Carnet de voyage

Carnet de Jean-Paul C au Mexique

48 étapes
35 commentaires
Quelques anecdotes totalement subjectives et partiales. Tout est idyllique avant le départ, mais la réalité reprend vite le dessus ...
Du 18 janvier au 6 mars 2023
48 jours
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Vol de douze heures. Boeing 777-300 plein à craquer. On a largement le temps de réviser nos classiques, tandis que le bébé de la voisine (dont le couffin est accroché à la paroi de la cabine) dort profondément !

" Dans l'avion " " Un aperçu  du trajet " " Maman dorlote son bébé "

Voici un petit résumé de nos lectures :

Les peuples premiers originaires d’Asie ont traversé le détroit de Béring (à l’époque asséché, - 20 000 ans), ont investi les continents américains du nord au sud, et une partie d’entre eux se sont sédentarisés sur le territoire de l’actuel Mexique. Ils y ont découvert de quoi se nourrir et développer de larges cultures sur des terres fertiles situées sur un plateau à 2 000 m d’altitude et au climat favorable dû à des pluies régulières [Plantes endémiques cultivées au Mexique avant l’arrivée de Christophe Colomb : haricot, tomate, avocat, maïs, coton, vanille, agave (pour l’alcool). Plantes d’origine nord-américaine cultivées au Mexique avant l’arrivée de C C : tabac, courge, tournesol, patate douce. Plantes d’origine sud-américaine cultivées au Mexique avant l’arrivée de C C : cacao, ananas, manioc, piment].

Ces conditions favorables les ont conduits à fonder des sociétés de plus en plus organisées, inventant localement la poterie, l’astronomie et une forme originale d’écriture. Ce qui a mis en concurrence les différentes ethnies. Les grandes civilisations précolombiennes, celles des temples, des palais et des pyramides, ont été, entre autres, les Olmèques, les Toltèques, les Mayas, les Aztèques.

Puis les conquistadors espagnols ont débarqué avec leur soif d’or et de terres nouvelles à offrir au roi d’Espagne. Leur conquête a complètement détruit ces civilisations (les temples et palais de la capitale Mexico ont été rasés par Cortés) et on estime aujourd’hui que, suite aux massacres et aux épidémies dues aux maladies apportées par les Espagnols et face auxquelles les Indiens n’étaient pas immunisés, la population indienne a chuté de 90% en une génération. Les Espagnols ont détruit certaines pyramides pour les surmonter par des églises, et ont imposé leur religion à ces peuples soumis à l’esclavage.

A présent l’espagnol est la langue nationale mais tous les Mexicains ne le parlent pas : une soixantaine de langues indiennes subsistent, dont le nahuatl (parlé par les descendants des Aztèques) et le maya par les descendants … des Mayas.

Les 19ème et 20ème siècle furent une succession de révolutions, insurrections et guerres civiles, sans oublier Napoléon III et sa tentative militaire française de création d’un empire colonial qui s’est achevée par une lamentable déroute.

L’histoire récente n’a pas échappé aux catastrophes et aux drames :

1968 : répression des manifestations à Mexico (Place des trois cultures) = 1 000 morts.

1984 : explosion du site pétrochimique de San Juan de Ixhuatepec en plein Mexico = 40 morts.

1985 : tremblement de terre de Mexico = 10 000 morts.

2010 et suivantes : guerre contre les narco trafiquants = 100 000 morts.

Il faut croire que la région Mexique est sous l’œil noir depuis longtemps déjà : il y a 66 millions d’années, une météorite grosse comme l’ile de Ré a fracassé le Yucatan à Chicxulub, provoquant force tremblements de terre, tsunamis et nuages de cendre faisant plusieurs fois le tour de la Terre, et suspecte d’avoir été à l’origine de l’extinction des dinosaures

…. … L’arrivée sur Mexico est assez impressionnante : après avoir dépassé le volcan Popocatépetl, on arrive sur la vaste agglomération de Mexico, bien enveloppée d’une brume grise (brume de chaleur ou pollution ?). L’aéroport se situe au centre de cette agglomération et à l’approche des pistes, on frôle le toit des immeubles !

Atterrissage un peu en secousses pour cette grosse bête qu’est le 777. Le passage de la « frontière » est une simple formalité, bien que les agents qui tamponnent les passeports ne font rien pour mettre à l’aise les touristes qui débarquent (épuisés…). Dans l’aérogare on déploie le reste d’énergie pour prendre quelques sous, et quelques repères pour la suite du voyage : d’où partent les bus pour Puebla, acheter le bon de taxi prépayé pour nous rendre à notre logement, où donc se trouve l’agence de location de voitures, Touracancun, qu’on a sélectionnée avant de partir. Or là, après de multiples allées et venues dans l’aérogare, on ne trouve rien et personne ne connait Touracancun ! Le doute nous envahit,... lorsqu’on déchiffre sur la réservation que ce loueur a des partenaires, à savoir d’autres loueurs de voitures pour lesquels ils rabattent la clientèle française. Bon, finalement on trouve le bon guichet (America car rental) dont l’employé nous confirme que c’est bien chez eux qu’on prendra la voiture …

La nuit est déjà tombée (19h) lorsque le conducteur du taxi Yellow Cab nous emmène au logement situé à 9 km de l’aéroport, dans un long immeuble de plus de dix étages. Il nous dépose au pied de l’immeuble et voilà qu’on traine nos petites valises à roulettes jusqu’à la grille d’entrée. Le loueur nous a fait parvenir par mail un plan en 12 étapes pour récupérer les clés et accéder à l’appartement.

Véro va pour s’emparer de son mobile qui contient le précieux sésame, mais constate avec horreur qu’elle ne le trouve plus ! Enfer et damnation ! On cherche dans toutes nos poches, sacs et diverses pochettes, rien. La conclusion semble évidente, le mobile est resté dans le taxi, qui vient de repartir. Nos recherches fébriles s’effectuent sous l’œil interrogatif du propriétaire du petit bistrot qui est à côté de l'entrée, de sa petite famille et d’un copain. Ils nous demandent ce qu’il se passe, on leur explique tant bien que mal avec nos trois mots d’espagnol. Et ils se proposent spontanément de nous aider : chacun de sortir son « cellular » pour essayer de contacter la compagnie « Yellow cab » ; mais ils ne parviennent pas à joindre la bonne personne.

On se dit alors qu’il faut retourner à l’aéroport. Les gars nous proposent d’appeler un Uber. Bien sûr on est d’accord. En attendant, on prend possession de l’appartement car heureusement on se rappelait des douze étapes, dont la plus cruciale est : comment récupérer les clés… Dans l’ascenseur qui nous mène au 9ème étage, une jeune dame nous accompagne, nous demande d’où on vient, - de France, alors elle lève les deux pouces en nous congratulant ! L’appartement s’avère être un bel espace (2 chambres, un salon, etc…), mais on redescend bien vite. Devant le petit bistro, les jeunes nous montrent l’application Uber et la réservation qu’ils ont faite : moins de 100 pesos (4,5 €), deux fois moins cher que les « Yellow cab »…

Le chauffeur est déjà là, et on retourne à l’aéroport, le ventre en vrac et assez angoissés car c’est avec ce « cellular » qu’on a la connexion et donc toutes les infos et réservations pour continuer le voyage… A l’aéroport, les gens de « Yellow cab » s’occupent de notre affaire. On attend tout de même une bonne demi-heure avant d’apprendre qu’ils ont localisé le chauffeur, puis qu’il a bien le « cellular » et qu’il arrive bientôt, soyez patients… Lorsque le chauffeur arrive et brandit le mobile à notre adresse, c’est le soulagement ! Du coup, on retourne avec lui à notre logement ! Cette affaire nous a coupé l’appétit ; il est 21h ici, mais 4h du mat avant qu’on mette nos montres à l’heure. On part se coucher, bien qu’on ait constaté qu’il y a un problème avec l’eau chaude !

" Notre Yellow cab "  "Mexico la nuit " 
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19 01

Nuit courte et sommeil agité. A 6h, on est debout !

Grâce au message adressé au proprio, celui-ci vient régler notre problème d’eau chaude. On bavarde un peu : il a accroché des photos de ses voyages en Europe, et celles sur Paris sont en bonne place. Il est content de recevoir des Français chez lui !

On sort de l’immeuble vers 10h ; il fait beau temps (24°), mais toujours cette brume ! Pour rallier le centre historique, on prend le métro à Tlatelolco pour descendre à Hidalgo. Le ticket coute 5 MXN (=25 centimes d’euro !). Il y a pas mal de monde dans les rames ; un train comporte une dizaine de wagons. A noter que les trois premiers wagons sont réservés aux femmes et aux enfants.

" Le métro de Mexico " 

On commence notre randonnée urbaine et touristique par le parc Alameda, un vrai poumon dans cette ville agitée. On longe le Palais des Beaux-Arts, immense bâtiment blanc-gris assorti de colonnades et de décors de femmes (artistiquement) dénudées.

" Le parc Alameda " 
" Le Palais des Beaux-Arts " 

De l’autre côté de la rue, on découvre avec surprise, les somptueux décors intérieurs de la Poste centrale.

" La Poste centrale " 

On pousse un peu plus au sud pour admirer la Casa de Azulejos, un bâtiment de l’époque coloniale dont les façades sont recouvertes de faïences blanches et bleues. Plusieurs salles de restaurant occupent l’intérieur, et comme il est midi, on s’installe pour déjeuner. Et comme aujourd’hui, on ne peut plus rien faire sans « cellular », pour avoir le menu il faut flasher un QR code collé sur la table aux moulures vernies… On choisit des spécialités aux œufs brouillés.

" La Casa de Azulejos " 

Notre déambulation se poursuit par l’église San Fransisco de Asis. Des gens y prient avec ferveur, certains carrément à genoux sur les dalles. On rejoint le Zocalo par la rue Madero, rendue aux piétons pour cause de magasins de semi-luxe. De nombreux mendiants sollicitent les passants.

" La rue Madero " 

Le Zocalo est une immense place piétonne, flanquée au nord par la cathédrale (en restauration) et à l’est par le Palais national, siège du président. Au pied de la cathédrale, des gens « déguisés » en chaman proposent aux passants une purification qui consiste à bruler des herbes sèches autour de leur corps, de faire des gestes saccadés au-dessus de leur tête et de leur glisser quelques évocations dans leurs oreilles…

" Le Zocalo et ses chamans " 

Le Templo Mayor est un espace d’un hectare recouvert des ruines de plusieurs temples construits par des dynasties précolombiennes avec une dernière couche par les Aztèques. Ces ruines ne sont qu’un petit reste de ce qui fut la plus grande ville du continent américain avant l’arrivée des conquistadors. Cette ville du nom de Tenochtitlan, fut fondée par précaution stratégique, sur une île au milieu d’un immense lac. Après avoir évacué l’eau du lac, la ville coloniale a été construite sur son emplacement. La découverte du site précolombien est récente. on y a trouvé la trace de sept pyramides emboîtées les unes sur les autres comme des poupées russes. Les archéologues retrouvent petit à petit des merveilles en creusant sous les bâtiments alentours, par exemple lors du remplacement du dallage de la cathédrale ! On apprend beaucoup à visiter ces ruines, surtout en explorant le musée qui recèle des objets étonnants.

Plan reconstitué de Tenochtitlan
Derrière les ruines précolombiennes, la cathédrale
" Les ruines précolombiennes " 
reconstitution du mode de vie précolombien
" Le musée " 

On erre dans les rues à l’est du Zocalo, derrière le Palais national : on se retrouve dans un quartier qui n’a rien à voir avec le centre historique, un quartier animé d’une foultitude de petits commerces, et devant lesquels les gens se pressent. On y vend de tout, même des habits de princesse pour des statuettes religieuses !

" Marchands et restaus de rue " 

Encore plus à l’est se tient le vaste marché couvert de la Merced. De petites ruelles étroites encombrées par les acheteurs et les porteurs qui se bousculent, séparent les étals surchargés de marchandises. Ici ce sont les bonbons et friandises par tonnes, là ce sont les fruits et légumes, plus loin les vêtements, puis les grosses gamelles de cuisine, et coincés dans des recoins, des petits bistrots qui proposent des tortillas, des soupes, des plats cuisinés… On tombe même sur une échoppe qui vend des tenues et accessoires pour chaman ! Les ramifications de ce marché sont immenses et débordent sur les rues où les véhicules ont du mal à avancer tant la cohue est immense.

Les sucreries à la tonne
Un coiffeur au milieu du marché
Les différents piments
Les différents piments frais
Feuilles de bananiers bien pliées
Le coin des gamelles
" Le marché de La Merced " 
" Tenues et accessoires pour chaman " 

Vers 17h, après avoir traversé le marché Sonora, on prend le métro à Pina Suàrez et on rentre pour aller faire quelques courses dans notre quartier. Autre ambiance : supermarché où tout est bien rangé, mais avec presque personne dans les allées… Repas de poisson "à la maison".

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20 01

On a dormi comme des souches… Réveil à 6h45. On traine un peu en regardant de notre fenêtre le lever du soleil au loin, derrière le Popocatepetl qui fume un peu. C’est le volcan qui veille sur Mexico. Il est pour la ville ce qu’est le Vésuve pour Naples. Mais ce matin, la brume est si épaisse qu’on ne le distingue pas très bien.

A dix heures, on est dans le métro afin de rallier la gare routière Norte. Il y a une correspondance à La Rasa : presque un kilomètre de tunnel ! Et, pour ne pas s’y ennuyer, des dizaines panneaux pédagogiques lumineux expliquent aux gens pressés les origines de l’Univers, de la Terre et de la vie sur Terre. Il y a même un passage de 50 mètres sans autres lumières que la reconstitution d’un ciel étoilé !

" La matière noire "   " L'attirance de la Capitale " 

Le Central de autobuses del Norte, juste à la sortie de la station de métro éponyme, est une immense structure moderne hébergeant, outre les guichets des diverses compagnies d’autobus, de nombreux établissements de restauration rapide et autres banques. On trouve facilement le guichet pour la destination de Teotihuacan, notre destination du jour.

" Le Central de autobuses del Norte "  

Le bus met une bonne heure à atteindre le site (embouteillages, arrêts pour prendre des passagers, accueil du marchand de churros).

Teotihuacan. Ce lieu est réputé pour être le plus vaste ensemble archéologique des Amériques : 4 km sur 2 ! Il a une histoire peu banale : dans sa période florissante, la cité comptait jusqu’à 200 000 habitants. Puis elle a périclité bien avant l’arrivée des conquistadors, les temples ont été recouverts de terre, si bien qu’on a oublié leur existence. Jusqu’au jour où, vers 1900, les archéologues ont mis leur nez dans les monticules de terre et ont découvert ce trésor du passé des humains en terre américaine.

Ce site comporte trois grandes structures : La citadelle et son temple de Quetzalcoatl, le temple du Soleil (symbole de l’Homme, du feu, etc) et le temple de la Lune (symbole de la Femme, de l’eau, etc). Leur nom a été attribué par les premiers archéologues, mais aujourd’hui leurs successeurs pensent que ces temples avaient d’autres attributions… peut-être une nécropole pour la Lune, et cosmique pour le Soleil. Bref, on ne sait plus ce qu’on croyait savoir… Toujours est-il que le site est impressionnant par sa dimension, par la rigueur géométrique de l’occupation des espaces et par l’impression de puissance qu’il dégage.

" Le temple du Soleil " 
" Le temple de la Lune " 
" Le temple de Quetzalcoatl et la citadelle " 
" Quelques achats " " Une vue sur le temple du Soleil " " En creusant, on trouve " "Puma " 
" Grandiose perspective (la calzada de los muertos = l'avenue des morts) "

Malheureusement il n’est plus possible de grimper en haut des pyramides …. De même, plusieurs bâtiments sont fermés au public alors qu’ils renferment des fresques millénaires. Seul un petit musée propose quelques beaux objets trouvés sur place. Ce musée est situé au pied de la pyramide du Soleil, dans une sorte d’oasis bien frais et bien agréable, alors que le reste du site est en plein cagnard (28°) et au milieu d’une brousse desséchée (comme nous…).

Regarde : tu es dans mon coeur !
" Le musée " 

On met trois heures pour accomplir cette rando archéologique de plus de huit kilomètres. On peut visualiser cette rando en cliquant sur le lien suivant : https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/teotihuacan-123856628

Bus du retour dans lequel certains s’assoupissent…

Métro pour se rendre à la station Balderas, pas loin de laquelle se situe le mercado de la Ciudadela, réservé aux objets d’artisanat. Avant d’y parvenir, on traverse un beau parc où des jeunes jouent au foot sous le regard sévère (et réprobateur) d’un général en bronze qui les menace de sa grande épée du haut de son perchoir. On entend une musique de salsa au fond du parc - on va voir. Il y a là un kiosque sous lequel dansent des couples de gens plutôt âgés. Et ils ont l’air de bien s’amuser. Certains sont très talentueux et font des figures bien compliquées ! Il y a une autre piste juste à côté, et d’autres couples y dansent sur des salsa différentes de celles du kiosque, mais ça ne semple pas les perturber, alors que nos oreilles sont en chou-fleur…

" Partie de foot "  " Salsa endiablée "

Le marché est un peu décevant car la plupart des boutiques proposent des articles d’usine, les mêmes qu’on trouve dans tous les lieux touristiques. Bon, si on avait terminé notre périple au Mexique par-là, on aurait sûrement rempli nos valises de souvenirs, mais là…

" Le mercado de la Ciudadela " 

Retour à la maison à l’heure du soleil couchant.

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21 01

Réveil à 6h. A présent, on est à peu près bien ajustés au décalage horaire. Une belle journée ensoleillée se prépare.

Métro jusqu’au terminus Indios Verdes. C’est là qu’on doit prendre le cablebus. Histoire de survoler la banlieue ! La municipalité de Mexico a décidé de se doter d’un moyen de transport léger et peu polluant : un réseau de télécabines passant au-dessus des maisons, ce qui est plus éco-nomi-logi-que que de creuser des tunnels. A la sortie du métro, l’entrée de la station de cablebus est très mal indiquée et on se perd un peu dans des ruelles encombrées d’échoppes vendant de tout et n’importe quoi. Cette installation est très récente : 2020. Arrivés aux portillons permettant d’accéder au quai d’embarquement, on est bien embêtés car, pour actionner les tourniquets, il faut une carte magnétique qu’on n’a pas. Devant notre perplexité, une employée vient à notre secours et avec un grand sourire, elle nous ouvre un accès sans portillon ! On veut payer les 6x2 pesos, mais elle nous fait signe de passer : pour nous, c’est gratis ! On monte dans la cabine sous le regard attentif de notre employée si serviable et on part pour une promenade aérienne de : aller 8 km (45 mn) + retour 8 km (45 mn) ! Pour nous, c’est une belle promenade, mais je suppose que ceux qui doivent se la taper tous les jours pour aller au boulot, ça doit les blaser… On fait tout de même un petit écart à la station Campos Révolution pour prendre la correspondance aérienne vers Tlalpexco.

On survole une banlieue bien organisée, même dans les espaces en relief. Vus du ciel, les quartiers sont vivement colorés, composés de maisonnettes serrées les unes contre les autres, avec des jardinets et des terrasses de toit pour la plupart bien aménagées.

" La banlieue nord, vue du cablebus " 

De retour à Indios Verdes, on essaye un nouveau mode de transport : le metrobus. Il s’agit de bus composés de trois wagons articulés qui circulent sur une voie routière qui leur est réservées sur tout leur parcours : ainsi la ligne 1 sur près de 30 km.

Là aussi, c’est assez compliqué pour passer les portillons, car là aussi il nous faut une carte magnétique ! Il nous faut l’aide de la guichetière pour que le distributeur (pas si) automatique nous délivre cette carte à 21 pesos (1€). Bref, on est debout dans le metrobus car les places assises sont prises d’assaut. Le conducteur n’a pas la conduite souple et il faut bien s’accrocher…

" Le metrobus " 

Insurgentes, c’est le départ de notre randonnée urbaine qui, aujourd’hui samedi, a pour but de relier quelques places et parcs de Mexico. Voici l’itinéraire : place El Angel, place de Diane chasseresse, parc d’Espagne (bals), parc Mexico (bals, animaleries), place de Madrid (fontaine aux lions), place de Rio de Janeiro (statue de David), jardin Dr Ignacio Chavez (brocante), parc Tolsa (brocante jouets), jardin Ciudadela (bals), quartier « chinois » Independencia x Dolores, parc Alameda (spectacles de rue), place de la Conception (clochards…), place Garibaldi (mariachis), place des Trois cultures.

Les stands d'Insurgentes
La place de l'Ange de l'Indépendance
Place de Diane chasseresse
Les tacos du repas de midi
art déco à Condesa
art déco à Condesa
Fleuriste au parc Mexico
Bal au parc Mexico
Bal dans le parc d'Espagne
" La randonnée du samedi " 
Bal jardin de Ciudadela
Place Madrid
Parc Mexico
Place Rio de Janeiro
Brocante jardin Dr Ignacio Chavez
Brocante parc Tolsa
Parc Alameda
Beaux habits pour danser
" La randonnée du samedi "  

On peut visualiser cette rando en cliquant sur le lien suivant : https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/roma-condesa-ciudadela-garibaldi-3-cultures-123969916

On est samedi : les gens sont de sortie ! les restaus, les gargotes, les estaminets sont pleins, et les parcs sont animés par des bals plus ou moins impromptus, les gens apportant leur sono, ou encore apprenant des pas de danse sous la conduite d’un(e) coach ! Des brocantes attirent les collectionneurs qui se bousculent pour acheter des voitures miniatures, des poupées barbies ou de vieux disques… On peut même repartir avec un chat ou un chien !

On a la surprise de débarquer dans le quartier « chinois » signalé par de grands portiques et où l’animation est à son comble : c’est la fête du nouvel an ! bousculades dans la fumée d’énormes barbecues ! On n’a pas vu un seul Chinois ! Mais les Mexicanos sont fans de fêtes !!

 La randonnée du samedi : Nouvel an " 

Même cohue derrière le palais des Bellas Artes où on a la surprise de voir une bouche de métro Guimard … Quant à la place Garibaldi, les mariachis ont du mal à trouver des couples intéressés par une de leur prestation personnalisée.

Station de métro parisienne
Place de la Conception
Tags place de la Conception
Les mariachis de la place Garibaldi
Les mariachis sollicités pour fêter un anniversaire
Place des trois cultures
" Dernières étapes de la randonnée urbaine du samedi " 

On rentre à la maison vers 18h après avoir fait 18 km ! En sortant ce matin, il faisait 14° ; à midi il faisait déjà 28° et en rentrant 20°.

