Quelques anecdotes totalement subjectives et partiales. Tout est idyllique avant le départ, mais la réalité reprend vite le dessus ...
Du 5 janvier au 21 février 2015
48 jours
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05/01/2015

C’est une journée transport…

Déjà la veille au soir, avion pour Francfort (sandwich chargé de mayonnaise), course dans l’énorme aéroport de Francfort ; à la frontière intérieure, il n’y a même plus besoin de présenter son passeport à un policier : il suffit de le scanner sur une borne et, surprise ! on découvre sa photo sur des portes battantes, lesquelles servent ainsi d’écran au portait filmé qu’on a soi-même déclenché !! Course pour rallier la salle d’embarquement.

Nuit très inconfortable dans l’avion : difficile de trouver une bonne position pour m’assoupir et trouver quelques heures de sommeil. Le lendemain, j’ai du mal à régler l’heure : à Kuala Lumpur, il est plus tôt d’une heure qu’à Jakarta qui pourtant est plus à l’est… Changement d’avion : heureusement, l’embarquement est juste à côté. Lors de l’embarquement, un employé me rattrape dans la queue, et m’interpelle : il tend à bout de bras mon passeport que j’avais oublié sur la banquette…

Arrivée à Jakarta dans la nuit à 19h30. Les formalités sont simplissimes, vu que j’ai déjà mon visa. Mais il y a aussi de nombreux guichets pour les visas à l’arrivé (VOA). Dans le hall de sortie, je trouve facilement des distributeurs automatiques à billets et un comptoir de vente de cartes téléphoniques. J’en prends une rechargeable pour 8€ valable un mois, pour le téléphone et internet. Les jeunes qui tiennent la boutique sont très aimables et font toutes les manipulations nécessaires pour que mon téléphone fonctionne.

Les bus sont juste à la sortie des bâtiments de l’aéroport. Il y a un petit comptoir où je prends un billet pour Bogor, une ville dans la banlieue éloignée au sud de Jakarta, car je veux éviter les nuisances de la grosse capitale.

L’air est chaud et moite, et je suis déjà en sueur quand je monte dans le bus à l’air conditionné glacé. Une fois le bus lancé sur la large autoroute à 4x4 voies, le contrôleur des billets me réclame un supplément. En effet, j’ai pris un billet ordinaire, or je suis monté dans un bus express… (75 000 au lieu de 55 000).

Avec 1 Euro, on a 15 000 IDR (Indonesian Rupiah). Il faut jongler avec les zéros et bien regarder la monnaie rendue…

Arrivée à Bogor vers 22h30. Je trouve un hôtel pas cher (120 000 IDR), le Wisma Firman, mais je ne le recommanderai qu’aux passionnés d’entomologie… Pour ce prix, je dispose d’un 6m² avec wc et douche, le tout, à rénover… Douche (froide).

Il fait 28°, mais heureusement, il y a un ventilateur (rouillé et qui mouline bruyamment) et de plus j’ai un compagnon : un gecko qui couine de temps en temps.

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06/01/2015

À quatre heures, alors qu’il fait nuit noire, je suis réveillé en sursaut : les appels à la prière résonnent dans toute la ville de mosquée en mosquée (dont la plus proche est à cinquante mètres de l’hôtel !

Je me réveille à nouveau vers 6h, le jour est déjà levé et la chaleur est déjà là. La vue depuis le balcon de l’hotel est magnifique : sous un soleil timide, je découvre une belle montagne qui a gardé son élégant profil de volcan, la plaine de Bogor avec ses nombreuses maisons particulières, et, juste toute proche, la fameuse mosquée et ses haut-parleurs…

L’hotel met à disposition des clients (je crois en être un des rares) du café et du thé à volonté. Mais attention ! le café est tellement finement moulu que, croyant que c’était de la poudre, j’en ai avalé la moitié du marc ! Les gens de l’hotel sont très gentils et très serviables. L’un d’eux n’arrête pas de balayer les couloirs avec un plumeau très effiloché.

Pas d’eau dans la douche pour cause de travaux : je dois aller sur le palier…

Première course en ville à la recherche d’une agence de voyage qui serait la seule dans cette ville agréée pour réserver une place dans un des navires de la Pelni (la compagnie qui relie toutes les grandes îles). Introuvable ! Après avoir quitté le centre-ville encombré de voiture et de vendeurs de toute sorte, je tourne en rond dans un quartier pavillonnaire plutôt aisé : plusieurs rues ont le même nom mais affublé d’un suffixe en chiffres romains… Cette promenade infructueuse est cependant bien agréable : sous le soleil, des jardinets envahis de verdure et presque sans voitures.

Promenade dans l’immense jardin botanique de Bogor (1km²) où je me promène plusieurs heures. Toutes les plantes des tropiques y ont été rassemblées par des générations de botanistes depuis deux siècles. On peut s’y promener comme en forêt, par de petits sentiers sous les arbres gigantesques, ou bien, pour les touristes pressés, en bus électriques par de larges allées bitumées bordées de pelouses. Une partie du parc est occupée par le palais présidentiel où l’on n’entre pas. Seuls des centaines de daims y broutent, garantissant une herbe rase.

Le parc est traversé par une rivière au débit abondant, et plusieurs lacs hébergent des plantes aquatiques. Plusieurs serres abritent des plantes rares. Un bâtiment est consacré aux orchidées.

Ce parc est le refuge de nombreux couples d’amoureux tant il y a de recoins cachés par la végétation exubérante… Leur tranquillité n’est même pas gênée par les groupes scolaires qui s’éparpillent dans les allées.

Le jardin botanique : " Le baobab ( Heu ... je crois que la photo est à l'envers...) "  " Le Palais "
Le jardin botanique : " Curieuse plante "  " Du côté des fougères "
 " Les nénuphars géants " " Les daims tondeurs "  " Un coin discret pour les amoureux "  " Une sortie scolaire " 

Vers 3h, un orage éclate, et soudain des trombes d’eau dégringolent sur la ville. Mais personne ne semble craindre la pluie : chacun sort son parapluie, ou se met à l’abri sous des kiosques. Le gros de la pluie passe au bout d’un quart d’heure et il pluviote encore une petite heure. J’en profite pour sortir du parc et pour aller faire un tour dans les magasins, histoire de me mettre au courant des prix… La bière est un luxe !

" Pousse pousse, pfff ! "  " Y a t il encore une petite place pour le reste de la famille  ? "

Ma promenade se prolonge du côté de la gare : c’est la congestion par les minibus, les voitures, les motorbikes et les piétons qui tentent de rallier les quais à travers un labyrinthe de barrières inexplicable. Tout le monde patauge : l’eau a du mal à s’écouler… Enfin la randonnée urbaine s’achève par une incursion dans les quartiers nord en pleine rénovation : je m’attendais à y trouver des échoppes et des bazars : des gros travaux ont tout déblayé pour faire place à un futur marché bétonné. Là aussi, on patauge dans la boue et quelques petits commerces récalcitrants ont reconstruit leur baraque dans le chantier inachevé…

  " Quels sont ces fruits ? "  " En avoir plein le dos ..."   " La sécurité reste un défi " " Coucher de soleil sur le volcan " 

Diner au Salak Sunset Café, à deux pas de la Wisma Firman, après la fameuse mosquée – réveil – matin. Poulet épicé avec vue sur la ville basse et le volcan Salak qui se découvre peu à peu de ses nuages d’orage. Le soleil se couche et, de la ville, monte la clameur des appels à la prière.

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07/01/2015

Est-ce dû au fait que c’est aujourd’hui la pleine lune, mais ce matin les mosquées étaient particulièrement en pleine verve : de 4h à 5h30 les psalmodies et les chants se sont succédés sans perdre haleine depuis les centaines de haut-parleurs de la ville, curseurs réglés à fond… J’ai donc du sommeil en retard !

Hier, un gars de l’hotel, Mahmoud, la cinquantaine, m’a proposé de faire un tour en scooter du côté du Gunung Salak, la montagne que je vois de mon balcon (pour 200 000 IDR = 16€). J’ai donc rendez-vous ce matin à 8h30.

Il fait beau et le sommet du Gunung Salak est presque dégagé ! Le gars arrive et on part à peu près à l’heure. Un arrêt pour prendre de l’essence (0,50 €/l) et un autre pour acheter des mangues et des ananas. Son scooter est assez puissant pour nous trimballer sur les pentes du volcan.

Il y a tout un réseau de petite routes bien entretenues mais bien raides dès qu’on quitte l’agglomération de Bogor ! On traverse de nombreux villages : les flancs du volcan sont très cultivées avec parfois des terrasses pour le riz. La terre est très riche et semble donner de bons rendements.

" Le volcan Gunung Salak "  " Parahyangan Agung Jagatkartta (temple hindou) "

On grimpe jusqu’à la lisière de la forêt qui occupe la partie supérieure du cône, trop pentue pour les cultures. La route nous mène au Parahyangan Agung Jagatkartta, vaste temple hindou à la balinaise, complètement délaissé par les touristes. Divers pavillons sacrés, construits en pierre volcanique noire, sont disposés autour d’une pelouse rase, accrochés à flanc de montagne, regardant au loin la plaine de Bogor. Mahmoud m’explique qu’il y a une communauté hindoue importante à Jakarta et ce temple est celui qu’ils honorent le plus volontiers. En effet c’est le plus élevé en altitude de l’ouest de Java, ce qui en fait le temple le plus sacré, vu qu’on y est au plus près des dieux !

" Parahyangan Agung Jagatkartta (temple hindou) " 

Quelques kilomètres plus loin, toujours dans les hauteurs, on s’enfonce dans une ravine obscure qui mène à une cascade. Pour pouvoir entrer dans cette réserve, et je ne sais pour quelle raison, il faut payer à deux péages ! C’est Mahmoud qui paye et qui marchande…

On laisse le scooter dans un parking gardé et on commence longer par un sentier bien tracé un torrent turbulent qui dégringole de la montagne. Il y a plusieurs couples de jeunes qui font la petite randonnée, histoire de se désintoxiquer de la pollution et du bruit de la ville. Mahmoud propose une pause fruits : après les avoir épluchés, on déguste les fruits gorgés de saveurs à l’ombre d’une forêt de pins.

A la première cascade Mahmoud, qui a un problème à sa jambe gauche, me laisse continuer seul. Il a raison : le chemin devient plus raide et traverse à plusieurs reprises le torrent, obligeant à des pas d’équilibriste ! La forêt devint plus dense et donne l’impression d’envahir torrent et sentier. Je parviens à la cascade en une petite demi-heure. Des jeunes y barbotent pour se rafraîchir tant le temps devient lourd et très chaud.

" Promenade vers la cascade " 

Sur le chemin de la descente, on déjeune au milieu des rizières d’un sauté de germes de soja.

Parvenus dans les environs de Bogor, Mahmoud m’amène visiter un artisan qui fabrique des marionnettes destinées au théâtre traditionnel javanais, le Ramayana, lequel raconte les amours tragiques et compliqués des Roméo et Juliette locaux. Les statuettes sont finement sculptées dans un bois très tendre, puis peintes et habillées. Bien que ça me démange, je n’ai rien acheté….

" Chez le fabriquant de marionnettes " 

Retour à la Wisma Firman où je me repose un peu : le temps est très lourd et ça ne craque pas. On se met d’accord avec Mahmoud pour un nouveau périple demain.

Je ressors pour aller visiter une fabrique de gongs, destinés aux orchestres de gamelan. Il s’agit d’une fonderie où on travaille selon la méthode traditionnelle : fonte du cuivre et de l’étain dans des proportions que seul le « maitre » connait, coulée sur un support en argile, puis, après refroidissement, forge sur un feu de charbon de bois attisé par un soufflet électrique, seule concession à la modernité. À peine façonnés à la sortie du feu, ils émettent déjà un son cristallin qui sera parfait une fois grattée et poncée la fine couche superficielle brûlée. Les jeunes qui travaillent là vivent toute la journée dans l’obscurité, face au rougeoiement du feu dans une chaleur insupportable et dans le vacarme des martellements continuels.

" Chez le fabriquant de gongs "  " Chez le fabriquant de meubles à la mode "
" Il y a plein de Titi. Cherchez Grominet ! " " Travaux sur la voie de chemin de fer " " Maquillés à la graisse de moteur... "

Retour à l’hotel en partageant la cohue ambiante de la rue, pause au calme sur le balcon de l’hotel où je rédige un peu, assis face au coucher du soleil, puis visite au resto voisin.

Pour voir cette rando-moto sur la carte :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8602543

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08/01/2015

Hier soir, dîner dans le petit restau Bangladeshi au pied de l’hôtel. Je me suis risqué pour un plat, plutôt épicé, mutant de la famille des spaghetti bolognese… Fin de journée par une douche et une lessive générale. C’est en sortant de ces occupations domestiques que j’ai appris le terrible attentat visant Charlie Hebdo. Difficile de s’endormir avec une telle actualité.

°°°

Ce matin, réveil tôt après une nuit agitée.

Matinée encore ensoleillée. Mon linge est complètement sec !

Petit dej en lisant les informations sur Internet.

Mahmoud est pile à l’heure à notre rendez-vous. Aujourd’hui il me conduit jusqu’au col de Puncak où se trouvent les plantations de thé.

On prend la route de Bandung. C’est une bonne route récemment refaite, sauf dans les agglomérations… Il y a pas mal d’embouteillages car de nombreux becak (minibus de transport en commun) stationnent en double, voire triple file en attendant le client… À propos de la conduite automobile, il y a ici une pratique originale : vu l’absence aux carrefours d’une police de la circulation, et pour permettre aux voitures de s’immiscer dans la circulation, des personnes se sont investies dans le rôle d’agent de la circulation, et, à l’aide un sifflet, s’autorisent à arrêter le flot des véhicules de la route principale, invitant l’intrus à passer, moyennant une pièce ou un billet !

La route ne cesse de monter ; lorsqu’on atteint les plantations de thé, les virages deviennent plus serrés. Les bords de la route sont occupés par des cabanes qui sont autant d’échoppes proposant la vente de fruits, de légumes, de plats préparés ; dans les virages avec vue sur la vallée de Bogor, ce sont les cabanes de restaurants qui occupent le terrain.

Les rangées de buissons de théiers, taillés au cordeau, façonnent la montagne tel un immense jardin à la française, comme pour agrémenter la montée au col. On s’arrête à plusieurs reprises pour se promener dans les rangées de théiers, l’air y est frais et le paysage est magnifique. Un petit bémol dans ce beau tableau : à l’entrée de chaque chemin qui quitte la route principale pour accéder aux plantations, il y a une cabane, avec un type qui peut lever la barrière ou ouvrir le portillon moyennant un péage (tarif affiché) !

" Dégustation de thé chez Gunung Mas "  " Plantations de thé au col Puncak " 

On visite ainsi la compagnie Gunung Mas (= la montagne dorée) laquelle a transformé les anciennes installations vétustes de l’ère coloniale en un parc de villégiature et de distraction au milieu des plantations. Il y a un petit stand de dégustation dans l’ancienne usine : une dame nous propose de gouter au thé à la cannelle qu’elle tient au chaud. Je le trouve très amer, probablement à cause des quatre bâtons de cannelle qu’elle a fait bouillir avec le litre de thé… Il paraît que c’est très bon pour la santé !

Un peu plus loin, on s’arrête pour atteindre un relief isolé qui domine la vallée. Son sommet est suffisamment venté par des courants chauds ascendants pour permettre l’envol d’ailes volantes. Mais là, il n’y a pas de candidats.

On fait demi-tour arrivés au col (1400 m). Cette partie de la montagne est très appréciées par les habitants de Jakarta : les plus riches y disposent d’une résidence secondaire, et les plus modestes y louent des villas le temps d’un week-end. Actuellement c’est la basse saison, et de nombreux conducteurs de scooter attendent le vacancier au bord de la route principale avec une pancarte « villa kamar » (villa à louer).

" Achats pour la pause banane "  " Varung pour le repas de midi "

Petit repas dans un varung de riz-œuf-pommes de terre-sambal (sauce épicée) : je trouve le thé tiède sucré bien meilleur que celui de la plantation !

Puis, on redescend par une petite route déglinguée qui traverse de nombreux villages. Plein de nids de poule, et de bosses pour obliger les véhicules à ralentir : j’ai le dos en vrac, et le scooter finit, lui aussi, par en avoir marre et nous fait une crevaison ! Comme il y a des réparateurs de scooter dans chaque village, ce n’est pas un gros problème d’en trouver un. Mais on doit attendre assez longtemps car le réparateur ne parvient pas à décoller le pneu de la jante….

 " Réparation difficile "  " Station essence "

Arrivé à l’entrée de Bogor, petite pluie battante qui oblige à nous arrêter un quart d’heure : arrêt banane pour moi, cigarette pour Mahmoud.

Fin de la moto-randonnée plus tôt que prévu, en milieu de l’après-midi. Ce n’est pas plus mal et ça permet de faire une pause.

Pour voir cette rando-moto sur la carte :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8608031

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09/01/2015

Ce matin, train pour Jakarta. Le prix du billet est dérisoire : 0,30 € le trajet + 0,30 € pour la carte magnétique, remboursable si je la rends ! Pour une heure et demie de trajet (plus de 60 km) ! Une complication, cependant : le train ne s’arrêtera pas à la gare de Gambir comme je le prévoyais.

Je saute dans le premier wagon du train qui est à quai et m’assoie. Aussitôt, un vigile des trains me demande de partir : ce wagon est réservé aux femmes !...

Il faut que je surveille le bon arrêt, mais le plan des lignes est écrit en minuscules au-dessus des portes, le wagon s’est vite rempli et, aux arrêts, je n’arrive pas à lire le nom des gares ! Mais, heureusement pour les routards d’aujourd’hui : il y a le GPS sur les téléphones et la carte qui va avec ! Donc plus de soucis !

La rue Jl Jaksa est en plein bouleversement par d’énormes chantiers de construction. Je parviens tout de même à trouver les guesthouses Bloem et Khresna. C’est pas cher (6 €), mais les chambres sont dans un piteux état, sans fenêtre et les toilettes/douches communes… La condition de routard ayant ses limites, j’avise un autre établissement, l’Alinda hotel qui, pour 12 € propose une belle chambre propre avec douche et WC + petit dej !

Il fait une chaleur épouvantable, je suis en nage, et j’en suis à regretter le temps qu’il faisait à Bogor, déjà bien chaud.

Après quelques renseignements pris à la réception, je vais vérifier que les bus pour l’aéroport partent bien de Gambir. C’est bien le cas et les bus en partent tous les quarts d’heure. Ensuite, je rallie les bureaux de la Pelni, la compagnie de bateaux qui vont d’île en île (L’Indonésie = 10 000 îles dont 1000 habitées). Ces bureaux se trouvent 14 Jl Gajah Mada, juste à 100 m après le Carrefour qui se trouve à la station de bus Harmoni Sentral. Devant l’immeuble, la seule décoration que cette compagnie a trouvé, c’est un canot de sauvetage ! Je ne sais pas si c’est de bon augure…

Au guichet, une charmante jeune fille essaye de comprendre ma demande (quiproquo sur les dates) ; elle me trouve bien un bateau qui va de Makassar (Sulawasi) à Maumere (Flores), mais il met, selon elle, trois jours et coute 3 000 000 IDR ! Je lui explique que sur le site web de la compagnie, j’ai trouvé un bateau qui met une journée et qui coute 550 000 IDR (Kelas 1 = cabine 2 places). Elle ne le trouve pas, et demande de l’aide à un gars qui passe par là. Celui-ci m’amène à la direction et je lui montre sur son ordi le bateau que je veux. Ah, d’accord ! Retour auprès de la demoiselle qui implore des « sorry, sorry ». Et finalement, j’ai bien mon billet pour le 21 janvier, et, surprise : j’ai droit à une réduction de 20%, vu mon grand âge…

" Les bureaux de la Pelni et son canot de sauvetage ..."  " Piscine improvisée "  " Sortie des bureaux "  

Petite course au Carrefour, histoire de voir comment ça fonctionne ici.

Puis visite du musée national : ce musée me plaît beaucoup : toutes les explications sont doublée en anglais, les collections sont riches, réparties dans de grands espaces et les thèmes abordés sont larges. La préhistoire (l’homme de Java, l’homme de Florès), les cultures des différentes ethnies (il y en a plus de cinquante, pareil pour les langues…), la statuaire hindoue, les influences chinoises, l’ère coloniale, etc. Les gardiens se précipitent pour accueillir les visiteurs pour leur faire admirer les reconstitutions d’habitat, les orchestres de gamelan, les collections de parures de cérémonies…

" Musée national " 

Visite à l’ambassade de France, ou plutôt, à l’Institut français qui la jouxte, pour voir si quelque chose est organisé à propos de l’attentat de Charlie Hebdo. Mais c’est trop tard : c’était hier.

" Triste actualité " 

Et les journaux français mis à la disposition des visiteurs datent d’avant mon départ … L’ambassade et l’Institut viennent d’être refaits, c’est moderne mais au style gris austère.

Je traverse le sud de la ville à pied par le quartier des ambassades (j’observe que l’ambassade de Russie et celle des États –Unis sont mitoyens – peut-être partagent-ils leurs WiFi…), pour rejoindre le Pasar Burung, soit disant réputé pour son marché aux oiseaux. Une fois sur place, après une rude rando urbaine, je n’ai vu que des cages vides !

Retour dans le quartier de Jl Jaksa : je marchande à plusieurs reprises les services d’un ojek (mototaxi) mais on me demande des prix fantaisistes. Je finis par conclure un retour en tuktuk pour 20 000 IDR (1,3 €). Resto de petites portions d’un poulet sauce coco, d’épinards, de riz, et un grand thé (2,3 €).

Arrivé à l’hotel, je suis déçu : la WiFi est en panne. Le blog parviendra avec du retard…

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10/01/2015

Cette nuit, bataille contre les moustiques (petits, silencieux mais agressifs).

Je suis levé tôt. J’en profite pour aller faire tranquillement le check in à l’aéroport de Jakarta d’où j’ai prévu de partir pour Makassar (Sulawesi). Départ de l’hotel au petit jour : 20 mn pour aller à Gambir. Le bus met une heure pour atteindre le Terminal 2 des vols internationaux et de ceux de la Garuda, et un quart d’heure de plus pour atteindre le Terminal 1, celui des vols domestiques des autres compagnies (+ un quart d’heure de plus par shuttle pour aller au Terminal 3 réservé aux vols low cost, Air Asia, etc). Et pourtant il n’y a pas beaucoup de circulation à cette heure matinale.

L’enregistrement au départ T1 des vols domestiques est assez compliqué car on ne voit pas par quelle porte entrer, vu qu’il y en a quatre et que les halls ne communiquent pas. Mais à chaque porte, un contrôleur veille au grain pour ceux qui se trompent !

Le jeune employé de la Sriwijaya Air (porte 1B) qui gère mon embarquement accepte ma valise (11kg) et mon petit sac à dos en cabine. Il me réserve une place devant la sortie de secours. Ce qui vaut pour une classe affaire ! Ensuite il faut payer 40 000 IDR pour accéder aux halls d’embarquement. Le contrôle des bagages des passagers est plutôt léger… Les halls d’attente sont bien bruyants, entre le monde qui s’agite, les mômes qui braillent, les télés à fond et les annonces tonitruantes par haut-parleurs… Les gens qui attendent forment une foule très bigarrée, avec des physionomies, des habits, des postures très différentes. Les coutumes de toutes les contrées du pays sont rassemblées ici.

Mon avion est annoncé avec une heure de retard ! Puis deux ! On distribue des snacks et de l’eau pour faire patienter les passagers. Finalement l’avion part à midi au lieu de 9h10 !!

Arrivée à Makassar à 15h30. Il faut tenir compte d’une heure de décalage horaire en plus par rapport avec Jakarta (7h avec la France).

Les bus Damri (29 000 IDR) pour le centre-ville attendent à la sortie. Je me fais déposer à la station des bus de Daya, assez éloignée du centre-ville. Je souhaite aller tout de suite dans le pays Toraja, sachant qu’il n’y a pas grand-chose à voir à Makassar et que j’y reviens dans une dizaine de jours. Je prends donc un billet pour un voyage de nuit, destination Rantepao, départ ce soir à 22h30.

Comme il me reste quelques heures à tuer d’ici le départ, je me rends au centre-ville (le Mall). Je saute dans un pete pete, sorte de tuk tuk pouvant contenir dix personnes. Les prix sont affichés : 5000 IDR (0,35 €), tarif unique, sans considération de distance. Le chauffeur n’a qu’une obsession : faire monter un passager de plus. Il s’arrête donc à chaque personne qui attend au bord de la route pour une raison quelconque (fumer une cigarette, …) et klaxonne… Durée du trajet : une heure !! Il fait nuit quand j’arrive péniblement au Mall (imposant immeuble commercial moderne).

Quelques courses : je m’achète ce que est interdit d’emporté en cabine d’avion : un rasoir et une bombe insecticide. J’ai en effet une barbe de 6 jours !! et j’en ai assez de servir de repas aux moustiques (et autres…).

Promenade dans le quartier du port qui est plutôt sordide, peu éclairé et avec pour seules couleurs les petites lampes rouges des bars louches et leurs enseignes à la marque de bière Bintang. On ne voit pas la mer : un mur de containers fait office d’horizon.

Le centre-ville est un peu déglingué (maisons décrépies, ruelles avec des souvenirs de goudrons…) et plutôt tristounet. Les maisons sont protégées par des grilles, des barbelés et des hauts murs.

Avec la chaleur moite, la promenade devient accablante. Retour en pete pete à la gare routière où j’attends mon bus. J’ai largement le temps d’observer la fermeture des petites boutiques : chaque tenancière range dans des cartons les bouteilles, les sachets de chips et autres friandises proposés aux voyageurs, empilent les cartons derrière l’armature en bois de leur cahute, emballent leur stand avec une bâche et ficellent le « paquet » avec de la grosse corde. Une fois le dernier nœud serré, leur mari arrive en scooter pour les ramener à la maison !

Les bus défilent, la plupart venant de leur dépôt. Le mien arrive à l’heure ; c’est un beau bus moderne, tout coloré à l’extérieur, et, équipé à l’intérieur par de larges fauteuils inclinables à 45° : lorsqu’on s’y assoit on est aussitôt enveloppé par un genre de couette moussue qui rend la posture très confortable. De plus, chacun a droit à une couverture, la clim étant réglée sur congélateur…

Je suis à peine allongé que je m’endors : je ne ressens pas la conduite du bus et ouvre à peine un œil lors d’un arrêt pipi vers 3h du mat.

Pas de photos.

7

11/01/2015

La vitre du bus est couverte de condensation à l’extérieur tant il fait froid dedans, et chaud et humide dehors ! Je parviens tout de même à voir le paysage de moyenne montagne envahie de végétation qui environne la route sinueuse. On arrive à Makale à 6h et, une demi-heure plus tard à Rantepao. Me voilà au pays Toraja.

La bourgade se réveille, un peu dépenaillée … comme moi !

À la descente du bus, les conducteurs de vélopousse ne sont pas trop agressifs. J’ai déjà choisi mon point de chute, la Wisma Irama, et j’y vais sans trop de problèmes d’orientation, en traînant ma valise sur la chaussée de la rue principale, poussiéreuse et encombrée de détritus laissés à l’exploration des chiens et chats errants, puis dans une petite rue animée par un marché qui s’installe. Le temps est frais comparé à Makassar. Ciel gris.

Accueil sympathique à l’hotel Wisma Irama qui me propose une grande chambre à 10 € avec mandi + petit dej. Les chambres donnent sur un jardinet fleuri et chacune y dispose d’un espace table et chaise. Le tout est un peu vieillot et un coup de peinture ne serait pas de trop !. Le mandi est un espace équivalent à une salle d’eau adaptée aux coutumes du sud-est asiatique : il y a dans cet espace un WC, un grand bac avec de l’eau et une grosse louche. Cette grosse louche sert à évacuer les WC … et à prendre sa douche ! et éventuellement à rincer son linge.

Je papote avec un voisin français qui se trouve venir de la Réunion et qui est là depuis plusieurs jours. Il me conseille de prendre les services d’un guide : la région regorge de lieux intéressants mais assez confidentiels.

Je fais mes petites affaires indispensables et nécessaires après une nuit en bus. Une fois propre et rasé, et à peine sorti sur la terrasse, un « guide » me propose ses services ; je discute avec lui assez longtemps du programme, du prix, des détails, et au bout d’une heure, on se met d’accord sur trois jours de visites à partir de demain, comprenant le tour des sites et villages traditionnels, une cérémonie funéraire, un combat de buffles, et chacun son scooter : je préfère cette disposition, car à deux sur un seul scooter, ça tue mon dos et mon cou. Le prix de la prestation : 100 €.

Petit tour en ville, en passant par le marché où j’achète de quoi faire une petite salade : cinq petites tomates, un concombre, trois belles mangues, petits oignons et citrons verts (1€ le tout). Je bois le jus d’une belle noix de coco et déguste sa pulpe délicieuse. Dans le marché, et plusieurs fois en ville, il y a des marchands de café finement moulu. Cela agrémente la ville d’un heureux fumet.

" L'odeur du café, ça réveille "  " L'odeur du poisson, ça endort "  

La bourgade est assez impersonnelle. Il y a plusieurs églises, et les mosquées sont moins nombreuses. Une colline dotée d’une immense croix domine la ville de l’autre côté d’une rivière boueuse. Allons-y !

Juste après le pont, des constructions traditionnelles m’attirent : il s’agit de tombes dont quelques-unes sont logées dans les anfractuosités de la falaise. Mais, un sinistre spectacle se déroule en contre-bas de cet endroit déjà pas très gai : un abattoir de chien est installé là ! Il y a une grande cage où sont enfermés des chiens capturés, lesquels n’en mènent pas large, puis juste à côté, une cabane où les chiens sont égorgés et une autre cabane où on leur brûle la peau avec un grand chalumeau avant de les vider et de les débiter…

" Une vie de chien - Avant " " Une vie de chien - Après "  

Le petit chemin, devenant assez vite un grand escalier, me mène à la croix. On a une belle vue sur Rantepao et sa vallée. Ici, c’est le rendez-vous des jeunes. Ils ont laissé leurs motorbike en bas et grimpent bras-dessus, bras-dessous, en rigolant bien. Et il y a beaucoup plus de filles que de garçons. En me croisant, on me salue d’un « Hello, mister ! » et on me gratifie d’un large sourire. On vient ici pour se rafraichir car il y a un peu d’air.

" Le rendez-vous des jeunes "  "  Vue sur Rantépao "

Je fais une promenade dans les champs au pied de cette colline, traverse des villages aux maisons si particulières. Je fais d’heureuses rencontres : des dames qui fabriquent des brochettes de porc qu’elles font cuire au barbecue, et qu’elles emballent une fois cuites dans un carton. Une fête se prépare-t-elle ? Des jeunes filles en me voyant sortent de leur maison et me demandent si elles peuvent être prises en photo avec moi. On prend la pose.

" Cuisson du cochon "  " BBQ party " " Alors, ça mord ?  "
" Un village accueillant "  "  Un buffle bien pourvu "

Dans un hameau, un homme, connaissant bien l’anglais, m’explique pourquoi les habitants toraja construisent des maisons si originales. La forme du toit leur rappelle qu’ils sont arrivés, dans les temps anciens, par des bateaux qui avaient cette forme incurvée, et ces toits ressemblent aussi aux cornes de buffles, animaux qu’ils vénèrent particulièrement. Les maisons sont rarement isolées. Ainsi, chaque hameau comprend plusieurs maisons, une pour chaque membre de la famille élargie (Tongkonan), avec en plus certaines servant de grenier à grains. Mais aujourd’hui, les jeunes préfèrent habiter dans les habitations en béton…

" Tongkonan " 
" Détail des motifs gravés sur les façades  "  " Tombe incrustée dans la falaise "

Les façades extérieures de ces maisons traditionnelles sont très décorées : le bois est gravé de dessins figurant des buffles, ou des dessins géométriques qui sont autant de symboles, le tout peint avec deux couleurs : le noir et le rouge, le bois non peint faisant office de troisième couleur. Les façades sont aussi décorées d’un empilement de crânes de buffles sur un genre de mat dressé sur le devant de la maison. Plus il y a de crânes, plus la personne qui y habite est un personnage important !

