Quelques anecdotes totalement subjectives et partiales. Tout est idyllique avant le départ, mais la réalité reprend vite le dessus ...
Du 28 janvier au 6 février 2013
10 jours
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(suite du carnet https://www.myatlas.com/ctrlclic/carnet-de-jean-paul-c-en-2013-singapour-malaisie)

28/01/2013

On vole au-dessus d’une immense forêt de palmier à huile. Puis hop, un peu de bousculade dans la traversée des nuages d’orage, et on ne voit plus rien du sol. Près de deux heures pour la traversée du golfe du Siam.

L’arrivée au-dessus du Cambodge est très contrastée : temps découvert, le sol est comme grillé, peu de routes. À l’aéroport, il faut faire la queue une première fois pour faire la demande de visa, une deuxième fois pour payer le visa (20USD) et une troisième fois pour passer le contrôle du passeport avec photo et relevé des empreintes des deux mains ! Ma carte bancaire fonctionne ! Ici les DAB distribuent des US Dollars. La monnaie nationale, le Riel sert dans les petites transactions. Il y a donc deux monnaies qui circulent dans le pays et les caisses enregistreuses sont prévues pour ! (1 USD = 4000 KHR).

" Moto dop "
" Moto dop "

Une fois ma valise attrapée sur le tourniquet, je vais direct à la sortie des parkings de l’aéroport (100m), là où attendent les motodop ( = motos taxi) et les tuktuk (ils n’ont pas le droit de rentrer dans l’enceinte de l’aéroport). Un motard me demande 4 USD pour aller en centre-ville. Il coince ma valise entre ses genoux, moi à cheval accroché au siège, et c’est parti.

On voit qu’on a changé de monde ! La circulation est une véritable cohue, les gens (auto, moto, vélo) circulent dans tous les sens, y compris à contre sens et les piétons font ce qu’ils peuvent. Les voitures sont plus rares, mais plus grosses ! Les trottoirs servent de parking, de terrasse de restau, d’atelier de réparation de voitures, d’entrepôt, bref de tout, exceptés les piétons.

La chaleur est supportable, mais ça doit être l’air sur la moto. L’atmosphère est bien polluée, et je n’en ai pas pour longtemps pour avoir les yeux qui piquent. Mon chauffeur est finaud : il se faufile habilement, et trouve les rues les moins encombrées (mais les plus pourries = j’ai le dos en vrac). Il me dépose comme demandé à l’hôtel Capitol. Mais celui-ci est à présent bien vétuste et je vais un peu plus loin dans la rue 107, et tombe sur l’hôtel Hong Phann guest house : chambre 12 m², neuve, sdb, WiFi, pour 8USD ! Bon, c’est au 4ème sans ascenseur ; mais je suis là pour des vacances sportives, non ?

La nuit est tombée (6h15), je vais faire quelque ravitaillement. Puis restau : j’en choisis un qui occupe le trottoir devant le Orussei market : large soupe nouille crevettes, saucisse grillée, petite salade de condiments, poires + glace passées au blender (un délice) : moins de 4USD.

Retour au bercail. J’ai du mal à retrouver mon chemin ! il y a eu une panne d’électricité dans le quartier : dans le noir absolu, toutes les rues se ressemblent et se coupent en angle droit ! Heureusement, l’hôtel dispose d’un groupe électrogène. Ventilateur à fond dans la chambre.

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29/01/2013

À peine sorti de l’hôtel, je suis assailli par une grappe de moto dop. Je négocie avec l’un d’eux pour 1USD une course pour aller à l’ambassade du VietNam, assez loin au sud de la ville. Arrivé là, un fonctionnaire ténébreux me prend mon passeport, une photo, un formulaire dûment rempli pour une demande de visa, et 60USD ! Je dois venir le rechercher demain.

De là, je remonte à pied vers le nord, allant de marchés en temples en passant si possible par les petites rues. Se promener sur les grandes avenues n’est pas très agréable : circulation, bruit, pas d’endroit où marcher et l’intérêt n’est pas grandiose : commerce de boulons, literie, autos, générateurs, bref… Les petites rues sont moins dangereuses, on y voit vivre les familles et au détour, on trouve un temple, un marché, un terrain de jeux, etc.

" Rue de quartier "  " Station essence et bureau de tabac " 

Pause-café dans un marché. Le café est froid, très serré, servi sucré et il a le goût de chocolat. Ici on rajoute de la glace. Moi pas. Les marchés sont très animés, partagés en plusieurs secteurs : victuailles, fringues, tailleurs, cartomanciennes, coiffeurs et soins des ongles, etc. Au milieu, il y a les petites échoppes de restauration. Deux tables basses, six tabourets, un réchaud, quelques gamelles, ça fait un commerce ! Vers midi, je mange une soupe bien garnie dans l’une d’elles. Je copie ma voisine qui mélange plusieurs condiments à volonté sur la table. C’est bon, mais c’est archi piquant et salé !

"Au marché"  " Le salon de coiffure "  " Cartomancienne"  " Le repos du boucher " " Au fond, les toilettes "  " Sauve qui peut ! "

La corniche qui borde le Tonlé Sap (l’affluent du Mékong) est quasiment déserte à cette heure brûlante de la journée. Devant le palais royal, la circulation est interdite. De grands panneaux avec le portrait du roi Norodom Sihanouk, mort récemment (15/10/2012), sont entourés de tissu noir. Les funérailles dans le rite traditionnel, auront lieu entre le 1er et le 4 février et ces jours-là beaucoup de choses ne fonctionneront pas. On attend une foule considérable. Déjà des barrières sont entassées aux carrefours, la police rôde dans les environs du palais royal, et l’armée a établi un campement sur les pelouses d’un grand hôtel ! Les scolaires organisent des ramassages de déchets le long des artères. Les cantonniers arrangent les trous, tondent les pelouses, les éboueurs arrosent les chaussées ; on a repeint à neuf toutes les dorures des monuments alentours. Sur la grande pelouse en face du Musée National, des tribunes ont été érigées encadrant un très haut et très décoré catafalque ; les bouquets de fleurs, des roses blanches, sont déjà disposées un peu partout, mais sont encore sous emballage. Bref tout est prêt.

