Le Soleil transPERSE

L'Iran aux milles trésors de cœurs et de culture.
Juillet 2019
20 jours
1

Ca y est, nous sommes dans Le Voyage. Jusque là c'était des vacances... une mise en route facile, en terrain connu... des pays européens ou presque, des repères communs partout... après un mois en Turquie, nous nous sommes habitués à la langue, à la culture etc...( On redevient tellement vite accro à nos petites routines, au confort de ce qui est acquis!) La turquie est un pays magnifique et un mois n'est pas suffisant pour y découvrir toutes ses merveilles.. mais la route nous attire, et nous sommes faible, nous sommes curieux, nous sommes humains!


Après 13h de conduite, traversant la Turquie en direction du nord-est, nous y voyons les régions devenir plus rurales, plus musulmanes... voyager par la route permet de s'habituer, ce ne sont pas les frontières qui délimitent les peuples et les cultures. Les ambiances changent en douceur au fil du chemin. Le paysage devient plus sec et continental.


Nous y voilà donc à 20km de la frontière Iranienne.


Un pied du Mont Ararat, fameuse montagne, 5137m d'altitude, où l'arche de Noé se serait posée après le déluge. (Je vous dis, ça fait un mois qu'on est voyageur au centre de la Bible. Et j'en profite donc pour vous rappeler que les chrétiens, les juifs et les musulmans ont le même ancient testament. Donc nous sommes tous descendants de Noé... donc...c'est à quel moment qu'on a commencé à se taper dessus déjà?...bref..) Le Mont Ararat, un endroit émouvant pour moi aussi, car je sais que je suis sur les pas d'Hervé. Il y a environ 20 ans qu'il passait par là avec son sac à dos, en rentrant au pays, depuis l'Inde par la voie terrestre. Je sais donc que je suis juste. Nous sommes guidés.

Le Mont Ararat, derrière les nuages l'arche de Noé pour les rêveurs... 


J'ai troqué mon bikini, mes minis shorts et petits hauts légers pour des habits adaptés!


J'ai peur de la frontière, Émile est confiant et heureux, comme d'habitude!


15km...


Il faut sans cesse se battre contre les idées reçues sur tout. Il faut sans cesse aller voir soi-même , il faut oublier les médias, il faut impérativement croire en l'être humain, se faire sa propre opinion et garder à l'esprit qu'elle sera de toutes façons subjective... Nous avons dans nos mémoires tellement d'histoires dramatiques sur l'Iran. C'est dans l'inconscient collectif des Occidentaux. Je me souviens, enfant, avoir regardé "Jamais sans ma fille", je me souviens du téléjournal, les guerres du golf...Émile est né l'année où le Shah d'Iran tombait... Et puis les Mollah ont repris le flambeau. Fini les jupes, fini le vin, fini la pseudo-liberté; un printemps Perse, bien avant le printemps Arabe. Un magnifique dessin animé pour adultes explique cette histoire: PERSEPOLIS (à voir absolument!) et aussi visiter le site suivant pour y voir l'évolution de la liberté de la femme: https://www.vox.com/2015/2/21/8078025/iran-style-century


10km...


Ces derniers temps nous regardions les médias, chose que nous ne faisions pas en Suisse. Mais là on s'intéresse un peu à ce que veut bien nous laisser savoir, sur ces intentions, le grand bouffon à la mèche jaune pipi d'outre atlantique. Guerre? Pas Guerre? Tonton d'America, n'en as-tu pas marre de faire ch... le monde? Quand est-ce que tu auras bouffé assez de dollars pour te rendre compte qu'ils sont indigestes???


5km... (je suis super heureuse, mais je balise, j'aime pas les frontières, j'aime pas les uniformes, les armes, les tanks, les fils barbelés, les limites...ça m'oppresse)


Nous avons tellement d'histoire sur l'Iran donc, mais nous avons oublié la Perse! Nous on veut visiter ce pays, cette culture hyper riche, millénaire, cette contrée de la poésie, des arts, des mathématiques, de la philosophie. Isfahan, les Zoroastriens, les caravansérails qui jalonnent la route de la Soie.... La Perse. Oublions l'Iran, entrons en Perse!

Ça y est, des camions de pétrole partout, l'armée, l'écriture Farsi, frontière nous voilà!

• • •

Comme il est l'heure de sortir nos 3 tonnes de papiers ( permis de conduire international, carnet de passage en douane du véhicule, carte grise, carte d'identité, passeport, visa...) , nous en profitons pour dire un ÉNORME MERCI à Pauline de VerbierTour! Elle nous a aidé pour l'obtention des visas, la préparations des formalités et la logistique d'ambassade en ambassade. C'est aussi avec elle que je travaille pour les billets d'avion pour mon groupe de Yoga en Mongolie. Elle est passionnée, super expérimentée et elle a eu plusieurs sueurs froides, car le timing pour nous renvoyer les passeports, par l'équipe de Yoga du voilier, était short!!! Merci, merci, merci !


Merci à Milko et Valérie d'avoir embarquer nos passeports dans la soute... d'avoir eu chaud aussi quand l'aéroport d'Istanbul a égaré leur bagage..hihihihi.. tout est bien qui fini bien!

• • •


À la douane côté turque, nous devons sortir du véhicule, entrer dans une pièce, passer par un passage entre des barreaux, montrer notre carte d'identité et documents du véhicule. Puis Émile doit retourner au Yak bus, pour le faire passer en Iran et moi je dois passer avec les piétons.

