Quelques anecdotes totalement subjectives et partiales. Tout est idyllique avant le départ, mais la réalité reprend vite le dessus ...
Septembre 2018
5 jours
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Nous voici embarqués dans le vol Volotea direct Toulouse – Prague. Cette escapade de quelques jours, qui réunit quatre couples de vierges (ou presque…), est motivée par des anniversaires proches qui ne sauraient être fêtés seuls. Cependant, dans cet avion (qui porte un drôle de nom, voir la photo), nous sommes dispersés dans tous les coins : le supplément pour réserver les sièges coute presque aussi cher que le vol ! Ce n’est pas grave : le vol ne dure que deux heures.

Notre escapade n’a d’autre projet que de visiter la ville en bons touristes, sans se presser, et de ne négliger aucune occasion pour se poser et déguster les 1000 bières que les guides touristiques nous vantent.

Quel drôle de nom pour un avion ! 

Le temps à Prague est doux, le ciel un peu gris, ce qui est mieux que les orages qui avaient été pronostiqués. Pas de formalité à la frontière. On prend des forfaits « 3 jours tous transports » à 310 Kc (1€ = 25 Kc). Bus 119, puis métro A, puis C jusqu’à la station Vyšehrad. En sortant de la station, on a un peu de mal à s’orienter, d’autant plus que les GPS s’affolent dans les dédales des ponts autoroutiers et des tours d’immeubles.

Pour rallier l’hotel Ostrůvek, on traine nos petites valises à roulettes un petit quart d’heure à travers un quartier populaire plutôt endormi. À la réception, on est chaleureusement accueilli par un jeune homme particulièrement enthousiaste : il nous prodigue mille conseils avec un large sourire et dans un anglais qu’aucun de nous n’est capable d’égaler.

La place Otakarova 

Une fois les chambres attribuées, on se retrouve pour ressortir faire un vieux classique : voir le coucher de soleil sur la Vltava depuis le pont Charles. Le tram 18, à deux pas de l’hôtel, nous y emmène direct. On essaye de déchiffrer les noms des magasins et autres indications, et on se rend vite compte que ça ne va pas être simple de se mettre à la langue tchèque. Et on n’est pas encouragé par l’exemple qu’en donne le Guide du Routard : si vous avez à dire « enfonce ton doigt dans la gorge », il faudra savoir prononcer « Strc prst skrz krk » ! (au scrabble tchèque, ce doit être les voyelles qui ont le plus de points…).

Crépuscule sur la Vltava 

La nuit tombe sur Prague ; les quais et le pont Charles sont envahis par les touristes qui veulent ramener la photo souvenir « coucher de soleil sur la Vltava ». On traverse un peu de la vieille ville pour s’installer au restaurant U Medvídků (rue Na Perštýně) qui nous a été recommandé par notre amie voisine Sud-Africaine.

Restaurant U Medvídků  

Le gars qui gère les entrées est assez confus alors que la grande salle bondée est déjà bien animée, les serveurs/veuses circulant les bras chargés de plats fumants ou de bocks de bière débordant de mousse ; mais on parvient tout de même à se grouper autour d’une table. Au bout d’un certain temps on nous sert les plats : canard, jarret de porc, goulasch, et autre. Copieux et excellent. Un truc bizarre tout de même : à peine la dernière miette est essuyée de l’assiette, qu’un serveur se précipite pour la retirer hâtivement. De même pour les bocks de bière… On se pique de curiosité : une petite promenade dans les salles médiévales du fond révèle des tablées entières de fêtards du troisième âge poussant la chansonnette !

Retour à l’hôtel par le tram 18, repus et un peu HS.

La nuit, on se rend compte que les transports publics fonctionnent fort tard dans la nuit, grâce à la musique des boggies qui couinent sur les rails et les bringuebalements de ferraille lorsque les trams passent sur les aiguillages. Ah, la musique moderne…

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Petit dej à volonté (œufs, fromage, charcuterie, viennoiseries).

Notre petit cortège se rend à pied sur la place Otakarova, toute proche. (Non, le nom de cette place n’est pas en l’honneur du prince Ottokar, cher à Tintin…). Et on ne saute pas non plus dans un autocar, mais dans le tram 14 vers le centre-ville. On descend à Vodičkova, une grande artère animée. Là commence notre déambulation piétonne.

Les immeubles rivalisent d’originalité dans leurs décors : portails, fenêtres, balcons, toitures, façades sont autant de supports pour exposer des œuvres de sculptures, proposant aussi bien des plantureuses cariatides « néo baroques », des échauguettes « néo renaissance », des entrelacs « art nouveau », que de sévères colonnes « néo classiques staliniennes ».