Bon, il ne meurt pas un roi tous les jours, et ce d’autant que celui-là est mort à 90 ans et a traversé une période politique invraisemblable : à 18 ans, il est nommé roi par les Français en pleine 2ème guerre mondiale, fricote un peu avec les Japonais, dirige directement ses gouvernements, copain avec Mao, Tito, Nasser, Nehru, etc…, reçoit De Gaulle. Tantôt du côté des Soviétiques, tantôt du côté de la Chine de Mao de l’époque des gardes rouges, renversé par son propre premier ministre/général, il part en exil en Chine et au Nord VietNam, soutient un temps les khmers rouges, qui le nomment président ! Mais il démissionne, repart en exil en Corée du Nord ! Après la chute des Khmers rouges et l’arrivée de VietNamiens, il redevient roi ; puis comme il se fait vieux (et un peu gaga), il refile le job à son fils. Avec le titre de roi-père, tout de même ! Et malgré (ou à cause ?) de toutes ces vicissitudes, il a tout de même eu sept femmes, et quatorze enfants…

Ça vaut le coup de nettoyer la place pour le suivant…

Un petit arrêt au débarcadère, histoire de voir d’où partent les bateaux pour le VietNam.

Je remonte toujours vers le nord en longeant le Tonlé Sap, et grimpe la modeste colline qui supporte le Wat (temple) Phnom qui a donné son nom à la ville et qui est le plus ancien. Il y a là de très belles fresques et de beaux bouddhas dorés.

" Dans la vie, faut bien s'entraider "  " La vie n'est pas qu'un long fleuve tranquille "  " La pause "  " Bouge ton temple "

J’emprunte le grand pont japonais qui traverse le Tonlé Sap. D’importants travaux sont en cours pour le doubler. À l’extrémité du pont, je prends une piste à gauche qui longe la rivière vers le nord. La cohue de la ville s’arrête aussitôt, et c’est déjà un peu la campagne : des villageois habitent des maisons sur pilotis et vivent des produits de la rivière (poissons, sable) et des petits champs de l’autre côté de la piste. Je fais une petite rando de quelques kilomètres et les gens sont assez étonnés de voir un touriste par ici. Je rigole et papote avec des gens qui battent le riz dans leur champ, et avec la mère de famille qui me sert un café rempli de glaçons dans sa maison en bois délabrée mais avec vue grandiose sur la rivière.

Au bout de quelques km sous le soleil, j’avise un petit esquif qui fait la navette entre les rives ; alors qu’il repart, je le hèle, ouf ! il revient me chercher à la godille (une femme au bout de la godille tandis que le monsieur est au moteur). Belle traversée (1000 KHR). Alors que je prends des photos, le batelier me demande de prendre aussi le bébé qui dort dans un hamac au-dessus du moteur !

Sur l’autre rive, c’est déjà la ville. Mais le bord du fleuve est occupé par un quartier, on va dire, précaire. Des gens y travaillent à fabriquer du condiment à base de poisson salé et fermenté. J’en ai mangé à midi, mais en voyant comment c’est préparé, j’ai des doutes sur la suite des événements…

Mon arrivée dans ce village attire bien sûr beaucoup l’attention, et je suis interpellé par une demi-douzaine de gars attablés autour d’un magnifique poisson. Ils m’invitent à les rejoindre avec de grands gestes. On rigole bien, ils m’offrent à gouter au poisson, ce que je refuse poliment, et à boire un coup ce que j’accepte volontiers : je voudrai bien connaître le goût de cet alcool fort, bien qu’ils le servent dans l’unique petit verre qui passe de main en main. Eh bien, c’est pas mauvais du tout : c’est de l’alcool de riz, probablement fabriqué en dehors des circuits officiels… La gaité est déjà très avancée, et leur vision du monde surement déjà bien améliorée, aussi je les quitte en les remerciant et eux me font des grands gestes d’adieux. À proximité, les femmes gardent les enfants qui se balancent dans les hamacs accrochés aux pilotis des taudis…

" Deux générations "  " Un petit coup, c'est doux " 

Arrivé sur la grande route qui redescend de ce côté de la rivière, c’est le retour de la cohue. Quelques moto dop m’assaillent aussitôt ; mais un gros bus s’arrête, laisse quelques gens descendre. Je demande si ce bus va bien au centre-ville, personne ne comprend, donc personne ne me répond ! Je monte (on verra bien) et vais au fond du car, sous le regard interloqué du chauffeur. Il fait bien six kilomètres pour rallier le terminus du marché central. Je me rends compte que je suis monté dans un bus qui vient de la campagne profonde et que ce n’est absolument pas un bus de ville ! D’ailleurs, je crois que ça n’existe pas ici.

Toujours est-il qu’arrivé au terminus, je descends et personne ne me demande quoi que ce soit !!

Je vais demander quelques renseignements chez Lucky Lucky, le loueur de scooter. Mais il ne veut pas m’en louer un, tant que je ne lui confie pas mon passeport. Donc je reviendrais demain. Une journée de scooter 125 cm3 : 8 USD/j. L’essence 5500 KHR (= 1 EUR).

Au Capitol Tours, le bateau pour rallier Chau Doc au VietNam est à 21 USD et part tous les jours à 8.00 am.

Retour à l’hôtel, alors que la nuit tombe.

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30/01/2013

Récupération de mon passeport à l’ambassade du VietNam.

La location de moto, chez Lucky Lucky, est très rapide et efficace. Le contrat est succinct : il n’y a pas d’assurance, si il y a des dégâts, c’est au client de payer, pareil pour le vol, et si la moto tombe en panne, le dépannage est à ses frais. Je choisis un casque dans une pile. On me montre le scooter : il vient d’être nettoyé au jet d’eau. Un employé me rappelle les rudiments : freins, vitesses (4), réservoir à essence (sous le siège, lequel se lève en enfonçant la clé du démarreur). Je fais observer qu’il n’est pas tout neuf. Il y a à peine un verre d’essence, juste de quoi aller à la pompe à essence.