Je marche dans un couloir grillagé. J'arrive au guichet d'entrée. Il y a une file d'attente et une foule. Tout est écrit en farsi... file? Ou foule? Je me mets dans la foule. Mauvais idée! Un douanier hyper baraque commence à y remettre de l'ordre, en claquant les gars devant moi, la foule doit se mettre dans la file. Les gars qui se font taper dessus se retournent et fonce dans ma direction. Je bouge plus. Au moment où le douanier se retourne pour me claquer moi aussi, il s'arrête net ! ...Et galant comme un gentleman, m'ouvre un passage et me dis: "Lady, please..." Il prend mon passeport et mon visa. Coupe la file pour arriver au guichet, met le stampel, me redonne mon visa, m'accompagne hors de la foule et me lance un "Welcome to Iran ", je file, le sourire derrière les oreilles, je foule le sol Irannien!

Du côté d'Emile c'est une autre histoire... je le vois au loin derrière les grillages. Il doit tout vider le bus. Ce sont les douaniers Turcs qui ne le laissent pas sortir. Il doit aller passer le véhicule dans un scanner, au beau milieu des semi-remorques. Il se fait un peu engueuler, car il ne comprend pas trop comment ça marche. Les camionneurs Iraniens l'aident. Ça prend des plombes, sous un soleil de plomb. (Je me demande alors si ça l'éclate toujours tellement les passages de frontières... )


Enfin le grillage s'ouvre. Ensuite un gars arrive pour nous "aider" avec les formalités. On a clairement besoin de lui pour aller au bon endroit et faire l'assurance, c'est son job, c'est une arnaque aussi, mais sans lui on y serait encore... Parfois pour économiser de l'énergie, du temps et des embrouilles, on se laisse faire.. parce qu'on a plus 20 ans et parce qu'on est laaaaaarge au niveau budget!


NOUS SOMMES EN IRAN!!!


2

Les paysages sont magnifiques, secs, chauds et parsemés de point d'eau entourés de cultures. L'essence est descendue à 0.20€/litre.

L'asphalte est bon. La circulation, est un pur miracle...(comment font-ils pour ne pas avoir plus d'accidents?) Il fait chaud, comme dans un four, à cuisson lente... moi en plus je suis à l'étuvée... ça nous rend plus tendre...

Nous arrivons à Orumieyh, au bord du lac salé du même nom, qui n'est plus que l'ombre d'un lac... il s'assèche lui aussi. Nous décidons de prendre un hôtel pour ce soir, en ville. Il nous faut changer des sous demain (c'est vendredi et vendredi ici c'est dimanche, pigé?) C'est drôle comme il nous faut toujours en temps d'adaptation en rentrant dans un pays. Il s'agit de comprendre l'atmosphère, le rythme et de retrouver les codes. Nous mettons un moment à trouver un restaurant, un fast food en fait. La carte? Ben on improvise, nous sommes comme des illettrés!!! Nous mettons un moment à trouver un hôtel aussi... tout est complet? Pourquoi? Parce que à Orumieyh, il y a d'excellents médecins, et comme nous nous trouvons à quelques kilomètres de la frontière Irakienne, ceux-ci viennent en masse se faire soigner ici et donc il font marcher les hébergements! On trouve un hôtel, tout un micmac, parce qu'il ne reste que la suite et ils ne peuvent pas concevoir que nous allons nous payer la suite à 30 € alors que nous sommes que 2... il est 23h. On prend la suite.

"Layla won't you ease my worry mind" chantait Clapton (merci Greg et Mea culpa! Hihi) C'est Layla notre ange gardien, une jeune fille de l'hôtel qui nous emmène le lendemain changer de l'argent et surtout acheter une carte SIM iranienne et charger du crédit et un abo internet pour ce mois à venir. Ça prend 4h. Sans elle on ramerait, tout est écrit en farsi et les gens ici ne parlent pas beaucoup l'anglais...

Layla vit seule, elle n'est pas mariée et ne veut pas se marier. Elle a son job et elle est libre. Elle espère plus d'indépendance encore, notamment de pouvoir enlever ce fichu voile. Il faut bien se rappeler que l'Iran est une théocratie. Les gens ne sont de loin pas tous Musulmans pratiquants ici. Le voile c'est obligatoire, c'est tout. Les femmes Perses grappillent petit à petit des centimètres de liberté en posant leur voile au plus loin à l'arrière de la tête et en laissant paraître plus de cheveux. Il est obligatoire de couvrir le haut des bras, les jambes, les formes féminines. Elles misent donc toute leur féminité sur les tissus, les bijoux et le maquillage à outrance de princesses des milles et une nuits ( Océane adorerait; fond de teint, blush, sourcils peint, rouge à lèvres, khôl et faux cils... 😉)

3

Le côté pratique terminé nous continuons notre route, pour Mahabad. Une chouette petite ville à côté d'un lac.

Sur le chemin, nous nous arrêtons dire bonjour à un berger, il nous invite à voir son troupeau, on fait pas les fiers au milieux des chiens de garde qui sont gigantesques. On parle avec les mains, ou plutôt Émile, moi je n'existe pas pour ce gentil monsieur... hihihi. C'est magique.


A Mahabad, nous sommes les seuls touristes de la ville. Les gens nous saluent, nous klaxonnent, tout au long de la route. Ils nous lancent des "welcome to Iran", ils viennent nous serrer la main et s'ils parlent un peu d'anglais viennent discuter... ADORABLES! Nous rencontrons Sherko et Xebat , ils nous font faire le tour de la ville, nous montre le marché, nous offre un jus, nous donnent pleins d'infos. Passionnant! Nous sommes dans la culture Kurde, différente du reste de l'Iran. Il faut voir leur habits traditionnels, c'est trop drôle! Les hommes portent d'immenses pantalons, plus haut que le nombril, et un paletot, les deux délimités par un tissus enroulé qui fait office de ceinture. Sur la tête ils portent un turban. Tout ça les rend grands et imposants, des Obélix ! Rajouter leur une bonne grosse moustache, une peau bien tannée et vous voilà plonger dans l'exotisme! Les gens d'ici ont de la prestance. Il y a beaucoup de respect, tout le monde se lève encore quand quelqu'un arrive ou salue... (on se demande si chez nous les gosses apprennent toujours cela à l'école.)

