Quelques anecdotes totalement subjectives et partiales. Tout est idyllique avant le départ, mais la réalité reprend vite le dessus ...
Du 1er février au 5 mars 2016
34 jours
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01/02/2016

Escale de 4h à Madrid. À l’aube, l’avion de Toulouse débarque ses passagers au bout du terminal T4. C’est une immense aérogare toute neuve, à l’architecture claire et aérée.

Il faut remonter une allée de plusieurs centaines de mètres pour atteindre le vaste centre commercial qui se situe au-dessus des guichets d’enregistrement. De là, des ascenseurs conduisent au sous-sol d’où partent des rames à conduite automatique vers le terminal satellite T4S. Ça prend 10 minutes pour circuler dans le tunnel creusé sous les pistes.

Le terminal T4S est un clone du T4. C’est de là que partent les vols internationaux hors Europe ; il y a un contrôle des passeports à la sortie du train. Juste après cette « frontière », on accède à la galerie des salles d’attente après la traversée d’une importante zone de boutiques proposant parfums, alcools, sacs à mains, etc., détaxés.

La porte d’embarquement pour Bogota n’est annoncée sur les panneaux qu’une heure avant l’envol. Les gens déambulent dans cette grande allée : des mères qui n’ont pas assez de bras pour tenir leurs mômes et leurs bagages et sans lâcher le précieux mobile… des hommes d’affaires qui continuent leurs réunions via leur mobile… un aventurier, les cheveux en bataille, les écouteurs vissés aux oreilles et le sac à dos à ses pieds qui s’engueule avec un personnage invisible en se frappant la poitrine ou levant les bras au ciel… un ado qui remonte la galerie en skate board… Je vaque en regardant par les larges baies vitrées le ballet des véhicules de services s’activant autour des avions. À l’horizon, de grandes falaises dénudées encadrent les installations. Il fait beau, 4° dehors…

L’avion pour Bogota est un A340 de 350 places d’Iberia. Il est tout neuf et équipé du dernier confort moderne : tablette vidéo individuelle, wifi (payante), assez d’espace pour mettre les genoux entre les sièges… L’avion est plein comme un œuf !

Aussitôt l’avion dans les airs, les passagers se précipitent sur les écrans : je suis au fond de la cabine et je vois défiler les histoires d’amour, d’aventure, d’espionnage, de meurtres, ... soudainement interrompues par la distribution des repas. À vrai dire, ce repas n’est pas à la hauteur de ce qui est annoncé sur l’écran vidéo : au lieu de « son parte de la cultura gastronomica espanola », le steward empressé me donne des lasagnes tièdes et molles, inondées d’une mousse gluante et colloïdale faisant office de béchamel…

Quelques turbulences au large des Caraïbes.

16h30, arrivée à Bogota. Il fait chaud, ciel dégagé. 20 mn de queue pour les formalités.

Ivan, le logeur d’Airbnb m’attend comme prévu au petit stand de café OMA juste à la sortie des vols internationaux. Je prends le temps de faire le plein d’argent dans un distributeur. On prend un bus vert (gratuit) pour rallier le portal El Dorado d’où partent les bus TransMilenio (*). Durant le trajet dans le bus L10 bondé, je fais connaissance avec Ivan. C’est un jeune (25 ?) très affable et qui parle anglais. Il m’explique comment fonctionnent les transports de Bogota (Voir les détails sur les transports urbains à la fin de ce carnet ). Il faut une bonne heure pour arriver chez lui, dans le quartier de Barcelona, à proximité du portal 20 de Julio, au sud de la ville. Les bus TransMilenio empruntent des voies réservées sur des grandes avenues ; alors la ville est peu visible, et ce d’autant que la nuit tombe (18h30). On voit quand même que les quartiers sont contrastés.

Le quartier de Barcelona est populaire, aux rues en quadrillage et bordées de maisons de deux étages, aux couleurs variées.

Arrivé au logement, je suis accueilli par sa jeune femme, tout sourire mais plutôt timide : elle ne parle pas un mot d’anglais. Ma chambre fait 2,50 sur 3m, meublée modestement, avec une fenêtre qui donne sur l’escalier intérieur. Les banos sont juste à côté et il y a la WiFi.

Ivan me propose de faire un tour du quartier ; sa femme nous accompagne et en profite pour sortir Candy, un chien minuscule qui me renifle avec son nez pointu et me regarde avec ses gros yeux noirs globuleux. Ivan l’a trouvé dans la rue et l’a adopté. Les gens du quartier prennent l’air frais dans la rue, font quelques courses dans les nombreuses boutiques surchargées d’articles. La plupart protègent leur stock derrière des grilles cadenassées. J’achète un empenadas (1000 COP**) dans une petite pizzeria et une bière (1700 COP) un peu plus loin. On échange l’article et la monnaie entre les barreaux…

Retour à la maison. Je commence fatiguer un peu …

Je me couche à 21h30, soit 3h30 du mat en France


*TransMilenio : pour plus de détail, voir à l'étape 35.

**un Euro = 3600 COP ; 1000 COP = 0,30 ct d’€

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02/02/2016

Hier, j’ai acheté une carte SIM (1,1€ !) mais je dois voir avec Ivan comment la charger en datas. On ne m’a pas demandé de présenter de pièce d’identité…

Le décalage horaire se fait sentir : réveil à 2h du mat et sommeil décousu jusqu’à 6h. Il fait plutôt chaud, et cette sensation est accentué par l’oppression due à l’altitude : Bogota est à 2700 m. Et je suis souvent à court de souffle.

Dans cette maison familiale, toutes les portes et fenêtre sont en métal, comme si on ne voulait pas utiliser le bois. Du coup les portes grincent…

L’espace WC douche est un peu riquiqui ; l’eau de la douche est tout juste attiédie par un petit appareil électrique fixé directement sur la pomme.

Ivan et sa femme préparent le petit dej : jus d’oranges fraiches, omelette aux oignons, tomates et piments, café, tartines, beurre.

Il y a un couple de jeunes français qui occupent une autre chambre. On va sur la terrasse pour qu’ils fument la cigarette du matin. On fait connaissance. De la terrasse, on ne voit pas grand-chose de la ville : on la devine seulement sous la dense couche de brume qui recouvre la vallée. Sur les montagnes à l’est, derrière Monserate, il y a un incendie de forêt qui dégage une importante fumée.

[ Le quartier de Barcelona ]  [ Encore quelques briques ... ] [ Le collège du quartier ]  [ L'incendie de foret ]

Pendant le petit dej. Ivan m’aide à installer la carte SIM et à acheter 2Go d’internet pour un mois (13€).

Puis avec le jeune couple, Ivan, sa femme (qui en profite pour sortir leur microchien), nous allons vers l’arrêt du bus Country Sur, en passant par une grande surface à la demande des jeunes. La jeune femme m’apprend que son mari est gendarme ! À leur allure, ils me faisaient plutôt penser à la filière routard-coca…

Ivan est vraiment très serviable. Il se coupe en quatre pour trouver des solutions, des explications, des propositions… Ivan nous quitte quand on prend le bus, et les jeunes descendent à la station avant la mienne. Je commence enfin comprendre comment fonctionne le TransMilenio …

Je cherche à rallier un des offices de location de voiture Localiza qui se trouve dans une zone industrielle. J’ai une adresse : KRA 63 # 17-91 ; et avec ça je dois comprendre que KRA 63 veut dire « carrera 63 », et que # 17 – 91 veut dire « au carrefour avec la calle 17, aller vers la calle 18 sur 91 mètres » !

Et je trouve l’agence ! Une fois qu’on a décrypté l’algorithme, ça devient plus clair !

Ici, les routes sont en plan romain, avec des rues (calle) et des avenues (carrera) et leurs numéros sont des suites logiques. Ça se complique avec les diagonales et les transversales, mais on s’y retrouve.

À l’agence Localiza, je communique avec la secrétaire à l’aide du traducteur de son ordi, lorsqu’ arrive un parfait anglophone : avec lui les choses vont plus vite. Au final, on peut louer des petites voitures premier prix à 40€/j, assurance tous dégâts (même vandalisme) comprise. Le gars me dit que la France est un beau pays : il a eu l’occasion de visiter Paris et Lyon alors qu’il était en Allemagne en garnison pour l’armée américaine…

J’entreprends de traverser la zone industrielle sur 3 km pour rallier le terminal des autobus. C’est le soleil de midi et je rase les murs pour trouver un peu d’ombre. Paradoxalement, l’air est plus respirable dans cette zone industrielle qu’en centre-ville… C’est la pause, les travailleurs cassent la croûte sur les trottoirs ou jouent au foot entre les camions.

[ CRA. 5 N° 5-78 ] [ L'heure du casse-croute ] [ L'heure de la sieste ] [ L'heure du foot ] 

Dans ce quartier où les entreprises d’industrie et de bureaux se chevauchent, et où les employés n’ont pas de cantine, de nombreux petits commerces ambulants proposent de la nourriture à emporter.

[ Petites entreprises ]  

La gare Terminal est immense et toute moderne. Et c’est très clair pour trouver sa destination et les agences qui vendent les tickets. Je me renseigne pour Sogamoso qui sera ma prochaine étape : 4h de route, de nombreux bus, 22 000 COP.

[ Le quartier moderne d'El Tiempo ] [ Le centre historique grignoté par les gratte-ciel]

Je passe l’après-midi dans la Candelaria qui est le quartier historique de la capitale et le centre politique : tous les organes du pouvoir y sont concentrés. C’est le quartier le mieux gardé : il y a des militaires partout !

Le quartier est très animé, touristique et un peu décousu avec un mélange désordonné de bâtiments anciens, de palais et d’églises, d’immeubles modernes noyés dans des maisons moches et sales à l’avenir incertain…

En plus des centaines de boutiques, un nombre impressionnant des marchands ambulants déambulent dans les rues. Pas mal de clochards aussi.

[ Petites entreprises ] 

La promenade est rendue pénible par la fumée de l’incendie qui ravage la montagne à l’est. Des cendres voltigent dans l’air. Cet incendie fait la Une des journaux télévisés que les gens regardent avec avidité dans les bistrots.

Je me pose dans une belle pâtisserie logée dans une maison ancienne. Musique douce.

Retour par quelques détours, dans le quartier de Barcelona où je dîne d’un quart de poulet frit avant de rentrer à la maison.

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03/02/2016

Le ciel est nuageux, il fait un peu plus frais qu’hier, et l’incendie de forêt derrière Monserate produit toujours autant de fumée qui se déverse sur la ville. Petit dej tranquille avec les voisins. Ivan nous fait goûter une spécialité à base de farine de maïs, de fromage de chèvre et de sucre.

Promenade à partir de la Place Bolivar. L’église de Sta Clara, aujourd’hui transformée en musée est un vrai bijou. Dorures et figures de martyrs. La vision du monde des Espagnols conquérants…

[ L'église Sta Clara  ]  

Je passe bien deux heures dans le Musée Botero et ses annexes (gratuits !). C’est un immense complexe consacré aux arts et à la monnaie, logé dans des bâtiments anciens rénovés. Il y a des trésors. J’ai adoré.

Le musée Botero : [ Max Ernst ] Emilio Greco ]"  
[ Henri Laurens ] [ Miro ] 
[Dali] [ La Joconde revisitée  par Botero]  
 [ Encore un peu de Botero  ]

Dans les airs, des hélicoptères de l’armée traversent la ville avec des grosses poches pleines d’eau pour aller conjurer l’incendie qui ravage les proches montagnes escarpées.

Promenade dans le quartier étudiant dans les hauteurs de la Candelaria ; c’est la fin des cours et les jeunes se précipitent dans les dizaines de minirestaus.

[ La candelaria des jeunes ] [Mixité] 

Ce qui frappe dans ce quartier et alentours, c’est l’abondance des murs décorés par de vastes peintures à la bombe (plus ou moins réussies…) témoignant d’un bouillonnement artistique et d’une interrogation sur la société.

[ Art de rue ] 

Je quitte ce quartier bien animé pour rallier les quartiers de Macarena, Chapinero, Rosa. Une bonne douzaine de km pour traverser ces quartiers où vit la classe moyenne. Rosa est plus riche (et moins décoré...) : il y a des embouteillages de 4x4 pour accéder aux établissements branchés qui font la réputation de ce quartier !

" Quartiers aisés "  " Les fleurs sous la pluie "  " Parque national "

Je termine ce périple sous une pluie battante : les gouttes sont grosses et terriblement froides. Cette pluie dure bien une heure… C’est inespéré pour l’incendie.

Retour à l’autre extrémité de la ville par le bus L80 bondé à craquer. Petit repas du soir dans un bouiboui : saucisse, boudin, patates.

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04/02/2016

Après une nuit calme, debout à 6h00. Hier, j'avais été réveillé à 2h du mat par quelqu’un de chez Ivan : un vacarme de portes en ferraille qu'on fait claquer. J'en ai parlé à Ivan, qui en a aussitôt parlé à celui qui part au boulot à cette heure-là. Apparemment ce matin, pas de bruit : il a dû marcher sur la pointe des pieds ! Ce matin je vais prendre le car pour Sogamoso. Pour rallier le Terminal, j'ai trouvé sur l'application moovit, un bus direct qui part à cent mètres de chez Ivan ! Le C97. Et il ne le connaissait pas … Après le petit déjeuner, Ivan m'accompagne jusqu’à l'arrêt du bus, une vraie mère poule ! Au bout d'un quart d'heure, le bus arrive presque vide. 45 mn de trajet. Aujourd'hui, les voitures particulières sont interdites de circulation... Et ça roule ! Au Terminal, le ticket pour Sogamoso coûte 25000 COP, et le bus part dans 10 mn. Dans ce Terminal, il y a une consigne et des toilettes ultra propres. Le bus est tout neuf, et au départ je suis le seul passager. On a du mal à sortir de l'interminable banlieue. Le ciel est mitigé et l'atmosphère agréable. On s’arrête une demi-heure dans une gare routière informelle qui se trouve au terminus nord du TransMilenio. Quelques passagers montent.

Une fois sortis péniblement de la banlieue, on s’engage enfin dans un paysage plus vert. L’autoroute serpente dans une petite plaine coincée entre deux petites chaînes de montagnes. On évolue entre 2500 et 3000 mètres. Le bus s’arrête à des contrôles pour pointer sa feuille de route. Des marchands ambulants en profitent pour monter et proposer boissons, cacahuètes, chips, etc..

Plusieurs Péages : 7200 COP pour les voitures (quelques prix : essence normale : 7300 COP le gallon, essence extra (?) : 10200 COP le gallon. Soit respectivement environ 2000 COP et 3000 COP le litre (0,55 et 0,80 €)).

Le chauffeur a branché la télé. Ça raconte les tribulations d’un ouvrier suédois venant faire du tourisme en Colombie. Le film commence sur des images de paysages glacés et de nuit polaire. Le sujet a l’air d’intéresser les rares passagers (colombiens). Heureusement le son est modéré.

Le paysage devient plus en relief, l’autoroute circule entre des mamelons, pour la plupart cultivés ou en prairies. L’herbe est jaunie et ces montagnes sont couleur de foin séché.

Sogamoso est une ville industrielle : charbon et acier. Changement de bus pour Mongui. C’est un petit bus qui se remplit alors qu’on traverse la ville. Les gens disent « bonjour » en montant. La route longe une large vallée cultivée puis à un embranchement on commence grimper sérieusement.

Le car se gare sur la large place centrale de Mongui. Cette place est entourée de maisons basses, et barrée par la façade monumentale d’une église et d’un couvent. Les maisons sont peintes en blanc et en vert wagon.

[ La place de Mongui ]  [ L'hotel Calicanto Real ]  

L’hôtel Calicanto Real est un peu à l’écart du bourg, au bord d’un torrent. C’est une bâtisse assez ancienne avec patio, grand salon, jardin, parquets, tableaux…. On me propose une grande chambre pour 35 000 COP avec un petit dej. Il y a une photo de Menton accroché au mur !

Je pose mes affaires et pars faire un petit tour dans cette ville charmante. Les gens se promènent avec le poncho et le chapeau. Il fait un peu frisquet, ici, à 3000m ! Tout le monde se dit bonsoir en se croisant. La nuit tombe et les gens, surtout des jeunes, déambulent dans les rues malgré la petite pluie.

" Promenade dans Mongui " 

Il y a un petit problème : pour une raison que je ne m’explique pas, tous les restaus et autres cafétérias sont fermés ! J’en suis réduit à acheter des fruits et du pain pour mon repas du soir ! Par contre il y a plein de petits bistrots où l’on peut boire de la bière à volonté ! Et ils sont remplis !

Retour à l’hôtel, où il y a un problème avec la wifi. Sur sa proposition, je squatte l’ordi du proprio…

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05/02/2016

Il ne doit pas faire plus de 15° dans cette pièce. Dès que la nuit tombe, ça se rafraîchit brusquement. Bon, on est à 2900 m… Heureusement, j’ai quatre couvertures de laines sur le lit ! Réveil au lever du jour, c'est-à-dire 6h. Je traine, le petit dej est à 7h30… Quand je règle correctement la douche, elle est chaude ; mais il faut se contenter d’un filet d’eau.

De la fenêtre de ma chambre, j’assiste au départ de la fillette pour l’école. Elle est toute pimpante, en costume d’école, dont de hautes chaussettes blanches. Sur le seuil du portail, la mère lui replace le col, et tire un peu sur la veste et évacue quelques poussières imaginaires du revers de la main. Bisou sur le front. J’entends presque le « travaille bien »… Hier soir, pendant que je squattais l’ordi du patron, la mère faisait la dictée à sa fille, laquelle la tapait sur une tablette… Facile avec le correcteur d’orthographe !! La mère prenait souvent le dictionnaire pour vérifier le sens des mots : elle lisait en suivant les mots du doigt.

Le petit dej se prend dans l’annexe, qui est l’endroit où vivent les proprios. Autant l’hôtel a un air de prospérité déchue, avec ses meubles anciens et ses tableaux, autant l’annexe est un bric à brac de brocanteur, et où les gens vivent comme dans les années 60. Il y a un coin réservé à la collection des vieux transistors, il y a le coin des chapeaux, il y a la vieille armoire coiffée de peaux de renard empoussiérées, il y a le tableau de la Joconde, et encore une pile de cordes pour attacher les chevaux… Même l’odeur de feu de bois participe au décor.

[ Collection de transistors ] [ Collection de fleurs]  

La patronne m’avait prévenu, ce serait un pequino dezayuno. Je vois arriver successivement le café, la salade de fruits, l’omelette, du pain, un bol de chocolat au lait, et enfin une épaisse tranche de fromage !

