Rencontrer Paul, devenir parents
Du 15 décembre 2018 au 15 mars 2019
13 semaines
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Publié le 11 septembre 2020

Une journée de voyage pour arriver chez Elvira à Lagos...

Départ en TGV le samedi 15 décembre 2018 de la gare du Mans jusqu'à Roissy où nous avons eu la chance de déjeuner avec Hawa 😀 qui nous a rejoint pour l'occasion. Nous avons parlé de sa fille, de la Côte d'Ivoire, d'un voyage qu'elle a fait au Nigéria dans les années 80. Dans son souvenir, Lagos était déjà une ville très inégalitaire comparée à Abidjan... On lui a parlé de notre projet d'adoption, bien sûr, du petit John/Paul que nous rencontrerons dans quelques jours.

Vol Air France à 14:10 ; Minorque puis l'Algérie vues du ciel 😀 ; arrivée à Lagos à 20:30, sans décalage horaire.

Nous sommes accueillis par Rosita (qui s'occupera de notre dossier d'adoption à Life Foundation) à la sortie de l'aéroport.

Circulation très, très dense pour sortir de l'aéroport et ensuite pour traverser le pont à péage Ikoyi-Lekki mais nous arrivons à bon port chez Elvira.

Chez Elvira 
Nala (chow chow très, très calme)

Le lendemain, nous avons le plaisir de rencontrer les Corgier (Julien, Nathalie, leur fils de 8 ans, Clément, adopté il y a quelques années, et Léo, 4 ans, pour lequel ils sont revenus au Nigéria) mais aussi un Américain, Jeff (en procédure contentieuse pour la garde de sa fille, Lea), et la famille d'Alain et Elvira. Léo s'adapte plutôt vite à la vie de famille et ne lâche plus sa maman... Nous sommes juste allés à la piscine d'une résidence privée avec les Corgier. Dimanche très tranquille sous la chaleur humide de Lagos.

Lundi, nous avons assisté à la présentation de la procédure d'adoption à Life Foundation avec Rosita, puis nous avons acheté une carte SIM avec elle. Pas de certitude absolue sur la date d'arrivée de John, peut-être vendredi...

Scène de rue 

Mardi matin, Brice a couru avec Nathalie. Nous sommes allés au consulat en fin de matinée. La vie s'écoule paisiblement, Pamela a le temps de bosser sur son projet européen.

Christmas time in Lagos! 

Mercredi matin à la maison. L'après-midi est partagé entre les bouchons sans fin, un centre culturel très sympa (Terra Kulture, près des bureaux de Life : galerie d'art + salle de spectacle + petite librairie + café) et une remarquable pâtisserie de la rue Monge transplantée à Lagos (Eric Kayser). Nous avons la confirmation par Elvira que le petit Paul arrivera vendredi !

Terra Kulture 
Eric Kayser, Lagos
Approuvé ! 

Jeudi tout aussi calme que les jours d'avant. Nous sommes seulement allés à la piscine l'après-midi avec Uncle Julien, Clément, Jeff et Little Lea.

Le jour J approche....

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Publié le 11 septembre 2020

21 décembre : solstice d'hiver sous les tropiques.

Le cœur bat plus fort aujourd'hui. Nous savons que nous devons rencontrer Paul aujourd'hui mais à quelle heure ? où ? Nos questions à Rosita et Tolani reçoivent des réponses d'attente...

C'est vers 15h30 que Brice reçoit un message de Rosita. Paul, venu d'Onitsha (Etat d'Anambra), est arrivé à la congrégation des Missionnaires de la Charité à Lagos (un orphelinat beaucoup plus grand que celui d'où il vient).

Branle bas de combat : premier Uber vers les bureaux de Life Foundation pour rejoindre Rosita, deuxième Uber vers la congrégation à l'extrême nord de la ville. 3 heures dans la circulation de Lagos et une tempête de questions dans nos têtes...

Le chauffeur nous emmène finalement à bon port. Nous rencontrons deux sœurs en sari blanc à bordures bleues. Elles nous disent que Paul vient tout juste d’arriver.

Le voilà qui arrive, sorti de nulle part avec la jeune fille qui l'a accompagné. Elle, s'appelle Purity, a 17 ans et vit chez les sœurs depuis la mort de sa mère il y a deux ans. Trop timide pour poser avec nous et les sœurs sur les photos, elle est très émue elle aussi.

