Un automne Kirghize

Voyage dans la douceur et le calme du Kirghizistan à l’aube des grands froids...
Du 20 septembre au 14 novembre 2019
8 semaines
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Nous sommes rentrés au Kirghizistan par la petite porte. Une petite route, une petite frontière au sud-est du Kazakhstan, par la vallée de Karkara. Sur la route, nous avons dégusté du Koumi, le fameux lait de jument fermenté,... intéressant, mais difficile pour nos papilles occidentales!!

Tonneaux de koumis, on y ajoute chaque jour le lait et on brasse!  


Et hop! Nous y voilà ! Dans la première ville, nous rencontrons déjà, la douceur et l’humour du peuple Kirghiz, accueillant et pourtant toujours avec un peu de timidité... ce semblant de gêne que l’on rencontre souvent en Asie et qui nous invite à en découvrir plus.

Rive Nord du lac Issykul 

En longeant la rive nord du lac Issy Kul, ( signifiant le Lac Chaud), on trouve une jolie vallée, Ak-Suu, une magnifique rivière et une place parfaite pour se poser. Nous arrivons, à l’heure de la « désalpe » et nous profitons du spectacle!

La fin de l’été, les troupeaux redescendent, veaux, vaches, Yak, chevreaux, chevaux, moutons etc.... tout le monde descend!  
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À Bishkek nous faisons halte chez Samuel Maret, ce valaisan est tombé sous les charmes de ce pays il y a des années, et près de sa belle, il y est resté ! Il a une superbe maison d’hôte, la BLUE CAMEL guesthouse, où l’on se sent comme chez nous. Et ça fait vraiment du bien, après de longs mois de voyage de trouver un tel endroit. Le comble c’est que Samuel est en Suisse et nous ne le verrons pas pour l’instant, mais son équipe de l’agence Nomads Land nous accueille avec beaucoup de bienveillance et nous offre de précieux conseils.

La Blue Camel guesthouse, dans un quartier tranquille de la capitale

(De là, parenthèse Tadjik durant 2 semaines, avec la famille, que vous retrouvez dans le dernier poste...)


De retour à Bishkek, devant l’auberge, notre Yak décide de tomber malade! Plus d’embrayage...mais plus du tout! Ça ne pouvait pas mieux tomber, nous avons de quoi dormir, l’aide de guides qui parlent parfaitement français et anglais...bref nous avons le « c... bordé de nouilles » comme on dit!

18’000 km dans des endroits pas simples: grandes villes bouchonnées, déserts, montagnes, steppes....et nous tombons en rade ici! La vie est belle! Merci!!!

Le coup de la panne 

Dépanneuse, réparations de plein de choses, (car ici ils ont toutes les pièces pour ce model). Le tout pour la modique somme de 200€!!! Que demander de plus?


En attendant, nous profitons pour visiter le fameux bazar d’Och à Bishkek, qui est un régal pour les yeux et du bonheur pour le cœur!

OSH...Quel bazar! 
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Dès que notre véhicule est prêt, nous embarquons pour un grand tour du pays! Plus d’agenda, nous embrassons la Liberté !

Nous quittons la capitale et nous empruntons le col Too Ashuu à 3150 mètres d’altitude. Ils ont creusés un tunnel à travers la montagne, très serré, sans lumière et étouffant, car c’est un axe principal pour les camions qui circulent sans cesse jour et nuit. De l’autre côté, nous redescendons dans la vallée de Suusamyr, on y voit un télésiège; eh oui! les sports d’hiver commencent à bien se développer ici, et c’est à explorer, car le terrain de jeu et surtout de freeride est gigantesque ! Dans la vallée, nous nous posons dans les champs et on profites de se retrouver ici et maintenant. Moi je fais du funky-chaussettes- yoga, (après la bière-Yoga, chèvres-Yoga et autres idées loufoques, puisqu’il faut faire du « branding » et sortir du lot dans un domaine surexploité, je propose le FUNKY-SOCKS-YOGA! 😋) et Émile quand à lui fait de la méditation hippique, restant durant des heures au milieu d’un troupeaux de chevaux semi-sauvages.... je le regarde au loin, je vois qu’ils sont en grande discussion...