Bien lesté, je démarre la randonnée à 8h. Elle démarre sévèrement par les 84 marches appelées « la rue de l’autre vie »…

Le but de la randonnée est d’aller au Paramo de Oceta. Oceta est le nom de la montagne, et paramo, est le nom qu’on donne au biotope particulier de ces hauteurs (4000 m). La reine de ce biotope est une grande plante qui ressemble à un artichaut géant qui pousse au milieu d’un genre de toundra. Son nom espagnol : fraijelon. Mais il y en a plein d’autres plantes aussi bizarres et inattendues.

Le temps est au beau, et le soleil ne plombe pas encore.

[ Rando Paramo de Oceta  ]  

Je ne vais pas raconter les détails de chaque instant, Mais disons que le balisage est inexistant, qu’une piste traverse les zones agricoles sur les trois premiers kilomètres, après ce sont des sentiers très praticables. Et il faut tout de même se taper les 1200 m de dénivelée. Et la rando fait 18 km et il y a peu d’ombre.

Pour la petite histoire, il faut tout de même dire que j’ai raté le départ du vrai sentier et que je me suis rendu compte de mon erreur un peu tard pour rebrousser chemin. Finalement le mien allait à peu près au même endroit et au retour, j’ai pris le chemin « officiel », ce qui au final m’a permis de faire une boucle, ce qui n’était pas plus mal pour la variété du paysage.

[ Rando Paramo de Oceta  ] 

Mais là-haut, quel spectacle ! Le relief tourmenté, les fraijelon envahissant les pentes, la diversité des plantes… Sans parler des plaisirs donnés au géologue amateur par des paysages étonnants.

[ Les fraijelon  ] 

Proche de la ligne de crête, il y a un immense banc de falaise en déséquilibre car en voie de détachement de sa couche, prêt à tomber dans la vallée. Le sentier passe dans la faille créée par ce détachement, faille encombrée d’énormes blocs et une végétation de mousses étranges. C’est endroit est appelée la « cité perdue », …mais il y a beaucoup de « cité perdue » en Colombie…

[ La cité perdue ]  

Je pique-nique sur la crête avec une vue sur plusieurs vallées. Au menu : des figolu, le fromage du petit dej, un jus de fruit et une banane.

En sortant de ce dédale de rochers, je tombe sur un genre de cerf, pas timide du tout !

Je croise aussi quelques randonneurs, des Français ! On papote et on se donne des tuyaux.

Retour en ville à 16h15. J’ai quelques coups de soleil. À l’hôtel, douche et lessive.

Ce soir, pourtant début de week-end, toujours pas de restau ouvert. Je squatte une cafétéria pour rédiger le blog et boire une bière bien méritée (cervesa Club Colombia). Puis je trouve un cyber café où la connexion ne pose pas trop de problème. Mais toujours pas moyen d’accéder à la messagerie orange…

Pour visualiser cette randonnée :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=12185521

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06/02/2016

Quelques mots sur Mongui. Cette petite bourgade n’est pas qu’une destination touristique qu’il doit à son caractère authentique et à ses départs d’excursions. Du reste, la plupart des petits hôtels et des restaurants étaient fermés ! Et j’étais seul à l’hôtel.

L’économie de Mongui se base sur le charbon, avec plusieurs exploitations « familiales » sur les pentes des environs et aussi sur la fabrication artisanale de ballon de foot ! Quelques échoppes en vendent sur la place centrale, et sont ouvertes tard le soir (alors que les restaus sont fermés !)

La vie ne s’arrête pas avec la tombée de la nuit (18h30). Les bistrots de la ville s’emplissent de nombreux clients et clientes qui viennent y papoter en sirotant de multiples bières et profiter de la musique tonitruante diffusées par des baffles généreuses. La musique est uniquement sud-américaine : accordéon et bandas. Les enfants dansent entre les tables…

[ Le vieux pont espagnol et mon hotel Calicanto ] [ Arrosage des fleurs ]  [ La vierge est sous verre ! ] [La couseuse de ballons]

Ce matin debout à 6h. Projet du jour : rallier El Cocuy une centaine de kilomètres à vol d’oiseau plus au nord. Et il me faut changer plusieurs fois de bus. Alors pas question de trainer !

Heureusement, mon linge est sec ! Remballage de toutes mes petites affaires que j’avais étalées (la personne qui a refait le lit pendant que j’étais en rando a dû bien rigoler !). Petit dej toujours aussi copieux. Je remonte la belle Calle 3, c’est l’heure où on arrose les pots de fleurs en suspension. Je me retrouve sur la grande place à 8h. Le petit car pour Sogamoso (3 800 COP) est prêt à partir. La route qui descend est encombrée par de gros poids lourds qui trimballent du charbon.

9h. Pareil à Sogamoso : le car pour Duitama est là lui aussi, le moteur ronronnant. Sur la route pour Duitama, il y a de nombreux cyclistes, seuls ou en petits pelotons, pédalant sous le soleil. Vu les habits sportifs fluo qu’ils arborent, ce sport semble bien populaire en Colombie.

On paye le car en descendant (2000 COP). La gare routière de Duitama est toute neuve. Le nombre de guichets de vente de tickets est impressionnant. Finalement je trouve un guichet où on vend des billets pour Soata (14 000 COP), départ à 10h30.

Dans le bus, un ancêtre s’est assis à côté de moi. Il fait des signes de croix devant chaque autel consacré à la vierge éplorée. La route zigzague dans une étroite vallée sujette aux éboulements : nombreux travaux de réfection. Dans les quelques plaines, elle se transforme en autoroute. Dans les champs, c’est l’époque des récoltes : oignons, pommes de terre. On travaille à la main. Quelques rares tracteurs sont à l’œuvre. Mais plus souvent on retourne la terre à la bêche.

On passe plusieurs cols à plus de 3000 m. Depuis le dernier avant Soata, on aperçoit au loin les cimes enneigées de la Sierra Nevada d’El Cocuy. Soata est au creux d’un carrefour de vallées profondes. Ici on est à 1900 m, pour donner une idée du relief contrasté.

Arrivé à Soata à 13h, sur la grande place centrale où se tient l’église, il n’y a pas de véritable terminal. On me dit que le bus pour El Cocuy est à 15h. Et que le trajet dure 4h ! J’attends dans un café, puis fais un tour en ville. À cette heure de plein soleil, ça marche au ralenti… Quelques curiosités dans cette bourgade : - l’immense église héberge un columbarium, des petits casiers où l’on place les restes des défunts – le parc où les gens sont assoupis sous des arbres envahis de barbe espagnole – un fou, clochardisé, squelettique, puant, sans dents, la tête bourré de tics, armé d’un gros bâton qui fait incessamment le tour de la grande place, quémandant dans chaque boutique mais avec insuccès.

Soata :  [  Le cimetière dans l'église ]  [ Le parc ]

Le bus pour El Cocuy est bien là à l’heure, mais il ne part qu’à 16h ! Le chauffeur et son aide ont des habitudes : devant chaque autel, église, crucifix, ils font leur signe de croix (ce qui inclut le baise-doigt). Et aux arrêts en rase campagne où il y a un vendeur de fruits, ils récupèrent quelques fruits pour lui avoir donné le droit d’en proposer aux passagers ! Comme je suis placé à l’avant du car à côté de l’aide, ils m’offrent une part de leur racket : des petites prunes violettes astringentes et à peine sucrées, une mangue, et des fruits (mamelones ??) qui ressemblent à de grosses olives vertes mais qui s’épluchent comme des lychees, et c’est légèrement sucré.

La route descend dans une vallée à pic, traverse un pont à 1300 m d’altitude puis remonte aussi sec sur la pente en face. Dans ce creux de vallée, il fait chaud, il y a des cactus partout. On traverse quatre villages, chacun éloigné d’une trentaine de kilomètres, soit une heure de route entre chaque. La moitié de la route est une piste poussiéreuse. Elle passe d’une vallée à l’autre par des lacets interminables. En entrant dans chaque village, le chauffeur avertit de son arrivée par des coups de klaxon à la tonalité de celui d’un paquebot.

Arrivée à El Cocuy à 20h ; la nuit est déjà tombée depuis longtemps. C’est à 2700 m d’altitude.

Le village est organisé autour de la grande place de l’église (monumentale) ; je trouve facilement l’hôtel que j’avais sélectionné, mais il est plein : un car touristique stationne devant. On m’en propose un autre à cent mètres. À cet hôtel, il reste une belle chambre à 40 000 COP, dezayuno inclus. À El Cocuy, la connexion est pire que tout.

À cette heure-là, plus question de trouver un restau ouvert, heureusement j’ai la mangue du chauffeur et un avocat acheté à Soata. Je trouve tout de même un vendeur de hot dog qui est en train de fermer sa boutique…

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07/02/2016

L’hôtel San Gabriel (C 8 # 2-55) profite de la protection armée du poste de police qui est juste à côté : plusieurs militaires en tenue de campagne et armés jusqu’aux dents surveillent l’endroit, mais ils sont gentils et rigolards avec les touristes … Il faut dire qu’il y a peu, cette région reculée était aux mains de la guérilla !

Cet hôtel est bien agréable (chambre claire et très propre, le patio central où l’on déjeune est un vrai plaisir), et ce n’est pas de la faute de l’hotel si dès 6h du mat, des hauts parleurs diffusent avec tonus de la musique bien rythmée…

 El Cocuy  : [  L'hotel San Gabriel ]  

Je règle quelques problèmes avec le sympathique proprio de l’hôtel - on communique avec le traducteur du mobile ! Petit tour en ville (c’est un bien grand mot…) pour me renseigner sur les formalités à accomplir pour entrer dans le parc. L’office du Parc National Naturel El Cocuy se trouve calle 5 entre kra 4 et 5. C’est 55500 COP le droit d’entrer. Je discute avec diverses personnes dont un couple de jeunes Français. Ils m’aident beaucoup pour la traduction et comprendre comment ça peut s’organiser. La dame de l’office PNN est occupée avec un guide qui enregistre 70 jeunes d’un groupe qui vient de Bogota, et elle doit enregistrer à la main le nom de tous ! Quand vient mon tour, elle me fait mon bordereau, me demande mon attestation d’assurance FFR (ceux qui n’en ont pas doivent aller s’en acheter une (3600 COP /p/j ; office calle 5 entre Kra 3 et 4) ; puis une fois payé la note, la dame bondit soudain, me demande mon âge et se confond alors en excuses. Je ne comprends rien à ce qu’elle me dit. Le jeune Français m’apprend alors la bonne nouvelle : les parcs nationaux sont gratuits pour les plus de 65 ans !...

Je fais aussi la réservation pour les deux nuits que je vais passer dans le refuge « cabanas Sisuma ». Pour ça, il faut aller dans la boutique d’équipement de montagne au coin de la Kra 5 et de la C 5. C’est 45 000 COP la nuit, la nourriture est en plus.

Je continue ma promenade en ville et ça vaut le coup d’œil. Ici les maisons sont peintes en blanc rehaussée d’un vert olive pas mûre. Quelques emplettes pour les randonnées futures.

" El Cocuy  "

À 11h30, je prends le bus pour Guican, la ville concurrente pour les départs de randonnées. À l’entrée de la ville, trône une énorme statue pas très explicative à la gloire des Uwa, la tribu autochtone, et qui a donné du fil à retordre aux conquérants espagnols.

Guican  [ Statue à la gloire des Uwa ]   [ Le chula ] 

Je commence une petite rando sur les hauteurs de Guican vers les cabanas de Kanwara. Belle vue sur les champs vallonnés avec au fond un bout de chaine de montagne enneigée (je sais on ne le voit pas sur la photo…). Au-dessus de la vallée, des vautours tournoient à la recherche d’un cadavre à dépecer. Ici on les appelle les chula.

" Petite rando sur les hauteurs de Guican (au fond, les cimes enneigées) " "  C'est l'enfant qui tient les rennes  "

Au bout de trois heures de marche fatigante sur une piste (montée continuelle), je fais demi-tour. Une famille en voiture qui va à la ville propose de me redescendre pour 5 000 COP ; je saute dans la voiture. J’arrive à Guican vers 16h30 pour sauter dans le bus pour El Cocuy. C’est un magnifique bus tout neuf. En fait, il va jusqu’à Bogota.

Retour à l’hôtel, où je bricole mes petites affaires. Demain je pars pour les refuges au pied des glaciers. Il n’y aura peut-être pas de connexion ni de blog pendant deux jours.

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08/02/2016

Réveil à 5h, petit dej à 5h30 (fruits, omelette, fromage, café). Le gars de la réception de l’hôtel San Gabriel qui fait aussi office en cuisine, croit me faire plaisir en allumant la télé ; ainsi j’ai droit à un quart d’heure de prêche de la part d’un curé en soutane ! À 5h45, je confie ma valise à l’hôtel, n’ayant gardé dans mon sac à dos que le strict nécessaire pour la rando vers le refuge.

Le rassemblement des lecherros s’effectue à 6h sur la place de l’église. Il existe dans cette région montagneuse une organisation quotidienne bien rodée pour s’occuper du bétail qui broute dans les parcelles lointaines et pentues : les lecherros transportent au bout des pistes les gens qui s’en occupent et récupèrent les bidons de lait, un système auquel se raccrochent les touristes randonneurs qui veulent se rapprocher des refuges et s’économiser ainsi une vingtaine de kilomètres de marche. Les lecherros ou plutôt les chauffeurs de camionnettes qui les conduisent, demandent 10 000 COP pour le service.

[ Notre bus ]  [ Un lecherro ]

Je retrouve les jeunes Français rencontrés hier à l’office du Parc NN. On va au même endroit : le refuge Sisuma, mais eux ils y campent. On doit nous déposer à l’Alto de la Cueva. Alors que nous cherchons le bon lecherro, (il y a plusieurs destinations), on se fait démarcher par un chauffeur de bus qui lui aussi trimbale de la main d’œuvre vers la montagne dans un autobus des années 50. Même prix, même destination et en plus il y a des sièges ! On grimpe dans le bus et commence une heure de secousses. Dans le bus, une dizaine de paysans – chapeaux et ponchos – descendent l’un après l’autre après s’être salués et congratulés. Le car s’arrête à 7h à l’Alto de la Cueva, la bifurcation de la piste qui conduit aux refuges.

On charge les sacs sur le dos, et nous voilà partis à remonter la vallée. Il y a peu de dénivelé, mais on est tout de même à 4000 m et le souffle est court ! La piste est un peu au-dessus de la rivière et on a de beaux points de vue. C’est une vallée d’où les pâturages ont disparus et où les phénomènes d’érosion agissent brutalement sur la montagne. Quelques terrains plats et marécageux se sont formés et permettent un peu de verdure. Quelques fraijelon et autres plantes des montagnes s’accrochent aux pentes. On bavarde voyages, géologie, histoire, religion – le chemin paraît moins long !

"[  Le contrôle PNN ]" "[  Rencontre hippique ]"   

Vers 8 heures on passe au contrôle du PNN, à 9h on passe devant les cabanas Herrera, et à 10h on arrive, par un sentier qui se sépare de la piste, aux cabanas Sisuma. En fait de cabanes, il s’agit d’un beau refuge en dur avec des dortoirs et des chambres particulières. J’ai droit à une chambre particulière (45 000 COP pour 3x3m², lit double et les SdB communs), vu qu’à l’office de réservation, on ne m’a pas proposé de dortoir ! Il y a de l’électricité (surement produite par une petite turbine à eau quelque part). Les jeunes plantent leur tente juste au-dessus du refuge.

" Le refuge Sisuma "
" Le refuge Sisuma " " La salle à manger "  " Le dortoir " " MA chambre  ! " 

Le refuge est au milieu d’un monde minéral, de rochers chaotiquement posés, de falaises verticales rabotées par d’anciens glaciers. Le temps couvert ne permet pas de voir la calotte de neige et de glace du Pan de Azucar (5100…) mais on distingue bien le sentier en raidillon qu’on doit gravir demain. Le soleil fait quelques percées dans les nuages, et dehors on supporte le polaire. Un peu de vent froid descend des zones glacées.

Pendant que les jeunes montent leur tente, je grignote un peu et me repose dans ma chambre. On redémarre vers midi pour aller voir les lagunillas et monter jusqu’au paseo (col) de Cusiri (4410 m). Les nuages plafonnent à partir de 4300. Il y a un peu de vent, mais c’est supportable. La vallée est encombrée de moraines et quelques lacs adoucissent le paysage. On grimpe sur la crête d’une de ces moraines, en tirant un peu la langue. Une fois dans la brume, le froid humide est assez désagréable. On rencontre une bande d’une trentaine de jeunes Colombiens qui piqueniquent. Une petite conversation s’improvise. Une fille se détache du groupe et nous fait la conversation en français ! Elle a fait ses études au Québec…

" Les jeunes Colombiens randonneurs "  " Balisage"  " Territoire Uwa "  " Le col de Cusiri "   

On arrive au col vers 3h. Ici, le vent est encore plus fort. Un grand panneau explique qu’il est interdit d’entrer dans le territoire Uwa ! Après avoir admiré la vue bouchée à dix mètres, on redescend sans s’éterniser. On est de retour au refuge à 5h. La brume s’est un peu levée, et, sur les derniers kilomètres, on entrevoit les glaciers.

[ Des plantes étonnantes ]  

Pendant notre rando vers le col, des jeunes étudiants Colombiens ont planté leur tente sur une riquiqui parcelle herbeuse et sans rocher. Ils se retrouvent pour un goûter au refuge où ils mettent une belle pagaille.

À 18h30, repas : une soupe velouté de quelque chose, une assiette avec, autour d’un 8ème (16ème ?) de poulet, un bol de riz retourné, une salade de mangue et de chou vert, une grosse poignée de frites et deux tranches de banane plantain. On a vu pire dans certains refuges.

Bavardage avec une Californienne qui accompagne le groupe des jeunes et une Hollandaise qui est venue ici en vélo !! et qui part demain à 4h pour faire l’ascension du glacier…

Avant d’aller dormir, on nous donne des bouillottes bien chaudes !

Pour visualiser la rando, cliquer sur le lien :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=12232269

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09/02/2016

Réveil à 6h, un œil par la fenêtre : il fait beau.

[  Soleil levant au-dessus du refuge ]  

La toilette est succincte : bien qu’il ait de l’électricité, les douches sont froides, d’ailleurs personne ne les utilisent.

Après le petit dej, les jeunes arrivent dans le refuge, la tente démontée, les énormes sacs bien ficelés, prêts à partir. Mais ils doivent attendre leur guide. Je pars sur le chemin pour prendre un peu d’avance, car mon fort ce ne sont pas les montées.

La première partie de la montée vers le site du Pulpito d’el Diabolo (le Pupitre du Diable) est une succession de replats que l’on dépasse en longeant la moraine nord de la vallée. De hautes falaises encadrent ces replats marécageux. Le sentier est bien tracé. Quelques panneaux indiquent les embranchements.