A propos des bals qui furent la surprise du jour - il vous faut imaginer l’étonnante ambiance qui anime leurs participants : au-delà de la musique tonitruante des salsa, cha cha cha, et autres rythmes tropicaux, c’est la joie des retrouvailles du samedi, c’est, pour les anciens, le bonheur de retrouver les élans de leur jeunesse, pour les jeunes, d’apprendre à trouver la souplesse et l’élégance des anciens, et pour la plupart de vêtir pour l’occasion leurs « habits du dimanche ».

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22 01

Le temps se maintient au beau fixe ; l’air semble plus léger et le ciel est bleu. Moins de grisaille. Moins de pollution (moins de circulation le dimanche) ? Une grosse journée nous attend : journée musées !

Métro jusqu’à la station Chapultepec « = la colline des criquets ». L’entrée du vaste parc éponyme est juste à la sortie du métro. Ce parc boisé héberge cinq musées, un zoo, un jardin botanique, plusieurs lacs où on peut louer des barques et des pédalos. C’est donc le lieu favori des Mexicanos pour venir s’y promener le dimanche avec les mioches ! Et, à 9h, lorsqu’on entre dans le parc, on y voit déjà beaucoup de monde et surtout, le long des allées, une multitude d’échoppes, serrées les unes contre les autres, proposant jouets, tatouages éphémères, barbe à papa et autres sucreries et même des jumelles en plastic pour 10 pesos (0,5 € !).

L'avenue de la Réforme est interdite aux voitures !
" Le parc de Chapultepec " 

Premier musée : le Castillo. Ce fut le château résidentiel de Maximilien, le roi éphémère du Mexique, propulsé par Napoléon III, puis occupé par des présidents mexicains. Ce château se situe sur une colline et offre une belle vue sur la ville et la perspective qu’offre le Paseo de la Reforma. Il se trouve qu’aujourd’hui, la visite est gratuite. Une partie du château présente les appartements princiers dans leur jus, et on ne peut pas dire que les gouts d’ameublement de l’époque étaient légers et fonctionnels… Les terrasses fleuries par contre sont plus raccord avec l’idée qu’on se fait d’une vie de princesse.

Maximilien,le roi éphémère
" Le Castillo "

L’autre partie du château est occupée par le musée de l’histoire mexicaine qui est considérée comme commencer avec l’arrivée des Espagnols en 1520 et finir avec la révolution de 1910. Beaucoup de tableaux, peu d’explications…

La conversion des Indiens
Zapata
" Résumé de l'histoire du Mexique " 

Nous traversons le parc pour rejoindre le Musée national d’Anthropologie. Ce musée propose de découvrir les us et coutumes des différentes ethnies contemporaines qui composent le pays, et parallèlement, de remonter le temps pour explorer les civilisations florissantes de la période précolombienne. Ainsi la première salle est consacrée aux origines de l’humanité avec parmi des centaines d’objets préhistoriques, une reproduction des ossements de Lucy jusqu’aux peintures rupestres de Lascaux !

Exhaustivité, c’est la caractéristique de ce musée ! On y apprend beaucoup de choses, bien que les explications soient 75 % en espagnol et 25 % en anglais. Il y a des dizaines de milliers d’objets dans les vitrines, des reconstitutions de palais, d’immenses statues et mêmes des ruines enfouies dans la végétation tropicale dans les jardins extérieurs.

" L'entrée du musée" "La femme mexicaine parmi les femmes du monde" 
" La vie quotidienne des différentes ethnies" 
" Les antiquités précolombiennes " 
codex
Bas-relief commenté par des glyphes
Glyphes
Calendriers
" Calendriers et écriture " 

La tombe d’un prince maya est réinstallée au sous-sol du musée pour bien faire sentir aux visiteurs la force de l’inframonde… on n’a pas pu élucider vraiment ce que contenait ce concept d’inframonde, seulement qu’il était aussi puissant que le vrai monde, et qu’il devait guider les âmes au même titre que ce dernier. C’est là qu’on y met les morts, mais c’est aussi là qu’on y met les graines qui donneront la vie. Sans parler de l’eau qui jaillit des sources. Ces sociétés n’auraient jamais osé creuser des tunnels pour le métro de peur de troubler l’ordre cosmique…

Au bout de trois heures de visite, on est sur les rotules, mais avec un petit creux dans le ventre.

On sort du parc par le nord et on aborde le quartier ultrachic de Polanco. On déjeune vers 14h30 dans une petite échoppe échappée des projets immobiliers : au menu des empanadas (chaussons fourrés et frits). La traversée de ce quartier bourgeois nous permet de voir (à nos dépens) qu’ici les propriétaires de chiens ne ramassent pas les crottes de leurs clébards alors que c’est la règle dans le reste de la ville… Sinon la vie est belle ici, entre les restaurants chics, les boutiques de bijoux et de vêtements pour … chiens ! On passe devant l’Alliance française dont les affiches proposent aux étudiants mexicains des études magnifiques pour apprendre le français.

" Polanco : une princesse, le passage des bijoutiers, une maison plaquée or " 

Aux confins ouest de quartier, une ancienne zone industrielle a été reconvertie en une zone de gratte-ciels hébergeant les bureaux de sièges sociaux de grandes compagnies. Et c’est là aussi que se situe le musée Soumaya. Outre une belle architecture moderne, ce musée héberge la collection privée d’un milliardaire mexicain, que ce dernier offre à visiter au reste du monde. Et ce, gratuitement ! Lorsqu’on parvient aux abords du site, on est stupéfait par l’immense queue qui zigzague devant la porte : des centaines de mètres !!

" Le musée Soumaya " 

Découragés, on décide de tourner les talons, et tant qu’à être dans le coin, autant faire notre réapprovisionnement dans le supermarché juste en face. Mais là, ce ne fut pas une bonne idée… Déjà, l’immensité du store. Ensuite, l’organisation des chalandises : comparables aux rayons de chez Ikea, sauf que ce ne sont pas des palettes de meubles superposées, mais des palettes de boissons, fromages, nouilles, PQ, etc vendus par lots de 10 ou 20… On est un peu perturbés car on voulait modestement une bouteille de jus de fruit et un peu de quoi faire le repas du soir… On trouve tout de même dans le coin rôtisserie un poulet sorti du four (on laisse tomber le jus de fruit)… Mais une fois à la caisse, même Kafka n’aurait pas imaginé la suite : on fait la queue, on pose notre poulet encore chaud sur le tapis roulant. Le caissier nous demande notre carte : on sort la carte de crédit. Il n’en veut pas. Et là ça part en vrille, on ne comprend rien, le gars insiste et ne veut pas prendre notre carte, et les gens impatients derrière nous s’en mêlent, le ton monte car les gens voudraient bien passer. Mais le gars insiste, il ne peut pas nous encaisser (c’est le cas de le dire) ! Finalement, on comprend le fin mot du blocage : il faut avoir la carte du magasin pour avoir le droit d’acheter chez eux ! Alors les gens derrière nous s’empressent de dire au gars que c’est eux qui vont payer le malheureux poulet, mais non, pas question ! c’est interdit par le règlement. La dame derrière nous s’empare alors du poulet et le met parmi ses courses ! Mais le gars reprend le poulet et le garde comme si on allait lui reprendre. Au passage un client de la caisse d’à côté l’engueule vertement. Quelle histoire ! Alors on se tire de là, en lui laissant le poulet rôti (déjà dans l’inframonde) sur les bras. Sans omettre d’aller dire deux mots aux administratifs qui gèrent les demandes des clients à la sortie du store. On quitte ce centre commercial et assez estomaqués par cet épisode.

Mais dehors une bonne nouvelle nous attend : la queue au musée Soumaya s’est résorbée. Alors on tente l’aventure ! Une collection d’œuvres de Rodin et de beaucoup d’autres sculpteurs nous attend au sixième étage et c’est un réel plaisir de les admirer - mieux, ça nous apaise de l’épisode précédent. Les étages en dessous sont combles de trésors innombrables, faisant côtoyer Bruegel avec Chagall, la renaissance italienne avec les Muralistes mexicains. Et au rez de chaussée, le David nonchalant et à poil devant la Porte des enfers…

Un des Bourgeois de Calais par Rodin
L'implorante par Camille Claudel
Un essai en terre pour La Danse par Carpeaux
Baigneuse par Marcel Bouraine
Zapata
" Au musée Soumaya " 

Il est presque 19h lorsqu’on rallie le métro assez éloigné de San Josquin. Au passage, on achète un poulet rôti dans une succursale de la chaîne Santo Gallo…

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A droite, derrière l'immeuble, le Popocatepetl

23 01

Au lever du soleil, le ciel est clair, et la chaine de volcans se découpe bien à l’horizon, le Popocatepetl fumant dans son coin. Quand on sort, il fait déjà 25° !

On prend le métro pour rallier Xochimilco, 30 km au sud du centre-ville. Cette banlieue est le terminus sud de la ligne « Tren ligero », le terminus nord étant Tasquena, station où elle se raccorde au réseau principal. Depuis chez nous, il faut tout de même compter une heure de trajet.

" Tren ligero " 

Xochimilco est un vestige de l’ancien lac de la vallée de Mexico. Il y subsiste tout un réseau de canaux, et l’endroit est propice pour les cultures maraichères, l’horticulture et les pépinières. C’est l’endroit privilégié des Mexicanos pour aller y faire un tour en barque, voire faire la fête à l’occasion d’un mariage ou d’un anniversaire. On peut même faire appel à des mariachis pour l’animation et aussi commander un repas… Nous allons nous contenter d’un petit tour !

Nous sommes à cinq stations du terminus dans le petit train bleu de Tren ligero (à la station Tepepan), lorsqu’un employé du métro passe la tête par la portière et crie : il y a un problème, une manifestation bloque les voies, il faut descendre ! Les policiers qui font évacuer les wagons expliquent vaguement comment rallier la station suivante El Noria. Du reste, on suit les passagers dans les rues de cette banlieue qu’on n’avait pas l’intention de visiter… Arrivés à la station El Noria, on traverse effectivement un barrage des routes par des manifestants, peu nombreux mais efficaces car aucune voiture ne passe. Ils ont cependant libéré les voies du métro, maintenant gardées par une policière. On ne voit aucune pancarte, on n’entend aucun slogan : on ne saura pas la cause de cette manifestation. A la station El Noria, on reprend le métro comme si de rien n’était …

" Traversée imprévue de la banlieue "  " Les manifestants bloquent les rues " 

Il y a un petit bout de chemin depuis le terminus pour atteindre les canaux, et c’est un peu la confusion car il y a des panneaux fléchés « embarcadero » dans tous les sens. Et lorsqu’on aperçoit les canaux, c’est surtout grâce à la présence colorée des barques ! A un des embarcadères, on est abordé par un gars qui nous propose un tour en barque. Il nous embrouille un peu la tête, et surtout il nous propose des prix astronomiques. Alors qu’on longe le canal, une jeune dame nous rattrape et ses propositions sont plus claires et d’un prix plus abordable : 600 Pesos pour une heure (30 €). En fait, c’est le tarif de la barque qui peut contenir jusqu’à 15 passagers.

Une heure de promenade en barque à fond plat sur ces canaux est bien agréable, loin du bruit des voitures, et au milieu d’une banlieue bien verte qui mêle des pavillons, des jardins, des pépinières,… La barque avance grâce à un canotier qui la manœuvre à l’aide d’un grand bâton en bambou qu’il plante dans la vase et pousse de toute son énergie. Il faut être fort et habile ! Peu de barques aujourd’hui, cependant. On en croise quelques-unes, mais une seule avec des mariachis aux airs enjoués.

Curieux décor
Les mariachis poussent la chansonnette
" De par les canaux de Xochimilco "

A midi, déjeuner de tacos dans une gargote.

" On prépare nos tacos " 

On visite un peu cette petite ville bien animée : mercado, zocalo, église…

" Un peu de Xochimilco " 

Traversée sud > nord de l’agglomération de Mexico.

Visite du haut lieu du catholicisme mexicain : la basilique Santa Maria de la Guadalupe. Maintenant il fait plus de 30° et le soleil tape fort. La grande esplanade devant l’ensemble religieux est plutôt clairsemée. La place est entourée de deux églises anciennes, et d’une église récente d’architecture résolument moderne. La basilique ancienne penche du côté qu’elle va tomber et on comprend pourquoi il en faut une autre… Lorsqu’on entre dans la basilique neuve, un prêche est en cours, mais je pense qu’il s’agit d’un office non-stop. Il y a pas mal de monde à écouter et à reprendre les chants. Derrière l’autel où officie un prêtre, est tendu un immense drapeau mexicain avec au-dessus une icône de la vierge ; celle-ci est apparue à un péon nouvellement baptisé, et son image s’est imprimé sur la cape de ce dernier : miracle ! On descend à la crypte et on a la surprise de voir une installation peu banale pour une église : quatre tapis roulants (dont un en panne et en réparation) destinés à trimballer les pèlerins sur quinze mètres sous le drapeau et l’effigie de la vierge ! Mécréants que nous sommes, on n’hésite pas une seconde pour se mêler aux pèlerins et participer à l’attraction ! Puis on grimpe sur une colline, dotée d’un autre édifice religieux, et de là on admire la vue sur Mexico, un peu dans la brume. En redescendant par un autre chemin, on découvre un groupe de statues très réaliste représentant les offrandes à la vierge.

L'église moderne
Les deux églises anciennes
Les tapis roulants
Pour la photo souvenir
Offrande à la vierge
" La basilique Santa Maria de la Guadalupe " 

On rentre « à la maison », pour une fois avant le coucher du soleil ! Au menu, encore du poulet rôti !

7

24 01

Il fait toujours aussi beau. On prend le metrobus 1 à Buenavista pour La Bombilla, dans le quartier de San Angel, au sud de la ville. On traverse des quartiers d’affaires, aux avenues débordant de magasins de luxe et aux immeubles en cube de verre teinté. 45 mn quand même …

Le quartier de San Angel est plus cool : une petite colline aux rues pavées à l’ancienne, habitations pavillonnaires, restaus chics : on est dans le quartier des gens aisés qui préfèrent se protéger derrière de hauts murs surmontés de barbelés. Et si on vient au restau en voiture, on laisse les clés au valet qui se charge de la garer. C’est dans ce quartier que se trouvent les ateliers de Diego Rivera et Frida Kahlo. Manque de bol, le gardien à l’entrée nous indique que le musée est fermé pour cause de travaux ! il nous sort même un papier de sa poche où c’est écrit en anglais… Frustration.

La fontaine de la casa del Risco

Par de petites rues on atteint la casa del Risco, une demeure ancienne restaurée par des millionnaires. Ils l’ont transformée afin d’y exposer leur collection d’œuvres à connotation religieuse. Le patio est agrémenté d’une imposante fontaine aux décors étranges : coquilles d’huitres, céramiques et assiettes chinoises !

On pousse notre déambulation jusqu’au musée d’El Carmel, qui comme sont nom l’indique, est un ancien couvent. Encore une collection de tableaux et autres objets célébrant la religion catholique … les cellules des carmélites font six mètres carrés, et le sous-sol recèle des corps momifiés ! Ambiance …

Le cloitre du couvent
Cellule de carmelite
Les clients du sous-sol
BD pédagogique pour carmélite
"El Carmel " 

On traverse une grande avenue bruyante et on se retrouve dans le quartier de Coyoacan, autre quartier pour gens aisés, mais plutôt bons vivants avec des restaus ouverts sur la rue.

La casa Albarado
" La casa Albarado " 
" Quelques vues du centre de Coyoacan " 

On visite le musée des aquarelles, dans une petite maison au milieu d’un beau jardin. La visite commence par les « codice », des textes précolombiens racontant des légendes et peints sur des « papiers » à l’aide d’eau et de pigments : les ancêtres des aquarelles. La visite se poursuit par deux expositions, celle de la collection du musée, puis celle rassemblant des œuvres récentes d’artistes du monde entier. On est bluffé par les performances de certains artistes.

"Codice" précolombien
Le musée des aquarelles
" Aquarelles " 

Le cœur de Coyoacan est très animé : nombreux restaurants sur le zocalo (la grande place arborée), jardins publics, et à proximité, le mercado débordant de victuailles et de monde pour les acheter ! Dans le coin des stands de nourritures préparées, on fait une halte pour y déguster des tostas, une variété de tacos… débordants de salade de bœuf, porc en lamelle, avocat, etc… et accompagnés de grands verres de jus de fruits frais.


On atteint la maison bleue de Frida Kahlo, mais les gardiens à l’entrée nous expliquent que c’est complet aujourd’hui, qu’on ne peut pas acheter de billets sur place et qu’il fallait réserver sur internet ! Frustration N°2… Bon, on change la programmation : il est encore temps d’aller visiter le palais national. Mais, le temps de rallier la station de métro Coyoacan, assez éloigné (1,5 km) du centre du quartier, puis découvrir qu’il y a des problèmes sur la ligne, ce qui fait que la rame n’avance pas… bref, on dépasse largement l’heure de fermeture du palais. Frustration N°3 ! Il y a des jours comme ça. Donc on rentre tôt, ce qui n’est pas plus mal, car on a les valises à boucler : demain matin on quitte Mexico !

8

25 01

Debout très tôt : 5h30. Il s’agit de rallier l’aéroport, car c’est là que nous devons récupérer la voiture de location, et ça avant 10h. Hier soir, nous avons convenu avec le patron du bistrot au pied de l’immeuble qu’à 7h30, ce matin, il serait là pour nous aider à commander un Uber (il est vrai qu’on a la flemme de télécharger l’application…). Ce matin, le patron est là (tout ébouriffé car il vient de se réveiller !). La voiture est là au bout de quinze minutes !

A l’aéroport, au guichet qu’on avait repéré, on nous embarque dans une camionnette : à 3 mn il y a le parking des voitures de location. La suite n’est pas « comme une lettre à la poste » (quoique, aujourd’hui…). On remplit des papiers, on coche des croix, on fait le tour d’une voiture avec le gars qui contrôle son état, on signe encore, on prend des photos de la voiture sous toutes ses coutures, etc… On est presque prêts à mettre nos affaires dans le coffre, lorsque le responsable de l’établissement nous dit que ça ne va pas : cette voiture n’a pas le droit (?) de circuler après le 2 février, et nous on la rend le 6… Alors, il nous trouve une autre voiture qui va bien pour les dates, mais qu’il faut laver, en refaire le contrat et les photos, etc . Bref on passe plus d’une heure à ce manège.

Panneau signalant un tope

La prise en main est facile, il s’agit d’une bas de gamme (mais comme neuve) de chez Chevrolet … Puis ce qu’on appréhendait le plus : la circulation nimportekawak de Mexico, s’avère relativement aisée. Quelques problèmes cependant : les nids d’autruche dans le goudron, la signalisation incompréhensible pour quelqu’un qui ne connait pas la ville, les péages tous les 5 km (on a emprunté un genre de périphérique), et quelques embouteillages. On s’est même égaré dans un échangeur tout neuf à multiples bretelles et que même Mr Goo s’est trompé d’itinéraire… On découvre aussi les redoutables topes, version locale des gendarmes couchés, et il y en a parfois tous les cinquante mètres !

Ici, Estacionamiento !

Notre première destination est Tepotzotlan, à 40 km au sud-ouest de Mexico. On traverse une banlieue interminable et bordélique, et cette ville est elle-même englobée dans le grand Mexico. Il y a dans cette ville un monument historique « à ne pas rater » : le musée national del Virreinato (de la Vice-royauté). Donc on se faufile dans les rues, il y a pas mal de circulation et pas de places pour se garer. On demande à un flic qui règle la circulation à force coups de sifflets, où trouver un parking : il nous indique l’entrée d’une maison privée dotée d’un grand E entouré d’un cercle rouge. On comprend qu’il s’agit d’un parking, et ce E est l’initiale d’Estacionamiento … on nous demande 30 pesos, quelle que soit la durée.

Le monument national del Virreinato est un établissement religieux comportant église (St François X), chapelles, couvent etc. Il s’agit de voir ici l’apogée de l’art baroque de la Nouvelle Espagne. Et on est servi ! D’immenses retables, dotés de milliers d’angelots, de personnages, d’images saintes, le tout recouvert d’une épaisse couche de peinture dorée, se dressent sur les quatre côtés de la nef. Les chapelles, pareil, avec en plus le carrelage au sol bleu profond. Une orgie de décorations.

" Le monument national del Virreinato " 

Cette exubérante expression de richesse nous met en appétit et on va en face, au mercado, se nourrir de tacos bien remplis.

" Le centre de Tepotzotlan " 

On reprend la voiture pour aller voir deux petits sites absolument non touristiques : deux ponts situés sur le « Camino real », cette route pavée construite par les Espagnols au 16ème siècle traversant le Mexique du sud au nord, et servant à évacuer le produit le plus recherché des mines : l’argent. Ces ponts et des portions de cette route sont inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco ! Le premier pont sert encore à la circulation automobile, et les piles sont envahies par la végétation. Il n’est absolument pas mis en valeur et pourtant il a de beaux restes. Le deuxième auquel il faut accéder par de petites routes est en meilleure santé, le pavage de pierres volcaniques doit être d’origine et l’environnement est plus agréable. Là on peut imaginer les mulets lourdement chargés trimbaler de lourds sacs.

" Deux ponts situés sur le « Camino real » "

Dernière étape du jour, les ruines précolombiennes de Tula. Ce site a connu son heure de gloire à la suite de la chute de Teotihuacan. Une immense cité dotée de tous les conforts possibles à l’époque (l’an 1200) : rues, égouts, canaux, a été construite par la civilisation olmèque, et ses élites ont bâti sur une colline dominant la cité un important complexe politico-religieux. Deux pyramides, des palais à colonnades, des aires de jeu de pelote, etc. Le plus admirable sont les « Atlantes »,, fausse dénomination pour désigner des colonnes cylindriques dressées regardant vers le sud du haut d’une des pyramides. Il faut imaginer que ces statues étaient à l’origine les colonnes d'un temple dont le toit et les murs ont aujourd’hui disparu. La base de la pyramide était décorée par de bas-reliefs symboliques : serpents à plumes, pumas, etc.

Les Atlantes
" Les ruines précolombiennes de Tula " 

La fin de la journée est consacrée à quelques courses (de quoi faire une salade d’avocats) et on va prendre possession du logement du jour. Il s’agit d’un petit appartement situé au fond d’un passage fleuri, et tenu par une dame style babacool, mais de nos âges… L’appartement est complètement raccord avec le style et nous convient bien. On termine la journée par une petite visite du centre-ville, où l’église, aux murs sans décors, tranche avec la vision d’opulence de ce matin.

" Les décors d'église à Tula sont plus sobres... "  " Tula au coucher du soleil " 
9

26 01

Cool mais pas très, la dame du logement ! Hier soir, après nous avoir demandé par sms l’heure de notre départ, et avoir répondu «à 8h », elle nous renvoie un message, nous disant qui si notre intention est de partir à 20h, il faudra compter une journée supplémentaire. Meuh non, qu’on lui a répondu, ce sera bien à 8 am comme on écrit ici !

