Quelques anecdotes totalement subjectives et partiales. Tout est idyllique avant le départ, mais la réalité reprend vite le dessus ...
Du 11 au 15 septembre 2019
5 jours
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11/09


On se réveille aux aurores afin d’être à l’aéroport suffisamment tôt pour attraper l’avion Ryanair de 8h45 à destination de Naples. C’est la même bande de « djeuns » qui a arpenté Prague l’an passé et qui se remobilise !


Juste après avoir avalé un café/brioche, on passe à l’embarquement, non sans difficultés, car certaines de nos petites valises ont des roulettes, ce qui n’est pas admis sans supplément : 25€/v ! On quitte le ciel voilé et l’air frisquet de Toulouse pour le ciel lumineux d’un soleil éclatant et l’air déjà chaud de Naples. Achat rapide des billets du shuttle (Alibus) pour le centre-ville, mais queue d’une demi-heure en plein soleil pour monter dans le bus… Bel embouteillage sur la place de l’aéroport, dû aux travaux de la prochaine ligne de métro. On descend place Garibaldi, au pied de la gare centrale.


Pour rejoindre notre logement via Duomo, juste à côté de la cathédrale, il nous faut marcher un petit kilomètre vers l’ouest. Après la grande place, on traverse par de petites rues un quartier un peu laissé à lui-même, encombré de poubelles débordantes, habité par une population africaine et où les mendiants accroupis hèlent les passants. On longe le sinistre bâtiment aux fenêtres armées de doubles barreaux de fonte épais comme le bras et qui abrite le tribunal. Puis, comme il se doit, on remonte l’étroite et sombre via dei Tribunali jusqu’à ce qu’elle croise la via Duomo. Le quartier change d’aspect : ici c’est la « vieille ville », cœur de la Naples touristique, et ce qui encombre les rues, ce sont les étals de bibelots, les chaises des trattorias et les scooters… Les immeubles, bien qu’anciens, sont très élevés, séparés par des ruelles étroites où la lumière du jour a peine à descendre, mais souvent dotés de belles cours intérieures.


L’appartement (situé au premier étage) est vaste et permet d’héberger plus ou moins confortablement les quatre couples. La réalité est moins élogieuse que la description du site de réservation, mais bon… (exemple : le petit déjeuner annoncé pour nous huit et quatre nuits, consiste en quelques sachets de thé et de café, un litre de jus de fruit, et une grosse galette/gâteau). Après la remise des clés, on reprend la via dei Tribunali et on s’affale à la terrasse d’une trattoria pour commander notre première pizza.


Puis, par un itinéraire de 2,5 km, passant par la Galleria Principe di Napoli, et le Corso Amedeo di Savoia, on rejoint les premières hauteurs de Capodimonte.

C’est au pied de ces hauteurs et sous une immense église que se trouvent les catacombes de San Gennaro. Ces vastes catacombes ont été creusées dans l’épaisse couche de cendres volcaniques indurées sur laquelle est bâtie la ville de Naples. Déjà occupées par les Romains et les premiers chrétiens, elles ont été agrandies sur plusieurs niveaux, et disposant de plusieurs églises souterraines, et ont abrité de nombreux caveaux creusés dans le tuf et des cellules décorées de fresques. Elles ont été vidées de leurs « habitants » par les pillards, puis abandonnées et oubliées durant un millénaire. La visite est menée par une jeune femme très énergique et impliquée, nous faisant revivre tous les épisodes des diverses restaurations. Entre autres : le conflit avec le Vatican, propriétaire des lieux et qui demande un loyer de 7500 € à son association qui entreprend les restaurations et organise des visites pour les financer !


La sortie des catacombes se fait dans une cour d’hôpital vieillot adossé à une église. On traverse un quartier populaire, animé, où tout le monde s’interpelle.


Après quelques courses, on retourne à l’appartement où on dine d’une immense salade. Douche tiède/froide et WC à évacuer à l’aide d’un sceau d’eau pour compléter la chasse déficiente…

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12/09



Debout à 7h30 ! On trouve enfin le moyen d’avoir de l’eau chaude à la salle de bain N°1. On verra plus tard pour la N° 2.


Visite du Duomo, notre voisine. C’est là que dans quelques jours sera célébré l’anniversaire de San Gennaro, patron de la ville, et dont les reliques ont été trimbalées selon les vicissitudes dues aux guerres et aux brigandages. Malgré tout, la cathédrale abrite une ampoule contenant quelques cristaux du sang du saint et qui doivent se liquéfier le 19/09 (nous serons partis !) devant une foule impatiente et angoissée (sans quoi, ce sera la cata pour les habitants de Naples !). Déjà, en prévision de l’évènement, la rue Duomo est envahie de larges décorations lumineuses kitch façon noël. On attend du monde…


On se promène à travers les petites rues pour rejoindre le cloître de l’église Santa Chiara, le chiostro delle clarisse. À Naples, il y a des églises tous les dix mètres, et il faut bien en choisir quelques-unes pour se faire une idée des richesses qui y sont accumulées … Et ce cloître en est un bel exemple. Enchâssé dans un des quartiers les plus démunis de la vieille ville, il offre un havre de paix dans un décor qu’on pourrait qualifier de romantique s’il n’avait été destiné aux errances de célibataires voilées, renfrognées dans leurs réflexions théologiques. Leur héroïne : santa Barbara, homicidée par son propre père. Heureusement, l’affluence des touristes y rend l’air léger et insouciant….