Des chevaux partout!  
Méditation hippique par Émile  

A Suusamyr, nous rencontrons un gentil monsieur qui entraîne sa monture pour la course. Les deux posent pour nous et le cavalier nous invite pour un thé chez lui. Adorable! Ici le cheval c’est tout, le travail, le jeu, le véhicule, il peut aussi permettre d’obtenir la richesse et la gloire!


Les gosses montent très tôt sur le dos des poulains, bébé humain et bébé cheval apprennent vite à vivre ensemble.

Nous allons au Sud, et sur la route, nous croisons un groupe de jeunes qui s’entraînent au « Kok-Boru », (connu aussi sous le nom de « Bouzkachi » chez les afghans.) C’est une sorte de match de polo, où la balle est une carcasse de chèvre, à laquelle on a coupé la tête et les pieds, le but est de choper la biquette, à cheval, traverser le terrain sans se la faire arracher par les adversaires et aller la jeter dans les goals (une sorte de puit.)

Barbare! Certes.

Mais ce jeu traditionnel est le préféré dans cette région du monde et figure au top des Jeux Nomades. (Pour infos, les Jeux Nomades, sorte de Jeux Olympiques des peuples nomades, se dérouleront en Turquie l’an prochain! Une expérience à vivre! Il y a le Tir à l’arc, la Lutte, la Lutte à cheval, les courses de chevaux, etc...)


Revenons au jeu; c’est très intéressant de voir comme ils doivent faire de la voltige pour attraper la chèvre, mais aussi comme ils manient leur monture, la faisant marcher sur la carcasse, empêchant l’équipe adverse de la soulever, ou la faisant reculer, bousculer les autres cavaliers... et puis au grand galop, comme des fous, ils traversent le terrain et jettent la « balle » dans le but! Gooooooooaaaal !!!!! C’est la fête, c’est la frime, comme au foot! Ahaha...

Nous on s’arrête au bord de la route, on salue les quelques spectateurs du bled et on regarde, émerveillés! Ça ne prend pas plus de 10 minutes pour que l’équipe propose à Émile de jouer.

Heuuuu.... Je leur explique qu’il faut y aller doucement, car il n’est pas expert en équitation, mais ici, ça semble juste inconçevable de ne pas être né sur un canasson! Alors Émile monte, il lui mette la carcasse dessus, lui expliquant comment la maintenir, en la passant sous les jambes, le jus de chèvre coule sur son froc, ....et YyyyyAaaaahhh !!! C’est parti!

Je prie.

Émile parle à l’oreille du cheval, à son habitude « eh copain, gentil, cool... alors? ».... 😂bref il s’en sort au petit galop et les gars lui font une séance d’entraînement tranquille! Trop beau! Tout le monde rigole bien.

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De retour les pieds sur Terre, on continue la route, on passe le magique col Taldyk à 3615 mètres d’altitude. Ah oui, j’ai oublié de mentionner que depuis Osh, direction Sud, nous avons retrouvé la fameuse, la mythique, la formidable, deuxième plus haute autoroute du monde, la PAMIR HIGHWAY, déjà côtoyée au Tadjikistan, cette fois-ci, c’est le Yak qui a le privilège d’y user ses gommes! On adore! Nous sommes trop trop fiers!

Derrière le col, s’ouvre à nous le spectacle splendide des montagnes de l’Alaï, à 7000m et plus, avec le fameux Pic Lénine et la vaste vallée du même nom, nous offrant un des plus beau terrain de camping du voyage. On s’y pose quelques jours.


On ne fait rien, rien que de se balader, s’émerveiller du paysage, discuter avec quelques bergers... rien. Nous avons atteint le milieu de notre voyage, réaliser les challenges avec succès (la chance avec nous), et désormais, nous n’avons plus de rendez-vous, plus de projet, juste être là. C’est le bonheur n’est-ce pas? Eh bien, je vais découvrir que c’est toute une thérapie! En effet, dans nos vies surbookées, nous n’avons pas le temps de vraiment se retrouver là, dans cet espace-temps où l’on ne fait rien, ne sert à rien, ne projette rien, ne produit rien.... Ben, je dois dire que c’est assez flippant. Je me suis rendue compte de mon attachement au « faire ». Cette croyance que je suis acceptée, aimée et que je mérite de l’être, que j’ai une valeure et que je peux m’aimer moi-même, parce que je FAIS quelque chose. Et si je ne fais rien que ce passe -t-il? Je me retrouve.