En sortant de notre logement, on est saisi par le froid ! La ville est complètement dans la brume et les gens sont habillés d’une triple épaisseur de doudoune + gros bonnet + masque. Notre destination du jour : Queretaro, (de fait : Santiago de Queretaro) toujours sur la route du nord-ouest.

Et, histoire de casser la monotonie des autoroutes, on va faire une halte pour voir un pont del Camino real, et quelques vestiges de cette ancienne route espagnole. Pendant une bonne heure, on circule, par de petites routes sur un plateau couvert de plantes rabougries , en suivant de gros camions qu’on hésite à doubler tant le brouillard limite la visibilité. Et finalement, c’est bien utile, car ils ralentissent à chaque tope, et ça nous aide bien : ils sont quasiment invisibles ! Finalement au bout d’une heure, on sort du brouillard, et enfin retour du soleil et de la chaleur !

Le pont d’Aculco (toujours classé Unesco) traverse une petite rivière où il n’y a presque pas d’eau, mais beaucoup de détritus.

" Le puente de Piedra d'Aculco " 

Quant à la Chaussée espagnole (à 3 km de là, et classée elle aussi), elle est perdue dans la campagne sans indications pour la trouver, et il faut arpenter une colline pour enfin la dénicher. Il y a des bâtiments, tout neufs, qui devaient servir de musée, mais tout est à l’abandon.

" El camino real "  " Le musée abandonné "
Les banos d'autoroute (5 pesos)

On sort des petites routes et de leurs topes, pour prendre l’autoroute qui mène à Queretaro. Le problème ne sont plus les topes, mais les énormes camions qui doublent à 130, alors que la vitesse est limitée à 80 !

L’arrivée sur Queretaro nous prend à rebrousse-poil : réputée romantique, calme et reposante, ce sont les embouteillages, les bretelles d’autoroute mal signalées, les gratte-ciels comme horizon qui cassent l’image qu'on s'était faite ! On trouve notre logement avec quelques difficultés, et comme il est midi, on va déjeuner dans une cafétéria à proximité : tacos et gorditas (sorte de gros blinis de maïs, entaillé dans la tranche et rempli comme on le fait avec les tacos). On est repu !

On visite le centre historique, et là, c’est vrai : la ville est reposante, avec quelques rues et places piétonnes bordées d’arbres (ficus) taillés au cordeau, avec nombre d’églises (hou la la, les fioritures baroques), de maisons coloniales, et un mercado nuevo bien animé. On déambule ainsi toute l’après-midi en poussant jusqu’à l’impressionnant aqueduc.

Le zocalo
Restaurants Plaza de Armas
Le musée d'art moderne (dorénavant, ne jetez plus vos pneus !)
L'aqueduc
L'aqueduc

Queretaro est chère aux Mexicains, car c’est dans cette ville que fut fomenté en 1810 la rébellion contre la domination espagnole qui aboutit à l’indépendance du pays une dizaine d’années après. Et ici, tout est classé monument historique et patrimoine de l’Unesco, même les pavés.

On s'arrête à chaque carrefour, et on laisse passer celui qui est arrivé avant
Sortie d'école
Au mercado nuevo
Au mercado nuevo
La mode mongolfière
" La vie quotidienne à Queretaro " 

Visite d’un musée : la casa de la Zacatecana où l’on ressent fortement la vie empesée des bourgeois du 19ème siècle. A l’époque, il s’y est déroulé une sombre histoire : un triple meurtre, qui aurait fait un bon scénario dans « Meurtres à Queretaro » !

" La casa de la Zacatecana " 

On dîne « à la maison » d’une salade d’avocats.

10

27 01

A 8h, on est sur la route. Temps couvert, légèrement frisquet. On quitte cette ville tentaculaire par la route du nord-ouest.

Première étape : San Miguel de Allende, à une heure de Queretaro. On trouve à se garer à côté d’un point de vue sur la ville, et déjà on est conquis par le site : une cité aux maisons colorées au milieu desquelles surgissent nombre de clochers. On descend du point de vue par des rues pavées à l’ancienne et où on se tord un peu les pieds, car les pavés sont de simples gros galets. La visite se résume par une promenade dans les rues du centre qui est piétonnier. Donc, plein d’églises, des demeures qui sont autant d’hôtels particuliers avec patio et colonnades, et de nombreuses places aux ficus bien taillés. C’est la ville espagnole coloniale presque dans son jus d’origine. Il y a pas mal de touristes, pour la plupart des US.

" San Miguel de Allende " 
" San Miguel de Allende "  

Selon de guide du R, il y a ici beaucoup de retraités US qui s’y sont retranchés, ce qui a fait monter les prix de l’immobilier. Dans une agence, on a pu le constater : prix d’une habitation coloniale avec piscine : 1 200 000 $... Lorsqu’on achève la promenade en ville, le ciel s’est dégagé.

Dès qu’on quitte San Miguel, le paysage change : une succession de collines aux prairies jaunies par l’hiver sec, parsemées d’arbres qui semblent desséchés (mais peut-être qu’à la saison des pluies, le paysage change).

Deuxième étape : le puente Quemada *, (encore !) un pont sur le Camino Real. C’est le mieux conservé de tout ceux qu’on a vus ; il est au bout d’une piste poussiéreuse, loin des habitations et à l’abri des déchets.

" Le puente Quemada (brûlé)" 

Troisième étape : Guanajuato. On revient un peu sur nos pas, puis direction ouest, direct vers les montagnes qui bordent le plateau. La route serpente tranquillement, avec parfois des virages un peu secs. Peu de circulation. Voilà qu’à un moment, les voitures venant d’en face font des appels de phares. Réflexe franchouillard : on se dit que les gendarmes ne sont pas loin ! Mais dans un virage, on voit un gars avec un drapeau faire de grands signes : il faut ralentir ! puis dans un deuxième virage, accostés le long de la route, une demi-douzaine d’ambulances, des pompiers et des civières, et de l’autre côté de la route, en contrebas, sur le flanc, un autocar (bleu) bien abîmé arrêté dans sa chute par des arbres. Autant dire que ça calme. Des gens organisent la circulation, et il nous faut passer rapidement. A présent la route descend vers Guanajuato, et on croise une dizaine d’ambulances et autant de pompiers et de police qui montent vers le lieu de l’accident.

A l’approche de la ville, on s’arrête à côté du parvis d’une belle église (encore…) (temple San Cayetano) qui surplombe la ville. L’église est belle, et aussi surtout, la vue sur la ville !

" Temple San Cayetano " 

La descente sur la ville est surprenante : du jamais vu ! Parvenus au plus bas de cette ville encaissée, la rue se transforme en tunnel et sur plusieurs centaines de mètres, on circule sous terre ! Le GPS perd le contrôle, et on est complètement angoissé par les tunnels qui se succèdent, qui s’emboitent, et s’entrecroisent, la circulation des voitures, bus, camions allant avec, et même des piétons ! et le tout dans l’obscurité. Quelques panneaux indicateurs, mais faut savoir les lire… Pourquoi autant de tunnels, depuis quand ? Guanajuato est une ancienne ville minière : y a-t-il un rapport ?

Quand on sort à l’air libre, enfin le GPS fonctionne et après quelques hésitations, il nous conduit à un point qu’on avait sélectionné : le monument de Pipila (un héros de la guerre d’indépendance). Il se situe au sud de la ville, sur les hauteurs de la route panoramique et de là on a encore une vue incroyable sur la ville en contrebas.

" Le monument de Pipila  "  " Depuis le temps qu'elle attend le bus..."  " Guanajuato "

On doit loger dans une maison située dans la banlieue sud de la ville. On fait quelques courses dans un centre commercial super moderne, qui détonne avec cette banlieue aux maisons éparpillées parmi des terrains vagues, parfois remplis d’épaves (de voitures…). Mais cette organisation urbaine semble assez commune au Mexique.

Le gars avec qui on a communiqué pour ce logement, est un jeune enthousiaste, parlant parfaitement l’anglais (ce qui est rare ici). Il nous accueille chaleureusement et nous fait visiter l’appartement tout neuf, meublé tout neuf : et il faut garer la voiture là (parking privé) et vous avez un bus qui va au centre-ville, un peu plus bas dans la rue, et vous trouverez la lavanderia (laverie) un peu plus haut, dans la troisième rue…

Une fois installés, on va déposer nos quatre kilos de linge à la lavanderia ; la dame est très arrangeante car comme sa boutique ferme le samedi après-midi, et tout le dimanche, mais que nous, touristes de passage, on porte notre linge le vendredi soir, elle nous propose le deal suivant : samedi soir vers 9h, vous m’envoyez un message whatsapp puis vous toquez fermement à la grille et je vous rends votre linge … propre !

Ce soir : menu de poisson !

* N 21.32757 W 101.09626

11

28 01

Beau temps, soleil et ciel bleu, l’air est frais.

Il est 9h, lorsqu’on se rend à l’arrêt de bus que nous a indiqué notre hôte. C’est juste à côté de la grosse poubelle, que des éboueurs sont en train de vider (à la main !). Le bus (un peu déglingué) arrive au bout de dix minutes. On paie au conducteur 7 pesos chacun. Le bus remonte le quartier et s’arrête dès qu’il voit quelqu’un appuyé contre un mur. Dans ce quartier de Marfil (Lomas de Padre), il n’y a pas vraiment d’arrêts, le conducteur s’arrête parfois tous les cinquante mètres … Le terminus du bus en ville est l’ancienne station de train, à proximité du centre historique.

La gestion des poubelles en banlieue
" La gestion des poubelles en banlieue "  " Le bus de banlieue " 

On est à peine descendu du bus qu’on est happé par la Une du journal local qui affiche la photo du bus accidenté la veille sur notre route. On achète un exemplaire : il y a eu tout de même un mort et 20 blessés dont 15 à l’hosto ! Le responsable de l’accident est le conducteur d’un camion qui n’a pas maitrisé la trajectoire de sa remorque dans le virage et qui s’est mise en travers de la route alors que le bus arrivait ! Le conducteur s’est enfui, mais il a été rattrapé par un autre bus qui l’a pourchassé…

La ville de Guanajuato est importante dans l’histoire du pays : la suite logique de la conspiration clandestine pour l’indépendance (cf Querétaro), c’est ici que les Insurgentes ont infligé aux troupes espagnoles un gros revers : Hidalgo, un prêtre, a mené ici un assaut victorieux avec ses insurgés contre une halle aux grains transformée en forteresse par les troupes du roi d’Espagne. C’est aujourd’hui un musée (Alhondiga de Granaditas = la halle aux grains).

Extérieur
Intérieur
L'insurrection
Murales montrant Las Casas dénonçant l'esclavage
" Musée Alhondiga de Granaditas (la halle aux grains) "

La ville de Guanajuato a été construite au creux d’une vallée, à l’époque où on n’envisageait pas la circulation des voitures et des camions, et, à part une rue centrale, les communications entre les habitations passent par les ruelles (callejones) ou des escaliers escarpés. Les temps modernes ont des exigences : la circulation automobile passe par des tunnels (dont on n’a pas trouvé l’origine) sous la ville et qui forment un véritable réseau. Les bus y passent et les gens doivent descendre vers ces tunnels pour les emprunter !

" Guanajuato: ses collines et ses tunnels "

La ville n’en reste pas moins « espagnole » : profusion d’églises, maisons bourgeoises, et placettes ombragées.

L'Université (si les universités se mettent à ressembler aux églises...)

C’est aujourd’hui samedi et il semble que tous les habitants sont « descendus en ville » : les restaurants sont pleins, on fait la queue dans les échoppes de rues, et le marché Hidalgo est plein de gens en quête de tacos, tortas et autres bocadillos (dont nous) !

Mercado Hidalgo
Mercado Hidalgo
Mercado Hidalgo
Barbacoa (barbecue)
Préparation des tacos
Préparation des feuilles de cactus
" C'est l'heure de manger ! " 

On déambule en ville de 10h à 16h dans cette agréable cité, en jetant un coup d’œil dans telle église, en mettant un orteil dans quelque patio (souvent occupé par un hôtel) ou un magasin, en s’accordant quelques temps pour visiter le musée de Quijote et la fameuse halle aux grains des insurgés.

Les cireurs de chaussures
Le peintre a des admiratrices
restau avec vue
Accroche-toi, bébé
Roméo est sans voix
Chocolat mexicains
" On déambule dans les rues " 
" Le musée de Don Quichotte " 

On visite aussi le musée des momies, une institution collée au cimetière municipal qui domine la ville. Ce musée est surprenant tant la « collection » de momies est importante. Il s’agit des corps desséchés dans des conditions particulières et exceptionnelles, et recueillis au cours d’une campagne de fouille derrière le cimetière, il y a cent cinquante ans et qui ont fait l’objet d’études.

Au Mexique, on appelle les cimetières "Panteon"
" Le cimetière " 
Encore dans son bel habit !
Ce musée attire beaucoup les Mexicains
Graphisme
" Le musée des momies " 

Comme cette ville attire beaucoup de monde, elle attire aussi ceux qui veulent tirer profit de cette manne. Les scènes de rues font notre bonheur !

" On déambule encore " 

On rentre à Marfil par le même bus, même conducteur, mais bus plein à craquer !

Vers 9h, alors qu’on sort dans la rue pour aller chercher notre linge, on entend diverses musiques venant de toutes parts : voitures, habitations – c’est samedi soir, donc on met la musique à donf ! Nous, ça va être les bouchons d’oreilles (demain matin, on repart sur les routes) !

12

29 01

Longue étape aujourd’hui : environ 250 km vers le sud-ouest, dans la province du Michoacan, et fin de la route vers nord.

Première étape : Tzintzuntzan (= le lieu des colibris).

Les ruines des pyramides de Yacatas dominent le lac de Patzcuaro, et le village en contrebas. Elles ont été élevées par le peuple Tarasque, contemporain des Aztèques (1200 – 1500). Il n’a pas été dominé par ces derniers. Cependant, les Tarasques n’ont pas pu résister aux assauts des conquistadors.

Ces pyramides sont originales : il y a cinq groupes bien alignés face au lac, chaque groupe comprenant une pyramide à base carrée accolée à une pyramide à base ronde (un cône ?). Un petit musée expose des objets trouvés dans des tombes. Le coyote était leur animal fétiche.

Rochers sculptés
Le Coyote
" Les pyramides de Yacatas " 

On descend au village dont la rue principale est un vaste marché aux souvenirs. On se promène dans le parc du couvent Santa Ana, et on tombe sur une messe en cours qui se tient en plein air. Pour la pause de midi, on déguste des quesadillas dans un petit stand de rue.

Pendant la messe, les jeunes discutent
Mélange de farine de maïs et d'eau
Quesadillas
"  Le village de Tzintzuntzan  " 
" Le lac de Patzcuaro "  

Deuxième étape : Patzcuaro.

Cette petite ville est bien animée ce dimanche : c’est le marché qui s’étale sur plusieurs rues autour du mercado. Quand nous arrivons en ville, on tombe dans un embouteillage inextricable, et on a pensé ne jamais en sortir. Il faut dire que la dame qui gère le logement qu’on a réservé nous a donné une adresse en plein centre-ville alors que la bonne adresse est plutôt aux limites de la ville ! Après avoir pris possession du logement, on va à pied découvrir la petite ville.

La note locale, c’est la couleur qu’ont toutes maisons : blanche bordée d’un bandeau ocre sur le bas des façades, et presque toutes de la même couleur. Sans oublier les toitures, toutes couvertes de tuiles canal ! Là aussi les missionnaires espagnols de toutes obédiences ont construit des temples, des églises et des couvents… Mais beaucoup de maisons coloniales révèlent des cours intérieures pleines de charme. Surtout l’une d’entre elles : la Casa aux onze patios. Un vrai dédale, avec des passages, des escaliers, des corridors pour aller d’un patio à l’autre. Les salles de la Casa sont autant de boutiques pour clients ne regardant pas la dépense.

" Patzcuaro " 

Aujourd’hui les plaza sont bondées : c’est le jour pour les artistes de rue pour s’exprimer ! Chanteuse, jongleurs, mimes, et aussi un petit groupe de musiciens-danseurs proposant des danses traditionnelles.

" Le dimanche à Patzcuaro " 

On rentre dans notre habitation qui dispose de plusieurs logements. Nous avons un voisin, un Américain des US, un retraité. Dans la conversation, il explique que ça fait depuis une vingtaine d’années qu’il vient régulièrement dans cette ville, car il y a trouvé un très bon dentiste ! Il affirme que la différence de prix entre les US et le Mexique lui rembourse le voyage ! Après le dentiste, il ira se détendre sur les plages de la côte pacifique …

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Morelia Michoacan

Patzcuaro – Morelia

30 01

Le temps est toujours au beau fixe !

Tôt le matin, on part visiter Santa Clara del Cobre.

Quand on arrive, pour les enfants, c’est l’heure d’aller à l’école ! Pour d’autres, c’est l’heure de prendre le petit dej dans la rue. On s’installe à la terrasse d’un café et on regarde la petite place s’animer. Cette petite ville a sa spécialité : le travail du cuivre.

Travail du cuivre

On visite une boutique où brillent mille objets. Une vraie caverne d’Ali Baba (no photos !) ! Au fond de la boutique, c’est l’atelier qui résonne du bruit du martelage des plaques de cuivre. On choisit une petite clochette comme souvenir, et on échange quelques propos avec le caissier qui s’avère être le patron de l’établissement. Quand je lui dis que, pas loin de là où j’habite, il y a une ville qui est réputée pour son travail du cuivre, incrédule, il me demande des précisions. A l’aide de son cellular, je lui montre la page du musée du cuivre à Durfort (81), et, ravi, il déroule les pages de son doigt ; satisfait, il me remercie de cet échange. Je lui demande s’il y a encore des mines dans la région – non, les Espagnols ont tout ramené en Espagne, comme l’or et l’argent … Et maintenant ici, on travaille le cuivre recyclé.

Petit dej dans la rue
En plus du code couleur, notez la typographie des enseignes
" Santa Clara del Cobre " 

La route pour Morelia serpente entre de moyennes montagnes. A noter qu’il y a quand même pas mal de fous au volant. On reste prudent, ne dépassant pas trop les limites de vitesse (quand elles existent…). On se fait doubler par la plupart des voitures, parfois à droite ! Les gens ne ralentissent qu’à l’approche des agglomérations : il y a des topes tous les cinquante mètres, et ça calme…

Manif d'étudiantes

Dans les faubourg de Morelia, on est bloqué par une manif d’étudiantes : elles protestent contre la corruption qui a cours dans l’acquisition des diplômes. On trouve à contourner la manif par des petites rues non goudronnées …

La petite ville de Cuitzeo n’a rien d’extraordinaire, mais elle est bien tranquille, et, après en avoir fait le tour, et que c’est l’heure du déjeuner, on avise un petit resto qui vante ses soupes de tripes, alors on tente ! On n’est pas déçu, ça brûle un peu la langue, mais c’est bon. On essaye d’adoucir le piment de la soupe par une cuillerée de tomates concassées dans un tacos, mais, ouille, c’est encore plus pimenté !! c’est dur, la vie de touriste…

On n'hésite pas à bloquer la rue pour aider son capain à démarrer
Sortie d'école
Décor de patio ...
Ouille, la tomate concassée, ça pique !
"  Cuitzeo   " 

Nous voilà revenus dans les encombrements de Morelia : une grande ville (la capitale de Michoacan, et qui fut un temps la capitale du Mexique) qui se met à aménager de nouvelles voies avec bretelles et échangeurs. Sans aucune indication permettant de s’y retrouver… On finit par accéder à la banlieue où se trouve notre nouveau logement : au pied d’une colline dans une rue en pente. Dans ce quartier le nom des rues emprunte aux héros / dieux de l’antiquité de l’ancien monde : Platon, Socrate, Mars, Jupiter, Homère, Vénus, Saturne, etc.

On consacre l’après-midi à visiter le centre historique. Outre la multitude d’églises, c’est la multitude des bâtiments civils à l’architecture sévère qui en impose. On sait que c’est là qu’est le pouvoir : le palais du gouverneur, le palais de la justice, le palais des lois, etc… Les Espagnols de la Nouvelle-Espagne ne lésinaient pas sur les symboles.

Le décor du Sanctuaire de ND de Guadalupe est un peu chargé...
Le laser divin détruit les oeuvres païennes et la barbarie...
Les rares survivants sont baptisés (sinon couic)
La cathédrale
" Sanctuaire de ND de Guadalupe  et d'autres églises" 
Le palais du gouverneur
Le palais du gouverneur
Le palais du gouverneur
Le palais du gouverneur (redécoré)
" Les palais des puissants (redécorés depuis...) " 

Il n’en reste pas moins qu’il y a de belles places entourées de maisons bourgeoises où sont aménagées de vastes arcades, le tout bâti avec de grosses pierres de taille en grès rose. Elles sont aujourd’hui occupées par les terrasses de café, mais ici, pas de vendeurs à la sauvette, ni de roulote à tacos…

Le zocalo
L'aqueduc

On rentre « à la maison » après quelques courses, un peu fatigués, car la ville est grande et le soleil n’a pas été indulgent…

Notre rue n'est pas aussi solennelle que le centre-ville
" Notre rue en pente ... " 
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31 01

On quitte Moralia vers 8h, il fait beau !

La première partie du trajet (100 km) s’effectue sur des voies rapides, mais avec quelques ralentissements aux péages (il faut payer en cash, et on nous donne un reçu), à l’abord des croisements de voies rapides où la signalisation est hermétique pour le Non-mexicain et à l’approche des (rares) aires de services encombrées par les poids lourds. L’essence est à 1€/l (le Mexique a du pétrole…). Et dans les stations-service, il faut payer 5 pesos pour utiliser les banos (chiottes) qui sont parfaitement entretenues, soit-dit en passant.

La deuxième partie du trajet (70 km) est un parcours en montagne genre Massif Central : beaucoup de virages, beaucoup de forêts, peu de villages. On termine par une piste d’un km pour arriver au Santuario de la Mariposa Monarca Sierra Chincua.

Ce sanctuaire (qui n’a rien de religieux !) est le lieu d’hivernage des millions de papillons Monarque. (Droit d’entrée 80 pesos, 4 €). Des guides proposent leurs services à l’entrée du site (mais ce n'est pas obligé de prendre un guide). On se retrouve avec deux couples de retraités américains US (Seattle et Denver) et, un peu grâce à eux, on aura la version complète des explications du guide qui ne parle que l’espagnol.