" Façade en enduit gratté " - " Statue équestre de saint Venceslas (à l'envers)  "

Dans le passage Lucerna, on sourit devant l’audacieuse sculpture de David Černý, représentant le saint roi Venceslas chevauchant fièrement la dépouille pourrissante de son destrier pendu par les pieds, ironisant ainsi sur la grandiloquence de l’œuvre originale du même roi trônant en majesté sur la place centrale de Prague. De là, on se rend donc sur cette grande et large avenue, et là on sourit encore sur les diverses statues disposées sur la pelouse centrale. David Černý s’est fait connaître en peignant en rose un char soviétique, payant cette audace par de la prison…

" Statue équestre de saint Venceslas (à l'endroit) "  - " Ester au mobile "


On fait un petit détour par la Poste centrale où les hauts murs sont entièrement décorés de peintures en enduit gratté, pour atteindre la tour poudrière et la maison communale (Obecni dům), quartier où règne une ambiance de nos grands boulevards. Tous ces efforts méritent un arrêt, lors duquel certains testent leur première bière. Un soleil magnifique éclaire la belle terrasse où l’on se prélasse. Sous prétexte de chercher des toilettes, on se faufile chacun à son tour dans les vastes salles de restaurant aux boiseries et luminaires si chic, puis dans les sous-sols qui recèlent d’autres salles plus confidentielles.

 " La tour poudrière  " - " L'entrée de la Maison communale " - "  Le restaurant de la Maison communale  "

À deux pas : l’hôtel de Paris… On traîne dans la rue Celetna aux mille magasins pour atteindre le fameuse place Staromestske (= vieille ville). Bien sûr, elle est pleine de touristes, mais qu’est-ce qu’elle est belle ! Les façades colorées des maisons, les flèches des églises, les tours aux toits pointus, les ruelles étroites, et quelques arcades …

 " Hotel de Paris (Pariz) " - " Du style dans la  porte " - " Magasin interdit aux éléphants "

Dommage : l’horloge astronomique est emballée dans un échafaudage couvert de bâches. Dans l’hôtel de ville de la vieille ville, on prend l’ascenseur qui grimpe au sommet de la tour. De là, une magnifique vue 360° sur les toits de la ville.

Au pied de cette tour, de multiples stands proposent des cuisses de porc et des saucisses rôtissant dans des barbecues géants. La bière coule à flots !

L’eau vient à la bouche, alors on songe à se poser dans un petit restau. Que l’on trouve dans la rue Kostečna qui donne dans la chic Rue de Paris, c’est le Krčma. La salle est enfouie à moitié en sous-sol, meublée de solides tables et chaises en chêne. La déco est à base de bougies fondues… Et le plat de base est le jarret de porc rôti (arrosé de bière). On se régale, mais, on risque de se trainer le reste de l’après-midi…

 " L'avenue de Paris (Parizska) "  " Le jarret de porc 1200g ! "
" Le veilleur de nuit "   " Une entrée qui ne manque pas de relief ! "  "  Agriculture et industrie "

On est tout près du quartier juif. Il faut acheter un pass pour visiter les synagogues, les musées et l’ancien cimetière, ainsi que le mémorial aux victimes des bourreaux nazis. Beaucoup d’émotions dans cette ancienne synagogue Pinkas où les noms des milliers de victimes tchèques sont inscrits sur les murs.

" Le cimetière juif  "

Dans la perspective de la Rue de Paris, on aperçoit sur les collines de Letna qui surplombent l’autre rive de la Vltava un curieux monument : d’énormes aiguilles peintes en rouge qui se meuvent dans un balancement régulier. C’est un métronome géant ! Il remplace une statue de Staline… On y va ! La montée est rude ! Mais de là-haut, une belle vue sur Prague nous attend.

" Les ponts sur la Vltava " " Hanavský Pavillon " 

On se promène un peu dans un beau parc où l’on admire l’élégant Hanavský Pavilon. Tram pour rallier l’autre rive de la Vltava. Pot (bières…) à l’écart de la rue Karlova, dans une petite cour bien calme. On se sépare dans la vieille ville, un groupe, fatigué par cette longue déambulation retourne à l’hôtel, l’autre continuant la déambulation à travers les parcs au sud de la vieille ville. Retrouvailles à l’hôtel, puis dîner dans le restaurant U Kašpara qui nous a été chaudement recommandé par le garçon de la réception. Quand on arrive, c’est le coup de feu et la serveuse est au bord de l’apoplexie. On patiente grâce à quelques bières…

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Après le copieux petit-dej, on fait quelques emplettes en vue d’un pique-nique à midi dans une petite échoppe tenue par un Asiatique. Puis tram direct vers le pont Charles.

Les statues du pont Charles semblent moins sinistres que précédemment. Tout Prague est ensoleillé, y compris les statues noircies par le temps. Et la foule des touristes est au rendez-vous ! Au bout du pont, on tourne un film en contre-bas. Un service d’ordre disperse sans management les curieux, ce qui est assez agaçant.