" L'approche " 

La deuxième partie est la plus délicate : pour accéder au col, il faut évoluer dans une pente encombrée d’énormes rochers, et il n’y a aucun balisage ! Il faut se fier à l’usure des rochers par les passages. Et dans les rares endroits où il y a une trace, il s’agit de petits cailloux qui roulent sous les chaussures… Et il y a l’altitude : le col est à 4660 m. Je suis à mi-parcours quand je vois les jeunes avec leur guide au pied de la pente d’éboulis. Le guide a du arriver bien en retard… On se fait des grands signes.

" Le Paseo " " Les cent derniers mètres avant le col "   

La troisième partie débute par un petit ressaut de rochers à franchir et après cette petite difficulté, c’est un immense plateau raboté par les glaciers, donc sans obstacles, qu’il faut parcourir pour atteindre les rives du glacier. Les jeunes, qui ont laissé leur guide et leurs sacs au col, me rattrapent pour me dire au revoir ! Ils prennent un autre itinéraire pour rallier une autre vallée. Chaleureuses séparations.

Une autre rencontre : la Hollandaise et son guide redescendent : ils viennent de gravir le Pan de Azucar : c’est un petit glacier dont l’itinéraire normal ne semble pas rencontrer de difficulté, mais il faut l’équipement crampons-piolet. On échange des impressions et on se donne rendez-vous au refuge pour les compléter.

" El pulpito del diabolo "  " El Pan de Azucar "   

J’arrive au pied du glacier (4830 m), il est midi, il fait bon, il est temps de piqueniquer. Autour de mon lieu de piquenique : le Pulpito, un beau piton rocheux cubique qui est un reliquat de ce que fut une énorme barre sédimentaire aujourd’hui presque totalement emportée par l’érosion. Un peu plus à droite la pente molle du glacier qui couvre un reliquat de rocher, le Pan de Azucar. À mes pieds, la langue fondante du glacier. Et enfin au bout du plateau la vallée vers Guican-El Cocuy.

" Panorama "   " Lieu de picnic " 

J’ai la surprise d’entendre le mobile biper ! Ici, il y a du réseau ! alors qu’au refuge, il n’y en a pas, et il n’y a même pas de liaison radio en cas de pépin …

Je redescends sans plus de problèmes qu’à l’aller. J’essaye de ne pas trop m’égarer dans les rochers et j’arrive au refuge à 2h. On bavarde et on échange nos impressions avec les gens du refuge et la Hollandaise qui fait la traductrice.

J’apprends qu’un couple de Polonais vient d’arriver et qu’il n’y a pas de place pour eux ! Ils sont de mauvaise humeur… Je mouline dans ma tête : soit je reste au refuge à tourner en rond, j’y passe la nuit, puis j’en repars à 5h du mat pour attraper à 7h30 les lecherros qui redescendent à El Cocuy, soit je redescends tout de suite et essaye de trouver un moyen de transport à la bifurcation, et dors ce soir à l’hôtel à El Cocuy.

Je choisis la deuxième option, me fais rembourser de ma nuit et cède ma chambre aux Polonais (pas particulièrement reconnaissants…). Je prends le chemin du retour d’une bonne allure et avec optimisme. Mais …

Je n’avais pas perçu à quel point cette région est plutôt désertique : parvenu à l’Alto de la Cueva, sur les quatre heures de trajet sur la piste menant à El Cocuy, il n’y a eu aucun véhicule descendant ! Et j’ai dû me taper les 18 km à pied sur cette piste, après avoir fait l’ascension jusqu’au Pulpito, et le trajet du refuge à la bifurcation le l’Alto, soit au final 34 km !! J’arrive à l’hôtel à 20h alors qu’il fait nuit depuis une heure et demie ; le gars de l’hôtel est plutôt surpris de me voir arriver car je lui avais donné rv le lendemain, et il me regarde avec un peu de pitié, car mon état délabré lui fait comprendre que je reviens de loin… Je piquenique dans la chambre les quelques restes trouvés au fond de mon sac et prends une douche qui dure une demi-heure… Et je dors !

Pour visualiser la rando, cliquer sur le lien :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=12233353

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10/02/2016

Bonne nuit, réveil à 6h. Je bricole mes affaires, etc. Je pensais avoir plus de courbatures que ça. Internet est en panne … Lorsqu’à 8h30 je descends ma valise, le gardien des lieux m’annonce qu’il n’y a pas de petit dej ! Je me contente d’un café à la bouilloire qui est à la disposition des clients.

À la place de l’église, on me dit que le bus pour Bogota part à 10h30. Dans un café, je trouve de quoi mettre à jour le blog pour la modique somme de 300 COP. Je confie ma valise au patron et vais faire un tour en ville.

Sur la grande place, une belle maquette du Parc NN montre les diverses possibilités de randonnée. À l’église, il y a une grande animation : les groupes scolaires se succèdent pour la messe. Déjà, les collégiens sont sortis ; à présent c’est au tour des primaires, en tenue scolaire. Quelques adultes. Ils ont tous une croix tracée sur le front avec de la cendre. Au moment des chants, des toutes jeunes filles se regroupent autour de l’harmonium, qu’un vieil aveugle pianote.

  " Les collégiennes, aussitôt sorties de la messe... "  " Le chœur "  "  Le minotier "  " Les beaux camions "  " El Cocuy "

Après avoir erré dans les rues, je vois arriver le car. Je prends mon billet pour Bogota à l’agence qui est sur la place : 45 000 COP (13€). Le car est censé arriver vers 20h.

Le car est tout neuf et assez confortable. Il fait l’omnibus, même plus : il s’arrête dès qu’on lui fait signe. Il prend des passagers, même pour trois kilomètres … Au bout de trois heures de route de montagne (la même qu’à l’aller), on fait une pause repas à Soata. Je vais dans le même restau que le chauffeur et son aide, et aussi à la même table, histoire qu’ils ne se tirent pas sans moi… Je mange le plat du jour : un pot au feu de mouton, qui semble boucané tellement il est salé, accompagné de riz, une macédoine de légumes crus, une grosse pomme de terre et une racine (igname ?). Ça tient à peine dans l’assiette…

Arrivé à Duitama, la grosse ville régionale, le car attend plus d’un quart d’heure, le temps qu’il se remplisse. Pareil à Tunja. Les gens se font descendre où ils le souhaitent, y compris au bord de l’autoroute, en pleine nuit, dans un virage !

Une jeune femme (dont certaines parties de l’anatomie débordent sur ma place) engage la conversation, mais elle ne parle pas anglais. Photo de sa fille, de sa famille. Dès qu’elle apprend que je suis français, elle m’explique que le nouveau mari de sa mère est lui aussi français. Et voilà qu’elle téléphone à son beau-père, pour lui annoncer la nouvelle, et aussitôt elle me passe la conversation ! On échange à peine trois phrases (je suis un peu embarrassé de l’initiative) ; heureusement, la conversation coupe par manque de réseau, et on arrive à Tunja où elle descend…

On arrive à Bogota Terminal à 21h.

J’ai décidé d’enchainer pour un car à destination de Cali, dans le sud-ouest. C’est aussi bien que de rester un nuit à Bogota, chercher un hôtel, etc… Le Terminal est tout de même assez éloigné du centre.

Je choisis une compagnie de luxe pour avoir un peu de confort, la Bolivaria, qui fait le trajet pour 70 000 COP. Le bus est équipé de sièges larges et bien inclinables, de toilettes (homme ET femme) et de la WiFi. J’ai un voisin qui est un peu rustre, mais on fera avec.

Cette page de mon carnet de voyage est une première, car je la poste avec mon ordi, depuis ce bus ! On n’arrête pas le progrès !

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11/02/2016

Finalement j’ai dû dormir un peu, car quand je me réveille, vers 6h30, il fait jour, et je ne me sens pas du tout fatigué. Pourtant j’avais l’impression d’être coincé dans une boîte à chaussures et de me retourner tout le temps… Et le voisin qui ronflait sans avoir éteint le petit écran vidéo sur le siège devant lui… J’ai dû mettre des bouchons d’oreille !

Le voisin est déjà en plein boulot, il n’arrête pas de téléphoner avec ces trois mobiles ! Je le dérange pour aller aux toilettes. C’est une épreuve : je manque de valdinguer à chaque virage de cette route de montagne pour y aller, et, une fois dedans (WC type avion), ça se complique, car il faut bien s’accrocher… De retour à mon siège, je déjeune d’un jus de fruit et de biscuits, tout en contemplant le paysage : des champs de cannes à sucre à perte de vue, puis l’importante zone industrielle de Cali. On arrive au terminal de Cali un peu avant 8h (= 10h de route de nuit).

Le Terminal de Cali est assez impressionnant. Je ne m’attendais pas à une installation aussi grande. On dépose les passagers sur le quai des arrivées ; mais une fois entré dans la gare, c’est sur trois étages que sont installés les comptoirs des agences de bus, et c’est sur les mêmes trois étages que se font les départs de bus. Et tout ça cohabite avec une multitude de boutiques destinées aux emplettes de dernières minutes. Apparemment, la foule sait où elle va ! Quant à moi, je suis un peu perdu dans cette gare, le guichet des informations est fermé, et il fait une chaleur étouffante : je suis déjà en sueur. C’est un balayeur qui m’explique comment sortir de cette gare et où trouver les bus de ville. J’avais comme première intention d’aller dans le quartier de San Antonio, au sud de la ville, là où selon le LP sont les hôtels. En allant vers les bus, je me renseigne au hasard auprès d’un type qui vend des jus de fruits avec sa roulotte, et il m’indique un hôtel pas cher tout près.

C’est l’hôtel La Hosteria (Calle 23c Norte 3AN – 85).

On ne peut pas dire que ce soit un grand palace, loin de là, mais on me propose une grande chambre avec SdB pour 25 000 COP (6,5 €). Cet hôtel a connu des jours meilleurs. Et la douche dispose d’un robinet au lieu d’une pomme… (eau froide uniquement, mais il fait si chaud !). Mais ça me convient d’autant qu’il est aussi à proximité de l’agence de location de voiture Localiza.

Après avoir étalé mes affaires, je sors pour aller dans cette agence et faire les réservations. En fait, dans cette agence, ce n’est pas eux qui font la réservation (personne ne parle anglais) ; c’est au téléphone que ça se passe. Je ne comprends qu’à moitié ce que la téléconseillère m’explique (vu le bruit, son accent, mon anglais scolaire et une liaison téléphonique merdique). Une cliente, parfaitement anglophone, qui m’entend me dépatouiller, se propose de servir d’intermédiaire. Finalement au bout d’une heure, je parviens à obtenir mes deux réservations…

Retour à l’hôtel, où je prends une douche et lave une tonne de linge…

Je remarque que ma voisine de chambre est une policière : alors que j’ouvre ma porte, elle sort de chez elle en uniforme, et avec l’attirail complet : revolver, bâton, menottes et bombe lacrymo. Ça calme…

L’hôtel, un peu décrépit, est géré par une famille : il y a une Colombienne, Jeannette ( !), il y a son neveu, Ken, étudiant d’origine japonaise et il y la mère de ce dernier, Japonaise, et sacrément handicapée. Le jeune Ken parle un peu le français (il me montre sa carte d’étudiant en langue anglaise et française), et il me prend en charge pour m’expliquer comment fonctionnent les transports à Cali. Il y a dans cette ville un système de transports identique à celui de Bogota : le Mio. Il m’aide à acheter la carte d’abonnement et les unités à charger sur la carte.

Cali est une ville complètement chaotique : des immeubles modernes qui crèvent l’ancien quartier colonial, des maisons laissées en désordre, à la proie de panneaux publicitaires ou des tags sauvages ; mais les rues sont pleines de gens alertes, malgré la chaleur. Il y a plus de gens noirs de peau qu’à Bogota. Et est-ce parce qu’il fait si chaud que les femmes sont habillées si court ? J’ai l’impression qu’ici elles ne lésinent pas sur les pâtisseries et les sodas…

"Église San Francisco et sa Tour Mudejar "  "Écrivain publique "  " La cireuse en manque de chaussures "  " La canne, ça sucre ! "

Le quartier central de Cali semble tourner autour de la Place Caycedo, dont toutes les rues adjacentes sont des rues commerçantes encombrées par une multitude de vendeurs à la roulote. Je fais quelques courses, surtout des fruits : mango, maracuyas, granadillas, tomate de arbol, naranjas.

[ Place Caycedo ]  [ Un vieux dragueur... ] 
[ Moto-taxi au repos ]   [ Enfin tranquilles ] 

Dans le quartier colonial, je visite le Musée de l’Or (gratuit) qui se teint dans un étage de la Banque Centrale. Une grande salle (dont la porte est blindée) expose de nombreux objets ayant appartenu aux civilisations précolombiennes de la Calima (rivière qui nait sur les hauteurs de Cali et qui va vers le Pacifique) : poteries et objets de parures en or. Magnifique malgré des explications en espagnol uniquement.

[ Le musée de l'or ]  

Puis je visite l’église de la Merced transformée en musée d’art religieux. Le plus curieux est le plan de l’église : un L. Le premier bâton du L a été construit par les conquérants espagnols, et postérieurement, ils ont construit le deuxième bâton de L pour accueillir les « indigènes » convertis…

[ L'église de la Merced ]  [ Nef côté espagnol ]  [ Nef côté indigène ]

Le musée archéologique, à proximité, contient beaucoup d’objets en poteries ou céramique produits par les sept différentes civilisations qui ont occupé les plateaux environnants. Une belle collection d’ocarinas dont on en entend la musique diffusée discrètement.

[ Rouleaux à imprimer les tissus ]
[ Le musée archéologique ] 

À 5h, j’ai un coup de barre et rentre à l’hôtel. Je mange la grosse mangue, bois un café froid et ça me ragaillardit d’un coup : vitamine C + caféine, une vrai bombe !

Pendant que je rédige le blog dans ce qui fut la salle de restaurant de l'hotel, à présent abandonnée, des vendeurs à la roulotte viennent garer leur petit commerce dans ce qui fut un patio…

L’ambiance est assurée par un des locataires qui a mis sa musique et sa télé à fond : encore un qui ne sait pas choisir entre la salsa et le match de foot… Puis au bout d’une demi-heure, la cacophonie s’arrête, et un policier baraqué et complètement équipé sort de sa chambre, puis un autre d’une autre ! C’est l’heure des rondes de nuit… Au moins l’hôtel est sécuritaire !!!

Dîner frugal.

[ Nature morte exotique ]  
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12/02/2016

J’ai dormi comme une souche. Réveil naturel vers 6h. Je trainasse…

En allant vers le Terminal, à 100m de l’hôtel, un bel et imposant immeuble récent héberge le poste de police du quartier. Il est gardé par un ninja armé jusqu’aux dents. Pas étonnant qu’il y ait autant de policiers dans cet hôtel si proche !

Au Terminal, je trouve, en posant beaucoup de questions, l’endroit où s’arrête le bus pour Pance. Il va mettre 1h15 pour effectuer les trente kilomètres ! Il lui faut du temps pour sortir de Cali.

[ Un marché au sud de Cali ] [ Hum ! ça n'a pas l'air mauvais ! ] 

Pance est un village en hauteur (1500 m), au fond d’une vallée. Les gens du coin aiment bien venir ici, car il y fait plus frais qu’en ville ; il y a de nombreux lieux de baignade en rivière, on peut loger dans des cabanas bien aménagées. Et comme c’est l’entrée d’un parc naturel (le parc NN des Farallones, gratuit), c’est aussi le départ de plusieurs sentiers de randonnées pour aller voir des cascades ou s’imprégner de la forêt tropicale.

Pance  :  [ L'église ]   [ Le départ de la rando ]  

Le problème de la randonnée en forêt tropicale, c’est que les sentiers sont glissants car toujours humides, même quand il ne pleut pas. Il y a beaucoup de feuilles mortes qui recouvrent le sentier, mais surtout les pierres qui roulent et les racines…

Je démarre vers 10h30 et me fixe trois heures pour la montée (je ne veux pas rater le car qui redescend vers 16h). Un bout de piste sur 500m, puis, après un pont, c’est un vrai sentier qui longe la rivière et conduit à des fermes ou des campements.

Premier obstacle : un pont de singe d’une bonne trentaine de mètres, étroit, très mouvant et fabriqué avec de vieux fils de fer et des bambous vieillissants, au-dessus du torrent bouillonnant entre de gros rochers…

[ Des vacances dans les arbres ]   [  Le pont de singe ]

Et juste après, les affaires sérieuses commencent. Le sentier devient un raidillon zigzagant dans la forêt, glissant, plein de cailloux, mais bien tracé. Oiseaux aux cris bizarres, grandes fougères, grands arbres. Personne… Le sentier n’en finit pas de monter.

[ Et on se plaint des cochenilles sur nos plantes vertes ...]  

Vers 2150 m, un camp de fortune est installé sur un replat. C’est un campement pour jeunes, fait avec trois planches, deux clous et une bâche, avec cuisine, dortoir et salon… À présent, il n’y a personne ! Autour de la cabane, des tentatives de cultures, mode : « je jette des graines et je regarde si ça pousse ». Quelques orangers, des ronces à mûres, des ananas, etc. Je remplis une bouteille d’eau… Car c’est la grande suée.

[  Le camp de jeunes ]  [ Oh puissant esprit du buisson, nous sommes ici à nouveau pour chercher la sagesse ] 

À 13h30, je m’arrête dans une petite clairière au milieu de la forêt et accrochée à la pente, je suis à 2440 m. Il est temps de casser la croûte (deux barres de céréales, de la pâte de fruit, deux oranges) et de redescendre.

La descente est pénible jusqu’au pont de singe du fait du terrain glissant. J’arrive au village de Pance vers 15h30. Une petite bière bien fraîche, le temps que le bus arrive.

Pour visualiser cette rando, cliquer sur le lien :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=12255673#

Et là, c’est le plus pénible : le bus va mettre presque deux heures pour rallier le Terminal, à cause des embouteillages et d’un itinéraire différent de celui de l’aller.

Quelques emplettes au supermarché du Terminal. Je prends un quart de poulet et une grosse pomme de terre cuite à l’eau chez un marchand ambulant. Et je rentre à l’hôtel pour prendre une douche et laver mes affaires, ce qui n’est pas du luxe après une telle suée.

