Quelques anecdotes totalement subjectives et partiales. Tout est idyllique avant le départ, mais la réalité reprend vite le dessus ...
Du 4 au 17 mars 2018
2 semaines
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04/03

Nous devions décoller d’Orly le vendredi 03/03 à 14h45. Et nous devions dès le lendemain goûter aux fruits exotiques de Madère.

Mais les voyages nous réservent parfois bien des surprises.

C’est ainsi que le jour dit, après avoir passé les fouilles où étonnamment il n’y avait presque personne, nous nous sommes présentés à l’embarquement vers 12h30 munis de notre carte téléchargée. Orly sud, vers le hall B, fait assez provincial. Les tableaux d’affichage n’indiquent pas la porte pour notre vol Aigle Azur (départ à l’heure), mais par contre indiquent que le vol Transavia vers Funchal prévu dans le même créneau horaire que le nôtre est annulé. Vers 14h, on apprend que notre vol est reporté à 17h. Porte B14. L’endroit le plus frigorifique de l’aéroport. Des appareils mobiles pour souffler de l’air chaud y ont été installés. Pour expliquer ce retard, il faut dire que la météo n’est pas bonne sur Madère : orages et vents violents.

Vers 17h, on commence avec une heure de retard la procédure d’embarquement. Les personnels de bord embarquent les premiers. Les hôtesses bipent nos codes-barres, mais la porte vitrée donnant sur le tarmac étant fermée, on s’entasse devant. De là, on voit notre avion sur le tarmac. On voit aussi des gens s’affairer autour : le camion-citerne, les tracteurs de wagons acheminant les valises de soute, on installe les tapis roulants pour les monter à bord.

Mais du côté du personnel Aigle Azur, ça s’agite : allers-retours vers l’avion, conciliabules, chuchotements… Soudain, par les vitres, on voit que les bagages sont retirés de la soute !

À 18h, on nous annonce que le vol est annulé !! Tollé ! Suit une série d’ordres et contre-ordres, qui font que les passagers putatifs s’énervent et le ton monte. On nous donne rendez-vous le lendemain à 18h pour un départ prévu pour 21h. Certaines familles sont consternées : elles viennent de province et n’ont pas de plan B. Et on leur fait comprendre que ce n’est pas à la compagnie de gérer les conséquences d’une mauvaise météo.

Quant à nous, on fait appel à notre plan B : Alex, qui vient nous chercher et nous invite à dormir chez lui.

On passe ce dimanche (pluvieux) sur Paris, à faire les touristes : on renonce au Louvre car il y a une queue d’un kilomètre (1er dimanche du mois : c’est gratuit !), puis on passe au musée d’Orsay où la queue est plus restreinte, mais on devrait la faire sous la pluie. Alors on se rabat sur le musée du Quai Branly, où il n’y a presque personne. C’est ainsi qu’à défaut de partir en voyage, on circule parmi les masques africains, les robes chinoises, les totems papous, les bijoux marocains…

Voyager dans le monde tout en restant à Paris !  

Donc, on récidive : 16h30, voiture jusqu’à Orly. À l’aéroport, on apprend que le vol prévu pour 21h est maintenant annoncé pour 22h. Bien sûr, personne n’a été prévenu… Donc check-in repoussé à 19h. On erre dans l’aérogare où l’on croise et recroise les mêmes qu’hier… À 19h, la queue aux guichets est impressionnante : personne n’a pu s’enregistrer en ligne ! Mais de gros doutes subsistent : la météo sur Madère ne semble pas s’améliorer… La queue n’avance pas : les employés ne commencent pas le check-in.

À 19h30, on nous informe que le vol est à nouveau annulé !! Avec rendez-vous à 4h du mat pour un envol à 6h ! C’est l’émeute devant les guichets, et ce d’autant plus que les informations arrivent au compte-goutte, qu’elles sont contradictoires et uniquement adressée aux personnes qui sont agglutinés devant les comptoirs, le reste de la queue étant informé par le bouche-à-oreille… Et plein de rumeurs circulent sur les raisons de ces reports, entre autres celle qui suppute que la compagnie Aigle Azur refuse de payer les taxes d’aéroport à Funchal… Des gens réclament l’annulation et le remboursement du vol. C’est sûr que les gens qui n’ont qu’une semaine de congé sont frustrés. Mais on nous promet une chambre et un repas à l’hôtel Ibis de l’aéroport. Puis on nous demande de réaliser immédiatement un nouveau check-in : on nous délivre une carte d’embarquement avec une date de vol au 04 à 22h !! Des gens refusent de faire le check-in…

Nous voilà rendu à cet hôtel où on refait la queue pour l’attribution des chambres. Ce sont celles du rez de chaussée : petites et au plafond bas. Quant au repas, il est du niveau cantine. Notre contact à Madère nous informe par mail que depuis dimanche midi les avions décollent et atterrissent normalement.

Courte nuit. Ce lundi, on retrouve nos compagnons d’infortune. Les yeux sont cernés… Les gens qui n’avaient pas fait le check-in hier se retrouvent à faire la queue aux guichets. Aux autres, on leur dit d’aller directement à l’embarquement. Mais c’est la panique aux portillons d’accès au hall d’embarquement : les scanners ne reconnaissent pas nos cartes car le jour est erroné ! Branle-bas de combat parmi le personnel de sécurité ! À la fouille des bagages, même topo. Ça râle…

À 5h30, après un dernier contrôle et après nous avoir remis une lettre attestant des reports successifs du vol, on nous laisse accéder à l’avion.

Encore un dernier petit désagrément : au lieu de partir à 6h, on attend encore une demi-heure dans la cabine à voir le personnel de bord s’agiter et téléphoner, sans qu’on nous informe des raisons de cette nouvelle attente…

Enfin l’avion décolle à 6h35 ! Pas beaucoup de place entre les sièges et on ne peut pas en régler le dossier. Et bien sûr, pas de boisson chaude que par un geste commercial, on aurait pu nous offrir.

Le vol se déroule bien car tout le monde dort ! On sait qu’on va arriver bientôt grâce à quelques trous d’air… L’arrivée sur la piste est assez spectaculaire : l’avion frôle la montagne à droite et, à gauche, la mer pousse de gros rouleaux. Quand on sort de l’appareil, il fait un beau soleil, un peu de vent et quelques nuages sur les crêtes. L’île est verdoyante et le contraste est brutal avec la grisaille qu’on vient de quitter !

Enfin Madère !