Fin de la promenade à la tombée de la nuit. Je rentre à l’hotel où je me fais une petite salade ( j’ai acheté un couteau ! ) agrémentée d’un sambal (sauce piquante). Elle est d’ailleurs très piquante !

8

12/01/2015

Petit dej à 7h30. Mon « guide », Nicolas, la quarantaine, est presque à l’heure. Mais on doit attendre que les « motor » (= les motos) arrivent. Puis on fait le plein : c’est la queue à la grande station-service.

La route principale vers le nord est encombrée. Heureusement, on prend rapidement des petites routes de traverse, bien plus tranquilles.

On fait un arrêt pour voir une maison en construction dans le style traditionnel. Qui fait construire ces maisons ? Dans les temps anciens, c’étaient ceux qui possédaient les terres et les récoltes. Ces maisons étaient le symbole de leur puissance. En face de chaque maison, il y a les greniers à riz, constructions dans le même style que la maison, mais plus petites. On connaît la puissance de la famille au nombre de greniers à riz.

Aujourd’hui, n’importe qui peut en acheter une ou s’en faire construire, du moment qu’il a l’argent pour ça. C’est le cas de ceux du pays toraja qui se sont exilés pour chercher fortune ailleurs, et qui reviennent parmi les leurs.

On quitte les routes goudronnées pour s’enfoncer sur des pistes parfois démolies, qui nous mènent dans les environs de Sa’dan. On arrive sur le site où ont lieu des funérailles : de nombreux gros 4x4 sont garés un peu n’importe comment. Sous un ardent soleil, on grimpe à pied un petit chemin en compagnie de gens participant aux cérémonies. Ils sont habillés de noir, les hommes enveloppés dans une large pièce de tissu qui leur sert soit de sarong, soit de ceinture, soit de protection contre le soleil, les femmes en jupe serrée, bustier moulant et parfois, brillant de broderies au fil d’or, le visage très maquillé et la coiffure savamment enroulée en chignon.

" Coiffure compliquée "  " Gardienne du temple " "

L’ambiance est bruyante, animée mais ça n’a rien de festif. On entend les cochons qui braillent, un haut-parleur qui hurle, les gens qui s’interpellent comme pour des retrouvailles.

On passe un genre de portail : c’est ici que les gens qui amènent comme offrande des animaux (buffles, cochons, …), payent une taxe au gouvernement !

Puis on accède à une plateforme (un hectare ? ) où sont dressées des constructions provisoires traditionnelles en bambous qui rappellent les maisons du style toraja. Le rouge domine dans les décors. Il y a une place centrale, rectangulaire, où quelques cochons sont enfermés dans des cages en bambou. Sur un des côtés, se dresse le cénotaphe où reposent deux cercueils, enfouis sous les décors. Sur la façade deux photos, des dessins naïfs, des objets symboliques. Tout autour de cette place, sont disposées les « maisons » (numérotées) qui sont autant de plateformes pour accueillir les visiteurs, lesquels, une fois arrivés, s’installent assis à même les nattes. La plupart de ces constructions sont temporaires.

" Les proches parents "  " Passage au temple "

Aujourd’hui, c’est la cérémonie des funérailles de deux personnes d’une même famille, une grand-mère assez âgée, morte il y a un an, et un fils qui était policier, mort il y a deux ans. Entre le décès et les funérailles, il peut s’écouler beaucoup de temps : il faut attendre le moment propice ( rassembler l’argent et la famille ?? ). Pendant ce temps, les corps sont embaumés. Mais ils font encore partie de la vie de famille et restent à la maison ! C’est comme s’ils n’étaient que malades ! On leur met de côté de la nourriture, de la boisson, parfois on danse avec eux ! L’esprit des défunts rôde encore dans la maison. Du reste, l’esprit des buffles rôde aussi, car c’est le buffle qui va leur frayer le chemin qui mène au puya (= paradis).

Il y a un maître des cérémonies, installé sous les cercueils ; il est muni d’un micro et d’un gong. Son rôle est d’annoncer à l’assistance réunie sur la place, laquelle des familles va faire la prochaine donation.

" Le maître de cérémonie "  " Les patriarches veillent au bon déroulement de la cérémonie "

Il faut préciser que les funérailles d’un ancêtre peut rassembler plusieurs dizaines de familles, vu les multiples branches descendantes. Et il s’agît de famille au sens large, et peut comprendre les domestiques et les obligés. Et il faut préciser aussi que ce genre de funérailles ne concerne que les familles très riches, au vu des dépenses engagées. En effet, ces funérailles sont l’occasion de sacrifice de buffles. Les buffles ici valent des fortunes, le premier prix étant l’équivalent d’un scooter, le plus élevé étant le prix d’une voiture genre Audi ! Si le buffle est blanc (albinos) et les yeux bleus, le prix grimpe encore !

Donc les familles arrivent une par une, sur la place des funérailles. Des jeunes tirent les buffles offerts, la corde passée dans les naseaux. Les bêtes renâclent. Une d’entre elles s’est même échappée, et dans sa course a renversé une personne qui a été sérieusement blessée, provoquant la stupeur de l’assistance ( mauvais présage ? ).

" Une fortune sur pattes "  " Baston chez les buffles " 
" Le clan familial "   " Offrande "

Après le défilé des buffles que l’on rassemble au milieu de la place à côté des cochons en cage, ce sont les gens d'une des familles qui défilent à la queue leu leu, conduit au pas lent par un homme de cérémonie assisté d’ un garçon et d’une fille en habits traditionnels, tandis que le maître de cérémonie braille dans le micro le nom des participants. Ce sont les femmes qui défilent en premier, suivi des hommes. Que des adultes. Ce qui fait un minimum de cent personnes par famille. Le défilé parcourt lentement l’intérieur du rectangle de la place, passe devant le cénotaphe, sans plus d’émotion que ça, et enfin entre dans une maison qualifiée de temple, accueilli par une haie de « gardiens du temple », des jeunes, filles et garçons, en costume traditionnel. Chacun va s’installer sur des nattes, les hommes à gauche, les femmes à droite. On reste là un bon quart d’heure à fumer des clopes et à papoter. Un coup de gong, et les participants sont libérés, chacun rejoignant sa « maison », et laissant la place à la famille suivante. En trois heures, j’ai vu défiler six familles, et c’était loin d’être fini !

" Défilé d'une famille "  " Défilé d'une autre famille "  

Il y a une quasi obligation pour les familles (et les individus) de participer aux funérailles de l’ancêtre et de contribuer aux donations. Ce sont des actes réciproques, qui, selon les évènements, permettent la cohésion du groupe toraja ; et selon Nicolas, c’est cette cohésion qui assure la solidarité dans le clan. Il m’explique aussi que si la société toraja a survécu dans ces traditions, c’est dû à trois siècles de bataille avec les occupants hollandais. Ces derniers avaient comme ambition d’éradiquer ces traditions qu’eux, protestants, jugeaient animistes et barbares, et le choix proposé aux Toraja était la conversion ou l’extermination. Mais les Hollandais ont mis un siècle pour comprendre que cette guerre était ingagnable, vu la ténacité des Toraja. Ils ont alors tenté une nouvelle expérience en prenant les enfants dans les écoles où ils étaient éduqués selon leurs critères de civilisation. Ainsi la guerre s’est déplacée au sein des familles avec des conflits entre générations. Mais, ça n’a pas bien fonctionné ! Et encore un siècle plus tard, les Hollandais ont fini par accepter le deal suivant : les Toraja se convertissent, les Hollandais garantissent le respect de leurs coutumes ancestrales (Aluk to dolo = les cultes des anciens temps).

Avec Nicolas, on s’installe dans une des « maisons », où les gens m’accueillent avec bienveillance. Il est plus ou moins en parenté avec les défunts. On sert des gâteaux, du thé et du café. Entre les défilés des familles, je visite les coulisses des funérailles : là on égorge les cochons, ici on en brûle la peau au chalumeau, là on les dépèce pour en vendre les morceaux à l’assistance. Plusieurs personnes encaissent l’argent tout en notant sur un vieux cahier qui est l’acheteur : 30€ pour cette cuisse, 10€ pour cette tête, etc…C’est toujours ça qui va contribuer à financer les funérailles.

" Épilation du  cochon "  " Achats de pièces de viande "

Aujourd’hui ce sont les cochons qui contribuent à ce financement (bien malgré eux…) et après-demain ce sont les buffles que l’on égorgera. Car les funérailles durent pendant plusieurs jours, le dernier étant consacré à l’enterrement au cimetière. Un peu plus loin, on fabrique des brochettes à la chaine, on prépare des barquettes de viandes et de légumes, plus loin encore on découpe des gâteaux et prépare les boissons chaudes.

" À grignoter "  " On prépare le thé""

Puis vient l’heure du repas : on nous distribue brochettes, riz, légumes, poêlées de micro poissons épicés (délicieux), de l’eau et un peu d’alcool (tuak) fabriqué à base d’une sorte de palmier. Pas très bon… On mange avec les doigts, la nourriture étant disposée sur un papier épais faisant office de feuille de bananier. Café, gâteaux, je suis repu !

" Les funérailles, ça donne faim  "  " Le thé arrive ! "

On décroche vers 13 h.

Reprise des motors, direction Palawa à quelques kilomètres de Sa’dan. C’est un village très ancien : plus d’un siècle ! Le village est une rue avec de part et d’autre un important alignement de maisons et de greniers traditionnels, les maisons modernes étant placées discrètement derrière. Une maison traditionnelle en bois et bambou est en construction, remplaçant une ancienne, effondrée. Des charpentiers y travaillent avec les outils traditionnels, n’utilisant aucun clou. Il y a une discrète boutique de souvenirs car ce lieu attire les touristes.

  Palawa :  " Maison d'une famille riche "  " Maison à reconstruire "   " La grande rue"  " Figurines pour les touristes " 
" Figurines pour les tombes "  "Maison en construction "
" Près de Sa'dan "   " Récolte du riz " 

Dernière étape de la journée : Bori. C’est le lieu d’un bien étrange cimetière : au bord de la route, il y a comme un jeu de quilles pour géant : de longs mégalithes effilés se dressent parmi de grosses boules. Ce sont autant de tombes. Les menhirs marquent les lieux où des tombes des tombes ont été creusées. Les boules recèlent des caveaux taillés dans la roche. La partie du cimetière près de la route est bien entretenue, le gazon tondu ras. Mais il faut prendre des sentiers tracés dans la forêt de bambous pour trouver un plus grand nombre de grosses boules (un genre de granite) hébergeant elles aussi des caveaux. La plupart des caveaux sont clos par des portes décorées, mais quelques-uns les ont perdues, l’un des caveaux laissant voir un amoncellement de crânes et d’os humains. Un autre a une tête de buffle sculptée à l’entrée.

Surprenant cimetière !

Les mégalithes de Bori  : " Les caveaux "  " Les menhirs "
" Bulle à caveaux "  " Bulle caveau envahie par la jungle "  " Entrée de caveau "  " Sculpture de buffle sur le caveau "
" Prise de têtes "  "  Portrait du défunt "

Fin de la motorando, retour à l’hotel pour digestion de ces découvertes étonnantes.

Pour voir cette rando-moto sur la carte :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8645553

9

13/01/2015

Pendant le petit dej (verre de jus de fruits d’ici, œuf au plat, pain de mie, confiture, « beurre », banane, épais café toraja), la petite fille de l’hôtelier regarde des dessins animés qui passent à la télé sur une chaîne pour enfants. À l’heure d’aller à l’école, le programme propose une animation chantée d’enfants qui se lavent les dents, préparent leurs affaires et partent gaiement à l’école !

Nicolas et moi partons vers le sud de Rantepao, par la grande route puis par des chemins de moins en moins fréquentés, à travers des champs de riz prêt à être moissonnés et au pied de collines envahies de végétation sauvage, jusqu’au site de Suaya.

Il s’agit d’une falaise de calcaire dans laquelle ont été creusées des tombes. Ici reposent les personnages importants de la région et leur descendance. Mais le plus étrange, sont ces personnages alignés debout comme sur un balcon à vous regarder du haut de la falaise. Ce sont des statues grossièrement sculptées dans du bois de jaquier et vêtues de blanc. Elles sont censées représenter les défunts. Ce lieu sert toujours : on peut voir que le couple des deux personnages plus grands que les autres et moins défraîchis, ont été installés là il y a trois ans…

" La campagne autour de Suaya "   " La falaise de Suaya "
"Applaudissements"  "Au balcon"  

Seuls les personnages importants ont droit à de telles sépultures. Quand je demande à Nicolas ce qui fait qu’un personnage est important, il reste vague sur la question, parlant d’un roi, ou d’un prince local, qui a gagné une guerre sur ses ennemis, et sa descendance bénéficie encore de ce privilège : être enterré dans la falaise…

On rallie le site voisin de Tampang Allo.

La surprise ici est plus grande encore : après un petit sentier, on parvient à une grotte, invisible de la route, enfouie dans une falaise recouverte de végétation. L’endroit est calcaire et l’eau a fait son œuvre : grande cavité dû à un ancien cours d’eau et agrémentée d’épais stalactites.

À l’entrée, on reste saisi par le spectacle : amoncèlement de crânes et d’os déposés en vrac et à portée de main sur des rochers, enchevêtrement de cercueils en bois, haies haut perchées de statuettes habillées vous tendant les bras, le tout dans une lumière rare. Dans des replis de la roche, des gens à l’humour macabre, ont disposé des crânes, échappés de cercueils dont le bois a pourri, dans des saynètes « vivantes ».

" Les surveillants de la grotte "  "  Tampang Allo "
" Détail des cercueils "  " Fumer tue... "  

Certains cercueils, au bois attaqué par la pourriture, conservent des gravures délicatement travaillées, aux motifs géométriques de cercles et de spirales. Les statues aux bras tendus, sont plus grossières. Certaines ont été taillées et installées récemment par la famille concernée. Le culte des morts, on l’a vu, est important chez les Toraja au point qu’on peut se ruiner pour un enterrement. Aujourd’hui, les enterrements dans ce village ont lieu dans des caveaux en béton construits un peu plus loin au bord de la route.

" Viens par ici ! "  " Voyage groupé dans les ténèbres "  

Mais les gens n’en oublient pas pour autant les anciens de la grotte. Ceux-ci, représentés par les statues, tendent les bras comme pour dire « bienvenue » à celui qui les regarde. Ce qui est assez ambigu ! Mais d’après la logique de Nicolas, ce n’est pas pour attirer le passant dans le monde des ténèbres, mais bien remercier les parents vivants qui les honorent en les visitant. Il s’agit de rester en bons termes avec les ancêtres…

Dans le même village, il y a encore une curiosité : le cimetière des bébés. Il s’agit d’un grand arbre âgé, bien feuillu et hébergeant pas mal de plantes épiphytes. C’est dans le tronc de cet arbre puissant que sont déposés les bébés morts avant d’avoir eu leurs premières dents, ainsi que les enfants issus de fausses couches auxquels on joint le placenta de la mère. On creuse un trou dans le tronc, que l’on referme avec de la fibre de coco. La croyance veut que l’enfant grandisse et devienne puissant avec la croissance de l’arbre.

" Cimetière de bébés "  "  Un sculpteur talentueux "

À propos des enfants, Nicolas affirme qu’au pays toraja, pas moins de 30% des enfants ne vont pas à l’école par manque de moyens, vu qu’elle est payante.

Un peu plus loin, on visite un sculpteur qui fait les fameuses statues ainsi que des portraits de défunts à partir de photos. Son atelier est une cabane au bord de la route et tout est laissé en vrac : il est parti se promener…

Vers midi, on retraverse tout le pays vers le nord pour se joindre à un spectacle de combat de buffles au nord-ouest de Rantepao.

Bon, là, je me suis un peu ennuyé : pendant trois heures on n'a vu même pas une dizaine d’affrontements. La plupart ont duré vingt secondes, parfois plus longtemps, lorsque les bêtes refusent de s’affronter et broutent l’herbe du pré… Il ne s’agit pas de s’étriper : il s’agit de faire fuir l’adversaire par une des trois sorties aménagées dans les barrières en gros bambou entourant l’enclos. Ces bêtes doivent bien peser une tonne ! Certaines ont un numéro, d’autres ont un nom tagué sur leur gros ventre. Des organisateurs, perchés sur une estrade sommairement échafaudée, braillent dans un micro le nom des combattants et le résultat des combats.

" Des fans de combats de buffles "  " Les femmes de fans de combats de buffles "

Les gens - des hommes à 99% - sont très friands de ce spectacle et sont là par centaines. Ils sont venus comme nous, en « motor », et comme il n’y a aucun endroit pour se garer, la petite route est complètement engorgée. Les spectateurs s’agglutinent en grappes comme des essaims d’abeilles sur les maisons, les rebords de la falaise, les escaliers, ou ce qui est plus dangereux au bord de l’enclos. Lors d’un des combats, une des bêtes, paniquée par son adversaire a sauté une barrière, renversant spectateurs et stands. Panique dans la foule. Heureusement pas de blessés. Et tout le monde rigole. De toute façon, dans ce pays, quand on est mort, c’est comme si on est devenu malade et riche !

" Se chercher des poux dans la tête "  "  Tant va le buff...alo, qu'à la fin, il se castagne "

Les gens font des paris entre les combats, le temps qu’arrivent les remplaçants (ils attendaient dans des puits d’eau ou des rivières, histoire de les garder au frais). Les parieurs crient et tendent leur liasse de billets à bout de bras. Mais je ne comprends pas très bien avec qui ils parient, ni comment tout ça fonctionne. Nicolas a du mal à m’expliquer.

Lorsque qu’on s’en va, une bagarre éclate au fond de « l’arène », ce qui, du coup, attire plus que les combats de buffles !!

On rentre après la prestation tant attendue de la vedette de la compétition : Chokolate, mais qui a perdu son combat en fuyant piteusement, sous les clameurs et les sauts de joie que ceux qui avaient parié sur son adversaire…

 " Le compromis religieux local "  " La chique de bétel conserve... "  

Dîner d’une soupe de nouilles + boulettes de « viande »…

Pour voir cette rando-moto sur la carte :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8651721

10

14/01/2015

Petit accroc avec Nicolas : il vient encore de changer de plan (déjà la veille il n’avait pas respecté ce qu’on avait prévu…). Mais en plus, il me réclame des sous pour le présent à remettre à la famille du défunt dont nous allons voir la cérémonie de procession. Je râle, mais on se met tout de même d’accord sur un nouveau programme.

Route vers Parinding, au nord de Rantepao, et son hameau de Lombok. On prend un sentier qui s’enfonce dans une forêt de bambous géants, et on atteint une importante grotte, au plafond haut et couvert de concrétions. Et on débouche sur un chaos impressionnant de cercueils éventrés et d’ossements éparpillés.

Les cercueils sont anciens (-700 ans ?), et la grotte a été abandonnée comme lieu de sépulture depuis longtemps. Aucun entretien sur ces cercueils qui tombent en poussière, révélant toutefois pour certains le grand talent des graveurs. Quelques cercueils ont conservé leur forme de buffle ou de porc, ce qui selon la croyance toraja, aidait le mort à atteindre le paradis … D’autres ont des formes de bateau ou de maison. Des centaines de crânes et autres ossements jonchent le sol et ce qu’il reste de cercueils : il est sûr qu’ici il y a plus de défunts qu’il n’y a de cercueils !

" Grotte de Parinding "   " Cercueil minutieusement sculpté " 
" Cercueil en forme de buffle "   " Le coin des sans cercueil "  " Cercueil en forme de bateau "

La grotte s’enfonce sous la falaise, et doit receler des prolongations souterraines, mais je ne m’y aventure pas, le sol étant en pente et glissant ; et je ne souhaite pas, dans l’immédiat, rester en compagnie des voisins…

On est ici très près du site de combat de buffles d’hier. Je fais remarquer à Nicolas, qu’au lieu de me laisser griller au soleil pendant trois heures, on aurait pu avantageusement consacrer une partie de ce temps à venir ici…

Dans une maison à proximité, il y a un grand remue-ménage : on prépare un repas de mariage. Profusion de porcs récemment égorgés, régiment de femmes pour découper viandes et légumes en morceaux.

" Un village toraja "  "  Collecte de la nourriture pour les cochons "
" Préparation d'un mariage  "  " La recette du sambal " 
" Cuisson du porc à l'étouffé "   " Service porc payé "

On repart en direction du sud de Rantepao, vers l’aéroport (une piste dans un décor de jungle…). On se désarticule le dos sur une route complètement défoncée. On passe de vallons en collines avec des pentes à 25% sur quelque chose qui n’est plus une route, ni même une piste. Arrivés sur le site, on laisse les « motor » dans des buissons pas loin de l’entrée du lieu des funérailles. Des gens arrivent par groupes, dans des camions débâchés, ou comme nous, en « motor ». C’est l’encombrement devant le « péage » pour les offrandes d’animaux.

Ces funérailles concernent un personnage encore plus important que celui d’avant-hier. Ici, c’est un village entier qui a été construit pour l’occasion (ça a pris six mois !), village comprenant cent trente « maisons » en bambous, aux façades décorées comme de vrais maisons, destinée à accueillir les familles, chaque « maison » pouvant contenir quinze / vingt personnes. Chaque maison comporte un numéro, donc chacun à sa place ! Trois maisons ont l’étiquette de A à C pour les tout proches parents, et il y a même une grande maison à l’étiquette VIP !

Nicolas me laisse aller et venir comme je le souhaite (je ne l’ai vu faire aucun présent à qui que ce soit, ni personne d’autre en faire à quiconque). Je me promène donc de stand en stand, dans les « cuisines », sur la place où se tient l’imposant cénotaphe qui doit bientôt accueillir le cercueil, le temple de réception des familles, et un mini autel où doit officier un prêtre. À plusieurs stands je suis invité à rester prendre un café ou manger des gâteaux !

Au milieu de la place, on a placé un palanquin supportant le cercueil, et à côté, un palanquin où est assise l’effigie en bois et costume du défunt.

" Le cercueil et l'effigie du défunt "   " Les chrétiens font bon ménage avec les animistes "  

Les gens qui arrivent s’installent dans leur « maison » tandis que trois prêtres se relayent pour psalmodier la bible et chanter quelques couplets. On a distribué aux gens des feuilles A4 avec les couplets et les notes, pour qu’ils reprennent les chants en chœur mais c’est sans grand enthousiasme …

Du côté des cuisines, il y a profusion de cochons allongés, les pattes entravées par des bambous, et quelques beaux buffles dont un albinos, qui doit bien valoir une Bentley !

" Futur sacrifié " 

Dans un autre stand se reposent les porteurs des palanquins et les trois danseurs de la procession. Ces derniers, en costume orange, alors que pratiquement tout le monde est en noir, sont censés représenter les guerriers que furent les lointains ancêtres du défunt. Aussi ils sont affublés de chapeaux à plumes, de bouclier de bois, de collier de dents et d’os de sanglier.

" La chorale "  " La danse des guerriers "  

À la fin des psalmodies du prêtre, un cercle se forme autour des deux palanquins, plus de deux cents hommes et femmes se tenant par la main. Un femme m’attrape la main et m’intègre d’office dans le cercle. Je suis pris de court, ma tenue claire jurant avec celle, noire, de tous les « danseurs ». Mais mes voisines me rassurent de mes doutes en me tenant fermement les mains pour que je ne m’échappe pas… La danse ressemble à un fest-noz sur place. Les bras seuls se lèvent et se baissent au rythme régulier du chant émis par le chef de cérémonie. L’ambiance est gaie, faisant rupture avec le discours qui se voulait triste du prêtre. Encore une ronde, mais avec les hommes, seuls. Je reste discrètement à l’écart.

" Prosternation "  

À l’heure de midi, les saladiers de riz et les plats de légumes et de viande arrivent dans les stands depuis les cuisines. Une femme me demande de rester manger avec ses parents (bâtiments C !). On bavarde. Elle travaille à Jakarta dans une famille d’Américains dont elle garde les enfants : elle me montre les photos sur son mobile… Elle me sert sur une feuille de papier du riz et du pa’piong : c’est de la viande de porc cuite à l’étouffé dans un gros tube de bambou (ce nom vient-il de « papillote » ?). La dame est désolée : elle n’a pas de cuillère à me proposer…

Puis encore des discours au micro, que les gens écoutent immobiles, accroupis (assoupis ?) dans leur stand. Soudain, un puissant battement de tambour résonne sur la place : une dizaine de femmes, munies chacune d’un grand pilon, tapent le fond d’un tronc d’arbre évidé dans lequel on a placé des gerbes de riz. Elles miment le battage d’après la récolte. Ce tambourinement énergique annonce le début de la procession. On tire les buffles par la corde pour leur faire faire le tour des palanquins et du cénotaphe.

" Transport de l'effigie "
" Après la moisson  "   " Préparation du défilé "  " Le défilé commence "  " Transport de l'effigie "

Et la procession se forme. Elle prend la route en direction de l’église à cinq cents mètres en contre-bas, dans les rizières. Dans l’ordre, il y a le gong pendu à un bambou, porté par deux hommes, puis des genres de drapeaux – des oripeaux accrochés au bout de grandes perches, les buffles tirés par l’anneau du nez, les trois « guerriers » qui miment des danses guerrières, le cortège des dames tenant à bout de bras au-dessus de leur tête un long tissu rouge et enfin, le palanquin de l’effigie suivi par le palanquin du cercueil.

" Transport du cercueil "

Le cortège est très festif : cris, pétards, fumigènes, bousculades, jet d’eau. Une vraie partie de rigolade ! Les palanquins subissent un tel chahut qu’il s’en faut de peu pour qu’ils versent dans le fossé… En tout cas le mort est bien remué !

" Transport de l'éffigie "
" Promenade du cercueil dans les champs "   "  Les funérailles, c'est tout de même la fête ! " 

Retour sur la place par le même chemin sans même avoir fait de halte à l’église. Là on démantibule le palanquin contenant le cercueil, peint de rouge et d’or, pour en extraire ce dernier. Une équipe s’empresse de le hisser en haut du cénotaphe par un raide escalier de bambou. Là, s’en suit d’interminables discours au micro réglé à fond, du prêtre puis du maître de cérémonie. Ce dernier harangue les assistants d’une voix forte et aiguë, faisant des descentes chromatiques comparables aux sirènes de voitures de police américaine et donnant la chair de poule…

" Portraits " 

À la fin des discours, la placette se vide et tous les enfants de mettent à courir : en contre-bas, c’est le sacrifice d’un buffle. J’arrive juste après le geste : le sang coule encore du cou de l’animal couché sur le flanc et qui pousse ses derniers soupirs. Une équipe de dépeceurs, armés de grands couteaux traditionnels, s’enquièrent de découper la bête encore chaude, pataugeant dans le sang, en commençant par la « déshabiller ». La peau sera vendue pour faire des chaussures et des ceintures... Bientôt de grosses pièces sont détachées de la carcasse et des hommes s’en emparent pour les emporter vers les cuisines (pour le repas des convives de ce soir). L’odeur moite, âpre, passablement écœurante qui se dégage, et l’attaque des viscères et le décollement de la tête à coup de machette, me font dire que je ne dois pas rester devant ce spectacle plus longtemps …

" Le coup de grâce "   "  Dépeçage "

Je retrouve Nicolas et je décide de rentrer à Rantepao. C’est du reste la fin de la cérémonie et les gens s’en vont eux aussi reprendre leur véhicule.

A l’hotel, je règle mes dettes auprès de Nicolas. Je me mets aussi d’accord avec lui pour garder le « motor » encore les deux prochains jours à raison de 100 000 IDR (7 €) par jour.

Ce soir, je dîne au Mango, resto moderne, ce qui me change des gargotes habituelles. Au menu : poulet au saté servi avec des frites (sinon, c’est du riz…).

Je profite de l’attente des plats (une heure…) pour faire la rédaction de cette page.

11

15/01/2015

Ce matin, au petit dej, je suis le seul client de l’hôtel…

J’enfourche mon « motor » ; il y a du monde sur la route principale et surtout beaucoup de camions en fin de course qui laissent échapper des nuages noirs de leur pot.

Visite du site funéraire de Lemo (20 000 IDR).

Une falaise, taillée dans un genre de basalte, héberge des caveaux funéraires sur plusieurs niveaux. Et le plus étonnant, ce sont les personnages, de taille humaine, alignés sur des balcons, qui vous accueillent, les bras tendus ; ils vous regardent avidement, la pupille noire ressortant du blanc brillant des yeux... Ces personnages, une bonne quarantaine, qu’on appelle en toraja, les tau-tau, sont censés représenter la famille « royale » du bourg voisin. Ils sont régulièrement repeints et rhabillés de neuf.

" La cave de Lemo "    

Un petit sentier permet de découvrir une autre partie de la falaise, pleine de caveaux, mais son balcon n’accueille qu’un couple. Il y a quelques marchands de souvenirs proposant des bibelots et de petites sculptures imitant les tau-tau. Mais c’est encore tôt le matin pour harceler l’unique visiteur….

Arrêt chez un sculpteur sur bois : en plus des effigies de défunts et des têtes de buffles destinées aux façades des maisons, on y fabrique des cercueils aux formes traditionnelles. Le patron n’est pas là, mais un de ses employés prépare le travail en taillant des grosses pièces de bois à coup de tronçonneuse.

" A l'est de Rantepao "  " Fabrique de cercueils "

Makale est un gros bourg encastré dans des petites montagnes et il suffit de deux bus et d’un camion pour y bloquer la circulation.

Je prends une route un peu au hasard pour quitter la route principale en sortant au sud de Makale. Elle grimpe dans la montagne, la pente est assez raide, et, plus j’avance moins il y a de route… Pourtant il y a des villages accrochés, des fermes, et des cultures. Mais beaucoup d’endroits sont laissés à la forêt. Je découvre un beau panorama du haut d’un promontoire qui sert de calvaire à une église (800 m de dénivelé). Je redescends par une autre vallée, plus cultivée. Quelques hameaux se dispersent dans les rizières en escalier. Il ne doit pas y avoir beaucoup de touristes par ici, car je fais fuir les enfants qui rentrent de l’école…

" Dans les montagnes au sud de Makale "  " Makale " 

Retour à Makale puis reprise de la route principale vers Rantepao.

Visite du site funéraire de Londa (20 000 IDR).

L’originalité de ce cimetière est l’alignement de cercueils perchés sous le plafond de la falaise, suffisamment incurvée pour éviter la pluie. Certains ont dégringolés, les poutres les soutenant ayant pourri. Des os jonchent au pied de la falaise… Là aussi, il y a un balcon et quelques personnages, assis cette fois, regardent l’horizon d’un air sévère. Ici, les sculptures sont de vrais portraits et le réalisme est plus fort. Cette mise en scène est récente car elle repose sur une dalle en béton… Des grottes plus ou moins accessibles recèlent d’autres cercueils et pas mal de crânes.

" La cave de Londa "   

Visite du site funéraire de Kete Kesu (20 000 IDR). Ce n’est pas le plus impressionnant à mon gout, à moins que je me lasse de ce thème. Là aussi des cercueils sont à l’abri dans une voûte de la falaise, et là aussi le bois est en train de pourrir… Pour prévenir ces inconvénients et pour assurer une meilleure postérité, les récents défunts ont ruiné leurs héritiers dans des monumentaux caveaux en béton ! Je ne vois pas en quoi ce site est, plus qu’un autre, inscrit au patrimoine de l’humanité. Il n’y a même pas de balcon, seulement quelques personnages à l’abandon enfermés derrière une grille.

" Pousses de bambou "

Je termine la motorando par un détour dans la campagne à l’est de Rantepao. La route est très défoncée mais traverse de beaux paysages.

Retour un peu fatigué (84km…), le temps étant très lourd ce soir.

De ces visites d’aujourd’hui, je conclus de mes trois jours de visites précédents, que Nicolas, mon « guide », a évité de m’emmener dans les sites fréquentés par les cars de touristes : il y a là une inévitable caisse aux entrées et il aurait dû y prendre des tickets. Or, dans les sites qu’il m’a programmés, très intéressants sans nul doute, mais éloignés et compliqués d’accès pour les cars, aucun n’avait pas de caisse ou de personnel pour encaisser de sous. Dans le marchandage de départ, il m’avait assuré qu’il prenait en charge les « entrance fees ». Quant au repas de midi, ce sont les organisateurs des funérailles qui ont régalé ! …

Je dîne ce soir au Ayam Penyet Toraja restoran, au rez de chaussée d’une église, ce qui est une première pour moi !