Pique-nique dans la chambre…

Le soir vers 9h30, crise de nerfs : un type répare sa moto dans le couloir de l’hôtel en faisant vrombir le moteur ! Je sors de ma chambre à moitié à poil, et j’engueule vertement (en français). Vexé, il arrête le moteur de sa moto et va dans sa chambre où il met sa musique à fond ! Inimaginable ! Je vais, fulminant, vers la réception et tombe sur Ken qui arrive, inquiet des cris que je pousse. Il met fin à la musique et aux travaux sur la moto. Le voisin n’est pas content… ça se trouve, c’est un policier…

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13/02/2016

Personne ce matin à 8h à la réception…

[ Des arbres gigantesques ]   [ Il y a de beaux morceaux ! ]

À l’office de Localiza, ça dure une heure chrono pour les formalités. Le type doit enregistrer mille infos, souvent les mêmes… Bref, à 9h30, j’ai la clé d’une Chevrolet Spark, l’équivalent d’une Twingo. Je l’ai réservée pour quatre jours, en espérant pouvoir faire le tour des sites précolombiens de la région.

La sortie de Cali, que je craignais compliquée, s’effectue aisément, et trouver ma route aussi. Pas trop d’erreurs. Par contre, tenir le mobile pour suivre la route d’une main et conduire de l’autre n’est pas facile ! Je me suis concocté un itinéraire qui passe par la montagne : Florida, Miranda, et à Corinto, hop ! à l’assaut de la montagne !

[ Les bus locaux ]  

Sauf qu’à Corinto, et bien que la carte (achetée au Vieux Campeur), et celle proposée par GMap indiquent une route, impossible de la trouver ! Même en grossissant l’image de l’écran, j’ai devant moi une impasse ! Je demande aux gens du coin où est cette route, tous me font la même réponse : « il en a bien une, mais elle est impraticable pour ta petite voiture, même les cars ne passent pas, et tu ne peux que reprendre la route de Popayan et de là prendre la route 25 ». Bon, ça rallonge mon plan…

Je retrouve la grande route Cali – Popayan qui est à deux voies et avec des bas-côtés assez larges. Elle est quasiment neuve. C’est un bout de la Panaméricaine qui va vers l’Équateur. Ça roule relativement bien, les seuls problèmes sont les camions : le terrain est très vallonné, et souvent on se traine derrière eux. Les gens sont relativement disciplinés et ne conduisent pas comme des fous. Par contre, ils doublent les camions même quand il y a une double ligne jaune ! Ce sont les chauffeurs de camion qui se serrent sur le bas-côté et qui font signe de doubler avec le bras.

Juste avant Popayan, il y a l’embranchement avec la 25. La route est un peu plus étroite mais tout aussi neuve. Elle traverse des paysages de plus en plus en relief, et jusqu’à Totoro, ça va. À partir de ce village, ça se dégrade : la route devient piste, puis route, puis piste, etc, tout en prenant de l’altitude. Et après un col à plus de 3000 m, et où il se met à pluvioter, la route est carrément effondrée sur les trois quarts, et il faut se frayer un chemin entre les éboulis non déblayés et le ravin où un bout de la montagne et de route se sont effondrés…

[ Une route pourrie  ] 

Il reste 60 km de route avec des sections parfois toute neuves, mais plus souvent de la piste. Il y a des passages où l’on doit attendre que les immenses pelleteuses déblayent la route, ou que les ouvriers qui travaillent à la refaire en béton puissent travailler de temps en temps sur le chantier… La descente sur Inza est quarante kilomètres d’enfer ! Bref, il ne faut pas être pressé, ni être allergique à la poussière, ni tomber en panne…

[ Les pelleteuses dégagent la route ] 

Au final, je me dis que ce n’était pas plus mal de ne pas avoir pris la route de la montagne…

Il est 16h lorsque j’arrive sur le site archéologique, juste l’heure où ça ferme. La visite est donc pour demain ! Je trouve à l’hôtel La Portada, une belle chambre, avec SdB partagée, pour 25 000 COP, et un parking pour 5 000 COP. La femme qui s’active derrière ses gamelles dans la cuisine fait aussi la réception, et elle est un peu débordée. Le village de San Andres de Pisimbala résonne des cris des coqs, des motos qui remontent la piste poussiéreuse, et des bavardages des touristes qui transforment la terrasse du Portada, en leur QG d’un soir.

Cet hôtel est la ressource du village : des villageoises apportent des produits frais que la patronne achète après en avoir regardé la qualité. Le repas se prépare, et le fumet des gamelles titillent les narines… Au menu, ce soir : une soupe de potiron, et dans une large assiette, un steak, une petite banane plantain frite, une louche de riz, une louche de haricots, et une petite salade concombre/tomate, le tout accompagné d’un jus de mangue.

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14/02/2016

5h – Je suis réveillé par les voisins, des jeunes qui doivent prendre le premier car.

5h30 – Le bus prévient qu’il va partir et fait sonner sa corne de brume.

5h45 – Il se met à pleuvoir : musique sur les tôles du toit. Les milliers de coqs du village font concurrence aux oiseaux moins domestiqués.

6h – Douche (froide)

6h30 – Skype

Il ne pleut plus. Je fais un tour du village dont les maisons sont clairsemées. Au centre médical, il y a de l’agitation. Des mères y apportent leurs enfants.

Je démarre le sentier de l’Alto de San Andres qui est juste derrière l’hôtel La Portada. C’est le premier site de ma liste. Il parait qu’on peut démarrer de n’importe quel site. Il s’agit d’une petite grimpette dans les caféiers et les bananiers au son des criquets qui se réveillent. J’arrive avant l’heure d’ouverture. Des abris protègent le site. J’en profite pour contempler le paysage : des montagnes bien érodées à l’horizon, à leur pied des collines cultivées, une rivière qui ravine ces terrains fragiles, car constitués de déjections pulvérulentes à peine consolidées ayant pour origine le volcan voisin : le Nevado de Huila.

L’endroit fut habité au 7ème siècle avant JC par une civilisation précolombienne dont on ne connait pas grand-chose et appelée « culture des tombeaux ». Des puits profonds de parfois plus de dix mètres permettent d’accéder à des salles, creusées en forme de haricot dans ce terrain friable, aux parois enduites et décorées de peintures à formes géométriques, et de reliefs représentant des visages, géométriques aussi. On a trouvé dans ces tombes des vases contenant des restes de corps humains. Ces sépultures, uniques en Amérique de sud, sont au nombre de la centaine, une vingtaine sont visitables grâce au « passeport ». Ce parc archéologique est à l’écart de toutes les grandes routes, et est peu visité.

À 8h, heure d’ouverture des sites du parc, personne ! Je me dis « c’est dimanche, c’est ma chance : c’est jour de congé ». Heureusement, un quart d’heure plus tard un gardien arrive.

Il me demande mon passeport que je n’ai pas, car je croyais que c’était lui qui, selon le guide LP, allait m’en vendre un. Il me dit que je dois en chercher un au centre administratif à 3km en bas dans la vallée. Je lui explique, que j’irai en chercher un, mais étant là autant que je visite les lieux. Il est bourré de scrupules, mais à force de palabres, il finit par m’ouvrir les trappes d’accès aux tombes.

Les marches d’accès sont étroites et ont plus de 50 cm de hauteur. Les dernières marches sont plus amples et ont des formes de parenthèses. Au fond, il fait noir, mais j’ai ma lampe de poche. La salle funéraire fait trois mètres de haut, et le haricot fait dix mètres sur douze, avec deux piliers. Ici les décors géométriques sont noirs et rouges sur fond blanc. C’est assez étonnant.

[ Les sépultures de Tierradentro ] 

Quand je remonte, le gardien m’annonce qu’il a téléphoné au centre administratif et que quelqu’un va venir m’apporter le fameux passeport (20 000 COP). Je visite les autres sépultures, qui sont un peu copié/collé de la première, plus ou moins dégradées par le temps.

En attendant que le porteur de passeport arrive, je bavarde avec le gardien. Je lui montre au loin, une série de baraquements accrochés à flanc de montagne. Ce sont les habitations des Indiens Naza qui ont fui la montagne lors d’un violent tremblement de terre et qu’on a regroupé là. Le passeport arrive, il me le poinçonne avec une magnifique pince.

Par un sentier, je vais de l’autre côté de la vallée pour visiter les statues du site El Tablon. Les statues auraient des points communs avec celles du site de San Agustin que je vais visiter demain. En voyant ces statues, je ne peux pas m’empêcher de penser (bien qu’elles n’aient rien à voir) aux statues-menhirs de ma région. Pourtant il y a des points communs : unité de thèmes, unité de posture, unité d’attributs (colliers, etc). Par contre les stylisations n’ont rien à voir.

[ Les gardiens des sépultures de Tierradentro ...]  

Bon, c’est histoire de causer…

Je retourne à l’hôtel, récupère la voiture et descends au centre administratif à deux kilomètres en aval du village. Il y a un petit musée ethnologique assez bien fait qui montre les us et coutumes des Naza. Tout est en espagnol, mais j’en saisis les grands traits. À noter que ces gens ont trouvé une plante dont, en écrasant les baies, on obtient un colorant rouge servant à teindre les tissus. À noter aussi une machine en bois complexe pour moudre des plantes, en recueillir le jus, lequel, une fois fermenté, servait de bière…

De là, un sentier monte (une bavante…) au site de Ségovia. Une vaste colline est recouverte d’abris (plus d’une dizaine). Chacun protège deux ou trois sépultures. On y accède pareillement par un puits escalier, et on peut dire que sur ce site, elles sont belles et émouvantes. Pourquoi ces gens ont-ils voulu donner à leurs morts des sépultures bien plus durables que leurs propres habitations dont on n’a aucune trace ?! Et vu leur nombre, et vu que chacune d’elles contenait des dizaines de vases avec des restes humains, on ne peut pas dire que cette attention était en l’honneur de quelque chaman, notable ou prince…

 " Quelques tombes souterraines "   "  Musée archéologique "

De retour au parc, je visite le musée archéologique (toujours en espagnol…), qui organise et complète toutes les visites accomplies ce matin.

À midi, départ pour San Agustin. Il faut pour cela pendre les pistes pourries qui descendent à La Plata (où je fais le plein), puis trouver la route goudronnée qui va, sur les conseils de la femme pompiste, à Garzon récupérer la Route nationale 45 qui vient du nord. Sur celle-ci, comme pour hier, il y a des contrôles de police, et de l’armée, avec des militaires habillés et armés comme pour la guerre.

[ Panneaux bizarres ]  [ Le café de Colombie  ] 
[ État des routes approximatif ...]  

J’arrive à 4h à San Agustin, et finalement assez satisfait de l’état des routes. La région fraîche des hauteurs de la Sierra de Huila est bien loin, on est au creux du fleuve de la Magdalena qui prend sa source dans la région, et qui s’écoule sud nord pour s’évider dans la mer des Caraïbes, à Baranquilla. Dans les collines, on cultive aussi les caféiers, mais ici, ils sont en fleurs.

L’entrée dans San Agustin fait curieuse impression : contrairement à San Andres de Pisimbala qui est un hameau dispersé, dans la verdure et les collines, j’entre ici dans une ville animée, agitée, dont la place de l’église sert de point de rassemblement de tous les jeunes à scooter de la région, sert aussi de lieu de rencontre des nouveaux hippies qui ont trouvé ici un nouveau Katmandou, tapant du tambourin, sifflant du pipeau et grattant la guitare, place de l’église qui à cet instant précis où je tente de trouver un hôtel, est l’endroit de départ d’un enterrement dont la cérémonie religieuse vient de se terminer….

" Le Che et Titirominet cohabitent " " La grande rue de San Agustin "   

Je trouve à hôtel Raices (Kra 13 # 3-36), une chambre avec SdB très correcte : 30 000 COP avec dezayuno. Pas loin, je peux placer la voiture dans un parking pour la nuit pour 5 000 COP.

Je termine la journée en faisant le tour du patelin, en grignotant des cochonneries achetées dans des roulotes.

La soirée est animée par les hippies qui ne peuvent pas décrocher de la place de l’église….

Pour visualiser les accès aux sites de Tierradentro, cliquer sur les liens :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=12279940

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=12279952

15

15/02/2016

Ce matin, la moitié de l’hôtel est privée d’eau ! Je suis dans la bonne moitié, c’est mon jour de chance ! Pendant que je prends mon dezayuno, je vois la noria des seaux qui vont et viennent du réservoir aux chambres…

Je consacre la matinée et le début de l’après-midi à la visite du site archéologique de San Agustin. Au sommet de plusieurs collines, une ethnie dont on ne connait rien, a laissé (avant JC) un nombre impressionnant de sépultures. Nombre d’entre elles sont gardées par des statues, parfois modestes de moins d’un mètre, mais la plus grande fait tout de même sept mètres ; en moyenne elles font un mètre cinquante. La plupart sont des représentations humaines majoritairement masculines. Un bestiaire important est aussi représenté : oiseau, grenouille, crocodile (bien que cet animal n’existe pas dans la région !). Les traits sont sommaires, mais très expressifs, ce qui peut laisser croire, pour certaines statues, qu’il s’agit de masques. Certaines statues où figurent des enfants évoquent des scènes ambiguës : accouchement, sacrifice ?

Les sépultures par elles-mêmes font étrangement penser aux allées couvertes et aux dolmens de nos régions. Aménagées avec de grandes dalles de basalte récoltées au loin dans la rivière Magdalena et pour certaines pesant plus d’une tonne, ces sépultures abritaient des vases en terre cuite contenant des restes humains, des plats pour les offrandes, de rares bijoux, parfois des sarcophages creusés dans des gros blocs de basalte. Le tout était recouvert de terre, comme pour nos tumulus.

[Des allées couvertes ]  

Un endroit étonnant : la fuente de Lavapatas. Une rivière s’écoule sur une large dalle où des rigoles ont été creusées parmi de reliefs représentant des bêtes aquatiques bizarres.

[ La fuente de Lavapatas ] 

Les collines que l’on visite sont espacées de plusieurs kilomètres. Celles du parc archéologique sont elles-mêmes espacées de plusieurs centaines de mètres. Les sites sont aménagés comme des terrains de golf, l’herbe rase.

[ Le musée archéologique ]

Ici aussi, il y a un système de passeport (20 000 COP) qui donne accès à tous les sites, y compris les plus éloignés de dix ou vingt kilomètres comme los Idolos, et las Piedras. Dans le parc archéologique, il y a un musée super moderne et bien fourni, et qui aurait pu être encore plus intéressant s’il y avait des explications traduites.

Les collines environnantes sont couvertes de cultures ou de prairies. Du café, de la canne à sucre. Les petites fermes sont dispersées. Elles sont souvent peintes de couleurs criardes. Certaines fabriquent du fromage, d’autres du sucre. Je visite une raffinerie de sucre familiale à la grande joie des gens qui y travaillent : un gros moteur qui écrase la canne pour en recueillir le jus, les sept cuves où bout le jus, à chaque cuve le jus s’y concentre plus que dans la précédente, le tout étant chauffé par la canne écrasée et des morceaux de bambous. L’épais jus brun final est recueilli dans une cuve où il va se figer en refroidissant. On fabrique alors des blocs ressemblant par leur forme et leur taille à des briques. La demi-douzaine de personnes qui travaillent ici sont très accueillantes et sont contentes de m’expliquer leur travail, me laissant gouter à loisir les chutes de sucre. Ces gens commencent leur travail à cinq heures du matin et finissent à six le soir…

[ La raffinerie familiale ] 

J’ai fini mon circuit à San José de Isnos, ce qui m’a permis de reprendre là, directement, la route de Popayan.

La route est à 50% goudronnée. Le reste c’est de la piste, là où on doit grimper un col à plus de 3000 m, où il pleut et où il y a du brouillard ! C’est pénible, mais pas autant que le premier jour.

Dans la descente vers Popayan, je ramasse deux jeunes stoppeurs (une belge et un allemand) qui vont dans cette ville. Je n’y rentre pas car ma destination du jour est Silvia, un bled dans la montagne où demain il y a, paraît-il, un marché intéressant. J’y arrive à la nuit tombante et trouve un beau logement à l’hôtel Peter Pan (35 000 COP pour une grande chambre + SdB). Je trouve aussi un parking privé pas loin. Diner succinct.

16

16/02/2016

Réveil calme.

La promenade dans le gros bourg de Silvia est pleine de surprises. Je ne m’attendais pas du tout à voir un tel spectacle ! Le quartier de la place de l’église, du marché couvert et des rues adjacentes est animé par des centaines gens descendus des montagnes et des villages avoisinants dans de gros et antiques autocars colorés, et venus vendre les produits de leurs travaux champêtres ou artisanaux, ou bien acheter les produits qui leur manquent. Ces gens, appartenant au groupe indien des Guambianos, sont farouchement identitaires, tout d’abord dans ce qui est le plus visible : leurs habits (on pourrait presque dire leur uniforme). Petit chapeau melon posés sur le sommet du crâne pour monsieur et madame, écharpe rouge pour les hommes, collier de perles blanches pour les femmes, poncho bleu pour les femmes, noir pour les hommes, jupe bleue pour les hommes, jupe noire pour les femmes, et grosses chaussures pour tout le monde.

" Le peuple Guambianos " 

Celles des femmes qui sont descendues au bourg uniquement pour rencontrer les copines qu’elles ne voient qu’à cette occasion, bavardent dans le parc devant l’église tout en filant de la laine. Les hommes ne font que soutenir les murs.

[ Au marché couvert ] ( en H/G : les marchands de sucre) 

Ici c’est le royaume de la pomme de terre et des oignons. Et le marché en est envahi. Animation et marchandages dans toutes les rues du centre de Silvia….

Ma visite dans ce village des montagnes si surprenant terminée, je récupère la voiture, puis attrape mes affaires à l’hôtel, et redescends dans la vallée.

Je trouve une place pour me garer à Popayan un peu avant midi, ce qui me permet de visiter (gratuitement) la riche demeure d’un notable célèbre du coin : Guillermo Valencia, poète et homme d’influence fortuné et dont la lignée remonte aux grandes familles espagnoles. Un étudiant organise la visite des appartements (pas de photos…) en insistant sur les centaines de tableaux et photos des ancêtres, et des collatéraux, et des descendants, et de la lettre de Simon Bolivar, et de l’épée héritée d’un parent espagnol, etc, etc … La demeure n’en est pas moins splendide, avec un mobilier de bois rare d’Amazonie, et une impression d’être téléporté un siècle en arrière.

Une promenade dans les rues me fait regretter de ne pas avoir pris une journée de plus pour y rester au moins un soir. Cette ville a gardé intact son centre colonial, les rues bordées de maison blanches, toutes de même hauteur, sans aucune enseigne tapageuse, ni tags disgracieux…Une grande animation règne dans les rues et dans le parc de l’église. Les nombreux restaurants regorgent de monde, et même les marchands de fruits épluchés/découpés ne désemplissent pas.