"L'Aigle ne respecte pas les horaires"  "Enfin Madère ! " 
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05/03

L’employée de la compagnie de location de voitures Whynot vient nous chercher avec son minibus et nous amène à son office qui se trouve de l’autre côté des pistes de l’aéroport. Là, on prend possession d’une Opel Corsa noire presque neuve et bourrée de petits gadgets. La dame parle couramment le français ; elle reste enjouée malgré les tâches qui s’accumulent et son patron qu’elle a sur son dos. Alors qu’on fait le tour de la voiture, elle souligne le fait que la voiture a un moteur turbo bien utile dans ce pays montagneux, mais qu’il ne faut pas faire n’importe quoi avec : « les touristes font souvent avec une voiture de location ce qu’ils n’oseraient pas faire avec leur propre voiture ! »

La prise en main est aisée et on s’engage sur les belles routes de l’île, direction Santana, au nord-est. On est surpris par l’état moderne et spacieux du réseau : ouvrages d’art et tunnels se succèdent alors qu’il y a peu de véhicules. Le plus surprenant est le passage sous les pistes de l’aéroport : elles sont soutenues par une centaine d’énormes piliers fichés dans la montagne et s’arrêtent au milieu d’une vallée. Voilà pourquoi on a cette impression d’atterrir sur un porte-avion !

"La piste d'atterrissage au dessus de nos têtes"   " Le périphérique" 

Quant à la route pour Santana, on est presque autant dans les tunnels qu’à l’air libre. On circule entre les reliefs à pic et les vallées profondes toutes recouvertes d’habitations pavillonnaires entourées de végétation luxuriante. Des cultures poussent sur quelques parcelles de terre pentues, pour lesquelles il faut être paysan acrobate !

On trouve assez facilement le logement Airbnb qu’on a réservé pour deux semaines. H. qu’on a informé presque minute par minute de nos déboires aéronautiques, nous attend. Cet homme jeune, accueillant et souriant nous fait visiter le logement : un appartement entier avec deux chambres à coucher, un salon télé, un cuisine/salle à manger, sdb, 60 m² + une belle terrasse pour 20€/j !! Nous sommes mitoyens avec sa maison. Il nous offre un bola de mel, une spécialité de gâteau de Madeira qui est un genre de pain d’épices, et deux mignonettes de vin de Madère. Lorsqu’on s’installe, on découvre qu’il y a café, thé, sucre, huile, épices, beurre etc à notre disposition ! Quel accueil !

On va faire le plein de courses au Continente du coin, un supermarché étonnamment grand pour le petit village qu’est Santana. C’est la promotion sur le cochon et la morue séchée : les gens repartent avec d’énormes pièces de viande dans leur caddies et d’autres font la queue pour la découpe de filets de morue effectuée par une employée sur un genre d’énorme massicot ! Quant au poisson frais, il est étonnamment bon marché.

Comme le temps est incertain et qu’on n’est pas à l’abri d’un grain, les gens se promènent toujours avec le parapluie sous le bras !

Après un mini repas aux allures de picnic, on va au village de Faial, qui se trouve de l’autre côté du tunnel de 4km vers l’est et qui est le départ d’une petite randonnée : Penha de Aguia (le rocher de l’aigle) (itinéraire Rother 25)*.

Il s’agit de grimper un important rocher qui domine la mer et les vallées environnantes. Une fois trouvé le sentier partant derrière le restaurant Galé, la montée est tout de suite raide et rendue délicate du fait de rochers glissants. Vers les crêtes, le sentier est encombré de branches et troncs d’arbres qui ont chuté suite à la récente tempête. On traverse une végétation très diverse : bruyères arbustives en fleurs et parfumées, champs d’iris et de trèfles, puis les lauriers, les mimosas (en fleurs) et enfin les eucalyptus. Les pins semblent décimés par un parasite et achevés par les tempêtes.

On sue à grosses gouttes, on tire la langue et on grogne lorsqu’on doit escalader les obstacles. Mais on arrive au sommet dans le temps imparti : 1h15. Un gros cube de béton marque cet endroit d’où on a une belle vue sur les villages environnants et les plus hauts sommets de l’île.

Descente moins compliquée que ce que l’on craignait…

Pour visualiser cette randonnée, suivre le lien : https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/penha-de-aguia-23074199

Comme il nous reste encore un peu d’énergie et de temps, on retourne dans les tunnels vers l’ouest et au-delà de Santana, on rejoint une petite vallée étroite qui mène au lieu-dit de Calhau, trois maisons coincées au pied des falaises tombant à pic dans la mer. Il y a là un sentier côtier (itinéraire Rother 26) creusé à flanc dans les laves et dominant les gros rouleaux de la mer se fracassant sur les rochers noirs en contre-bas. L’itinéraire est impressionnant. Il permet d’observer les différentes natures d’émissions volcaniques émises lors d’une éruption : lits superposés de poussières colorées, de matières projetées, de laves à peine dégazées et enfin de basaltes bien denses. La végétation s’accrochent sur les parois qu’elle transforme en véritable mur végétal.

Le sentier est interrompu à une centaine de mètre du cap qui devait être son arrivée. Il faut dire que ces cent derniers mètres sont des planches accrochées sur la falaise et soumises aux assauts des embruns.

Pour visualiser cette randonnée, suivre le lien : https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/cais-23074271

Retour à la maison vers 18h où on se prépare une belle daurade/patates douces au four.

Alors qu’on a pris un apéro au madère sec, et qu’on allait commencer notre repas, nos hôtes viennent nous visiter avec les jeunes enfants dans les bras. Nous faisons plus ample connaissance et bavardons sur les endroits à visiter, la météo (imprévisible !). Et de fil en aiguille, quel avenir pour les enfants qui naissent à Madère : c’est ainsi que de nombreux jeunes, à la fin des études, quittent l’île pour aller sur le continent afin de continuer leurs études, … ils ne reviennent plus dans l’île.

On sombre assez facilement dans le sommeil, vues les péripéties du jour….

* Les numéros correspondent aux itinéraires du guide de randonnées Rother sur Madère.

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06/03

Réveil vers 7h30. Il fait à peine jour. Il a plu et venté toute la nuit. En regardant dehors, tout est gris et brumeux. On ne se presse pas ! On en profite pour se mettre à jour du blog et autres. Le rôti de porc pour ce soir est mis à mijoter. Bref, on glandouille ! On piquenique à la maison et, ô miracle ! le ciel se dégage !

On décide alors de coupler deux petites randos au départ de Ribeiro Frio (= rivière froide). C’est un site perché dans la montagne où se tient la maison forestière du parc national, sur l’ancienne route de Santana à Funchal. Comme c’est encore sur le versant nord de la montagne, le ciel devrait être plus dégagé qu’au sud. En effet, l’air marin habituel vient du sud : lorsqu’il aborde le versant sud, il se refroidit en prenant de l’altitude, l’humidité se transforme en nuées, il pleut. L’air moins humide passe la crête et redescend sur la face nord en se réchauffant, faisant disparaître les nuées. C’est ainsi que la rive nord de l’île est réputée pour être la plus ensoleillée. Cependant, nos hôtes nous ont expliqué hier soir que les tornades étaient de plus en plus nombreuses ces dernières années : la semaine dernière, il y a eu un mini cyclone assez destructeur.