On se croirait dans l'Aubrac
" Santuario de la Mariposa Monarca Sierra Chincua" 

On progresse dans la forêt pendant 1,5 km par un sentier qui ne pose aucun problème, sinon qu’on est à 3400 m d’altitude et que le souffle est court… Et là, la magie s’opère : d’une belle forêt de pins gigantesques (+ de 50 m ) et d’un sous-bois fleuri, surgissent d’abord quelques papillons, puis, en progressant lentement, les centaines de papillons nous entourent, voletant dans des milliers de zigzags entre les fleurs et les arbres. Et le plus étonnant, ce sont ces arbres recouverts de la tête au pied de grappes de papillons immobiles, de telle sorte qu’on ne distingue pas les branches, le tronc, les épines ! Et le plus intriguant, c’est que cette accumulation de papillons se réalise sur certains arbres et pas d’autres (de la même espèce, pourtant).

" Les papillons viennent butiner " 
Un arbre disparait sous l'accumulation de papillons
"L'arbre a disparu sous les papillons "  " Le soleil réveille les papillons qui partent butiner " 

Le guide nous donne quelques explications. En gros et pour faire simple :

1) Ces papillons sont des migrateurs : ils évoluent entre le Mexique (l’hiver) et le Canada (Ontario/Quebec) (l’été), et retour.

2) La migration du sud vers le nord s’effectue au printemps sur trois générations et en trois étapes : la première génération va du Michoacan au Tamaulipas (à la frontière des US), la deuxième génération va jusqu’au Texas, et enfin la troisième arrive au Canada. A chaque étape, les papillons s’accouplent, les femelles pondent, le cycle œuf-chenille-chrysalide-imago dure un mois, et ce sont les nouveaux adultes qui poursuivent la migration ! Les parents meurent sur place !

L’asclépiade (les papillons qui sont dessus ne sont pas des monarques

3) Ces papillons se nourrissent sur une plante qu’on retrouve sur tout le parcours : Milkweed en anglais, l’asclépiade. Outre avoir le bienfait de les nourrir, cette plante sert de nichoir pour les œufs, son pollen dont les papillons se recouvrent, sert de poison protecteur contre les prédateurs (oiseaux, chauve-souris, …) et sert aussi de protection contre le froid et la pluie !

4) Un accouplement dure 72 h. Une femelle s’accouple avec trois mâles. Une femelle pond 300 à 500 œufs. Un individu pèse 0,5 g.

5) Le guide raconte que les populations locales, avant la découverte du cycle de ces papillons, attribuaient la disparition des papillons au printemps à des épidémies. Aussi, ils tentaient de les exterminer, car croyaient aussi qu’ils étaient la cause de la mort des arbres et des problèmes dans les cultures. C’est pourquoi il a fallu sanctuariser cette forêt (et d’autres dans la région) afin de préserver cette espèce animale exceptionnelle.

Pour en savoir plus : https://www.mission-monarch.org/fr/monarchs-biology/ et https://fr.wikipedia.org/wiki/Monarque_(papillon)

Pour visualiser cette promenade, cliquer sur le lien : https://fr.wikiloc.com/itineraires-marcher/chincua-montains-mariposa-monarca-124750075


On quitte le parc en évitant les stands de vente de souvenirs et on va piqueniquer sur les bancs d’un petit oratoire consacré à San Judas Tadeo (?).

On descend sur Tlalpujahua pour le logement, où on fait modeste : une chambre avec sdb (on s’est trop habitués à des appartements confortablement meublés…). On prend le temps de visiter la petite ville, charmante, conforme aux canons régissant les villes coloniales espagnoles. Cette ville a été pour les Espagnols, le centre de contrôle des richesses exploitées dans ces montagnes : or, argent, cuivre, etc… Du reste, la ville voisine s’appelle El Oro, et elle a été le terminus d’une voie de chemin de fer…

" Tlalpujahua  " 

Diner végétarien dans notre chambre car l’hôtel est dans la montagne/forêt, très à l’écart de la ville.

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01 02

Départ à 7h30. On est un peu déçus par cet hébergement : la réalité vécue ne correspondait pas à la description des commodités énoncées sur le site de réservation. Par exemple, on y affirmait pouvoir accéder à un micro-ondes et une cafetière, or rien de tout cela ! Il s’agit d’un hôtel en réfection et toutes les commodités sont fermées. On a pu négocier une bouilloire d’eau chaude pour 6h30 ce matin…

Il fait froid, et les gens qui remontent la route de l’hôtel sont emmitouflés dans des couvertures.

Un peu de route pour se déplacer vers Toluca. Sur un bout d’autoroute, embouteillage : les deux voies sont réduite en une. Accident ? Manif ? Tracteur en panne (oui, il peut y avoir des tracteurs sur l’autoroute) ? On avance tout de même, puis on dépasse un cycliste, puis trois, puis toute une file, et enfin un peloton ! Ils ont tous un survet bleu, et leurs vélos ne sont pas de compétition… Et, en tête de peloton, roule lentement une camionnette avec, sur le plateau arrière, un christ en croix ! Il s’agit d’un pèlerinage…

" Pèlerinage sur l'autoroute "  " Regardez bien ce qu'il y a sur le plateau arrière de la Ford "

La destination du jour est le Nevado de Toluca, un volcan où on envisage une petite randonnée. La route de montagne est goudronnée jusqu’après le village de Raices (3750 m d’altitude). Une piste part à l’assaut du volcan : calme jusqu’au péage (50 pesos/p), la piste se met à zigzaguer pendant quatorze kilomètres, piste défoncée par endroit… Au bout de la piste (4437 m), il y a un vague parking et des aménagements hôteliers, fermés. L’itinéraire de la randonnée figure sur un grand panneau, avec d’autres recommandations (mal des montagnes, équipements conseillés).

Notez la brume épaisse dans la vallée de Mexico
Première montée vers le col
" Le départ de la randonnée " 

Il fait un temps magnifique. La première grimpette nous emmène à un col (4570 m). Pas mal de vent, il fait un froid raisonnable. Mais ici, on ressent les effets de l’altitude : souffle court, une respiration à chaque pas ! Au col, on est récompensé par une belle vue sur un large cratère aux deux lacs. Le petit, le lac de la Lune, le grand, le lac du Soleil. On reste dans la cosmologie précolombienne… Les lacs sont à 4330 m, donc plus bas que le parking.

" Lac de la Lune "  " Lac du soleil " 

La rando consiste, après la descente au fond du cratère, à faire le tour des deux lacs. L’un semble bleu, l’autre vert. Il y a un peu de neige sur les hauts du cratère. Et à quelques endroits, les bords des lacs sont gelés. On piquenique au milieu de la randonnée, au pied d’une maison abandonnée (la seule construction du cratère). Lors de la remontée vers le col, on croise des gens qui semblent souffrir de fatigue et/ou du froid.

ça gèle au bord du lac
" Au fond du cratère " 

Pour visualiser cette rando, cliquer sur le lien : https://fr.wikiloc.com/itineraires-marcher/nevado-de-toluca-124811534

Lorsqu’on traverse le pays, on rencontre souvent la forme caractéristique d’un volcan, par-ci, par-là. Et voilà pourquoi : Le Mexique fait partie de la plaque nord-américaine. Cette plaque se déplace vers l’ouest et rencontre la plaque Pacifique et la plaque des Cocos qui elles, vont vers l’est. Et ces dernières ont la fâcheuse idée d’aller s’enfoncer sous la plaque nord-américaine, créant ainsi des chaines de montagnes dont certaines sont des volcans. Car ces plaques, en se frottant entre elles (ça se passe à 600/800 km de profondeur !), s’échauffent au point de faire fondre la roche, et celle-ci parfois s’échappe du chaudron pour remonter en surface et créer ces volcans. Et c’est ainsi que d’ouest en est, le Mexique est traversé par une chaîne de volcans, la plupart actifs, mais endormis, mais pas tous. Et tout cela se passe avec des tremblements de terre assez destructeurs.

C’est depuis plusieurs milliers d’années que le Nevado de Toluca (ou Xinantécatl) ne s’est pas manifesté, mais il a à ses pieds la grosse ville industrielle de Toluca…

Dans l'après-midi, les nuées enveloppent le volcan
 "  Le Nevado de Toluca ou Xinantécatl "

Dans le milieu de l’après-midi, on prend possession de notre logement : un appartement de plain-pied fort confortable, doté d’un parking fermé… dans une banlieue décousue de Toluca, dont les rues sont défoncées et servent de parking à des voitures hors d’usage… On doit tout de même régler certains problèmes d’eau chaude avec le proprio !

Recherche d’une laverie : 5 kg de linge (ah, la poussière), plus quelques courses…

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02 02

Pour la première étape (Teotenango) la route traverse l’immense banlieue de Toluca ; les faubourgs de cette ville sont occupés soit par des centres commerciaux de luxe, soit plutôt destroy.

A l'horizon, le Nevado de Toluca
"  Au Mexique, il n'y a pas que des ruines précolombiennes "

On a plusieurs bonnes surprises lorsqu’on arrive aux abords du site archéologique de Teotenango (qui n’est même pas évoqué dans le guide du Routard !). Déjà, ce sont comme d’énormes remparts à la Vauban qui, du haut d’une colline, surplombent la vaste plaine de Toluca.

" Comme une citadelle à la Vauban " 

Lorsqu’on se gare au parking du site, l’entrée est libre ! Ainsi que le petit musée qui expose le résultat des fouilles, et qui donne quelques explications.

Le bâton de pluie
Quelque part dans l'inframonde...
" Le petit musée du site " 

Et enfin, après avoir monté la longue rampe, on est stupéfait par l’ampleur et la beauté du site : grands espaces, pyramides, ruines d’habitations et beaux restes d’un jeu de pelote. Les bâtisseurs de cette cité sont les Matlazinca, puis les Aztèques qui les ont soumis. Les Aztèques sont la dernière génération de dynasties précolombiennes. Ces derniers étaient des guerriers, et ont soumis les ethnies et dynasties précédentes. Et ils étaient experts dans l’art de la guerre et protégeaient leurs cités par des remparts.

La rampe d'accès
La citadelle domine la riche plaine de Toluca (notez la couche de pollution...)
Entrée principale
Pyramide A
"  Le  site archéologique de Teotenango "
La citadelle domine la riche plaine
Terrain du Jeu de pelote
" Le  site archéologique de Teotenango " 
Princesse Leia vs Dark Vador

Alors qu’on visite le vaste site quasiment désertique, deux jeunes hommes se dirigent vers nous, et nous demandent de les prendre en photos : ils vont bientôt participer à un tournoi d’escrime et souhaitent poser en haut d’une pyramide en posture de combat avec leur épée ! Il s’agit d’un escrimeur italien qui vit à Paris et qui représente la France à ce tournoi, et d’un Mexicain professeur d’histoire. Après une séance de photos, ils nous proposent de poser à notre tour … avec les épées ! Ce qu’on accepte volontiers ! Les épées sont lourdes et les marches de la pyramide bien raides, mais c’est avec enthousiasme qu’on joue le jeu !

Alors on profite de la présence du prof d’histoire pour lui poser une multitude de question sur ce site. Comment les Aztèques taillaient les pierres ? avec des pierres plus dures ! Qu’est-ce qui a été restauré ici ? Tous les endroits où les pierres ont été rejointes au ciment ! A quelle époque ? En 1900, grâce à Porfirio Diaz, président du Mexique, fan de la France et de sa politique de conservation des monuments historiques (cf Prosper Mérimée) et qui a consacré sa fortune à la rénovation des sites antiques mexicains.

Dessin réalisé dans le Códice Magliabechiano

Dernière question : comment on joue au jeu de la pelote ?... La balle (en caoutchouc) est frappée avec les hanches, les cuisses et les mains. La balle ne doit pas tomber au sol. La balle doit passer par le trou d’un énorme anneau en pierre planté dans le mur. Ce jeu est symbolique de la guerre : il y a vainqueur et un vaincu.

Sur ce dessin, l'un des deux joueurs tient le ballon. Quel rôle ont les quatre crânes ?...

On poursuit la route en direction de Malinalco : un autre site aztèque. Il s’agit ici d’un site sacré où on formait les guerriers aztèques (les jaguars et les serpents) gardiens des temples. Ils y apprenaient l’art du sacrifice (des vaincus…).

Le site est petit (comparé au précédent), reclus en haut d’une falaise, au fond d’une région montagneuse. La principale salle représentant le sanctuaire aztèque est fermée pour travaux… On erre dans les ruines où on distingue le lieu des sacrifices humains, la petite pyramide et une esplanade … où on piquenique ! On est un peu déçus …

Le village de Malinalco vu du site archéologique
Les scolaires apprennent la vie de leurs lointains ancetres
Le lieu des sacrifices humains
Le sanctuaire (fermé !)
" Les ruines de Malinalco  " 

Mais on reprend vite de la bonne humeur : dans la petite ville en contrebas, résonnent comme des coups de canons ! On dégringole les marches du site, et on se dirige vers l’origine de ces bruits. Dans la rue qui mène à l’église Santa Maria Quelquechose, on croise nombre de femmes (et quelques hommes) remontant la rue principale, qui avec un bébé dans les bras, qui avec un bébé dans un couffin, qui tenant deux bébés … En réalité : des poupées emballées comme des princesses ! Tout ce petit monde sort de l’église : une haie d’honneur composée de musiciens en costumes dans leur œuvre. L’autel de l’église est couvert de fleurs, et sur le parvis gazonné des autels provisoires proposent des vierges à profusion. C’est une véritable fête (outre la messe…), avec stands de nourritures et objets pieux.

L'autel de plein air
Ici, on vend des bébés !
" La fête de Dios Nino " 
" Dans la rue principale de Malinalco " 

Il s’agit de la fête de Dios Nino, le 2 février, jour de la chandeleur (Candelaria). Ce jour-là, les Mexicains ont coutume de mettre de nouveaux habits aux poupées, c’est leur façon d’honorer l’Enfant Dieu.

Forts de cette découverte, on rentre à Toluca, où les embouteillages ont fini de dissiper nos méditations métaphysiques…

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03 02

On quitte Toluca qui se trouve sur un vaste plateau à 2700 m d’altitude. La route 55 vers Taxco, notre destination, après Teotenango que nous avons visité hier, aborde une lente descente : c’est l’extrémité sud du plateau. Il est rongé par les rivières qui se dirigent vers le Pacifique. Le plateau se divise en mille morceaux et nous voilà à évoluer dans des reliefs tourmentés : vallées profondes, peu de villages car peu de terrains cultivables. C’est la saison sèche, donc tout est sec ! On parvient au bout de deux heures (90 km) à 1000 m d’altitude : arrêt à Cacahuamilpa.

Ce village est réputé pour ses vastes grottes. La prochaine visite est à 11h. Devant l’entrée des grottes, mille petits commerces guettent le touriste et parfois le sollicite lourdement.

Le groupe de 11h (une trentaine de personnes) est cornaqué par une jeune guide, à la voix puissante : espagnol seulement. Mais qu’importe, car la surprise est grande : cette grotte, creusée jadis par une rivière souterraine, fait tout de même deux kilomètres de profondeur avec un plafond qui évolue entre 50 et 80 mètres au-dessus de nos têtes. La grotte possède de nombreuses concrétions, bien sûr, gigantesques. La guide dont on comprend tout de même un mot sur quatre, détaille les figures qu’offrent ces concrétions : animaux (crocodile, éléphant, gorille, etc), personnages célèbres (au Mexique…), scènes religieuses avec bien sûr la vierge de Guadalupe ! Et dans l’assistance le concours de paréidolie bat son plein ! La visite dure tout de même deux heures !

" La grotte de Cacahuamilpa " 

La ville de Taxco n’est pas loin, aussi on reprend la voiture ; mais c’est sans compter les nombreux topes (gendarmes couchés) qui s’égrènent tout au long du parcours - une heure pour faire trente kilomètres ! Les topes doivent être franchis à 5 km/h et en 1ère, sinon on avale son râtelier. Et pour faire bonne mesure, ils sont quasiment invisibles et peuvent être placés inopinément. On en a franchi un sévère au sortir d’une autoroute ! Le principe de conduite, c’est de suivre une voiture et de voir où elle freine !

ça passe, ,ou ça casse !

La suite n’en est pas moins stressante : la ville de Taxco est accrochée sur les flancs raides d’une vallée. Notre logement est au fond d’une callejone (ruelle étroite), mais pour y accéder, il faut grimper des rues étroites pentues à 25%. L’embrayage fume, et la 1ère cale souvent. Frein à main. On redémarre, on dérape sur les pavés usés et glissants, et ça, dix fois... Le Paris-Dakar devrait passer par ici…

Notre logement est dans une vaste maison avec un garage qu’on s’approprie. On se demande comment on va sortir de là… Les chambres sont à l’étage : vaste espace !

On passe le reste de l’après-midi à visiter le centre-ville : mini zocalo, cathédrale tarabiscotée dehors comme dedans, et surtout un immense mercado installé dans le labyrinthe de ruelles en pente au pied de la cathédrale.

Notre rue
Le kiosque du zocalo
" Bijoux en argent "
" Centre-ville " 
Même avec le guide du routard, on ne s'en sort pas !
" Taxco " 

Chaque recoin fait boutique, la marchande d’ongles à coller voisine avec celle qui vend des légumes, qui côtoie le marchand d’électronique, lui-même voisin du vendeur de cuisses de poulet, etc.

Marchande de fromage
" Le mercado " 

Grande surprise cependant : des militaires, grosses voitures blindées, armes au poing et casque lourds quadrillent le quartier du centre. Coup d'état ? Manœuvres ? Courses à faire au centre-ville ?

" L'armée en touristes ? " 

Dans cette ville aux ruelles étroites et pentues, la reine des voitures, c’est la coccinelle : il y en a partout, et si l’une d’elle tombe en panne, surtout on ne la met pas à la casse, on la garde précieusement au cas où !

On désosse la vieille coccinelle
" Les coccinelles "  " Où garer sa voiture dans cette ville ? "

On prend un combi (minibus qui sert de transport public, 8 pesos/p) pour monter au Cristo. C’est LE point de vue sur Taxco. Une belle terrasse surplombe la ville, surveillée par un grand Christ, les bras écartés, prêt à faire le saut de l’ange. Sur le muret qui borde la terrasse au-dessus du vide, il a été aménagé un dossier en porte à faux. On fait la queue pour s’installer dessus comme dans un transat et faire la photo inoubliable. Acrophobiques, s’abstenir !

Dans le combi
La vue sur la ville
De quoi tomber à la renverse !
" Au pied d'El Cristo " 

Quelques courses pour le repas du soir ; on rentre « à la maison » à la nuit tombée.

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04 02

Cette matinée a démarré par un petit cafouillage : on voulait aller voir "Las granadas y sus mil cascadas". Un site prometteur d'une rando paisible dans la fraicheur de sources et de cascades, à une trentaine de km à l’est de Taxco. Arrivés sur le site après 6 km de pistes abominables en montagne (poussière, gros cailloux, pentes à + 20%), on arrive enfin à un parking où on nous demande 200 pesos/p « tout inclus ». On s’interroge sur le « tout ». Bien vite on est assaillis par des « guides » qui nous disent qu’il faut qu’on s’équipe d’un short - ah, vous n’en avez pas, on peut vous en vendre ! Pour une rando sous les cascades, c’était too much. Alors on est repartis (après explications et s’être faits remboursés).

En compensation (!), on part visiter le site Pozas Azules de Atzala, qui est à une quinzaine de km à l’ouest de Taxco… Mais là, pas de piste, une bonne route, pas de short à acheter et un prix d’entrée plus raisonnable (100 Pesos/p). Il faut se faire à l’idée, qu’au Mexique, les sites naturels sont accaparés et qu’il faut payer un droit d’entrée + un parking pour avoir le privilège de les voir… Bon, c’est comme ça. Le site par lui-même est intéressant si on fait abstraction des vendeurs de souvenirs qui vous interpellent depuis leur stand qui borde le chemin. Il s’agit d’une rivière qui, après un parcours probable sous le plateau calcaire, a créé ici une série de bassins d’eau de couleur azur. Des aménagements permettent aux gens de s’y baigner, de piqueniquer ou de se reposer dans la fraicheur. Après la visite des bassins, on déjeune de quesadillas et de sopes dans un petit établissement en surplomb de la rivière.

" Pozas Azules de Atzala " 
Taxco

Retour à Taxco. On se perd dans les ruelles en pente, on monte et on descend au gré des itinéraires proposés par Gmaps, qui lui-même ne sait plus où il en est… On pose enfin la voiture dans la ruelle de la maison.

Et on passe l’après-midi ensoleillée à errer dans Taxco.

La cathédrale est pleine à craquer car il s’y déroule un mariage de princesse, et les invités ont sorti du beau linge.

" Mariage à la cathédrale " 
Le conducteur du collectivo a sa vision de la route réduite
" Promenade dans les ruelles de Taxco " 

On dévale les ruelles derrière la cathédrale où une multitude de vendeurs proposent bijoux, fruits épluchés prêts à croquer, souvenirs, etc. On tombe sur un bâtiment incroyable : trois étages dont chacun héberge plus d’une centaine de stands de vente de bijoux en argent ! C’est un peu la bousculade dans les travées.

" Des centaines de stands de vente de bijoux " 

Sur le chemin du retour, on complète notre collection de photos de Coccinelles VW.

Une nouvelle couche de peinture
Mettez un bébé dans votre moteur !
Le malheur des uns fait le bonheur des autres
" Le pays des Coccinelles VW " 
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05 02

Encore une journée de grand soleil. Et comme la région est à 1200 m d’altitude, on ressent déjà tôt le matin la grosse chaleur.

Et c’est dans cette chaleur qu’on visite le site archéologique de Xochicalco.

Les bâtisseurs de cette forteresse/cité l’ont construite sur une montagne qui domine la plaine fertile, comme pour surveiller leur richesse. Plusieurs temples servant de sommet aux pyramides, de nombreuses habitations, des palais, des grandes esplanades, un observatoire, le tout éparpillé sur plus d’un km² ! Le « clou » de cette cité sont les bas-reliefs qui entourent une des pyramides (celle des serpents à plumes*). On y voit le fameux serpent à plume, mais aussi des personnages, et la fresque semble dire que certains sont plus haut dans la hiérarchie divine que d’autres…

" La forteresse " 
le jeu de pelote
la grande pyramide
l'observatoire
" L'Acropole " 
" La pyramide du serpent à plume " 

La configuration des lieux en plusieurs niveaux suggère que l’accès à un niveau supérieur était réservé à des « ayants droit », le niveau le plus élevé étant réservé aux grands prêtres. Les dernières fouilles ont révélé des traces d’objets brisés, d’incendie et des squelettes dans la partie la plus sacrée, alors que les habitations du niveau inférieur, tous les objets domestiques trouvés étaient presque intacts, comme si les habitants avaient quitté les lieux tranquillement. Ce qui fait dire aux archéologues que le déclin de cette cité fait suite à une révolte contre l’élite…

On reprend la route pour rallier Tepoztlan. Cette petite ville est réputée pour son marché du dimanche. De fait, quand on sort de la voie rapide, on tombe sur un important embouteillage dont on met plus d’une demi-heure à s’extirper On trouve une place où se garer dans une petite rue sur le haut du village, à 500 m du mercado. Quand on y parvient, on retrouve la cohue, mais là ce sont les badauds ! La rue principale et les ruelles sont pleines à craquer ! Les gens déambulent entre les stands (qui vendent toujours pareil : des souvenirs, des bijoux de pacotille, des boissons fraîches), dans la bonne humeur. Au mercado, la même ambiance joyeuse règne autour des stands qui proposent toute sorte de nourriture. On prend place sur une banquette et se fait servir des quesadillas et des sopes. On a un peu chaud car on est juste à côté des grosses plaques de cuisson, et en sortant de là, on sent un peu la saucisse fumée… On complète notre repas par des glaces : le glacier propose plus d’une centaine de parfums différents et on a du mal à se décider !