[ Popayan ]  

La fin d’après-midi est consacrée au retour vers Cali. Je fais l’erreur de prendre une route alternative qui se trouve être en travaux pour sa deuxième partie, erreur compensée par les beaux paysages traversés. Pas trop d’embouteillages pour arriver juste avant 18h à l’agence de location de voiture. Là, ils me font une pendule car je ramène la voiture sale (pas étonnant vu l’état des routes et de la pluie), mais sur le contrat il est mentionné que la voiture doit être rendue avec le plein et lavée ! Jamais vu ça.

Je retourne à l’hôtel où les gens de la réception me reconnaissent et me remercie chaleureusement de revenir chez eux, malgré mes précédents soucis de voisinage : on me donne une chambre à l’étage, ce qui à leurs yeux doit réduire les risques…

Je fais un tour au Terminal et prends un billet pour demain matin tôt : destination Medellín.

De retour l’hôtel, Ken m’invite à partager le gâteau d’anniversaire de sa mère : bavardages franco-anglo-espagnols autour d’un verre de soda et d’un gâteau au chocolat !

17

17/02/2016

Debout tôt pour attraper le bus de 7h30 au Terminal. Ce matin je prends quelques minutes pour réserver une chambre « chez l’habitant » (Airbnb), chez une dame logeant pas loin du centre-ville de Medellin ( 12€/j).

En vendant mon billet, on m’a dit qu’il y avait entre 8 et 9 heures de trajet. De fait, le trajet a duré 10h30 ! L’autocar emprunte quelques autoroutes où ça roule bien. Mais dès qu’on aborde les montagnes du côté de Manizales, ça devient du 20 à l’heure. Ce n’est plus l’autoroute, ça grimpe fort, deux véhicules sur trois sont des camions, il est quasiment impossible de doubler et en plus il y a des travaux sur la route : alors la circulation se fait alternativement sur une voie.

Il ne faut pas oublier les deux accidents dont un avec une moto. Quand il y a un accident, il ne faut surtout pas bouger de l’endroit où il a eu lieu, tant que la police n’est pas venue faire les constats. On ne touche à rien, même si ça gêne la circulation. Ce qui crée un bouchon, ce qui retarde l’arrivée de la police et des ambulances…

On prend donc le temps d’admirer le paysage qui est fort beau (caféiers, bananiers, cultures vivrières à flanc de montagne). Pendant la route, j’échange avec la dame du logement par mail : elle accepte ma demande et me donne quelques précisions sur l’adresse. De mon côté, je suis obligé de lui annoncer que je serai en retard…

L’arrivée à 18h dans Medellin se fait dans une circulation plutôt fluide comparativement à ce qu’on vient de subir. Le Terminal Sur (qui est tout à côté d’un petit aéroport) est loin du métro. Et c’est l’embouteillage des taxis à la sortie du Terminal. Ce terminal tout neuf est gigantesque et ressemble à une aérogare…

Je décide d’aller au logement à pied, il y en a pour une grosse demi-heure. La nuit tombe. Je traverse des quartiers populaires où les mômes jouent dans la rue, les gens prennent l’air, des artisans terminent qui une grille en fer forgé, qui une porte à poncer, d’autres sous une voiture à réparer quelque chose. Puis à partir de l’Avenida 33, le quartier change de physionomie, et devient plus résidentiel, plus aisé.

La dame habite juste en face de l’entrée de l’université bolivariana, dans une petite maison de deux étages, ce qui fait qu’elle habite au 3ème piso… Dès qu’elle entend le coup de sonnette, elle fait signe par la fenêtre et descend m’ouvrir la porte d’entrée en fer. L’appartement est assez grand, et ma chambre est grande (3x5m²), la SdB juste à côté. Si j’ai bien compris, un étudiant habite ici aussi. La dame parle un peu le français et je comprends presque tout ce qu’elle dit !

Je ressors et elle m’accompagne pour me présenter le quartier. Il y a beaucoup de restaus et un super mercado pas loin et j’y fais quelques courses. Je dîne dans le restau en face du logement, d’une soupe de haricot, et d’un plat avec viande, riz, salade, avec un verre de jus de goyave (soit le tout 5900 COP = 1,4 €).

Retour au logement.

Pas de photos aujourd’hui.

18

18/02/2016

Je me réveille à 6h30. La dame du logement est déjà debout et me fait chauffer de l’eau pour un café. Je déjeune dans ma chambre. Puis au moment de sortir, elle me propose une assiette de papaye bien mûre. On bavarde. Comme elle est un peu curieuse, elle me dit qu’elle a cherché sur internet où était la commune où je vivais, et qu’elle n’a pas trouvé. Je lui fais une petite visite sur Gmaps et grâce à Streetwiew, je lui montre ma maison. Pour le coup, ça lui plait !

Je sors vers 8h pour visiter la ville. Medellin (prononcer Mededjinn) est au fond d’une cuvette entourée de montagnes. Il y a tout un réseau d’autoroutes dans la vallée, la circulation est assez dense, et la pollution y reste collée. Comme il manque de place dans la vallée, l’urbanisation a envahi les premières pentes des montagnes et ce sont des milliers de maisons individuelles construites en briques creuses ainsi accrochées, qui vues de près donne un air d’inachevé, mais vues de loin donne à la ville une belle teinte rose. Et il y a de nombreuses habitations de plus de vingt étages, souvent elles aussi peintes en rose brique… Plus on monte haut plus les habitations sont privées de rues, et ce sont des sentiers qui les relient. Je me demande même s’il y a de l’électricité, de l’eau potable et des égouts partout dans ces hauteurs.

" Centre commercial chic "  " Éducation sexuelle dans la rue (il était temps...) "   
" Modèle Giacometti VS modèle Botero "   " Les collégiennes "  
[ Dans les rues de Medellin ]  

Je descends la Calle 70 jusqu’à la station de métro Estadio. Cette rue est bordée d’hôtels, de restaurants et de boîtes de nuit. La grande surprise, c’est le métro. C’est un réseau tout neuf, monumental, aérien. Il y a deux lignes (N/S et O/Centre). Les rames sont futuristes et larges de quatre mètres. Mais il y a aussi, comprises dans le réseau, une ligne de tramway et des métros-câbles, c'est-à-dire des télécabines qui vont à l’assaut des quartiers accrochés à la montagne. On peut parcourir le réseau pour un ticket qui vaut 1 600 COP (0,45 €) !

" Le métro "  " Le métro-câble "   

Non seulement le réseau est quasiment neuf, mais il est de bon goût : aux entrées de chaque station, il y a des œuvres d’art.

Comme je m’égare dans les correspondances à la station San Antonio, un vigile tout souriant m’explique comment faire et me donne un plan du réseau. Un petit souci avec les rames : les gens ont seulement quinze secondes pour descendre et monter et les portes se ferment coinçant un sac ou un pied… Mais aux heures d’affluence, il y beaucoup de rames. Et il est même prévu des espaces pour les vélos… Quant aux cabines du métro-câble, elles peuvent contenir huit personnes (sans les skis, ha ha !). Le problème c’est quand il fait déjà trente degrés dehors, et dedans, ça devient vite la cocotte-minute…

Je visite d’abord la Place des Sculptures et le centre qui est déjà très animé avec les vendeurs à la roulotte, les gens qui se hâtent vers leur travail, ou les retraités qui refont le monde assis sous les palmiers géants de la Place Berrio. Les sculptures de Botero, finalement je les aime bien, certaines me font sourire ; les passants les ont adoptées et leur côté caricature est bien raccord avec l’insouciance affichée des gens de ce pays.

" Du Botero en plein air " 

Je vais à pied jusqu’au jardin botanique. Je le trouve bof bof.

[ Le jardin botanique ]

Puis je teste le métro-câble de la ligne K. Il passe au-dessus des barrios aux milliers de maisons inachevées. Puis je prends en prolongement celui de la ligne L qui lui, est un métro-câble touristique qui mène à un écoparc et il faut payer un supplément. Les cabines se balancent au-dessus d’une épaisse forêt. Le Parque Arvi est une structure qui organise de nombreuses activités payantes, dont des randonnées sur les plantes, oiseaux, etc et qui durent plusieurs heures.

[ Vol au-dessus des barrios ]  

Retour au centre-ville en volant au-dessus des barrios, pour visiter le Musée de l’Antioquia (c’est le nom de la province).

C’est un vaste musée sur trois niveaux, dont le troisième est consacré à Botero. Il a fait don de nombreuses de ses œuvres. Les autres niveaux sont dédiés à l’art contemporain, mais c’est moins drôle…

Botero   [ Louis XVI et Marie Antoinette en visite à Medellin ]   [La mort de Pablo Escobar ] 
" Botero "  ( en H/G : l'artiste dans son atelier) 

De là je traverse des quartiers très animés pour aller sur une petite colline au sud, le Cerro Nutibara, d’où l’on a une belle vue sur la ville. Sur ce site, un petit village « typique » de l’Antioquia a été reconstitué, avec son église, son école, ses magasins, etc…

[ Le pueblo Antioquia ] [ Pause café ] 

Retour au logement avant la tombée de la nuit. La dame m’accueille avec une limonade à sa façon : eau glacée, sucre roux liquide, citron vert pressé, glaçons. On bavarde sur ce que j’ai fait dans la journée, et elle me dit qu’il lui faudrait quatre jours pour faire tout ça…

Je ressors pour aller grignoter un dîner dans le même restau qu’hier, mais en changeant un peu la composition du menu.

19

19/02/2016

Debout ce matin à 5h. Il s’agit d’attraper un bus pour Bogota et, comme la route est longue, autant partir tôt ! La dame du logement est déjà debout et me prépare de l’eau chaude pour mon café. Elle m’accompagne jusqu’au pas de la maison, et une fois les adieux faits, elle referme derrière moi la lourde porte blindée à triple tour.

Je suis au métro Estadio à 6h alors que le jour se lève. Les rames sont pleines à craquer et j’ai du mal à me caser, moi, ma petite valise et mon petit sac à dos. De la fenêtre, je vois qu’en dessous du métro, sur les autoroutes, les encombrements commencent. À 6h25, je descends à la station Caribe qui est toute proche du Terminal Norte. Au bout de la passerelle qui y mène, un type, qui se prétend chauffeur, annonce : Bogota ! et me dit que le bus part dans cinq minutes. Il me fait descendre par un petit escalier à l’écart de la grande plateforme des guichets des compagnies de transport. Quand je lui demande le prix du billet : 65 000 COP. Je trouve ça bizarre, et j’arrête de le suivre. Et là, le cours du billet se met à chuter ! Je le quitte et remonte à l’étage des compagnies et en trouve une pour un départ à 7h00 (50 000 COP). Le problème avec ce système de multiples compagnies en concurrence, c’est qu’on ne sait pas laquelle choisir, et surtout quelle est celle dont le bus va partir le premier.

Le départ prévu pour 7h est en réalité effectif à 7h15… Le chauffeur parle quelques mots d’anglais et m’a à la bonne : avant le départ, il m’aide à me connecter à la WiFi du bus. Il y a peu de passagers. Des gens montent dans le bus avec des gros cartons et donnent aux passagers des gâteaux ou des sucreries emballées, puis repassent les reprendre si vous n’en voulez pas …

L’itinéraire débute par une belle autoroute qui grimpe dans les montagnes pendant une cinquantaine de kilomètres. Ensuite, c’est plus compliqué : la deuxième voie de la future autoroute est en construction, et il y a des travaux. On emprunte certaines portions déjà achevées, pour s’immobiliser un peu plus loin : les travaux obligent à faire passer chaque sens à son tour … À certains endroits, la deuxième voie de l’autoroute s’arrête soudainement car une maison est encore sur son emprise : il doit y avoir des problèmes d’expropriation …

Puis c’est une route à voie unique, qui zigzague pendant des heures dans la montagne, parfois dans la brume, et au milieu d’une végétation fort dense.

Après avoir passé quelques cols, la route descend vers la plaine de la Magdalena. Quand on traverse le fleuve, on est à 130 m d'altitude. Chaleur et paysage de vastes prairies. On rejoint une autoroute qui longe le fleuve. 11h ; arrêt technique pour les passagers, et surtout les chauffeurs.

Succession de petites routes et de bouts d’autoroute ; puis à Honda, on attaque la montée de la Cordillère Centrale où se perche Bogota. La végétation change au fur à mesure de l’altitude : semi désertique au raz de la Magdalena, et de plus en plus verdoyante. Une grosse averse dès qu’on frôle les nuages. La montée dure plus de deux heures pour 70 km ! Enfilade de camions marchant au pas dans les deux sens. Des jeunes en profitent pour sauter sur les camions à plateforme, et ainsi se faire transporter en douce. Arrivé à 3 000 m d'altitude, on redescend un peu pour atteindre le plateau où s’étale la capitale.

C’est à vingt kilomètres de Bogota qu’une autoroute propose de faire plus que 30 km/h ; et encore au bout de dix, ce sont déjà les embouteillages de la fin d’après-midi.

J’arrive au Terminal de Bogota vers 18h30, soit plus de 11h de route. Je réussis à trouver l’arrêt de bus C97. Mais comme il fait nuit, on ne voit pas bien les numéros de bus, et j’en rate plusieurs… À cette heure, les chauffeurs font la course pour rentrer au bercail, et ne ralentissent même pas aux arrêts ! Les gens sont furieux ! Au bout d’une demi-heure, je réussis à monter dans un C97, il est plein, je pousse…

J’arrive chez Ivan vers 20h. C’est sa femme qui me reçoit. J’ai droit à la grande chambre !

Un petit coup de Skype pour être sûr que Véro est prête à partir …

Diner : un poulet crispy à l’échoppe du coin.

Pas de photos.

20

20/02/2016

Grasse mat. Ivan et sa femme aussi ! Pendant le petit dej qu’on prend vers 8h, on discute de mes aventures de ces trois dernières semaines. Vers 9h on sort (avec le petit chien) : Ivan veut me montrer la plus grande église de Bogota qui se trouve dans le quartier. C’est à quelques blocs.

Cette église ne paye pas de mine, vue de l’extérieur : au fond d’une grande place, le petit clocher écrase le bâtiment. Mais dès qu’on y entre, on est surpris par le vaste espace, qui peut contenir pas moins d’un millier de personnes. Et il y a des annexes qui peuvent en contenir autant, dotées d'écrans géants pour retransmettre la bonne parole. Ivan m’explique que lors d’évènements importants, on peut rassembler cinq mille fervents en comptant ceux qui s’entassent sur la place…

Bon, aujourd’hui, il n’y a pas grand monde sur la place, seulement une paire de lamas pour amuser les enfants…

[ Les lamas font la paire ]  [ Iglesia 20 Julio : la plus grande église ]  
" Le marché du barrio Barcelona " 

Pas loin de cette église, il y a un beau marché coloré qui regorge de fruits à l’odeur si acide et parfumée.

On se sépare à la station TransMilenio Country Sur. Je traîne dans le centre historique de Bogota où les rues sont bien animées. Vers 2h, visite du Musée National (gratuit !) : il se tient dans une ancienne prison ! Les collections sont un peu disparates depuis les précolombiens jusqu’à l’art contemporain, en passant par la glorieuse indépendance ; il y a tout de même de belles œuvres et une présentation originale grâce à l’utilisation d’animations audiovisuelles.

" Le silence " de Marco Tobon Majia
" Musée National = L'ancienne prison  "  " Le silence "  " Encore un peu de Botero... "  " La belle métisse " 

TransMilenio K86 pour l’aéroport. L’avion de Véro est en avance ! Retrouvailles ! Apparemment le vol s’est bien passé, mais la fatigue et le manque de sommeil se fait sentir…

[ Cabine téléphonique ] [ La plazza de toros ] [ Architecture coloniale ] [ Même à l'aéroport , l'art contemporain s'exprime... ] 

On va directement chez Ivan et comme c’est samedi, les bus ne sont pas trop bondés. Dans le premier bus on assiste à une algarade : des gens sont très en colère après le chauffeur qui vient de faire virer par la police une dame qui faisait la manche. Ça chauffe dans le bus pendant cinq bonnes minutes…

On dépose la valise chez Ivan alors que la nuit tombe, et on fait le tour du quartier : les petites échoppes, les bars qui résonnent de musiques dansantes, les marchands de fruits parfumés, etc… On grignote un poulet crispy et on retourne chez Ivan. Pour Véro, c’est la fin d’une journée de 24 h sans sommeil.

21

21/02/2016

Debout à 6h30. On prend le petit dej en bavardant avec Ivan et sa femme. Véro réapprend son espagnol… Ils nous accompagnent (avec le chien) à la station Portal 20 de Julio. TransMilenio pour le Portal El Dorado. Le problème du dimanche, c’est que pour une même ligne, les bus changent de numéro par rapport aux autres jours de la semaine…

Le bus emprunte diverses autoroutes : plusieurs kilomètres de voies ont été interdites aux voitures et réservées aux cyclistes, rollers, joggers, etc. Des milliers de gens les empruntent. Il y a des points de ravitaillements et des lieux de réparation pour les vélos ! Comme il y a très peu de circulation automobile, et que les camions n’ont pas le droit de circuler, ça n’a pas l’air de gêner quiconque.

[ Les autoroutes transformées en pistes cyclables ]  

À l’agence Localiza de l’aéroport (la seule agence ouverte 24h/24 et 7j/7), pas trop de problèmes pour récupérer la voiture (toujours une Chevrolet Spark) que j’avais réservée. Vu l’expérience des routes des semaines précédentes, on n’est pas très sûrs de pouvoir accomplir le périple prévu… On verra bien !

Départ à 9h30. La prise en main de la voiture n’est pas plus compliquée qu’à Cali, mieux encore, vu que la circulation en ce dimanche est réduite. On traverse le nord de l’agglomération de Bogota sans encombre, alors que le car que j’avais pris pour aller à Mongui avait mis plus d’une heure.

Petite pluie fine, le plafond est bas et, par endroits, il y a du brouillard.

Avant d’arriver à Tunja, on quitte l’autoroute pour prendre une petite route pas trop déglinguée, un raccourci pour la bourgade de Villa de Leyva. On s’arrête auprès d’une vendeuse de fruits au bord de la route. Elle vend de pêches ! Quel parfum ! On y goute et on l’adopte : on en prend un kilo !

On traverse des paysages de montagnes dénudées, bouleversées par des plissements impressionnants. Arrivés à Villa de Leyva, on tourne un peu en rond (ou plutôt en carré !) pour trouver un endroit où se poser. Dans une petite rue à l’écart de la zone touristique, on dégote l’hospedaje Die Sonne, 90 000 COP (Kra 11 x C 15) où on nous propose, une belle chambre dans une maison traditionnelle, donnant sur un patio-jardin. On peut garer la voiture devant.