 " Les sculptures de l'entrée du pont Charles " -  " Le mur de Lennon "

Petite promenade vers la paisible ile de Kampa. On passe devant le « mur de Lennon » (en face de l’ambassade de France), où on ne distingue plus grand-chose du portrait original de l’artiste, recouvert par de nombreux tags, pas tous heureux… Pause-café à la terrasse d’une agréable auberge surplombant un petit bras de la Vltava, à côté d’un moulin à aube et d’un curieux petit personnage grimaçant assis sur le quai.

Le paisible parc de l’ile Kampa sert de pouponnière à de curieux bébés monumentaux. C’est encore une œuvre de David Černý. Mais les têtes sans visage des bébés et dont on ne comprend pas la motivation, laissent une amère impression.

 " Sculpture moderne " - " Vue depuis Seminářská zahrada (Petrin) "

Pas loin de là, un funiculaire grimpe vers les jardins Petrin. Pas de vue grandiose sur la ville, mais belle promenade autour de l’observatoire et parmi les roseraies et les allées d’un joli parc. Un petit sentier descend à travers les vergers de Seminářská zahrada, où on croque quelques pommes à peine mures. Il est temps de trouver de quoi compléter le pique-nique dans une sandwicherie de Mala Strana. On trouve quelques marches mi-ombre, mi-soleil, à l’écart du flot des touristes, dans une ruelle de la colline du château pour la pause déjeuner.

Dans ce quartier aux maisons cossues, les artistes s’en sont donnés à cœur joie pour multiplier les décors des façades. Ce qui nous a permis de faire la part entre les cariatides et les atlantes.

" Les atlantes de l'ambassade de Roumanie "  " Pas de pitié pour le chasseur ! "  " La colline du château " 

Notre promenade nous conduit au palais Wallenstein, actuellement le sénat tchèque. Des panneaux exposés dans les vastes jardins racontent l’histoire de la Tchéquie depuis les origines. On est entouré d’un décor un peu bizarre : de hauts murs sont « décorés » sur des dizaines de mètres par des dégoulinades de ciment, dans lesquels l’artiste a voulu voir des stalactites, parmi lesquels se cachent quelques visages, mais avec le temps, le noir et la poussière rend ce vaste tableau plutôt … kafkaïen !

Dans le bas de Mala Strana, pas loin de l’entrée du pont Charles, on s’offre un petit dessert : un tredlnik. Le tredlnik est une pâtisserie faite d’une pâte enroulée autour d’un bâton conique afin d’en faire un cornet, ensuite rôtie, puis remplie de glace ou de compote, le tout surmonté de crème chantilly. Calories + + !

 " Sous le pont Charles  "  " Ici, on fabrique des tredlnik  "

Parvenus à l’extrémité du pont Charles, on trouve un bistro (Prague Beer Museum) pour étancher notre soif (ce n’est décidément pas trop difficile de trouver un bar à bière dans cette ville). La carte propose quarante bières pression différentes - difficile de faire son choix.

On se sépare en deux groupes pour les mêmes raisons qu’hier. Le groupe des randonneurs extrémistes continue la promenade le long des quais de la rive droite de la Vltava vers le sud.

  "  Les filles ... "  " ... et les garçons  "  " Sur les quais de la Vltava " 

Les maisons majestueuses qui bordent les quais sont éclairées par les lueurs orangées de la fin d’après-midi ensoleillée, et la façade vitrée de la maison dansante brille de ses mille feux. En contrebas de la rue, sur le quai sont accostés des péniches transformées en bars à bière. Et c’est l’affluence à cette heure de sortie des bureaux. De nombreux jeunes se posent là et grignotent en vidant des chopes. La bière n’a pas l’air de leur monter à la tête !

" La maison dansante "  "  Sur les bords de la Vltava "

On prolonge la promenade jusqu’au quartier de Vysehrad où l’on veut voir les maisons « cubistes ». Manque de chance, le quartier est chamboulé par des travaux. Grâce à une sympathique passante, on peut tout de même voir au coin des rues Premyslova et Neklanova une maison caractéristique aux angles acérés dits « en pointes de diamant ». On traverse le jardin du Bastion où se dressent d’étranges sculptures : des êtres humains percés de trous et aux bras qui s’enfoncent en terre.

 " La maison cubique  "   " Sculpture moderne "  " Il fait chaud à Prague !  "

Retour à l’hôtel où l’on retrouve le reste de la bande, ressuscité grâce à une pause méritée.

Retour au restaurant U Kašpara, où aujourd’hui, la pression semble être redescendue.

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On fait comme la veille : petites emplettes à l’échoppe du coin en vue du pique-nique. On prend un maximum d’eau : la journée est ensoleillée et promet d’être chaude.

