Carnet de voyage

La Lucile Erasmus Expérience

10 étapes
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Je pars un semestre à Växjö, au sud de la Suède, pour terminer mon cursus universitaire en Econométrie. C'est parti pour de nouvelles aventures !
Août 2018
20 semaines
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19
août

Après milles et une péripéties concernant mon inscription, ma destination, l'accord de mon responsable de Master et tutti quanti, on y est !

Toutes les démarches ont été entamées ou finies, que ce soit du côté des bourses, de la sécurité sociale, de la mutuelle, ou encore des universités partenaires, de la banque, du logement et du voyage, et ça n'a pas été sans peine ... Mais je suis sûre que ça vaut le coup !

Il ne me reste plus qu'à boucler ma valise et attendre le jour du départ. Je suis très impatiente.

⇸ Quelques infos :

  • Le voyage : Départ prévu le 28 Août 2018. Après une escale à Amsterdam, j'arrive à l'aéroport de Växjö aux alentours de 14 heures où je serais accueillie par des étudiants de l'université - la Linnaeus University (ou Linnéuniversitetet en suédois) - qui se chargeront de mon transfert jusqu'au campus.
  • Mon logement est à 5 minutes à pied du campus universitaire. Il mesure 26m² pour un loyer à peu près équivalent aux tarifs strasbourgeois. C'est une sous-location par une doctorante nommée Jasika.
  • Les cours débutent le 3 Septembre. Néanmoins, il y a deux jours de présence obligatoire pour les étudiants étrangers afin de leur présenter le campus, faciliter leur intégration, les aider dans leurs démarches etc.


Je profite de mes derniers instants en Alsace pour voir mes amis, parce que, contrairement à ce qu'ils me disent, ça m'étonnerait beaucoup que tous viennent me voir là-bas 😉

J-9 !

28
août

Le jour J : enfin ! Il m'a fallu de nombreux mois pour préparer mon voyage et on y est ! Réveil (très) matinal et direction l'aéroport accompagnée de mes sœurs, mon père et Romain. Les au revoirs ont été déchirants pour moi. Je prenais conscience du manque qu'il y aura dans mon cœur sans eux. Pourtant, quand l'avion a décollé, j'ai aussi pleuré, mais de joie. Enfin, enfin ! Depuis le temps que je rêvais de cette aventure ...

Un premier vol retardé, puis correspondance à Amsterdam où je patiente pendant deux heures et demies, avant de savoir que ce deuxième vol aurait aussi du retard. Pas de stress, pas de rage, je suis détendue et j'essaie de m'imaginer tout ce qui m'attend. Une fois arrivée au tout petit aéroport de Växjö, l'université nous attrape, avec tous les autres étudiants qui ont pris ce vol et un autre aussi et nous conduit au campus. De là, on nous donne un welcome pack. J'ai l'occasion de discuter avec d'autres étudiants étrangers. Malheureusement, je suis tellement épuisée que j'ai bien du mal à tenir une conversation correcte.

Je contacte alors Jasika, afin de récupérer les clés de mon logement, et elle m'y conduit. Après une si courte nuit et tant d'émotions, je rêve de me poser et de récupérer. Mais là ... horreur ! L'appartement est très sale, jusque dans les moindres recoins. Je trouve des ongles par terre, une canette vide sous le lit, il manque des équipements (notamment une connexion wifi et une couverture ; je dis pas que c'est ma raison de vivre, mais je suis censée étudier, et il fait froid la nuit ici donc je vais rudement en avoir besoin, non ?). Moi, Lucile, passionnée de ménage depuis ma tendre enfance #bigjoke, je m'attelle donc à ce grand chantier. Après une heure, dans la fatigue et la faim, je décide de faire une pause et de chercher à me sustenter. On m'a dit que le coût de la vie est élevé mais de mon côté, j'ai trouvé de quoi manger (et nettoyer évidemment) à des prix raisonnables. On verra plus tard pour le reste.

Après un court repas (évidemment car je suis trop fatiguée et j'ai le blues de l'arrivée), Jasika vient me donner le double des clés et on discute un peu, puis s'en vient le meilleur moment de la journée, celui que j'attendais tant : le sommeil ! Je me suis couchée à 21h (et encore, c'est bien parce que je devais avoir de la visite, sinon à 19h j'étais endormie), la tête pleine de doutes et le cœur bien lourd.


  • Ce que je ressens de cette journée : beaucoup de fatigue et de peine. Quitter ma famille a été très douloureux et je n'avais pas anticipé le blues de cette arrivée.
  • Ce que je ressens le lendemain : les 11 heures de sommeil m'ont fait beaucoup de bien. Je commence à mesurer la chance d'être ici, et j'ai les idées plus claires. J'ai acheté de quoi être connectée à l'internet. Je suis allée me promener dans le campus, puis la ville. Il y a beaucoup de verdure, c'est très relaxant, et apaisant. Les nombreux lacs y sont aussi pour quelque chose. Je me sens d'attaque pour commencer ce semestre. Demain, il y a le début des journées d'orientation, je vais pouvoir mieux m'approprier les lieux.
  • Fun fact : même si tout le monde parle anglais ici, tout est écrit en suédois ici. Je vous laisse imaginer la galère pour les courses. C'est à ce moment que les pictogrammes sont très précieux. Un autre fait : ici, la qualité du réseau dépend de la météo. Il a fait nuageux/pluvieux hier, eh bien, on a passé la journée sans réseau.
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⇸ Quelques photos de ma visite dans Väjxö (le 29 Août 2018)

De la verdure, un lac et du silence : une vie paisible 
typiquement nordique et bien trop jolies ces petites cabanes 
la cathédrale de Växjö : cette couleur flashe dans le paysage vert
31
août

⚠ Je tiens à préciser que tout ce qui est relaté ci-dessous relève de ma propre expérience. Veillez à ne pas prendre ma situation pour une généralité et à considérer tous les comportements et événements comme fixés. La vie est une aventure, et chaque instant nous change à jamais.

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Wow ! Juste wow !

Jamais je n'aurais imaginé mes premiers jours comme cela. A vrai dire, je ne m'étais pas trop fait de films, je voulais juste me laisser porter. Et j'ai bien fait ; ce fut fantasmagorique.