On passe l’après-midi à sillonner les rues et les places de cette petite ville qui a conservé son caractère colonial. L’immense Plaza Mayor est au centre du quadrillage. Églises, monastères, maisons coloniales, maisons plus ordinaires aux balcons fleuris, on arpente les gros pavés ronds ramassés dans une rivière sur lesquels on se tord un peu les pieds.

Villa de Leyva  :  [ La plaza Mayor ... ] [ ... et son église ] 

On entre dans des cours intérieures de riches particuliers : parfois elles sont envahies par des marchands de toutes sortes, parfois elles sont aménagées avec goût et discrétion. Une curieuse maison : les bas des murs est décorés avec des brisures de grosses ammonites recueillies dans la montagne.

Cette ville a conservé son charme passé, avec un bémol toutefois : cette prolifération de magasins proposant aux touristes des objets de toutes sortes et dont l’origine n’a rien à voir avec la région (par ex : des éléphants sculptés en Thaïlande…). Cette belle ville est pour les habitants de Bogota, une destination facile pour le week-end, et ils viennent en nombre y déguster des cornets de glace, assis sur les marches de la Plaza Mayor. Un peu comme chez nous où dans les belles cités médiévales, les touristes regardent plus les objets à acheter, que les murs et les façades… De plus, les rues sont encombrées de voitures garées un peu n’importe comment. Ça n’ajoute pas au charme… Quant à l’atmosphère, elle est largement dominée par les odeurs de graillon des friteuses, de pizzas grasses et dégoulinantes, et de perros caliente (hot dog) …

Cette vision désagréable ne dépasse pas les deux rues principales, et au-delà d’elles, les quartiers sont plus tranquilles : la foule les ignore.

Repas de midi : une soupe et un quart de poulet frites (ici les poulets sont énormes)

Repas du soir : un masorcada (salade chaude à base de hachis de viande, grains de maïs, fromage fondu) et un burrito (crêpe emballant du jambon du fromage fondu et un peu de miettes de poulet).

22

22/02/2016

Ce matin, grasse mat obligatoire : le desayuno commence à 8h30. À 8h, les femmes qui s’occupent de l’hôtel arrivent de l’extérieur, toutes essoufflées, avec un nourrisson braillard sous le bras.

Pour rallier San Gil depuis Villa de Leyva, il faut faire 150 km de routes de montagne qui, heureusement, sont goudronnées, et avec peu de circulation. On met tout de même plus de trois heures pour effectuer ce trajet. On prend en stop une femme âgée sur une dizaine de kilomètres ; à la descente, elle nous demande combien elle nous doit… À San Gil, il reste une vingtaine de kilomètres pour atteindre Barrichara.

Barrichara est une petite ville qui elle aussi a conservé son caractère colonial. Bien plus modeste en taille que Villa de Leyva, et bien plus éloignée de la capitale, elle attire beaucoup moins de touristes. Les rues sont plus tranquilles.

Les maisons de la ville sont blanches avec une bande verte et leurs toits couverts de tuiles canal, les rues sont pavées de larges plaques de grès orange rouille, ce qui donne une belle allure aux rues. La cathédrale est elle aussi bâtie avec grosses pierres taillées de grès orange rouille et trône au-dessus d’un parc verdoyant. Cathédrale et parc sont des endroits agréables où se protéger des ardeurs du soleil et de la chaleur : on est descendus en altitude, et en conséquence, le thermomètre monte !

" La sortie du collège "
[ Dans le rues de Barichara   ] 

Conséquences de la chaleur : les grillons (ou criquets, ou sauterelles ??) crissent dans les arbres, et à certains moments on se croirait dans une scierie… Quant à nous, on sue à grosses gouttes.

Dans les parcs, les sculpteurs des environs ont apporté quelques contributions : la pierre ici se prête bien à cet art. Il y a plusieurs carrières dans les environs.

Barichara  :   [ L'entrée du cimetière ] [ Sculptures originales ] 

On quadrille la petite bourgade de long en large. Alors petite halte dans une panaderia : gâteaux, café, coca. Il fait trop chaud pour un repas plus consistant.

Maintenant il s’agit de s’avancer sur la route qui mène vers la mer des Caraïbes, au nord. On repasse par San Gil puis on reprend la N45 vers Bucaramanga. Les cents kilomètres qui nous séparent de cette ville sont assez difficiles : même si la route est bonne, elle est très montagneuse et les énormes camions s’y trainent (moins de vingt à l’heure…) dans les montées comme dans les descentes. Et les dépassements sont acrobatiques. On met trois heures pour faire ces 100 km. La route passe des reliefs très prononcés, dont un canyon très profond à descendre et à remonter. Route à 20%.

L’agglomération de Bucaramanga occupe plus d’une vingtaine de kilomètres au fond d’une vallée, un mélange plutôt désordonné de quartiers d’immeubles de plus de vingt étages, de gros centres commerciaux et de barrios aux maisons faites de bric et de broc, le tout dans un enchevêtrement de bouts d’autoroutes, de chantiers d’immeubles, de ponts ou de routes… On finit par perdre notre itinéraire, et on doit demander notre chemin plusieurs fois. Les rares panneaux indicateurs nous envoient dans des quartiers encombrés, et même une fois dans une rue réservée aux bus…

Il faut dire qu’on ne peut même plus s’aider du mobile, celui-ci étant tombé en panne et refusant de se connecter au réseau ! Et ça nous énerve un peu… On roule vers le nord en cherchant un hôtel. On laisse de côté des hospedajes un peu déglingués et aux lumières blafardes qui bordent la Nationale. On ne cherche pas dans les villages traversés, aux maisons de parpaings et de taules.

À la nuit tombante, à la sortie d’ un village au nom d'El Playon, on tombe miraculeusement sur un hôtel tout neuf, avec des chambres toutes propres et claires, pour 30 000 COP (hôtel Rios). Il y a aussi un petit restaurant. On mange à deux une large assiette de soupe et une autre large assiette avec deux steaks et des légumes, repas normal pour chauffeur routier de passage…

Un seul défaut à cette halte improvisée : pas de WiFi, donc pas de mise à jour du blog.

23

23/02/2016

Debout ce matin vers 6h. On a dormi comme des souches, mais à l’aube on a été réveillé par le bruit des camions sur la route. Au petit dej, la dame de l’hôtel nous a servi une soupe épaisse aux œufs et aux pommes de terre. L’air est lourd d’humidité.

La route sort de la zone montagneuse au bout d’une cinquantaine de kilomètres, et heureusement dans notre sens, vers le nord, il n’y a pas trop de camions. Et dans la plaine, nous avons droit pendant 130 km à des bouts d’autoroute ! Ce qui sera dans quelques années une autoroute Santa Marta – Bogota est actuellement un vaste chantier, surtout dans les contournements des agglomérations qui ne sont pas achevés.

À El Buro, où se situe l’embranchement de la route vers Mompox, on nous indique une vague piste défoncée qui se faufile entre les baraquements ! Aucun panneau ! C’est avec le doute qu’on emprunte cette piste, mais en effet, au bout de 500 m de route défoncée, on a droit à une belle route toute neuve, large et goudronnée sur près de 70km. Et quasiment déserte !

Malheureusement, il va rester une trentaine de kilomètres à effectuer sur une piste ensablée (sauf le magnifique pont tout neuf de Guamal) pour atteindre Mompox. On prend en stop une petite dame et son jeune fils sur une vingtaine de kilomètres. Le paysage est semi-désertique, avec de l’élevage extensif, des étangs asséchés et des arbres géants aux toutes petites feuilles.

[ La savane a soif ]  

Arrivés à Mompox on trouve l’hôtel Casa de los viajeros qui nous propose une vaste chambre avec une salle de bain presque aussi vaste pour 70 000 COP (après négo). Et on peut garer la voiture. Cet hôtel familial est un peu bordélique (un bébé qui rampe dans les couloirs, des ados accrochés à leur ordi affalés dans des fauteuils, une montagne de vaisselle dans la cuisine commune, etc…) mais les gens sont sympas.

Le vieux centre de Mompox consiste en deux carreras parallèles de plus d’un kilomètre, la première longeant la rivière (une des bras de la Magdalena), et d’une douzaine de calle. Les maisons, les parcs, les églises sont comme les a connues Bolivar, le libérateur de l’Amérique du Sud, il y a près de deux siècles. La promenade le long de la rivière est incomparablement paisible.

Mompox   [  Carrera 1  et 2  ]  

La promenade dans cette ville si belle, est malgré tout un peu ternie par la chaleur et l’humidité accablantes qui y règnent. On sue à grosses gouttes et on est obligés d’arrêter la promenade et de se mettre à l’ombre toutes les dix minutes ! Et pas un gramme de vent ! Pot dans un établissement qui fait du café et où l’on vend aussi des fringues…

" Au cimetière "  " Une boutique bien rangée "  " Maman, bobo "  " Style colonial " 

On fait une pause à l’hôtel. Et on ressort vers 18h pour trouver quelque chose à manger. À la tombée de la nuit, c’est toujours la même chaleur, y compris au bord de la rivière. On avait vu quelques restaus proposer des grillades, mais ce soir, ils sont fermés ! On trouve tout de même un restau ouvert en centre-ville. Nous commandons chacun un plat, et on se retrouve avec deux assiettes remplies comme pour des bûcherons affamés. On ne peut pas les terminer …

Retour à l’hôtel pour douches et lessive… On comptait se rafraîchir sous l’eau de la douche, mais l’eau qui sort du seul robinet est chaude !! Les citernes sont sur le toit …

24

24/02/2016

5h15, heure du réveil, 6h45, heure du départ. On prend le petit dej dans le petit salon véranda. Déjà c’est la forte chaleur, la nuit n’ayant pas réussi à faire baisser la température. Il n’y a pas eu beaucoup de rangement depuis hier soir, et les paquets de chips vides jonchent encore le sol de la salle commune. S’il n’y avait pas autant de laisser-aller, cet hôtel aurait beaucoup de charme, car l’agencement des différentes parties et leur décor initial sont bien faits. Mais à présent tout se dégrade et ici, personne ne semble être à la hauteur pour entretenir ce patrimoine.

Pour rallier Cartagena, on prend l’itinéraire suivant : Mompox, Pont de Santa Ana, La Gloria, Plato, Carmen de Bolivar et Cartagena.

On craignait une route pourrie entre le pont de Santa Ana et La Gloria, car sur la carte elle est en blanc, ce qui signifie : piste. En réalité, après dix kilomètres de route défoncée, il y a une barrière de péage, mais qui ne fonctionne pas encore ( !), et après, 70 km de route toute neuve !! Par contre, de La Gloria à Carmen, il y a beaucoup de trafic et en plus la route est sans cesse interrompue par des travaux en cours ou laissés à l’abandon, on ne sait pas. Toujours est-il que cette situation est une opportunité pour certains gagne-petit : munis d’une pelle, ils font mine de reboucher les nids de poule, puis se mettent en travers de la route espérant qu’on va leur donner une pièce…

On arrive vers midi dans la banlieue de Cartagène, très industrielle avec d’importantes raffineries de pétrole et autres cimenteries. On se perd un peu dans les embranchements d’autoroute car il n’y a aucun panneau de direction. On souhaite aller tout d’abord à 40 km au nord de Cartagène, voir le volcan Lodo El Totumo. Ce n’est pas un vrai volcan, mais un monticule dont le « cratère » est rempli de boue. Et c’est une attraction, car on peut s’y « baigner ».

Le site est à un kilomètre à l’écart de la grande route. Un petit hameau de baraques en paillote entoure le monticule de boue. On est à peine sortis de la voiture, que, par une chaleur écrasante, des gens sortis soudainement des baraques, nous assaillent pour nous vendre des « tickets » pour monter les quinze mètres du monticule, ou des boissons fraîches.

Bon, on règle les 10 000 COP/p, pour voir, mais on nous prévient qu’il en faudra autant si on veut se baigner, et probablement autant pour se rincer… Il y a un côté arnaque dans cette « attraction ». On grimpe jusqu’au « cratère » qui fait un carré de six mètres de côté, et il y a déjà, au fond d’un trou profond de trois mètres, une demi-douzaine de personnes en train de patauger dans la boue. Bon, c’est rigolo, mais sans plus. Et on n’est pas attiré pour en faire autant… Les gens, une fois leur bain de boue terminé, vont se rincer près du lagon là où des gens attendent pour leur verser des seaux d’eau sur le corps.

[ Le volcan El Totumo ]  

Un peu déçus par ce faux « volcan », on retourne vers Cartagène par la route qui suit (de loin) la côte. Quelques plages privées. Quand on voit enfin la mer, on la voit verte et un peu vaseuse, et non bleue transparente comme on aurait pu l’espérer…

[ Cartagène hors les murs ]  

Cartagène s’annonce avec d’importants buildings hôteliers. Beaucoup de stores baissés.

La voie rapide longe les remparts qui défendent le front de mer. On trouve à se garer pas loin de la plaza Santa Teresa.

On visite la partie nord de la cité (El Centro). On est un peu sollicité par les nombreux vendeurs de chapeaux, bracelets, fruits découpés, cigarillos, et autres vendeurs de souvenirs, mais ça ne gâte en rien le charme de cette ville. Les rues sont bordées de maisons à étages aux balcons fleuris, des églises grandes comme des cathédrales se dressent au détour d’une carrera, des places bien ombragées hébergent des monuments à la gloire des héros du pays. Les rues sont animées par une foule de gens venus faire des emplettes. Sur les remparts à la Vauban, les Murales, il y a un peu d’air qui vient du large, et ça rend la chaleur supportable. À la pause bistrot, Véro avale un énorme sandwich frites.

" El centro " 

À 5 h, on reprend la voiture pour rallier l’appart Airbnb qu’on a réservé pour deux nuits et qui se trouve à une encablure au nord de la forteresse San Felipe de Barajas. On se sort délicatement d’un plat de spaghettis de voies rapides encombrées par un accident, puis on trouve assez facilement la carrera 27 et la calle 35, adresse de notre hôte. Il faut dire que cela a été une bataille pour obtenir par internet des détails sur l’adresse de ce logement. Ce dernier se trouve dans une « urbanizacion », un lotissement de modestes maisons mitoyennes, lotissement fermé à double tour derrière d’énormes grilles, et gardé par une sécurité privée.

La jeune femme qui apparaît sur l’annonce du logement nous reçoit et nous présente notre chambre, assez grande, et les endroits de la maison dont on peut disposer. « Ne vous gênez pas, vous pouvez disposer de tout ! ». Une fois installés, la nuit est tombée, et on utilise nos derniers watts d’énergie pour faire des courses au petit supermercado Olimpica qui est juste au coin de la rue.

25

25/02/2016

Réveil vers 6h. On prend notre petit dej dans le salon. On s’aperçoit que dans cet appartement, il y a plus de monde qu’on le croyait : la jeune fille qui nous a accueillis, son copain, ses parents et un locataire. Avec nous, ça fait sept. La mère de la jeune fille nous fait bouillir de l’eau pour le thé/café et nous offre une assiette de papaye et ananas. Arrivent la femme de ménage et l’ouvrier qui agrandit l’appartement en faisant une extension sur le toit… On va d’ailleurs sur le toit, car c’est là qu’il y a la machine à laver, et qu’on a du linge à laver. Le cycle dure à peine un quart d’heure, mais il faut rincer à la main.

Quand on sort pour la visite de la ville, des copines de la mère arrivent pour un petit comité dont on ne connaît pas la raison. Mais ça bavarde activement.

On prend un taxi (7 000 COP, les filles nous ont bien dit unanimement : pas plus de 7 000 !) pour aller au Mercado Bazurto à 3 km. On découvre un marché bien animé, mais on ne peut pas dire qu’il répond aux critères d’hygiène actuels….

Le Mercado Bazurto  : " La soupe de tortue "   "  Oeil et testicule, nature morte "  
" Le Mercado Bazurto " 

On veut revenir en bus : ici aussi il y a un système de bus à voies réservées. Mais il est en rodage et gratuit. À la station, un homme nous explique comment ça marche et on fait sagement la queue sous la surveillance d’employées qui expliquent aux passagers comment se ranger…. Mais les bus tardent à arriver, ou ceux qui viennent sont archi bondés… Alors on décide de revenir vers le centre à pied !

On visite le Castillo de San Felipe de Barajas. C’est le fort qui protège la ville des assaillants. Il a été construit sur une colline entièrement refaçonnée par un important réseau de remparts et de fortifications. Plusieurs envahisseurs se sont cassé les dents en voulant l’attaquer.

On prend les tickets à la caisse (17 000 COP/p) plus un audioguide (10 000 COP/p). Je me chiffonne avec le contrôleur qui ne veut pas me rendre mon ticket d’entrée ! Je soupçonne un trafic de tickets… La visite est intéressante : on apprend un peu de l’histoire des rivalités coloniales des dynasties européennes ; et le clou est de parcourir une partie du réseau de souterrains (attention, ça glisse dans les tunnels !).

[ Le Castillo de San Felipe de Barajas ]  

Vers midi, on revient dans la cité et son quartier historique.

On va pour visiter le musée de l’inquisition, mais il y a de nombreux groupes de touristes, cornaqués par des « guides » munis de panneaux avec des numéros de groupe, qui ont envahi les lieux : un bateau de croisière est arrivé en rade de Cartagène.

On fait une longue promenade vers les grands hôtels du front de mer de Bocagrande. Les plages y sont ridiculement petites…

[ La plage de Bocagrande ]  

De retour dans El Centro, on visite une immense église (11 000 COP/p), l’Iglesia de San Pedro de Claver. Cette église porte le nom de celui qui fut un des premiers à dénoncer les traitements inhumains qu’on infligeait aux esclaves venus d’Afrique. Le musée détaille la vie de cet homme, et de grands espaces sont consacrés aux arts africains et caribéens.

" Expo sculptures dans l’Iglesia de San Pedro de Claver " 
"[ San Pedro de Claver  ]"   

On finit par visiter le musée de l’Inquisition qui dénonce cette période sombre de l’église catholique. Mais, il y a beaucoup de littérature sur des panneaux, dont même pas 10% sont traduits en anglais… On est un peu déçus.

On finit l’après-midi à errer dans les rue d’El Centro. On assiste à une petite manif de fonctionnaires devant la municipalité.

" El Centro " 
[ L'habitant du parc ] [ La queue pour les nouveaux bus ]  

On parvient enfin à monter dans le bus actuellement en « parcours pédagogique » et on fait deux stations pour rentrer dans notre quartier d’habitation.

Courses et repas succinct.

Ce soir, encore plus de monde à l’appartement : la fille reçoit ses copains…

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26/02/2016

Réveil très tôt pour être prêts pour le départ à 6h.

On doit descendre vers le sud, directement à Medellin, et si possible, être le soir à Santa Fe de Antioquia.

