Grass’mat. Le coin est tranquille, on a dormi comme des souches. Réveillés à 8h par les cloches de l’église voisine. On prend nos aises dans notre nouveau logement : petit dej avec les divers ingrédients mis à notre disposition par notre hôte.
On met le nez dehors vers 10h30… Beau temps chaud. Retour vers la place Syntagma à travers le jardin national où l’on s’égare un peu. Et on se retrouve, sans l’avoir cherché, devant le monument aux morts où se déroule la relève de la garde.
C’est un moment plutôt original. On s’attend à une parade un peu martiale. Mais voilà, ça n’a rien à voir ! D’abord, la tenue des gardes n’a rien à voir avec l’idée qu’on se fait d’une tenue militaire, mais sort plutôt des réserves des costumes de l’opéra-comique : jupettes, bas de contention et chaussures à pompons. Quant à la chorégraphie, elle est probablement tirée d’un théâtre d’automates.
Mais ce qui surprend le plus, c’est la revue de la tenue des gardes faite par des soldats qui eux sont en tenue plus classique (treillis et rangers) : lors d’un épisode de « garde-à-vous », ces soldats inspectent scrupuleusement le moindre détail de la tenue des gardes, rectifiant le port du ceinturon, replaçant tel pompon ou tel pli de la robe, redressant le calot, etc, et pelotant carrément le garde devant la centaine de touristes (chinois pour le plus grand nombre) assez éberlués par la scène qui se termine par une tape aux fesses !
On remonte vers le nord en passant devant l’imposante ambassade de France, puis par la place Kolonaki, quartier très bourgeois, aux magasins et aux restaurants de luxe. Puis on se faufile par de petites rues qui deviennent des escaliers vers le Mont Lycabette (Lykavitos). Un chemin bien entretenu monte en lacets, au début, à l’abri du soleil sous des pins, puis les derniers pas les plus raides, direct sous le soleil. Mais on se régale tout de même avec la magnifique vue sur l’Acropole, et la mer au loin.
Du parvis de la petite chapelle St George qui trône au sommet, Athènes s’étale à 360°. La vue est encore plus belle. On est surpris de voir combien l’immense agglomération gagne sur les pentes des collines, voire des montagnes voisines. Il n’y a pas de gratte-ciels ou d’immeubles trop imposants qui gâcheraient la majesté de l’Acropole.
On redescend par un chemin qui suit la crête du Mont Lycabette vers le nord, puis on évite les routes en redescendant par des sentiers qui nous mènent dans le quartier de Neapoli. Les petits immeubles s’accrochent à la pente et on descend nombre d’escaliers. Le quartier change brusquement d’aspect lorsqu’on arrive dans la zone plate d’Exarchia : les rues sont grises et parfois éventrées, dues aux maisons à moitié écroulées, la plupart des magasins sont fermés pour faillite, les poubelles débordent. C’est un peu la désolation.
On trouve un petit restaurant pour manger, mais le patron nous dit de revenir dans un quart d’heure, le temps de finir l’aménagement de son étal. On fait un petit tour dans le quartier qui donne l’aspect d’une zone laissée à l’abandon : des rues entières aux commerces verrouillés, les vitrines recouvertes d’affiches appelant à des manifestations, des tags vengeurs sur les façades, les passants au regard las…
Le patron du petit restau (coin des rues Charilaou Trikoupi et Valtetsiou) nous propose une grande assiette pour 6€50 pour quatre parts à choisir dans un buffet aux multiples mets ou une petite assiette pour 3€50 pour trois parts. Les parts sont tellement copieuses qu’on prend une grande et une petite. On s’installe à la terrasse et on se régale.
On repart vers le nord pour « escalader » le Mont Strefi, une île rocheuse dans l’océan urbain d’où on a une vue superbe sur le Mont Lycabette et l’Acropole. Il faut juste ne pas se tromper de sentier…
On ne quitte pas les parcs et jardins : on se promène dans le Parc Areos, un peu plus au nord. Visiblement, la municipalité n’a plus de sous pour l’entretenir. Dans l’allée des héros de l’Indépendance, des statues les immortalisent. Alors qu’on tente de déchiffrer le nom des héros gravé sur les stèles, une femme faisant sa petite course de santé engage la conversation en nous aidant à les prononcer. Très volubile, mélangeant le français et l’anglais, elle nous explique la révolution d’indépendance de son pays, puis déborde rapidement sur la politique d’aujourd’hui, et nous voilà à refaire le monde et en Grèce et en France. Très enjouée, mais très pessimiste, elle nous parle de la crise et de ses effets en Grèce. Pour le moment, elle a du travail (microbiologie), mais pour combien de temps … On se quitte en s’embrassant presque…
A la place Egiptou, on prend des repères au terminus des bus. C’est de là que partent les bus pour le cap Sounio, projet de promenade à venir.
Pas loin de là, se tient le musée national d’archéologie. Il y a là une magnifique collection qui rassemble (entre autres) les trésors découverts dans les sépultures des rois de Mycènes (beaucoup d’ors). Et une suite de statues de marbre et de bronze aux allures incroyables : les Kouros à la pose classique, le Poséidon et le jockey de l’Artemision au réalisme saisissant.
On nous ferme une salle sous le nez : il n’y a pas assez de personnel…
Vers 17h, on descend l’avenue du 28 octobre jusqu’à la place Omonia. Les gens s’affairent dans les magasins qui proposent des soldes ou des articles à un Euro. Ici aussi, il y a beaucoup de vitrines abandonnées. Des vendeurs de billets de loterie ont du mal à caser leur produit et des vieillards fouillent dans les poubelles.
On descend vers le sud par Athinas puis Eolou, où de nombreux bistrots essayent de mettre un peu d’animation, mais il est soit trop tard car les magasins liés au marché central ferment, soit il est trop tôt car les éventuels clients du soir ne sont pas encore arrivés…
La rue piétonne et commerçante d’Ermou est pleine de monde, le pas pressé, paquets sous le bras. Des jeunes chahutent sur les parapets qui entourent la curieuse petite église de Kapnikarea, sortie des temps anciens et plantée comme un retour vers le passé au milieu de la bruyante rue commerçante d’Ermou.
Retour à Syntagma, puis à notre logement. On finit la journée déjà bien chargée par la recherche d’un magasin genre supérette pour remplir le frigo afin d’assurer les repas du soir des prochains jours. Il s’avère que ce genre de magasin est très rare. Les Athéniens doivent s’approvisionner dans les petites échoppes qui sont en bas de chez eux. Par contre il y a de nombreuses pharmacies, mais c’est aussi la crise pour certaines d’entre-elles qui ont dû baisser définitivement le rideau.
On trouve de quoi se faire un osso bucco de dinde, feta et dessert au yaourt, le tout précédé d’un apéritif à l’ouzo…