On adore!!!


Un tour du marché avec Sherko et Xebat 


La politesse ici porte le nom de "tâ'arof". C'est un fameux exercice de style ou une douce hypocrisie, mais ça reste poétique.

Il est de coutume d'offrir quelque chose à l'étranger ou l'invité ( un hébergement, un repas, un thé, un cadeau etc...etc...) et la bienséance veut que l'on refuse par plusieurs fois. Si au bout de plusieurs fois, on nous invite encore alors c'est bon, on peut accepter et on peut compter dessus... Oh! culture quand tu nous tiens.

C'est ainsi que le restaurateur va nous offrir le repas, et en insistant on finit par le payer. C'est ainsi qu'une femme nous propose de nous amener le petit-déjeuner à 7h, mais ne viendra pas. Si la personne insiste pour nous offrir quelque chose assez longtemps, alors on se sent ok de l'accepter et l'on doit insister fortement pour lui rendre quelque chose en retour. Tout un art!

Mais attention ne me comprenez pas mal, les Perses sont hyper hospitaliers et ils s'arrêtent pour nous offrir des fruits, pour nous serrer la main, pour nous aider etc...



C'est notre deuxième jour en Perse, nous soyons pas arrogant, nous n'avons encore rien compris à cette culture plusieurs fois millénaire. Mais, nous sommes là pour apprendre.


Après avoir mangé dans un resto, on a pensé s'être fait rouler... hors, on avait rien compris au cash, au blé, au coppec, à la thune d'ici!

On essaie donc de comprendre le système monétaire du pays. Si nous avons bien compris, il y a les "rials" monnaie actuelle, mais eux parlent toujours en "tomans" leur ancienne monnaie. 100'000 rials = 10'000 tomans. (Jusque là c'est simple hein ?) Dans le language courant ils vont dire: "cela coûte 50", il faut comprendre 50'000 tomans et donc payer 500'000 rials (il paraît qu'on s'y habitue!!!)

On continue: le taux de change est spécial... il est dit sur "Google convertisseur" que environ 50'000 rial = 1€ , hors en arrivant dans le pays on constate que c'est 150'000 rial= 1€ .... heu??? Eh bien voilà, le premier taux est pour les transactions internationales et le deuxième taux est local! ...et il semblerait que tout cela peut doubler ou se diviser à n'importe quel moment, très vite, selon les "blagatzeries" de Mônsieur le Présidendézétazûni et de son homonyme Iranien dit le "Guide Suprême" (humilité quand tu nous tiens.)


Ça ressemble à une blague, malheureusement pour les Iraniens, ça n'en est pas une.


Quand à nous deux, on s'adapte. Toujours tout prendre et donner de la main droite, comme dans beaucoup de pays... (je passe l'explication du pourquoi du comment, vous la connaissez.) Porter le voile c'est fun un moment puis c'est encombrant, mais ça va. Je l'oublie vite, même quand il tombe!!! Rien de grave. Émile me sort des :" Oooh comme c'est agréable ce petit courant! " et je lui répond : " je ne sais pas, je ne le sens pas là-dessous." Intéressant de vivre la réalité du gouffre homme-femme. Émile me dit que c'est pas contraignant, moi je le vis un peu différemment! On vit dans un van... sans toilettes, c'est pas simple de trouver la possibilité de faire pipi n'importe où, pour une femme . Le voile est obligatoire aussi en voiture, à quel moment ce bus est ma maison et à quel moment c'est ma voiture? Parfois si je tend la main à un homme il me la serre avec plaisir, parfois pas... (Il est dit que les hommes ne serrent pas les mains des femmes sauf si elles tendent leur main...Va savoir!) Des petites choses comme ça auxquelles on va vite trouver des réponses et des solutions...

Et puis il y a toutes ces fois où on voudrait se faire un bec et...........et ben non! Ca ne se fait pas en public! Ahahaha, on a la paix! Salam!

4

Nous sommes dans le Kurdistan iranien. (Il y a 4 Kurdistans: iranien, irakien, syrien et turque.) C'est splendide ! Et on trouve un haut plateau, avec un vent légèrement plus frais, on pose le Yak sous un arbre, des gens s'arrêtent pour nous offrir des fruits...c'est ça le paradis!


Nous arrivons dans la petite ville de Divandareh et nous décidons d'y faire une pause, avec pour mission d'acheter des pantalons traditionnels kurdes pour Émile. On marche et bien sûre, nous sommes comme des extra-terrestres !!

Nous adorons le style traditionnel kurde!  


Les gens nous saluent, nous disent toujours et encore " bienvenue en Iran" . Ils veulent faire des selfies avec nous etc... et c'est sur le trottoire que l'on rencontre Abed, un professeur d'anglais qui nous invite à venir dans sa classe pour rencontrer ses élèves et avoir une discussion, histoire de pratiquer. C'est trop génial! Arrivés en classe, la discussion commence, les élèves me posent des questions sur le voyage, notre appréciation de la Perse, nos jobs, notre pays... Ils sont merveilleux et très doués en anglais. (Je songe même à y inscrire Émile pour quelques mois!!!)