Plein d’essence : 4l à 5200 KHR le litre, soit 1,30 USD (1 EUR). Ce qui est cher comparativement à la Malaisie (1,9 MYR, soit 0,45 EUR)

Je m’engage sur la route de Takeo qui est dans le prolongement sud de la grande avenue (Monivong) traversant PP du Nord au Sud. La circulation est dense et je dois retrouver les réflexes d’ici : les dangers peuvent venir de partout ! Le plus agaçant, ce n’est pas ceux qui roulent à contre sens, ni ceux qui doublent en frôlant, ni les gros camions qui klaxonnent. Les plus chiants sont ceux qui viennent d’en face et qui tournent à gauche juste sous ton nez ! Imprévisible !

Le carrefour qui sépare la RN1 de la RN2 n’est pas très clair : travaux, panneaux contradictoires, etc. Je demande souvent mon chemin et les gens sont très gentils. Traversée d’une zone d’usines de textile très importante (des conglomérats chinois). C’est l’heure de la coupure de midi et les ouvrières sortent pour manger dans les stands précaires qui bordent la route.

" Sortie d'usine "  " Ça fait du foin ..." 

Je m’aperçois que le compteur ne compte pas et que les freins ne sont pas terribles …

Une fois sorti de l’agglomération, la circulation est devenue très calme, route plate, goudronnée, pas toute neuve. Aucune indication lisible par moi : tout est maintenant écrit en khmer et bien sûr, je n’y comprends rien. Je dois demander mon chemin. En effet, je dois tourner un moment à gauche pour aller voir le site du Phnom Chisor. Et tous les chemins de terre se ressemblent…

Le long de la route des étals proposent tout plein de produits des environs. Je m’arrête car il y a des fruits que je ne connais pas. Ils ont la grosseur d’une grosse pomme et la couleur de l’aubergine. La dame m’en fait goûter un : délicieux ! chair épaisse mais moelleuse en finition, quelques gros noyaux lisses, sucré… j’en prends quatre pour un USD.

" Si Monsieur veut bien goûter..."  "  Le canard était toujours vivant " 

Je trouve enfin la piste qui mène vers ce site de l’empire khmer. Et au bout d’un quart d’heure de chaos, j’y parviens. On m’interpelle pour que je mette mon scooter à l’abri. 1000KHR.

Le site est installé sur une petite éminence isolée et qui domine la plaine. 300 marches faciles pour arriver au sommet. Le gardien se réveille à temps pour les 2 USD d’entrée. Le temple par lui-même est orienté vers le Nord avec une vue superbe sur les rizières. Il est plutôt petit comparativement à ceux d’Angkor, et un peu laissé à l’abandon. Mais on retrouve bien l’ordonnancement : sanctuaire au milieu d’enceintes carrées. Le sanctuaire est squatté par des gens qui somnolent à côté d’idoles enfumées d’encens. Il fait hyper chaud, mais heureusement il y a un peu d’ombre.

Je prolonge la route pour tenter de rejoindre le village d’Angkor Borei et le vestige Khmer de Phnom Da. Route goudronnée puis, vers le sud, terrible route empierrée. Mes os sont en vrac…

" Phnom Chisor "  " Phnom Da " 

Le site est simplement constitué de deux vestiges, eux aussi bâtis sur une hauteur dominant la plaine. En faire le tour est assez rapide.

"Le gardien du temple"  " Notez le coup de soleil sur le bras"  

Je me fais du souci pour rallier Takéo. La carte me dit qu’il n’y a pas de route directe et qu’il faut que je me retape tout ! je me renseigne, mais j’ai du mal à me faire comprendre. Et quand on comprend que je cherche un raccourci, j’ai du mal à décrypter la réponse. Ici, personne ne parle l’anglais et ne sait lire une carte.

On m’indique finalement un chemin qui longe un canal. Uniquement bon pour les scooters, et encore ! et uniquement par temps sec ! Rizières, étangs, pêcheurs, quelques villages. À un endroit, le chemin s’interrompt : il faut passer un petit bac qui contient à peine les quatre scooters qui attendent. C’est un vieux papy qui est à la manœuvre. Il y a cinquante mètres à traverser. À la sortie, il tente sa chance (un USD !) : je lui laisse 1000 KHR sous l’approbation d’une passagère. Les autres n’ont rien payé !

" Un beau filou, ouais ! "  " Village de pêcheurs " 

Le chemin de l’autre côté n’est pas meilleur. Ce raccourci me prend tout de même une heure, à zigzaguer entre les étangs. C’est très joli ! et j’ai droit à un beau coucher de soleil.

Arrivé dans Takeo, je ne comprends pas où je suis. Dans une station-service, je tombe sur un couple de jeunes allemands qui sont ravis de m’orienter. Ils sont ici pour six mois et font du bénévolat dans une école pour enseigner l’anglais…

J’ai du mal à trouver une guesthouse qui me va bien et je tombe sur la Daunkeo GH qui me propose une belle chambre propre, sdb + WiFi, 5 USD ! Je me rends compte que je suis couvert de poussière. Repas d’une soupe de poisson/légumes (dont de l’ananas !) et une grande bière : 5 USD, dans le restau qui domine le lac, mais je n’y vois rien, vu qu’il fait nuit. Par contre je suis assailli par des moustiques qui ne font pas de bruits mais qui piquent. Je mange vite fait ma soupe au son des geckos qui grouillent sous le plafond.

143km de scooter… vite, la douche !

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31/01/2013

Je sors tôt : à l’heure de la procession des moines. Ils doivent leur nourriture quotidienne aux dons que leur font les habitants. Ils se présentent humblement devant chaque maison, pieds nus, tenant qui une bassine pour recevoir le riz, qui un sac pour recevoir des dons plus consistants. Une fois le don effectué, ils font un signe de la tête et le donneur se prosterne sur un genou et baisse la tête en joignant la paume des mains au-dessus.

" La donation aux moines "  " Les mangues sont mûres à point " 

Au marché de Takeo, les mangues sont mures à point. Une grosse mangue pour 1000 KHR, quelle aubaine !