Village de Sao Roque do Faial et sa vallée  

À Ribeiro Frio, on gare la voiture assez facilement au pied du café John’s Poncha. Mais je suppose que par les jours de vrai beau temps, ça doit être un casse-tête pour trouver une place. On suit les itinéraires Rother 20 puis18. La première boucle débute par une prise d’eau pour une levada. Il faut expliquer ici ce que sont les levadas. Ce sont des canaux creusés à flanc de montagne et destinés à l’irrigation de terres accrochées de façon improbable. Les parcelles sont soigneusement cultivées la plupart du temps à l’huile de coude. La terre, produit de la décomposition des roches volcaniques, est très fertile. Souvent, les levadas sont bordées d’un sentier nécessaire pour leur entretien, ce qui permet aux randonneurs d’accéder sans difficulté au cœur de la montagne car il y a peu de dénivelées ! Parfois il y a des tunnels !

On suit donc la levada qui mène à Portello : beau chemin, belle végétation, belles chutes d’eau, beaux points de vue vers la côte nord. Au bout d’une petite heure, on quitte cet itinéraire et on emprunte une levada qui semble désaffectée. Petite montée, quelques désagréments suite à la rupture de la levada qui en amont perd ses eaux suite à un effondrement. On arrive à la source de cette levada, un petit bassin perdu dans les cascades et la végétation. Un chemin nous mène sur un grand plateau herbeux, Baixa. La brume a envahi ces hauteurs et on voit à peine la ferme aux bâtiments désaffectés. On trouve sans difficulté l’antique chemin empierré qui descend vers Ribeiro Frio. Les empierrements sont très caractéristiques car ils sont façonnés de sorte qu’à chaque pas, le pied s’appuie comme sur une marche, bien que ce ne soient pas des marches, mais de petits bombements. La brume est remplacée par des séquences de pluie fine.

On arrive après 2h30 à la maison forestière où des hommes s’affairent autour de bassins d’élevage de truites. On observe les différents bassins qui hébergent les poissons en fonction de leur âge, les plus jeunes en amont.

 Pisciculture

Petite pause à la voiture et on reprend le chemin large et facile qui mène en 20 minutes aux balcoes (= balcons). On suit une levada plus ou moins obstruée par des branchages tombés suite à la tempête. S’agissant de branches de pins, ça donne un parfum de noël à la promenade. Le ciel s’est dégagé et on a droit à quelques fugitives trouées de soleil…

Panorama des balcoes  

Les balcons surplombent une profonde vallée qui mène au village de Faial, et font face aux plus hautes montagnes de l’île : Pico Ruivo (1862m) et Pico Arieiro (1818). Si les cimes accrochent encore les nuées, la vue sur la vallée est magnifique et on voit jusqu’au Penha de Aguia qu’on a grimpé hier.

Pour visualiser cette randonnée, suivre le lien : https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/ribeiro-frio-baixo-balcoes-23084172

On reprend la voiture direction Funchal, pour rallier le magasin de sport afin d’y trouver des chaussures légères en remplacement des godillots crottés une fois arrivés à la maison. La route grimpe à travers une forêt (plantée) d’immenses pins jusqu’à atteindre la crête perdue dans la brume. La descente vers Funchal s’avère délicate. On ne voit rien à trente mètres. La route est bordée d’arbres arrachés et effondrés. Les rares voitures qui montent circulent avec leurs feux de détresse … Virages à n’en plus finir.

 Funchal dans la brume

Arrivés sur les hauteurs de Funchal (Monte), le brouillard s’est levé, ce qui ne nous empêche pas de nous perdre un peu dans les petites rues en forte pente. Finalement, on trouve notre supermarché de sport au détour d’une ruelle, accroché à mi pente !

La nuit commence tomber lorsqu’on prend le périphérique qui mène à l’aéroport puis à Santana. Les gens sont pressés et dépassent largement les limitations de vitesse, et ce malgré le brouillard qui retombe. Lorsqu’on rentre à la maison (7h30), le grand bâtiment voisin, une piscine chauffée surmontée d’un gymnase, est bien animé : il s’y déroule un entraînement d’escrime ! Le collège qui est de l’autre côté de la rue possède lui-aussi un grand gymnase et on entend les cris des jeunes joueurs. Les équipements sportifs de cette petite commune sont impressionnants !

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07/03

Ce matin, le ciel est très bas, tout est gris et il pluviote ; un temps qui n’encourage pas aux sorties. On marche au ralenti. On réduit nos ambitions de marche…

Le pied des montagnes se dégagent vers 10h, des arcs en ciel traversent l’horizon des falaises à la mer. On décide de longer la côte nord jusqu’à Porto Moniz. La carte routière dont on dispose est très détaillée, mais depuis son édition, les choses ont bien changé : nouveaux tunnels, routes côtières fermées à la circulation… Et bien sûr, rien sur les routes mal dégagées des rochers et éboulis suite aux dernières tempêtes !

"La côte nord "  

Ça n’empêche que les paysages traversés sont magnifiques : montagnes sombres tombant à pic dans l’océan, cascades tumultueuses, villages accrochés à d’étroits pans de terre, vignes ancestrales perchées sur des terrasses, …

Porto Moniz est le bourg le plus au nord de l’île et presque le plus à l’ouest. Elle a été construite sur un piton à l’abri des assauts de l’océan. Le récent quartier touristique a été construit sur une langue de lave qui s’avance dans la mer. Cet endroit de Madère attire les touristes car des piscines naturelles ont été aménagées dans les rochers de lave. Aujourd’hui, la mer est en forte houle et les vagues se fracassent sur les rochers noirs en projetant de puissants jets d’écume. Ce qui permet le renouvellement des eaux des piscines. Mais qui rend impossible la baignade !

Porto Moniz  

Après un pique-nique improvisé un peu à l’abri du vent, on fait une petite promenade qui nous mène de ces piscines vers le vieux village. Puis on continue par les terrasses à vignes qui surplombent la côte. Ici, on taille les vignes de sorte que les feuilles soient au-dessus de la tête et que les grappes pendouillent à portée de main. Bien sûr ce n’est pas d’actualité : la plupart n’ont même pas été taillées. Pour redescendre vers les piscines, on emprunte un étroit et pentu escalier.

Porto Moniz  

Sur la route du retour (à peu près la même qu’à l’aller), on s’arrête sur la plage de Ribeira da Janela : de beaux morceaux de falaise résistent aux assauts des vagues. Puis halte à Sao Vicente au centro de vulcanismo, qui propose une visite de près d’un kilomètre de tunnels. Ils ont été créés lors de l’éruption des volcans, par une intrusion des laves dans des fissures souterraines, lesquelles se sont évidées à la fin de la crise. Il y a un important réseau de tunnels qui se coupent et recoupent. La visite est guidée mais on ne comprend pas toujours tout. La partie « exposition » n’est pas la plus intéressante…

"Le cimetière de Boaventura "  "Ribeira da Janela" 
" Les tunnels de lave " 

Retour au bercail accompagné par un beau soleil qui s’apprête à se coucher…

Décidément, ici, la météo est imprévisible. Et il n’y a rien à tirer des sites internet consultés !

En entrant dans nos appartements, nous sommes interpellés par la femme qui tient le gîte, et qui nous nous fait cadeau de beaux oignons et d’une énorme courge, produits du jardin de son père.