La classe d'anglais du professeur Abed 


Ensuite Abed nous invite chez lui pour manger. Il nous conduit dans sa jolie maison et nous avons la chance de rencontrer sa femme Zada. Elle nous prépare un succulent repas. Il y a du riz, des galettes de pommes de terres, de herbes aromatiques, des tomates et du pain. Elle s'excuse de n'avoir pas eu assez de temps pour nous préparer un festin, mais pour nous c'est juste excellent!!! C'est une grande chance de pouvoir vivre cela. Ensuite les enfants arrivent avec leur grand-père. Il y a beaucoup de joie et d'affection dans cette famille. C'est très doux! Ensuite arrivent les voisins et nous partageons le thé ensemble. Il est temps de prendre la route, bien que les enfants supplient pour que l'on reste dormir, il nous faut avancer. Nous leur faisons visiter notre "mashine" , le Yak bus, une photo de famille et hop! Départ ! Notre cœur est rempli de joie et d'amitié. Nous sommes infiniment reconnaissant pour cette belle rencontre.


La famille d'Abed et son voisinage 
5

On trace la route jusqu'au coucher du soleil. Le paysage est toujours à couper le souffle!



Nous sortons de la principale pour une route en terre qui nous amènera peut être vers un coin où dormir tranquille. Proche d'un verger et de quelques maisons nous nous arrêtons. Les villageois arrivent, on parle avec les mains, un peu d'anglais et notre dico anglais-farsi pour leur demander la permission de se garer. Bien sûre, ils nous invitent mille fois à venir dormir chez eux, nous montre où coule l'eau potable et puis nous apporte des fruits. Je ne le répéterai jamais assez, les Iraniens sont très très gentils. La nuit tombe. Nous dormons. Je me réveille quand même au milieu de la nuit, car des curieux passent en voiture autour du bus, je sais que nous ne risquons rien, c'est pas ça, c'est que s'ils venaient frapper à la porte? Mieux vaut que je dorme habillée ! Ben non, en fait, dès que le bus est fermé, ils nous laissent notre intimité.


Au réveil on rencontre les famille alentours qui travaillent là. Échange de quelques mots. On offre des grignoteries aux gosses, ils nous offrent des cerises toutes fraîches, rigolades, photos, que du bonheur!

La route continue nous avons dépassé Kermanshah et Korramabad et notre route continue direction la majestueuse ISFAHAN ! On se fait toujours klaxonner pour dire bonjour, et même un gars nous arrête en pleine route pour nous inviter chez lui et prendre une photo! Les flics nous arrêtent aussi, plus par curiosité qu'autre chose.

Nous trouvons un magnifique plateau en bord de route dans les champs où poser le Yak. L'air y est frais, le coucher de soleil splendide... on repasse par la case, demande d'autorisation de dormir aux bergers, invitations à dormir, à manger etc... En fait il est difficile pour eux de comprendre que l'on dorme à l'écart du village. Mais si on va dans le village on ne dormira pas avant d'avoir rencontrer tout le monde. C'est très sympa, mais nous sommes K.O, épuisés de la route et de la chaleur de la journée.

Nous dormons merveilleusement bien! La nuit, comme dans le désert, l'air est frais.


Oui ça paraît improbable, vu la chaleur qu'il fait, mais il y a bel et bien de la neige sur les montagnes. Nous sommes à 1500 m av...
6

Nous entrons dans Isfahan.... aie aie aie... ils sont complètement tarés comme ils roulent!!! Ça passe aux feux rouges, il faut s'imposer dans les bouchons et les piétons passent aussi partout quand ça leur chantent et il y a les mobylettes et ca roule vite! Bref, on transpire, on est alerte ! Émile assure au volant! On voit des trucs qui n'existent que dans les courses-poursuites des films hollywoodiens!!!


On the road, les chargements  et les grands frères du Yak!  



Pour le coup, dans cette gigantesque ville nous avons louer une chambre dans une jolie ancienne maison d'hôte. C'est pas le but, mais dans les grandes cités et par +40*C à l'ombre, ça n'est vraiment pas viable, ni vraiment recommandé, dans le Yak... Hummm de l'eau, une douche après 5 jours de lavage à la lavette à l'eau de rose, c'est du bonheur!!! Lessive, air-conditionné, la totale quoi! Le luxe!

Mahbibi Hostel, charmant, pas cher et bien situé. Oasis dans la ville. 


Isfahan, 2'000'000 d'habitants, reconnue pour son architecture. Elle fût autrefois capitale de la Perse. Sous la civilisation Séfévide, le Chah Abbas y fît construire des monuments gigantesque et splendides. Mosquées, palais et jardins sont tous d'un raffinement extraordinaire et on en prend plein les yeux...

Il y'a aussi un quartier Arménien, car le Shah Abbas, pour stopper l'invasion Ottomane pratiqua la terrible astuce de la "terre brûlée" en détruisant le région arménienne au Nord de la Turquie, puis invita les Arméniens à venir habiter Isfahan dans un quartier nommé Jolfa.

Bref, Isfahan un point d'eau entouré de désert, ville des artisans, historiquement au beau milieu des Empires Ottoman et Indien (Moghol), Arabe, Mongoles, etc...plein d'histoires de guerres et de diplomaties. Rien ne change, l'histoire se répète encore et toujours...n'est ce pas? Tout cela a commencé bien avant nous et s'achèvera bien après nous, alors contemplons, simplement...

Je ne vous en parle pas plus, car il faudrait écrire un livre et il me faudrait des années d'études pour comprendre tout ce qui c'est passé ici. Je laisse les photos parler et vous invite à visiter l'Iran, ce pays merveilleux... Comme dirait Émile :"Tu pleures comme t'as jamais pleuré ! "

Ah oui! Isfahan, veut dire "La moitié du Monde" .... et nous on se sent vraiment à la moitié du monde...


Voici le Palais aux 40 Colonnes "Kakh-e Chehel Sotun" , qui fût jadis une résidence du Shah Abbas. Des merveilles de fresques à l'intérieur et 60'000 m2 de jardin et bassins à l'extérieur. Un délice pour les yeux.


La fameuse Mosquée du Shah et sa fameuse couleur que les marchands de la Route de la Soie ont ramenée et appelée le "bleu vénitien".