La route qui part de Takeo vers le sud est en plein travaux : poussière, trous, gravillons… Heureusement la circulation est modérée. Traversée de plaines cultivées : les rizières sont à des stades de culture différents : selon une logique qui m’échappe, certaines sont labourées, d’autres à peine repiquées, d’autres en pleine croissance et par endroit, on fait des moissons. La région est très irriguée et on doit pouvoir faire plusieurs récoltes par an. L’agriculture s’est grandement modernisée depuis mon dernier voyage : actuellement, il y a beaucoup de moissonneuses/batteuses à chenilles qui circulent dans les champs. Mais cette aisance ne va pas jusque dans les villages qui sont toujours aussi délabrés. Les maisons sont généralement en bois, perchées sur des pilotis en béton. Sous leur maison, les gens font la sieste dans des hamacs ou bricolent à l’ombre.

" Maison traditionnelle "   " Le canal de Takeo " 

Arrêt pour faire une promenade vers un temple perché au sommet d’une colline isolée (Sanlong mountain). Je confie mon scooter à de jeunes moinillons qui font la sieste dans le monastère ( ?) qui est au pied des marches conduisant au monument. J’entreprends la montée des cinq cents marches en plein cagnard ; deux jeunes écoliers qui chahutaient avec les moinillons me suivent le train et me font la conversation. L’un d’eux sort son manuel d’anglais pour tenter sa chance. Ils ont un accent épouvantable et je ne comprends rien de ce qu’ils veulent me dire… Du sommet, on a une magnifique vue de 360° sur les environs. Des statues de diverses déités, un stupa doré et un grand bouddha, doré lui aussi, surveillent la plaine.

" Mes guides " Salut ! " 
" Mariage "

Dans un village, la route est à moitié occupée par de grandes tentes décorées de couleur rose : c’est un mariage. La cérémonie est en cours. Sous la tente, les familles en beaux atours sont assises en tailleur autour du futur jeune marié. Tout le monde a l’air de s’ennuyer ferme : à vrai dire, la musique traditionnelle jouée par une poignée de musiciens est lancinante et soporifique. La mariée se fait attendre. Un ordonnateur de cérémonie en rythme les différentes étapes à l’aide d’un petit gong au son cristallin. Un autre fait des discours dans un micro, alors qu’il n’y a pas vingt personnes dans l’assistance. Tout est minutieusement filmé. Le marié tire une gueule, l’air de dire : si j’avais su… - mais on ne se marie pas tous les jours ! La mariée arrive enfin, très solennelle et très maquillée. Fait la gueule aussi. Elle s’assoit à côté de son futur, lequel ne moufte pas. Un officiant leur remet un genre de sabre doré qu’ils doivent porter ensemble horizontalement dans le pli des bras alors qu’ils ont les mains jointes. Bla bla et onctions. Ça dure…, je décroche ! Cette cérémonie de mariage n’est pas une partie de plaisirs ni une occasion d’émotions fortes : heureusement les convives se rattraperont au repas qui les attend sous d’autres tentes (avec des caisses de bière au frais…).

Le soleil tape dur, et j’ai les avant-bras bien rôtis ! Il est temps que j’arrive à Kep. C’est une station balnéaire mise à la mode par les Français pour mettre à l’aise les fonctionnaires de la coloniale. Puis, Kep est devenu la villégiature des nobliaux du régime. Jusqu’à ce que les Khmers rouges en fassent un champ de ruine. Lors de mon dernier passage, on voyait encore des résidences éventrées et squattées. Aujourd’hui, l’atmosphère est plus légère et la ville renaît. Le bord de mer a été reconstruit et doté de kiosques équipés de hamacs. Des petites cantines proposent des boissons fraîches. Il n’y a malheureusement personne. Quelques rares touristes occidentaux se promènent. C’est surtout le weekend que les gens de Phnom Penh débarquent.

Kep : " Pour se détendre au bord de la mer " " Villégiature détruite et squattée "  " Cherchez l'intrus "  " Pressing "

Je trouve au Beach Town guesthouse une chambre à 50m de la plage pour 12USD (sdb, WiFi, air cond). Douche, pause bien méritée sur le balcon avec vue sur la mer…

Une autre virée en scooter : tour de Kep qui est dispersée sur cinq kilomètres de côte. Les villas sont assez distantes des unes des autres, mêlant les détruites et les rénovées. Au marché aux crabes, au nord de la station, je suis alléché par des poissons que l’on grille sur place. La cuisinière s’empresse de me faire un plat à emporter avec poisson, sauce et riz pour 2 USD.

Retour à l’heure du soleil couchant pour déguster mon repas improvisé sur le balcon.

" Y a de quoi méditer..."  " Repas du soir " 
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01/02/2013

La route de Kep à Kampot est pourrie : travaux de réfection des ouvrages d’art, élargissement de la route. On en est à l’épisode « on défonce tout ». Les camions qui lèvent un nuage épais à leur passage, ne font pas dans la dentelle : ils se doublent en fonçant et sans aucune visibilité ! Je manque plus d’une fois de me retrouver dans le fossé et je suis couvert de poussière rouge (ce qui convient très bien à bien à mon teint halé – ou plutôt, mes coups de soleil…).

Les pistes de traverse sont plus tranquilles : j’en prends une pour aller à la grotte Phnom Sorsia. C’est un prétexte pour aller au bout des chemins et visiter la campagne. Car la grotte par elle-même n’a pas grand intérêt. Mais le cadre est charmant. Et c’est le début de la floraison des flamboyants, aux fleurs rouge vif.

" Ferme sous les cocotiers "   " Sur les pistes "  " Transports très locaux..."  " A l'arrière du scooter "

L’autre grotte, Phnom Chhnork (1USD), est plus intéressante. Pour la trouver, je me suis trompé plusieurs fois de piste, mais les gens sont serviables, et font même un bout de chemin pour aider. La grotte est un petit réseau, avec plusieurs issues à l’air libre. On commence à faire de l’équilibre sur un « pont » de branches, pour ensuite s’enfoncer dans l’obscurité avec des chauves-souris qui tournent autour. On rampe dans un boyau et on gravit une cheminée, pour atterrir dans une grande salle dotée d’un temple « secret ». Puis on redescend à l’air libre par un petit temple extérieur.