08h45 le 30 Août - petit déjeuner avant de débuter les quatre heures d'accueil en amphithéâtre. 250, ou peut-être 300 étudiants, complètement intimidés par les événements. Moi, je ris, je ris, devant ma timidité découverte, alors que je m'ouvre habituellement facilement aux autres. Mais là, incapable d'engager la conversation. Je ne sais pas où me mettre, je ne sais pas qui/quoi regarder, je ne peux rien avaler avec toutes ces questions qui tournent dans ma tête. On entre donc en amphi (les suédois sont très ponctuels, pour mon plus grand plaisir), je m'assieds à côté de deux étudiantes japonaises, et avec qui je parle quelques minutes en attendant que tout le monde s'installe. S'enchaînent ensuite quatre heures de présentation sur le fonctionnement de l'université, de chacune de ses associations, les responsabilités de chaque intervenant et les bonnes pratiques à adopter en Suède. Incroyable ! L'accueil fut tellement chaleureux, chacun d'entre eux voyait notre venue comme une réelle chance, était sincèrement enthousiaste à l'idée d'échanger avec nous et nous précisait qu'il ne fallait surtout pas hésiter à les contacter, même pour des choses futiles. Jamais, ô grand jamais, le personnel administratif de ma faculté n'aurait dit ça.. Même pour des choses simples, tout m'avait paru compliqué avant de partir. Ici, quand j'envoie un mail, j'ai une réponse ! Difficile à croire, mais en plus, c'est souvent dans les 24h. Peu importe d'où l'on vient, on peut se sentir chez soi ici.

C'est au milieu de tous ces beaux discours, pendant le fika* matinal, que j'ai bien sympathisé avec Lukas, un allemand qui étudie aussi l'économie. Même si on a l'occasion de rencontrer beaucoup de personnes, se faire des amis rapidement n'est pas forcément évident. Surtout dans un contexte pareil, car souvent, des groupes se forment et sont répartis par nationalité, ce que je redoutais le plus. Je suis venue pour l'interculturalité alors rester entre francophones ne m'intéresse que peu. Lukas était dans le même état d'esprit, alors on s'est vite compris. Pour lui, c'est encore plus dur car presque la moitié des étudiants présents venait d'Allemagne.

En fin d'après-midi, un autre fika m'a permis de rencontrer d'autres personnes. Je ne saurais même pas dire à combien de personnes j'ai parlé, ni combien de nationalités différentes j'ai croisé, et, à cette occasion, j'ai pu approcher trois barcelonais qui m'ont paru bien drôles. Puis, en changeant de salle, j'ai rencontré un japonais qui m'a proposé de rejoindre son groupe pour un café puis un repas, alors on est partis manger. En chemin, trois autres personnes nous on rejoins. D'où ? Je ne sais pas, ils nous ont croisé, on a parlé trois minutes chacun, puis la proposition de nous rejoindre s'est faite. Tout est simple, naturel, fluide. Pas de préjugés, pas d'a priori, ici, tu es le bienvenu partout, peu importe qui tu croises. On nous avait prévu, "La Suède est un petit pays, ici, la collaboration est indispensable pour que tout fonctionne au mieux". Mais là, on est sur un niveau d'ouverture et de chaleur exceptionnel.

Le soir, en rentrant, j'étais ravie de la tournure de la journée. Tant d'imprévus mènent à tant de nouveautés. Une bonne philosophie à adopter. Moi qui aime quand tout est sous contrôle, là, je baignais dans l'inconnu.

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09h00 le 31 Août 2018 - cette fois, je retrouve dès le matin Lukas, et Tomeu, un des barcelonais vraiment drôle dans la même perspective de mélange que nous. Rebelote pour l'amphi. Je jure que même ici, être longtemps en amphi est tellement moins désagréable qu'auparavant. Déjà, c'est confortable (!) et puis, les intervenants sont tellement passionnés et bienveillants qu'ils inspirent le respect. Evidemment, il y a toujours, peu importe le pays, cette bibliothécaire ennuyeuse à souhait qui peine à faire une recherche internet. Mais ici, on est patient, on ne presse pas les autres et cela en toutes situations, ça me change beaucoup, pour la petite française que je suis. On a fait des ateliers d'ouverture et de rencontre assez sympas.

Après le déjeuner, on a (encore) eu un discours de bienvenue, cette fois de la part de l'école d'économie (et non plus de l'université). Ici aussi, beaucoup de personnes qui demandent qu'on leur donne du travail avec nos questions et nos problèmes. Que du bonheur!

Puis rendez-vous pour un autre fika. Oh comme j'aime les pains à la cannelle (kanelbullar) ! Je crois que j'en ai mangé quatre ou cinq. Avec mes deux copains, on a traîné toute l'après-midi, à imaginer nos futurs voyages, car l'association des étudiants internationaux en propose de nombreux. Je ne suis pas encore décidée sur lesquels choisir. Ici, une semaine type nécessite 40 heures de travail, recherches personnelles incluses. Alors, il va falloir que je gère bien mon emploi du temps si je veux m'absenter un ou deux (ou plus si affinités) weekends.

A nouveau, l'inconnu nous a guidé vers une soirée chez un turque rencontré la veille, et chez qui nous sommes allés. Une quinzaine d'étudiants, tous étrangers, qui se connaissent depuis moins de 48h et qui s'entendent aussi bien, je ne pensais même pas que c'était possible. En tous cas, ça m'a beaucoup plu.


  • Comment je me sens après ces deux jours : tellement reconnaissante de mon moi du passé qui s'est battu comme pas permis pour avoir cette chance de partir en échange cette année, et dans cette université. aussi, très impatiente de découvrir toutes les autres richesses de cette aventure (et un peu les cours tout de même).
  • Et pour la langue ? : j'étais très craintive quant à mon niveau d'anglais, mais je me rend compte que je me suis inquiétée pour rien. Finalement, j'ai à peu près le même niveau que les non anglophones. Et puis tout le monde fait des efforts, laisse le temps à l'interlocuteur de chercher ses mots, corriger ses erreurs, et personne ne critique ou ne se moque.
  • Fun fact : je parle bien sûr de chaleur dans le cœur, parce que depuis que je suis arrivée, il pleut tous les jours, toute la journée. Il faut toujours penser au "au cas où" et toujours avoir dans son sac, son kway ou son parapluie.

*Un fika est une sorte de pause dans la matinée et l'après-midi où on discute, on prend un café, un petit truc à grignoter, comme un goûter. Il peut se passer entre amis, en famille, en entreprise et c'est très convivial.

les fameux pains à la cannelle que j'aime tant 
9
sept

Veille de rentrée, je jette un coup d’œil sur mon emploi du temps. Je m'en réjouis car il est peu rempli. Pour être plus précise, j'ai trois types de cours par semaine (économétrie : version théorique + pratique et cours de suédois).