" Le mercado "  "Le glacier " 
" Le dimanche à Tepoztlan " 

En remontant retrouver la voiture, les petites rues sont encombrées par les voitures qui cherchent à se garer ! Il existe des parkings privés chez les habitants, mais ils sont tous complets ! A croire que tout Mexico city s’est donné rendez-vous ici pour le week-end ! On se tire vite-fait de ce piège…

A Cuernavaca, la circulation est plus tranquille, mais la ville est grande et assez décousue, tandis que le « centre historique » est plutôt riquiqui, mais quasiment inaccessible en voiture. Aussi on trouve à se garer dans un parking privé.

Comme c’est dimanche, tout le monde est de sortie, le zocalo est plein : chanteurs, mimes, humoristes se donnent en spectacle et tout le monde est content. On fait un tour à la cathédrale où les dames patronnesses proposent des gouters (on déguste une banane frite farcie de lait condensé et de graines de chocolat …). Dans cette cathédrale, point de décors tarabistouilles, uniquement des fresques sur les murs représentant les missionnaires franciscains débarquant au Japon !!

" Le centre historique " 
l'extérieur de la cathédrale reservé aux Indiens "
" Le centre historique "  

Au sympathique jardin Borda, un bâtiment abrite une exposition réalisée par des femmes révoltées par la répétition sans fin des féminicides dans la région.

" Le jardin Borda et l'exposition par les femmes révoltées" 

Notre logement se trouve dans la banlieue de Cuernavaca, dans un quartier à l’apparence destroy, mais quand la dame ouvre le portail de sa propriété, on découvre un grand jardin aux arbres centenaires, un petit bassin avec un bouddha qui se mire dedans ; quant à notre chambre (un peu étroite en comparaison des appartements précédents) elle est au rez de chaussée d’une maison de style (lequel ??).

On piquenique dans la chambre : demain on se lève tôt pour rendre la voiture à l’aéroport de Mexico.

* Traduction de serpent à plumes en maya, Kukulkan, et en nahuatl, Quetzalcoatl)

20

06 02

On pourrait mettre comme deuxième titre à cette journée : « Journée de stress » …

On se lève tôt, comme prévu et à 7h30 la voiture est prête à partir, bagages dans le coffre. La dame nous congratule chaleureusement, et je commence les manœuvres pour sortir la voiture de la riquiqui place de parking de notre hôte. Mais la place est sur une sorte de gravier, et il faut monter comme une marche et braquer le volant à fond pour sortir sur la rue, le tout en marche arrière ! Bien sûr je patine, creuse un trou dans le gravier avec les roues avant, et cale. Plusieurs fois ! La dame se propose pour prendre le volant : « j’ai l’habitude de faire cette manœuvre », et après avoir mis une planche pour aider à monter la marche, la voilà qui sort la voiture de son piège ! Vexant.

Il y a 90 km pour nous rendre à l’aéroport de Mexico et il nous reste (selon le chiffrage du tableau de bord) 120 km d’essence. Hop, on prend direct l’autoroute pour Mexico, en se disant qu’on fera le plein à l’abord de l’aéroport (consigne du loueur). Pour aller de Cuernavaca à Mexico, il faut passer un col à 3100 m, et la voiture n’a pas trop de reprise. On double des camions qui montent la rampe au pas. De l’autre côté du col, alors qu’on amorce la descente, le voyant « attention à la panne d’essence » s’allume et le compteur « nombre de km possible avec ce qu’il vous reste d’essence » affiche 3 petits traits - - - ! La tension monte à bord … D’autant qu’il n’y a pas de stations-service, pas de sorties sur toute la descente (plus de 35 km), même au péage. Au péage, la dame nous indique que la prochaine station est « à 10 mn ». Quand enfin on peut faire le plein (près de 40 l) on constate qu’il ne devait rester qu'un dé à coudre d’essence dans le réservoir…

Lorsqu’on rend la voiture (un peu poussiéreuse) au loueur, pas de problemo. Leur navette nous conduit au terminal, où on peut prendre le bus pour Puebla.

Il y a souvent des bus, et le prochain est dans 15 mn. Lorsqu’on paie nos tickets et présentons nos passeports (comme pour prendre l’avion !), on nous prend nos deux petites valises et le moyen sac à dos rempli des fringues d’hiver, afin de les étiqueter, et de les jeter sur un tapis roulant (comme pour prendre l’avion !). Les passagers prennent un couloir au bout duquel on nous demande de mettre toutes nos affaires de poche dans des bacs et de passer sous un portique. Lorsque je passe, ça sonne et la dame du contrôle me montre ma bourse de ceinture. Que j’enlève et je repasse sous le portique (comme pour prendre l’avion !). Je remballe mes affaires et on poursuit jusqu’au quai d’embarquement. Avant de monter dans le car un employé vérifie nos passeports et nos billets (comme pour prendre l’avion !). Il y a peu de monde dans le bus. C’est un bus super confortable, avec WC et prises USB… Le conducteur dispose d’une installation de tableau de bord … Comme dans un avion !

Le guichet des bus à l'aéroport
au programme : violence et hurlements (tous rideaux fermés)
Pas grand monde dans ce bus
Le conducteura tout le confort (sauf la télé ...)
" Les bus ADO " 
A gauche le Popocatepetl, à droite l' Iztaccíhuatl

La route pour Puebla passe un col pour traverser la chaine de volcans qui sépare Mexico de Puebla (dont le Popocatepetl).

Deux heures de route qui auraient pu être paisibles si les écrans de télé n’avaient pas diffusé un film débile et ultra violent, doublé d’une bande sonore à arracher les tympans. Pan pan pan… Une fois arrivés dans la banlieue de Puebla, pour je ne sais quelle raison, on nous fait changer d’autocar.

Bref, un fois parvenus à la grande gare routière (CAPU), on fait une pause dans le hall des passagers vaste et surpeuplé. Une envie pressante et impérative ! Je cherche mon petit porte-monnaie (il faut payer 5 pesos pour tous les banos du Mexique), tâte toutes mes poches – rien ! Plus de porte-monnaie ! Je retourne à l’autocar voir s’il n’est pas tombé pendant la manœuvre de sortie – rien ! Pas fier ! Il est peut-être dans le premier bus ? En finalement, à la réflexion, on se dit que c’est peut-être au portique à Mexico que le portemonnaie a disparu, envolé, et que, par mon inattention/distraction pour remettre ma ceinture, je n’ai pas percuté sur la disparition du porte monnaie. On évalue le coût de la perte à 2000 pesos (100 €) d’effectivos (cash)…

Pas trop de soucis pour rallier le logement à un quart d’heure à pied, sauf qu’en route, ça rumine dans nos têtes : il faut qu’on fasse plus attention à nos affaires ! On traverse, avec nos valises à roulettes, un quartier un peu désert, un peu délabré, d’entrepôts entourés de barbelés, et de maisons pas très jolies… mais dotées d’épaisses portes blindées. On est accueilli par un couple de jeunes qui nous présente notre studio, juste à l’écart de la maison principale. Ce studio est à l’image du quartier…

Alors qu’on pose la question des transports à Puebla, il nous dit : « C’est facile, appelez Uber ! » … Tu parles d’une aide !

" Puebla moderne " 
" Puebla des faubourgs " 
" Quelques essais pour égayer le quartier " 
" Puebla du centre historique " 
Aucun Mexicain ne s'habille comme ça (sauf peut-être Zorro)

On passe le reste de l’après-midi (on a sauté le repas de midi) à se rendre au centre de Puebla (à pied, 2 km) et à prendre des repères sur les transports. Les quartiers traversés sont à l’image du nôtre, mais plus on se rapproche du « centre historique », plus il y a de monde dans les rues, plus les maisons sont belles et surtout les trottoirs sans déchets ! A l’office du tourisme, dans le palais qui fait face au Zocalo, on nous donne de vrais renseignements et on prend enfin la mesure de cette ville bizarre.

On va dans une banque pour refaire le plein d’effectivos, mais le DAB fait la tronche et il faut s’y reprendre plusieurs fois. Un gars qui tire des sous à la machine d’à côté, nous demande « vous avez besoin d’un coup de main ? » en bon français, et avec une pointe d’accent du midi. Et il nous explique comment décrypter les pictogrammes à cliquer : « surtout ne pas cliquer sur carte de crédit, mais sur le logo -petit cochon- juste à côté, sinon bonjour les commissions ! ». On papote un peu, on raconte notre aventure à l’aéroport : et il conclut « ici, faites attention, ils ont la main leste ! ».

On passe devant le musée des chemins de fer

On repart du centre pour rejoindre l’endroit où se tient le départ des bus pour les endroits à visiter ultérieurement, histoire d’avoir plus de détails. Et on constate que le dégradé de l’habitat est le même qu’à l’aller, mais à l’envers…

On fait quelques courses, et retour au logement d’un pas soutenu, pour y arriver avant la tombée de la nuit.

… Fin de la journée de stress …

21

07 02

Il existe trois lignes de metrobus à Puebla. Impossible d’en avoir les plans. Il y a de nombreuses lignes de bus. Pareil ! Et on ne compte pas les lignes minibus de transport publique qui prolifèrent dans tous les sens et dont l’origine et la destination sont écrites sur le pare-brise du chauffeur.

On trouve tout de même une station de la ligne de metrobus N°2 (Diagonal Poniente) pas trop éloignée de notre hébergement. Et on rejoint la station Mercado de sabores (Marché des saveurs). On retrouve le terminal des bus directs pour Cholula qu’on a repéré hier. On traverse la vaste agglomération Puebla – Cholula, totalement urbanisée de façon hétéroclite.

A Cholula, on déambule dans une ville bien agréable : Zocalo, rues attrayantes, mercado bien achalandé… Pour préparer la rando de demain, on se renseigne pour savoir où se trouve le départ des minibus (combis). Cette recherche est un véritable jeu de piste dans la ville. On finit par trouver (rien dans le guide du R).

Manège pour enfants au Zocalo
Les terrasses de cafés sont appréciées au Zocalo
Au mercado, c'est comme ça qu'on prépare le cochon !
Souvenirs
" Promenade dans Cholula " 

Mais la véritable raison de la visite de cette ville, est cet incroyable site qu’est la pyramide/église. C’est une importante colline où trône au sommet une grande église. Avant la conquête espagnole, il y avait une pyramide, la plus grande de tout le Mexique (sa base est plus grande que celle de Kheops). Cette pyramide a été recouverte de terre, on ne sait pour quelle raison. Les conquistadores ont construit une église sur cette colline sans même savoir ce qu’il y avait en dessous !

A l'horizon à gauche, le Popocatepatl
" La pyramide/église de Cholula "

Et à cette époque, il y avait de nombreux autres temples plus modestes que les conquistadores ont rasés et avec les pierres, ont construit des églises. Du haut de la colline le panorama est assez parlant : il y a plein d’églises à l’horizon ! Voilà en résumé l’histoire de la conquête et de la soumission d’un peuple !

A présent qu’on connait où se trouve le terminal des combis (6 poniente x 5 norte : c’est le carrefour des rues portant ces noms…), on en prend un en direction de Tonantzintla, où se trouve … une église (*** selon le Routard). En effet, il faut constater, bien que ce ne soit pas du meilleur goût, qu’on assiste ici à une explosion de décors d’anges et de personnages pieux qu’on en a le tournis. Les photos, bien qu’un peu floues (une belle affiche à l’entrée annonce : « no tomar photo ») témoignent de cette exubérance.

" Les fioritures de l'église de  Tonantzintla "
Notez le gros fusil que porte la policière !
" Sortie d'école à  Tonantzintla"

Petite trotte à pied sur un kilomètre en plein cagnard pour voir la troisième … église (*** selon le Routard) d'Acatepec. Elle aussi mérite le déplacement, mais cette fois pour son exubérance en carrelages qui recouvrent la façade !

" Les fioritures de l'église d'Acatepec " 

Overdose d’églises, demain rando dans la campagne, inch allah !

Au hasard de nos déambulations, voici quelques "murales" modernes que ne renieraient pas les créateurs du style.

Fresque honorant les coutumes indiennes à la municipalité de Cholula
Le prêtre benit le conquistador qui soumet l'Indien.
Frida
Le pulque est la boisson alcoolisée des Amérindiens
22

08 02

On se lève tôt (5h30) : aujourd’hui rando.

Problème avec le chauffe-eau qui ne chauffe rien du tout. Obligé de sortir dans le jardin, éclairé par la torche du mobile, pour le rallumer !

Quand on est prêt pour sortir (7h15), le temps est un peu couvert. Métrobus jusqu’au mercado de sabores, bus pour Cholula, combi pour San Nicolas de los Ranchos, petit village au pied du Popocatepetl, à 20 km à l'ouest de Cholula, en pleine campagne.

Dans ce combi, l’ambiance est bien différente que dans les transports en ville. Tout d’abord, chaque personne qui monte lance à la cantonade « buenas tarde » et les gens déjà dans le combi répondent en chœur « buenas tarde » ! Ensuite, pour payer, les gens confient leur monnaie à la personne la plus proche du conducteur : cette fois-ci c’est Véro qui gère ces transactions. Enfin, pour demander à descendre, les gens disent bien fort « parada, por favor » ou bien « a la esquina, por favor », et descendant, on n’oublie pas de remercier le chauffeur !

Pendant ces deux heures de transport, le temps s’est levé, ciel bleu.

En descendant du combi, la présence du volcan s’impose. Il fume un peu. On traverse le village sous le regard étonné des gens. Il ne faut surtout pas oublier de dire « buenas tarde » à chaque personne qu’on croise et qui nous répond pareil.

La montagne qui fume derrière les maisons, c'est le Popocatepetl
" San Nicolas de los Ranchos " 
Une ferme
" San Nicolas de los Ranchos " 

La première étape de deux kilomètres est la montée au sommet de la pyramide de Teoton. Ce n’est pas une pyramide, mais un vestige de bouche volcanique du volcan principal. Mais comme il en a la forme … Il s’élève à 300 m au-dessus du village. Une piste (une voiture s’arrête pour nous proposer de faire un bout de chemin avec), puis un chemin poussiéreux mène au sommet. On tire un peu la langue car les derniers mètres sont raides. Lorsqu’on parvient au sommet (occupé par une petite chapelle), trois femmes et un homme se reposent de la montée. On échange : ils sont là comme nous pour faire une randonnée.

Le Popocatepetl

Le gars, qui semble connaître le coin, nous propose de les accompagner pour la descente. Ce sont des gens joyeux qui rigolent à la moindre difficulté, et il y en a, car de chemin, il y en a de moins en moins, la pente est plus pentue, il faut descendre des rochers sur les fesses, et ça se termine par pas de sentier du tout, en écartant les broussailles épineuses et les arbustes desséchés.

On parvient à une piste, où on rencontre les gens qui voulaient nous prendre en voiture, et qui en fait étaient des copains du gars. Tout le monde se congratule, mais il y a un problème ! Le problème est qu’ils ont enlisé la voiture (un 4x4) dans l’épaisse poussière de la route. Et plus le conducteur cherche à s’en sortir, plus il s’enfonce ! Nous voilà tous mobilisés à rassembler des pierres et des branches d’arbustes pour les mettre sous les roues. Il faut tout de même un bon quart d’heure pour sortir la voiture de là (en marche arrière…).

A la fin de la manœuvre, le chauffeur nous propose de nous emmener vers la prochaine étape à travers les pistes qui parcourent les champs. On refuse poliment, il insiste lourdement ainsi que le gars et les filles, donc on monte dans le plateau arrière. Au bout d’un kilomètre de conduite chaotique et hasardeuse, le gars se retrouve dans une impasse, et risque à nouveau de s’enliser. C’est là qu’on se sépare, avec embrassades, vu qu’eux doivent retourner à San Nicolas, et que nous on va à l’opposé.

Le reste de la rando s’effectue sans trop de soucis, un peu d’hésitations quand les chemins pour tracteurs disparaissent au profit des champs de cactus. D’ailleurs cette découverte nous étonne : il y a des dizaines de champs de cactus, aussi bien entretenus que, chez nous, les vignes. On traverse plusieurs villages (presque déserts) : San Buenaventura Nealtican, San Miguel Papaxtla, San Francisco Coapa, avant d’atteindre Cholula. Dans un de ces villages, on note que ce sont les marchands de glaces et de bonbons qui, en voiture ou en moto, cherchent, haut-parleurs à l’appui, à placer leurs articles auprès des habitants, et non les habitants qui se déplacent en ville pour satisfaire leurs envies de sucreries…

A l'horizon, le Teoton
A l'horizon, le Teajete
Un entrée de cimetière
Champ de cactus
Champ de bébés cactus
On plante les nouveaux pieds de cactus
Champ de cactus au pied de l'église
Une carrière de pouzzolanne dans le Tecajete
Gros camion dans petit village
Le Tecajete
Ici, on cultive des agaves
Le sommet du Zapotecas

On passe au pied de l’ancienne bouche volcanique de Tecajete (y monter aurait trop rallongé la rando), mais on monte au Zapotecas, dernière bouche volcanique bien érodée qui surplombe Cholula. La piste permettant de descendre la pente, aborde les premières maisons de Cholula et comme elles sont isolées, il y a un milliard de chiens hargneux aboyant pour prévenir leurs propriétaires de notre passage. Une fois en bas, on tombe sur une briquèterie à l’ancienne : c’est-à-dire familiale, car mari, femme, enfants s’occupent à remplir le four de briques à cuire…

" La briquèterie " 

Pour visualiser cette randonnée, cliquer sur le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-marcher/san-nicolas-de-los-ranchos-cholula-125364730

On fait à peine 500 m en ville qu’on tombe sur un petit terminal de combis directs pour Puebla, ce qui nous évite de faire 2 km en ville… Mais c'est au prix d’une conduite effrénée du jeune conducteur qui passe son temps à téléphoner (à ses copines ?). On risque notre vie à chaque carrefour, et les topes finissent de nous massacrer les vertèbres.

Retour « à la maison » vers 18h. Douche et bière fraiche.

23

09 02

On se lève un peu plus tard que d’habitude, histoire de récupérer des efforts de la veille. Le temps se maintient au beau. Pour rejoindre l’arrêt Esperanza du metrobus, après quelques rues désertes, on longe l’immense usine de nouilles Italpasta qui occupe quatre blocs ! Les rues sont encombrées par d’énormes camions qui viennent livrer farine et eau…

Une des rues de l'usine de pâtes
" Notre quartier " 

On descend à la station mercado de sabores et on cherche l’endroit où se trouvent le départ des bus jaunes pour Huejotzingo, un endroit où on pense aller prochainement. On le trouve (4Pte x 15Nte) !

Visite de la Talavera Uriarte, une entreprise de faïence d’art installée dans une belle maison coloniale espagnole et où sont exposés de magnifiques ouvrages. Le moindre objet coûte une fortune…

" La Talavera Uriarte " 

On fait une pause dans une panaderia où on déguste café et viennoiseries. Car il faut prendre des forces pour visiter la chapelle del Rosario : on est dans l’extrémisme baroque ! De l’or, des angelots, des saints en pagaille. Même Ste Cécile dirigeant des angelots violonistes !

Ste Cécile
" La capilla del Rosario  " 

On n’est pas loin du Zocalo. Devant le palais où loge la municipalité de Puebla, se déroule une manifestation culturelle. C’est un concours de danse traditionnelle : des couples issus des écoles de danse rivalisent de virtuosité, claquettes, jupes longues qui volent, toupies humaines… Le couple gagnant est très applaudi. Suit la bande philharmonique, percussions et trombones, au rythme non pas militaire, mais esquissant des pas de danse ! Dans un petit discours de présentation, un présentateur explique que s’ils font ces démonstrations devant l’hôtel de ville, c’est pour sensibiliser les élus sur la valeur patrimoniale de leur travail, qu’il faudrait un peu plus de crédits pour que les jeunes de la ville puissent accéder à ces enseignements. Finalement, c’est partout pareil !

" Spectacle de danse traditionnelle au zocalo " 

Comme on est à deux pas de l’Office du tourisme, on prend encore quelques renseignements. On apprend qu’à 18h, il y aura une prestation de Mariachis sur le zocalo.

Le mercado le plus proche a bien des petites échoppes de plats cuisinés, mais ça ne nous attire pas. Aussi on s’installe dans un petit restau. Pour 65 pesos (3€) par personne, on nous apporte une soupe de haricots, des spaghettis, une escalope milanaise pour Mme et un enchiladas pour Mr et un litre de boisson fraîche ! Ce soir, on fera maigre…

" Déjeuner copieux " 

Le Museo Amparo expose une collection incroyable d’objets d’art préhispanique. Une salle est consacrée à l’écriture maya. Cette écriture n’est pas à la portée de tout le monde. Elle est avant tout destinée à honorer les faits de grands chefs. Les caractères – des dessins compliqués – représentent des syllabes. Et quand ils sont disposés en deux colonnes, il faut les lire en zigzag en commençant par le haut. Sinon, ils peuvent être dispersés dans un bas-relief et faut savoir distinguer l’écriture du sujet…

La colonne écrite
Le décryptage de l'écriture
Vidéo de reconstitution de danse antique
La muerte est un thème artistique récurrent au Mexique
" Le Museo Amparo " 

A proximité se trouve la bibliothèque Palafoxiana, la plus ancienne de toutes les Amériques et qui abrite des incunables et des milliers de manuscrits et autres livres rares.

" La bibliothèque Palafoxiana " 

Juste en face se trouve la cathédrale : c’est un vrai drame architectural, et d’un excès monumental qui douter de la sincérité des paroles de vertus prônant charité et humilité…

" La cathédrale " 

Promenade dans les rues avoisinantes : c’est l’heure pour les Poblanos de la détente entre amis et les terrasses se remplissent.

La fontaine du zocalo
" Au hasard des rues de Puebla " 

C’est au soleil couchant qu’on écoute les Mariachis : trois violons, deux guitares, trois trompettes, un genre de violoncelle qui s’accroche autour du cou, et enfin leurs voix enamourées ponctuées de leurs incontournables Aïe Aïe Aïe Aïe !