Pour voir cette rando-moto sur la carte :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8662492

12

16/01/2015

Au petit dej., je règle la note de mon séjour à l’hotel.

Je prends mes repères pour demain : je compte aller à Sengkang, sur la route vers Makassar. Je fais les compagnies de bus du centre-ville, mais aucune ne dessert cette ville. On me dit d’aller à la gare routière de Bolu (à 2 km plus au nord), d’y prendre un bus pour Palopo et de là, rallier Sengkang.

Je prends le scooter et me rends à la gare routière de Bolu où je ne vois pas de bus mais des voitures qui attendent le client pour plusieurs destinations. Bizarre. On verra demain.

Je prends de l’essence à la station-service et pars faire le tour que j’avais prévu : les montagnes au nord de Rantepao.

La route (en bon état) commence grimper après Pangli. Devant une église au bord de la route, un petit attroupement : c’est un mariage. Je reste un peu pour en voir le déroulement. La mariée est très maquillée ainsi que les jeunes filles d’honneur qui l’accompagnent. Je m’en vais discrètement au moment du prêche.

" Les mariés "   "  Dans l'église "

Entre Deli et Lempo il y a un beau panorama sur les « mille terrasses », qui s’échelonnent en contre-bas au nord de la route. Après Lempo, la route passe au pied de la montagne Gunung Sesean, un immense promontoire de basalte. On surplombe la vallée de Rantepao. Les terrasses de rizières succèdent aux plantations de caféier.

" Caféier "  " L'arbre qui sert à faire les piliers des maisons "

À Batutumanga, où l’air est bien plus frais, il y a plusieurs belles guesthouses avec une large vue sur la vallée. La route se poursuit vers Lekkomala dans une forêt encombrée de grosses boules de basalte qui ont dégringolé de la montagne. Les habitants du coin ont transformé cet endroit en cimetière en y creusant des centaines de caveaux ! Cette activité est toujours actuelle : au fond d’un caveau deux ouvriers s’enfoncent au fond d’une boule à l’aide uniquement d’un marteau et d’un burin !

"Ici, on creuse 1 et 2"   "Ici, on fabrique les menhirs"   "Ici, on pose les menhirs"
" Beau caveau personnalisé "   "   La falaise de Pana  "

Petit retour en arrière pour bifurquer vers Pana, où la route se dégrade. A Pana, je visite une falaise pleine de caveaux coincée dans un chaos de boules gigantesques, le tout envahi par une végétation débridée.

" Caveau taureau " 

Arrivé non sans peine, vu l’état de la route, à Tikala en bas dans la vallée, je reprends une autre route de montagne (Sereale et Sikuku) d’où il y a de beaux points de vue sur les rizières.

Retour dans la vallée que je revisite vers le nord (j’y suis déjà passé les jours précédents, mais cet endroit me plait bien).

Du côté de Bori, dans un hameau, il y a une fête avec plein d’enfants. Je reste quelques temps. Les deux cents enfants, affublés de chapeaux pointus sont assis sagement sous les sept greniers à riz. Une petite tribune garnie de ballons « happy birthday » est aménagée sur la placette : il y a un « spectacle » à l’occasion de l’anniversaire d’un bébé du hameau. Comme .je rôde dans le hameau, la grand-mère aïeule me fait offrir du café, avec le plaisir et l’honneur d’être assis à côté d’elle, sur le petit balcon de sa maison faisant face aux greniers

« Happy birthday » 

On a du mal à régler la sono. Une meneuse de jeu tente des échanges avec les enfants et elle a du mal à les faire réagir. Il y a quelques chants, repris timidement par les enfants, puis un genre de prêche qui se termine par un « alléluia amen ». Enfin il y a une distribution de cadeaux à certains enfants présents, mais je ne sais pas sur quels critères, car il y a beaucoup moins de cadeaux que d’enfants…

Je m’en vais discrètement, avant la distribution du gouter dont j’ai aperçu quelques préparatifs dans une chambre…

Dernier lieu surprise : à un kilomètre avant d’arriver à la bifurcation de Bolu, les courants rapides de la rivière Sa’dan creusent dans une formation épaisse de grès de petits canyons étonnants.

" Les rapides de Sa'dan " 

Retour à Rantepao, première bière fraîche et repos bien mérité. Puis même resto qu’hier pour y manger une cuisse de canard frite.

Pour voir cette rando-moto sur la carte :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8667275

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17/01/2015

Je quitte l’hotel vers 7h30, arrête un bémo pour le terminal de Bolu (5000 IDR) à deux kilomètres. Le chauffeur, sympa, m’aide à trouver dans cette gare - où il n’y a aucun bus, mais plein de voitures sans indication de destination, attendant, le hayon levé - le véhicule qui va à Palopo. Il s’agit d’une Kijang, grosse voiture familiale robuste, disposant officiellement de huit places. Rien n’indique sur cette voiture qu’elle va à Palopo. Finalement on sera onze, dont un bébé et le chauffeur.

Quand j’arrive, je suis le troisième passager (45 000 IDR), et je comprends bien qu’il faut attendre que la voiture soit pleine pour partir. J’ai donc largement le temps d’observer les alentours de cette gare routière poussiéreuse qui jouxte un grand marché. Il y a pas mal d’agitation et le soleil commence vriller (je dois protéger mon nez qui est rouge comme une pomme de terre nouvelle Roseval…).

" Mon Kijang "  "  Vue du col "

Au bout d’une heure trois quart d’attente, on part enfin. On est bien calés les uns contre les autres. On quitte la vallée de Rantepao et les zones cultivées, pour atteindre doucement un col noyé dans la forêt tropicale. Il y a du brouillard par endroits. Arrêt au bout d’une heure dans un warung où le chauffeur et ceux qui le veulent font un arrêt café/pipi. De cet endroit, on a une belle vue sur ce versant de la montagne qui est beaucoup plus abrupt, sauvage et sans aucune culture.

Arrivée à Palopo sous une petite pluie. Le chauffeur dépose chacun devant chez lui ! Et à la gare routière (même principe qu’à Rantepao), il m’amène directement à la voiture qui va à Sengkang ! La voiture part à midi. J’ai donc une demi-heure pour faire le tour du quartier. Le soleil est revenu et je suis en nage. Palopo est censé être au bord de la mer. Mais on la voyait mieux depuis les virages de la route de montagne, qu’ici. Même l’odeur du large n’y est pas.

" Gare routière de Palopo  "   " Cimetière de Palopo "

On quitte Palopo par une route qui descend vers le sud. Peu après la sortie de la ville, elle longe la mer par une belle corniche occupée par de nombreux warung où des gens sirotent des boissons fraiches en admirant le paysage. Ensuite, on ne verra plus la mer, sauf à Siwa où l’on fait un détour pour déposer quelqu’un qui va prendre un ferry pour je ne sais quelle destination. Je remarque que la mer est d’huile. Pourvu que ça dure !

Cette partie de Sulawesi est beaucoup moins en relief que dans le pays Toraja et traverse surtout une campagne cultivée. Les habitations sont pour la plupart des bâtisses en bois, et dans cette région, il n’y a plus d’églises, et ce sont les mosquées dont les minarets dépassent les maisons. La route est souvent droite et bien faite, et le trajet n’aurait pas dû prendre beaucoup de temps si le chauffeur n’avait pour unique souci que celui de remplir sa voiture : au départ, je suis le seul passager, et il s’arrête à chaque personne qui attend au bord de la route. Il parviendra tout de même à intéresser quelques personnes…

Arrivée à Sengkang vers 16h. Le chauffeur m’amène au pied de l’hotel Pondok Eka. C’est un hotel tout refait à neuf (encore en travaux) et les prix sont neufs aussi…Rien à voir avec les prix annoncés par mon vieux guide du routard 2006 ! Malgré la remise de 50% que me fait immédiatement la réceptionniste, je vais voir à l’hotel Alsalem 2, tout proche. C’est un hotel vieillot, aux peintures défraîchies mais dont les chambres de base sont à 125 000 IDR (8€).

Je fais un tour aux alentours. On ne voit pas le lac Tempe qui est dans le secteur, pourtant le centre-ville est sur une hauteur. En contre-bas, au bord de la rivière, toutes les maisons sont sur pilotis. L’eau doit monter souvent ici ! Les gens font leurs petites affaires domestiques sur la terrasse de leur maison, sont étonnés de me voir passer là et souvent me font des grands signes et des « hello, Mister » (dont une qui est en train de se laver les dents !!).

" Sortie de collège "  "  Maison à Sengkang "   "  L'heure du bain "  " C'est la fête ! " 
 " Fringues en soldes "  " Je le bichonne, mon coq ! "

Dans un grand parc, il y a un immense déballage de fringues et les gens se bousculent pour fouiller dans des tas de jeans et de chemisettes.

La nuit tombe et les mosquées réveillent les assoupis. Je remarque que pour cette prière du soir, il n’y a pas grand-monde dans les mosquées.

Je cherche longtemps un endroit pour dîner et ne trouve qu’un obscur warung pour y manger un poulet frit avec du riz.

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18/01/2015

Le petit dej est un peu désorganisé ; la patronne, l’aïeule de la maison, s’en mêle, et arrivent enfin les « roti » (pain de mie), le beurre (un ersatz à base d’huile de palme), et la confiture.

En ville, peu d'animation sous un soleil déjà entreprenant.

" Au fond, le lac Tempe "  " Belle pêche "  " L'attente des mototaxis "

La journée se poursuit par un tour dans les villages au nord de la ville. Ces villages sont inondables lors de la montée des eaux du lac Tempe et de la rivière qui s’y déverse. Les maisons sont sur pilotis, et comme le sol est de la boue séchée, les pilotis reposent sur des pierres ou des cubes de béton. Les « rues » aussi sont en béton, praticables uniquement par les motos.

" Passerelle pour aller au village sur pilotis " " Village sur pilotis x 2 "  " Le dragon veille sur la maison "

Ce lac, à géométrie variable selon l’importance des pluies, fertilise les rives lorsqu’il est haut, et permet la culture du riz et du maïs lorsqu’il est bas, ce qui est le cas aujourd’hui. Les rives de ce lac sont indécises. Aussi les habitants disposent, rangés sous le premier plancher, d’une longue barque effilée et d’un scooter!

Les gens font leur toilette en plein air, derrière une rangée de bambous, à grandes louches d’eau ! À noter que la municipalité a construit des WC collectifs en dur au milieu du village…

" Chantier naval " " Deux amis " 

En me promenant entre les maisons (rares sont les touristes qui viennent dans le coin), je suis interpellé par les gens, enfants comme adultes, par des « Hello, Mister » et un large sourire. Les gens me font venir sous leur maison où ils bricolent au frais (façon de parler). C’est ainsi chez le menuisier, le réparateur de moto, les dames qui étendent leur linge, etc. Curieux, ils demandent d’où je viens. Ils me complimentent quand je leur dis que je suis « Prancis ».

Dans une maison, des jeunes filles bricolent des préparatifs d’une fête religieuse ; la plus âgée d’entre elles suit des cours d’anglais à l’université, et, le soir, elle fait l’école avec les autres filles pour qu’elles apprennent l’anglais à leur tour. Un peu plus loin, on m’invite à faire une partie de billard…

" Il faut goûter mes pâtisseries " " Maison en construction "  " Maison-radeau " 

On ne voit jamais le lac, il est trop loin. Il y a quelques maisons flottantes arrimées au bord de la rivière. Et les gens se débarbouillent avec l’eau de la rivière.

Je continue ma visite des villages qui bordent la route qui va vers Pare Pare. Leurs habitantes sont réputées pour le travail de la soie qu’elles exercent sur d’antiques métiers à tisser. Quand on arrive dans le village, ce sont les clic-clac incessants de la propulsion des navettes qui retentissent. Apparemment il n’y a pas d’âge pour y travailler : les jeunes comme les grand-mères… Les dessins de la toile se forment au fur et à mesure que l’on passe la navette car son fil a été teint de différentes couleurs, sur des longueurs calculées. C’est la technique de l’ikat.

" Village de la soie "  

Bien sûr, on m’invite à visiter, et même, à m’exercer (mais je ne me lance pas dans une telle opération !) Tout est fait avec un large sourire, et il n’y a rien à vendre !

À un coin de rue, des hommes mangent pour le repas de midi. C’est un genre de réunion entres hommes dont personne n’a pu m’expliquer la raison. Toujours est-il qu’ils m’invitent à manger avec eux, me mettant l’assiette dans les mains. Je dois la remplir avec des mets disposés dans des chauffe-plats ; légumes en salade, légumes bouillis en sauce, poulet, mouton, riz. On me donne aussi de l’eau (sous forme de verre encapsulé).

Mon arrivée fait bien causer dans les rangs de mes hôtes, surtout après l’habituelle question : « come from ?? ». Et alors que la conversation, à laquelle je ne comprends rien, s’anime, j’entends tout de même plusieurs fois « Charlie-hebdo » ! Alors je reprends en questionnant « Charlie-hebdo » ? Et le seul qui connaît quelques mots d’anglais, me montre mon voisin de 80 ans, en disant « he is Charlie-hebdo » : celui-ci est tout sourire et me serre la main…

" Le grand-père Charlie-hebdo " 

Il fait une chaleur de plomb, et je sue à grosses gouttes. Je les quitte pour ne pas faire crampon, mais là, je souffre du soleil.

Alors que je quitte le village de la soie et que je remonte une rue aux maisons clairsemées, construites en dur (dont des marchands de textiles), voilà que je tombe sur une fête : de loin de la musique de karaoké tonitruante éveille mon attention. J’arrive bientôt devant un grand auvent très décoré, prolongé par une salle fabriquée avec des bâches, mais très décorée aussi à l’intérieur, l’auvent débordant sur la rue, la salle accolée à une maison. Beaucoup d’animation sur le pas de cette installation. Un homme en sort, et me propose de participer à la fête : c’est un mariage. Dans l’auvent se tient deux rangées de gens qui me serrent la main et ouvrent large le bras pour m’inciter à entrer. Dans la salle beaucoup de chaises où se tiennent les invités, qui, comme au spectacle, écoutent le chant approximatif d’un DJ chauffé à bloc. On me fait monter à l’étage, où, apparemment, les gens importants, assis en tailleur sur des tapis, se régalent de gateaux et de thé, que l’on m’invite à déguster.

Puis on me fait redescendre, et derrière les rangées d’invités et les installations du DJ, au fond de la salle (ce que je n’avais pas vu en arrivant) se tiennent debout, immobiles le couple de mariés et deux enfants, présentés comme dans une vitrine dans une sorte d’alcôve fabriquée avec un semblant de papier argent, et décorée au style « les fastes de l’orient mystérieux ». À ma grande surprise, le couple est assez âgé. Ils sont très maquillés et dans une tenue traditionnelle. Ils ne montrent aucune émotion et se font une règle de se tenir coi.

" Mariage bugines  "  

Je quitte les lieux avec les remerciements des hôtes qui font toujours la haie sous l’auvent.

Je poursuis ma route, puis bientôt à travers champs, je tente, par un raccourci, de rentrer vers la ville. Le coin est plutôt désert. Et le soleil est rude. Heureusement un type en scooter me propose de me ramener ! Arrivé à l’hotel, je mets ma tête cinq minutes chrono sous le jet de la douche (privée de pomme…), puis m’assoupis sous le ventilateur.

La petite sieste est réparatrice : je descends dans le salon de l’hotel, et commence rédiger le blog. Voilà qu’un gars, plus âgé que moi, m’entreprend avec les questions habituelles (je suis obligé de le faire répéter car son anglais est parasité par son manque de dents, ce qui est embêtant pour les th…). Il me demande ce que je fais à Sengkang et je lui dis que j’ai visité le village de la soie. Il me répond : « ça c’est du classique ! mais si vous n’avez pas vu les Bissu, vous n’avez rien vu ! ». Je suis assez interloqué par sa répartie inattendue. Et il me dit aussi sec : « allez, suivez-moi, on va voir les Bissu ! ». Le temps de remballer mes affaires dans la chambre, je le retrouve sur le parking, devant l’hotel avec deux autres gars.

On monte dans une voiture (luxueuse pour le coin) et nous voilà partis à une vingtaine de kilomètres de là ! Je ne comprends rien de ce qu’il m’explique dans la voiture, sauf qu’il est journaliste dans la vie (il sort son mobile et me montre des photos de lui à Paris, à Berlin, à Rome, etc ), et que l’on va voir, dans leur palais, des gens très spéciaux et qui sont très importants dans le déroulement des fêtes traditionnelles.

En réalité, le palais reste une maison traditionnelle sur pilotis mais agréablement décorée ; et en fait de Bissu, il s’agit d’une communauté d’homosexuels à qui on accorde ici un statut privilégié d’intercesseurs d’avec les dieux ! Les jours de fêtes, ils arborent des tenues brillantes et colorées et dansent avec des lances de paille tressée.

Notre journaliste est venu là pour interviewer le roi de Bissu, un homme affable et doux. Je ne comprends rien à ce qu’ils se racontent. Les deux colocataires de ce « roi » sont par contre très efféminés. L’interview dure une heure, et je m’ennuie un peu. Quelle idée de m’avoir emmené là.

Mais notre homme a décidé que l’aventure ne se terminerait pas là. Il m’emmène voir un mariage traditionnel – les habitants de cette région sont les Bugines et leur pays s’appelle le Wajo. Tout d’abord, on va visiter des potes à lui, une famille d’enseignants mais qui ne parlent pas anglais – thé, gateaux… Puis on va sur les lieux de la fête. Même scenario à ce deuxième mariage, avec cependant cette scène en plus : il faut faire honneur aux plats qui sont préparés pour les invités (et là, j’assume complètement mon côté pique-assiette).

" Les mariés sont fatigués "  " Les témoins sont fatigués "  

On rentre à l’hotel à 9h. En se quittant, il me propose pour demain, d’aller voir des chauves-souris dans la région. Va pour les chauves-souris !

Demain, j’en dirai plus sur les Bissu avec les photos de la soirée.

Pour voir cette promenade sur la carte :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8692603

15

19/01/2015

Notre rendez-vous avec Mr A.M A (73 ans), journaliste, documentariste, et réalisateur à l’occasion, était à 10h ce matin. Mais (et je m’y attendais un peu), il fallait comprendre que c’est à cette heure-là qu’il se réveillerait !!

Je mets à profit ce décalage horaire pour faire un peu d’ordre dans mes affaires et m’informer sur les aspects flous des visites de la veille.

Pour commencer, complétons cette histoire de Bissu. Une visite sur internet est l’occasion pour moi d’élargir ma connaissance sur la théorie du genre, sujet bien polémique en France... Dans cette région d’Indonésie, il faut compter cinq genres : le féminin, le masculin, l’androgyne, l’hermaphrodite, et enfin le transcendant. C’est sous cette dernière qualité que se rangent les Bissu, car ici, ils sont considérés comme sans sexe, donc transcendant la nature de l’être humain, et en conséquence, hissés au statut d’entremetteurs communicant avec les divinités. L’équivalent de nos anges ? Quoi que ces derniers, dans leurs représentations que l’art occidental en fait, disposent d’un petit pénis et … d’ailes !

Ces personnes sont apparemment très importantes dans la représentation de l’ordre cosmique des Bugines (ou Bugis, les habitants de cette région), qui les considèrent comme leurs « supérieurs hiérarchiques ». Et les Bissu interviennent, par des danses, des poèmes, des chants lors de célébrations spéciales très colorées et animées, et qui sont des réminiscences de l’époque animiste. Concrètement, ce statut protège cette communauté dans l’univers musulman. Du reste, ils sont musulmans. Mais dans d’autres régions du monde musulman, ils seraient pourchassés et châtiés.

Pour compléter votre connaissance sur le sujet, voir le lien suivant : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bissu .

" Interview du chef des Bissu " 

Par ailleurs, Mr A.M A m’a parlé d’un ami à lui, M Christian Pelras, un ethnologue français qui a vécu cinq ans en Indonésie. Ils ont partagé de nombreuses expériences ensemble parmi les diverses ethnies, et il est en admiration devant cet homme que je découvre. Apparemment, ce scientifique est mort cette année, mais mon « guide » ne semble pas être au courant. Je n’ose pas le lui dire : il est diabétique et fume cigarette sur cigarette… Pour en savoir plus cet homme, voir le lien suivant : http://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Pelras

°°°

Enfin, mes compagnons de route, Mr A.M A et son chauffeur, producteur de films documentaires et pourvoyeur en cigarettes, sortent de leur chambre à 10 h, mangent tranquillement leur petit déjeuner et m’invitent à leur table pour bavarder et projeter la suite de la journée. Déjà, une chose de sûre, ils me ramènent à Makassar en voiture … mais quand ?

" Maison traditionnelle " " On est attendu à la sortie "

On part vers midi en commençant par une halte là où a habité son copain ethnologue. Puis on va, à une dizaine de kilomètres au sud-est de Sengkang visiter la reconstitution du palais royal du roi du pays Wajo (Wajo = territoire occupé par les Bugis). C’est une construction imposante, entièrement en bois dur, soutenu par une centaine de piliers. À l’intérieur, il n’y a qu’une seule vaste salle (1500 m² ?), bien aérée et au plafond haut.

On imagine bien le roi sur une estrade, avec la cour et la multitude des serviteurs rampant à ses pieds… (cf le Palais des miroirs, d’ Amitav Ghosh. )

" Le palais du roi Wajo "  

Ensuite on va manger dans un warung spécialisé dans la cuisine du poisson du lac. On me sert un bol rempli d’un frichti composé de poisson cru haché, quelques légumes et une délicieuse sauce au coco.

On reprend la route ; on s’arrête au bout de trente kilomètres pour aller visiter la famille de la femme de son fils. Là, j’avoue que j’ai rongé mon frein… ça a duré une heure, ils rigolaient tous et je ne comprenais rien, le Sprite était tiède et il faisait chaud !

Après, on va voir les chauves-souris dans la ville voisine de Soppeng. Des centaines de ces bêtes vivent dans quelques arbres seulement, et se tenant serrées les unes contre les autres s’accrochant aux branches par les pattes arrière. Elles poussent des cris perçants, comme des aboiements de chiots. Sous les arbres, ça sent la caverne fétide. Les chauves-souris sont grosses comme des poules, et lorsqu’elles se bousculent et que leurs ailes se déploient, l’envergure est bien d’un mètre ! Je suppose qu’elles doivent s’envoler le soir pour trouver de la nourriture. Ça doit être impressionnant.

" Les chauves-souris de Soppeng "  

On revient sur Sengkang et on s’arrête cinq minutes dans un warung qui sert du tuak manis, l’alcool de palme local qu’ils font ici sucré. Ce n’est pas une boisson bien forte, la bière fait plus d’effets !

Mr A.M A a un rendez-vous avec le responsable de l’administration du tourisme du pays Wajo. Comme les discussions en Wajo de ce rendez-vous d’affaire ne m’intéressent pas, on se met d’accord : on me dépose à l’hotel, tandis que de son côté, ils vont à leur rendez-vous. Il est prévu qu’on parte pour Makassar vers 20 h ; mais ici, c’est l’heure et le rythme indonésien, et je commence à l’intégrer (difficilement).

J’attends donc mes deux compères à l’hotel, où j’utilise ce délai pour commencer rédiger le blog.

Vers 19 h, ils viennent me prendre à l’hotel, mais au lieu de partir direct pour Makassar, on va chez ce fameux fonctionnaire : il souhaite me rencontrer ! C’est à 10 minutes en voiture. De l’extérieur, la maison de ce monsieur fait « modeste pavillon de banlieue ». Mais, à l’intérieur, c’est tout le contraire : la foire à la décoration kitch style « palais du dernier empereur ottoman » ! Accumulation de fauteuils et divans rembourrés, multiplication de vaisselles et vases intouchables, dorures, argenterie, bimbeloterie, etc. Des photos de lui recevant des décorations sont accrochées au mur. Quelques photos où il se congratule avec des militaires. Une domestique nous sert des friandises et du moût de riz noir (macéré et alcoolisé). Et la discussion repart, après l’obligatoire photo à côté de cet homme.

" Intérieur d'un employé moyen "  " Intérieur d'un fonctionnaire sup " 

Vers 21h, je montre d’évidents signes d’impatience. On se sépare et, enfin, on prend la route pour Makassar.

Au bout de 20 kilomètres, le chauffeur est malade comme un chien et vomit au bord de la route. On me demande si je sais conduire. Je prends le volant. On téléphone à une relation du coin qui accepte de remplacer le chauffeur. Je conduis donc jusque chez cette personne qui habite heureusement sur le chemin, avec l’ex-chauffeur, gémissant, lequel s’est allongé sur les bagages, et A.M A qui n’arrête pas de crier et de bondir sur son siège. Il a très peur ! Pourtant je pense que je m’en sors pas mal avec une voiture que je ne connais pas, avec la conduite à droite pour rouler à gauche, les vitesses à passer avec la main gauche, la nuit bien noire, la route défoncée par endroit, sans bandes blanches, et surtout une importante circulation : je suis obligé de faire taire A.M A qui crie lorsque je double un camion. Et je ne roule pas plus de 60 Km/h !...

On arrive chez le chauffeur de remplacement, un jeune qui prend fermement les affaires en main (j’aurai bien continué encore un peu…).

Orages, grandes flaques d’eau, files de camion…

On arrive à Makassar à 3h du matin : on me dépose au Legend hotel. Je prends la chambre (150 000 IDR) qu’on me donne, et m’écroule sur le lit.

Rude journée…

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20/01/2015

Le Legend hotel se tient juste après le Yasmin hotel et le classieux New Legend hotel. La chambre 15 m² est simple et relativement propre, mériterait une remise à neuf, ce qui est en train de se faire pour les chambres du rez-de-chaussée.

Après une nuit agitée, je me réveille définitivement à 9h30, ce qui fait, malgré les apparences, une nuit courte. Je monte vite fait en peignoir à l’endroit où l’on sert les petits dej., car ça ferme à 10h ! Les gens de l’hotel sont sympas, mais le petit dej. se résume à un café et un œuf au plat aplati entre deux pains à hamburger.

Douche et petites bricoles. Je dois aider la chasse d’eau à fonctionner en remplissant le réservoir avec la pomme de la douche… On n’est pas grand-chose sur terre …

Je quitte l’hotel vers 12h30, avec comme priorité : aller aux bureaux de la Pelni et leur demander si le bateau Umsini a du retard et à quelle heure je peux monter à bord. Je découvre les bureaux de la Pelni un peu au hasard dans le quartier aéré et aisé au sud du Mall : ils ne sont plus là comme indiqué sur mon GR 2006… mais au 26 jl Sawerigading, à l’angle de la Surdiman. Coup de bol ! C’est assez difficile de se faire comprendre dans ces bureaux, mais à force de patience de part et d’autre, on m’affirme que le bateau qui vient de Surabaya est dans les temps et que je peux monter à bord dès minuit (il doit partir à 3h du mat).

 " Losari beach "  " Un becak au repos "

Je prolonge ma promenade vers le front de mer. La plage de Makassar, la Losari beach, est un peu déprimante : c’est une plage de béton où le ressac des vaguelettes y accumule tout ce qui a une densité inférieure à zéro. Juste en face, depuis la terrasse du Kios Semarang, des gens m’interpellent (il faut savoir qu’en Indonésie, on ne peut pas faire un pas sans être interpellé, et pas seulement par les becak (pousse pousse) ou les ojek (taximoto)). Après étude du menu, je me laisse tenter par des crevettes en beignet, sauce aigre-douce (45 000) et une bière bien fraîche (la quatrième depuis que je suis en Indonésie), et monte à la terrasse. Trois joyeux compères partagent un copieux repas avec quatre bouteilles sur la table, et une dizaine en dessous… D’autres tablées ne restent pas déshydratées longtemps, les bouteilles sortant du presque-congélo arrivent déjà recouvertes de buée. On m’amène un beau plat de crevettes grosses comme le pouce.

" Quartier du port "  "  Bonne ambiance au Kios Semarang " 

Depuis la terrasse du Kios Semarang, la vue donne sur cette partie du bord de mer qui n’est pas occupée par les activités portuaires : une petite baie, une petite île, des bateaux qui attendent au large le droit d’accoster. Mer calme. La brise de mer et la « première gorgée de bière » font un effet souverain pour me débarrasser des toxines acquises la veille…

Le Fort Rotterdam, comme son nom l’indique, a été construit par les Hollandais, surtout pour défendre leur récente acquisition coloniale contre les Anglais et les Portugais. De ce fort, il reste le mur d’enceinte, dont chaque pierre est envahie de mousse. A la guérite de la porte d’entrée, il y a un gars en uniforme de police qui demande pour « statistic information » de signer un registre, et en profite pour me réclamer un droit d’entrée (je suppose aux seuls étrangers), alors que l’entrée du fort est gratuite, seuls les petits musées sont payants. Je pense « bras d’honneur », lui fais un grand sourire, et lui dis que je paierai aux musées à l’intérieur du fort. Il hausse les épaules, dépité.

À l’intérieur donc, des bâtiments plus récents que les remparts, et même une église, anciennement réservés à l’administration coloniale, sont actuellement transformés en musées ou en salles de conférences. Dans une salle des antiquités, sont exposées, entre autres des anciennes tuiles de toit fabriquées en Hollande. Des photos datant de l’époque de l’invention de cette technique montrent que le fort était implanté au milieu de nulle part…

Dans cet espace, à l’écart de la circulation bruyante, des profs font des cours à des étudiants assis en rond sur une pelouse, histoire de prendre l’air. Plus loin, des étudiants interpellent les rares touristes occidentaux pour « améliorer leur anglais », en enregistrant avec un mobile les réponses à des questions basiques (je me gratte encore la tête pour savoir quel est mon plat préféré). L’interrogatoire se termine par l’indispensable photo !

Sur une autre pelouse, des photographes prennent des clichés d’une beauté en tenue taillée dans un décor de théâtre ; celle-ci m’interpelle et demande qu’on soit photographiés ensemble !! Dès à présent, je vais feuilleter les revues de mode indonésiennes pour voir si j’ai été pris pour modèle…


" L'entrée du Fort Rotterdam "  "  Gravure de mode "

Je pousse jusqu’aux installations portuaires pour voir où se trouve le « terminal » des passagers. Celui des containers est bien indiqué, pareil pour celui des voitures neuves fraîchement débarquées, mais rien n’indique celui des passagers. Il faut dire que des gros travaux bouleversent l’entrée du port, et selon les photos du projet, ici ce sera bien plus beau que l’aéroport d’Atlanta !

" Expression libre... "  "  Le cimetière des anges déchus "

Des bâtiments vétustes « abritent » les passagers du prochain départ : il est 16h et le bateau part à 3h du mat, et il y a déjà plusieurs centaines de passagers qui occupent les trottoirs et les espaces ouverts (les « vraies » salles d’attente étant fermées). C’est un dortoir et une salle à manger commune ! Des gens dorment sur les affaires entassées dans des balles et autres paquets, les femmes gèrent tant bien que mal les mômes pour les faire manger puis les lâchent pour qu’ils courent partout.

" Mon bateau ! non, je rigole..." " On attend le prochain bateau "  

Je pressens que l’embarquement ne se fera pas dans le calme et la sérénité…

Les derniers moments de clarté, je les passe au marché aux textiles, un peu noyé dans la boue des pluies d’hier soir. C’est là qu’on peut voir, que sous les tenues voilées, il y a des coquineries que n’aurait pas reniées Shéhérazade… !

" Après la pluie, ... "  "  Dessous aérés "

Fin de la journée dans le Mall, un gros centre commercial en dur, où trois étages sont consacrés uniquement à la vente de mobile. Au dernier étage il y a un food court à la mode de Singapour. Ce Mall se prolonge en sous-sol de l’autre côté de l’avenue, sous le stade, par un supermarché Carrefour … où je fais quelques achats en prévision de ma « croisière ».

Retour à l’hotel pour y expédier ma messagerie et récupérer ma valise.