Rapidement, je comprends pourquoi il y a peu de cours en classe. Les enseignants attendent beaucoup de travail personnel. Lors de mon premier cours magistral, le support de cours était très vague et le prof a mentionné les livres et articles à lire pour comprendre le contenu de ce qu'il nous expliquait, un peu comme s'il nous faisait un aperçu de ce qu'on devait savoir. Même concept pour le cours pratique : une introduction de deux heures nous a été présentée pour l'exercice noté à rendre dans quatre jours, sur un logiciel que je ne connaissais absolument pas. Il en est de la responsabilité de l'étudiant de son travail et de sa réussite. Pour info, il m'a fallu 1h30 par question, et 13 questions pour venir à bout de cet exercice. Autant dire que je ne m'y attendais pas. Evidemment, on est pas du tout dans ce registre pour les cours de suédois. C'est très sympa, on apprend les bases, on a l'air d'avoir 5 ans et une prononciation qui brûle les oreilles de toute la Suède. Mais on s'amuse bien.

A côté de cela, la vie d'étudiant Erasmus, c'est pas mal de temps libre, de rencontres, de soirées et de rires. Je me suis fait une petite bande de potes, mais souvent d'autres étudiants se joignent à nous et ça nous fait beaucoup de belles choses à vivre. Je fais partie de ces étudiants qui préfèrent se mixer plutôt que de rester dans des groupes de même nationalité, j'ai donc tendance à fuir les français. Nos conversations sont donc assez folkloriques puisque lorsqu'on ne connait pas le mot en anglais, on tente dans une autre langue et il y en a toujours un qui comprend, qui mime, et ça nous fait beaucoup d'éclats de rire.

Sur le campus, on vit dans une sorte de "bulle", tout est à disposition (magasins alimentaires, centre de soins, bars, restaurants, coiffeurs...). Il est très agréable, très vert, très bien entretenu. Mais quand on sort de cette bulle et qu'on s'aventure un peu plus loin, la nature est encore plus belle. Je fais souvent des petites promenades, juste pour profiter de ce vent de liberté. En plus, il a fait beau la semaine dernière, du moins en journée, donc j'ai laissé le soleil m'envahir (et même un peu trop puisqu'avec 21°, j'ai réussi à prendre un coup de chaud, on applaudit ce talent merci 🙈). Les couchers de soleil sur les lacs sont magnifiques, même s'il fait assez frisquet le soir, ils en valent vraiment le détour.

Je me sens si bien ici, à ma place. Ce n'est que le début de l'aventure, j'espère que ce sentiment perdurera mais il y a (presque) tout ce dont je rêvais. Toutes mes espérances, que je savais pourtant bien trop grandes, se sont effectivement réalisées. J'ai plusieurs fois versé quelques larmes de bonheur, après la tempête de ces derniers mois qui ont été très difficiles pour moi. Désormais, je me sens libre, et j'absorbe toutes les énergies positives qui se dégage de cet endroit. Je croise les doigts pour que ce ne soient que les premières !

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et pourtant ! la photo ne rend pas justice à la réalité ! 
chaque lac son bien-être 
un vrai air de paradis 
21
sept

S'il y a bien une chose dont j'étais certaine avant de venir ici, c'est que j'étais déjà gravement tombée sous le charme de la Suède. Mais ce pays est si immense que j'ai bien du mal à choisir que visiter en priorité ! Finalement, je me suis laissée bercer par les événements et je suis partie pour la découverte de Gotland, la plus grande île suédoise, située à 250kms de Växjö. Le voyage a été organisé par l'association pour les étudiants étrangers de l'université.

21.09 : départ 12h30 pour la ville portuaire d'Oskarshamn, qui relie le continent à l'île par ferry. Après 1h30 de route, nous faisons une escale de 3 heures à Kalmar. Cette ville au bord de la mer accueille le deuxième campus de Linneuniversitetet. Lorsque j'ai postulé pour l'université d'ici, j'ai failli aller au campus de Kalmar. Et le destin fait bien les choses, je n'ai pas du tout apprécié la ville. Mon jugement est probablement hâtif puisque nous n'y sommes restés que peu de temps, mais j'ai trouvé la ville trop petite, et avec trop de circulation. Je ne m'y sentais pas très bien, du moins, pas aussi bien qu'à Växjö.

Puis, en voiture Simone, pour une heure supplémentaire pour rejoindre le départ du Ferry. Arrivé au port, une belle surprise nous attend : l'orage ! De gros nuages, du tonnerre et des éclairs, et bien sûr ... de la pluie, mais quelle pluie ! Des petits malins ont voulu prendre une vidéo pour montrer la puissance de la nature, ils n'ont pas été déçus. En quelques secondes, ils étaient trempés jusqu'aux os. L'attente avant l'embarquement a été suffisamment longue pour que l'orage se calme un peu. On a tout de même gardé la pluie avec nous (évidemment, sinon, ce ne serait pas la Suède pardi!) et le vent. Une traversée un peu agitée. Le ferry possédait des espaces communs où on a pu jouer avec de nouvelles personnes.

Débarquement à 23h30 puis nous nous rendons dans notre logement : à mi-chemin entre une auberge de jeunesse et un mini camping. On était suffisamment nombreux (environ 60) pour réserver la totalité de l'établissement. Il faisait nuit noire et on était très fatigués, on est allés se coucher tout de suite. Ce n'est qu'en chemin pour rentrer dans notre cottage que je me suis rendue compte d'une chose merveilleuse : la mer ! Nous étions au bord de la mer ! Moi qui ne l'avait plus vue depuis deux ans et qui n'attendait que ça, j'ai pu humer le sel dans l'air, apprécier le son des vagues et capturer ce tout petit aperçu nocturne de la beauté de Dame Nature.

22.09 : C'est surtout au petit matin que mon cœur a chaviré : j'ai bondi du lit au plus vite pour sortir et vivre chaque sensation de ce nouvel endroit. Petit paradis. Les arbres devant notre toute petite maison cachaient partiellement la mer, et pourtant, je la sentais tout proche de mon cœur. Je n'avais pas autant apprécié la mer depuis longtemps, et ça m'a fait du bien. Le tout était accompagné d'un vent d'une force incroyable. Après un petit déjeuner international (rien de sucré sur la table, papa se serait évanoui), je profite du peu de temps libre pour me poser seule face à ces immenses vagues, témoignant de la férocité du vent, qui m'empêchait même de respirer. Et pourtant, que j'étais bien ici !