" Les Mariachis  " 

Fin de notre journée de parfaits touristes. On rentre « à la maison » aux pas de la marche nordique afin d’éviter de traverser les rues désertes de notre quartier la nuit …

24

10 02

Petite journée : sur la recommandation du Routard, on va visiter le couvent franciscain de la petite ville de Huejotzingo. On se fait 40 km de tape-cul (plus d’une heure) pour voir un monument un peu décevant. La petite ville bruyante s’est construite autour de ce couvent, qui en a perdu de sa sérénité.

Historiquement ce site est important (classé Unesco), car ce fut un des premiers centres d’évangélisation créé par l’église espagnole pour convertir les autochtones de la Nouvelle Espagne. Mais les bâtiments sont dans un délabrement total et la partie ouverte au public est assez négligée. Cet endroit est censé abriter un musée de l’évangélisation du Mexique, mais tous les panneaux sont écrits en espagnol. Et des rares lignes que l’on comprend, l’appréciation de l’épisode « conversion » est plutôt en faveur des conquistadors… Dans les faits, les bâtiments centraux étaient réservés aux Espagnols ; les « Indiens » quant à eux accédaient aux petites chapelles en plein air construites aux quatre coins d’un vaste parc. Comme ces derniers étaient un peu rétifs à cette nouvelle « pensée » qu’on leur « offrait », les moines franciscains n’ont pas hésité à baptiser d’office les jeunes enfants afin que ceux-ci influencent leurs parents.

Une des chapelles en plein air réservées aux "Indiens"
L'église abandonnée à elle-même
Cellule de moine
On l'a oublié dans sa chambre
Le réfectoire
En haut on se lave les pieds, en bas on se lave les mains.
"  Le convento Franciscano " 

La petite ville a son zocalo, la place centrale. Dans un coin de cette place, se tient une assemblée de retraités (au moins 500 !), convoquée par le ministère du Bien-être de la région. Comme c’est un peu la corruption dans la distribution des pensions, un régiment d’administratifs est là pour régler les problèmes. On appelle les gens par haut-parleur…

" Au Mexique, il y a aussi des problèmes avec les retraites " 

En passant devant un cabinet médical + pharmacie, on note les tarifs des prestations : 4 points de suture = 70 pesos (3,5€).

Combien ça coûte si j'ai 5 points de suture ?
On est tranquille au zocalo
La plazuela
" Quelques pas dans Huejotzingo " 
Les guichets au CAPU

Retour à Puebla par un autre bus qui nous emmène au CAPU (gare routière des bus de lignes), soi-disant directement, sauf qu’il fait le tour de tous les lotissements nouveaux du secteur… A la gare routière, on prend les billets pour les prochaines étapes.

Mole

On retourne dans le centre historique de Puebla où on se promène au hasard des rues.


On déjeune très tard au mercado de sabores, vers 15h : au menu, entre autres, le mole poblano. C’est un incontournable de la cuisine mexicaine : une volaille est servie avec une sauce composée de nombreux ingrédients, dont du chocolat, ce qui donne une sauce bien marron ! Saveur nouvelle, très goûteuse, mais spéciale pour nos palais.


Retour tôt dans l’après-midi : on doit préparer la suite du voyage…

Quelques photos au hasard de nos pas dans la ville :

Gloire à la conversion des "Indiens"
Il n'y a plus d'"Indiens" à convertir, alors on évangélise les voitures !
" Les voitures ont-elles une âme ? " 
Avis de recherche pour personnes disparues (rassurant, car on s'occupe de vous..
Ici, on vend des armes et des munitions (notez la mise en scène du petit train !
Ici, on vend des croix pour mettre sur votre tombe...
" La sécurité avant tout ! " 
Le proprio en avait après les notables de la ville : caricaturés sur ses murs !
cinéma transformé en supermarché de fringues
" Quelques beaux bâtiments " 
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11 02

Encore une petite journée. Ça repose et ça calme quelques petits problèmes intestinaux… On retourne à Cholula, pour visiter le site archéologique de la pyramide enfouie et surmontée de la grande église qu’on avait visité il y a quelques jours.

Le site est intéressant : pour commencer, le petit musée propose une maquette où l’on comprend bien la structure cachée de la pyramide. Il s’agit de pyramides successives qui ont été construites sur la base des précédentes, donc empilées comme des poupées russes. Pourquoi ? réponse : ? . Et pour finir la période préhispanique, le tout recouvert de terre ! Puis surmonté d’une église.

La maquette des pyramides emboitées
La vie pour les "Indiens" n'a pas été un long fleuve tranquille
" Au musée " 

Les fondations dégagées par les archéologues (1931 et 1956) de ces diverses pyramides sont impressionnantes. Les restaurations ne gâchent pas l’allure générale.

" Les fondations des pyramides emboitées " 

Vers 12h30, du haut des marches ouest de la pyramide, on voit s’installer sur la grande place les voladores. Ce sont des acrobates qui font revivre une tradition ancestrale (préhispanique). Un rituel a été créé pour demander aux dieux de mettre fin à une grave sècheresse (cf Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Danse_du_volador ). Il faut que des hommes aillent grimper en haut d’un grand arbre et fassent une danse autour de l’arbre, tenus par des cordes attachées à leur pied. Bon, aujourd’hui, le poteau est pylône métallique de 30 m, les artistes arrivent en mobylette, et c’est une attraction parmi d’autres, car il y a des stands de fête foraine sur cette place.

Voir voltiger les voladores au bout de leur corde reste impressionnant.

Repas au mercado de Cholula, où on déguste des énormes cemitas, un compromis entre le pan bagnat et le hamburger. Ça cale !

Cemitas
" Au mercado " 

Retour à Puebla, où on passe la fin d’après-midi à errer autour du zocalo, agréable endroit où les gens aiment bien flâner.

Les transports publiques ne vont pas partout
Le passage du zocalo
Beau murales, mais le message reste obscur
Comment recycler ses vieux pneus utilement !
Je dors dans ma belle voiture
" Dans les rues de Puebla " 


A propos des noms de rues, la question est « comment s’y retrouver sans trop s’égarer » ? La plupart des villes adoptent le même plan : le plan romain. C’est-à-dire un quadrillage strict et à angle droit. Et peu importe le relief…

Les conquistadores espagnols, après avoir rasé les villes des « Indiens », ont imposé beaucoup de choses aux populations, mais aussi leur urbanisme. Et la légende raconte que Cortes aurait jeté une croix chrétienne par terre et édicté que c’est à partir de cette croix qu’il fallait édifier la ville. Mais ça reste un plan que les Romains de César mettaient déjà en place dès qu’il leur fallait installer un camp lors de la guerre des Gaules…

Donc pour ce qui est de l’orientation en ville, premièrement il faut localiser le zocalo, c’est-à-dire la Plaza de Armas des Espagnols, place dont un côté donne sur la cathédrale et un autre sur le palais du gouverneur.

Une fois repéré le zocalo, on trouve facilement l’artère nord – sud et l’artère ouest – est qui se croisent sur cette place. Pour ce qui concerne Puebla, on a affaire à Reforma et 5 de Mayo.

A propos de « 5 de Mayo », il faut savoir que c’est la date lors de laquelle les Mexicains ont écrasé les prétentions françaises de Napoléon III en 1862. A Puebla ! Et cette victoire est à présent le jour de la fête nationale et férié dans tout le Mexique…

Revenons au plan carré.

Connaitre quelques mots d’espagnol : nord = norte, sud = sur, ouest = poniente et est = oriente.

Comprendre que toutes les rues (calle) qui vont vers le nord à partir de Reforma s’appellent Calle Norte xx et que toutes les rues qui vont vers le sud à partir de Reforma s’appellent Calle Sur xx.

Comprendre que toutes les rues (calle) qui vont vers l’ouest à partir de 5 de Mayo s’appellent Calle Poniente xx et que toutes les rues qui vont vers l’est à partir de 5 de Mayo s’appellent Calle Oriente xx.

Pour le moment, ce n’est pas très compliqué. Attendez la suite …

Comprendre que toutes les rues Norte qui sont à l’ouest de 5 de Mayo ont des N° pairs (xx), exemple Calle 30 Norte

Comprendre que toutes les rues Norte qui sont à l’est de 5 de Mayo ont des N° impairs (xx), exemple Calle 31 Norte

Comprendre que toutes les rues Sur qui sont à l’ouest de 5 de Mayo ont des N° pairs (xx), exemple Calle 30 Sur

Comprendre que toutes les rues Sur qui sont à l’est de 5 de Mayo ont des N° impairs (xx), exemple Calle 31 Sur

Comprendre que toutes les rues Poniente qui sont au nord de Reforma ont des N° impairs (xx), exemple Calle 31 Poniente

Comprendre que toutes les rues Poniente qui sont au sud de Reforma ont des N° pairs (xx), exemple Calle 30 Poniente

Comprendre que toutes les rues Oriente qui sont au nord de Reforma ont des N° pairs (xx), exemple Calle 31 Oriente

Comprendre que toutes les rues Oriente qui sont au sud de Reforma ont des N° impairs (xx), exemple Calle 30 Oriente

Ça va, vous suivez ?

Bien sûr, il y a des exceptions car il faut bien attribuer des noms de personnages célèbres, dates célèbres, ou de saints à quelques rues, sans parler des diagonales qui parfois s’appellent … « Diagonal ».

Quant aux N° des habitations, ils se placent à la fin de l’adresse, exemple : Calle 30 Poniente 3004, mais ça ne sert pas à grand-chose pour le touriste, car il y a rarement de numéro sur les bâtiments !

Cela dit, les GPS et autres applications, c’est pas mal non plus !

J’ai fait un petit plan pour aider à comprendre. Mais je n’ai pas le paracétamol qui va avec…

Nom de l'arrêt de bus
La flêche rouge indique le sens unique de circulation
Petit schéma
" Quelques exemples " 
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12 02

(Oaxaca : prononcer [oa- j espagnol – aca])

Debout tôt pour prendre le bus de 8h30 à la gare routière CAPU, pour Oaxaca. On prévient le propriétaire du logement qu’on le quittera à 7h30. A 7h31, il arrive en voiture et nous propose de nous y emmener ! A la gare routière, on ne nous joue pas le scénario du contrôle « comme dans un aéroport ». Les bagages en soute sont tout de même numérotés et des contremarques nous sont données.

La durée du trajet est de 4h30. A la sortie de la vaste agglomération de Puebla, on aborde une zone montagneuse et désertique sur plus de 90 % du trajet : pas de villages, pas de cultures, des cactus droits comme des i comme horizon ! La climatisation est trop forte et on a un peu froid (nos polaires sont dans la soute !).

" Paysages arides de la Sierra " 

La gare routière d’Oaxaca est toute neuve. On nous rend nos bagages en échange de nos contremarques, mais après avoir mis les passagers en rang ! pas de précipitation, hein ?

Notre nouveau logement n’est pas trop éloigné, mais on n’a pas encore le feu vert de la proprio pour y accéder. On va déjeuner dans un marché bio (La Cosecha) juste à côté. Il s’agit d’une grande cour bordée de petits stands où des gens préparent des plats ; on commande, on paie et on s’installe au milieu de la cour à de grandes tables en attendant que les plats commandés arrivent des différents stands. Arrivent les œufs à la rancho, le poulet sauce molle negra, des tortillas et un grand jus multi-fruits.

" Déjeuner à La Cosecha (la récolte) " 

On reçoit le feu vert, et on emménage dans notre studio. Il est bien aménagé, fonctionnel, mais l’environnement est un peu bruyant.

On visite Oaxaca avec tout de même à l’esprit la recherche d’information sur les transports dans la région. Et ce n’est pas simple. Heureusement, à l’office du tourisme on nous donne des infos. Oaxaca possède ses deux rues piétonnes, son zocalo, sa cathédrale, son couvent… Mais le centre historique est en grand contraste avec les villes précédemment visitées : beaucoup de touristes étrangers, beaucoup de magasins et de restaurants chics, une ambiance « bobo-riche », de calme et de sérénité. Beaucoup de jeunes aux têtes blondes, beaucoup de retraités américains… à faire les badauds lèche-vitrine.

Un Indien dans la ville
Le kiosque original du zocalo
" Promenade au centre historique " 

Mais dès qu’on sort du centre historique, on retrouve assez vite le Mexique habituel avec ses bruits (autocars aux pots troués, sirène de police, cris des vendeurs à la sauvette,…) sa poussière, sa cohue. On pousse jusqu’à l’immense mercado de Abastos. On y achète du fromage ! Le fromage d’Oaxaca est réputé (car c’est le seul fromage mexicain !). Et c’est une curiosité : la pâte se présente comme une grande lanière qui est tortillonnée jusqu’à en faire une boule de la taille d’un ballon de foot. Lorsque les clients en commandent un kilo, le vendeur tire la lanière et la coupe à un mètre.

Vous m'en mettrez un mètre !

Retour à notre nouveau logement en fin d’après-midi.

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13 02

Gym du matin sur le parvis de l'église
Le ramassage des poubelles passe
" Au petit matin " 

On sort à 8h pour tenter de prendre le bus pour Mitla. On va donc au coin Bd Jose Vasconcelos x Calle de De los Derechos Humanos. Et on attend. Avec d’autres personnes… Un gars du coin nous montre avec son portable comment reconnaître le bus de Mitla : l’avant du bus est tout vert clair. Le gars monte dans un autre bus. On attend. Il y a plein de bus qui passent, mais pas le nôtre. Des taxis aussi. Juste à côté de l’arrêt de bus il y a un gars qui vend des boissons aux chauffeurs des bus. On attend. Presque une heure… Le bus à l'avant vert arrive enfin… Une fois sortis de l’agglomération d’Oaxaca, on traverse des champs dont certains sont consacrés à la culture de l’agave.

" Enfin, le bus pour Mitla ! "  " Les champs d'agaves " 

Mais l’aventure ne s’arrête pas là ! Arrivés à Mitla au terme de 45 mn de tape-cul (ici les topes sont appelés « reductor » mais ils sont aussi sévères !), il faut changer de monture : il faut prendre des combis 4x4 pour monter aux cascades de Hierve el agua. Ces combis attendent d’être pleins (12) pour partir. Il leur faut faire 25 km de route dont la moitié en piste de montagne. A l’approche du site de Hierve, la municipalité de San Lorenzo de Albarradas qu’on traverse a installé un péage : 20 pesos/p. Sur le boleto qu’on nous remet, il est indiqué que c’est pour améliorer la route…

Le site naturel est payant (50 pesos/p). Il s’agit de cascades pétrifiées gigantesques encore « actives », c’est-à-dire que les sources donnent de l’eau très calcaire qui, en accédant à l’air libre évacue son calcaire qui se dépose tout au long de son parcours vers l’aval. Le paysage est magnifique : des cascades pétrifiées de près de 100 m de haut ! Pour contempler le site, on parcourt un sentier bien aménagé formant une boucle de près de trois kilomètres. On part des sources pour raser le pied de ces stalactites géants sur lesquels ruisselle l’eau. On est éblouis ! Et petit plus encore, on est rafraichis par les gouttelettes : il fait plus de 30°, et on sue à grosses gouttes ! La boucle passe par des bassins alimentés par des sources et dans lesquels on peut se baigner. On n’a pas pris nos maillots ! Et l’eau est tout de même un peu fraîche.

Une source de résurgence
Une autre source
La plage
" Hierve el agua " 

Le retour à Mitla se fait par une autre piste, plus longue et plus poussiéreuse. A Mitla, on erre un peu dans le village où il y a un site archéologique. Derrière des grillages on aperçoit des ruines, et au milieu d’elles une église ! On visite l’église, mais, manque de bol, le site est fermé : on a oublié que le lundi, c’est jour de fermeture des musées…

" L'église de Mitla au milieu des ruines  zapotèque "
A Mitla, il y a de nombreux artisans tisserands
" Au village de Mitla " 

Pour le retour on n’a pas attendu longtemps le bus vert, heureusement ; les ardeurs du soleil commencent à peser.

On parvient à Oaxaca vers 17h. On passe par le studio pour quelques moments de repos. Et on ressort, car on s’aperçoit qu’on n’a plus de sous : on repart pour trouver un DAB. Et de fil en aiguille, on passe par le marché du 20 novembre, où les restaus et barbecues sont combles, puis par une boutique qui vend du mezcal, une boisson alcoolisée issue de la fermentation du jus d’agave. On prend une petite bouteille pour tester à l’heure de l’apéro.

Le marché du 20 novembre
Coucou !
Des crèpes tortillas
Le fromage d'Oaxaca

Puis en traversant le Zocalo (il fait déjà nuit), on assiste à un spectacle de mariachis : les airs sont repris par les spectateurs et certains dansent, dans une ambiance de fête. Et à l’autre extrémité du Zocalo, c’est un autre petit orchestre de percussions et saxos qui se donne en spectacle. Ambiance de fête ; on est la veille de la saint Valentin, après tout !

Ici, on s'ennuie un peu, alors que dehors, ça rigole !
" Au zocalo " 
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14 02

Pour aller au site de Monte Alban, on a choisi la version rando. On prend tout de même le bus ruta 20 pour traverser l’agglomération d’Oaxaca. On descend juste avant le terminus, en plein dans une banlieue qui se caractérise par des maisons partant à la conquête de la montagne, dont on devine qu’elles n’ont pas toutes eu le permis de construire, et que le tout-à-l’égout n’est pas encore arrivé (mais la fibre, si…). Un sentier longeant une crête nous permet d’arriver au site.

Les voisins vigilants
Les tuk tuk de la banlieue d'Oxaoca
" Dans la banlieue des montagnes " 

Le site de Monte Alban se situe au sommet d’une petite montagne qui domine la vallée riche et fertile d’Oxaoca. Il a été bâti sur plusieurs siècles par les Zapotèques, puis les Mixtèques, puis il se vide de ses habitants avant l’arrivée des conquistadors, pour une raison inconnue. Le site est remarquable par sa grandeur, le nombre de ses pyramides, de ses bas-reliefs exprimant la puissance de ses élites. On passe la matinée à passer d’un édifice à l’autre. On a dans les pattes les mômes délurés des écoles en sortie culturelle !

Pour visualiser cette randonnée, cliquer sur le lien : https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/arret-bus-ruta-20-monte-alban-125888697

" Monte Alban " 
Le gnomon de l'horloge solaire
" Monte Alban " 
Au musée
La stèle qui relate les sacrifices des vaincus
" Le site de Monte Alban " 
La tlayuda salchichon

Retour à la ville par le même itinéraire. On fait une pause repas au mercado 20 Noviembre où l’on déguste un nouveau plat : une tlayuda salchichon et une tlayuda végétarienne. La base de la tlayuda est une large crêpe de maïs frite à l’huile ; elle est badigeonnée d’une sauce marron puis sert de support à un tas d’ingrédients selon le choix du client. Copieux ! Pause-café sous les arcades du zocalo.

On doit changer de plan pour le reste de l’après-midi : le musée convoité est fermé car on y prépare le 50ème anniversaire de l’INAH qui est l’organisme d’état qui s’occupe des monuments historiques.

On décide de prendre un bus qui nous emmène au milieu des champs d’agaves. On voudrait en connaître un peu plus sur la fabrication du mezcal. On s’arrête à l’arrêt cruzeros sur la route de Tlacolula (je passe les détails, mais il faut savoir que trouver le bon bus, tenir debout dans la travée du milieu, avec ce bus coincé dans les embouteillages par une chaleur 33°, c’est apocalyptique…).

On est entouré par les champs d’agaves. On s’avance dans l’enceinte d’une exploitation artisanale de mezcal ; une jeune femme nous invite à la visite des installations. Elle nous explique comment s’effectue la récolte de l’agave : la plante doit avoir au moins 8 ans. Quand l’« expert » décide que le plant est à point, on le débarrasse de ses longues feuilles piquantes pour ne garder que la pina, car c’est le cœur de l’agave qui contient la partie la plus sucrée. On rassemble les pina récoltées dans un creuset dont on fait monter la température à 900°, on recouvre le tout de terre, et on laisse macérer dix jours voire plus selon la variété récoltée. Une fois cuites, les pinas sont transférées dans un moulin/pressoir actionné par un cheval pour obtenir une pâte qu’on va mettre à macérer dans des bacs en bois remplis d’eau un peu croupie ( !). On laisse les levures naturelles agir pendant deux semaines. Puis on passe le tout dans l’alambic chauffé au bois. Le premier tiers est à jeter, le dernier tiers aussi. Le tiers du milieu est repassé dans une deuxième distillation, voire une troisième pour certaines variétés d’agaves rustiques.

Le creuset/four
Le moulin/pressoir (le cheval est au fond)
Les alambics
" La fabrique de mezcal artisanale " 

La dame nous demande de passer à la dégustation. On a siroté 5 variétés différentes de mezcal avec un petit groupe qui est arrivé entre-temps. Ouah !... On est reparti avec une bouteille d’Espadin sous le bras, le mezcal de base. Il faut dire qu’on n’a pas encore le palais suffisamment éduqué pour saisir toutes les nuances obtenues selon la durée de vieillissement, la variété d’agave et les parfums …

On a pris le bus du retour sans trop de problèmes (cette fois, on était assis ; valait mieux après la dégustation…).

Alors qu’on rentre « à la maison », on voit que notre rue est bouclée aux véhicules par la police ! Fichtre ! On pose nos sacs au studio et on redescend car il y a un bruit d’orchestre au bout de la rue. C’est un défilé de carnaval qui descend la rue Alcala au son des cuivres et des tambours ! Des marionnettes géantes, des ballons géants, des danseurs costumés. On comprend que c’est la fête de l’INAH ! Plusieurs défilés se rassemblent sur la vaste place devant le couvent Santo Domingo de Guzman et cette place se prête aux danses, aux défilés et aux mini feux d’artifice ! Beaucoup de monde. Les gens (dont certains ont sorti leur tenue de fête) dansent avec les troupes d’artistes mobilisées par l’INAH !

" Un bel anniversaire " 

Quelle soirée ! On rentre un peu groggy par une journée bien remplie (un peu par le hasard !).

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15 02

Les retraités sont dans la rue (pour la gym ) !
Arbre en fleur à la porte de notre hébergement
" Au petit matin " 

Ce matin, on règle quelques problèmes « administratifs ». Comme demain soir, on doit prendre un bus de nuit pour aller à San Cristobal de las Casas et qu’on y arrivera au petit matin, il faut qu’on s’organise avec le nouveau proprio. Il est compréhensif et nous affirme que l’appartement sera disponible dès notre arrivée. Ensuite, on décide de changer de programme pour la suite : la semaine prochaine, on avait prévu une étape à Ocosingo (entre San Cristobal et Palenque), mais aucune compagnie d’autobus ne s’engage sur cette route, car il y a souvent des barrages par les gens du Chiapas. Ils exigent des passagers « un droit de passage » et c’est plus ou moins agressif selon les jours. En discutant un peu avec les gens qui voyagent souvent en bus, ils nous ont tous déconseillé cette route, même avec les combis locaux… Quant aux bus qui maintiennent tout de même la liaison entre ces deux villes, ils prennent une route alternative plus au nord par Villahermoza, et le voyage (de jour) prend 9 heures au lieu de 6… On règle ce problème de bus au comptoir des bus ADO avec une jeune fille peu aimable (c’est rare).