On prend le funiculaire Montesanto/Vomero. On débouche sur un quartier d’un autre monde : rues alignées, bordées d’arbres et d’immeubles de rapport, aux commerces de luxe et aux terrasses de café ombragées. On fait quelques courses dans un petit marché puis on piquenique dans un petit parc à proximité. Visite du « château », forteresse « à la Vauban » qui domine la ville et la baie. Des salles aux vitrines remplies de santons très expressifs mis en scène pour représenter la vie quotidienne du peuple napolitain. Une magnifique terrasse avec vue sur la baie et le Vésuve, et dont les jardins sont ponctués de crânes en marbre… La descente vers le quartier espagnol par les nombreuses marches de la via Pedamentina met nos genoux à l’épreuve ! Pause dans un bistro pour gouter à la Spritz. On quitte les sombres ruelles étroites du quartier espagnol, pour déboucher sur les éclatantes verrières de la Galleria Umberto I. Sur le chemin du retour, on passe devant l’imposant Castel Nuovo, entouré par d’importants travaux de voirie un peu perturbés par la découverte de vestiges archéologiques.


Courses dans un supermarché de produits alimentaires de luxe (implanté dans ce quartier d’entrepôts probablement pour satisfaire l’appétit des croisiéristes débarquant du port juste en face). Repas dans une trattoria dont les tables débordent sur la Via dei Tribunali. Pas mal d’agitation…

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13/09


Debout tôt pour aller visiter Pompéi. Train de 8h27 à la gare centrale, ligne FS Napoli-Salerno. Wagons neufs, air conditionné. Arrivée à la gare « Pompéi » à 9h10. Il y a 3 gares à Pompéi pour accéder au site, les deux autres sont sur la ligne Circumvesuviana. À peine sortis du train, nous sommes harponnés par des rabatteuses qui insistent lourdement pour nous vendre des tickets via leur agence… Comme on sait que les vraies caisses sont à l’entrée du site, on décroche et on va prendre un café sur la place du centre. Il y a deux entrées pour accéder au site des ruines : on passe par celle de la piazza Anfiteatro à l’est. Le groupe se sépare, chaque couple évoluant dans les ruelles des ruines à son rythme. On se donne RV à 13h pour déjeuner au resto du site.


La visite se fait sous un soleil éclatant, voire plombant ! Et plus l’heure avance, plus on se bouscule dans les ruelles : les bateaux de croisière ont lâché leur cargaison !! On parvient à visiter les principales demeures, ainsi que les théâtres et le forum. Mais pas le lupanar ! trop de monde : une file d’attente interminable s’étire dans l’étroite ruelle.


Malgré cette agitation, on parvient à ressentir l’opulence dans laquelle vivaient les habitants de cette ville : urbanisme aéré, vie collective intense (forum, théâtres, temples, …), vastes demeures, richement décorées (bien que la plupart des fresques soit au musée de Naples). Et on ressent aussi la frayeur des derniers instants dans l’anéantissement soudain de cette opulence par le volcan tout proche : en témoignent les moulages des cavités découvertes dans le tuf, créées par les corps surpris par la nuée ardente, puis évaporés…


À l’heure du rendez-vous, on a du mal à se retrouver : le restaurant du site est fermé pour cause de travaux, et un des couples s’est retrouvé par mégarde hors du site ! On rentre sur Naples en prenant le train de la Circumvesuviana, à la gare de Pompei - Villa dei Misteri, juste à la sortie Ouest du site. Sur cette ligne, les wagons sont vieillots et brinquebalants. On arrive à la gare de Naples Porta Nolana. Il est presque 3h, les restaus du coin sont fermés, alors on fait quelques courses dans la rue commerçante Cesare Carmignano et on va déjeuner à la maison.


Le reste de l’après-midi est « libre » : certains se reposent, d’autres vont en ville se promener. Notre promenade nous mène au Castel Nuovo, un château fort qui défend le port. Impressionnant avec ses cinq tours massives. La cour intérieure est tout autant sévère. On va dans les étages visiter un petit musée déserté où sont rassemblées des sculptures que la municipalité ne savait pas où caser… De la terrasse de la tour sud, on admire le port où les immenses bateaux de croisière font escale. L’un d’eux arbore à sa poupe un beau mur d’escalade : pas sûr de trouver des adeptes dans la clientèle majoritairement composée de retraités…


Glace napolitaine dans le Corso Umberto I. Un regroupement de vieilles voitures et de gros camions techniques : un film se prépare ! On se retrouve à la maison pour l’apéro.