Mais le temps fut venu pour nous de partir à la découverte de l'île et de toutes ses richesses. Première étape : une plage, immense, et un des petits village de pêcheurs des côtes. Constitués d'une poignée de maisonnettes, ils possèdent tout ce qu'il faut. Mais ce weekend-là, les rafales de vent étaient beaucoup trop violentes pour naviguer. Deuxième étape : les stack de Fårö, une île au nord de Gotland. Toujours de grandes plages, désertes, et ces roches qui offrent une vue splendide sur les vagues (bon, c'était interdit de grimper dessus, mais on nous l'a dit une fois qu'on était en haut, alors on avait pas l'air malins, nous...). Une petite pause pique-nique un peu plus tard m'a rappelé des souvenirs du ski : tout serrés dans le froid avec nos sandwiches à la main. Nous nous étions arrêtés juste à côté d'un cimetière (Note : ici, les cimetières sont très fleuris, très bien entretenus, souvent au sein même de la ville, et ça n'a rien de morbide) où est enterré Ingmar Bergman, le réalisateur de Fifi Brindacier. Ça m'a rappelé ce jour où ma petite sœur d'amour était déguisée en ce personnage pour le carnaval du village et ça m'a fait sourire.

Puis nous sommes repartis, après une petite escale pour acheter une carte postale, direction l'auberge de jeunesse.

17h, je profite un court instant d'inattention de la part de mes amis pour m'éclipser. Non je n'ai pas assez profité de la mer ! Je ferme les yeux pour mieux apprécier le son des flots, mais les ouvre parce que c'est un crime de ne pas voir toute cette beauté juste sous mes yeux. Finalement, c'est une petite larme de bonheur qui finira par couler. Puis, je reviens parmi la civilisation parce qu'évidemment, c'est l'heure de l'apéro (et de manger, ouh la la, c'est déjà 18h. Ça me change bien, cette habitude de manger tôt). Après le repas, nous avons beaucoup joué aux cartes, avec d'autres personnes encore. Je suis désormais experte dans l'art d'expliquer les règles du jeu. C'était vraiment très sympa cette petite soirée, et j'ai beaucoup ri.

23.09 : le lendemain matin, nous sommes partis visiter Visby, la ville de connexion avec le continent. C'était majestueux. J'ai plus qu'adoré, j'ai eu un vrai coup de cœur. Les bords de mer sont très beaux, la ville regorge de recoins et d'histoire, l'église est splendide, les parcs sont très jolis et les fortifications, pleines de charme. Vivre là-bas serait vraiment un autre coin de paradis. Nous avons eu la chance d'avoir un guide local qui nous a présenté toutes les merveilles de la ville, et encore plus de chance d'avoir eu pas mal de temps libre pour tout découvrir à pieds. Avec mes amis, nous sommes aussi allés déguster la spécialité locale : des pancakes au safran. Curieux mais savoureux.

En fin de journée, nous avons à nouveau embarqué pour retourner à la maison. L'exploration c'est fini !


Ce que j'ai le plus apprécié : évidemment, la ville de Visby ! Gros coup de coeur pour l'ambiance. A la fois calme et dynamique, et dégageant cette sensation de bien-être. Puis aussi, la mer. Chère mer, je crois que le vent ne t'a rendue que plus belle, plus vivante.

Ce que j'ai le moins apprécié : c'était trop court ! La journée du samedi, nous avons passé presque 5 heures dans le bus et on est sortis moins d'1 heure. Je pense que les voyages organisés, ce n'est pas vraiment mon truc. Je préfère explorer par moi-même.

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Notre tout petit logement pour ces deux nuits. Avec vue sur la mer, et le vent qui siffle sur les parois. Dépaysement certain! 
Si le ciel est bleu, c'est seulement parce que le vent soufflait si fort qu'il désintégrait les nuages- Lummelunda hostel
Mes acolytes de ce trip : Marta (Pologne  🇵🇱), Ken (Japon 🇯🇵) et Lukas (Allemagne 🇩🇪)
Sur les plages de Fårö, Gotland, Sweden
5
oct

La semaine passée a été très studieuse. A quelques jours de l'examen terminal d'économétrie, on arrête les bêtises et on tente de se concentrer sur l'objectif, théoriquement initial, de cette vie à l'étranger : les études. C'est avec aucune confiance en moi que je fais de mon mieux pour rassembler mes connaissances et tenter de ne pas avoir à repasser l'examen le mois prochain.

Une fois passé, c'est la délivrance. Autant en profiter ! C'est sur Göteborg, deuxième ville de Suède et située sur le fleuve Göta älv (prononcé Yeu-te'bor-(y)) que je jette mon dévolu pour une petite visite en solitaire. Finalement, trois de mes amis ont décidé de me rejoindre : Lukas, Pol et Maria (un allemand et deux catalans).Nous partons donc tous les quatre pour la côte ouest du pays. Nous arrivons dans l'après-midi au centre ville. Après un rapide déjeuner, nous commençons à découvrir la ville : de grands parcs, un jardin botanique, le port, un magnifique marché couvert, et tout accessible à pieds. La pluie nous accompagne, bien évidemment, mais rien de désagréable. On déambule tranquillement, guidés par les quelques anecdotes et souvenirs de Pol, qui était déjà venu en Août.

Aux alentours de 18h, à l'appel de l'apéro, nous nous arrêtons dans un bar pour y boire quelques bières, excessivement peu chères et profiter d'être au sec. Nous repartons, dans l'ivresse de la jeunesse (et pas que), pour une balade de nuit de l'autre côté de la ville. Nous nous arrêtons à l'auberge de jeunesse pour y déposer nos affaires et nous reprenons la route pour la vie nocturne de Göteborg. Au centre-ville, nous entrons dans un club au tarif démesuré. Nous nous attendions donc à une grosse soirée du feu de Dieu. Arrivés aux alentours de minuit, le club est presque vide, personne sur la piste de danse. Il ne nous en faut pas plus pour enflammer cette dernière. Quelques temps plus tard, la foule arrive finalement. Ce fut un défilé de magnifiques jeunes femmes, dont l'excès en terme de maquillage devait surement les convaincre de compenser le manque de vêtements. Petit moment de complexe et gros fous rires pour Maria et moi, en pantalon et baskets confort. Déchaînés sur la piste, nous dansons jusqu'à la fermeture du club. Le chemin du retour fut très agréable, ponctués d'éclats de rire malgré nos oreilles abîmées par les volts. En arrivant à l'auberge, nous nous endormons directement.