" L'entrée de la grotte de Phnom Chhnork "  " Le temple secret " 

À Kampot, je choisis la Paris Guesthouse (8USD, grande chambre, sdb, WiFi). La ville est dans la torpeur, sous la chaleur. Les gens sont presque tous devant la télé à regarder les cérémonies des funérailles du roi ; celles-ci doivent durer quatre jours. La crémation, c’est pour lundi.

Je repars en scooter au nord de Kampot visiter les rapides de Teuk Chhou. C’est une belle rivière qui circule assez vivement entre des rochers rouges et au milieu d’une végétation abondante. C’est devenu un lieu de piquenique très prisé : cabanons, paillotes, petites échoppes qui font griller pour vous poulet, poisson, desserts et qui fournissent la bière en abondance !

" Picnic au frais auprès de la rivière Teuk Chhou "  

Alors que je remonte la rivière à pied, en équilibre sur de gros rochers ronds, une famille (dont c’est jour de congé au titre des funérailles) accroupis sur des nattes me font des grands signes de venir les rejoindre. L’après-midi est bien entamée (la caisse de bière aussi…) et la gaité est de mise. Le roi est mort, vive le roi ! Je trinque un pichet de bière glacée avec eux. Un peu plus loin, je suis hélé par un groupe de sept filles qui ont, elles aussi, bien entamé l’après-midi ! On trinque ensemble ! L’une d’elles parle anglais, ce qui facilite la discussion. Il y a deux des filles qui sont venues de PP par le car rejoindre leurs copines et passer le weekend ici. Elles ont laissé leur mari, petit ami ou fiancé à la maison pour se retrouver entre elles. Elles ont fait un repas pantagruélique au vu des reliefs laissés sur la natte ! Elles m’offrent, avec une bière, des gousses de tamarin à grignoter et un dessert étonnant : du riz gluant au lait de coco grillé dans un emballage de feuille de cocotier, un délice. On rigole bien, et comme ce soir, elles vont faire la fête, elles m’invitent à venir à 10h au Dragon Club ! Ça tombe bien, j’ai apporté mon smoking !

" Les filles en goguette "  " Le dessert au riz " 

Je reprends le scooter pour aller voir le coucher de soleil sur les marais salants qui sont au sud de la ville. Je traverse un village de pêcheurs, très pauvre, mais les gens me font de grands signes de bienvenue. C’est une communauté musulmane qui vit ici. Mais hormis quelques femmes légèrement voilées, rien ne les distingue du reste de la population.

Retour à l’hôtel, pour prendre une douche de dépoussiérage, un lavage de chemise et la mise à jour du blog.

"Village de pêcheurs"  " Soleil couchant sur les marais salants" 
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02/02/2013

Quelle blague !

Hier soir, me voilà rendu devant le Dragon Club. Il fait nuit noire : l’établissement est sur la rive opposée de celle où s’étire la ville de Kampot. La rue n’est pas éclairée. Et le Dragon Club est fermé ! Au fond de la cour, la porte d’entrée du grand bâtiment est close : un grand portrait du roi avec du crêpe noir autour, et devant, à l’abri d’un grand parapluie jaune, une bougie à la lumière vacillante qui veille sur l’esprit du défunt. Ambiance de veillée mortuaire… Est-ce bien convenable de faire la fête ? Quelque garçons en scooter passent, ralentissent et repartent, dépités. Les filles rappliquent en scooter, et semblent déçues. Elles décident d’aller boire une bière sur l’autre rive, là où les bars à touristes sont ouverts. La « soirée » se termine plus tôt que prévu car la seule fille anglophone est restée chez elle, malade…

Retour à l’hôtel à 11h où la gérante a déjà rangé mon scooter dans le hall d’entrée. Elle s’apprête à s’allonger devant la télé sur un matelas placé à côté des scooters !!

...

Ce matin, je suis réveillé par le son de la télé venant de la chambre voisine : plaintes, chants lancinants, litanies monocordes. J’allume la télé : c’est, en boucle sur plusieurs chaînes, la retransmission des funérailles du roi : que d’ors, de pompe, de liturgie ! Tout ce qu’il y a de bonzes, de gradés, d’officiels se pressent autour du cercueil, ou autour de la veuve, ou autour du nouveau roi. Parades de militaires, d’écoliers, de bonzes. La technique est aussi au rendez-vous pour déplacer le cercueil monumental. D’abord la barge funéraire à têtes de dragon glissant sur l’eau du fleuve, puis un genre de transpalette amélioré (et décoré) qui officie : il s’agit de placer le cercueil au centre du catafalque sans que tous ces ors s’écroulent… jusqu’à lundi, car on brûle le tout ce jour-là.

Quand je sors de l’hôtel, vers 9h, tout le monde est scotché devant la télé. Ce qui fait qu’il n’y a pas grand monde sur les routes. En remontant vers PP, quelques arrêts pour acheter du pain, un caneton frit, une belle mangue , et encore des fruits que je ne connais pas (et pas terribles ceux-là : astringents et farineux).

" Ça va, mon canard "   " Il est pas rose, mon cochon ? "  " Vente de pain itinérante " " Marché de village "
" Alors, quand c'est qu'on démarre ? "  " Potier ambulant " 

Vers une heure, après avoir quitté la RN3 et emprunté des pistes poussiéreuses, j’arrive au site touristique de Tonlé Bati. C’est un beau lac dont les rives sont agrémentées de paillotes sur pilotis pour les piqueniqueurs. Tout proche, se dresse un beau petit temple khmer (Ta Prom) bien conservé et bien entretenu. Le « parc » est payant : 3USD ainsi que la « location » d’une paillote (1USD).

Je m’installe dans l’une d’elle, déballe mes achats et, une fois bien installé dans un hamac, je grignote mon canard, la canette de bière pas trop loin. Petite brise bienvenue.