Le reste de la journée n’est pas top. Au musée de la culture, installé dans un ancien couvent, on nous demande de vider nos poches et de passer sous un portique. Le mauvais souvenir de mon porte-monnaie envolé dans des circonstances identiques a ressurgi et j’ai refusé de détacher ma ceinture pour libérer ma pochette. Le vigile du portique m’a refusé à son tour l’entrée du musée. On est reparti sans visiter ce musée. A l’église Santo Domingo, qui est mitoyenne du musée, et qui est farcie de dorures et de précieux objets d’art, personne ne nous demande quoi que ce soit.

Le plafond de la nef
" L'église Santo Domingo " 

Derrière le zocalo, une rue est occupée par des tentes de camping. Des étudiants protestent, mais on ne comprend pas trop pourquoi. Et il n’y a aucun policier à l’horizon …

" Les étudiants en colère " 

Pour le repas de midi, la serveuse se trompe et nous donne les plats destinés à nos voisins de table. On commence y gouter, on se rend compte de l’erreur mais trop tard… La serveuse est désolée !

On va pour visiter le musée Tamayo – il est fermé depuis des lustres ! Pareil pour un magasin d’artisanat élogieusement cité par le Routard…

Difficile de comprendre le message
Difficile de comprendre le message
Difficile de comprendre le message
Musée Tamayo, fermé
Façade de la cathédrale
Attention à l'eau du robinet !
" Flâneries sous le soleil brûlant " 

On passe le reste de l’après-midi à flâner dans les rues. Il fait très chaud et les gens rasent les murs côté ombre. On rentre se reposer « à la maison » alors qu’il fait encore jour, c’est une première…

30

16 02

SCLC = San Cristobal de las Casas

Comme ce soir on doit prendre le bus de nuit, on va déposer les bagages à la consigne de la gare routière. Puis on se rend au départ des bus pour la banlieue sud d’Oaxaca. Un grand marché se tient le jeudi dans la petite ville de Zaachila. C’est un marché où les maraîchers de la vallée viennent vendre leurs produits et où les gens des montagnes voisines viennent faire leurs achats.

Le marché s’étale sur le zocalo et toutes les rues avoisinantes. De grandes bâches tendues au-dessus des stands protègent du soleil déjà ardent. Il y a beaucoup de monde. On vend de tout : bien sûr les fruits et légumes qu’on trouve dans nos marchés, et les fruits tropicaux. Mais aussi des fèves de cacaoyer, du café à moudre sur place, des grillons grillés (chapulines), de la base pour la sauce locale (mole), des « oreilles » de figuiers de barbarie débarrassées de leurs épines (on ne sait pas comment les consommer…), des légumes secs, des grains de maïs de toutes les couleurs, du mezcal (parfois par bidon de 5l – du bizarre ?) et beaucoup de pâtisseries et glaces « maison ». Il y a un coin repas sur place et des musiciens mettent un peu d’ambiance musicale. On n’a pas vu un seul touriste ! Seule une bande d’étudiants mexicains venus de la ville acheter ici du mezcal pas cher.

Vendeur de café moulu sur place
Grillons grillés (chapulines)
Vendeur d'oreilles de cactus
Vendeuses de fromages
Boissons fraîches au litre
La base pour la sauce mole
Canne à mâcher
Vendeuse de papayes
Vendeur de légumes secs (notez la brouette)
Dinde (nommée ainsi car CC l'a ramenée des Indes qu'il croyait avoir découvert)
Ici, on peut boire une boisson fraîche au chocolat
Mezcal (arrangés...)
Xylophones
Fèves de cacao
Machine à fabriquer les tortillas et son employé
Le Zocalo de Zaachila
" Le marché du jeudi de la ville de Zaachila " 

On prend un petit repas au mercado gastronomico dans un stand parmi la vingtaine. Il est midi ; pour nous c’est l’heure de déjeuner, mais il semble qu’ici, les gens ont l’habitude de manger beaucoup plus tard. Au menu : empenadas salchichon et empenadas chicheron (on a cherché ce soir ce que c’est : de la couenne de cochon, mais c’est bon !).

Bus pour le village d’à côté : Cuilapam, au sud de la montagne de ruines de Monte Alban. Il y a là le vieux couvent des Dominicains qui a de beaux restes. C’est là qu’un des protagonistes de la révolte pour l’indépendance, Guerrero, est mort suite à une trahison…

" L'ex-couvent "  "Le héros local " 

Retour à Oaxaca où l’on prend un café sous les arcades du zocalo. Lorsqu’on quitte le café, on tombe sur une manif d’étudiants : slogans rythmés (qu’on ne comprend pas…), tags sur les trottoirs et pneus brûlés devant le siège du gouvernement local.

"Une famille de la montagne descendue en ville "  " Manif d'étudiants sur le zocalo " 


Retour à la gare routière : on y refait les valises dont on sort les polaires en prévision de l’air conditionné qui règne dans les autobus de lignes.

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17 02

On ne peut pas dire qu’on ait bien dormi dans le car. Mais ça va… On arrive à 6h20 à San Cristobal de las Casas au lieu de 7h prévu !

La surprise du jour : ici, il fait froid (10°) ! Quand on sort du bus, de la vapeur sort quand on parle ! On s’installe à la gare routière (café, gâteaux) en attendant que le logement soit accessible, RV prévu à 8h. On regarde la météo mexicaine : vague de froid (neige) sur le nord du Mexique, vent et petites pluies attendues sur le sud-est, là où on est. Et en plus, ici on est à 2160 m d’altitude.

L’appartement dont on dispose est grandiose ! Juste en sortant de la gare routière, dans une impasse privée, au calme, 40m² sur chacun des deux étages, plus une petite terrasse, un confort moderne, cuisine, etc, … (34€/j !). Le proprio nous vante l’écran large de la télé : « vous avez Netflix » ! heu, les séries mexicaines, on y a eu droit dans l’autocar !

On fait quelques courses pour les prochains jours. Puis on va se promener en ville.

San Cristobal de las Casas est une petite ville bien agréable : des petites rues colorées, aux maisons de même grandeur (seules les églises les dépassent), aux placettes calmes et ombragées. Le centre de la ville est comme coupé en deux : au nord du temple San Domingo, c’est le quartier des marchés populaires où les gens des villages voisins font affaire, et au sud, c’est le centre historique (prisé par les touristes) avec ses ruelles encombrées de stands d’articles « d’artisanat », ses cafés branchés, et ses magasins chics.

Le zocalo
" Le centre historique " 
" Un petit musée " 

Dans le quartier nord, on voit évoluer les populations des montagnes dans leurs habits traditionnels (les femmes surtout) et parlant leur langue. Et ce qui intrigue surtout, ce sont leur robe faite de longues touffes de poils. Leur bustier est brodé de motifs floraux aux couleurs vives sur fond noir. Elles portent le dernier-né dans le dos enveloppé dans une grande écharpe.

" Le quartier nord " 
Une alambre pour deux

On déjeune d’une alambre pour deux.

Et on passe l’après-midi à errer dans les rues, à visiter un petit musée, à grimper une colline d’où on a une belle vue sur la ville, à boire une tasse de chocolat au lait, à repérer les stations de collectivos à destination des villages des environs, tandis que de gros nuages sombres recouvrent les petites montagnes laissant craindre la pluie.

On rentre vers 18h, un peu fatigués tout de même.

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18 02

Quand on met le nez dehors, on constate qu’il a un peu plu et qu’il fait toujours aussi froid (15°). Petite rando au programme de la journée.

Pour attraper le colectivo qui va à Arcotete, il nous faut remonter la rue principale N/S Gl Utrilla jusqu’au vieux marché où c’est un peu la bousculade, puis tourner à droite dans la rue Profesor Edgar Robledo Santiago sur une centaine de mètres.

" En passant par le vieux marché " 

Il y a plein de colectivos qui attendent mais pas celui qui convient : il faut bien lire les destinations affichées sur le parebrise des minibus et ne pas se tromper ! Le nôtre arrive enfin, on s’installe (15 pesos/p), des gens montent. Alors que le minibus démarre les gens se mettent à discuter : impossible de comprendre un mot, ils discutent dans leur langue maternelle qui n’est pas l’espagnol.

Le minibus nous dépose sur la route qui mène à l’ecoparque El Arcotete. Une fois parvenus à l’entrée de ce parc, on constate qu’il y a des colectivos dont c’est le terminus : sur leur parebrise, c’est écrit ecoparque ! Faut le savoir ! Et surtout il faut savoir par où il passe en ville pour pouvoir l’attraper…

Petite contribution de 10 p/p pour entrer dans le parc. La vraie rando commence par la visite d’une grotte, ou plus exactement un petit tunnel créé par le rio Fogotico dans les reliefs calcaires. Après avoir réglé les 15 pesos/p permettant d’y avoir accès, un étroit petit sentier surplombant la rivière et entrant dans le tunnel nous permet de voir de belles concrétions et autres petites salles créées par la rivière. A l’autre sortie du tunnel, on voit sous notre nez, des gens descendant en rappel depuis le toit de la grotte jusqu’à la rivière, et d’autres s’adonnant à la tyrolienne. Ce sont les attractions payantes proposées dans ce parc. Mais nos vieux os ne nous autorisent pas à y participer...

Descente en rappel
" La grotte d'Arcotete "

La suite n’est pas prévue par les gérants du parc : trouver un chemin nous permettant de revenir à SCLC par la foret qui recouvre ces reliefs creusés par la rivière... C’est donc « a bisto de nas » qu’on part sur des chemins qu’on pense destinés à l’exploitation de la forêt. On arrive à des fermes, mais à part des moutons et des chiens hostiles, on ne voit personne. A un moment, on est obligé de rebrousser chemin car celui qu’on avait pris menait au bord de la falaise qui domine la rivière … Puis on tombe sur trois personnes dans une clairière, on se renseigne sur le chemin à suivre, et ne voilà-t-il pas qu’un des gars nous répond en français ! C’est un gars qui vient faire de la spéléo dans le coin !

Les jeunes visiteurs de la grotte
Une doline
Une ferme
" La rando dans la forêt et ses clairières " 

Après quelques zigzags dans la forêt et des repérages hasardeux, on se retrouve dans un lotissement dont les voies d’accès quadrillent la forêt : c’est une nouvelle zone urbaine destinée aux futures maisons des gens aisés voulant éviter la promiscuité des villes. Des rues sont nommées mais pas encore tracées : on a simplement abattu quelques arbres… Des compteurs électriques sont plantés, mais pas tous raccordés ! Après avoir traversé cette zone (léger piquenique d’une tomate et d’une banane chacun), on retrouve les limites de la ville : à partir de là, le repérage est plus aisé grâce aux cartes en ligne.

Le cadastre est prêt, mais sa réalisation traîne...
Une forêt en chantier
Les compteurs électriques sont au garde à vous !
La station essence du quartier
Dans ce parc, on peut garer sa voiture, mais c'est tout !
Vue sur la forêt de la rando
" Dans les faubourgs de SCLC " 

On fait un crochet par l’église ND de Guadalupe d’où on a une belle vue sur la ville, puis un autre crochet par la casa Na Bolom qu’on visite. C’est la demeure d’un couple de Danois/Suisse dont la vie a été consacrée à l’exploration du Chiapas. Franz Bolom venu au Chiapas en 1921 au service d’une compagnie pétrolière, a cartographié la région, et à cette occasion, pris contact avec une ethnie, les Lacandons, vivant en autarcie et isolée du reste du monde. Il en a étudié et décrit les mœurs et croyances. Gertrude Duby, photographe, a mis en mémoire ce peuple grâce à ses images argentiques. Leur maison, outre le côté musée, est agréable à visiter : multiples patios, vaste jardin, appartements et bibliothèque.

" ND de Guadalupe et la belle vue sur la ville " 
Le patio
La partie de mezcal !
La bibliothèque
" Na Bolom " 

Encore un peu de route et nous voilà parvenus sur le parvis de la cathédrale (fermée). Une petite troupe de danseurs/danseuses amateurs font quelques pas devant un public clairsemé.

Le parvis de la cathédrale
" Dans les rues de SCLC " 

Retour au bercail vers 17h30.

Pour visualiser cette randonnée, cliquer sur le lien : https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/arcotete-cathedrale-sclc-126235964

" Un peu de street art pour finir la rando ! " 
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19 02

Pas de problème pour prendre un colectivo pour Chamula ; aujourd’hui, c’est carnaval dans ce bourg à 15 km au nord de San Cristobal de las Casas, aussi ils sont nombreux à y aller. Au terminal de ces colectivos, une grande affiche annonce « interdit de prendre des photos de scènes religieuses ou de défilés à Chamula ».

Il faut préciser que cette région du Chiapas est peuplée de l’ethnie tzotzil, très farouche sur la défense de son identité, très liée par une langue commune et surtout une certaine acceptation de la religion des conquistadors moyennant en réciprocité une acceptation des rites animistes de leurs ancêtres. Nos errances dans la ville de SCLC nous ont déjà sensibilisés sur cette communauté : nombre de ses femmes portent l’habit traditionnel dans leurs occupations quotidiennes, dont la jupe à poils de mouton noirs et le bustier ou poncho violet ou mauve.

Le chauffeur du minibus n’est pas un tendre avec la boite de vitesse, ni avec nos vertèbres. Tous les passagers descendent à l’entrée de la rue principale qui descend sur un kilomètre vers le centre du bourg. Il est à peine 10 h et il y a déjà beaucoup de monde. Nous descendons la rue en suivant un groupe d’hommes vêtus de ponchos en poils de mouton blancs, ceinturon et chapeau blanc (mais pantalon classique…). Ils sont une bonne centaine et défilent très sérieux en rangs serrés. Ils sont vite rattrapés par une vingtaine de jeunes portant des chapeaux pointus décorés de rubans rouge/orange, le visage caché derrière un foulard blanc ou noir, d’une longue veste noire et rouge, d’un pantalon blanc. Ils sont munis d’un grand bâton, tournent sur eux-mêmes, et font un joyeux vacarme au son de cornets dans lesquels ils soufflent à s’époumoner. Des pétards éclatent au-dessus du cortège. C’est une rue habituellement commerçante, mais pendant la fête, les affaires continuent : toutes les échoppes sont ouvertes.

Plus on descend cette rue, mieux on aperçoit la grande place, noire de monde, et aussi la fameuse église où cette population pratique ses rites particuliers.

Les croix des Tzotzils
L'église de Chamula
"  Le zocalo de Chamula "

Plusieurs milliers de personnes sont rassemblés, et on comprend que le groupe que l’on suit n’est pas le seul : il y en a des dizaines, de même pour les jeunes aux chapeaux pointus qui dansent et qui chahutent, il y en a autant. Ces groupent défilent autour de la grande place, les poils blancs toujours aussi sérieux, et les jeunes aux chapeaux pointus, démarrant en trombe pour s’arrêter un peu plus loin : cris et trompe de cornet ! Un groupe de poils blancs arbore des grands drapeaux et défilent au son de pétards. Ils sont suivis par des groupes d’hommes portant à bout de bras des coupelles remplies de braises et d’encens dégageant beaucoup de fumée. De nombreux groupes arrivent depuis les rues adjacentes et rejoignent ceux déjà présents sur la place… Certains au rythme lancinant des percussions, de maracas, de cornets, de guitares et d’accordéons : mi-mi-mi silence do-do-do silence, etc. et esquissant des pas de danse. Il y a aussi des groupes d’hommes aux vestes de poils de mouton noirs.

" Les défilés sur la place de Chamula " 

On s’aperçoit aussi qu’il y a ceux qui défilent, les sérieux et les joviaux, tous des hommes, et ceux qui regardent : beaucoup de femmes… Tradition, mais très patriarcale. L’évidence de ce fait saute aux yeux en regardant la tribune officielle de la municipalité qui occupe un côté de la place : un balcon au premier étage supporte une trentaine d’individus : au centre les poils blancs, sur les côtés les poils noirs, ceux-ci tenant dans leur main droite un bâton de façon à ce qu’ils soient tous penchés dans le même sens, comme un régiment au garde-à-vous. Pas une seule femme. Ce sont les caciques de la communauté. Les poils blancs montrent du doigt les meilleurs danseurs, ou les enfants doués. Ils n’ont rien à envier aux membres d’un polit bureau regardant un défilé du premier mai…

Comme pour la grande rue commerçante, la grande place est divisée en deux : l’espace dédié aux défilés et l’espace dédié au commerce, surtout des habits dont les fameux habits en poils de mouton.

Rencontre
Et si j'allais voir du côté des marques
" Pendant le carnaval, la vente continue " 

Et nous dans tout ça ?

Vous imaginez la frustration de ne pas pouvoir prendre de photos ! et en observant bien, on ne voit personne en prendre. Il y a très peu de touristes étrangers, quelques touristes mexicains. L’une d’eux a sorti son portable et s’est fait rappeler à l’ordre par un jeune du défilé… Aussi, on s’installe dans un bistro dont la terrasse est un peu surélevée et on se laisse emporter par l’ambiance. Puis on retourne sur la place ; je vois un poil blanc sortir son mobile pour prendre en photo ses copains alignés avec pour arrière-plan la fameuse église. Du coup, je leur demande (avec mon meilleur sourire…) si moi aussi je peux. Ils ne disent pas non, mais ne sourient pas trop devant l’objectif. Du coup, on se dit que l’interdit est relatif. Et on continue notre promenade parmi la foule en prenant quelques clichés discrètement…

Vers midi, voyant que rien de nouveau ne s’y déroule, on décide de quitter Chamula pour le bourg voisin, Zinacantan, lui aussi de l'ethnie Tzotzil. Il n’y a pas de colectivo qui y va ! Alors on y va à pied par les routes et les pistes, à travers les collines et les champs potagers bien cultivés. 7 km…

" Promenade dans les champs " 

Une famille qui fait sa récolte du jour (du coriandre) nous fait signe de nous approcher : quelques échanges, étonnés de nous voir nous promener à travers champs.

Notre itinéraire passe par un petit col. De l’autre côté s’étalent les cultures sous serres de Zinacantan. C’est impressionnant : les coteaux des collines sont recouverts de serres. On comprendra une fois en ville que ces serres abritent des cultures de fleurs.

" Les serres de Zinacantan " 

A l’entrée de la ville, une maison du tourisme ! En réalité, c’est l’endroit où les « visiteurs » doivent donner leur contribution : 15 pesos/p pour avoir le droit d’y mettre un orteil.


En fait le bourg s’avère un peu décevant : les rues sont vides. Tout le monde doit être à Chamula ! Seule animation, à l’église principale enfumée d’encens et où se déroule des rites obscurs devant des retables entièrement recouverts de fleurs.

Dans une autre église, presque vide, se déroule une scène incroyable : un petit orchestre produit, dans un grand vacarme, une salsa enjouée ! et le prêtre dansant en rythme devant l’autel ! La salsa du démon ?

" Quelques vues de Zincantan " 
On peut avoir des frites au marché
Un quartier coloré de SCLC
" Quelques vues de Zincantan "  sauf une ... 

On reprend un combi direct pour SCLC où l’on termine l’après-midi en flânant et en faisant quelques petites courses.

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20 02

7h45, il fait frais dehors, quelques nuages ; direction la laverie qui ouvre à 8h. 4kg = 50 pesos.

8h30, on monte dans le bus pour Chiapa de Corzo. Ce bus est moins cher que les minibus et on est sûr de l’heure du départ. C’est tout le contraire pour les minibus qui sont plus chers et qui ne partent que lorsqu’ils sont pleins. Comme notre bus est le moins cher, ce sont les gens des villages qui montent dedans.

Notez les rubans noués dans les tresses et attachés dans le dos
" Dans l'attente du bus "  " Le confort rustique du chauffeur " 

Le bus est rustique, mais il tient la route. Et même dans la grande descente vers Chiapa de Corzo, il double les autres véhicules… Il faut dire que SCLC est à 2200 m d’altitude, qu’on monte jusqu’à 2450 m pour descendre à 450 m, jusqu’au croisement « Santa Fe » avec la route qui mène à Chiapa de Corzo. La descente fait 35 km.

La Pila

Colectivo de Santa Fe à Chiapa de Corzo. Il termine sa course à la grande Plaza de Armas (qui aurait pu s’appeler zocalo…) et il fait déjà chaud sous le soleil sans nuages. Au milieu de la plaza, entourée de maisons à arcades, un monument hors du commun abrite une fontaine : le Pila. C’est le style hispano-arabe (Mujedar) qui a débarqué en Nouvelle Espagne (1562) !

On est à Chiapa de Corzo parce que c’est ici l’embarcadère des bateaux à moteur qui permettent de visiter le canyon de Sumidero.

On est à peine descendu du colectivo qu’on est abordé par des rabatteurs qui veulent nous emmener direct à leur compagnie de bateaux. Alors qu’on a des envies plus pressantes … Ce gars va nous suivre jusqu’à ce qu’on sorte des banos ! Et dans le secteur, il y a de nombreux rabatteurs guettant l’arrivée des touristes, car il y a plusieurs compagnies de bateaux …

On embarque après 45 mn d’attente car il a fallu patienter jusqu'à ce que le rafiot soit plein (22 personnes). On démarre tranquille, quand soudain une bonne accélération nous fait tous pencher en arrière ! Ces barcasses ont des moteurs de hors-bords ! Et l’avant se lève et redescend frapper l’eau du lac, envoyant des embruns à ceux qui sont à l’arrière. Ça fait rigoler les enfants… mais pas tous les adultes !

" Les embarcadères " 

La visite des gorges se fait donc sur un lac, artificiel, car créé par un barrage construit dans les années 60, sur le Rio Grijalva, lequel prend sa source au Guatemala et se verse dans l’Atlantique, Golfe du Mexique. Pour effectuer ce trajet, le Rio a dû traverser le plateau calcaire dont l’altitude moyenne est à 2300 m. D’où ces gorges.

La cascade pétrifiée
Le barrage
" Le canyon de Sumidero " 

La visite de ces gorges nous permet de voir une faune étonnante : un iguane, un crocodile, pleins d’oiseaux dont des vautours, et une famille de mono arana (singes-araignées). Elle nous permet de voir des reliefs exceptionnels dont un à-pic de 1000 m. On va jusqu’au barrage à 33 km du départ. De là on revient rapido à l’embarcadère après 2h de speed boat !