Paul est calme, il s'assoit sur nos genoux, il sourit. "Il est fort en marketing" me dit Pamela, admirative.

Il est fatigué du voyage, bien sûr. Il a aussi du coton dans les oreilles à cause d'une infection. Les sœurs nous donnent une lettre, son sac de vêtements et pas mal de médicaments.

Nous parlons de lui, de son histoire. Il y a 18 mois, une femme en détresse, sa mère probablement, a mis l'enfant malade dans les bras d'un inconnu en recourant à un prétexte. Elle a disparu aussitôt. Le monsieur a amené l'enfant à la police locale qui l'a confié aux services sociaux, puis aux Missionnaires de la Charité.

Bien sûr, nous aimerions en savoir plus sur l'histoire de Paul et de ses parents biologiques. Nous aimerions pouvoir en parler avec lui quand il sera grand mais la vérité est que nous avons très peu d'informations et que nous n'en aurons sans doute jamais d'autres.

Malgré cette frustration, un sentiment domine : nous serons éternellement reconnaissant à la mère biologique de Paul d'avoir voulu à tout prix préserver la santé de son petit garçon, espérant pour lui une vie meilleure.

Il est l'heure de partir. "Bye bye" fait-il aux sœurs depuis le siège de la voiture. Bye bye...

Malgré la fatigue, il ne dort pas dans la voiture (un avant-goût de ce qui nous attend ?). Tout l'émerveille : les voitures, le spectacle de la rue, les grands écrans publicitaires surtout. Il en a plein les yeux et nous avec lui.

Arrivée à 21h, les présentations commencent...

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Publié le 11 septembre 2020

C'était prévisible. Paul nous teste, il fait des caprices, a des accès de colère et une tendance à l'hyperactivité. Bien sûr, tout est nouveau pour lui : la vie de famille, l'environnement, les habitants de cette drôle de maison et surtout ces deux inconnus, ses parents qu'il vient tout juste de rencontrer alors qu'il a déjà presque trois ans. Pas toujours facile de communiquer avec un petit garçon qui connaît quelques mots d'igbo et un ou deux mots d'anglais... Heureusement, Paul compense par une communication non verbale très efficace.

Et bien sûr, il n'oublie pas de nous faire passer des moments de joie : il sourit, il mange plutôt bien, il aime aller au jardin le plus proche dans la poussette (le quartier d'Elvira est agréable pour des sorties avec les enfants) et adore la réserve naturelle de Lekki où nous sommes allés avec les Corgier la veille de Noël. Il une peur bleue des animaux : le gentil chien Nala surtout mais aussi les singes de la réserve, le dindon de la basse-cour, les chats du chantier naval tout proche... mais c'est aussi l'occasion de le rassurer avec douceur et de le serrer dans nos bras.

La soirée du 24 décembre tourne au désastre. Il est épuisé, malade et doit aller à une soirée mondaine jusqu'à 22h avant d'enchaîner sur la messe de Noël qui se termine bien après minuit. Beaucoup trop de stimulation et de fatigue pour un petit garçon toujours couché à 19h chez les sœurs. Même pour les adultes, le rythme est compliqué, alors pour lui...

On ne dort pas assez mais c'est ça aussi, la vie de parents... On s'adapte, lui aussi.

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Publié le 11 septembre 2020

Boxing day (26 décembre) à la plage mais seulement le matin (il fait vraiment chaud à partir de midi).

Arrivée en Uber à Oniru Private Beach avec les Corgier et une fille adoptive d'Elvira. On s'acquitte du droit d'entrée (1000 naira pour les adultes = 2,50€).

La partie concédée de la plage est propre, la partie publique beaucoup moins... Oniru Beach est une belle plage de sable abritée des forts courants du Golfe de Guinée par un banc de sable qui joue le rôle de digue.

La plage nigériane a ses idiosyncrasies : des chevaux, pas forcément très bien nourris ; des parasols dont la tarification se fait à la tête du client ; des Nigérians restant sagement au bord de l'eau car ils n'ont jamais appris à nager et qui acclament Julien comme un héros lorsqu'il va chercher un ballon qui dérive à la nage...

Sans surprise, le petit Paul a peur des chevaux (comme de tous les êtres à quatre pattes...) mais, à notre grand étonnement, il joue dans l'eau avec délectation et sans aucune crainte alors qu'il découvre la mer pour la première fois.

L'eau est chaude, de la soupe même... Midi, il est temps de rentrer.