Les voisins de la paillote d’à côté sont une grande famille et ont déballé force victuailles et caisses de bière. Et ils commandent encore de quoi manger à la tenancière des paillotes. Des serveurs arrivent avec les bras chargés de plateaux avançant en équilibre sur les rondins de cocotier faisant office de ponton.

" Picnic sur l'eau "  " ... Cool ! " 
" Apsara, danseuse khmer "

Visite du temple, harcelé par des mômes qui vendent des fleurs de lotus pour une prière à bouddha, des vieillardes qui mendient, et un pseudo prêtre qui tient absolument à me bénir ! Beau monument tout de même ! et de belles Apsara, (danseuses khmers) !

Reste une trentaine de kilomètres pour renter sur PP. Ils sont assez pénibles car la RN2 est pourrie (poussière), et les voitures sont plus nombreuses. L’arrivée en ville est très encombrée et je rattrape assez vite les gros 4x4 qui m’ont doublé en faisant hurler leur Klaxon ; dommage que le mien ne fonctionne pas…

Arrivée 16h à l’hôtel, on m’a bien gardé la 407 et ma valise, que je récupère. Douche, café, rangement.

Je ressors faire un tour en ville. Les rues autour du palais royal sont bloquées, et il y a pas mal de monde errant dans le quartier. Il y a un marché de nuit dans la rue 108, à la hauteur de la rue 13, vers la rivière, et occupant toute la largeur de l’avenue. Outre le coin des fringues et des babioles, il y a un coin restaus de nuit. Ces derniers (une cinquantaine) forment un grand carré, au milieu duquel des nattes ont été posées : les gens se servent dans les échoppes et vont s’accroupir autour de leurs assiettes. S’ils ont commandé des grillades, on viendra les servir. On m’a demandé 3 USD pour ce que vous voyez sur la photo ! Ambiance cambodgienne assurée, car peu de touristes occidentaux.

" Restaus de nuit de la rue 108 "   " Mon repas " 
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03/02/2013

Départ matinal vers le Nord par la RN5 : 90 km pour rallier Kampong Chhnang en scooter. La route est à peu près correcte, mais il faut rester vigilant, car il y a pas mal de circulation. Je découvre que mon scooter a une cinquième vitesse !

La ville de Kampong Chhnang a ceci de particulier qu’outre une partie terrestre avec marché, banques, administrations, hôtels, etc , elle a sa plus grande partie flottante ! En effet, les rives du Tonlé Sap, l’affluent étonnant du Mékong, hébergent des milliers de maisonnettes, radeaux, embarcations, servant de domicile à une multitude de familles.

" La ville flottante "  " D'un quartier à l'autre " 

Cette population est réputée pour être d’origine vietnamienne. Un gars, qui m’accoste alors que je contemple cette ville flottante, me dit, en montrant du doigt les bateaux : « Vietnam », puis, en se frappant la poitrine et en tapant du pied sur le sol, il s’écrie « Cambodge »…

Cet univers fluvial est d’autant plus étonnant qu’il y a des « quartiers », répartis sur plusieurs kilomètres de rives : les plus riches ont plutôt des maisons avec murs en bois et toit en tôle, la plupart peintes en bleu, et ont fait venir l’électricité. Quant aux plus pauvres, ils sont « à l’abri » dans de simples embarcations munies d’arceaux et de toile plastic.

" Le quartier aisé..."   " Le quartier pauvre " 

Sur la rive boueuse, inondable sur une hauteur d’une dizaine de mètres, on cultive parfois de rares pieds de maïs. Quelques entreprises familiales de construction d’embarcations y ont leur chantier. Des cabanes en paille, abritent des raccommodeuses de filets de pêche. Quelques maisons d’habitation, très haut perchées sur des pilotis. Pour aller de la rive aux habitations flottantes, les habitants empruntent de fragiles pontons, ou des barques circulant entre les maisons. Celles-ci sont plutôt bien rangées, accolées les unes aux autres. Du côté des habitations-barques, c’est plutôt la cohue.

"Chantier familial"   "De belles fleurs sur les terrasses"   
  " Quartier sur la rive inondable "  " Ça rigole dans les chaumières ! " 
" La belle ravaudeuse " 

Il n’y a pas de bâtiments plus importants que ces habitations familiales, et je me demande dans quelle mesure les milliers d’enfants qui habitent là sont scolarisés… Je n’ai pas vu comment cette population se procure de l’eau.

De quoi vivent ces gens ?

Plus haut, je disais que la rivière Tonlé Sap est étonnante : en effet, elle a un régime hydraulique original, et unique dans sa dimension. À sa source, il y a un grand lac, juste à côté de Siem Reap, la ville voisine des temples d’Angkor. À la saison sèche, de décembre à avril, l’eau du fleuve descend « normalement », du lac vers le Mékong. Mais, à la saison des pluies (la grande mousson), le Mékong est à ce point en crue que toute son eau ne peut aller vers la mer, et une grande partie va alors se déverser dans le Tonlé Sap qui alors, inverse son cours ! Le grand lac en amont va à son tour s’agrandir jusqu’à multiplier sa surface par 5, voire plus ! À cette saison, les zones inondées vont accueillir tout le limon arraché aux plateaux du Tibet. Et lorsque la décrue s’amorce, vite, on plante le riz ! C’est grâce à cette originalité de la nature qui procure de l’abondance, que les peuples khmers ont pu s’installer dans la région et y établir une des plus grandes civilisations. Notez que ces pulsations annuelles des eaux ont fait aussi la fortune du Nil, de la Mésopotamie, du Fleuve Jaune, de l’Indus, etc… dont les rives ont connu le début des civilisations.

En revenant dans la partie terrestre de la ville, un accident vient de se produire : une charrette chargée de longues planches de bois et tractée par une moto a raté son virage en bas d’une pente. Le conducteur a été entrainé par sa charge trop lourde. La moto et la charrette sont écrabouillées sous les planches. Lui apparemment est indemne.

