Nara, qui fut capitale du Japon de 710 à 784, attire beaucoup de visiteurs, en particulier le temple Tōdai-ji, dans lequel se trouve l’un des plus grands bouddhas du Japon. Nara a su aussi attirer les touristes en laissant plusieurs centaines de cerfs sika se balader en toute liberté dans les parcs, ce qui n’est pas sans occasionner aussi quelques dégâts dans les jardins et dans les rues.
Mais la ville ne se réduit pas à une visite rapide du Tōdai-ji et quelques biscuits donnés aux biches. Dans les environs de Nara, à Ikaruga, se trouve le temple Hōryū-ji, qui mérite un petit détour. Il est facilement accessible depuis Nara, par le train : environ 10 minutes jusqu’à Horyuji Station, puis 20 minutes à pied, à travers de calmes quartiers résidentiels.
Le temple Hōryū-ji
Il est étonnant que ce temple soit ignoré par les organisateurs de voyages, car c’est un ensemble comportant de nombreux bâtiments, dont onze datent du VIIe ou du VIIIe siècle et sont parmi les bâtiments en bois les plus anciens du monde. Ce temple a été construit peu de temps après l’introduction du bouddhisme au Japon.
Le billet d’entrée au temple Hōryū-jiLe temple a été construit en 607 par le prince Shotoku, grand protecteur du bouddhisme. On raconte que l’empereur Yomei, son père, avait exprimé le souhait de construire un temple et d’y placer une statue de Bouddha, espérant ainsi obtenir la guérison de sa maladie, mais il mourut avant d’avoir pu accomplir son vœu. L’impératrice Suiko et le prince héritier Shotoku auraient alors exaucé le vœu de l’empereur Yomei et fait construire un temple dans lequel ils installèrent une statue de Bouddha. On pense que le temple fut complètement détruit par un incendie en 670, puis rapidement reconstruit, mais il reste un doute sur la véracité de ces faits.
Ce qui est certain est qu’en 1949 un incendie dans le bâtiment principal fit disparaître des peintures murales datant de la fin du VIIe siècle. L’émoi créé par cet incident est à l’origine d’une loi pour la protection des biens culturels au Japon.
Le plan du temple (présenté sur le document disponible du temple) Nous entrons dans le temple par la porte sud (Nandaimon). Une large allée pavée mène à l’enceinte ouest, au milieu de laquelle se dresse la pagode à 5 étages (五重塔 : Goju-no-To). Dans l’enceinte se trouvent aussi le bâtiment principal (金堂 : Kondo) et le Pavillon des Études.
La porte centrale (niomon) donnant accès à l’enceinte ouest La pagode à 5 étages et le KondoLa pagode est la plus ancienne pagode du Japon. Le bâtiment principal n’est pas d’origine. Il a été reconstruit à l’identique après l’incendie de 1949. Les poutres soutenant le toit sont ornées de dragons et de démons. À l’intérieur on peut admirer quelques statues de Bouddha.
Le Pavillon des Études (Daikōdō) est un bâtiment à un seul niveau, construit pour que les moines puissent s’y consacrer aux études bouddhiques, et qui servait aussi pour les manifestations commémoratives. Au Xe siècle, il fut détruit par la foudre puis reconstruit. La salle abrite la statue assise de Yakushi Nyorai, moulée lors de la reconstruction du pavillon. La statue mesure environ 2,5 mètres de haut et est entourée de Nikko et Gakko, deux bodhisattvas qui représentent la lumière du soleil et la lumière de la lune.
En passant par la galerie couverte, on arrive ensuite au Pavillon de la Cloche, dont la structure d’origine a été détruite par un incendie en 925, en même temps que le Pavillon des Études.
La galerie couverte et le clocherNous ressortons de l’enceinte ouest pour nous diriger vers l’enceinte est (Higashi muro). Il y a de ce côté nettement plus de visiteurs, et surtout beaucoup de groupes scolaires.