Repas à la nuit tombée à la terrasse d’une trattoria voisine : une placette, une colonne/statue au milieu, des tables pour les clients de la trattoria, des enfants qui jouent en courant et en criant, et des habitants torse nu, affalés sur les appuis de fenêtre de leur immeuble pour prendre l’air…


Le serveur de la trattoria est particulièrement enjoué et nous raconte des histoires drôles pour nous faire patienter !

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14/09


Debout à 8h45. La douche est enfin chaude pour (presque) tout le monde.


Visite guidée d’un des souterrains de la vieille ville (Napoli sotterranea), en anglais… La guide, très en verve, parle très vite et on ne comprend pas tout. Ces souterrains ont été creusés par les Romains dans l’épaisse couche de tuf pour alimenter la ville en eau : aqueducs, citernes et puits se succèdent dans les profondeurs, reliés par d’étroits boyaux dont on en parcourt une faible partie (1,5 km ! 40 m sous terre) et dans lesquels on est parfois obligés de se contorsionner ! Ces souterrains ont accueilli diverses activités durant deux millénaires dont un refuge pendant les bombardements de la 2ème guerre mondiale. La visite s’achève par une surprise : on sort dans une rue, on entre dans une maison pareille à toutes les autres, on descend dans la cave et là, on découvre que cette maison est une petite partie d’un amphithéâtre romain dont on a retrouvé la trace par hasard !!

"Les souterrains" 


"Les maisons construites sur les ruines de l'amphithéâtre "

On reprend les ruelles vers le nord pour rejoindre les catacombes de San Gaudioso (billet couplé avec les catacombes de San Gennaro). Il faut entrer dans l’église pour accéder à l’entrée des catacombes. On s’inscrit pour la visite guidée de 13h. En attendant on piquenique sur la place devant l’église après s’être procuré des pizzas et autres à la Casa Esposito juste à côté…


La visite des catacombes est surprenante à plus d’un titre : l’entrée se fait par une trappe juste devant l’autel de l’église, les catacombes sont presque aussi vastes que l’église qui est bâtie juste au-dessus, ces catacombes étaient réservées aux riches familles de Naples, d’où des décors exceptionnels. Le guide nous donne des détails sur la conservation des corps : dans une salle, des cavités ont été creusée dans les murs de telle sorte qu’on puisse y « accroupir » le défunt, avec une gamelle sous les fesses afin d’y recueillir ce qui s’écoule du cadavre (on avait au préalable piqué le corps à l’aide d’aiguilles afin d’accélérer le processus). Au bout d’un an, en restait le squelette avec la peau sur les os ! Ensuite, le cadavre était sorti de cette salle pour être emmuré dans le caveau familial, avec tout de même la tête qui en dépassait… On rassure les prochains visiteurs : il n’y a plus de corps dans ces catacombes…


Par contre, il n’en n’est pas de même dans le « cimetière » de la Fontanelle, encore plus au nord de la ville. On s’y rend en traversant un quartier populaire bien animé. Il s’agit d’une immense carrière creusée dans le tuf et reconvertie en dépôts d’ossements, accumulés pêle-mêle lorsqu’il s’est agi de débarrasser Naples des cimetières intra-muros et en éloigner le spectre de la peste. 8 millions d’os tout de même. La coutume permet à un Napolitain d’adopter une tête, ou plutôt un crâne et de s’en occuper (petit autel, cierge, fleurs, poème, etc).


On décompresse en trainant dans les rues, en direction du Musée Archéologique. Le musée rassemble les trésors découverts au cours des fouilles à Pompéi, et alentours : fresques, mosaïques, statuettes, poteries, bijoux, etc. Et bien sûr, la salle la plus fréquentée est celle de « la chambre secrète » avec les fresques et objets trouvés dans le lupanar…


Glaces napolitaines, puis apéro à la maison. Dîner à la même trattoria qu’hier. Ce soir l’ambiance est un peu plus terne : notre joyeux serveur est absent… et moins d’animation sur la placette. Et puis il faut réclamer qu’on nous mette les tables et chaises, et les pizzas mettent un temps infini à arriver…, Une explication nous est fournie par la télé posée au-dessus du frigo à boissons : ce soir c’est le match Naples/Rome ! (2 – 0). Ça nous laisse le temps d’observer la vie de la petite place : des parents qui mettent leurs enfants dehors parce qu’ils n’arrêtent pas de pleurer, le biberon du bébé qui arrive par une corde et un seau depuis un balcon, la ronde des scooters enfourchés par des jeunes qui se donnent des airs de mafiosos, histoire d’épater les filles, etc…


L’ambiance de la trattoria redevient joyeuse avec le retour du serveur : il avait fait le déplacement au stade !




15/09




C’est le retour ! On quitte le logement en trainant nos valises à roulettes jusqu’à la gare d’où doit partir le bus de l’aéroport (Alibus). Bien sûr, l’arrêt de départ n’a rien à voir avec l’arrêt où on était arrivé : il est à l’autre bout de la place sous un vaste auvent ! Un dernier café napolitain…