Réveillée un peu plus tôt que les autres, je profite de ce moment pour organiser notre journée sur place. Après un bon petit brunch, nous partons pour un deuxième regard sur la ville. Nous commençons par une église, un peu à l'extérieur de la ville, mais très jolie. Puis nous déambulons dans les quartiers chics de la ville avant de trouver la plus belle église que je n'ai jamais vu. Moi qui ne suis pas une fan d'église, mais qui en ait souvent visité #mercimaman, je n'avais jamais vu autant de beauté dans un seul édifice de ce genre. Incroyable. Puis visite du quartier des artistes dans la ville, qui ressemble à un vrai petit village. Maria en a eu un gros coup de cœur, elle ne voulait plus le quitter. C'est vrai qu'il regorgeait de beauté, à tous les coins de rue. On prend ensuite un peu de hauteur (ou plutôt, "les escaliers de l'enfer" quand tu n'as pas fait de sport depuis bien trop longtemps) pour admirer la ville d'un autre point de vue. Nous redescendons ensuite pour le marché couvert des poissonniers, situés sur les quais, où les pêcheurs viennent y vendre leur butin du jour. Nous y testons les harengs sauce moutarde : une tuerie !

La Lucile Visite se termine donc à ce point-là. Nous avons tous adoré. Tout au long du "circuit", nous y avons trouvé des magnifiques édifices, des détails architecturaux, des œuvres d'art et autres curiosités qui rendaient la ville intrigante de toutes parts. Nous retournons à Haga, quartiers des artistes, pour y déguster un Maxikanelbulle, dont le diamètre faisait deux fois ma main. Ici, les roulés à la cannelle sont un peu comme nos pains au chocolat, on les trouve partout, tous les jours, à tout heure de la journée. Moi qui suit fan, j'en suis ravie.

Ce festin marque la fin des festivités et le retour vers Växjö pour tous les quatre. On a tous les quatre a-do-ré ce voyage. Autant la ville que l'ambiance, toutes les découvertes, notre amitié et nos idées folles, chaque instant fut magique. Je reviens totalement conquise par cette ville, qui nous aura tous fait rêver.

Merci Göteborg.

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La ville a un accès direct sur la mer et possède des canaux de style hollandais. 
Je suis restée bouche bée devant cette église. Vraiment. 
Un peu de hauteur 
MaxiKanelbulle de mes rêves 
Les quatre fantastiques (Lucile (moi), Maria,  Lukas & Pol) 💕
19
oct

Nouvelle équipe : Lukas (🇩🇪), Ken (🇯🇵), German (🇪🇸) et Marta & Zuza (🇵🇱).

Nouvelle destination : Copenhague, Danemark.

Cette fois-ci, nous traversons la frontière sud pour découvrir la capitale danoise. Après seulement deux heures et demie de train, Ken et moi retrouvons nos autres amis, déjà en ville depuis le matin-même. Et oui, pour certains, même en Erasmus, les études passent encore avant! Un petit repas englouti, puis nous louons des vélos et affrontons l'autoroute des deux roues. Pourquoi l'autoroute ? Contrairement à l'anarchie strasbourgeoise que je connaissais, ici, tout est organisé : de vraies bandes cyclables permettent de circuler en toute sécurité, et il y a même un code de la route (que tout le monde le respecte!). 9 danois sur 10 possèdent un vélo et leurs déplacements à deux roues représentent 17% des trajets*. Alors, ça en fait du monde ! Nous essayons de nous fondre dans la masse, mais ils sont vraiment très rapides, c'est impressionnant. La nuit tombée, nous traversons la ville, très vaste, en passant par le "Nouveau port", le quartier branché, mais nous nous rendons sur le site de Christiania, une partie dite "indépendante", donc autogérée de Copenhague, où la législation y est différente, initiée par un groupe de hippie dans les années 1970. Les artistes s'y sont retrouvés, faisant de ce lieu un quartier coloré qui régale les pupilles. Désormais, ce sont les descendants des hippies et les dealers de gang qui règnent sur la "ville". Conseil pour les non-amateurs de weed : venez en journée ! Certains consommateurs nous ont un peu fait flippé et nous sommes sûrement passés à côté d'une multitude de fresques à cause de l'heure tardive.

Nous décidons alors de retourner à l'auberge de jeunesse pour grignoter un morceau et démarrer la soirée. Malheureusement, j'ai été malade tout du long (je soupçonne mes talents de cuisinière humum...) et j'ai dû me reposer, m'obligeant à louper la fête nocturne à Copenhague.

Le lendemain matin, après un rapide petit déjeuner, je quitte le groupe une petite heure pour visiter le cimetière proche de l'auberge : ils l'avaient visité la veille et l'avait recommandé. Pareillement à la Suède, les cimetières n'ont pas la même connotation glauque qu'en France. On y promène son chien, on s'y retrouve en famille, on se balade le dimanche matin. L'entretien minutieuse du parc et les couleurs automnales rendent ce lieu très agréable. J'ai vite aperçu la tombe de H.C. Andersen, l'enfant chéri de la littérature danoise, mais la présence impressionnante de la nature a pourtant plus attiré mon attention.

Je retrouve juste après cela mes amis et nous rejoignons le centre-ville pour découvrir le musée du design. Au-delà de ses airs de Conforama, on y retrouve tous les classiques : de la chaise la plus populaire du Danemark à l'affiche qui fait scandale, en passant par les vélos typiques ou l'évolution de la mode, le musée est très bien référencé et accueille aussi des collaborations marquantes avec des pays du monde entier.

Puis, seules 5 petites minutes de vélo nous emmène dans une partie symbolique de la capitale. Nous nous promenons le long de la berge sous quelques rayons de soleil qui traversent les nuages. Nous faisons un arrêt obligatoire à la statue de la Petite Sirène (qui en jette peu, il fait se le dire), puis nous rentrons dans les fortifications de Kastellet, désormais lieu de défense militaire, qui accueille notamment une jolie église et un moulin.

Après avoir laissé nos vélos et engloutis un snack du midi, nous remontons dans le centre pour admirer le Palais Royal. Nous tombons alors sur un groupe de touristes avec un guide gratuit, alors nous décidons de nous raccrocher à eux. Ni une, ni deux, nous apprenons plein d'anecdotes croustillantes sur la ville, les personnages célèbres et les événements marquants. Nous comprenons l'histoire du "kissing bridge", de la bibliothèque universitaire, et de toutes les envies du roi Christian VII et de son rival de l'époque !

Lorsque s'en vient la fin de la visite guidée, nous choisissons de reposer un peu nos pieds et nos oreilles rafraîchies dans un petit café nordique. Nous décidons ensuite de rejoindre le centre-ville et de prendre, en guise de dîner, des saucisses et de la bière (je vous laisse deviner quelle nationalité avait la personne qui a proposé cette idée) avant de retourner à la gare pour prendre notre train.

Ce que j'ai le plus apprécié : la facilité de se déplacer à vélo. Moi qui ait toujours eu crainte étant donnée mon incapacité à rouler sans tomber, dévier, générer des accidents ou casser mon vélo, ici, ç'a été un vrai plaisir.