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08/03

Soleil dès le matin ! On boucle rapidement le petit dej et les casse-croûtes. On décide de faire l’Itinéraire Rother 29 : une petite rando qui part d’un parking à 1592m pour atteindre le Pico Ruivo, 1862m, le plus haut sommet de l’île. La route qui mène à ce parking débute derrière notre logement ! Et on y arrive en un quart d’heure (9h45). Le parking est quasiment vide.

Le chemin est large et pavé, et comme il faut faire 3 kilomètres pour 270 m de dénivelée, autant dire que la pente n’est pas raide, si ce n’est pour les dernières marches. La vue sur la face nord du Pico de Arieiro est splendide et pareillement vers la côte. Les sommets sont dégagés. Il y a peu de randonneurs à cette heure matinale.

Pico Ruivo  

Il y a quelques abris en pierre, bien utiles en cas de grains ou de coup de vent. Et à chaque intersection, il y a des panneaux indiquant les différents itinéraires. On peut dire que les gens du Parc n’ont pas négligé les aménagements sur cet itinéraire. C’est une des plus fréquentée de l’île, et à la belle saison, ça doit se bousculer.

Lorsqu’on arrive à la belle maison du parc national (fermée…), le vent se met à souffler par rafales et la brume commence envahir les sommets. De fait, sur les 200 derniers mètres, le chemin passe du côté du versant sud, et on ne voit que de la brume. On parvient au sommet alors qu’il se met à bruiner et à présent on ne voit rien que du gris, même vers le versant nord ! Et le vent est très fort.

Pico Ruivo  

On redescend dans le brouillard et la brume se désagrège lorsqu’on est à mi-chemin. Les randonneurs qui montent sont de plus en plus nombreux, certains en groupe, amenés par des cars. Quand on aperçoit le parking, il est archi plein !

On fait un petit extra en allant jusqu’à L’Homme de Pierre, perdu dans les bruyères et les joncs (piquants !) en contre-bas d’un restaurant (fermé …). C’est un ensemble de rochers superposés, dressés vers le ciel, et qui semblent avoir été mis en place par quelque peuple aimant les mégalithes. C’est en réalité un dyke, de la lave refroidie dans la cheminée d’un volcan, et que l’érosion à mis à nu.

L’Homme de Pierre  

Pour visualiser cette randonnée, suivre le lien : https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/pico-ruivo-23119016

On prévoit de piqueniquer au cap de Sao Lourenço (à l’extrémité est de l’île). C’est le point de départ d’une rando populaire, elle aussi. Lorsqu’on parvient sur le site, le temps est tellement venteux et parcouru par des bancs de brume, qu’avant même de croquer nos casse-croutes, on sait qu’on n’ira pas la faire. C’est désolant, mais on piquenique dans la voiture…

Ponta do Sao Lourenço 

On décide donc d’aller à Funchal, faire du « tourisme culturel ».

L’accès au centre de Funchal est compliqué : La ville est bâtie dans un vaste amphithéâtre aux bords relevés, et dont la dernière « rangée » est occupée par l’autoroute périphérique est/ouest. Donc pour rallier le centre historique, il faut dévaler des rues étroites et à pic, sans se faire rentrer dedans par ceux qui arrivent sur les côtés et qui ont priorité, ni par les bus orange de la ville, ni par ceux qui montent alors qu’il y a des voitures garées aux endroits les plus scabreux. Bref, vigilance et calme…

" La banlieue Ouest de Funchal " 

On trouve une place dans le vieux quartier (zona velha).

Lors de notre promenade, la pluie intermittente nous fait sortir et rentrer parapluies et capuches de k-ways. Le marché des fermiers (mercado dos lavradores) nous déçoit. D’abord parce qu’il n’y a plus de vente de poissons, mais il est vrai qu’on arrive un peu tard. Mais surtout parce que du côté des fruits et légumes, bien que photogéniques, leurs prix sont prohibitifs. Ils doivent se satisfaire de la clientèle échappée des bateaux de croisière (il y en a deux en escale dans le port). Se, la cathédrale, exhibe ses tonnes de dorures. Pareil pour l’église du Collège (Igréja do Colégio). Les rues de ce quartier historique (et touristique) sont agréables et s’y promener malgré la pluie nous va bien. Un petit tour du côté du fort Saint Jacques (fortaleza de Sao Tiago) et juste au-dessus, de l’église du Secours (Igréja do Socorro), décorée de magnifiques carrelages peints.

Retour à Santana en passant par un supermarché pour trouver le poisson qu’on n’a pu avoir au marché des touristes…

Alors qu’on allait se mettre à table, nos hôtes viennent frapper à la porte : ils viennent nous avertir que cette nuit, il y aura un orage important, mais qu’il ne faudra pas s’inquiéter ! Et que demain, on pourra en profiter pour aller visiter Funchal ! C’est vrai qu’il nous reste encore des choses à y voir…

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09/03

Il a plu toute la nuit, avec des rafales de vent violentes qui en s’engouffrant sous les tuiles rendaient des sons étranges et inquiétants. On n’est pas pressé pour se lever : il pleut toujours et la brume est bien descendue. C’est ainsi que, comme on nous l’avait prédit, nous allons visiter Funchal, départ vers les 11h.

L’après-midi est plutôt calme du point de vue météo : il fait même bon de se promener sur le front de mer ou dans les rues. Toutefois, le plafond est bas et la brume ne décolle pas de la ligne fixée par le périphérique.

Donc on visite les multiples églises et couvents…

Funchal : Le Couvent de Sta Clara  

On en apprend de belles sur les novices et nonnes de Sta Clara. Pareil pour les étudiants missionnaires du collège des Jésuites… Ces deux institutions faisaient leurs œuvres en récupérant d’abord la dot des filles qui se mariaient avec Jésus, et les dons des familles nobles qui y plaçaient leurs garçons. Les dames du couvent offraient jadis la scolarité aux enfants des pauvres. Mais les temps changent : aujourd’hui, les familles doivent payer…


On rentre à Santana sous la pluie …

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10/03

Le soleil est là, se disputant avec quelques nuages, mais ça devrait aller pour la sortie prévue à Paul do Mar. Il s’agit de réaliser l’itinéraire Rother 49, et dont la durée est de 6h. C’est donc nécessaire de s’assurer du beau temps. Mais les sites météo sont peu fiables ; reste le pifomètre.

Le site de Paul do Mar est diamétralement opposé à Santana. Il faut plus d’une heure pour y aller, dont la moitié dans les tunnels. C’est impressionnant ! Et des tunnels sont encore en construction ! Et ce ne sont pas des tunnels étriqués et bas de plafond, au contraire ! Très hauts, très large, souvent de trois kilomètres, éclairés sur toute leur longueur, avec de nombreuses sorties de secours, et dotés d’un réseau d’eau sous pression et de lances à incendie tous les cents mètres. Un petit hic : on peut doubler dans les tunnels et les gens qui ne respectent pas la vitesse (80km/h) ne s’embarrassent pas pour le faire. Il semble qu’il n’y ait pas de radar dans ce pays…

La rando démarre au pied d’un hôtel situé au bord d’une falaise, à 537m et descend à pic vers le bord de mer et le village Paul de Mar, par un beau chemin traditionnel pavé. Nombreux virages, rien de vertigineux. Attention seulement aux genoux. Par endroits, on essaye de dévaler pour les soulager…

Le village, qui par ailleurs est accessible en voiture par … un tunnel, est coincé entre la mer, la falaise et une bande réservée à la culture des bananes. La mer est houleuse, le soleil se fait rare et l’air est très humide. On fait une pause dans un bistro, pour contempler en contre-bas les vagues qui passent par-dessus la digue du petit port.