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21/01/2015

Hier soir, petit repas dans un endroit très agréable en face du Fort Rotterdam : le Kampoeng Pops. C’est un établissement qui fait food court à la mode de Singapour (une vingtaine de stands où l’on prépare des mets différents, des glaces, des boissons, etc). Chacun commande le plat qui lui convient au stand préféré, lequel lui donne un bon, on paye la commande à une caisse centrale, en échange de quoi on a un reçu qu’on donne au stand. Une plaque avec un numéro est donnée en échange, et on s’installe où l’on veut dans un vaste espace face à un petit port. Des dizaines de tables et chaises en osier, des terrasses sur pilotis au-dessus de l’eau. Ainsi à une même table, chacun peut manger des plats complètement différents. Le serveur du stand apporte le plat dès qu’il est prêt. Ici la bière coule à flot. Certaines tablées se servent la bière sous pression à une tireuse adaptée à une petite tour qui trône au milieu de la table. Cet endroit n’est pas pour autant un lieu de perdition : familles, amoureux, copains, etc. donnent à ce lieu une ambiance sereine. Et ce n’est pas cher ! 31 000 IDR (2 €) un copieux mie goreng cina, un plat de nouilles à la chinoise avec quelques crevettes et bouts de viande.

L’air est doux, et c’est amusant de voir évoluer à quelque distance les énormes engins transbordeurs déplaçant des containers à la lueur de puissants projecteurs. Un combat d’araignées métalliques géantes…

De retour à l’hotel vers 22h30, il faut bien tuer le temps avant de prendre le bateau. Il doit arriver à quai à 22 h et repartir à 3 h du matin. Le réceptionniste de l’hotel me conseille de ne pas y aller avant minuit car c’est la pagaille entre les passagers qui descendent et ceux qui montent et se précipitent pour se trouver la meilleure place sur le pont et dans les couloirs. Je papote avec un couple de jeunes iraniens, qu’on croirait sortis d’un campus américain, et en écoutant un peu de musique soufie, on partage nos expériences.

À minuit et demie, le réceptionniste m’amène (gracieusement) au port en motor, ma valise entre ses jambes et moi, accroché derrière.

Sur l’avenue qui longe le grand port à containers, je note une importante différence entre le jour et la nuit. Le jour, dans cette avenue aux bâtiments un peu déglingués, les nombreux bars sont fermés ; mais à cette heure tardive, les bars sont ouverts, musique à fond, et des dizaines de filles très légèrement vêtues de rouge chahutent sur le trottoir, des bocks de bière à la main. Il est vrai qu’il fait chaud…

Je ne me vois pas remonter cette avenue à pied traînant ma valise à roulettes !!

Les guichets du terminal-passagers sont ouverts, presque tous les gens allongés ont disparu, et restent les gens du contrôle. Ils sont une bonne vingtaine répartis entre les barrières et l’échelle du bateau. Mais un seul a un travail qui consiste à détacher une page de mon billet et à me tamponner la main gauche, comme si j’entrais en boîte de nuit ! Pas de contrôle des bagages !

L’Umsini est un vieux bateau. Par endroits, la coque est rouillée et on devine qu’il a bien roulé sa bosse. Bon, la mer est calme, et ce n’est pas par ici qu’on rencontrera des icebergs…

" Le KM Umsini " 

L’échelle qui permet d’accéder au pont 5 est un peu branlante et le filet qui est dessous ne me rassure pas. Des employés me dirigent vers le pont 6 réservé aux Kelas 1 et 2. Là, des employés hilares me confient la clé de la cabine 6029, située dans le premier quart avant du bateau. Au vu de la vingtaine de clés qui restent accrochées au tableau des premières classes, je dois être un des rares à loger sur ce pont ! Et de ce fait, je suis le seul occupant de ma cabine, prévue pour deux.

D’un premier abord, la cabine est spacieuse, 2,5 x 2,5 m, avec coin WC/douche, deux lits, des tablettes, une chaise, une thermos d’eau chaude et l’air conditionné modéré. Mais à y regarder de plus près, l’enthousiasme se modère vite : la moquette est défraichie, il manque des parties du mobilier (serrures des placards, plafonniers, lampes de lits), les prises électriques sont dégradées, et, dans le coin salle de bain, pas de lunette ni couvercle aux toilettes, le carrelage s’en va, pas de chasse d’eau. Et ce coin est le refuge d’une faune peu discrète. Heureusement j’ai ma bombe…

Pas de savon, pas de serviette, pas de PQ.

" Kelas 1 " 

Je prends mes aises, et avant de me coucher, je prépare une grosse lessive. La bassine prévue pour être remplie d’eau afin de chasser les toilettes, me sert à faire tremper mon linge.

Il est 1h30, Je m’endors comme une souche.

°°°

Vers 7h, on frappe à la porte, mais je me rendors. Réveil vers 9h. Je vais voir au restaurant réservé aux passagers du pont 6, mais il ne reste que du thé tiède. Et au vu des reliefs restant sur les tables, ce petit dej. est de style indonésien (riz et légumes en sauce). Je retourne à ma cabine et me prépare un café avec des pains au lait achetés la veille.

Douche, lessive. J’accroche mon linge sous la ventilation dont le cache a disparu, ce qui me rend bien service.

À 11h, on frappe à ma porte : c’est le déjeuner ! Le restaurant réservé aux passagers du pont 6 est un espace très grand et est aménagé comme une salle de fête avec guirlandes au plafond. Et ô surprise, sur la petite scène, se produisent une chanteuse (de l’âge du bateau) et un organiste ! Sur la piste de danse, deux tables rondes ont été dressées pour les kelas 1 et plus loin d’autres tables dressées pour les kelas 2. À part moi et cinq personnes de la kelas 2, la grande salle est vide. La chanteuse chante avec un enthousiasme modéré des chansons sirupeuses à deux temps, plutôt prévues pour une soirée dansante des années 50, que pour le repas d’un étranger de kelas1 qui se bat avec sa cuisse de poulet, ses épinards, et s’étrangle avec la sauce piquante.

" Repas kelas1 "  " La chanteuse a bien du mérite "

À l’issu de ce repas original, je visite les autres ponts, et bien sûr, plus on descend, plus l’expression « les bas-fonds » s’applique. Les kelas 2 partagent des cabines de quatre avec WC/douche. Les kelas 3 et 4 partagent des cabines de six ou huit sans WC/douche, les kelas ekonomi sont de vastes dortoirs disposant de couchettes avec matelas, et ceux qui n’ont pas pu obtenir de couchette se débrouillent comme ils peuvent pour s’allonger dans les couloirs, les escaliers et autres recoins. Le pont 3 est particulièrement laissé à l’abandon : détritus partout alors que le reste du bateau est mieux tenu. Il fait une chaleur épouvantable dans ces dortoirs, ça sent le rance et ça braille du côté des mômes. Et rien qu’à voir les portes des toilettes communes rongées par l’humidité, on peut imaginer l’état des installations.

" Kelas ekonomi "  

Des employés distribuent des repas en barquette aux passagers des kelas ekonomi. Mais on peut prendre son repas dans une cafeteria, et ainsi pouvoir être assis devant une table. Il y a des gens tenant petit commerce, qui se promènent d’un pont à l’autre et il y a aussi des petites boutiques (toko) bien achalandées.

" Kelas - je n'ai pas pu avoir de couchette  " " Une échoppe "

À l’arrière du pont 8, il y a une terrasse avec une échoppe où je demande un café.

Mais l’endroit le plus agréable pour moi reste les coursives, pourtant peu appréciées par les gens que le vent frais doit gêner. Le bateau évolue dans une mer au bleu profond, à la ligne d’horizon bien tracée. Au loin, on distingue quelques îles entourées de nuages d’orage.

Du côté des barques de secours, au pont 7, ça m’a l’air bien rouillé et les radeaux gonflables datent de 1996. Sur la paroi face aux barques, il y a affiché un mode d’emploi rédigé en anglais et en danois…

A la sono du bateau, à 12h16 retentit l’appel à la prière… Personne ne se déplace vers l’espace mosquée qui se tient à l’arrière du bateau, pont 7. La plupart des gens sont avachis sur les matelas, subissant la chaleur et la longueur du temps avec fatalité. Dans un coin, des jeunes ont apporté une guitare, dans un autre, on joue aux cartes, et ailleurs, quelques personnes regardent un film sur un ordi. Quelques télévisions accrochent l’attention de rares éveillés. Pas de connexion wifi ou mobile sur ce bateau.

" Pont 8 "  " Chercher l'inspiration... "

Le bateau trace sa route, à 35 km/h, sans changer de cap sur une mer calme. Pas de tangage, pas de mal de mer.

Pourquoi avoir choisi le bateau plutôt que l’avion pour rallier Sulawesi à Flores ? J’ai eu beau chercher sur internet, mais je n’ai trouvé aucun vol direct. La seule solution était de changer d’avion lors d’une escale à Bali. Ce qui, du point de vue temps, revenait à peu près au même, mais qui budgétairement même en kelas 1 sur ce bateau, était quatre fois ou cinq fois plus cher. Et puis il y a les charmes de la croisière…

Après une petite sieste, je fais une sortie pour une virée sur les différents ponts du bateau où parfois on me regarde comme un extraterrestre. Des hommes tentent d’entrer en conversation, mais les propos s’en tiennent aux questions de base : where you come from, where you going, what is your name, et une fois : do you visit Flores for business ?

À 17 h, c’est le repas du soir : poisson, poulet, légumes sauce coco, riz et une part de papaye. La scène est fermée. Je suis toujours seul dans cette grande salle. Retour en cabine. Mon linge est sec.

À 18h24, c’est le coucher de soleil au son de la prière du soir. Le soleil se cache derrière un gros nuage d’orage qui s’élève au-dessus des montagnes de Flores que l’on distingue à l’horizon. Et en quelques minutes, se succèdent d’innombrables nuances de couleurs orangées, rouges et violettes. Puis c’est la nuit noire.

" 18h26 - l'heure de la prière "  

Je prépare le blog et révise mon débarquement à Flores, nettoie le disque dur de mon ordi (il est presque plein…).

Je suis surpris lorsqu’à 22 h 20, un coup de trompe du bateau annonce l’arrivée au port de Maumere. Je range mes affaires en vitesse.

Mais ce n’était pas très utile : le bateau met une demi-heure pour faire les vingt derniers mètres d’approche, et un fois placée l’échelle, et passée la prise d’assaut par la horde des porteurs en tenue orange qui monte à l’assaut du navire, il faudra que j’attende encore une demi-heure avant d’atteindre la terre ferme tellement c’est la cohue pour descendre !

Un gars au fort profil papou (prof d’anglais) rencontré sur le bateau m’aide à trouver la sortie du port, encombrée de containers et d’une file impressionnante de gens à scooter. Il me sélectionne un ojek qui pour 10 000 IDR me conduit à l’hotel Gardena.

C’est un petit hotel dans un quartier calme. Le proprio tape la belotte avec des potes lorsque j’arrive. Il me propose une chambre (WC/douche + petit dej) pour 100 000 IDR. Il parle quelques mots en français. Malheureusement, il n’y a pas la wifi, et je dois aller à minuit dans un cybercafé pour envoyer ma prose.

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22/01/2015

La réception et le salon de l’hotel Gardena sont des espaces agréables, clairs, à l’architecture aérienne, au mobilier moderne et solide et une déco discrète et dans le ton. Dommage que les chambres soient laissées un peu à l’abandon. C’est propre mais la peinture cloque aux murs, la serpillère ne va pas dans les coins, et les installations de la salle de bains s’encalminent par laisser aller. Mais pour 7€, on ne va pas faire la fine bouche.

Debout à 7h30 à cause du soleil et des poulets qui caquettent… Les gens de l’hotel se réveillent après moi. Et j’ai un petit dej. succinct vers 8h30. Le scooter que j’avais réservé la veille (100 000 IDR) arrive vers 9h.

Ma première virée a pour destination le hameau de Nita, dans les hauteurs, sur la route d’Ende (la capitale de l’ile de Flores).

Dans le hameau de Ledalero, il y a un petit musée attenant aux installations d’une grande école catholique. On y trouve dans des vitrines recouvertes de poussière, des objets de toutes sortes, tel un cabinet de curiosités, amassés par des prêtres qui apparemment, s’intéressaient aux réalités d’avant la Genèse. Quelques crânes et outils préhistoriques, des fossiles, plein de roches pour un peu de géologie, des objets rituels utilisés par les ethnies locales et des ikats (en coton ? ) et quelques livres en hollandais.

La région tranche complètement de ce que j’ai pu ressentir à Sulawesi. Sur cette dernière île, il y a des ethnies pro chrétiennes (les Toraja, par exemple) et pro musulmanes (les Bugines, par exemple). Et il y a régulièrement des affrontements.

Dans ce coin de Florès, l’emprise des missions catholiques semble absolue : il y a des églises et des écoles missionnaires tous les kilomètres, il y a des monastères et des couvents, avec frères et sœurs en tenue… Ces missions ont pour rôle social affirmé la direction d’écoles, de collèges et de centres sanitaires.

" Le musée de Ladalero " " La pierre ponce sous le basalte "  

La route traverse par des coupes franches les reliefs créés par le volcan voisin : on peut y voir facilement les productions successives de ce volcan qui a émis tantôt des nuées de pierres ponces légères et poussiéreuses, tantôt des coulées de lave bien compacte et dégazée. Mais la végétation reprend vite le dessus et, ici elle créée un paysage superbe. Quelques plantations de cocotiers agrémentent le paysage.

" Transport local "  " Végétation généreuse "  

À Nita, c’est jour de marché, et le village connaît une grande animation. Surtout du côté des coqs que l’on s’échange après les avoir testés dans un court combat.

" Marché à Nita "  " Ikats à vendre "  " Tabac en vrac "  " Baston chez les coqs " 

Je quitte la route d’Ende pour descendre vers la côte sud (Maumere est sur la côte nord, et à cet endroit, l’île de Flores est très étroite). On peut dire que je circule entre deux grands domaines maritimes : le Pacifique au nord, l’Indien au sud.

Les villages s’égrènent le long de la route et il y a de très belles maisons dont les murs sont décorés de motifs géométriques à l’aide de bambous tressés. Arrêt pour acheter des mangues et des bananes proposées dans des étals sur le côté de la route.

" Les maison de bambou "  

L’arrivée sur la côte sud est saisissante : contraste entre la verdure luxuriante et le bleu violet de la mer, baie encadrée de volcans aux sommets embrumés. Je pousse jusqu’à Sikka, petit village charmant, humble, aux maisons modestes « pieds dans l’eau ». On me fait visiter une église à la charpente magnifique. Ici les tombes des cimetières sont carrelées avec des portraits de saints (héritage des Portugais). Une dame tient absolument à me faire manger chez elle. Je consens à ne lui prendre qu’un soda frais. Elle me fait visiter l’ancien « palais » du roi, une belle maison sur pilotis au bord de la mer, mais à l’abandon. Sikka a une position magnifique dans cette baie au sable noir. Malheureusement, il n’y a aucune installation pour se baigner (bien que ça doit être possible) mais, prudence, il y a peut-être des courants…

" La côte de l'Océan indien en arrivant sur Sikka " 
Sikka -  " Le palais du roi"  " Le cimetière"  
"  L'église de Sikka  "  "  Fier comme mon coq "

Retour par des chemins détournés sur Maumere. En chemin, j’essuie une subite et grosse averse et je suis complètement trempé ! Je m’arrête sous un arbre dix minutes, le temps que ça passe. Puis, le temps de descendre sur Maumere, je suis déjà sec ! Ici, il n’a pas plu !

Je fais un petit tour de cette ville très étalée et plein de sens interdits (que les gens respectent). Là aussi, il y a contraste avec Sulawesi : pas de chaînes de magasins « self-service » ou de « fast food », pas non plus de restaurants classiques. Il y a une queue incroyable de scooters aux pompes à essence.

Je prends la direction de Larantuka vers l’est. Et je m’arrête à une quinzaine de kilomètres au Sao resort, un petit village de bungalows. Je leur demande de pouvoir me baigner sur la plage, de me rincer sous une douche et de prendre un café.

J’ai pensé à prendre mon maillot de bain et pique une tête dans l’eau ! La mer doit faire au moins 30°, et je me brûle les pieds dans le sable noir. Ici, ce n’est pas la plage de rêve car il y a trop de laisses provenant de la vie urbaine, mais c’est cool tout de même.

Vers 17h, attaque en règle des moustiques !

Dans le bungalow restaurant, il y la WiFi et c’est de là que vient cette page de blog !

" "Ma" plage ... sur l'Océan pacifique " 

Pour voir cette rando-moto sur la carte :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8710982


Après l’après-midi plage, alors que je roule vers Maumere à la nuit tombante, des éclairs se mettent à tomber sur les montagnes qui entourent la baie, et quelques secondes après, c’est le déluge ! Je me réfugie sous le toit d’une boutique. Juste à côté, il y a un warung. Je me dis : après tout, manger là où ailleurs. Le gars me sert un échantillon de deux poissons, un petit encornet, une soupe poulet épinard, le tout avec du riz pour 15 000 IDR (1€). La pluie tombe pendant une heure, martelant le toit en tôle ondulée de sa baraque, et je dîne devant un rideau d’eau déversé depuis l’auvent. Les derniers kilomètres de route sont délicats : d’énormes flaques d’eau barrent la route et ça glisse un peu… j’arrive péniblement à l’hotel à 8h.

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23/01/2015

Debout tôt (6h).

Le gars de l’hotel me l’avait assuré hier soir : l’autobus pour Ende et qui passe par Mori, viendra me prendre à l’hotel. J’y croyais moyennement ; hé bien si, il est là à 7h30 ! mon petit dej. à peine avalé… Je suis le premier passager, mais il y a déjà plein de colis sous les sièges et sur le toit. C’est un genre de gros minibus (ou de petit autocar…). On va direct à la « gare routière », un vague parking sur un terrain vague… Quelques personnes montent, et on part aussi sec : c’est le bus de 8h qui part à 7h45 !!

Le trajet dure trois heures (70 000 IDR qu’on paye à la descente). La route est magnifique, aussi bien du point de vue du revêtement qui est quasiment neuf, que du point de vue des paysages traversés : on est en corniche sur le flanc d’un volcan, avec de temps en temps la mer (l’Océan indien) en contrebas, constamment en virages, traçant à travers une végétation tropicale dense. Les horizons et le haut des montagnes sont embrumés, ce qui, je pense, laisse peu d’espoir pour faire le Kelimutu aujourd’hui.

Le Kelimutu est un volcan qui attire beaucoup de monde, car il possède trois cratères, chacun rempli par un lac de couleur différente.

Le car s’arrête souvent. Par exemple, on s’arrête pour charger des fagots de bois, ce qui dure un quart d’heure… Le réceptionniste du Gardena m’avait recommandé un hotel pas trop cher à Moni : le Watugana bungalows. Le gars du car m’arrête devant !

" Pourvu que ça tienne  "    " Une guesthouse bien sympathique "  

Moni est un village composé presque uniquement d’hôtels, et autres guesthouses, et s’étire sur un kilomètre le long de la route principale. C’est la basse saison et il n’y a pas beaucoup de touristes. Le Watugana bungalows est une affaire familiale. Le jeune réceptionniste, qui boîte affreusement, parle un anglais parfait. La chambre est à 150 000 IDR, elle est propre, avec une moustiquaire au-dessus du lit, mais le coin douche, reste un coin, car la douche est cassée. Dommage, il n’y a pas la Wifi.

On parle du Kelimutu. Le guide LP affirme que le mieux est de prendre le camion qui part le matin et qui ramasse tous les touristes du village pour les amener dès 4h du mat pour voir le lever du soleil. Le réceptionniste me dit 1) que c’est la basse saison, et il n’y a pas de camion, 2) avec les nuages, il n’y aura pas de lever de soleil, et que 3) « look » me dit-il en montrant du doigt la montagne, c’est dégagé ! En effet, pas de soleil, mais le niveau de la brume s’est élevé, découvrant la crête. Il me propose de partir tout de suite (après le welcome cofee) avec son frère en scooter (65 000 IDR). Ça me va. Le gars me dit de me munir de mes affaires de pluie, on ne sait jamais.

À partir de l’embranchement avec la route principale, il y a douze kilomètres de route goudronnée qui monte presque au sommet du volcan. La route étroite fait de larges lacets dans la forêt tropicale.

Aux trois quarts du chemin, il y a le péage du « parc national » : 150 000 IDR l’entrée pour le touriste étranger + 5000 IDR le scooter. Attention, ce tarif passe à 225 000 IDR le dimanche !! À noter que le touriste indonésien paie 5 000 IDR ! (rapport de 1/30).

La route se termine sur un grand parking (1600 mètres d’altitude), aujourd’hui désert. Je dis au revoir à mon chauffeur qui sait que je souhaite redescendre à pied. Un chemin bétonné monte vers le site, en à peine un quart d’heure.

Et là, quelle surprise ! On arrive au bord d’une immense caldéra aux parois jaunes, raides, verticales, au fond de laquelle (200 m ?) un lac d’un vert turquoise fait des vaguelettes. Un peu plus loin, une autre caldéra, un autre lac vert, séparé du premier par une mince paroi de couleur jaune soufre. Les couleurs sont intenses. Tout de suite on se pose des questions : de combien sont-ils profonds, quelle est la composition de ces lacs, l’eau de pluie suffit-elle à les remplir ? Ça sent le soufre quand le vent remonte du fond de la caldéra : y a-t-il de l’acide sulfurique ? Un panneau raconte un peu l’histoire du volcan (dernière éruption 1870), mais bizarrement rien sur les lacs…

Une rampe longe sur cent mètres le bord de la caldéra lorsqu’on arrive du parking. Le chemin continue en longeant par l’ouest les deux lacs pour aller jusqu’à un autre point de vue aménagé. Le LP expliquant qu’il est possible de faire le tour des lacs, je me mets en route en commençant par faire le tour du premier dans le sens antihoraire. Un sentier suit le bord de la caldéra. Le sentier est plus ou moins évident, surtout moins quand il traverse des buissons et des arbustes. Mais après trois cent mètres de buissons, le sentier est plus net. Il y a d’autres passages un peu délicats : des petites pierres roulent sous les chaussures dans des endroits étroits. Prudence ! Ici les bonnes chaussures qui tiennent aux pieds sont indispensables ! Et les gens sujets au vertige doivent s’abstenir ! Sinon gare à la trempette, à la façon Roger Rabitt !

" Le lac noir "

J’ai la tête constamment tournée à gauche, tellement le paysage qui se déroule est beau. Le ciel est gris, et le soleil pas loin ; la vue sur les calderas est claire et bien dégagée. La proximité des deux lacs est intrigante : y a-t-il eu deux explosions dues à un magma qui s’est déplacé nord-sud sous terre ?

Le Kelimutu  : "  Passage délicat "   "  Une bombe volcanique  "  " L'arboretum  "

Les traces des explosions est encore bien visible : outre les calderas, on observe sur les parois des cheminées noires et, sur le côté des cônes, il y a de belles bombes volcaniques.

Le sentier après plusieurs montées et descentes, rejoint le chemin menant au point de vue au-delà de la deuxième caldera. Et en montant ce chemin, deuxième surprise : à l’ouest, en contrebas, une troisième caldera et un troisième lac ! À peine plus petits que les deux verts, sauf que ce lac-là est vert très foncé. C’est en partie dû à ce qu’il est entouré d’arbres, et au ciel qui est plus sombre à l’ouest. Du point de vue aménagé, on domine ce paysage hors du commun, un peu lunaire, un peu inquiétant, et qui a dû inspirer les légendes et les mythes du coin…

Retour au point de départ.

J’ai tout de même mis deux bonnes heures pour faire ce tour, et je n’ai rencontré personne, sauf au point de vue, la personne qui vend des boissons.

Je redescends vers Moni par le sentier qui traverse l’arborétum en contournant le parking. L’arboretum, c’est la montagne, mais aménagée en musée en plein air : de nombreux panneaux indiquent le nom savant des plantes qui poussent ici dans leur milieu naturel, et elles sont innombrables, denses, luisantes de condensation. Et où trouve-t-on cette formule qui explique la fixation par les plantes du carbone de l’air : « AGB = F x r x (( p x D²) / 4) x H » ?? Eh bien, dans cet arboretum, sur un panneau uniquement rédigé en bahasa indonesia… Ça place la barre haut pour le routard moyen dont le niveau en physique-chimie n’est pas le meilleur !

Le sentier de l’arboretum débouche sur la route goudronnée. Un peu plus loin, à la borne kilométrique 11, un chemin reprend la descente, quittant vite la forêt, pour traverser des zones cultivées. Le chemin est tantôt une piste, tantôt un étroit filet de terre et il faut être bien attentif aux changements de direction, parfois signalés par des flèches rouges tracées sur des pierres. Par ci par là, des brumes s’accrochent dans les creux. Un genre de cigales émet un bruit continu et perçant, on se croirait dans une scierie…

" La descente par les sentiers "  " Le village de Pemo "  "  Ici, le cul des vaches est blanc "  
" Une bonne rigolade "  " Bienvenue ! "

Pause au premier village, Pome. Il y a là de belles maisons traditionnelles sur pilotis au toit de chaume, et des gens accueillants. Entre les pilotis, des dames tissent des ikats sur des métiers rudimentaires. Partie de rigolades avec des jeunes filles (16 ans ?) qui me présentent leur bébé. Ces gens ont peu de moyens. L’unique point d’eau sert aussi de salle de bain.

" Lavoir naturel avec eau chaude "
" La tisseuse d'ikat "
" Le point d'eau du village, c'est le bain public "
" Les carrrières de sable "
" Le village de Pemo "  

Du bas du village, on emprunte la piste carrossable pendant trois kilomètres. Quelques plantations de caféier. Des gens creusent la falaise créée lors de la percée de la route pour y récupérer du sable et des pierres. Petite marche jusqu’à un autre village, d’où on distingue Moni en contrebas, Là il faut quitter la piste et reprendre un chemin à travers champs. Attention à la bifurcation à gauche à la hauteur d’Agnes café ! Encore un bout de sentier et on tombe sur une abondante cascade où des gens lavent leur linge. La route n’est pas loin, on entend les gros camions peiner dans la montée.

Retour à l’hotel après trois heures de marche soutenue, vers 17h. Je suis sur les rotules, assoiffé et en sueur – mes fringues sont comme s’il avait plu.

Je dîne à l’hôtel un plat de nouilles avec trois petits bouts de poisson et du riz. Il y a pas mal de bruit : les enfants qui braillent et leur mère qui leur crie dessus…

La ville étant privée provisoirement de connexion réseau, impossible de mettre le blog à jour.

Pour voir le Kelimutu du ciel, et détailler la carte :

http://mapper.acme.com/?ll=-8.76362,121.81023&z=15&t=H

20

24/01/2015

À 5h, concert de cloches ! Ça change du muezzin, mais ça réveille à la même heure. S’en suivent des chants de chorale !! Pas d’autre choix que de se lever. Petit dej. perso (grâce à une résistance pour chauffer l’eau) : café soluble, jus d’orange. Je pars à la recherche des sources d’eaux chaudes. Le ciel est couvert comme hier.

Selon le LP, elles sont juste en amont de la cascade. En passant par un petit sentier en contrebas de la route et qui longe un canal d’irrigation, je trouve en effet dans la rivière un petit espace aménagé avec des grosses pierres où l’eau s’écoule bien chaude. Quelques savonnettes trainent sur les pierres. Mais ce n’est pas l’endroit décrit par le gars de l’hôtel. Je remonte sur la grande route, et, après renseignements auprès des passants, les sources d’eaux chaudes « officielles » sont sur la route du Kelimutu, à 1,5 km de l’embranchement.

Je les trouve enfin : elles sont en contrebas d’un petit hameau, annoncée par un portail avec air panas ( = eau chaude ) écrit dessus. Les eaux sont captées et déversées dans deux piscines en béton (6x8 m), celle en amont pour les hommes, celle en aval pour les femmes. Ces dernières profitent donc des ablutions de ces hommes… Deux gars et une femme se lavent. La femme toute habillée, les deux jeunes gars en short. Il y a des cabines, mais personne ne s’en sert. Comme j’ai pris la serviette de l’hotel, je me décide à prendre un bain. Je fais comme les jeunes : je pose mes affaires sur la margelle et descends délicatement dans l’eau bien chaude. Ça pique un peu, mais que c’est relaxant !

" Le village de Moni "  "  Air panas - les sources d'eau chaude "

Retour à l’hotel à 8h30 où je prends le petit dej. officiel : assiette de morceaux de fruits frais, crêpe épaisse, café. Le gars de l’hôtel fait le guet sur la route pour que je ne rate pas le bus pour Bajawa. À 9h10 le bus s’arrête devant l’hôtel ! Je règle tout de suite mon dû (150 000 IDR) au chauffeur.

C’est un gros minibus et on n’est pas les uns sur les autres. J’ai une bonne place près de la fenêtre, ce qui me permet de voir le paysage. Cette route qui fait l’axe est-ouest de l’île allongée de Flores est bien entretenue. Il y a quelques travaux par-ci par-là, parce que les terrains sont instables et les gros orages y ramènent de la boue, voire des rochers ! Il y a toujours ce côté « traversée de la forêt tropicale dans une zone montagneuse » - mais il faut tout de même noter la descente sur Ende (entre km 15 et km 10) où le paysage est particulièrement beau : on traverse un canyon creusée par un vif torrent dans les flancs d’un volcan et la végétation s’y accroche de façon spectaculaire.

Ende est une ville affairée où viennent s’approvisionner les gens des montagnes et ce n’est qu’une suite de boutiques aux devantures bien modestes et peu attrayantes. La ville est encombrée par les camions qui chargent ou déchargent, et je ne regrette pas de ne pas faire étape là. Du reste, le gars de l’hôtel m’avait conseillé de prendre le bus direct pour Bajawa, car si je fais escale à Ende où il n’y a rien à voir, ce sera la galère pour moi car il y a deux gares routières situées chacune à l’opposé en dehors de la ville, l’une à l’est - l’autre à l’ouest, et aucun bemo reliant l’une à l’autre… Et ça m’aurait au total couté plus cher ! On fait étape à 11h pour manger dans un petit resto dans les faubourgs de la ville.

" La pause déjeuner " " La plage de sable noir d'Ende "  

Après Ende la route longe le bord de mer, et le paysage est attrayant. Ce rivage aux sables noirs qui s’étire sur une bonne vingtaine de kilomètres n’est pas du tout exploité. Pourtant la mer ne semble pas dangereuse : la baie est protégée par une île au large. Puis la route s’enfonce dans les terres, contournant plusieurs volcans. Virages incessants. Durée totale du trajet Moni – Bajawa : 5h30 (170 km ?).

Le minibus dont la destination est Ruteng, me dépose au carrefour de la route qui mène à Bajawa, qui est à 3 km de là. Le chauffeur du bus me hèle un ojek ; je lui donne le nom de l’hôtel Johny où il s’empresse de me conduire. À cet hôtel dont la devanture ne paye pas de mine, on me propose une chambre avec WC/douche (qui fonctionne !) pour 90 000 IDR, et ils ont la Wifi. La dame de l’hôtel s’occupe aussi de la boutique qui est incrustée dans les bâtiments. Elle est très serviable et me donne tous les renseignements que je souhaite. Elle s’occupe de me réserver un scooter pour le lendemain et plus tard de me réserver une place dans le car pour Labuan Bajo. C’est un vaste hôtel, qui semble avoir connu des jours meilleurs, mais on y remédie : c’est en plein travaux.

" Transports en commun "  " Le hall de l'hotel Johny "  " Le bourg de Bajawa "

Je fais un tour dans la ville, ce qui ne me prend pas beaucoup de temps. Elle est encastrée entre quelques collines qui sont recouvertes de brume : il vient de tomber une grosse averse, le temps que j’emménage dans la piaule. À tous les croisements de rue, il y a des ojeks qui interpellent les passants, moi inclus (Hello Mister !). C’est partout pareil, mais dans cette ville, je crois qu’il y a plus d’ojek que d’habitants… Un peu de monde autour d’un bâtiment rose où s’entasse les petites boutiques, une mosquée et une église qui se font face, un immense terrain de foot où broutent des chèvres, des petites maisons aux toits de tôle ondulée rouillée, voilà Bajawa. Les gens sont charmants (à part les ojeks qui sont un peu pot de colle).

