De retour les pieds sur Terre, on continue la route, on passe le magique col Taldyk à 3615 mètres d’altitude. Ah oui, j’ai oublié de mentionner que depuis Osh, direction Sud, nous avons retrouvé la fameuse, la mythique, la formidable, deuxième plus haute autoroute du monde, la PAMIR HIGHWAY, déjà côtoyée au Tadjikistan, cette fois-ci, c’est le Yak qui a le privilège d’y user ses gommes! On adore! Nous sommes trop trop fiers!
Derrière le col, s’ouvre à nous le spectacle splendide des montagnes de l’Alaï, à 7000m et plus, avec le fameux Pic Lénine et la vaste vallée du même nom, nous offrant un des plus beau terrain de camping du voyage. On s’y pose quelques jours.
On ne fait rien, rien que de se balader, s’émerveiller du paysage, discuter avec quelques bergers... rien. Nous avons atteint le milieu de notre voyage, réaliser les challenges avec succès (la chance avec nous), et désormais, nous n’avons plus de rendez-vous, plus de projet, juste être là. C’est le bonheur n’est-ce pas? Eh bien, je vais découvrir que c’est toute une thérapie! En effet, dans nos vies surbookées, nous n’avons pas le temps de vraiment se retrouver là, dans cet espace-temps où l’on ne fait rien, ne sert à rien, ne projette rien, ne produit rien.... Ben, je dois dire que c’est assez flippant. Je me suis rendue compte de mon attachement au « faire ». Cette croyance que je suis acceptée, aimée et que je mérite de l’être, que j’ai une valeure et que je peux m’aimer moi-même, parce que je FAIS quelque chose. Et si je ne fais rien que ce passe -t-il? Je me retrouve.
En s’arrêtant un instant, très vite les peurs, les douleurs, les colères, tout ce à quoi on essaie d’échapper en « faisant » nous rattrapent. Et on se retrouve, et on voit la fuite dans laquelle on s’est lancé durant tant et tant d’années, la fuite qui nous vient de bien plus loin que nous ne pouvons l’imaginer et qui s’est amplifiée à un tel point dans notre société que nous ne pouvons rester sans rien faire, sans nous «occuper », sans faire du sport, sans Facebook, sans.... sans... pourtant, être SANS c’est en fait être AVEC. Alors le voyage devient méditation et les tempêtes passées, avec beaucoup de bienveillance et d’amour, on arrive à se donner le droit d’être juste dans la contemplation, d’être juste, d’EXISTER.
Voilà! 15 ans de philosophie orientale et encore j’en apprends, ( pas besoin de bouquins, ni d’études, la vie nous apprend si on veut bien ouvrir les yeux.)
Se donner le droit de juste Être, quel cadeau!!! La contemplation quel guru!
La vallée de l’Alaï est inspirante! Elle est si vaste et élevée, elle fait de la place en nous et éveille nos aspirations les plus hautes!
6 mois de voyage, une petite moitié, qui est passée comme un claquement de doigts. Nous avons laissé beaucoup de choses en route, digéré, intégré, chambardé, transcendé des mémoires et des émotions. Ça n’a pas toujours été simple, mais c’est essentiel! Car si vous croyez que le voyage est une fuite, vous vous trompez et vous devriez essayer. Non, le voyage est un retour à Soi. Le voyage vient sans cesse nous chercher au plus profond de nous-mêmes et questionne : « où en es-tu? »
Où en sommes-nous? Au jour d’aujourd’hui, au beau milieu de cette planète Terre, après avoir traversé toutes sortes de paysages intérieurs, il est l’heure d’aller vers la lumière. J’en suis à la compassion pour mes idiots et mes méchants, de bien tristes sirs, je crois que les gens heureux sont bons et que les gens libres laissent les autres libres. Je suis l’idiote et la méchante de quelqu’un aussi. On a tellement de rôles à jouer et si peu de temps. Alors c’est décider on va jouer les rôles qui nous emballent, qui font notre bonheur, qui nous font vibrer, qui nous rendent meilleurs!! J’en suis à l’envie d’avancer, de lâcher les bagages de tristesse et de colère, la vie est trop courte et la seule réalité est « Présent ». Émile depuis longtemps déjà dit: « Partageons notre vie avec ceux qui le veulent bien et les autres tant pis!» Bref, toujours faire le choix d’être responsable de sa vie et non pas victime...
Hummm! Quel bonheur de retrouver cet équilibre, cet être supérieur blotti au fond de soi, ce sage, et d’arriver enfin à le suivre!
Le voyage offre un recul nécessaire pour voir l’image en plus grand et remettre les pendules à l’heure. Il est révélateur et libérateur.