La remontée s’effectue par un chemin traditionnel à l’autre extrémité du village : de larges zigzags assez pentus, entourés de cactus et d’aloès. On tire un peu la langue, heureusement le soleil n’apparaît que rarement entre les nuées qui se forment au-dessus du rivage. Pause à nouveau à l’endroit où jadis il y avait un monte-charge ou treuil dont il reste quelques vestiges.

Lorsqu’on atteint le village de Faja da Ovelha qui est accroché à la pente, on se trompe un peu (il faut dire qu’il n’y a pratiquement aucun balisage) : il nous fallait trouver la levada nova et on l’a ratée. On la retrouve plus tard en contre-bas : on a grimpé trop haut…

Le vent s’est levé et on trouve un endroit à l’abri : on s’assoit sur le bord de la levada pour piqueniquer. Puis le reste de la randonnée est plutôt pépère : pas de dénivelée. Ce qui ne nous empêche pas de nous tromper une nouvelle fois à l’approche du village de Prazeres !

Alors qu’il nous reste 800 m pour retrouver la voiture, voilà qu’il se met à tomber une saucée ! On se précipite dans la supérette qui est juste là ; elle fait aussi bistro et on en profite pour faire une nouvelle pause nata (petit flan)…

Enfin on retrouve la voiture.

Pour visualiser cette randonnée, suivre le lien :https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/paul-do-mar-23159752

Sur la route du retour, c’est à nouveau plein soleil ! À l’approche de Funchal, on sort de la voie rapide et de ses tunnels pour aller voir le point de vue de Cabo Girao. C’est un miradouro unique à Madère : il a été construit au-dessus du vide au bord de la falaise à pic et qui est à 580m d’altitude. Et le plus extraordinaire, c’est le sol de la plateforme : il est en verre ! On voit donc sous ses pieds la mer en contre-bas !! Forte impression ! Les seuls à ne pas avoir d’appréhension, ce sont les mômes que rien n’impressionne ; par contre, les parents … On se demande comment ça se passe quand il y a plusieurs cars de touristes qui y débarquent leur cargaison…

Retour à la maison : il pleut de grosses averses à Santana !

" Santana : Cabanes traditionnelles  "

On prépare le frichti de demain : estouffade à base de chouriço.

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11/03

En dépit d’une nuit agitée due aux rafales de vents incessantes, mais grâce à l’espoir de beau temps que le ciel dégagé de ce matin nous autorise, on décide de faire la rando de Ponta de Sao Lourenço (Itinéraire Rother 12), une des plus populaires à faire sur l’île. On part relativement tôt ce dimanche (9h) et arrive au parking presque vide à 9h30.

Il fait beau, avec tout de même de l’humidité dans l’air, ce qui trouble la visibilité au loin. Le vent est tombé. La rando n’est pas si pépère que le laisse croire le guide Rother : on ne cesse de monter et descendre ! Mais on ne le regrette pas car on accède à des points de vue magnifiques : le cap est très allongé et étroit, comme tranchant l’océan, procurant des paysages marins très différents entre la rive nord et la rive sud. Aujourd’hui la houle vient du nord-ouest et de fortes vagues s’écroulent sur le versant nord, alors que la mer est calme sur le versant sud. Par ailleurs, les attaques de l’océan ont permis depuis des millénaires de trancher verticalement dans ce qui fut un volcan, mettant à nu l’appareil volcanique : cheminées, filons s’infiltrant dans les dépôts des explosions.

Les couleurs sont elles aussi explosives : toute la palette des ocres, plus le vert des prés et les différents bleus de la mer et du ciel. Au milieu de la presqu’île, la seule habitation a été transformée en un lieu d’explications thématiques sur ce site.

De quelques personnes randonnant matinalement, on se retrouve à quelques centaines à se croiser sur le chemin du retour vers midi !

Pour visualiser cette randonnée, suivre le lien : https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/ponta-de-sao-lourenco-23193950

On va pour enchainer une deuxième rando à l’autre bout de l’Ile. Voiture jusqu’à Ponta do Sol, un village dispersé dans des bananeraies en terrasse, et plus précisément l’église de Lombada da Ponta do Sol, perchée sur un promontoire. C’est un des rares endroits où il y a un parking au départ de la rando, et le plus : une table pour le piquenique ! Il faut prendre des forces avant de débuter la rando de la Levada do Moinho (Itinéraire Rother 7).

On démarre cet itinéraire à l'envers de celui décrit dans le Rother. On note bien qu’il y a des passages délicats pour ceux qui craignent le vertige et des passages délicats pour ceux qui sont claustrophobes.

Le lieu de piquenique est juste au pied de la façade de la petite église et de l’arrivée de la levada dont l’eau se précipite dans un gros cylindre, puis dans un petit bâtiment annexe : c’est le moulin à canne à sucre ancestral.

Au même endroit, une plaque commémorative apposée devant l'église explique la révolte des paysans qui étaient privés de l'eau des levadas, révolte qui a été réprimée par le régime de Salazar (21/08/1962).

La rando consiste à l’aller à suivre la levada qui alimente le moulin (= Moinho) jusqu’à sa source, et au retour, la levada Nova qui la double un peu en amont. La levada moinho démarre derrière l’église et serpente à travers des terrasses plus ou moins cultivées. On atteint assez rapidement la partie de la vallée qui est tellement resserrée qu’il n’y pas plus de place pour de quelconque terrasse, le torrent bruyant et agité serpentant au fond du ravin. Quelques passages vertigineux. La levada souffre : les orages successifs ont fait dévaler troncs d’arbres ou rochers, et l’eau fuit de toute part. On ne peut pas atteindre le point exact de la source : le torrent est trop impétueux !

Le retour se fait par un escalier pavé qui rejoint la levada Nova qui semble au départ plus ample. Mais les passages vertigineux sont bien là et en plus ils sont aspergés par des rideaux d’eau et autres mini cascades. Et le clou reste le passage derrière une grosse cascade, suivi d’un passage dans un long tunnel ! Au bout d’une heure, on parvient au village qu’on traverse pour rallier l’église.

Pour visualiser cette randonnée, suivre le lien : https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/levada-do-moinho-23194003

On descend en voiture au bord de mer du village de Ponta do Sol. C’est un endroit resserré et escarpé, laissant peu de place pour un hôtel, la mairie et l’église… On mange une glace avant de retourner à Santana. Comme le trafic semble dense vers Funchal, on choisit de traverser l’île par un tunnel central et on se retrouve sur le versant nord, où il n’y a pratiquement personne, mais beaucoup de virages…

Dans le gymnase du collège, il y a une rencontre sportive : on « suit » le match au rythme des tambours et des cris…

À la maison, on soigne nos courbatures et nos vieux tendons...