C'est gigantesque! 

Le quartier Arméniens, avec la Cathédrale Vank et encore des fresques, de la feuille d'or, des dômes...



.....et un peu d'enfer... Mais le vrai enfer est sur terre, et c'est avec horreur que nous visitions le musée Arménien témoignant du massacre de 1915. Sont exposés des documents officiels disant: ' Sans distinction pour le femmes, enfants et personnes malades, lorsque vous croisez un Arménien, dépouillez-le et sans écouter la voix de la conscience, exterminez-le. Si vous ne le faites pas, vous ne serez pas considéré comme serviteur de votre gouvernement.' ... tout ça a dû tristement se passer en sourdine pour l'Europe, sauf peut-être pour un certain monstre moustachu qui s'en inspira 30 ans plus tard.



Quelques impressions du centre ville, ici mes amis, c'est branché, on squatte les parcs en famille avec la théière et la chicha, on profite aussi de l'été et de l'eau autour du pont Si-O-Seh-Pol...


... c'est la ville, c'est DownTown Isfahan, on sort dès 18h pour éviter les grosses chaleurs, on se fait beaucoup (trop) refaire le nez (ben oui parce que les seins, ca se voit pas ...dahhhh !) , on mange dans des fast-food ou des restos relax "libéral", on veut la démocratie, la liberté d'expression et partager avec le monde, et le Coran veille à tous les coins de rue à nous garder dans le droit chemin.

Et voilà, il y'a à encore tellement plus à voir et les photos ci-dessus ne sont qu'un pâle extrait de la magnificence d'Isfahan, qu'une invitation au voyage, car si Paris et Rome sont si visitées, cette ville Iranienne le mérite tout autant et ....devinez quoi... il n'y a pas une seule seconde de queue devant les monuments!!!

Allez "Khōda Hāfez", on se revoit à Persepolis!

😘

7

Après une journée de route direction Sud, et dans un cagnard étouffant, nous arrivons à Shiraz. Une ville connue pour ses jardins, ses étudiants et son université réputée, voisine de l'ancestrale Persepolis et aux parfums de poésie, d'ivresse et d'amour.


Nous visitons la maison Qavam, appartenant à la riche famille du même nom, elle fut construite autour de 1880. La déco et le style Perse sont déjà très riches et emplissent nos yeux occidentaux parfois jusqu'à nous étourdir, mais toujours avec élégance. Mais la Maison Qavam est intéressante par son mélange de tout et de trop! Tous les styles et les périodes mélangées, trop de palettes de couleurs et de matériaux différents, en ont fait un maison kitch à notre goût. Ce qui la rend extraordinaire à visiter, elle est digne d'un Dada! Une magnifique incohérence! Étonnant!

La Maison Qavam...que s'est-il passé dans la tête du décorateur? 

Alors lorsque nous visitions la mosquée Nassir-ol-Molk nous la trouvons presque sobre..hihi! Très harmonieuse par ses motifs fleuris rosés, elle est réputée pour ses vitraux. Au levé du soleil, la salle de prière en est baignée de couleurs et offre une vrai luminothérapie aux prêcheurs..... et aux touristes!


Shiraz fût aussi la ville de Hāfez, sans doute le poète préféré des Iraniens, qui utilisent encore ses récits pour obtenir des conseils et des divinations dans leur vie. Hāfez parle, de femmes et de taverne, se moquant de l'hypocrisie des biens-pensant "qui vont à la mosquée tous les vendredis" et qui ont un cœur de pierre.


(Oh la la, comme je le comprends; j'en connais au "pont du Châble" qui va jusqu'à Lourdes apporter son aide au bon Dieu, et qui me critique parce que j'ai refais ma vie ! Hāfez me plaît déjà !!!)


Ce poètes est pourtant un grand soufi, connaissant le Coran par cœur. Bien qu'il parle des délices de la vie terrestre, ce sont toujours des métaphores pour exprimer son Amour de Dieu. Il s'est donc fait juger par les ignorants et il a dû fuir Shiraz quelques temps ( ça aussi ça me parle !! ahaha).

Hāfez n'est pas facile à lire, il demande une grande ouverture spirituelle pour comprendre le sens caché de ses vers. À étudier...


"L’haleine du vent matinal répandra de nouveau son musc ; le vieux monde, encore une fois, retrouvera de la jeunesse. Au jasmin l’arbre de Judée se prépare à offrir sa coupe rouge comme la cornaline ; et de nouveau l’œil du narcisse se tournera vers l’anémone ; le rossignol déplorera devant la tente de la rose l’esclavage qu’il a subi sous le chagrin de son absence. Si de la mosquée je m’éloigne pour m’en aller aux cabarets, ne me le reproche donc pas : si le sermon nous paraît long, le temps de la vie est bien court ! Si tu remets au lendemain le plaisir de ce jour, ô cœur ! qui donc pourra nous assurer que ce plaisir nous restera tout comme de l’argent comptant ?... La rose est chose précieuse ; profite donc de sa présence : elle s’en ira du jardin aussi vite qu’elle est venue. Les amis se sont assemblés ; chante pour nous, ô ménestrel ! Combien de fois diras-tu donc : « Comme le temps qui est passé, le moment présent passera. » C’est pour toi qu’est venu Hâfiz dans le domaine de la vie ; fais un pas pour lui dire adieu, car bientôt il disparaîtra." HĀFEZ


"Carpe diem.