Dans l’enceinte est, le Yumenodo, ou Pavillon des Songes, est un bâtiment octogonal, le plus ancien bâtiment de ce type au Japon. On dit que les empereurs venaient ici pour trouver en songe la réponse à leurs problèmes. Dans cette enceinte on peut voir aussi le Tōin Shōrō, un clocher construit selon une forme trapézoïdale connue sous le nom de hakamagoshi (jupe étalée).
à gauche : le Yumenodo – à droite le Tōin ShōrōÀ l’ouest de l’enceinte occidentale, un peu en hauteur, se trouve un autre bâtiment octogonal, plus petit, le Saiendo, qui abrite une statue assise de Yakushi Nyorai, le bouddha de la médecine et de la guérison, datant de la période Nara.
Les divers bâtiments du temple renferment énormément de statues figurant parmi les plus vieilles statues en bois du monde, des reliquaires, des peintures, et divers objets d’art considérés comme des trésors nationaux, qu’il est interdit de photographier, aussi sans le support des images est-il difficile, en rédigeant ce texte 14 ans plus tard, de se souvenir de tout ce que nous avons pu voir. Mais une chose est sûre, c’est que ce temple mérite qu’on s’y attarde lorsqu’on passe par Nara.
Le Tōdai-ji
Nous reprenons le train pour Nara, et nous dirigeons vers le célèbre Tōdai-ji, 東大寺, littéralement le “temple de l’est”. Les “daims” de Nara sont tout aussi célèbres. On les croise un peu partout dans les parcs et autour du temple. Ce ne sont en réalité pas des daims, mais des cerfs sika, une espèce un peu plus petite que l’on peut rencontrer en divers endroits au Japon. Ils ne sont pas farouches, bien au contraire, habitués à recevoir des gâteaux de la part des visiteurs. Comme à Miyajima, il vaut mieux faire attention à ses sacs, car ils ont tendance à être chapardeurs.
Le site est bien plus fréquenté que le temple que nous avons visité ce matin. La grande porte sud (nandai-mon) marque l’entrée principale du temple. Plus qu’une porte, c’est un bâtiment de plus de 25 mètres de hauteur, tout en bois, avec un double toit, et qui est l’entrée de temple la plus grande du Japon.
Nandai-mon : façade sud et façade nord de Nandai-monNous arrivons rapidement devant le bâtiment principal, qui abrite le daibutsu (大仏), le Grand Bouddha.
Le moins que l’on puisse dire est que le bâtiment est imposant. C’est même la plus grande structure en bois du monde. Il a été plusieurs fois détruit puis restauré au cours de son histoire et il ne reste aujourd’hui qu’une partie de ce qu’il était autrefois, comme l’atteste la maquette exposée dans le temple, le représentant tel qu’il était au VIIIe siècle, flanqué de deux pagodes, l’une à 7 étages, l’autre à 10 étages.
Si ce bâtiment est si grand, c’est parce qu’il a été construit pour abriter une des plus grandes statues en bronze du monde : haute de 15 mètres, elle pèse 250 tonnes. Tout comme le bâtiment qui l’abrite, la statue du grand Bouddha est passée par divers travaux de rénovation, à la suite d’incendies et de tremblements de terre.
Le Grand Bouddha, assis sur une feruille de lotus, est entouré de deux botatsu ou bodhisattva, des êtres ayant atteint l’éveil, à droite Nyoirin Kannon et à gauche Kokuzo Kannon. De chaque côté de l’entrée, deux immenses gardiens à l’air peu commode gardent le bâtiment.
À l’extérieur, voici une curieuse statue en bois habillée de rouge, à qui la patine du temps a donné un air pour le moins macabre. Il s’agit de Binzuru, un disciple du Bouddha qui, selon la légende, aurait abusé de ses pouvoirs, ce qui lui valut d’être excommunié. On dit qu’il a le pouvoir de guérir les maladies et qu’il suffit de frotter la partie malade sur la statue pour être guéri.
Nous repartons vers la gare en faisant un petit détour par le parc, délaissé par la foule.