Tram 6 puis tram 23 pour se rendre au plus proche du château.

Le château est placé sur une colline sur la rive gauche de la Vltava. Depuis le pont Charles, ce château, un alignement d’immeubles austères dominant la ville, donne un aspect inquiétant : on l’imagine occupé par des milliers de fonctionnaires soumis, affairés à des tâches obscures, servant un empire englué dans l’immobilisme de la monarchie absolue. Kafka a bien relaté ce poids qui pesait sur les Pragois, à l’époque des Habsbourg, mais peut-être l’est-il toujours un peu car c’est encore un lieu de pouvoir.

Mais lorsqu’on approche du château depuis l’arrêt du tram situé au nord, l’impression est différente : de hauts remparts, de massives tours de guet, un fossé escarpé nous ramène à l’époque féodale.

C’est par l’entrée nord que s’effectue l’entrée des touristes et on doit faire la queue pour le contrôle des sacs, puis pour prendre les tickets. C’est un peu compliqué de choisir entre les différentes formules proposées : dans l’enceinte du château, on peut circuler librement sans ticket dans les espaces extérieurs (places, esplanades). Pour visiter l’intérieur des monuments, il est proposé plusieurs pass selon la quantité des monuments souhaités. On se contente du pass minimum. Et on a vu après avoir fait la queue pour prendre les pass, qu’il y avait d’autres guichets et distributeurs dans les différentes places du château…

 " Restons calme !   "   " Difficile d'entrer dans la cathédrale St Vita (St Guy) "

Il y a beaucoup de touristes, la plupart en groupe. C’est la cohue pour entrer dans la cathédrale, où des entrées se font par contingents pour limiter l’affluence. Dans notre guide la cathédrale est nommée Saint Guy, mais ici on l’appelle Saint Vita, ce qui explique la confusion lorsqu’on la cherchait sur les plans de la ville… L’intérieur de la cathédrale est majestueux, mais les allées sont encombrées de milliers de décors aux allures kitchs, chargés d’or et d’argent, d’angelots et de martyrs. Il a fallu que l’Église en remontre aux Pragois tentés par la Réforme !

" La cathédrale St Vita (St Guy) "  " Vitrail de Mucha "  " Sculptures aériennes "

Puis on visite la Ruelle d’Or, un espace préservé de maisonnettes accolées aux remparts et qui abritaient divers commerces et ateliers. Actuellement, des reconstitutions permettent d’entrevoir ce que pouvait être la vie quotidienne de cette rue aux siècles passés. Très intéressant malgré la bousculade. Pas loin de là, on accède à une tour qui a servi de prison, avec ses oubliettes et ses salles de torture…

" La porte d'or  "  " Les danseurs du portail "  " Il n'avait pas payé l'entrée  "

On s’installe pour le pique-nique dans les jardins suspendus du château, avec vue sur la ville. Quand on reprend la route, des gardes surveillent qu’on ne laisse pas de détritus derrière nous… Café sur une terrasse donnant sur la grande place devant ce qui fut la majestueuse grille d’entrée du château à l’époque des carrosses.

" Le parc du château "  " Vue sur la ville "

Tram pour la vieille ville : il faut aller voir cette institution qui est la plus vieille brasserie de la ville ! Il s’agit de la brasserie U Fleků. Sur la rue, un portail s’ouvre sur une vaste cour où des dizaines de tables sont alignées, toutes entourées de clients (touristes pour la plupart). Un musicien pousse des airs de guinguette sur son accordéon, les serveurs circulent entre les tables, le plateau remplis de bocks de bière levé au-dessus de la tête, d’autres proposant aux clients des petits verres d’alcool. L’ambiance est relevée, et il faut hausser la voix pour s’entendre. On ne rechigne pas à participer à l’ambiance, en commandant des bières et en goûtant à ces alcools.

" U Fleku  "

En ressortant de ce piège (attention, ici il ne faut pas poser son bock vide sur la table, sinon, un serveur vient vite le remplacer par un plein…), on retourne sur les quais comme la veille car, décidément, cet endroit est très agréable.

" Il y a du monde au balcon "  " Un veilleur de nuit " " Une friche industrielle "

Puis on se sépare entre ceux qui rentrent à l’hôtel et une petite équipe qui a pour mission de prospecter afin de trouver un restau pour ce soir.

Le restaurant Matylda (au coin des rues Rumunska et Tylovo nam, station de tram Bruselska) se révèle être un très bon choix où les plats sont gouteux et copieux.

" Goulasch servi dans une miche de pain "


07 septembre

On rentre contents de cette escapade, mais tout de même bien conscients de n’avoir vu que le dixième des sites d’intérêts qu’offre cette ville.

On ramène aussi quelques souvenirs : des kilos en plus !