Quoi de meilleur que le plaisir : jardin, printemps et doux commerce ? Où donc est passé l’échanson ? Qu’attend-il donc ? Oh ! dis-le moi. Des bons moments que la fortune te fournit, sache profiter, car nul ne peut savoir d’avance quelle sera la fin des choses. Sois en éveil! notre existence est suspendue par un cheveu. Sache te consoler toi-même : de quoi le sort s’attriste-t-il ? Que signifient l’eau de Jouvence et le jardin du paradis, sinon le bord d’un ruisselet et le vin qu’on boit aisément ? Le ciel lui-même connaît-il le secret voilé ? Fais silence, ô chercheur ! pourquoi discuter avec celui qui tient ce voile ? Si Dieu ne considérait pas mes erreurs et mes manquements, que signifieraient en ce cas son pardon, sa miséricorde ? Le dévot cherche le nectar de l’éden ; Hâfiz, une coupe ; auquel des deux le Créateur donnera-t-il la préférence?" HĀFEZ

On aime.


Shiraz fût aussi une ville du vin. D'après des spécialistes, on y produisait le meilleur vin Perse... (et peut-être, discrètement on en produit toujours... ) En Iran les premières traces de productions de vin date de 7000 ans. Les empires antiques ne s'en privaient pas et il coulait à flots. Et une légende dit que c'est de Shiraz que les Croisées ramenèrent un précieux cépages connu au bord du Rhône, la Syrah ! Alors mes chers valaisans, je finirai toute cette tergiversation sur une phrase de HĀFEZ que vous comprendrez bien, nous connaissant Émile et moi:


" Quand tu seras en compagnie de ton ami vidant joyeusement ta coupe, aies au moins un souvenir pour les pauvres amis qui n’ont que du vent dans la leur."


Ahaha! Santé !


Sur le départ de cette charmante ville, nous visitons la mythique Persepolis. Elle nous a fait dévier de notre route initiale, nous ne pouvions pas louper ça.


Persepolis, "la cité Perse", construite dès 521 av. JC, par Darius Ier, empereur de la période achéménide. Elle souligne l'immensité et la richesse de l'empire, comprenant plein d'ethnies différentes de l'Indus à la Grèce, de l'Asie centrale à l'Egypte. On y voit sur les bas-reliefs sculptés, encore en excellents états, l'allée des processions, énumérant les peuples qui venaient prêter allégeance au Roi des rois, en lui apportant des offrandes. Merveilleux.

La construction de Persepolis continua encore 200 ans. Elle était constituée de pierres, soulignée de feuilles d'or, de cuivre, de bois de cèdres, de tapis, de voiles et incrustée de pierres précieuses... il faut faire marcher son imagination la plus délicate !

Et puis Alexandre le Grand arriva, jeune et fort conquérant, gagna sur le Roi des Rois, brûlant la ville. Fin de l'histoire!


Émerveillés, et un peu moins cons qu'hier, nous reprenons la route direction Yazd. Comme s'il ne faisait déjà pas assez chaud, 42*C en journée, nous, nous allons dans le désert... Comme on le pense toujours : "S'il y a des gens qui se sont installés là-bas, il doit y avoir de quoi vivre."

8

Je ne sais pas comment Émile fait pour conduire toutes ces heures et garder les yeux ouverts dans ce four à air chaud. Il assure. Sur la route entre Shiraz et Yazd, il y a plein de ruines de caravanserails. Ces anciennes auberges, à environ 30km les unes des autres, soit 1 jour de marche, ravitaillaient les voyageurs de la Route de la Soie. Nous sommes en plein dedans. Yazd a même connu Marco Polo en 1292, et déjà la ville était réputée pour le tissage de la soie.

Sur la route, comment vous expliquez la chaleur? 45°C. Plein soleil. Pas de clim' dans notre vieux Yak de 85. Alors les fenêtres ouvertes, et le vent qui est sec et chaud comme un sèche-cheveux. Difficile de respirer et inutile d'ouvrir la bouche elle s'assèche immédiatement. On a prix les bonnes habitudes: on boit beaucoup, on se mouille le visage et la tête et les respirations rafraîchissantes du yoga (shitali et shitkari) fonctionnent à merveille!

Nous passons un col à 2000m et là, oh bonheur! L'air est frais!!!!


Arrivés à Yazd, nous tombons sous le charme! Quelle ville élégante ! Quelle douce énergie ! Quelle lumière! Un vrai coup de coeur! La vieille ville est encore toute faite de terre et de paille, recouvrant les briques de glaise. Les ruelles minuscules nous invitent dans un labyrinthe tout doux, agrémenté d'échoppes, de restaurants, de maisons aux cours intérieures splendides (fontaine, verdures, banquettes et coussins... ) Ici, c'est beau, c'est même chic, il y a une esthétique propre au désert. Elle calme, elle harmonise. Il y a quelque chose de plus grand que nous... Est-ce l'histoire? (Yazd étant reconnue comme une des plus vieilles villes du monde, elle existait déjà 3000 ans avant Jésus Christ, sous le nom de Yasatis.) Est-ce la spiritualité ? (Yazd est la ville de la première religion monothéiste, le Zoroastrisme.)

Pas un chat dans les rues avant 17h...on a vite compris pourquoi! Touristes que nous sommes!  

Nous visitons pour commencer le musée de l'eau. L'essentiel ici. Ils ont creusé des canaux, de 500m à 75km de longueur, en accédant aux nappes phréatiques par des tunnels de 10m à 300m de profondeur. Ces hommes super courageux ont risqué leur vie pour accéder à l'eau et la distribuer. Et là où il y a de l'eau il y a de la vie.

Garder l'eau souterraine, permet d'éviter le manque d'hygiène, les algues et l'évaporation. Ensuite, dès le moment où elle est en surface, c'est le système de bisse qui se met en place pour l'irrigation.