Ce soir je dîne à l’hôtel pour rattraper mon retard de blog.

21

25/01/2015

Vers 6h, un petit coup d’appel à la prière venant de la mosquée et une volée de cloches venant de l’église ! La nuit a été fraîche : j’ai supporté la petite couverture donnée à la réception. Bajawa est en altitude (1200 m) et l’atmosphère y est légère. Je vais sous la douche froide à reculons… Le ciel a toujours un voile gris qui cache le soleil, mais les nuages bas ont disparu, et, du balcon de l’hôtel, apparaît le magnifique cône du volcan Gunung Inerie. Son cône est très effilé, laissant soupçonner une activité récente, et semble très menaçant.

Lavage du linge trempé la veille. Au petit dej. à 8h, je suis à peu près seul dans l’hôtel. La famille qui tient l’établissement doit être à la messe. À 8h30, la femme-à-tout-faire de l’hôtel, arrive, me sert deux gateaux de riz et me donne les clés du motorbike. Interrogation sur la façon d’ouvrir le siège : c’est dessous que se trouve le réservoir. On trouve la commande spéciale sur le Niemann.

Il y a une photo à la réception qui m’a attiré l’œil, celle d’un lac de cratère de volcan : le Wawomuda, indiqué comme étant à 6 km. Allons y faire un tour, c’est juste à côté !

Départ vers 9h30. La petite route étroite serpente depuis les faubourgs de Bajawa vers des villages de petites maisons au toit de tôle ondulée, entourées de petits jardinets bien fleuris.

C’est dans un de ces villages que je découvre les habitations traditionnelles de la population locale : les Ngada. J’y reviendrai plus loin dans le récit.

Je poursuis ma route jusqu’au village de Wawomuda (6 km), annoncé par un portique rose. Les gens m’aident à trouver la suite de l’itinéraire pour atteindre le cratère. Une petite route goudronnée, qui devient bientôt une piste caillouteuse, puis une piste de terre bien glissante, tout en grimpant sur le flanc du volcan, parmi les plantations de caféier. Je m’égare une fois ; un paysan, armé d’une grande machette m’aide à retrouver mon chemin. La pente devient tellement raide à un moment que je décide de poser le motorbike et de continuer à pied.

Wawomuda  : " C'est pas le bon chemin !"   " Les guérilleros  "  " La marche d'approche "

À chaque ressaut, je me dis, le cratère est là, juste derrière. Puis rien. Je fais plusieurs kilomètres, hésitant sur des embranchements, mais il n’y a personne pour me renseigner. Le paysage est magnifique, une succession de cratères enfouis sous la verdure. Le chemin suit leur ligne de crêtes entremêlées. Il y a le fond d’un cratère qui est cultivé, mais c’est une forêt clairsemée qui domine. Il se met à pleuvoir : je sors mon parapluie. Mais ça ne dure pas longtemps. Au détour d’un bosquet, je rencontre trois gamins dont deux armés d’un fusil : ils sont aussi surpris que moi ! Ils m’expliquent que je me suis trompé au dernier embranchement. Demi-tour et reprise d’un autre sentier qui monte. Encore un petit kilomètre et je tombe sur un relais de sismographe. Je tiens le bon bout ! Je monte encore un peu, et derrière un rideau d’arbres, au fond d’un ravin, dans la brume, je découvre le fameux lac, jaune vert, dense d’un liquide boueux, moins grand que ceux du Kelimutu, mais surprenant tout de même.

Je décide de faire le tour du cratère, qui est relativement dégagé de végétation et agrémenté d’un vague sentier. Et c’est là que je vois au fond du cratère des mômes pataugeant et chahutant dans la boue d’un autre petit lac à grands cris ! À un endroit, le bord du cratère s’affaisse, et c’est surement par-là que sont passés les gamins. Le passage est délicat et glissant. Prudence ! J’arrive au fond, près du petit lac, où les gamins ont laissés leur trace de pas, mais ils ont disparus. Mais j’entends des « hello » : eux, ils m’ont vu. Ils sont à présent en train de patauger dans le grand lac. Comme quoi, ce lac n’est pas que de l’acide sulfurique…

 " Le lac de cratère " " Passage délicat "   " Désolation après éruption "  " Les gamins pataugent " 

Le fond du cratère, outre ces deux lacs, laisse voir de grands précipices qui évoquent l’endroit d’où est sorti le jet de matières pyroclastiques légères, genre pierres ponces. Il n’y a pas de trace de lave. Des arbres alentour, il n’en reste que des troncs calcinés.

" C'est de là que tout est parti  "   " Les gamins me font la piste "

J’entreprends de finir le tour du cratère en remontant l’autre côté de l’affaissement. Le sentier disparaît sous végétation dense et c’est difficile de s’y retrouver. J’entends les gamins crier des « hello mister » alors que je me bats avec des lianes et des buissons. Ici, les paysans se baladent avec des machettes, et là cela m’aurait été bien utile… Tout à coup derrière moi, les gamins ! hello mister ! your umbrella ! je l’avais en effet perdu dans les broussailles sans m’en apercevoir. Du coup ce sont eux qui tracent le chemin en écartant les branches et les feuillages devant moi. On retrouve enfin le bon sentier que j’avais perdu. Je suis un peu ratatiné ! Un des gamins (14 ans ?) parle quelques mots d’anglais. Et j’arrive à savoir que la dernière éruption de ce volcan date de 2002, et qu’un village a été dévasté, habitants inclus. Je finis péniblement la montée par le bord du cratère jusqu’au relais sismographe. Mes joyeux compagnons du moment me quittent pour d’autres jeux dans la forêt. Quand je retrouve enfin mon motorbike, il est midi.

La descente est épique : la pluie a bien mouillé la terre. Malgré mes précautions, le motorbike dérape et me voilà dans le fossé : pas de bobos ! Lorsque je retrouve enfin le goudron, voilà qu’il se met à pleuvoir dru et à grosses gouttes. Je me refugie sous l’auvent d’une case où les gens me font signe de venir m’abriter. Ici vit une famille dans le dénuement le plus total : le seul meuble, un buffet rudimentaire hors d’âge. La cuisine se fait par terre, un feu entouré de trois pierres qui soutiennent une gamelle d’eau bouillante. Un lit dans une pièce, une statuette de la vierge dans l’entrée.

Il y a là un gamin de 10 ans, une jeune fille (16 ans ?), une grand-mère indatable, et une femme édentée, indatable elle aussi, maigrelette et voutée, les cheveux raides explosés et au regard exorbité. On aurait cru l’image de la sorcière-type. La grand-mère me fait comprendre en mettant son index à plat sur son front, que c’est l’idiote du village… La jeune fille me propose un Flores Kopi en attendant la fin de la pluie. Je n’ai jamais bu un café si agréable et si réconfortant ! On rigole bien en regardant les photos prises juste avant !

" Dans une maison reculée, on m'offre le café  "  " Du côté des majorettes "

Retour à Bajawa. En traversant la ville, j’entends dans une école (religieuse) un grand vacarme : une troupe de musiciennes pour majorettes s’entraine à force tambours et métallophones. Et leur entrain devient d’autant plus fort alors que je m’approche pour les observer !

Pour situer cette rando et ce parcours moto :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8741875

Pour l’après-midi, changement de direction : route vers le sud pour aller explorer les villages Ngada.

Explications : pour cette ethnie, l’organisation sociale se traduit par un urbanisme particulier. Au milieu de chaque village, un large espace (50 mètres ou +) s’étire tel un vaste stade ; de part et d’autre de cet espace, les maisons d’habitation sont disposées telles des tribunes. De plus, dans cet espace, donc entre les maisons, il y a, alignées, de curieuses constructions en bois et en toit de paille. Ces constructions dont j’ignore la destination, sont de deux formes : l’une ressemble à un gros parapluie à peine ouvert, et l’autre à une petite maisonnette. À leur côté, il y a des terrasses grossièrement formées avec des pierres plates, et des alignements d’autres pierres encore plus grandes mais dressées. Les maisons d’habitation sont sur petits pilotis. Chaque maison dispose d’une terrasse donnant sur la place, terrasse protégée par un auvent en prolongation du toit et sous lequel les gens se prélassent. Cette terrasse est parfois décorée de sculptures en relief, représentant des animaux. On entre dans la maison par une petite porte surélevée qui donne sur une chambre unique, avec d’un côté une natte pour lit, de l’autre côté un petit buffet et un coin feu à même le sol.

Dans le premier village que je visite, des adultes, très sympas, m’expliquent dans un anglais approximatif, les raisons de ces arrangements. Chaque village regroupe un clan. Le clan est divisé en plusieurs groupes. Chaque groupe représente plusieurs familles. On compte le nombre de familles d’un groupe par le nombre de couples parapluie+maisonnette. Le parapluie (le ngadhu) représente le mâle, la maisonnette (le bhaga), la femelle.

" Maisonnette "  " Parapluie "  

Le faîte du toit des maisons est décoré par des petits bonhommes (sakalobo), par des maisonnettes (sakapuwu), ou par des fléchettes (kakaorday). C’est l’aïeul du groupe qui décide comment sera décoré le toit de la maison. La terrasse de pierres (ture) qui est au centre de la place du village est l’endroit où sont enterrés les ancêtres. Ces derniers font l’objet d’un culte important. Souvent les pierres bordant cette terrasse sont tachées par des restes de bougie fondue. Les monolithes dressés servent à attacher les buffles que l’on sacrifie lors des cérémonies.

Pendant toutes ces explications, données sur la terrasse d’une maison, le groupe s’est augmenté de plusieurs curieux. Même la mémé de la maisonnée, toute ridée, 84 ans, qui a connu les Hollandais et les Japonais, sort pour y assister. À la demande de son petit-fils, elle se met à entonner l’hymne national japonais !

" L'épouillage "  "  On s'occupe comme on peut "  " Mémé chante des airs japonais "  " Bois sculpté sur le panneau d'une terrasse"

Ainsi muni des explications indispensables (et complémentaires avec celles du guide LP), je fais le tour des multiples villages (kampung) qui s’égrènent le long de la route qui mène à Bena. Cette route traverse un paysage magnifique, entourée par des montagnes imposantes tourmentées par l’érosion, et entièrement recouvertes par la végétation, et par l’imposant volcan Inerie, la plus haute de toutes. J’achète un avocat à un étal au bord de la route.

" Des aïeules "  " Des volcans usés "
" Quand ça pleut, ça pleut ! "  " Le volcan Inerie x 2 "

Le kampung de Luba est magnifique. Tout d’abord il est échelonné sur plusieurs terrasses, tout en respectant les espaces et structures traditionnelles, mais aussi les maisons y ont conservé leur toit de chaume ancestral, alors que dans les villages précédents, le toit des maisons étaient en tôle. Dans ces villages, la vie est rudimentaire : ici des dames pilent le maïs en cadence dans un pilon de bois. On est loin de la mondialisation ! Plusieurs fois on m'offre le café ! J’assiste même à une réunion d’information pour agriculteurs ! Les gens sont chaleureux et accueillants, curieux de savoir d’où je viens, me faisant signe de m’abriter lors d’une averse, encore prétexte pour un kopi


 Luba : " Parapluies et maisonnettes  "  " La terrasse "   " Le pilon "
Pays Ngada  : " Réunion d'agriculteur " " Intérieur coin cuisine " "Intérieur coin salon "  

Après Luba, Bena.

Bena est le plus beau village de tous, d’abord pour sa grandeur, puis pour ces maisons de chaume, et surtout sa disposition en terrasse superposées offrant une perspective inégalée. De plus, il y a des terrasses (tule) composées d’énormes pierres, celles dressées très effilées, celles posées à plat très larges et très fines, le tout disposé en cercle.

" Le village de Bena " 
"  Les mégalithes x 2 "  

Là aussi, on n’est pas très riche, mais on sent que certains jeunes vivent difficilement d’être coincés dans ces structures immuables. Ceux qui en ont eu les moyens, tripotent leur mobile avec frénésie… tandis que sur d’autres terrasses, des mères épouillent leurs enfants…

" Partie de volley "  "  Partie d'awalé "

A Luba et Bena, on vous sollicite pour une donation (10 000 IDR).

Lorsque c’est l’heure de rentrer sur Bajawa (17h30), au bout d’un kilomètre, il se met à tomber un déluge d’une force incroyable. Je me réfugie, déjà trempé, sous l’auvent d’une boutique, où il y a déjà un couple et leur motorbike. Ça dure une heure ! Et encore, quand je me décide à repartir, il pleut encore et il y a du brouillard ! Et il fait nuit !!!

Je suis à l’hôtel à 19h. Ils ne servent pas à manger ce soir, aussi je vais dans le petit resto musulman voisin (riz, poulet, sauce coco).

Quand je retrouve ma chambre, mon linge n’est pas sec, quant à, moi je suis trempé jusqu’à l’os !

Pour situer cette rando et ce parcours moto :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8741875

22

26/01/2015

Petite journée…

Le ciel est bas. On ne voit pas les collines alentours qui sont dans la brume.

Ce matin, la mise à jour du blog prend pas mal de temps. Et ce n’est pas simple de faire comprendre au patron de l’hôtel Johny que je garde le motorbike un jour de plus, que je reste une nuit de plus dans ma chambre, et que, pour demain, il faut qu’il me réserve une place dans le bus pour Labuanbajo. Ça allait bien mieux avec la réceptionniste !

Tout ça pour dire que j’enfourche le scooter à 10 h seulement. Et je me contente de refaire le tour de la veille, mais en visitant des villages un peu plus à l’écart de la route goudronnée.

Bela est juste après Landa et Beja, à l’écart de la route ; ce village possède de nombreuses et belles maisons en toit de paille.

" Le temps passe au village de Bela " 
 Village de Bela  : " Mégalithes "  " Des guerriers défendent le village du haut des Ngadhu  "  " La place centrale "

Pareil pour le village de Gurusina, après Bena, avant Nage. Dans le beau village de Gurusina, alors que je fais le tour de la place centrale, je rencontre une jeune Anglaise : elle est bénévole dans une association pour promouvoir le tourisme dans la région et habite actuellement dans une de ces maisons au toit de paille.

" La grande place du village de Garusina " 
" Intérieur d'une terrasse "

Je ne trouve pas le village de Tolelelo pourtant annoncé au bord de la route. Je roule sur une piste complètement déglinguée et abandonne au bout de quelques kilomètres, surtout parce qu’un bucheron m’affirme qu’il n’y a pas de village au bout de cette piste… Finalement, plus tard, on m’affirmera que c’était la bonne route et que j’aurai dû insister.

Je dois demander à plusieurs reprises mon chemin pour trouver les sources d’eaux chaudes de Malanage. Il n’y a aucune indication et il faut prendre une petite piste pour les atteindre. Les multiples sources se répartissent sur un hectare au milieu de la végétation tropicale. L’odeur de soufre est bien présente et, là où jaillit l’eau, les roches sont recouvertes de concrétions jaune citron. Il y a de la vapeur partout et il fait très chaud dans cette zone. Je trempe un doigt assez loin d’une des sources, mais je le ressors aussitôt, tellement c’est chaud !

" Les sources chaudes de Malanage  "  " Les trous d'eau pour se baigner" 

À cent mètres en aval de ces sources, leurs eaux se mélangent avec une rivière plus fraîche : des bassins ont été aménagés avec de grosses pierres pour pouvoir s’y baigner, et dans ces cuvettes, l’eau fume encore ! Mais ça ne me dit rien d’y aller car ma venue a suscité la curiosité des gamins du coin…

Je reprends la route de Bena et trouve un endroit pour pique-niquer. J’ai acheté une tomate, un avocat et une mangue (4 000 IDR), et j’ai même trouvé un coca local frais ; j’ai aussi un œuf dur que j’avais mis de côté ce matin au petit dej.. Pendant ce petit repas sur le pouce, j’entends sur le plateau au-dessus de Bena de gros coups de tonnerre. Je décide de rentrer dare dare pour éviter de me faire saucer comme la veille. Ce matin, j’avais tout de même enfilé ma combinaison imperméable avant de partir. Sur le plateau, c’est le brouillard complet, mais pas de pluie. Toujours les grondements du tonnerre.

" Retour à Bena "  "  Végétation généreuse "
" Deux petits commerces ambulants " 

Je m’arrête au seul poste à essence de la région : il est fermé, car un camion-citerne vient y remplir les cuves. Je prends donc de l’essence dans un des multiples revendeurs qui jalonnent les routes tenant échoppe avec quelques bouteilles en plastique revendues à peine plus cher qu’à la station.

De retour à Bajawa vers 16h, l’orage éclate alors que je rentre à l’hôtel ! Je vais me répéter : c’est le déluge ! C’est incroyable la quantité d’eau qui peut tomber ! Heureusement, il n’y a pas de bourrasque de vent et comme la température baisse un peu, une fois que ça s’arrête, l’air est bien agréable. Cette fois-ci, l’orage dure une heure et demie, avec force coups de tonnerre qui se démultiplient grâce à l’écho des montagnes alentour. Jusqu’à présent, mais peut-être est-ce un hasard, depuis que je suis sur Flores, les assauts de la pluie se font à partir de 15h et peuvent reprendre jusqu’à la nuit tombante. Mieux vaut ne pas entreprendre de randonnées dans ce créneau-là. !

Je reste à l’abri à l’hôtel et gère mes petites affaires au sec !

Pour situer cette rando-moto sur la carte :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8743475

23

27/01/2015

Réveil à 5h30. Ciel gris.

Il est prévu que le bus pour Labuanbajo vienne me prendre à l’hôtel à 6h30. Il me prend à 6h45. Il fait deux fois le tour de la ville pour ramasser des colis. On arrive à 7h15 au carrefour de la route Transflores et la route de Bajawa, carrefour qu’on appelle pompeusement ici « bis terminal ».

On attend longtemps à ce carrefour pour je ne sais quelle raison. Le chauffeur essaie ses freins en pompant et en rajoutant du liquide de frein dans un orifice qui se trouve sur le tableau de bord. Il en met partout, surtout sur les fils électriques apparents. Des passagers arrivent avec force colis, dont une dame qui monte dans le bus avec un petit jerrycan plein d’essence ! On confie au chauffeur deux enveloppes à remettre à Ruteng. Le timbre, c’est le billet de 10 000 IDR agrafé sur le coin ; ce moyen de faire passer le courrier doit être bien plus rapide que la poste..!

" Bien pendues "  " Comme la Poste "  

Et le bus part enfin à 8h10 ! Avant de partir, le chauffeur a pris quelques cachets. Je conserve jalousement ma place à l’avant à côté du chauffeur…

La route traverse des paysages magnifiques : la descente le long du flanc ouest du volcan Inerie, le bord de mer à Aimere, la remontée dans les terres sur Ruteng avec les rizières en terrasses juste plantées du riz nouveau, et enfin les virages pour atteindre Labuanbajo (LBB). Un paysage étonnant : celui des rizières en toile d’araignée à la sortie de Ruteng. Un mode de drainage semblable à celui pratiqué à Ensérune du côté de Béziers.

" De beaux paysages  "
" Les rizières en toile d'araignée "  " Transport en commun et station service "  

La route est bien entretenue, mais le transport dure plus de dix heures ! La route, dans la descente vers LBB a été récemment envahie par des torrents de boue, et recouverte de rochers. Mais depuis elle a été dégagée sur une voie : cette route est vitale pour l’arrière-pays, car c’est de là que vient ce qui est débarqué au port de LBB, dont les produits pétroliers.

Dix heures dans le bus, c’est déjà une petite société : il y a l’enfant de trois ans qui a envie de pisser tous les quarts d’heure, il y a la mère qui me refile son bébé dans les bras, tandis qu’elle va vomir dans le bas-côté, il y a les jeunes qui fument comme des pompiers et qui tentent d’entrer en relation avec moi … Et il y a le chauffeur, un homme affable, et qui m’a à la bonne (en fait, je crois que le prix de mon billet a été gonflé). Il se gave de cachets, se passe du parfum dans le cou dès qu’il est en sueur, s’arrache les poils et cheveux blancs en se regardant dans le rétroviseur et tout en conduisant, ne lâche pas son mobile et crie dedans, rigole avec les passagers, et enfin fait son signe de croix avant chaque reprise de conduite ….

À 11h on s’arrête à Borong pour manger dans un restau au bord de la route. Mais à cette heure-là, manger du bœuf bouilli en sauce et autres poissons grillés, ne m’attire pas. Je préfère les pancakes et les beignets de jackfruit qui sont préparés dans un petit stand à côté.

Dans un virage, on écrase un chat ! On s’arrête brutalement pour le ramasser et le mettre dans un chiffon pour le monter dans le bus. Trois kilomètres plus loin, on s’arrête pour enterrer le chat dans un talus !

L’arrivée sur LBB est problématique : au lieu d’aller d’abord au centre-ville, le chauffeur fait le tour des environs pour déposer passagers et colis !

Je contacte au téléphone mes amis T., A sa future femme et L. son père pour annoncer mon arrivée. On se retrouve à l’aéroport, le quartier où ils habitent.

On m’accueille chaleureusement. Je découvre la maison en construction au bout d’une petite piste. Je partage avec T.A.L. et leurs amis le repas de sardines grillées achetées sur le port par L., repas arrosé d’arak apporté par l’un d’eux.

Et ce soir, j’ai l’explication au sujet du chat : il faut enterrer le chat écrasé sinon, c’est sûr, il y aura un autre accident ! Mais ça ne vaut pas pour les chiens ….

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28/01/2015

Mauvaise nuit : j’ai dormi comme dans un refuge, dans même lit que L.. Il a loué un pavillon à cent mètres de la maison en construction de son fils. Et dans ce pavillon, il y a une chambre avec un grand lit équipé d’une moustiquaire, et une autre chambre avec un matelas par terre, occupée par une amie de A.. Or L. a fait des bonds toute la nuit, ce qui n’aide pas pour dormir…

La maison de son fils T. est en construction : un espace cuisine y est déjà aménagé ainsi qu’une « chambre » pour T. et sa future femme. Après le petit dej., l’équipe de travail est déjà au taf avec la bétonnière qui tourne. Il s’agit de monter des piliers en béton destinée aux autres chambres. Des problèmes de coffrage apparaissent au bout d’un certain moment. La pression du béton frais, fait bouger les planches et une fuite remet en question l’opération.

On fait un tour en ville avec L. pour trouver des serre-joints, ce qui ne court pas les rues. L. peste après la qualité des matériaux et des outils qu’on peut trouver ici. Le sable est tiré des cendres de volcans, le gravier est de la lave dure concassée ; mais les morceaux sont gros, le fer à béton est lisse et mou, etc… Difficile de trouver du matériel de professionnel ; pareil pour trouver des ouvriers qualifiés…

Mais, à la fin de la journée, trois piliers sont tout de même coulés.

" Centre-ville chaotique "  " Le chantier " 

Pendant ce temps, je loue un « motorbike » et fais le tour de LBB et des environs. LBB se résume à une rue principale dont la première partie depuis le port est presque exclusivement occupée par des hôtels et des pseudo « agences » en quête de touristes désireux de voir les « dragons » de Komodo. Ces « dragons » sont de gros lézards carnivores qui font fantasmer les fans de Jurassique Park. Ils logent principalement sur deux iles : Komodo et Rinca. Mais, comme sur ces îles, il n’y a plus rien à manger naturellement pour ces bêtes, les gardiens de Parc national leur distribuent de la nourriture (viande crue) au plus grand plaisir des visiteurs. Il faut savoir qu’en additionnant le prix de l’entrée du parc, et les cinq différentes taxes, on parvient à un total de 300 000 IDR (20€)/p, et c’est plus cher le dimanche ! À cette somme il faut ajouter un minimum de 350 000 IDR/p à régler au bateau qui transporte les visiteurs. Cette prestation est de deux heures sur l’île de Rinca (la plus proche de LBB) (l’île de Komodo est à 40 km à l’ouest de LBB), et le temps restant est consacré à faire de la plongée tuba sur des petites îles qui ferment la baie de LBB. Ce genre de zoo élargi à deux îles ne me tente guère.

Je profite de ce tour « en ville » pour voir les possibilités de quitter LBB vers l’île de Lombok, ma prochaine étape. Mais c’est difficile de trouver des renseignements en dehors des agences pour touristes. Les bureaux du ferry qui relie LBB à Sape sur l’île de Sumbawa sont fermés et rien n’est indiqué sur les horaires et les tarifs de ce ferry.

" Etal à l'équilibre approximatif "  "  Poissons séchés "

Je prolonge ma visite de LBB par des petits chemins dans les environs. Mais les plages au sud comme au nord sont toutes accaparées par de grands hôtels. Dans ce petit périple, je dois me contenter de la belle vue sur la baie de LBB depuis la route qui contourne l’aéroport par le Nord.

" La baie de Labuanbajo  " 

Dans l’après-midi, A. organise les préparatifs de son mariage lors d’une réunion dinatoire avec une vingtaine de personnes qui vont l’aider. Le curé est présent. On mange des grillades de maïs, de patates douces et de bananes. Puis j’aide dans le déménagement de la copine d’A. dont je vais occuper la chambre.

Soirée au bord du port à déguster une soupe de poisson délicieuse.

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29/01/2015

Nuit calme, nonobstant les moustiques …

C’est un peu la prise de tête pour obtenir des renseignements concernant le ferry LBB – Sape. On m’avait affirmé la veille que les bureaux et le ticket office serait ouvert à 8h ce matin. Or tout est fermé ; un vigile revêche me laisse entendre qu’il faut revenir à 17h à l’arrivée du ferry provenant de Sape.

Je règle quelques problèmes informatiques dans un café aux prix saint-tropéziens. Puis avec L. nous partons, avec chacun son scooter, à la visite des chutes (cunca) de Wulang, à une cinquantaine de kilomètres de LBB, sur la route de Ruteng.

Il fait un temps magnifique, ciel bleu, soleil pas oppressant, et plus on monte en altitude, plus la température devient idéale. Les travaux sur la route neuve consistant à dégager les pans de montagnes qui se sont éboulés dessus, ne sont pas encore achevés. On s’enfile les virages sur la route toute neuve, et on admire un paysage magnifique sur la baie de LBB.

" Débitage des arbres emportés par les glissements de terrain "  "  Travaux  de déblaiement sur la route "

Pour accéder aux chutes, on prend une petite route menant à un village à 4 km de la route principale. Là, on a droit à un accueil-racket dès qu’on arrête le moteur du « motorbike » : des « guides » s’imposent pour nous mener aux chutes, à 3 km de là, par des sentiers confidentiels. On nous demande 100 000 IDR par personne, ce qui me fait bondir ! Puis le tarif descend à 50 000. On remet nos casques pour repartir, lorsque L., parlementant avec la commerçante de l’échoppe du village, obtient le prix plus raisonnable de 25 000 IDR/ p. .

Le guide ne semble pas plus déçu que ça ; il aurait eu des « clients » indonésiens, ils auraient sûrement donné moins….

La piste, puis le sentier qui mènent aux cascades s’enfoncent dans la forêt en descendant, et il faut faire attention aux parties argileuses glissantes et imbibées des eaux tombées ces derniers jours. Et aussi aux racines qui dépassent. On met 45 mn pour accéder à la rivière et les chutes ne sont plus loin. Le problème : il a tellement plu ces derniers jours que le niveau de la rivière est haut, et on ne peut pas accéder au lieu exact où tombe la cascade. Et pour s’en approcher, il faut traverser la rivière pour atteindre l’autre rive où une plateforme de rochers permet de s’en approcher. Mais pour traverser la rivière, une seule solution : la nage. ! L. n’est pas tenté. Je me lance. Je tombe les habits et me glisse dans l’eau – super agréable ! Encore faut-il ne pas mouiller l’appareil photo, et pouvoir nager d’un bras dans la partie où on n’a pas pied, celle où le courant est le plus fort. La traversée se fait tout de même, mais comme il est impossible de nager à contre-courant, il faut jouer avec le flot et se laisser dériver, mais pas trop, car en contrebas, il y a une cataracte !

Une fois sur l’autre rive, les choses sont plus simples, mais je mets un certain temps à reprendre mon souffle sous le regard critique de L. . J’approche des chutes à une trentaine de mètres ; l’eau a creusé dans le basalte un étroit goulet et la cascade jaillit avec un important débit et force bouillonnements. Au pied de la chute, il y a un petit bassin dans lequel il ne doit pas être désagréable de se baigner, mais pour y accéder il faudrait nager à contre-courant dans le goulet. S’en approcher n’est pas dans mes moyens …

Le retour aux tas de fringues se fait plus facilement, en me laissant dériver. L. en profite à son tour pour prendre un bain, histoire de se rafraîchir. Notre guide est tout heureux de cette pause ! Le retour au village (1h) se fait dans la chaleur et la sueur : on perd vite le bénéfice de la baignade.

" Se laisser dériver dans les courants "  "  La cascade de Wulang " 

On reprend les « motorbikes » et on continue sur la route de Ruteng à la recherche d’un warung.

" Mamie se cache derrière les fleurs de son jardin "

Une fois sur le plateau, on déniche le Rollys Place, un resto et échoppe de tout, dans un cadre fleuri et aéré. On commande à une mamie, surprise de nous voir déjà attablés, des plats à un prix dérisoire, avec une bière fraîche pour patienter. Lorsqu’on part, la mamie nous offre des boutures de ses belles plantes qu’on venait d’admirer !

Retour pour 16h sur LBB. Au chantier de T. & A., les ouvriers fabriquent des parpaings.

Je redescends vers le port et à 17h toujours aucun bureau d’ouvert ! Bon, cette histoire de ferry commence m’énerver. D’autant plus que je vois le ferry à quai, et il y a encore des gens qui en débarquent. Un gars me dit dans un anglais approximatif que le ferry partira demain matin à 7h. Il ne peut pas m’en dire plus quant aux billets.

Un jeune Indonésien patiente, visiblement lui aussi en attente des mêmes informations que moi, et il parle un peu anglais. Je lui propose d’aller trouver les informations directement sur le ferry. On accède à la plateforme destinée aux véhicules, qu’on est en train de nettoyer à grands jets d’eau, et là un gars nous affirme 1) que le ferry partira bien demain à 7h et 2) les billets sont à prendre cette nuit à 1h du mat. Je reste incrédule et lui fais répéter plusieurs fois, avec l’aide d’un petit schéma. Ai-je bien compris ? N’est-ce pas une heure avant le départ ? Non non, c’est bien à une heure du matin !!

" Je VEUX prendre ce ferry ! "  "  Coucher de soleil sur la baie de LBB vu depuis le Paradise "

Retour chez T. & A.. On rend mon « motorbike ».

Ce soir, il y a une nouvelle « réunion de préparation » du mariage, au Paradise, un bar, resto, karaoke. Cet établissement est sur une corniche dominant la baie de LBB, avec vue imprenable, terrasse et brise fraîche venant de la mer. Avec aujourd’hui un coucher de soleil somptueux sur les multiples îles qui parsèment la baie. A la « réunion » sont présents quelques copains et le curé, qui est de tous les bons coups (il possède une magnifique voiture, alors qu’ici, le standard c’est le « motorbike » !).

Les discussions vont bon train sans que je sache de quoi il s’agit. Un des convives ramène une guitare et réclament à force cris que L. s’y attèle. Faut dire que L. est fameux à la grat’. L. cède sous la pression des foules… et nous joue quelques mesures pour s’apercevoir que la guitare est une casserole, puis il se lance dans des chansons où, comme d’hab, il y met du cœur. L’assistance bat la cadence et ponctue avec des Yeah ! bien que personne n’y comprenne rien dans les paroles de ces blues…

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30/01/2015

On peut dire que la nuit a été courte. Hier soir, après la « réunion » au Paradise, on s’est retrouvés à quelques-uns sur le quai du port. Il y a là de nombreux stands qui servent du poisson frais grillé avec du riz et une petite salade. On a mangé là dans une bonne ambiance, puis on est rentrés vers 22h. Je me suis allongé et un peu assoupi. Mais j’étais sur le scooter dès 00h40. Le scooter n’a pas de lumière à l’avant, et c’est là qu’on voit que c’est utile.

Arrivé au débarcadère des ferries, miracle : les bureaux sont ouverts et le guichet de vente des billets aussi ! Je suis le premier de la liste, paye 60 000 IDR pour la traversée vers Sape et apprends que le bateau partira à 6h, puis je m’en retourne à mon logement avec enfin mon billet en poche.