Nous sommes retournés à la plage plusieurs fois avec plaisir (ci-dessous le 27 janvier 2019).

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Publié le 11 septembre 2020

Le moyen le plus simple de se détendre pour notre petite famille est d'aller à la piscine d'une résidence privée (où habite une cousine d'Elvira) à 2 ou 3 km de la maison.

On peut y aller en uber, avec la navette blanche du quartier de Lekki ou encore en moto-taxi (okada). Le bonheur pour Paul et ses parents à (tout) petit prix...

Paul apprend vite. Le premier jour de piscine, il s'accrochait à ses parents en permanence. Le deuxième, il flottait déjà avec ses brassards. Le troisième, il sautait sans cesse dans la piscine sans se préoccuper de l'accord préalable de ses parents...

La piscine n'est bien sûr pas sans danger surtout quand Paul a la bonne idée de sauter sur le crâne de son père, en se faisant une belle coupure sous le menton. Panique des parents, uber vers la clinique la plus proche, deux points de suture au final...

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Publié le 11 septembre 2020

Le jardin public du quartier d'Elvira est l'endroit où nous avons passé le plus de temps hors de la maison. Disons plutôt que c'est un jardin privé (il fait partie de la propriété d'un boat club) qui sert de jardin public. C'est un endroit vraiment agréable avec de belles vues sur la lagune et le pont Ikoyi-Lekki.

Paul y a passé de merveilleux moments d'innocence à jouer au football, à pousser sa poussette ou sa remorque, à observer les bateaux et les crabes dans la lagune... ou encore les invités à la réception d'un mariage.

Ses plus grands plaisirs ? Prendre des nouvelles des chats du boat club tout en ayant peur de les caresser quand un employé les tend vers Paul... Observer les allées et venues des véhicules (voitures, tracteurs, etc.) qui déplacent les bateaux de plaisance sur la terre ferme...

Jour de mariage à Lagos 
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Publié le 11 septembre 2020

Elvira a l'excellente idée de louer un bateau pour rejoindre une plage à l'ouest de la ville, celle de Tarkwa Bay. Pour le plus grand bonheur de Paul, plus à l'aise que les adultes sur le "speed boat"...

A l'horizon, un nouveau quartier en construction (Eko Atlantic)
Une plage à deux pas du port... 
Un assemblage de bidons pour transporter les passagers du bateau à la plage et inversement... 
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Publié le 11 septembre 2020

Paul est né le 19 janvier 2016. C'est l'âge de son état-civil et celui estimé par les sœurs à son arrivée à l'orphelinat.

C'est donc un mois après notre rencontre que nous avons le plaisir de lui fêter ses trois ans avec un avion "aimanté"... et un énorme carrot cake (merci, Ice Cream Factory) dont il se souviendra !

Le bonheur se lit sur son visage, non ?

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Publié le 11 septembre 2020
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Publié le 11 septembre 2020

Jeudi 31 janvier. Nous commençons à désespérer de recevoir le jugement qui aurait dû être prononcé un mois après l’arrivée de Paul (soit dix jours de retard).

La bonne nouvelle arrive à l'improviste par un message Whatsapp d'Elvira. La juge du tribunal de l'Etat d'Anambra a cru bon d'inverser le premier et le deuxième prénom (John, le prénom choisi par les sœurs, arrive avant Paul, celui donné par ses parents). L’essentiel n'est pas là (et le problème sera sans doute aisé à régler en France). Aujourd'hui, nous devenons officiellement les fiers et heureux parents du petit Paul. Waouw !

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Publié le 11 septembre 2020

Une ville de 20 millions d’habitants sans métro, sans train de banlieue et avec un réseau de bus peu lisible...

On s'y déplace en s'armant de patience et en choisissant son moyen de transport en fonction de la distance : l'application uber pour les plus longs trajets, la petite navette blanche à l'intérieur du quartier de Lekki, le "keke" (tricyle motorisé jaune) en centre-ville...

Nous avons pris l'habitude de prendre l'"okada" (moto-taxi) pour aller à notre piscine habituelle et même une fois pour faire un trajet de 10 km dans une circulation ultra-dense. Ce qui nous semble une pure folie en Europe (quatre passagers sur une moto : le conducteur, deux autres adultes, un enfant de trois ans, tous sans casque bien entendu) nous a semblé la chose la plus naturelle du monde au Nigéria... A Rome, fais comme les Romains !