" Accident "   " On est parés pour la prochaine crue ! " 

Pour visualiser cette rando, cliquer sur le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-moto/kompong-chhnang-4862417

Retour sur Phnom Penh. Comme il est encore tôt (15h) pour rentrer à l’hôtel, je fais une virée dans un quartier juste au nord de l’ambassade de France (un véritable blockhaus). En zigzaguant dans les ruelles, je tombe sur un bout de voie ferrée désaffecté. La voie est occupée par des habitations de fortune : c’est un quartier déshérité. Enfants à poil, adultes en guenilles, taudis aux toitures brinquebalantes sous le vent, cuisines de feux de bois à même le sol, promiscuité…

" Le train ne siffle plus "  " Tirer ou pointer ? " 

De quoi vivent ces gens ? (bis)

" A la tienne ! "

En prenant un chemin de traverse, je retrouve des maisons en plus « dur ». Dans un passage rendu étroit par les tables d’une gargote, des convives célèbrent joyeusement … ??? Ils me hèlent au passage avec de grands gestes ! Et me voilà encore embarqué à boire un coup avec des gens forts sympathiques, un peu éméchés, mais baragouinant quelques mots d’anglais. Alors qu’on trinque pour la nième fois (en fait à chaque fois que l’un d’eux fait une blague et que les autres rigolent), une des tenancières du bistrot vient me montrer une photo encadrée : on y voit en gros plan l’un des compères (mais avec vingt ans de moins) tendrement enlacé et embrassé par un barang = un étranger occidental… Tout le monde rigole bien, et du coup, je regarde mes hôtes d’un autre œil…

C’est pour le coup que je rentre dans mes appartements, histoire de prendre une douche…

Petit repas sous les néons des stands devant le marché O Russei.

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04/02/2013

Aujourd’hui c’est jour de deuil national : ce soir, on brûle le roi mort. Même le chantier voisin de l’hôtel est arrêté. Pourtant habituellement, dès le matin 7h, et même hier dimanche, résonne sous ma fenêtre le concert des coups de marteaux, des scies circulaires, des meuleuses, etc.

Au nord-est de PP, il y a deux îles sur le Mékong ; Koh Dach et Koh Oknha Tey. Pour y parvenir, il faut d’abord traverser le pont « japonais » (en face de l’ambassade de France).

En bas du pont, sur l’autre rive, des flics attendent patiemment les véhicules en surcharge, surtout les minibus de passagers. Ceux-ci ralentissent à leur hauteur, l’aide chauffeur tend un billet au policier qui l’empoche aussi sec. Pour atteindre les ferries (il y a deux lieux de passage), il est préférable d’emprunter la petite route qui longe le Mékong, plutôt que la grande avenue poussiéreuse (RN6). L’entrée du débarcadère est « confidentielle » ! Je me renseigne sur les prix de la traversée : un homme assez âgé, me répond en français (1000 KHR) ! Ici, le fleuve est large de presque un kilomètre.

Je visite d’abord la petite ile d’Oknha Tey. L’ambiance est complètement campagnarde, villageoise. Pas de voiture, de belles maisons traditionnelles, des petits champs. Un beau temple aux décorations très kitch, repeintes à neuf (grâce aux dons de particuliers). Je croise un groupe d’une trentaine de cyclotouristes français qui foncent sur les pistes poussiéreuses, au grand étonnement des habitants.

" La marchande de tout pour faire un repas "  " Le bonze n'est pas un ascète " 

L’ile de Dach est aussi tranquille et reposante. Sur cette ile, beaucoup d’habitants font du tissage : les métiers sont à l’ombre, entre les pilotis. Aujourd’hui, peu de monde sur les métiers, pour cause de jour de deuil. Mais quelques métiers claquent. Je m’arrête chez un couple de jeunes ; chacun à son métier. Ils sont contents de me voir. Ils me montrent comment leur métier fonctionne, me présentent différents fuseaux de fils de soie colorées, font jouer les navettes avec dextérité et claquer le peigne. De temps en temps, la jeune femme tire sur une ficelle ; mais celle-là, c’est pour tirer le hamac pour bercer son bébé qui y dort !

" Famille tisserand, la maison "  " Famille tisserand, la mère "  " Famille tisserand, le bébé "  " Famille tisserand, le père "  
" Maison traditionnelle "

Parvenu presqu’au nord de l’ile, il y a de l’animation dans la cour d’un temple : catafalque, musique et chants de moines, grandes tablées où une centaine de personnes, sous des tentes où des draps blancs et noirs s’entremêlent, se régalent joyeusement d’un bon repas. Je me dis qu’il doit s’agir d’une cérémonie en l’honneur du roi. Je m’approche, des gens souriants se lèvent et m’invitent à leur table ; l’un d’eux me parle direct en français. C’est un jeune professeur de notre langue. Il me demande si je veux bien partager leur repas, ce que j’accepte volontiers (il est midi !). On me fait assoir à une table où les gens sont ravis. Le jeune prof me sert alors du riz, de la viande cuite au gingembre et au lait de coco, du poisson grillé, des légumes crus et un délicieux pâté de porc. Un petit garçon s’empresse de me servir une bouteille d’eau fraîche. Dans la conversation, mon hôte m’explique que ce soir, on va brûler sa grand-mère, défunte il y a peu. Et il me montre le catafalque, dressé sur la place, derrière moi. Et il est heureux d’avoir pu honorer cette parente en m’invitant ! (Je dois passer pour un tapeur aux yeux des lecteurs, mais, comprenez ! c’est pour rendre service !)

" Ci-git la grand-mère  "  " Banquet funéraire " 

Je sors de l’île par un autre ferry, plus au nord. De là, je retrouve une toute nouvelle voie rapide qui rejoint le RN5 par un nouveau pont enjambant le Tonlé Sap. Cette voie rapide est à péage, mais les scooters ne paient pas. Puis, par une piste en réfection, en allant vers le Phnom Baset, je tombe sur un site étonnant : des reconstitutions des sites d’Angkor grandeur nature ! Des temples à l’imitation du site antique ont été construits pour le plaisir des piqueniqueurs qui viennent ici se délasser comme dans un parc à thème… Il y a peu de monde, et les rares fêtards sont déjà assoupis dans les hamacs sous les paillotes. Bon, les reconstitutions, c’est du béton, c’est kitch au possible, mais c’est assez inattendu.

