'intérieur mais froid à l'extérieur. Une sensation de bien-être incroyable, qui m'a mis les larmes aux yeux. Le vent filait dans mes cheveux, le froid agressait ma peau, et pourtant, je sentais une grande chaleur dans mon cœur et dans mon âme. Quelques instant de bonheur brut, créé par le sentiment d'être au bon endroit, au bon moment. Partagés avec une personne que j'aime si fort : je n'aurais voulu être ailleurs pour rien au monde.
En retournant dans notre nid douillet pour la nuit, nous nous posons bien des questions : eh oui, nous avions déjà fait le tour de toute la ville ! Que faire demain alors ?
Romain est un grand passionné de nature, et moi, je voulais découvrir les richesses de la campagne suédoise. Alors nous avons eu une nouvelle idée : prendre le train le lendemain à la première heure, s'arrêter au bout de quelques arrêts et rejoindre un chemin de balade pour toute la journée, pour attraper le train à la gare suivante. Ça nous faisait sept heures de marche sur chemin balisé, et nous avions des provisions. Au top !
Donc le lendemain, le 4 Novembre, nous nous réveillons aux aurores pour réaliser notre idée. Dans le train, le contrôleur nous questionne (notre gare d'arrêt ne devait pas être une destination très populaire) et nous lui expliquons alors notre projet. J'ai cru que ses yeux allaient sortir de ses orbites : "en Novembre ? Oh la la, vous êtes sûrs..?". Petit coup de stress, mais nous étions équipés de la tête aux pieds alors braver le froid et le vent toute la journée ? Même pas peur. Le train arrive et le périple débute. Après des tours et des demi-tours, nous trouvons enfin le chemin balisé. Nous voilà alors dans la campagne suédoise. De grandes étendues, de la forêt, des ruisseaux, des chemins, des lacs de toutes tailles, un tapis de feuilles d'automne et des réserves naturelles perdues au milieu de nulle part. Un sentiment de liberté, de sérénité et de solitude nous envahi. Nous traversons des villages à quatre ou cinq maisons, des propriétés privées libres d'accès et des espaces protégés. Nous sommes perdus, plusieurs fois. Et ça nous plaît. Seulement voilà, après cinq heures de marche, nous sommes un peu inquiets : il fait nuit tôt et nous craignons l'obscurité si loin de la civilisation (même si j'ai eu un cours sur "comment fuir un élan en cas d'attaque"). Nous rejoignons alors une route et faisons du stop pour rejoindre la gare la plus proche. Deux voitures différentes nous ont pris. Tous les occupants ont été surpris de la démarche et de la distance parcourue. Les premiers nous ont demandé d'où on venait et ont eu la réaction la plus étrange à laquelle j'ai fait face de toute ma vie : "Woooooow, j'ai des français à l'arrière de ma voiture ? Wow ça alors !". Comment vous dire qu'avec Romain on s'est regardé et on ne savait pas bien quoi répondre. Dans la deuxième voiture, nous avons eu droit à une visite guidée et des anecdotes sympas sur la région.
Arrivés à la gare, le train n'arrivait que dans une heure, alors nous nous sommes réfugiés dans un café (très probablement le seul ouvert, un dimanche à 16 heures dans une ville perdue) pour prendre un fika. En chemin pour rentrer j'ai un peu somnolé : l'air froid nous avait bien fatigué. Avec des températures autour de zéro, un fort taux d'humidité et du vent, les conditions du deuxième jour ont été un peu moins clémentes que lors de notre promenade à Jönköping.
Mais j'en garde des souvenirs fabuleux : cette petite virée a été juste extra !
Jönköping, d'un charme prenant et d'une ambiance chaleureuse De jour comme de nuit, on s'y sent bienL'église particulière (Maman, dis moi si quelque chose te semble familier) La randonnée en pleine nature avec des températures hivernales: j'ai adoré, mais je ne recommanderais pas Au bon endroit, au bon momentMerci mon Romain d'amour.