Ouf! Ouzbékistan!

De villes mythiques, de sympathie et de nature!
Du 23 au 29 juillet 2019
7 jours
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Passer du Turkménistan en Ouzbekistan c'est comme de sortir d'un examen de fin d'année pour aller boire une bière! Ouf! On retrouve la VIE! C'est à dire, des enfants et des gens qui profitent de vivre dehors, en soirée, qui s'amusent à pédaler en louant des vélos, qui dansent et écoutent de la musique trop fort! Les magasins et les restaurants ne sont plus cachés derrière des vitres teintées, on peut donc aussi trouver plus facilement des repères. Les flics nous font ralentir, regardent nos plaques et nous font passer. On nous assure qu'ici il n'aura pas de problème, car le gouvernement cherche à booster le tourisme et nous notre profession, c'est touristes! Les routes se sont bien dégradées depuis l'Iran. Mais on avance tranquillement en évitant les grosses bosses de goudron déformé et les nid de poules. Émile est super concentré au volant, il assure!


Nous arrivons à Boukhara, on a de la chance, il y fait un peu plus frais. Vous savez, qu'on s'est tellement habitué, tant bien que mal, au chaud, que l'autre jour, on s'est dit: " ah, il fait meilleur aujourd'hui." On a regardé le thermo: 40*C !!! Ahahaha... À vrai dire on se rend compte que ça nous porte sur l'humeur. On est plus léthargiques et moins patients. On rêve de montagnes et de rivières, mais on ne peut pas passer à côté des villes mythiques sur notre route.

Boukhara donc, ou "Buxoro"en alphabet cyrillique latinisé Ouzbek, encore une légende de la Route de la Soie. L'oncle et le père de Marco Polo, marchands de leur états, s'y sont arrêtés durant 3 ans... vous imaginez? Ils avaient le temps à l'époque et le voyage avait un autre sens qu'aujourd'hui. Encore des millénaires d'histoires, de guerres et d'enseignements. Boukhara était une ville sainte, avec beaucoup de madrasas ( sortes d'internats musulmans.) Des canaux et des centaines de bassins alimentaient la ville et les épidémies aussi, à cause d'une eau qui ne se renouvelaient guère assez vite. Elle a vu passer des grands poètes, Gengis Khan, Nasrullah Khan (surnommé "le Boucher", ayant tué tous ses frères et 28 membres de sa famille pour accéder au trône ! ), les bolcheviks et aussi Émile et Clémence, ouahhouu! Elle a été très bien conservée et rénovée, et c'est avec émerveillement que nous nous baladons dans la vieille ville de brique. C'est beau, c'est agréable et surtout il y'a de la Vie! Nous dormons dans un ancien madrasa transformé en auberge.


Les Ouzbeks, selon notre impression, sont aussi musulmans que nous sommes chrétiens! Ils aiment boire leur verre et les codes vestimentaires sont relax. Ils ont un mélange de réserve asiatique et d' impassibilité soviétique, au premier abord, mais dites-leur bonjour et voyez le soleil qui s'allument sur le visage (lui aussi modeler de traits russes, turcs, chinois, mongols), et découvrez leur gentillesse et leur humour! Ils sont moins curieux et inquiets pour nous qu'en Iran, mais tout aussi accueillants et serviables. Nous nous faisons inviter à manger et à boire le thé... mais Emile n'a accepté que l'invitation pour une, deux, trois, quatre ...Vodka!!!! ahah!

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Nous continuons pour Samarcande. Ça sonne Samarcande. C'est mythique. Papa Arthur y est passé, il y a peut-être dix ans, lors d'un voyage de ski. Hervé en rêvait. Sur la route je pète mon câble, parce que c'est aussi cela le voyage. Aller au fond de soi. Voyager de soi à Soi. Vivre le décalage entre Émile qui renaît, qui vit enfin tel qu'il est et heureux de tout, et moi qui suis morte il y'a plus de deux ans et qui espère une renaissance. Sur la route pour Samarcande, je suis en colère. En colère, parce que je suis amputée de la joie de vivre et de l'émerveillement qui fût le mien avant, avant la mort, avant la perte, avant la désillusion. Le but de ce voyage, pour moi, est de retomber amoureuse de la Vie. Alors, je sais que je dois passer par là. N'est-ce pas romantique d'arriver à Samarcande en pleurs et en rage, d'avoir trop aimer et de vouloir encore aimer?


Samarcande, une des plus vieilles villes de la Route de la Soie, construite au V siècle avant JC, dont Alexandre le Grand disait: " Tout ce que j'ai entendu sur Samarcande est vrai, sauf qu'elle est plus belle que je ne l'imaginais." Au carrefour de l'Inde, de la Chine, de la Perse, elle fût rasée par Gengis Khan et reconstruite par Tamerlan.