" Angkor park "  " Les danseuses apsaras " 

Dans le secteur, il y a quelques reliefs qui hébergent des temples aux toits dorés. Je fais un tour parmi ces temples, mais il n’y a personne : ils sont tous à l’ombre !

Pour visualiser cette rando-moto, cliquer sur le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-moto/iles-du-mekong-4862701

" Vulcanisation "

Retour à PP. Ma roue arrière crève juste à la hauteur de l’ambassade de France. Heureusement, au carrefour, un réparateur de roue attend sa clientèle. Il dispose de tout le matériel nécessaire, étalé sur le trottoir qui lui sert d’atelier. Du côté de l’ambassade c’est l’effervescence : on coupe l’avenue, les motos et véhicule de police, gyrophare et sirènes en action. Ce sont nos officiels (1er ministre ?) qui sortent de l’ambassade pour assister à l’intronisation du nouveau roi.

Pendant que j’attends pour ma roue, arrivent un cycliste et une autre motocycliste (à quatre sur la moto plus un gros sac de riz). Le réparateur a la pression !

" La marmite bouillante "

Retour à l’hôtel pour la douche de fin d’après-midi. À la nuit tombante, promenade vers le Palais royal d’où l’on tire un feu d’artifice. Impossible d’accéder au bord du fleuve : toutes les rues sont bloquées par des policiers. Des gens reviennent de la place où ont lieu les cérémonies. Beaucoup de gens en uniforme blanc arborant des décorations et des médailles…

Rues 107x232, restau chinois servant des marmites (bouillon + viande + divers légumes + nouilles) à remplir soi-même, et à bouillir sur un réchaud à sa table.

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05/02/2013

Journée en ville. Plusieurs petites choses à faire.

" La salle d'attente de Capitol tours "

Rendre le scooter plein de poussière : la gérante ne le regarde même pas et après avoir reçu le prix des deux jours de dépassement (sans supplément), elle me rend mon passeport, et avec un grand sourire « on espère vous revoir la prochaine fois au Cambodge ! »

Acheter le billet de bateau pour Chau Doc. Au Capitol tours, on me donne rendez-vous à 7h30 demain au guichet pour aller à l’embarcadère.

(photo :"La salle d'attente de Capitol tours")

Trouver un nouveau thermoplongeur, celui acheté en Inde montrant des signes de faiblesse (ce matin, pour faire mon café, j’ai vu des étincelles : réparation avec les moyens du bord – épissure et scotch). Au marché O Russei où l’on trouve de tout, je m’en procure un, made in China, pour 2USD (j’ai dû faire un dessin pour me faire comprendre).

Me réparer le pli intérieur du coude droit : suite aux coups de soleil, les énormes cloques ont crevées et il faut que j’y mette une pommade antiseptique. Les gens de la pharmacie (ultra moderne), m’aident à me soigner.

Bon, ces formalités accomplies, je passe la matinée à me promener entre le marché central et le palais royal.

 " 35° à l'ombre...dans ce marché en plein air "   " Atelier de sculpture " 
"Délicieux désert à base de riz gluant et d'ananas"   "Ici, la bière coule à flot"  "Salon de coiffure hommes" 
 " Ça pionce à tous les étages "   " On embauche..."
" Elle est pas prête, ma voiture ? "  "  Réparation électronique au marché O Russei " 

J’ai toujours le coup de cœur pour le marché central art déco : élégant à l’extérieur (il ressemble à une soucoupe volante), il a été conçu pour, qu’à l’intérieur, l’air et la lumière circulent. Ainsi, l’immense coupole centrale s’appuie sur quatre nefs, et chaque façade de cet ensemble est percée de centaines d’évents en forme d’accent circonflexe permettant à l’air chaud intérieur de sortir et être remplacé par de l’air plus frais. Aujourd’hui, son centre est occupé par des bijoutiers qui se sont approprié le lieu pour en faire un marché de l’élégance !

"Le marché central, l'extérieur"  "Le marché central, l'intérieur" 

Le quartier du palais royal, désert, est toujours interdit aux véhicules, mais on peut s’y promener. Les installations pour les cérémonies des funérailles sont toujours en place, et une douce et lente mélodie de gamelan s’en échappe, tel un glas.

Énième visite du Musée national. Collections toujours aussi belles, bien que dans mes souvenirs, les petits bronzes étaient plus représentés. Photos interdites (pourquoi ?).

La chaleur est à son comble, retour à l’hôtel pour une pause et du rangement.

Sortie de fin d’après-midi dans le quartier puis repas de poulet au gingembre dans un restau/bar 100% cambodgien, au coin st 198x115 où la bière coule à flots.

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06/02/2013

Debout tôt : je dois prendre le bateau pour Chau Doc, au VietNam, ville frontalière sur un des bras du Mékong. Un minibus affrété par Capitol tours ramasse les touristes au pied des hôtels et les emmène au débarcadère. Départ du bateau prévu à 8h, effectif à 8h45.

L’itinéraire du bateau est de descendre le bras principal du Mékong (Song Tien) jusqu’à la frontière. On ne voit pas grand-chose car c’est un petit bateau d’une trentaine de places, au ras de l’eau, et le Mékong est en basses-eaux. Les rives sont peu habitées. On croise des méthaniers et des pétroliers, des dragueurs de sable et quelques péniches. Le fleuve s’étale sur deux kilomètres de large.

" A l'agence des bus "  " Batelier, le pied ! "  " Il est pas beau, mon poisson fumé "  " Les péniches du Mékong "  

Dans le bateau, il n’y a que des touristes, une dizaine. Un Cambodgien sert de « convoyeur » : il remplit des formulaires, dont un qui liste les passagers et tous les détails. Il en fait quatre exemplaires, et bien sûr, il n’a pas de papier carbone. Discussions et échanges de tuyaux entre les passagers.

(à suivre dans le carnet https://www.myatlas.com/ctrlclic/carnet-de-jean-paul-c-en-2013-vietnam