Je dors encore quatre heures, me débarbouille pour m’éclaircir les idées, et réveille L. pour qu’il m’amène au port en scooter. Arrivé au port à 5h45, je quitte L. qui retourne dormir encore un peu.

Le bureau de vente des tickets est encore ouvert. Il fallait donc comprendre qu’il ouvrait à partir d’ 1h du mat !

À peine monté dans le ferry, un des marins tente de me refiler sa couchette moyennant 100 000 IDR. Je m’installe sur les bancs du pont supérieur. Le ferry est plein à craquer de camions dont deux remplis de bananes. Mais côté passagers, il y a peu de monde, une cinquante tout au plus. La plupart occupent des bancs du premier pont : ils regardent un film à la télé, ou mangent des soupes achetées à la petite boutique du bateau.

Finalement le bateau part à 6h45, après avoir récupéré un dernier camion chargé de bananes.

 " Le dernier camion de bananes "  " Le cul des camions " 

La mer est apparemment calme ; par contre le ciel est gris sombre, et l’horizon est parfois bouché par des rideaux d’averses. Une fois au large, le ferry se met à tanguer d’avant en arrière, mais personne n’en souffre ; il doit mesurer 60 m de long sur 30 de large et 12 au-dessus du niveau de l’eau. Un petit bateau râblé.

On croise au nord des îles Rinca et Komodo qui sont dans la brume. Ces îles sont très escarpées et sans aucun arbre.

L’arrivée vers midi à Sape, le port le plus à l’est de l’île de Sumbawa, est l’occasion d’un gros remue-ménage sur les quais : une horde de rabatteurs au service des cars pour Bima se précipitent sur les passagers presque en nombre inférieur. Sur le terrain vague face au débarcadère, il y a trois cars à la forme un peu bizarre. On nous presse pour monter dedans. Mais on attend une heure avant qu’ils partent. Attendre dans ce bus, alors qu’il fait lourd et qu’il y a un soleil de plomb, les gens ne supportent pas et se dispersent dans les échoppes du terminal. Du coup, lorsque le chauffeur se décide à partir, il doit aller à la recherche des absents !

" Port de Sape - Des barques de pêches telles des gerris " " Un bus amphibie  "  

Il y a une quarantaine de kilomètres pour atteindre Bima, sur une bonne route toute en virages. Paysage de rizières en terrasses. Les villages sont étirés le long de la route presque sans discontinuer. Attention de ne pas écraser les écoliers qui rentrent chez eux en chahutant !

Au terminal des bus de Bima, on est pris d'assaut par les rabatteurs pour les cars longues distances. Il y a peu de choix : soit la destination Sumbawa Pesar, arrivée à 1h du mat, soit la destination Mataram, sur l'île de Lombok, arrivée à 7 h du mat. Il y a plusieurs compagnies qui se font concurrence et qui pratiquent les mêmes tarifs. Et ils partent tous à la même heure : 19h.

Je réserve une place pour Mataram (250 000 IDR), mets ma petite valise à roulettes dans le car qui est déjà là, et pars me promener en ville. Il fait tellement lourd et chaud que je suis trempé de sueur.

Bima est une ville hors du temps (ici, ce ne sont pas des ojeks qui hèlent le passant, mais des conducteurs de carrioles à cheval, les dokar !) et il n’y a rien d’attirant où se poser. Alors après avoir arpenté les trois rues commerçantes, je pars à la recherche d’un hôtel qui accepterait de me laisser prendre une douche. Après un premier refus, puis une demande de compensation exorbitante (la moitié du prix de la chambre), je trouve un hôtel qui accepte ma demande pour 10 000 IDR. Une douche par cette chaleur, ça fait du bien !

En sortant de l’hôtel, une petite pluie m’oblige à sortir le parapluie. Je continue ma promenade, j’entre dans un magasin acheter de quoi boire pendant le trajet. Mais impossible de sortir du magasin tant il pleut dehors ! Des paquets d’eau tombent ! Les rues sont rapidement transformées en rivières. Les égouts débordent et pleins de leurs habituels habitants en sortent ; rats, gros lézard, cafards… Des gamins leur courent après avec de gros bâtons. Les gens ne semblent pas plus gênés que ça, et marchent dans l’eau, et se laissent tremper jusqu’aux os. Il est vrai qu’il ne fait pas froid. Pour les gamins, c’est la fête : ils chahutent sous les trombes d’eau et dans les rivières-rues qui se forment !

" Il pleut à Bima  ! "   " Ce dokar est un refuge !"  

Je me demande comment je vais sortir de ce magasin : il y a déjà vingt ou trente centimètres d’eau au sol, et pas de trottoirs. J’attends une heure ! Toujours de la pluie et l’eau qui ne s’écoule pas des rues. Alors je prends une décision difficile : quitter mes chaussures, les mettre à l’abri dans un sac plastique et me « jeter à l’eau ». Je rentre à la gare routière en chaussettes, de l’eau à mi mollet, à la nuit tombante !

Pour avoir voulu une douche, j’ai eu la dose !

Je retrouve mon car qui commence à se remplir.

Et voilà qu’il se met à pleuvoir dans le bus !

Deux sièges sont impraticables. Le second du chauffeur apporte deux seaux pour récupérer les gouttes qui tombent de l’aération…. Il les vide régulièrement, et à l’aide d’un torchon, il éponge les éclaboussures. Les colis sont entassés pêle-mêle au fond du car où j’ai ma place. Et ils prennent l’eau aussi. L’aide veut y ajouter ma valise ! Je râle assez fort pour qu’il la laisse là où elle est, derrière la dernière rangée de banquettes.

À 19h30, après trois recomptages des passagers, on démarre enfin. L’eau fait des va-et-vient dans l’allée centrale en fonction de la pente de la route !

Sur le parcours, où il y a pas mal de trafic, il y a des embouteillages aux endroits où la route est recouverte par le débordement des bas-côtés transformés en rivières…

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31/01/2015

Nuit pas très confortable parmi les colis, à l’arrière du bus, c’est le moins qu’on puisse dire. Vers 1h30 du mat, on s’arrête pour manger du poisson/riz dans un petit resto (c’est compris dans le prix). On ramasse du monde et leurs colis que l’aide chauffeur entasse dans les toilettes du bus !! À 4h30, on embarque dans le ferry pour Lombok. Les gens terminent leur nuit sur les banquettes du pont-passagers, alors que la télé hurle un karaoké que personne ne regarde (j’ai mis mes bouchons d’oreille). Il fait jour quand on arrive à l’est de l’île de Lombok. Le car reprend sa route vers l’ouest. On arrive à la gare routière de Mataram vers 10h.

Harcelé par les ojeks, je sors de la gare routière pour prendre un bemo qui me rapproche du centre de Mataram (Mataram Mall). J’ai une petite chance : le premier homestay que je visite (Astri homestay, Jl Destarata), est super : pour 100 000 IDR, j’ai une belle chambre avec commodités, petit dej. et terrasse sur une cour fleurie, à la balinaise. Le quartier semble calme. Bémol, la wifi ne fonctionne pas bien sur mon ordi… Les gens sont très serviables : j’ai droit à un welcome coffee et on m’apporte un ventilateur supplémentaire.

A deux rues de là, je trouve à louer un « motorbike » pour 70 000 IDR/24h (à l’Hôtel Internasional (8 Jl. Gelatik) qui est très crasseux, mais je n’y dors pas…).

Je fais une halte au KFC du Mall pour mettre mon ordi et le blog à jour, puis promenade vers Ampenan, le port de Mataram.

Malheureusement les plages d’Ampenan sont souillées et les quartiers de pêcheurs bien misérables. Sous la pluie drue, les mômes jouent tous nus tandis que les gens tentent des réparations de leurs toits. Plusieurs sècheries de poissons dans des baraques en bois : des femmes salent et fument des maquereaux ramenés par les hommes sur leurs embarcations à balanciers.

" Ravaudage des filets "   " Salage et fumage du poisson "  

Ici les religions sont mélangées : temple hindouiste à la balinaise, mosquée, temple chinois. Un peu plus au nord, un vaste cimetière chinois rassemble pour cette communauté de nombreuses tombes très colorées.

" Temple hindouiste "  " Temple chinois "  "  Cimetière chinois "

Sur la route qui va vers Senggigi (première agglomération lorsqu’on commence le tour de l’île par le nord-ouest), je tombe sur un cortège bien animé par des jeunes, malgré la pluie. Je n’ai pas compris de quoi il s’agissait, mais les ados de la queue du cortège étaient bien remontés.

" Cérémonie  " 

Je profite d’une éclaircie pour pousser jusqu’à Senggigi. C’est la station balnéaire la plus importante de Lombok. Les plages sont belles, au sable gris, et pas encore défigurées par des grosses constructions. Mais sur trois kilomètres, la route principale est navrante de banalité : c’est une suite de bars, de discothèques, d’hôtels plus ou moins luxueux, de marchands de « souvenirs », etc. Aujourd’hui, avec ce temps pourri, on voit à peine les îles Gili, qui sont, paraît-il, intéressantes pour la plongée.

" La plage d'Ampenan "  " La plage de Senggigi "  

Retour à Mataram sous une petite pluie. Au KFC où je rédige le blog, il y a plusieurs anniversaires de mômes et c’est assez bruyant…

C’est ça l’exotisme…

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01/02/2015

Hier soir, la pluie n’a pas cessé de tomber. J’ai trouvé refuge dans un restau chinois, RM Hong Kong, derrière le Mall. Le poisson frit était excellent. Comme dessert, j’ai choisi un des pots de belles tranches de mangue au jus qui étaient exposés au comptoir. En fait, c’était un condiment à base de vinaigre et de sirop de sucre. Le garçon était médusé de me voir manger ça. J’avoue que je me suis un peu forcé pour avaler les derniers morceaux. Ici, sauver la face, c’est important, même si ça doit coûter des trous à l’estomac…

" Les oiseaux de l'Astri homestay "

Aujourd’hui, c’est presque comme une grasse mat’ ! Réveil à 7h30 par les oiseaux de la guesthouse. Des cages sont accrochées devant chaque chambre, et le pépiement de ces oiseaux est très harmonieux. Ça change des coqs au chant éraillé dès 4h. Dans cette guesthouse, il y un espace réservé aux cérémonies hindouistes façon balinaise : autel pour les offrandes, stèles pour les encens, mini temple pour la famille.

Visite des plages du sud de l’île.

" Ce dokar est un tocard "

Le temps est beau, quelques nuages à peine.

La route traverse cette partie relativement plate de l’île, et recouverte de rizières. Les carrefours sont des lieux traditionnels de marché, les stands en bambous et les étals débordent sur la route, et ça crée des encombrements. Quelques villages possèdent des marchés aux bâtiments tous neufs et un peu à l’écart de la route ; mais on ne se refait pas, les étals mordent tout de même sur le goudron… Ici aussi les dokar servent à transporter les gens à travers des pistes cahoteuses vers leurs habitations isolées. Ce qui fait grand contraste avec la ville de Mataram, plutôt aisée et aérée.

Au village de Sukarara, qui possède quelques maisons au style traditionnel, de nombreuses tisseuses sont à l’œuvre sur des métiers rudimentaires. J’entre dans une des boutiques, discute avec un vendeur. On m’annonce des prix élevés pour des pièces de tissu qui ne sont pas si belles que ça. En fouillant dans les stocks, j’en vois même qui, à l’évidence, sortent de la fabrique mécanisée… Un peu plus loin, les pièces en coton, plus authentiques, me semble-t-il, sont aussi chères, mais la dame me court après en demandant mon prix…

 " Chez les tisserands de Sukarara  "  " Jour de marché "  " Maison traditionnelle à Sukarara  " 

À l’écart de la route, il y a une cérémonie pour un mariage. Cette cérémonie consiste essentiellement à partager un repas et à boire du tuak avec les habitants du village.

" Cérémonie de mariage  "

Dans un deuxième village, quelques kilomètres plus loin, il y a une cérémonie pour un décès. Cette cérémonie [copier – coller § ci-dessus].

" Cérémonie de décès  "

Une route moderne a été construite pour atteindre les plages du sud. Mais, une fois proche de la côte pour aller vers l’est, c’est compliqué, et je me trompe, ce qui n’est pas grave car le paysage est joli, mais on ne voit pas la mer. Je rectifie le tir et me retrouve devant un village de paillote : c’est un Novotel. Il occupe la moitié d’une belle et vaste plage. Il reste un espace publique, mais il faut payer pour le parking. Il reste tout de même un endroit gratuit où des jeunes venus en scooter pique-niquent. Quelques singes tentent de leur chiper des restes.

"  Les singes ont accès à la plage  "  " Au loin, le gunung Rinjani "  "  Ne pas écraser les collégiennes  "

Kuta qui est à l’origine, un village de pêcheurs, est devenu un village de surfeurs à l’ambiance cool et aux habitations (hôtels et restaus) campagnardes. La plage de Kuta Lombok, à un kilomètre du village de pêcheurs, est bien fréquentée et comme c’est dimanche, les gens de Mataram sont venus grignoter des sardines ou boire des jus de fruits dans des cabanes en bambous, à l’abri du soleil. Le sable des plages est jaune pâle et provient des coraux du large.

 " Les plages libres d'accès des environs de Kuta Lombok "

Plus à l’ouest, les villages qui sont dans des criques au bord de la mer, font systématiquement payer l’entrée ! Il y a là quelques spots de surf appréciés des jeunes Australiens, aussi pourquoi ne pas les rançonner… Quant à moi, je boude. Je suis plutôt déçu par ce comportement des villageois qui ont décrété que l’accès à la mer leur appartient.

Retour sur Mataram sans autres anecdotes. À noter qu’il n’est pas tombé une seule goutte de pluie pendant cette virée moto !

Pour visualiser cette rando-moto sur la carte :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8779648

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02/02/2015

Il faut faire un long trajet d’une cinquantaine de kilomètres pour atteindre Masbajik. C’est à ce croisement important sur la route principale qui traverse l’île d’ouest en est, que commencent les petites routes allant vers les villages qui sont au pied du gunung Rinjani, le grand volcan. Sur cette route principale le trafic est important, avec de nombreux virages. Prudence et vigilance, surtout dans les agglomérations où les scooters déboulent des rues de traverse sans même regarder…

Une fois quitté cette grande route, ça va mieux sur celles qui grimpent vers les villages du pied du volcan. La pente est douce et la conduite est plus sereine. Et plus on monte plus l’air est doux. Il fait un temps ensoleillé, ciel bleu.

Le pied du sud du volcan est très cultivé : beaucoup de rizières, beaucoup de cultures vivrières, palmiers, cocotiers, etc. La terre est très fertile et pas un centimètre carré n’est laissé à l’abandon ! Il y a tellement de végétation qu’on n’a que rarement des points de vue sur le paysage. De plus, ce sont les routes qui font les villages : elles sont presque tout leur long bordées par les habitations des agriculteurs.

" Maison dans la forêt "   " Les ananas cultivés dans la forêt "  

Je vais jusqu’au bout de la route goudronnée qui mène à TimbaNuh. Je vais un peu au-delà par une piste jusqu’au bord de la zone cultivée et de la forêt. Il y a de multiples pistes et, grâce aux gens très chaleureux que je rencontre et qui me renseignent volontiers, je rallie le village de Telebatu. Non sans peine, car ces pistes n’en n’ont que le souvenir. C’est à se démonter la colonne vertébrale et pareil pour le scooter (ne pas échanger les pièces lors du remontage…). Dans ce coin, on cultive des ananas, du maïs, des arbres à charpente. Quelques baraques isolées où les gens vous interpellent « vous allez où, comme ça ? », bonne introduction pour demander mon chemin. Toujours pas de vue dégagée, l’horizon végétal est au maximum à cinquante mètres.

Telebatu dispose d’un horizon plus dégagé, grâce aux rizières. Mais il n’y a pas de panorama qui permettrait de voir l’ensemble des terrasses. Ce village possède plusieurs villages-hôtels en paillotes, quelques guesthouses et autres activités touristiques.

Travail du riz :  " = labourage "  " = repiquage "  " = le riz pousse "  " = séchage "  " Un des rares horizons dégagés " 

Ma rando moto dure ainsi plusieurs heures avant de revenir sur la route principale.

Retour à Mataram sur cette route toujours aussi encombrée.

Fin de l’après-midi à me reposer à l’hôtel…

Pour visualiser cette rando-moto sur la carte :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8789046

Le soir, je vais manger dans un petit restau sympa à l’allure branchée et aux prix corrects : Omah Cobék, Jl Maktal, Cakra. Un plat = petit poisson grillé + deux brochettes saté + légumes + riz cuit dans une feuille de banane, un dessert = coupe de fruits sur de la glace pilée arrosée de sirop, et un thé glacé, le tout pour 64 000 IDR. Ça change des warung et des rumah makan (= maison manger) !

Alors que je pianote sur l’ordi dans ma chambre, vers 20h30, j’entends dans le voisinage des sons de gamelan, comme si une fête se préparait. Je me rhabille et sors. Je demande au gars de l’hôtel d’où vient cette musique. Juste depuis l’autre côté de la rue ! C’est privé, mais il me propose d’aller voir avec lui.

Sous un kiosque, une vingtaine d’hommes de tous âges répètent un air de musique, assis devant leur instrument dans la position du lotus. Au centre, au tambour, le maître, qui par de simples mimiques, dirige, corrige, fait reprendre le morceau qui ne va pas. Le plus jeune doit avoir huit ans.

Le gamelan est un orchestre de percussions essentiellement métalliques. Ici on répète avec un gamelan réduit, composé : de trois gongs, joués par une personne, d’un deuxième tambour (c’est le gars de l’hôtel qui en joue !), de trois personnes sur des bancs à cloches, d’une autre avec une grosse cloche, et d’une quinzaine de personnes avec des cymbales. L’exercice vaut surtout pour ces derniers que le maître fait répéter de nombreuses fois : il souhaite qu’elles aient plus de punch et qu’elles soient mieux synchronisées. Mais un tout jeune a aussi des soucis avec ses cloches. Et lorsqu’il parvient à corriger le tempo de ses frappes, tout le monde acquiesce et sourit ! Il n’y a pas de partition. Chacun apprend par la seule vertu de la répétition.

 " Le gamelan de quartier en répétition  "

J’avoue que je ne saisis pas où sont les fausses notes…

La musique traditionnelle balinaise (répandue aussi à Java) n’a rien à voir avec une musique qu’on connaît en Occident. Chaque groupe d’instruments a son propre rythme, sa propre intensité et sa propre phrase musicale. Et ce rythme peut s’accélérer ou ralentir indépendamment des autres. Il n’y a pas de recherche d’harmonie entre instruments ; mais si on écoute en fermant les yeux, le son global est harmonieux ! C’est un peu magique !

L’exercice s’achève au bout d’une heure. En fait, l’Astri homestay se trouve dans le quartier balinais de Mataram/Cakra : il y a des petits temples alentours, et les maisons privées du quartier ont, à l’instar de l’hôtel, leurs chambres distribuées autour d’une petite cour, jouxtant le petit temple familial, et les statues de divinités. C’est là qu’habitent depuis le 17ème siècle les descendants des conquérants balinais victorieux sur les princes de Lombok.

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03/02/2015

Aujourd’hui, réveil par les oiseaux. Je décide de quitter Lombok : je ne suis pas un fanatique de la nage au tuba ni d’une rando haute montagne sur le Gunung Rinjani toujours dans le brouillard. Et si c’était le cas, il me faudrait plusieurs jours encore et changer de camp de base… Je quitte donc l’Astri homestay avec regret et pars pour Bali.

J’arrive à caser la valise entre mes jambes sur le « motorbike ». À l’hôtel Internasional, je rends le « motorbike » et j’ai la surprise d’apprendre que le gérant me fait un « diskon » pour l’avoir gardé trois jours (70 au lieu de 75). Et de plus il me conduit là où stationnent les bemos pour Lembar, le port des ferries pour Bali. L’embarcadère est au fond de la baie de Lembar, profonde et encadrée de collines couvertes par une épaisse végétation.

Le port est en plein travaux : installations de portiques électroniques pour les voitures, bétonnage pour de vastes parkings. Un des portiques est réservé aux piétons (45 000 IDR la traversée). On me dit « dépêchez-vous, le ferry va partir dans 10 mn » !

Sur le ferry, plein à craquer de camions, le temps de monter sur le pont-passagers, on me propose au moins dix fois d’acheter une bouteille d’eau, et, d’autres vendeurs, des en-cas au riz emballés dans du papier.

" Enfin, on quitte Lombok ! "

Et puis on attend.

Une heure, deux heures. On se demande pourquoi on attend, personne n’a d’infos et impossible d’en obtenir des gens du bateau. Je descends avec ma valise pour quitter ce bateau, car un autre ferry est à quai juste en face et semble se remplir de passagers. Mais on me dit que mon ferry partira quoi qu’il arrive avant l’autre. Pourquoi ce retard ? Problèmes administratifs, me répond-on !! En effet vers midi, on décroche les amarres et on quitte le quai. Mais pour quelques brasses : c’est pour laisser la place à un ferry qui arrive ! Et nous voilà à faire des ronds dans l’eau devant l’embarcadère…

Un petit esquif venant du port amène un messager qui monte à bord : il semble que les problèmes administratifs s’achèvent car on entend les moteurs se remettre à ronfler. Il est 12h40 lorsque le ferry démarre enfin sa traversée.

Quatre heures de traversée entre les deux îles : le temps est au beau fixe au-dessus de la mer, mais au loin, au-dessus des montagnes, s’accumulent de gros nuages. Quelques dauphins font leur apparition et s’amusent à faire la course avec le ferry. Je fais la conversation avec un jeune. Lui et son pote me proposent de m’amener avec leur voiture jusqu’à Kuta. Ils travaillent au gouvernement provincial de Tabanan à Bali. La conversation est limitée car ils s’intéressent beaucoup au foot (pleins de photos de footballeurs sur son mobile), et moi je ne sais pas quoi dire sur ce sujet…

" Bali a beaucoup changé "

A la descente du bateau vers 16h30, ils m’invitent à monter dans une belle Toyota aux vitres foncées et à la plaque d’immatriculation rouge (Etat). Et en à peine une heure nous sommes à Kuta. Ils me déposent à 500 m de Bemo corner.

Bali a beaucoup changé depuis 2006 : beaucoup de constructions neuves, de routes nouvelles, moins de bemo, moins d’étals sauvages. À Kuta, la rue qui mène à la plage est semi piétonnière, bordée de magasins de souvenirs bien rangés. Dans cette rue, les hôtels sont chers (300 à 400 000).

J’erre dans la Poppie lane 1 à la recherche d’un hôtel à petit budget. Je pose mes questions au Komala Indah1 : la chambre avec WC/sdb (où tout fonctionne !), wifi et petit dej. symbolique, est à 100 000 IDR. Et on y loue des scooters à 40 000 IDR. De plus cet hôtel est à l’écart des lieux bruyants, et les chambres, toutes de plain-pied, s’organisent autour d’une cour, d’un kiosque, d’un petit autel et d’un jardinet à la balinaise. Le patron est affable et bavarde volontiers.

Petit resto puis quelques courses pour compléter le petit dej. annoncé comme simple (thé et bananes).

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04/02/2015

Comme annoncé, le petit dej. est réduit à sa plus simple expression : une thermos de thé et quatre bananes, déposées dès 6h sur la table de la terrasse. Je complète avec des tartines de confiture…

" L'autel de l'hotel "  " Thé et bananes ... "

Petit tour à la plage, que dis-je, à l’immense plage de Kuta. C’est l’heure où l’on ramasse les détritus laissés par les gens mais surtout ceux ramenés par la mer. Les surveillants de baignade font leurs abdominaux et autres exercices musculaires sous les yeux attendris de Japonaises qui tripotent leur planche de surf avec nervosité. Il faut dire que si la plage de Kuta est dangereuse pour la baignade, elle est réputée pour ses vagues à petits rouleaux, idéales pour l’apprentissage du surf.

Je dépose ma chemise et autres sous le poste de surveillance et vais piquer une tête dans la mer. On a pied très loin, mais il faut faire attention aux vagues qui arrivent et submergent, puis à leur retrait qui peut vous emmener au large si on ne s’y attend pas.

La plage de Kuta :  " Dommage qu'elle soit si sale ! "  " Surf, leçon 1 "  

Douche de retour à l’hôtel, lessive. Je traine un peu : réflexions sur les jours qui vont suivre. Dimanche soir, les vacanciers V., A. et D. arrivent de Toulouse, et on m’a désigné G.O.. Je dois donc préparer un peu la suite du périple.

Le réceptionniste me confie un « motorbike » en me faisant remplir un contrat (la première fois depuis mon séjour !). Puis je vais à l’office de tourisme, où on me donne avec un large sourire un kilo de documents (dont une carte de Bali rédigée en chinois…), mais pas de réponses à mes questions. Puis je me rends chez un loueur de voiture (Europcar), dont l’office est assez loin de Bemo Corner, pour avoir une idée des prix : une Toyota Avanza 4 places à prendre et à laisser sur place à 29€/j, sans assurance tiers. Je vais voir chez « André » Sewatama rent a car, Jl. By Pass Ngurah Rai 330 (1 km au sud du McDo. de Sanur). On me propose une voiture identique pour 25€/j, tous risques, franchise de 100€. Et, bonus, on me propose de nous prendre à Bemo Corner et de nous y ramener ! Je la réserve pour cinq jours.

Puis direction Sideman, un village dans les montagnes de l’est.

" Campagne balinaise "   "  Un arbre sacré "

Sur la route, j’entends (malgré le casque et le bruit du moteur) les sons caractéristiques d’un gamelan : au bord de la route une école d’apprentissage de musique pour petites filles ! Mon arrivée les distrait un peu, mais le prof de musique est indulgent.

 " Ecole de gamelan pour jeunes filles "

Un peu plus loin, il y a foule sous un préau : on parie sur le vainqueur d’un combat de coqs. Chaque bête a une serre en métal bien aiguisée attachée à une patte. Les billets circulent et les enchères montent ! Le combat dure cinq secondes : le temps pour le coq multicolore d’enfoncer sa serre dans le cou de son ennemi du moment.

" Qui va gagner ce combat de coqs ? " x 2

Je trouve dans le village de Sideman le « homestay » qui me va bien, et réserve deux nuits. Dans le village une autre école de gamelan, des garçons ados cette fois. Ici, le prof est exigeant. Toujours ce problème de synchronisation des cymbales. Il faut dire que l’un d’eux suit un jeu sur son mobile…

Ecole de gamelan pour jeunes garçons : "  Le coin des distraits  "   "  Le coin des sérieux  "  

Retour vers Kuta. Arrivé à l’hôtel, dans le temple du quartier, se déroule une cérémonie. Je m’y incruste, sous l’œil bienveillant d’un ancien qui « contrôle » l’entrée. Là, on n’est plus dans l’apprentissage. C’est du sérieux. Le gamelan est au complet. Pas mal d’anciens, mais beaucoup de jeunes. On m’explique : c’est l’anniversaire de ce temple. Ou plus précisément comme l’année balinaise compte quelque 250 jours et des poussières, c’est la fête de cette période. Outre le gamelan, il y a la ronde des offrandes, la vénération des idoles (des statuettes d’animaux mythiques très colorées), la danse des femmes devant les autels qui croulent sous les décorations. La cérémonie est très colorée, très « bruyante », les gens sont très sérieux et accomplissent leurs rituels avec application.

Cérémonie d'anniversaire du temple  "  Les danses " "  La ronde des offrandes "
" Je joue dans mon coin "  " Le défilé des animaux mythiques "  

Lorsque la cérémonie s’achève, un ancien discute avec moi en anglais, et m’explique le rôle des prêtres, celui des danses et des offrandes. Ce temple est celui du clan du quartier. Un clan est une famille élargie d’une caste précise. Il y a une centaine de clan sur Kuta, donc autant de petits temples. Au-dessus, il y a le temple qui regroupe plusieurs clans, et là les cérémonies, c’est du sérieux. Enfin, il y a les quatre temples les plus sacrés de Bali, et là c’est le nec plus ultra des cérémonies. Sans parler des festivités lors de la nouvelle année de 250 ++ jours, qui durent dix jours sur toute l’île.

Lorsque l’ancien apprend que je suis Français, il me regarde consterné : « France is full of terror ». Il faut dire qu’ici à Kuta, il y a une douzaine d’années, une discothèque a été rasée par une bombe, faisant plus de deux cents morts… Les fanatiques, ils connaissent !

Pendant notre conversation un peu à l’écart, une femme m’apporte du café, un gâteau et de l’eau. Je suis le seul étranger à assister à cette cérémonie. Bien que ce temple soit bien caché au fond d’un dédale de ruelles, avec le son du gamelan, on le repère bien. Mais ça ne semble intéresser personne parmi les centaines de touristes qui déambulent dans la rue commerçante à cent mètres.

Repas dans un warung qui fait du babi (= cochon) !

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05/02/2015

Encore une journée de préparation. Une bonne raison pour aller me balader en scooter…

Tout d’abord, régler cette histoire d’abonnement téléphonique qui vient à échéance aujourd’hui. J’en remets pour 50 000 IDR afin d’avoir à disposition, outre la messagerie, les cartes google qui me rendent bien service dans ce dédale de routes où rien n’est indiqué. En fait, il faut avoir avec soi la carte papier où il y a le nom des lieux, ET la carte google/GPS, qui, malgré qu’elle n’indique que peu de nom de lieu, permet tout de même de savoir où on est.

Deuxième tâche sur la liste : y comprendre quelque chose dans les différentes gares de bemo et la gare routière de l’ouest (terminal Ubung), celle d’où partent les bus pour Java. Cette gare est au nord de Denpasar, la capitale de Bali, à 12 km au nord de Kuta. Si on veut aller de Kuta à cette gare, il faut prendre un bemo à Bemo Corner, attendre qu’il se remplisse, aller jusqu’au terminal de Tegal ; là, changer de bemo pour rallier Ubung. Bref, la galère. D’autant plus qu’il y a beaucoup moins de transports collectifs, vu qu’ici tout le monde possède maintenant son scooter.

" Décor d'une bijouterie un peu exubérant "  "  Placide au milieu du carrefour "

À la gare routière d’Ubung, on me donne quelques renseignements, parfois contradictoires. Bon, on verra ce qu’il en est, le jour venu.

Troisième tâche, trouver un logement à Ubud à un prix raisonnable. Une fois sur place (ce qui est déjà un exploit), je me rends compte une fois de plus que l’endroit a complètement changé : c’est devenu un endroit ultra touristique avec un monde incroyable débarquant de gros autocars. La rue principale est un embouteillage permanent. J’ai du mal à croiser ce que je vois avec mes souvenirs du lieu.

Je demande quelques prix d’hôtels se trouvant un peu à l’écart de ce centre bouillonnant, et un peu plus du côté des rizières : les prix ne descendent jamais en dessous de 350 000 IDR ! Celui où l’on était descendu il y a une vingtaine d’année a été complètement rénové, les prix démarrent à 400 000 IDR et il n’y a plus de chambre disponible. Il reste des King bungalows à 6 ou 700 000 IDR.

Heureusement, je déniche un établissement, à mon goût et dans mes prix, au bout d’un étroit chemin entre les rizières,… mais on en reparlera plus tard. Je réserve deux chambres, puis bavarde avec le couple propriétaire de l’établissement. Dans la conversation, je demande à la dame si elle aime bien faire la cuisine (question un peu hypocrite, car vu les rondeurs de la dame et les odeurs de bons plats, ça ne fait aucun doute), elle me dit que oui et que sa spécialité est le canard fumé, cuit durant une nuit dans la terre et la braise. Je réserve aussi le canard !

Je pousse jusqu’à Tampaksiring, et me promène un peu dans les rizières. La campagne et les villages sont agréables, aérés et encore préservés.

" Rizière perdue dans la jungle "  " Un schtroumpf vert "  " Bain et lessive dans le canal d'irrigation "
" Fin d'une crémation "  " L'atelier de sculpture est dans la rue "  

Et, par contraste, le retour sur Kuta est assez pénible (pollution, bousculade entre les scooters pressés de rentrer, chaleur, agglomération tentaculaire).

Repas d’une soupe avec des pattes de poulets dedans.