Ce qui est le moins appréciable : la vie est chère, extrêmement chère. Un simple ticket de bus qui couvre l'ensemble des zones de la ville coûte près de 11€ par exemple.

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Le musée du design présente l'histoire de la chaise
La fameuse Petite Sirène, en hommage à H.C Andersen, son créateur. 
A l'intérieur des fortifications 
La jolie petite église des fortifications 

*Source : http://www.cycling-embassy.dk/

10
nov

J'en arrive désormais à mi-chemin de mon parcours Erasmus. Plus de deux mois se sont écoulés depuis mon arrivée ici. S'il est courant d'avoir une petite baisse de moral dans cette période-là, pour ma part, j'ai reçu la visite d'une des personnes que j'aime le plus au monde : mon papa !

Il est arrivé la semaine passée, mais il a passé quelques jours à Copenhague avant que l'on se rejoigne à Malmö, la troisième plus grande ville de Suède, tout au sud du pays. Nous avons commencé par explorer la ville de long en large, mais finalement, nous avons été tellement concentrés sur nos conversations que nous avons un peu oublié de regarder le paysage. Nous avons, au rythme de sénateur, profité des parcs à l'ambiance sereine jonchés de feuilles en cette saison automnale. Nous avons exploré le centre historique de Lilla Torg, et les grandes églises de St Peter et St Paul. Nous avons partagé un fika dans un petit café chaleureux, dont nous avons longuement discuté encore. Puis, nous sommes retournés (un peu malgré nous) au centre historique de Lilla Torg. Nous n'avons toujours pas compris pourquoi, mais tous nos chemins nous menaient systématiquement au même point, ce qui nous a beaucoup fait rire.

Nous avons ensuite profité de l'heure pour aller dîner - papa a goûté des makis pour la première fois ! - avant de rejoindre l'hôtel où nous avons encore longuement discuté de beaucoup de choses. En chemin, nous sommes allés jeter un œil à la Tour Torsadée, un des symboles de la ville. J'ai été très impressionnée ! On peut penser que ce n'est qu'une tour bien exécutée par un créateur talentueux, et c'est en partie vrai, mais je trouve que c'est encore plus que ça. L'illusion est flagrante et relève d'une vraie prouesse architecturale. Nous n'avons pas pu y entrer (ce sont des logements privés et des bureaux d'entreprises), mais nous nous sommes longuement demandé quel pourrait être le ressenti de l'intérieur.

Le lendemain matin, nous sommes repartis à la conquête de la ville, sous une légère pluie cette fois-ci. Après un tour à la Tour, encore oui, mais elle nous a vraiment fasciné je vous dis!, nous avons observé l'immensité de la mer sur la berge. Après cela, nous avons rejoint le château de Malmö, une forteresse datant du XVIème siècle et qui fut utilisé comme prison pendant quelques années. Curieusement, à l'intérieur, il y avait :

  • un aquarium & vivarium ;
  • une exposition permanente sur les animaux ;
  • une exposition temporaire sur la Suède entre la Dépression et la seconde Guerre mondiale ;
  • une exposition temporaire sur les "rêves d'Hollywood" ;
  • une exposition sur le fonctionnement du château, les prisonniers, et tout ce qui y est lié.

Nous avons tout visité et ça nous a bien plu. Le château n'est pas très grand en hauteur (pas besoin de faire trop d'effort pour monter dans la tour d'observation) mais cela suffisait au vu du relief de la région.

Nous avons ensuite rejoint le centre-ville, toujours aussi agréable, déjeuné rapidement puis pris le train pour rejoindre ma ville d'habitation, Växjö, trois heures au nord de Malmö.

Ma visite de Malmö se termine donc après un jour et demi dans la ville, et ça a été suffisant. J'y ai beaucoup apprécié cette sérénité que dégage la ville, qui est un peu semblable à celle des autres villes suédoises que j'ai visité jusque là. Venir hors saison touristique garde la ville pour les quelques courageux qui vienne s'aventurer ici à l'automne. Nous ne sommes pas noyés dans la masse de touristes et on ressent bien l'ambiance et le mode de vie des autochtones.

Et après ? : Mon père est resté deux jours à Växjö après notre voyage à Malmö. Je lui ai fait (re-)découvrir le goût de quelques spécialités culinaires d'ici. Nous avons encore passé du temps ensemble, mais il me semble qu'il a été piqué par la curiosité du voyage et surtout, par le charme des paysages suédois. J'ai senti qu'il se plaisait beaucoup ici, tout autant que moi. Mon avis s'est confirmé quand il m'a regardé droit dans les yeux et qu'il m'a dit: "Je n'ai pas envie de partir". Quelque chose me dit qu"il reviendra, si ce n'est pas bientôt, ce sera pour plus tard, mais je suis prête à parier qu'il continuera l'exploration de ce merveilleux pays.

Merci Papa.

Je t'aime.

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Les nombreux parcs assurent à la ville une ambiance accueillante. 
Stortorget, une des places centrales de la ville qui possède de nombreuses bâtisses comme celle-ci. 
Dans l'autre sens la fanfare, Lucile ...
La Tour Torsadée, impressionnante ! 
23
nov

Mon Romain est parti. Romain est mon amoureux, celui qui a renversé ma vie et bouleversé mon cœur. Il était venu me rendre visite, pendant près d'un mois et demi, et il a pris le chemin du retour hier après-midi.

Je me suis dit que c'était l'occasion de prendre le temps de raconter notre voyage mi-ville, mi-campagne aux environ de Jönköping.

Nous sommes partis le 3 Novembre au matin. Nous avions prévu de rester deux jours dans la ville.

Après deux heures de voyage, nous arrivons aux abords de Vättern, le deuxième plus grand lac de Suède. Nous sommes immédiatement séduits par le cadre, et mesurons la chance d'avoir le beau temps de notre côté, malgré un froid prenant. Nous commençons directement notre tour par la visite du centre-ville. Nous découvrons une très jolie ville, qui dégage une ambiance chaleureuse. Bien que les rues soient vides, nous ressentons le bien-être des locaux présents, qui profitent des rayons du soleil et de leur samedi en famille ou entre amis. Nous continuons notre route, dans toute la partie "moderne" de la ville. Constructions stylées et bâtiments design, tous ornés de grandes baies vitrées, laissent apparaître le goût extraordinaire des suédois pour la décoration d'intérieur. Tel des cocons, on a envie de se réfugier à l'intérieur et de ne plus mettre le nez dehors.