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12/03

Super soleil ! Pas de vent ! On se bouge pour faire la rando Caldeirao Verde + Caldeirao Inferno qui en est la prolongation (Itinéraires Rother 27 + 28). On note bien qu’il y a des passages délicats pour ceux qui craignent le vertige et des passages délicats pour ceux qui sont claustrophobes.

Il y a des imprécisions sur le lieu de départ de cette rando : on se gare trop haut sur la route qui mène au Pico Ruivo. On trouve le bon parking dans un centre de vacances qui semble à l’abandon, alors qu’on marche déjà d’un bon pas. Le chemin qui longe la levada est presque une route tant il est large et bordé d’arbres majestueux. Assez rapidement on parvient aux Auberges à Queimadas. On peut démarrer la rando à cet endroit car il y a une petite route qui y parvient depuis Santana, mais c’est compliqué pour se garer.

Au-delà des auberges, après une belle forêt et un chemin assez large, on entre dans le vif du sujet : l’itinéraire suit bien la levada (sauf à deux endroits) mais le chemin est très inégal. Le plus souvent on marche sur le chemin de côté et qui est souvent embourbé, puis de plus en plus souvent on est contraint de marcher sur le muret qui est le bord côté vide et qui fait 40 cm de large. Ce muret est doté d’un garde-fou, mais il ne faut pas trop s’y fier. La végétation qui parvient à pousser sur les parois verticales (vers le haut comme vers le bas) modère l’impression de vide.

Quelques situations inattendues surviennent : de multiples cascades arrosent, parfois copieusement, le randonneur. On sort k-ways et parapluies ! Pour une fois qu’il y a du soleil à Madère, il faut qu’on soit sous la pluie tout de même ! Il faut parfois enjamber des arbres déracinés tombés dans la levada. Et il faut faire de la place aux randonneurs qui sont déjà sur le chemin du retour. Mais le clou, ce sont les tunnels : dans la première partie (Caldeirao Verde) il y en a 4 et dans la deuxième partie (Caldeirao Inferno), il y en a 8 ! Bon, sur le nombre, il y en a des petits dont on voit le bout. Mais pour les autres il faut sortir les lampes frontales ! Et là, attention ! Lorsqu’on regarde le sol pour éviter les grosses flaques d’eau, on risque de se casser la tête sur le plafond, et inversement, si on ne regarde que le plafond l’eau rentre dans les chaussures ! On s’est cogné plusieurs fois la tête…

Mais on a acquis la bonne technique : lever le parapluie (fermé !) comme si c’est une torche et qui alerte lors d’un abaissement du tunnel. Et pour les chaussures à ne pas tremper, on marche en écartant bien les jambes pour atteindre les bords un peu relevés. Ce qui fait qu’on marche cassés en deux, tête, dos et genoux pliés, les jambes bien écartées tels les canards. Et le tout dans le noir… Il y a un des tunnels qui fait tout de même plus de 200 m !

On parvient ainsi à la Caldeirao Verde, après 2h30 de marche, pour enchainer vers la Caldeirao Inferno. Pour notre opinion, les difficultés sont identiques sur cette partie avec celle d’avant. Pourtant le guide Rother considère qu’elle est à classer « noire ». C’est dommage car la plupart des gens ne font pas cette deuxième partie, alors que c’est la plus spectaculaire. À noter : dans un des tunnels, le fracas d’une chute d’eau qui est impressionnant ! Arrivés vers 13h à la Caldeirao Inferno, on est surpris par l’ampleur du site : il faut s’imaginer au pied d’un demi-cylindre de plus de cent mètres basalte noir, lui-même partagé en deux par une abondante cascade. On pose nos sacs et on piquenique assis sur un gros caillou tout en contemplant ce haut mur abrupt.

On revient par le même itinéraire, où l’on croise de plus en plus de randonneurs. À Caldeirao Verde on fait le petit diverticule qui mène au cirque (semblable à l’Inferno).

La plupart des randonneurs sont des étrangers, dont un bon tiers de Français. Parfois on s’échange des infos, parfois on rigole des douches que l’on prend sous les cascades…

On est de retour à la voiture vers 17h, et on est un peu ratatinés…

Pour visualiser cette randonnée, suivre le lien : https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/caldeirao-verde-inferno-23210622

On descend à Santana pour quelques courses et aller voir la mer depuis un petit promontoire. De là descend un petit téléphérique vers une étroite plaine côtière occupée par des champs. Mais lorsqu’on arrive, les employés du téléphérique ferment la boutique. Ce sera pour un autre jour…

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13/03

La journée s’annonce sans intempéries et le ciel est à peu près dégagé. On décide d’aller sur le plateau de Paul da Serra d’où partent de nombreuses randonnées. Comme il s’agit de combiner plusieurs itinéraires du guide Rother : 44+45+46+47, on se lève tôt (6h !). C’est d’autant plus nécessaire que, si à vol d’oiseau seulement 25 km nous séparent de ce point de départ, il faut mettre au moins une heure et demie en voiture pour le rallier. En effet, il faut passer par Funchal, soit 80 km !

Et il faut faire le plein. Bien sûr, la station de Santana n’a plus d’essence… Arrivés sur Funchal : embouteillages ! Puis, parvenus sur le plateau, un brouillard épais nous fait manquer quelques croisements, et voilà que le GPS s’affole ! Finalement on a mis 1h45.

Heureusement, les randonnées, à l’exception de quelques mètres au départ, se font en contre-bas du plateau, justement là où les rivières torrentueuses se sont employées à le ronger pour former des gorges profondes au fond desquelles elles se fracassent. Ce plateau peut être considéré comme le château d’eau de Madère et c’est de là que les premiers habitants de l’île ont amené l’eau dans leurs champs accrochés sur les promontoires à des kilomètres de là et y ont façonnés en terrasses.

Chacun des quatre itinéraires va jusqu’à la source (la madre) (ou de la prise d’eau) de levada différentes. Elles se situent entre 850 et 1300 m d’altitude.

On ne rencontre aucune difficulté particulière (excepté l’humidité ambiante…). Le cirque des 25 sources est impressionnant, on traverse de nombreuses cascades qui heureusement ne nous arrosent pas (sauf une). Mais le plus étonnant, ce sont ces bruyères : de véritables arbres, tout noueux des racines aux branches en passant par le tronc qui peut faire 20 cm de diamètre, ce qui fait beaucoup pour de la bruyère !

Lors de la pause « gâteaux secs », une ribambelle de pinsons est venue nous entourer pour picorer nos miettes, et certains sont venus carrément dans la main de Véro ! Il y en a même un qui a chipé un biscuit entier, aussitôt suivi par le reste de la bande. Pas farouches, les pinsons ! Ce n’est pas le cas des truites qui circulent dans les levada, car elles fuient dès qu’on s’approche !