En s’arrêtant un instant, très vite les peurs, les douleurs, les colères, tout ce à quoi on essaie d’échapper en « faisant » nous rattrapent. Et on se retrouve, et on voit la fuite dans laquelle on s’est lancé durant tant et tant d’années, la fuite qui nous vient de bien plus loin que nous ne pouvons l’imaginer et qui s’est amplifiée à un tel point dans notre société que nous ne pouvons rester sans rien faire, sans nous «occuper », sans faire du sport, sans Facebook, sans.... sans... pourtant, être SANS c’est en fait être AVEC. Alors le voyage devient méditation et les tempêtes passées, avec beaucoup de bienveillance et d’amour, on arrive à se donner le droit d’être juste dans la contemplation, d’être juste, d’EXISTER.


Voilà! 15 ans de philosophie orientale et encore j’en apprends, ( pas besoin de bouquins, ni d’études, la vie nous apprend si on veut bien ouvrir les yeux.)

Se donner le droit de juste Être, quel cadeau!!! La contemplation quel guru!

La vallée de l’Alaï est inspirante! Elle est si vaste et élevée, elle fait de la place en nous et éveille nos aspirations les plus hautes!


6 mois de voyage, une petite moitié, qui est passée comme un claquement de doigts. Nous avons laissé beaucoup de choses en route, digéré, intégré, chambardé, transcendé des mémoires et des émotions. Ça n’a pas toujours été simple, mais c’est essentiel! Car si vous croyez que le voyage est une fuite, vous vous trompez et vous devriez essayer. Non, le voyage est un retour à Soi. Le voyage vient sans cesse nous chercher au plus profond de nous-mêmes et questionne : « où en es-tu? »

Où en sommes-nous? Au jour d’aujourd’hui, au beau milieu de cette planète Terre, après avoir traversé toutes sortes de paysages intérieurs, il est l’heure d’aller vers la lumière. J’en suis à la compassion pour mes idiots et mes méchants, de bien tristes sirs, je crois que les gens heureux sont bons et que les gens libres laissent les autres libres. Je suis l’idiote et la méchante de quelqu’un aussi. On a tellement de rôles à jouer et si peu de temps. Alors c’est décider on va jouer les rôles qui nous emballent, qui font notre bonheur, qui nous font vibrer, qui nous rendent meilleurs!! J’en suis à l’envie d’avancer, de lâcher les bagages de tristesse et de colère, la vie est trop courte et la seule réalité est « Présent ». Émile depuis longtemps déjà dit: « Partageons notre vie avec ceux qui le veulent bien et les autres tant pis!» Bref, toujours faire le choix d’être responsable de sa vie et non pas victime...

Hummm! Quel bonheur de retrouver cet équilibre, cet être supérieur blotti au fond de soi, ce sage, et d’arriver enfin à le suivre!

Le voyage offre un recul nécessaire pour voir l’image en plus grand et remettre les pendules à l’heure. Il est révélateur et libérateur.

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Sur la route de retour direction Och, on s’arrête à côté d’un bled, un dizaine de maisons et qui dit bled, dit gamins et comme nous sommes de grands gamins, on s’éclate! C’est drôle, avec les enfants, il n’y a jamais de barrière de la langue, on se comprend toujours!

Partout dans le monde, le même enthousiasme autour des feuilles mortes!  


Och est une ville charmante, au beau milieu des routes de la Soie, son marché connu comme le plus grand d’Asie Centrale historiquement, est déjà mentionné au VIII siècle. Il fait bon s’y perdre. À côté, il y a le parc et les attractions et des papis qui jouent aux échecs, des mamans qui promènent les enfants, des jeunes qui s’évadent. Et toujours à quelque part, le vieux père Lénine qui veille. Och est une ville représentative de plein d’éthnies et on y croise des visages Kirghiz, Ouzbek, Tadjik, Afghans... elle est aussi réputée pour sa cuisine, notamment ses Samsas, pain fourrés à la viande.


Le bazar d’Och....à OCH, les samsas et papa Lénine au creux de la main!  


Nous remontons au Nord, passons quelques temps au bord du lac de Togktogul, un immense barrage et des monts merveilleux tout autour. L’histoire du barrage est moins relaxante, car il était déjà fissuré au temps des soviets qui l’ont construit, il est en forte zone sismique et bien sûr, il empêche l’accès à l’eau à certaines régions, notamment en Uzbékistan, ce qui crée encore des tensions entre ces deux pays qui ont déjà du mal à s’accorder et à trouver leur frontières suite à la chute de l’URSS. Mais l’eau est belle et on s’y pose avant de continuer jusqu’à Suusamyr.