Dans les maisons de riches de l'époque il y a plusieurs sous-sols, certains donnant accès au quanat pour la lessive et la vaisselle, d'autres agrémentés d'une fontaine pour se relaxer à température fraîche. S'il faisait 45°C en surface au beau milieu de l'été, (comme aujourd'hui par exemple), les gens de l'époque pouvaient alors se retrouver à 21°C. Un vrai frigo ! Ils avaient même des tours de conservation de glace. Et on peut toujours voir en hauteurs les tours de vent, captant l'air, ventilant les maisons et les citernes.

L'être humain est ingénieux et capable d'accomplir des merveilles aussi pour maintenir la vie!!

Quand Zarathoustra nous appelle!

Nous sommes très curieux de découvrir cette religion méconnue chez nous. Elle serait la première à être monothéiste et elle vous rappellera peut-être quelques choses...


Zarathoustra est né en Iran en 1767 avant notre cher Jésus. A 20 ans, il est perturbé par la société et leur croyances et il se pose beaucoup de questions. Afin de découvrir le secret de la création, il monte sur le mont Oshidarneh et y passe 10 ans en contemplation et vénération. Le, très exactement, 26 mars de l'année de ses 30 ans, il devient prophète ! Il partage sa bonne parole, les Rois le suivent, la Perse adopte le Zoroastrisme. Il se fait assassiner à 77 ans et personne ne sait où est son tombeau.


Les Zoroastriens vénèrent Ahura Mazda, qui était aussi la divinité centrale du mazdéisme, et qui avec Zarathoustra devient le Dieu Unique. Ils sont en respect avec les 4 éléments et très protecteurs de l'environnement. Il vénèrent tout particulièrement le feu. Pourquoi? Parce qu' il est considéré comme le fils de Dieu et le lien entre Dieu et les hommes, car contrairement aux autres éléments, le feux doit être entretenu par l'homme pour exister.

Il y a donc dans leur temple, ici, à Yazd un feu de 1500 ans!

Au niveau pratique, l'histoire est la même partout. Il y a le bien et il y a le mal. Il est mieux de faire le bien, pour soi, pour l'humanité pour toute la création. Là où l'histoire diffère, c'est qu' il y a même des prêtresses ( ! Vous vous rendez compte, les femmes ont peut-être une âme aussi!!! Ahah!) et qu' on a jamais vu un zoroastrien se faire exploser, brûler des sorcières, ravager des peuples au nom de Ahura Mazda! Donc, autant vous dire que cette communauté est tout juste tolérée en République Islamique d'Iran et n'a jamais grandit en Europe, on la trouve en Inde, mais elle rapetisse...

En voici le symbole :

1. Le personnage central: représente un sage, pour progresser dans la vie il faut consulter ceux qui ont la connaissance.

2. La main du sage vers le ciel: pour progresser dans la vie, il faut prier et rendre grâce à Dieu.

3. L'anneau dans la main gauche: il faut tenir ses promesses et être juste (L'anneau du mariage y trouve son origine.)

4. Les ailes: représentent la bonne pensée, la bonne parole et la bonne action, qui nous permettent de s'élever.

5. La queue de l'oiseau: représente les mauvaises pensées, actions, paroles qui nous alourdissent et nous empêche d'être en harmonie avec le mouvement universel.

6. La patte avant : signifie que les pensées sacrées et pures doivent être mise en avant.

7. La patte arrière : les pensées dévastatrices doivent être laissées derrières, ne pas y prêter attention.

8. Le cercle du milieu: tout tourne et ce que l'on donne, l'on reçoit.

Selon le Zoroastrisme l'humain est composé de :

CORPS-ÉNERGIE- ESPRIT- CONSCIENCE- FRAHVAHAR

Frahavar= La particule de Dieu qui a été mise en l'être humain à la création. Elle guide constamment l'homme et à la mort retourne à son Essence pure.

Voilà! Vous êtes aussi moins cons maintenant! Qu'est-ce qu'on apprend chaque jour! Je vous décris tout ça, parce que moi ça m'intéresse. .. je suis dans la grande recherche du-pourquoi-du-comment-qu-est-ce-qu-on-fout-là-on-va-tous-mourir-de-toutes-façons-alors-à-quoi-bon? Ou devrions-nous nous contenter de vivre endormis et dans le déni? Non, nous ne sommes plus des benjamins dans cette vie, alors en attendant, essayons de faire le bien!

😜

9

Nous quittons Yazd, en ayant fait les réserves d'eau suffisantes à la traversée du désert qui nous attend. Oui, c'est vrai que cela fait plusieurs jours que nous sommes dans des plaines désertiques, sèches et bouillantes,mais notre prochaine étape, Tabas, est vraiment au milieu du désert et on y annonce 50*C. À la sortie de la ville de Yazd, on y voit une Tour de Silence. Ce lieu funéraire Zoroastrien, est une grande et large tour, au sommet de laquelle étaient déposés les cadavres humains. En effet pour les disciples de Ahura Mazda, le corps physique mort est considéré comme impur et plein de mauvaise énergie. Comme ils respectent les 4 éléments, il s'agit de ne pas souiller la terre en les enterrant, ni le feu sacré en les brûlant. Alors ils déposaient les corps sur ces Tours de Silence (dakhmat) pour que les oiseaux et le temps fassent l'affaire, puis récupéraient les os, considérés comme propre. Au jour d'aujourd'hui, cela n'est plus permis, alors je crois qu'ils bétonnent les corps avant de les enterrer pour ne pas toucher à la terre... Encore une tradition et des idées intéressantes, l'être humain réfléchi beaucoup et depuis longtemps!

Donc, départ! On est un peu concerné; il ne faudrait pas tomber en panne et on ne sait pas comment le Yak réagira au chaud, et on ne connaît pas la qualité de la route.

La route est bonne, même si elle est petite. Il y a des dunes au loin, et on croise des dromadaires. Il n'y a pas grand chose, mais la route est utilisée par pas mal de monde.