De notre côté, la faim nous force à faire une pause. Nous choisissons un peu au hasard un restaurant qui fut une merveilleuse surprise. Imaginez nous, deux touristes à sac à dos et chaussures de marche, entrant dans un restaurant chaleureux aux couleurs chaudes et aux éléments de luxe (argenterie, lustres...). Nous étions un peu décontenancés mais le prix était vraiment attractif alors nous sommes restés. Et c'était un buffet ! Alors, nous avons mangé des spécialités d'ici, succulentes, dans un décor magnifique à un prix très abordable... c'était à n'y rien comprendre. Romain appelle ça "la chance du voyageur". On s'est régalé.

Puis, malgré nos papilles satisfaites, nos pupilles en redemandaient. Alors nous avons continué notre exploration. Nous avons visité une église un peu particulière : elle était récente donc la structure était complètement standard (murs blancs, plafonds droits, colonnes classiques) comme si on était dans le hall d'un grand hôtel. Pourtant, il y avait des vitraux, un orgue, un autel et tout le reste. Vraiment une ambiance particulière.

Puis nous avons rejoins la plage. Le lac est si grand qu'on ne voit pas la terre à l'horizon. Un peu comme à la mer. Nous y avons passé un moment, le soleil était toujours de la partie. Ensuite, Romain étant un fan de lacs, nous sommes allés de l'autre côté, où nous avons rejoint un autre lac, plus petit mais tout aussi beau. En chemin, nous avons traversé le cimetière, calme, paisible, accueillant et décoré, comme en est la coutume ici. Après de longs instants à observer les roseaux danser dans le vent, nous sommes retournés au centre-ville pour admirer le coucher du soleil devant un bon chocolat chaud/une bonne bière en grignotant quelques bonbons. En Suède, il y a, dans chaque magasin, des bonbons (godis) en vrac, que l'on peut acheter au poids et donc créer son assortiment personnalisé. Gourmands comme nous le sommes, on a complètement craqué dans un magasin spécialisé.

Après tous ces kilomètres, le froid et la nuit qui s'installait, nous avons décidé de trouver le chemin de notre chambre d'hôtel: un tout petit placard de quelques mètres carrés dont l'ambiance rappelait un hôpital psychiatrique et dont l'étroitesse ne permettait pas de coller les deux petits lits pour dormir ensemble. En plus du chauffage et de l'insonorisation inexistants dans le bâtiment, une vieille folle rodait dans le couloir en faisant des choses étranges, la nuit promettait d'être épique ! Nous avons beaucoup ri de la situation : c'en était même une expérience en soi. Après deux petites heures de repos, nous décidons d'aller boire un verre dans un resto italien où nous avons mangé des desserts succulents (eh oui, les bonbons nous ont fait sauter le repas oups).

Au retour, nous prenons la direction de la digue. Et là, grosse claque : je ressens un phénomène très rare chez moi et difficilement descriptible. Une impression d'être dans le ventre de ma Maman. Au chaud à l'intérieur mais froid à l'extérieur. Une sensation de bien-être incroyable, qui m'a mis les larmes aux yeux. Le vent filait dans mes cheveux, le froid agressait ma peau, et pourtant, je sentais une grande chaleur dans mon cœur et dans mon âme. Quelques instant de bonheur brut, créé par le sentiment d'être au bon endroit, au bon moment. Partagés avec une personne que j'aime si fort : je n'aurais voulu être ailleurs pour rien au monde.

En retournant dans notre nid douillet pour la nuit, nous nous posons bien des questions : eh oui, nous avions déjà fait le tour de toute la ville ! Que faire demain alors ?

Romain est un grand passionné de nature, et moi, je voulais découvrir les richesses de la campagne suédoise. Alors nous avons eu une nouvelle idée : prendre le train le lendemain à la première heure, s'arrêter au bout de quelques arrêts et rejoindre un chemin de balade pour toute la journée, pour attraper le train à la gare suivante. Ça nous faisait sept heures de marche sur chemin balisé, et nous avions des provisions. Au top !

Donc le lendemain, le 4 Novembre, nous nous réveillons aux aurores pour réaliser notre idée. Dans le train, le contrôleur nous questionne (notre gare d'arrêt ne devait pas être une destination très populaire) et nous lui expliquons alors notre projet. J'ai cru que ses yeux allaient sortir de ses orbites : "en Novembre ? Oh la la, vous êtes sûrs..?". Petit coup de stress, mais nous étions équipés de la tête aux pieds alors braver le froid et le vent toute la journée ? Même pas peur. Le train arrive et le périple débute. Après des tours et des demi-tours, nous trouvons enfin le chemin balisé. Nous voilà alors dans la campagne suédoise. De grandes étendues, de la forêt, des ruisseaux, des chemins, des lacs de toutes tailles, un tapis de feuilles d'automne et des réserves naturelles perdues au milieu de nulle part. Un sentiment de liberté, de sérénité et de solitude nous envahi. Nous traversons des villages à quatre ou cinq maisons, des propriétés privées libres d'accès et des espaces protégés. Nous sommes perdus, plusieurs fois. Et ça nous plaît. Seulement voilà, après cinq heures de marche, nous sommes un peu inquiets : il fait nuit tôt et nous craignons l'obscurité si loin de la civilisation (même si j'ai eu un cours sur "comment fuir un élan en cas d'attaque"). Nous rejoignons alors une route et faisons du stop pour rejoindre la gare la plus proche. Deux voitures différentes nous ont pris. Tous les occupants ont été surpris de la démarche et de la distance parcourue. Les premiers nous ont demandé d'où on venait et ont eu la réaction la plus étrange à laquelle j'ai fait face de toute ma vie : "Woooooow, j'ai des français à l'arrière de ma voiture ? Wow ça alors !". Comment vous dire qu'avec Romain on s'est regardé et on ne savait pas bien quoi répondre. Dans la deuxième voiture, nous avons eu droit à une visite guidée et des anecdotes sympas sur la région.

Arrivés à la gare, le train n'arrivait que dans une heure, alors nous nous sommes réfugiés dans un café (très probablement le seul ouvert, un dimanche à 16 heures dans une ville perdue) pour prendre un fika. En chemin pour rentrer j'ai un peu somnolé : l'air froid nous avait bien fatigué. Avec des températures autour de zéro, un fort taux d'humidité et du vent, les conditions du deuxième jour ont été un peu moins clémentes que lors de notre promenade à Jönköping.

Mais j'en garde des souvenirs fabuleux : cette petite virée a été juste extra !

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Jönköping, d'un charme prenant et d'une ambiance chaleureuse 
De jour comme de nuit, on s'y sent bien
L'église particulière (Maman, dis moi si quelque chose te semble familier) 
La randonnée en pleine nature avec des températures hivernales: j'ai adoré, mais je ne recommanderais pas 
Au bon endroit, au bon moment

Merci mon Romain d'amour.

30
déc

Après le Pap's, c'est la Mam's qui me rend visite !