On passe la journée dans la voiture. Environ 700 km. Les deux premiers tiers de la route, effectués en plaine, se sont déroulés aisément en 6h. Le dernier tiers a mis 7 heures ! C’est un parcours de montagne et la circulation des camions devint plus dense à l’approche de Medellin. Puis inextricable dans cette ville qu’on a mis une heure à traverser. Et il n’y a aucun panneau indicateur, autre que les noms de quartier !

Comme la nuit est tombée, on s’arrête dans un village, San Jeronimo, à une demi-heure de Santa Fe. On trouve aisément un hôtel (Hostal Alicia) qui nous propose une chambre très propre (40 000 COP), avec une piscine à disposition.

Pas de photos

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27/02/2016

On quitte San Jeronimo vers 8h pour Santa Fe de Antioquia qui est à 30 mn. La route descend vers la vallée de la Cauca. Au fond de cette vallée étroite, la chaleur est intense. Les pentes sont roussies par le soleil. Cependant de nombreux lieux de séjours familiaux s’y sont installés, avec jeux d’eaux et bungalows-hamacs-farniente.

C’est par cette chaleur qu’on visite la vieille ville de Santa Fe. On gare la voiture dans un parqueadero privé, car on ne peut pas stationner dans les rues étroites. Ville coloniale où la plupart des maisons aux murs peints en blanc sont converties en hôtels ou restaurants pour les gens aisés de Medellin, venus changer d’air ici. La place centrale est occupée par des terrasses de café déjà bien pleines. On s’y installe pour compléter le petit dej succinct pris dans la chambre.

" Promenade dans les rues de Santa Fe de Antioquia "

Encore un petit bout de route pour aller voir un des premiers ponts suspendus construits en Amérique Latine et dont l’architecte est le même que celui du vieux pont de Brooklyn.

" Puente Colgante de Occidente  "  "  La Cauca "

On reprend la route pour remonter la vallée de la Cauca ; la rivière charrie son eau boueuse dans une vallée étroite. Tout le paysage est brulé par le soleil. On fait une soixantaine de kilomètres dans ce paysage semi-désertique, et après Bolombolo, on quitte le fond de la vallée pour grimper au bourg de Concordia.

[ Une finca ] [Petit marché à Concordia ]  

On fait bien 1000 m de dénivelé. Et après avoir accédé à un plateau, on découvre comme une vallée suspendue, un territoire vallonné verdoyant, couvert de caféiers avec de nombreuses fincas colorées et fleuries. Étonnant contraste avec la vallée. Le bourg de Concordia est bien animé : la place devant l’église est occupée par quelques stands : fruits, chapeaux, et terrasses de café. Dans un coin de la place, il y a beaucoup d’animation : une voiture a sauté la balustrade d’une terrasse de café et est venue écraser un scooter en contre-bas. Il faut dire que la ville est comme plaquée sur la pente de la montagne, et ici comme ailleurs les rues sont en strict quadrillage, pente ou pas. Ce qui fait que de nombreuses rues ont des pentes de 20% ou plus ! Et les rues du nord qui donnent sur la place sont dans ce cas. La voiture a dévalé la rue sans que le conducteur puisse la maitriser. On n’a pas pu savoir s’il y a eu des blessés.

[ Le café sèche à la finca ] [ Les rues colorées ] [ Les rues en pente ] [ Où est passée la voiture ? ]

On complète ici aussi le petit dej avec des gâteaux… Et on va s’acheter de beaux chapeaux !!

Au détour d’une rue, on aperçoit un hangar où sont entassées des montagnes de gros sacs de café vert. Il s’agit de la coopérative des producteurs de café du territoire de Concordia. On demande s’ils vendent du café torréfié aux particuliers. Oui bien sûr, et on nous propose très gentiment de visiter les laboratoires et de faire une dégustation. On est étonné d’apprendre que les parfums du café torréfié sont testés par des « nez » qui les comparent à des huiles essentielles, puis catalogués.

[ café vert et saveurs colorées ] 

Dans ce laboratoire, il y a une réunion qui se tient entre les propriétaires de finca, et des acheteurs/visiteurs et lorsqu'ils apprennent qu’on est des Français, ils nous serrent la main avec respect comme si on était les représentants de Jacques Vabre !

On reprend la voiture pour redescendre dans la vallée et rejoindre la petite ville de Cuidad Bolivar. En arrivant dans cette ville, on est surpris par l’ambiance qui y règne : la grande place de l’église, encadrée par de magnifiques arbres centenaires, est pleine de monde ! Ça bavarde, ça rigole, ça grignote des sucreries fabriquées dans des petits stands, et surtout les flonflons de guinguette qui s’échappent bien fort des dizaines de bistrot à bière qui bordent la place, et les rues avoisinantes. Et le plus surprenant c’est que, dans cette ambiance de fête patronale, à l’église pleine à craquer : on y célèbre une messe en l’honneur d’un mort…

Ciudad Bolivar : [ Jolly Jumper a soif ... ] [Les autres aussi... ] 
[ Les montagnes couvertes de caféiers ]   [ Pépinière de caféiers ] 

Encore un peu de route et on arrive à Jardin, vers 5h. Dans cette ville assez prisée des touristes et des habitants de Medellin, on trouve un hôtel pas trop cher (60 000 COP) pour une chambre riquiqui avec sdb (Hôtel Colonial).

En cette fin d’après-midi, c’est à croire que toute la ville s’est donné rendez-vous sur la place de l’église, envahie par les tables et chaises des bistrots. Il y a même des petits stands de bouffe comme on en voit couramment en Asie du sud-est. Là aussi, les musiques sortant des nombreux troquets couvrent tous les autres bruits. C’est samedi, et il faut bien se détendre : dans les bars, les bouteilles de bières recouvrent les tables et les comptoirs, et parmi les clients, il y a des yeux bien rouges…

[ Le samedi à la Plaza Mayor de Jardin ]  
" Jardin "   "  Stands de plats préparés " 

Après une petite promenade dans les rues animées, où l’on voit que cette ville s’est aussi fait une réputation dans la fabrication de couvre-lits, et, une fois la nuit tombée, on prend une table et on mange sur le pouce des petits plats préparés dans un des stands de la place.

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28/02/2016

On quitte Jardin vers 8h. On pensait pouvoir prendre le petit téléphérique, mais le point d’arrivée est dans les nuages. On pensait aussi rejoindre la grande route vers Rio Sucio par une petite route de montagne et ainsi éviter de revenir sur nos pas, mais la patronne de l’hôtel nous l’a déconseillé car la route n’est pas bonne pour les petites voitures. En plus cette nuit, il a plu et ça n’a pas dû arranger les choses.

On remonte donc vers le nord et, avant Bolombolo, on prend la route qui longe la Cauca jusqu’à La Pintada. En revenant sur nos pas, on a l’impression que quelque chose a changé. La vallée ne paraît plus aussi désertique et roussie par le soleil. Aujourd’hui, les pentes sont d’un vert à croquer, ce que font vaches et chevaux. La pluie de la nuit a suffi pour faire repartir la végétation !

À La Pintada, on coupe la grande route Medellin-Cali pour aborder les hautes terres dédiées aux plantations de caféiers. On prend rapidement de l’altitude pour quitter les « alpages » et parvenir à la limite de culture du café. C’est assez net dans le paysage : il y a comme un niveau horizontal entre le vert clair des prairies et le vert sombre des plantations. Les montagnes ont des versants plutôt pentus, et les cultures couvrent tout, même les pentes les plus difficiles. On se demande comment se fait la récolte…Les fincas sont elles-aussi accrochées à flanc de montagne, souvent bien colorées de peintures vives et d’arbustes fleuris.

[ Dans les montagnes du pays du café  ]  [  Pépinière de caféiers ]  
[ Des fincas isolées ]  
[ Un arbre à barbe espagnole ]  [ Il y a aussi des bananiers ]

On traverse de gros bourgs : Aguadas, Salamina, qui sont tous hauts perchés à plus de 2 000 m d’altitude. Certaines rues prennent des pentes vertigineuses ! Et ces bourgs, soit bricolés de toutes pièces, soit ayant gardé un passé colonial comme Salamina, sont toujours bien animés. Mais la ville la plus surprenante, c’est Manizales, une ville très importante carrément installée sur le plateau le plus haut des environs !

" Salamina " 

On visite Salamina et on pique-nique sur la place principale. Par contre, on ne s’arrête pas à Manzaniles, ni à Peirera, ville encore plus importante. Embouteillages et pollution…

On arrive à Salento juste quand la nuit tombe. On est surpris par l’agitation qui règne dans la ville. Cortèges de voitures, foule qui déambule dans les rues piétonnes et sur la grande place.

C’est la fin du week-end, et les gens des grosses villes avoisinantes sont venus ici se détendre.

On trouve une belle chambre à l’Hostal Casa Familiar (70 000 COP), mais on est obligé de laisser la voiture au parking privé d’en face. Petite promenade en ville où il y a toujours une grande animation, et où la musique des bars résonne à tous les coins de rues donnant, ici aussi, cet étonnant caractère de kermesse qu’on entend souvent ici.

Sur la grande place, des grands stands sont installés et proposent des plats de grillades ou des poissons en sauce. On se prend, dans l’un d’eux, une grande assiette de BBQ.

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29/02/2016

Réveil à 6h. On a mis les chaussures de rando. Départ pour Cocora, à une dizaine de kilomètres de Salento. La vallée de Cocora est réputée pour les randos qui en partent. Les chemins vont aux fincas dont l’activité principale est l’élevage et la production de lait. Comme on est dans un territoire montagneux, l’unique moyen de locomotion est l’âne ou le cheval. Donc les chemins sont entretenus, sauf pour le crottin…

Cocora est un petit hameau avec de petits restaus et de petites boutiques. Et un manège où l’on peut louer des chevaux pour des promenades. Alors qu’on arrive, les éleveurs apportent leurs bidons de lait au ramasseur.

" L'heure du lait " 

À Cocora, le temps est mitigé, quelques rayons de soleil s’échappent des nuages qui couvrent les sommets. On est à 2450 m et, à 8h, on prend le chemin vers le site d’Acaime. Les prairies alentours sont plutôt en pente, mais les vaches s’en arrangent. Quelques veaux viennent de naître. Il y a des palmiers si hauts qu’ils ressemblent à des éoliennes. Au bout de trois quart d’heure, on entre dans la forêt tout en continuant à longer la rivière. Le chemin, qu’empruntent les chevaux, est large et bien net. Pour que les randonneurs ne se mouillent pas les pieds, il y a quatre ponts de singe ; les chevaux eux, passent par la rivière.

Le site d’Acaime (ou la casa de los colibris) où on arrive vers 9h30, propose de voir de près oiseaux et plantes. Mais on préfère continuer directement vers la Estrella de agua. C’est là qu’un chien berger allemand nous a adopté, et a décidé de nous accompagner ! À partir d’Acaime (à presque 2700 m), les choses sérieuses commencent : le chemin, toujours aussi large est à présent bien pentu, et va atteindre un point haut à plus de 3300 m.

" Rando dans la vallée de Cocora " 

La chaleur est supportable, et si on sue à grosses gouttes, c’est plutôt dû à l’effort. La forêt domine tout, et on a du mal à repérer où sont les sommets et les vallées. On rencontre des jeunes français avec de lourds sacs à dos. Ils viennent des Nevados, ces volcans à peine assoupis, qui dépassent les 5 000 m et qui sont recouverts de glaciers.

On arrive à la Estrella de agua vers 11h40. C’est une clairière avec quelques vaches et chevaux, une ferme rustique et une installation très moderne (fermée) et dont rien n’indique l’objet… Le cadre est très agréable avec de beaux arbres, dont certains sont en inflorescence violette. On piquenique au bord du torrent qui coule juste derrière. Le chien a droit à une tranche de pain et à un bout de jambon.

" La Estrella de agua "

Le retour se fait par le même chemin. On rencontre des randonneurs qui montent, on pense que c’est un peu tard… On rencontre aussi un paysan à cheval qui retourne à sa finca des montagnes. On lui demande s’il connaît le propriétaire du chien (qui a décidé de nous accompagner aussi pour la descente…). Il ne sait pas trop.

Au bout d’une heure de descente bien raide, Véro a les genoux qui lui font mal. On doit mettre le frein moteur et faire plusieurs pauses.

Dans la partie prairie, on doit se jeter sur le côté du chemin pour laisser passer les ânes chargés de bidons de lait, et leurs gauchos montés fièrement sur des chevaux tout en sueur. Arrivée à la voiture à 16h, sur les rotules, c’est le cas de le dire… On a tout de même 20 km dans les chaussures !

De retour à Salento, on fait une petite promenade en ville, et on constate que les grands stands de bouffe qui entouraient la place centrale ont disparu ! On achète des boissons réconfortantes, une mangue et un gros avocat. A la nuit tombée, on a du mal à se décider pour un restau, et échoue dans une petite échoppe : la patronne nous prépare deux assiettes de poulet + patates + riz…

[ Salento ]  

Pour visualiser cette rando, cliquer sur :

http://fr.wikiloc.com/wikiloc/view.do?id=12427131

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01/03/2016

L’hôtel Casa Familiar, comme son nom l’indique est une maison dont une famille occupe le premier étage (2ème piso). En fait de famille, c’est une jeune fille qui gère l’affaire et qui loue deux ou trois pièces de l’appartement et qui dort avec une jeune sœur, là où il y reste de la place. De temps en temps des copains viennent faire un tour, sinon elle est collée devant la télé.

Ce matin, je fais chauffer une gamelle avec de l’eau pour le thé/café (on a accès à la cuisine). Et une fois chaude, je la verse dans nos tasses. Je me rends compte qu’au lieu d’eau, c’est une mixture brunâtre que j’ai mis sur le café en poudre et sur le sachet de thé ! Et c’est juste au moment où la fille se lève et sort d’une des chambres. Elle m’explique que c’est elle qui nous a préparé cette mixture ! On goute, et finalement, le tout mélangé, ça reste buvable… La fille est sortie de sa chambre car vient d’arriver une femme avec une petite sacoche pleine d’outils. C’est la réparatrice de l’énorme machine à laver. En un instant, celle-ci démonte le capot, et dévisse tout un tas de tuyaux et de fils électriques bien encrassés de poussière ; la cuisine en est envahie…

On s’en va avant qu’elle trouve la panne…

On va dans une ville voisine : à Calarca, très proche d’Armenia. Il y a là, un jardin botanique qu’on veut visiter. Il y a très peu d’indications pour y accéder, mais on trouve quand même, et on y entre à 9h, juste quand ça ouvre.

Il s’agit d’une visite guidée dans un grand parc arboré. Comme nous sommes les seuls visiteurs pour la première tournée, la sympathique jeune fille qui nous guide prend soin de bien se faire comprendre et parfois trouve quelques mots d’anglais. Elle nous fait découvrir diverses variétés de palmiers, dont une rigolote car son tronc est recouvert d’épines. Les bambous géants nous impressionnent, tout comme l’arbre-qui-tue : ce dernier est une plante parasite qui se sert d’un autre arbre comme tuteur et finit par l’étouffer. Cet arbre est aussi appelé « belle-mère »…

[ Calarca, jardin botanique  ]  

La végétation dans ce parc est très dense et une rivière y creuse un profond ravin, qu’on franchit grâce à un petit pont suspendu. Notre guide nous fait entrer dans une hutte en bambou dont un mur au fond est une large vitre. De l’autre côté de la vitre, il y a, plantés parmi la végétation, des petits plateaux remplis de bananes et autres fruits. Et des oiseaux viennent les picorer, sans nous voir ! Il y a de beaux oiseaux bleus, des merles, et d’autres encore.


Dans notre parcours qui dure plus de deux heures, on traverse un musée ethnoculturel qui explique comment les premiers habitants se sont servis des plantes, un autre musée où on recense toutes sortes d’insectes et enfin, le clou : le mariposario, la serre à papillons. Cette serre (en forme de papillon !) recèle un beau jardin dans lequel volètent des centaines de papillons d’espèces différentes. Certains sont très beaux, avec de belles couleurs. Ils se courent les uns après les autres, vont sur un plateau pomper le nectar de rondelles d’orange que des employés ont disposé sur des plateaux ; d’autres viennent se poser sur nous !

[ Mariposario et ses papillons] 

Lorsqu’on pose la question à notre guide de nous indiquer un endroit pas touristique pour trouver du café (il y a dans le coin un « parc du café » avec, entre autres, attractions, jeux et déguisements pour ressembler à des cueilleurs de café…) elle nous recommande d’aller dans le village de Pijao, à une vingtaine de kilomètres plus au sud, dans la montagne.

Aussitôt sortis du parc, on y va, malgré des embouteillages dus à des travaux. Les montagnes sont recouvertes de plantations de caféiers et de bananiers. Arrivés au village, après quelques errements, on trouve la boutique recommandée : « la Floresta ». Il est midi, et on voit bien que le type qui tient la boutique est pressé d’aller casser la croûte, mais enfin, il prend un peu de temps pour nous faire l’article, mais pas pour nous faire déguster : on verra plus tard…

" Pijao "  " Les fleurs et les grains "  

Après un passage dans une panaderia (gâteau/café), on revient à Calarca (embouteillages…) et on attaque la route qui mène à Bogota. Et c’est bien d’une attaque qu’il s’agit, car cette route est celle qui vient du port de Buenaventura sur le Pacifique et où débarquent les milliers de containers et autres marchandises destinées à Bogota. Et cette route étroite doit franchir un col à plus de 3500 m. Les énormes camions s’y trainent à la montée comme à la descente, et c’est une angoisse de les doubler. ET PATATRAS, c’est le blocage complet. Tout le monde est immobilisé ! Les chauffeurs sortent des cabines et bavardent sur le bas-côté de la route et les gens des autocars descendent pour fumer des clopes.

[ Beau comme un camion ]  

Puis, des chauffeurs nous interpellent et nous disent (notre petite voiture est coincée entre deux énormes camions…) que la circulation est autorisée pour les voitures particulières ! L’aubaine ! On remonte l’interminable file de camions (en face personne ne descend !) et arrivés dans une zone de travaux, on nous explique qu’il faut prendre une petite piste… Et cette piste mène … à une portion d’autoroute en construction ! On l’emprunte sur plusieurs kilomètres, tout en voyant en contre-bas les centaines de camions immobiles, collés les uns aux autres comme des chenilles processionnaires…. Et on voit que, après un virage, c’est dans l’autre sens que la file de camion est à l’arrêt… On finit par rejoindre la route, où, du coup, on est quasiment seuls !!