Arrivés, on avait réservé une guesthouse dans un petit village, à Korit, à côté de Tabas. On trouve un village abandonné, parce que détruit par les vents et la pluie d'hiver. Un village fantôme, on dirait. Et d'ailleurs à côté du cimetière, où les tombes sont désormais en surface, la terre agglomérée autour des momies, forme de gros boudins posés sur le sol, qu'ils ont protégés par des cercueils de verre,.... (pour ne pas qu'on voit sortir un bout d'os!!! Hihihi... ) Donc à côté du cimetière, est notre maison d'hôte ! Désertée, elle aussi. Il faut dire qu'on est vendredi, 14h30 et qu'il fait trop chaud. Loin de toutes âmes vivantes dans un corps, nous décidons, bien que ce soit très charmant et super original, (et que nous entretenons d'excellents contacts avec les fantômes) de rentrer en ville pour trouver un hôtel !

Sur la route la vie nous sourit, et nous rencontrons au bled, plusieurs familles qui se relaxent et les enfants qui s'amusent dans le bisse, seul point d'eau du village, qui fait aujourd'hui office de piscine avec toboggan! Tout le monde est réjouis! On en profite aussi. L'eau, un miracle !


Tabas. Tabassés par la chaleure brûlante. Tabassés par le vent. 1 seul hôtel d'ouvert. Personne dans les rues en journée. On entre se cacher.

10

Départ 5h30, dans le but de sortir du désert et de trouver un haut plateau où l'on pourra enfin dormir chez NOUS, c'est à dire dans le Yak. Route bonne mais tempête de sable! Arrivés dans les collines plus aérées, nous nous installons à côté d'un village dans la nature. Personne en vue, on fait une sieste, bien confiant, sûrs que le village va bientôt venir à nous.


*Premier passage, une famille nous embarque dans sa voiture pour boire le thé avec le grand-père dans les pâturages. Magnifique. Première invitation à manger et dormir.


*Deuxième passage, un gars sur sa mobylette ne veut pas nous laisser dormir là, c'est beaucoup trop dangereux, à cause des loups. ( Il y a vraiment des loups et des chacals, vu l'immensité des chiens de garde de troupeaux et leur collier en clous.)

On a pas peur, mais il insiste. On bouge plus près du village, sur une place en terre.


*Troisième passage, des femmes nous rendent visite et nous invitent à dormir chez elles. Elles nous passent le Maire de Commune au téléphone, qui nous invite à nous installer sur la place centrale du village car là c'est dangereux, il y a le cimetière à côté et il peut y avoir des animaux durant la nuit. On parlemente, on reste là.


*Quatrième passage, les flics, viennent nous inviter à dormir chez une de ces gentilles dames, comme on refuse poliment, ils nous donnent leur numéro et nous assurent qu'ils seront là pour notre sécurité.


Les femmes nous donnent les clefs de la salle de gym pour avoir accès à l'eau et aux toilettes. Trop gentilles.

Après tout ce remue-ménage, on ferme les portes du Yak et on dort.


S'en suit une journée magique de partage avec les gens du village et la famille de Fereshte et Moussayeb. Visite des vergers, thé, fruits, visite d'un Temple du Feu de 2500 ans, invitation et repas excellent au restaurant du coin, etc.... le tout toujours escortés par les gendarmes!!


On se fait alors la réflexion, que chez nous, les flics signifient : EMBROUILLES! Personne n'aime les avoir dans le coin. Hors ici, dans notre cas bien sûr, les flics sont adorables, curieux certes, mais notre sécurité est la priorité de la police municipale! C'est vous dire si le village est petit!!! On en a deux comme gardes du corps! Très sympa, on a même le droit de les avoir comme taxi, quand je m'extasie devant la beauté de leur Toyota Hillux, ils nous embarquent (sans menottes), on a droit à la clim' (chose qui nous manque cruellement dans le Yak), et on se fait déposer au restaurant (c'est gratuit!) Comme dirait Émile: " Tu crois pas ceci!!!"


En Iran, la police n'est pas corrompue et c'est agréable..... De tout notre voyage dans ce pays, nous n'avons rencontré aucun problème.


Good Cop!


L'après-midi, la famille nous accueille chez eux, et dans leur immense gentillesse et générosité envers l'étranger, ils nous laissent leur appartement pour que nous puissions prendre une douche et faire la sieste. Ils s'éclipsent....le respect, l'accueil et la politesse poussé au summum ! Fabuleux les Iraniens, nous avons beaucoup à apprendre d'eux!


Le soir on se fait inviter à manger un succulent riz. Il est minuit. On est K.O. Ils ont réussi à nous faire bouger le Yak au milieu de la place du village, pour "notre sécurité" !!! (Pour vous situer, nous sommes dans un village comme Lourtier! Émile aurait plus de peu de dormir à Lourtier qu'ici. Et moi, plutôt Balmo, pas de stress!)


5h, l'aube atteint la Perse et nous partons pour de bon! Une dernière pause, pour voir un vieux caravansérail royal de 900 ans. Magnifique. Toujours sur le plus grand axe de la Route de la Soie, pas question de s'arrêter en si bon chemin...

Au revoir l'Iran et merci! Tu nous as enrichi de milliers d'années d'histoire, tu nous as inspiré d'art et de couleur, tu nous as offert les vraies valeurs du partage. Nous nous sommes régalés de ragoût de dromadaire, de bœuf et d'agneau, de jus de lime aux concombres et cerises, de glace au safran, de croquettes aux herbes fraîches et de tchai bien sûr ! Tu es une perle, chère Perse, bien cachée dans ton coquillage, une vraie perle, que les plus chanceux découvriront...Salam. Salam. Salam. C'est sincèrement, la main sur le cœur que nous te souhaitons: " Que la paix soit avec toi. "


Khōda Hāfez