Le lendemain de son arrivée, nous avions prévu d'aller rendre visite à des amis de longue date, à Helsingborg, tout au sud du pays, à la frontière maritime avec le Danemark. J'étais en classe de primaire avec le fils aîné de la famille, cela faisait donc une éternité que je ne les avais pas revu. Nous sommes donc arrivées le 30 décembre au soir et on nous avait prévu un programme de folie ! En plus d'être de bons amis, ils sont très chaleureux et bienveillants. De mon côté, c'était aussi l'occasion de voir de plus près comment vivent les locaux à cette période de l'année. En effet, les nordiques aiment énormément les fêtes de fin d'année, et on le remarque. Dès la fin novembre, les décorations de Noël ornent les fenêtres et les rues. Un paradis pour les yeux !

Nous avons beaucoup profité des retrouvailles toute la soirée.

Le jour suivant, nous avons pris un vrai petit déjeuner à la suédoise : plusieurs types de pain, de la confiture maison, des fruits, des légumes crus à mettre sur les tartines, du fromage, du yaourt fruité typique d'ici, et j'en passe... La combinaison pain+beurre+fromage+confiture d'orange m'a un peu laissé perplexe mais j'ai été ravie de goûter. Maman a aussi beaucoup apprécié et j'avoue qu'on a bien (beaucoup trop?) mangé ce weekend-là.

Puis, ce fut mon activité préférée : aller voir la mer. Il faut vraiment que je me décide définitivement à m'installer sur une côte moi... La météo n'était pas forcément favorable - c'est décembre en Suède, me direz-vous - mais voir ces vagues, sentir la force du vent, la brise humide que rejette la mer... ça me fait vibrer de l'intérieur.

L'après-midi, nous sommes allées nous promener à la Västra Kullabergs naturreservat, la réserve naturelle qui se situe dans la pointe terrestre au-dessus de Helsingborg. On se sent tout petit, vraiment tout petit, parfois, dans ce monde. Le vent sur les hauteurs était très puissant, du fait de la structure des roches : le vent de la Kattegat* remonte jusqu'au sommet de la colline, là où nous étions situées. En plus, nous avons eu la chance d'arriver juste avant le coucher du soleil, ce qui a rendu ce moment encore plus féerique pour moi. Avec cette impression de solitude, assourdie par les rafales du vent.

*La mer située entre le Danemark et la Suède.

Nous avons aussi profité du coin pour découvrir un tout petit marché de Noël, artisanal et local, dont l'ambiance chaleureuse nous manque souvent dans les grandes villes très touristiques, et contraste avec ma chère Strasbourg.

Après un bon petit fika, ce fut notre grand moment à ma mère et moi. Nous allions faire notre baptême de la culture suédoise. Nous sommes allées dans un sauna où nous avons pris soin de régler la température sur 80°C. Un sauna avec vue sur la mer, avec, tout au fond, discrètes, mais magiques, les lumières du port au Danemark. Une fois que nos corps bouillonnaient, la deuxième étape débuta : le petit saut dans la mer. Alors, moi et mon corps si fragile avons pris notre courage à deux mains pour sortir par une température ambiante proche de zéro degrés pour entrer dans une mer à peine plus chaude. Une marche, deux marches, et c'est finalement toute l'échelle que j'ai descendue ! Le temps est court mais la fierté est grande. Les doigts de pieds glacés, je gravis l'échelle et traverse le ponton pour rejoindre la tribu qui m'applaudit. Je crois que la première fois est la plus belle. Je passe le relais à ma maman, qui réussi l'expérience avec la même satisfaction que moi. Nous y retournons même deux fois après séances sauna. Il parait que ça choquerait le corps comme un semi-marathon. Ce sera bien la première fois que mes petits muscles ressentiront ça. Que d'émotions !

Le soir, quand nous rentrons chez nos hôtes, on nous annonce que ce soir, ce serait repas de Noël. Une grande hâte pour moi. C'est un gros festin, que les suédois partagent cinq ou six fois dans le mois, avec la famille, les amis et les collègues. Une occasion de plus pour eux de se retrouver et de partager des moments chaleureux ensemble. C'est donc avec grande application que nous suivons les consignes des cuistos : d'abord le hareng en trois façons accompagnés de pommes de terre, puis les crevettes et le saumon fumé et mariné, les œufs, les boulettes de viande, le poulet, les sauces, le pain et puis c'est cuit on a perdu la tête. Et entre chaque plat, une petite chanson avant de trinquer au schnaps ; que d'ambiance ! Le vainqueur de l'association la plus improbable : la salade de fruits à la mayonnaise. Mais quel régal ! Le ventre plein, nous allons nous coucher, ravies de cette journée.

Le lendemain matin, c'est à nouveau le moment de la découverte culinaire étonnante. On n'arrête plus ! Au petit déjeuner, alors que je suis plutôt habituée au petit thé et éventuellement à deux biscottes, j'ai testé ceci : Dans une assiette creuse, mettez une bonne louche de riz-au-lait maison. Ajoutez du lait à niveau puis assaisonnez avec de la cannelle, de la mélasse, et du sucre. Essayez de manger quelque chose après ça, vous échouerez. C'est très consistent, mais aussi délicieux!

Puis, je pus profiter d'un nouveau moment de solitude face à la mer. Il faisait très froid, pluvieux, et venteux. Je ne connaissais pas le chemin et je me suis perdue. A l'aller, puis au retour. Mais pour rien au monde j'aurais loupé cette occasion. Mon attrait pour la mer m'a même fait défaut puisqu'en marchant sur un rocher j'ai glissé et je suis tombée dans l'eau glacée. Ça revigore.

Dans l'après-midi, nous sommes allées à la messe. Le premier dimanche de l'avent, un petit événement pour certains, mais nous, nous avons profité des chants, des sermons atypiques suédois et de la très jolie église de Viken. Il y avait deux chorales, enfants et adultes, une pianiste, un organiste, trois curées et une très jolie atmosphère. Après cela, nous avons pris le chemin d'Helsingborg, où nous avons pu profiter de quelques illuminations et des jolies rues pavées avant de reprendre notre train pour Växjö.

Toute cette aventure, partagée avec cette folle famille, a été un vraie plaisir pour moi. Une nouvelle vision de cette culture suédoise. Eva, Chloé, Maxime : Tack så mycket och för allt !

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La mer, la mer, et encore la mer. 
La jolie petite église de Viken. Autrefois, elle accueillait beaucoup de marins, de par sa localisation sur la côte. 
Les jolis pingouins de Helsingborg. En y regardant de plus près, on y aperçoit des jolis petits cœurs. 
Amour de solitude