A Ibagué, on se mélange dans l’itinéraire car les panneaux sont contradictoires, mais on finit par retrouver la route qui quitte celle vers Bogota et qui remonte vers le nord. C’est une belle route sans quasiment de circulation. Lorsque la nuit arrive, on est à Mariquita, à l’intersection de la route Manizales/Bogota.

On trouve un hôtel (Las Brisas) plutôt confortable. On fait un tour en ville : la rue principale fourmille de gens qui trainent devant les magasins. Des dizaines de magasins de chaussures, de fringues, de pharmacie ( !), et on a du mal à trouver de quoi acheter des jus de fruits !!

Finalement, on finit par trouver un restau qui fait des plats à emporter : on commande un demi-poulet avec des patates et des bananes plantain, à emporter, et ailleurs des fruits et des avocats. Repas dans la chambre d’hôtel où il y a de l’air conditionné, alors que dans les restaus de rues, comme partout dans cette ville, il fait une chaleur étouffante parce qu’on est redescendu presque au niveau de la mer.

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02/03/2016

Petit dej perso dans la chambre : on déguste la moitié d’un gros ananas au goût de miel. Lorsque nous quittons l’air conditionné de la chambre pour prendre la voiture au parking de l’hôtel, on est enveloppé par la chaleur moite. Aujourd’hui, pour une fois, nous n’avons pas trop d’objectif pour la fin de l’étape. Il y a plusieurs incertitudes qu’il faudra lever pour y voir plus clair. Première incertitude : comment sera la route de Bogota ? Encombrements, travaux, camions ?

Quand on part vers 8h, la route est dégagée jusqu’à Honda. On visite en un clin d’œil le centre historique qui mériterait plus de temps. On continue sur Guadas qui est censée être le départ d’une petite route pour aller voir le Salto de Versalles, un site de cascades. Mais, on n’a jamais trouvé cette route (on a même demandé à la caissière du péage : connais-pas). À Guadas, arrêt dans une panaderia, pour prendre des forces avant d’attaquer la montée sur cent kilomètres de 3000 m de dénivelé pour accéder au plateau de Bogota.

[ Les camions font leur toilette avant d'arriver à Bogota ]  [ Panaderia  ] [ Honda ] 

Finalement, les craintes qu’on a eues ne se sont pas réalisées : très peu de travaux, quelques camions assez facilement dépassés et pour finir, une belle autoroute à partir de Viletta. Du coup, comme on est très en avance, on décide de visiter Zipaquira, à trente kilomètres au nord de Bogota. On prend une route de traverse et on a bien fait car cette route de campagne, si proche de la capitale, est très agréable et traverse de beaux paysages.

Zipaquira est connue pour sa mine de sel dans laquelle a été aménagée une cathédrale. Bon, mécréant que nous sommes, nous aurions préféré une salle de concert… L’exploitation de cette mine a nécessité le creusement d’importantes galeries organisées en peigne, chaque dent du peigne faisant dix mètres de large, quinze mètres de haut et cent mètres de profondeur ; et il y a ainsi au moins une vingtaine de galeries parallèles. Une d’entre elle est encore plus haute et plus large, et c’est cette nef qu’on appelle la cathédrale de sel. Du point de vue géologique c’est très intéressant, et il y a, à la sortie de la mine, un « musée » où est bien expliquée l’origine de cette formation saline.

Cette partie de la mine n’est plus exploitée. Mais le gisement est tellement vaste, que son exploitation a repris sous d’autres formes un peu plus loin.

[ Zipaquira, la cathédrale de sel ]  

Un petit mot tout de même sur le prix de l’entrée. Il y a un prix spécial pour les étrangers : 50 000 COP, soit près du double que pour les nationaux, et c’est le seul endroit en Colombie où j’ai pu voir une telle différence et un prix aussi élevé. Et c’est d’autant plus râlant qu’il n’y a aucun guide parlant autre chose qu’espagnol !

On visite le centre de Zipaquira qui est dotée d’une belle église trônant devant sa plaza mayor et de belles maisons à balcons fleuris. On se pose dans une cafétéria et on tente de joindre Ivan, notre logeur à Bogota : peut-être a-t-il la possibilité de nous loger dès ce soir, alors qu’il était prévu qu’on ne vienne que demain. On attend un peu (et on prend sur nos nerfs car l’internet est très lent) et, surprise, la réponse est : oui ! Du coup voilà levée une autre incertitude : où dormir ce soir.

[ Zipaquira, la ville historique  ]  

On décide donc de rendre la voiture tout de suite avec un peu d’avance.

On s’engage sur l’autoroute du nord (en direction du sud…). Après une dizaine de kilomètres de folle vitesse, on tombe sur un embouteillage où l’on roule au pas. Au bout d’une demi-heure, un panneau nous indique aeropuerto à droite, ça tombe bien, l’agence de location est à côté de l’aéroport. C’est une petite route toute défoncée et on se dit que pour une voie de dégagement c’est un peu léger. Des trous comme ça ! Puis on arrive devant un aéroport … de l’armée et ses casernes ! Quelle bourde ! On fait demi-tour pour retourner dans l’embouteillage.

Au bout d’une heure, l’embouteillage se dénoue sans qu’on ait pu en comprendre la cause.

Alors qu’on reprend de la vitesse, un policier, nous fait signe de nous garer. Et voilà qu’il nous invective sans qu’on n’y comprenne rien. On lui explique qu’on est français et qu’il doit parler plus lentement. Alors, il prend patience et nous explique qu’on doit rester là sur le bas-côté de la route, pendant plus de deux heures, jusqu’à 19h30 !! Pourquoi ? Alors, il se lance dans une grande explication, à savoir qu’on est un jour pair et qu’il est interdit de rouler aux véhicules dont l’immatriculation est paire ! Bon, alors qu’est-ce qu’on fait ? Ben, ... vous restez là (et un probable : « vous avez de la chance que je ne vous colle pas une contravention ! »). Véronique dit alors à ce vertueux policier : mais il faut que j’aille aux banos (toilettes) ! Le gars craque et nous dit d’aller nous garer au parking du centre commercial à 500 m.

Du coup on repart sur l’autoroute qui est mieux dégagée, en zigzagant, et en se collant derrière les camions pour éviter le regard des policiers souvent présents aux feux rouges (oui, il y a des feux rouges sur l’autoroute). On parvient donc à traverser tout Bogota en toute illégalité, un peu crispés tout de même. On apprendra que ces restrictions de circulation se nomment "pico y plaqua", information qu'on avait bien vue sur les panneaux lumineux de l'autoroute, mais sans les comprendre.

À l’agence de location (où on ne nous avait pas signalé ce problème), ils ont bien rigolé de notre aventure…

On prend le TransMilenio L10 pour aller dans le quartier d’Ivan. Il se remplit archi-comble rapidement et met presque une heure pour faire le trajet. On a réussi à se caler dans les soufflets avec nos valises et on n’a pas été trop bousculés.

Ivan et sa femme nous accueillent (vers 20h) avec un large sourire : ils nous avaient déjà préparé notre chambre ! Piquenique à la maison.

Quelle journée !

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03/03/2016

Ce matin, pendant qu’Ivan nous prépare le desayuno, on va sur la terrasse laver et étendre du linge. Pendant le desayuno, Ivan nous demande notre programme pour la journée. Après le desayuno, Ivan regarde quelques photos qu’on a ramenées du périple.

TransMilenio pour San Victorio. Véro visite les classiques où j’ai déjà traîné mes pieds : Santa Clara, Plaza Bolivar, le musée Botero et les autres proches, le quartier de La Candelaria, le quartier branché au pied des Universités.

[ Santa Clara ] [ Un petit Botero pour la route ]  [ Monserate et sa vue sur Bogota]  [ Pause de midi à l’université ]

Comme la brume qui recouvre le plateau s’est levée, remplacée par un beau soleil, un ciel bleu et quelques cumulus, on prend le téléférique pour monter à Monserate. C’est un complexe religieux qui attire de nombreux pèlerins le week-end, et qui est surtout un magnifique point de vue sur la ville et son plateau. La caissière nous a compté un tarif senior pour les deux (7 000 COP/p/trajet). De la haut, on a une vue magnifique, mais on doit lutter contre deux éléments : le soleil et le vent.

Au pied du téléférique, se tient la Quinta de Bolivar, qui fut la propriété du héros national pendant dix ans. Aujourd’hui, l’habitation est un musée et elle est entourée d’un magnifique jardin. Calme reposant dans un air très frais.

" La Quinta de Bolivar " " Le héros national "   

Fin d’après-midi au Musée de l’Or, propriété de la Banque nationale colombienne (3000 COP, gratuit pour les +60 !). Il contient sur plusieurs étages une exposition des trésors de l’ère précolombienne. Il est d’une incomparable richesse (au sens propre du mot : un étage entier s’effectue dans un coffre-fort !!). Il y a plusieurs thèmes de présentation des objets : l’ « industrie » de l’or, son utilisation selon les peuples, selon les croyances. Les explications instructives (toutes traduites en anglais) donnent des angles de perception autres qu’esthétique. On y est resté deux heures, et on n’a pas tout vu !

[ Le musée de l'Or ]  

Promenade dans la Carrera 7, piétonne, pleine de badauds, d’artistes du moment (un couple danse le tango au rythme d’un violon), de vendeurs à la sauvette et de mendiants dépenaillés.

" Coucou ! "  " Tango " 

On dîne à la Puerta Falsa, un petit restau dans la calle 11 qui longe le côté nord de la cathédrale. On prend un tamales (poulet, polenta de maïs, riz, emballés/ficelés dans une feuille de bananier et cuits à la vapeur) et un ajiaco (soupe épaisse de pommes de terre, poulet,…). C’est bon et ça cale !

[ Tamales et Ajiaco ]  

Retour à la maison d’Ivan.

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04/03/2016

Après le petit dej, Ivan nous demande de relire le texte en français qu’il a rédigé en vue de le mettre en ligne sur Airbnb. Il l’a traduit de l’espagnol avec G-traduction. On corrige quelques erreurs et on discute un peu du contenu de sa présentation.

TransMilenio jusqu’à San Diego. Selon le LP, il y a un bureau de Poste dans le secteur. Personne ne connait. On nous balade de service de colis en boutiques d’ordinateurs, jusqu’à ce que quelqu’un nous indique le 4-72… Le 4-72 est une chaîne de services privée qui fait aussi le service du courrier. On demande des timbres pour la France, le type au guichet nous demande notre passeport ! C’est pour la facture, explique-t-il. En effet, il nous donne une facture de trente centimètres de long pour deux timbres à 5 000 COP…

Visite du musée national (déjà fait pour moi).

On traverse prudemment le dédale de bretelles de voies rapides entre la Kra 10 et l’Avenue El Dorado pour aller jusqu’au cimetière. Dans le cimetière, il y a très peu de tombes individuelles. Il y a des constructions par famille, mais surtout, il y a de grands murs remplis de casiers, comme pour une consigne de gare. Selon les murs, les façades des casiers font 50x50 cm, mais aussi peuvent faire seulement 15x15 cm. Ce qui réduit les frais…

" En route pour le dernier voyage " " HLM au cimetière "  

Très peu de statuaire et l’ensemble est plutôt sobre.

En revenant vers le centre par la rue de derrière le cimetière, on tombe dans un quartier en semi abandon, aux maisons déglinguées couvertes de tags ; puis à la jointure avec le quartier commerçant de la Kra 10, on traverse un quartier livré à la prostitution. Certaines prostituées font les cent pas sur le trottoir, d’autres ont une vitrine donnant sur la rue. C’est ici que Botero a dû choisir ses modèles féminins…

" Cache misère "  "[Angle Kra 17, C24 "   

On revint dans le quartier du musée national et on emprunte la large Kra 7. Aujourd’hui, elle est livrée aux piétons et aux cyclistes. Les badauds sont nombreux car, en plus des magasins, il y a du spectacle : des portraitistes, des mimes, des groupes de rock ou de chansons traditionnelles, des danseurs, leur musique se superposant, mais aussi des culs-de-jatte, des mendiants exhibant leur infirmité, des clochards sales à l’extrême, donnant un côté cour des miracles à certains endroits.

[ Kra 7 piétonne  ]  

Retour dans le quartier historique. Il est complètement bouclé par la police et la gendarmerie militaire. Le Président doit recevoir un hôte important. Des militaires en tenue de parade sont au garde à vous, ou défilent. Il faut dire que ce doit être de jeunes recrues car ils bavardent beaucoup et se mélangent les pinceaux dans les demi-tours…

" La Candelaria " " On est venus pour voir le défilé... "   

On dépense nos dernières calories à déambuler dans le sud de La Candelaria, qui malgré le bruit et la pollution reste un quartier authentique.

On rentre chez Ivan vers 17h30, ce qui est tôt, mais, en cette veille de départ pour l’Europe on préfère la jouer tranquille.

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05/03/2016

Grass mat’. Au petit dej, on relit le texte qu’a préparé Ivan sur son ordi. Il a des difficultés pour comprendre les différences entre les é, è, ê, les u, ù, etc…

On va faire un tour au marché à côté de l’église 20 de Julio. On fait le plein de fruits de saison. On verra bien si on nous les bloque à la descente d’avion…

[ Un p'tit tour au marché ] 

Chez Ivan, on emballe les fruits un à un dans du papier journal, et il y a de quoi remplir un bagage cabine.

Vers midi, on ressort manger un délicieux tamales, bien épicé pour une fois.

Avant de partir de chez lui, Ivan tient à faire une photo souvenir. On monte avec sa femme sur la terrasse, et c’est la voisine qui officie. Ivan nous accompagne jusqu’à la gigantesque gare TranMilenio Portal 20 de Julio.

K10 jusqu’à Portal El Dorado, places assises ! Ça change pour prendre le K86 qui va jusqu’à l’aéroport : ceux qui arrivent sont rares et archi bondés, et quand on parvient à monter dedans, il n’y a rien pour ranger les valises…

Aux comptoirs Iberia, on est largement en avance et nous n’avons pas de difficultés pour avoir les places qu’on voulait, alors que sur le site de la compagnie, ça coûte un max ! Pas de soucis à l’immigration. Aux magasins duty free, les produits colombiens (café, etc,) sont deux à trois fois plus chers qu’en ville !

Une grosse pluie se déclenche alors qu’on attend le départ.

Au moment de l’embarquement sur le vol Iberia, c’est la confusion : on appelle nominativement des passagers, et ça grogne un peu dans les rangs… On apprend que des passagers ont été sollicités pour changer de vol et partir le lendemain en raison de surbooking. On se dit qu’on a eu raison de venir en avance…

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Le concept :

Le concept TransMilenio est basé sur des voies réservées, des bus dédiés, une tarification unique débité sur une carte magnétique dédiée personnelle, de nombreuses stations « réservées » avec des quais et où l’on décompte sa carte magnétique à l’entrée pour n’importe quel trajet.

Le réseau couvre la ville et sa banlieue.

D’autres bus circulent à Bogota sans appartenir à ce concept, tout en partageant le système de tarification. Il suffit de plaquer sa carte magnétique sur la borne à côté du chauffeur. La borne vous remercie d’un "Gracias".

Le tarif :

Une carte magnétique s’achète (4 000 COP) aux guichets « Taquilla » des stations principales. Puis il faut lui charger du crédit, sachant que chaque voyage débite 2 000 COP. On doit la recharger régulièrement aux guichets « Taquilla » qui se trouvent dans les stations "en dur".

Une carte peut être partagée par plusieurs usagers. Elle n’est pas nominative.

Les stations :

[ Le succès du concept ]  [ Une station ] 

On ne peut accéder aux stations que par les portillons qui se débloquent quand on débite sa carte magnétique. Les stations sont très allongées : elles peuvent accueillir plusieurs lignes de bus, et les bus s’arrêtent face aux portes réservées pour leur ligne. On doit donc faire la queue devant la bonne porte ! Attention aux bousculades… Il y a des correspondances possibles dans certaines stations « réservées » sans supplément de tarification. Les stations sont assez espacées : en moyenne, un kilomètre.

Les bus :

Le numéro des bus est facilement identifiable : le N° de la ligne et son terminus sont indiqués en lettres lumineuses au-dessus du pare-brise du chauffeur. Les bus sont tout neufs, de couleurs vives, avec, à l’intérieur, des écrans défilants indiquant les deux prochaines stations. Sur certaines lignes, il y a des bus à deux et parfois trois wagons.

[ A l'intérieur des bus ] [ Les voies réservées ] 

Généralement les bus sont pleins à craquer, il arrive qu’aux heures de pointe, on en laisse passer plusieurs avant de pouvoir monter.

Dans les bus, hormis l’écran défilant (qui ne fonctionne pas toujours …), il n’y a pas le plan de la ligne. Le nom des stations est difficilement lisible depuis le bus. Il y a parfois des informations sonores.

Les lignes :

Le nom des lignes du TransMilenio est composé d’une lettre et d’un nombre. Mais attention, la lettre change à l’aller et au retour. Ainsi la ligne M80 dans le sens sud-nord, devient L80 dans le sens nord-sud. Les lettres correspondent (à peu près) à des zones dans Bogota : L = Sud. Dans les stations, il y a des plans, mais ils sont indéchiffrables…

Dans les terminus, il y a, en prolongation des TransMilenio, un réseau de bus locaux appelés « alimentadores ». Ils sont associés au TransMilenio et sont gratuits.

Pour l’aéroport international :

Le seul TransMilenio qui va jusqu’à l’aéroport est le K86 qui part de la station Universidades. Les autres K ont pour terminus Portal El Dorado. Là, il faut prendre l’alimentadore, bus vert gratuit, qui va à l’aéroport ou attendre qu’un K86 passe (souvent déjà plein…).

Depuis l’aéroport international :

[ Arrêt du K86 à l'aéroport de Bogotà ]  [ Vente de cartes magnétiques à l'aéroport de Bogota ] 

On peut prendre le M86 qui va à la station Universidades, si on dispose d’une carte chargée. Il y a parfois un employé qui en vend au pied de l’arrêt de bus lequel se trouve juste en face de la sortie des arrivées internationales (avoir des COP = pesos colombiens sur soi…). Sinon, sur le même quai un peu plus loin, il y a les alimentadores, bus verts gratuits, qui vont au Portal El Dorado, où l’on peut acheter des cartes magnétiques et les charger.

Ailleurs en Colombie :

Le concept TransMilenio est repris dans d’autres grandes villes de Colombie :

À Cali, c’est le Mio

À Cartagena, c’est le TransCaribe, il est en cours d’expérimentation

À Bucaramanga, c’est le Metrolinea

À Baranquilla, c’est le Transmetro

À Pereira, c’est le Megabùs

À Medellin, il y a deux lignes de métros, trois métros-câbles (bientôt cinq), un tramway, et deux lignes de bus à voies réservées (bientôt trois).