On a croisé de nombreux randonneurs, la majorité des Allemands, dont des groupes. On a piqueniqué au pied de la cascade de Risco, une immense cascade qui ne rentre pas dans l’objectif de l’appareil photo !

" Une madre "   " La côte nord " 

Pour visualiser cette randonnée, suivre le lien :https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/25-fontes-23228756

Lorsqu’on finit la randonnée (vers 16h15), le brouillard est encore installé sur le plateau. On rentre par la côte nord pour échapper aux embouteillages de Funchal, mais on tombe sur des gros travaux et un ballet de pelles mécaniques qui nous font rallonger notre itinéraire de 30 km !! Heureusement le beau soleil de la côte nous fait oublier ce désagrément.

Ce soir, salade d’avocat et émincé de poulet, pâtes à la tomate, fromage de chèvre provenant du Portugal continental, et anone (fruit d’origine Amérique tropicale et qui pousse bien à Madère).

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14/03

La météo n’étant pas très bonne (nuages bas et peut-être petite pluie), on traine un peu à la maison. On décide de la jouer tranquille, et faire une petite rando au bord de mer. Elle figure sur « Géoguide », mais il y peu de précisions et elles s’avèreront erronées ! On part donc pour 4 heures de randonnée, mais on n’en fera que 2 !

Il n’en reste pas moins que cette promenade aérienne est très belle, longeant puis descendant une falaise de basalte tombant à pic dans la mer. On a du soleil tout le temps, car les gros nuages noirs qui s’accumulent sur l’océan à l’horizon ouest, passent au-dessus de nos têtes et vont crever sur les sommets du centre de l’île. On piquenique dans le petit village de Sao Cristovao. Retour par le même chemin, alors que le vent se renforce.

Pour visualiser cette randonnée, suivre le lien :https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/arcos-de-sao-jorge-23245317

On fait une pause au Cabo Aereo café à Sao Jorge où l’on bavarde avec un couple de Français. Puis on passe le reste de l’après-midi à faire de la rando-voiture : au lieu de prendre les tunnels de Santana-Faial, on prend l’ancienne route, qui longe la falaise en ne lésinant pas sur les virages. On s’arrête consciencieusement à tous les « miradouro » d’où les panoramas sur la côte sont de toute beauté. Le « fortim » de Faial braque ses petits canons sur l’église en contre-bas, mais je ne crois pas qu’on prépare ici une guerre de religion…

La route passe par de nombreux hameaux aux maisons dispersées, toutes entourées de jardinets minutieusement cultivés. Ici la terre est rouge et très souple. Et tout semble pousser avec facilité, si ce n’est que tout est en pente… Sur ces petites parcelles, outre les légumes et les vignes, il y pousse des avocatiers, des lianes de maracujas, des orangers, des citronniers, des néfliers, des bananiers, etc… Et les gens aiment entourer leurs maisons de fleurs comme les « oiseaux de paradis », ou de cactus. Et dans les endroits sauvages ou à l’abandon, ce sont les agapanthes, les capucines ou les hortensias qui jouent le rôle de mauvaises herbes ! Malheureusement, pour ce qui concerne les deux dernières, on est là trop tôt…

Aujourd’hui, la journée se termine tôt. C’est exceptionnel !

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15/03

On a mis le réveil à 6h dans l’espoir de pouvoir faire la rando 30 du Rother. Un coup d’œil au ciel : nuit étoilée !

Mais rapidement (le temps de prendre le petit dej) le ciel se couvre et les sommets des montagnes sont noyés dans la brume. Mieux, il tombe un petit crachin. On part quand même faire un tour au mont Ariero. Et là on n’est pas déçu : s’il ne pleut pas, la brume est épaisse : on ne voit même pas à 50m la grosse boule qui sert de radar militaire.

On prend alors une route (qui n’existe pas sur notre carte) qui nous fait passer du côté sud où la limite de la brume est plus élevée. On reprend espoir au site d’Eira do Serrado, un promontoire à 1100m, où la vue est bien dégagée, et on y découvre sur 360° un paysage magnifique de gorges sans fond, de falaises verticales et de villages acrobatiques.

De là, on va au village de Fontes qui est à 5km à vol d’oiseau, mais il nous faut bien trois-quarts d’heure pour l’atteindre : on doit redescendre vers la côte prendre le périphérique sur 500m et reprendre des petites routes à 25% et où le GPS s’affole.

On parvient vers 11h au village, et on entreprend d’effectuer l’itinéraire Rother N°5. Ici aussi, il fait beau, bien que sur les hauteurs on voit bien la brume s’y accrocher. Ici, pas de levada à longer, il s’agit d’une piste qui mène à des pâturages.

La sortie du village est bucolique au possible : un vieux garage rempli d’épaves et sentant l’huile de moteur et une vieille ferme où on y entasse du fumier depuis des générations… Bon, ça s’arrange en montant et on oublie vite ces désagréments. Il y a quelques vaches qui broutent l’herbe d’un paysage presque alpin. On fait quelques écarts dus aux indications peu claires du guide Rother, et on en tire les enseignements suivants : 1) toujours rester sur la piste 2) il faut bien passer par-dessus la barrière (petite échelle)…

On parvient au sommet (Chao dos Terreiros) où s’étale devant nous la chaine de montagne que l’on vient de quitter, et qui maintenant est un peu dégagée, mais pas suffisamment pour y entreprendre une rando. On piquenique adossés à un muret grossièrement construit de gros moellons, pour être à l’abri du vent froid. Mais on est au soleil !

Redescente assez rapide au village.

Pour visualiser cette randonnée, suivre le lien :https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/fontes-23263113

On reprend la voiture et on retrouve bien vite les tunnels du périphérique. On rentre à Santana : on n’a pas oublié le petit téléphérique de Rocha do Navio. Ce petit téléphérique est installé complètement à l’écart du bourg de Santana : il relie le plateau qui borde la falaise, à un petit espace de terre cultivée au bord de la mer. Il sert aux agriculteurs, et aussi aux touristes (tarif : 1€ pour les premiers, 5 pour les autres). On pourrait tenir à quatre dedans, mais les employés le font fonctionner dès que quelqu’un se présente.

Cette petite portion de terre semble un peu abandonnée, si on la compare aux parcelles du plateau. La moitié des terrasses sont laissées aux ronces et aux capucines. Quelques vignes, quelques plants de pommes de terre. Un petit sentier serpente parmi les parcelles et les quelques maisons (aujourd’hui inhabitées) qui servent de villégiature ou d’abris pour les périodes de jardinage.

Il est 17h15 quand on se décide de remonter : l’employé du poste bas nous guette… On est les derniers !

Ce soir au menu : le poisson espada aux patates douces. Il pleut.

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16/03

Cette fois encore, la météo ne nous laisse aucune chance : les sommets sont toujours couverts de brume ! On décide donc de faire la rando Levada de la Ribeira da Janela (Itinéraire Rother N° 50).

La route est longue jusqu’à Porto Moniz (une bonne heure). Dans cette région de l’île, qui reçoit en premier les vents dominants d’ouest, le soleil est là ; mais on voit qu’un peu plus à l’est, quand les vents arrivent sur les montagnes, les nuages se forment.