" La faune  des gorges " 

Pour visualiser cette promenade en bateau, suivez le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-motorboat/sumiderio-126456267

Quand on revient sur la Plaza de Armas, le soleil plombe : 33° à l’ombre ! On se réfugie au mercado où on déjeune tardivement d’huevos à la mexicaine accompagnés de jambon, riz, haricots noirs + sauce piquante. Suivi d’un café sous les arcades de la Plaza.

Retour à Santa Fe, puis à SCLC par des colectivos sans trop les attendre. Arrivés à SCLC, la température est redevenue respirable, voire fraîche ! Récupération du linge et quelques achats pour le piquenique dans l’autocar : demain, on a 9h de route (bus de jour) pour rallier Palenque.

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21 02

Le bus pour Palenque partant à 12 h, on a une petite matinée devant nous. Après avoir préparé les casse-croutes indispensables pour cette expédition, on sort : il fait beau et un peu plus chaud que les jours précédents.

On cherche le bureau de poste car on a des cartes postales à expédier. On a son adresse : la rue est occupée par une cinquantaine de personnes venus en famille des villages et qui font patiemment la queue à l’entrée d’une banque ; mais on ne voit rien dans la rue qui ressemble à une poste. A l’adresse indiquée, on voit une petite porte entrouverte sur la rue, on jette un œil : c’est là, au fond d'un couloir envahi de colis, avec un bureau envahi pareil, et une employée cachée derrière les colis, tapant sur une vieille machine à écrire. En guise de beaux timbres, elle nous vend des timbres sortis d’une imprimante.

" La poste de SCLC " 

On grimpe par une volée d’escaliers sur une petite butte qui domine la ville et qui porte le petit temple de San Cristobalito. C’est notre exercice du matin ! Belle vue sur la ville.

" Petite promenade avant le départ de l'autocar " 

A la gare routière, les bus partent à l’heure, et le nôtre aussi. Durant le trajet, on a droit à la télé qui passe des dessins animés et des films, tantôt en espagnol, tantôt en anglais. La route traverse un paysage de collines boisées : tout est vert ! Contraste avec les jours précédents où les sols étaient grillés par le soleil. Plusieurs contrôles par l’armée ou la police fédérale sur ce trajet traversant le Chiapas.

Comme on n’a pas grand-chose d’autre à raconter sur cette expédition en bus, voici tout de même deux photos explicites sur la hiérarchie des valeurs pour la banque mexicaine !

Étape envoyée depuis l’arrêt à la gare routière de Villahermosa ; encore 3h de bus jusqu’à Palenque !

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22 02

Hier soir, on est arrivé à 9h15 comme prévu. On a attendu 20 mn que le préposé aux bagages arrive pour les sortir de la soute, et comme les passagers en avaient assez de jouer les prolongations, c’était un peu la cohue, chacun voulant être le premier à attraper le sien…

On arrive au logement qui se trouve à 800 m de la gare routière, en passant par un petit passage puis une rue un peu déglinguée et aux rares lumières. Les familles prennent un peu d’air dehors malgré l’heure tardive. Il fait encore chaud, 29°.

Notre logement est spacieux et fonctionnel. On dispose d’une cuisine aménagée à l’extérieur dans un petit jardin. On va chercher des bières et de l’eau fraîche dans la petite tienda juste en face ; ce petit établissement protège son commerce par une grille à gros barreaux, et sert ses clients par un petit portillon.

On passe une bonne nuit au calme (on a mis un peu de clim…).

Ce matin, debout à 6h : on va visiter le site maya qui se trouve à 7 km dans la forêt et les collines, et il est préférable de profiter de la fraîcheur (relative : 24°) du matin pour grimper sur les ruines. On trouve aisément le départ des colectivos pour les ruinas (20 pesos/p) en centre-ville.

Le chauffeur du colectivos nous arrête à la hauteur du musée, où se trouvent les guichets. Car il y a deux guichets : l’un pour payer l’entrée dans le parque nacional (104 pesos/p) et l’autre pour payer l’entrée du site archéologique (90 pesos/p) … L’entrée principale du site est encore à 1,3 km par la route, mais on choisit d’entrer … par la sortie qui est juste en face du musée.

Et ce fut la bonne idée (le gardien de cette sortie nous l’a recommandée !) car ce chemin qui mène aux ruines est de toute beauté : on grimpe le long de cascades qui bondissent au milieu d’une forêt tropicale dense, on traverse un petit pont suspendu pour arriver à des ruines couvertes de mousse et de plantes envahissantes. Déjà des témoignages du passé maya : ici, ils ont utilisé l’eau de la rivière pour faire un genre de sauna : pour se purifier, ils jetaient sur des pierres brûlantes de l’eau mélangée à de la résine pour faire des bains de vapeur !

Les plantes et les mousses envahissent tout !
La pyramide des saunas
Les cascades en cours de pétrification
" La rivière et la végétation menacent les ruines " 

Plus on progresse dans cette forêt, et plus on grimpe, plus les ruines sont imposantes. Et les services d’entretien les préservent de l’envahissement : on voit des gars accroupis arracher à deux doigts les mauvaise herbes… Parvenus au centre du site, les pyramides se font face autour de grandes places. De ce côté de la rivière on ne peut pas grimper dessus, alors qu’on peut le faire sur le groupe de pyramides qui se trouve de l’autre côté. Il y a de nombreux chantiers de restauration en cours et leur travail est immense et interminable car l’humidité favorise la dégradation des pierres calcaires (elles noircissent vite) et l’incrustation des plantes entre les moellons. C’est le premier site où l’on voit des pyramides à peu près complètes, c’est-à-dire avec le temple qui couronne leur sommet : ces restes de temples possèdent encore des bas-reliefs montrant les princes de l’époque dans leur toute puissance.

Le jeu de pelote
" Les pyramides " 

C’est dans une de ces pyramides que l’on a découvert une tombe royale au cœur même de l’édifice. C’est en grattant un petit trou qu’un archéologue a trouvé un escalier y menant. Les trésors de la tombe sont au musée d’archéologie de Mexico city. Mais on a découvert une autre tombe, dans une autre pyramide (plus petite), la tombe de sa femme (la reine rouge), elle aussi riche en objets précieux. On peut y accéder et comprendre comment les constructeurs de l’époque se sont arrangés avec la gravité pour aménager des couloirs souterrains sans avoir recours à la voute en arc. Ils ont utilisé la même technique pour construire les salles des temples au sommet des pyramides.

" Les habitants des ruines " 

On termine la boucle en redescendant par un autre chemin/escalier qui mène à la même sortie par laquelle on est entré…

La visite du musée nous permet de voir la riche collection des objets trouvés au cours des fouilles. Les plus spectaculaires sont les brûloirs à encens, le masque mortuaire en jade (un vrai puzzle) de la reine rouge et les glyphes ayant permis de reconstituer l’histoire du site et de la dynastie qui en était le maître. Le glyphe est un caractère gravé dans la pierre. Les glyphes mayas semblent de premier abord abscons. On voit dans un glyphe des têtes de personnages, des formes géométriques, des entrelacements… tous placés dans des carrés de 100 cm². Or, on a découvert que (pour faire simple…) chacune de ces formes représente une syllabe, et, associée à d’autres dans le même carré, représentaient un mot, ou un nombre, une date, le nom d’un personnage (pour en savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89criture_maya ). La complexité de ce système d’écriture était réservée à l’élite de l’époque et faisait partie de la symbolique du savoir divin qu’elle était censé être seule à posséder.

Dans ce musée, on apprend aussi que les élites Mayas se guerroyaient entre clans, et les archéologues supposent que leur civilisation est entrée en déclin (avant l’arrivée de conquistadors), victimes de leur succès démographique causant famines et migrations.

Un brûloir à encens
Les brûloirs à encens
La défunte lors de sa découverte
La reconstitution du puzzle
" Au musée " 

C’est trivial, mais il fait tellement chaud et lourd, qu’on ruisselle à grosses gouttes, et, vers 14h, alors qu’on revient des ruines, on s’affale dans un petit restau, mous comme des guimauves oubliées au soleil… On avale quatre tacos chacun débordant de sauce piquante verte, et comme on n’en peut plus de cette chaleur, on rentre « à la maison » bénéficier d’une boisson fraîche, d’une douche et d’un peu de clim…

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23 02

La dame du logement est très accommodante : elle nous propose de garder nos valises jusqu’en fin d’après-midi. C’est un grand service, car, comme ce soir on doit prendre le bus de nuit pour Cancun, et qu’entre-temps, on souhaite visiter les cascades d’Agua Azul, ces bagages nous auraient bien encombrés.

Il faut prendre un colectivo pour se rapprocher de ces cascades : 64 km de route de moyenne montagne (1h30, 60 pesos/p) jusqu’au cruzero avec la route qui y descend. C’est la route d’Ocosingo, réputée pour être coupée par les barrages de contestataires qui parfois organisent des « péages » surprise. Cette fois-ci, il n’y en a pas.

Parvenus au cruzero, un « taxi » qui voit descendre cinq touristes du colectivo nous propose le transport jusqu’aux chutes moyennant 30 pesos/p, ce qui ici est exorbitant. Il nous affirme qu’il y a 6 km alors qu’il n’y en a que 4, mais la chaleur déjà présente nous fait accepter (généralement le prix du transport collectif est de 1 peso par km). Les deux filles se serrent sur le siège passager avant, et on est 3 à l’arrière. Autre déconvenue : à l’entrée du village, il y a deux péages de 40 pesos/p chacun : un pour accéder au parque, l’autre pour soutenir la communauté des habitants… Bon, voilà que les barrages s’institutionnalisent !

 " Les péages dont un est abandonné " 

Les chutes par elles-mêmes sont de toute beauté. On tombe bien : le soleil est là et l’eau coule en abondance. La large rivière s’écoule vivement par paliers : l’eau très calcaire a formé au cours des temps de vastes plateformes et l'eau qui s'y repose a une belle couleur vert-émeraude. Un chemin bien aménagé remonte les chutes et la promenade est agréable avec la fraicheur qui se dégage des chutes. Il y a quelques bassins naturels où l’on peut se baigner. Véro y pique une tête ! Une végétation dense recouvre la rive d’en face, ce qui n’est pas le cas du côté du chemin qui est bordé tout du long par des stands de vente d’objets ou de nourriture, et on est lourdement sollicité par les tenanciers. Il faut préciser qu’il y a pas mal de monde venu pour visiter ce site, mais ces touristes sont venus par des bus touristiques d’agence « tout compris ». Ne pas chercher un endroit tranquille pour s’y reposer…

La ribambelle des formis

On ne trouve pas de « taxi » pour remonter jusqu’au cruzero. On se tape les 4 km de montée sous la chaleur. Puis on doit attendre une bonne demi-heure pour qu’arrive le premier colectivo pour le retour vers Palenque ! Une excursion bien fatigante tout de même.

" Paysage sur la route d'Agua Azul " 

A Palenque, on déjeune (15h30…) sous les arcades du zocalo. On se promène un peu, mais c’est une ville quelconque et sans attrait. C’est la première grande ville proche de la frontière avec le nord du Guatemala, il y a beaucoup de migrants qui errent dans les rues, surtout des Haïtiens. Les patrouilles de police sont fréquentes.

" Le bus pour Cancun ... heu , non ,  c'est le transport des vaches " 

On récupère nos bagages chez la charmante dame, puis on va squatter la gare routière jusqu’au départ du bus (21h30).

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24 02

Aujourd’hui, ce fût un vendredi noir. D’ailleurs, ça a commencé hier soir à la gare routière de Palenque. Le bus qui venait de San Cristobal de Las casas et qui devait arriver à 9h15 pour repartir (avec nous) à 9h30, est arrivé à 11h. On était allé aux renseignements (car il n’y a pas d’annonces pour informer les voyageurs) : un accident sur la route aurait causé ce retard.

Donc on s’installe sur les sièges réservés ; on prend l’un, un léger somnifère, l’autre, un anti mal des transports, et une fois les lumières éteintes et les sièges en position relax, on arrive à dormir. Lorsque soudain, à 4h du matin, réveil brutal : les lumières sont rallumées et la police monte à bord : une femme et un homme en uniforme demandent à voir nos passeports, d’autres attendent dehors. La femme a une attitude peu commune : elle se penche sur les passagers et leurs chuchote à l’oreille, tout en fouillant à l’aide d’une torche dans les affaires des gens. Elle s’en prend particulièrement à un groupe d’Européens à l’avant, les soupçonnant de trimbaler de la drogue...

La rangée devant nous est occupée par un couple de Français et, de l’autre côté de la travée, leurs deux ados. On est tous un peu groggys par ce réveil brutal et, alors que la milicienne penche son énorme poitrine sur le monsieur, elle chuchote à son tour à sa femme. La femme proteste énergiquement, non non non ! Véro tend l'oreille et entend qu’ils « deben tener un permiso », leur laissant entendre qu’il leur faut donner des sous pour l'obtenir. Le ton monte, la milicienne laisse tomber et s’en va plus loin dans la travée. A ce moment, un des acolytes monte dans l’autocar, avec une valise à la main (ils avaient ouvert la soute) en demandant à qui elle appartient. C’est celle de Véro ! Elle doit descendre et l’ouvrir. Le policier soulève quelques culottes et comme il n’y avait rien à trouver, il la referme.

Les policiers descendent. Le bus redémarre. Alors, une jeune Française du premier rang vient vers nous et nous demande comment ça s’est passé pour nous. Et elle nous dit que, quand la milicienne a fouillé son sac à main, elle est tombée sur une liasse de billets et en a pris un de 500 pesos sans même lui dire pourquoi ! Elle était tellement estomaquée qu’elle n’avait pas osé protester.

Les esprits s’apaisent et chacun se rendort (sauf le conducteur !).

La route est longue, le jour de lève, on petit-déjeune dans le bus de jus de fruits et de gâteaux secs. Concernant le paysage, il n’y a des deux côtés de la route qu’un front de végétation hermétique et aucun relief. Peu de villages. Que des gros bourgs assez éloignés les uns des autres. Le bus s’arrête pour descendre des passagers à Chetumal, Tulum et Playa del Carmen. Voilà que sur la route, à l'approche de Cancun, il y a un embouteillage de plusieurs kilomètres : le calculateur d’itinéraire annonce 1h40 de ralentissement, affichant un logo « accident ». Il s’agit simplement de travaux ! Finalement on arrive à la gare routière de Cancun à 16h, soit 4h de retard. Le loueur de voiture n’est pas trop loin, mais les 900 m à tirer nos valises à roulettes sous le soleil, nous font arriver tout en sueur.

Et là, le gars de l’agence nous annonce que, comme on est arrivés en retard, il n’a pas de voiture à nous donner, sauf une plus grosse, mais plus chère. Une autre option : attendre qu’une se libère. Alors là, on a senti les premiers craquements dans notre légendaire sérénité. Le ton monte, et même Véro (qui habituellement hait les conflits) s’y met ! Alors la voiture demandée est soudain prête en 20 mn ! Elle nous attend, moteur ronronnant, devant l’agence.

La prise en main se révèle délicate : boite automatique et nervosité (du moteur… et du conducteur !). Bref, après une dizaine de kilomètres, et quelques coups de Klaxon de la part de grincheux, on s’emmanche sur l’autoroute qui va de Cancun à Merida, avec Valladolid (où nous faisons étape) au milieu. La nuit tombe. En fait d’autoroute, elle n’est pas achevée ! Sauf le péage... Les engins travaillent encore sur les bas-côtés, éclairés par de puissants phares éblouissants, ce qui fait qu’on n’y voit rien. L’autoroute est aux trois quart à une voie par sens. Il y a des tas de sable au milieu de la chaussée, des cyclistes, des piétons, et il fait nuit noire ou bien on est ébloui par les puissants phares des travaux. On rate le carrefour pour aller à Valladolid ! Heureusement, un kilomètre plus loin, au milieu des travaux, il y a une station-service, des ouvrières du chantier de construction des échangeurs nous expliquent qu’il faut remonter à contre-sens sur le bas-côté pour retrouver la sortie du carrefour ! On s'engage dans la file des "égarés" qui remontent l'autoroute en frôlant les gros camions qui viennent de l’autre sens !

Pouf pouf. On arrive enfin à l’entrée de Valladolid, où un supermarché nous tend les bras. On va faire quelques courses car on n’a plus rien en stock. On range tout ça dans le coffre. Et on va pour démarrer. Clé dans le Neiman. La voiture ne démarre pas ! on réessaye n fois, le levier comme-ci, les portes comme ça, le frein à main, les ceintures… Rien à faire ! la voiture ne bronche pas, nous voilà bien ! On lit attentivement le mode d’emploi de la voiture (en espagnol) mais on ne comprend pas tout. Véro avise un garage à une centaine de mètres. Elle revient avec un gars jovial. Que pasa ? Il prend la clé et la tourne : le moteur démarre !! J’avais oublié d’appuyer sur la pédale de frein ! La honte !

On trouve facilement notre logement malgré l'heure tardive, il est correct, sans fioritures et fonctionnel.

On arrose notre arrivée laborieuse par une bière et un cidre.

Vous pensez bien qu’au cours d’une telle journée, on n’a pas de photos à publier …

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25 02

Sommeil de plomb et réparateur après une journée assez pénible.

On se lève tôt afin d’être à 8h pour l’ouverture du site de Chichen Itza 40 km à l’ouest de Valladolid.

Du monde aux caisses

Quand on y arrive (parking : 80 pesos), il y a déjà deux queues d’une trentaine de mètres chacune ! Quant aux tarifs par comparaison avec ceux qu’on pratiquait jusqu’ici, ils sont exorbitants : 614 pesos/p. ! Ce prix est la somme du prix habituel des sites archéologiques pour tout le Mexique : 90 pesos, plus 524 pesos qui est une taxe spéciale étrangers et qui est directement versée à l’état (les Mexicains paient une taxe trois fois moindre). De plus, si on règle avec une carte de crédit, il faut régler les 90 pesos à une caisse et régler les 524 pesos à la caisse d’à côté…

On va mettre 45 mn pour être à la hauteur des caisses. Cette lenteur fait le bonheur des « guides officiels » qui recrutent dans les queues les gens las d’attendre leur tour aux caisses avec cet argument décisif : c’est à eux qu’ils vont régler les frais d’entrée lesquels s’ajoutent à leurs honoraires. Pareil pour les passagers des cars de tours opérateurs : ils accèdent directement au site en suivant leur « guide ».

Ça ne gâche en rien la majesté du site. On découvre autour d’une très large esplanade en herbe une immense pyramide, des bâtiments cérémoniels chargés de bas-reliefs, le plus grand jeu de pelote du monde précolombien, des colonnades par centaines, et, quand on s’enfonce dans les parties boisées, des dizaines de temples et même quelques cénotes utilisés par les Mayas pour leurs cérémonies sacrificielles (les archéologues plongeurs ont découvert des squelettes au fond des cénotes du site…).

" La grande pyramide " 
Ce vainqueur se promène avec la tête de son vaincu
Cet aigle tient un coeur d'homme entre ses serres
" Les bas-reliefs " 
Le symbole de la balle (quel enjeu !)
Celui-ci tient d'une main un couteau, et de l'autre la tête qu'il a coupé avec
" Le terrain du jeu de pelote " 
Le cenote des sacrifices
Un visage
" Le site de Chichen Itza "
" Le palais aux mille colonnes " 

Il faut dire que les Maya, ou du moins leur élite, n’étaient pas des tendres et qu’ils pratiquaient des jeux à « qui perd meure » tels les Romains avec leurs combats de gladiateurs… En témoignent les bas-reliefs où on voit un vainqueur muni d’un couteau exhiber la tête coupée du perdant. Cela dit, cette importante cité a été vidée de ses occupants bien avant l’arrivée des conquistadors.

On passe presque trois heures à déambuler dans le site. Les espaces se réduisent à la mesure de la foule qui arrive et qui se presse autour des monuments. Dans cette foule, beaucoup de Français, surtout des familles.

Le food court du zocalo

A midi, on revient à Valladolid. On déjeune dans un grand patio derrière le zocalo, aménagé en genre de food court. On choisit des plats dans un stand chinois ( !), mais un peu mexicain tout de même…

Après une pause d’air frais « à la maison » (dehors, il fait une chaleur…), on repart vers le nord, à 30 km, voir le site d’Ek Balam.

Contraste total ! Les monuments du site sont noyés dans la forêt, peu de monde dans ce désert vert, et on peut accéder au sommet des pyramides (moyennant des bons mollets et une absence de vertige) ! Et, bonus : ces temples ayant été recouverts de terre au moment de leur abandon, lors des récentes fouilles, de remarquables décorations sculptées d’entrées de temples ont été découvertes.

Les paillottes sont là pour protéger les bas-reliefs
" Le site d'Ek Balam " 

Là aussi, on passe un bon moment, et, on joue à cache-cache avec les iguanes.

Retour au zocalo de Valladolid où, au soleil couchant et assis sur un des bancs du parc, on déguste de délicieuses glaces tout en regardant les gens passer nonchalamment en grignotant des marquesitas (crêpes gaufrées fourrées de crème et enroulées comme des cigares).

" Quelques vues de Valladolid " 
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26 02

L’autoroute qui va de Valladolid à Merida est elle aussi en construction : on a droit a une voie de circulation par sens. Sur 40 km, d’énormes engins élargissent les bas-côtés, en mordant largement sur la forêt. De plus, une voie de chemin de fer (TGV ?) est aussi en construction en parallèle à l’autoroute. De gros camions acheminent des rochers sur le chantier, des camions citernes arrosent la route pour faire coller la poussière, des ouvriers vont et viennent sur la chaussée en dépit de la circulation, certains agitant tout de même des drapeaux rouges à bout de bras pour signaler les points de passage des gros camions de chantier. La conduite est assez éprouvante. On fait un petit stop à Merida pour quelques courses et un peu de repos.

La route pour Uxmal est bien plus tranquille.

Le site archéologique d’Uxmal est complètement isolé dans cette forêt tropicale qui couvre la majeure partie de la péninsule du Yucatan, et seuls quelques rares cars de visiteurs font le déplacement. Pourtant le site est, une fois encore, étonnant ! Ici la principale pyramide (Adivino = du devin) ), plus haute encore que celle de Chichen Itza) possède des arêtes arrondies, des escaliers bien plus raides (qu’il est interdit d’escalader) et des bas-reliefs sur le temple sommital. A proximité, une grande esplanade carrée est entourée d’édifices aux façades décorées de motifs sacrés : serpents à plumes, figures géométriques, statues de personnages, etc. … Une autre pyramide (carrée) reste enfouie sous la végétation : seule, une façade a été dégagée. D’autres bâtiments importants parsèment le site, mais nombre d’entre eux ne sont pas accessibles au public : on y fait encore des fouilles. Et bien sûr, une multitude d’iguanes habitent les ruines. Ici, on résiste mieux à la chaleur : les nombreux arbres rescapés de la forêt procurent de l’ombre et il y a un peu de vent.

" La grande pyramide Adivino "