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06/02/2015

Il fait toujours un temps magnifique. La « fraîcheur » apportée par la nuit ne s’est pas encore envolée lorsque je prends mon « thé + bananes » sur la terrasse de ma chambre, donnant sur la petite cour paisible - un appel au farniente …

Je bavarde un peu avec le réceptionniste ; je lui demande s’il y a des cérémonies de funérailles aujourd’hui. Il sort un calendrier avec plein de notes à chaque page. Ces notes indiquent les jours favorables pour chacun des rites de la religion balinaise. Pour la page du mois de février, en bas de page, il est indiqué que les jours favorables pour les crémations sont les 6 et 12. Bon tuyau !

Malgré la douceur de ce début de journée, il ne faut pas mollir ! J’enfourche le scooter et m’engage dans le tourbillon de la circulation. À noter : les décors des ronds-points !

Statues kitch : " Le surfeur "   " Ramayana "  

Je fais du repérage du côté de l’aéroport. Comme je m’en doutais, il n’a rien à voir avec le dernier souvenir que j’en ai. La construction est récente, imposante, dans un style qui se veut balinais, et dotée d’un accès aux voitures digne d’un péage d’autoroute ! Cependant, les scooters ont un accès différent et doivent aller se garer à part.

Les passagers qui arrivent à Bali par l’aéroport « vols domestiques », après la récupération des bagages, sortent « à l’air libre » sous une vaste galerie. Les personnes qui attendent des passagers sont maintenues à distance de cette sortie par des barrières en inox. Les passagers qui souhaitent prendre un taxi prépayé doivent se diriger à droite en sortant. À trente mètres, il y a un guichet où l’on distribue les « bons » à donner au chauffeur de taxi. Les tarifs défilent sur un écran HD au-dessus du guichet. Pour Bemo Corner, il en coûte 80 000 IDR.

Aux « vols internationaux », c’est le même principe, sauf que le bureau des taxis prépayés est à droite en sortant, avant les barrières en inox et les duty free. Mais ça peut changer car cette zone est en cours d’aménagement. Et comme l’écran HD n’est pas au-dessus des guichets, les prix sont à la tête du client : 100 000 IDR pour Bemo Corner…

Fort de ces informations, j’enfourche le scooter pour faire le tour de l’aéroport, et faire un plein d’essence avant d’aller à Jimbaran.

À Bali l’essence est un peu plus chère que sur les autres îles visitées, mais la bière y est un peu moins chère … Le corps local des Inspecteurs des Finances a dû cogiter longtemps sur cette question…

Jimbaran possède une belle plage, bien plus tranquille que celle de Kuta, mais aussi dégradée par les détritus en plastique. L’arrière plage est occupée par des restaurants, et à cette heure-là (midi), il n’y a quasiment pas d’activité. Le premier établissement où je m’arrête, je vois qu’il dispose d’une douche de plage. Je m’installe à une table et sous un parasol, les pieds dans le sable, et commande un pot de café. Hop ! le maillot de bain !

" La plage de Jimbaran vue du petit port de pêche " 

Et je bulle. En écoutant les vagues s’écrouler sur le sable…

Puis je me décide à aller me baigner. Je parcours les pieds dans l’eau, les cinq cents mètres qui me séparent de la zone surveillée (les surveillants sont tous assoupis sous une paillote : personne ne se baigne à part moi) et vais affronter les grosses vagues. Quand elles passent, ça fait l’effet machine à laver !

L’eau est à la température idéale pour moi ; mais, qu’il est désagréable d’avoir comme voisin de baignade tous ces sacs et autres déchets en plastique autour de soi ! Sur l’eau et dans l’eau. Quel désastre !

Retour au camp de base, où je continue à buller sous le parasol. Quelques japonaises s’installent sur les tables voisines et pépient en se prenant en photo. Il ne faut pas cinq minutes pour qu’un groupe de chanteurs, sorti de nulle part, dotés de guitares et d’un violoncelle, se mettent à gratouiller des chansons sirupeuses japonaises. Et les filles, ravies, hi hi hi, de leur lâcher des billets avec pleins de zéros…

Ça me décide à décrocher (d’ici à ce qu’on me joue « le petit vin blanc… »).

Je me dirige vers Denpasar avec pour intention d’y visiter le Bali art museum. Une heure à zigzaguer entre les voitures dans un inextricable embouteillage. Arrivé presque à la hauteur de la place Puputan, le son incomparable d’un gamelan sortant d’un petit temple de quartier attire mon attention. Je pose mon scooter tant bien que mal, entre des dizaines d’autres, et vais voir pourquoi il y a tant de monde dans ce temple. Des hommes me recommandent d’y entrer et d’aller voir. Tout le monde est à peu près en tenue traditionnelle. L’entrée du temple est encombrée par un gamelan installé sur une bâche. Les partitions sont plutôt lentes et douces. Il s’agit de funérailles. Ou plutôt de la préparation à la crémation qui aura lieu demain, jour faste… pour aller direct au paradis….

Préparation des funérailles : " Le gamelan "  " On déballe le corps"  

J’arrive au moment où l’on vient de déballer le défunt de son cercueil provisoire pour le disposer sur une table en bambou. On vient juste d’enlever le linceul provisoire : une dizaine d’hommes soulèvent le cadavre, raide, gris vert, aspect de cire, pour l’installer sur la table recouverte d’une natte et de plusieurs draps blancs, et lui poser un oreiller et des morceaux de bambous sous la tête. Une fois reposé, le défunt est habillé d’un beau sarong bleu roi, brodé d’or, coiffé d’un turban. On lui remet ses bijoux (on a du mal à enfiler celui du petit doigt, tellement il est rigide). Ces activités sont soulignées par les différents rythmes donnés par le gamelan et les chants marmonnés par quelques personnes dans l’assistance. Les gens sont là, avec les enfants, tout près des officiants, n’hésitant pas à monter sur les autels pour avoir une meilleure visibilité, et prenant consciencieusement des clichés de la cérémonie avec leur mobile.

 " On passe l'anneau "  " Quelques mots d'adieu "  " Le défunt est habillé "

Puis des parents (et la veuve ?) viennent placer des fleurs un peu partout sur le corps, verser le contenu de fioles sur le visage du défunt, et faire des cercles avec de l’encens au-dessus du corps. Puis on attache les pouces des mains et les pouces des pieds avec de la grosse ficelle blanche. Et voilà qu’on remballe le défunt dans ses différents draps et nattes.

" Les invités sont attentifs "    "  Dernière onction "  
" On remballe  "  "  Image souvenir  "

Mais quelqu’un réagit : on a oublié quelque chose ! On défait la natte dans la bonne humeur (ici, personne n’est triste…) : on avait oublié de ficeler le corps emballé dans les draps ! Et voilà le défunt ficelé comme un rôti ! On remballe le tout et on le transporte dans le catafalque qui attend dans le kiosque du temple. Toujours le gamelan qui rythme, mais à présent c’est un peu plus cadencé. On referme l’homme dans sa boîte.

Et voilà qu’on s’agite dans l’autre partie du kiosque ! On y déballe un autre cadavre ! On m’explique qu’il s’agit d’une cousine qui a eu la bonne idée de mourir à peu près en même temps. On la place pareillement sur une nouvelle table de préparation. Et on lui enlève son linceul provisoire, en prenant bien soin de lui cacher le sexe avec un tissu noir. Je découvre qu’il s’agit d’une énorme femme, même aspect, même couleur, etc…

" Au tour de la cousine " " 3 générations "  

Bon, j’en ai appris assez sur ces rites, et tente de quitter discrètement les lieux ; mais les gens avec lesquels j’ai conversé m’invitent à venir demain, 12h30, pour assister à la crémation ! See you to morrow, nice to meet you ! etc.

Trop tard pour visiter le musée, je rentre sur Kuta, où il y a un embouteillage monstre. Pas loin de Bemo Corner, des centaines de scooters sont parqués comme des sardines sur des centaines de mètres. Ah ! Encore une cérémonie ? Je laisse mon scooter et vais voir là où les gens vont : pfff… Il s’agit d’un match de foot.

Retour à l’hôtel au crépuscule pour vite rédiger tout ça.

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07/02/2015

Beau temps, mais un peu plus lourd ; gros nuages au nord.

Direction Denpasar. C’est là où j’ai « rendez-vous » pour la crémation, vers midi.

Je passe la fin de matinée au musée de la province de Bali, sur la place Puputan. C’est un très beau musée tant du point de vue de son architecture que de ses (petites) collections. L’espace du musée est occupé par différents bâtiments disposés à la façon des temples, séparés par des enclos et des jardinets fleuris. Pour passer d’un enclos à l’autre, il faut franchir des portes sculptées de monstres effrayants. Les murs, en briques et en pierre de lave, sont aussi décorés de bas-reliefs représentant dieux et princes. Les bâtiments sont en bois noble, et leur toit est recouvert d’une épaisse couche de paille.

Diverses collections relatent l’histoire des traditions balinaises. Une salle spéciale est consacrée aux kriss, ces petits poignards effilés et au profil de serpent, qui font la fierté (et la noblesse ?) des hommes qui le portent.

" Le musée de la province de Bali "   " Un mariage, ça se prépare !"  

Dans l’espace du musée, plusieurs couples de jeunes mariés sont venus se faire prendre en photo dans des tenues princières et m’autorisent volontiers à les prendre en photo.

Je vais faire un tour au marché aux oiseaux, pas bien grand, mais, en plus des volatiles (dont des hiboux), on y trouve des petits singes (ça pue…), des serpents, des gros lézards, et de quoi nourrir toutes ces bêtes : grillons, souris, etc… On ne peut pas dire que les animaux y soient traités avec délicatesse...

" Le marché aux oiseaux "  " Le marché aux oiseaux, mais pas que ... " 

Je suis de retour au temple où hier on préparait les funérailles d’aujourd’hui (le Ngaben). Les catafalques sont déjà sortis et posés sur la chaussée, ce qui provoque un joli embouteillage. La police s’occupe à canaliser le flot des voitures et scooters. Il y a beaucoup plus de monde qu’hier. Vers 13h, une fois remis les cercueils en place dans les catafalques, une fois posés les catafalques sur des remorques, et mis le gamelan version portable, en ordre de marche, les gens se mettent en colonne devant les remorques tirées à bras. Ils tiennent à bout de bras un long drap blanc au-dessus d’eux et dont l’extrémité est accrochée à chaque catafalque. Dans le cortège, des femmes portent des coupes sur la tête, coupes chargées d’offrandes (fruits, fleurs) et décors en feuilles de bambou tressées. La fin du défilé est fermée par le gamelan dont la musique est plutôt calme. Les deux cortèges se dirigent en se suivant, vers le parc de Tegel, consacré aux crémations. C’est un vaste parc, complètement laissé à l’abandon avec des secteurs envahis par une végétation inextricable, et les autres sont remplis de détritus…Il sert aussi de toilettes sauvages ! Les cortèges vont à contre-sens de la circulation, aussi tout le secteur est bouclé par la police. Le parcours fait plus d’un kilomètre et les cortèges prennent le temps. Quelques-uns suivent en scooter (dont moi).


Le Ngaben  : " Le départ " 

À l’entrée du parc, je laisse mon scooter, enfile un sarong en vitesse et mets une écharpe autour. Ça irait à peu près s’il n’y avait pas le pantalon qui dépasse… Un gars vient m’aider complaisamment à resserrer le tout.

Les catafalques ont été posés à côté des deux bûchers sur une petite élévation. Les bûchers sont faits avec de gros rondins de bananiers. On tire les cercueils des catafalques et on les pose successivement sur les bûchers. On en sort les défunts encore emballés. On les déballe, et on fait apparaître le visage, les mains et les pieds. On place les linceuls devenus inutiles sous les cadavres. Une cérémonie à peu près identique à celle de la veille se déroule avec les proches des défunts : jets d’eau, de fleurs, d’encens, etc … tandis qu’un chœur chante, marmonne des prières. Devant les bûchers les offrandes s’accumulent sur une estrade : fruits, canards rôtis, tissus, œufs…

Le Ngaben  : " La cérémonie " 

Une fois les cérémonies achevées, des gars arrivent avec deux grosses bouteilles de gaz et des énormes brûleurs qu’ils placent sous les cadavres, et hop ! ils mettent en route les lance-flammes ! Les gens ont pris du recul, car le vent disperse la fumée un peu n’importe comment.

Le Ngaben  : " La crémation " 

Un large auvent abrite le gamelan et les gens qui ne veulent pas rester debout. On en profite pour pique-niquer et bavarder. Des femmes font circuler des boissons et pâtisseries. Et on m’en offre !

Le Ngaben  : " la collation " 

Vers trois heures les gens commencent à quitter les lieux de façon effilochée, tandis que l’esprit des défunts, enfin libéré, peut accéder aux espaces immatériels.

Je reprends le scooter pour aller voir du côté de Sukawati si les marchés d’art sont ouverts. Mais ils sont un peu décevants.

" Des sculpteurs un peu trop classiques" " Des sculpteurs un peu trop audacieux "  " Des peintres en manque d'inspiration "

Retour vers Kuta ; le temps est lourd et le ciel est très noir…

Ce soir, repas d’un très gros poisson au marché de nuit. Ce marché, qui n’a rien d’un marché, rassemble plusieurs petits bouibouis, serrés les uns contre les autres, et se faisant, il y règne une concurrence acharnée : j’ai à peine eu le temps d’éteindre le scooter que j’avais déjà deux menus entre les mains !

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08/02/2015

Ce matin, grass’mat, puis un peu de rangement.

Petit tour en scooter au nord de Kuta entre Tanah Lot et Tabanan. Les deux routes à sens unique, à peu près parallèles au bord de mer sont une succession, sur une dizaine de kilomètres, de boutiques, d’hôtels, de salons de massage, de discothèques et autres établissement pour touristes. Les routes sont étroites, encombrées par une forte circulation, les touristes-piétons ne disposant que d’un tout petit bout de trottoir. Chacun a construit sa boutique à son idée, en prenant bien soin de la mettre en avant à l’aide de placards publicitaires hideux.

" Une aigrette balinaise dans les rizières "

Ça se calme lorsqu’on atteint les rizières (on se demande si elles ne vont pas bientôt disparaître sous la pression immobilière).

Dans l’intérieur de l’île, une fois quittée la zone touristique, le paysage est plus harmonieux et plus conforme aux us des Balinais. Sur les petites routes, les villages rencontrés sont composés de maisons traditionnelles, chacune avec son entrée monumentale, et sa cour intérieure organisée comme un temple. Les gens déposent des offrandes sur le seuil d’entrée, dans des petites coupoles en feuilles de bambou tressées : des bouts de feuille de banane, des grains de riz, un fruit, un ou deux bâtons d’encens. Dans la cour, des idoles plus vénérées que d’autres sont emballées dans des tissus jaune d’or ou à carreaux blancs et noirs. Des parasols blancs ou jaunes les protègent.

"  Ce qu'on peut faire avec des feuilles de bambou tressées "  

Dans un temple (nouvelle occasion d’enfiler mon sarong), un régiment de femmes sont rassemblées pour préparer une cérémonie qui aura lieu demain. Ça jacasse pas mal tout en tressant les coupelles !

" Préparation des offrandes "  "  La cérémonie, c'est pour demain ! "

Je visite un endroit où vivent une colonie de singes et une colonie de grosses chauves-souris. On peut se faire photographier avec elles en leur écartant les ailes !! Il y a aussi quelques chiens errants. Déjà, avec les chats, ils n’ont pas la loi, mais là, avec les singes, ils peuvent aller se gratter ailleurs ! Un môme braille : il vient de se faire piquer sa belle casquette rouge par un singe. Les gens des échoppes lui courent après avec de gros bâtons.

" Les squatters du temple "  "  Voir le monde à l'envers "  " Le vénéré du jour "

Retour dans les encombrements de Kuta, et à l’hôtel, pour prendre possession de la chambre des amis.

Après-midi à vadrouiller dans Kuta et à échanger des SMS avec V. !

Je vais sur la plage de Jimbaran pour aller voir le coucher de soleil. Il y a du monde et surtout au sud de la plage. Des petits restos ont déployé des tables sur le sable et les touristes sont venus dîner à l’air frais du large. Parmi eux, de grandes tablées de Chinois venus en autocar.

Je me laisse tenter par une grillade de poisson (1kg) et de six grosses crevettes. Le tout accompagné de légumes et de riz, et arrosé d’une bière. Là, je casse ma tirelire ! 220 000 IDR… et desserre ma ceinture !

" La plage de Jimbaran "  "  Repas de poisson sur la plage de Jimbaran "

Digestion à l’aéroport qui est juste à côté. J’apprends que tout le monde est bien arrivé à Jakarta. Alors que je me promène dans les allées, je suis interpellé tous les dix mètres par les chauffeurs de taxi. Même lorsque je suis assis dans un coin, en train de rédiger le blog !!

L’attente à l’aéroport s’éternise. J’apprends par sms que la compagnie Garuda n’accepte pas de modifier le billet d’avion initial des arrivants V+A+D, pour un avion plus tôt, sauf moyennant un supplément presque égal au prix du billet ! Donc je dois les attendre jusqu’à une heure trente du matin… Et l’aéroport est plein de moustiques … et de chauffeurs de taxis qui me demandent inlassablement où je veux aller !

L’avion arrive tout de même à l’heure et tout le monde est là, un peu sur les rotules. Tout ce joli monde a fait quatre décollages et quatre atterrissages successifs en 24 h ! On prend enfin un taxi pour Bemo Corner.

Je récupère mon scooter et, au bout d’un moment, le chauffeur me demande de passer devant : il ne connait pas où est Bemo Corner ! Heureusement que j’avais fait du repérage !

Le quartier, habituellement bien animé, est bien calme quand on arrive à l’hôtel ; on s’empare de nos chambres sur la pointe des pieds. Il suffit d’une demi-heure pour qu’on s’endorme.

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09/02/2015

Aujourd’hui, on ouvre un œil vers 7h30. D dort encore , alors le reste de la troupe décide d’aller se baigner. La plage est déserte à cette heure matinale, mais on doit se mettre à l’ombre car le soleil tape déjà. La plage a été nettoyée et la mer est bien agréable ; la marée est basse et les rouleaux sont bien formés.

L’employé de « André Sewatama rent a car » est ponctuel à notre rendez-vous à l’office de tourisme (10h) et nous conduit avec sa voiture à l’agence. Là on prend possession du véhicule (petite cylindrée mais avec air conditionné), dernières recommandations… La conduite à gauche, je connais, mais il faut réapprendre le levier de vitesse à main gauche et le comodo inversé ! Plus d’une fois, c’est l’essuie-glace qui indique que je change de direction !… La route avec la voiture se révèle plus lente qu’avec un scooter.

Arrivé à Sideman, on s’installe au Sweet Home Stay, un genre de chambre d’hôte, qui propose deux chambres à 175 000 IDR (14€) tout confort petit dej inclus. L’habitat est traditionnel, avec le petit temple, et le jardinet fleuri. La famille a son logement dans l’enceinte de la propriété. Les seuls bruits environnants : les grenouilles et les grillons.

Après un repas dans un warung, on reprend la voiture pour monter jusqu’au temple Besakih. Petites routes encombrées par des petits camions transportant du sable. Au site du temple, vers 13h, on est la seule voiture au parking ! Forcément, on a pris le parking qui est à un kilomètre des temples ! La montée vers le temple est, au départ, encombrée par les « guides » et autres vendeurs, mais leur moral n’y est pas et ils nous laissent tranquilles.

Le site de Besakih est de toute beauté. Appuyés sur les pentes du mont Agund, une dizaine de temples se succèdent avec leur multitude de pagodes aux multiples toits de paille à étages (meru), et leurs grands espaces à la disposition des esprits balinais et des cérémonies qui les honorent. La vue s’étend jusqu’aux plages de Kuta. De gros nuages s’accumulent sur la montagne, juste au-dessus des temples. Ciel sombre au-dessus de nos têtes, soleil dans les yeux, lumières étonnantes sur ces idoles effrayantes, qui surveillent l’entrée des temples…

" Les temples de Besakih  "
" Les temples de Besakih  " 

On erre dans les temples, gravissant les escaliers monumentaux, parcourant les terrasses aux points de vue splendides, grognant contre les pseudos gardiens de temples qui interdisent de prendre des photos mais qui les autorisent si on fait des « offrandes » …

Retour vers le Sweet Home Stay, avec quelques erreurs d’itinéraire, mais une route aux paysages magnifiques sur les rizières en terrasses. De là, on part faire une petite promenade dans les champs environnants. La lumière rase de fin de journée rehausse le vert des cultures et des terrasses. En équilibre sur les petits passages entre les terrasses, en sueur, on parcourt le sentier qui tortillonne autour des parcelles bien entretenues. Les gens qui y travaillent nous font des signes de bienvenue. Une équipe est au travail pour monter les armatures d’une future maison en bambous et nous fait signe de venir les regarder !

" Les terrasses de rizières "   
" Petite rando aux alentours de Sidemen   " 

Retour à la guesthouse où la douche est plus divine que jamais !

Repas sur place d’un ayam tutu (délicieux).

Les arrivants sont morts de fatigue et vont se coucher à l’heure des poules …

Pour visualiser cette mini rando sur la carte :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8832106

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10/02/2015

Debout à 7h, petit dej. copieux sous le kiosque du homestay entouré de frangipaniers, et à proximité du temple familial. Le ciel est bleu.

La route qui mène au mont Batur est la même qui monte aux temples de Besakih, à une bifurcation près. Le site du mont Batur est encadré par l’immense caldéra au milieu de laquelle se dresse le volcan, encore actif il y a peu. La route en corniche suit le sud de la caldéra et on admire les points de vue magnifiques sur le lac vert, le volcan et ses trois cratères, les coulées de laves noires suffisamment récentes pour que la végétation ne s’y soit pas déjà installée.

" Le mont Batur, le lac et le bord de la caldéra "  
" Le mont Batur  vu depuis le bord de la caldera "

Une petite route descend au centre de la caldéra qui est étonnamment très cultivée, et même on pratique de la pisciculture dans le lac. La route traverse d’anciennes coulées de laves constituées de gros blocs enchevêtrés.

On arrive à un hameau où de grandes inscriptions sollicitent le touriste pour prendre un guide en vue d’escalader le mont Batur. On s’informe sur les tarifs auprès d’un gars fort peu sympathique qui tient une « agence ». Les prix qu’il demande se révèlent exorbitants par rapport à ceux indiqués par le GR : pour nous quatre, 1 000 000 (70€) à comparer aux 350 000 IDR qu’on avait estimé, pour la prestation, à savoir marcher une heure et demie sur des sentiers évidents. On se prépare à marchander avec le gars, mais il nous envoie balader en nous disant que si on n’était pas capables de payer on pouvait partir. Ce qu’on se prépare à faire. Mais le clash éclate, car je ne supporte pas cette vanne. On se « parle » assez près des moustaches… et claquement de porte. On se fait traiter de « bad tourists ».

On reprend la voiture assez énervés. Dans le village suivant, on s’arrête dans un établissement qui propose aussi des guides. On délègue aux filles la responsabilité de discuter des prix. Elles reviennent avec un compromis à 500 000 IDR. !

" La grimpette sur le mont Batur "

On nous présente un jeune guide jovial. On part aussitôt sur les pentes. La première partie de la montée s’effectue à l’ombre d’une forêt de pins, et par des pistes qu’on pourrait pratiquer en scooter. Puis on affronte la montée par un sentier assez instable car les pierres et les gravillons de lave érodée roulent sous les chaussures. Et lorsque la limite de la forêt est atteinte, le soleil vient nous griller de ses rayons ardents (il est 11h30), et la pente s’accentue ! les derniers mètres sont difficiles, on sue à grosses gouttes, et grâce à quelques poses où on avale des litres d’eau, on parvient aux petites boutiques rudimentaires qui annonce le bord du cratère.

C’est le point bas du cratère. Le sommet du mont Batur est encore plus haut sur la droite. Mais on n’y va pas car c’est la « long itinerary » alors qu’on a pris la « little », et aussi parce qu’on est nazes ! À ce point de la rando, on a une belle vue sur le lac et les villages au fond de la caldera, et de l’autre côté, on a une belle vue en profondeur sur le cratère. On y voit quelques points chauds d’où sortent les fumerolles de vapeur, et le guide nous assure qu’on peut y faire cuire des œufs. Il nous montre quelques fissures à nos pieds puis au fond d’une anfractuosité, des émanations bien chaudes. Et enfin il nous montre une cave habitée par des chauves-souris, et au fond de laquelle il nous assure que des cérémonies ont lieu pour calmer les élans sinistres de ce volcan qui a déjà détruit plusieurs villages. Je me fais la réflexion qu’un sismographe serait plus efficace… On crie bien fort pour faire travailler Mr Echo et on redescend. On dérape un peu dans les graviers. On est de retour à la voiture au terme de 2h45 de rando. Trempés et gluants… On remercie notre guide qui semble très content du « tip » offert, et on remonte la route de la caldera pour s’arrêter dans un petit restau avec une vue imprenable sur le volcan.

" Vue sur le Mt Agung depuis le mont Batur "

Pour visualiser cette rando :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/mt-batur-8837957

La suite de la journée est plutôt routière : on prend la route au nord de la caldera pour rejoindre Tejakula au bord de la mer. On se retrouve dans le brouillard, puis dans une pluie orageuse pour circuler sur une route sinueuse (mais en bon état). La route qui borde la côte est un peu décevante car on ne voit pas le bord de mer, tant la végétation est abondante. On n’a plus assez de temps pour aller voir ce qui se passe à Amed, petite station balnéaire.

Mais on prend le temps de s’arrêter à Tirta Gangga : c’est un caprice de roi qui s’est fait bâtir une série de bassins, de fontaines et de statues pour que ce lieu sacré soit un substitut au Gange. On parcourt l’itinéraire « marcher sur l’eau » : des piliers coupés au ras de l’eau d’un bassin proposent un parcours d’équilibriste, sous le regard attentif d’énormes carpes qui attendent un éventuel plongeon !

" Tirta Gangga "  

Retour à Sideman par des milliers de virages sur les flancs du mont Agung où on arrive en retard à l’homestay pour le rendez-vous « massage » de ces dames. Mais la jeune masseuse, indulgente et patiente, nous attendait.

Les filles ressortent vermoulues de ce massage, comme passée dans une broyeuse !

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11/02/2015

Temps gris et lourd. Il a beaucoup plu cette nuit.

Aujourd’hui : visites culturelles ! On redescend plein sud, vers la côte.

Tout d’abord : le palais de justice du roi de Klungkung. Plusieurs pavillons sans murs sont répartis dans un grand enclos, l’un d’eux trônant au milieu d’un bassin. Ces pavillons, aux ouvrages très travaillés, ont leur plafond entièrement décoré de planches dessinées. Comme nos BD en quelque sorte.

Le thème est simple : les bons et les méchants. Les premiers, on s’y attend, sont promis au bonheur éternel. Mais aïe aïe aïe pour ce qui attend les méchants – c’est assez sanglant ! À l’entrée du musée attenant, deux gardiens jouent de la musique avec un genre d’orgue en bambou.

" Le palais de Klungkung " 

Dans un parc à proximité, des collégiennes s’exercent à la discipline !

Goa Gadja et le buddha temple sont blottis au fond d’une gorge envahie d’une végétation exubérante, avec quelques bassins couverts de nénuphars. Une grotte creusée dans la falaise cache trois lingams et un Ganesh. L’entrée de la grotte est une énorme mâchoire de monstre roulant des yeux en colère. Des bassins d’ablutions sont alimentés en eaux par de belles fontaines sculptées. Quelques temples et des sentiers agrémentent le site.

" Goa Gadja " 

Notre arrivée dans la Vera Accomodation d’ Ubud, planquée au bout d’un petit sentier, est attendue : la patronne, toujours aussi joviale et bavarde, et son mari nous accueillent avec un large sourire ! Heureusement qu’on avait réservé : ils refusent du monde ! Notre installation dans les vastes chambres (200 000 IDR) est rapide ! On a un peu faim, alors on part à la recherche d’un warung. Un problème : les rues d’Ubud sont noyées dans un embouteillage difficile à dénouer, alors, pas question d’arrêter la voiture ! On trouve un warung avec des tables et des chaises (ce qui est rare), dans la campagne, en direction de Tampaksiring. La discussion tourne autour de la façon de conduire des garçons, critiquée par les filles qui sont effrayées dès que l’on « frotte » un peu les bords des autres voitures : il faut dire que les routes sont étroites, des scooters et des piétons partout, et les camions omniprésents (noria de convois de sable provenant des carrières sous les volcans). On suggère aux filles de prendre le volant…

Tampaksiring est le bourg où se trouvent deux sites sacrés : Tirta Empul et Gunung Kawi.

Lorsqu’on arrive à Tirta Empul, une cérémonie se déroule au fond du parking. Une assemblée de villageois en habits traditionnels sont assis à croupetons devant un énorme ficus décoré comme un temple. Des dizaines d’offrandes s’accumulent sur ses racines. Un gamelan composé de jeunes rythme les différents actes de la cérémonie. Arrive un gars avec une grande perche en bambou au bout de laquelle a été attachée une lame aiguisée : une procession se forme derrière ce gars qui a pour tâche de couper du feuillage de l’arbre sacré.

" Cérémonie sur le parking du temple Tirta Empul "

Tirta Empul est un simulacre des eaux sacrées du Gange. Une résurgence alimente en eaux limpides différents bassins. Deux d’entre eux servent de piscine aux pèlerins qui viennent se purifier. L’eau de la source s’écoule par une vingtaine de petites fontaines sous lesquelles chacun doit se doucher la tête, le corps étant déjà immergé dans l’eau du bassin. C’est un lieu où règne une grande animation : les enfants éclaboussent tout le monde, les parents rient, tandis que des occidentaux convertis à la sagesse orientale essaient de se concentrer…

"  Les eaux sacrées du temple Tirta Empul "  

Gunung Kawi est un lieu antique où les adeptes de l’hindouisme ont creusé des temples dans des falaises de part et d’autre d’un profond torrent. Pour les atteindre, il faut descendre pas mal de marches dans un patchwork de terrasses de rizières. La promenade est très agréable, dans un paysage véritablement enchanté, encadré cependant par des vendeurs de fringues et autres souvenirs.

" Gunung Kawi "  

Retour à l’hôtel où on se rafraichit sous la douche avant d’aller admirer le spectacle de dance de barong et de legong, les danses traditionnelles de Bali. Le spectacle se déroule à ciel ouvert dans un décor de palais, et des centaines de spectateurs y assistent. La musique du gamelan, jouée par des pro est fascinante. Les danseuses et danseurs, très maquillés et habillés de costumes très colorés suivent une chorégraphie très compliquée imposant parfois des postures difficiles : même les doigts des mains ont un jeu particulier et précis, et même les yeux cernés de noir doivent rouler au bon coup de gong.

Quant à l’histoire qu’elles racontent, elle reste un peu hermétique si on ne connaît pas les mythes balinais…

" Dance de Legong "  

Repas délicieux dans le warung de la sœur de la proprio du Vera, le Run’s warung, dans la rue de la poste. Sur le chemin du retour, les filles essaient de tirer des sous dans plusieurs ATM, sans succès !

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12/02/2015

Le temps est beau avec quelques nuages, toujours aussi lourd.

Petit dej. à 7h30 : banana pancake et assiette de fruits, café-thé.

Pour sortir d’Ubud par l’ouest, c’est très compliqué : il faut prendre un réseau de petites routes, sans être certain qu’elles mènent là où l’on souhaite aller. On parvient au site de Taman Ayun, à côté de Mengwi.

Une presqu’île a été aménagée pour un vaste temple et ses dépendances. Autour, parcs et jardins sont méticuleusement entretenus. Le temple consiste en une série de bâtiments aux toits de chaume répartis dans un espace rectangulaire. Les toits de chaume (meru) sont superposés d’une façon caractéristique. Celui qui cumule le plus grand nombre de toits est réservé à la caste la plus élevée, et inversement, etc…

Le public ne peut pas entrer dans le temple, mais seulement en faire le tour en longeant un petit muret. Le temple semblerait abandonné s’il n’y avait une personne qui en balaie les feuilles mortes.