La randonnée sur Levada de la Ribeira da Janela débute dans le hameau de Lamaceiros, là où elle se jette dans un grand bassin qui sert de château d’eau pour Porto Moniz. Cet endroit est aménagé pour les vacanciers : grand parking, tables, barbecue abrité, sanitaires ! Et avec une vue imprenable sur le village de Ribeira da Janela qui se trouve accroché sur le flanc opposé de la rivière, qui est ici très profonde. Le village est entouré de centaines de terrasses, plus ou moins cultivées, mais d’un effet saisissant (le guide Rother ose la comparaison avec Bali…).

À cet endroit, il y a aussi une maisonnette qui abrite un moulin : trois femmes du village sont en train d’y moudre leur blé et d’y tamiser la farine. On pensait que ce moulin fonctionne avec l’eau de la levada ; mais non, ça marche à l’électricité…

On débute la rando qui consiste à remonter la levada, donc peu de dénivelée, à 10h45. C’est une levada imposante : un mètre de large, autant de profondeur, avec un fort courant de 3km/h. Dans les larges bassins de décantation, il y a des truites ! On passe assez rapidement des zones cultivées à la forêt, puis aux falaises qui tombent à pic. Donc douches assurées sous quelques cascades !

Le clou de cette rando, ce sont bien sûr les deux tunnels qu’emprunte la levada, plutôt longs : 10 mn à parcourir pour chacun ! Et pour l’un d’eux, pataugeoire assurée sur la moitié du parcours… Mais au moins ici, on n’est pas obligés de se casser en deux, le plafond est assez haut pour nos 1,75 et 1,65m. La rando décrite par le Rother s’achève à un genre de local pour les cantonniers, mais on peut la continuer encore une vingtaine de km : la rivière Janela est la plus longue de l’île et passe par les 25 fontaines et la cascade de Risco.

On piquenique à la terrasse de cet abri de cantonniers. À peine assis sur les bancs de fortune, voilà les pinsons qui par dizaines nous assaillent, venant voleter au-dessus des sandwiches pour en voler des miettes !

Retour par le même itinéraire vers 14h30.

Pour visualiser cette randonnée, suivre le lien :https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/levada-de-la-ribeira-da-janela-23279872

Dans le village d’à côté, Achadas da Cruz, il y a un petit télécabine comme à Santana, qui descend sur le bord de mer. Là aussi, une bande de terre a été cultivée par les anciens, et de la plateforme du téléphérique, on voit à nos pieds, mais 450m plus bas, le damier des parcelles plus ou moins entretenues. Ici le téléphérique (6 places) ne coûte que 3€ A/R et il n’y a qu’un manutentionnaire : il encaisse les sous, fait descendre les gens, et les fait remonter. Dans un anglais très fluide, mais avec un fort débit, cet homme nous explique, alors qu’on monte dans la cabine, que lorsqu’on sera décidés de remonter, on devra entrer dans la cabine et appuyer sur le bouton vert (qu’il nous montre).

Une fois en bas, on fait une petite promenade dans les sentiers d’accès aux terrasses, face à un océan bien agité, mais heureusement accompagnés d’un beau soleil. Pour la remontée, on suit scrupuleusement les instructions de notre manutentionnaire. Mais après avoir appuyé plusieurs fois sur le bouton vert, rien ne se passe. Seulement au bout d’une dizaine de minutes et avoir pressé le bouton sans le relâcher, enfin on entend la sonnette de fermeture de la porte, et on remonte. Là-haut, le type était en train de discuter avec un groupe d’Espagnols…

Pour visualiser cette randonnée, suivre le lien :https://fr.wikiloc.com/itineraires-marcher/achadas-da-cruz-23279917

Au retour, on passe par la plage de Laje à Seixtal pour admirer les énormes rouleaux s’écraser en grandes gerbes d’écumes sur les rochers noirs. Une dernière halte à Sao Vicente pour une pause gâteaux/café.

Arrivés à la maison, on discute avec nos hôtes de la situation à Madère, du climat, de l’avenir des enfants sur cette île, des nombreux tunnels, etc…

Préparation des valises du retour…

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17/03

Grand soleil sur Madère et ses sommets !! Nous faire ça le jour du départ !

On dit adieu à nos hôtes. Ils sont très chaleureux et nous serrent dans leurs bras. De fait, on a été très bien reçus et la maison est très confortable, et ce pour un prix modique. Et ils ne sont pas responsables du temps qu’il fait ici ! Ils sont tout de même désolés pour cet aspect du séjour.

Comme le ciel est dégagé, on décide d’aller sur Funchal par la route des montagnes, et au passage aller jusqu’au sommet de l’Areiro. Tant qu’on est sur le versant nord, la route est tranquille et déserte. Mais aussitôt arrivé au col, la route qui vient de Funchal est encombrée de véhicules : tous ceux (dont nous !) qui ont été frustrés de ne pouvoir admirer les sommets, se sont donnés rendez-vous sur cette route étroite. De même pour les groupes qui voyagent en cars climatisés ! Les cars et les voitures sont garés n’importe comment, ce qui rend la circulation compliquée.

Et bien sûr, là-haut, c’est l’embouteillage ! Se garer est une gageure ! On s’en sort car la voiture est petite ! Il y a bien un millier de personnes à se prendre en selfie sur fond de sommets dégagés ! Il y a aussi de nombreux groupes qui prennent le sentier (Itinéraire Rother 30) qui va au Pico Ruivo. Malgré le vent qui se lève et la brume qui recouvre tout le versant sud, qui ne va pas tarder à s’élever et à recouvrir les sommets.

Pour faire cette rando sans trop de soucis, il faudrait être à ce parking avant 9h ! Ou alors partir du parking du Pico Ruivo et faire la rando à l’envers, et deux heures de plus dans les mollets.

Un fois sortis de la folie du Pico Areiro, on descend sur Funchal, sans oublier de traverser la grosse couche de brouillard qui couvre le versant sud.

On passe par acquis de conscience à Monte, devant le jardin botanique, mais c’est impossible de se garer dans les rues en pente des environs. Alors on descend par de petites rues étroites et à pic vers le centre, pour aller au resto qu’on a repéré sur le guide Géo, O’rustico, mais il a mis la clé sous la porte, semble-t-il… On se délocalise alors sur Machico, une petite ville en bout de piste de l’aéroport, et là, c’est tout de même plus calme.

Sur la place de la plage, se déroule une épreuve de triathlon réservée aux jeunes : l’épreuve de natation consiste à nager dans l’océan, et la course à tourner autour du Fortim.

On trouve un resto, le Familial, où on se régale avec du poisson ! Mérou et poisson sabre, assiette de légumes, énormes parts de flans et d’île flottante : on va vite reprendre les kilos qu’on a laissés dans les levadas !

Pas de soucis lors de la restitution de la voiture. Et à l’aéroport, les diverses étapes pour accéder à l’embarquement s’effectuent sans originalité, pourvu qu’on soit patients…

On attend que notre vol s’affiche sur les écrans…