Tamerlan, peu connu chez nous, était un conquérant tout aussi grand que Gengis Khan et il soumit l'Iran, l'Irak, la Syrie, le Turquie orientale et le Caucase. Il fît de Samarcande sa capitale et grâce au règne de son fils, elle devînt la ville de la connaissance. Le Registan, ce sont trois immenses madrsasas (internats) où étaient enseignées la philosophie, les mathématiques, l'astronomie...

Samarcande a souffert de tremblement de terre et bien que les efforts de restaurations sont immenses, il reste beaucoup à faire. Les monuments sont fabuleux et le soir, à l'heure où toute la populace se divertit joyeusement dans les parcs, un spectacle de son et lumière projetée sur l'architecture sublime du Registan, me donne les frissons. Voir Samarcande et renaître?


(Vous ne verrez rien de Samarcande! Le hasard n'existe pas. Mon appareil photo a tout effacé de mes jolies photos. Après quelques instants de déception, je me dis qu'il y a vraiment un truc avec Samarcande... peut-être que pour vraiment l'apprécier il faut aller la voir en vraie et par la route? Ou peut-être qu'on doit y retourner? ...)

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Cette fois-ci le désert c'est fini! On monte, au nord et en altitude. Après 1 mois de chaleur épuisante, nous arrivons enfin dans le bon endroit au bon moment! Eh oui, c'est comme ça, on ne peut pas, sur un voyage par la terre, sur un an, être à la bonne période climatique partout. Et nous savons d'ores et déjà, que ce voyage nous amènera dans des conditions climatiques rudes et inhabituelles pour les petits suisses. Un thermomètre qui passera de +50*C à -30*C, pour bien qu'on comprenne la force et la solidité de ces peuples.


Nous arrivons au lac de Tchorvok, la région où papa Arthur a fait de l'heliski. Les montagnes sont splendides, il y a des vaches, des chèvres et des moutons sur la route, l'air est frais et le lac est beau... un petit air de Switzerland règne ici. Nous rêvons de nous poser tranquillement au bord de l'eau. Un lopin de terre, de la flotte, c'est simple non? Et ben non! On fait le tour du lac, sur une route en terre délabrée, on est dans une zone frontière, les flics nous arrêtent pour bien nous dire qu'on ne doit pas prendre de photos et surtout parce qu'ils se demandent qu'est ce qu'un véhicule immatriculé en Suisse peut bien faire sur cette route.... on continue. Autour du lac, tout est grillagé, baricadé, fermé. On devait rouler 5h, cela fait 9h que le moteur tourne. C'est le jeu ma pauvre Lucette. Émile est en "branché sur positif" et moi je suis en dépit. On entre dans une sorte de centre de vacances avec des bungalows et on nous donne le droit de rester gratuitement. La nuit commence à tomber. On a une grande discussion avec vue sur le lac. Le thème ? La liberté ! Je ne pensais pas que cela serait si contraignant de trouver un lieu, simplement pour vivre libre. En Suisse, nous ne sommes pas libres (et je ne rentrerai pas dans la discussion de nos si belles vallées malheureusement pourries de jugement), en Iran, il y a l'obligation de voile et le loup (hihih), en Turkménistan le mot liberté n'existe même pas, et partout ailleurs... des barrières. Alors j'apprends concrètement 2 choses, que je savais déjà, mais que je dois encore et encore pratiquer:

  • La liberté n'existe nulle part ailleurs que dans ma tête ! Et c'est bien là que je dois la trouver et la gagner.
  • Le bonheur c'est de se contenter de ce qui est, sans autres attentes.


Et au milieu de notre discussion, une gigantesque étoile apparaît, trop bizarre, il ne fait même pas nuit. Elle s'approche de nous (de la planète terre!) Elle est suivie d'une immense traînée cônique de nuage...et tout à coup, elle explose ou implose!!! L'onde de choc produit alors une forme de diabolo!! Un truc de dingue. Flippant. Magique.

Alors on se dit qu'on est bien peu de chose et qu'une météorite peut à tout moment en finir avec tout ça. Et aussi que ce signe du ciel, nord-est, nous indique que nous sommes sur la bonne route, parce que désormais nous sommes des nomades et nous suivons les étoiles! Alors Melchior (Émile), Balthazar (Clémence) et Gaspard (le Yak) s'en sont allés boire une bière !!!! 😜


Le lendemain après maintes recherches nous trouvons, au bout d'une route, que personne n'aurait envie d'emprunter, une plage ouverte. Nous nous y posons, au milieu des familles Russes, Kazakhs et Ouzbeks en vacances. Nous avons de l'eau pour nettoyer le Yak, qui est simplement dégueulasse de poussière, faire la lessive, le ménage... La musique à fond, les jetskis, bananes et pédalo, c'est les vacances ici, c'est les vacances dans nos cœurs!

(Photo de vacances Ouzbeks, aussi effacées...dommage pour les souvenirs des jolis visages et franches rigolades partagées !)



Après ce bon repos, départ pour Tachkent, capitale du pays et la frontière Kazakh...

Merci l'O'zbekiston pour les villes mythiques, la sympathie, le respect, et les bons rires de tes habitants et pour l'air frais et l'eau ...