" Le temple de Taman Ayun  " 
" Un village parmi d'autres "

On reprend vers le nord les routes étroites aux destinations imprécises. Les villages traversés sont comme abandonnés par la vie trépidante qui règne au sud d’Ubud. La plupart de ces villages font un ensemble harmonieux : chaque foyer a pour « obligation » de construire au sein de son enclos, une entrée monumentale, un petit temple, des autels, de placer des statues de divinités, ce qui fait que quand on traverse ces villages, on ne sait pas si on longe un temple ou des habitations ! Lors d’un arrêt, un habitant d’une de ces habitations nous propose de la visiter : devant chez lui, il y a une quantité impressionnante de statues en béton peintes, tirés du répertoire fantastique des mythes balinais. Là aussi il y a le petit temple familial, les autels, les offrandes, etc…

On prolonge notre itinéraire vers le nord, en grimpant insensiblement le long des pentes du volcan Batukau.

La route pour Jatiluwih est difficile car étroite et pleine de trous. On déjeune dans un resto avec une belle vue sur les rizières en terrasses. Le site des rizières est payant (20 000 IDR/p), mais il est magnifique. On fait la petite rando dont l’itinéraire est affiché au poste de contrôle. Les terrasses sont particulièrement belles : pour nombre d’entre elles, les nouvelles pousses viennent d’être replantées et les parcelles ont été mises en eau. Des paysannes y travaillent pour désherber à la main, et des hommes passent la débroussailleuse sur les petites levées de terre. À chaque rencontre, on nous fait des signes d’amitié ! La pente douce permet de grandes parcelles, mais il en existe de toutes petites avec une vingtaine de pousses seulement ! On s’égare un peu dans l’itinéraire, ce qui nous permet de voir de près le système d’irrigation et de la gestion des eaux d’une parcelle à l’autre. Au milieu des rizières, de petites cabanes abritent une ou deux vaches attachées par le naseau. On n’a rencontré aucun autre randonneur !

" Les rizières de Jatiluwih "  

Il se met à pleuvoir et on termine la petite rando sous le parapluie.

Retour à Ubud dans un enfer de circulation, et sous la pluie. Dans un creux rempli d’eau de ruissèlement, une voiture passe en sens inverse et nous envoie des gerbes d’eau. La fenêtre de notre voiture étant ouverte, A. prend une belle douche !

Fin d’après-midi à se détendre en attendant le repas : pour ce soir, la patronne de l’hotel nous a préparé sa spécialité, le canard fumé, cuit à l’étouffé dans une feuille de banane avec des épices pendant une journée dans un feu et sous un peu de terre !

Lorsqu’on le déguste, un délice ! Moelleux, la peau croustillante, une farce épicée,…

À l’issue de ce repas, on descend en ville, car la patronne nous prévenu qu’une big ceremony aura lieu dans le grand temple.

Dans la rue principale d’Ubud, déjà animées par la circulation, par les touristes, les restaurants, les bars, etc., arrive un défilé d’hommes en costume balinais blanc et de femmes portant des offrandes sur la tête. Deux gamelans sont mêlés à la foule ainsi qu’un barong. La procession prend en enfilade la rue principale, et se dirige vers le grand temple

On enfile nos sarongs et on se faufile parmi la foule des Balinais. À l’entrée du temple, le gamelan (composé de jeunes) joue accroupi. Dans le temple, la procession finit de s’installer : certains sont accroupis, d’autres attendent debout. Les femmes portant les offrandes sur la tête entrent bientôt dans un sanctuaire où on les débarrasse de leur fardeau. Le barong piétine, puis se décide à entrer lui aussi dans le sanctuaire. Toute cette cérémonie se déroule assez rapidement sous le rythme soutenu d’un important gamelan qui joue sous un immense préau. Puis une grande part de la foule se disperse, à l’exception du gamelan du préau et d’une centaine de spectateurs. Et alors que l’on ne s’y attendait pas, des danseuses apparaissent au milieu du préau. C’est fascinant de les regarder. Plusieurs danses se succèdent, effectuées par différentes « classes d'âge », les plus jeunes n’ayant pas huit ans ! Ces danses sont aussi issues du même répertoire des contes aux héros mythiques, dont on reconnaît les scènes qu’on a vu hier, mais cette fois un peu plus développées. On est surpris par le professionnalisme de ces jeunes qui ne sont pourtant que des apprentis d’écoles de quartier. Mouvements de tête, mouvements des doigts, posture du corps, des pieds, tout est d’une précision incroyable. À la fin de chaque saynète, les spectateurs, en fait les parents des enfants artistes, applaudissent leur progéniture ! Il y a très peu de touristes qui assistent à cette cérémonie ; les plus réservés de notre équipe sont invités par des Balinais à se rapprocher pour mieux voir.

" Une cérémonie à Ubud "  

On rentre vers 10h30, encore ébahis par ce spectacle inattendu.

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13/02/2015

Ciel gris, temps lourd.

La dame de la Vera Accomodation nous prépare des balinese pancakes pour le petit dej. : il s’agit de petits légumes sautés emballés dans une crêpe. Délicieux.

La journée est assez calamiteuse si on fait le rapport [visites intéressantes / temps passé dans la bagnole] !

Le premier site visité, Tanah Lot, est un petit temple sur un îlot battu par les vagues. Le site (30 000/p) est pas mal et la vue sur l’îlot intéressante depuis les chemins aménagés sur les rives. Le temple ne se visite pas. Sous le temple dans une petite cavité, il y a une source d’eau douce, ce qui en fait un objet de culte (bénédiction, donation).

Il y a beaucoup de monde (touristes) et il fait très chaud et lourd. Un peu d’air frais venant de la mer ne fait pas de mal, surtout attablé à la terrasse d’un bar en haut de la falaise !

" Tanah Lot  "  

Deuxième site à visiter : Uluwatu. Ce site est complètement à l’opposé, à la pointe sud de la presqu’ile qui prolonge Bali vers le sud : on doit traverser l’agglomération « Semiyanak, Legian, Kuta, Jimbaran », tout en faisant une escale à l’hôtel Komala Indah pour vérifier que le réceptionniste a bien compris ce qu’on lui a rappelé ce matin au téléphone. Heureusement qu’on y passe vers 13h, il n’y avait qu’une chambre de libérée sur les deux réservées. Mais il nous assure qu’on en aura une deuxième ce soir. L’agglomération est complètement encombrée de véhicules, c’est de la folie !

Repas de midi dans un warung du côté de Jimbaran. Les petites dames du warung sont toutes affairées à préparer des plats délicieux pour ces quatre clients inattendus.

Le site d’Uluwatu (20 000/p) est intéressant pour ses falaises et les grosses vagues qui viennent s’y fracasser. Là aussi, des sentiers sur les deux rives mettent bien le site en perspective. Le riquiqui temple n’est pas accessible.

" Uluwatu "   

Il est 16h lorsqu’on repart d’Uluwatu. On avait convenu avec le loueur qu’on rendrait la voiture à 17h si l’on souhaitait se faire raccompagner à Bemo corner. Une heure pour faire 25 km dont 6 en autoroute (à péage…), ça devrait le faire. Pas du tout ! On rend la voiture à 17h45 !! Un embouteillage de délire !

Le patron nous envoie un de ses employés pour nous ramener à Bemo corner. Et là on apprend comment il faut conduire sans complexe à Bali …

Petite course à Bemo corner consistant à acheter une bouteille de whisky balinais (75cl = 135 000 IDR = 9 €). Le compte-rendu du test sera publié prochainement dans ce blog !

Arrivé à l’hôtel, on prend possession de la deuxième chambre que le réceptionniste est en train de nettoyer. Après une rapide délibération, vu l’heure tardive et l’état d’épuisement du groupe, on décide d’annuler la soirée St Valentin - repas sur la plage à Jimbaran.

Au moment de la rédaction de cette page de blog, le reste du groupe est en train de lécher les vitrines dans la rue allant à la plage de Kuta…

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14/02/2015

Journée transport = Pas de photos.

Le ciel est très couvert.

Debout tôt pour prendre à 7h15 un taxi (meter) à Bemo Corner pour le Terminal Ubung (90 000 IDR). Trajet de 45 mn bien qu’il n’y ait pas d’embouteillages.

Au terminal, branle-bas de combat pour nous trouver le bon bus qui va à Gilimanuk à l’extrémité ouest de l’ile de Bali. On nous dégote un bus tout déglingué et on nous demande 50 000 par personne.

Trois heures pour rallier le port des ferries pour Java.

Le ferry n’est pas cher : 8 000 /p pour faire la traversée. Après quelques ronds dans l’eau avant d’arriver sur Java, on accoste enfin à 12h (heure de Java = moins une heure de celle de Bali).

Il se met à pleuvoir. Le Kawa Ijen est invisible sous une brume épaisse. À contrecœur, on décide de renoncer à en faire l’ascension pour aller voir ses soufrières. On prend un bemo (10 000/p) pour rallier le Terminal de Banyuwangi à 2 km au nord.

Le bus pour Surabaya est prêt pour partir : il n’attend que nous ! On nous demande 36 000/p pour le trajet jusqu’à Probolinggo. On va mettre 5h30 pour faire 160 km ! Ce bus, dont les sièges sont défoncés et le moteur à bout de souffle, est bon pour la retraite. Mais le conducteur s’en sert bizarrement : parfois il roule à 10 km/h comme s’il était en maraude, et se laissant dépasser par des escargots, et parfois il roule comme un dératé, prenant des risques dans les dépassements… Aux arrêts importants, une multitude de mendiants, de gratteurs de guitares et autres vendeurs de boissons et de graines part à l’assaut du bus. Sinon, il s’arrête à la demande, aussi bien pour les montées que pour les descentes. Un quart du trajet s’effectue sous la pluie battante.

Le chauffeur nous fait descendre à un carrefour, juste avant la gare routière. De là partent des minibus pour le Mont Bromo. Mais il s’agit d’une agence privée qui facture le double (70 000/p) des bemo ordinaires. On arrive au village de Cemoro Lawang vers 20h, complètement sur les rotules !

Après avoir constaté que l’hôtel choisi par ces dames avait largement augmenté ses prix, on se rabat sur le homestay voisin, le YOG, qui nous propose des chambres à 175 000 avec eau chaude mais sans petit dej.. L’eau chaude ne sera pas inutile car ici l’air est plutôt frais : on se dépêche d’enfiler les polaires. Cemoro Lawang est à 2300 m.

Repas succinct dans le warung d’en face.

Heureusement, il y a deux couvertures dans la chambre !

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15/02/2015

Prêts ce matin à 7h pour le petit dej. bricolé dans les chambres. Par faute d’inattention, je flingue la résistance qui me sert à chauffer l’eau !

Ciel bleu, soleil, quelques nuages bourgeonnants ; on supporte la chemisette

À l’entrée du parc, on est surpris du tarif qu’on nous applique : 227 000 IDR/p au lieu des 327 000 annoncés. On est paraît-il en basse saison…Mais on nous a fait payer 10 000/p de trop car ils nous ont compté l’entrée d’une voiture alors qu’on est à pied ! (on s’en est rendu compte au retour en consultant le lexique en ligne…). Si on veut faire le Semeru en suivant, il faut remettre au pot autant en plus !

On nous ouvre le visitor center, mais à part les photos affichées, on ne comprend rien des explications car tout est en indonésien. Pourtant les explications géologiques semblaient intéressantes.

L’entrée du parc est au bord de la caldéra. Une route raide descend au fond. Elle est très fréquentée : jeeps fumants, motorbikes bruyants, chevaux puants. C’est l’heure de la remontée des gens qui ont choisi ces véhicules pour aller voir le lever du soleil. Ils sont partis à 4h30 cette nuit. Lors de notre descente on voit encore beaucoup de ces 4x4 garés au bout de la caldéra, au pied du Flamby géant qui trône à droite du Bromo fumant. C’est ce dernier qu’on visite moyennant un escalier en béton sur les dernières dizaines de mètres. Il y a encore du monde et on se demande ce que ce doit être pendant la haute saison…

" Le mont Bromo et sa caldéra "

On choisit un itinéraire de traverse pour atteindre le cratère du Bromo afin d’éviter cette cohue bruyante, et où la présence des chevaux fait régner une odeur bien plus désagréable que celle émise par le volcan. La pente n’est pas trop raide et les chaussures ne glissent pas trop dans le sable de lave noire.

Le Mont Bromo : "  Sur la pente en sable noir "  "  Le fond du cratère "  " La sortie du dimanche"  

La vue sur le fond du cratère est impressionnante : le trou descend plus profond que la surface plane de la caldera à l’extérieur. D’importante fumerolles s’en échappent, parviennent au bord du cratère et irritent le nez. Avec la couleur grise des cendres, ça donne à l’intérieur du cratère un aspect « entrée des enfers ».

Dans la partie de la caldéra où sont garés les 4x4, c’est plutôt bruyant : les motorbikes s’en donnent à cœur joie pour faire du rodéo, de la course ou des dérapages contrôlés. Et la cuvette amplifie les pétarades…

Après avoir redescendu le cratère, on part faire une randonnée au fond de la caldéra en contournant le Flamby géant par le nord, par une belle plaine couverte d’herbes de pampa. Un petit vent agréable et quelques petits nuages nous permettent de ne pas nous mettre en sueur. On est seuls, loin de la cohue.

" Le Flamby géant "  " Promenade au fond de la caldéra " 

Au bout de trois quatre kilomètres, une colline ferme le fond de la caldéra. Avec D. on explore cette pente jusqu'à un col, en s’emmêlant dans les hautes fougères, pour s’apercevoir qu’après un ravin, il y a une autre colline au loin, etc. donc on redescend retrouver les filles.

Les nuages commencent à envahir le bord de la caldéra par le nord-est, mais n’en atteignent pas le fond. Retour par un lit de rivière à sec qui longe le bord de la caldéra.

On piquenique d’un sandwich à la banane dans un endroit discret. Mais le temps de croquer dans les tartines, quatre motorbikes arrivent et nous sollicitent pour nous ramener à bon port, proposition qu’on décline. Ce qui ne les empêche pas d’assister à la fin de notre repas frugal ! Reprise du parcours sous les félicitations et encouragements des motorbikes.

" Promenade au fond de la caldéra "  

Vers la fin on doit franchir une zone de hautes herbes où la trace n’est pas évidente, puis on sort par un petit sentier qui zigzague dans le mur de la caldera (bien herbu aussi) à l’ouest de l’entrée officielle.

On arrive sur un plateau, qui, surprise, est couvert de cultures vivrières. Ces cultures donnent des légumes bien portants : oignons, choux, pdt, fèves, etc.. La terre est très noire, souple : on croirait du terreau. Ces cultures vont très haut dans la montagne, et les parcelles semblent à la verticale ! Quelques fermes isolées s’accrochent aussi. On atteint la route goudronnée ; encore quelques mètres et la boucle de la randonnée (19 km) est bouclée.

" Les riches cultures du plateau  "  

On erre quelques minutes dans le village pour glaner quelques infos sur le départ des bemo pour le lendemain et pour choisir un resto un peu plus élaboré que le warung d’hier soir. Pause douche et bière bien méritées.

Le reste de l’après-midi, alors qu’il pleut par intermittence, est consacrée à ne rien faire : sudoku, sieste, blog… et spéculations sur la suite du programme.

Pour visualiser la rando sur la carte :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8877550

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16/02/2015

Tout le monde est debout à 5h45 ! À 7h, on est dans la rue principale à la recherche d’un transport pour redescendre à Probolinggo. Le bemo publique ne descend qu’à 9h30… Il y a plusieurs bemo garés à la patte d’oie, mais leurs conducteurs sont absents. Vers 7h30 l’un d’eux apparaît : discussion et marchandage, et on le convainc de nous prendre « en privé » pour 400 000 IDR.

La route qu’on avait fait de nuit l’avant-veille se révèle parcourir un paysage magnifique : vallée encaissée, flancs des montagnes couverts de minuscules parcelles cultivées (surtout du chou), villages accrochés à la route sinueuse. On est à Probolinggo au bout d’une heure, le chauffeur n’ayant pas peur d’user la pédale d’accélérateur.

" La vallée de Cemoro Lawang "  

Il nous laisse devant un vendeur de billet d’autocar pour Surabaya. Ce dernier nous arnaque un peu (on le constatera plus tard en voyant combien les gens payent réellement dans le bus), mais le prix est tellement minime 32 000, que même doublé, ce n’est pas ça qui nous trouera les poches. En fait, on aurait dû, pour bien faire, aller 200 m plus loin, au Terminal, et prendre notre bus là…

On arrive à Surabaya vers 11h. Dans le bus, j’ai le temps de discuter avec mon voisin. A la descente, il nous aide à nous orienter dans la vaste gare routière, parmi les milliers d’échoppes de bouffe.

Les bus partent dans toutes les directions, et il y a des « rails » pour chaque direction. Dans ceux pour Yogyakarta, les bus se remplissent en un quart d’heure et dégagent. On arrive alors qu’un bus vide s’engage dans les rails. Du coup, on a les quatre places derrière le chauffeur et son aide. On a juste le temps d’aller aux toilettes et d’acheter des bricoles à grignoter. On part à 11h30. L’aide chauffeur passe pour ramasser l’argent pour les tickets (100 000 IDR, repas inclus) puis repasse pour distribuer de l’eau.

Le trajet se révèle interminable. Et très fatigant : la route n’est pas toujours impeccable et la conduite du chauffeur est plus que sportive. On s’aperçoit que notre vision du risque n’a rien à voir avec la sienne ! Il fait nuit (19h30) quand on arrive à la gare routière de Yogyakarta. Là, on constate que les bus pour aller au centre-ville (à 10 km) ne fonctionnent pas comme prévu (un changement pour aller à la gare des trains !). Du coup, on prend un taxi. On est contraint de négocier le prix (50 000) car il ne veut pas mettre en route son « meter ».

Arrivés à la gare des trains, les filles vont explorer les hôtels tandis que les garçons gardent les valises et sirotent un thé/café dans un warung. On s’installe vers 21h dans le Bladok Losmen, Jl Sosrowijayan 76, qui se révèle être un bel hôtel : petite chambre « ekonomi » avec sdb et accès à la piscine à 165 000 IDR … et enfin, il y a la wifi !

On sort du repas pris dans un restau sympa complètement épuisés !

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17/02/2015

Grass’mat ! Après la redoutable journée d’hier, on méritait bien un peu de repos ! On décide de rester à Yogyakarta jusqu’à la fin de la semaine, et de rentrer sur Jakarta en avion samedi. Ça tombe bien : il y a des places à moins de 25 € sur AirAsia qu’on réserve immédiatement sur internet !

On se promène dans la ville toute la journée.

" Le marché "

On traine dans Malioboro, la grande artère commerçante de Jogja (diminutif de la ville), où les échoppes de souvenirs, tee-shirts, et autres babioles sont serrées les unes contre les autres. On fait un peu les soldes, on achète quelques bricoles, des cartes postales et des timbres… Au marché et alentours, on ne trouve pas de thermoplongeur pour remplacer celui que j’ai explosé. Mais on profite des effluves variées émises par les poissons séchés, les carcasses de chèvres fraichement découpées, les poubelles en décomposition…

On apprend qu’il est trop tard pour visiter le Kraton (le palais du sultan), alors on se rabat sur le musée Sono-Budoyo juste de l’autre côté de l’esplanade (5 000). Il est consacré aux traditions du sultanat : batiks, marionnettes, masques, kriss, mobilier, etc.. Vieillot mais intéressant. Une classe d’école est en visite et les jeunes élèves sont bien studieux.

"  Les marionnettes du musée  "   "  Des jeunes élèves studieuses "

On erre dans les ruelles derrière le Kraton, on tombe sur des ruines du haut desquelles on voit les toits de la ville : les maisons sont basses aux tuiles rouges, serrées dans de petites ruelles tortueuses. En dépassant des constructions liées au palais du sultan on distingue un bâtiment circulaire au toit en entonnoir. Intrigués, on voudrait bien le voir de plus près. Un jeune adulte nous trouve un raccourci, dans un dédale de ruines, pour y accéder. Un souterrain tout en voutes et ogives conduit à ce bâtiment circulaire dont le centre est ouvert sur le ciel. Les escaliers entrecroisés d’un bel effet permettent d’accéder à l’étage. Cette construction originale évoque les univers paradoxaux de MC Escher. On nomme ce curieux bâtiment la mosquée souterraine.

"  La mosquée souterraine  " 

Le gars, conforté dans son rôle de guide, nous conduit au Water Castle (Tamansari) par des ruelles bordées de petites maisons habitées par des peintres sur toiles et des fabricants de marionnettes. L’endroit est fermé, alors le gars nous le fait voir en escaladant un muret : trois grandes piscines, une pour le sultan, une pour ses quarante femmes, et une pour ses n enfants. Le sultan pouvait aussi s’installer dans une tour d’où il pouvait contempler ses naïades…

" Le water castle "  "  Un petit cimetière "

On remercie ce guide inopiné moyenant une pièce et on continue notre promenade dans ce quartier étonnant où chaque artiste contribue à lui donner une atmosphère particulière.

On tente d’aller jusqu’au marché aux oiseaux. Mais plusieurs personnes nous en dissuadent : il est lui aussi fermé l’après-midi.

" Parkir de vélopousses "   "  Un coin de la place au sud du kraton  "  
" Expression libre "  " Scène de rue "

Retour à l’hôtel par d’autres petites rues. Les distances entre les lieux à visiter sont importantes et au final on fait une bonne quinzaine de kilomètres. Cette rando urbaine, sous un ciel de plomb et un temps très lourd, nous épuise. La fin de l’après-midi se passe dans la piscine de l’hôtel ou dans le salon à côté, à siroter des boissons fraîches…

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18/02/2015

Debout tôt. Nous avons loué les services d’une voiture avec chauffeur (500 000 IDR) pour visiter les monuments de Borobudur et de Prambanan, assez éloignés de Jogja (42 et 17 km). C’est un peu plus cher que les tours organisés, mais en mettant un peu plus au pot, on est libre de nos horaires et on ne nous impose pas les visites chez les vendeurs de batiks et d’argenterie.

À Borobudur, on prend, dans la file réservée aux étrangers, des billets Pass pour les deux sites libellés en US$ (30$/p - valable deux jours). Et le café est offert…

On ne décrira pas ici les sites dont on peut trouver tous les détails historiques et esthétiques un peu partout.

" Borobudur  " 

Sur le site de Borobudur, les élèves en sortie scolaire nous courent après pour nous « interviewer ». Rencontrer un touriste, c’est pour eux, une occasion de pratiquer leur anglais scolaire. Les questions sont rédigées sur une feuille de cahier ou, pour les plus branchés, sur un mobile. L’interview se termine par la photo de groupe.

Alors que les reliefs les plus beaux et les plus diversifiés sont sculptés sur les parois des six premiers corridors sur les neuf étages du monument de Borobudur, et, pareillement sur les terrasses des Candi de Prambanan, les gens se précipitent, dans le premier cas tout en haut, au stupa qui chapeaute le monument et qui symbolise le nirvana, et, dans le deuxième cas, ils s’agglutinent dans les cavités obscures aménagées à l’intérieur des Candi pour les divinités auxquelles elles sont dédiées.

À Borobudur, le temps est très lourd et la moindre apparition du soleil nous fait fondre.

À midi, le chauffeur nous conduit dans un restau dont les tables sont disposées dans des paillotes au-dessus d’un paysage de rizières. Cool !

À Prambanan, une grosse averse dégringole et on doit sortir les parapluies.

" Prambanan "  

On est de retour à Jogja vers 16h, une fois de plus, épuisés par cette rando-musées (les sites sont très étendus) !

Détente au bord de la piscine de l’hôtel. Les vacances ….

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19/02/2015

Ce matin A+D vont à pied, V et moi prenons un « motorbike ». On se retrouve tous au Kraton, le palais du sultan. Dans un premier élan, on visite les bâtiments qui font face à la grande esplanade nord. Là, tout nous semble vieillot, au bord de la ruine, sans grand intérêt. On se dit que c’est la « bankrut » pour les affaires du sultan.

En fait, on s’est trompé d’entrée… L’entrée du palace est un peu plus au sud. Et là, c’est tout de même autre chose ! Tout d’abord, on est accueilli par la musique du grand gamelan. Il est installé dans un vaste pavillon ouvert (pendopos). Les musiciens sont assis en tailleur derrière leur instrument, se tournant le dos, et, faisant face au public de visiteurs, une rangée de chanteuses assez âgées, elles aussi assises en tailleur.

La musique est lente et plutôt triste. La voix des femmes est claire. Et le son du gong grave fait trembler l’atmosphère…

"  Le gamelan royal  "  

On fait le choix de se faire accompagner d’un guide parlant français. Ce dernier nous fait passer de pavillon en pavillon, chacun d’eux relatant les bienfaits du sultan actuel et surtout ceux de son père. Au-delà des faits historiques liés à l’indépendance du pays, on découvre la vie princière, les protocoles compliquées et l’étiquette précise. Par exemple, les habits de cérémonie de chaque membre de la famille princière sont faits en batik avec des motifs uniques pour chacun d’eux.

" Le palais royal "  

Le père du sultan actuel, ayant joué un rôle important dans la résistance contre les Japonais et les Hollandais, puis lors de l’indépendance du pays où il était presque l’égal de Soekarno, a pu préserver son statut princier, voire féodal, tandis que ses pairs des autres provinces ont été éliminés. Ce qui fait que Yogyakarta et sa province ont un statut particulier dans la république indonésienne. Notre guide nous affirme que le sultan actuel est très moderne : il n’a qu’une femme (excisée à sept ans tout de même…) et il paye ses impôts !

Notre guide a beaucoup d’humour et fait des clins d’œil avec des expressions bien ciblées.

" Une rue dans le quartier du palais "  "   Pause à la sortie du collège "

À la sortie, notre groupe se divise en deux sous-groupes : les piétons et les motorbikers. Ces derniers filent vers le sud, pour aller y visiter les plages à une petite trentaine de kilomètres de Jogja. La circulation est fluide, et rouler en scooter ne pose pas de problèmes particuliers.

Beaucoup de rizières dans cette petite plaine coincées entre des reliefs qui s’achèvent en falaises à pic dans l’océan indien. La plage qui s’étire de Parangtritis à Depok est de sable gris très fin. La mer roule des vagues assez agressives qui l’entrainent dans leurs ressacs rendant l’eau brune. Le village de Parangtritis est essentiellement composé de petits restaus et de chambres à louer. Une rangée de parasol à louer suit le bord de plage. Aujourd’hui, c’est jour férié dû au nouvel an chinois, et il y a beaucoup de monde à barboter dans l’eau, certains se roulent dans les vagues. Mais tous les baigneurs restent habillés comme en ville !

" La plage de  Parangtritis "

On va jusqu’à Depok par une petite route qui est parallèle à la plage. Depok a encore une petite activité de pêche, et là, les restaus proposent des plats à base de poissons et de coquillages. Je teste un poisson grillé : très bon !

" Poissons frais à déguster sur place " 

La grande distraction ici, est de faire du quad sur la plage…

Retour à Jogja en traversant les rizières. En entrant dans la ville, il se met à pleuvoir : il était temps qu’on rentre !

De leur côté les piétons sont allés voir les fabrications de batik, mais ils ont trouvé porte close à la fabrique de cigares. Ils ont bavardé avec des passants, curieux de les voir se promener dans des quartiers peu touristiques.

Repas à l’hôtel.

Au dessert, des fruits achetés au bord de la route : mangoustans et durian.

Pour voir cette rando-moto sur la carte :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8896341

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20/02/2015

Ce matin, les piétons ont décidé de rejoindre le groupe des « motorbikers ». Les débuts des nouveaux adhérents sont un peu zigzagants, mais ici, on s’adapte rapidement à la conduite locale (sinon on meurt). Destination : le marché aux oiseaux.

Le marché aux oiseaux, qui était lors de mon premier voyage du côté du Water Castle a déménagé. Il est à présent dans le parc Pasty au sud-ouest de Jogja. On y trouve bien sûr toute sorte d’oiseaux, de quoi les nourrir et de quoi les encager. On y trouve aussi des chats, des chiens, des singes, des chauves-souris, des gros lézards, des grosses tortues et des bêtes dont on ne connaît pas le nom. Toutes ces bêtes ont l’air en bonne santé. C’est l’heure où l’on nettoie les cages et ça se sent…

"  Le marché aux oiseaux  et Les œufs de fourmis " 

Deuxième destination : Imogiri, au sud-est de Jogja. On prend les petites routes, parfois non goudronnées, pour éviter les grandes artères encombrées de camions et scooters. Dans un champ, c’est la récolte du riz : les paysans passent les gerbes fraîchement coupées dans une batteuse fabriquée avec des pièces prises sur des vélos ! Ingénieux bricolage pour battre le riz !

 " La rizière, un anti dépresseur "  " Ingénieux bricolage "  " Au loin, le Merapi " 

Aux alentours d’Imogiri, il y a une nécropole où sont enterrés les sultans de Jogja depuis le 17ème siècle. Pour trouver cet endroit, c’est un vrai jeu de piste. Le GR est imprécis sur le lieu exact ; quant aux panneaux indicateurs, ils sont inexistants, et les gens nous envoient sur des routes improbables… On finit par trouver un cimetière perché sur une montagne, mais on se rend compte bien vite qu’il ne s’agit pas de celui qu’on cherche, seulement celui de gens aisés.

On parvient tout de même à nos fins en zigzagant parmi les collines. Arrivés sur site, on grimpe les 350 marches sous un soleil de plomb et dans une chaleur de sauna finlandais. Arrivés trempés et la langue pendante à la porte de la nécropole, on nous explique que le vendredi, elle n’ouvre qu’à 13h30 soit dans deux heures… Discussions : rester, revenir, partir ? On décide de partir, mais auparavant on fait le tour des hauts murs de la nécropole (encore des marches…), mais au moins on découvre une belle vue sur le Merapi pour une fois dégagé, et la ville de Jogja qui d’ici semble presque à ses pieds.

Imogiri   :   " La tombe d'un mégalo "  " Le Merapi au loin" 

Retour dans les rizières de la plaine où on trouve un petit resto. Il n’y a qu’une famille pour y manger, et pourtant, il s’y déroule un karaoke, avec un gars derrière un synthé et un chanteur ! Au cours de notre repas, le DJ nous sollicite pour venir chanter au micro, ce qu’on décline poliment (le routard est timide…).

Les villages dans les rizières sont plutôt décousus, plus ou moins prospères, mais leurs habitants, surpris de nous voir là, nous font des grands « hello » et de larges sourires.

Troisième destination : Kasongan, un village réputé pour ses potiers, au sud-ouest de Jogja. La rue principale de ce village est une succession de boutiques où sont exposés des alignements de pots, de figurines, de vases de toutes tailles, de toutes formes, de toutes couleurs et … de tous les goûts ! On y fait une pause-café, puis, dans une petite rue, on tombe sur un fabricant d’objets en terre cuite, avec son four à bois en fonctionnement, et le potier à l’œuvre sur son tour. C’est là qu’on voit qu’on peut faire des objets sophistiqués avec peu de moyens.

Kasongan  :  "  Le village des potiers  "    

Retour à l’hôtel vers 17h, où chacun se disperse en courses, piscine, lecture, etc.

Pour voir cette rando-moto sur la carte :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=8902298

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21/02/2015

C’est la fin du voyage : vidage de la bombe d’insecticide sur les fringues, rangement des valises, sélection des vêtements chauds.

On fait les choses au ralenti : avion pour Jakarta vers 13h, et avion pour Francfort vers 20h. C’est dire qu’on a le temps…

Taxi jusqu’à l’aéroport. L’aéroport de Jogja est un peu étriqué pour le trafic qu’il doit assurer. Les salles d’attentes donnent directement sur le tarmac : les oreilles en prennent un coup. Lors de l’appel des passagers, divers avions en partance stationnent à proximité des sorties et il faut faire attention de bien prendre le bon, rien n’étant indiqué !

À Jakarta, on trouve des soupes avec des nouilles et des boulettes à déjeuner.

Au check in, on est en première ligne. Après avoir payé la taxe de sortie de l’aéroport international (150 000 IDR), l’employé nous donne les cartes d’embarquement avec un grand sourire, mais heureusement qu’on les regarde en détail : les cartes retour vers la France sont erronées ! Puis on traine dans la partie internationale….