Là, nous croisons vers l’Est par une jolie petite route, nous visitons la maison d’un Bon Gros Géant, à Kojomkol (le petit musée est malheureusement fermé... on est hors-saison), et puis la route continue avec tout à coup des paysages de Western!

Direction le Sud du Lac Issy-Kul, qui selon les légendes Kirghizes, toujours mélancoliques, se serait formé par les larmes d’une jeune fille bien triste!

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Ce bel automne nous permet de profiter de la rive, sous un soleil qui réchauffe le cœur, il y a même de gens qui se baignent encore (la vodka aidant! )

Émile n’a toujours pas pêcher un poisson, mais nous avons attraper une souris qui squatte notre van! Une souris voyageuse, très mignonne, mais une vraie peste, car elle s’est enfuie et depuis, on la chasse sans succès! Toutes les nuits elle ronge et trifouille partout!!! Arrrrrfffff... c’est Tom & Jerry !

Un air de vacances à la mer...  

Au bout du lac, la ville de Karakol, offre un lieu touristique, car elle est la base des domaines skiables, des randonnées équestres et pédestres, des sources d’eau chaude et surtout, c’est de là que les alpinistes s’enfoncent dans les Tian Shan, les Monts Célestes, pour atteindre des sommets à plus de 7000m qui font la frontière avec la Chine. Nous visitons le Musée, qui a une pièce entière dédiée à une fameuse Suissesse, Ella Maillart. Il y a aussi de belles pièces d’art et les animaux empaillés, devant lesquels on a toujours envie de s’esclaffer! Nous allons voir la cathédrale orthodoxe en bois et la mosqué Dungan construite sans un clou! Et puis le zoo... où on en croit pas nos yeux, il y a deux lions! On est pas fans des zoos et des animaux en cage, mais voilà... On se console en pensant que tous les autres en Kirghizie sont en liberté partout!!!! Le plus connu et apprécié des animaux ici, reste le mouton à cul-gras! Hihi

Karakol offre des jolies visites, parfois insolite! (Le zoo, le musée, la mosquée, la cathédrale.) 

Ici l’automne, n’est pas touristique, idéal pour les amoureux de la nature et du calme, pour les sauvages! Le Kirghizistan est un pays de montagnes, les randonneurs, grimpeurs, cyclistes, alpinistes, cavaliers y seront au paradis... C’est aussi un pays de culture, et l’été les bergers sont à l’alpage dans les yourtes, c’est la saison du tourisme et des fêtes, des chants et danses traditionnelles, des jeux, de la belle vie! Quand à l’hiver, ça se développe tranquillement pour accueillir les amateurs de sports d’hiver... c’est ici que vous trouverez des spots immaculés à gogo pour glisser en toute liberté!

(N’hésitez pas à visiter et vous inspirer sur le site de Samuel : https://nomadsland.ch/

Une journée avec Yulia, boire l’eau au soufre qui guérit, chasse à l’aigle, visite de la tour Burana...merveilleux! 

Nous avons donc profité de la zénitude automnale pour nous reposer de notre déjà long voyage! Maintenant il est temps de changer de rythme, de décor et d’aller voir plus loin! Voilà 4 mois que nous sommes dans l’Asie Centrale, et un vent nous pousse plus à l’Est.....Extrême Orient, ça fait rêver non?

De retour à Bishkek, nous posons le Yak pour quelques mois. Une nouvelle aventure s’offre à nous, l’aventure sac-à-dos! On a encore limité nos affaires, on a dit au revoir à notre maison roulante avec un pincement au cœur, et on a l’impression de partir en voyage, comme si on était pas déjà en voyage !!


On a tellement de chance de vivre tout ça, on veut en profiter au MAX!

+ de légèreté

+ de rire

+ plus de lâcher-prise

+ plus de culture

+ plus de curiosité

+ plus de rencontres

+ plus d’insolite

+ plus de ce monde

+ plus de la vie

+ plus d’amour

+ plus de paix

+ plus de confiance

+ plus de liberté !!!


Keep on going on !  

Voilà à l’heure où je termine ces lignes, notre avion descend sur Séoul...Corée du Sud nous voilà! Retour vers le future!