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Publié le 11 septembre 2020

"Le paludisme débute par une fièvre 8 à 30 jours après l’infection, qui peut s’accompagner - ou non - de maux de tête, de douleurs musculaires, d’un affaiblissement, de vomissements, de diarrhées, de toux. Des cycles typiques alternant fièvre, tremblements avec sueurs froides et transpiration intense, peuvent alors survenir : c’est " l’accès palustre". (source : institut Pasteur)

Et oui, le palu est endémique au Nigéria et Pamela a eu deux crises à une dizaine de jours d'intervalle... Tout le monde s'est inquiété de son état physique et de sa détresse, à commencer par Paul. Elle en a gardé un souvenir atroce et a perdu sept kilos environ entre le début du séjour et la fin de la deuxième crise.

Merci quand même à la clinique "International SOS" d'Ikoyi pour l'avoir remise d'aplomb...

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Publié le 11 septembre 2020

Où qu'il aille, Paul attire les regards.

Bien sûr, deux parents blancs et un petit enfant noir dans les rues de Lagos ne passent pas inaperçus. "We stand out!"

Mais ce n'est pas l'unique raison pour laquelle les têtes se tournent à son passage. Il est beau, souriant et salue tout le monde comme un pape !

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Publié le 11 septembre 2020

Tous les lecteurs de Goscinny et Uderzo se souviennent de la huitième épreuve des « Douze Travaux d'Astérix » qui consiste à obtenir le laissez-passer A-38 dans la « maison qui rend fou »... L'administration nigériane n'a vraiment rien à lui envier et a souvent eu raison de notre santé mentale.

D'abord quelques éléments de contexte. Nous sommes accompagnés dans nos démarches par deux associations : l'organisme autorisé pour l'adoption en France "Lumière des enfants" (qui suit notre dossier à distance et fait le lien avec la mission de l'adoption internationale) et l'association nigériane "Life foundation" (qui s'occupe de nos démarches sur place). Nous sommes d'ailleurs hébergés à Lagos par la présidente de Life.

Pour adopter au Nigéria, nous devons passer par plusieurs étapes :

- l’ordonnance du tribunal pour enfants de l'Etat d'Anambra qui intervient après une période de socialisation avec l'enfant d'une durée d'un mois environ

- la certification conforme de notre dossier par le ministère des affaires sociales de l'Etat d'Anambra

- l'instruction et la délivrance du passeport de Paul par le ministère de l'immigration à Abuja, la capitale fédérale

- la délivrance d'un visa par les autorités consulaires françaises après instruction du dossier par la MAI (c'est la phase la plus courte, les services français instruisant le dossier "en temps masqué").

A toutes les étapes, nous avons été confrontés à des délais injustifiés, à l'incompétence des agents publics et à la corruption.

S'agissant des délais :

- le jugement lui-même a été pris à peu près dans les temps mais son enregistrement par le greffe a pris quinze jours (on ne sait pas pourquoi) ;

- la certification conforme de notre dossier au ministère de l'Etat d'Anambra a pris trois semaines en raison de l'absence d'un directeur et de l'inexistence des délégations de signature (!) ;

- l'instruction du dossier de passeport de Paul dure depuis plus d'un mois et n'est pas terminée sans qu'on soit bien sûr de comprendre les raisons (sinon l'absence d'implication professionnelle des agents).

Il est possible (mais difficile à démontrer) que la période électorale explique en partie ces délais, de nombreux fonctionnaires étant réquisitionnés pour "coller les affiches"...

Quelques exemples d'incompétence :

- le dossier de Paul issu des services de l'Etat d'Anambra contenait des incohérences flagrantes, essentiellement dues à un copié-collé d'informations issues du dossier d'un autre enfant (!) ; c'est nous-mêmes (et non pas Life) qui avons repéré ces erreurs manifestes et demandé à ce qu'elles soient corrigées (sinon, cela aurait bloqué notre démarche à un moment ou à un autre) ;

- une copie d'un document transmis par les services d'Anambra au ministère de l'immigration à Abuja était illisible mais ceux-ci ont mis un bon mois avant de le signaler (ce qui veut dire concrètement que personne n'avait fait une lecture exhaustive du dossier jusque-là) ;

- le couple qui a adopté juste avant nous a connu un retard significatif dans la dernière ligne droite en raison... d'une pénurie de papier pour l’impression du passeport.

La corruption : c'est un sujet évidemment sensible que nos interlocuteurs esquivent le plus souvent. Ce qui est certain, c'est qu'elle est incontournable au Nigéria, quel que soit le type de démarche administrative, mais il semblerait que Life essaie de la limiter à des montants "raisonnables". On pourrait naïvement se dire que la corruption peut au moins avoir la "vertu" d'accélérer les procédures mais en fait elle obéit ici à des rituels : un fonctionnaire ne dira jamais tout de suite combien il veut mais fera "mariner" l'usager avant de débloquer la situation.

Voici un exemple assez caractéristique du fonctionnement du pays. Nous avons obtenu avant notre départ un visa d'une durée de six mois délivré par le consulat du Nigéria à Paris. A priori, pas de problème. Et bien si... Quand nous arrivons à l'aéroport de Lagos, un agent des services de l'immigration met un coup de tampon qui a pour effet de réduire cette durée à un mois (aucune signature de l'agent, aucune base légale à cette démarche), ce qui nous oblige à renouveler la demande de visa chaque mois en payant à chaque fois. Le renouvellement qui intervient au bout du 3e mois s'assimile à un racket (environ 2000€ par visa). Pour nous éviter de payer cette somme, la présidente de Life va tout simplement corrompre un agent de l'immigration à notre sortie du territoire (c'est arrivé à d'autres familles avant nous)...

C'est à Abuja, la capitale fédérale, que nous avons visité la "maison des fous", c'est-à-dire les services de l'immigration. Nous y sommes allés pour deux motifs : faire une photo pour le passeport de Paul (beaucoup de kilomètres pour une simple photo, non ?) et tenter d'obtenir une extension de notre visa (que nous n'auront jamais, la personne qui pouvait débloquer notre situation n'ayant pas daigné se rendre au travail pendant deux jours consécutifs, peut-être plus). Nous avons eu tout le loisir d'observer une caricature administrative : des agents en uniforme militaire ne faisant même pas semblant de travailler (les jours où ils sont présents, ils arrivent à 11h et repartent à 16h), pianotant leur smartphone ou dormant dans les bureaux sans être inquiétés (Jude, le salarié de Life à Abuja, a voulu nous présenter un cadre du ministère que nous avons réveillé pendant sa sieste)... On pourrait bien sûr en sourire mais en a-t-on la force quand on dépend entièrement de tels individus ?

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Publié le 11 septembre 2020

Toutes les difficultés et les frustrations rencontrées ne doivent pas nous faire oublier l'essentiel : le Nigéria nous a donné un fils.

Le lundi 8 avril 2019, on nous annonce que le passeport est imprimé à Abuja, puis tout s’enchaîne très vite. Le passeport arrive le mercredi dans les bureaux de Life. Je le récupère le matin même et me rends avec tous les documents nécessaires dans les locaux de la société VFS Global, accréditée pour l'instruction administrative des demandes de visa pour la France. L'après-midi, je m'assure que soit finalisée la traduction des derniers documents à l'Alliance française. Dès le lendemain matin, la demande pour le visa de Paul parvient au consulat de France à Lagos qui l'instruit en urgence.

Le jeudi est consacrée aux préparatifs de départ. Vendredi, nous faisons les derniers achats, passons une dernière fois à la résidence de la piscine et surtout récupérons le passeport de Paul accompagné du précieux visa.

Nous devons nous lever en plein milieu de la nuit du samedi 13 avril pour le vol de retour avec Royal Air Maroc. C'est l'heure des au revoirs émus à Elvira, Alain et toute leur famille. Une très grosse frayeur nous attend sur le chemin de l'aéroport : nous sommes arrêtés par des agents de police, surpris de voir dans le taxi un petit garçon noir à côté d'un homme blanc. Ils nous contrôlent sans ménagement mais nous laissent repartir. Quel soulagement ! Le contrôle aux frontières se passe bien (si on peut parler ainsi dans un contexte de corruption). Le voyage est long mais se déroule globalement bien si l'on excepte l'épisode où Paul s'est fait pipi dessus dans le 2e avion (mais c'est clairement la faute de ses parents qui l'ont fait trop boire à l'escale de Casablanca). A la gare Montparnasse, notre petit garçon nous aide même pour le transport des valises (il a de l'entraînement !). Didier nous accueille à la gare du Mans, ému lui aussi, et nous emmène à la maison. Il est temps de dormir.

Nous nous réveillons tous les trois dans notre maison le dimanche des Rameaux, épuisés mais heureux, enfin prêts à débuter notre vie de famille.